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L E JO U R N A L D’ I N FO RM ATI O N DES SOLUTIONS ALTE RNATIVE S DE SANTÉ AOÛ T 2019

ÉDITORIAL Générosité
business
Quel est aujourd’hui
l’acteur le plus influent
Notre hygiène intime
menacée par la mode
du monde de la santé  ?
L’Ordre des médecins  ?
Le Gouvernement  ?
L’industrie pharmaceutique ?
Non. Toutes ces instances, publiques ou
privées, sont soumises à une influence tentacu-
laire, et cependant très discrète : la Fondation
Bill-et-Melinda-Gates.
et l’industrie
Dans un livre1 paru chez Actes Sud, le jour-
naliste d’investigation Lionel Astruc révèle
Lingettes, papier toilette, épilation… Entre les injonctions
l’effarant contrôle que le célèbre milliardaire de la mode, les conseils des influenceuses des réseaux
Bill Gates, créateur de Microsoft, exerce sur la
santé et l’alimentation à l’échelle globale. sociaux et les messages des industriels, nombreuses
Point de complotisme dans cette enquête,
« simplement » une mise au jour des liens étroits
sont les voix qui s’élèvent pour nous dicter la manière de
que la fondation philanthropique du milliar- prendre soin de notre intimité. Souvent pour le pire !
daire entretient avec les entreprises rattachées
à son trust. L’empire de Bill Gates nourrit l’in-
dustrie de l’armement, celle des OGM, de la
malbouffe et, d’un autre côté, prétend « sau- A ux États-Unis, dans certains
spas, des soins assez particu-
popularisée par une célèbre actrice.
Elle vise, selon ses promoteurs, à net-
ver » les victimes de son business ! Certains pays
d’Afrique se voient ainsi « offrir » un programme liers sont proposés aux clients : les toyer le vagin et même l’utérus, et
d’aide agricole dont les fruits alimenteront des bains de vapeur pour la région intime. permettrait de soigner de nombreux
entreprises comme Coca-Cola ! Pire : les se-
mences naturelles, traditionnellement utilisées
Imaginez l’expérience : débarrassé de maux gynécologiques. Des tendances
dans ces pays, sont généreusement remplacées vos vêtements et sous-vêtements, encore plus radicales que ce bain de va-
par des semences génétiquement modifiées, vêtu d’une simple robe ample, vous peur vaginal se répandent sur la Toile,
brevetées par Monsanto.
La fondation, qui consacre 4,5 milliards de dol- entrez dans une pièce baignée d’une comme la douche intravaginale au
lars par an à ses activités « philanthropiques », musique d’ambiance relaxante. Face à vinaigre de cidre, l’insertion de petits
oriente les politiques de recherche en investis- vous, un curieux dispositif : une sorte sachets d’herbes dans le vagin. À côté
sant dans les universités, les ONG, les journaux
liés à la santé et à l’alimentation. Elle a ainsi de chaise percée en son milieu, un peu de ces pratiques, qui peuvent s’avérer
consacré plus d’un milliard de dollars au projet à la manière des pots de chambre de risquées si elles sont pratiquées à tout-
de vaccination mondiale anti-HPV et à sa pro-
pagande. Or, comme vous le découvrirez dans
nos aïeux. Vous prenez place non sans va et en dehors de suivi gynécologique,
notre dossier ce mois-ci, les bienfaits santé du appréhension sur ce drôle de trône les industriels nous inondent de publi-
Gardasil sont douteux, c’est le moins que l’on et des effluves chauds ne tardent pas cités qui vantent les mérites de leurs
puisse dire.
La sincérité du désir de Bill Gates d’améliorer à inonder vos parties génitales. Elles produits spécialement conçus pour
la santé des milliards de gens plus pauvres que émanent d’un récipient d’eau chaude l’hygiène de notre siège. Notre intimité
lui n’est pas en question. Le problème n’est dans lequel infusent des plantes mé- est ainsi au cœur de toutes les atten-
pas tant sa vision technologique de la santé –
obsédée par les vaccins et les OGM – que son dicinales. Cette pratique s’adresse tions, avec cette idée récurrente : nos
absolue puissance financière pour la rendre principalement aux femmes et a été organes génitaux sont sales et doivent
dominante ! Et l’absence complète de contrôle
d’une quelconque autorité officielle sur sa fon-
dation. L’OMS, financée par Gates à hauteur de (suite page 2)
10 % – ce qui est considérable – a renoncé à tout
sens critique. C’est bien simple : la Fondation
Bill-et-Melinda-Gates exerce son influence
sur plus de 100 pays dans le monde, mais ne Notre hygiène intime menacée Comment se protéger du cancer
rend de comptes à personne, n’est contrôlée
par la mode et l’industrie�������������������� 1 du col de l’utérus ���������������������������������15
par aucun gouvernement. Elle enrichit tous
ses partenaires privés. Une « générosité » très Les faux laits sont-ils bons ?���������������� 6 « Le Gardasil n’est pas seulement
intéressée, qui ne souffre ni contradiction, ni inefficace, il est délétère ! »����������������20
concurrence et qui rapporte gros. Corde ondulatoire : vous allez vous
Le cassis, le super fruit français
faire du bien en vous amusant������������ 8
Astrid54, Rédacteur en chef qui chasse vos douleurs�����������������������23
www.alternatif-bien-etre.com 5 épices qui vous défendent La danse a des vertus que le sport n’a
1. L’Art de la fausse générosité, Lionel Astruc, Paris, Actes sud, mars de 15 grandes maladies (1re partie)����11 pas - Rencontre avec Lucy Vincent���28
2019
 À L A UNE
être récurés avec acharnement pour
une hygiène parfaite. Pourtant, cer-
tains gestes sont loin d’être anodins
et plutôt qu’aboutir à une pureté ori-
ginelle tant recherchée, ils pourraient
conduire à l’apparition de sérieux
problèmes de santé.
Cette odeur que je ne
saurais sentir
Il pèse, sur les épaules des
femmes surtout, cette idée
que nous devons sentir la rose, à
tout moment de la journée, tout
au long de l’année, jusque dans nos
sous-vêtements. Dans notre socié-
té qui est mal à l’aise avec tout ce
qui évoque l’animalité, la moindre
odeur devrait être annihilée sur-le-
champ. Et pour nous y aider, nous
avons à notre disposition une offre
pléthorique de produits d’hygiène
intime  : gels lavants, déodorants
intimes, crèmes hydratantes, talc
et lingettes au parfum de fraise,
banane, abricot… Envie d’exotisme
dans votre quotidien ? Des suppo-
sitoires pour le vagin, au parfum
enivrant des tropiques, proposent
de diffuser leurs senteurs du plus
profond de vous-même pendant
plusieurs heures. À grand renfort de
messages les garantissant hypoal-
lergéniques, respectueux de notre
pH intime, garants d’une sensation
de fraîcheur et de bien-être, ces pro-
duits cherchent à nous rassurer sur
leur innocuité. Mais derrière leur
façade de propreté, certains d’eux,
au-delà de leur coût souvent élevé,
cachent un visage peu reluisant et
comportent des composés dange-
reux. Les parfums qu’ils contiennent
sont susceptibles de provoquer des
réactions allergiques ; depuis une
directive européenne de 2003, 26
de ces composés (citronellol, cou-
marine, linalool, limonène, géraniol,
etc.) doivent être précisément men-
tionnés dans la liste des ingrédients
dès qu’ils dépassent un certain seuil
de concentration. Des conserva-
teurs, qui permettent d’allonger la
1. Sara E. Crann et al. Vaginal health and hygiene practices and product use in Canada: a national cross-sectional survey. BMC Women’s Health, 2018; 18 (1)
2 ao û t 2019   •  n °155
durée de vie des produits cosmé- pénétrer facilement dans notre
tiques, peuvent également être à organisme. Nombreux sont les gy-
l’origine de réactions allergiques : nécologues qui considèrent ces
la MIT (méthylisothiazolinone), produits marketing comme super-
parfois combinée à la MCIT (méthyl- flus et qui préconisent un simple
chloroisothiazolinone) est à éviter lavage à l’eau, éventuellement agré-
soigneusement. Ils peuvent éga- menté d’un savon très doux en guise
lement cacher des perturbateurs d’hygiène quotidienne. Car, en plus
endocriniens, avérés ou suspec- de masquer des odeurs qui pour-
tés, susceptibles d’entraîner des raient être le signe d’une infection à
troubles de la reproduction, comme prendre en charge sans attendre, ils
le butylphényl méthylpropional, pourraient également favoriser
l’un des 26 parfums allergisants à leur survenue. Astrid54
la délicate senteur fleurie, ou le cy-
clopentasiloxane qui rend la peau si
douce, certains parabènes (le propyl- Mycose et vaginose
parabène et le butylparabène), ou bactérienne
l’antioxydant BHT (hydroxytoluène
butylé). Des substances irritantes U ne étude canadienne menée
en 20181 s’est intéressée aux
peuvent entrer dans la composition pratiques de près de 1 500 femmes
de ces produits d’hygiène intime, en matière d’hygiène intime et
comme le laurylsulfate de sodium à leur santé gynécologique. Elle a
et le laurylsulfate d’ammonium, tout d’abord mis en évidence le fait
aux propriétés tensioactives, qui que ces produits sont loin d’être
éliminent les saletés, certes, mais boudés par les consommatrices  :
au prix fort. On retrouve dans bon 95  % d’entre elles les utilisent.
nombre d’entre eux du phénoxyé- Mais elle a également établi un
thanol, un composé banni des lien entre leur usage et un risque
produits d’hygiène des tout-petits, infectieux au niveau de la sphère
car reconnu pour sa toxicité sur le génitale spécifique à chaque pro-
sang et le foie par notre Agence duit. Les femmes utilisant des gels
nationale de sécurité du médica- désinfectants sont ainsi 8 fois plus
ment et des produits de santé, qui susceptibles d’avoir une mycose et
considère qu’il ne devrait pas être 20 fois plus susceptibles d’avoir une
utilisé pour la zone du siège. Une infection bactérienne que les non-
information qui ne doit pas être par- utilisatrices. L’emploi d’un gel de la-
venue aux oreilles des fabricants, vage est associé à un risque multiplié
qui n’hésitent pas à l’employer pour par 3,5 d’infection bactérienne et
élaborer des lingettes ou des émul- par 2,5 de mycose. Les femmes re-
sions lavantes, dont certaines sont courant aux lingettes sont 2 fois plus
spécialement développées pour les susceptibles d’avoir une infection
petites filles. Mais il n’est jamais trop urinaire, et celles utilisant des lu-
tôt pour former les futures consom- brifiants ou des hydratants 2,5 fois
matrices ! Quand ils sont employés plus susceptibles d’avoir une my-
sans étape de rinçage, comme c’est cose. Si une partie de ces femmes
le cas notamment pour les lingettes, opte pour ces produits en cas de dé-
ces produits potentiellement sagréments gynécologiques, ce qui
dangereux restent longtemps en pourrait en partie expliquer ce lien,
contact de la vulve. Et il s’agit d’une ils pourraient également avoir leur
région particulièrement sensible, part de responsabilité dans leur sur-
car elle dépourvue de la kératine venue. Car ces problèmes sont tous
qui protège la peau recouvrant le provoqués par des perturbations
reste du corps. Plus perméable, elle du microbiote vaginal, particulière-
laisse les substances indésirables ment sensible à l’action des divers
 À LA UNE

composés chimiques présents dans très répandue lorsque le micro- entre cette pratique et le risque de
ces produits. biote est bien équilibré. Au cours contracter une infection sexuelle-
de tests dans des tubes à essai, les ment transmissible4, dont le sida
scientifiques ont constaté qu’ils dé- et le papillomavirus, responsable
Un équilibre fragile truisaient 100 % de ces bactéries de cancer de col de l’utérus5, ou le
en vingt-quatre heures. Ils altèrent risque de naissance prématurée
Comme la peau ou l’intestin,
le vagin héberge une com- également la viabilité des cellules quand la pratique est fréquemment
munauté de milliards de microbes de l’épithélium du vagin  ; à dose mise en œuvre avant la grossesse6.
(principalement des bactéries, plus faible, l’hydratant a conduit
Une étude, basée sur le suivi de
mais aussi des champignons et à l’apparition de phénomènes
41 654 femmes pendant plus de
des virus) au rôle bénéfique  : le inflammatoires, comme en témoi-
six ans, a établi un lien entre la pra-
microbiote vaginal. Quand le mi- gnait l’augmentation de la quantité
tique de la douche vaginale et un
crobiote est sain, les Lactobacillus d’interleukine 8 dans le milieu.
risque accru de cancer de l’ovaire
sont présents en grande quantité. de 80 %7. La douche vaginale peut
Or, ces bactéries jouent un rôle
protecteur crucial. La muqueuse Propre jusqu’au fond également être source de conta-
mination par des perturbateurs
qui tapisse l’intérieur du vagin est du vagin endocriniens, certains produits
riche en glycogène, un composé
constitué d’un assemblage de mo- S i l’utilisation de produits d’hy-
giène féminine appliqués sur
utilisés contenant par exemple des
phtalates de diéthyle, capables de
lécules de glucose (du sucre). Les la vulve peut nuire au fragile éco- traverser la fine couche de peau qui
Lactobacillus le dégradent, ce qui système vaginal, quelles sont les tapisse le vagin. Des chercheurs ont
donne naissance à de l’acide lac- conséquences de la douche vagi- ainsi retrouvé des concentrations
tique qui, acidifiant le vagin, le rend nale, qui consiste à insuffler dans d’un dérivé de ces composés aug-
peu propice au développement de le vagin diverses solutions, utili- mentées de 52 % dans les urines
microbes pathogènes. Son pH est sées par certaines femmes pour des femmes adeptes de ce geste8.
ainsi de 3,5 à 4,5, là où il s’élève à 5 parfaire leur hygiène intime ? On
ou 6 au niveau de la peau. Elles sont imagine aisément l’effet décapant
également en mesure de produire de la manœuvre ! Des chercheurs Un sexe glabre pour
des substances antimicrobiennes américains ont étudié la flore va- plus d’hygiène ?
(le peroxyde d’hydrogène, par ginale de femmes ayant recours à
exemple), qui détruisent les visi-
teurs inopportuns. Ce microbiote,
cette pratique, aux États-Unis et P armi les mythes qui en-
tourent l’hygiène intime,
au Kenya3.
lorsqu’il est bien équilibré, joue figure l’idée que les poils sont sales
un rôle clé dans la prévention des Chez les premières, ils ont consta- et que l’épilation est garante d’une
maladies urogénitales, comme les té une plus forte concentration meilleure propreté. Aujourd’hui,
vaginoses bactériennes, les my- de bactéries témoignant d’un dé- la norme – largement imposée par
coses, les infections sexuellement séquilibre de la flore vaginale et les films pornographiques – est
transmissibles (dont le VIH), les rencontrées en cas de vaginose ainsi l’absence ou la quasi-absence
infections urinaires et même le bactérienne (comme Gardnerella de poils pubiens, et ceux (surtout
cancer. Il a également une grande vaginalis), une infection gynécolo- celles) qui y résistent font figure de
importance pour la conception, gique caractérisée notamment par rebelles. Une étude9 publiée dans
la grossesse et l’accouchement. l’odeur de poisson qui émane du un journal spécialisé en dermato-
Tout ce qui vient perturber ce fra- vagin. Curieusement, ils n’ont pas logie en 2016 avait décortiqué les
gile équilibre peut donc avoir des noté de particularités de ce type habitudes en matière d’épilation de
conséquences très néfastes sur la pour la flore vaginale des Kényanes, 3 316 femmes âgées de 18 à 65 ans
santé gynécologique des femmes. une différence qui pourrait être et mis en évidence que 83,8 % des
Des chercheurs de Boston2 ont mis liée aux spécificités de la compo- femmes interrogées y recourent au
en évidence les effets d’un produit sition du microbiote vaginal d’une moins une fois par mois. La princi-
hydratant et d’un lubrifiant sur les région à l’autre du monde. D’autres pale motivation, évoquée par 59 %
Lactobacillus crispatus, une espèce études ont montré une association d’entre elles, était justement cette
2. Fashemi B et al. Effects of feminine hygiene products on the vaginal mucosal biome. Microb Ecol Health Dis. 2013 Feb 25;24
3. Sabo MC et al. Association between vaginal washing and vaginal bacterial concentrations. PLoS One. 2019 Jan 24;14(1):e0210825
4. Luo L et al. Vaginal douching and association with sexually transmitted infections among female sex workers in a prefecture of Yunnan Province, China. Int J STD AIDS. 2016 Jun;27(7):560-7
5. Thanh Cong Bui et al. Association Between Vaginal Douching and Genital Human Papillomavirus Infection Among Women in the United States. J Infect Dis. 2016 Nov 1; 214(9): 1370–1375
6. John M. Thorp, Jr. et al. Alteration in vaginal microflora, douching prior to pregnancy, and preterm birth. Paediatr Perinat Epidemiol. 2008 Nov; 22(6): 530–537
7. Gonzalez NL et al. Douching, Talc Use, and Risk of Ovarian Cancer. Epidemiology. 2016 Nov;27(6):797-802
8. Francesca Branch et al. Vaginal douching and racial/ethnic disparities in phthalates exposures among reproductive-aged women: National Health and Nutrition Examination Survey 2001–2004. Envi-
ronmental Health, 2015; 14 (1)
9. Rowen TS et al. Pubic Hair Grooming Prevalence and Motivation Among Women in the United States. JAMA Dermatol. 2016 Oct 1;152(10):1106-1113

ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 3
 À L A UNE

recherche d’hygiène. Une ten- confort, là où nos aïeux pas si loin- pourrait-on dès lors vivre sans
dance particulièrement forte chez tains n’avaient à leur disposition pa-pier toilette ? Astrid54
les jeunes femmes de 18 à 24 ans. que du papier journal, bien abrasif
Mais dans une zone si fragile, des et peu absorbant. Mais là encore, le
désagréments ne tardent pas à sur- papier toilette regorge de produits
venir : microcoupures, rougeurs, chimiques : agents blanchissants à
poils incarnés formant des abcès… base de chlore, colorants, bisphé-
L’ensemble peut donner un rendu nol A (un perturbateur endocrinien
assez peu glamour, à l’opposé d’un notoire), pour les versions élabo-
des buts recherchés. Mais un pro- rées à partir de papiers recyclés11,
blème plus sérieux se pose. Les parfums… Autant de substances Les washlets japonaises sont une fusion entre
poils jouent un rôle protecteur et qui, conjuguées au frottement mé- les toilettes classiques et le bidet
permettent de maintenir un milieu canique, peuvent entraîner des
humide, adapté au microbiote qui y irritations, des microdéchirures,
vit. En menant une enquête auprès voire une fissure anale, facteur de
Plus propre, moins
de 7 580 personnes, des chercheurs constipation. Ces produits utilisés agressif : l’eau
américains ont mis en évidence sur le long terme peuvent égale-
une augmentation du risque de ment générer une sensibilisation D ans de nombreux pays,
on opte pour une autre
contracter certaines infections des muqueuses fragiles et conduire technique  : le nettoyage à l’eau,
sexuellement transmissibles chez au développement d’allergies. Les éventuellement avec un peu de
les personnes qui s’épilent : her- papiers les plus absorbants et bien savon. Et le bidet, que nous trou-
pès, papillomavirus, chlamydia et résistants sont les plus susceptibles vons particulièrement désuet, a
même VIH 10 , particulièrement de contenir du formaldéhyde, un fortement la côte en Italie, au
important chez les adeptes de composé utilisé dans l’industrie pa- Portugal, en Grèce, en Argentine…
l’épilation intégrale régulière. petière pour améliorer la qualité Après avoir fait ses besoins, on
Les microblessures et irritations du papier, classé cancérogène pour passe simplement des toilettes au
offrent en effet une porte d’entrée l’homme par le Centre internatio- bidet, pour un nettoyage à l’eau
des plus faciles à emprunter pour nal de recherche sur le cancer. Des tiède, à l’aide de la main. Il est éga-
les microbes pathogènes. Toutes chercheurs canadiens ont rapporté lement extrêmement pratique
les tendances beauté évoluent  : le cas d’une femme de 51 ans souf- pour faire une toilette rapide entre
il serait préférable que cette mode frant d’une irritation chronique de deux douches et pour se nettoyer
du zéro poils pubiens soit rapide- la vulve qui a été résolue lorsqu’elle après un rapport sexuel. Cela né-
ment dépassée et qu’à l’image des a remplacé son papier toilette ha- cessite bien sûr de disposer de
moustaches et barbes qui fleu- bituel par une version bon marché suffisamment d’espace pour faire
rissent sur le visage des hommes, la et non blanchie au chlore12. En cas cohabiter ces différentes commo-
toison pubienne retrouve sa place d’irritations récurrentes au niveau dités dans une même pièce, un luxe
dans nos sous-vêtements. de la sphère génitale qui restent difficilement accessible à tous. Ce
inexpliquées, ce facteur devrait nettoyage bien plus doux est parti-
Propre après un être considéré attentivement. culièrement appréciable en cas de
Conscients des limites de cette d’hémorroïdes ou de fissure anale,
passage au petit coin ? méthode d’hygiène sèche, les fabri- car il est moins agressif que le pas-
cants de papier toilette proposent sage du papier. Ce plébiscite par les
L
’un des alliés de notre hy-
giène intime quotidienne est des versions humides, qui limitent personnes souffrant de problèmes
bien sûr le papier toilette, utilisé les frottements désagréables et de ce type a pu laisser penser que
pour éliminer les résidus d’urine assurent une meilleure hygiène… l’usage du bidet en était un facteur
ou de selles après un passage aux Au prix d’une composition pas tou- causal, mais une étude a démontré
toilettes. Enfin, s’il s’agit bien sûr jours idéale, incluant des composés que ce n’est pas le cas13. Il pourrait
de l’objectif poursuivi, il n’est pas comme le phénoxyéthanol et mé- même contribuer à les prévenir, en
toujours atteint, la méthode ne per- thylisothiazolinone, évoqués plus réduisant la pression anorectale,
mettant pas d’obtenir un résultat haut ! Action nettoyante moyenne, comme l’ont montré des cher-
parfait. Disposer de papier toilette composés indésirables, impact cheurs coréens 14 en effectuant
nous apporte bien sûr un certain environnemental désastreux, des mesures chez 20 courageux

10. Osterberg EC et al. Correlation between pubic hair grooming and STIs: results from a nationally representative probability sample. Sex Transm Infect. 2017 May;93(3):162-166
11. Liao C, Kannan K. Widespread occurrence of bisphenol A in paper and paper products: implications for human exposure. Environ Sci Technol. 2011 Nov 1;45(21):9372-9
12. Jo Ann Majerovich et al. Chronic vulvar irritation: could toilet paper be the culprit? Can Fam Physician. 2010 Apr; 56(4): 350–352
13. Teppei Kiuchi et al. Bidet toilet use and incidence of hemorrhoids or urogenital infections: A one-year follow-up web survey Prev Med Rep. 2017 Jun; 6: 121–125. Published online 2017 Feb 16
14. Seungbum Ryoo et al. Effect of Electronic Toilet System (Bidet) on Anorectal Pressure in Normal Healthy Volunteers: Influence of Different Types of Water Stream and Temperature. J Korean Med Sci. 2011 Jan; 26(1): 71–77

4 ao û t 2019   •  n °155
 À LA UNE

volontaires, à condition toutefois option est d’équiper ses toilettes de 17 à 66 ans, qui devaient com-
d’utiliser un jet d’intensité modé- d’une simple douchette, qui permet parer le temps nécessaire pour
rée et à température adaptée. de se laver ; pour le séchage, un déféquer et les efforts nécessaires
linge lavable peut être utilisé. dans 3 positions différentes : assis
sur des toilettes d’une hauteur de
Le Japon, à la pointe 41 à 42 cm ou 31 à 32 cm, ou accrou-
de la technologie Les toilettes à la turque, pis. Dans cette dernière position,
des sanitaires évacuation facilitée l’évacuation a été jugée plus rapide
et facilitée 15. Des chercheurs ja-
L a solution idéale est à aller A u Japon, aux côtés des WC
high-tech, les toilettes tra-
ponais16 sont allés plus loin dans
chercher du côté du pays du l’analyse en effectuant des me-
Soleil levant, où des toilettes par- ditionnelles résistent et équipent
sures précises de l’angle anorectal
ticulièrement sophistiquées sont encore de nombreux lieux touris-
dans différentes positions, chez 6
devenues la norme. Leur couvercle tiques, bien que le gouvernement
volontaires, grâce à une technique
s’ouvre automatiquement quand se soit donné comme objectif de les
d’imagerie perfectionnée. Ils ont
on entre dans le lieu d’aisance, telle voir disparaître d’ici aux JO de 2020,
découvert que la position accrou-
une invitation impossible à refuser ; pour assurer un meilleur confort aux
pie, quand les hanches forment
la lunette est agréablement tiède, touristes venus du monde entier. Il
un angle de 22,5° avec le reste du
un tableau de commande sophis- faut dire qu’elles sont assez rudi-
corps, permet d’obtenir la meil-
tiqué est à portée de main… Après mentaires, leur principe étant celui
leure position du canal anorectal
avoir fait ce qu’on a à y faire, il est des toilettes à la turque (qui n’ont
et réduit la pression abdominale
possible de choisir le jet adapté à de turc que le nom : elles auraient
nécessaire pour déféquer. En ré-
son besoin pour nettoyer vulve et/ été inventées en Belgique).
duisant les efforts de poussée, on
ou anus. Un souffle d’air tiède sèche L’utilisateur s’accroupit au-dessus
écarte le risque d’hémorroïdes.
la zone et met fin à l’expérience. d’une cuvette située au niveau du
sol pour faire ses besoins. Ce type Bien sûr, il est peu courant d’avoir
Ces sanitaires japonais, les washlets, de toilettes reste assez courant accès à des toilettes turques dans
fusion entre les toilettes classiques dans le monde et nous en croisons son quotidien, mais il est possible
et le bidet, permettent de ressortir encore dans notre pays, en par- d’améliorer sa position en utili-
parfaitement propre, sans avoir eu ticulier sur les aires d’autoroute. sant un petit tabouret, qui permet
besoin d’intervenir, réduisant les Elles sont assez peu appréciées de relever les jambes par rapport
risques de contamination par les en général, la position accroupie au bassin. Il existe également
matières fécales. Avec elles, pas pouvant être jugée inconfortable des structures en bois, carton ou
non plus de dispersion de micro- et le risque de projections de ma- plastique permettant d’adopter
gouttelettes d’eau souillées dans la tières loin d’être nul. Pourtant, elles une position accroupie sur ses
pièce comme on peut le reprocher présentent un avantage insoup- toilettes classiques, offrant des
au bidet classique. Le concept des çonné : elles permettent d’adopter repose‑pieds surélevés placés de
toilettes lavantes, avec une buse une position bien plus naturelle part et d’autre de la cuvette. Pour
nettoyante intégrée à l’abattant, n’a pour la défécation, qui a d’ailleurs lire un bon roman, on vous l’ac-
pourtant pas été inventé au Japon, été la norme pour l’homme depuis corde, c’est moins facile !
mais en Suisse, par Hans Maurer, toujours. Et il y a une raison anato- Au quotidien, nous effectuons
en 1957. Une option qui peine à mique à cela : la jonction entre le des gestes d’hygiène de façon un
s’imposer en France à l’heure ac- rectum (la poche où s’accumulent peu automatique, sans toujours
tuelle et qui reste un marché de les matières fécales) et le canal anal les questionner. Pourtant, ils
niche pour les quelques fabricants forme une courbure, d’un angle peuvent avoir un réel impact sur
qui la proposent. d’environ 90°, qui empêche l’éva- notre santé. Alors, plutôt que d’at-
cuation spontanée des selles et tendre la survenue de troubles,
Il faut dire que leur coût, attei-
assure la continence. Lorsque l’on pour mieux respecter notre phy-
gnant quelques milliers d’euros,
va aux toilettes, cet angle s’efface siologie, pourquoi ne pas changer
reste assez dissuasif. Pour tester
et permet leur sortie, mais plus ou quelques habitudes, en s’inspirant
le nettoyage à l’eau, il est possible
moins efficacement selon la posi- des bonnes idées de nos voisins
de l’expérimenter avec un « bidet
tion adoptée. plus ou moins lointains ?
portable », petit dispositif équipé
d’une réserve d’eau et d’une buse, Un chercheur israélien a étudié la Astrid54
manuel ou électrique. Une autre question chez 28 volontaires âgés
15. Sikirov D. Comparison of straining during defecation in three positions: results and implications for human health. Dig Dis Sci. 2003 Jul;48(7):1201-5
16. Sakakibara R et al. Influence of Body Position on Defecation in Humans. Low Urin Tract Symptoms. 2010 Apr;2(1):16-21

ao û t 2 0 1 9   • n °1 5 5 5
 DÉCRYPTAGE
Les faux laits sont-ils bons ?
Mieux tolérés par l’organisme que le lait de vache, les boissons à base de
végétaux connaissent un succès grandissant dans les supermarchés. Il y en a
désormais pour tous les goûts : soja, riz, avoine, châtaigne, épeautre, quinoa,
sarrasin, amande… Ces boissons sont-elles toutes bonnes pour la santé ?
E n quelques années, de nou-
veaux produits ont envahi
les rayons de nos supermarchés !
Mélange d’eau et de céréales (riz,
avoine, épeautre) ou de légumi-
neuses (soja) ou encore d’oléagineux
(amandes, coco, noisettes, etc.), les
boissons végétales ne cessent de
grimper dans les ventes (+ 20  %
selon l’Agence bio française, en
2017). Certes, le lait de vache
contient de bonnes protéines (avec
l’ensemble des acides aminés es-
sentiels) et des nutriments comme
le calcium, mais il pose plusieurs
problèmes pour la santé.
Pourquoi couper
le cordon avec le lait
de vache ?
N aturellement vegan, une
boisson végétale n’a rien à
voir avec du lait. D’ailleurs, même
si nous les appelons par raccourci
des « laits végétaux », ce type de
produit ne peut, en réalité, porter la
mention « lait ». Son profil nutrition-
nel est radicalement différent : il ne
contient quasiment pas de graisse
et de protéines, mais plutôt des
glucides, des minéraux et des oligo‑
éléments. Voici les principaux
avantages des boissons végétales
comparés aux laits animaux :
Pas de lactose
Le lactose, c’est le sucre du lait de
vache. Il n’est pas « allergisant »,
mais indigeste. De nombreuses
personnes sont ainsi intolérantes
au lactose. D’où le fait que cer-
taines marques proposent des laits
sans lactose. Pour dégrader cette
molécule, il faut une enzyme, la
6 aoû t 2019 • n °155
lactase. Si les laits animaux sont bien
assimilés par les jeunes enfants,
ils le sont moins par les grands. À
partir de l’âge de six ans environ,
notre organisme cesse de produire
cette enzyme. De la même manière
qu’un veau ne peut être nourri que
provisoirement sous sa mère, nous
ne pouvons/devons pas consom-
mer de lait animal une fois « sevré ».
Nous évitons par la même occasion
une surconsommation nocive de
protéines animales.
Moins d’acide urique
Les protéines contenues dans les
produits laitiers font grandir les
enfants, mais elles surchargent
les adultes en acide urique. Ce
déchet de leur dégradation méta-
bolique est fortement encrassant
et acidifiant pour nos tissus et notre
système rénal. Pour nous repré-
senter sa toxicité, il suffit de penser
aux élevages industriels grands
pourvoyeurs de lisier, dont la mau-
vaise odeur est proportionnelle à la
teneur en acide urique. Les laits vé-
gétaux sont généralement pauvres
en protéines (0,5 g/100 ml pour le
lait de riz, contre 3 g/100 ml pour le
lait de vache). Par ailleurs, les pro-
téines végétales contenues dans
certains, comme dans le lait de soja
(3,3 g pour 100 ml), ne produisent
pas autant d’acide urique lors de
leur dégradation que les protéines
animales.
Moins de stress immunitaire
Les protéines des laits animaux
contiennent des caséines, des
substances allergisantes selon
notre profil immunitaire. Il existe
plusieurs types de caséines, que
l’on trouve en diverses proportions
dans les laits de vache, de brebis, de
chèvre. Or, le premier rempart de
notre immunité, c’est notre système
intestinal. Nous savons depuis les
travaux de Jean Seignalet (auteur
du célèbre ouvrage L’Alimentation
ou la troisième médecine, éditions
du Rocher) qu’une alimentation
allergisante entraîne une porosité
intestinale. Cette « hyperperméa-
bilité » intestinale peut dérégler
notre système immunitaire et créer
une inflammation chronique source
de nombreuses pathologies de
civilisation : cancer, accidents car-
diovasculaires, obésité…
Comment bien choisir
sa boisson végétale ?
Attention aux OGM
et aux pesticides
La première chose à vérifier
dans une boisson végétale, c’est
la provenance et le mode de
culture de la céréale. Il faut être
particulièrement vigilant pour
le lait de soja. Non seulement le
soja d’importation n’est pas faci-
lement contrôlable (risque de
contamination OGM), mais c’est
aussi un mode de culture particu-
lièrement gourmand en pesticides.
Il vaut mieux donc s’orienter ex-
clusivement vers du soja bio, si
possible français.
Repérer la teneur
en glucides
Une boisson végétale est un ali-
ment transformé. Débarrassé de
son enveloppe fibreuse, broyé et
transformé en liquide, le végétal
ingéré est une source de sucres

rapides et non de sucres lents. Un
verre de lait de riz contient envi-
ron 20 grammes de glucides pour
200 ml, c’est l’équivalent de 4 car-
rés de sucre, comme un jus de fruit
ou du coca… Certains laits végé-
taux sont plus riches en sucre que
les autres. Rappelons que le risque
d’obésité n’est pas seulement lié
aux graisses, mais aussi aux sucres.
Pris en trop grande quantité, ils
sont stockés sous forme de lipides
à la suite du pic d’insuline qu’ils
provoquent.
Décoder les étiquettes
Sur l’étiquette, le mot « glucides »
désigne le total des sucres simples
et complexes présents naturel-
lement ou ajoutés. L’expression
«  dont sucres  » ne désigne que
les sucres simples, c’est-à-dire le
saccharose, le glucose et le fruc-
tose, naturels ou ajoutés. Retenez
plutôt comme référence la somme
totale des glucides, car les sucres
complexes comme l’amidon sont ra-
pidement assimilés par l’organisme
sous cette forme transformée.
Même si vous lisez la mention « sans
sucres ajoutés », rappelez-vous que
5 g de glucides dans la composi-
tion correspondront toujours à un
carré de sucre. Pour les boissons
riches en glucides, il vaut mieux les
consommer au cours d’un repas
plutôt qu’à jeun, afin de ne pas sur-
stimuler le pancréas. Considérez
qu’en dessous de 5 g de glucides
totaux, vous avez une boisson lar-
gement acceptable sur ce point.
C e r t a i n e s m a r q u e s (c o m m e
Ecomil) proposent des laits de coco,
de chanvre, de noisette, de quinoa
« sans sucre ». Cela n’est possible
que si la ligne « dont sucres » ne
dépasse pas 0,5 g pour 100 ml…
Parallèlement, dans le commerce,
vous pouvez trouver des boissons
au quinoa qui contiennent jusqu’à
12 g/100 ml de glucides. En fonc-
tion des marques, les taux de
glucides peuvent varier considé-
rablement pour un même végétal.
D’où la nécessité de toujours vé-
rifier la teneur en glucides avant
de glisser aveuglément le produit
dans le caddie.
Quelques index glycémiques
des boissons végétales
Plus l’index glycémique est élevé,
plus la boisson contient des sucres
rapides. Amande (30), soja (30),
coco (40), noisette (40), avoine
(40), châtaigne (60), riz (85). Par
comparaison : lait de vache (30).
Lait de riz ou lait de coco ?
Certains laits végétaux sont-ils
meilleurs que les autres  ? Voici
quelques généralités, à nuancer
fortement en fonction du proces-
sus de fabrication ou du choix des
ingrédients par le fabricant.
Les boissons à base de soja vont
contenir des protéines, dont les fa-
meux huit acides aminés essentiels.
C’est loin d’être le cas du lait de
riz (riche en glucides) ou du lait de
coco (riche en graisses saturées).
Si vous cherchez du calcium natu-
rellement présent, il vaut mieux
privilégier le lait d’amande, qui
contient aussi des vitamines A,
B et E. Son inconvénient, comme
plusieurs laits végétaux d’ailleurs,
c’est de cailler dans les boissons
chaudes, ce qui ne rend pas tou-
jours la préparation finale agréable.
Le lait d’avoine possède un index
glycémique bas, une bonne teneur
en fer et en magnésium ainsi qu’en
vitamines B et E. Nutritif, il était au-
trefois utilisé en remplacement du
lait maternel. Son seul inconvénient
est de contenir un peu de gluten,
donc déconseillé aux personnes
souffrant de la maladie cœliaque.
Un mot sur le lait de soja, objet
d’une controverse récurrente  :
DÉCRYPTAGE
sa composition riche en phyto-
œstrogènes suggère la modération
chez les enfants ou chez des person-
nes ayant eu un cancer hormono-
dépendant. À l’inverse, cette boisson
est plutôt recommandée aux femmes
qui approchent de la ménopause.
Conclusion, plutôt que de focali-
ser sur la même boisson végétale,
le mieux est de varier les plaisirs
pour profiter d’une diversité de
vitamines, minéraux et autres nu-
triments précieux pour la santé.
Faites-le vous-même !
Il existe désormais des machines
pour préparer son lait végétal mai-
son. On trouve aussi des pressoirs
manuels spécialement adaptés.
C’est une excellente manière de
contrôler le processus de fabrica-
tion, la composition et la qualité
des ingrédients choisis. Cela repré-
sente aussi des économies à la clé
et, surtout, moins de briques jetées
(avis aux gros consommateurs).
Avantage du fait-maison : rien ne
se perd, tout se transforme ! Selon
certaines graines, la pulpe issue du
broyage peut être récupérée et
servir à la fabrication d’un gâteau
ou d’un pain.
Confectionner soi-même son lait vé-
gétal est parfois plus long, mais pas
toujours : lait d’avoine, d’amande,
de châtaigne sont faciles et rapides
à faire. Je vous conseille ce site très
complet où l’on vous dit tout sur les
boissons végétales maison, avec
des informations supplémentaires
concernant les aspects nutri-
tionnels  : www.cfaitmaison.com
www.cfaitmaison.com/bio/faire-
laits.html
Cru ou pasteurisé ?
En utilisant des graines que l’on va
faire prégermer avant broyage et
filtration, on obtient un lait cru et
vivant, compatible avec une alimen-
tation vitale, un produit meilleur
pour la santé que les boissons pas-
teurisées ou stérilisées UHT…
Pryska Ducœurjoly
ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 7
 BIEN DANS SON CORPS
Corde ondulatoire :
vous allez vous faire du bien
en vous amusant
Une corde peut-elle vous aider à prendre soin de votre santé ?
Voici les conseils de notre spécialiste pour améliorer votre condition physique
et par conséquent votre qualité de vie grâce à cet outil hors pair.
D ans l’Égypte ancienne
(3 500-4 000 avant J.C.), les
humains utilisaient la corde pour
tirer, transporter, pousser et sou-
lever des personnes, des véhicules,
de l’équipement. Un moyen simple
pour améliorer leur qualité de vie, en
somme. Des siècles plus tard, John
Brookfield, un entraîneur améri-
cain, a été le premier à intégrer des
cordes dans les entraînements pour
les athlètes de haut niveau. Depuis
lors, les cordes apparaissent pro-
gressivement dans les centres de
remise en forme en France. Il n’est
pas rare aujourd’hui de voir des
coachs sportifs et des particuliers
s’entraîner avec elles, sur des stades
ou en pleine nature. Au début,
j’avoue avoir été sceptique quant
à l’utilité de cet outil, mais j’ai vite
compris que l’entraînement avec la
corde ondulatoire était un moyen
puissant, complet et irremplaçable.
À titre personnel et professionnel, je
l’utilise depuis huit ans avec toujours
autant de plaisir. Seulement, la plu-
part des pratiquants ne savent pas
comment l’utiliser. Avant de vous
faire part de mes conseils pour une
utilisation optimale, voyons quels
sont les bienfaits que vous pouvez
en tirer.
De multiples bénéfices
pour très peu
d’inconvénients
P our comprendre l’effet
que produit ce type d’en-
8 ao û t 2019   •  n °155
traînement, imaginez l’effet d’un
tremblement de terre qui pro-
voque un tsunami, une onde qui
va se propager avec plus ou moins
de puissance selon la force de ma-
gnitude. L’onde, créée par votre
intention et vos bras, va se propager
le long de la corde, mais également
dans vos membres inférieurs par
le biais des chaînes musculaires
(plusieurs muscles connectés fonc-
tionnant en même temps). Cette
onde va ainsi mettre en action et en
tension l’ensemble du corps. Plus la
corde sera longue et épaisse, plus le
travail sera intensif.
L’entraînement fractionné
sans risque
Parce qu’il joue sur l’alternance de
périodes d’efforts à haute intensi-
té et de périodes de récupération
plus ou moins longues selon notre
niveau et notre forme du mo-
ment, l’entraînement fractionné
agit sur nos hormones, stimulant
à la fois la combustion des graisses
et la construction musculaire. La
façon la plus connue pour s’entraî-
ner de cette façon est de courir.
Seulement, cette pratique n’est
pas sans risque et les ondes de
choc qu’elle provoque se réper-
cutent dans les articulations. Avec
la corde, l’onde que l’on produit
est régulière : les articulations, les
tendons et les structures ligamen-
taires subissent une contrainte
minimale sans que l’intensité au
niveau musculaire et cardiovascu-
laire soit réduite pour autant. C’est
donc un complément ou un subs-
titut (en cas de blessures) parfait
pour le coureur régulier. Il est aussi
préconisé pour les personnes en
surpoids ou souffrant d’obésité.
Amélioration de la mobilité
et de la stabilité
Grâce à la variété de mouvements
possibles, vous améliorez le fonc-
tionnement et la mobilité de vos
articulations. Tout comme un marin
qui tire, noue, enroule des cordes
tout autour de son navire, vous de-
venez plus stable et plus fort. Plus
vos ondes sont puissantes, plus
vous demandez à votre corps un ni-
veau de stabilité élevé. Pour rappel,
une bonne mobilité et une bonne
stabilité participent grandement à
la prévention des blessures.
Renforcement de la sangle
abdominale
Le centre du corps représente un
pilier autour duquel les membres
supérieurs et inférieurs com-
muniquent grâce aux chaînes
musculaires. Chaque mouvement
réalisé avec la corde va agir sur la
stabilité du centre du corps, ce que
l’on appelle le gainage, puisque l’on
utilise à la fois la force de gravité
(le poids de notre corps) et la force
créée par les ondes de la corde. Ces
deux vecteurs de force
procurent un effet unique.
Astrid54

