Вы находитесь на странице: 1из 36

COURS DE GESTION

CONSERVATOIRE DES EAUX ET


DE LA FERTILITE DES SOLS 20H

Par Rigobert MOTCHEMIEN


PROGRAMME DU COURS

INTRODUCTION

 Rappel des définitions


 Importance économique de l’érosion et des ruissellements
 L’érosion on-site et off site
 Evolution historique des stratégies de lutte antiérosives

DEGRADATION DES SOLS, PROCESSUS ET FACTEURS

1.1 Diversité des formes d’érosion

1.1.1 Erosion hydrique

 Erosion en nappe
 Erosion en rigole
 Erosion en ravine

1.1.2 Erosion en masse

1.1.3 Erosion éolienne

1.2 Les facteurs de l’érosion

1
INTRODUCTION

Définition : Définition de l'érosion : ses liens avec la désertification

Désertification ou désertisation ?

BONFILS, (1967) définit la désertification* comme étant «la dégradation évolutive d'une zone
donnée, d'un terroir donné, transformant une écologie où la vie était possible, voire prospère en
une écologie où le développement humain est bloqué dans une première phase et où les
conditions d'existence de l'homme, de plus en plus précaires, entraînent dans une deuxième
phase, une régression de la population et à plus long terme sa disparition plus ou moins totale».
D'après le rapport de la conférence des Nations Unies sur la désertification (1977), «la
désertification est la diminution ou la destruction du potentiel biologique de la terre et peut
conduire finalement à l'apparition des conditions désertiques. Elle est l'un des aspects de la
dégradation généralisée des écosystèmes et réduit ou détruit le potentiel biologique». Quant à la
désertisation* , elle est définie par le HOUEROU (1993) comme «un ensemble d'actions qui se
traduisent par une réduction plus ou moins irréversibles du couvert végétal aboutissant à
l'extension des paysages désertiques nouveaux à des zones qui n'en connaissaient pas les
caractères». Une nuance apparaît dans la définition donnée à la désertisation : la notion
d'irréversibilité et l'extension de paysages désertiques nouveaux. La notion d'irréversibilité
implique une évolution de la dégradation : climax, dégradation réversible, dégradation irréversible.

On trouve encore dans nos pays, malgré la pression agricole, des forêts classées dont les plus
importantes comme la Réserve de Biosphère du parc du W. Mais ces forêts ont subi et subissent
encore des transformations non exclusivement dues aux modifications climatiques mais aussi aux
interventions humaines. Aussi du fait de ces interventions si minimes soient-elles, on ne peut
parler de climax, mais d'un "milieu naturel" conservé.

Une situation de dégradation réversible suppose un degré de pression agricole conduisant à une
morphogenèse que l'on peut corriger afin de retourner à l'équilibre initial.

Quant à la dégradation irréversible, elle se présente telle que sans intervention il est impossible de
reconstituer l'équilibre initial. En effet les conditions hydrologiques changent par une aggravation
de l'érosion. On aboutit aussi à une destruction du potentiel biologique des terres, des propriétés
physiques et chimiques des sols, de leur structure, à l'aggravation de la péjoration climatique.

Enfin la dernière nuance apparaît dans les derniers termes de la définition de la désertisation :
"extension des paysages désertiques nouveaux à des zones qui n'en connaissaient pas les
caractères". Ce qui suppose que sous toutes les latitudes des paysages désertiques peuvent
apparaître. Le terme "extension" peut prêter à confusion, en percevant un désert s'étendre,
s'avancer. Mais les déserts n'avancent pas ils se créent. Comme l'a si bien souligné HECQ (1985)
en ces termes : «le désert avance parce qu'on lui laisse la place pour avancer. En fait, il n'avance
pas, il se crée. A la limite, on pourrait dire qu'il vient du Sud : il se crée au Sénégal, au Mali ou au
Tchad, c'est évident, mais aussi en Centrafrique, en Côte-d'Ivoire, au Rwanda ou à Madagascar,
voire même à Kinshasa !» Il se crée dans nos pays sahéliens du fait de la forte pression agricole et
de la péjoration climatique. Les conséquences sur le plan socio-économique sont la baisse de la
production agricole, l'exode, les conflits fonciers etc. Et sur le plan physique, c'est

2
particulièrement une dynamique érosive qui prend une allure catastrophique : on parle d'érosion
accélérée à cause de ses manifestations spectaculaires. Elle devient pour la terre ce qu'est la lèpre
pour la peau.

Vue sous cet angle, l'érosion est perçue comme un phénomène négatif. On n'y voit que l'aspect
arrachement de matériel, ravinement et destruction de relief et de sols et ainsi pertes de terres.
NEBOIT (1983) illustre cela en donnant des chiffres fort éloquents. "«L'érosion moyenne à l'est
des montagnes Rocheuses a été chiffrée à 100 t/km2/an sous couvert forestier, à 400 t/km2/an
et à 1100 t/km2/an sous cultures. Les records absolus sont enregistrés dans les régions lœssiques
de Chine, car les taux moyens de dégradation varient dans le bassin du Hoang Ho, entre 15 et 20
000 t/km2/an» .

Mais ceci n'est qu'une des facettes de l'érosion. Le verbe, comme le souligne NEBOIT (1983), a
été emprunté au vieux vocabulaire médical. Selon le dictionnaire géologique (éd. 1980), c'est
«l'ensemble des phénomènes externes qui à la surface du sol ou à faible profondeur, enlèvent tout
ou partie des terrains existants et modifient ainsi le relief". Cette modification du relief résulte de
l'enchaînement des processus d'ablation, de transport et de dépôt». Les différents agents que sont

l'eau, la glace, le vent, la température, les organismes vivants et l'homme façonnent le relief. f.
Mais il est plus commode de bien distinguer d'abord le processus de météorisation avant de parler
d'ablation, de transport et de dépôt. Par la météorisation, la roche est préparée pour les autres
processus. C'est le processus d'attaque des roches par les agents atmosphériques, selon des
actions mécaniques, physiques et chimiques. Les actions mécaniques de la météorisation (les

fragmentations d'origine thermique et hydrique). ne causent pas de modifications appréciables de


la nature minéralogique des roches. Par contre les actions physiques et chimiques à savoir la
dissolution et les altérations chimiques aboutissent à des produits plus ou moins différents des
roches qu'elles affectent. Ces produits appelés altérites, sont des produits meubles aux éléments
allant de la taille du grain à celle des colloïdes. Le matériel ainsi préparé, le décapage et le
transport et le dépôt sont assurés par les eaux courantes et le vent : on parle d'érosion naturelle
observée sous toutes les latitudes. Ces mots cachent donc une philosophie (Roose, 1999) toute
une perception.

