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com Mars 2013 - n°48

P r e m i e r m a g a z i n e c o n s a c r é a u x é d u c a t e u r s d e f o o t b a l l

PHASE DE
TRANSITION :
enjeux, analyse et entraînement

ENTRETIEN
Francis GILLOT :
"Ce sont les joueurs qui font les entraîneurs"

ENTRAINEMENT : 10 CONSEILS POUR OPTIMISER VOS SÉANCES


Prix au numéro : 7 €
12 numéros : 59 €

PREPARATION PHYSIQUE : COMMENT ÉVALUER LES EFFORTS AVEC BALLON ?


Abonnement

TABLEAU NOIR : RÉCIT TACTIQUE PAR PASCAL THÉAULT


MANAGEMENT : QUELLE CAUSERIE AVEC LES TOUT PETITS ?
Sommaire
P6 ACTUALITE
page 16 Les dernières infos du monde de l'éducateur.
P10 LA STAT
Les dribbles au haut niveau
P12 EN DIRECT DE LA DTN
Interview Willy Sagnol
P14 QUESTION DU MOIS
Pour ou contre les jeux à touches de balle limitées ?
P16 ENTRETIEN DU MOIS
Francis Gillot
P22 UNE SEANCE AVEC
Les Girondins de Bordeaux
P26 DOSSIER
Phases de transition : enjeux, analyse et entraînement
P56 TABLEAU NOIR
Récit tactique par Pascal Théault
P58 FOOTBALL ANIMATION
Retour sur la conférence VESTIAIRES de Patrick Pion
P60 FOOTBALL FRANCOPHONE
page 22 Interview de Helder Duarte, Directeur de l'ARS de Québec.
P62 FUTSAL
Quelle séance la veille du match ?
P64 UN COACH UN MATCH
ASSE-Dynamo de Kiev, par Gilles Salou

P41-55 LE CAHIER DU COACH


P42 : ENTRAINEMENT (par Jean-Marc BERTHAUD)
10 conseils pour optimiser votre séance

P44 : PREPARATION PHYSIQUE (par Alexandre MARLES)


26
page
Préparation intégrée : quels outils pour quelle évaluation ?

P46 : MANAGEMENT (par Yves DEBONNAIRE)


64
page
Quelle causerie avec les tout petits ? LA SEANCE
DU MOIS
P48 : GARDIEN (par Franck LEFEVRE) (par Jérémy DOS SANTOS)
Nos conseils pour gérer la bourde du gardien La transition offensive-
défensive
P50 : STRATÉGIE (par Georges PROST)
Les touches longues.

P52 : SANTÉ (par Michel OLMER)


Comment agir en cas de fracture ?

P54 : JURIDIQUE (par Franck NICOLLEAU)


Président et salarié, c'est possible ?
3
Edito

La formation française,
c'est l'Amérique !
'information est passée quasi ina- Simplement, il y a des signes qui ne trom-

L perçue dans les médias nationaux,


plus réactifs et diserts lorsqu'il
s'agit de mettre en exergue ce qui ne va
pent pas, à condition de les capter.
Quand on sait de quelle manière les diri-
geants de la Major League Soccer (MLS)
pas à la FFF. Pourtant, même s'il est un ont analysé, décortiqué ce qui se faisait
peu moins vendeur pour les tabloïds, chez nos voisins européens, avant de
l'événement mériterait que l'on s'y "flasher" sur le nouveau concept de for-
attarde quelques instants : les Etats-Unis mation porté par François Blaquart, on
ont choisi la France comme modèle pour se dit que notre Direction Technique
tracer les contours de leur première véri- Nationale est dans le vrai. Tout n'est pas
table politique de formation en matière parfait sans doute, mais le sillon creusé
de soccer. Pas l'Espagne, pas par le DTN depuis trois ans a donné un
l'Allemagne… La France. Les Américains
Il y a des victoires second élan, de nouvelles perspectives,
vont s'inspirer de ce qui se fait chez nous qui ne se gagnent et une attractivité retrouvée à notre foot-
pour tenter de devenir une grande nation pas sur le terrain ball. Il y a des victoires qui ne se gagnent
de football ! Un projet colossal, financé à pas sur le terrain. Sachons les reconnaî-
coups de millions de Dollars. Qu'est-ce tre. Et les savourer.
que cela va changer dans le quotidien des
éducateurs de nos clubs ? Rien. ■ Julien Gourbeyre, Directeur de la rédaction

Vestiaires Directeur de la publication/


Rédacteur en chef :
Julien Gourbeyre
Rédaction :
Antoine Armand, Julien Gourbeyre,
Impression
Imprimerie Chirat
744 rue de Sainte -Colombe,
Premier magazine consacré Olivier Goutard et François Villebrun.
Administrateur des ventes : 42540 Saint-Just-La-Pendue.
aux éducateurs de football Photos :
Pascal Muller N° Commission paritaire :
Mensuel édité par RC MEDIA, Nikolas Ernult (entretien du mois, pages 16-21) 0211 T 89754
SARL au capital de 5000 euros Chargé de mission :
SIRET : 507 848 257 RCS Lyon Vincent Gourbeyre Ont collaboré à ce numéro : N° ISSN : 2101-4566
Adresse : 17 rue Louis Pasteur Secrétariat : Jean-Marc Berthaud, Gilles Salou, Crédits photos : FOTOLIA pages 1, 4, 5, 10, 12, 22, 24,
38540 HEYRIEUX Claudia Gioscia Alexandres Marles, Frédéric Antonetti, 25, 26, 27, 34, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 58,et 60.
TEL : 04 72 77 69 04
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Toute reproduction, représentation, traduction ou
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Xavier Boglione Denis Renaud, et Christian Gourcuff. interdite sans l’autorisation de RC MÉDIA.

5
Actualité

7e colloque annuel "Football et


Recherches" du 29 au 31 mai à Paris LE SAVIEZ-VOUS ?
L 'université Paris Descartes en col-
laboration avec l'ACFF (Association
des Chercheurs Francophones en
L es terrains du centre d'entraîne-
ment du Real Madrid sont posi-
tionnés de façon pyramidale : les
Football) organisent un colloque sur plus jeunes s'entraînent en bas, tan-
trois jours, du 29 au 31 mai prochain, à dis que les pros sont sur le plateau du haut.Ainsi, tout au
l'UFR STAPS (Paris 15e) sur le thème : "les différentes formes de long de son cursus de formation, le joueur madrilène
pratiques du football et leur environnement physique, socio-écono- franchit symboliquement les paliers avant de gagner le
mique et culturel". ■ droit de s'entraîner au sommet de la pyramide ! ■

8
La LFA fait peau neuve
À l'occasion de son Assemblée Générale du 9 février, la Ligue de
Football Amateur s'est dotée d'une nouvelle gouvernance. Exit le
Conseil d'Administration, remplacé par un Bureau Exécutif resserré et
présidé par Lionel Boland (président de la ligue de Normandie depuis
2004 et jusque-là trésorier de la LFA), élu pour quatre ans. ■

C 'est le nombre de buts


encaissés par le Bayern
de Munich au cours des 24
premières
Pti'Foot : pour simplifier
journées de
champion-
l'organisation des plateaux
nat (0,33
par match).
Un record en
C DFA du District Maritime Nord, Ludovic Kuehn est à l'origine du développement d'une application
informatique innovante dénommée Pti'Foot, qui vise à simplifier la programmation et la gestion des
plateaux de football (U6-U9). Chaque club affilié possède un mot de passe et un login lui permettant de
Bundesliga. Les Bavarois se connecter à l’application, puis d’organiser en ligne des plateaux, de s’inscrire à d'autres mis en
n'ont pas encaissé de but place par des clubs voisins… "Cette application étant reliée au site Internet du district, et accessible à tous,
dans 17 de ces 24 journées ! elle permet également une mise en valeur accrue du football des plus jeunes", souligne Ludovic Kuehn.
■ Et d'ajouter : "nous souhaiterions désormais l’exporter au-delà des frontières de notre district afin que
le plus grand nombre de jeunes licenciés et surtout leurs éducateurs en voient leur quotidien simplifié".
Renseignements : cdfa@maritime-nord.fff.fr ■
IL A DIT
G uy Ferrier, sélection-
neur des U17 fémi-
nines (dans L'Entraîneur
Français) : "Je pense que,
dans toute préparation, l'as-
pect offensif doit se travailler
après l'aspect défensif. On
commence toujours par
bâtir de derrière". ■

6
Le bluff au Bleue un jour,
coup d'envoi
V oici une
anecdote
intéressante C
300
'est le nombre d'écoles de
foot féminines labelisées
bleue toujours !

racontée par qu'espère la FFF à la fin de la


Pierre Repellini, saison. Il en existe près de 200
extraite d'un à l'heure actuelle (Photo : SAS
numéro du journal Le Foot St- Footbal Epinal) . ■
Etienne daté d'il y a quelques
années, et consacré aux
fameux derbys Lyon/Saint-
Etienne. L'ancien défenseur Foot et danse, C 'est la devise du tout nou-
veau Club
Internationales françaises.
des

des Verts y évoque le duel Bernadette Constantin,


d'anthologie qu'il livra à l'in- fallait y penser ! Marinette Pichon, Martine
ter national Serge Chiesa,
lequel évoluait sur le flanc
droit de l'attaque lyonnaise.
A fin de faciliter l'accès des jeunes
filles au football, le district de la
Côte d'Azur a organisé fin 2012 un
Puentes, Michele Monier…
Toutes ont adhéré et s'étaient
d'ailleurs données rendez-
"Entre nous, il y avait du res- plateau futsal d'un genre particulier. Pour l'occasion, les joueuses (6- vous pour encourager l'équipe
pect, mais aussi une guerre 12 ans) avaient troqué les maillots de foot pour des tenues plus de France de Bruno Bini,
psychologique. Sur le terrain, je "festives". Et les matches étaient entrecoupés de concours de danse ! début mars à Rouen, dans le
ne le lâchais pas d'une semelle Un succès puisque plus d'une centaine de jeunes filles ont répondu cadre du match amical contre
! Je crois que Serge appréhen- à l'appel. Bravo à Jérémy Guedj, le CDFA du district et initiateur du le Brésil. ■
dait de jouer contre moi. J’en projet ! ■
ai profité... Un jour, à quelques
secondes du coup d’envoi, je
me suis placé arrière droit. En
face, ils n’en revenaient pas !
Même Bernard Lacombe sem-
Sur les écrans : "Comme un lion"
blait soulagé pour son parte-
naire. Mais, dès le coup de sif-
flet de l’arbitre, j’ai foncé dans
S orti en salle le 9 janvier dernier, "Comme un lion" n'a pas rencontré le succès
escompté. Pourtant, ce film de Samuel de Collardey mérite qu'on s'y attarde
quelques instants. Tiré d'une histoire vraie, il raconte le périple de Mitri, jeune
la direction de Chiesa, à mon footballeur Sénégalais de 15 ans repéré par un recruteur sans scrupule. Ce der-
poste habituel ! Je ne vous dis nier demande à la famille du jeune prodige de payer pour voir leur fils rejoin-
pas sa tête…". Un bon exem- dre un grand club européen... Les proches de Mitri s'endettent et le recruteur
ple de stratégie à même de s'envole ! L'adolescent, abandonné seul à Paris, choisit de se débrouiller, de for-
venir impacter le moral de l'ad- cer son destin, plutôt que de devoir affronter la honte d'un retour au pays.
versaire. ■ Commence alors un conte de fée… ■

À LIRE
V oici trois nouveautés en ce premier trimestre 2013. Tout d'abord, "The
secret footballer" - qui est aussi le titre de la célèbre chronique du journal
The Guardian - vous entraîne dans la peau d'un joueur de Premier League,
"qui dit tout" du milieu, de ses habitudes, de ses excès… Un ouvrage à sen-
sations à prendre forcément avec des pincettes. Plus "sérieux" à priori, la bio-
graphie de Didier Deschamps, par Philippe Grand. L'auteur revient sur l'iti-
néraire d'un des meilleurs footballeurs français de son époque, devenu
chef de file des Bleus. Enfin, pour les aficionados des duels Real-Barca,
"Clasico, la guerre des mondes" éclaire le lecteur sur les origines historiques,
politiques, culturelles, sportives, de cette rivalité espagnole. Original. ■

7
Actualité

Tahiti ou
le rêve éveillé !
E n remportant la Coupe des
Nations d'Océanie 2012, Tahiti
a décroché son billet pour la pro-
50e numéro de VESTIAIRES : chaine Coupe des Confédérations,
en juin au Brésil ! Un véritable conte
François Blaquart tiendra conférence de fée pour les joueurs et leur sélec-

D ans le cadre du 50e numéro de VESTIAIRES, François Blaquart


animera une conférence à Lyon, lundi 8 avril, sur le thème de
"la modélisation du club de demain". Un joli signe de reconnais-
tionneur, Eddy Etaeta, qui vont
affronter le Nigéria, l'Uruguay et l'Espagne au stade Maracana !
Rappelons que Tahiti, principale Ile de la Polynésie, compte envi-
sance de la part du Directeur Technique National, lequel a tou- ron 250 000 habitants. Et l'archipel ne rassemble guère plus de
jours été le premier partisan de notre magazine ! ■ 15 000 licenciés… ■

Échauffement,
"un moment de créativité pour l'entraîneur"
A lors que l'on voit encore trop de séances débuter par des tours de terrain, quel que soit
le niveau de pratique, Christian Gourcuff nous rappelait récemment que l'échauffement
était pourtant "un moment de créativité pour l'entraîneur". Il s'agit en effet d'un laps de
temps durant lequel le technicien doit mettre en route ses joueurs, non seulement sur le plan
physique mais aussi mental. Exercices ludiques et sans cesse renouvelés doivent en être les
maîtres mots. Activer très vite la notion de plaisir dans l'échauffement doit permettre en effet
d'avoir un groupe "éveillé" et "connecté" plus à même d'enchaîner ensuite avec des efforts
davantage contraignants… ■

A VOS CARNETS
T ous les entraîneurs, les éducateurs, proposent des jeux de conservation à l'entraînement. Mais ils sont beaucoup moins à en
faire varier la forme. Ras le bol de la "passe à 10" ! Voici donc une conservation simple mais non moins intéressante qui per-
met d'insister sur les déplacements, le démar-
quage, la bonne occupation de l'espace de
jeu, la recherche des intervalles, la distance
de jeu entre le passeur et le receveur…

Règles : on joue ici à 9 contre 9 sur un demi-


terrain. Pour marquer 1 point, il faut réali-
ser un une-deux avec un partenaire. Toutes
les autres passes, qui sont des passes de
"construction", de recherche de la situation,
ne valent aucun point. Si une équipe perd
le ballon et le récupère ensuite, on poursuit
le comptage des points (exemple : on
démarre à 3 si l'équipe a perdu le ballon
lorsqu'elle avait 3 points).

Variantes
- Limiter à 3 touches de balle.
- Rechercher un 1-2-3 pour marquer le point.

8
QUESTIONS A…

La DTN va former les entraîneurs


américains !
François BLAQUART. Après une étude des principales nations européennes de football, la MLS a jeté son dévolu
sur la FFF pour former ses principaux techniciens ! Son objectif : créer des centres de formation sur le modèle
français. Et devenir un pays qui compte sur la planète football.
1 - Qu'est-ce qui a NDLR) ainsi qu'une immersion
poussé les Etat-Unis à de 15 jours dans un club profes-
se tourner vers la sionnel (Paris SG, Lyon, Real
France pour former ses Madr id, Bilbao ou Stuttgar t,
techniciens ? NDLR). Il est prévu également
Les Américains se sont rendus qu'ils viennent à Clairefontaine
compte, en observant notam- avec une sélection U18 améri-
ment les stars européennes qui caine, histoire de travailler dans
évoluaient dans leur champion- les conditions du réel, sans bar-
nat, de l'écart qui pouvait exis- rière de la langue.
ter avec leurs propres joueurs…
Ils ont compris qu'il y avait chez 5- Comment s'est pas-
eux une vraie problématique de sée la première
formation, et que le système uni- semaine de formation
versitaire, bien que très déve- à Clairefontaine ?
loppé, ne permettait pas de sortir "En terme d'image, de prestige, d'expérience et de Très bien. Ils étaient ravis. J'ai vu
des footballeurs de haut niveau. valorisation de notre savoir-faire, c'est pour nous des entraîneurs motivés et pas-
C'est pourquoi ils ont décidé de sionnés. Surpris aussi, car ils
se tourner vers la création de
quelque chose de très fort". n'ont pas l'habitude de travailler
véritables centres de formation, en s'inspirant de ce qui se faisait de ensemble, de s'approprier un cours. Dans leur pays, la pédagogie, très
mieux en Europe. autoritaire, ne laisse pas de place à l'expression des individus.

2- Et ils ont choisi la France… 6- Et au niveau football, où se situent les diffé-


Ils ont d'abord pris le temps de sillonner l'Europe. C'est d'ailleurs là que rences ?
j'ai rencontré Todd Durbin (vice-président de la MLS en charge des com- Les Américains restent sur une approche très rationnelle, avec peu de sen-
pétitions et du développement des joueurs, NDLR). Je lui ai expliqué sibilité football. Ils veulent tout compartimenter : physique, technique,
notre conception, notre modèle de formation, pas celui d'il y a dix ans, tactique… en faisant beaucoup d'analytique. En France, comme vous
celui d'aujourd'hui. Il a accroché. le savez, nous prônons aujourd'hui une approche par le jeu.

3- A-t-il hésité avec un autre pays ? 7- Quel est l'intérêt d'un tel partenariat pour la
Je ne sais pas. Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il est convaincu Fédération Française de Football ?
aujourd'hui d'avoir fait le bon choix. Un choix que lui avait d'ailleurs En terme d'image, de prestige, d'expérience et de valorisation de notre
conseillé son adjoint, qui est pourtant Espagnol, mais aussi Jürgen savoir-faire, c'est pour nous quelque chose de très fort. Sans compter
Klinsmann (actuellement sélectionneur des USA, NDLR). Ce n'est pas qu' il pourrait y avoir d'autres retombées à l'avenir pour nos joueurs ou
rien. entraîneurs, qu'ils soient au chômage ou à la recherche d'une nouvelle
expérience.
4- Concrètement, de quelle manière va se traduire
ce partenariat avec la DTN ? 8- Pensez-vous vraiment que les Etats-Unis puis-
La MLS a sélectionné seize techniciens amenés à devenir les seize direc- sent devenir une grande nation de football ?
teurs de leurs seize futurs centres de formation. Leur objectif avec nous Difficile à dire. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'ils ont quand-même
est de passer le diplôme de formateur (DEFF) jusqu'à la certification, exac- 25 millions de licenciés ! Alors tout ne se fera pas du jour au lendemain,
tement comme les Français. Leur apprentissage, d'une durée de 16 mois, c'est sûr, et c'est pour eux un chantier collosal, et un budget énorme. Mais
comprendra 8 sessions de dix jours (4 à Clairefontaine, 4 aux Etats-Unis, ils sont déterminés à mettre les moyens qu'il faut… ■

9
La STAT

99
Sérial dribbleurs. C’est, au soir de la 25e journée de Ligue 1,
le nombre de dribbles tentés par le Bastiais Florian Thauvin depuis
(99), pour un taux de réussite de l'ordre de 39% ! Un ratio dont tous les
entraineurs s’accommoderaient bien volontiers tant ils savent avoir
besoin d'un ou plusieurs dribbleurs dans leur équipe.

l est fort à parier que le Parisien Lucas

I Moura viendra bientôt bouleverser ce


classement des meilleurs dribbleurs de
la Ligue 1. Sens du contrepied, changement
2012-2013
Thauvin, Florian
Hamouma, Romain
Dribbles tentés
99
93
2012-2013
Diego
Messi, Lionel
Dribbles réussis
92
85
de rythme, technique de dribble… l'ancien Dossevi, Mathieu 92 Ribéry, Franck 85
feu follet de Sao Paulo possède toute la Diarra, Sigamary 89 Biabiany, Jonathan 76
panoplie du parfait "déséquilibreur" de Cabella, Rémy 86 Suárez, Luis 73
défense. En attendant, c'est un Corse, un
troipa, Jonathan 81 Taarabt, Adel 71
Bastiais plus exactement, qui vire en tête
du hit parade des meilleurs "chaloupeurs" Barthelme, Maxime 79 Schürrle, Andre 69
de notre championnat.A tout juste 20 ans, Menez, Jérémy 78 Roberto Firmino 67
Florian Thauvin affiche 99 dribbles tentés Jordan Ayew 76 Caligiuri, Daniel 67
depuis le début de saison après 25 journées, Monnet-Paquet, Kévin 75 Diamanti, Alessandro 66
pour 39 réussis. Sur chacun de ces paramè-
tres (dribbles "tentés" et "réussis"), il figure 2012-2013 Dribbles réussis
sur la première marche du podium ! Sans grand absent de ce classement des dix atta-
surprise, les attaquants et les milieux offen- Thauvin, Florian 39 quants défiant le plus les défenseurs balle
sifs trustent les premières places de ces Diarra, Sigamary 34 au pied. Une surprise quant on sait com-
deux classements (voir par ailleurs). On Mollo, Yohan 34 bien le Portugais a souvent été soupçonné
note également que les joueurs excentrés Pitroipa, Jonathan 32 de se la jouer perso ! A noter que les trois
sont majoritaires dans ce top ten. Le foot- Jordan Ayew 28 joueurs présents sur ce podium européen
ball se densifiant dans l’axe, les "mano à Malbranque, Steed 28 (Diego, Messi, Ribery) ne dépassent guère
mano" s’initient sur les ailes... Du moins en Dossevi, Mathieu 27 1m70. Leur aptitude à accélérer sur de
Ligue 1. Le constat est plus nuancé en effet courtes distances, à changer de direction et
Amalfitano, Morgan 27
lorsque l'on prend en compte les cinq d'appuis sur des foulées très toniques, le
grands championnats européens : Ribas Chafni, Kamel 27 tout grâce à un centre de travité bas, joue
Diego (Wolfsburg), Lionel Messi (Barcelone) Cabella, Rémy 26 indéniablement en leur faveur. Vitesse de
et Luis Suarez (Liverpool), présents dans le course et de mouvement donc, mais éga-
top 5, sont des joueurs axiaux. Enfin, en >Messi, en tête sur les 5 grands lement vitesse de prise d’information et
théorie. Car en pratique, ils entament leurs championnats européens et sur de décision pour ces spécialistes du un
chevauchées bien souvent depuis les côtés les 5 dernières saisons contre un. Le portrait correspondant trait
pour finir dans l’axe… Etonnamment, Cristiano Ronaldo est le pour trait à celui du quadruple Ballon
d'Or, on ne s’étonnera pas de voir le génie
Dribbleurs dans les 5 grands championnats depuis 2008/09 Barcelonais dominer le classement établi
sur les cinq dernières saisons dans les cinq
Joueurs Matches joués* Dribbles réussis Dribbles réussis/match
grands championnats ! La surprise majeure
Messi, Lionel 159 699 4,4 de ce classement réside en revanche dans
Ribéry, Franck 117 436 3,73 la présence de trois Français dans les dix
Marin, Marko 125 367 2,94 premières places (Riber y, Ben Arfa et
Zárate, Mauro 126 366 2,9 Biabiany). Peut-on autant en déduire qu’il
Ben Arfa, Hatem 106 282 2,66 existe dès lors un certain savoir faire fran-
çais en la matière ? Nous laisserons les lec-
Biabiany, Jonathan 117 295 2,52
teurs se forger leur propre opinion… en
Schürrle, Andre 118 297 2,52
les invitant notamment à découvrir l’inter-
Joaquín 134 305 2,28 view de Christian Damiano.
Lavezzi, Ezequiel 136 301 2,21
Diego 134 295 2,2 ■ Olivier Goutard
*min 100 matches joués
10
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"Aucune équipe ne peut prétendre au haut de


tableau sans un ou deux dribbleurs d’exception"
Christian DAMIANO. Passé par l'INF Clairefontaine, Fulham, Liverpool,
Parme, la Juventus, ou encore l'Inter de Milan, l'ancien adjoint de Claudio Ranieri
nous fait part ici de son immense expérience.Aptitudes, profils, méthodologie
de travail, il revient sur les principales caractéristiques des dribbleurs.
Dans la cour de l’école, il y a les jeu est plus tactique et il arrive bien sou-
enfants qui font des passes et ceux vent que dix adversaires se tiennent en
qui dribblent… Est-ce qu’on nait vingt mètres de profondeur ! Dans ces
dribbleur ? Non, je ne pense pas. Il y a espaces très réduits, les dribbleurs ne sont
juste des enfants dotés au départ d'une pas moins indispensables. Ce sont eux qui
meilleure coordination et motricité les ren- débloquent les matches. D'ailleurs, aucune conséquent. Ce qu’on peut préciser est que
dant plus aptes à dribbler. Ceci étant, les équipe ne peut prétendre au haut de les meilleurs dribbleurs ne se diversifient
dribbles doivent ensuite se travailler tableau sans compter un ou deux dribbleurs pas tant que ça. Ils disposent en fait d’une
comme des éléments techniques à part d’exception dans son effectif. "spéciale". Un dribble dont ils maitrisent
entière et, au final, ce ne sont pas toujours tous les aspects. Messi, par exemple, ne fait
les plus doués qui deviennent les plus per- Existe-t-il un profil type de drib- pas de passements de jambes, mais il
formants. Ce qui est incontestable en bleur ? Les bons dribbleurs disposent sou- domine tellement bien son crochet court
revanche, c'est qu’il existe vent d’un centre de gra- que, même en le sachant, la rapidité d'exé-
un lien fort entre la "Sens du défi, du vité assez bas. Lorsqu’on cution et la qualité gestuelle font que les
confiance qui habite un contretemps, du contre- les observe, on s’aperçoit défenseurs tombent dans le panneau.
joueur, sa technique, et le pied, et un bagage qu’ils travaillent presque
fait qu’il ose dribbler. technique conséquent" toujours sur la pointe des Quelles sont les zones du terrain où
pieds. Il en résulte une les dribbleurs s’expriment le plus
Est-il plus facile d'être un bon drib- espèce de déséquilibre qui leur permet naturellement ? Sur les côtés, il y a géné-
bleur en Angleterre qu'en Italie, par d’accélérer et de changer de direction très ralement plus d'espace que dans l’axe. A ce
exemple ? Oui. En Angleterre, l’expres- rapidement. titre, les joueurs excentrés osent le dribble
sion du dribble est facilitée par les espaces, plus spontanément. Par contre, il est bien
plus importants. Les joueurs disposent ainsi Quelles sont les qualités d'un bon évident que c’est aux abords de la cage
de plus de profondeur pour arriver lancés. dribbleur ? Sens du défi, du contretemps, adverse qu’ils sont les plus précieux ! ■
En Italie, c'est différent. La dimension du du contrepied, et un bagage technique