Augmentation
de l’endurance
cardiovasculaire et
musculaire avec diminution
simultanée de la masse
grasse
Non seulement le travail avec
corde renforce la capacité aérobie,
c’est-à-dire l’endurance cardiovas-
culaire, mais il augmente également
l’endurance musculaire du haut, du
centre et du bas du corps. Les dif-
férents exercices nécessitent un
engagement musculaire important,
puisque de nombreuses répéti-
tions sont réalisées sur un laps de
temps très court, ce qui implique
des mouvements très rapides.
Cerise sur le gâteau, il augmente
également le métabolisme énergé-
tique en vous faisant perdre de la
graisse. Un excellent moyen d’agir
sur plusieurs objectifs à la fois.
Amusant et ludique
Si vous faites partie de ceux qui
s’ennuient en salle de remise en
forme, s’entraîner avec un outil
comme la corde vous procurera
une bouffée d’air. Au-delà des mou-
vements et des sensations insolites
éprouvées, ce type d’entraînement
permet de se défouler, de se dépas-
ser, mais aussi de partager un bon
moment entre amis.
Correction des déficits de
force unilatérale
Les vagues que vous créez au cours
de chaque exercice témoignent
des différences de force et de po-
sitionnements articulaires. Si vous
observez attentivement vos mou-
vements, vous remarquerez qu’un
côté de votre corps peut bouger
différemment de l’autre (moins de
coordination, moins de force, des
vagues plus petites, etc.).
La bonne nouvelle, c’est qu’au fil
du temps, ces différences dispa-
raissent et le corps s’équilibre.
Un point avant
le départ
Quel type de corde ?
Je vous recommande de débuter
avec une corde de 30 à 32  milli-
mètres de diamètre et de 15 mètres
de long. Ces dimensions offrent le
meilleur compromis pour une utili-
sation avec des objectifs multiples
(endurance, puissance, perte de
graisse, prise de masse musculaire).
Vous trouverez des cordes ondula-
toires sur la boutique de Christophe
Carrio https://www.christophe-car-
rio.com/fr/12-boutique.
Vous pouvez également opter pour
un diamètre de 42 millimètres
si votre objectif principal est de
prendre en masse musculaire, mais
ce type de corde coûte cher et n’est
pas facile à transporter.
Le point d’ancrage
Choisissez un terrain adapté (pe-
louse, gazon synthétique, parc,
plage, tatami, etc.) et passez la corde
autour d’un point d’ancrage. Pour
un entraînement en extérieur, vous
pouvez accrocher votre corde à un
arbre, un poteau, une cage de foot
sur un stade, à un kettlebell lourd.
Pour augmenter la durée de vie de
votre corde, je vous conseille de
placer un manchon en polystyrène
autour du point d’encrage.
La bonne position
La majorité des exercices se
pratiquent en position debout.
Fléchissez légèrement les genoux,
gardez le dos droit et maintenez
un gainage dynamique. Pour cela,
aspirez le plancher pelvien (« stop
pipi ») et abaissez les côtes. La tête,
la colonne et le bassin doivent être
bien alignés.
Pensez toujours à cette posture
de base qu’il faut maintenir pour
éviter les blessures et les compen-
sations. Il est très fréquent de voir
les postures se dégrader au cours
de l’exercice. C’est un signe que
BIEN DANS SON CORPS
l’intensité est trop élevée ou la
phase d’effort trop longue.
Une séance globale clé
en main
La séance que je vous propose ici
est une séance adaptée à tous. Vous
pouvez la placer après votre séance
de sport (sortie VTT, séance de
renforcement, sport collectif, etc.).
C’est un très bon moyen d’augmen-
ter le volume d’une séance sans
augmenter le risque de blessure.
Vous pouvez également faire une
séance dédiée pour développer
votre condition physique générale.
Durée de la séance : dix à vingt mi-
nutes selon votre niveau.
Vous pouvez faire cette séance
jusqu’à trois fois par semaine.
Durée
Récupé-
Niveau Effort
ration
Débutant 15 s. 30 s.
Intermédiaire 30 s. 30 s.
Avancé 30 s. 15 s.
Commencez toujours par des mobi-
lisations articulaires sur l’ensemble
du corps et un échauffement dy-
namique (des mouvements plus
rapides, des petits sauts contrôlés,
etc.) pour préparer les muscles, les
tendons et le cœur à l’effort. Cette
phase doit durer au minimum huit
minutes.
Exercice 1 : battements
synchronisés avec squats
En position de départ jambes flé-
chies, créez des oscillations simples
et synchronisées en effectuant des
squats pour chaque battement
(flexions de jambes, comme pour
s’asseoir). Les bras restent fléchis,
les épaules basses et les pieds sont
légèrement plus larges que vos
hanches.
Récupération : trente secondes.
ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 9
 BIEN DANS SON CORPS

1
Exercice 2 : battements alternés
En position de départ jambes
fléchies, créez des oscillations al-
ternées en fixant le buste et les
hanches.
Récupération : trente secondes.

2
Exercice 3 : machine à laver
(dans les deux sens)
En position de départ jambes flé-
chies, buste et hanches fixes, créez
un mouvement circulaire dans
un sens en gardant vos bras flé-
chis. Restez dans la zone épaules/
hanches. Changez de sens à la moi-
tié du temps.

3
Récupération : trente secondes.

Exercice 4 : uppercut

En position de départ jambes flé-
chies, saisissez la corde en prise
inversée et créez un mouvement
de coup de poing en diagonale
en partant du bas vers le haut.
Changez de bras à chaque répéti-
tion. Utilisez l’ensemble du corps
pour faire ce mouvement.
Récupération : trente secondes.

Exercice 5 : courir ou marcher

pendant une minute 4
Correctement et régulièrement
pratiqué, l’entraînement avec
une corde ondulatoire provoque
des adaptations métaboliques,
l’outil parfait, qui rendra vos séances
tout aussi ludiques qu’efficaces !
Astrid54

5
Coach sportif/santé
cardiovasculaires et neuromuscu- www.les-entraineurs-du-mieux-etre.com
laires. Si vous souhaitez renforcer
l’ensemble de votre corps en y
Reprendre le circuit depuis consacrant peu de temps et en mi-
le début nimisant le risque de blessure, c’est

10 ao û t 2019   •  n °155

5 épices qui vous défendent
de 15 grandes maladies (1re partie)
Hautement concentrés en phytonutriments, le piment, la cannelle,
le safran, le gingembre et le curcuma rassemblent un ensemble de bienfaits
impressionnants pour la santé, confirmés sans ambiguïté par un grand nombre
d’études. Merci aux explorateurs des temps anciens de nous avoir ouvert
la route des épices !
uand vous  payez «  en es-
Q pèces  »… vous payez en
épices ! Né au Moyen Âge, le terme
d’épices vient du latin species : il
désignait ces denrées végétales
si précieuses qu’elles étaient utili-
sées comme monnaie d’échange,
ce qui a donné par la suite le mot
« espèces ». Employées aux quatre
coins du monde pour agrémenter
les mets, les épices étaient aussi
recherchées pour leurs effets thé-
rapeutiques. Comme le curcuma
et le gingembre dans la médecine
ayurvédique, elles font partie de la
pharmacopée traditionnelle. Depuis
une trentaine d’années, ces deux
épices passionnent les chercheurs
autour du globe, qui analysent leurs
composés et leurs mécanismes d’ac-
tion, ce qui en font aujourd’hui les
épices scientifiquement les mieux
légitimées. Elles ne sont pas les
seules : bien d’autres sont scrutées
à la loupe pour comprendre les mé-
canismes qui leur permettent de
prévenir et de réduire le développe-
ment de nombreuses maladies, dont
l’obésité, le diabète, les pathologies
neurodégénératives, la dépression
et plusieurs types de cancers.
Six bonnes raisons
d’épicer ses plats
D e manière générale, en cui-
sine, les épices apportent un
goût prononcé et représentent une
savoureuse façon d’avoir la main
plus légère avec le sel ou le sucre
– ce qui, en soi, a déjà des répercus-
sions positives sur la santé. Mais
leurs bienfaits vont bien au-delà.
Malgré leurs spécificités, elles ont
en commun plusieurs caractéris-
tiques bénéfiques pour :
1. Mieux digérer
Les épices facilitent la digestion à
plusieurs niveaux : elles ouvrent
l’appétit, stimulent l’activité des
glandes salivaires et augmentent
les sécrétions gastriques et hépa-
tiques. C’est le cas en particulier du
poivre, du curcuma, du gingembre,
de la cannelle et du piment. Elles
sont antispasmodiques et agissent
au niveau des intestins en allégeant
la sensation de ballonnement après
le repas, par exemple l’anis vert, la
badiane, le fenouil et le cumin. Elles
préviennent également la stagna-
tion des aliments dans le tractus
digestif et améliorent le péristal-
tisme intestinal, ce qui peut réduire
la constipation, notamment grâce
au piment, au poivre, au gingembre
ou au cumin.
2. Lutter contre le stress
oxydatif
La concentration des épices en
antioxydants atteint des niveaux
bien supérieurs à ceux des autres
végétaux. Même en toute petite
quantité, elles permettent de lut-
ter puissamment contre les effets
négatifs des radicaux libres et de
diminuer le risque de maladies
chroniques. Les épices contribuent
notamment à la protection du
cœur et des neurones, par exemple
le piment, le clou de girofle, le
LE DOSSIER DU MOIS
curcuma, le gingembre, la muscade
et le poivre. Le fait d’associer des
épices à des fruits ou à des légumes
est particulièrement bénéfique, car
cela augmente naturellement la
teneur globale en antioxydants, les
aliments potentialisant réciproque-
ment leurs pouvoirs antioxydants.
3. Contrer l’inflammation
chronique
On connaît le rôle de l’inflammation
chronique dans de nombreuses
pathologies, le cancer, l’arthrose,
Alzheimer, le diabète, etc. Pour gar-
der l’inflammation sous contrôle,
les épices dominent largement
dans la liste des aliments aux pro-
priétés anti-inflammatoires. Les
plus connues sont le curcuma et
le gingembre, mais il ne faut pas
négliger les autres, comme l’anis
étoilé, la cannelle, la cardamome, le
piment, etc. Astrid54
4. Soutenir l’immunité
Les épices font partie des aliments
les plus riches en actifs bactéricides,
fongicides et insecticides. Grâce
à cette action antimicrobienne,
quand le réfrigérateur n’existait
pas encore, on en enrobait les ali-
ments afin de pouvoir les conserver
plus longtemps. Cette propriété
s’applique aussi à l’intérieur de l’or-
ganisme, et les épices modulent
la flore intestinale en réduisant le
nombre de pathogènes. On parle
de phytobiotiques, comme pour la
cannelle, le piment et le curcuma,
qui sont de bons alliés du micro-
ao û t 2 0 1 9   • n °1 5 5 11
 Astrid54

biote, ce qui permet d’améliorer les Le secret du piment reculer la mortalité, avec 13 % de
réponses du système immunitaire. décès prématurés (ceux qui font
pour vivre plus
suite à un infarctus ou un AVC) en
5. Maintenir l’équilibre longtemps et soulager moins2.
acido-basique la douleur
Grâce à leur pH alcalin, toutes les
épices participent au maintien de L e piment est l’une des épices
les plus fortes au monde, la
l’équilibre acido-basique de l’or- capsaïcine qu’elle contient intera-
ganisme. L’acidose est source de git avec un récepteur présent dans
nombreux maux, perte musculaire, la bouche et active du même coup
perte osseuse, baisse d’énergie, les nerfs responsables de la sensa-
etc. Pour préserver savoureuse- tion de chaleur et de brûlure, ce qui
ment cet équilibre, il faut penser met littéralement la bouche en feu.
à associer des épices aux aliments
Le piment est l’épice la plus popu-
acidifiants : laitages, viandes, pois- laire en Chine et une équipe de
sons, desserts sucrés, etc. chercheurs s’est intéressée au lien
6. Aider à la perte de poids existant entre sa consommation et
la longévité. Durant quatre ans, ils Une consommation régulière de piment est
Les épices peuvent être des aides ont relevé les habitudes alimen-
associée à une baisse de l’incidence du cancer, du
diabète, des maladies coronarienne et respiratoire
précieuses quand on souhaite taires de près d’un demi-million de
perdre du poids. En premier lieu, Chinois en bonne santé. Ils les ont Le piment fait ainsi partie des
un plat parfumé et épicé est gé- suivis encore pendant huit ans et épices les plus prometteuses pour
néralement satisfaisant pour les ont pu conclure que ceux qui man- la santé. Grâce à la capsaïcine, il
papilles et la sensation de satiété geaient tous les jours un mets avec est probablement le végétal le plus
intervient plus rapidement  ; es- du piment présentaient 14 % moins actif contre la douleur. La Food and
sayez avec la cannelle ou le piment, de risques de mourir que ceux qui Drug Administration américaine
par exemple. Ensuite, les épices qui en prenaient moins d’une fois par (FDA) le recommande sous forme
chauffent, comme le poivre, le pi- semaine. de gel à appliquer localement sur
ment, les graines de moutarde ou le Dans la même étude, manger ré- les douleurs articulaires3. La cap-
gingembre, ont pour vertu d’activer gulièrement du piment était lié saïcine est en effet une molécule
la thermogenèse et d’accélérer le à une moindre incidence du can- qui inhibe la substance P, un neu-
métabolisme en accentuant la dé- cer, des maladies coronarienne et rotransmetteur impliqué dans les
pense calorique. Certaines épices respiratoire1. Aux États-Unis, une processus inflammatoires, ce qui
ont également un effet apaisant autre étude est parvenue, après a pour effet de supprimer les mes-
ou coupe-faim bien agréable pour vingt-trois ans de suivi sur 16 000 sagers de la douleur. En France,
limiter les fringales, comme la va- Américains, à la même conclusion : les crèmes à la capsaïcine sont
nille, le clou de girofle ou le fenouil. la consommation de piment fait employées à l’hôpital pour trai-
ter les douleurs neuropathiques,
comme celles de la polyarthrite
En cuisine, utiliser une seule épice Le pan masala est un mélange de rhumatoïde4.
est plutôt réducteur et tradition- graines à mâcher. Il mêle souvent
nellement, partout dans le monde, l’anis, la réglisse, le fenouil, la
on les mélange. Parmi celles qui menthe, le sésame, la coriandre et INFOS PRODUITS
se marient bien entre elles, il faut des petites boules de sucre. À ache- Il n’existe en France que ces
citer le curcuma, le cumin, le gin- ter sur Internet, dans les épiceries deux spécialités, destinées
gembre, la moutarde, la coriandre, indiennes ou à préparer soi-même.
aux douleurs musculaires et
le paprika, la cardamome, le clou Le tchai masala est un thé aux épices.
de girofle, etc. tendineuses, qui comportent
Au thé noir, l’on ajoute souvent de
Ce sont aussi celles qui composent la cannelle, de la cardamome, des parmi les substances actives
les mélanges les plus connus  : clous de girofle, de la muscade et du la capsaïcine (en pharmacie) :
garam masala, curry, ras-el- gingembre. À acheter en boutique Baume Saint-Bernard
hanout, colombo, zaatar, etc. bio ou à préparer soi-même.
Baume Arôma crème

1. Lv J et coll. «Consumption of spicy foods and total and cause specific mortality: population based cohort study.» BMJ 2015; 351: h3942
2. Mustafa Chopan et al. The Association of Hot Red Chili Pepper Consumption and Mortality: A Large Population-Based Cohort Study, PLOS ONE (2017). DOI: 10.1371/journal.pone.0169876
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12 ao û t 2019   •  n °155
 LE DOSSIER DU MOIS