Rappel sur l'historique de la lutte antiérosive

De nombreux auteurs, (TRICART, 1978 ; NEBOIT, 1983 ; ROOSE, 1988, etc) ont défini et
donné l'historique et l'évolution de la CES (Conservation des eaux et des Sols). Ainsi, TRICART,
(1978) souligne que la conservation des terres et des eaux a préoccupé les paysans des quatre
coins de la planète depuis des millénaires, en mettant au point des techniques différentes visant
toutes à retenir les eaux et la terre sans lesquelles aucune subsistance n'est possible. Ce n'est que
récemment que le problème a été repris au plan scientifique. Plusieurs stratégies modernes de
lutte antiérosive se sont développées.

 La RTM (Restauration des Terrains en Montagnes) développée en France à partir de


1850, puis dans les montagnes de l'Europe pour protéger les plaines fertiles.

3
 La CES (Conservation des Eaux et des Sols cultivés) qui s'est organisée aux USA
d'Amérique dans les années 1930 sous les effets de la crise économique qui a fait prendre
conscience aux américains de la dévastation d'une grande partie de leurs terres.
 La DRS (Défense et Restauration des Sols) développée en Algérie et puis dans le bassin
méditerranéen vers les années 1940-60. Il s'agissait de mettre en défens les terres
dégradées par le surpâturage et le défrichement et de restaurer leur potentiel d'infiltration
par l'arbre, considéré comme le moyen le plus sûr d'améliorer le sol.
 La GCES (Gestion Conservatoire des Eaux et des Sols), nouvelle stratégie qui a vu le jour
après le constat d'échec des démarches d'équipement menées trop rapidement sans tenir
compte de l'avis des populations (ROOSE, 1988).

La GCES esquissée à Honolulu en 1983 a été initiée par ROOSE qui en définit les principes
(ROOSE, 1987 et 1988). "«Le ruissellement et l'érosion étant considérés comme des signes d'une
gestion déséquilibrante du paysage, il s'agit avant tout d'écarter les pratiques les plus dégradantes,
de favoriser les techniques améliorantes et de définir un système d'exploitation permettant la
gestion conservatoire des eaux disponibles et la fertilité des sols. Cette nouvelle stratégie s'appuie
sur trois principes. - Un dialogue permanent avec les paysans à partir d'enquête en vue de cerner
la perception du problème par les concernés, faire un inventaire des techniques traditionnelles
ayant fait leur preuve. Ceci conduit au choix de méthodes conservatoires simples, adaptées au
milieu physique et au contexte économique local dont le but est de faire naître une confiance et

une formation réciproques très enrichissantes. - Choisir des dispositifs efficaces permettant
d'étaler les eaux à la surface notamment des microbarrages perméables cloisonnant le paysage qui
serviront de base spatiale pour l'introduction des méthodes d'intensification de la culture et de
l'élevage ; ces méthodes sont connues dans la tradition paysanne des différents continents. -
Etablir un plan d'aménagement global associant les arbres, les cultures et l'élevage à l'échelle d'un
bassin versant, d'un terroir ou d'une surface occupée par une communauté paysanne.
L'aménagement doit être progressif en fonction de l'évolution de la perception des paysans et des
moyens disponibles. Dans ce plan s'inscrira l'évolution dans le temps et dans l'espace de la
maîtrise par l'homme de son environnement»".

La GCES instaure un dialogue permanent entre les agro-pasteurs et les techniciens. Elle se veut
pédagogique car à travers le dialogue, et en allant au rythme des agropasteurs, l'objectif est leur
engagement et l'appropriation des actions réalisées et par conséquent de s'assurer de leur
entretien. La GCES n'exclut pas les ouvrages lourds quand cela s'avère nécessaire (en fonction du
contexte de dégradation) ; elle est toutefois lente dans la réalisation des ouvrages et la
transformation des paysages ; ce que reconnaît d'ailleurs son initiateur. Cette volonté de dialogue
et la recherche de confiance et formation réciproques se retrouvent dans la démarche de
DIOBASS* dont l'initiateur et l'animateur principal est Hugues DUPRIEZ.

DIOBASS* est le nom d'une région du Sénégal où la pédagogie a été appliquée pour la première
fois ; elle consiste en :

 une démarche d'auto-apprentissage pour les paysans et pour les cadres ;


 une recherche entre paysans sur des sujets techniques, scientifiques et

culturels qui les intéressent ;

4
 un dialogue égalitaire entre paysans, techniciens et cadres ruraux, pour la

mise en valeur des savoir et des "savoir-faire" de chacun ;

 une réorganisation en profondeur des rapports sociaux et culturels entre

ruraux organisés et leurs institutions d'appui ;

 une ouverture d'esprit fondée sur les échanges et le langage concret.

La difficulté majeure de DIOBASS* est le refus de beaucoup de cadres qui se sentent diminués
d'aller à l'école des agro-pasteurs.

DEGRADATION DES SOLS, PROCESSUS ET FACTEURS

A. L'érosion hydrique

1. Les processus

La première forme d'érosion hydrique : l'érosion pluviale

Les gouttes d'eau qui tombent avec une forte énergie sur un sol dénudé provoque le détachement
de ce sol et le rejaillissement des particules déposés quelques centimètres plus loin. On parle
d'effet de “ splash ” défini par Fedoroff (1965). On distingue ainsi les trois temps de l'érosion :
détachement, transport et dépôt. Ces matériaux détachés seront transportés par le ruissellement
en nappe.

Le ruissellement : théories et facteurs

Plusieurs théories expliquent la naissance du ruissellement (Roose, 1999).

 La théorie de Horton (1945) : Il y a ruissellement si l'intensité est supérieure à l'infiltration


 La théorie de la saturation du milieu : Si l'espace poreux du sol est saturé, se déclenche
alors le ruissellement.
 La théorie de la contribution partielle de la surface au ruissellement : Selon cette théorie,
le ruissellement provient exclusivement des aires saturées.

