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Durkheim et l'organicisme: l'influence de spencer et d'espinas dans l'élaboration du

fonctionnalisme durkheimien
Author(s): Jean-Claude Filloux
Source: Revue européenne des sciences sociales, T. 17, No. 47 (1979), pp. 135-148
Published by: Librairie Droz
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40369240
Accessed: 14-08-2019 16:17 UTC

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JEAN-CLAUDE FILLOUX

DURKHEIM ET L'ORGANICISME : L'INFLUENCE DE SPENCER


ET D'ESPINAS DANS L'ÉLABORATION DU FONCTIONNALISME
DURKHEIMIEN

Durkheim a constitué son système en liant intimement la thèse de la


spécificité du social comme unité d'une conscience commune, et la thèse
du bien-fondé d'un modèle « biologique » (si Ton y inclut ce qui concerne
la filiation des espèces sociales et leur évolution), « organiciste » (si on ne
se préoccupe que de sa représentation d'une société donnée). La référence
aux fonctions et aux besoins sociaux d'une part, l'utilisation des concepts
d'anatomie et de physiologie pour rendre compte des rapports entre
substrat morphologique et conscience collective d'autre part, sont insépa-
rables d'une problématique que Durkheim accepte de prédécesseurs qu'il
s'est choisis. Sur Parrière-plan constitué par le biologisme naissant de
Saint-Simon, et par le biologisme plus affirmé de Comte, Durkheim
trouvera d'abord chez Spencer, non seulement une analyse du devenir de
l'ensemble des sociétés moins philosophique que l'analyse comtienne,
ainsi qu'un schéma crédible de la croissance d'une espèce sociale déter-
minée, mais encore les fondements d'une approche des fonctions dans
leur liaison aux structures, susceptible de comprendre à la fois l'état
d'une société et les changements qui s'y opèrent. Espinas et Schaeffle
lui permettront ensuite de passer de l'analogie purement biologique à
l'analogie bio-psychologique, et de relier, par le concept de conscience
collective, ce qui est de l'ordre des structures anatomiques ou morpholo-
giques et ce qui est de l'ordre des fonctions où s'intriquent des « idées »
et des « sentiments » propres aux acteurs sociaux engagés psychiquement
dans la vie de l'organisme social.
A Saint-Simon, dit Durkheim, revient « l'honneur » d'avoir le premier
« donné la formule » de la science sociale ; à Comte celui d'avoir voulu
« faire » cette science. Or, l'un comme l'autre fondaient leur représentation
de son objet et de ses principes sur l'analogie de la société et de l'orga-
nisme vivant. Cette analogie, Durkheim ne cherche pas à la remettre en
question, - seulement à l'aménager. Il est remarquable que, dans les
textes consacrés aux origines de la sociologie \ le commentaire que fait

i Notamment dans la Leçon d'ouverture du « Cours de science sociale »


prononcée en 1887, in Durkheim, La science sociale et l'action, recueil de textes
présentés par J.C. Filloux. Nous référons d'autre part le lecteur à notre ouvrage
Durkheim et le socialisme, Droz, 1977, pour une explicitation du modèle théo-
rique des systèmes sociaux élaboré en définitive par Durkheim.

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Durkheim des intuitions centrales de Tun et de l'autre aboutisse à valo-