Quelques conseils pour l'entraînement


"D’abord, il convient de rappeler que le thème du dribble n'est pas permettent la répétition et sont facilement régulables en vitesse, en
facile à travailler. Il exige d’être pointu sur la gestuelle et les cor- qualité et en espace. Dans la logique des apprentissages, je préconise
rections. L’avantage, en revanche, est qu’il est très apprécié des de faire travailler les gestes presque à l’arrêt, puis de répéter le drib-
joueurs ! Attention sur ce type de travail à bien doser la séance afin ble imposé en mouvement sur un plot. L’adversité ne venant
qu’elle ne bascule pas du côté anaérobie. Les drib- qu’après. Adversité modérée d’abord ou aména-
bles exigent en effet des répétitions de courses à "J'aime bien les gée de telle sorte que l’attaquant soit avantagé.
allures maximales, des accélérations, des freinages circuits de dribbles" L’opposition réelle n’interviendra qu’une fois que
et des blocages qui sont très coûteux sur le plan cette progression nécessaire à une bonne acquisi-
énergétique. Des temps de travail trop longs vont agir négative- tion aura été respectée. Enfin, je défends l’idée selon laquelle l’édu-
ment sur la qualité du geste et dégrader la qualité de la séance. Je suis cateur doit faire travailler toute la palette des dribbles. Ce n'est
donc d’avis de travailler les dribbles sur des séquences courtes de qu'au fur et à mesure de leur cursus de formation, que les joueurs se
25 à 30 secondes, de récupérer le temps nécessaire, puis de recom- spécialiseront dans un dribble en particulier".
mencer. Personnellement, j’aime bien les circuits de dribbles car ils

11
EN DIRECT DE LA DTN

"L'objectif premier est


Willy SAGNOL. L'ancien international occupe depuis dix-huit mois le poste
de Manager Général des sélections de jeunes, des U16 aux Espoirs, au sein de
la Fédération Française de Football.
En quoi consiste exacte-
ment votre mission de
Manager Général des sélec-
tions de jeunes ? J'interviens
aussi bien sur les projets et prin-
cipes de jeu des sélections que sur
l'aspect structurel. Cela englobe
beaucoup de choses, à la fois sur
le terrain et en dehors. C'est ce qui
est intéressant.

Quel fut le premier chan-


tier auquel vous vous êtes
attelé à votre arrivée ? Il y en
a eu plusieurs… D'abord, il m'a
fallu m'imprégner du modèle de
formation français, qui est très dif-
férent de celui que j'avais pu
connaître auparavant, notamment
en Allemagne. Je me suis efforcé
par ailleurs de créer une vraie rela-
tion de travail et de confiance avec
les différents sélectionneurs.
Enfin, j'ai voulu les rassurer quant
aux objectifs de compétition, c'est-
à-dire enlever la pression de résultat pour pas ? Cette nécessaire uniformisation évoluent dorénavant avec le même
leur permettre de travailler sereinement. apparaît comme un volet important de ma système de jeu et le même type
Même si gagner des matches est important, mission, en effet.Alors uniformiser, certes, d'animation ? Le même type d'anima-
y compris pour l'image de la FFF, ce n'est mais tout en respectant les sensibilités de tion, oui. Les systèmes, eux, restent varia-
pas l'objectif premier. L'objectif premier chacun.Au début, j'avais le sentiment que les bles.
est de former des différences, d'un sélec-
joueur s. Le mauvais "Au début, j'avais le senti- tionneur à l'autre, pou- Cette uniformisation est-elle effec-
résultat d'une sélection vaient être un frein au tive également dans les grandes
dans une compétition
ment que les différences, développement des nations du football européen ? Si
ne peut pas et ne doit d'un sélectionneur à l'autre, joueurs. Ma vision a l'on évoque celles qui réussissent à l'heure
pas remettre en cause pouvaient être un frein au quelque peu évolué actuelle, à savoir l'Espagne et l'Allemagne, la
notre travail. Celui-ci développement des joueurs. depuis. Je considère réponse est oui. Les principes de jeu sont
s'inscrit sur du moyen aujourd'hui que cette bien définis sur l'ensemble de leurs sélec-
long terme. On travaille
Ma vision a quelque peu diversité dans l'expé- tions de jeunes. À part peut-être les Espoirs
pour dans cinq ou dix évolué depuis". rience, dans les convic- qui sont constitués de joueurs profession-
ans. tions, est à même de nels et avec lesquels l'approche est donc
rendre encore plus riche l'apprentissage quelque peu différente.
Puisqu'on parle d'objectif, il y a des jeunes. À condition naturellement de
aussi l'uniformisation du travail, respecter un cadre commun et des prin- Qui dit évolution des principes de
de l'approche pédagogique et de cipes de jeu clairement définis en amont. jeu dit évolution des critères de
la philosophie de jeu chez toutes sélection. Lesquels sont-ils
les sélections de jeunes, n'est-ce Toutes les sélections de jeunes aujourd'hui ? Ces critères évoluent en
12
de former des joueurs"
même temps qu'évolue le football. De nos exemple ? Exactement. Un joueur qui ne nemment qu'ils bénéficieront de mon sou-
jours, l'intelligence de jeu et la technique comprend rien sur un terrain, il aura beau tien dans le cas où ils souhaiteraient sanc-
sont fondamentales. courir vite ou sauter haut… À l'inverse, celui tionner un joueur pour un comportement
qui voit vite, qui comprend vite, va déjà natu- déviant. Je ne serai jamais en opposition
Quid des qualités physiques ? La rellement accélérer le jeu. Cela constitue avec eux là-dessus.
dimension athlétique une excellente base
est importante, bien "Au niveau des critères de de travail. Quels sont les projets à venir
sûr, mais elle peut se sélection, je mets le compor- autour des sélections ? À la rentrée
travailler un peu plus Outre les aspects prochaine, nous aurons une deuxième
tard. J'aime rappeler
tement, l'état d'esprit, au techniques, tac- sélection U17 appelée "Avenir", comme
la phrase suivante :un même niveau que la tech- tiques… êtes- nous l'avons fait avec les U16 cette année.
cheval de course, on nique ou l'intelligence de jeu". vous garant éga- L'idée consistait à prendre des joueurs ayant
n'en fera jamais un lement de l'image encore du retard sur le plan physique, sur le
footballeur. Mais un footballeur, on peut en renvoyée par ces jeunes sélections, plan de maturité, mais chez lesquels nous
faire devenir un cheval de course ! ou cela dépasse-t-il le cadre de vos avions décelé un vrai potentiel. Des joueurs
fonctions ? Non, j'y veille. Je mets le com- que l'on va réunir trois à quatre fois dans
Vous voulez dir e que c'est plus portement, l'état d'esprit, au même niveau l'année. Nous sommes convaincus que ce
facile de travailler les aspects phy- que la technique ou l'intelligence de jeu. sera quelque chose de très bénéfique à
siques que l'intelligence de jeu, par Avec moi, les sélectionneurs savent perti- moyen long terme.

L'objectif est d'éviter au maximum


qu'un jeune passe entre les mailles
2001-2012 : les 10 meilleures présences dans le dernier carré en du filet ? Oui, on constate que certains
championnat d'Europe U17-U19-U21 ont besoin de plus de temps pour éclore. À
nous de les accompagner. Car, ils représen-
tent aussi l'avenir du football. On sait très
ESPAGNE 9 4 2 15 bien qu'il n'y aura pas un résultat immédiat
sur ce qu'on va investir en termes de temps
et de travail sur eux. Mais, à terme, cela va
FRANCE 3 3 5 11 payer.

ANGLETERRE 1 4 6 11 Quelle est la nature du lien qui


vous uni à la Direction Technique
Nationale ? Bien que les sélections sont
ALLEMAGNE 3 3 3 9 presque, je dirais, une entité à part, notre
lien est forcément solide. Notre philoso-
phie est la même que celle préconisée par
PAYS-BAS 4 2 1 7
François Blaquart. Et tous les sélectionneurs
nationaux sont également sur des missions
REP.TCHEQUE 1 2 3 6 de formation à la DTN. Il y a aussi des rappro-
chements qui se font naturellement via les
travaux menés par la Cellule de Recherche.
ITALIE 2 1 2 5 Demi-finales

Place de finaliste À quoi ressemble votre quotidien


SERBIE 2 3 5 à la FFF ? Je vois énormément de vidéos,
Titre de champion
avec la volonté de déceler les éventuels
manques de nos jeunes, mais aussi de rele-
SUISSE 1 1 2 4 ver ce qui fonctionne bien. Je vais aussi sur
le terrain lorsqu'une sélection dispute un
TURQUIE 1 1 2 4 match, j'échange beaucoup avec les tech-
niciens, je leur pose des questions, je
0 3 6 9 12 15 demande leur avis sur telle ou telle chose…
La relation est très constructive. ■
13
?
n du Mois
La Questio

s je ux à touches
ur ou contr e le
Po ité es ?
de ba lle lim
ns
s de ba lle so nt m onnaie courante da
ois touche t de
qu e le s jeux en une, deux ou tr m e de s freins au développemen
Anti football ? A lors
t, ce rt ains perçoivent ces
contraintes co m
ent s'e xp rimer qu'à travers la
prise de
aîne m en urrait vérita blem
les contenus d'entr du joueur, laquelle ne po n.
l'intelligence contextu elle r la liberté d'actio
décision induite pa

, la
sens de la passe
touche, dans le
).
de ux iè m e to uc he
quent pas parmi développe-t-on
es ex emples ne man in te r- >En quoi lorsque ix, à Nantes,
L le s su je ts qu i

vo ire de no ur rir
iq
n’

le
ue
on
ro ge r le s en tr aî ne

, dé
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ba
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ho
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at eu

zo ne ou
rs
de gl o-
, l’i nt

interdise
elligence du joueur rcice lui
les contraintes de des choix ?
nt de fa
l’exe
ire
> Su audeau et Denoue ent le jeu
utilisaient réguliè bligatoires"
en deux to uc he s
rem
"o
ba le ou an al yt ux s di st in ct e- ai lle ur s le s
ni sa tio n à un ou de fo nd se pr of ile trè qu i in ci ta ie nt pa r
in di vi du el le , or ga rs e En to ile de
x, qu i va de De s je ux
un e pl us gr an d
dernière controve qu es tio n du ch oi s à fa ire pr eu ve d'
attaquants, etc… La d’ en - m en t la
du je u. O r, en jo ue ur
tre r au po rt eu r et
ne le s co nt en us ec l'i nt el lig en ce ili té po ur se m on
"à la m od e" co nc er m eu x pa ire av lli ge nc e m ob
ef, il ap pa ra ît bi en
pa rt ic ul ie r le s fa ve lo pp e- t-o n ce tte
in te
r de s so lu tio ns . Br
tra in em en t et en t é e s . L e qu oi dé l’e xe rc ic e of fri
de se fa ire un e id ée
e balle limi qu e le s co nt ra in
te s de ffi ci le en dé fin iti ve
j e u x à t o u ch e s d tr oi s lo rs té d’ ef - di s ad ep te s
ur s au x je ux en un e, de ux ou
te rd ise nt au jo ue ur la po ss ib ili
tr ès pr éc ise su r le su je t ta nt le
re co en t in pl or en t és en te nt
to uc he se st au jo ur
d' hu i tr ès la rg em fe ct ue r un ch oi x lib re m en t, dé du de l’u ne ou l’a ut re ap pr oc he pr uven t
une po sa nt s ar gu en t bl es . Co m m e so
ans doute pour ce rt ai ns ? Le ur s op de s ar gu m en ts va la
r é p a n d u . Tr o p s ci en s es ti- l et bi en da ns , la vé rit é do it
fra ng e gr an di ss an
te de te ch ni
it qu e le ch oi x ex ist e be
en pa re ill e ci rc on an ce
st
ra in te s él oi gn en t le
ur s fa oi s to uc he s de rt en tre ce s de ux
m an t qu e ce s co nt je u à un e, de ux ou tr se tr ou ve r qu el qu e pa
du je u. Po ur ce ux là , du jo ue ur po ur e l'o n co ns ta te
jo ue ur s de la ré al ité lle , et qu e le s ef fo rt s du ph ilo so ph ie s. C' es t ce qu
jo ue r "li br e" in du it de s ba
ion - o b l i g a t i o n pl e, da ns le dé ba t
l’i m po ss ib ili té de s ' a d apter à la situat de no s jo ur s, pa r ex em
ex ac ts , qu i vo nt à l'e n- e l'i nf or m at io n et po sé le s ad ep te s de
co m po rte m en ts in m an de " le no ta m m en t de pr en dr en t - pa rt ic i- ay an t lo ng te m ps op e à c e u x d e l a
ce qu e "c om m l
co nt re pa rfo is de tr ai te r pl us ra pi de méthode globa
an t qu i de vr ai t pe rc ut er de la en t à op tim ise r so n in te lli - l a an al yt iq ue . To ut le m on de ou
je u : te l at ta qu en pe nt ju st em
an-Clau d e m ét ho de
au jo ur d' hu i
r te na ir e m oi ns bi ntextuelle... Je s'a cc or de nt à di re
tr an sm et à un pa pl us g e n c e c o
enoue i x , à pr es qu e
un sa va nt
it qu ’il ne di sp os e u et Raynald D lu tio n ré sid e da ns
pl ac é du sim pl e fa ; t e l S u a u d e a le s je ux qu e la so
t o u ch e d e b a l l e ie nt fré qu em m en t Do nt ac te .
que d’une seule ba llo n- bu t po ur Na nt es , ut ili sa ba lle "o bl ig at oi re s" m él an ge ...
l’a xe de
dé fe ns eu r dé se rt e à de ux to uc he s an t de re ce vo ir
po te nt ie l pu isq ue
e
Ju lie n Go ur beyr
m ar qu er un re ce ve ur
d ’ a u t r e (= né ce ss ité de vo ir av pr em iè re ■ Olivier Goutard et
lle n’a plu s co nt rô le , la
le porteur de ba et tre , et c… po ur ef fe ct ue r le
la lu i tra ns m
op tio n qu e de

14
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TEMOIGNA
Christophe HE
URTIN, entraine
GES
ur du FC Montai
"Essentielle ment pour rép gu (DSR- Ligue)
:
de préparation o n d re à des objectifs
"J ’utilise parfois le
de touches, on co
séquences de
s jeux à touches
nstate souvent
de balles limitées
davantage de dé
, mais essentielle
p h y s iq
ment pour répo
u e intégrée"
jeu. Le rythme au placements des ndre à de s objectifs de pr
grée. Je suis plus gmentant, les ef partenaires auto éparation athlét
réticent sur les au forts se feront pl ur du porteur. Il ique. En limitant
tre us na tu re lle m y a donc forcém le nombre
mier de ceux-là s as pects, notammen en t. J’utilise donc ent une incidenc
consiste, pour le t les aspects tact ce procédé com e sur le rythme
dr ibbler, jouer en porteur de balle iques. Le jeu impl me des outils de des
déviation, en re , à identifier la sit ique que les joue préparation ph
mise, etc…. Les uation à un insta urs effectuent de ysique inté-
jeux à touches de nt do nné pour y répo s choix en perman
balle limitées vo ndre par une ac ence. Le pre-
nt parfois à l’enc tion de jeu adap
ontre de cette lo tée : percuter, do
gique". nner,

Didier
SANTINI, entr
"Parfois, la vé aineur du FC Cal
rité du thème vi (CFA) :
l’entraînemen va à l’encontre
t implique des de la vérité du
choix, on ne pe jeu. Mais
"J
e suis favorable
la fluidité au jeu.
oblige les joueur
aux jeux à touche
Le constat est qu
s de balle limité
e bon nombre de
es . Je les utilise fréqu
u t p a s
emment. Ils perm
to u t travailler à la
fois".
s à orienter les co joueur s effectue ettent de donner
à un ntrôles, ou nt des touc de la vitesse, de
niveau CFA, certa encore à bien po hes de balle en la simplicité et de
la plupart des au ins joueurs parv sitionner leur co trop. Par ailleur
tres ont besoin d’ iennent naturelle rps pour gagner s, ce type de co
être guidés. Et pl ment à identifie du temps et de l’e ntrainte
du jeu. Mais l’ent us encore dans ce r le nombre de to space. Dans un gr
raînement impl rta in es uches de balle co oupe, et même
soient alternés av iq ue des choix et on zo ne s du terrain. Parfo rr espondant à la sit
ec des thèmes da ne peut pas tout is, la vérité du th uation de jeu, m
beaucoup de co ns lesquels,par ex travailler à la fo ème va effective ais
achs constatent em ple,le joueur a l’o is. Ce ci dit, rien n’empê ment à l’encontre
que les séances bligation de prog che que les jeux de la vérité
"jeu libre" sont trè resser balle au pi à touches de ba
s souvent de moi ed lorsque l’esp lle limitées
Angélique RO ns bonne qualité ace est libre deva
nt lui. Dans les fai
UJAS est format que les séances
avec thème de to ts,
rice à L’INF Clair uches de balle lim
efo ntaine Féminin itées".
. Elle témoigne po
"Les jeux à to Direction Techni
que Nationale. ur une part du m
essage de la
uches de ball
la vitesse de e limitées po
p e rception, de d ur favoriser
" Lest conditionnée par l’objectif rechucerhechs de balle limitées
’o pt io n de prop

nous visons à tra


os er de s je ux à
to é c ision, et de ré
alisation"
vers cette cont é.Tr ès so uven t, te m ps d’ av an ce
formations rainte à amélio . Bi en so uv en t
débouchant sur rer la pr ise d'in- d’ ai lle ur
touches de balle s, no us co nj ug
et les statistique la prise des déci limitées et surfa uo ns
s tirées du haut sions. L’obser va af in d’ au ce de jeu relativ
ni tion gmenter la diffi ement réduite
joueur s/joueus veau attestent en culté. En revanc
es disposent de ef fet que les es t do nn ée à la he, lorsque la pr
très peu de tem m aî tr ise te ch ni iorité
leur s actions te ps pour réaliser pr imer.Tout en qu e co lle ct ive,
chniques, notam ga rd an le je u lib re do it
A ce tit re , no us m en t dans les zones t à l’e sprit qu’une pr
ne lim ito ns pa s de vérités. du ballon s’effe ogression ef fic
le s to uche s de ctue majoritair ace
tre un e co nt ra in ba lle po ur le pl ai sir de ba lle ... A ha ut ni ve ement en deux
te , m ai s bi en po m au -trois touches de
de ré al isa tio n né ur au gm en te r la vi te ss e et - m et en di ffi cu lté , et , pl us on ga rd e le ba llo n
ce ss ai re s po ur de pe rc ep tio n pl us l’a dv er sa et pl us on se
lo rs qu e l’o n ne pr ét en dr e à l’e et thèmes co ire se re pl ac e.
lim ite pa s le s to xc el le nc e. Da ns le s fa its m m e "g arder le temps d’ Pa r ai lle ur s, ce
uche s de , jo ue ur s/ jo avance", par ex rt ai ns
ba lle , le s jo ue ur ue us es en po ss emple, nécessite
s/ jo ue us es vo nt
avoi r te n- "L a qu es tio n n’est pas de sa es si on du ba llo n pe rc qu e les
da nc e à ne pr voir si l’on est "p ut en t af in de fix
en dr e le s in fo ou co nt re dé fe er la
qu ’u ne fo is en r m at io ns " les exercices à our ns e. Et là, pas ques
tion de limiter le
po ss es sio n du té es , m touches de balle br no m
no tr e vo lo nt é ba llo n. O r, ai s bien de savoir lim i- e de to uche s ! Au fin al -
es t qu ’il s vo ie nt qu dans quel but et pa , la qu es tio n n’
es
tio ns avan t m êm le s so lu - el ob jectif il est utile po ur s de sa vo ir si l’o n es t "p ou t
e d’ en tre r en po d’y avoir recour ex erci ce s à to uc r ou co nt re " le s
so rt e, no us dé ss es sio n du ba llo
n. En proc éd an
s" he s de ba lle lim
ve lo pp on s pe u t de la object bi en de sa vo ir ité es , m ai s
à pe u ce ré flexe if il est utile d’y da ns qu el bu t
de lir e le je u av avoir recour s ou et po ur qu el
ec un au contraire, de
laisser le jeu lib
re".

15
L’entretien

"Ce sont les joueurs qui font


les entraîneurs"
Bâtisseur. Rendez-vous était pris au Château du Haillan avec l'un des entraîneurs les plus discrets
médiatiquement, mais aussi les plus respectés par ses pairs. De son passage à la formation, Francis Gillot a
conservé une âme de bâtisseur. Quand d'autres bricolent, lui façonne. "Partout où il passe, si on lui laisse le
temps, ses équipes s'améliorent et leurs résultats avec", disait de lui Gérard Houllier, dans VESTIAIRES, il y a un
an. Nous sommes allés à sa rencontre. Une heure d'échanges passionnés, enrichissants et authentiques.