Les facteurs du ruissellement(Roose, 1999) Les facteurs qui font varier le volume ruisselé

 La pluie (hauteur, intensité) ;


 L'humidité du sol préalable à l'averse
 La surface du bassin versant drainé par le même chenal ;

5
 L'état de surface du sol (organisation pelliculaire superficielle, fissuration, les galeries des
fouisseurs..) ;
 L'inclinaison de la pente ;
 Les techniques culturales Les facteurs qui jouent sur la vitesse du fluide ;
 L'épaisseur de la lame ruisselante et de la pente de la ravine : la pente augmente la vitesse
du ruissellement et donc la vitesse d'avancement de la ravine ;
 La hauteur de chute des eaux : plus cette hauteur est importante plus l'énergie
tourbillonnaire est importante et accélère la vitesse de l'érosion ;
 L'influence du couvert végétal ;
 La rugosité, la stabilité structurale du sol.

La figure 5 illustre les types de ruissellement .

6
Le ruissellement et l'érosion en nappe ou aréolaire (sheet erosion)

7
Le ruissellement en nappe se caractérise par un écoulement sur toute la surface du sol. La cause
du ruissellement et de l'érosion en nappe est l'énergie de la battance des gouttes de pluie sur les
sols dénudés (Roose, 1999). Ruissellement et érosion en nappe dépendent de :

 L'intensité maximale des pluies qui déclenchent le ruissellement :

Wischmeier, Imax en 30 mn, Lal, Imax en 7 mn ou 15 mn, Bouzou, Imax en 5 mn ; cette


intensité varie en fonction de l'état de dégradation du sol et du degré d'humectation (Roose,
1999) ;

 L'énergie des pluies ;


 La durée des pluies (pluies brèves ou longues).

Le ruissellement et l'érosion linéaire

Le ruissellement linéaire s'effectue dès que la pente devient forte. La pente imprime

ainsi une certaine vitesse.

2. Les formes liées à l'érosion hydrique

Les formes créées par l'érosion en nappe

Les formes créées par l'érosion en nappe sont moins spectaculaires que celles créées par l'érosion
linéaire. On peut citer les formes de marches d'escaliers de quelques millimètres à quelques
centimètres liées au décapage des micro-horizons superficiels laissant apparaître des surfaces nues
indurées.

Les formes liées à l'érosion linéaire

Les ravines (photos 1 et 2) :

Roose (1999) distingue quatre types.

 Les griffes ou canaux de quelques centimètres de profondeur.


 Les rigoles ou canaux dépassant 10 cm de profondeur.
 Les nappes ravinantes qui sont des creux ne dépassant pas 10 à 20cm de profondeur mais
dont la largeur peut atteindre plusieurs mètres.
 Les ravines qui sont des canaux atteignant plus de 50 cm de profondeur. On distingue les
petites ravines dont le lit est encombrée de végétation herbacée et surtout arbustive et les
grandes ravines qui s'étalent sur plusieurs kilomètres.

8
Les cônes d'épandage

Ils se forment à mi-versant quand la pente devient nulle ou au contact d'un obstacle comme
une végétation arbustive.

9
Image 7 : Les cônes d'épandages des ravines affluentes du kori Dantiandou à Banizoumbou

Les cônes de déjection

De forme en éventail, ils résultent de l'accumulation des dépôts alluviaux à l'aval

des koris quand la pente devient nulle.

10
Image 8 : Cône de déjection du Goroubi constituant une berge du fleuve Niger : épaisse
couche de sable de 1 à 1,5 m d'épaisseur

B. L'érosion éolienne

Le vent est un phénomène azonal mais très actif dans les milieux désertiques et semiarides où
le couvert végétal est rare voire absent. Les facteurs sont donc l'aridité du climat, la texture
des sols (les sols limono-sableux sont très fragiles), la structure des sols pauvres en surface en
matière organique, fer, alumine libre, calcaire ; l'état de surface des sols ; l'humidité des sols
(un sol humide est très peu sensible à l'érosion éolienne).

1. Les mécanismes du transport éolien

On peut parler de capacité et de compétence d'un vent comme un courant d'eau. Une
tempête de poussière peut avoir une charge de 800 t/km3 La composition d'une tempête de
sable est la suivante : poussière 5% de la charge totale ; presque le ¼ de gros grains et le reste
par saltation. La charge est fonction de la vitesse du vent : à 25 km/h la poussière et le sable
fin sont transportés ; à 40 km/h, les grains de 1 mm ; à 80 km/h, le vent est violent, il
entraîne des grains de 4 à 5 mm.

Les processus de transport sont de trois ordres.

 La suspension : pour les poussières ; peuvent être soulevées à des altitudes de


plusieurs milliers de mètres.
 La saltation : pour les grains plus grossiers (dans les tourbillons) ; ils ne montent
qu'à 15-20 cm du sol.
 L'éolomotion : pour les grains les plus gros qui se meuvent en roulant. Les

11
Le vent érode par déflation et par corrasion. Les éléments sont transportés et déposés. Les
champs de dunes des déserts chauds sont les plus importants ensembles dunaires du globe.
Ils s'étendent parfois sur des centaines de kilomètres.
Pour qu'il y ait formation d'une dune, la présence d'un vent constant n'est pas suffisante. Il
faut qu'il y ait, de plus, des matériaux fins qui puissent être pris en charge : l'origine du sable
des ergs est de deux sortes : soit des épandages de fleuves lointains et allochtones (comme le
Niger, le Sénégal, etc...) ou des épandages locaux descendus des reliefs dominant la cuvette ;
soit des formations sableuses marines, formées dans d'anciens golfes, comme par ex. celui du
BasSénégal, souvent lors de transgressions marines. Ainsi au Sahara, le grand Erg occidental
occupe des zones d'épandage de la Saoura, mis en place au Villafranchien.
Formes dans les argiles et les limons
Elles sont liées à la granulométrie.
Le vent attaque parfois les argiles par corrasion. Dans une plaine argileuse, il peut sculpter des
YARDANGS (terme turc) sillons plus ou moins profonds (quelques mètres) qui s'incisent

12
dans la plaine. Une pluie suffit souvent à les effacer, (exemples fréquents au Thibet ou en
Asie Centrale. Ils sont rares au Sahara).
Les dunes isolées
 Les nebkas ; formes naines liées à l'arrêt du sable au contact d'un petit obstacle : buisson,
touffe d'herbe, amas de pierrailles s'allongent en forme de langue, “à l'ombre” de l'obstacle. (1
à 2 m de longueur, quelques dm de hauteur). Peuvent s'édifier ou se détruire très rapidement.
Les rebdous sont des formes du même type, mais plus hautes (3 à 4 m) liées à des arbustes

 Les barkanes, décrites d'abord en Asie Centrale, se retrouvent dans toute la zone aride. Elles
ne sont pas liées à un obstacle. Elles sont dissymétriques et ont une forme en croissant
(hauteur : 10 m au maximum). Les pointes s'orientent dans le sens du vent. Elles sont très
mobiles et évoluent par montée du sable soufflé jusqu'à la crête, puis descente par gravité de
ce sable sur l'autre versant. Une partie des grains filent latéralement et vont alimenter les
pointes. Les barkanes nécessitent des vents constants, mais une masse de sables peu
importante.