Les autres propriétés santé Pensez à ajouter un peu de piment Dans la lutte contre la résistance
de piment pour cuisiner des poêlées de lé- à l’insuline et contre le diabète, la
•• Limiter le surpoids5 : le piment gumes, des omelettes, des sauces cannelle pourrait donc produire
agit sur la sensation de satiété et tomate, des currys, etc. des effets hypoglycémiants inté-
active les dépenses énergétiques. Si son effet piquant est trop in- ressants. Pourtant, aujourd’hui,
•• Lutter contre le diabète6 : manger malgré de nombreux essais chez
tense, il ne sert à rien de boire de
du piment permet de contrôler les l’homme, rien n’est vraiment clair.
l’eau ; il est préférable de manger
pics de glycémie qui interviennent Certaines études concluent que
un yaourt ou du pain, car la capsaï-
naturellement à la fin du repas. la consommation quotidienne de
cine est soluble dans les corps gras cannelle entraîne bien une dimi-
•• Favoriser la santé cardiaque7 : la (et non dans l’eau) et la caséine a le
capsaïcine et les autres principes nution significative de la glycémie
pouvoir de la neutraliser. et des lipides sanguins, dont le cho-
actifs du piment agissent sur la
Attention : la capsaïcine a la capa- lestérol et les triglycérides14, alors
régulation du flux sanguin et la pré-
vention de la formation de caillots. cité d’augmenter la perméabilité que d’autres n’y voient aucun effet
•• Traiter l’ulcère gastrique 8   : intestinale, tout le monde n’y est positif15. Néanmoins, même avec
contrairement à ce que l’on a long- pas sensible, mais par prudence, les des résultats contradictoires, la
temps cru, la capsaïcine a un effet personnes qui souffrent de maladie cannelle reste très prometteuse
protecteur sur la paroi de l’esto- auto-immune (maladie de Crohn, dans le contrôle d’un diabète, d’au-
etc.) ou du syndrome de l’intestin tant plus que sa saveur douce lui
mac9. Par contre, en cas de reflux
irritable doivent éviter de consom- permet de remplacer le sucre dans
gastrique, les aliments épicés ne
mer du piment. les compotes, les yaourts et les des-
sont pas recommandés.
serts. Selon les recherches, pour
•• Diminuer les risques de diabète,
obtenir des résultats intéressants,
de cirrhose et de cancer, en parti-
culier du poumon, du pancréas et La cannelle, l’alliée il faudrait en consommer de 1 à 6 g
des diabétiques par jour (soit ½ à 3 cuillères à café)
de la prostate10.
pendant quarante jours.
Comment intégrer un peu
plus de piment
L orsque l’on présente un dia-
bète de type 2, on parle plus Mais il y a cannelle
souvent des aliments à supprimer et cannelle…
Selon les études, les doses varient
que ceux qu’il serait profitable d’in- La cannelle est obtenue à partir de
grandement et il est difficile de
clure dans ses repas. Or, la cannelle l’écorce du cannelier. En séchant,
déterminer la dose de piment effi-
pourrait faire partie de ceux-ci, car l’écorce s’enroule en bâtonnets qui
cace. Dans tous les cas, il est avant
elle intervient à plusieurs niveaux pourront être broyés en poudre.
tout recommandé de respecter sa
dans la gestion du taux de sucre Il existe deux principaux types de
tolérance personnelle.
sanguin. D’abord, elle semble sti- cannelle :
Selon les variétés, la teneur en cap-
muler les récepteurs à l’insuline et •• Cinnamomum verum ou C. zeyla-
saïcine est variable. Plus le piment
augmenter leur sensibilité, aidant nicum, dite cannelle de Ceylan ;
est petit, plus il est fort et plus il est
le corps à utiliser l’insuline de façon •• Cinnamomum cassia, dite can-
concentré en capsaïcine. Si vous
plus efficace11. Ensuite, elle freine la nelle de Chine16.
n’y êtes pas habitué, commencez
par un soupçon de piment, séché vidange gastrique12, interfère avec Cette dernière est plus amère,
ou frais, en essayant les variétés les enzymes digestives et ralentit mais elle est la moins chère et c’est
les plus douces : paprika doux ou la dégradation du glucose dans le celle que l’on trouve communé-
piment d’Espelette, avant de tester tube digestif, des mécanismes qui ment dans le commerce. Les vertus
les plus torrides : paprika fort, pi- évitent les fluctuations de la glycé- santé des deux variétés sont équi-
ment de Cayenne, tabasco, pili-pili. mie après le repas13. valentes, cependant, la cannelle
5. Z Shi, M Riley, A W Taylor & A Page - Chilli consumption and the incidence of overweight and obesity in a Chinese adult population - International Journal of Obesity volume 41, pages 1074–1079 (2017)
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ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 13
 Astrid54

cassia contient une grande quantité le stress oxydatif17, en particulier au Les autres bienfaits santé
de coumarine, un composé poten- niveau du système nerveux central. de la cannelle
tiellement toxique à dose élevée Plusieurs études ont conclu que •• Faciliter le transit et favoriser
et qui serait susceptible, chez les la cannelle pourrait ralentir l’ap- la santé intestinale 22  : la teneur
personnes sensibles, de causer des parition de la maladie d’Alzheimer en fibres est phénoménale, 2 g de
dommages au foie. La coumarine grâce à deux de ses composés an- cannelle moulue contiennent 1,3 g
a aussi pour propriété de fluidi- tioxydants, le cinnamaldéhyde (le de fibres. Elle est très utile pour
fier le sang et il pourrait y avoir composé qui lui confère son odeur limiter les ballonnements et les
un risque augmenté d’hémorragie gaz, et lutter contre les bactéries
particulière) et l’épicatéchine 18.
chez les personnes sous traitement indésirables.
Ces deux molécules protègent le
anticoagulant qui en consomment •• Contrer les maux d’hiver, rhume,
cerveau en empêchant le déve-
beaucoup sur une longue période. mal de gorge, toux, etc. 23  : c’est
loppement des amas de protéines
Pour un usage quotidien sur le Tau, caractéristiques de la mala- l’usage millénaire de la cannelle.
long terme ou à haute dose, il sera die d’Alzheimer19. Les scientifiques Pour plus d’efficacité, il peut être
préférable de se procurer de la can- ont établi depuis longtemps des utile de la mélanger à du miel.
nelle de Ceylan, car cette variété ne •• Accompagner un régime24 : l’ef-
corrélations entre le diabète et
contient quasiment pas de couma- fet coupe-faim de la cannelle est
Alzheimer, notamment le fait que
rine, ce qui rend sa consommation particulièrement efficace contre
les cellules cérébrales des patients
sans risque. les envies de sucre. En outre, le
souffrant de la maladie d’Alzhei- cinnamaldéhyde stimule le méta-
Tisane à la cannelle mer ont perdu leur sensibilité à
1 cuillère à café bombée par tasse. bolisme des lipides, ce qui favorise
l’insuline et ne peuvent plus utiliser la perte des graisses en excès.
Verser de l’eau frémissante, couvrir correctement les glucides, comme
et laisser infuser dix minutes avant •• Soulager les douleurs articu-
si le cerveau se trouvait dans un laires et réduire l’inflammation25 :
de boire.
état diabétique20. le cinnamaldéhyde et les autres
Dans une autre maladie neurodé- composés antioxydants de la can-
générative, Parkinson, caractérisée nelle ont été efficaces, notamment
par une perte des neurones qui dans la polyarthrite rhumatoïde.
produisent la dopamine dans le •• Prévenir le cancer26 : la cannelle
cerveau, la cannelle semble aussi semble capable d’induire la mort
des cellules cancéreuses. Des es-
capable d’inverser certaines des
sais ont été réalisés dans le cancer
modifications cellulaires, de pro-
de la peau, du foie, la leucémie et le
téger les neurones vulnérables et
lymphome.
de stimuler la production de nou-
veaux neurones21. En effet, le foie INFOS PRODUITS
La cannelle de Ceylan a une couleur plus claire convertit naturellement l’épice en Quantis cannelle (LPEV) :
(tirant vers le jaune) que la cannelle de Chine, benzoate de sodium, une substance
de couleur marron www.lpev.fr – 04 70 90 61 45
déjà utilisée pour combattre les Cannelle (Solgar) : boutiques
La cannelle contre désordres neuronaux. La cannelle bio, pharmacies
Alzheimer et Parkinson représente donc un axe thérapeu-
La cannelle a été classée au 4e rang tique prometteur. Pour le moment,
Le mois prochain : le safran,
des aliments renfermant le plus il n’a été observé que chez les ani-
le gingembre et le curcuma.
d’antioxydants et, même si l’on n’en maux, mais en attendant des essais
consomme que peu, cela suffit pour chez l’homme, il ne faut pas se pri- Astrid54 Naturopathe
contribuer significativement aux ver de saupoudrer plus souvent de www.mon-naturopathe.com
apports quotidiens et lutter contre la cannelle dans ses plats.
17. Halvorsen BL, Carlsen MH, et al. Content of redox-active compounds (ie, antioxidants) in foods consumed in the United States. Am J Clin Nutr 2006 July;84(1):95-135
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Dis. 2009;17(3):585-97. doi: 10.3233/JAD-2009-1083.Anderson RA, Qin B, Canini F, Poulet L, Roussel AM. Cinnamon counteracts the negative effects of a high fat/high fructose diet on behavior,
brain insulin signaling and Alzheimer-associated changes. PLoS One. 2013 Dec 13;8(12):e83243. doi: 10.1371/journal.pone.0083243. eCollection 2013
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14 ao û t 2019   •  n °155
 L’ENQUÊTE DU MOIS

Comment se protéger
du cancer du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus est l’un des seuls à voir son pronostic se dégrader
ces dernières années. On nous vante des vaccins, Gardasil et Cervarix, censés
nous en prémunir, alors que leurs résultats sont épouvantables. La vérité sur
les meilleurs moyens de prévention naturelle et les traitements.

E n France, le cancer du col

de l’utérus est encore trop
souvent mortel. Il a fait 1 100 vic-
times l’année passée et chaque
année, environ 3  000 nouveaux
cas sont détectés. Pour la plupart
des cancers, les chances d’être
toujours en vie cinq ans après le
diagnostic s’améliorent. Le cancer
du col de l’utérus n’offre pas du tout
les mêmes perspectives. En effet,
62 % des femmes malades étaient
toujours en vie sur la période
2005-2010, alors qu’elles étaient
68 % sur la période 1989-19931.
Pourtant, il existe un examen banal
et indolore, le frottis, qui permet de
savoir si des cellules anormales se
développent sur le col de l’utérus,
c’est-à-dire dans sa partie basse
qui fait la jonction avec le vagin. Ces
cellules anormales n’évoluent que
lentement, ce qui laisse un temps
relativement long pour les détecter
et les traiter si besoin. La plupart
du temps, elles restent stables
Les condylomes peuvent-ils conduire
au cancer ?
On distingue les HPV à bas et haut
risque oncogène. Les HPV à bas
risque peuvent entraîner la for-
mation de tumeurs bénignes, que
ce soit des verrues sur la peau
(les papillomes) ou sur les parties
génitales (les condylomes). Les
condylomes sont principalement
causés par HPV 6 et HPV 11  ; ils
ou régressent spontanément.
Plus rarement, elles s’aggravent
Les human papilloma virus (HPV)
sont très communs. Ils forment une
d’abord en lésions précancéreuses famille de près de 200 souches dif-
qui peuvent évoluer jusqu’au can- férentes. Chaque virus ne s’attaque
cer. Néanmoins, prises en charge qu’à un certain type de cellules du
à un stade précoce, les lésions se corps et la plupart des HPV infectent
soignent très bien, avec des proba- soit la peau, soit les muqueuses,
bilités de guérison excellentes, de dont celles de la région génitale.
l’ordre de 95 %.2 Un HPV se propage par contact et
on a identifié une quarantaine de
souches sexuellement transmis-
Vous avez probablement
sibles pouvant infecter l’appareil
eu ce virus génital. En fait, presque toute per-
sonne ayant des relations intimes,
D ès le début du XXe siècle, on
a pressenti que les infections homme comme femme, même avec
pouvaient jouer un rôle dans la ge- un seul partenaire, rencontre un
nèse du cancer. Leur implication dans ou plusieurs types de HPV génital
l’apparition d’un cancer sur six, au au cours de sa vie. La plupart des
niveau mondial, est aujourd’hui cer- gens ne savent jamais qu’ils sont
taine. Parmi les agents pathogènes porteurs du virus parce qu’ils ne
responsables, les virus pénètrent à développent aucun problème de
l’intérieur des cellules pour se mul- santé et car le système immunitaire
tiplier. Ils insèrent leur propre ADN se charge de nettoyer l’infection et
dans la machinerie cellulaire, ce qui d’éliminer spontanément le virus
modifie l’ADN de la cellule hôte et dans les deux ans3.
peut la pousser vers le cancer.
Néanmoins, chez 10 % des femmes,
le virus s’installe et persiste au
niveau du col de l’utérus. Après
plusieurs années, une infection
chronique causée par l’un des 12
apparaissent quelques semaines types recensés comme à haut risque
ou quelques mois après le contact cancérigène (parmi lesquels les
avec une personne infestée. Ces
HPV 16 et 18, considérés comme
atteintes sont gênantes, mais elles
restent bénignes. Elles peuvent les plus virulents) est susceptible
régresser spontanément, ou réci- d’aboutir à des modifications des
diver ou persister, mais en aucun cellules, des lésions précancéreuses
cas elles ne présentent de lien avec qui pourraient dégénérer en cancer
le cancer2.
au fil du temps4.

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ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 15
 L’ENQUÊTE DU MOIS

Comment se transmet
L’appareil reproducteur féminin
le HPV ?
L e HPV est si répandu et si
contagieux que la plupart
Trompe de Fallope Cavité utérine

des personnes sont contaminées

dès le début de leur vie sexuelle5.
Selon les estimations, 80 à 90 %
des femmes sexuellement actives
présentent une infection. Rien ne
garantit d’y échapper. Cependant,
l’activité sexuelle seule n’est pas en
cause ; le virus se transmet aussi Ligament large Ligament d’ovaire
de peau à peau par les caresses Ovaire
ou les attouchements de la sphère
Col de l’utérus
génitale. Le fait d’avoir le même
Canal cervical
partenaire qui, lui-même, n’aurait
Vagin
pas d’autre partenaire, limite en
toute logique le risque de rencon-
trer le virus, mais il suffit aussi d’un
seul partenaire infesté pour déve-
lopper soi-même l’infection.
De même, si les préservatifs sont Les femmes infectées par un HPV, un cancer multiplié par 2 par rap-
très utiles pour se protéger contre même à haut risque, ne dévelop- port aux non-fumeuses9 ;
les infections sexuelles, ils n’offrent peront pas toutes un cancer  : la ● la pilule contraceptive  : une
qu’une protection très partielle plupart l’élimineront naturellement. synthèse de 28 études montre que
contre le HPV, car le virus se pro- D’autres facteurs doivent agir de la pilule joue aussi un rôle. Le risque
page facilement par les caresses concert ; comme c’est le cas pour de cancer du col de l’utérus a dou-
préliminaires, avant la mise en place presque tous les cancers, il faut plu- blé au bout de dix ans d’utilisation
du préservatif, ou par le contact avec tôt considérer que ce cancer est d’une pilule à base d’œstrogènes
une zone de peau non couverte par d’origine multifactorielle. Voici les et de progestérone10. En arrêtant
le préservatif6. cofacteurs les plus convaincants : la pilule, le risque diminue progres-
●● le tabagisme : toutes les études sivement et il faut dix ans encore
désignent le tabagisme comme co- pour qu’il redevienne égal à celui
Les autres causes
facteur majeur8. Des substances d’une femme n’ayant jamais pris
du cancer du col cancérigènes du tabac se retrouvent la pilule11 ; Astrid54
de l’utérus dans la glaire cervicale des fumeuses, ●● les co-infections  : d’autres
ce qui agresse les cellules du col et infections sexuellement transmis-
S’il est exact qu’une infection
par HPV est détectée dans favorise une mutation de leur ADN. sibles sont des cofacteurs, comme
quasiment tous les cas de cancer De plus, fumer affaiblit le système l’herpès génital ou l’infection par
du col de l’utérus, il serait faux de immunitaire et, en cas de contami- la chlamydia, une bactérie sexuel-
penser qu’un virus est l’unique nation par HPV, l’infection dure plus lement transmissible courante,
responsable de la maladie7. À ce longtemps et guérit moins souvent, associée à un risque multiplié
jour, aucun lien de causalité directe la gravité augmentant en parallèle par 2 du cancer12. Ces infections
entre le virus et le cancer n’est éta- avec le nombre de cigarettes fu- donnent des symptômes bénins
bli avec certitude et il n’a jamais été mées. Celles qui fument chaque et peuvent passer inaperçues,
possible de reproduire chez l’ani- jour 15 cigarettes et plus voient cependant, elles sont la source
mal un cancer avec un HPV. ainsi leur risque de développer d’une inflammation chronique qui

5. OMS. Papillomavirus humain (PVH) et cancer du col de l’utérus. Aide-mémoire n°380. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs380/fr/
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Journal of Obstetrics and Gynecology 2017; 216(6):580.e1-580.e9
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16 ao û t 2019   •  n °155
 L’ENQUÊTE DU MOIS

fragilise la muqueuse du col et la dépression 19 , les médicaments examens22. Le nombre de faux né-
rend plus vulnérable ; contre l’hépatite B20. gatifs est difficile à définir, selon les
●● u n s y s t è m e i m m u n i t a i r e études, il varie de 3 à 30 %. Malgré
Contrairement aux autres types
affaibli : chez les femmes séropo- ses insuffisances, le frottis est indis-
de cancer, celui-ci est diagnostiqué
sitives, les lésions précancéreuses pensable et près des trois quarts des
majoritairement chez des femmes
évolueraient plus souvent vers femmes qui meurent du cancer n’ef-
relativement jeunes, entre 45 et
le cancer. Même chose pour fectuaient pas de frottis réguliers.
55 ans. Mais avant cela, il aura fallu
les personnes traitées avec des Les recommandations françaises
au minimum dix ans, voire vingt
immunosuppresseurs ; fixent la fréquence à un frottis tous
ans pour que des cellules évoluent
les trois ans après deux frottis an-
●● un terrain génétique : des an- en lésions précancéreuses ou can-
nuels normaux pour les femmes de
técédents familiaux de cancers du céreuses. En toute logique, le pic
25 à 65 ans, ce qui porterait son
col de l’utérus ont été relevés dans du diagnostic de cellules anor-
efficacité globale à 90 %.
2 % des cas ; les femmes seraient males concerne les femmes dans la
moins aptes à combattre l’infection tranche d’âge 25 à 29 ans et de 30 à En complément du frottis, certains
au HPV13 ; 34 ans21. En effet, les jeunes femmes médecins recommandent de faire
qui commencent leur vie amoureuse un test de recherche d’un virus
●● l’exposition in utero au dié-
peuvent aisément cumuler plusieurs HPV. Ce test est effectivement
thylstilbestrol : ce traitement a
facteurs de risques, infection à HPV fiable, à 95 ou 99 %, et la combi-
été administré entre 1940 et 1971
ou chlamydia, tabagisme, pilule, etc. naison d’un frottis et d’un test HPV
à certaines femmes enceintes pour
D’où l’intérêt fondamental de se semble améliorer la prédiction du
prévenir les fausses couches. On a
faire dépister régulièrement pour cancer. Néanmoins, la médaille a
relevé chez les filles de ces femmes
détecter des lésions qui pourraient un revers : le surdiagnostic. Si le
un risque accru de lésions précan-
évoluer en cancer. test est positif, être infectée par le
céreuses, ainsi que d’une forme
virus ne signifie pas être atteinte
particulière du cancer, celle à cel-
d’un cancer et même la Haute
lules claires14 ; 90 % des cancers Autorité de santé (HAS) ne le re-
●● la multiparité : à cause des mi- sont évitables commande pas, puisqu’il ne fait pas
crotraumatismes provoqués par les de différence entre une infection
accouchements, les femmes ayant L es lésions précancéreuses
sur le col de l’utérus n’oc-
transitoire ou non. Un test HPV
mené à terme 3 grossesses ou plus positif peut entraîner des colpos-
ont davantage de risques de déve- casionnent généralement aucun
copies et des conisations abusives,
lopper un cancer du col de l’utérus symptôme. Il faut donc prélever
des interventions banales, mais qui,
et celles qui ont donné naissance des cellules sur la muqueuse pour
pour des femmes jeunes, peuvent
à 5 enfants présentent un risque les analyser, c’est le frottis cervico‑
avoir un retentissement sur les
4 fois supérieur aux femmes qui vaginal. L’examen permet de déter-
grossesses à venir.
n’ont pas eu d’enfants15 ; miner s’il existe des lésions, ce que
les médecins appellent dysplasie ou Les scientifiques cherchent à
●● l’obésité : comme pour d’autres néoplasie, et si elles sont bénignes ou mettre au point des tests plus
cancers, un indice de masse cor- douteuses. Le frottis est un examen fiables ou prédictifs d’un cancer. À
porelle égal ou supérieur à 29 est simple et performant. Cependant, Vancouver, les premiers essais d’un
associé à un risque plus élevé de il a des limites : il peut être mal pré- nouveau test mesurant les change-
cancer du col de l’utérus16 ; levé, mal étalé, mal fixé, souillé, etc. ments épigénétiques de l’ADN des
●● il faut ajouter : l’âge précoce Un certain nombre de résultats sont cellules ont obtenu près de 100 %
des premiers rapports sexuels 17, des faux négatifs, c’est-à-dire que de fiabilité sur un échantillon de
le nombre élevé de partenaires, le des cellules douteuses n’ont pas été 257 femmes ; il pourrait prédire
statut hormonal18, le stress et la repérées : il faut donc répéter les cinq ans à l’avance la survenue d’un

