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Byzance et la fin du monde.


Courants de pensée apocalyptiques sous les Paléologues

Toute l'histoire de Byzance est parcourue par des courants de pensée


apocalyptiques, où s’entremêlent des thèmes issus de l'apocalyptique biblique et
juive, plus ou moins christianisés. C'est surtout en période de crise que ces courants
abondent : ainsi le VIIe s., durant lequel l'empire byzantin subit coup sur coup la
guerre contre les Perses et l'irruption des Arabes, fut-il riche en prophéties et
annonces de fin du monde.
Sous les Paléologues, plusieurs facteurs se conjuguent pour provoquer une
recrudescence de ces courants : une crise particulièrement grave (elle se révèlera
mortelle pour l'empire, le 29 mai 1453), et la proximité de l'an 7000 de la Création du
monde. En effet, une sorte de consensus s'était peu à peu réalisé, au sein des
traditions apocalyptiques, pour désigner l'an 7000 comme date probable de la fin du
monde.
Ce consensus était né du réajustement de calculs plus anciens. On trouve déjà
chez saint Irénée le parallèle entre la création du monde et sa durée : « Autant de
jours a comporté la création du monde, autant de millénaires comprendra sa durée
totale. C'est pourquoi le livre de la Genèse dit : "Ainsi furent achevés le ciel et la terre
et toute leur parure. Dieu acheva le sixième jour les oeuvres qu'il fit, et Dieu se
reposa le septième jour de toutes les oeuvres qu'il avait faites." (Gen 2, 1-2). Ceci est
à la fois un récit du passé, tel qu'il se déroula, et une prophétie de l'avenir ; en effet,
si "un jour du Seigneur est comme mille ans" (2 Pierre 3, 8 ; cf. Ps 89, 4), et si la
création a été achevée en six jours, il est clair que la consommation des choses aura
lieu la 6000e année. »i. Si Irénée, mort peu avant 200, pouvait croire que le retour du
Christ aurait lieu en l'an 6000 de la Création, soit à la fin du Ve siècle de
l'Incarnation, l’affaire était plus délicate une fois cette date passée, et une
réinterprétation fut nécessaire, qui engloba le septième jour (jour du repos de Dieu)
dans le calcul, pour reporter la fin du monde à l'an 7000.
A ces facteurs s'ajoutait, pour les dernières années de l'empire romain d'Orient,
une croyance ancienne selon laquelle la fin de l'empire romain serait la première
étape du processus amenant à la consommation de toutes chosesii.
A l'approche du XVe s., on assiste donc à un foisonnement de courants
apocalyptiques, que nous tâcherons d'ordonner avant d'aborder la question de la
date précise de la fin du monde.

I - Une double tradition.

Deux traditions parallèles, à Byzance, se partagent la connaissance de l'avenir :


une tradition apocalyptique et une tradition oraculaire. La principale différence est
que la tradition apocalyptique annonce la fin du monde, tandis que la tradition
oraculaire évoque simplement les destinées de Constantinople. Mais ces deux
traditions partagent généreusement de nombreux thèmes.

A) Courants de pensée relevant de la tradition apocalyptique


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1. La tradition apocalyptique byzantineiii

Cette tradition remonte, dans sa forme proprement byzantine, au VIIe s., quand
certains Byzantins, voyant déferler sur leurs territoires les guerriers arabes, crurent
assister à l'arrivée des cavaliers de l'Apocalypse. Parmi les grands textes de cette
tradition nous citerons au VIIe s. l'Apocalypse du Pseudo-Méthode iv, au IXe s.
l'Apocalypse de Léon de Constantinople et les Visions de Daniel v, et au Xe s.
l'Apocalypse contenue dans la Vie d'André Salos vi.

Tous ces textes décrivent, dans leur dernière partie (partie eschatologique) les
grandes étapes des derniers temps avant la fin du monde, étapes où se
retrouvent des thèmes récurrents comme l’intervention de peuples blonds, le
déchainement de Gog et Magog, le règne de l'Antéchrist et le Dernier empereur
romain qui va à Jérusalem remettre sa couronne au Christ sur le Golgotha.

2. Sous les Paléologues

En 1346, un tremblement de terre provoqua la chute de la coupole de Sainte-


Sophie. Un partisan de Jean VI Cantacuzène, Alexios Makrembolitès, vit dans cet
événement un signe avant-coureur de la fin du monde. Il exprime cette opinion dans
un discours Sur la chute de la coupole de Sainte Sophie à la suite de nombreux
tremblements de terre vii, dans lequel il énumère les malheurs des temps, en
terminant par le plus terrible, la chute de la coupole, signe de l'abandon de Dieu.
Quand on songe que la Peste noire n'atteindra Constantinople que deux ans plus
tard, on peut se dire à part soi qu'en fait de fléaux, Makrembolitès n'avait encore rien
vu. Soulignons au passage que parmi les principaux signes de la fin des temps, il
note le manque de compassion envers les pauvres, thème qui sera repris
abondamment par les prédicateurs du siècle suivant.
Si nous rattachons ce texte à la tradition apocalyptique, c'est que
Makrembolitès y introduit le thème classique des quatre bêtes du songe du prophète
Daniel (Dan. 7), symboles de quatre empires. Son raisonnement est limpide : tous
les grands empires ont eu une fin ; quand le dernier aura disparu il n'y en aura pas
d'autre ; l'empire romain est le dernier empire, or sa fin est proche, donc ...viii.
Cette période voit aussi diverses réécritures des Visions de Daniel et de l'Apocalypse
du Pseudo-Méthode, qui intégrent des thèmes nouveaux. Une lettre écrite le 29 juillet
1453, soit deux mois après la prise de Constantinople par Mehmet II, témoigne de ce
regain d'intérêt pour les grands textes apocalyptiques, ainsi que de l'existence de
versions récentes. L’auteur de cette lettre, un clerc nommé Dèmètrios, s'adresse
ainsi à un certain Manuel : « Je prie fort ta bienveillance de m'envoyer le livre de
saint Méthode de Patara, ou bien l'ancien, ou même une copie récente (ê …ª aƒ€|±∑µ
ê ≤`® µ|∫zƒ`Ÿ∑µ), si tu l'as. N'y manque pas, je t'en prie, et au plus vite je l'enverrai par
la suite à ta science ; et qu'il n'en soit pas autrement en vertu de notre amitié, car j'en
ai besoin. »ix
Dans son commentaire, l'éditeur J. Darrouzès souligne l'intérêt particulier de
ces vieux textes pour les survivants de la prise de Constantinople, qui y
recherchaient des prophéties sur la fin de la domination des Arabes ; il mentionne à
3

ce propos l'existence de remaniements importants de ces textes à cette époque,


pour tenir compte des événements récents.
Les variantes qui existent entre les quatre versions de l'Apocalypse de Méthode
éditées par A. Lolos fournissent des exemples de ces remaniements. Si l'on s’en
tient aux titres de ces quatre versions, on constate que les trois premiers ne font
aucune allusion au septième millénaire ; au contraire, la quatrième version
(malheureusement non datée) porte comme titre : « De Méthode... Prognôsis sur le
septième âge , ce qui doit arriver dans les derniers jours. ». Le texte de cette
quatrième version comporte plusieurs allusions au chiffre 7 et à la proximité de la fin,
qui ne se trouvaient pas dans les versions précédentes.

De son côté, l'éditeur de l'Apocalypse apocryphe de Léon de Constantinople


note que la plupart des manuscrits contenant ce texte du IXe siècle ont été copiés
aux alentours de la chute de l'empirex.