 Les dunes paraboliques, au contraire sont peu mobiles et correspondent à des masses
abondantes de sable. Ce sont des formes de remaniement par déflation. Elles peuvent avoir
un diamètre de 50 à 200 m.

Les champs de dunes.


 Les champs de dunes mobiles : juxtaposition de barkhanes. Les différences de vitesse
d'avancée des barkhanes entraînent des télescopages, la fusion de dunes entre elles,
etc...
 Les ergs à cordons parallèles. Dunes fixes au milieu desquelles les guides sahariens se
repèrent. Dunes en vague ayant l'aspect d'une tôle ondulée. Les alignements peuvent
avoir plusieurs dizaines de kilomètres de longueur. Les ondulations sont assez molles
(pentes rarement supérieures à 10°) formes fréquentes au Sahara, en Australie.

13
Formes reliques qui caractérisent toujours des régions d'une grande homogénéité de
sol, de climat.
 Les champs de dunes irréguliers, au relief confus, anarchique, sans alignements.
Au Sud du Sahara, on les désigne par le terme “AKLE”. Des dépressions plus ou
 moins circulaires, en général dissymétriques alternent avec des éminences à sommet
convexes et à flancs eux aussi dissymétriques. Ce sont des formes vives qui se
remodèlent sans cesse. On trouve ces formes dans des masses épaisses et uniformes
de sable exemple : au nord de la boucle du Niger, dans les épandages quaternaires du
fleuve (sur 75 m d'épaisseur, la granulométrie est constante : 0,15 mm). Il semble
d'autre part qu'il n'y ait pas une direction constante du vent.
 Champs de dunes à pyramides : (ghourd.). Des champs de dunes du type précédent
sont parfois dominés par des pyramides qui s'expliqueraient par l'action de
tourbillons. Parfois c'est une dune légèrement courbe et à crête aiguë qui domine et se
superpose aux autres formes (Sif. – pluriel Siouf).
 La caractéristique fondamentale de ces grands ergs est la finesse du sable, et la
constance de la granulométrie (en général grains inférieurs à 1 mm et supérieurs à 0,15
mm). (Les éléments très fins étant emportés plus loin en suspension). Au quaternaire
des phases avec remaniements fluviatiles ont alterné avec des phases à prédominance
d'actions éoliennes. Le modelé actuel des régions chaudes et sèches comportent de
nombreuses formes héritées, survivance de ces paléo-climats.

C. Les mouvements de masse : glissements et solifluxion

L'eau intervient dans ces phénomènes qui mobilisent un volume assez grand de matériaux
et ont des conséquences parfois catastrophiques. Pour qu'il y est glissement, il faut deux
roches de natures différentes : une roche rigide qui glisse sur une roche plastique (fig 6).
La solifluxion intervient dans une roche meuble généralement argileuse. Lorsque cette
roche est imbibée d'eau, une partie de la roche peut se décoller et glisser vers le bas. Il
peut y avoir de véritables arrachements, on parle de relief en coups de cuillères.

14
D. Les conséquences de l'érosion

Elles sont autant hydrogéomorphopédologiques que socio-économiques, positives et


négatives sur le plan socio-économique.

1. Les pertes en terres

Quelques chiffres sur le ruissellement et l'érosion sur parcelles

15
LUTTE CONTRE L’EROSION

1. Généralités

Définition des formations superficielles

Campy et Macaire (1989) définissent les formations superficielles comme étant des sédiments et
des roches exogènes et volcaniques, demeurés à l'interface lithosphère-atmosphère depuis leur
mise en place sur les continents, déposés en une ou plusieurs unités d'épaisseur métrique à
décamétrique, avec ou sans relation génétique avec le substratum, mais étroitement associés à
l'évolution du relief actuel dont ils sont l'expression lithologique.

Importance et risque

Les formations superficielles supportent l'essentiel de la végétation ainsi que toutes les activités
humaines, notamment l'agriculture, l'élevage, la recherche d'eau et de matériaux comme les
carrières et autres, les grands travaux...

Elles sont de ce fait exposées au risque d'érosion hydrique, éolienne ainsi qu'aux mouvements de
masse tel que les glissements, la solifluxion...

Origine et types

Les formations superficielles sont essentiellement continentales et sont affleurantes et Selon leur
relation avec le substratum, on en distingue deux types.

Les formations superficielles qui sont des résidus de la désagrégation physique et chimique du
substrat qui les supporte. Ce sont les altérites autochtones ou para-autotochtones.

Celles qui résultent de processus géologiques sédimentaires ou quelquefois volcaniques et n'ont


aucune relation directes avec le substratum. Elles sont dites allochtones et discordantes.

Position par rapport au contexte géomorphologique et caractères généraux

La géomorphologie actuelle conditionne la nature et la répartition des formations superficielles.


Les alluvions se développent dans les bas-fonds, les éboulis sur les talus... La nature lithologique
est extrêmement variable.

Elles sont exogènes (sédimentaires et résiduelles). Elles peuvent être aussi endogènes
(volcaniques). Elles se caractérisent par leur variabilité verticale et horizontale. Il existe en effet de
nombreuses variations de faciès dues à la variété des apports longitudinaux et latéraux. Les

16
formations sont généralement regroupées en complexes ou en ensembles. On appelle complexe
un groupement dans un sens vertical de formations superposées et étroitement imbriquées. On
entend par ensemble un groupement horizontal de formations juxtaposées et parfois imbriquées.

B. Les portions d'espace traitées et les techniques appliquées

1. Les espaces traités

Le bref aperçu sur les différentes approches laisse entrevoir les espaces traités en matière de
CES/DRS. On constate qu'ainsi les pratiques divergent selon la philosophie, mais aussi des
moyens financiers dont disposent les intervenants, qu'il s'agisse de projets de développement
rural, d'ONG ou des agro-pasteurs eux-mêmes.