VESTIAIRES : Alors que certains techniciens, au haut Cette capacité à évaluer un potentiel fait partie de la
niveau, apparaissent uniquement comme des panoplie du bon formateur, n'est-ce pas ?
hommes de résultat, vous renvoyez plutôt en ce qui F. G. : Sans doute, oui, mais encore une fois, c'est aussi une affaire
vous concerne l'image d'un entraîneur bâtisseur, de circonstances. J'ai beau être formateur dans l'âme, si j'avais eu
capable de prendre un groupe et de le faire progres- à cette époque trente joueurs confirmés, j'aurais été moins tenté
ser dans le temps jusqu'à en tirer le meilleur. Est-ce d'aller voir ce qui se passait chez les jeunes.
lié à votre passé de formateur ?
Francis GILLOT : Oui, c'est une évidence. J'ai quand même fait Et vous auriez pris moins de risques sur le terrain.
cinq ans à la formation à Sochaux, avant de partir à Dubaï où j'ai F. G. :C'est sûr qu'avec des jeunes, on sait au départ qu'on va per-
entraîné également des jeunes tout en travaillant sur un projet dre des points. Mais on sait aussi qu'au bout d'un an ou deux, ils
de centre.Alors forcément, ça marque. auront cinquante ou cent matches de Ligue 1 derrière eux, et la jeu-
nesse en plus. À ce moment-là, les matches, on pourra commencer
Le passage de formateur à entraîneur des pros, à à les gagner. Bâtisseur c'est ça : accepter de ne pas avoir de résultats
Lens, en 2005, n'a pas été trop difficile ? tout de suite tout en sachant que le travail paiera plus tard.
F. G. : Non, car j'y étais préparé, j'étais demandeur. Et puis avant
À condition d'avoir des dirigeants qui vous en lais-
que Gervais Martel décide de me confier l'équipe, j'étais l'adjoint
de Joël Muller. J'ai donc eu le temps de me mettre dans le bain sent le temps…
comme on dit. F. G. : Quand vous n'avez pas le choix comme c'était le cas pour
nous à Sochaux, le président est bien
Ceci étant, encadrer des pension- "Etre un entraîneur bâtisseur, obligé de s'inscrire dans cette démarche.
naires de centre de formation ou Toujours est-il que cela aurait pu mal se
des joueurs professionnels, ce c'est accepter de ne pas avoir terminer pour nous. On a quand-même
n'est pas la même chose… de résultats tout de suite tout en été soixante fois dans la zone de reléga-
F. G. : Non, ce n'est pas la même chose, sachant que le travail paiera tion en trois saisons…
mais cela reste quand-même du football.
L'essentiel est de savoir s'adapter et se plus tard" Lorsque les contre performances
faire respecter. Après, j'ai conscience s'enchaînent avec de tels joueurs
d'être quelqu'un d'assez froid de prime abord. Je n'ai pas besoin de inexpérimentés, n'est-il pas difficile pour l'entraî-
me forcer pour mettre une barrière avec le groupe. Et c'est très bien neur de trouver les mots visant à les maintenir mobi-
comme ça. Il ne faut pas être copain avec ses joueurs si l'on veut lisés et investis dans son sillage ?
être respecté justement. C'est la méthode de l'élastique : aller vers F. G. : Il convient de dire la vérité : "avec cette équipe, on va per-
le joueur mais pas trop, puis reprendre un peu de recul, puis reve- dre beaucoup de matches, sachez-le. Ce qu'il faut, c'est que le
nir, etc… lundi, après la défaite, on ne traîne pas les pieds mais qu'on se
remette au travail comme si de rien n'était". C'est donc surtout
Lorsque vous retrouvez Sochaux, en 2008, c'est une histoire d'état d'esprit, de mental. Il est important de décrire
presque un retour aux sources tellement votre effec- aux joueurs la situation telle qu'elle est, de ne pas leur mentir,
tif comporte alors de jeunes joueurs ! tout en leur expliquant qu'à un moment donné ça va payer. C'est un
F. G. : Parce que je n'en avais pas d'autres ! Il a bien fallu faire message fort, et c'est l'avantage ici de travailler avec des jeunes qui
avec. Ryad Boudebouz, par exemple, qui ne jouait quasiment pas en n'ont pas eu d'autre expérience en pro et qui n'ont entendu que
CFA, je l'ai fait passer directement des 19 ans aux pros… votre discours. Du coup, ils vous croient plus facilement.

16
Suite page suivante 
Francis GILLOT

"Un garçon doué


techniquement ou
doté de grosses
qualités physiques,
mais qui se montre
peu inspiré dans le
jeu, je ne prends
pas. Sa marge de
progression sera
trop limitée…".

17
L’entretien

Cela vous est-il déjà arrivé de ne pas percevoir, Même avec l'accumulation des matches et des situa-
vous-même, le bout du tunnel, d'être à court tions d'entraînement ?
d'idée ? F. G. : Vous avez beau arrêter le jeu à l'entraînement pour montrer
F. G. : De trouver le temps longs, oui, de me sentir à court d'idée, au joueur comment il aurait dû se déplacer, ou effectuer un travail
de solution, très franchement, non. À partir du moment où vous vidéo avec la même démarche, le problème c'est qu'en football, il
êtes convaincu de la qualité et de la cohérence de votre travail, n'y a jamais deux fois de suite la même situation. Et, à chaque fois,
vous ne vous sentez jamais démunis. Encore moins si les joueurs le joueur doit réagir en un dixième de seconde !
se montrent réceptifs et affichent une
réelle volonté de travailler, de s'en sortir. L'intelligence de jeu peut tout de
"Chaque semaine, je demande à même se travailler en formation…
Mais en dehors des mots, com- mon staff de faire l'équipe, et je F. G. : Oui, mais avec une marge de pro-
ment entretenir chez eux cette la compare avec la mienne. Il est gression minime. L'intelligence, à 12-13
volonté d'aller de l'avant, de ne ans, on l'a ou on ne l'a pas. Ce n'est que mon
pas lâcher ? important d'échanger. avis.
F. G. : Essayer au maximum de joindre les Mieux vaut avoir raison à cinq
paroles aux actes. Si on leur explique que se tromper tout seul" C'est la première chose que vous
qu'en défendant de telle manière, ça va regardez avant de recruter ?
marcher, il faut le leur prouver à l'entraîne- F. G. : Oui, toujours. Quand on voit un
ment ! Comment ? En faisant par exemple vingt passages à 6 joueur malin dans ses déplacements, qui comprend vite, on se dit
contre 4 et en leur disant que s'ils respectent telle ou telle que c'est une bonne base de travail. Ce sera plus facile de travailler
consigne, ils n'encaisseront pas plus d'un but. Et c'est ce qui va avec lui, de le faire progresser.A contrario, un garçon doué techni-
se passer effectivement s'ils réalisent correctement ce que vous quement ou doté de grosses qualités physiques, mais qui se mon-
leur demandez. Résultat, vous leur avez démontré que ça mar- tre peu inspiré dans le jeu, j'aurais moins tendance à le prendre…
chait à 6 contre 4, un rapport de force qui n'arrive quasiment Je sais pertinemment que sa marge de progression sera très limitée.
jamais en match, et que ça marchera donc forcément le week-
end, à 3 contre 3 ou 4 contre 3 ! Bref, vous les rassurez et vous Cela fait près de quinze ans que vous entraînez. Etes-
leur montrez que ce que vous vous toujours en
leur dites est vrai. r echer che de nouveaux
exer cices, de nouvelles
Quelle est la marge de pro- situations d'entraîne-
gression d'un joueur de 24- ment… ?
25 ans passé par un centre F. G. : C'est plus le boulot de
de formation ? En quoi mon staff, aujourd'hui. Moi, pen-
peut-il encore progresser dant la séance, j'observe et je
significativement ? n'interviens que rarement. Et
F. G. : Mais il peut progresser puis il n'y a pas tant d'exercices
dans tous les domaines ! que ça. En revanche, sur chacun
d'entre eux, vous pouvez deman-
Y compris sur le plan phy- der des choses très variées. Si
sique ? vous faites faire le même exer-
F. G. : Bien-sûr. Je me souviens cice à deux entraîneurs, vous
par exemple que lorsque Arnaud pouvez être à peu près sûr qu'ils
Dos Santos est ar r ivé à Lens en feront deux choses très diffé-
(entraîneur du Racing de 1990 à rentes. Chacun possède sa pro-
1992, NDLR), il a beaucoup fait pre sensibilité. C'est comme
courir Roger Boli pour qu'il ait lorsque je demande à mon staff,
plus de foncier. Roger approchait en fin de semaine, de faire
de la trentaine à l'époque. Et bien l'équipe pour le match à venir. Il
je peux vous dire qu'il a pro- est bien rare qu'on ait la même…
gressé ! Techniquement, même
si on est plus ou moins doué au Pourquoi faîtes-vous cela ?
départ, c'est pareil, on s'améliore F. G. : Parce que je n'ai pas la
toujours. Reste l'intelligence de science infuse. Je préfère avoir
jeu. Là en revanche, je ne suis pas raison à cinq que me tromper
convaincu qu'on puisse vérita- tout seul. L'échange est très
blement agir sur la progression important, même si c'est moi qui
du joueur. décide à la fin.
18
Francis GILLOT
Le choix du onze de départ est-il un casse-tête pour aligner l'équipe qui va débuter,mais celle qui va terminer théorique-
l'entraîneur ? ment la rencontre dans le cas où l'on serait mené,par exemple.Ainsi,
F. G. : Pendant les trois ou quatre jours qui précèdent le match, j'y tout le monde est concerné.Même si un joueur n'a pas le "bon" chasu-
pense tout le temps… Mais il faut faire attention justement à ce que ble, il sait qu'il peut débuter le lendemain, et inversement.
cela ne devienne pas non plus une obsession,sous peine de de s'em-
brouiller tout seul au bout d'un moment. D'après vous, est-ce qu'un Francis Gillot entraîne de
la même manière qu'un Didier Deschamps, par exem-
Ce que réalisent vos joueurs à l'entraînement peut-il ple, passé directement du statut de joueur à celui d'en-
infléchir une décision ? traîneur ?
F. G. : Oui, complètement. Par expérience, F. G. : Je ne sais pas… La différence en ce qui
celui qui n'est pas bon à l'entraînement n'est "Par expérience, celui qui me concerne est que j'ai eu la chance de diriger
pas bon en match.Au début,j'ai essayé de met- n'est pas bon à des entraînements "à blanc".Avec les jeunes,on
tre des joueurs que je ne sentais pas la semaine ne prend pas de risque. Ils sont moins dans la
mais qui pouvaient, à mon sens, être perfor- l'entraînement n'est pas bon critique, moins dans l'observation de la bou-
mants le week-end. Je me suis fait avoir (sic). en match" lette.Alors qu'avec les pros, vous n'avez pas le
Depuis,mon approche a changé.Il m'est même droit à l'erreur !
arrivé un jour d'aligner un joueur avec les "probables" et de ne pas le
prendre dans les 18 ! Quand il m'a demandé des explications,je lui ai Certains affirment que l'avantage d'un cursus comme le
répondu qu'il n'avait pas été bon à l'entraînement, et que je préfé- vôtre réside dans le fait que vous avez probablement
rais me tromper la veille que le jour du match… mené plus de réflexions sur le jeu, sur l'entraînement,
qu'un joueur propulsé sur le banc et qui aura certaine-
Comment gérez-vous les déçus de la dernière séance, ment du mal à se défaire de ses certitudes et convic-
ceux qui n'ont pas le "bon" chasuble ? tions. Vous en pensez quoi ?
F. G. : Il n'y en a pas.Il n'est pas question pour moi de faire une mise en F. G. : Quand vous êtes joueur,vous n'avez pas trop de convictions…
place de onze joueurs contents contre onze joueurs qui font la gueule Didier Deschamps fait partie justement des exceptions.Cela dépend
(sic).C'est pourquoi il m'arrive souvent,la veille du match,de ne pas donc des profils.

19
Suite page suivante 
L’entretien

Et en ce qui vous concerne ?


F. G. : Aurais-je réussi de la même manière en passant directe-
ment avec les pros ? Pas sûr. Je ne me souviens pas avoir l'âme
d'un entraîneur quand j'étais joueur… Par contre, j'ai eu la chance
de démarrer pendant trois ans aux côtés de François Blaquart, à
Sochaux. On a entraîné les 15, les 17, les 18 ans… À cette époque,
je faisais trois entraînements par jour car je m'occupais aussi des
sports études. Bref, j'ai animé beaucoup de séances en très peu de
temps. Cela m'a permis d'expérimenter un certain nombre d'exer-
cices. Ce fut comme un laboratoire en fait.

On a compris depuis le début de cet entretien que


votre passage à la formation avait en partie façonné
les qualités d'entraîneur bâtisseur qui sont les vôtres
aujourd'hui. Mais, en définitive, ces qualités ne s'ex-
priment-elles pas surtout avec un effectif jeune, jus-
tement ? joueur, d'effectif, plutôt qu'à un autre ?
F. G. : Non, je ne crois pas. En pro, je n'ai pas travaillé qu'avec des FF. G. : Je ne pense pas, non. Il ne faut pas mettre les entraîneurs
jeunes ! À Lens, j'avais Vitorino Hilton, Seydou Keita, Aruna dans des cases. À partir du moment où vous êtes cohérent, où
Dindane, Jérôme Leroy… À Sochaux, j'avais Fabrice Pancrate, vous êtes juste, que ce soit un jeune, un joueur moyen ou une star,
Romain Pitau, Claude Fichaux… il n'y a pas de souci. Cette question, je ne la comprends pas.

Vous pourriez entraîner le Paris Saint-Germain ver- Tout le monde s'accorde à dire, par exemple, que
sion 2013 ? Mourinho est d'abord un excellent
F. G. : J'ai envie de vous répondre : pour- "Je préfère avoir des joueurs à manager avant d'être un grand
quoi ne le pourrai-je pas ? entraîneur…
caractère qui vous gagnent les F. G. : Mais sur quoi se basent les gens pour
On dit souvent qu'on manage plus matches, plutôt que des mecs dire ça ? Comment jugent-ils qu'untel est
des stars qu'on ne les entraîne. qu'on n'entend pas dans le un bon manager, que tel autre est un bon
Votre profil semble être avant tout ou un mauvais coach ? Il faut le vivre de
celui d'un entraîneur… vestiaire et qu'on ne voit pas sur l'intérieur, assister aux entraînements, aux
F. G. : (Il coupe) Vous savez, c'est pas avec le terrain…" causeries, connaître les options de jeu,
les grands joueurs que vous êtes emmerdé etc… pour pouvoir porter un jugement.
(sic). Bien souvent, ils ne sont pas des garçons à problème, mais des
garçons à caractère. Or, je préfère avoir des joueurs à caractère D i d i e r D r o g b a a f a i t l ' é l o g e r é c e m m e n t d a n s
qui vous gagnent des matches, plutôt que des mecs qu'on n'entend VESTIAIRES de son ancien coach à Chelsea, en insis-
pas dans le vestiaire et qu'on ne voit pas sur le terrain… tant particulièrement sur ses qualités humaines et
l'impact mental et émotionnel qu'il pouvait avoir
Il n'existe donc pas selon vous d'entraîneur possé- sur ses joueurs. Ça veut des choses quand-même.
dant un profil qui convienne davantage à un type de F. G. : Et celui qui ne joue pas, vous l'avez interrogé (sic) ? Vous pen-
sez qu'il aime Mourinho autant que Drogba qui jouait tout le
temps ? Un bon entraîneur, c'est quoi ? Moi, je ne sais pas. Celui qui
dure, peut-être… Regardez Jean Fernandez. Il a 500 matches en
Ligue 1. À Nancy, la mayonnaise n'a pas pris. C'est un mauvais
entraîneur ?

Vous sous-entendez qu'on accorde trop d'impor-


tance aux entraîneurs dans les performances de leur
équipe ?
F. G. : Bien sûr ! Ce sont les joueurs qui font les entraîneurs, c'est
ma devise. La part du coach dans les résultats n'est que de 25%. Et
encore, on ne maîtrise pas tout.

Expliquez-nous.
F. G. : Les joueurs, on les a deux heures le matin, mais l'après-
midi, moi, je ne sais pas ce qu'ils font. Peut-être que certains pren-

20
Francis GILLOT
nent un avion privé pour aller faire du shopping à Paris alors qu'ils différent, des déplacements différents… Cela permet de casser la
devraient être en train de récupérer tranquillement chez eux ! routine. C'est quelque chose qu'il faut savoir prendre en consi-
L'entraîneur dépend de ses joueurs. Sa seule responsabilité, mais dération.
non des moindres je vous l'accorde, c'est de savoir tirer le maxi-
mum de chacun d'eux. ■ Propos recueillis
par Julien Gourbeyre
Une petite parenthèse tactique pour terminer. On a
vu votre équipe évoluer à plusieurs reprises en 5-3-2
(ou 3-5-2 c'est selon) depuis le début de saison. Une
organisation suffisamment rare pour vous demander
un éclairage sur ce qui a dicté votre choix… "Changer de système,
F. G. : Pas si rare que ça puisque je vois de plus en plus d'équipes c'est aussi réveiller le groupe".
avoir recours à ce système.Après, ce sont des choix en fonction du
profil de vos joueurs. Mais il est intéressant d'aborder ce sujet,
car j'ai été pas mal décrié à chaque fois que j'ai utilisé cette option
de jeu.

Les observateurs la jugeaient trop défensive, c'est


ça ?
F. G. : Oui, alors que c'est exactement l'inverse. Je m'explique :
quand vous jouez en 5-3-2, l'objectif recherché est de renforcer
l'axe avec trois véritables défenseurs, et d'aligner deux latéraux qui
ne sont pas forcément de grands défenseurs, mais qui savent
apporter un plus offensivement, en l'occurrence Tremoulinas et
Mariano chez nous. Je leur demande à tous les deux d'aller très
haut. Les trois milieux sont souvent des profils offensifs. Ceux
que j'ai le plus souvent utilisés dans ce schéma sont Certic, Plasil,
et Obraniak. Et enfin, il y a deux attaquants. Je n'ai donc que trois
véritables défenseurs au lieu de quatre dans un 4-4-2, par exemple.

Comment les couloirs sont-ils gérés dans un tel sys-


tème, défensivement et offensivement ?
F. G. : En phase offensive, ce sont les trois axiaux qui doivent
couvrir la largeur, les deux excentrés étant positionnés très haut,
comme je l'ai dit. En phase défensive, c'est plus complexe. Les
deux excentrés ne doivent surtout pas redescendre trop bas, mais
ne peuvent pas non plus aller chercher les latéraux adverses. On ne
peut pas presser sur les côtés comme dans un 4-4-2. Donc on laisse
venir, et on contre…

Nancy joue également comme ça, non ?


F. G. : Pas tout à fait. Eux évoluent avec une seule pointe et deux
attaquants excentrés, ce qui leur permet justement de bloquer
les couloirs, contrairement au système que j'utilise. Mais le pro-
blème, c'est qu'il faut avoir un attaquant de pointe avec un profil
bien particulier, capable de garder les ballons.

D'une manière générale, dans quelle mesure vos


convictions ont-elles évolué avec le temps ?
F. G. : A Lens, j'ai fait une centaine de matches en 4-4-2, je changeais
rarement d'organisation de jeu.Aujourd'hui, j'utilise une palette
beaucoup plus importante de systèmes. J'essaye de m'adapter
davantage au profil de mes joueurs, à ce que je constate en match…
Et puis, même si ce n'est pas la raison principale, je remarque que
lorsque vous changez de système, vous réveillez le groupe.Vous ne
dites plus la même chose, les joueurs ont un poste différent, un rôle

21
UNE SEANCE AVEC…

Mercredi 6 février, 10 heures. Seize joueurs plus deux gardiens sont présents sur le
terrain pour un entraînement ne dépassant pas une heure. Et pour cause, celui-ci intervient
après une grosse séance de duel, sur terrain lourd… Beaucoup de jeu sur cette séance où la
dominante physique (à J-3) est bien présente.

SITUATION 1 MISE EN TRAIN 15


minutes

Séquence 1 (5 minutes) : 1 ballon pour 2/3 joueurs sur environ un quart de


terrain. Échanges et déplacements libres.

Séquence 2 (10 minutes) : deux toros parallèles à 6 contre 2. D'abord en 2


touches de balle maximum (4 minutes), puis en 1 touche (4 minutes) après
2 minutes de récupération. Étirements à la fin.

Pendant ce temps, les gardiens effectuent un travail spécifique.

séquence 1

séquence 2

22
LES GIRONDINS DE BORDEAUX

SITUATION 2 JEU À 8 CONTRE 8 10


minutes

Sur un espace de jeu d'environ 30x35 mètres (moitié de la largeur du terrain


par une longueur allant de la ligne des 16m50 à la ligne médiane), jeu à 8
contre 8 avec 2 jokers joués ici par deux adjoints. Chaque équipe a deux
petits buts à attaquer et deux petits buts à défendre. Les équipes sont dispo-
sées en deux lignes de 4. Jeu en 2 touches de balle pendant 5 minutes, puis
libre les 5 minutes restantes.

Ici, Francis Gillot demande à ses


joueurs de ne pas évoluer sur la
même ligne afin de ne pas lais-
ser d'intervalle à l'adversaire.
Thèmes principaux abordés :
cadrage/couverture, fermer les
angles de passe et les intervalles.

Pour optimiser le temps de jeu


effectif, favoriser la construc-
tion du jeu, et élever sans doute l'intensité physique dans une séance se situant à J-3 du
match, deux appuis profonds sont placés entre les deux petits buts de chaque côté. Ils jouent
avec l'équipe qui a le ballon et ont deux touches de balle.

SITUATION 3 10
minutes
SITUATION 4 20
minutes
"PASSE À 25" À 8 CONTRE 8 MATCH À 8 CONTRE 8
Conservation à 8 contre 8 sur une surface identique à la situation Sur un demi-terrain, 8 contre 8 avec gardiens. Le terrain est coupé
3, mais sans les buts. Les joueurs effectuent une "passe à 25". Une horizontalement en deux de façon à ce que l'on joue un 4 contre 4
passe = 1 point. Les points sont cumulables à chaque séquence de de chaque côté. Les joueurs sont fixes sur chaque moitié de terrain.
conservation. Exemple : les rouges ont marqué 7 points (7 passes). À part cela, le jeu est libre.
Ils perdent le ballon. Lorsqu'ils le récupèreront, ils reprendront leur
score là où il s'était arrêté (8,9,10, etc…). La première équipe arri- Les joueurs font 6 séquences de 3 minutes, entrecoupées de 30
vée à 25 remporte la manche. Ce type de conservation permet secondes de récupération passive, puis 30 secondes de récupéra-
dencourager le pressing de l'équipe adverse (= intensité plus tion active (en trottinant).
forte). Le "match" peut se disputer en deux ou trois manches.

23
Dossier Par Olivier Goutard

TRANSITIONS : enjeux,
analyse et entraînement
Musique en trois temps. Qu'elles soient "offensive/défensive" ou "défensive/offensive", les
phases de transition sont omniprésentes et incontournables dans le jeu.Tant et si bien qu'elles tiennent une
place à part dans la réflexion et l'attention que leur portent les techniciens.Voyage au cœur d’une
problématique essentielle du football d’aujourd’hui et de demain.
ier encore, tout était clair. L’approche tactique des ment et de désorganisation de l'adversaire pour porter rapi-

H entraîneurs se déclinait sur un mode binaire : l’équipe dement le danger. Il est donc question ici d’espace et de
a le ballon ou l’équipe n’a pas le ballon. Au premier temps. Comme souvent en matière de football. Mais aussi
temps correspondaient les animations offensives, tandis d’abnégation et de concentration. C'est ce que sous-entend
que le second sollicitait les animations défensives. Qui, au Frédéric Antonetti : "la difficulté commence lorsque les
juste, décida qu’il convenait de rajouter un temps supplé- joueurs deviennent les spectateurs des actions de leur
mentaire au jeu ? Un temps éphémère, certes, mais ô com- propre équipe". En cela le technicien breton souligne la
bien déterminant dans le déroulement de l'action : l'équipe nécessité pour le footballeur moderne de demeurer un
"vient" de perdre/de récupérer le ballon. Deux noms vien- acteur du jeu auquel il doit rester connecté en permanence.
nent spontanément à l’esprit : Rinus Question : la bonne maîtrise de ces
Michel, père du football total de l’Ajax, Exploiter au mieux les quelques phases de transition est-elle devenue
et Arrigo Sacchi, l’architecte du Milan un gage de succès ? Il n’est pas interdit
AC des années 80. Il y en a d'autres. secondes suivant la perte ou la de le penser tant les contenus d'entrai-
Toujours est-il que sous la conduite de récupération du ballon nement au haut niveau font montre
ces précurseurs, les "changements de d’un souci permanent de basculer le
statut" ou "transitions", sont entrés de plein pied sur la scène plus rapidement possible d’un temps de jeu à l’autre ! "Les
footballistique. Ils n’en sont plus ressortis depuis. Mais de équipes les plus expertes s’expriment dans tous les temps
quoi s'agit-il exactement ? Risquons-nous à une petite défi- de jeu", insiste Christian Gourcuff, pour lequel le football ne
nition : les phases de transition englobent les quelques doit être envisagé que globalement. Quoiqu’il en soit, ce
secondes suivant la perte ou la récupération du ballon. Un qui ne saurait être contesté est que les techniciens ne peu-
laps de temps très court qu'il convient d'exploiter au mieux. vent pas faire l’économie aujourd'hui d’une réflexion pous-
Les enjeux ? La transition offensive/défensive se résume sée sur le sujet. Comportement des lignes entre elles, discer-
essentiellement, à la perte du ballon, à ne pas s’exposer à des nement individuel et collectif, établissement des modali-
contres soudains et meurtriers alors que le bloc s'est tés d’action à la perte ou à la récupération du ballon…, les
déformé et étiré pendant l'attaque.A l'inverse, la transition transitions recouvrent les champs les plus exaltants de la pra-
défensive/offensive cherche, dès la récupération du bal- tique. Là où il est question d’intelligence tactique, de collec-
lon, à profiter justement des quelques secondes de flotte- tif et d’identité de jeu. ■

26
ILS
José Mourinho : "Une transition rapide est l’aspect le plus
DEFENSIVE/OFFENSIVE
ONT
important dans le football moderne : retrouver le plus rapidement
possible une organisation défensive ou surprendre l’adversaire dès
DIT la conquête du ballon".