13. Mucci, Lorelei & B Hjelmborg, Jacob & Harris, Jennifer & Czene, Kamila & Havelick, David & Scheike, Thomas & Graff, Rebecca & Holst, Klaus & Möller, Sören & Unger, Robert & Mcintosh, Christina
& Nuttall, Elizabeth & Brandt, Ingunn & L Penney, Kathryn & Hartman, Mikael & Kraft, Peter & Parmigiani, Giovanni & Christensen, Kaare & Koskenvuo, Markku & Kaprio, Jaakko. (2016). Familial Risk
and Heritability of Cancer Among Twins in Nordic Countries. JAMA. 315. 68-76. 10.1001/jama.2015.17703
14. Hoover RN, Hyer M, Pfeiffer RM, Adam E, Bond B, Cheville AL, Colton T, Hartge P, Hatch EE, Herbst AL, Karlan BY, Kaufman R, Noller KL, Palmer JR, Robboy SJ, Saal RC, Strohsnitter W, Titus-Ernstoff
L, Troisi R. Adverse Health Outcomes in Women Exposed In Utero to Diethylstibestrol. NEJM. Oct. 6, 2011.
15. Muñoz NRole of parity and human papillomavirus in cervical cancer : the IARC multicentric case-control study. Lancet. 2002 Mar 30 ; 359(9312):1093-101
16. World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research. Continuous Update Project Expert Report 2018. Body fatness and weight gain and the risk of cancer. Available at dietandcancerreport.org
17. Berrington de Gonzalez*Comparison of risk factors for squamous cell and adenocarcinomas of the cervix: a meta-analysis British Journal of Cancer (2004) 90, 1787 – 1791
18. Roura The Influence of Hormonal Factors on the Risk of Developing Cervical Cancer and Pre-Cancer: Results from the EPIC Cohort. PLoS One. 2016 Jan 25 ; 11(1):e0147029. doi : 10.1371/journal. pone.0147029. 2016
19. American Academy of Pediatrics. “Stress and depression are linked to HPV-related health problems: Study links stress levels of adolescents to health complications from human papillomavirus, which
can include cervical cancer.” ScienceDaily. ScienceDaily, 30 April 2016
20. Wong GLH et al. Incidences of all malignancies in patients with chronic hepatitis B receiving long-term oral nucleos(t)ide analogue treatment – a study of 45,299 subjects. International Liver Congress,
Barcelona, abstract PS052, 2016
21. Cancer research UK - Office for National Statistics on request, July 2017
22. Arbyn M, Anttila A, Jordan J, Ronco G, Schenck U, Segnan N, Wiener H, Herbert A, von Karsa L (2010). “European Guidelines for Quality Assurance in Cervical Cancer Screening. Second Edition—Sum-
mary Document”. Annals of Oncology. 21 (3): 448 458. doi:10.1093/annonc/mdp471. PMC 2826099. PMID 20176693

ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 17
 L’ENQUÊTE DU MOIS

Lexique
Les résultats des analyses sont à l’aide d’une loupe, pour repérer Elle comporte un risque hémorra-
émaillés de termes barbares et in- précisément les régions suspectes gique qui concerne 3 % des femmes
quiétants. Voici les principaux : et prélever des cellules pour effec- et, à plus long terme, si le volume
Dans la catégorie « anomalies » tuer une biopsie. de la conisation est important, le
d’un frottis, voici ce que l’on peut Les résultats de la biopsie per- risque de sténose, c’est-à-dire d’un
avoir. Le type de cellules avec des mettent d’évaluer l’intensité des rétrécissement du col, augmente, ce
lésions précancéreuses : stades précancéreux : qui peut entraîner des règles dou-
• Malpighiennes : les plus courantes ; • CIN 1 ou dysplasie légère : dans loureuses et une diminution de la
• Glandulaires. 80 % des cas, les cellules anormales fécondité.
Le stade des lésions : régressent spontanément ; il n’y a Par la suite, en cas de grossesse, le
• Lésions de bas grade ou LSIL : il pas de nécessité de traitement ; risque de fausse couche et d’accou-
s’agit généralement d’une infec- • CIN 2 ou dysplasie modérée : 43 % chement prématuré augmente.
tion par HPV ; de ces lésions régressent sponta-
• Lésions de haut grade ou HGSIL : nément, 35 % restent stables et Cancer invasif
les anomalies sont plus sévères, 27 % continuent à évoluer. Selon La grande majorité des lésions du
elles correspondent à un CIN 2 les cas, on propose soit une sur- col de l’utérus se développent sur la
ou 3 (voir plus bas), ce qui justifie veillance, soit une biopsie ; membrane basale de l’épithélium,
une colposcopie. • CIN 3 ou dysplasie sévère : les lé- le tissu en surface de la muqueuse.
sions présentent 32 % de chances On parle de cancer invasif quand
Des résultats douteux :
• ASC-US ou ASCUS  : les anoma- de régression spontanée, mais il ces lésions dépassent la membrane
lies sont mineures sans que l’on y a aussi 12 % de risques d’évo- basale et atteignent la profondeur
sache s’il s’agit d’une banale irri- lution vers un cancer invasif 24. de l’épithélium.
tation ou d’une infection à HPV ; Les médecins recommandent de Les plus courants des cancers (85 %)
• ASC-H ou ASCH : on soupçonne traiter, généralement par une sont des carcinomes épidermoïdes
des lésions de haut grade qui né- conisation. qui atteignent l’exocol, la partie
cessitent une colposcopie. La conisation est un acte chirurgical basse du côté du vagin ; les autres
La colposcopie est un examen réali- qui consiste à découper et enlever sont des adénocarcinomes sur l’en-
sé par le gynécologue au spéculum, la ou les parties du col atteintes. docol, la partie haute.

cancer 23. C’est un pas en avant de risques en moins de développer composés, l’allicine a des effets an-
prometteur, mais il faudra encore un cancer du col de l’utérus ou du tioxydants et anticancéreux. Sur le
quelques années avant qu’il ne soit sein que celles qui consommaient cancer du col de l’utérus, il a été dé-
disponible pour toutes.24 de la viande une à deux fois par montré que l’allicine permettait de
semaine25. De même, le fait de man- bloquer la croissance des cellules
ger de la papaye, des oranges, des cancéreuses, limitait leur progres-
Comment vous carottes, des crucifères, des baies sion et induisait l’apoptose, la mort
protéger avec et d’autres végétaux antioxydants des cellules malades27. L’ail doit être
l’alimentation a été associé à un risque moins consommé frais ou en complément
élevé de progression des lésions alimentaire.
U n mode alimentaire qui pri-
vilégie des aliments riches
précancéreuses26.
Le thé vert
Quatre superaliments présentent De nombreuses études ont exa-
en nutriments protecteurs – les lé-
un intérêt spécifiquement dans le miné l’activité des polyphénols du
gumes, les fruits, les légumineuses,
cancer du col de l’utérus : thé vert et, en particulier, de l’EG-
les céréales complètes, les oléagi-
neux – et qui élimine les aliments L’ail CG, un composé important pour
riches en glucides raffinés, les L’ail a de nombreuses vertus, la prévention, mais qui inhibe aussi
boissons sucrées et les aliments notamment pour diminuer l’in- l’enzyme nécessaire à la crois-
transformés, est à recomman- flammation et renforcer le système sance des cellules cancéreuses et
der. Une étude a évalué que les immunitaire pour lutter contre qui parvient à éliminer les cellules
femmes végétaliennes ont 34  % les infections virales. Parmi ses malades sans atteindre les cellules

23. Darrel A. Cook Mel Krajden Adam R. Brentnall, Lovedeep Gondara, Tracy Chan, Jennifer H. Law, Laurie W. Smith, Dirk J. van Niekerk, Gina S. Ogilvie, Andrew J. Coldman, Rhian Warman, Caroline Reuter, Jack Cuzick
and Attila T. Lorincz Evaluation of a validated methylation triage signature for human papillomavirus positive women in the HPV FOCAL cervical cancer screening trial - Int. J. Cancer: 144, 2587–2595 (2019)
24. Ostor A. (1993). Natural history of cervical intraepithelial neoplasia: a critical review. Int J Gynecol Pathol; 12: 186-192
25. Tantamango-Bartley Y, Jaceldo-Siegl K, Fan J, Fraser G. Vegetarian diets and the incidence of cancer in a low-risk population. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2013 Feb;22(2):286-94. doi:
10.1158/1055-9965.EPI-12-1060. Epub 2012 Nov 20
26. Erin M Siegel, Jason L Salemi, Luisa L Villa, Alex Ferenczy, Eduardo L Franco, Anna R Giuliano - Dietary consumption of antioxidant nutrients and risk of incident cervical intraepithelial neoplasia. Gyne-
col Oncol. 2010 Sep;118(3):289-94. Epub 2010 Jun 18. PMID: 20691333
27. Qiumei Zhang and Dongmei Yang - Allicin suppresses the migration and invasion in cervical cancer cells mainly by inhibiting NRF2 - Exp Ther Med. 2019 Mar; 17(3): 1523–1528. Published online 2018
Dec 17. doi: 10.3892/etm.2018.7104

18 aoû t 2019 • n °155

 L’ENQUÊTE DU MOIS

saines. La prise de 200 mg d’EG- longue. Certains compléments

CG a permis de faire régresser les présentent des effets très promet-
lésions précancéreuses chez 70 % teurs pour éviter qu’un stade de
des femmes testées et d’éliminer précancer ne se transforme en pa-
le HPV28. thologie cancéreuse.
Une tasse de thé vert de bonne qua-
lité peut apporter jusqu’à 400 mg Le shiitaké
de polyphénols, dont l’EGCG  ; il Des résultats préliminaires confir-
peut être intéressant d’en boire ment l’efficacité de l’AHCC, le
une à trois tasses par jour. principe actif des champignons
shiitaké ou lentin de chêne. Le Le sélénium, qui permet de faire régresser
La myrtille AHCC stimule le système immuni- les lésions cancéreuses, est présent les poissons
Les myrtilles contiennent de nom- taire et permet d’éliminer le HPV. et fruits de mer (huîtres cuites, thon en conserve,
breuses substances protectrices, saumon, lotte, etc.), les viandes et les abats (dinde,
Les femmes testées étaient at- foie de veau, rognons de bœuf, etc.), les œufs,
dont une quantité record de res- les légumes secs (pois chiches, haricots secs),
teintes d’une infection chronique
vératrol et de flavonoïdes, des les céréales complètes et les fruits à coque, en
par le virus. Elles ont pris 3 g par particulier les noix du Brésil.
antioxydants aux propriétés anti-
jour d’AHCC pendant six mois et
microbiennes, anti-inflammatoires
et anticancer29. Les chercheurs ont la moitié d’entre elles ont été to-
INFOS PRODUITS
testé la myrtille auprès de femmes talement guéries au bout de trois
mois et 100 % en six mois. Les ré- L-Selenomethionine 200 mcg
malades et ont découvert qu’elle (Supersmart) :
entraînait une diminution de 25 % sultats définitifs seront publiés à la www.supersmart.com
des cellules malades. fin de l’année, mais le champignon
08 00 66 67 42
Les myrtilles permettent aussi ne provoquant que de rares effets
Sélénium 100 mcg (Solaray) :
de booster l’efficacité de la radio- secondaires (nausées, diarrhées, boutiques bio
thérapie  et les deux traitements maux de tête), il n’y a aucun danger
combinés obtiennent 70 % de recul à le consommer32.
du cancer, contre 20  % avec les La vitamine D
rayons seuls30. INFOS PRODUITS Un taux élevé de vitamine D pro-
AHCC (Nutrixeal) : tège d’au moins 15 cancers, dont
Le curcuma www.nutrixeal.fr celui du col de l’utérus34. De plus, le
Les curcuminoïdes du curcuma 04 81 91 66 09 pronostic des femmes atteintes de
influencent divers mécanismes lésions semble être meilleur quand
AHCC (Supersmart) :
biologiques et possèdent des www.supersmart.com leur niveau sanguin est compris
propriétés antivirales et anticancé- 08 00 66 67 42 entre 40 et 60 ng/ml.
reuses. Face au HPV, ils ralentissent
sa progression et limitent son INFOS PRODUITS
activité31. Le sélénium D-Mulsion-Forte
Le curcuma peut facilement être Des chercheurs ont testé dans (Energetica Natura) :
utilisé en cuisine ou en complément une petite étude les effets d’une www.energeticanatura.com
de phospholipides. complémentation en sélénium 01 40 26 09 08
La prévention naturelle durant six mois sur des femmes Vitamine D3 Végétale
Plus une dysplasie est sévère, atteintes d’une dysplasie (ou CIN). 2 000 UI spray (D.Plantes) :
plus le risque d’évolution vers un Après avoir reçu un complément de boutiques bio
cancer invasif augmente et plus 200 mcg de sélénium par jour, 88 %
les chances de régression s’ame- d’entre elles avaient vu les lésions
nuisent  ; néanmoins, elles sont régresser33. Le sélénium est un an- Astrid54 Naturopathe
toujours présentes, sans oublier tioxydant puissant qui joue un rôle www.mon-naturopathe.com
que la durée d’évolution vers un essentiel dans le fonctionnement
stade pathologique peut être du système immunitaire.
28. Zhu Y, Huang Y, Liu M, et al. Epigallocatechin gallate inhibits cell growth and regulates miRNA expression in cervical carcinoma cell lines infected with different high-risk human papillomavirus sub-
types. Exp Ther Med. 2019;17(3):1742–1748. doi:10.3892/etm.2018.7131
29. Johnson SA1, Arjmandi BH - Evidence for anti-cancer properties of blueberries: a mini-review - Anticancer Agents Med Chem. 2013 Oct 
30. Kristoffer T. Davidson, Ziwen Zhu, Qian Bai, Huaping Xiao, Mark R. Wakefield, Yujiang Fang. Blueberry as a Potential Radiosensitizer for Treating Cervical Cancer. Pathology & Oncology Research,
2017; DOI: 10.1007/s12253-017-0319-y
31. Alok Mishra. Curcumin modulates cellular AP-1, NF-kB, and HPV16 E6 proteins in oral cancer. ecancermedicalscience, 2015; 9 DOI: 10.3332/ecancer.2015.525
32. https://clinicaltrials.gov/ct2/show/study/NCT02405533
33. Maryam Karamali, Sepideh Nourgostar, Ashraf Zamani, Zahra Vahedpoor and Zatollah Asemi. The favourable effects of long-term selenium supplementation on regression of cervical tissues and me-
tabolic profiles of patients with cervical intraepithelial neoplasia: a randomised, double-blind, placebo-controlled trial. British Journal of Nutrition. 2015 Oct 6:1-7. doi:10.1017/S0007114515003852
34. Prof Philippe Autier, MD Prof Mathieu Boniol, PhD Cécile Pizot, MSc Prof Patrick Mullie, PhD - Vitamin D status and ill health: a systematic review - REVIEW| VOLUME 2, ISSUE 1, P76-89, JANUARY
01, 2014 DOI:https://doi.org/10.1016/S2213-8587(13)70165-7

ao û t 2 0 1 9   • n °1 5 5 19
 L’INTERVIEW DU MOIS

« Le Gardasil n’est pas

seulement inefficace,
il est délétère ! »
Dans leur dernier livre Hystérie vaccinale. Vaccin Gardasil et cancer : un paradoxe
(Fauves éditions), les Drs Nicole et Gérard Delépine, oncologues, détaillent les
graves manquements à la déontologie médicale qui entourent le vaccin contre le
papillomavirus (HPV), douze ans après sa juteuse commercialisation. Le constat
est grave : le Gardasil augmenterait la fréquence du cancer du col utérin chez les
femmes vaccinées et engendrerait de graves effets secondaires. Une menace
pour la santé publique, à l’heure où certains politiques voudraient rendre le
vaccin obligatoire pour les filles… et les garçons !