Les superficies des espaces traités par les paysans varient selon l'intensité du travail à fournir ainsi
que des techniques utilisées. Mais d'une manière générale quelles que soient les techniques,
qu'elles fassent appel à une main d'œuvre importante (les cordons de pierres ou les "tassa") ou
non, elles se répartissent sur toutes les unités géomorphologiques (plateau, talus, glacis) mais
n'occupent presque jamais de grandes surfaces. La logique de leur implantation ne s'inscrit pas

17
toujours dans le cadre d'une protection mais plutôt d'une récupération de petites surfaces
dégradées en vue de leur mise en valeur.

La logique des projets de développement rural et des ONG en fonction toujours des moyens est,
par contre le traitement systématique de vastes espaces avec des ouvrages de protection et de
mise en valeur. La plupart, applique l'approche globale amont-aval, qu'on se trouve dans tout un
bassin versant ou seulement sur une séquence paysagère (plateau, talus, glacis, bas-fond). Il s'agit,
dans une situation de dégradation de procéder d'abord par le traitement de la partie amont avec
des ouvrages de protection afin de retarder les écoulements et dans la partie aval, implanter des
ouvrages de mise en valeur et de protection. Ainsi observe-t-on une transformation radicale des
paysages après quelques années d'intervention.

2. Les techniques appliquées pour la lutte contre l’érosion

Les techniques traditionnelles ou locales

La jachère

La jachère est la pratique commune par excellence observée dans l'ensemble de la zone de
cultures pluviales. Les multiples rôles et utilisations de la jachère conduisent à diverses définitions.

Le petit ROBERT définit la jachère comme l«'état d'une terre labourable qu'on laisse
temporairement en ne lui faisant pas porter de récolte». SIGAUT (1991) désigne la jachère
comme "une période de non-culture temporaire supposée permettre une certaine reconstitution
de la fertilité du sol un certain repos du sol". SEBILOTTE (1991) définit la jachère comme «l'état
de la terre d'une parcelle entre la récolte d'une culture et le moment de la mise en place de la
culture suivante».

L'existence des noms locaux montre toute l'importance que revêt la jachère. Ainsi en pays zarma
dans l'ouest nigérien, on utilise différents termes caractérisant la jachère.

 "Fari-zéno", vieux champs ;


 "Fari-furu", champs abandonnés ;

Ces termes rappellent qu'il s'agit bien des champs qui ne portent plus de cultures, délaissés,
abandonnés ne serait ce que momentanément.

Le rôle et la fonction essentiels de la jachère sont de plusieurs ordres :

 la remontée de la fertilité des sols ;


18
 le pâturage ;
 le prélèvement de ressources végétales (SAADOU et al., 1999).

La jachère est tout simplement une technique naturelle de restauration des les terres. Elle est
naturelle comme le soulignent SAADOU et al., (1997) parce que ne nécessitant aucun
investissement financier, car cette restauration est assurée par les agents météoriques notamment
le vent, l'eau et la température. De nombreuses études ont en effet montré toute l'importance de
la jachère sur la restauration des sols et l'économie de l'eau. BOLI et al., (1999) soulignent que la
jachère de courte durée stabilise et aère efficacement les sols dégradés en favorisant une réduction
de plus de 90% du ruissellement et des pertes en terres. BOUZOU (1999) démontre tout le rôle
de la jachère comme système de restauration naturelle des sols. En effet, avec l'apparition de
surfaces de déflation quand intervient la jachère et que dans celle ci le taux de recouvrement de la
végétation est assez important, le vent intervient pour combler partiellement ces surfaces et
assurer ainsi la remise en cultures. Enfin, au Burkina Faso en zone soudanienne, les résultats
obtenus par FOURNIER et al., (1999) permettent d'affirmer que «dans l'optique d'un
aménagement, la juxtaposition en bandes alternées de 4/5 de cultures et de 1/5 de jachères
denses d'absorption permet d'annuler les ruissellements, valoriser les pertes de fertilisants et
d'eau, et limiter l'érosion concentrée». Mais de nos jours, de nombreux terroirs nigériens ont
oublié jusqu'à l'existence de cette pratique. Les solutions alternatives de substitution afin de
maintenir un optimum de fertilité et lutter contre l'érosion, dans un contexte de croissance
démographique galopante, sont nombreuses et se résument toutes à des pratiques agro-forestières
: défrichement amélioré en laissant une ou plusieurs strates ligneuses, bocage, plantes de
couverture en bandes alternées, meilleure intégration agriculture-élevage.

Les branchages

En travers des lignes d'écoulement des eaux, des branches renforcées de blocs de pierres sont
placées perpendiculairement à la pente. Cette technique joue le rôle de dispositif filtrant. Elle
permet ainsi de casser la vitesse de l'eau et de retenir le maximum de sédiments

19
Paillage du terroir

Le paillage

20
Le paillage est une pratique séculaire, mais qui pendant des années a été abandonnée. Toutefois,
elle connaît un regain d'intérêt depuis une décennie, compte tenu de l'état de dégradation des
terres. La technique consiste à laisser au sol les tiges.

Pendant toute la saison sèche, les actions du vent et des températures élevées sont atténuées.

La protection contre l'arrachement du matériel est renforcée par la présence des souches. La
protection n'est pas le seul rôle du paillage ; il assure également la récupération de petites surfaces
nues de déflation appelées loupes d'érosion. Sur ces petites surfaces de quelques mètres carrés
sont placées des tiges jointives de l'ordre de plusieurs tonnes par ha. Placées à la bonne période
'activités des termites s'étalant de décembre à mars dans nos milieux chauds, ces dernières créent
des galeries favorisant une bonne infiltration des eaux de pluies. Un test conduit à Bogodjotou
(Torodi–Sud Ouest du Niger) a permis de voir l'effet du paillage sur le ruissellement et l'érosion.
Sur une parcelle de 75 km2 des tiges jointives ont été placées. La première année (1996) du fait de
la présence des galeries de termites et de tiges le ruissellement et l'érosion étaient nuls. La
deuxième année (1997) le traitement n'a pas été repris. L'objectif était de voir la durée de l'effet
du paillage. Les galeries des termites étant colmatées par la formation de croûtes, le ruissellement
a repris avec un coefficient compris entre 3,5 % et 32 %.