11 secondes, 2 passes, but !


Cas d'école. 9 février 2013 au stade Santiago Bernabeu, à Madrid.
Le Real affronte le FC Séville (Liga).

N ous sommes au début de la seconde période. Madrid mène ment inefficace face à la conduite de balle toute en vitesse et
déjà par trois buts à zéro. Les joueurs du FC Séville tentent de en puissance du Ballon d'Or 2008. Dès lors qu’il est passé devant
réagir. Ils finissent par bénéficier d’un coup franc excentré, à la "ligne de conduite" de son partenaire en possession du ballon,
proximité de la ligne des 16m50. Le chronomètre indique alors 58 Higuain redresse sa course. Benzema et l’Argentin encadrent
minutes et 53 secondes . Le Real pratique essentiellement une désormais le Portugais, offrant ainsi deux possibilités de passe
défense de zone. Les meilleurs joueurs de tête, dont Cristiano (schéma 2). CR7 va fixer le défenseur avant de décaler Higuain sur
Ronaldo, surveillent l’espace situé juste devant la cage. Karim sa droite. Celui-ci centre immédiatement pour… Ronaldo qui a
Benzema est situé quant à lui sur l'axe ballon-but, tandis que poursuivi sa course et marque dans le but vide, juste devant
Gonzalo Higuain est "à la ramasse", à l’extérieur de la surface de Benzema qui aurait tout aussi bien pu finir l’action : 4-0. Le chro-
réparation. Le coup franc est frappé vers le nomètre marque 59 minutes et 09 secondes .
deuxième poteau. Premier duel remporté par Répété à l'entraînement Onze secondes, donc, pour un but consécutif à
un Madrilène, puis Ronaldo parvient à devan- une action de plus de 80 mètres ! Le paradoxe
cer son adversaire et récupère le ballon. Le est que l’opportunité première de but était
chronomètre affiche 58 minutes et 58 secondes. A l’instant même bien sévillane avec ce coup franc à bonne distance… Mais, à la
où le Portugais s’empare du ballon, Higuain effectue un sprint en récupération du ballon par le Real, la synchronisation des courses
diagonale à vitesse maximale. Ce faisant, il dézone et pose de fait d’Higuain et de Benzema alliée à la vitesse de la conduite de
un problème aux quelques Sévillans restés à hauteur de la ligne balle de Cristiano Ronaldo ont inversé le problème. Une surprise
médiane et qui ne savent plus exactement comment gérer cet qui n’en est pas une lorsqu’on sait l'importance que José
appel… Une problématique aggravée par la course conjuguée de Mourinho attache aux phases de transition. Un des exercices de
Benzema qui sprinte droit devant lui (Schéma 1) . Les défenseurs base de l’entraîneur madrilène consistant à enchainer des actions
sévillans n’étant pas à distance de cadrage de Ronaldo, ils sont à partir de coups de pieds arrêtés défensifs (corner et coups
dans l’impossibilité de le freiner, et n’ont d’autre choix que d’ef- francs). Tiens donc ! ■
fectuer des courses arrière en recul frein… Ce qui s'avère totale-

27
Suite page suivante 
Dossier DEFENSIVE/OFFENSIVE

"La contre-attaque s’appuie sur les


Erick MOMBAERTS. "Tout se joue dans les quelques secondes suivant la perte ou la
récupération du ballon". Erick Mombaerts n’y va pas par quatre chemins lorsqu'il s’agit d’évoquer
les phases de transition. Pour VESTIAIRES, l'entraîneur du HAC a bien voulu s’attarder en
particulier sur la transition défensive-offensive.
Quelle importance accordez-vous aux phases Mais c’est quoi, au juste, une bonne transition
de transition dans votre approche tactique ? défensive-offensive ?
Une phrase suffit à le résumer : "Tout se joue dans les C’est une transition qui, à partir d’une récupération effi-
quelques secondes suivant la perte ou la récupération du cace, permet d’aller marquer un but ! Dans les faits, il s’agit
ballon". Aujourd’hui, la plupart des buts de garder le temps d’avance consécutif à
sont inscrits suite à un changement de sta- "Si le choix du l’enchainement des phases. Le garder en
tut dans le cours du jeu, et ce tous niveaux récupérateur n’est pas s’appuyant sur la vitesse de quelques élé-
et tous championnats confondus. C’est bon ou si les appels des ments, mais aussi et surtout en effectuant
une réalité chiffrée qui met en exergue la les bons choix. Une contre-attaque, c’est
nécessité, dans le football moderne, d’an- partenaires ne sont pas souvent de une à trois passes. Tout rentre
ticiper la perte ou la récupération du bal- adéquats, le rapport de en ligne de compte : la vitesse, la qualité
lon afin d’avoir toujours un temps
d’avance.
force se rééquilibre, voire de la prise de décision tactique, mais égale-
ment la technique qui doit autoriser la réa-
s’inverse. C’est l’affaire de lisation des choix effectués en amont.
Si l’on s’en tient à la transition quelques secondes !"
défensive-offensive, quelles Quels conseils donneriez-vous à
sont les équipes ou les techniciens qui vous nos lecteurs désireux d’améliorer la transi-
p a r a i s s e n t l e s p l u s p e r f o r m a n t s d a n s c e tion défensive/offensive de leurs équipes ?
domaine ? D’abord, il faut souligner que la plupart des entraîneurs de
Il ne faut peut-être pas aller chercher bien loin. Simplement haut niveau en France et à l’étranger travaillent sur ces
à la première place de notre championnat. Dernièrement, phases de transition. Quoiqu’on en dise, il est souvent plus
Carlo Ancelotti déclarait facile de marquer sur un
d'ailleurs que la caractéris- contre bien mené que sur une
tique première de son équipe attaque placée. Selon cette
était de marquer beaucoup logique, ce temps de jeu fait
de buts en contre-attaque… donc partie des thèmes les
Il y a aussi le Manchester plus largement travaillés.
United d’il y a quelques Mais pour être très concret,
années, qui excellait dans cet la contre-attaque s’appuie
exercice. Mais on pourrait en sur les conditions de la récu-
citer bien d’autres, simple- pération. C'est elle qui va
ment parce que la plupart décider pour l’essentiel de la
des bonnes équipes manière dont sera menée
aujourd'hui cherchent à pro- l’attaque à venir. Et là, trois
fiter au maximum des phases grandes options se dégagent.
de transition.
Lesquelles sont-elles ?
Cette tendance favo- Première option : le récupé-
rise-t-elle certains rateur ne peut pas jouer vers
profils de joueurs ? l’avant. A ce moment là, la
Si on en revient au PSG, ils sont performants dans ce préoccupation majeure consiste donc à assurer la conser-
domaine parce qu’ils disposent de garçons comme Lavezzi, vation de la balle. Dans cette option, la contre-attaque est
Lucas ou Menez. A Madrid, il y a Cristiano Ronaldo… Bref, soit différée soit remplacée par une attaque placée (voir
les qualités individuelles de vitesse aident. C’est certain. schéma, NDLR). Deuxième option : le ballon est récupéré,

28
ILS
Raynald Denoueix : "Presser, dès la perte du ballon,

ONT
c’est prendre l’initiative. C’est une manière, psychologiquement,
de s’imposer à l’adversaire. Une arme essentielle du football
DIT d’aujourd’hui".

conditions de la récupération"
mais dans une zone de forte densité adverse. Il s’agit alors de lon a été récupéré. Mais, d’une manière générale, les appels
trouver la bonne "porte de sortie" afin d’enchainer sur une les plus dangereux pour l’adversaire sont ceux qui sont
attaque rapide (voir schéma, NDLR). Enfin, la troisième déclenchés dans leur couloir de jeu direct (voir schéma option
option est celle où le récupérateur du bal- 3, NDLR). Si les appels ne sont pas directe-
lon peut jouer vers l’avant dès la première "A l'entraînement, il faut ment exploitables, le porteur a alors tout
touche de balle (voir schéma, NDLR). Vous travailler ces transitions intérêt à fixer le ou les défenseurs pour don-
l'aurez compris, une bonne part de la pro- ner au(x) partenaire(s) le(s) mieux placé(s).
blématique de l’entraînement consiste à sur des situations Charge à ceux-là de revenir dans ce couloir
se retrouver le plus souvent possible dans inversées. C'est-à-dire que de jeu direct. En résumé, la meilleure solu-
cette troisième configuration… les contraintes doivent tion est celle qui permet d’aller le plus rapi-
dement vers la cage adverse.
On en r evient donc toujours à être mises sur l’équipe
une notion de choix à effectuer opposée à celle que Tout cela semble nécessiter des
dans le cours de l’action… ajustements très fins. Comment
La question consiste ici à optimiser un rap-
l’entraîneur veut faire faut-il travailler ces phases de
port de force momentanément favorable. travailler en priorité". transition à l’entrainement ?
Le terme important étant "momentané". Si Les jeux ne manquent pas ! Le principe
le choix du récupérateur n’est pas bon ou si les appels des général est qu’il faut les travailler sur des situations inversées.
partenaires ne sont pas adéquats, le rapport de force se C'est-à-dire que les contraintes vont être mises sur l’équipe
rééquilibre, voire s’inverse. C’est l’affaire de quelques opposée à celle que l’entraîneur veut faire travailler en prio-
secondes ! rité. L’objectif est d’amener l’équipe opposée à prendre des
risques et à avancer, puis à créer les conditions de la récu-
Où et comment doivent se déplacer les parte- pération pour l’équipe ciblée. Une fois la récupération effec-
naires par rapport au récupérateur-porteur tuée, il sera alors loisible d’exploiter le changement de pos-
du ballon ? session en profitant de l’espace et de la désorganisation
Tout dépend de la zone et de la hauteur dans lesquelles le bal- défensive momentanée. ■

OPTION 1 OPTION 2 OPTION 3

29
Suite page suivante 
Dossier DEFENSIVE/OFFENSIVE

Quelles animations
Expert. Convaincu de la prédominance de ces phases dans le football
moderne après un passage à Chelsea auprès de Guus Hiddink,
■ Par Denis RENAUD,
Titulaire du DEPF, entraineur de
l'entraîneur de Carquefou a depuis défini quelques animations sur ces
Carquefou (National). temps de jeu si spécifiques et décisifs.

L
’essentiel de ma méthode d’entrainement et du projet de équipes bâtissent essentiellement leurs victoires au cours
jeu de mon équipe repose sur les phases de transition. des quelques secondes qui suivent la perte ou la récupéra-
Une évidence établie lors de ma formation DEPF au cours tion du ballon. L’observation des matchs de haut niveau a fini
de laquelle j’ai assisté durant quelques semaines aux entraî- de me convaincre de la véracité de ses propos… Ce premier
nements de Guus Hiddink, à Chelsea. En regardant œuvrer point établi, la question était donc de savoir comment sen-
cet immense technicien, j’ai pu m’apercevoir de la place sibiliser ses propres joueurs à ces phases, et comment définir
qu’il accordait à ce travail de transition dans ses séances. les animations de jeu en lien avec ses propres convictions
Le coach néerlandais postule en effet que toutes les grandes d’entraîneur. Concernant la transition défensive/offensive,

La récupération dans les 40 mètres adverses et SCHEMA 1

transition sur un système de jeu en 4-1-4-1


Avantage de la récupération haute : pos- défenseur central droit et l’arrière latéral
sibilité de porter le danger sur le but adverse droit.
en 1 ou 2 passes. - Le n°3 "épuise" la largeur.
Inconvénients : demande une grande disci- - Le n°8 va se positionner entre les lignes
pline et laisse de l’espace dans le dos. adverses et entre son propre n°11 et le n°3.
Starter de la récupération collective : A partir de ce moment là, plusieurs cas de
Passe sur un côté du défenseur central ou du figure sont envisageables. Soit :
gardien sur un arrière latéral situé dans ses a) Le ballon est passé rapidement au n°9 dans
propres 40 mètres. la profondeur.
Modalités et principes pour une bonne b) On trouve le n°10 à l’intérieur.
transition défensive/offensive : c) On ressort le ballon sur la sentinelle (n°6)
- Dès la récupération, mettre de la vitesse qui devra alors trouver le n°3 complètement
(passes, conduites de balle, appels). à l’opposé ou passer par le relais du n°8.
- Pouvoir retrouver des partenaires à l’inté- Remarque 1 : Il est très tentant de chercher
rieur du jeu. immédiatement le n°11 à l’opposé puisque
- Se garder la possibilité de jouer "côté celui-ci est le joueur lancé effectuant un appel
opposé" à la récupération. en direction de la cage. Dans la réalité du jeu,
SCHEMA 1 : Exemple d’animation sur une cette passe est quasiment impossible à réali-
récupération du milieu de terrain droit. ser eu égard à la densité adverse dans cette
- L’attaquant de pointe fait l’appel entre le zone d’appel. Par ailleurs, si cette passe est
défenseur central et l’arrière latéral gauche interceptée, notre propre équipe qui est en
adverse (course en diagonale dans le dos du phase de déploiement offensif peut elle-
défenseur central si la profondeur du jeu le même se retrouver en grande difficulté.
permet ou course en arrondi pour éviter le Remarque 2 : Même dans cette situation où
hors-jeu) l’accent est mis sur les déplacements à la récu-
- Le n°10 demande à l’intérieur. pération, l’équipe doit toujours conserver un
- La sentinelle (n°6) vient se positionner en équilibre afin de préparer la perte du ballon.
soutien pour une sortie éventuelle du ballon. D’où la remarque n°1…
- Le n°11 (milieu excentré côté opposé) effec-
tue une course en direction de la cage entre le
SCHEMA 2

30
ILS Christian Gourcuff : "Un pressing à la perte est d’autant plus
ONT efficace que l’adversaire est déjà usé par une épuisante et parfois
DIT longue phase de récupération".

et plans de jeu ?
la principale problématique réside dans la position dans passer aux joueurs... Par ailleurs, en plus de la hauteur de la
laquelle l’équipe va récupérer le ballon : récupération, rentre en ligne de compte
dans le camp adverse, en position médiane, Le paradoxe est que toute une notion de vitesse d’exécution. En effet,
ou près de sa propre cage (voir par ailleurs)? la réflexion offensive tout va ou doit se jouer dans les 10 à 15
Les entraîneurs peuvent choisir de ne trai- secondes suivant la récupération du bal-
ter qu’une seule de ces options, mais l’idéal repose en fait sur la lon. Ce qu’il importe donc de préciser au
demeure bien sûr que l’équipe se montre récupération défensive du final est que les phases de transition néces-
performante dans les trois cas de figure.
Chacune de ces hypothèses va en fait déter-
ballon. Le message n’est sitent une réflexion approfondie et cohé-
rente dont le coach va être le principal arti-
miner des attitudes, des déplacements, des pas toujours aisé à faire san. L’enjeu est de taille. Ces temps de jeu
comportements individuels et collectifs dif- passer aux joueurs... influent de plus en plus l’organisation, les
férents. Le paradoxe est que toute la systèmes et les plans de jeu. Mais, plus
réflexion offensive repose en fait sur la récupération défen- important encore, ils caractérisent pour une bonne part la
sive du ballon. Le message n’est pas toujours aisé à faire philosophie et l’identité d’une équipe. ■
SCHEMA 3
La récupération "bloc médian" et transition sur
un système de jeu en 4-1-4-1
Les attitudes et les comportements vont être sentinelle pour servir de relais potentiel.
très dépendants de la position des adversaires. - Le n°10 va prendre l’espace dans le dos de
Combien de joueurs adverses sont derrière la l’arrière latéral gauche adverse. L’objectif
ligne du ballon, sont-ils situés dans l’axe bal- étant alors de poser un problème de mar-
lon-but, etc… ? Sur une récupération avec un quage aux adversaires sur notre joueur qui
bloc équipe médian, les principales différences "dézone"
avec le cas de figure précédent tiennent aux Le schéma ci-joint est forcément très théo-
déplacements des joueurs à l’intérieur et rique. L’idée directrice est cependant d’en-
notamment ceux de l’attaquant axial. Ici, il va chainer la récupération par une passe pour
lui être demandé le plus souvent de solliciter l’attaquant en appui qui lui-même jouera en
dos au jeu pour servir de point d’appui pour soutien afin de trouver des partenaires excen-
enchainer sur d’autres séquences de jeu. trés, côté opposé à la récupération.
SCHEMA 2 : Exemple d’animation sur une Remarque (SCHEMA 3) : Si la passe en pro-
récupération médiane sur le côté fondeur s’effectue du même côté que la récu-
- L’attaquant 9 décroche dos au jeu pour servir pération (exemple : passe du n°6 pour le n°10),
d’appui. l’arrière latéral (n°2) s’engagera afin d’appor-
- Le n°6 se porte en soutien de l’attaquant de ter un éventuel surnombre. Le n°3 (arrière
pointe. latéral opposé) resserrera alors l’axe pour
- Le n° 8 va reculer presque à hauteur de la équilibrer l’équipe et préparer la perte.

La récupération "bloc bas" et transition sur


un système de jeu en 4-1-4-1
Enfin, sur une récupération avec un bloc équipe bas, d’autres déplacements rentreront encore
en lice. Le plus caractéristique étant celui de l’attaquant auquel il sera demandé cette fois-ci de
plonger dans le dos des latéraux adverses (SCHEMA 4) .

SCHEMA 4

31
Suite page suivante 
Dossier DEFENSIVE/OFFENSIVE

BATTERIE D'EXERCICES
EXERCICE 1 EXERCICE 2
Un carré de jeu central d’environ 30x30m. 4 portes de 12 à 15 m (suffi- Dans un rectangle de 30x15 m, une zone centrale (2 contre 2 à l’intérieur)
samment larges pour ne pouvoir être défendues par un joueur res- + 2 zones de finition avec 1 joueur dans chacune des zones et 2 zones de
tant sur la ligne). Un joueur de chaque équipe à chaque porte. 4 contre stop ball. Les joueurs dans la zone centrale ont obligation de faire 2
4 dans le carré central. 3 touches de balle minimum (favoriser les condi- touches de balle minimum.
tions de la récupération). Leurs partenaires situés der-
Les attaquants sont en conservation. 5 passes = 1 point. A la récupéra- rière eux peuvent servir de
tion, le joueur doit trouver (passe ou conduite de balle + passe) un soutien (2 touches de balle
partenaire dans l'une maximum). Arrêter le bal-
des quatre portes, lon en zone de stop ball
qui décroche. Puis pour marquer 1 point. A
jouer un 2 contre 1 chaque récupération, trou-
(avec un troisième ver le partenaire en appui
joueur qui sort du en zone de finition (éven-
carré) pour passer la tuellement inattaquable, 2
porte balle au pied. touches de balle) et finir sur
1 point par porte un 2 contre 1 avec le parte-
franchie. Assurer les naire de la zone centrale qui
rotations. a suivi. Tout doit s'enchaî-
ner très vite !

EXERCICE 3 EXERCICE 4
Marquer le but sur le corner (bleus) ou jouer un contre pour marquer Sur un terrain d’environ 40x40m, 3 zones A,B et C. 3 défenseurs contre
dans la cage opposée (rouges). Jouer un nombre déterminé de cor- 2 attaquants dans les zones A et B. Les 2 joueurs rouges à l’extérieur
ners (exemple : 5 corners bleus à gauche, puis à droite, et inverser les peuvent servir de soutien (2 touches de balle maximum). Les 3 joueurs
rôles). Comptabiliser les points. But sur le corner = 3 points; contre bleus à l'extérieur sont les joueurs cible. Hors-jeu dans la zone A. Les
attaque s’achevant par un tir = 1 point; but sur la contre-attaque rouges attaquent la grande cage, les bleus doivent trouver leurs
(temps limité de 7 à 10 secondes) = 3 points. Dans la surface, mettre un joueurs cibles. Le ballon part de la zone C pour les rouges en supériorité.
défenseur de plus que d’attaquants. 2 contre 2 en zone opposée. 1 Si le ballon est récupéré par les bleus dans cette même zone, possibilité
zone éventuelle de décrochage (1 ou 2 touches de balle). de trouver directement les joueurs cibles. Si la récupération s'effectue
Pour les rouges : en zone B (comme sur le schéma), les défenseurs doivent alors trouver
d’abord bien un partenaire dans la zone supérieure (C). Possibilité pour un joueur
défendre, mais bleu de la zone B d’accompagner l’action en zone C. Si l’action n’abou-
se préparer à tit pas, il doit revenir dans sa zone d’origine sans défendre dans la
jouer le contre. zone C.
Coordination Te m p s l i m i t é
des courses, pour trouver un
qualité tech- joueur cible
nique (con- après la récupé-
duites de balles ration (5 à 10").
ou passes) Veiller à assurer
les rotations.

32
ILS Jean Fernandez : "Le premier critère d'efficacité d'une équipe,
ONT c’est la capacité à récupérer le ballon. Avec la volonté d’aller le
DIT plus vite possible vers l’avant".

EXERCICE 5 EXERCICE 6
2 joueurs (B et C bleus) sur les 2 coins du terrain + 1 (A bleu) eaux côtés Les bleus attaquent la grande cage, les rouges doivent arrêter le ballon
de l’attaquant rouge le plus profond. Hors jeu compte en zone B. Sur en zone but. 2 joueurs seuls au départ en zone A avec leur gardien. Ces
une passe donnée par le coach (simulation d’interception par un défen- deux joueurs servent de soutien pour les rouges. 2 joueurs rouge en
seur), le joueur rouge transmet à un de ses trois partenaires en zone A. appuis latéraux (2 touches maximum) et 4 contre 4 en zone B. 1 passe
Dès cette passe effectuée, les deux défenseurs aux angles (A et B) maximum entre appuis latéraux et profonds.
reviennent en jeu. Temps limité pour finir. 1 point pour les rouges si l’ac- Le ballon part toujours de la zone A (gardien ou défenseur). Dès que le
tion se termine par un tir. 3 points si but. 1 point pour les bleus si récu- ballon est entré en zone B, les bleus doivent protéger leur ligne de but
pération et passe au joueur cible (D bleu). Penser à changer de côté. et récupérer le ballon. En cas de perte de balle des rouges, les bleus
doivent aller attaquer la grande cage le plus rapidement possible (à 4
contre 2 défenseurs axiaux) tandis que les 4 rouges ont obligation d’al-
ler faire le tour d’une quille avant de pouvoir venir défendre !
Compter les points, assurer les rotations. Attention, situation pouvant
avoir un vrai coût
énergétique.
Evolution : jouer avec
la distance des quilles,
le nombre de touches
de balles (mais pas
pour les contre-atta-
quants qui doivent
avoir la liberté de fixer
le défenseur avant de
donner).

EXERCICE 7 EXERCICE 8
Les bleus qui sont à l'intérieur du jeu doivent se passer le ballon au travers Les transitions défensives-offensives nécessitent bien souvent d’utili-
de 3 portes sans être interceptés pour marquer 1 point (possibilité d’im- ser le jeu en 1 touche de balle et les techniques dites de vitesse pour se
poser un nombre de touches de balle minimum pour favoriser la récupé- projeter vite vers l’avant. L’exercice qui suit vise donc à améliorer les
ration). Les bleus bénéficient de 4 joueurs en appuis et soutien (2 touches remises et déviations. Le but ici est de faire un maximum d’allers-
maximum et une seul passe d’appui à appui) à l’extérieur de la zone A. Les retours. On joue à 5 contre 4 en conservation de balle. Jeu au sol. 1
rouges doivent récupérer le ballon et se projeter vers l’avant pour finir point par aller-retour effectué. Les défenseurs ne sortent pas de leur
l’action. Le hors jeu compte à l’extérieur de la zone A. Parmi les appuis, zone.
seul l’appui bleu en soutien peut défendre. Action qui se termine par un
tir pour les rouges = 1 point; but = 3points. Temps limité pour finir. Bien E v o l u t i o n  : Une
veiller à assurer les rotations. Insister sur la prise d’information vers fois que l’exercice
l’avant pour les rouges, la qualité est bien maîtrisé,
des déplacements (méthode ques- jouer sur le nom-
tionnante), la justesse technique, bre de touche de
etc… balle de l’appui
intérieur et des
Evolution : Si les rouges ne par- appuis latéraux.
viennent pas à trouver les solu-
tions, demander à ce que seule-
ment 2 ou 3 joueurs bleus de l’in-
térieur viennent défendre pour
augmenter le surnombre et l’es-
pace disponible pour terminer
l’action.