ààAlternatif Bien-Être  : Le titre

de votre livre, Hystérie vaccinale.
Vaccin Gardasil et cancer : un para-
doxe va à l’encontre des recom-
mandations de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) qui
préconise «  d’inclure la vaccina-
tion systématique contre l’HPV1
dans les programmes nationaux
de vaccination ».
Gérard et Nicole Delépine  :
L’OMS pratique l’amalgame. Sa
recommandation laisse penser
que le cancer du col utérin est un
problème de santé publique mon-
dial, alors que c’est loin d’être vrai
dans tous les pays du globe. En
France, l’Agence nationale de santé
publique estime leur fréquence an- HPV ; or, aucune étude scientifique Il existe d’autres facteurs de risque,
nuelle à 5,9 pour 100 000 femmes. n’a été capable de le démontrer. À comme le tabagisme, l’immunodé-
Il ne représente par ailleurs que ce jour, ce virus n’est qu’un mar- pression ou l’activité sexuelle.
0,6 % de la mortalité par cancer, queur de risque parmi d’autres.
Pour que les choses soient claires, ààABE  : Quel lien établissez­
soit moins de 1 000 décès par an.
prenons l’exemple d’une scène de vous entre la sexualité et le can-
On est loin du fléau auquel on veut
crime. Ce n’est pas parce qu’un cer du col de l’utérus ?
nous faire croire.
individu gravite autour qu’il est G. et N. D. : Les rapports sexuels
ààABE : 1 000 décès par an, c’est forcément coupable. Eh bien, avec créent des microtraumatismes
peu, mais c’est 1  000 décès de l’HPV, c’est pareil  ! Certes, dans au niveau du col de l’utérus. Une
trop. Le vaccin ne vise-t-il pas à 70 à 90 % des cancers du col de femme qui débute tôt sa vie sexuelle
réduire ce chiffre ? l’utérus, on retrouve certaines des et qui multiplie la fréquence de
G. et N. D. : Pour cela, il faudrait 16 souches considérées comme ses rapports va provoquer da-
d’abord établir un lien de causali- cancérigènes par l’OMS, mais ce vantage de microtraumatismes,
té entre ce cancer et l’infection à n’est qu’une corrélation statistique. qui risquent de dégénérer en in-
1. Human Papillomavirus

20 aoû t 2019 • n °155

 L’INTERVIEW DU MOIS

flammation chronique. Or, on sait de se déclarer. Par ailleurs, pour précèdent de dix à vingt ans un can-
que les phénomènes inflamma- réussir à affirmer que la vaccina- cer que dans 5 % des cas.
toires entretiennent des relations tion peut sauver des vies, il aurait Le laboratoire Merck a donc uti-
étroites avec le développement des fallu ajouter quelques années sup- lisé comme preuve d’efficacité
cancers. plémentaires, dans la mesure où les supposée l’effet sur des lésions
traitements permettent des taux non cancéreuses, mais n’a réalisé
ààABE : L’HPV serait donc tota-
de guérison élevés. aucune analyse de l’objectif direct
lement hors de cause ?
Mais Big Pharma a de la ressource ! de réduction des cancers  ! Mais
G. et N. D. : Les infections à HPV plus grave encore, ces études ont
guérissent spontanément dans Au nom de l’urgence sanitaire, les
souffert d’un grave biais méthodo-
90 % des cas. Mais il n’existe pas dirigeants des grands laboratoires
logique qui a permis de « gonfler »
d’immunité à long terme. Les ont réussi à imposer aux agences
artificiellement les résultats.
femmes peuvent donc se réinfec- régulatrices une procédure accé-
ter à chaque fois qu’elles ont des lérée dite « Fast Track » reposant ààABE : Quels sont ces biais mé-
rapports sexuels, surtout si elles sur des critères très allégés – les thodologiques ?
multiplient les partenaires, car ces critères de substitution –, qui per- G. et N. D. : La population décrite
derniers peuvent être eux-mêmes mettent d’aller beaucoup plus vite. dans les conclusions a été définie a
porteurs du virus. Nous pensons Le Gardasil en a bénéficié en 2005 : posteriori, après élimination de près
que l’infection à HPV est surtout son instruction a été pliée en neuf de la moitié des femmes incluses
un marqueur de l’activité sexuelle, mois, un record pour l’époque ! dans l’essai. Ils n’ont conservé que
prédisposant au cancer du col du celles testées initialement néga-
l’utérus. Mais pour Big Pharma, il ààABE  : Quels critères ont été tives à toutes les souches d’HPV
représente un coupable idéal ! utilisés pour mener les essais sur réputées oncogènes ! Il s’agit d’une
le vaccin anti-HPV ? violation majeure aux règles des ef-
ààABE : Pourquoi est-ce un cou- fets randomisés : on ne redéfinit pas
G. et N. D. : On ne peut pas par-
pable idéal ? un groupe une fois que l’on connaît
ler d’essais thérapeutiques, mais
G. et N. D. : Parce que c’est un virus les résultats ! Le signalement des
d’« études pivot », testées sur un
et que seuls les virus peuvent don- effets secondaires a également
nombre très réduit de sujets, en
ner lieu à des vaccins très lucratifs. été une vaste mascarade : Merck
l’occurrence 17 599 femmes âgées
La première version du Gardasil les a restreints à quatorze jours
de 16 à 20 ans. Après tirage au sort,
protégeait contre 4 souches dites après chacune des trois injec-
cancérigènes et la dernière contre 9. les vaccinées ont reçu une série de
tions de Gardasil. Enfin, à l’issue
Il en reste 7 souches à mettre sur 3 doses de vaccins quadrivalents
de l’étude, le laboratoire a vacciné
le marché… administrés à zéro, deux et six mois. les femmes du groupe témoin, offi-
Le groupe témoin a reçu un placebo ciellement pour les faire bénéficier
ààABE : Le marché, parlons-en ! aluminique administré aux mêmes de la protection vaccinale. Mais
Vous avez vivement critiqué la dates. en procédant ainsi, il s’est surtout
procédure qui a conduit à l’au-
Ces études au rabais ont porté prémuni contre les complications
torisation de mise sur le marché
sur des adénocarcinomes et des tardives dues au vaccin, puisqu’il
(AMM) du Gardasil. Que s’est-il
néoplasies intra-épithéliales devenait impossible ensuite de
passé ?
cervicales de grade 2 et 3. La comparer sa toxicité entre les deux
G.  et N. D.  : La durée moyenne groupes…
première est une lésion rare, lar-
d’instruction d’un dossier de-
vant la FDA2 oscille entre deux et gement considérée comme un ààABE : Le plus inquiétant, c’est
quatre ans. Pour démontrer une précurseur du cancer. Elle peut que vous affirmez que les can-
efficacité du vaccin dans la préven- donc être acceptable. En revanche, cers du col utérin progressent
tion du cancer du col de l’utérus, il les néoplasies intra-épithéliales chez les femmes vaccinées !
aurait fallu beaucoup plus de temps. cervicales de grade 2 ne consti- G.  et N. D.  : Le Gardasil n’est
D’abord parce que ce cancer est tuent pas un substitut de cancer pas seulement inefficace, il est
très peu invasif, même en cas d’in- irréfutable, puisque l’extrême ma- délétère  ! Pour parvenir à cette
fection persistante à HPV ; ensuite jorité de ces lésions régressent conclusion, nous avons étudié les
parce qu’il met dix à vingt ans avant spontanément et qu’elles ne registres des cancers des pays

2. Food and Drug Administration. Équivalent de l’agence du médicament aux États-Unis

ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 21
 L’INTERVIEW DU MOIS
ayant complété le dépistage par
PAP test3 par un large programme
de vaccination obtenant un taux de
couverture vaccinale élevé (80 %).
Ces registres n’existant pas par-
tout, nous avons dû circonscrire
nos recherches à l’Australie, la
Grande-Bretagne, la Suède et la
Norvège. Partout, nous avons noté
une augmentation significative des
cancers invasifs dans les groupes
les plus vaccinés. À titre d’illus-
tration, en Australie, entre 2007
(début des campagnes de vaccina-
tion) et 2014 (dernière publication
détaillée), les 15-19 ans ont vu leur
risque augmenter de 100  %, les
20-24 ans de 113 % et les femmes
plus âgées victimes de vaccina-
tions de rattrapage de 36 % pour
les 25-29 ans et de 33 % pour les
30-34 ans. A contrario, nous avons
remarqué une diminution de l’inci-
dence des cancers invasifs chez les
femmes de plus de 50 ans, autre-
ment dit, chez celles qui n’ont pas
été ciblées par les programmes
de vaccination. Astrid54
ààABE  : Comment expliquez­
vous ce phénomène ?
G. et N. D. : En l’absence d’études
officielles et sérieuses, nous ne
pouvons émettre que des hypo-
thèses. À ce jour, les vaccins ciblent
4 ou 9  souches réputées onco-
gènes. Mais quand les labos auront
réussi à tuer les 18 virus, d’autres
se révéleront cancérigènes. C’est
ce que l’on appelle la « niche écolo-
gique ». En attendant, l’élimination
de ces 9 souches permet vraisem-
blablement à d’autres, a priori non
oncogènes, de se multiplier et in fine
de se montrer plus dangereuses.
Il est également possible que des
mutations virales se produisent et
génèrent de nouveaux variants,
également oncogènes, mais non re-
connus par les anticorps induits par
les vaccins. Dans le dossier remis à
3. Examen des cellules du col utérin
4. Grade des néoplasies cervicales
22 ao û t 2019   •  n °155
la FDA, les femmes ayant déjà été
infectées par les HPV réagissaient
mal au vaccin, en faisant plus de
lésions CN2 et CN34 que les non­
vaccinées. L’autorité américaine
avait donc recommandé d’effectuer
la vaccination avant les premiers
rapports sexuels (et donc avant tout
risque de contact avec l’HPV). Mais
cette recommandation a été écar-
tée pour élargir le marché. Depuis,
des millions de femmes sexuelle-
ment actives ont été vaccinées, ce
qui pourrait expliquer l’augmen-
tation récente de l’incidence des
cancers invasifs dans tous les pays
à forte couverture vaccinale. Un
effet facilitateur des protéines du
vaccin – des protéines du virus ac-
cusées d’être la cause du cancer
– semble également plausible. La
vaccination antihépatique a été
suivie d’une augmentation consi-
dérable de l’incidence du cancer du
foie en France et aux États-Unis,
alors que la consommation d’alcool
régressait drastiquement dans le
même temps…
ààABE  : Quelle est la situation
en France ?
G. et N. D. : En 2017, la couverture
vaccinale anti-HPV était très faible
(moins de 20 %), mais pour combien
de temps ? Christian Lajoux, le pré-
sident du Syndicat des entreprises
du médicament, est allé plaider la
cause du Gardasil à l’Élysée. Le pré-
sident s’était alors inquiété que le
vaccin ne soit « administré qu’à 30 %
des jeunes filles ». Huit députés ont
inscrit une proposition de loi en
juillet 2018 pour rendre la vaccina-
tion par Gardasil obligatoire. Il faut
donc rester vigilant, d’autant que le
grand argument du moment, c’est
de dire qu’il faut vacciner les jeunes
garçons : dans la mesure où ils sont
porteurs du HPV, ils contaminent
les femmes ! Big Pharma a telle-
ment communiqué qu’aujourd’hui,
les gens pensent que ce virus est
dangereux. C’est totalement faux !
Ce sont les lésions cellulaires re-
pérées au frottis qui peuvent être
signes de danger. L’HPV est un virus
banal, comme il en existe beaucoup
d’autres. J’invite toutes les femmes
à refuser le test HPV que l’on est en
train de leur vendre.
ààABE : S’il ne faut pas se faire
vacciner, que préconisez-vous
pour prévenir l’apparition d’un
cancer du col utérin ?
G. et N. D. : Le frottis à partir de
25 ans, tous les trois ans, consti-
tue la meilleure protection. Le
cancer du col de l’utérus provoque
1 000 décès annuels. Sur ce chiffre,
on considère que 700 auraient
pu être évités avec un dépistage
régulier. Au final, le vaccin cible les
300 cas restants, mais nous avons
vu que c’est loin d’être aussi ma-
thématique… Et c’est sans compter
l’augmentation des cancers du
col utérin post-vaccination. Les
300 millions d’euros annuels qu’il
faudrait dépenser pour vacciner
toute une classe d’âge auraient de
bien meilleurs usages possibles,
comme les urgences hospitalières
ou les EHPAD…
Propos recueillis par
Sandra Franrenet
À lire
Hystérie vaccinale,
Vaccin Gardasil et cancer :
un paradoxe
Nicole Delépine,
Gérard Delépine
Fauves Éditions,
18 €
ISBN :
979-10-302-0269-4
 LA RUBRIQUE PHYTO

Le cassis, le super
fruit français qui
chasse vos douleurs
Si l’on vous dit cassis, vous penserez d’abord à son fruit,
que l’on utilise tantôt en confiture, tantôt en tarte, ou que
l’on picore simplement avec gourmandise. Mais ses feuilles
et ses bourgeons ont des résultats stupéfiants contre
les douleurs et les inflammations !

Cependant, quand cette inflam-

Nom latin : Ribes nigrum
Famille : Grossulariacées
Noms communs : Groseillier noir
Partie utilisée : feuilles, bourgeons
Principes actifs majeurs : flavonoïdes (quercétol, kaempférol),
tanins, vitamine P (protection des vaisseaux
sanguins), proanthocyanidols (delphinidines), acide chlorogénique.
Forme d’usage : tisane, extrait de plante standardisée, gélule,
teinture mère, macérat glycériné
Propriétés majeures :
Feuilles : anti-inflammatoire, diurétique, antirhumatismal, antiacide
urique. Bourgeons : cortisone-like, antihistaminique.
L e fruit du cassis est un
champion de la teneur en
vitamine C : 200 mg/100 g ! Il a
trois intérêts majeurs : apport en
antioxydants (vitamines C et E),
en fibres solubles et tanins pour la
régulation du transit intestinal et en
anthocyanes pour la vue. Beaucoup
le boivent aussi en apéritif, avec le
fameux kir ou « blanc-cass’ », à rai-
son d’un tiers de liqueur de cassis
dilué dans deux tiers de vin blanc
de Bourgogne.
C’est le chanoine Félix Kir1, maire
de Dijon dans les années 1950,
qui en servait en remplacement
du traditionnel champagne dans
ses cérémonies officielles et qui
contribua à le faire connaître. En
phytothérapie, ce sont surtout
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Kir
2. http://public.larhumatologie.fr/linflammation
ses feuilles et ses bourgeons qui
sont largement employés pour
leur efficacité contre diverses
inflammations.
Focus sur
l’inflammation
L ’inflammation n’a pas bonne
presse. Mais la nature étant
bien faite, c’est bel et bien par ce
mécanisme qu’elle a prévu la répa-
ration de nos tissus. L’inflammation
correspond au trio : rougeur, cha-
leur, douleur. Par cette élévation de
température et la vasodilatation,
les globules blancs affluent mieux
aux tissus lésés afin d’éliminer les
agents agresseurs et de favoriser
une reconstitution tissulaire2.
mation dure trop longtemps,
elle devient gênante et handica-
pante. C’est alors qu’on a recours
aux anti-inflammatoires, qui vont
permettre d’agir à la fois sur la
douleur, l’inflammation et la poten-
tielle fièvre. Très nombreuses sont
les personnes qui recourent, dès
l’apparition des douleurs, aux anti-
inflammatoires non stéroïdiens
(plus connus sous leur acronyme
AINS). Ces médicaments agressent
la muqueuse de l’estomac, qu’il
faut alors protéger avec un protec-
teur gastrique, un IPP (inhibiteur
de la pompe à protons) chargé de
moduler la sécrétion d’acide chlo-
rhydrique. Le foie a, alors, deux
médicaments à métaboliser au lieu
d’un seul !
À vouloir agir trop tôt, tout de suite,
on empêche en fait un processus
normal de réparation de l’orga-
nisme. La prise d’un AINS n’est pas
anodine et devrait toujours inter-
venir après une tentative de mise
au repos des zones concernées,
un ajustement alimentaire et un
protocole de traitements naturels.
En cas d’échec sous sept jours et/
ou si l’inflammation est de l’ordre
d’une forte poussée, alors recourir
aux AINS, voire à la cortisone, est
envisageable. Astrid54

ao û t 2 0 1 9   • n °1 5 5 23
 LA RUBRIQUE PHYTO

Il est préférable de soutenir les mé- sis à la racine de petit houx, nommé secs de feuilles de cassis étaient
canismes de l’inflammation tout aussi fragon, et aux feuilles de vigne aussi efficaces que des médicaments
en palliant son emballement. Le rouge, hamamélis et noisetier. anti-inflammatoires non stéroïdiens
cassis est alors une solution toute sur des œdèmes de la patte chez le
Les formes tisane ou teinture mère
trouvée ! rat. Avec deux avantages : ne pas
sont à privilégier, car elles per-
générer d’ulcère de la muqueuse
mettent une fonction de drainage
gastrique et rester sans danger sur
Soutien anti- supplémentaire qui est bienvenue.
des doses hautes et longues. En
Les formes en gélules bien dosées
inflammatoire restent néanmoins satisfaisantes.
2004, une étude belge4 réitère le
en herboristerie test, toujours sur des rats, prétrai-
Quant au bourgeon de cassis, tés avec des proanthocyanidines du
L es douleurs sont un motif
très fréquent en herboriste-
c’est un super anti-inflammatoire, cassis, avant qu’on leur génère un
qualifié de « cortisone-like » et d’anti- œdème des pattes et une pleuré-
rie. Parmi elles, c’est sur les terrains histaminique. À l’Herboristerie du sie (inflammation de la membrane
articulaires et veineux que les Palais Royal, à Paris, le bourgeon de pulmonaire). Là encore, la mise
feuilles de cassis officient le mieux. cassis caracole en tête des ventes en évidence des propriétés anti-
Les douleurs articulaires sont ré- à la saison des pollens ! C’est qu’il inflammatoires est démontrée.
currentes et touchent un large a un peu un effet « magique ». Son
public : les jeunes et moins jeunes, Deux revues de la littérature scien-
action rapide teinte d’instantanéi-
les sportifs, les seniors et les acci- tifique sur le cassis, en 20125 et
té son efficacité pour enrayer les
dentés. Les douleurs des jambes 2016 6, vérifiaient bien que ses
démangeaisons du nez, de la gorge
lourdes frappent davantage l’été, usages traditionnels ont été vali-
et les rougeurs des yeux. En effet,
avec les chaleurs, mais concernent dés par les méthodes modernes
20 gouttes sur la langue ou dans un
aussi, toute l’année, celles et ceux des laboratoires quant à ses effets
verre d’eau atténuent nettement
qui exercent leur métier debout, en anti-inflammatoires, antioxydants
les troubles dans le quart d’heure
piétinant, mettant à rude épreuve et antimicrobiens.
qui suit l’ingestion. Associée au
leurs mollets. plantain et à la quercétine (cf. Concernant la prévention de
Je recommande les feuilles de cassis Alternatif Bien-Être de mars 2019), l’arthrose et la diminution du carti-
en cas de rhumatismes, d’arthrose, il forme un trio gagnant contre les lage, le cassis a montré un bienfait
de polyarthrite, de tendinite. Je allergies saisonnières. Le bourgeon grâce à ses prodelphinidines7, qui
l’associe alors aux vertus reminé- de cassis est donc incontestable- améliorent la synthèse des protéo-
ralisantes de la prêle des champs ment la star antirhume des foins. glycanes et du collagène de type II
et à celles anti-inflammatoires des et abaissent les prostaglandines E2
Je le conseille aussi vivement
feuilles de fraisier, reine des prés, pro-inflammatoires.
dans les poussées inflammatoires
frêne, aux baies de genièvre et aux
très douloureuses  : maladies Des chercheurs néo-zélandais 8
racines d’harpagophytum.
inflammatoires chroniques de l’in- ont mis en évidence en 2010 que
En cas de crise de goutte ou d’ex- testin (MICI, comme la maladie de dans la lutte contre l’asthme et les
cès d’acide urique (ces déchets qui Crohn), broncho-pneumopathie inflammations des alvéoles pulmo-
se déposent graduellement dans chronique obstructive (BPCO), naires lors d’allergies, ce sont les
l’organisme sous forme de cris- asthme, polyarthrite, où il forme un composés phénoliques du cassis,
taux quand on consomme trop de binôme souverain avec une résine comme les proanthocyanidines et
viande rouge, de charcuterie, d’al- d’encens : la boswellia. l’épigallocatéchine, qui agissent po-
cool ou que l’on fabrique soi-même sitivement sur des médiateurs de
avec l’âge), j’associe le cassis avec l’inflammation. Astrid54
le paliure, la piloselle, l’artichaut et Ce qu’en dit la
Le cassis est reconnu par l’Agence
le bouleau. recherche scientifique européenne des médicaments 9
Enfin, dans la lutte contre les
jambes lourdes, je combine le cas-
E n 1989, un chercheur toulou-
sain3 montrait que des extraits
dans la prise en charge des douleurs
rhumatismales mineures et pour
3. Declume C (France). Anti-inflammatory evaluation of a hydroalcoholic extract of black currant leaves (Ribes nigrum). J Ethnopharmacol. 1989 Nov;27(1-2):91-8
4. Garbacki N1, Tits M, Angenot L, Damas J. (Belgique) Inhibitory effects of proanthocyanidins from Ribes nigrum leaves on carrageenin acute inflammatory reactions induced in rats. BMC Pharma-
col. 2004 Oct 21;4:25
5. Gopalan A1, Reuben SC, Ahmed S, Darvesh AS, Hohmann J, Bishayee A. (USA) The health benefits of blackcurrants. Food Funct. 2012 Aug;3(8):795-809. doi: 10.1039/c2fo30058c. Epub 2012 Jun 6
6. Ferlemi AV1, Lamari FN2. (Grèce) Berry Leaves: An Alternative Source of Bioactive Natural Products of Nutritional and Medicinal Value. Antioxidants (Basel). 2016 Jun 1;5(2). pii: E17. doi: 10.3390/
antiox5020017
7. Garbacki N1, Angenot L, Bassleer C, Damas J, Tits M. (Belgique) Effects of prodelphinidins isolated from Ribes nigrum on chondrocyte metabolism and COX activity. Naunyn Schmiedebergs Arch
Pharmacol. 2002 Jun;365(6):434-41. Epub 2002 Apr 26
8. Hurst SM1,  McGhie TK,  Cooney JM,  Jensen DJ,  Gould EM,  Lyall KA,  Hurst RD. (Nouvelle-Zélande) Blackcurrant  proanthocyanidins augment IFN-gamma-induced suppression of IL-4 stimulated
CCL26 secretion in alveolar epithelial cells. Mol Nutr Food Res. 2010 Jul;54 Suppl 2:S159-70. doi: 10.1002/mnfr.200900297
9. https://eurekasante.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/cassis-ribes-nigrum.html#S4iGHIjCKkSqaHTj.99

24 ao û t 2019   •  n °155
 LA RUBRIQUE PHYTO

augmenter la quantité d’urines

en traitement complémentaire
des infections urinaires. En re-
vanche, le cassis ne peut prétendre
scientifiquement améliorer ni le
bien-être cardiovasculaire (baisse
de l’hypertension artérielle et des
jambes lourdes), ni la vue, ni l’action
antioxydante.