Les cordons de pierres

Les conditions géomorpholigiques, pédologiques (glacis à pentes fortes, sols sablo-limoneux à


limono-sableux endurés, encroûtés) ont conduit les paysans à développer la technique des
cordons de pierres qui consiste en un alignement de pierres posées au ras du sol
perpendiculairement à la pente. Ce dispositif joue une double fonction : la protection et la
récupération des sols. Sur le plateau, il permet une lente récupération des terres en piégeant les
éléments fins transportés par le

vent ou le ruissellement. Afin d'accélérer ce processus, certains disposent les pierres en forme de
casiers. Sur les glacis, les cordons de pierres protègent les sols contre le ravinement, ils permettent
également le piégeage de matériel fin.

L'espace entre deux cordons est généralement de 5 à 10 m. la même pratique est généralisée au
Burkina Faso. Au Niger même, ce sont ces dernières années que l'on observe sa vulgarisation par
des projets agricoles.

21
Les cordons de pierres traditionnels ont fait l'objet d'expérimentation sur parcelles. Les résultats
obtenus montrent que dans le contexte de dégradation actuelle ils ne peuvent jouer seuls leur rôle
de protection et de récupération. De 1966 à 1971, le CTFT a obtenu à Allokoto (Madaoua) sur
une parcelle de 3443 m2, un KRAM de 17 à 23 % et une érosion de 38 t/ha. BOUZOU (1988) a
obtenu à Kounkouzout (Tahoua) sur un sol de glacis de 1 % de pente et un sol issu de la
désagrégation des calcaires, schistes, marnes et grès recouverts de graviers et plaquettes, un
KRAM de 7,2 à 9,3 % et une érosion de 2,7 t/ha.

Les "tassa"

Les "tassa" sont des trous de 20 cm de profondeur et de 40 cm de diamètre entourés à l'aval d'un
remblai de terre, creusés sur des surfaces indurées avant la saison des pluies.

L'écartement est en général d'un pas soit environ 80 cm entre deux "tassa" et deux lignes de
"tassa". Ces ouvrages creusés permettent la récupération des surfaces dégradées en recueillant les
eaux de pluies et en favorisant une meilleure infiltration.

22
L'amélioration à consister en la disposition des trous en quinconce, la confection systématique de
bourrelets en demi-cercle à l'aval et la mise de fumier. La disposition en quinconce et les
bourrelets favorisent un meilleur stockage des eaux, alors que le fumier assure la fertilisation, la
porosité et l'infiltration de l'eau par l'activité des termites.

23
Les résultats obtenus sur nos parcelles expérimentales de Bogodjotou (Torodi) démontrent que
les "tassa" sont bien adaptés aux sols sablo-limoneux à limoneux.

Ils améliorent en effet, l'économie de l'eau et les rendements (AMBOUTA et al., 1999 ;
DAOUDA, et al., 1999).

En effet, sur deux années d'observation (1996 à 1997) le ruissellement est demeuré faible pour
chaque année. Ainsi en 1996, le ruissellement a concerné quatre épisodes pluvieux dont d eux en
juin (début juin) et deux en juillet (début et fin juillet) La plus petite hauteur était de 28 mm
(09/06/96) et la plus élevée de 45 mm (25/07/96). Seule cette dernière pluie a eu un coefficient
de ruissellement de 21,1 %. Pour toutes les autres pluies le KR % est inférieur à 2 %. Aussi le
KRAM % est très négligeable de l'ordre de 2,15 %En 1997, le ruissellement a concerné six pluies
(14,6 % des pluies enregistrées) dont 3 en juillet (7; 10 et 20), 2 en août (5 et 21) et une en
septembre (7/9). La plus faible hauteur est de 20 mm du 21/08 avec un KR % de 6 % et la plus
élevée de 58,5 mm du 20/07 avec un KR % de 21,6 %. Pour cette année également KRAM % est
négligeable, car de 3,1 %. L'érosion est aussi demeurée négligeable. Sur les deux années, la
moyenne est de 9 kg/ha/an contre 70 kg/ha/an pour le paillage et 150 kg/ha/an. Les faibles
pertes en terres s'expliquent par la faible pente (-1%).

Les "tassa" améliorent également l'économie de l'eau. Les résultats sur deux années d'observation
ont montré la performance du "tassa". Cette performance du "tassa" par rapport au paillage peut
ainsi être visualisée par le suivi de l'évolution du stock d'eau dans le sol de la saison des pluies
1996 à la saison 1997. "Ces résultats qui corroborent ceux rapportés par de nombreux auteurs
(ROOSE, 1977 ; HOOGMOED et al., 1991) dus en partie à la mauvaise pluviosité de 1997
seraient surtout liés aux effets favorables et reproductibles de la pratique du "tassa" sur les
propriétés hydriques d'un sol encroûté contrairement au paillage dont l'effet ne dure que le temps
de présence des résidus à la surface du sol" (AMBOUTA et al., 1999).

Le "tassa" offre de meilleurs résultats concernant le développement et la production du mil. Ainsi


de 1996 à 1997, les différents stades phénologiques ont été atteints à des dates variables au profit
du "tassa".

Le "tassa" offre de meilleurs résultats concernant le développement et la production du mil. Ainsi


de 1996 à 1997, les différents stades phénologiques ont été atteints à des dates variables au profit
du "tassa".

24
Le "tassa" serait-il une stratégie anti-risque contre la sécheresse qui caractérise certaines saisons
pluvieuses ? En l'absence de résultats sur une mauvaise année, nous pourrons donner quelques
éléments de réponses à partir du cas de l'année 1997 qui a connu une mauvaise répartition des
pluies. En effet, contrairement à l'année 1996 et 1998 où pour tous les mois pluvieux on observe
une bonne pluviométrie, en 1997 le mois d'août a été très sec avec 76,5 mm contre 156,5 mm et
259,7 mm respectivement en 1996 et 1998. Mais malgré cette sécheresse, le "tassa" s'est mieux
comporté.

Les techniques modernes

Les techniques modernes observées dans toutes les zones d'intervention des projets sont
constituées d'ouvrages mécaniques, biologiques et de certaines pratiques agronomiques. Certaines
techniques jouent exclusivement le rôle de protection ou de mise en valeur alors que d'autres se
partagent entre les deux rôles.

a) Les ouvrages mécaniques

On observe une gamme variée d'ouvrages mécaniques : les diguettes ou banquettes, les murets,
les seuils d'épandage, les radiers, les barrages d'écrêtage, les fossés de garde, les demi-lunes et les
tranchées.

Les diguettes ou banquettes

«La diguette est une bande de terre de largeur réduite et constante, avec fossé très évasé et
bourrelet, installée sur le versant et délimitant une bande de culture»

Il existe plusieurs types de diguette.