riser spécialement le schéma organiciste. Saint-Simon n'identifiait certes
pas la société à un organisme vivant, comme Cabanis qui assimilait le
« corps social » à un corps vivant : mais il demande que Ton pense le
social en termes biologiques. Ce qu'il apporte de nouveau par rapport à
Montesquieu par exemple, c'est sa conception d'une physiologie sociale
dont l'objet est l'étude du « véritable être » constitué par la « réunion des
hommes», de cette «machine organisée» qu'est la société2. Auguste
Comte ne cherchait pas davantage à identifier social et organisme, encore
moins à déduire les phénomènes collectifs de la biologie. Néanmoins, il
professe le principe de la « profonde subordination » de la science
sociale envers la biologie, est hanté par l'omniprésence du vital sous et
dans le social (la vie sociale étant la forme la plus haute de la vie) et
emploie pour la première fois le terme organisme social. Pour Comte,
les sociétés sont bien des sortes d'organismes ; quels que soient les traits
par lesquels elles diffèrent des organismes animaux (indépendance rela-
tive de éléments, etc..) on retrouve en elles l'équivalent des organes, tissus,
cellules dont se compose l'animal. La société est ainsi, Durkheim se plait
à le noter, aussi réelle pour Comte qu'un organisme vivant. Aussi bien la
division de la science sociale en statique et en dynamique se règle sur
l'exemple de la biologie. Comme l'anatomie, la statique porte sur les
structures de l'organisme social, sur le consensus fondamental qui en lie
les parties, et en définitive sur les « conditions d'existence de la société ».
A la physiologie correspond la dynamique dont l'objet est l'histoire même
de l'humanité. On assiste ainsi chez Comte à un durcissement de l'ana-
logie biologique, la « physiologie » n'étant plus l'approche du tout de la
société en acte, mais celle d'une dynamique de progrès, l'anatomie pre-
nant concurremment le sens précis de l'étude d'un ordre, d'une structure
de consensus. En même temps, l'analogie s'étend au-delà de l'organisme
individuel, à l'évolution des sociétés, à la vie de l'humanité3.
Cette valorisation, dans le commentaire, de l'organicisme de Saint-
Simon et de Comte (quelles que soient les critiques dont il est l'objet)
tient de l'adhésion profonde de Durkheim au modèle qu'ils ont introduit.
Comme pour eux, les sciences de la vie doivent justifier de la possibilité
d'élaborer une science sociale distincte de la psychologie et des sciences
de l'individu. Les grandes divisions des sciences de la vie, telles qu'elles
se présentaient à l'époque, autorisent à ses yeux l'utilisation d'un langage
issu de l'étude de l'évolution des espèces, de l'étude de la naissance et de
la croissance des organismes individuels, des rapports entre les organes

2 Durkheim cite abondamment les formules de Saint-Simon se rapportant


à cette « machine organisée » qu'est la société.
s Durkheim emprunte incontestablement à Comte l'usage des notions de
« consensus » et de « conditions d'existence de la société ». Dans la Leçon
d'ouverture, Comte est tout particulièrement crédité d'avoir fondé la science
sociale en posant : 1) que la société est aussi réelle qu'un organisme vivant, 2) le
consensus qui caractérise les phénomènes des corps vivants, et que, selon ses
termes, « la vie sociale manifeste nécessairement au plus haut degré » (o.e.,
86-88).

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et leur fonction, et enfin des liens qu'


nisme et comportement, constitution o
durkheimien relatif aux types sociaux
sociales tient du modèle donné par la s
ce qu'est une société, au genre d'unité
directement du modèle de l'organisme
poser que Durkheim a accepté au dépa
postulat d'une société sorte d'organism
travail social est pénétré de langage bio
sions itératives telles que organes so
cérébro-spinal de l'organisme social, v
mais encore ce langage persiste-t-il lo
au profit d'un langage plus physiciste
tualiste. Le socialisme, les Leçons de s
« organe spécial », le politique étant
l'économique du grand sympathique. La
issue de Comte, encore que prise en un
les textes d'après 1896, lorsque la « vi
tions est montrée distincte et dépendan
gique, « comme la fonction l'est de l'o
43). S'agit-il de métaphore, voire d'un
Notre hypothèse est au contraire que
moyen d'exprimer dans le cadre de ce
ses yeux sa vision mère de ce qu'était e
sion communielle, l'intégration des
commune allégeance à des valeurs con
système d'équilibre et de régulation im
d'unité qui était celui de la société éta
est celui d'un organisme vivant. L'analo
durkheimien d'aboutir à découvrir les
faite organique, et d'apprendre aux ho
organisme 5.
Durkheim n'emprunte donc pas à la biologie un langage simplement
« commode », encore que métaphorique ; la comparaison biologique est
bien plutôt instrument de découverte et de preuve. Ainsi, que l'accroisse-
ment de la population soit une cause de la division du travail n'a rien
d'illogique, dit Durkheim, si l'on se rappelle que l'accroissement du