B) Courants de pensée relevant de la tradition oraculaire

1. La tradition oraculaire byzantine

Cette seconde tradition s’intéresse aux destinées de Constantinople. Parmi les


oracles les plus connus, citons l'oracle grec de la Sibylle de Tibur ou oracle de
Balbeck (première version au IVe s., réinterprétée à Baalbeck au VIe s.), calqué sur
les Oracles sibyllins (oracles juifs d'époque hellénistique), qui décrit neuf générations
à venirxi ; les oracles rapportés dans les Patria (Xe s.) et que l'on disait gravés sur
les monuments de Constantinoplexii ; un premier groupe d'Oracles de Léon VI (avant
le XIIe s.), suite de seize oracles (€ƒä«¥∑Õ») en vers, accompagnés d'images, qui
décrivaient les empereurs à venir et que l'on attribuait à l'empereur Léon VI.xiii
La plupart de ces oracles décrivent non pas la fin du monde mais les destinées
de Constantinople et de ses empereurs. Plusieurs cependant se rencontrent
avec la tradition apocalyptique dans la mesure où, selon une opinion commune,
Constantinople devait vivre jusqu'à la fin du mondexiv. Plusieurs de ces oracles
prophétisent la fin du règne des musulmans (arabes d'abord, turcs ensuite) et
la victoire des Grecs.
De nombreux thèmes développés dans les poèmes X à XIV de Léon seront
repris et réinterprétés au moment de la chute de Constantinople. C'est pourquoi nous
en citons quelques passages :
- Oracle X : « Malheur à toi, cité aux sept collines, quand la vingtième lettrexv
sera acclamée sur tes remparts. Alors approche la chute et la perdition de tes
souverains, et de ceux qui jugent injustement, celui qui a les doigts recourbés, ce qui
(signifie) la faux de la désolation, et le blasphème contre le Très haut... »
- Oracle XI : « Iô. Isaac la défaillance du sang du meurtre. Iô, iô, action de
grâces. Kô et kô la royauté du pauvre. (...) Et le messie sera révélé, et son nom est
Menahemxvi.
- Oracle XII : « Toi qui habites la pierre, viens, étranger, laissant le deuil et la vie
sauvage, et revis, toi qui étais mort et triste. »
- Oracle XIII : « Le mort à l'aspect inconnu, beaucoup le connaissent, mais
personne ne le voit. Surgissant comme de l'ivresse brusquement (cf. Ps. 77, 65), il
4

prendra le sceptre de cet empire. Car, apparu comme une colonne allongée dans le
ciel, un héraut invisible poussera trois fois un grand cri : Allez en hâte vers la partie
ouest de la ville aux 7 collines ; vous trouverez un homme qui y habite, mon ami.
Conduisez-le vers la maison royale, lui qui est sage, tranquille et doux, sublime, et
qui sait ce qui doit advenir. Alors de nouveau tu auras le pouvoir, ô ville aux 7
collines. »
- Oracle XIV : « Caché dans la terre pendant des cycles infinis, nu il s'avance de
la pierre obscure, et il commence une deuxième vie brillante. »xvii
Les Oracles de Léon ont connu une très grande diffusion à Byzance. Les
chroniqueurs, qui y font de nombreuses allusions, nous apprennent que la
bibliothèque impériale en contenait au moins un exemplairexviii. Pour la période
qui nous occupe, nous avons le témoignage de l'historien Nicéphore Grégoras
qui rapporte comment Andronic III en possèdait un exemplaire pourvu d'images
(mais anonyme, donc sans l'attribution à Léon VI), où il lut sa mort prochaine
sous l'habit monastiquexix.

2. Sous les Paléologues

Sous les Paléologues apparaissent un certain nombre d'oracles nouveaux ou


de mises à jour d'oracles anciens.

a) Ajouts aux Oracles de Léon

Outre les remaniements apportés dès la fin du XIIe s. aux premiers oracles de
Léon, un second groupe voit le jour au XIIIe s., sous l'empire latin. C. Mango a
montré comment ce groupe émane d'un milieu acquis à la dynastie des
Laskaris ; des ajouts hostiles à Michel VIII y furent apportés sous l'Union de
Lyonxx. Il s'agit, comme c'est souvent le cas, d'un texte essentiellement
politique.
D'autre part, dans le courant du XIVe s., de nouveaux oracles sont signalés.
Parlant de la mort de Michel VIII, Nicéphore Grégoras mentionne un oracle et, à ce
propos, nous livre sa réflexion personnelle sur ce genre de littérature ; par la même
occasion, il révèle que certains font circuler dans le peuple de faux oracles de Léon
pour jeter le trouble : « Il faut prendre garde, dit-il, que certains ne fabriquent de faux
oracles pour se moquer de ceux qui y croient, ne forgent de nouveaux versets (µÄ`
«…§€ß{§` √≥c……∑µ…|») à l'imitation des oracles (|•» ¥ß¥ä«§µ …˵ €ƒä«¥Ëµ) et ne
les répandent (√`ƒ`«√|߃›«§µ) ensuite dans le peuple. » Par leurs faux oracles, ces
mystificateurs brouillent la vérité des vrais. « Or cela, beaucoup, même de nos jours,
ont été pris en flagrant délit et convaincus de l'avoir fait. » xxi
Ce passage de Nicéphore Grégoras nous donne un aperçu de la façon dont ces
oracles, « vrais ou faux », s'élaborent et se répandent. Le contexte dramatique était
au plus haut point favorable au foisonnement de cette littérature, politique si l’on se
place du point de vue de ceux qui l'élaborent, providentielle et consolante si l'on se
place du point de vue de ceux qui les prenaient pour argent comptant.
Après la prise de la Ville, les oracles de Léon sont repris et réinterprétés à la
lumière des événements. C'est ainsi que l'oracle X, qui commence par « Malheur à
toi, ville aux 7 collines, quand sera proclamée sur tes remparts la lettre Kappa » est
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comprise comme annonçant la perte de la ville sous l'empereur Constantin


(L›µ«…cµ…§µ∑») Dragasès. D'autre part, durant les premiers siècles de la
turcocratie, ces oracles qui annoncent la fin de la domination des Agarènes ou
Ismaélites connaissent une grande popularité parmi les Grecs. Enfin, les premiers
oracles, qui décrivent des souverains, sont eux aussi réinterprétés et appliqués non
plus à des empereurs byzantins mais à des sultans. C'est ainsi que les mêmes
textes continuent à fournir au peuple des révélations sur l'avenir et des raisons
d'espérerxxii.