33
Suite page suivante 
Dossier OFFENSIVE/DEFENSIVE

"D’abord une histoire de concentration"


Le coach rennais concède lui-même "avoir un petit faible pour les équipes
capables de multiplier les attaques placées". Comme il se doit, ce goût pour la
conservation et la progression du ballon ligne par ligne doit être équilibré par des
■ Par Frédéric ANTONETTI,
Entraîneur du Stade Rennais Football
animations défensives clairement identifiées. Et notamment lors des premières
Club (Ligue 1) secondes suivant la perte du ballon…

A
ujourd’hui, plus aucune équipe ne peut prétendre au haut niveau l’équipe ne concède que très peu de contre-attaques, d’une part, et qu’elle
sans être performante sur les phases de transition. Car tout le récupère un bon nombre de ballons, d’autre part. Mais pour pouvoir y
monde sait à peu près quoi faire lorsque l’équipe a le ballon ou prétendre, il faut que les joueurs soient en pleine forme physique et qu’ils
lorsque les adversaires sont en possession de celui-ci. En revanche, c'est net- disposent de tout autant de fraicheur d'un point de vue mental… Par ail-
tement moins évident lorsque l’équipe "vient juste" de récupérer ou de leurs, l’équipe doit compter dans ses rangs des "déclencheurs" de pressing,
perdre le ballon… Sur ce dernier point, la dimension psychologique joue c'est-à-dire des garçons généreux et pas avares de leurs efforts !
à mon sens un rôle déterminant. Personnellement, à la perte du ballon dans
la moitié de terrain adverse, je demande à mes joueurs d’avancer immédia- "Le plus délicat, c’est quand l’équipe perd le ballon
tement sur le porteur. L’option choisie consiste donc à défendre en avan- dans sa propre moitié de terrain"
çant à chaque fois que les conditions sont réunies pour le faire.
Pour moi, le vrai souci c’est quand l’équipe perd un ballon "facile" sur
"A la perte du ballon dans la moitié de terrain une phase de construction dans sa propre moitié de terrain. Les ballons per-
adverse, je demande à mes joueurs d’avancer dus en zone 2 par exemple, sont les plus compliqués à gérer dans la mesure
immédiatement sur le porteur". où tout le bloc peut se faire transpercer en une seule passe (schéma 2) ! La
problématique consiste donc à assurer la conservation et la progression du
Cela implique que notre bloc équipe soit positionné suffisamment haut ballon tout en anticipant une éventuelle perte de balle. Au final, le travail
pour réagir dès la perte de la balle, et que tous les joueurs soient impliqués des transitions nécessite de la clarté, de la concentration, et surtout beau-
à 100% dans l’action défensive (schéma 1). Lorsque le pressing est déclen- coup de constance. Mais le jeu en vaut la chandelle tant elles décident
ché dès la première seconde suivant la perte du ballon, on s’aperçoit que bien souvent du cours et du résultat du match. ■

IMPORTANCE DE LA
CONCENTRATION ? LA PREUVE
Schémas 1 et 2
PAR L'EXEMPLE Pour le coach rennais, la perte du ballon sur une phase offensive est plus ou moins préjudiciable à l’équipe qui
attaquait selon la zone dans laquelle le ballon a été perdu. Pour plus de clarté, Frédéric Antonetti découpe le
A l’entrainement, mettez en place une situa-
terrain en quatre zones longitudinales (Z1 étant la zone la plus proche de sa propre cage, Z4 la plus éloignée).
tion défavorable pour les défenseurs : 4
défenseurs contre 5 attaquants, par exem- SCHEMA 1 SCHEMA 2
ple. Laissez jouer. Vous verrez que, non seu- Pour peu que le ballon soit perdu en Z4 - ici sur une "Le véritable souci, c’est quand on perd un ballon dans
lement il n’y aura pas beaucoup de buts, passe du n°10 en direction de son partenaire n°7 - les sa propre moitié de terrain". Ici, la passe mal assurée du
mais il n’y aura pas non plus beaucoup d’oc- actions combinées et immédiates du n° 7 qui va cadrer n° 2 pour son milieu de terrain n°10 se transforme en
casions. Pourquoi ? Tout simplement parce le porteur, du n° 9 qui va interdire la passe dans l’axe, ballon de but adverse puisque l’équipe s’était posi-
que les défenseurs sont concernés unique- du n°10 qui va tionnée pour
ment par l’aspect défensif ! Les difficultés se placer sur les jouer une action
arrivent lorsqu’on leur demande de parti- lignes de passes offensive sans
ciper aux actions offensives. Ils se créent en diagonale, anticiper la
alors des occasions, parfois, mais en concè- etc… vont, au perte.
dent beaucoup plus ! Par instants, ils regar- pire, empêcher
dent l’action et deviennent les spectateurs le contre, au
de leur propre équipe... Cela prouve que mieux, débou-
l’efficacité de la transition offensive/défen- cher sur une
sive réside pour une bonne part dans la récupération
capacité des joueurs à garder le même haute.
niveau de concentration lors des change-
ments incessants de statuts.

34
ILS
Frédéric Hantz : "En football, tout se joue dans les changements

ONT
de statut. Qu’est-ce qui se passe quand on gagne et quand on perd
le ballon ? Là où les Barcelonais sont les plus forts, c’est à la
DIT perte. Tous les joueurs se montrent actifs et concernés".

Le Barça, maître en la matière


Expertise. Le FC Barcelone excelle dans la transition offensive-défensive. A tel point qu’il
est parfois difficile dans le cours de l’action de cerner exactement où finit l’attaque et quand
débute la défense. Nous avons demandé à trois techniciens parmi les plus avisés du football
français, de nous expliquer en quelques lignes ce qui rend les catalans aussi efficaces.

Christian GOURCUFF : de défense se situe, au plus haut,


"Le Barça défend bien trois à quatre mètres derrière (…)
parce que les joueurs sont Pour les Barcelonais, le cadrage du
proches les uns des autres" porteur est une seconde nature. La

"S i Barcelone est aussi performant


d a n s l a t r a n s i t i o n o ff e n s i v e -
défensive, c’est en grande partie parce
montée sur le porteur est quasi instan-
tanée ! Le joueur le plus proche est
concerné, mais aussi les deux ou trois
que leurs options offensives les amè- partenaires à proximité. C’est un
nent à être très proches les uns des état d’esprit et une adhésion totale
autres sur le terrain. En effet, au projet de jeu collectif".
lorsqu’ils perdent le ballon, ils le
perdent sur du jeu court. Ce faisant,
ils sont toujours à distance de
cadrage des adversaires. Par ailleurs, Erick MOMBAERTS :
la perte du ballon intervient souvent à "La culture de l’enchaine-
l’issue d’une longue phase de conserva- ment des tâches et de l’anti-
tion qui a déjà bien entamé le potentiel de cipation des phases"
leurs adversaires. Après avoir passé autant de
temps à courir derrière le ballon, ceux-là ne disposent
plus toujours de la lucidité nécessaire pour bien exploiter les
"L e Barça est forcément un exemple qui ne
laisse pas indifférent. Il inspire le respect
parce qu’il s’attaque à ce qu’il y a de plus difficile dans le foot-
ballons récupérés... Tous ces éléments favorisent la remise ball : les attaques placées. Mais, quand bien même cette
sous pression par les Catalans (…) Une équipe qui n’a pas équipe peut être source d'inspiration pour beaucoup d'en-
la même facilité que le Barça dans l’utilisation du ballon, traîneurs, il semble bien ardu de prétendre pouvoir l'imiter...
aura beaucoup de difficulté à adopter la même stratégie à la Les joueurs élevés à la Masia (centre de formation du FC
perte (…) Ce qui est le plus impressionnant dans le jeu du FC Barcelone, NDLR) ont en effet dans leurs gènes cette culture de
Barcelone, c'est de constater l’emboitement entre les deux l’enchainement des tâches et de l’anticipation. Ils ne sont
phases offensives et défensives". jamais prisonniers de l’action en cours, et leur réaction à la
perte du ballon est instantanée (…) Alors que la plupart des
équipes font le choix de la transition défensive-offensive,
Frédéric ANTONETTI : eux, privilégient la transition offensive-défensive pour se
"Les 10 joueurs dans la moitié de terrain donner toutes les possibilités de repartir sur une nouvelle
adverse !" attaque placée (…) Soit ils agissent pour récupérer indivi-

"A ujourd’hui, la référence pour la transition offensive-


défensive, c’est effectivement le Barça. La grande
difficulté pour prétendre arriver aux mêmes animations à la
duellement le ballon, soit ils cadrent le porteur de façon à ce
qu’il soit dans l’incapacité de prendre les informations devant
lui, ou de prendre de la vitesse. Bien-sûr, cela n’est pas réalisa-
perte du ballon est de mettre les dix joueurs de son équipe ble dans 100 % des cas. Mais, le cas échéant, ils parviennent
dans le camp adverse ! A Barcelone, lorsque les quatre de néanmoins à gérer efficacement la défense en crise de temps
derrière parviennent à stabiliser leur possession de balle, ou d’espace, ou bien encore l’infériorité numérique. C’est cet
ils sont positionnés au-delà de la logne médiane… Ce qui empilement de compétences individuelles et collectives qui les
n’arrive presque jamais en Ligue 1, par exemple, où la ligne rend aussi exceptionnels !" ■

35
Suite page suivante 
Dossier OFFENSIVE/DEFENSIVE

Zone-Press ou pressing
Faire le bon choix. "Le jeu doit être envisagé de façon globale". Tel
est le message de Christian Gourcuff lorsqu’on lui demande d’évoquer
■ Par Christian GOURCUFF, les transitions offensives-défensives. L'entraîneur lorientais précise que
entraîneur du FC Lorient.
deux grandes options se dégagent dans les premières secondes suivant
la perte du ballon.

E
st-il besoin de rappeler à quel point les phases de tran- press (Schéma 2). Le choix de l’une ou l’autre action est
sitions sont fondamentales ? Le constat est que les déterminée par l’analyse de la situation de jeu. Cette lec-
équipes les plus évoluées tactiquement sont expertes ture est assez complexe dans la mesure où elle comprend
sur les trois temps du jeu : phases offensives, phases défen- bon nombre de paramètres (voir encadré). D’une manière
sives, mais aussi phases de transition. Une bonne part de générale, le pressing va être impulsé par le joueur le plus
l’efficacité tactique réside dans la capacité d’une équipe à proche + les trois ou quatre partenaires situés à ses côtés.
lire et exploiter ces phases. L’objectif premier de l’entraîne- L’efficacité du pressing est déterminée par la capacité à
ment vise donc sans surprise à établir les codes définissant bloquer la première ou la deuxième relance de l’adver-
l’essentiel des comportements individuels saire après la perte du ballon. La zone-
et collectifs en relation avec le temps de
jeu concerné. Cependant, le jeu doit être
"Réduire le temps entre la press relève, elle, d’une logique diffé-
rente. Il s’agit d’une zone préétablie dans
envisagé de façon globale et non pas mor- perte du ballon et l’action laquelle le bloc équipe va se réorganiser et
celé en animations offensives et défen- défensive visant à le se reconstituer pour opérer collective-
sives distinctes les unes des autres comme ment la récupération défensive. Des deux
on le fait trop souvent. Tous les aspects
récupérer" options, le pressing est sans doute la plus
sont liés : la façon dont on va perdre le difficile à mette en place. Les éléments du
ballon va influer la récupération et la nature de celle-ci va jeu qui décident du déclenchement de celui-ci fluctuent
décider de l’action offensive. Nous sommes en plein dans la d’une seconde à l’autre. Cela réclame une parfaite coordi-
notion de transition offensive-défensive. L’axe principal du nation des joueurs concernés. Par ailleurs, le pressing crée
travail des techniciens consiste bien évidemment à réduire les conditions d’une récupération du ballon souvent proche
le temps entre la perte du ballon et l’action défensive de la cage adverse, et présente donc à ce titre des avan-
visant à le récupérer. Deux animations sont majoritaire- tages indéniables. La zone press est sans doute plus facile
ment envisageables : soit les joueurs vont effectuer un à mettre en place. Elle est moins coûteuse au niveau éner-
pressing immédiat (Schéma 1), soit ils réintègrent la zone gétique et demande simplement que les joueurs fassent

"LA MISE EN ACTION DOIT


LES MODALITÉS DU PRESSING ÊTRE INSTANTANÉE"
Christian Gourcuff liste quelques uns des paramètres qui vont décider du déclenchement du Parfois, les techniciens rencontrent des dif-
pressing ou, au contraire, inciter les joueurs à "réintégrer" la zone presse préalablement défi- ficultés par rapport au plan de jeu prévu uni-
nie : "Le premier critère tient à la distance du joueur par rapport à l’adversaire dans les quement sur la capacité mentale des joueurs
deux-trois secondes qui suivent la perte du ballon. Trop éloigné, il ne sera pas en capacité de à se remettre immédiatement en action. La
gêner la ou les premières relances, et le pressing n’a quasiment plus aucune chance d’abou- dimension psychologique est déterminante.
tir. Le second critère prend en compte le nombre de partenaires autour de l’adversaire Pour le joueur ayant raté sa passe par exem-
venant de récupérer le ballon. Si celui-ci dispose de 4 ou 5 possibilités de passes, mieux vaut ple, il faut qu’il parvienne à gérer sa déception
souvent se repositionner au sein de la zone-press pour éviter de se faire éliminer trop facile- et ses émotions afin d’être aussitôt actif. Et
ment. Mais d’autres critères plus subjectifs peuvent intervenir : la qualité technique de l’ad- c’est plus dur encore parfois pour le parte-
versaire sur lequel on veut déclencher le pressing influe parfois également. Un très bon naire qui a fait un appel, n’a pas reçu le ballon
technicien n’aura aucun mal à éliminer un joueur arrivant en léger contretemps alors que d’au- et qui doit tout de même rester connecté pour
tres joueurs plus limités autorisent un peu plus d’approximation dans le déclenchement du agir défensivement. Que ce soit dans le cadre
pressing. Au final, l’efficacité du pressing ou le choix de revenir dans la zone-press sont très d’un pressing ou d’un replacement en zone-
liés à l’intelligence et la culture tactique du joueur". press, la mise en action doit être instantanée.

36
ILS
Raynald Denoueix : "L’attaque s’arrête quand on a récupéré le

ONT
ballon… Pour moi, ça veut dire qu’attaquer et défendre ne sont
qu’une continuité. Il faut toujours qu’il y ait anticipation d’une
DIT action sur l’autre, on peut dire d’une action dans l’autre".

à la perte du ballon ?
preuve de discipline quant à la hauteur à laquelle ils doi- l’équipe vient de perdre le ballon. Si je devais donner un
vent se replacer. Il s’agit de l’option que conseil aux entraineurs, ce serait de
nous privilégions le plus souvent à Lorient. Avantages et difficultés constamment envisager le travail tactique
Au final, il n’y a pas une animation supé- sous les deux angles. Si celui-ci donne la
rieure à l’autre lors des changements de
du pressing et de priorité à l’animation défensive, il faut
statuts offensifs-défensifs. Mais des choix la zone-press qu’à la récupération les joueurs puissent
d’action plus ou moins efficaces en fonc- basculer très rapidement sur l’enchaine-
tion de l’action de jeu et notamment de la manière dont ment offensif. Et vice-versa. ■

Schéma 1 : Schéma 2 :


Sur cette perte de balle, les joueurs vont exercer le pressing. En effet, Sur cette action, les joueurs sont trop éloignés du porteur. Par ail-
ces derniers sont à distance du porteur de balle et celui-ci est relati- leurs, le temps qu’un joueur vienne le cadrer, celui-ci aura eu toute
vement esseulé. La première relance sera donc très compliquée à latitude de prendre les informations nécessaires et de transmettre à
effectuer. Les possibilités de récupérer le ballon sont réelles. un partenaire. Dans ce cas de figure, plutôt que de se faire éliminer,
la meilleure option consiste donc à se réorganiser dans une zone
préétablie (ici bloc médian) pour récupérer le ballon collectivement.

37
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Dossier OFFENSIVE/DEFENSIVE

BATTERIE D'EXERCICES
EXERCICE 1 EXERCICE 2
Dans un espace de jeu défini en fonction du nombre de joueurs, établir un circuit Objectif pour les bleus : se passer le ballon d’un binôme à l’autre. Ne pas encais-
de couleurs (exemple : bleu-jaune-rouge). Trois ballopns en jeu A chaque ballon ser de but. 2 touches de balle maximum, obligation de jouer tous les ballons vers
donné à la couleur suivant la l’avant ou 3 passes maximum
sienne, le passeur doit immé- Objectif pour les rouges : intercepter et
diatement cadrer le nouveau marquer dans les petits buts en face d’eux.
porteur de balle. L'objectif ici Comportement attendu : Dès la perte de
est d'automatiser la montée balle (Passe 2), les bleus doivent immédiate-
sur le porteur du ballon ment être actifs en vue de récupérer le ballon
adverse dès la perte. et ne pas encaisser de but. Montée sur le por-
teur pour empêcher de prendre la vitesse et
Évolution : Jouer avec les dis- couverture instantanée du partenaire (3');
tances de passe / Le parte- se repositionner dans l’axe ballon-but, etc…
naire le plus proche (hors pas- Veiller à assurer les rotations (binôme bleu
seur) doit cadrer immédiate- peut changer après chaque interception,
ment le porteur. etc…). Si nouvelle récupération par les
rouges, transmettre aux partenaires en face.

EXERCICE 3 EXERCICE 4
Terrain d’environ 80 m X 40. Objectif : Passer du statut d’attaquant à celui de défenseur (changement de sta-
Deux équipes positionnées en tut). Faire des allers-retours
3-2-3. entre les deux joueurs cibles
L'objectif ici est reformer le situés à l’extérieur du terrain.
bloc équipe : établissement Jeu au sol uniquement.
d’une zone press ou choix du Attentes : replacement
pressing ? But = 1 point; bal- immédiat ou pressing à la
lon change de zone vers perte du ballon pour empê-
l’avant = 1 point. cher les premières relances.
Jeu libre. A la perte du ballon,
toujours se replacer sur deux Variante : limiter le nombre
zones maximum pour défen- de touches de balle dans le
dre. Lire la situation de jeu terrain. A la récupération, 5
pour choisir entre pressing et secondes pour trouver le
zone-press. Règle du hors-jeu joueur cible.
appliqué à mi-terrain.

EXERCICE 5 EXERCICE 6
Objectif : Enclencher un Objectif : Améliorer et automatiser le replacement défensif; reformer le bloc
pressing à la perte de la ou presser.
balle. Récupération en But pour les bleus : marquer sur passe dans une des trois portes = 1 point.
zone excentrée = 1 point ; Pour les rouges : but dans la grande cage = 1 point.
but marqué = 1 point ; 7 attaquants contre 5 défenseurs + 1 gardien. Le ballon repart de la source à la fin
enchainement des 2 de chaque action. Mettre des contraintes aux rouges pour favoriser la perte de
actions = 3 points. balle sans dénaturer le jeu (exem-
Consignes : terrain déli- ple : 2 touches de balle dans la
mité en 9 zones; se situer moitié basse). Dès la perte de
sur 4 zones maximum en balle, les rouges doivent s’organi-
phase défensive; limiter ser pour récupérer le ballon le
le temps de réaction à la plus efficacement possible soit
perte. par un pressing (récupération
haute dans la moitié de terrain
adverse), soit en se replaçant
dans leur moitié avant de pou-
voir défendre.

38
ILS
ONT
Christian Gourcuff : "Les transitions sont les principaux témoins
de la cohérence dans la stratégie collective"
DIT

EXERCICE 7 EXERCICE 8
Objectif : automatiser le replacement défensif à l’issue de l’action offensive. Objectif : reformer le bloc équipe, agir défensivement, réagir collectivement.
2 équipes de 3 joueurs s’affrontent tandis qu’une autre équipe de 3 joueurs 2 équipes s’affrontent. Le coach est à la source de ballons. Alors qu’une équipe
réalisent des passes à l’extérieur du terrain. A la fin de l’action ou au comman- attaque, le coach injecte un ballon à l’équipe qui défend. Le premier ballon ne
dement de l’entraineur, une compte plus et seul le deuxième ballon injecté est désormais pris en compte.
équipe sort et la 3ème Comportement attendu : Replacement immédiat du bloc équipe en fonction
équipe rentre en passant par de la situation de jeu.
le centre du terrain. Hors jeu Le coach doit varier les
valable à partir de la moitié conditions de la mise
du terrain. en jeu du deuxième
Comportement attendu : ballon. Selon le joueur
attaquer tout en gardant et le positionnement
une sécurité et anticiper la de celui-ci sur le terrain,
perte du ballon; se reposi- il privilégiera donc les
tionner immédiatement en replacements en zone-
fonction de la situation; atta- press ou le déclenche-
quer le porteur ou faire un ment du pressing.
recul frein pour autoriser le
retour des partenaires, etc…

"Gagner du temps
sur l’adversaire"
■ Par Jérémy DOS SANTOS,
responsable technique de l'Iris Club
La séance du mois. Jérémy Dos Santos a réalisé dans ce numéro la "Séance du
de Croix (CFA 2) et adjoint du Royal mois". Il explique son approche. Une réflexion argumentée qu’il nous paraissait
Mouscron (Belgique). intéressant de porter à la connaissance des lecteurs dans le cadre de ce dossier.

L
e match de Football représente un rapport d'opposition faisant que c'est bien souvent le temps de réponse entre l'action, la coupure et
appel à la notion de continuité entre phases offensives et phases la réaction défensive, qui est décisif ! L’enjeu consiste donc à être
défensives. Une continuité du jeu qui implique un changement l'équipe qui "gagne du temps sur l'adversaire".
de statut permanent : attaquant/défenseur et inversement.
Or, d'un point de vue tactique, les deux éléments fondamentaux de Les objectifs
l'évolution du jeu moderne sont : le moment de perte et le moment de Presser à la perte et chercher à vite se projeter à la récupération, être
gain du ballon. Alors que la transition de défenseur à attaquant se capable de vite se réorganiser, de se rééquilibrer, chercher à surpren-
fait naturellement, quasiment instinctivement, la transition attaque- dre... "Faire vite, Voir vite".
défense est souvent plus longue et aléatoire à se mettre en place. Or,
c’est pourtant à la perte du ballon que l’équipe qui était en posses- Comment ?
sion est la plus vulnérable ! Le moment où il lui faudrait être la mieux Ici, dans notre démarche (voir "Séance du mois", NDLR), il s'agit de
organisée possible… travailler sous formes jouées en donnant des objectifs à la récupération
du ballon afin d'inciter l'autre équipe à presser à la perte.
Pourquoi travailler la transition ?
Tout simplement pour améliorer les changements de statut : l’équipe Au final, on peut affirmer que les phases offensives et défensives ne
a le ballon/l’équipe n’a pas le ballon. Le passage de l'un à l'autre doit se sont plus séparées, mais appartiennent au même ensemble. Il n'est
faire sans perte de temps. Ces deux phases doivent même se superpo- donc plus question ici de sortir le jeu de son contexte, de sa globalité,
ser grâce à l'anticipation. Toute la parade se situe donc au niveau du mais au contraire de mettre l'accent sur le "continuum" de phases
temps de réponse. Si l’on s'en tient à la transition offensive-défen- offensives et défensives qu'engendre le match de football. Un vaste et
sive, l’étude des matchs des plus grandes équipes mondiales démontre passionnant chantier ! ■

39
Vestiaires, la revue des techniciens
Jean-Marc FURLAN Ottmar hitzfeld

Frédéric HANTZ

Jean FERNANDEZ Didier DESCHAMPS Claude PUEL

Eric GERETS Christian GOURCUFF Laurent BLANC

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LE CAHIER
DU COACH

• • •
ENTRAINEMENT
PRÉPARATION
PHYSIQUE
p. 44 MANAGEMENT

GARDIEN
p. 48
p. 42 p. 46

• • •
STRATÉGIE
SANTÉ
p. 52
JURIDIQUE
p. 54
p. 50

41
ENTRAINEMENT

10 conseils pour
optimiser votre séance
A lire et relire. Voilà quelques conseils et astuces, faciles à mettre en
■ Par Jean-Marc BERTHAUD, place, permettant d'améliorer considérablement l'organisation et la
Conseiller Technique Départemental
fluidité de la séance. Des conseils pleins de bon sens, et pourtant : les
de l'Ain (01) de 1978 à 2010.
suivez-vous tous ?