4 Ces expressions servent même à indiquer quelle société et quel rapport


à la société doivent être voulus : il faut accepter d'être « l'organe d'un orga-
nisme », « il faut que notre société reprenne conscience de son unité organique ».
L'organisme est non seulement une métaphore, mais un idéal offert à l'acteur
social.
5 Durkheim attribuait à l'analogie un rôle important dans la découverte :
« l'analogie est un précieux instrument pour la connaissance et même pour la
recherche scientifique. » C'est qu'aux racines de toute analogie, il y a une
certaine identité de réalité : si l'analogie entre société et organisme individuel
est « réelle », c'est que faits sociaux et faits biologiques « ne sont que des
moments divers d'une même évolution » (o.e., 92-93).

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nombre des éléments d'


dans cet organisme (De
Durkheim assure la dém
par similitude à la solid
ouvrages qui détermine
biologique » (id., 196-7, 2
ici explicitement, puisqu'i
des hypothèses d'ordre
Cela donne à penser qu
sociale n'est qu'une des
fidélité à ce que Durkh
société non seulement l'
nisme.

Le réfèrent biologique o
quoi même lorsque la le
sous la forme de l'hypot
société. Durkheim n'est
ne vivait et ne pouvait viv
là où il n'y a pas intégra
logie possible. En bref,
unité sociale et intégratio
ntion acquis non seulem
société ne pouvait être q

Spencer reconnaissait la paternité de Comte, qui créa le mot « socio-


logie » et mit en lumière la connexion entre la science de la vie et la
science de la société7. Ses préoccupations concernaient essentiellement
le « changement fondamental » dans les sociétés humaines, sous la double
forme du « passage » d'un type social à un autre, ou de la « croissance »
d'une société appartenant à un type donné. Aussi Spencer se référait
d'abord aux hypothèses évolutionnistes cherchant à substituer aux spé-
culations philosophico-historiques de Comte, un schéma évolutif des
sociétés. On sait comment la loi biologique de l'évolution qu'il tire du
darwinisme lui apparaît le cas particulier d'une loi générale et universelle
applicable à l'évolution inorganique et à l'évolution « supra-organique »
(sociale). En antagonisme constant avec la « dissolution », l'évolution
est « intégration de la matière et dissipation concomitante du mouve-

6 Nous rejoignons ici la thèse présentée par H. Hoefnagels : « on doit


considérer Durkheim comme un organiciste si l'on veut déceler un système
cohérent dans ses idées sociales » (« La question sociale dans la sociologie de
Durkheim », Bulletin de l'Université de Louvain, 1958, 684).
7 H. Spencer, The study of sociology, 1873, trad. fr. La science sociale,
Germer Baillère, 352.

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ment », ce qui signifie passage d'une « h


rente », à une « hétérogénéité définie, co
d'états d'équilibre de forces divergentes
un autre point d'harmonie d'autre part 8
en filiation avec les évolutions organ
fresque spencerienne, une « action social
teurs d'environnement et de caractérist
facteur d'un progrès qui modifie les facteu
et la densité de 1'« agrégat social » d'où
créant ainsi les conditions d'autres chan
mente la complication de facteurs dé
ajoute des facteurs qui deviennent aussi
deviennent plus puissants 9. » La croissan
d'intégration par différenciation, avec
donnée de systèmes ou d'appareils - de d
de production (économiques), de distribu
coordination et de contrôle, c'est-à-dire
C'est précisément pour comprendre cette
nés de l'action sociale, au niveau d'un ét
les forces de changement (de « croissanc
même, que Spencer développe l'analogie
ainsi le consensus comtien, mais pour y
teur d'« ordre », mais aussi un facteur
confond pas avec la dynamique sociale d
fait qu'une société « considérée à part d
sent » présente des « phénomènes de cro
tions », qui sont « la clef des autres ». C
analogues à ceux que la biologie étudie a
duel, et l'étude de l'interdépendance évo
doit se servir comme d'un outil des conc
qu'apporte l'anatomie et la physiologie1
nisme, parce que l'arrangement des parties
de leurs relations (fonctions) forment u
dans les deux cas. « Parallélisme » donc,
tantes différences. Du côté du paralléli
de l'inférieur au supérieur, le perfection
quent une différenciation et une inter
tures et des fonctions pour les espèc
espèces sociales ; dans une société donné
qui s'acquittent de certaines fonctions a
niquent de la même manière que les org
système sanguin et des organisations de