b) Le Centon sur le pauvre empereur

Vers la fin de l'empire (au XIVe ou au XVe s. selon C. Mango, sous le règne de
Manuel II selon Argyriou), fut élaboré un texte que son éditeur Lambecius présente
comme une paraphrase des premiers oracles de Léon, intitulé : Sur le fameux
empereur pauvre élu de Dieu, connu et inconnu, qui habite dans la première hauteur
de Constantinoplexxiii. Ce texte développe le thème du véritable empereur, déjà mis
en scène dans l'Apocalypse du Pseudo-Méthode , les Visions de Daniel et surtout
les Dernières visions de Daniel. Cet empereur, exilé dans une île durant un temps
septuplement septuple, dort (ou il est mort), mais il est tout à coup éveillé (comme du
sommeil de l'ivresse) par un ange : « Et l'Oint sera révélé : celui qui doit être révélé
par les glaives et les signes du Seigneur sera manifesté ; il a été appelé par l'ange
visible qui apparaît sous la forme d'un eunuque en vêtements blancs, et (l'ange) dit à
l'oreille de celui qui dort, en lui prenant la main droite : "Eveille-toi, ô toi qui dors, lève-
toi de ton tombeau, et le Christ t'illuminera. Car il t'appelle pour paître un troupeau
nombreux." Et une seconde fois il lui dira : "Sors, toi qui es caché, ne te cache plus,
car beaucoup te cherchent. Tous sortiront, toi seul tu entreras." ».
La description de ce vrai empereur met en lumière l'ambiguïté d'un personnage
qui mêle des attributs positifs et négatifs : « L'ongle de son gros orteil au pied droit
est longxxiv, sa voix est douce, sa vue est agréable, son aspect est celui d'une
femme, il est d'âge moyen, chauve, petit, de poil blanc. Il est très savant et connaît
beaucoup de choses ; il connaît l'avenir, il a le don de prophétie et la fait connaître.
Son nez est fuyant, ses yeux levés vers le ciel, son vêtement est pauvre et il est vêtu
d'une loque, car c'est un serviteur. Il est doux et ami des hommes, magnanime,
généreux, terrible, noble. Sa droite a deux chaînes emboitées, il porte des croix
pourpres sur les omoplates, et un autophion (?) sur la poitrine et le cou. Il a des
chaînes sur la poitirine, le cou, les jambes et les bras. Le nom de l'empereur est
caché dans les nations. Il ressemble au dernier jour qui est le septième. Et il est écrit
à partir de la première lettre du nombre 18, ou dans la première de 300. »xxv
Il « habite près du sigma dans la partie ouest de Constantinople » et « en sort
par la porte d'or et la porte du xylokerkos ». Il sera manifesté par des signes dans le
ciel, on le reconnaîtra comme l'empereur légitime et il chassera les ismaélites.
Ce texte composite amalgame des éléments empruntés à diverses traditions,
particulièrement l'Apocalypse de Méthode, les Visions de Daniel, l'Apocalypse
d'André Salos, le premier groupe d'Oracles de Léonxxvi, ainsi qu'à la littérature
messianique juive.

c) La Prophétie à Manuel II
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Dans plusieurs manuscrits tardifs du mont Athosxxvii est mentionnée une


prophétie qu'un saint vieillard (appelé Leontios dans un de ces manuscrits,
peut-être par une allusion à Léon) aurait faite en 1394 à Manuel II qui
l'interrogeait sur le septième âge, et qui aurait été transcrite par un Jean
l'Hagiorite. Cette prophétie inédite, que je n'ai pu consulter, semble d'un grand
intérêt malgré la date tardive des manuscrits.
Voici les quelques éléments dont on dispose d'après les catalogues. La
prophétie s'intitule Sur la fin du monde et la prise de Constantinople et sur le saint
empereur à venir et commence ainsi : « L'empereur kyr Manuel Paléologue voulut un
jour s'instruire, à propos du septième âge, pour savoir si du temps sera rajouté ou si
ce sera la fin. »
Selon A. Argyriouxxviii, il s'agirait d'une variante du Centon sur le pauvre
empereur. La prophétie à Manuel II s'apparente donc à la littérature oraculaire,
mais l'interrogation sur le septième âge est originale dans ce contexte (on ne la
trouve pas dans le Centon) et rattache cette version aux interrogations
apocalyptiques de la fin du règne des Paléologues. La date attribuée à
l'enquête de Manuel II n'est pas indifférente : l'an 1394 est en effet le début du
dernier siècle du septième millénaire. Il est donc logique d'attribuer à l'empereur
des interrogations sur la date exacte de la fin du monde par rapport à l'an 7000.
On retrouvera, quelques décennies plus tard, la même question adressée au
métropolite Syméon de Thessalonique par Gabriel de Pentapolis.

d) Oracles sur la prise de CP

Le milieu du XVe s., avant et après la prise de la Ville, connaît une floraison
d'oracles sur la fin de Constantinople et sur la fin du monde. En voici quelques
exemples :
Dans sa Lettre sur la prise de Constantinople (1455), Georges-Gennadios
Scholarios raconte comment, avant la prise de la Ville, beaucoup pensaient que Dieu
remettrait le pouvoir à « ce fameux empereur pauvre » xxix.
Un oracle fréquemment cité après la chute de Constantinople affirmait que la
cité fondée par Constantin fils d'Hélène tomberait sous Constantin fils d'Hélène (la
mère de Constantin Dragasès s'appelait Hélène). On trouve cet oracle rapporté par
Isidore de Kiev, Nicolo Barbaro, la Chronique brève n° 52, Scholarios ...xxx D'autre
part, nombre de textes byzantins de cette époque assimilent Mehmet II à
l'Antechristxxxi .
Enfin, un vieil oracle concernant la colonne de porphyre du forum de Constantin
connut un avatar tragique lors de la prise de la Ville. Selon cet oracle, quand les
infidèles arriveraient à cette colonne, un ange remettrait un glaive à un empereur
pauvre et inconnu qui les chasserait jusqu'au lieu-dit Monodendron (devenu par la
suite le Pommier rouge). La colonne de Constantin avait certes un statut particulier
(comme symbole de salut) dans la littérature apocalyptique, puisque l'Apocalypse
d'André Salos la laisse seule émerger lorsque Constantinople tout entière est
submergée par les eaux, « parce que (cette colonne) contient les clous
précieux »xxxii. Le chroniqueur Doukas rapporte comment les Byzantins, abusés par
cet oracle, au moment où les Turcs pénètrèrent dans la ville, se précipitèrent à
Sainte Sophie pour mettre la colonne de Constantin (ou colonne de la croix) entre
eux et les Turcsxxxiii . Il s'ensuivit un grand massacre.
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3. Textes postérieurs à 1453

Plusieurs textes de la fin du XVe siècle et du XVIe témoignent de la


persistance, sous de nouvelles formes, de ces thèmes apocalyptiques et oraculaires.

a) L'inscription du tombeau de Constantin

Un texte attribué à Scholarios « quand il était juge impérial » se donne comme


le déchiffrement d'une inscription énigmatique qui se trouvait gravée sur le tombeau
de Constantin le Grand. Scholarios aurait déchiffré cette inscription mille-cent-un ans
après la mort de Constantin (soit en 1430 ou 1438 selon la date qu'on attribue à la
mort de cet empereur)xxxiv.
Cette inscription consistait en une série de lettres qui se trouvaient être les
abréviations d'un texte. Ainsi, le début de la série de lettres (T PT T ID H BL) se lit :
V° √ƒ‡…ñ …ï» •µ{ß≤…∑ å x`«§≥|ß`... Le texte restitué décrit la prise de
Constantinople et les combats qui s'en suivirent, avec une grande exactitude
historique jusqu'en 1463 ; ensuite, la réalité historique fait place à des variations sur
des thèmes traditionnels. On peut en conclure que ce texte fut composé vers 1463-
1464.
Selon ce texte, cinq empereurs musulmans se succèderont avant le
rétablissement de l'empire chrétien. La fin du monde n'est donc pas imminente, et.
ce texte ne se rattache pas à la tradition apocalyptique mais à la tradition oraculaire.
Il veut apporter aux Grecs humiliés un message de réconfort et d'espoir puisque
leurs ennemis ne règneront pas toujours. On a pu y déceler aussi un appel adressé
aux Grecs pour coopérer à une croisade occidentale contre les Turcs.
En tout état de cause, ce texte ne peut être attribué à Scholarios qui croyait la
fin du monde toute proche.