Mode d’emploi La décoction de feuilles de cassis

L e cassis se consomme en
cure de trois semaines
par mois, à renouveler tant que
nécessaire.
●● En décoction  : 2 cuillères à
soupe de feuilles dans 50 cl d’eau
froide, faire bouillir deux minutes,
retirer du feu et couvrir, puis laisser
infuser cinq à dix minutes. Filtrer et
boire dans la journée, avant 18 h.
●● En teinture mère : 30 gouttes
dans un verre d’eau, une à trois fois
par jour selon les douleurs.
●● En gélule dosée à 250  mg  :
2 à 6  gélules par jour selon les
douleurs.
Précautions d’emploi
L e cassis ne souffre pas de
contre-indications majeures,
mais il s’ajoute aux plantes et
traitements médicaux ayant une
action circulatoire, diurétique et
anti‑inflammatoire, pour juste-
ment permettre d’en consommer
moins. Par principe de précaution,
la femme enceinte peut le consom-
mer à partir du 4e mois de grossesse.
Évidemment, en cas d’hypercorti-
solémie, le bourgeon de cassis est
déconseillé.
Caroline Gayet
Diététicienne-phytothérapeute
www.caroline-gayet.com

AGENDA

pluridisciplinaires ou sur la vaccination contre la leptospi-

30e Congrès international rose. Un comité scientifique de huit docteurs sera présent.
méditerranéen de médecine Pour ceux qui le souhaitent, un cocktail est proposé le jeudi
et santé au travail 29 août.

REIMS – les 28 et 30 août 2019

Droits d’entrée : prix variant selon les options
Lieu : Faculté de médecine, 51, rue Cognacq-Jay,
51095 Reims
Renseignements  : www.univ-reims.fr/travail2019/ac-
cueil-editorial/editorial,22520,37554.html
Organisé par l’université de Reims, le 30e Congrès inter-
national méditerranéen de médecine et santé au travail
s’articule autour de trois thématiques principales. Celles-ci
sont : l’identification et la gestion de la souffrance au travail,
l’aptitude et l’inaptitude médicale au travail, les addictions
et le travail. Selon le baromètre santé 2019 de l’Inpes,
plus du tiers des fumeurs réguliers, des consommateurs
d’alcool ou de cannabis déclarent avoir augmenté leurs
consommations du fait de problèmes liés à leur travail
ou à leur situation professionnelle. Ce congrès s’adresse
notamment aux professionnels de la santé au travail. Vous
pourrez assister également à des tables rondes sur le ma-
nagement en santé et la sécurité au travail, sur les équipes
BiObernai
OBERNAI – les 13, 14 et 15 septembre 2019
Droits d’entrée : gratuit avant 12 heures, 5 € ensuite
Lieu : 67210 Obernai (Bas-Rhin, Alsace)
Renseignements : www.biobernai.com/FR
Vous retrouverez lors de cette 16e édition du Salon de
l’agriculture biologique en Alsace l’atmosphère conviviale
d’une fête de village. Le thème mis en valeur cette année
est « l’essentiel », qui donnera lieu à des échanges et des
témoignages sur la question : « Où est l’essentiel ? » Aux
pieds des remparts de la ville d’Obernai se tiendra un par-
cours de visite à travers différents espaces thématiques :
bien-être, santé, environnement, écomobilité, etc. Entre
les conférences, les ateliers thématiques et les nombreuses
animations pour petits et grands, ce salon s’adresse aussi
bien aux adeptes du bio qu’aux novices qui s’y intéressent.
Venez-y entre amis ou en famille.

ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 25
 LES EXPÉRIMENTATION S D
La danse a des vertus
que le sport n’a pas
Nul ne le conteste : faire du sport, c’est bon pour la santé. Or, danser serait
encore meilleur. Un ensemble d’études suggèrent que la danse aurait
notamment un effet supérieur contre le déclin cognitif lié à l’âge que d’autres
disciplines sportives. La raison ? La danse mobilise la mémoire et stimule un
plus grand nombre de compétences que la plupart des sports. Quant à moi, j’ai
mené mes propres tests à l’aide de mon logiciel de cohérence cardiaque.
F in août 2015, au cours d’un
festival de bien-être, j’anime
un atelier d’initiation à la cohérence
cardiaque, une pratique respira-
toire de régulation émotionnelle,
pour laquelle je suis certifié. À la
fin de mon intervention, un homme
svelte, la cinquantaine tonique,
s’approche. Il souhaite tester la co-
hérence cardiaque à l’aide de mon
logiciel spécialisé. Je lui pose un
capteur de pouls. Suivant mes indi-
cations, il synchronise sa respiration
avec le mouvement d’une bille qui
monte et qui descend à l’écran. Cinq
secondes et demie à l’inspiration,
autant à l’expiration : une courbe
de cohérence cardiaque se dessine
sur mon ordinateur, témoignant de
la régulation des variations de son
pouls. Normal… Sauf que sa courbe
a quelque chose de spécial. Son
ampleur hors norme signale une
variabilité sinusale exceptionnelle
pour un homme de cet âge. Et donc
d’une santé physique et émotion-
nelle excellentes. Je n’en ai jamais vu
de pareille en cinq ans de pratique.
Ai-je affaire à un sportif de haut
niveau ?
« Vous faites quelque chose de par-
ticulier ? Du sport ? Un art martial ?
– Pas vraiment…
– Une activité corporelle ?
– Je pratique une sorte de danse… »
Aussitôt, je l’imagine se livrant à
une chorégraphie particulièrement
athlétique, du style hip-hop ou rock
26 ao û t 2019   •  n °155
Astrid 54
Bruno Giuliani
acrobatique. Je me trompe sur
toute la ligne… Quelques heures
plus tard, Bruno Giuliani, agrégé
de philosophie et auteur d’une pas-
sionnante traduction de Spinoza
en langage contemporain, va me
dévoiler le secret de sa forme. Car
lui aussi propose un atelier. Nous
sommes une trentaine d’hommes
et femmes de tous âges, réunis au-
tour de lui et d’un modeste lecteur
de musique. Pendant une heure,
il va nous proposer une succes-
sion de rituels, rondes main dans
la main, marches dansées, mouve-
ments d’expression libre, tous au
rythme d’une musique spécifique.
Parfois, nous serons invités à dan-
ser seul, parfois à interagir à deux
ou plus ou encore, à plonger notre
regard dans celui d’un autre parti-
cipant. Aucune figure imposée mais
une succession de gestes coulés ou
bien toniques, sans difficulté tech-
nique. Une heure de mouvements
sans effort. À la fin de la séance,
nous avons tous le sourire aux
lèvres. Les yeux brillent. Certains
sont visiblement émus. Quant à
moi, je me sens particulièrement
bien. Je viens de vivre ma première
séance de Biodanza. Cette mé-
thode constituée d’un ensemble
de plus de 250 exercices a été
fondée par le psychologue et an-
thropologue chilien Rolando Toro
Araneda dans les années 1960. Elle
inclut la danse dans un processus
de déploiement des différentes di-
mensions de la vie en soi… Deux ans
plus tard, en 2017, j’apprendrai que
cette danse de la vie est entrée dans
la liste des pratiques intégratives
et complémentaires pouvant être
proposées dans les établissements
de santé du Brésil.
Un signe objectif
de bonne santé
E n voyant tous ces visages
ravis, j’ai envie de mener
mon enquête. La danse produit-elle
les mêmes effets sur les partici-
pants à cet atelier que sur notre
instructeur ? Je propose à ceux qui
le souhaitent de réaliser des me-
sures de leur variabilité cardiaque au
cours de la journée. Pour les scien-

tifiques spécialistes de ce domaine,
une variabilité sinusale – amplitude
des variations du pouls – élevée
est le révélateur d’un cœur adap-
table et sain. Elle constitue un signe
objectif de bonne santé. Plus de
13 000 études attestent de la fiabi-
lité de cet indicateur pour mesurer
l’âge physiologique. D’ailleurs, la
Fédération française de cardiologie
préconise la pratique d’exercices de
cohérence cardiaque afin d’amé-
liorer ce paramètre physiologique
et diminuer le risque cardiovascu-
laire. Je teste mon propre score
en premier : surprise ! À l’écran,
une courbe exceptionnellement
ample et régulière se dessine. Du
jamais vu pour moi ! Les variations
de mon pouls ont presque triplé par
rapport au matin, signe d’un état
physiologique nettement amélioré.
Pour mes compagnons de danse
qui se prêtent au test, les résultats
sont similaires, sans exception. À
l’instar de Bruno Giuliani, nous af-
fichons tous des courbes de pleine
santé physique et émotionnelle.
Des valeurs qui, si elles sont habi-
tuelles, sont considérées comme
prédictives d’une espérance de
vie en bonne santé élevée. En ce
qui me concerne, l’amélioration se
maintiendra plusieurs jours, avant
de revenir lentement à son niveau
habituel. Je n’aurai malheureuse-
ment pas l’occasion de vérifier si
l’effet se prolonge aussi pour mes
compagnons de festival…
Pour dire la vérité, je suis perplexe.
En moins de deux heures, toutes
mes convictions de sportif intensif
ont volé en éclat. Moi, l’ancien mo-
niteur de voile, randonneur tout
terrain, adepte du yoga, du jogging
et de la plongée en apnée, je ne
suis jamais parvenu à un tel score
depuis mes premières mesures
en 2011. Des centaines d’heures
d’activité physique et des milliers
de litres de sueur semblent avoir
produit moins de bienfaits qu’une
heure de rondes, de regards com-
plices et de mouvements doux.
LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
La danse meilleure que le sport ?
Je n’ose même pas formuler l’hy-
pothèse. Mais un an plus tard, le
destin va remettre le couvert. Je
suis encore convalescent d’une ma-
ladie de Lyme chronique qui m’a
éloigné des stades et fait lâcher
mon vélo pendant deux ans. C’est
alors qu’on m’invite à un festival
de danse contemporaine qui a lieu
près de chez moi. Des spectacles,
certes, mais aussi des incitations
à danser dans la rue en compagnie
des mêmes artistes professionnels
qui se produisent sur scène. Une
occasion rêvée de me remettre en
mouvement. Je me prête au jeu,
redécouvre qu’il est plaisant de
bouger sans effort excessif tout
en apprenant des pas et termine
la soirée dans un bonheur sans
mélange. Un bonheur qui dure plu-
sieurs jours et qui se traduit par
une excellente variabilité de mon
rythme cardiaque pendant cinq
jours. À ce moment, je me souviens
qu’adolescent, passée la peur du
ridicule, les soirées dansantes et
les bals de village m’ont toujours
rendu joyeux. Mais de là à surpas-
ser le sport dans mon échelle des
pratiques de santé, il y a un pas que
je ne saurais franchir. « No pain, no
gain  », disent les Anglais. Pas de
bénéfice sans souffrance. Je suis
câblé sur cette croyance. Mes lec-
tures vont achever de mettre à mal
ces dogmes…
Les danses de salon
protégeraient
de la démence
C ar de leur côté, des scien-
tifiques ont moins d’idées
préconçues que moi. Ils ont or-
ganisé le match sport-danse sur
des critères objectifs. En conclu-
sion d’une étude présentée dans
Frontiers in Human Neuroscience en
2017, des chercheurs du Centre
des maladies neurodégénératives
de Magdebourg (Allemagne) affir-
ment que la pratique des danses de
salon protégerait des démences
comme la maladie d’Alzheimer,
plus efficacement que le sport…
La preuve ? Ils ont étudié pendant
dix-huit mois, 26 volontaires âgés
en moyenne de 68 ans. Quatorze
d’entre eux ont pris des cours
de danse, tandis que les autres
ont pratiqué des exercices d’as-
souplissement ou des activités
d’endurance. En pratique, le groupe
des danseurs s’est vu enseigner
une danse différente par semaine
afin que les participants soient
maintenus dans un processus d’ap-
prentissage. Puis, en étudiant le
cerveau des volontaires, les cher-
cheurs ont observé que le volume
de l’hippocampe, zone cérébrale
qui joue un rôle central dans la mé-
moire et la capacité à se repérer
dans l’espace, avait nettement plus
augmenté chez les pratiquants de
la valse ou du fox-trot que chez les
sportifs. Les pratiquants de danses
de salon présentaient par ailleurs
un meilleur équilibre. La même
année, d’autres chercheurs ont
comparé les effets d’un programme
d’apprentissage de la danse avec
ceux d’exercices répétitifs auprès
de 22 seniors en bonne santé. Au
bout de six mois, les danseurs affi-
chaient une activation significative
des zones cérébrales impliquées
dans le mouvement et la mémoire,
ainsi qu’un accroissement de leurs
facteurs de croissance neuronale.
Autant de bienfaits absents chez
les pratiquants de mouvements
répétitifs…
En France, l’Inserm a pris très au
sérieux les bienfaits de la danse
en participant à la Caravane de
la mémoire, un projet itinérant
démarré en 2017 visant à intro-
duire le tango – musique et danse
– dans les maisons de retraite
auprès de patients atteints de la
maladie d’Alzheimer. Une initiative
qui devrait mener, fin 2019, à la
publication d’une étude produite
par une équipe de chercheurs de
l’université de Bourgogne sur les
ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 27
 LES EXPÉRIMENTATION S D Astrid 54

effets de la stimulation de la mé- travail musculaire de tout le corps, pratiquants réguliers. Aucun risque
moire du geste chez les malades, coordination, expressivité, interac- de ce type avec la danse. Bien sûr,
même avancés. Parmi les cher- tions avec un partenaire, respect Lucy Vincent ne préconise pas de
cheurs, la kinésithérapeute France du rythme : quand on y réfléchit, il s’alcooliser en discothèque en se
Mourey reste prudente sur les n’y a guère de fonction corporelle fracassant les tympans à coup de
résultats de l’étude quant à une ou cérébrale qui ne soit sollicitée. » musique techno. Son truc, ce serait
éventuelle stabilisation de la mala- Résultat  : outre la musculature plutôt les danses de salon, plus com-
die, mais constate le bonheur des et l’immunité, la danse améliore plexes et élaborées, plus douces
personnes bénéficiant de cette la cognition, l’humeur, l’estime de aussi, tout en étant tonifiantes…
initiative. Déjà, des formations soi et la qualité des relations de Mais elle n’en néglige pas pour au-
en tango thérapeutique ont été groupe ou de couple. En résumé, tant les danses tribales comme le
lancées auprès d’accompagnants elle permet de faire du sport sans haka ou encore les danses spor-
professionnels ou de bénévoles. s’en rendre compte, dans le plai- tives comme la capoeira – la danse
sir et le plus souvent sans idée de martiale brésilienne –, la danse afri-
En 2018, la neurobiologiste Lucy performance ou de compétition. caine ou le hip-hop. Question d’âge
Vincent a publié Faites danser Surtout, elle ne comporte pas les et de goût…
votre cerveau (Odile Jacob). Elle s’y risques liés à la pratique intensive
s’étonne que l’on parle des activi- De quoi mettre à mal l’image du
de certains sports. La course à sport ? Peu probable. Mais quand
tés physiques en général comme si pied, par exemple. Une vaste étude,
elles étaient interchangeables. « Le je compare les visages tendus des
la Copenhagen City Heart Study 1, joggers et autres cyclistes com-
jogging entraîne le système cardio- après avoir suivi 20 000 personnes pulsifs qui passent près de chez
vasculaire, mais ne demande pas depuis 1975, conclut que si cou- moi et les mines épanouies des
de mémoriser des pas. Le cyclisme rir deux ou trois fois par semaine danseurs amateurs du centre cho-
et la natation peuvent faire appel à pour un total de 1h à 2h30 aug- régraphique local, je me dis que le
des stratégies de course, mais ne mente l’espérance de vie de six tango, la valse, le fox-trot ou même
sollicitent pas l’expression émo- ans, au-delà, l’effet est inverse la danse contemporaine ont de sé-
tionnelle », précise-t-elle. Quant à à tel point qu’il vaudrait mieux rieux arguments en leur faveur.
la danse, elle semble être l’une des rester tranquille à la maison. Et en-
seules activités capable de mobili- core, cette étude ne compte pas Emmanuel Duquoc
ser autant d’aptitudes : « Équilibre, les blessures, courantes chez les

Rencontre avec Lucy Vincent

« La danse est le meilleur des sports »
ààAlternatif Bien-Être  : Vous je passais tous les jours devant une on a de nouvelles sensations dans
êtes neurobiologiste. Qu’est-ce école de danse. J’ai ouvert la porte son corps et plus on éprouve la
qui vous a amenée à étudier les et je m’y suis mise intensément. sensation de contrôle de soi. C’est
effets de la danse sur le corps et Cela m’a sauvée et je suis devenue gratifiant. Devant ces phénomènes,
l’esprit ? professeure de danse de salon. je me suis intéressée à la théorie
Lucy Vincent : L’effet que j’ai constaté derrière la pratique et j’ai participé
sur moi-même. J’ai toujours aimé la ààABE : Qu’avez-vous découvert ? à l’ouverture de nouvelles voies
danse, mais je n’en faisais plus. En L. V. : D’abord que pour y arriver, il de recherche. Par exemple, nous
2011, j’étais porte-parole des labo- ne suffit pas de comprendre. Il faut avons découvert que le cervelet,
ratoires Servier en pleine affaire du fabriquer un corps adapté pour cette zone du cerveau qui permet
Mediator. J’étais stressée au point ça. Par exemple, être en équilibre la coordination des mouvements,
que j’ai eu toutes les pathologies pendant un pas de rumba est très est également impliquée dans les
imaginables ! Or, à cette époque, difficile, mais plus on avance, plus réseaux cognitifs et émotionnels.
1. Kathrin Rehfeld et al, Dancing or Fitness Sport ? The Effects of Two Training Programs on Hippocampal Plasticity and Balance Abilities in Healthy Seniors, Frontiers in Human Neuroscience (2017).
DOI: 10.3389/fnhum.2017.00305. Front Aging Neurosci. 2017 Mar 14;9:56. doi: 10.3389/fnagi.2017.00056. eCollection 2017. Evolution of Neuroplasticity in Response to Physical Activity in Old
Age: The Case for Dancing. Müller P1, Rehfeld K2, Schmicker M1, Hökelmann A2, Dordevic M1, Lessmann V3, Brigadski T4, Kaufmann J5, Müller NG6