» H. Spencer, First principles, 1862, trad. f


Baillère, 257, 355.
» H. Spencer, The principles of sociology
de sociologie, Alean, lre partie, 7-22.
io ¿a science sociale, 352-355.

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et des centres de direct


essentiellement le fait que
continue », faite d'unité
est une « entité discrète
liberté de mouvement, d
munauté de langage et d
conscience est liée à un c
société, qu'il n'y a pas de
L'insistance de Spencer
social il n'y a que parall
yeux d'emprunter un m
en certains termes, qu
Durkheim semble cepen
taires à la puissance eur
commentaires sont éton
toujours pour Durkheim
avec Spencer est toujour
l'idée même de faire des
paraît dès le départ « uti
sociale, un « précieux in
dée sur une « vérité très
servir, est donc « très f
tion, 92-93). Aussi bien
d'intégration par différ
gène, d'espèces sociales,
(aussi philosophique à se
sa généralité et son amb
plupart de ses propres m
politique assimilé au cer
neuro-végétatif, etc.). E
chez Spencer un instrum
distinction comtienne en
tures sociales et de fonc
de préciser la notion com
et de formuler un modèle
Ainsi que le remarque G
organiciste essentielleme
tion structure-fonction
fout, des parties et du
nature des « organes » e

n Id., 357-360.
12 Principes de Sociologie, vol. I, 2e partie.
13 G. Gurvitch, Pour le centenaire de la mort d'Auguste Comte, Centre de
Documentation Universitaire, 1957, 96-97.
14 Spencer disait que cet emprunt à la biologie n'était qu'un échange de
bons procédés : l'économie, science sociale, n'a-t-elle pas apporté à la biologie
la notion de division du travail ? (La science sociale, 359).

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DURKHEIM ET L'ORGANICISME 141

d'autre part, seront lues au niveau de l


appris à les lire dans l'organisme biologiq
Ceci étant, il s'en faut que Spencer soit
entend par structures et fonctions. Le te
certains textes à l'organisation d'ensem
groupement d'organes, ou d'individus inte
tout ; le rapport des organes entre eux es
ture ». Dans d'autres textes, les organes so
des structures ; c'est ainsi que les « appare
régulateurs, sont faits de parties elle-mêm
ture-tout est ainsi constituée en structure
mêmes composées, etc...15. Lorsque Spe
sociaux - sociétés militaires et sociétés in
structures globales caractérisées les unes p
la centralisation, la soumission et la préém
bien-être individuel, les autres par la « coo
tralisation, le libre- échange, la préémin
L'étude des sous-structures peut-être fait
de structure qu'elles entretiennent avec la
vue de leur propre organisation. Quant au
essentiellement à Spencer à désigner le
organe ou un appareil en tant que partie
rapports de structure n'ont de sens que p
les actions-fonctions remplies par les org
« solidarité des fonctions ». L'interdépend
fait exister l'interdépendance des organe
structure a une fonction, que toute fonction
c'est pourquoi « on ne saurait se faire une
fait une idée de la fonction qui s'y rattac
structures-parties, et Spencer ne semble
de la structure-tout. Lorsqu'il pose le con
fonctions, il se place au niveau des liens
spécialisées, et n'interroge pas la fonction
son fonctionnement à travers le fait qu'
structures de fonctions.
N'oublions cependant pas que l'analyse en termes de structures et de
fonctions devrait permettre aux yeux de Spencer d'élucider les processus
« complexes » qui interviennent dans le développement des sociétés
(croissance d'une société, passage d'un type social à un autre - ainsi
du type militaire au type industriel). Apparemment, le principe du
« consensus des structures et des fonctions » devrait être un agent d'équi-
libre. Mais tout équilibre est instable (dissolution vers une évolution).
Spencer semble admettre que la fonction crée l'organe et que 1'« action
sociale » a des produits propres qui, nécessitant l'apparition de nouvelles

5i Ainsi, dans les sociétés industrielles, la « classe industrielle » qui repré-


sente l'appareil producteur est structurée en appareils qui organisent la produc-
tion proprement dite.