b) Le pseudo-Sphrantzès

Le Chronikon majus , attribué à Sphrantzès mais qui fut en réalité rédigé au


e
XVI siècle par Makarios Melissenos, comporte un excursus apocalyptique à la fin
du premier chapitre du livre IVxxxv. Cet excursus expose la succession des empires
selon le schéma classique depuis la prophétie de Daniel. Le cinquième empire, celui
des Romains, « a été détruit par les Ottomans ... ou Agarènes ». Mais cet empire
aura lui-même une fin, il sera détruit par la race blonde (…∑◊ ∂`µ¢∑◊ zĵ∑ ») et « en
même temps tout Ismaël sera mis en fuite selon les oracles (€ƒä«¥∑Õ») des divins
hommes »xxxvi.
Remontant à la naissance d’Ismaël et d’Isaac, et à la promesse de Dieu à
Ismaël de faire de lui un grand peuple, le pseudo-Sphrantzès explique par cette
promesse la prospérité temporaire des Arabes. Il en tire une leçon morale : puisque
la chute de l’empire romain (byzantin) était prédite dans la Bible, de même que la
victoire des Arabes, les Grecs ne doivent pas ajouter foi aux insinuations des
Italiens : « Ce n’est pas parce qu’ils ne pensaient pas droitement que les Romains,
les Serbes et les Bulgares [ont été vaincus], comme le disent ceux qui nous accusent
et nous injurient. Et si nous avons été châtiés pour nos péchés, vous les Italiens ne
soyez pas insouciants, mais frappez-vous la poitrine, rentrez en vous-mêmes et
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cessez de nous accuser. »xxxvii En effet, si les Arabes sont l’instrument de Dieu pour
châtier les croyants, les Italiens n’ont pas à s’enorgueillir de leur foi en lui attribuant
leur indépendancexxxviii.
Dans l’édition de Grecu, l’apparat-critique signale, après la mention de la
destruction future de l’empire ottoman, un important ajout de plusieurs
manuscritsxxxix. Cet ajout (qui comporte lui-même des variantes) contient une allusion
à l’horoscope de la nation arabe du Pseudo-Stephanos d’Alexandrie, qui donnait à
l’empire arabe une durée d’existence de 365 ans. L’auteur de l’ajout, s’autorisant de
l’avis d’« hommes sages et excellents », propose une réinterprétation de cet
horoscope, qu’il assigne non plus à l’empire arabe mais à l’empire ottoman. Selon
lui, il faut compter 365 ans non pas à partir de l’hégire (622 après Jésus-Christ, ce
qui situe la chute de l’empire musulman en 987) mais à partir du début de l’empire
ottoman, « de même qu'en ce qui concerne la prophétie de Daniel (...) les exégètes
ne font pas remonter l’empire romain à Romulus et Rémus (...) mais seulement à
Octave ». Il propose donc de calculer l’horoscopedu Pseudo-Stéphanos à partir de
l’arrivée au pouvoir d’Osman, fondateur de la dynastie ottomane, soit 1290. Si l’on
ajoute 365 à 1290, on peut prédire la chute de l’empire ottoman pour l’an 1655. Un
horoscope de Léon le Sage, prédisant aux fils d’Agar une durée de règne de 300
ans, est ajouté comme une confirmation de la fin annoncée de l'empire des
musulmans.
De même que l’inscription de Constantin, ce texte postérieur à la chute de
Constantinople, tout en utilisant des éléments apocalyptiques, se rattache à la
tradition oraculaire, en ce qu’il prédit un avenir historique et non eschatologique.

II - La fin du monde à nos portes

Si un grand nombre de courants de pensée sous les Paléologues ne sont que


l’aboutissement de traditions millénaires, apocalyptiques ou oraculaires, cette
période se distingue cependant des autres par une appréhension plus directe de la
proximité de la fin du monde. Deux facteurs jouent en ce sens : tout d’abord les
malheurs de l’empire (cet empire qui retient l'Antechrist selon l’interprétation de 2
Thess 2, 7-8), malheurs qui conduisent à la prise de Constantinople (qui devait durer
jusqu’à la fin du monde), et en second lieu l’achèvement du septième millénaire.
Cette dernière circonstance exacerbe les interrogations sur la date précise de la
consommation des temps.

A) Peut-on connaître la date de la fin du monde ?

1) Non

A ses disciples qui lui demandaient quand aurait lieu la fin du monde, Jésus
répondait que nul n’en savait la date, « pas même le Fils, mais seulement le
Père » (Mt 24, 36 ; Mc 13, 32 ; cf. Ac 1, 7). Plusieurs prédicateurs de l’époque
des Paléologues se situent dans cette ligne : la date exacte de la fin des temps
n’est pas connue ; cependant, de nombreux signes montrent qu’elle est proche.
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C’est le cas de Syméon, métropolite de Thessalonique, mort en 1429 durant le


siège de la ville par les Turcs. Parmi les questions que lui pose Gabriel de
Pentapolis, deux sont révélatrices des interrogations de l’époque : « La fin du
monde aura-t-elle lieu à la fin du septième millénaire ou au cours du
huitième ? »xl — « Le monde a-t-il une fin ? »xli
Dans ses réponses, Syméon développe le symbolisme du chiffre 7 (les sept
jours de la création du monde, les sept planètes, les sept âges de l'homme, les
sept zones de la terre, le septième jour d'une maladie qui détermine la crise ...).
A cause de ce symbolisme, dit-il, certains croient que le monde durera 7000
ans ; en fait, Dieu seul connaît la date, mais ce dont on peut être sûr c’est que
le monde aura une fin (le monde n'est pas éternel), et qu'il y aura des signes de
cette fin.
Or ces signes sont visibles aujourd'hui, les plus clairs étant la croissance de
l’iniquité et le refroidissement de la charitéxlii. La fin est donc proche, et l’évêque
en conclut la nécessité de la conversion.

A la même époque, Joseph Bryennios, prédicateur officiel de la cour impériale,


abordait le thème dans ses homélies, et lui consacrait explicitement deux
d’entre ellesxliii.
Dans la première de ces homélies, prononcée à Constantinople dans l'église
des Saints-Apôtres, en présence d'un des empereurs, Bryennios affirme que la
fin du monde est à nos portes, mais que même les plus grands des anges en
ignorent la date. Parmi les signes de cette proximité, il relève le refroidissement
de la charité et l’achèvement du septième millénaire. Mais, poursuit-il, à quoi
peut nous servir de connaître la date de la fin du monde, puisque la plupart
d'entre nous mourront avant cela (l’an 7000 étant encore éloigné de quelques
décennies) ? Il convient donc que chacun se préoccupe non de la fin du monde
mais de sa propre fin.
Dans la seconde homélie, prononcée au palais en présence de nombreux
évêques, Bryennios reconnaît que beaucoup s'interrogent avec angoisse sur la
fin du monde. Mais pourquoi avoir peur, interroge-t-il ? La fin du monde ne
signifiera pas son anéantissement, mais sa transformation en un monde
meilleur avec la parousie du Christ. C'est l'éblouissement de la lumière du
Christ qui effacera le soleil, et non la destruction du soleil ; le monde passera
de l’état de corruption à celui d’incorruptibilité. Quant à la date, nul ne la
connaît, mais certains signes la révèlent proche (le refroidissement de la
charité) ; en fait, tous ces signes ne font que rendre plus souhaitable la fin du
monde qui mettra fin à la décadence actuelle. Les chrétiens doivent donc
espérer la fin du monde plutôt que la redouter.
De plus, c'est Dieu qui détermine la date et non les calculs ; si le dernier jour du
douzième mois du septième millénaire à la septième heure, le nombre des
justes n'est pas complet, la fin du monde n'aura pas lieu, car les millénaires
sont pour les saints et non les saints pour les millénaires ; or le nombre des
élus n'est connu que de Dieu. Bryennios conteste donc par là une interprétation
trop littérale du septième millénaire.
2) Oui
10