28 ao û t 2019   •  n °155
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

La danse stimule cette zone, d’où ààABE : Ce sont les mouvements

son effet positif sur la cognition et
l’état émotionnel.
ààABE  : Y-a-t-il des différences
d’effets d’une danse à l’autre ?
L. V. : En recherche, on utilise beau-
coup les danses de salon parce
qu’elles peuvent être pratiquées
à tout âge. Le hip-hop semble in-
téressant. Il est utilisé chez les
jeunes pour créer du lien et il est
en phase avec la culture actuelle.
En revanche, pour la danse clas-
sique, la littérature scientifique
montre surtout des effets négatifs.
Les mouvements sont répétitifs
et impliquent plus de pressions. Il
y a aussi une dimension compéti-
tive dans cette danse qui pousse
les pratiquants au-delà de leurs
limites.
ààABE : Que disent les études épi-
coordonnés qui développent nos
facultés cognitives ?
L. V. : C’est le fait d’en apprendre
de nouveaux. Si l’on maintient une
figure que l’on connaît, on perd
l’effet. Mais si l’on apprend en per-
manence de nouvelles façons de
bouger, le cerveau s’optimise. Cela
dit, bouger librement est déjà une
bonne chose.
ààABE  : Vous semblez ne pas
apprécier le jogging…
L. V. : Le jogging, c’est une aberra-
tion ! Tous mes amis qui en faisaient
assidûment ont dû arrêter. Ils ont
mal aux genoux. Ils se sont abîmés.
Ce problème est courant. Il s’ex-
plique par les endorphines, ces
hormones antidouleur et euphori-
santes que l’on sécrète en quantité
lorsque le corps souffre. Or, lorsque
l’on court un certain temps, le corps Lucy Vincent

démiologiques ? libère des endorphines et l’on ne

L. V. : Que cinq à six minutes de
danse sont associées à une augmen-
tation des capacités intellectuelles
de 20 %. La danse est le meilleur
des sports. C’est la seule activité
qui protège de la démence. Et c’est
la seule pratique dont on a pu ob-
server des effets sur le volume du
cerveau.
ààABE  : Et vous, la danse vous
a-t-elle rendue plus intelligente ?
L.  V.  : Je peux dire que oui. La
conscience de mon corps dans l’es-
pace s’est améliorée. Mais je ne me
suis pas testée sur la logique mathé-
matique ! La conscience du corps
est la plus grande intelligence que
l’on puisse obtenir, car lorsqu’elle
se développe, la compréhension
des autres grandit. D’habitude, on
aborde les autres visuellement et
par la parole. C’est une approche
stéréotypée. En tant que prof de
danse, quand je demande à une
personne de bouger en effectuant
une coordination à laquelle elle n’est
pas entraînée, j’en apprends beau-
coup plus sur elle qu’en discutant.
sent plus la douleur. Pendant ce
temps, le corps en prend un coup.
ààABE  : Pourtant, on sécrète
aussi des endorphines en dan-
sant !
L. V. : Oui, mais beaucoup moins et
au milieu d’un cocktail plus complet,
comme quand on fait l’amour. Par
exemple, la recherche a établi qu’en
dansant, nos muscles sécrètent des
myokines, un ensemble de plus de
600 substances qui améliorent la
mémoire, le système immunitaire,
le sommeil, la digestion et toutes
les fonctions endocrines. Or, cer-
taines myokines sont spécifiques
à certaines parties du corps. Les
mouvements répétitifs du jogging
ont des effets localisés. Les mouve-
ments diversifiés de la danse ont un
effet beaucoup plus complet.
ààABE  : Donc mouvement plu-
tôt qu’effort ?
L. V. : Si vous venez à un cours de
danse, vous verrez qu’il y a des ef-
forts. Cela dit, comme la recherche
a montré que rester assis toute
la journée est à l’origine d’une
épidémie de maladies chroniques, le
NHS (le ministère de la santé britan-
nique) conseille officiellement de se
lever et de bouger une à deux mi-
nutes toutes les heures pour faire
baisser le risque de maladies chro-
niques. Cette recommandation
vient des résultats d’une mé-
ta-analyse qui concernait 800 000
personnes. Alors en effet, même
sans effort particulier, une seule
petite minute de mouvements par
heure a des effets statistiquement
mesurables.
ààABE : Où en est la recherche
scientifique aujourd’hui quant
aux effets du mouvement sur le
cerveau ?
L. V. : Jusqu’à présent, l’étude des
effets du mouvement sur le cer-
veau était plus quantitative que
qualitative. On étudiait le rapport
entre quantité d’effort physique et
santé. Mais il n’y avait rien de publié
sur les effets de tel ou tel type de
mouvement. Par conséquent, les
effets de la danse sur le cerveau
sont encore à spécifier. C’est ce à
quoi je m’emploie actuellement.

ao û t 2 0 1 9 •  n°1 5 5 29
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

ààABE : Y a-t-il du nouveau de-
puis la publication de votre livre,
Faites danser votre cerveau ?
L. V. : Oui. Avec l’école des sages-
femmes de l’université de Perth
en Australie, nous étudions en ce
moment les effets de la danse sur
le baby blues de femmes après l’ac-
couchement. Et puis mon équipe et
moi-même avons créé une nouvelle
application pour Fitbit. Les Fitbit,
ce sont ces bracelets-montres qui
suivent en temps réel votre rythme
cardiaque, le nombre de pas que
vous faites dans la journée, votre
temps et vos phases de sommeil,
etc. 10 % des Américains portent
un Fitbit. Or, jusqu’à présent, il
n’existait aucune application ca-
pable de qualifier les mouvements.
Par exemple, quand quelqu’un
marche, si tout va bien, son axe
reste stable, mais il peut aussi avoir
des mouvements latéraux. Avec
cette application, nous disposons
d’un outil permettant de quantifier
l’amplitude, la vitesse, la force et
l’équilibre des mouvements d’une
personne.
ààABE  : Quelles sont les pers- aussi vite que les mois précédents,
pectives ouvertes par cette ap- voire s’il y a des améliorations…
plication ?
ààABE  : Faire danser des per-
L. V. : Pour le moment, nous me-
sonnes handicapées, c’est auda-
nons une étude sur une cohorte
cieux !
de bien-portants afin de capter les
critères des mouvements propres L .  V.  : Mais possible. Le site
à la santé. Et dès l’automne, nous « Click&Danse », qui est en libre
accès, est ouvert à toute personne,
allons proposer le port du Fitbit
à une cohorte de 200 volontaires même immobilisée ou sans expé-
rience de la danse. Il est en anglais,
souffrant d’ataxie cérébelleuse,
une atteinte du cervelet qui se mais les Francophones peuvent
choisir la version française depuis
caractérise par des désordres de
la page d’accueil. On répète le pas
la coordination des mouvements
en regardant la vidéo autant de fois
musculaires. Comme j’enseigne la
que nécessaire jusqu’à ce que le pas
danse, j’ai déjà créé un site inter-
devienne automatique. Ensuite, on
net, « Click&Danse », qui permet
peut passer à la vidéo suivante.
d’apprendre progressivement des
pas de danse de salon grâce à une
ààABE : Et si tout va bien, qu’ap-
série de vidéos progressives de porte la danse ?
deux à trois minutes chacune. Ce
L. V. : Dès trente-cinq ans, si nous
site internet va servir de base à
ne produisons pas d’efforts im-
notre étude. Les patients auront
portants, nous perdons en masse
la possibilité de suivre les vidéos
musculaire et en équilibre postural.
de « Click&Danse » tout en réali-
La danse est un moyen privilégié
sant les figures. Le port du Fitbit
de maintenir ces deux paramètres
permettra de contrôler le nombre
intacts.
de fois qu’ils suivent ce traitement
et de voir leur progression sur six Propos recueillis par
mois. On verra si la maladie évolue Emmanuel Duquoc

LIVRES

La plante du IIIe millénaire

Médecine, alimentation, bien-être, cosmétique, biocarburant,
dépollution de terrain… Voici certains des domaines de prédi-
lection du chanvre, qui est, de plus, facile à faire pousser. Bien
qu’utilisé par l’humain depuis des millénaires, le chanvre indus-
triel est souvent confondu avec le cannabis récréatif et a même
été interdit. Sans raison pour autant, car si ces deux plantes font
partie de la même famille, elles n’ont pas les mêmes propriétés.
Le cannabis est connu pour sa psychoativité, là où le chanvre
est cultivé dans le but d’obtenir des matières premières (fibres,
protéines, huiles, celluloses, etc.).
Alors que ces deux variétés sont encore interdites dans de
nombreux pays, l’auteur du livre, le Dr Gigon, met à l’honneur
le chanvre et ses multiples vertus. Il peut être utilisée dans
l’alimentation, la fabrication de fibres végétales ou dans des
remèdes efficaces sur de multiples maux. Selon lui, le chanvre
pourrait être… la plante du IIIe millénaire ! Et son bilan sur les
avancées scientifiques semble lui donner raison. Quant au can-
nabis thérapeutique, il est toujours interdit dans de nombreux
pays. Il apporte pourtant une solution naturelle à plus de 20 ma-
ladies, dont les affections neurodégénératives et le cancer. Nous
avions d’ailleurs abordé le sujet du cannabis thérapeutique dans
notre numéro d’octobre. Stupéfiant ! vous permet de faire le
tri dans les idées reçues. Sans pour autant faire l’apologie de la
consommation de cannabis, il met en avant les potentiels bien-
faits du chanvre dans les domaines thérapeutique, écologique
et alimentaire.
Stupéfiant ! Le chanvre va-t-il sauver le monde ?
Prix : 12,90 €
Auteur : Dr Franck Gigon
Les Éditions de l’Opportun
ISBN : 9782360756384

30 A st rid54• N°155
 LIVRES

La bible pratique du régime sans FODMAPs ALTERNATI Fbien • êtr e

Revue mensuelle - Numéro 155 - Août 2019
Quel est le point commun entre les brocolis, l’ail et les dattes ? Ces trois aliments sont https://alternatif-bien-etre.com/
des FODMAPs, des sucres peu digestes qui fermentent dans votre côlon. Dans le cas du Directeur de la publication : Vincent Laarman
syndrome du côlon irritable, adopter un régime sans FODMAPs permet d’en soulager Rédacteur en chef : Rodolphe Bacquet
les symptômes (ballonnements, maux de ventre, diarrhées, vomissements). Ce régime Éditrice : Elsa Dupuis
est réputé contraignant et difficile à appliquer au quotidien, car il élimine certains piliers Mise en page : Isabelle Pillet
de notre cuisine, comme l’oignon et le pain. Mais grâce à ce guide visuel et pratique Santé Nature Innovation - SNI Éditions SA
réalisé par le médecin endocrinologue-nutritionniste Pierre Nys, spécialiste des intes- Adresse : Am Bach 3, 6072 Sachseln – Suisse
tins, votre vie va se simplifier. Constitué de fiches thématiques, ce livre deviendra votre Registre journalier N° 4835 du 16 octobre 2013
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EHPAD : le cri d’alarme d’une aide-soignante

Passer les dernières années de sa vie en EHPAD est une possibilité qui nous concerne
tous. Mieux vaut, dans ces conditions, savoir où l’on met les pieds. La situation qui
touche la plupart de ces établissements en France est dramatique. L’auteure de ce
livre, ancienne aide-soignante en EHPAD, a été licenciée pour avoir demandé une
couche-culotte supplémentaire pour l’une de ses résidentes. Pour sa hiérarchie, c’était
un « acte d’insubordination » et une requête hors budget. Hella Kherief dénonce les Avis aux lecteurs :
profits des structures d’accueil privées, qui font passer les intérêts économiques des Alternatif Bien-Être, publication gérée par SNI
actionnaires avant ceux des patients. Ces établissements remplacent peu à peu les Éditions, a pour mission de vulgariser des
informations dans le domaine de la santé et
structures publiques, faute de moyens. Personnel en sous-effectif (1 aide-soignant(e)
du bien-être. Les informations fournies dans
pour 12 résidents, au mieux !), loyers mensuels hors de prix pour les familles, patients ce magazine sont destinées à améliorer et
assommés d’anxiolytiques pour éviter leur fuite… En plus de dénoncer une réalité gla- non à remplacer la relation qui existe entre le
çante, l’auteure propose sa vision de l’EHPAD idéal où l’humain serait lecteur du magazine et son médecin.
remis au cœur de la structure et des interactions. Ce livre rempli
de témoignages touchants de la part de résidents et du personnel
soignant questionne le rapport de notre société avec nos anciens et
l’accompagnement de leur fin de vie.
Crédits photos : © Kiattipong © Brent Hofacker © logika600
Le Scandale des EHPAD. Une aide-soignante dénonce © bitt24 © H.A. Vincent © Al.geba / Shutterstock.com – © Par Chris
73 / Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.
le traitement indigne des personnes âgées org/w/index.php?curid=9899

Prix : 15 € Auteur : Hella Kherief – Édition : Hugo et cie – ISBN : 9782755641783

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ao û t 2 0 1 9   • n °1 5 5 31
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Nous attendons vos témoignages à l’adresse : redactionabe@snieditions.com ou par courrier
RÉDACTION ALTERNATIF BIEN-ÊTRE - CS 70074 - 59963 CROIX Cedex France
Je suis un survivant de la polyarthrite rhumatoïde
Après soixante-six ans sans souci de santé
particulier, début novembre 2016, dix
jours ont suffi à me détruire physiquement
et moralement.
Mes deux erreurs :
1. Par entêtement, pris par mes activités
professionnelles d’importation et de res-
tauration, j’ai omis une rapide consultation
médicale, perdant un temps précieux.
2. Nouvellement confronté à ces symp-
tômes, sans en connaître leurs origines,
je me suis gavé d’antidouleurs et de som-
nifères chimiques, sans ordonnance.
Résultat : deux semaines de souffrances
insupportables sur tout le corps, en parti-
culier aux épaules, mains et genoux. Ces
troubles systémiques (inflammations)
intermittents m’ont privé de sommeil et
rendu handicapé, avec une perte d’autono-
mie complète et quinze kilos perdus !
Seul réconfort : mon épouse et le ronron-
nement de mes deux chattes, collées près
de moi.
Emmené de force par ma femme à l’hô-
pital, après une batterie d’analyses et
d’examens, le verdict du rhumatologue
m’a déconcerté : « Il n’y a pas de traitement
spécifique pour guérir votre polyarthrite
rhumatoïde diagnostiquée sévère, seu-
lement des immunosuppresseurs afin de
calmer l’inflammation. » Naïvement, je sol-
licitais au Japon (où j’habite), pays de la
médecine Kampo1, des solutions alterna-
tives naturelles. Je me suis heurté à un
refus catégorique car cela était contraire
aux procédés du système et à l’idéologie
du praticien.
Fin 2016, jusqu’à juillet 2017, le lourd
traitement d’AINS (anti-inflammatoires
non stéroïdiens), paracétamol et autres
corticoïdes a sensiblement réduit l’in-
flammation, occasionnant des effets
secondaires sur l’estomac et les intestins
(brûlures, diarrhées chroniques).
Deux faits importants à noter :
– contrairement à « Big Pharma » France,
au Japon, le dosage des pilules est
1. La médecine Kampo est une science japonaise dérivée de la médecine traditionnelle chinoise
2. « Syndrome de l’intestin qui fuit » : il s’agit d’une perturbation du fonctionnement normal de la paroi intestinale
3. La dysbiose intestinale désigne un déséquilibre ou une mauvaise adaptation microbienne du microbiote intestinal
PROCHAINEMENT DANS ALTERNATIF BIEN-ÊTRE
∙∙ Ces venins qui pourraient nous soigner
∙∙ Comprendre enfin l’équilibre acido‑basique
∙∙ Homéopathie : le ministère contre l’évidence
attribué quotidiennement, ce qui permet
une économie financière ;
– aux dires d’un ami français médecin, vu
mon état, le dosage médicamenteux aurait
été a minima le double !
Finalement, en septembre 2017, après une
longue introspection et le support de sites
Internet spécialisés, Dr Joyeux, Dr Willem
et Alternatif Bien-Être m’ont donné des ré-
ponses fiables. Conclusion : une hygiène de
vie négligée et une balance nutritionnelle
totalement absente dès l’adolescence.
N’étant jamais à l’écoute de mon corps,
celui-ci s’était vengé… J’ai donc banni, par
étapes, les aliments susceptibles de réduire
ma PR. Astrid54
Mon régime anti-polyarthrite :
•• Chaque jour, trente minutes avant mon
premier repas (deux par jour), je prends
une bonne tasse de thé vert (sans sucre)
pour éliminer les radicaux libres.
•• J’ai supprimé totalement le gluten (farine
de blé, froment, orge, seigle, maïs) et le
remplace par du pain à base de farine de
riz, qui est conseillé (facile lorsqu’on réside
au Japon).
•• Je ne mange plus de produits laitiers à
base de lait de vache (fromage, lait, crème,
yaourt). Me concernant, les produits à
base de lait de chèvre et brebis sont mieux
tolérés.
•• J’ai remplacé les huiles végétales riches
en oméga-6 (tournesol, maïs, carthame)
par des huiles d’olive de première pression
à froid, de colza, noix, lin.
•• J’ai dit adieu aux plats préparés indus-
triels, frites, poissons panés, barbecues,
charcuteries (viandes rouges trop cuites),
poulets à la broche, glaces, pâtisseries,
bières, vins blancs secs et sucres.
•• Au contraire, j’ai dit bienvenue aux
viandes blanches, poissons, œufs mollets
et à la coque.
•• Je mange des salades composées toujours
différentes à base de légumes, si possible
bio, auxquels je rajoute du quinoa, du riz, du
sarrasin, des haricots blancs, du natto, - sans
oublier des anchois et des sardines. Je les
saupoudre de curcuma, de gingembre et de
pollen d’abeille et, pour l’assaisonnement,
∙∙ La plante qui vous fera passer avec succès le cap de la rentrée
∙∙ Les « pains alternatifs » sont-ils vraiment meilleurs pour
la santé ?
j’utilise de l’huile de noix, de lin, ou bien un
mélange d’huile d’olive et colza.
•• Pour la cuisson, j’utilise les huiles de
coco, olive et sésame, qui supportent bien
les températures élevées.
•• Et quand j’ai un petit creux dans
l’après-midi, je prends un cocktail d’oléa-
gineux (noix de pécan, cajou, Grenoble,
amande, pistache) non grillées et salées. Je
mange aussi des fruits frais ou secs, surtout
rouges (myrtille, framboise, mûre, grenade,
fruit de la passion, etc.)
•• Enfin, je fais une journée par semaine
de jeûne hydrique. Cela a fait nettement
baisser l’inflammation.
Et puis, par a priori et par goût, j’avais ignoré
les vertus de la cuisine nipponne. Tous les
ingrédients pour remédier à mes maux
étaient pourtant sous mes yeux…
Fin mai 2019, ma PR est en quasi-
rémission, j’ai retrouvé ma mobilité
complète, je suis retourné à un état physio-
logique normal d’avant 2016. Je ne souffre
plus d’effets secondaires. Par précaution,
en accord avec mon rhumatologue, dubi-
tatif et surpris du résultat de mes analyses,
je reste seulement à 10 mg par semaine
d’AINS (prednisolone), en deux prises. Pour
comparaison, le 20 décembre 2016, ma
posologie hebdomadaire en supplémenta-
tion était la suivante : prednisolone 6*6 =
36 mg, méthotrexate, 7*2 = 14 mg (en deux
prises), acide folique 7*0,75 µg, vitamine D.
En conclusion, selon moi, cette PR a pris
source dans une hyperperméabilité intes-
tinale2, une dysbiose3, activée en réponse à
des conflits, des frustrations non résolues
et au stress. Ma réflexion : la médecine
est-elle une science exacte, un savoir ob-
jective ? Lorsque le corps ne parvient pas
à trouver une solution à un déséquilibre
émotionnel trop violent (comme dans mon
cas), il développe une maladie, voire un
cancer.
À méditer…
Serge Marie-Tanaka
leditvin05japan@yahoo.co.jp