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fonctions ou de fonctio
genèse de nouvelles str
(idée reprise par Durkh
plasticité insuffisante p
un obstacle à la croissan
qu'elles méritent aux thès
distinctes des thèses su
inspirera, bien qu'en do
fonctionnement » un s
comment une analyse str
Spencer est amené tout
à montrer dans la struct
données « moins spécifi
tions perpétuellement var
C'est dans cette perspec
tion en sociologie : les in
expriment à un momen
tions, elles médiatisent
gement sont inséparabl
de l'organisation », et p
tionnels qui n'ont aucu
spécifiques donc du dom
phoses », les conflits et
réciproque entre organe
ciste devient insuffisan
structure et de fonction
est solidaire de transfor
nition de leur nature, e
tisent.
Il est dès lors remarqua
dans de nombreux cas à
opposant alors à Spence
les analogies biologiques
Ceci laisse à penser qu
était tenté d'aller au-de
l'idée d'analogie vers cel
rait davantage vers le co
d'organisme. Il prête à S
ment à tort. Le centre du
à pousser l'analogie jus
rieurs l'organisme socia
« psychologique » qu'au
cations psychologiques d
mes de nature humaine
Durkheim lui reproche

i« Cf. J.D. Peel, Herbert


1971.

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DURKHEIM ET L'ORGANICISME 143

partir des 5 mentalités individuelles, et


psychologue et non de sociologue. O
espèce du genre organisé, cela signifi
supérieur humain possède une vie p
d'hommes, possède également une vie
d'indépendance par rapport aux unité
de la conscience individuelle par rappo
dépasser Spencer sur ce point. C'est c
concept de conscience collective appar
logie organiciste, et que Durkheim trouv
conception ultérieure des structures et d
ment de mutuelle dépendance de part
encore de réponses à des besoins resse
les états de la conscience collective diviendront eux-mêmes des fonctions
liées à des structures, conçues alors leur substrat, le système social
acquérant lui-même une fonction : celle de répondre dans son organisa-
tion aux exigences psychologiques de l'unité dans la communion.

♦ ♦

Durkheim avait lu la thèse d'Espinas Les sociétés animales très tôt,


probablement avant de lire Spencer, Comte et Schaeffle17. Il souligne
dans un texte de 1900 sur «La Sociologie en France» qu'Espinas sut
approfondir la pensée de Spencer en la poussant dans un sens psycholo-
gique, et montrer que les organismes sociaux sont des « consciences
vivantes », des « organismes d'idées », et que, partant, l'objet de la
sociologie est de rechercher comment se forment, se combinent des repré-
sentations.

Espinas partait du postulat organiciste : les sociétés sont des êtres


vivants ; mais pour poser la question cruciale : quel être vivant constitue
une société? Autrement dit, quelles sont les conditions spécifiques du
consensus organique social? Ni Comte, dans ses allusions aux liens
d'amour mutuel, ni Spencer, de par sa négation d'un sensorium commun,
n'ont répondu à cette question. Or, la réponse passe par l'étude des
sociétés animales, laquelle permet d'éclairer ce qui se passe dans les
sociétés humaines, en démontrant paradoxalement la nature psychologi-
que du lien social.

17 A. Espinas soutint sa thèse en 1877. La première impression destinée à la


soutenance fut amputée d'une « Introduction historique » de 122 pages, Paul
Janet ayant considéré comme trop audacieux le passage concernant A. Comte
(cf. à ce sujet Les sociétés animales, 3e éd. 1923, Avertissement, et Espinas, « Etre
ou ne pas être : ou du postulat de la sociologie», Rev. Phil., LI, 1901, 444).
Durkheim fut très lié avec Espinas. Probablement la lecture d'Espinas contri-
bua-t-elle à orienter Durkheim vers la sociologie, en tous cas, elle l'incita à
lire Spencer et Comte.