 Des diguettes à remblai de terre recouvert ou non de pierres.


 Des diguettes continues, construites sur plusieurs kilomètres, ce type est actuellement
abandonné par les projets agricoles à cause de la difficile maîtrise de la topographie et par
conséquent de la dynamique hydrique.
 Des diguettes tronçonnées de 50 m à 100 m de long suivant les courbes de niveau et des
crochets latéraux arrondis pour supprimer les points de faiblesse que constituent les
angles.

Sur le plan géomorphologique, la diguette rompt la pente à intervalles réguliers dans le but de
fractionner et ralentir le ruissellement et donc de favoriser l'infiltration. Elle est construite

25
particulièrement sur les glacis où elle joue le double rôle de mise en valeur agricole et sylvo-
pastorale et de protection.

Sur les glacis, du fait de la dégradation avancée, le but visé à travers la diguette c'est d'abo rd la
mise en valeur agricole. Mais sa présence, assure également la protection du bas-fond en retardant
les écoulements latéraux. Enfin, la mise en valeur sylvicole est également visée par la plantation
d'arbres dans le fossé.

Sur le plateau gréseux, il s'agit d'abord de la protection en retardant les écoulements mais aussi de
la mise en valeur sylvo-pastorale car le plateau gréseux est généralement une aire de pâturages
permanents, de cueillette. Dans des situations de manque de terres, cette unité est également
aménagée en diguettes afin de récupérer le maximum d'espace pour les cultures.

En général, une partie de l'espace aménagé est sous-solée afin de favoriser l'infiltration et une
autre sert d'impluvium.

La diguette assure les premières années de son fonctionnement une bonne production céréalière.
Le rendement peut atteindre 1 t ha –1 (communications personnelles des agents des projets). Elle
assure également une bonne reprise de la végétation herbacée et ligneuse.

Mais la diguette coûte cher, car l'ha aménagé revient en moyenne à 167 000 F CFA (167 FF). En
outre, elle nécessite un entretien constant. Les problèmes observés sont de plusieurs ordres.

 Des brèches dues aux eaux de l'amont – parfois c'est le paysan qui les provoque afin de
laisser passer l'eau – entraînant ainsi le débordement des diguettes
 Les eaux retenues par la diguette se déversent latéralement dans le kori, avec apparition de
ravinements sur les berges, remontant le fossé de garde.
 La mise en porte à faux des pierres sommitales par décapement de la face amont
(BOUZOU, 1987

Les murets

Il s'agit de murets de pierres isohypses filtrants de 0,2 à 0,5m de hauteur et 0,5m de largeur.
Les murets sont généralement construits sur les talus des plateaux ; on en ob serve aussi sur
les sommets des plateaux. Leur rôle est de casser la vitesse des écoulements du talus et par
conséquent de protéger le glacis et les bas-fonds.

26
Mais la réalisation de murets sur les talus et les plateaux est basée sur une fausse conception
de la nature des écoulements. En effet, particulièrement sur les talus, l'on imagine des
écoulements en nappe, alors que dans la plupart des cas, ce sont des écoulements concentrés
dans quelques ravines. De ce fait, l'implantation de murets ne se justifient que dans les bas-
fonds pour effectivement casser la vitesse des écoulements et provoquer leur étalement. De
surcroît, les murets demandent beaucoup d'investissements (consommation excessive de
pierres, temps de travail, transport de pierres sur les talus...)

Les tranchées

«La tranchée est un arc de cercle de 3 m de diamètre et 0,5 à 0,75 de hauteur ; elle est large et
profonde de 60 cm. Au milieu, un gradin de 0,2 m de large et de 0,4 m de hauteur est
conservé pour recevoir le plant et lui éviter l'asphyxie quand la tranchée se remplit d'eau. La
terre de déblai est déposée en demi-lune à l'aval de la tranchée, elle est empierrée sur son dos
aval pour réduire l'érosion. Les tranchées sont disposées selon les courbes de niveau et en
quinconce» (ROCHETTE, 1989).

Les tranchées sont creusées presque exclusivement sur les talus des plateaux dont elles
transforment le modelé par des micro-bassins et des gradins. De ce fait elles collectent les
eaux de pluies et de ruissellement. Nouvellement construite, une tranchée peut contenir
environ 1 m3 d'eau. Les tranchées sont généralement destinées au sylvo-pastoralisme. Mais
elles jouent également le rôle de protection du glacis et du bas-fond contre le ravinement,
d'une part en retardant les écoulements et d'autre part en favorisant la revégétalisation (photo
16a).

Les tranchées sont toutefois difficiles à réaliser. ROCHETTE (1989) rapporte sur la base des
travaux faits à Guidan Sourout au Niger en 1986/87, qu'une tranchée demande environ 1,2
jour de travail pour un actif ; l'hectare aménagé et planté demande environ 910 actifs/jour.

Construites sur des talus à roches incohérentes soumises à la suffosion, les tranchées peuvent
se transformer en ravines

27
28
b) Les ouvrages biologiques et les pratiques agronomiques

Le reboisement constitue la principale pratique observée par :

 l'implantation de brise-vent ;
 la stabilisation des dunes par la plantation d'arbres ; le reboisement le long de
diguettes, des berges des koris et sur les talus. Le reboisement a enregistré des
résultats spectaculaires. Car il a permis de récupérer des espaces nus et dégradés. Par
ailleurs, d'autres techniques sont appliquées comme :
 le clayonnage (palissades de tiges) pour stabiliser les dunes ;
 la mise en défens pour faciliter la reprise de la végétation herbacée

29
30
 les barrages de branchages dont les plus couramment appliqués sont les bois croisés :
des pieux sont croisés deux à deux et enfoncés au sol de sorte que la partie externe ne
dépasse pas 30 cm afin d'éviter le tourbillonnement.

L'ouvrage est renforcé en plaçant à travers les bois croisés, des tiges ou des branches d'espèces
capables de germer par bouturage comme Ipomea arborescens, Calotropis procera

 le sous-solage des surfaces indurées ;


 l'enfouissement des résidus de cultures.

Quels sont les points communs et les divergences ainsi que les limites des techniques
traditionnelles et modernes.

C. Comparaison des modèles d'aménagement traditionnel et moderne.

1. Les points communs

Globalement deux points sont communs aux deux types de modèles. Le premier point concerne
la récupération des surfaces dégradées. Quand on considère le contexte de dégradation accélérée
dans lequel interviennent les projets agricoles, les différentes actions menées sont chirurgicales et
visent d'abord à récupérer des terres dégradées, tout en assurant leur protection.

