Вы находитесь на странице: 1из 2

Exemple de commentaire littéraire rédigé - Molière, Le Tartuffe, 1669, Acte I, scène 4

Le Tartuffe de Molière est une comédie classique en cinq actes et en alexandrins, autorisée en 1669
après avoir été censurée en raison de la dénonciation de la fausse dévotion que met en œuvre le dramaturge.
En effet, le personnage éponyme de cette comédie prend place dans la famille d’Orgon en se faisant passer
pour un saint homme. Alors que l’ensemble de la famille comprend rapidement la supercherie jouée par
Tartuffe, Orgon s’entête à défendre son hôte. Nous avons affaire ici à la scène 4 du premier acte, dans
laquelle apparaissent Orgon, son beau-frère Cléante, et sa servante Dorine. Le spectateur n’a pas encore vu
Tartuffe mais l’acte d’exposition a notamment pour but de nous le présenter par l’intermédiaire des autres
personnages. Dans cette scène, Orgon s’inquiète de l’état de santé de Tartuffe qui pourtant « se porte à
merveille » (v.11) alors qu’il ne soucie pas de sa femme souffrante. Nous tâcherons d’analyser les effets de
ce décalage et les informations qu’il nous livre en étudiant tout d’abord le portrait de Tartuffe proposé ici,
puis en analysant les procédés comiques et enfin l’échec de la communication.
La scène étudiée fait partie de l’acte d’exposition. Par conséquent son rôle est notamment de nous
renseigner sur les personnages et sur l’intrigue. Ainsi, par l’intermédiaire de Dorine et Orgon dans ce
passage, nous obtenons des informations sur le personnage de Tartuffe qui n’apparaîtra qu’au troisième acte.
Dorine nous permet tout d’abord de connaître quelques caractéristiques physiques du faux dévot. En effet,
Tartuffe est décrit : « Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille » (v. 12). L’insistance en début de vers
avec les termes aux sonorités proches « gros » et « gras », marque particulièrement le spectateur qui, dès
lors, peut imaginer le personnage. De plus, les traits physiques mentionnés dans ce vers sont caractéristiques
de la figure du parasite récurrente dans le théâtre comique.
Un personnage pauvre mais astucieux gagne la confiance d’une famille et réussit de cette façon à se
nourrir et à se loger. C’est bien le cas ici puisqu’Orgon est totalement subjugué par le faux dévot, comme
nous le voyons par l’intérêt qu’il lui porte en demandant sans cesse de ses nouvelles par l’interrogation « Et
Tartuffe ? ». Cette obsession pour Tartuffe est telle qu’Orgon en vient même à le plaindre alors que celui-ci
ne pourrait aller mieux, en répétant à quatre reprises « Le pauvre homme ! ». Nous avons bien l’impression
que Tartuffe s’interpose dans la relation conjugale entre Orgon et Elmire.
En outre, cette scène nous permet de comprendre à quel point le parasite s’est installé
confortablement dans la maison en prenant la place d’Orgon en son absence. Les répliques de Dorine
insistent sur le train de vie agréable que mène Tartuffe, puisque nous pouvons y relever le champ lexical du
bien-être : « à merveille », « agréable », « sans trouble ». Le portrait de Tartuffe qui nous est proposé insiste
également sur la nourriture avalée par le faux dévot en quantités importantes : « deux perdrix », « une moitié
de gigot en hachis », « quatre grands coups de vin ». Nous notons une volonté de Dorine de souligner
l’excès par l’utilisation de termes tels que l’adjectif « grand » et l’oxymore « fort dévotement il mangea
deux perdrix ». Alors qu’un dévot est censé vivre dans l’austérité, la simplicité et la rigueur, celui qui nous
est décrit se trouve dans l’excès. Ainsi le décalage de cet oxymore est ironique et renforce le comique de
l’extrait. Cette scène remplit son rôle en brossant le portrait d’un personnage absent de la scène mais
essentiel pour l’intrigue. Cependant, les traits mis en avant tendent à dessiner celui d’un parasite par son
physique, sa place dans la maison et le bien-être qu’il s’offre.