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Espinas mettait en cau


ment parier de « société
est un fait tellement co
biologique : même les a
les animaux de même e
sociale des animaux est
les sociétés animales forment le lien entre les « sommités » de la socio-
logie et la biologie proprement dite (Les sociétés animales, 167). Il est
inutile de suivre ici dans le détail des observations au demeurant à pré-
sent obsolètes, mais seulement d'en indiquer le sens général18. Disons
qu'elles frappent par leur anthropomorphisme : tout concours que se
prêtent des êtres vivants séparés ressortissent à la coopération consciente.
L'union sexuelle des animaux les plus inférieurs est considérée impliquer
dans chacun des partenaires « la connaissance et le discernement de
l'autre », reposer « sur une représentation, c'est-à-dire sur une pensée » ;
des causes toutes psychiques provoquent et consolident cette union, dont
les désirs corrélatifs, « de manière qu'ils participent à une même cons-
cience en même temps qu'à une même vie » (o.e. 218, 224). Simplement
désirs et représentations deviennent plus complexes au fur et à mesure
qu'on s'élève dans la série animale, sont liés à des stimulations et à des
cérémoniaux plus savants. Ainsi l'intelligence a pour Espinas une part
considérable dans l'organisation sociale des Abeilles : des idées sont les
ressorts de tous ces mouvements concertés dont se compose la vie d'une
ruche. L'amour paternel, l'affection maternelle sont des mobiles sociaux
dans les sociétés domestiques d'invertébrés, comme de vertébrés, notam-
ment chez les oiseaux. Les peuplades d'oiseaux en effet possèdent le
couple, la famille, qui ne sont donc pas le privilège des sociétés humai-
nes ; on y trouve « la sympathie » et « le double instinct de domination et
de soumission ». Bref, les rapports sociaux des animaux sont toujours
fondés sur une activité psychique, de telle sorte qu'Espinas pose deux
affirmations : d'une part que partout et toujours le consensus organique
social se subordonne à la conscience, d'autre part que la sympathie est
source chez les animaux sociaux d'une conscience collective. On comprend
dès lors « comment plusieurs consciences n'en font qu'une seule et com-
ment une société composée d'individus ne cesse pas d'être individuelle,
bien que ces individus n'aient entre eux aucune communication physiolo-
gique » (o.e. 375) : il suffit de lire ce qui se passe dans les sociétés humai-
nes à la lumière des sociétés animales.

On objectera que l'anthropomorphisme d'Espinas vicie la démonstra-


tion, et qu'il est facile de démontrer la nature psychique des liens sociaux
dans les sociétés animales par une projection hasardeuse de sentiments
humains. Durkheim ne retiendra pas les thèses spécifiques d'Espinas,

18 Espinas distribue les sociétés animales en sociétés de nutrition (Polypes,


Mollusques, Vers), sociétés conjugales (couples observables dans diverses espè-
ces), sociétés domestiques maternelles (Abeilles, Fourmis), ou paternelles (Pois-
sons, Reptiles, Oiseaux, Mammifères), enfin peuplades (d'Oiseaux, de Mammi-
fères).

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DURKHEIM ET L'ORGANICISME 145