å Terminez l’installation des ateliers 10


minutes avant le début de la
séance.Cela permet à l'éducateur d'entrer
séance à l’heure, en tenant compte de l’arrivée
tardive (connue ou imprévue) de certains
joueurs. Se ménager, au niveau intermédiaire,
sereinement dans sa séance, sans se précipi- 1 (ou 2) groupe(s) incomplet(s) dans lequel
ter, en prenant le temps de mettre en place des seront incorporés les retardataires, et faire
ateliers clairement matérialisés et disposés sur démarrer ce même groupe sur l’atelier le
le terrain de façon aérée. N'oubliez pas de pré- moins pénalisant (jonglage, circuit…).
voir, à portée de main, le matériel nécessaire Anticipez avant même le début de la séance
aux évolutions prévues de l'atelier, voire les cas particuliers "gênants" : nombre impair
quelques coupelles ou plots supplémentaires en sur un exercice, arrêt d’un joueur sur bles-
cas de nécessité, imprévue, d'adapter un exer- sure… (joker, jeu de délestage, etc…).
cice. Ne pas terminer l'installation des ateliers
pendant l'arrivée des joueurs sur le terrain vous
permettra qui plus est d'être tourné vers l'ac-
cueil et l'animation de la séance, dès la pre-
ì Veillez à combattre les pertes de
temps "abusives" pour maintenir
la dynamique de la séance. Imposez que
mière minute ! les joueurs se regroupent systématiquement
en "petite foulée" lorsque l’éducateur les

ç "Pensez" correctement l'approvi-


sionnement en ballons des jeux
et/ou circuits se terminant par une frappe : ê
appelle pour redonner une consigne ou appor-
Distribuez les dossards en début de ter une correction collective. Interdisez-leur de
séance en équilibrant les groupes. quitter le terrain de façon inopinée pour aller
réserves de ballons dans les buts; démarrage du Cela permettra, sur chaque atelier, des duels boire au robinet du vestiaire ! C'est à vous
circuit proche de l’arrivée des ballons afin d'évi- et des compétitions équilibrés ainsi qu'un d'organiser des "pauses boisson" durant les-
ter les renvois gênants et autres passages de gain de temps énorme pour la mise en place. quelles les joueurs vont s'hydrater collecti-
joueurs "à vide" en plein circuit. La mise en route sera d'autant plus rapide : vement (une à mi-séance me paraît suffisant).
"tout le monde dans la surface ! Les jaunes,

é Anticipez tout forfait de dernière jonglage alterné ! Les Rouges conduite


minute d’un éducateur. Comment ? libre !"…
En réfléchissant en amont de la séance au rem-
î Oeuvrez à maintenir la concentra-
tion des joueurs pendant les temps
"faibles". Posez systématiquement les bal-
placement d'un des ateliers prévus par une
situation où les joueurs seront en quasi autono- ë Ne laissez pas le groupe inactif trop lons lorsqu’on réunit le groupe. Sinon, plutôt
longtemps en début de séance que de vous écouter, les joueurs (en parti-
mie : jeu de jonglage, jeu sur cibles, circuit (appel des présents, retour sur les matches culier les plus petits) seront tentés de "tri-
conduite + tir au but, jeu libre…). du week-end, présentation trop longue de la poter" la boule de cuir… Lorsque vous vous
séance…). De même, sur chaque atelier, veil- adressez au groupe, veillez à le placer "dos"

è Palliez efficacement à un sous-effec- lez à rendre rapidement les joueurs actifs en à tout ce qui pourrait détourner son atten-
tif important par rapport à la fré- ne leur donnant que les consignes essen- tion "sur" ou à l’extérieur du terrain.
quentation habituelle. Le moment venu, tielles; ils seront ensuite plus réceptifs
réajustez rapidement la composition des lorsqu’ils se seront un minimum "défou-
groupes pour que l’atelier qui pose problème lés"…
puisse se dérouler avec le minimum de joueurs
ï Systématisez et faites respecter un
protocole de fin de séance commun
à toutes les catégories : ramassage et ran-
nécessaires. Ceci en veillant à ne pas léser des
joueurs qui ne passeraient pas sur l’un des ate-
liers…
í Evitez au maximum d’avoir à modi- gement ordonné du matériel, récupération
fier les groupes en cours de séance. des affaires personnelles, informations et dis-
Pour ce faire, commencez par démarrer la tribution des convocations…■

En résumé, il s’agit souvent d’anticiper des "imprévus prévisibles" ! Une démarche que les années de pratique aiguisent…

42
PRÉPARATION PHYSIQUE

Préparation intégrée : quels


Avancée. Travailler le physique avec ballon apparaît comme une
■ Par Alexandre MARLES
nécessité en amateur. Mais comment évaluer l'intensité d'un exercice,
membre de la cellule de recherche de
comment quantifier la charge ? Une problématique qui conditionne la
la FFF, préparateur physique des qualité et donc l'efficacité de cette préparation physique intégrée.
équipes de France, directeur de la
société Marles Sport Invest.

a préparation intégrée connait un sence des accéléromètres ou systèmes

L succès grandissant. Pour rappel, il


s'agit d'une méthode visant à appré-
hender conjointement les principaux
GPS dont sont pourvus les plus grands
clubs professionnels, l’évaluation de
cette intensité demeure très subjective,
domaines de l’entraînement, donc à tra- voire impossible. L’objectif aujourd'hui
vailler globalement et simultanément au de la FFF est de proposer des contenus et
cours d’une même séance, d'un même des outils d’évaluation permettant de
exercice, les aspects technico-tactiques remédier à cette difficulté. L’alternative
et athlétiques (avec ballon). Seulement choisie n’est donc plus de recueillir les
voilà, il faut bien avouer qu'en pratique, d o n n é e s a t h l é t i q u e s i n d i v i d u e l l e s,
cette méthode soulève quelques zones développement d’une qualité athlétique comme le contrôle de la fréquence car-
d'ombre et d'approximation. Et pour précise en jouant sur les différents para- diaque par exemple, mais bien plutôt de
cause, la quantification des efforts s'avère mètres de l’exercice : dimension du ter- proposer aux entraîneurs une liste
impossible sans les outils de haute tech- rain, nombre de joueurs, durée de l’exer- d’exercices dont les efforts et les effets
nologie appropriés (voir par ailleurs). cice, nombre de répétitions par blocs, ont déjà été quantifiés en amont. A titre
Inutile de dire qu'en amateur, les clubs durée et nature de la récupération. d’exemple, on sait qu’en fonction de la
ne disposent pas de tels outils. Pourtant, dimension du terrain, un 4 contre 4 va
c'est bien le football de base qui en aurait solliciter la Puissance Maximale
le plus besoin ! Car avec seulement deux La FFF veut proposer aux éduca- Aérobie. Nous avons calculé par ailleurs
ou trois séances hebdomadaires, et des teurs une batterie d’exercices que cette intensité augmente si l’on
joueurs d'abord en quête de "plaisir", les
dont les effets ont déjà été diminue le nombre de touches de balle
quantifiés en amont
entraîneurs amateurs n'ont d'autre choix par joueur, et croître encore si le joueur
que de privilégier le travail intégré. Alors ayant effectué la passe a obligation de
comment faire ? La première étape La principale difficulté réside, on l'a dit, solliciter à nouveau le ballon, etc….
consiste à avoir une idée très précise de ce dans l'évaluation de la charge de tra- S u i va n t c e p r i n c i p e, l a C e l l u l e d e
que l'on cherche à obtenir par le biais de vail. Ici, l’expertise de l’entraîneur est Recherche dispose à ce jour d’une cin-
la séance : la finition, le déséquilibre, l’op- primordiale pour jauger si l’intensité est quantaine d’exercices paramétrés pour
position à la progression, etc… ? Une fois en phase avec l’objectif athlétique lesquels on connait les effets aux
ce thème technique et/ou tactique défini, recherché (les joueurs sont-ils dans la niveaux cardiaques, musculaires et neu-
il sera relativement facile d’y greffer le bonne filière énergétique ?). Car en l’ab- romusculaires. ■

L’ÉCHELLE DE BORG : ÉTONNEMENT FIABLE


L’évaluation des efforts constitue le point le plus sensible et le plus problématique de l’entrainement intégré. Cependant, en l’ab-
sence de cardiofréquencemètre, accéléromètre, système GPS ou encore de mesures de lactatémie, les entraîneurs disposent d’un
outil étonnement simple, fiable et qui plus est…. gratuit ! Il s'agit de l'échelle de Borg. Personnellement, je ne peux que conseil-
ler à tous les éducateurs de l'utiliser comme outil d’évaluation. Le protocole consiste simplement à demander aux joueurs
quelle a été leur perception de l’effort sur une échelle de 1 à 10. Accessible, rapide, cette méthode est en fait étonnamment fia-
ble. En effet, en comparant les indices fournis par les joueurs s’appuyant sur cette échelle de Borg avec les données objectives des
systèmes GPS et des accéléromètres, on s’est aperçu que la plupart des résultats étaient au moins aussi crédibles que ceux donnés
par les mesures de lactatémie effectuées sur le terrain ou bien encore ceux de certains cardiofréquencemètres ! Une aubaine pour
les entraîneurs amateurs !

44
outils pour quelle évaluation ?
FRÉQUENCE CARDIAQUE (FC) ET ADAPTATIONS À L’EFFORT
On a souvent fait dire tout et un peu n’importe quoi à la fréquence cardiaque. Dans les faits, il ne s’agit pas d’une mesure si objective
que cela et, à ce titre, elle n’est pas si fiable que ce qu’on a bien voulu parfois le laisser croire. Toutefois, l’analyse moyenne des
courbes de la FC laisse apparaître une similitude quant aux effets obtenus sur 3 types d’efforts pourtant bien distincts :
– 3 blocs d’un effort continu de 7 minutes à un pourcentage de 90 % de VMA (3 minutes de récupération passive).
– 3 blocs d’un exercice en courses intermittentes de 15/15 à 110 % de la VMA (3 minutes de récupération passive).
– 3 séquences en 4 contre 4 sur un terrain de 30x30m sur des périodes de 4 minutes (stop ball, cadrage sur le porteur, intensité exigée,
2 minutes de récupération passive).
A noter que l’effort continu va engendrer une adaptation de type centrale (c'est-à-dire principalement cardiovasculaire). Les
courses intermittentes aboutiront à des adaptations périphériques et cardiaques, tandis que les matchs en 4 contre 4 entraineront
prioritairement des adaptations musculaires et neuromusculaires. Il s’agit bien sûr d’un raccourci très sommaire, mais qui démontre
que des efforts dissemblables peuvent impacter très semblablement la FC.

GPS ET ACCÉLÉROMÈTRES… RÉSERVÉS AUX PROS


Les systèmes de positionnement pour les joueurs existent depuis etc... Toutefois, le plus intéressant demeure sans conteste l’accé-
quelques temps déjà. En la matière, il faut bien reconnaître que les léromètre intégré. En prenant en compte tous les mouvements
clubs hexagonaux ont pris un certain retard. A titre de comparai- d’accélération, de décélération, de freinage, de changements de
son, les joueurs de Manchester United, du Bayern de Munich, de direction etc…, le système est à même d’établir la carte des diffé-
l’Inter de Milan, du FC Barcelone et du Real de Madrid portent ce rentes sollicitations qui sont les plus coûteuses au plan énergé-
type d’équipement quasiment à chaque séance. En France, il n’y a tique. Cependant, en raison de son prix d’abord, et du fait que le
guère que le PSG qui utilise et analyse systématiquement les don- traitement nécessite un spécialiste quasiment à temps plein, ce
nées de l’entraînement depuis 2012. On parle souvent du GPS cal- type de matériel n’est pas près d’être accessible aux clubs ama-
culant le volume de courses, le nombre de kilomètres parcourus, teurs. D’où la nécessité de leur proposer d’autres alternatives.

EXEMPLE D’EXERCICE DE PRÉPARATION INTÉGRÉE (VITESSE)


Extrait des carnets de la DTN. VESTIAIRES vous présente ici un exercice ciblant le développement ou
l’entretien des qualités de vitesse.
Principe de jeu (offensif) : Jouer combiné pour créer un surnom- Consignes : 5 contre 5 (jeu libre) en cherchant à mar-
bre; se démarquer pour fixer et éliminer; rechercher un joueur quer dans les 2 portes. Au signal de l'entraîneur,
lancé dans le dos de la défense (sur la transition). l'équipe en possession à 6 secondes pour aller marquer dans le
grand but, sans opposition, puis vient en récupération (à la place ici
des rouges qui sont en attente). Au moins 3 joueurs doivent avoir
Principe de jeu (défensif) : densifier et être actif dans le couloir de touché le ballon pour valider le but (2 touches maximum) et tous
jeu direct; bien se placer (ballon-but); anticiper la profondeur doivent avoir franchi la ligne (délimitée par les coupelles rouges).
quand le porteur n'est pas cadré (dans la transition).

Variantes :
Nature de la charge : - Autoriser 1,2,3…
bloc de 10 à 12 minutes défenseurs ou plus à
comprenant des séries défendre sur l'équipe
de 45 secondes à 1 en contre-attaque.
minute.
- Réduction de la
distance de course
Aménagement : 3 par rapport au
équipes de 5 à 6 grand but.
joueurs + 1 gar-
dien.

45
MANAGEMENT

Quelle causerie avec


les tout petits ?
Passer le bon message. Quand on parle de causerie, on pense
■ Par Yves Debonnaire , inévitablement foot à 11. Or, la "causerie", celle qui consiste à
Sélectionneur des U16 Suisses,
s'adresser aux joueurs avant le match, s'effectue aussi avec des
responsable de la formation
des entraîneurs.
enfants des U7, U8... Mais pour dire quoi, et comment ? VESTIAIRES
a choisi de donner la parole à Yves Debonnaire, toujours très juste
et inspiré lorsqu'il s'agit d'évoquer le football des enfants.
out d’abord, le terme de "cause- par un discours imagé. Faire réfé-

T rie" ne me semble pas approprié


pour des enfants de 6-8 ans. Ce
moment, si important chez les
rence, par exemple, aux situations
d’entraînement connues des enfants,
comme le "loup dans la bergerie", la
adultes, ne doit pas être formel en "rivière aux crocodiles", ou encore
école de foot. De mon point de vue, "l'épervier". Tout cela sera porteur
on ne peut d'ailleurs pas parler d’en- de sens, et permettra de refixer des
traîneur chez les 6-8 ans mais d’ani- choses sur ce que l’enfant connaît.
mateur. Et un animateur anime ! C’est Enfin, il convient d'apporter une vraie
différent. Alors que dire avant le attention au langage du corps. Rien
match ? Et Comment ? Déjà, compte ne sert de se lancer dans de grandes
tenu de la faible capacité d'attention envolées avec de grands gestes !
et de concentration des très jeunes joueurs, la pliste dans l'esprit du jeune pratiquant : "je L’objectif est de donner confiance par une
"causerie" doit être courte, quelques minutes veux le ballon, mes copains aussi, et l’adver- attitude positive, enthousiaste, mesurée et
tout au plus. L’animateur doit profiter de ce saire également" ! bienveillante.
laps de temps pour afficher de l’enthousiasme, En résumé, plutôt qu’une causerie conven-
donner un espace de jeu aux joueurs, et leur Donner confiance par une atti- tionnelle de 20 minutes avant un match, l’ani-
permettre d’aller sur le terrain sans peur de tude enthousiaste et bienveil- mateur doit aller vers un temps moins forma-
mal faire, avec cette liberté qui caractérise lante. lisé, avec l'unique objectif de voir les enfants
les enfants de cet âge. N’oublions pas que la s'amuser et progresser. Et quoi de mieux pour
problématique du match est relativement sim- Les enfants de 6-8 ans sont très centrés sur cela que de les laisser s’exprimer ?! Il convient
eux-mêmes. Dans tous les cas, il apparaît d'éviter à tout prix de freiner leur enthou-
10 CLÉS POUR UNE "CAUSERIE" insensé et totalement contre-productif d’en- siasme, leur passion, sous prétexte de vou-
tendre des causeries tourner autour de termes loir les faire "jouer collectif". Le jeu amènera
RÉUSSIE :
tels que le démarquage, l’importance de la à partager, ce n’est pas la peine de s’évertuer
• Limiter le temps (3-4 minutes maxi- dernière passe ou encore le jeu dans les inter- à l’expliquer. ■
mum) valles ! L’animateur peut aborder en revanche
• Avoir un langage approprié des notions éducatives comme le respect ou la METTRE RAPIDEMENT LES ENFANTS
• Exclure les termes technico-tactiques nécessité de savoir tolérer l’erreur de l’autre. SUR LE TERRAIN
• Faire référence aux jeux effectués la Il peut aussi "parler football", bien sûr, mais
semaine On ne peut pas demander à des enfants
• Imager ses propos CARACTÉRISTIQUES de 6-8 ans d’arriver trop en avance le
• Donner des consignes ouvertes (pour PSYCHOLOGIQUES PRINCIPALES jour du match, pour la simple raison
laisser de la liberté d’actions) D’UN ENFANT DE 6-8 ANS qu’ils arrivent la plupart du temps tout
• Respecter un langage du corps en habillé ! Trente minutes suffisent alors
adéquation avec des propos mesurés • Egocentrisme largement ! On fait un tout petit rappel
• Relever essentiellement des éléments • Faible capacité d’attention de quelques minutes, puis on met les
positifs • Dynamisme – spontannéité joueurs directement sur le terrain, on
• Rassurer, encourager • Besoin d’avoir un cadre structuré les fait jouer pour s’échauffer, et on
• Valoriser, stimuler • Besoin d’être reconnu entre dans le "match".

46
GARDIEN

Nos conseils pour gérer


Il vous a fait perdre le match. Que dire, quel comportement
■ Par Franck LEFEVRE
adopter, bref, comment "gérer" la bévue du gardien en foot à 11 ?
DEF/BE2 – Diplômé en préparation Vis-à-vis de lui, mais aussi du groupe, surtout si cette bourde a eu des
mentale et psychologie du sport. conséquences directes sur le résultat...
Enseignant à la faculté des Sciences
du Sport de Lille 2.

ous avons tous été confrontés mentale, on évoque la capacité à

N à la solitude et au spleen du
gardien de but suite à une
grossière erreur commise durant la
"switcher". Elle se travaille par
exemple grâce à des images posi-
tives, en lui démontrant par la
partie et ayant infléchi négativement preuve (via la vidéo ou sur l'ins-
le résultat du match. Le premier tant, à l'entraînement) qu'il n'a
aspect à prendre en considération, rien perdu de ses qualités. Rien
me semble t-il, se situe dans la ges- ne sert ici de pratiquer la politique
tion de l’environnement : protégez de l'autruche, ni de positiver à
votre joueur des dirigeants, des outrance en lui faisant croire qu'il
parents, éventuellement de ses pro- est le meilleur ! Vous perdrez en
pres partenaires, voire des médias crédibilité. Face à ce type de gar-
selon la catégorie et le niveau de pra- dien, je préconise plutôt la "tech-
tique. Certes, il vous a fait perdre des nique du sandwich" : il s’agit de
points sur cette rencontre, mais d’au- donner des éléments positifs sur
tres avaient été gagnés auparavant, et ce quer de rajouter des problèmes là où votre ce qu’il réalise habituellement, puis d'abor-
grâce à lui ! Et puis des attaquants man- gardien n'en voit pas... der le négatif en n'occultant pas son erreur,
quent aussi des buts tout faits… Rappeler avant de terminer sur du positif (ce qu’il va
ces deux constantes après le match aide à être amené à réaliser). C’est le fameux canal
relativiser d'emblée la situation. Adaptez votre approche à son +/-/+. On évoque le négatif en l’englobant
La deuxième étape consiste à adapter votre profil psychologique : a-t-il une dans du positif.
comportement au profil du gardien de but haute ou basse estime de lui ?
concerné. En présence d'un joueur ayant
une assez haute estime de lui, on peut consi- L'approche est bien sûr différente avec un
La technique du sandwich :
englober le négatif dans du posi-
dérer qu'il sera capable de passer rapide- joueur ayant une estime de soi plus fragile,
tif. Le fameux canal +/-/+
ment à autre chose. Chez les pros, un garçon qui intellectualise et intériorise les faits. Un
comme Fabien Barthez en était le parfait profil psychologique nécessitant que vous
exemple. Pas besoin dans ce cas de s'ape- l'accompagniez dans cette notion de re- Pour ce qui concerne l’entraînement la
santir sur sa bévue. Inutile en effet de ris- bascule dans le bon sens. En préparation semaine qui suit la bourde du week-end,

LES BIENFAITS DU CLIP MOTIVATIONNEL


Le principe de cette technique est de reconditionner son gardien en lui diffusant des images positives et valorisantes. Il s’agit d’un
clip de quelques minutes dans lequel sont compilées à la fois des chansons qu'il apprécie, mais aussi de courtes séquences mon-
trant ses actions réussies. Rappelons que Jean Pierre Papin visionnait régulièrement des vidéos sur lesquelles il marquait, de façon
à optimiser sa confiance et sa motivation. La technique est valable également avec des coupures de presse élogieuses ou des pho-
tos sur lesquelles votre gardien est mis en évidence de manière positive.Le principe de cette technique managériale est de
reconditionner son gardien. Il s’agit d’un clip de plusieurs minutes dans lequel sont compilées à la fois des chansons qu'il appré-
cie, mais aussi de courtes séquences montrant ses sorties/parades réussies. Rappelons que Jean Pierre Papin visionnait réguliè-
rement des vidéos sur lesquelles il marquait, de façon à optimser sa confiance et sa motivation. La technique est valable égale-
ment avec des coupures de presse élogieuses ou des photos sur lesquelles votre gardien est mis en évidence de manière positive.

48
la bourde du gardien
travaillez sur la notion de confiance en pro- encontre. En complément, on peut - au haut blème structurel, récurrent, qui nécessitera
posant à votre gardien des situations qu'il niveau ou si vous avez le matériel néces- de s'y pencher sérieusement à l'entraîne-
affectionne, sur lesquelles il sera en réus- saire - travailler sur des clips motivation- ment. Dans tous les cas, notez qu'un signe
site, et qui vont donc regonfler son ego. nels (voir encadré). Enfin, au-delà de toutes fort de confiance vis-à-vis de votre gardien
Mieux vaut se montrer intransigeant avec lui ces considérations, n'oubliez pas de déter- est de le titulariser le match suivant, sous
lorsque tout va bien... Là, en l'occurence, la miner objectivement si l’erreur commise peine qu'il se sente doublement sanctionné.
situation dicte plutôt d'accentuer toute par votre gardien est conjoncturelle, c'est-à- Il vous sera alors encore plus difficile de le
forme de bienveillance et de réconfort à son dire ponctuelle, ou si elle reflète un pro- "récupérer". ■

"Cela fait partie aussi de son aprentissage"


Christophe LOLLICHON. Dans le cadre d'un entretien, l'entraîneur des gardiens de but de Chelsea avait
répondu à deux questions sur ce même thème (voir VESTIAIRES n°39). Les voici retranscrites, ainsi que les réponses,
lesquelles vont tout à fait dans le sens de l'article de Franck Lefevre.
En cas de bourde, quelle est la naires, en cas de moquerie ou de
meilleure attitude à adopter vis-à- critiques ? D'une façon générale, le
vis de son gardien ? Lui dire que "ce gardien doit sentir le soutien de son
n'est rien" n'a aucun sens si l'erreur qu'il entraîneur. Dans un exercice devant le
a commise a coûté un but. Il faut au but, par exemple, l'éducateur a trop ten-
contraire se montrer réaliste, sans dra- dance à commenter la frappe de l'atta-
matiser, tout en adaptant son discours quant et pas l'arrêt du gardien. Il faut
selon qui vous avez en face de vous. Car en prendre conscience. Mais pour en
les mêmes mots peuvent être interpré- revenir plus précisément à la question,
tés différemment d'une personne à l'au- je pense que dans un premier temps, il
tre. Cela réclame, naturellement, de bien connaître le profil faut laisser faire pour évaluer la capacité de réaction du gar-
psychologique de son gardien. dien. Cela fait partie aussi de son apprentissage. Tous ne réagis-
sent pas de la même manière face aux railleries. Certains se
Comment protéger le jeune gardien de ses parte- recroquevillent, d'autres s'en servent pour provoquer.

"Ne pas lui parler de son erreur de suite après le match"


Philippe JOLY. Dans un article daté de mars 2010, le CTR à la Ligue de Bourgogne et entraîneur des gardiennes de
l'équipe de France féminine avait abordé cette problématique de la gestion de l'erreur du gardien. Morceaux choisis.

