Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
RUTH AMOSSY
L'argumentation
dans le discours
ARMAND COLIN
COLLECTION ICOM
®
mérite une explication. Son objet est baisse brutale des admis de livres et de
d'alerter le lecteur sur la menace que ,-, au point que la possibilité même paur
représente paur l'avenir de l'écrit, ,----.... les auleurs de créer des œuvres
particulièrement dans le damaine DANGER nowelles et de les faire éditer cor
de l'édition technique el universi· redementestaujourd'hui menacée.
taire, le développement massif du Nous rappelons donc que toute
photocopilloge. reproduction, partielle ou totale,
Le Code de la propriété intellec· de la présente publication est
er
tuelle du 1 juillet 1992 interdit lE P1mOC1R1JŒ interdire sons autorisation de
en effet expressément la photoco- TIE LE LIVRE l'auteur, de son éditeur ou du
pie à usage collectif sans outori· Centre français d'exploitation du
sation des ayants droit. Or, cette pratique droit de copie (CFC, 20, rue des
s'est généralisée dans les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).
Plan de l'ouvrage
La mise en place d'un modèle d'analyse passera par plu
sieurs étapes. Une présentation panoramique des approches
contemporaines dans leur rapport à la rhétorique classique
permettra de situer l'analyse argumentative du discours et
de dégager ses principes constitutifs (Introduction). Les cha
pitres suivants procéderont à la présentation des différents
aspects du discours qui relèvent de l'analyse argumentative:
l'auditoire et l'ethos (ou présentation de soi de l'orateur) qui
fondent le dispositif d'énonciation (Première partie) ; les
fondements de l'interaction argumentative que représentent
les évidences partagées et la doxa, d'une part, les schèmes
argumentatifs qui s'inscrivent dans le discours - dont l'en
thymème et l'analogie -, d'autre part (Deuxième partie) ;
les moyens verbaux que mobilise l'argumentation dans une
association étroite du logos et du pathos, ainsi que la fonc
tion argumentative des figures de style (Troisième partie) ;
enfin, l'importance des genres qui fournissent au discours
argumentatif ses cadres (Quatrième partie). Cette dernière
partie, en reprenant la question des cadres génériques, per
mettra de mettre à l'épreuve d'une analyse argumentative
plus complète des exemples empruntés à différents types de
discours. Elle conclura un ouvrage qui se propose non seule-
10 • L'argumentation dans le discours
3.1. La pragma-dialectique
la pragma-dialectique est le nom que Frans van Eemeren,
Rob Grootendorst et le groupe d'Amsterdam ont donné à
une théorie de l'argumentation envisagée comme un pro
cessus dialogique de résolution des conflits. Cet ensemble
de travaux, qui fait l'objet d'une présentation générale dans
des ouvrages comme Fundamentals of Argumentation Theory
(van Eemeren et al., 1996), ou Crucial Concepts in Argumentation
Theory (van Eemeren ed., 2001) a été pour la première fois ex
posé en langue française par les auteurs dans L'Argumentation
aujourd'hui (Doury et Moirand 2004). Pour van Eeemeren,
l'argumentation apparaît comme une activité verbale et
sociale de la raison visant à accroître (ou à diminuer) aux
yeux de l'auditeur ou du lecteur l'acceptabilité d'une posi
tion controversée en présentant une constellation de propo
sitions destinées à justifier (ou réfuter) cette position devant
un juge rationnel (van Eemeren et al. 1984: 53 ; je traduis).
4. L'analyse argumentative du
discours: sa démarche et ses objets
4.1. Principes de l'analyse argumentative
À côté des travaux inspirés de Ducrot, d'une part, et
des approches interactionnistes, de l'autre, on peut définir
dans l'espace des sciences du langage un domaine qui se
concentre sur l'analyse du discours dans sa visée et/ou sa
dimension persuasive. Tel est l'objectif de l'argumentation
dans le discours. Nourrie des théories rhétoriques, pragma
tiques et logiques esquissées plus haut, cette approche opte
pour:
1. une approche langagière. L'argumentation ne se réduit
pas à une série d'opérations logiques et de processus de
pensée. Elle se construit à partir de la mise en œuvre des
moyens qu'offre le langage au niveau des choix lexicaux,
des modalités d'énonciation, des enchaînements d'énon
cés ( connecteurs, topoï selon Ducrot), des marques d'im
plicite... ;
2. une approche communicationnelle. L'argumentation vise
un auditoire et son déploiement ne peut se comprendre
en dehors d'un rapport d'interlocution. La construction
d'une argumentation - son articulation logique - ne peut
être dissociée de la situation de communication dans la
quelle elle doit produire son effet;
3. une approche dialogique. L'argumentation veut agir sur
un auditoire et doit de ce fait s'adapter à lui. Elle parti
cipe de l'échange entre partenaires même lorsqu'il s'agit
d'une interaction virtuelle où il n'y a pas de dialogue ef
fectif. Qui plus est, elle intervient dans un espace d'ores
et déjà saturé de discours, où elle réagit à ce qui s'est dit
et écrit avant elle: elle est prise dans une confrontation de
points de vue dont elle participe même lorsqu'il n'y a pas
polémique ouverte ou dissensus déclaré;
4. une approche générique. L'argumentation s'inscrit tou
jours dans un type et un genre de discours, même si elle
Introduction • 41
LECTURES CONSEILLÉES
Le dispositif
d'énonciation
Chapitre 1
�adaptation
à l'auditoire
1. �auditoire : définition et
caractéristiques
1.1. L'auditoire en face-à-face et l'auditoire
virtuel
Par auditoire Perelman entend, de manière large, « l'en
semble de ceux sur lesquels l'orateur veut influer par son
argumentation » (1970 : 25). La définition est valable pour
l'écrit autant que pour l'oral. De ce point de vue, il importe
peu que le public soit composé d'un seul interlocuteur ou
d'une nombreuse assemblée, qu'il soit délimité ou indétermi
né, présent ou absent. Il peut s'agir d'un investisseur poten
tiel auquel on propose d'acheter des parts dans une entre
prise, des représentants d'un parti à la Chambre, ou encore
du public aux contours flous auquel un écrivain ou un phi
losophe destine son œuvre. L'auditoire constitue une entité
variable que le locuteur détermine lorsqu'il choisit pour cible
de son entreprise de persuasion un individu, un groupe res
treint ou un vaste public. En effet, « chaque orateur pense,
d'une façon plus ou moins consciente, à ceux qu'il cherche
à persuader et qui constituent l'auditoire auquel s'adressent
ses discours» (Perelman 1970 : 25). Il faut souligner ici l'ex
pression« plus ou moins consciente». Si le locuteur prend en
considération ceux auxquels sa parole ou son texte s'adresse,
il ne le fait pas nécessairement avec une conscience claire et
de façon calculée.