puisqu'aussi bien à ses yeux seules les soc


véritables, mais il retiendra le principe
tive » que posait Espinas en tant que lie
disait même Espinas). L'objectif d'Espina
cette excursion anthropomorphique, de tra
qu'une société - et au bout du compte u
autre - est un être vivant fait d'idées, d
« commerce », une conscience collective
sation d'idées. Il en résulte que considére
c'est la considérer d'abord sous l'angle d
cette conscience est dans le fond Vordre
Plus les « consciences sociales » devienn
plus les sociétés deviennent réelles et ex
Espinas ajoute, dans les dernières pag
conditions il est clair que si l'unité socia
dus qui la composent, ceux-ci emprunte
lui-même ce qu'ils ont de réalité : « l'ind
que l'auteur de la société (o.e. 423-433).
Nul doute que l'on ne trouve exprimée
profonde : une conscience commune, à la
nisation d'idées ; un individu œuvre de ce
que Durkheim s'attache au résultat pl
l'hypothèse qu'il formule complète en ef
sation, ce dernier n'évoquait que le « cad
Espinas lui donne un « contenu », la con
Mais cette conscience collective, dont
première fois construit par Espinas, dem
ment dans une sociologie de l'organisme
Durkheim trouve alors chez Schaeffle la théorie du réalisme social en
laquelle culmine historiquement l'analogie organiciste. Schaeffle cherchait
à comprendre selon l'expression de Durkheim 1'« énorme mécanisme de
nos sociétés modernes » dans une synthèse de Spencer et de la Völker
psychologie 19, la Société, comme être possédant sa vie, sa conscience, ses
intérêts, son histoire, identifiée à la Nation comme tout vivant, conscient
et agissant. Schaeffle reste certes à l'écart de cette métaphysique, mais
son grand ouvrage Bau und Leben des Socialen Körpers combine l'ana-
logie organiciste et le thème d'un consensus harmonique spécifique qui se
confond avec la « conscience sociale ». Des « tissus sociaux » relient les
cellules sociales (langue, patriotisme, etc..) ou remplissent des fonctions
nécessaires à la vie commune (villes routes, etc..) ; la conscience sociale
est ce qui donne à l'organisation de ces tissus son caractère d'« indivi-
dualité supérieure », et cette conscience est « réellement autre » que les

i» L'ouvrage de A. Schaeffle, Bau und Leben des Socialen Körpers fut


l'occasion du premier texte de Durkheim (1885). A. Schaeffle, économiste, se
rapprochait du « socialisme de la chaire » de A. Wagner et G. Schmoller, et
avait publié en 1874 un opuscule sur la « Quintessence du socialisme » qui le
rendit célèbre un moment.
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146 J.-C. FILLOUX

consciences individuelle
ainsi constituée, non seule
pour Espinas, mais d'un
donnant un caractère d
eminent de la psycholog
aux exigences de la mora
tion sociale soumise à une
dualisme libéral comme
introduisant une économ

C'est donc en choisissant de s'inscrire dans la ligne des premiers


sociologues travaillant sur la base de l'analogie organiciste et plus géné-
ralement biologiste que Durkheim va traduire épistémologiquement sa
vision originaire de la nature de la société. Il tentera la synthèse des deux
courants que nous avons dégagés : le courant spencerien, qui fait l'hypo-
thèse d'une liaison organes-fonctions dans la commune dépendance à
l'unité fonctionnelle d'une structure comme totalité ; le courant réaliste
issu d'Espinas et représenté par Schaeffle qui s'appuie sur l'analogie
bio-psychique au niveau des organismes supérieurs pour poser, avec le
concept de conscience collective, le principe de la nature psychologique
de l'unité du système et de son fonctionnement. En posant à la fois
que toute société est une société « morale », et que toute société est une
sorte d'organisme, Durkheim engage l'analyse des structures et des fonc-
tions initiée par Spencer dans la voie d'un structuro-fonctionnalisme
original, puisque l'organisme dont il s'agit de déterminer l'organisation
anatomique et la mutuelle dépendance des activités des différents organes
voit son fonctionnement dominé par le principe d'une intégration psycho-
logique, d'une unité sous la forme d'une commune allégeance à des idéaux
s'enracinant dans la communion et l'acceptation de la Loi. Ce qui est
« comme un organisme », ce sont des hommes engagés dans une dyna-
mique, une croissance commune, se donnant originairement des institu-
tions et des règles qui se cristallisent en structures d'actions, - des hom-
mes socialisés par des institutions et des règles qu'ils introjectent, accom-
plissant des tâches fonctionnelles dans la structure sociale d'ensemble,
mais participant en même temps au mouvement par lequel les représen-
tations collectives se développent et créent de nouvelles institutions, de
nouvelles structures d'actions, et en définitive un nouveau substrat anato-
mique. Dans cette perspective où l'histoire est partie prenante, l'analyse
fonctionnaliste issue de Spencer, attentive comme chez lui au « change-
ment fondamental », doit saisir la dialectique au sein de laquelle struc-
tures et fonctions, loin d'offrir le spectacle de la permanence (ce qui est
le cas de l'organisme biologique, quelle que soit sa croissance) offre celui
d'une mutation toujours possible, de « métamorphoses » comme disait
encore Spencer telles que l'organisme, tout en restant le même, devient
autre, se donne d'autres structures, liées à d'autres fonctions. Alors que