Mais ces réflexions autorisées (un évêque, un prédicateur officiel) n’empêchent


nullement les supputations et les calculs. Nous en donnerons trois exemples.

a) La prédiction du très saint Andritzopoulos à kyr Michael Zôrianosxliv

Le manuscrit Paris gr 2261, copié en 1364, contient une lettre envoyée par
Kosmas Andritzopoulos, moine ou prêtre d'Etolie, à Michel Zorianos, }√® …ï»
…ƒ`√Äâä» de Thomas Doukas Komnènos Angelos, prince d'Epire vers 1300. En voici
le texte :
« Au sujet des Romains je veux que tu saches ce qu'il n'est pas possible
d'apprendre des autres. La Croix a comme chiffre mille-deux-cent-soixante-et-
onzexlv, chiffre qui a été accompli (}√≥䃇¢ä«`µ) depuis notre seigneur Christ jusqu'au
Paléologue. Jusque là l'Eglise des Romains a été conservée ainsi que l'empire.
Puisque le chiffre de la Croix a été accompli, cette Croix qui est le sceptre et la verge
et l'armure de tous les fidèles contre les ennemis intelligibles et sensibles, il n'y a
plus d'espoir que le sceptre des Romains soit renouvelé. Celui-ci une fois détruit, se
produira la parousie de l'Antéchrist. Le divin Apôtre le confirme en disant : “quand
celui qui le retient sera écarté — ce qu'il appelle ‘celui qui le retient’, c'est le pouvoir
des Romainsxlvi — alors se produira” la parousie de l'Antéchrist, alors l'Antechrist
s'approchera. Car tant que l'Eglise et l'empire des fidèles sont conservés, le diable
ne viendra pas ; mais par l'abandon de Dieu, parce que la fin générale approche,
l'Eglise des fidèles passe tout d'abord, selon le chiffre de la Croix, et puis c’est
l'empire qui passe. Mais ils passent progressivement ; ils ne passeront pas
subitement, mais peu à peu, comme le déluge au temps de Noé est venu peu à peu
et non pas subitement, par la venue progressive de la colère, car c’est Dieu qui
opère pour nous ce retournement. Puisque l'Eglise et l'empire ont une fin, comme le
diable déjà reçoit l'héritage, comment les Romains triompheront-ils, comment
croîtront-ils, alors que leur pouvoir passe déjà peu à peu, comme on l'a vu ? Quand
le jour baisse, la lumière ne peut remonter. Si, méprisant également le pouvoir des
païens et leur nombre, tu refuses de croire à ce qui est dit, Dieu ne se préoccupe
pas tant d'eux (les païens), mais c'est de nous (qu'il se préoccupe), nous qui avons
cru en lui et qui avons reçu une loi pour des prescriptions angéliques et qui ne
l'avons pas observée. Et si (les païens) deviennent progressivement plus forts,
cependant ils retomberont à nouveau, et seront soumis à la perdition finale. Ces
choses se produiront ainsi et non autrement, si nous acceptons le fait que
l'Antechrist doit venir, comme le disent les Ecritures qui prédisent le règne injuste et
tyrannique du diable. Car de même que, lors de la Venue du Christ, vinrent de bons
serviteurs et prophètes, comme le Précurseur, de même aussi il est nécessaire que
les chars de l'Antechrist et ses fléaux le précèdent et dominent les âmes des
hommes. Tout cela est déjà évident, et il n'est pas besoin d'autre interrogation. Je
salue ta majesté. »
Le chiffre de la Croix (1271) étant accompli « depuis le Christ jusqu’au
Paléologue », on peut dater cette lettre peu après l’an 1271, en tout cas avant la
mort de Michel VIII. L’auteur de la lettre ne semble pas croire à la restauration de
l’empire par Michel VIII, car « quand le jour baisse, la lumière ne peut remonter ». Le
premier signe de la fin de l’empire est que « l’Eglise des fidèles passe, selon le
chiffre de la Croix. » Cette indication peut nous autoriser à situer la rédaction de cette
lettre après la conclusion de l’Union de Lyon (1274), qui apparaît aux yeux de ses
11

adversaires comme la destruction de la véritable Eglise. Il semble que l’on peut voir
dans ce texte un témoin des spéculations sur la fin du monde dans le contexte
antilatin et antipaléologue du despotat d'Epire, entre 1274 et 1282.

b) Georges-Gennadios Scholarios

L'oeuvre du philosophe qui devait devenir le premier patriarche de


Constantinople sous les Turcs est parsemée d'allusions à la proximité de la fin du
mondexlvii ainsi qu’aux oracles qui pullulaient dans la Ville peu avant sa chutexlviii.
Deux oeuvres postérieures à 1453 retiendront notre attention.
En 1464, Scholarios rédige une Réfutation de l'erreur judaïquexlix, dialogue de
facture classique entre un chrétien et un juif. Cette controverse mentionne des
manuscrits, perdus depuis, que Scholarios avait eu l’occasion de consulter avant la
chute de la Ville. C’est le cas d’un ouvrage, copié à partir de très vieux manuscrits,
qui contenait les prophéties de l'Ancien Testament et les oracles helléniques
annonçant la venue du Christ, et qui disparut avec beaucoup d'autres lors de la prise
de Constantinople.
Evoquant la fin du monde, le chrétien (porte-parole de Scholarios lui-même)
affirme exprimer l’opinion qui prévaut (}√§≤ƒ`…∑◊«`µ) chez les chrétiens à propos de
sa date (≤`§ƒ∫»). Il mentionne des écrits astrologiques des anciens Grecs, dont les
calculs permettent d’affirmer que la consommation de toutes choses est proche.
D’après ces écrits, le septième millénaire doit connaître la domination
(€ƒ∑µ∑≤ƒ`…∑ƒß`) de la lune, « la dernière des planètes, si bien que ce millénaire
sera aussi le dernier ; et pour cette raison toutes les affaires humaines seront en
harmonie avec la lune, la vie sera courte, la fortune instable... ». Lorsque ce
septième millénaire s’achèvera, « les sept planètes entreront en conjonction dans un
seul degré du lion, et alors toutes les choses de la terre seront effacées par un
déluge de feu éthérien, comme ce fut le cas lors du déluge d’eau du temps de Noé,
quand tous ces astres étaient entrés en conjonction dans un seul degré du Cancer,
ce signe étant plein d’eau. »l . L’astrologie confirme ainsi l’Ecriture qui elle aussi
annonce la consommation des siècles. Cependant, nul ne sait si cette consommation
aura lieu « après l’achèvement de ce millénaire ou au moment de son achèvement
ou même avant qu’il ne soit achevé. »
Scholarios affirme donc à cette époque (1464) l’impossibilité de calculer
exactement la date de la fin du monde. Il reste en cela dans la lignée des
prédicateurs byzantins, refusant de prédire une date précise, et ce « bien que
certains nous en pressent. ».