"Pendant la partie, lorsque le gardien commet une erreur c'est lors de la séance qui suit. Avec l'objectif de dédramati-
causant un but décisif, sachez que les mots ont peu de ser et d’embarquer vers une nouvelle escale. Le gardien
poids. Depuis le bord du terrain, vous ne pouvez pas doit comprendre pourquoi il a commis cette erreur,
grand chose, si ce n'est l'encourager pour l'aider à rele- quitte à recontextualiser l’action de jeu incriminée, pen-
ver la tête et "rester dans le match". Lui crier dessus aura dant un moment faible de la séance, sous forme de sim-
un effet encore plus négatif (...) Une fois le match ter- ple discussion et déplacement devant le but. Attention
miné, dans le vestiaire, montrez que vous êtes avec lui par un toutefois à ne pas focaliser la séance sur cette maladresse !
regard ou une petite tape sur l'épaule, mais ne lui parlez pas de Ce serait lui accorder trop d’importance et rouvrir une plaie qui
sa bévue. Les mots, à chaud, ne sont pas d’un brillant secours. Ils ne demande qu'à se refermer. Pareil durant la semaine où il
s'avèrent même dangereux, car ils peuvent être mal interprétés par convient de ne pas revenir de façon obsessionnelle sur une situa-
un joueur encore "sous le choc". Le simple fait de lui dire "ce n’est tion en lien avec la fameuse bourde. En résumé, la dédramatisation
pas grave", c’est lui rappeler que l’équipe a perdu à cause de lui ! du match passé doit laisser place rapidement au moment présent,
(...) Le moment le plus opportun pour revenir sur ce qui s'est passé, avec un seul but : préparer le match futur (...)".

49
STRATÉGIE

Les touches longues


Un champ de possibilitées à explorer. L'ancien Directeur du centre
■ Par Georges Prost ,
responsable recrutement du centre
de formation de Southampton évoque ici une thématique très en
de formation de l’Olympique de vogue de l'autre côté de la Manche, mais sous-exploitée chez nous :
Marseille. l'utilisation des touches longues.
es images des buts inscrits consécutive-

L ment à des touches longues de l'Irlandais


Rory Delapp (joueur de Barnsley, NDLR)
ont fait le tour du monde. Que ce soit à Stoke
EXEMPLE DE COMBINAISON
Librement inspiré des propos de Georges Prost, VESTIAIRES vous propose
City ou Southampton, ses anciens clubs, elles un exemple de combinaison sur touche longue.
ont largement participé à faire comprendre
que les touches représentaient des possibili- Sur la touche offensive, 2 joueurs (C et D) encadrent le lanceur (L). Cette paire de joueur va
tés offensives à part entière, et en particulier proposer un appel croisé pour détourner l’attention et offrir une alternative pour le lanceur.
les "longues", qui pouvaient s'avérer déci- Ici, D libère l’espace dans lequel va s’engouffrer C. Possibilité donc de transmettre à C le long
sives. A ce sujet, on observe de plus en plus de la ligne de touche. Simultanément, B qui occupait l’angle des 6m50 "s’enroule" grâce à
de joueurs capables de lancer les ballons à une "course courbe". A qui était situé sur la ligne de but (pas de hors jeu sur une touche)
35-40 mètres ! Ce n'est plus une exception. En sprinte vers l’espace libéré par B. La touche lui est transmise. Il dévie de la tête en prolon-
Ligue 1, on peut citer Lucas Digne, à Lille, ou geant la trajectoire du lancer de touche pour B qui est face au but.
encore l'ancien Marseillais Cesar Azpilicueta
(aujourd'hui à Chelsea, NDLR). Posséder dans
son équipe un bon lanceur est ainsi la pre-
mière condition à remplir. De plus, si l'on pos-
sède dans l'effectif un attaquant de grande
taille, alors chaque touche à distance pourra
se transformer en corner ouvert ! Deux possi-
bilités s’offrent alors à l’équipe qui détient
une telle association. Première option : le lan-
ceur est capable de projeter le ballon avec
suffisamment de vitesse dans les
6 mètres, ballon qui pourra être joué directe-
ment de la tête en direction de la cage. Simple et efficace, cette option nécessite tout de est d’alterner les touches longues et celles
même de posséder un lanceur affichant des jouées rapidement pour se retrouver en posi-
MADE IN ENGLAND qualités de tonicité musculaire assez excep- tion de centre. Le bloc adverse ne saurait alors
tionnelle... jamais s’il doit densifier sa surface de répara-
Les Anglais ont toujours eu des spécia- tion ou amener des joueurs à proximité de la
listes des touches longues. Cela fait partie Faire planer une menace sur les ligne de touche ! Cela suffirait à faire planer
de leur culture. Actuellement, Rory défenses adverses. Exactement une menace sur les défenses adverses.
Delapp demeure le plus reconnu d’entre comme pour un corner ou Exactement comme pour un corner ou un
tous, mais d’autres joueurs sont capables un coup franc… coup franc… Au final, derrière une apparente
de mettre les ballons dans la surface à par- "rusticité" de la touche longue, il y a en fait
tir de la ligne de touche. On connait le La deuxième option, plus accessible, consiste tout un champ de possibilités à explorer. Ces
goût des Anglais pour les luttes aériennes. à privilégier une déviation à hauteur du point touches longues sont encore très spécifiques
Ce que l'on sait moins, c'est qu’ils sont de pénalty ou à l’angle des 6m50. Je m’étonne aux anglais (voir par ailleurs), mais il y a fort
aussi friands de musculation, notamment d’ailleurs qu’on n’assiste pas, au haut niveau, à parier que les choses vont changer. Je pense
du haut du corps. Ces facteurs conjugués, à davantage de combinaisons de ce type (voir qu’avec la meilleure flottabilité des ballons,
on comprend mieux pourquoi les touches un exemple sur le schéma). Toutefois, je crois et un travail de gainage adéquat des joueurs
longues font partie des caractéristiques que la solution la plus efficace lorsque concernés, ces touches seront appelées à se
si spécifiques du championnat anglais. l’équipe bénéficie d’une touche à distance, multiplier. ■

50
M O I S
LE
C H A I N
PRO
DANS
I A I R E S
VEST

combinaisons
15 sur coup franc
indirect

Vu au haut niveau
51
SANTÉ

Comment devez-vous
agir en cas de fracture ?
■ Par Jacques LACROIX Le maître mot est la prudence. Dans le cadre d'un entraînement ou d'un
Médecin du sport match, il peut arriver qu'un de vos joueurs se fracture le nez, la clavicule, le tibia...
En pareilles circonstances, l'éducateur doit être en mesure de prodiguer les
premiers soins. Et éviter de commettre des erreurs...

es joueurs de football peu- attèle, et lui faire passer une

L vent être victimes de deux


types de fractures : les frac-
tures dites "directes" et les
radio. Toute manipulation ou
soin sur le terrain sont à pros-
crire au risque d’entraîner des
fractures "indirectes". Les pre- conséquences plus impor-
mières sont dues à un choc tantes. Dans tous les cas, dès
(contre le sol lors d’une chute, lors que l'on a une suspicion
contre un coude ou un pied de fracture - et à partir du
adverse, ou bien un coup de moment où il n’y a pas de frac-
tête...). Les deuxièmes sont les ture ouverte, de lésion grave
fractures de fatigue (voir enca- visible - il est préférable de
dré). Toujours est-il qu’une telle sortir le joueur blessé avec pré-
blessure ne présente pas un caution en lui évitant de pren-
caractère de gravité immédiate dre appui sur la partie trauma-
à partir du moment où il n’y a tisée. Le brancard reste cepen-
pas de plaie ouverte avec des dant le moyen le plus sûr.
lésions vasculaires. Mais pre- Une exception : la perte de
nons le cas des fractures connaissance avec trauma-
directes d’origine traumatique. tisme cervical. La mise immé-
Notons d'abord qu'en football, diate en position latérale de
il y a moins de fractures dans la sécurité sera dès lors la prio-
partie supérieure que dans la partie inférieure Si la douleur persiste, le joueur devra aller rité, à l’endroit même où se trouve le blessé en
du corps. Au niveau du visage, la fracture la passer des radios rapidement. attente des services d'urgence mettant en
plus classique est celle du nez, qui fait sou- place une sécurité vis-à-vis de la victime. ■
vent suite à un coup de coude ou de tête. Elle Toutes manipulations non justi-
est reconnaissable facilement car elle saigne fiées ou non nécessaires sont
abondamment. Or, un nez qui saigne suite à un à proscrire, sous peine d'entraî- LES FRACTURES DE FATIGUE
choc est "potentiellement" fracturé. Il appa- ner des conséquences plus
raît primordial de sortir immédiatement le importantes Ces fractures sont la conséquence d'une
joueur du terrain et de lui prodiguer des pre- trop grande sollicitation lors des entraî-
miers soins : compressions pour stopper l’hé- Toujours au niveau des membres supérieurs, il nements qui peuvent être trop intensifs
morragie (pas de coton, mais des compresses). arrive parfois que l’on doive faire face à une ou mal adaptés. Ils provoquent une fragi-
fracture ou à une luxation de la clavicule, lité osseuse qui aboutira à ce type de
EVITER LE CHOC THERMIQUE potentiellement dangereuse à cause de la pathologie. Ces fractures de fatigue se ren-
compression potentielle nerveuse. Il faut alors contrent plus chez le footballeur au niveau
Quel que soit le type de fracture, il faut sortir le joueur et faire appel à des profession- des os des membres inférieurs qui sont très
toujours protéger le joueur contre le froid nel de santé sans tarder. Pour ce qui concerne sollicités dans cette activité (le tibia, le
avec une couverture afin d’éviter un choc les membres inférieurs, les fractures des tibias peroné ou encore les os de la cheville).Le
thermique, car un joueur blessé se refroidit et peronés demeurent, malgré les protections danger est que le diagnostic initial peut
rapidement. En période de temps froid ou obligatoires, les plus fréquentes. Ici, la se porter sur une autre pathologie de sur-
de pluie, le joueur doit être placé rapide- conduite à tenir reste, comme pour les frac- charge, conséquence d'un travail physique
ment dans un lieu chauffé. Eviter de le lais- tures des membres supérieurs, de sortir le intense et entraînant un diagnostic retardé
ser sur le bord du terrain. joueur blessé sans attendre, lui mettre un et donc une reprise plus lointaine.

52
JURIDIQUE

Président et salarié :
c’est possible ?
■ Par Frank NICOLLEAU Cumul. Peut-on être président et en même temps salarié du club ?
Docteur en droit – Avocat au Barreau
de Paris - www.avocat-nicolleau.com.
Si oui, à quelles conditions ? Voici quelques éléments de réponse.

a réponse à la question initiale qui est de d’un agrément ministériel ou d’une reconnais- tion perde son caractère de gestion désinté-

L savoir s'il est envisageable d’être prési-


dent d’une association sportive et salarié
de cette même association, est oui. Il convient
sance d’utilité publique, d'interdire explicite-
ment un tel cumul. Enfin, le club doit être doté
d’un conseil d’administration, lequel aura statu-
ressée s’il est démontré que la rémunération
du président-salarié se présente comme une
d i s t r i b u t i o n d é g u i s é e d e b é n é f i c e s.
néanmoins de prendre certaines précautions tairement le rôle d’employeur au nom du club. L’association se verrait alors, dans ce cas,
afin de ne pas mettre en danger le caractère C’est donc sous l’autorité de ce conseil d’admi- traité fiscalement comme une société com-
désintéressé du club constitué sous la forme nistration que le président-salarié devra être merciale. Il en ira ainsi notamment en cas
associative de la loi de 1901, c'est-à-dire à placé. d’absence de lien de subordination.
but non lucratif. Ainsi, il est tout d’abord
nécessaire de tenir compte des conditions de Eviter tout risque de
validité du contrat de travail d’un président de confusion des genres
club. L’existence d’un contrat de travail entraînant la requalifica-
repose sur la réunion cumulative de trois tion fiscale
éléments : une prestation de travail,
une rémunération et, surtout, un lien
de subordination. Ce lien est carac- Notez qu'en plus de ce critère, le
térisé par l’exécution d’un travail club devra prendre soin de réunir
sous l’autorité d’un employeur qui cumulativement les conditions
a le pouvoir de donner des ordres suivantes :
et des directives, d’en contrôler
l’exécution, et de sanctionner les • faire la preuve de sa transpa-
éventuels manquements de son rence financière et de son fonc-
subordonné. On l’aura compris, tionnement démocratique,
la question essentielle ici est de
savoir s’il existe véritablement un • démontrer l'adéquation de la
lien de subordination entre un prési- rémunération au travail effectué,
dent salarié et le club. En d’autres
termes, le président est-il véritablement • plafonner la rémunération du prési-
placé sous l’autorité du club ou de lui- dent-salarié à trois fois le plafond de la
même ? Sécurité sociale,

• déclarer les cumuls de fonctions de diri-


Le conseil d’administration geant et de travailleur salarié au service des
comme "employeur" Bien évidemment, le conseil d’administration impôts (avec indication du montant des rému-
ne doit pas être composé de membres sala- nérations consenties et de l'identité du béné-
Pour permettre ce cumul, le président doit exer- riés du club ou, à tout le moins, ces salariés ficiaire).
cer une activité parfaitement détachée de sa devront être minoritaires. Rappelons que le
fonction élective. Il faut également que les sta- club, constitué sous forme associative, doit En résumé, il est recommandé de se montrer
tuts du club prévoient la possibilité de salarier le avoir une gestion désintéressée pour pouvoir très rigoureux dans les conditions de salariat
président dans ces conditions. Pour autant, bénéficier de certains avantages fiscaux. Le d’un président pour éviter tout risque de
sachez que l'administration peut demander au droit fiscal étant un droit s’attachant à la réa- confusion des genres entraînant la requalifi-
club souhaitant disposer ou continuer à disposer lité des faits, il est possible qu’une associa- cation fiscale. ■

54
TABLEAU NOIR

"Ne pas leur donner


Récit tactique. Ancien entraîneur et formateur au Stade Malherbe
de Caen, Pascal Théault œuvre aujourd'hui au sein de l'Académie
Mohammed VI, au Maroc. Il a en charge les U16-U17-U18. A travers le
■ Par Pascal THEAULT récit d'une rencontre disputée récemment face à Berkane, le
Formateur à l’Académie Mohammed VI.
technicien tient à souligner que l'enjeu, en jeunes, se situe surtout au
niveau de "l’apprentissage des différents systèmes afin d’être prêt à
affronter la rigueur tactique des équipes professionnelles".
schéma 2, NDLR). Sur le plan offensif, j’ai proposé à mes joueurs,
"Si l’entraîneur donne les solutions tactiques dès la récupération du ballon, de rechercher le plus vite possi-
avant le match, on n'est plus dans ble nos deux latéraux. En effet, chaque fois que le ballon leur
a formation" parvenait, nous étions en surnombre sur les côtés du fait de la
Dans le cadre du travail de formation et contrairement à ce qui se forte densité adverse dans l’axe. Il ne leur restait qu'un latéral
fait au haut niveau, on ne prépare pas nos matches en fonction de dans le couloir... Nous nous retrouvions alors, soit en 2 contre 1
nos adversaires. A l’Académie Mohammed VI, nous travaillons par un dédoublement avec notre milieu excentré, soit en 3 contre
différents sytèmes de jeu pendant la saison, qui s'inscrivent dans 2 avec un de nos attaquants. En effet, sur ce type d'action sur le
des cycles d'entraînement : 4-3-3, 4-5-1, 4-4-2... Avec des jeunes, côté, l’attaquant le plus proche devait venir en appui afin de pro-
si l’entraîneur donne les solutions tactiques avant la rencontre, on poser un jeu à 3 dans le cas où le dédoublement n'était pas possi-
n’est plus dans la formation ! Autant il convient de travailler sur ble. C’est un des schémas de jeu que l’on répète souvent à l’entraî-
la connaissance des différentes orgabisations de jeu avec leurs nement (voir encadré "Entraînement").
avantages et leurs inconvénients durant la semaine, autant il me
semble nécessaire de laisser les joueurs découvrir en match l’ad-
versité et les problèmes auxquels ils sont et pourront être encore "Passer directement du stoppeur droit au laté-
confrontés à l'avenir. ral gauche pour aller vite. Idem de l'autre côté"
Bref, la solution était donc, dans un premier temps, de toucher le
plus vite possible un de nos deux latéraux. J’ai ainsi demandé, par
"En première mi-temps, nous avions été exemple, de passer directement de notre stoppeur droit à notre
inquiétés principalement dans l’axe" latéral gauche afin de gagner en rapidité. Idem de l'autre côté. En
Récemment, nous avons rencontré l’équipe de Berkane. Celle-ci effet, si nous faisions "tourner" le ballon en passant par tous
évolue dans un système en 4-4-2 avec un libéro, un milieu en les joueurs de la défense, les axiaux adverses auraient le temps de
losange très serré dans l’axe, et deux attaquants axiaux (voir fermer notre côté, évitant ainsi notre surnombre... Ces ajuste-
schéma 1, NDLR). Pour notre part, nous avons évolué dans un ments tactiques effectués pendant la pause ont porté leurs fruits
dispositif en 4-4-2 à plat, avec un neuf et demi qui tourne autour car nous avons inscrit deux buts en seconde période. Mon latéral
de l'avant-centre. Un ystème qui se transforme en 4-5-1 dès la gauche s’est retrouvé sept ou huit fois dans la surface adverse et
perte de balle. Durant la première mi-temps, sur le plan défensif, a délivré plusieurs passes qui auraient dû être décisives sans une
nous avons été inquiétés principalement dans l’axe où l’adver- maladresse de nos attaquants dans la zone de finition.
saire nous a imposé systématiquement un surnombre offensif
lorsqu’il avait le ballon. Nous n’étions en revanche pas en danger
sur les côtés. A la pause, le score était de 0-0. Mais il fallait chan- "Donner la possibilité aux joueurs de chercher
ger quelque chose, s'adapter… et de trouver par eux-mêmes des solutions aux
problèmes posés par l’équipe adverse"
En résumé, je dirais qu'en première période, mes joueurs avaient
"Sur la relance adverse, mes deux attaquants trouvé partiellement la solution de ce décalage rapide sur les
axiaux devaient attaquer le porteur de côtés, mais ce n’était pas suffisant car on faisait souvent tourner
manière à orienter le jeu sur les côtés". le ballon trop lentement. La mi-temps m’a permis d’appuyer sur ce
J'ai évoqué ce problème avec mes joueurs à la mi-temps. Je leur ai point. Ce qu'il faut retenir de tout cela, c'est qu'en formation, il
demandé de respecter plusieurs consignes. D'abord, sur la relance convient de donner la possibilité aux joueurs de chercher et de
adverse, mes deux attaquants axiaux devaient attaquer le porteur trouver par eux-mêmes des solutions aux problèmes posés par
de manière à orienter le jeu sur les côtés. Suite à cela, nous déclen- l’équipe adverse. Le coach est dans ce cadre un vrai formateur, pas
chions un pressing dans les couloirs pour récupérer le ballon (voir un donneur de recettes toutes faites. ■

56
des recettes toutes faites
SCHEMA 1 ENTRAINEMENT
L'équipe de Berkane évo- Lors de notre reportage au sein de l'Académie Mohammed VI en octobre
lue en 4-4-2 avec un dernier, nous avions assisté à une séance dirigée par Pascal Théault (voir
libéro, un milieu en VESTIAIRES n°44) dont le thème était justement le jeu combiné sur le
losange très resserré dans côté. Voici la retranscription de 2 exercices réalisé lors de cet entraînement.
l'axe, et deux attaquants.
ATELIER : CIRCUIT DE PASSE – JEU COMBINÉ
La séquence démarre par le
joueur axial A qui donne à B
(1). B transmet légèrement sur
le côté à l'attaquant C (2) qui
SCHEMA 2 décroche et joue le une-deux
L'attaquant numéro 9 avec B (3) autour du piquet
vient cadrer le porteur en représentant un adversaire fic-
refermant l'axe tandis tif. Puis B passe à l'attaquant
que son partenaire, le D qui décroche (4), lequel joue
numéro 11, "interdit" au le une-deux avec B (5) qui a
défenseur qui a le ballon croisé sa course avec C en
de jouer sur son libéro. Le direction de la zone de finition. B centre (6) pour C et D qui doivent mar-
porteur n'a pas d'autre quer. Puis idem de l'autre côté avec un départ de A pour B', etc…
choix que de transmettre
le ballon sur le côté. Là où Pascal Théault insiste ici sur la qualité des déplacements, le bon tempo
les joueurs 8 et 10 vont entre le passeur et le receveur, la nécessité de bien orienter son corps et
opérer de suite un pres- d'utiliser la surface de contact la plus appropriée.Les joueurs doivent
sing afin de récupérer le communiquer, changer de rythme après la passe (nécessité également
ballon. d'appuyer les passes pour donner de la vitesse à la combinaison), et ne pas
hésiter à jouer en 2 touches après le une-deux pour assurer l'enchaîne-
ment technique contrôle + passe.

SCHEMA 3
Le numéro 6 vient de VARIANTE
récupérer le ballon. Il
donne en soutien au La séquence démarre par le
numéro 4 (stoppeur joueur axial A qui donne à B
gauche) qui va jouer (1). B transmet sur le côté à C
immédiatement avec son (2) qui a effectué un appel-
latéral droit (numéro 2), contre appel. C joue le une-
sans passer par le stop- deux avec B ( 3) autour du
peur droit. Le latéral - du piquet représentant un adver-
fait de la densité adverse saire fictif. Puis B passe à l'atta-
dans l'axe - est libre de quant D qui décroche (4) et
progresser balle au pied joue le une-deux avec B (5) qui
et d'aller jouer le 2 contre a continué sa course. B centre (6) pour D et E qui croisent leurs courses dans
1 sur le côté avec son la zone de finition. Puis idem de l'autre côté.
milieu excentré (numéro
7). Un des deux atta- Pascal Théault insiste ici sur l'appel-contre appel de C qui doit être "mar-
quant, ici le numéro 11, qué" et effectué au bon moment. Pour le reste, les consignes et correc-
propose une solution tions sont les mêmes que pour la situation de base (voir plus haut).
d'appui pour un jeu à 3.