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DURKHEIM ET L'ORGANICISME 147

dans le cas d'une espèce biologique don


identique dans sa structure d'ensemble
mentaire des parties, le propre de l'org
de changement dans son organisation et s
compte de cette caractéristique si esse
possible dans le cadre du spencerisme, qu
évolution et qui étend indûment le cham
de l'humanité. Le concept de changem
croissance biologique, sans que son obje
au sens extensif que lui donne Spencer
en tant que processus de changement,
d'une histoire immédiatement antérieu
tant que structure d'organes et de foncti
se situent les forces de changement et
che génétique causale et historique par
dans la mesure où seule cette dernière situe chaque organe, chaque
fonction, dans le cadre d'une dynamique dont l'élément moteur est en
définitive d'ordre psychologique, puisque si l'organisme social est orga-
nisme qui change, c'est parce qu'il est, selon l'expression d'Espinas, un
organisme d'idées.
Le fonctionnalisme de Durkheim ne se ramène donc ni au fonctionna-
lisme evolutionniste de Spencer, ni à ce que sera par la suite le fonction-
nalisme à tendance historique de Malinovski et de Radcliffe-Brown 2°.
Sa préoccupation est de comprendre la permanence dans le changement,
le changement dans la permanence, dans le cadre de l'hypothèse d'une
dominance des facteurs de psychologie collective. C'est pourquoi, Durk-
heim ne séparera pas l'analyse des fonctions de celle des besoins sociaux,
analogues aux besoins bio-psychiques de l'organisme individuel, et reliera
ces besoins tant aux exigences fonctionnelles du système dans son
ensemble, qu'à leur expression sous forme d'aspirations au niveau de la
conscience collective, - aspirations devenant alors des causes de chan-
gement.
Il s'agit ainsi pour Durkheim d'utiliser l'analogie organiciste pour
développer le thème de la nature systémique de toute société (interdé-
pendance des parties, totalité irréductible, liaison interdépendance-tota-
lité) ; mais il s'agit en même temps de montrer ce qui, de ce système
(analysable en termes de vie collective, d'unité psychologique et morale,
de communion normative) est facteur de changement, de passage d'un

20 Le fonctionnalisme qui s'est développé à partir de Durkheim chez Mali-


novski et chez Radcliffe-Brown prit un caractère totalitaire à juste titre dénoncé
par R. Merton. Tendance à une analyse statique, insistance sur l'indispensabilité
des éléments socio-culturels, caractérisent en effet ce fonctionnaliste « absolu »,
qui ne se préoccupe que marginalement du problème du changement (proba-
blement en réaction à l'évolutionnisme spencerien). Le structuro-fonctionnalisme
de Durkheim n'est pas « moderne », parce que précisément il prétend dépasser
une conception statique des sociétés, conception que Malinovski et Radcliffe-
Brown contribueraient au contraire à développer. Toute la question est de savoir
si et de quelle manière Durkheim y parvient.

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148 J.-C. FILLOUX

état du système à un au
se situe ce que Ton peut
naliste. L'une est orient
éléments du système dan
mique ; l'autre est orientée vars la mise en évidence des relations
complexes qu'entretiennent les « faits de fonctionnement » (encore appe-
lées « manières de faire »), et le substrat « anatomique » du social (ou
« manières d'être »).

U.E.R. de sciences psychologiques et


des sciences de l'éducation
Université de Paris X - Nanterre

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