Les pressions durent être fortes, car peu de temps après, Scholarios
entreprenait la rédaction d’une Chronographie dont le but était clairement de calculer
avec précision l’an 7000 de la Création. A cette fin, il refait le calcul de toutes les
générations depuis Adam jusqu'au Christ. Prenant l'âge de chaque patriarche à la
naissance de son fils, puis additionnant les durées de règnes des rois juifs (en
conjuguant données bibliques et historiens grecs), il aboutit à dater le déluge en l’an
2242, l’Incarnation en l’an 5506 et la Passion le 23 mars 5539.
Cette première partie de la Chronographie reste très classique, se conformant
aux modèles des calculs effectués par les Septante, les Antiquités judaïques de
Flavius Josèphe et les grandes chroniques byzantines comme la Chronique Pascale.
12

Plus riches d’enseignement pour notre sujet sont les scholies (ou Nota Bene) qui
suivent le texte de la Chronographie proprement dite. Le manuscrit étant autographe
et l’écriture homogène, on ne peut mettre en doute la paternité de Scholarios.
La première scholie énumère un certain nombre de correspondances qui
relèvent de la littérature oraculaire : correspondance entre Constantin et Hélène qui
présidèrent à la fondation de Constantinople et Constantin et Hélène qui présidèrent
à sa fin ; correspondance entre les noms du premier patriarche de Constantinople et
du dernier qui mourut dans la Ville encore libre ; correspondance de dates, tous les
événements importants de la destinée de Constantinople ayant eu lieu au mois de
mai. La dernière correspondance reprend explicitement l’oracle qui annonçait la
catastrophe finale « quand l’empereur et le patriarche auraient ensemble le nom de
K› ^li, syllabe qui exprime une lamentation. Scholarios rapproche cet oracle des
noms de l’empereur Iôannès VIII et du patriarche Iôsèph II, qui conduisirent la
délégation byzantine au concile de Ferrare-Florence. Comme l’Union de Lyon pour
Andritzopoulos, l’Union de Florence signifie pour Scholarios la fin de l’Eglise,
prémices de celle de l’empire.

La seconde scholie revient, après cet excursus oraculaire, aux préoccupations


eschatologiques. Elle est datée de l’an 6980 de la Création et 1472 de l’Incarnation,
et prétend explicitement calculer la date de la fin du monde.
Scholarios commence par résumer ses calculs précédents. Adam fut créé le
sixième jour, et le septième Dieu se reposa ; le Christ, nouvel Adam, est né en
5506lii, dans le cinquième millénaire et demi (}µ √Ä¥√…ñ ≤`® 奧«|ßl €§≥§c{§), c'est-
à-dire à la moitié du sixième millénaire. A la fin du septième millénaire, Dieu se
reposera (calcul un peu forcé, puisque dans le récit de la création Dieu se repose
tout le septième jour).
Or la fin du septième millénaire est proche. De plus, le septième empire a lui-
même connu son achèvement (il s’agit de l’empire romain, selon la tradition
apocalyptique). Vient le temps du huitième millénaire (€§≥§c») ou âge (`•‡µ) qui
n'aura pas de fin, et du huitième empire qui est le véritable (le royaume de cieux). Il
est donc important de calculer la date exacte de l’an 7000, en se fiant aux calculs de
ceux qui connaissent les Ecritures.
Deux calculs sont possibles. Si l’on compte d'après les Septante (cf. les calculs
de générations de Gen 5 et de Gen 11), l’an 7000 arrivera dans 21 ans « à
partir de maintenant où s'est achevée la soixante-dix-neuvième petite année »
(c’est-à-dire à partir de la fin de l’an 6979, soit 1471 de l’Incarnation). En effet,
6979+21=7000. En années de l’Incarnation, cela donne : 1471 + 21 = 1492.
En revanche, si l’on compte d'après Flavius Josèphe (dans ses Antiquités
Judaïques, qui diffèrent des Septante dans le calcul des générations bibliques),
l’an 7000 aura lieu dans 41 ans, soit l’an 1513 de l’Incarnation.
Entre ces deux computs, Scholarios donne la préférence à la durée la plus
courte à cause des signes flagrants que la fin est proche. Il attend donc la fin du
monde pour l’an 1492. Scholarios étant mort peu de temps après 1472, il ne
devait jamais savoir, du moins sur cette terre, si sa datation était la bonne.

c) Les inscriptions de St Dèmètrios de Thessalonique


13

En 1912, des inscriptions furent découvertes dans le narthex de Saint-


Dèmètrios de Thessalonique. Ces inscriptions portaient les dates des fêtes mobiles
(√`«€c≥§`§), calculées selon le comput mis au point par Isidore Glabas, métropolite de
Thessalonique au XIVe siècle, qui calculait la date de Pâques à partir des phases de
la luneliii.
Or les √`«€c≥§`§ retrouvées à Saint-Dèmètrios portent sur la période qui va de
1473 à ... 1492. L’église ayant été transformée en mosquée en 1492, on pourrait
penser que c’est cette transformation qui rendit inutile le calcul. Mais généralement,
les calculs ne se faisaient pas « au jour le jour » mais de nombreuses années à
l’avance : c’est donc bien avant 1492 que ces √`«€c≥§`§ furent inscrites, bien avant
que l’on ne sût que le bâtiment n’abriterait les fêtes de Pâques que jusqu’à cette
date. Tout se passe comme si l’auteur de ces inscriptions, quel qu’il soit, avait jugé
qu’après cette date le temps s’arrêtait et qu’après l’achèvement du septième
millénaire, il n’y avait plus lieu de calculer les fêtes.

L'apocalyptique byzantine survivra à Byzance, dans sa composante purement


apocalyptique comme dans sa composante oraculaire. Mais elle prendra des formes
différentes. La chute de l'empire romain et l’achèvement du septième millénaire
ayant eu lieu sans que le Jour du Fils de l’homme fût venu, toute la question était à
reconsidérer à nouveaux frais.
Mais si la consommation des siècles (« µ…|≥|ß`) n’eut pas lieu en 1492 comme
prévu, l’achèvement du septième millénaire correspondait bien à la fin d’un monde et
à la naissance d’un nouveau. Tandis qu’en Orient la fin du monde était « remise à
une date ultérieure »liv, en Occident, l’an 7000 de la Création du monde, 1492 de
l’Incarnation, Christophe Colomb découvrait l’Amérique.

Marie-Hélène Congourdeau
CNRS, Paris
i
. Cf. Irénée, Contre les Hérésies, V, 28, 3, trad. A. Rousseau, Cerf, 1984. Dans le
paragraphe précédent (V, 28, 2), ce chiffre de 6000 ans était mis en relation avec le
chiffre de l'Antéchrist dans l'Apocalypse de saint Jean : 666, « c'est-à-dire six
centaines, six dizaines et six unités, pour récapituler toute l'apostasie perpétrée
durant six-mille ans ». Pour Justin, martyrisé en 165, le sixième millénaire devait être
suivi de mille ans de paix eschatologique à Jérusalem, avant la résurrection
générale : cf. Justin, Dialogue avec Tryphon, § 81.
ii
. Cf. Cyrille de Jérusalem, Catéchèse XV.
iii
. L'ouvrage de référence est celui de P.J. Alexander, The Byzantine Apocalyptic
Tradition, edited by Dorothy de F. Abrahamse, Berkeley-Los Angeles-London, 1985.
Cf. aussi, pour une mise en parallèle avec les apocalypses ottomanes, S. Yerasimos,
La fondation de Constantinople et de Sainte-Sophie dans les traditions turques,
Bibliothèque de l'Institut Français d'Etudes Anatoliennes, Paris, 1990, p. 183-199 :
« La prise de Constantinople et la fin des temps ».
14