57
FOOT D'ANIMATION

"Cesser le turn-over
Conférence. Lundi 18 février, le magazine VESTIAIRES organisait à la Maison
des Sports de Clermont-Ferrand une conférence animée par Patrick PION,
DTN adjoint, sur le thème des réformes du football d'animation pour la
saison 2013-2014. Un événement organisé en collaboration avec le District du
Puy-de-Dôme et le Crédit Agricole Centre-France. Compte-rendu.

rès de 150 éducateurs avaient répondu présent à la Maison les changements qui interviendront dans quelques mois chez

P des Sports de Clermont-Ferrand (63). Venus du Puy-de-


Dôme, mais aussi de l'Allier, du Cantal et de la Haute-Loire,
tous étaient venus voir et écouter Patrick Pion, le DTN adjoint,
la pratique des U6-U13. "Ce vaste projet de réforme a démarré
lors de la saison 2009-2010 avec la refonte des catégories", a
rappelé de technicien. "Puis, en 2010, 2011 et 2012 nous
dans le cadre d'une conférence sur le thème des réformes à avons effectué un gros travail d'observation sur tout le terri-
venir dans le football des enfants. Une manifestation organi- toire. Nous avons décortiqué près de 2300 matches ! Avec un
sée par le magazine VESTIAIRES, en collaboration avec le dis- objectif : proposer des modifications en vue d'améliorer et
trict du Puy-de-Dôme et le Crédit Agricole Centre-France. d'uniformiser la pratique des enfants à la rentrée 2013".
Devant un auditoire attentif et passionné, le "bras droit" de
François Blaquart a pris le temps d'analyser et d'expliquer tous >2300 matches observés entre 2010 et 2012
De cette étude pilotée par la Direction Technique Nationale
Un district cité en exemple avec l'aide, sur le terrain, des conseillers techniques, sont nées

L
e District de Football du Puy-de-Dôme (environ 225 clubs) a une dizaine de réformes dont nous vous rappelons succincte-
fait du football des enfants un axe de développement priori- ment la nature (voir par ailleurs) mais dont vous pouvez retrou-
taire. Aussi, les dirigeants auvergnats ne manquent pas une vez le détail dans notre édition de septembre 2012 (voir
occasion de valoriser les éducateurs et les clubs qui oeuvrent à VESTIAIRES n°42). Outre le passage en revue, donc, de chaque
optimiser l'encadrement des plus jeunes. En atteste, en autre, le réforme à venir, Patrick Pion a souligné le fait que ces change-
projet initié par Laurence Dalle (Directrice), d'abonner les 40 ments s'inscrivaient dans une approche globale visant à "faire
clubs labellisés au magazine VESTIAIRES. "Nous mesurons l'inté- cesser cet important turn-over que l'on voit dans les clubs au
rêt que peut représenter, pour nos éducateurs en école de foot, niveau des petites catégories. Si les enfants "zappent" le foot-
la lecture d'une telle revue chaque mois", a déclaré André ball de cette manière, c'est sans doute qu'on ne leur amène
Champeil, le président du district du Puy-de-Dôme. Mais ce n'est pas suffisamment de plaisir dans leur pratique ". Plus de
pas tout. Le district fait aussi du lien de proximité avec ses clubs un qualité et d'attractivité donc, pour les joueurs mais aussi leurs
enjeu majeur. Et veille aux bonnes pratiques. "Avec la mise en parents, peu enclins parfois à emmener leur fils ou leur fille
place de fiches de prévention, le district du Puy-de-Dôme a fait sur un terrain de football, au regard des excès que l'on peut y
reculer la violence en U17-U19 alors que la tendance y est plutôt constater le week-end…
à la hausse sur l'ensemble du territoire", explique Laurence
Dalle. Une initiative exemplaire qui fait des émules au point de >Des ballons Taille 5 pour les U6 ?
devoir s'étendre bientôt sur d'autres districts, voire d'autres dis-
ciplines... "Il faut s'appuyer sur les valeurs du football, et les véhiculer.
Il faut afficher que le football est une chose bien", martèle
58
chez les enfants"
Les principales réformes pour
Patrick Pion. Après avoir rap-
la rentrée 2013
pelé que le terme "école de U6-U7 Dégagements du gardiens
foot" concernerait dorénavant Jeu à 3 contre 3 sans gardien. En U11-U13,le gardien aura interdiction de déga-
les catégories jusqu'en U11, ger de volée. Le dégagement se fera à la main ou
"pour coller avec le cursus U8-U9 avec le ballon à terre. En outre, seuls les gardiens
scolaire de l'enfant qui passe Jeu à 5 contre 5 avec gardien sur un terrain plus seront autorisés à dégager sur sortie de but. A
théoriquement au collège codifié. noter également que la zone "protégée" sur les
lorsqu'il arrive en U13", le côtés (pour une relance courte "sécurisée") n'a
technicien a évoqué plusieurs U10-U11 pas été retenue.
projets actuellement en ges- Jeu à 8 contre 8 sur un demi-terrain à onze, mais
tation. Par mi ceux-là, la sur une surface un peu moins large. Le hors-jeu
recherche d'un modèle bien En U13, en revanche, le hors-jeu signalé à la
précis de but gonflable pour U12-U13 médiane.
les plus petites catégories Jeu à 8 contre 8 sur un demi-terrain plus petit que
répondant aux différentes dans le cadre du foot à 9. Pause Coaching
normes de sécurité, ou encore Les éducateurs se verront imposer un temps mort
le test d'un ballon Taille 5 Les touches de deux minutes au milieu de chaque mi-temps.
pour les U6-U7 dont la parti- En U7-U9 : rentrée de touche au pied ou directe-
cularité est de ne pas rebon- ment en conduite balle. Temps de jeu par joueur
dir. Un ballon déjà utilisé dans Quelle que soit la catégorie, un enfant devra dis-
le foot réduit aux Pays-Bas. Surface de réparation puter au moins la moitié du match et débuter au
Après deux heures d'échan - En U11-U13, les "13 mètres" sur toute la largeur moins une des deux mi-temps. Il s'agit-là non pas
ges informatifs et instructifs, du terrain vont laisser place à une véritable surface d'une loi du jeu, mais d'une forte recommanda-
mais aussi de mises au point, de réparation de 26 x 13 mètres. tion.
les éducateurs auvergnats,
ravis, sont repartis avec une Les coups francs Arbitre de touche
idée plus précise et éclairée En U11-U13, l'arbitre sera habilité dorénavant à En U13, avant le match, l'éducateur devra dési-
des réformes menées par leur siffler des coups directs ou indirects. gner 2 joueurs "juges de touche" (1 par mi-temps).
fédération. ■

59
Football francophone
Le CARNET DE BORD d'Alfred Picariello (épisode 9/12)

"Notre grande préoccupation est


Helder DUARTE. Une fois n'est pas coutume, l'ancien coach du FCO Firminy dans la
Loire (42) a enfilé le costume de journaliste pour faire découvrir ce mois-ci à nos lecteurs le
Directeur Technique de l'Association Régionale de Soccer de Québec, Helder Duarte.

En quoi consiste votre travail Dont l'Impact… Et du côté des


à la direction technique de filles, les clubs de la région évo-
l'Association Régionale de luent-ils au plus haut niveau ?
Soccer de Québec ? À gérer les acti- Nous avons en effet deux équipes, les
vités techniques de l’Association. La Comètes de Laval et l’Amiral de
forte croissance du nombre de licen- Québec,qui évoluent enW-League.Une
ciés m'impose de passer aujourd'hui ligue semi professionnelle féminine
beaucoup moins de temps sur le ter- qui regroupe plusieurs formations
rain qu'auparavant. Je continue néan- d'Amérique du Nord. L’équipe de
moins d'entraîner l’équipe féminine Québec a terminé quatrième l'an passé.
de l’Université de Laval, depuis 18 ans.
Revenons sur le développement
Le réseau universitaire a beau- du soccer. Quels sont actuelle-
coup d’importance en ment les principaux axes de tra-
Amérique du Nord… Oui,surtout vail de la politique technique de
côté américain où l’on offre beaucoup l’ARSQ ?
de bourses pour attirer des joueurs et Notre grande préoccupation est la for-
des joueuses de qualité. Certaines uni- mation des entraîneurs. Nous avons
versités américaines peuvent offrir beaucoup trop de jeunes mal encadrés.
jusqu’à 50 000 Dollars pour espérer Les entraîneurs compétents sont peu
avoir le meilleur joueur sur le marché ! nombreux par rapport au nombre élevé
Les universités canadiennes se limi- de joueurs. L'une de nos principales
tent quant à elles à la prise en charge missions est donc de former du mieux
des frais de scolarité pour convaincre possible les encadrants,de leur donner
tel ou tel joueur de les rejoindre. les outils nécessaires pour éviter qu’ils
ne se sentent démunis durant la saison.
Où en est le développement du soccer au Canada en
général, et plus particulièrement au Québec ? Le Comment se répartissent les niveaux de pratique ?Au
Québec est à mon sens la province la plus avancée pour ce qui Québec nous avons trois niveaux de jeu : le niveau "élite", que
concerne le développement du joueur*. Les actions mises en nous appelons le AAA,le niveau "compétitif" (AA et A) et le niveau
place par la Fédération de Soccer du Québec (FSQ) et son "local" où il y a peu ou pas d’entraînement pour certains;on vient
DirecteurTechnique,Éric Leroy,sont efficaces et bien structurées. pour jouer des matchs. Pour chaque niveau, l'entraîneur a des
Le programme sport-études, par exemple, qui date de 1995, est besoins, des objectifs, des demandes… Notre défi est d’offrir
proposé uniquement au Québec.Ce pro- des programmes qui sauront satisfaire
gramme permet aux joueurs et joueuses "Le Québec est à mon sens tout le monde. Pour les entraîneurs des
ayant un fort potentiel de s’entraîner la province la plus avancée catégories AAA et AA, nous proposons
cinq fois par semaine pendant neuf mois, un accompagnement durant l’année
le temps de l’année scolaire. pour ce qui concerne le déve- pour ceux qui se forment à l’obtention
loppement du joueur". du Diplôme d’Entraîneur Provincial
C'est ce qu'a mis en place égale- (DEP). À noter également qu'un stage de
ment l'Impact de Montréal avec la création de son recyclage a lieu à chaque année et regroupe près de 400 entraî-
Académie… neurs évoluant dans la Ligue de Soccer Québec Métro, qui est
Oui, celle-ci existe depuis deux ans. Elle regroupe les meilleurs une ligue de niveau AA.
joueurs de la province. Là encore, ils suivent cinq entraînements
hebdomadaires. L’objectif est de les former en espérant que cer- Outre la formation des entraîneurs, sur quel autre
tains d’entre eux atteignent un jour les rangs des clubs pros de la gros chantier travaillez-vous à l'heure actuelle ? Sur le
MLS. développement des joueurs bien sûr. L’Association Régionale a
60
la formation des entraîneurs"
mis en place plusieurs programmes techniques sur ce thème : des Comment travaillez-vous les fondamentaux techniques ?
camps spécialisés, les sélections régionales, le défi-technique par Nous faisons beaucoup d’exercices sous forme de jeu pour travail-
équipe,la ligue de développement sans classement pour les U9 à U11, ler la technique et la prise de décision. Nous travaillons de façon ana-
le sport-étude,ainsi que le Centre de Développement Régional qui est lytique avec les plus jeunes pour s’assurer de la qualité des gestes
ouvert durant la période hivernale. techniques. Cependant, on y intègre beaucoup plus de formes jouées
qu’auparavant. La motivation est plus grande et le plaisir également.
Un mot sur la ligue de développement sans classement
pour les U9-U11 ? C'est devenu l'un de nos outils de travail les En considérant le fort potentiel de licenciés, que
plus importants.C’est là en effet qu’on peut expérimenter des choses, manque-t-il aujourd'hui au soccer canadien pour figurer
sur le plan technique ou tactique,sans craindre de perdre des points auparmi les grandes nations de ce sport ? Je pense qu’il manque
classement qui pourraient avoir des "conséquences graves" pour une "l’unité canadienne". Mon impression est qu’il y a dix pays dans un
troisième place au lieu d’une quatrième en… U9 ! Au début, ce fut pays, et que tous ont une façon de faire qui est différente. Chacun
très difficile de convaincre les parents et les entraîneurs de jouer sans
pense que la sienne est la meilleure. Les différences culturelles et les
classement. La plupart affirmaient que nous allions tuer l’envie de mentalités sont aussi très marquées. Les dirigeants ont peu d'expé-
jouer chez les jeunes. Or, ce fut exactement le contraire. Le nombre rience et on met moins d’argent sur les programmes nationaux com-
d’équipes dans ces catégories a doublé en huit ans ! C’est plutôt l’effer-
parativement à d’autres pays. Et puis peu de sponsors sont intéres-
vescence des parents auxquels nous avons dû faire face. sés à investir dans le soccer canadien.Tous ces facteurs font que nous
sommes considérés comme un pays du tiers-monde dans ce sport ! Ce
Et le défi-technique par équipe, en qui est incroyable pour un grand territoire
quoi consiste-t-il ? Le gros point positif "En soccer, le Canada est comme le nôtre.
de cette action est qu'elle permet à tous les
encore considéré comme un
membres d'une même équipe de travailler Mais le fait d'avoir un tel territoire
ensemble vers un objectif commun. En effet, pays du tiers-monde !" justement ne facilite pas ce côté uni-
dans les épreuves de passes et de tirs, par taire… Tout à fait. Songez qu'il faut huit
exemple, ceux qui effectuent les passes doivent bien s'appliquer heures d'avion pour traverser tout le Canada ! Rassembler l’équipe
pour que leurs coéquipiers puissent passer ou tirer convenablement. nationale pour faire des camps de façon régulière devient donc coû-
Pour cela, il faut avoir pratiqué au préalable, et c'est justement le but teux et très contraignant pour les joueurs.
recherché : qu’ils pratiquent avant d’arriver à la journée d’épreuves.
Quelle solution alors ? Je pense que l’Association Canadienne n'a
Sur quels principes de jeu mettez vous l’accent lors des pas d'autre choix que de commencer à la base, en travaillant bien
grands rassemblements ou dans les sélections ? Nous tra- avec les plus jeunes.Cela risque donc de prendre des années avant que
vaillons autour du thème :"construire par le jeu".Nous voulons que les l’on soit véritablement compétitif chez les adultes. Sinon, l'un des
enfants essaient de jouer au ballon.Trop souvent, on voit chez les 8-12 paramètres les plus importants selon moi demeure la nécessité de
ans des gardiens ou défenseurs balancer le ballon pour écarter le dan- travailler tous de la même façon. Il faut trouver un moyen d’évaluer le
ger. Ce n’est pas mauvais de le faire, mais pas dans toutes les situa- travail des différentes provinces, avoir des comptes à rendre, pour
tions ! Or, comme la majorité des enfants de cet âge ne maîtrise pas le tous aller dans le même sens.
ballon correctement, il est plus confortable de leur demander de
balancer que d’essayer de construire, au risque de faire un mauvais Le fait de ne pas avoir de ligue professionnelle de haut
contrôle ou une mauvaise passe qui pourrait entraîner un but et la niveau dans le pays est-il un frein au développement
défaite...On se préoccupe trop du résultat et non pas suffisamment du national du soccer ? Cela n’aide sûrement pas, en effet. Presque
développement du joueur à long terme. tous les pays ont une ligue professionnelle qui se respecte, du
Danemark en Australie en passant pas Haïti. Il faudra de l’argent, de la
Comment y remédier ? Par l'apprentissage, déjà. On essaie dans volonté politique et une grande unité et collaboration de tous les
nos programmes techniques de rendre les joueurs plus intelligents intervenants à travers le pays pour parvenir un jour à être compétitif
dans le jeu.On leur pose des questions sur leurs choix,on leur apprend au niveau international. Malheureusement, j’ai bien peur de ne pas
à reconnaître les situations et à prendre les bonnes décisions, notam- voir ça de mon vivant.
ment s'ils ont le temps de construire en partant de derrière ou pas. Il
faut les laisser prendre des risques et accepter qu’ils commettent des ■ Propos recueillis par Alfred Picariello
erreurs si on veut qu’ils progressent. D'où la création encore une fois
de la ligue de développement sans classement pour les U9-U11 pour * Le Québec est divisé en 18 régions administratives. La région de
tenter,expérimenter,et prendre des risques sans avoir peur de l'erreur, Québec est la plus vaste et compte à elle seule 10% du nombre total de
laquelle n'aura pas de conséquence. licenciés qui est d'environ 280 000, dont 40% de déminines.
61
FUTSAL

Quelles séance la
Vivacité-réactivité. La problématique de la séance de veille de match
en futsal est-elle la même qu'en foot à 11 ? Les efforts spécifiques de
■ Par Claude DOUCET
l'activité induisent-ils une préparation différente à J-1 ? Voici quelques
Entraineur adjoint et préparateur éléments de réponse avec Claude Doucet, entraîneur adjoint et
physique de Cannes Bocca Futsal. préparateur physique de Cannes Bocca Futsal, leader après 16 journées
du championnat de France de Futsal (Groupe B).

Quelle comparaison plus courtes en futsal, mais


peut-on établir entr e la vitesse de jeu est supé-
une séance de veille de rieure. C'est pourquoi le tra-
match en futsal, et une vail de réactivité, en utilisant
en foot à 11, d'abord différents signaux (auditifs,
d'un point de vue éner- visuels...), tient une plus
g é t i q u e ? Physiologi- grande place qu'au football
quement, l'objectif de cette on l'on va davantage insis-
dernière séance demeure ter à J-1 sur les démarrages
identique dans les deux cas, et les accélérations, le tout
à savoir vider les stocks éner- sur des distances plus
gétiques du muscle pour longues.
pouvoir resynthétiser en gly-
cogène et travailler sur le La spécificité des
phénomène de la surcom- efforts réalisés durant
pensation. cette séance, induit-il
un échauffement parti-
Et au niveau du contenu, culier ? Il est nécessaire en
en futsal ? Il convient de faire une séance très rythmée avec effet de programmer un échauffement conséquent à base
des jeux basés sur la vivacité et la vitesse de réaction. Mais pas d’exercices issus de la méthode russe, en portant une atten-
de vitesses de courses élevées sur des distances supérieures à tion particulière aux ischios-jambiers, très sollicités en futsal.
10 mètres. Sur le plan technique, on insiste sur le travail de
prise de balle, d'enchaînement, de maîtrise du ballon et d'anti- La méthode russe ? Sans rentrer dans les détails, son prin-
cipation. cipe est d’amener la température du corps à 38,5° (travail à
base de sautillements, de petits déplacements,
Vous dîtes que le travail de vitesse sur etc... permettant de nombreuses contrac-
une distance supérieure à 10 mètres est "Pas d'exercice de tions, NDLR). Car plus le corps est chaud, plus
à proscrire. Sur quoi vous basez-vous ? vitesse supérieur à le travail de vitesse sera efficace. La loi phy-
A la demande du DTN, François BLAQUART, j’ai 10 mètres. La distance sique : "plus vous chauffez l’atome, plus il va
réalisé une étude en biomécanique et rédigé vite", se décline aussi pour le sportif.
un rapport pour la FFF dans lequel j’ai pu moyenne d'un sprint
démontrer que la distance moyenne d’un sprint en futsal est de La séance de veille de match, en fut-
en futsal était de 7,50 m. Sprinter sur 15 ou 20 sal, présente-t-elle d'autres particula-
mètres ne présente donc aucun intérêt.
7,5 mètres" rités ? Ce type de séance basée sur l'aptitude
L'entraînement doit se rapprocher au maxi- du joueur à réagir vite, à prendre l'informa-
mum de la réalité du match. D'où la nécessité de beaucoup tion pour la traiter rapidement et efficacement, stimule
insister par ailleurs sur des exercices sollicitant la vitesse de davantage le système nerveux, réclame une plus grande
réactivité du joueur, très importante en futsal. attention et concentration. C'est une spécificité du futsal, car
cette discipline impose d'entrer très rapidement dans le
On touche ici aux spécifités de la discipline, qui match. Les statistiques nous montrent qu’il convient de mar-
impliquent de travailler différemment qu'en foot- quer dans les dix premières minutes de chaque mi-temps
ball... Tout à fait. Non seulement les distances de course sont pour gagner ! ■
62
veille du match ?
EN PRATIQUE
Séance type. Voici un exemple de séance de veille du match basée sur la vivacité, la vitesse de réaction, et
la vitesse d’exécution. Les 4 exercices proposés durent 10 minutes chacun. Noter que cette séance est
précédée d'un échauffement type "russe" de 20 minutes permettant d’élever la température du corps.

EXERCICE 1 : Réagir à un signal visuel Vivacité et feinte en


EXERCICE 2 :

situation de vitesse
Former 2 équipes de 4 joueurs +
2 gardiens. Au signal de l'entraî- Sur une moitié de terrain (même
neur, les joueurs réagissent en atelier de l'autre côté), 1 équipe
passant derrière les plots de la de 4 joueurs contre 1 défenseur
couleur annoncée, puis tirent au + 1 gardien. Le défenseur doit
but. Ici, l'éducateur annonce rester en attente à 5 mètres de la
"rouge". Lorsqu'il annonce deuxième haie. Au top de l'édu-
"bleu", les joueurs contournent cateur, le premier joueur saute
les plots bleus situés sur l'autre par-dessus les deux petites haies,
moitié de terrain (à leur pieds joints, passe au choix dans
gauche). une des 2 portes sans se faire
toucher par le défenseur (néces-
sité d'utiliser la feinte), puis tire
au but. Si le défenseur le touche,
il ne peut pas tirer. Après son
passage, le joueur passe défen-
seur, etc...

Vitesse de réaction,
EXERCICE 3 : Vivacité, attention,
EXERCICE 4 :

vitesse de course, et vitesse discrimination visuelle et auditive


d’exécution Tracer un carré de 15x15 mètres avec 2 cônes disposés à l'extérieur,
de chaque côté (1 rouge et 1 bleu). Tracer également un carré central
de 2x2 mètres. On joue à 4 contre 4. Au coup de sifflet, 1 joueur de
4 contre 4 + 2 gardiens. Le joueur chaque équipe s’avance en trottinant jusqu’au carré central.
qui fait la première passe va à la L’éducateur annonce ou montre une coupelle de couleur : les joueurs
réception du centre côté doivent faire le tour du cône cor-
opposé. Insister ici sur la qualité respondant et revenir dans le carré
de cette première passe, dans la central. Le premier arrivé donne
1 point à son équipe.
course du partenaire. Ce dernier
doit effectuer une course rapide Variantes
et centrer sans contrôler le bal- - Idem, mais les joueurs doivent
lon. poser un pied dans le cerceau, à
l’aller et au retour.
- Faire le tour des 2 cônes, en res-
pectant l'ordre annoncé.
- Effectuer le parcours à cloche
pied.

63
UN COACH, UN MATCH

AS SAINT-ETIENNE -
■ Par Gilles SALOU
DYNAMO DE KIEV
17 mars 1976
Directeur du pôle Espoir de Dijon.

uand on parle de Chr istian Lopez revient à

Q match historique ayant


marqué les esprits, rien
ne vaut pour moi ce quart de
toutes enjambées sur le Ballon
d'Or qui, dans un excès de
confiance, tente de le croche-
finale retour de Coupe ter de nouveau. Il perd son
d'Europe des Clubs duel. De suite, Lopez dégage
Champions entre Saint- plein axe; le ballon atterrit sur
Etienne et le Dynamo de Kiev, Piazza, lequel gagne du terrain
à Geoffroy-Guichard. J’avais 13 et adresse une balle lobée dans
ans et j’ai regardé ce match à la surface. Her vé Revelli
la télévision chez un ami qui contrôle et marque de près le
était le neveu de Roger Rocher, but au terme d'une action de
le président des Verts. Je vous folie ! À 1-0, l’espoir venait de
laisse imaginer l’ambiance... Il renaître. Ce fut sans aucun
faut se rappeler qu'à cette doute le tournant du match.
époque, peu de matches étaient retransmis sur le petit écran. Ce qui Car quelques minutes plus tard, consécutivement à une faute sur ce
rajoutait au côté événement de cette affiche ! Je me souviens que même Hervé Revelli à l'entrée de la surface, Jean-Michel Larqué
la rencontre était commentée par l’emblématique "Monsieur transforme le coup-franc en envoyant le ballon au ras du poteau
Téléfoot", Pierre Cangioni. Pour ce qui est du contexte sportif, gauche du gardien adverse. On est alors à 2- 0 et il reste une ving-
Saint-Etienne avait réussi l’exploit d’éliminer au tour précédant le taine de minutes à jouer. À la télévision, on perçoit l'ambiance
club yougoslave d’Hadjuk Split, en renversant une situation com- indescriptible d'un Geoffroy-Guichard plein à craquer !
promise : défaite 4 à 1 à l’aller et victoire 5 à 1 au retour ! Avant cette
deuxième manche face à Kiev, le scénario était quelque peu iden- >"Je ne crois pas que l’on ait revu depuis un tel
tique puisque les Verts s'étaient inclinés 2-0 à Simferopol. La petite engouement pour une équipe française".
histoire veut que dans l'avion du retour, les joueurs stéphanois
pensaient déjà réaliser l’exploit quinze jours plus tard dans le Au coup de sifflet final, Saint-Etienne gagne donc le droit de
Chaudron... Mais cela voulait dire passer trois buts au grand disputer les prolongations. J’ai l’image de joueurs épuisés,
Dynamo de Kiev du Ballon d’Or Oleg Blokhine ! entourés de leur staff. La partie reprend... Puis arrive la déli-
vrance, par Dominique Rocheteau (112ème minutes, NDLR)
>Dans l'avion du retour, les joueurs stéphanois qui, consécutivement à un déboulé de Patrick Revelli sur le
pensaient déjà réaliser l’exploit quinze jours plus côté, reprend à bout portant un centre en retrait. Les Verts l'em-
tard dans le Chaudron... portent 3-0 et se qualifient pour le dernier carré de la compéti-
tion ! C’était la folie sur le terrain, dans les tribunes… et dans le
e jour J, Robert Herbin alignait une équipe dont les noms sont salon où nous regardions le match avec mon ami ! Une petite

L entrés aujourd'hui dans la légende : Curkovic, Piazza, Larqué,


Rocheteau, Santini, Lopez, Janvion, Revelli… Pour être franc,
je conserve assez peu de souvenirs de la première mi-temps, si ce
anecdote me revient : des journalistes, situés au bord de la
pelouse, étaient rentrés sur le terrain après le troisième but…
Des choses que l'on ne pourrait naturellement plus voir de nos
n’est que les Verts pouvaient nourrir quelques regrets. En dépit jours. Bref, ce match dépasse en définitive le simple cadre du
d'une nette domination, le score demeurait nul et vierge 0-0.Tout football par son intensité dramatique, son scénario, et ses
était encore à faire. En seconde période, les Stéphanois rencon- joueurs héroïques au bord de l’épuisement. Je ne crois pas que
traient les mêmes difficultés à ouvrir le score… jusqu'à cette l’on ait revu depuis un tel engouement pour une équipe fran-
fameuse 65e minute. Là, en revanche, je me rappelle très bien du çaise. À cette époque, Saint-Etienne pouvait compter sur l’appui
déroulé d’une action qui allait faire basculer le match ! Blokhine éli- inconditionnel de tout le pays. Quant à moi, je me souviens
mine Janvion, puis Lopez, et se présente seul devant Curkovic... À qu'après ce match, j’ai commandé un premier maillot d'Osvaldo
sa gauche se trouve l’autre attaquant russe, Onitchenko. Piazza, mon idole… ■
64
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