Evoquons à présent les procédés comiques de cette scène. Le portrait péjoratif de Tartuffe brossé par
Dorine d’une part, et l’obsession voire l’adoration d’Orgon d’autre part, produisent un décalage qui est
source de comique. Intéressons-nous tout d’abord aux répliques d’Orgon. Alors que le spectateur suppose
que le maître de maison souhaite obtenir des nouvelles de sa famille et particulièrement de sa femme,
comme le laisse entendre le vers 8 : « Qu’est-ce qu’on fait céans ? comme est-ce qu’on s’y porte ? », nous
nous apercevons qu’Orgon ne s’intéresse qu’à Tartuffe, dès la première question v. 11 « et Tartuffe ? ». Ce
décalage relève du comique de situation puisqu’Orgon ne fait pas ce qu’il devrait faire : au lieu de
s’inquiéter pour sa femme, il porte son attention sur son hôte. Cette scène repose également sur les effets
d’un comique de caractère. En effet, l’entêtement d’Orgon durant toute cette scène permet de définir ce
personnage par sa monomanie, son obsession pour Tartuffe. Bien évidemment le comique de répétition joue
un rôle majeur dans cet extrait, car Molière fait répéter à son personnage les mêmes répliques à l’identique,
en accentuant le caractère ridicule de son obsession, alors que le spectateur s’attend à une évolution du
dialogue.
Alors que le personnage d’Orgon est utilisé par le dramaturge pour mettre en œuvre des procédés
comiques assez évidents, celui de Dorine lui permet de développer un comique plus subtil. Les procédés
comiques à l’œuvre dans les répliques de la servante relèvent davantage de l’ironie et font appel à une
certaine complicité avec le public. Dorine se contente d’abord de se moquer de Tartuffe en soulignant sa
bonne santé « Gros et gras » (v.12), son appétit démesuré « une moitié de gigot » (v.18), son manque de
compassion « lui tout seul » (v.16). Cette raillerie repose sur l’antithèse qui parcourt le texte entre l’attitude
de Tartuffe et celle d’Elmire, en ce qui concerne leur état de santé, leur appétit, leur sommeil. Nous pouvons
citer en exemple les vers 21-22 « Des chaleurs l’empêchaient de pouvoir sommeiller/ et jusqu’au jour près
d’elle il nous fallut veiller », auxquels font écho les vers 25-26 « Et dans son lit bien chaud il se mit tout
soudain/où sans trouble il dormit jusques au lendemain. ». Dorine se fait de plus en plus ironique avec des
expressions telles que « Il reprit courage comme il faut ». Le comique d’une telle réplique provient du fait
qu’il y a un décalage entre ce que pense la servante et ce qu’elle dit. Le public est capable de percevoir cette
distorsion alors qu’Orgon reste dans l’ignorance, c’est donc une forme de complicité entre Dorine et le
public, voire une supériorité du spectateur sur Orgon qui rend ce passage comique. Ainsi Molière utilise tous
les procédés pour souligner cette ironie. Relevons par exemple la formule : « Pour réparer le sang qu’avait
perdu Madame/ But à son déjeuner quatre grands coups de vin ». Ici l’ironie repose sur un rapport logique
erroné, avec l’expression du but « pour » alors que c’est impossible. Enfin la scène s’achève sur une réplique
fortement ironique « Et je vais à Madame annoncer par avance/ la part que vous prenez à sa convalescence »
dans laquelle Dorine exprime tout l’inverse de la scène qui vient de se produire. Ainsi nous avons pu
remarquer que le registre comique de ce passage repose sur les procédés variés qu’a su exploiter Molière.

Le comique de cette scène se trouve également renforcé par l’échec de la communication entre les
personnages. Alors que le théâtre est avant tout un lieu de paroles, nous nous apercevons qu’il fonctionne sur
des conflits dans la conversation. Dans certaines scènes, le conflit réside dans l’intrigue, par exemple dans
Le Tartuffe, Orgon veut marier sa fille et celle-ci s’y oppose. Dans le passage étudié, le conflit n’est pas dans
le contenu mais dans l’impossibilité de communiquer en raison de l’entêtement d’Orgon. En effet, dès le
début de la scène, Cléante est rapidement congédié par son beau-frère. Ce personnage ne sert qu’à montrer
l’empressement du maître de maison à obtenir des nouvelles de son hôte. A peine arrivé, Orgon met de côté
son beau-frère : au lieu de s’adresser à lui il se tourne vers Dorine : « Dorine… Mon beau-frère, attendez je
vous prie. » (v.4). Nous remarquons que dans ce vers, il y a deux destinataires successifs, preuve de la
complexité de la communication. Une fois le dialogue entre Cléante et Orgon réduit à néant, Molière
empêche de nouveau la communication de s’installer, avec les répétitions incessantes d’Orgon. En effet, le
dialogue piétine, n’avance pas, Orgon ne semble rien apprendre entre le début et la fin de la scène puisqu’il
demeure sourd à toutes les interventions de Dorine.
Si l’on observe la structure de la scène, nous remarquons l’alternance des répliques. Les propos
d’Orgon alternent entre « Et Tartuffe ? » et « le pauvre homme ! », tandis que ceux de Dorine sont
alternativement consacrés à Elmire et à Tartuffe. Ce parallélisme de structure renforce l’impression de
piétinement. Orgon ne participe pas à la progression de la conversation, notamment avec « Le pauvre
homme ! », il a tendance à mettre fin au dialogue sans cesse relancé par Dorine. De plus, Orgon ne formule
pas des alexandrins entiers, ce qui montre bien l’insuffisance de ces propos. Enfin l’ironie de la servante que
nous avons précédemment étudiée souligne l’échec de la communication. En effet, le maître de maison est
incapable de discerner la raillerie et l’ironie dans les répliques de Dorine. Alors que c’est Orgon qui pose les
questions, c’est tout de même Dorine qui domine la conversation comme le montre le temps de parole
qu’elle occupe et son pouvoir à mettre fin au dialogue : « Je vais à Madame… » Ainsi nous retrouvons un
schéma classique de la comédie avec la supériorité de la servante sur le maître, une inversion des rôles qui
provoque le rire.

Pour conclure, l’étude de la scène 4 du premier acte du Tartuffe de Molière nous amène à
comprendre d’une part la structure de la comédie et d’autre part le fonctionnement du registre comique. En
effet, cette scène a un rôle essentiel dans l’œuvre car en cet acte d’exposition elle nous informe sur
l’obsession d’Orgon, sur l’attitude de Tartuffe, présenté comme un parasite, et sur la clairvoyance de la
servante qui s’attire ici la confiance et la complicité du public. En outre, nous avons pu étudier le
fonctionnement du dialogue au théâtre qui ici est voué à l’échec mais permet la mise-en-œuvre de procédés
comiques nombreux, variés, plus ou moins raffinés. Cette scène est l’une des plus comiques de la pièce
puisque, ne l’oublions pas, Le Tartuffe de Molière reste une comédie parfois grave : la fausse dévotion et
l’hypocrisie amènent également la perte d’une famille et une véritable dénonciation des faux-semblants.

Вам также может понравиться