Le deuxième point est le traitement de toutes les unités que l'on retrouve dans l'un comme dans
l'autre des cas.

2. Les points divergents

Les divergences s'observent au niveau de trois points principaux.

 S'il est vrai que toutes les unités de paysage sont traitées dans l'un comme dans l'autre des
modèles, la densité des ouvrages diffère. En effet, cette densité est très faible dans
l'aménagement traditionnel, alors qu'elle est très forte dans l'aménage ment moderne. Ceci
s'explique par les moyens disponibles. Les projets agricoles disposent de matériel adéquat
et d'une main d'œuvre (participation massive de paysans). La capacité d'investissement
des paysans est très faible. Ceci explique la faible marque de l'aménagement traditionnel
sur le paysage.
 L'aménagement moderne s'intègre dans la logique du contrôle en tous les points d'une
dynamique donnée : par exemple la dynamique hydrique, la dynamique éolienne. Pour ce
faire est aménagé tout un bassin versant ou toute une zone de remobilisation de dunes.

31
 Enfin certaines pratiques sont spécifiques à l'aménagement moderne. Il s'agit
essentiellement de l'association de techniques pour optimaliser les résultats : c'est
l'exemple de l'association cordons de pierres, demi-dunes, tassa, diguettes, sous-solage,
diguettes, enfouissement de résidus de culture, etc...

3. Comparaison entre les différentes techniques traditionnelles et modernes

Les différents aspects de comparaison sont les suivants :

 la fonction
 l'adaptabilité agro-climatique ;
 l'adaptabilité au type de sol ;
 l'adaptabilité au modelé ou à la topographie ;
 les effets contre le ruissellement, l'érosion, les effets sur la production végétale ;
 les contraintes ;
 la perception des paysans.

Une telle démarche a été entreprise par VLAAR et al., (1992). Nous incluons en plus la
perception paysanne des différentes techniques afin de mieux cerner les problèmes de durabilité.

Les effets, les contraintes et la perception paysanne des techniques de CES

Pour l'essentiel, les différentes techniques ont des effets positifs (tableau) sur le ruissellement,
l'érosion et la production végétale. Cependant, dans les pratiques, les techniques isolées n'ont pas
d'effets positifs sur la dégradation des sols, particulièrement sur l'encroûtement. Aussi, est-il
conseillé d'associer les différentes techniques: diguettes ou cordons en pierres associés à des
demi-lunes ou des tassa. Ce qui permet une bonne utilisation de l'eau.

Les contraintes les plus lourdes à lever sont d'ordre socio-économique :

 les problèmes d'entretien liés à la faible capacité d'investissement et à l'organisation des


populations ;
 la reprise régulière de certains ouvrages ;
 le haut investissement en main d'œuvre (HIMO).

Mais malgré certaines contraintes, les paysans ont adopté des techniques qui dans l'ordre sont :
les "tassa", les cordons de pierres, les demi-lunes, les branchages, le paillage. La formation aux

32
techniques simples de conservation des eaux et des sols et les évaluations menées ont permis de
voir tout l'intérêt que les paysans leur portent.

Enfin les gros ouvrages comme les barrages d'écrêtage et les barrages seuils sont très bien perçus
par leurs utilisateurs, par contre assez mal perçus par les populations dont les terroirs sont situés
en aval. En effet, nombreux sont ceux qui pensent que d'importants volumes d'eau sont retenus à
leurs dépens.

33
Légende

34
(1) Effets : CR : effets contre le ruissellement ;
CE : effets contre l'érosion ;
PV : production végétation
+ + : très bon
+ : moyen ;
(2) perception paysanne :
+ + : très positive ;
+ : positive
- : négative

Nous avons essayé de montrer dans cette partie la ou les pratiques de la CES. On assiste tantôt à
une juxtaposition de modèles d'aménagement en appliquant des techniques locales et importées,
tantôt à une remise en question de nouvelles pratiques et alors à l'adoption de techniques locales.
Pour notre part, d'un point de vue géomorphologique, il existe des insuffisances dans la lutte
contre la forte dynamique érosive. Aussi, afin d'éviter un travail de Sysiphe dans la CES et assurer
la durabilité, la question : quand, où, comment et quoi faire, est toujours importante. Il ne s'agira
pas pour nous de proposer un modèle d'aménagement, mais après les appréciations données
d'attirer l'attention des aménagistes sur quelques aspects.

 La prise en compte du modèle de HORTON complété en tenant compte les écoulements


hypodermiques, quant au choix et à l'emplacement des ouvrages en fonction de la
dynamique à corriger, quel que soit le type d'intervention (curative ou préventive). En
effet, la dégradation n'a pas atteint le même stade partout. Il existe des stades avancés
pour lesquels des actions curatives par l'appui extérieur aux terroirs sont nécessaires ;
alors que dans certains cas il s'agira de prévenir les effets néfastes de la dégradation.
 La prise en compte de la perception paysanne des techniques afin de permettre leur
adoption et de mieux les intégrer dans les systèmes de production. L'exemple de
l'adoption de techniques simples de CES par les paysans comme les "tassa", les barrages
de branchages etc. est très encourageant et éducatif. Il est évident que dans des situations
de dégradation avancée, d'autres techniques nécessitant des connaissances sont
indispensables : c'est le cas des seuils barrages ou des barrages d'écrêtage. L'avantage de
l'introduction de techniques simples adaptées aux conditions socio-économiques des
paysans moyennant un matériel adéquat est qu'elle suscite l'initiative spontanée
(BOUZOU, 1988), la créativité ; toute chose conduisant à la libération, la

35
responsabilisation et la fin de "l'assistantisme" qui consiste à attendre toujours une aide de
l'extérieure.
 l'association systématique des techniques pour une meilleure utilisation de l'eau, en luttant
contre le ruissellement et donc l'érosion et l'ensablement.

Les principes fondamentaux sont aussi à rappeler. Il s'agit de:

 la connaissance des facteurs biophysiques et humains de l'érosion ;


 la connaissance de la dynamique à l'échelle générale et locale ;
 l'adoption des stratégies de lutte efficace et efficiente ;
 le suivi , la recherche, l'utilisation des résultats de la recherche qui

permettent de s'adapter à la morphodynamique nouvelle.

36

Вам также может понравиться