iv
. BHG 2036, ed. A. Lolos, Meisenheim am Glan, 1976 (1e et 2e rédactions) et 1978
(3e et 4e rédactions). L'Apocalypse attribuée à Méthode de Patara est divisée en
deux grandes parties : de la création du monde à la naissance de Constantinople ;
de la naissance de Constantinople à la fin du monde.
v
. Apocalypse de Léon de Constantinople, ed. R. Maisano, Naples, 1975 ; Visions de
Daniel, BHG 1871-1872, ed Vasiliev, Anecdota graeco-byzantina, 33-38, 38-43, 43-
47.
vi
.The Life of St Andrew the Fool, ed. L. Ryden, Uppsala/Stokholm, Studia Byzantina
Upsalensia 4,1995. Cf. L. Ryden, « The Andreas Salos Apocalypse, Greek Text,
Translation and Commentary », Dumbarton Oaks Papers 28, 1974.
vii
. Alexios Makrembolitès, F•» …éµ bzß`µ T∑Ÿß`µ √|«∑◊«`µ Ã√ª √∫≥≥›µ ≤`…d « µÄ€|§`µ
z|µ∑¥Äµ›µ «|§«¥Ëµ, éd. St. Kourousès, « A¶ aµ…§≥ä‹|§» √|ƒ® …˵ }«€`…›µ …∑◊
≤∫«¥∑ ≤`® å ≤`…d …ª Ç…∑» 1346 √…›«§» …∑◊ …ƒ∑Õ≥≥∑ …ï» ˆAzß`» T∑Ÿß`» », FFCT
37, 1969-1970, p. 211-250. Cette édition est accompagnée d'une étude sur les
courants apocalyptiques byzantins.
viii
. St. Kourousès, op. cit., p. 239. Ces thèmes remontent à l’époque patristique. Cf.
Cyrille de Jérusalem, qui écrit dans sa quinzième Catéchèse : « (l’Antichrist) viendra
quand seront accomplis les jours de l’empire romain et que dorénavant les
événements de la fin du monde seront proches ... », etc. (trad. J. Bouvet, Cyrille de
Jérusalem. Les Catéchèses, Migne, 1993).
ix
. Ed. J. Darrouzès, « Lettres de 1453 », Revue des Etues Byzantines 22, 1964.
x
. R. Maisano, L'Apocalisse apocrifa di Leone di Costantinopoli, Naples, 1975, p. 21.
xi
. Cf. P. J. Alexander, The oracle of Balbeck. The Tiburnine Sibyl in greek dress,
Dumbarton Oaks, Washington, 1967.
xii
. Th. Preger, Scriptores originum constantinopolitanarum, Leipzig 1907. Sur les
Patria, qui fixent sur le papier des traditions orales à propos de Constantinople, cf. G.
Dagron, Naissance d'une capitale. Consantinople et ses institutions de 330 à 451,
Paris, 1974 ; Idem, Constantinople imaginaire. Etudes sur le recueil des « Patria »,
Paris, 1984.
xiii
. C. Mango, « The Legend of Leo the Wise », Zbornik Radova VI 6,1960,59-94 ;
repris dans C. Mango, Byzantium and its image, Variorum, 1984, n° XVI. Ce premier
groupe d'oracles, le plus connu, est constitué par les poèmes édités dans PG 107,
1129-1140. Sur le plan d'ensemble et la datation de ce premier groupe d'oracles,
remanié à la fin du XIIe s., cf. Patricia Karlin-Hayter, « Le portrait d’Andronic I
Commnène et les Oracula Leonis Sapientis », Byzantinische Forschungen12, 1987,
p. 103-116.
xiv
. Cf. l'Apocalypse du pseudo-Méthode et celle de la Vie d'André Salos.
Constantinople ne peut être prise par ses ennemis parce qu'elle possède les reliques
de la vraie croix (Méthode) ou parce qu'elle est gardée par la Mère de Dieu à laquelle
elle est dédiée (André Salos). Cf. L. Ryden, Dumbarton Oaks Papers 28, 1974 ; S.
Yerasimos, « Apocalypses constantinopolitaines », Critique 543-544, août-septembre
1992, p. 614. Ajoutons que la fin de l'empire romain (que Byzance constituait) devait
coïncider avec les derniers temps.
xv
La vingtième lettre est le kappa.
xvi
. On se trouve en présence d'une claire interférence de l'apocalyptique juive : le
nom du Messie juif, dans certains mouvements messianiques, est en effet Menahem.
Sur cet oracle XI, cf. P.J. Alexander, Apocalyptic Tradition, p. 152, n. 3, qui souligne
15

que l’oracle emploie pour messie le terme grec ã≥|ߥ¥|µ∑», que la tradition juive
employait de préférence à €ƒß«…∑» utilisé par les chrétiens.
xvii
. Ces trois derniers oracles, de type messianique, développent le thème du roi
pauvre éveillé du sommeil de l’ivresse (ou de la mort), que l’on trouve déjà dans
l’Apocalypse du Pseudo-Méthode (« Il se lèvera sur eux un empereur des Grecs,
c’est-à-dire des Romains, habité d’une grande colère et il se réveillera du sommeil,
comme un homme aviné, que les hommes considèreront comme mort et inutile. » =
éd. Lolos, 1976, p. 120-127 ; trad. S. Yerasimos, « Apocalypses... », p. 612). Sur la
naissance de ce thème et son évolution dans la littérature apocalyptique, cf.
Alexander, Apocalyptic Tradition, p. 151 s. C’est une des nombreuses interférences
entre les traditions apocalyptique et oraculaire.
xviii
. Plusieurs citations des chroniqueurs concerant ces oracles (Zonaras, Kedrenos,
Choniates, Grégoras...) sont édités dans PG 107, 1121-1128.
xix
. Nicéphore Grégoras, Histoire, IX, 14, 5, p. 463 Bonn : « Alors nous devint clair et
compréhensible un €ƒä«¥∫» qui auparavant était obscur pour tout le monde. En effet,
l'empereur avait trouvé un livre ancien, dont l'auteur était inconnu, et qui portait des
sentences énigmatiques et des connaissances mystérieuses, à l'aide d'images, de
ceux qui devaient régner. » Sur les oracles (dont ceux de Léon) au temps d'Andronic
Comnène, cf. Patricia Karlin-Hayter, « Le portrait d’Andronic I Commnène ... »,
p. 106-107.
xx
. Cf. C. Mango, « The legend... ». Ce deuxième groupe est édité par E. Legrand,
Les oracles de Léon le Sage, Paris, 1875.
xxi
. Nicéphore Grégoras, Histoire, I, 3-5, p. 150-152 Bonn.
xxii
. Sur la poursuite des thèmes apocalyptiques et oraculaires dans la littérature néo-
grecque à l'époque ottomane, cf. A. Argyriou, Les exégèses grecques de
l’Apocalypse à l’époque turque (1453-1821), Thessalonique, 1982 ; A. Carile, « Une
prophétie inédite en néo-grec et en vénitien sur la chute de l’empire ottoman »,
Byzantinische Forschungen 17, 1991, p. 31-45.
xxiii
. Ed. Lambecius, Paris, 1655 ; repris dans PG 107, 1141-1149. Comme l'a montré
P. J. Alexander (Apocalyptic Tradition, p. 130 s.), ce texte n'est aucunement une
paraphrase des Oracles, même s'il s'en rapproche par certains traits, peut-être
puisés à une source commune. Il s'agit en fait d'une compilation de thèmes
apocalyptiques et messianiques.
xxiv
. Signe attribué à l'Antéchrist dans certains textes apocalyptiques.
xxv
. Cette phrase énigmatique semble indiquer que le nom de cet empereur
commence par un iôta (première lettre de 18 = ih &) ou par un tau (première lettre de
300 = t &).
xxvi
. Sur les thèmes empruntés aux apocalypses, cf. S. Yerasimos, « Apocalypses
constantinopolitaines... », p. 611-615.
xxvii
. Iviron 547 du XVIIe S., Panteleimon 204 & 282, tous deux du XIXe s.
xxviii
. A. Argyriou, Les exégèses grecques ..., p. 98.
xxix
. Scholarios, Oeuvres Complètes, éd. par Petit, Sideridès et al., t. IV, p. 214 s..
xxx
. Isidore de Kiev, Lettre au pape Nicolas V, éd. A. Pertusi, La caduta di
Costantinopoli, 1976, I, p. 61 (notons que dans une lettre à Bessarion, Isidore
évoque le dixième Oracle de Léon : Ibid. p. 70) ; Nicolo Barbaro, Giornalo... , éd. A.
Pertusi, La caduta... p. 29-30 ; Chronique Brève 52,4, éd. Schreiner, Die
byzantinischen Kleinchroniken, CFHB 12,1-2, Vienne 1975-77. Pour Scholarios, cf. le
16

texte publié en annexe. Sur toutes ces prophéties qui couraient dans Constantinople
assiégée, cf. A. Pertusi, La caduta..., p. 357, n. 89, et p. 392, n. 5.
xxxi
. Cf. Doukas, Hist., 34, 5, p. 197 Grecu ; Isidore de Kiev, Lettre à la Seigneurie de
Florence du 7 août 1453, éd. A. Pertusi, Testi inediti e poco noti sulla caduta di
Costantinopoli, a cura di. A. Carlile, 1983 ; ıAµ`≤c≥ä¥` …ï» L›µ«…`µ…§µ∑ √∑|›», éd.
Kriaras, Thessalonique, 1965.
xxxii
. Cf. Apocalypse d'André Salos, 868b, éd. L. Ryden, DOP 28, 1974, p. 211, et
commentaire p. 254. Selon le Pseudo-Méthode, c’est la colline du Xerolophos
(littéralement colline sèche )qui émerge.
xxxiii
. Doukas, Hist. 39, 18, p. 365 Grecu. Doukas qualifie cet oracle ancien (proé
po&llwn cro&nwn) de faux forgé par des yeudoma&ntewn.
xxxiv
. Cf. C J G Turner, « An Oracular Interpretation attributed to Gennadius
Scholarius », in ˆF≥≥䵧≤c 21, 1968, 40-47. Le texte se trouve dans PG 160, 767-
774.
xxxv
. Pseudo-Sphrantzès, Chronicon Majus, IV, 1, 6-13, p. 462-468 Grecu.
xxxvi
. La proposition que nous avons soulignée se retrouve textuellement dans la
transcription de l’inscription du tombeau de Constantin.
xxxvii
. Ibid., § 12, p. 468 Grecu.
xxxviii
. C’était un thème de la polémique anti-grecque à la fin de l’empire.
xxxix
. Apparat du § 6, p. 462 Grecu.
xl
. Question 28, PG 151, 880.
xli
. Question 65, PG 151, 920.
xlii
. Cf. Mt 24, 12 : « Par suite de l’iniquité croissante, l’amour se refroidira chez le
grand nombre. » Ce signe est déjà souligné par Cyrille de Jérusalem dans sa
quinzième Catéchèse.
xliii
. Joseph Bryennios, Homélies I et II sur la fin du monde (√|ƒ® « µ…|≥|ß`»), éd.
Boulgaris, Oeuvres de J. Bryennios, tome, 2, Leipzig, 1784, p. 190-207et 208-226.
xliv
. Ed. Sp. Lampros, OÄ∑» ˆF≥≥äµ∑¥µä¥›µ 3, 1906, p. 475-476.
xlv
. Le chiffre de la Croix, obtenu en additionnant les chiffres correspondant aux
lettres de ce mot — TVAWSQT —, est effectivement 1271.
xlvi
. Interprétation apocalyptique classique de 2 Thess 2, 7-8 : « Dès maintenant, oui,
le mystère d’iniquité est à l’oeuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit
d’abord écarté. Alors l’Impie se révèlera. »
xlvii
. A titre d'exemples, voici quelques références d'après l'édition des Oeuvres de
Scholarios par Petit, Sideridès et al. : Panégyrique des Saints Apôtres (1456), I, p.
184 ; Homélie sur la Décollation de Jean-Baptiste (1466), I, p. 211 ; Discours sur la
procession du Saint-Esprit (1447), II, p. 16 ; Brève apologie des antiunionistes, III, p.
94 ; Sur les miracles, III, p. 383-390 ; Sur la Parousie, III, p. 333-336 ; Lettre
pastorale sur la prise de Constantinople (1455), IV, p. 214-219 ; Apologie à Théodore
Branas (1464), IV, p. 270 ; Lettre à Manuel Raoul Oisès, IV, 480.
xlviii
. Pour les oracles, cf. Homélie pour le Vendredi Saint (prononcée alors qu'il était
encore laïc), I, 146 ; Sur les miracles, III, 376 ; Sur la seule voie du salut (aux
musulmans), III, p. 443 ; Bref exposé de la foi chrétienne, III, p. 457 ; Questions et
réponses sur la divinité du Christ, III, p. 466-467 ; Lettre pastorale sur la prise de
Constantinople, IV, p. 214,216.
xlix
. Réfutation de l’erreur judaïque, III, p. 251-304.
17

l
. Les écrits astrologiques des anciens Grecs qu’évoque ici Scholarios appartiennent
au genre des traités sur les sept âges du monde, d’origine chaldéenne, tels ceux
publiés par F. Cumont, De septem mundi aetatibus, CCAG IV, 1903, p. 113-118.
Cependant les textes édités par Cumont, s'ils exposent la €ƒ∑µ∑≤ƒ`…∑ƒß` des
planètes, et celle de la lune durant le septième millénaire, dans les mêmes termes
que Scholarios, n'évoquent pas ce qui doit arriver à la fin de ce septième millénaire.
D’autre part, l’ouvrage de Bouché-Leclerc sur L’astrologie grecque, Paris, 1899, ne
fait nulle mention de cette conjonction finale.
li
. Cf. Oracle XI de Léon.
lii
. Cette datation de la naissance du Christ correspond à un premier état de l'ère
byzantine : cf. V. Grumel, La chronologie, Paris, 1958, p. 220.
liii
. Cf. N. Bees, « A¶ √`«€c≥§`§ }√§zƒ`Ÿ`® …∑◊ ˆAz. Eä¥ä…ƒß∑ J|««`≥∑µ§≤ï» ≤`® π
¥ä…ƒ∑√∑≥ß…ä» `À…ï» ıK«ß{›ƒ∑» D≥`xk» (+ 1396), Byz. Neugr. Jahrb. 7, 1928-1929,
p. 140-160. Le comput d’Isidore Glabas se trouve dans l’Ambr.346 et le Sinaït. 143.
Sur l’oeuvre astronomique d’Isidore Glabas, qui porte principalement sur le cycle
lunaire, cf. Anne Tihon, Calculs d’éclipses byzantins de la fin du XIVe s., 1987, repris
dans Etudes d’astronomie byzantine, Variorum, 1994, n° VIII.
liv
. Hergé, L’étoile mystérieuse, Casterman, 1947, p. 10.

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