Pour constituer une pièce maîtresse du dispositifargumen
tatif, l'auditoire n'a pas besoin d'intervenir concrètement.
Cette perspective est largement partagée par tous ceux qui,
à l'instar de Perelman, ne conçoivent pas l'argumentation en
dehors d'un cadre de communication. De façon générale, on
pose que l'argumentation adressée à un interlocuteur unique
52 • L'argumentation dans le discours
3. Auditoires homogènes et
composites
« Il arrive bien souvent », notent Perelman et Olbrechts
Tyteca, que l'orateur ait à persuader un auditoire composite,
réunissant des personnes différenciées par leur caractère,
leurs attaches ou leurs fonctions. Il devra utiliser des argu
ments multiples pour gagner les divers éléments de son audi
toire. C'est l'art de tenir compte, dans son argumentation,
de cet auditoire composite qui caractérise le grand orateur»
(1970: 28).
4. La question de l'auditoire
universel
4.1. Auditoire universel et auditoire particulier
Le texte de Jaurès utilise en fait comme stratégie argu
mentative le passage de ce que Perelman appelle I'« auditoire
particulier», à ce qu'il désigne du nom d'« auditoire univer
sel». Le Traité de l'argumentation souligne en effet la faiblesse
inhérente à tout discours qui s'adresse à un public ciblé
constitué par un groupe national, social, politique, profes
sionnel déterminé. Dans la mesure précisément où il s'adapte
aux vues d'auditeurs particuliers, l'orateur risque de prendre
appui sur des thèses qui sont étrangères ou même franche
ment opposées à ce qu'admettent d'autres personnes que
celles auxquelles il s'adresse sur le moment.
Ce danger est apparent quand il s'agit « d'un auditoire
composite [où l'adversaire peut] retourner contre son pré
décesseur imprudent tous les arguments dont il a fait usage
à l'égard des diverses parties de l'auditoire, soit en les oppo
sant les uns aux autres pour montrer leur incompatibilité, soit
en les présentant à ceux auxquels ils n'étaient pas destinés»
(Perelman 1970: 40-41 ). On peut ainsi considérer que le dis
cours de Jacques Thibault sur l'opposition à la mobilisation
toute proche ne peut être entendu que par les membres du
parti socialiste auxquels il s'adresse. Il perdrait son efficacité
s'il était diffusé auprès de l'ensemble de la population fran
çaise, qui ne partage pas les prémisses des socialistes. Le dis
cours de Paul Déroulède peut sans doute toucher d'autres
76 • L'argumentation dans le discours
est lui aussi une fiction verbale créée de toutes pièces par un
orateur en situation :
5. La construction de l'auditoire
comme stratégie argumentative
On a parlé de l'auditoire comme construction de l'ora
teur. Mais on n'a pas assez souligné le fait que l'image de
l'allocutaire projetée par le discours constitue en soi une
stratégie. Sans doute, la représentation que l'orateur se fait
L'adaptation à l'auditoire • 79
LECTURES CONSEILLÉES
L'ethos discursif
ou la mise en
scène de l'orateur
r
D, exercer une influence, celui qui prend la parole ou
ur
la plume doit s'adapter à ses allocutaires en essayant
d'imaginer aussi fidèlement que possible leur vision des
choses. Il doit donc se faire une idée de la façon dont ses
partenaires le perçoivent. Quelle autorité possède-t-il à leurs
yeux ? L'importance attribuée à la personne de l'orateur
dans l'argumentation est un point essentiel des rhétoriques
antiques, qui appellent« ethos » l'image de soi que l'orateur
construit dans son discours pour contribuer à l'efficacité de
son dire (Introduction, 1.1 ). Pour comprendre selon quelles
modalités la présentation de soi du locuteur peut contri
buer à la force de sa parole, on reprendra d'abord la notion
d'ethos au fil d'un rapide parcours chronologique allant
d'Aristote à la pragmatique contemporaine 1 •
... bien loin que celui qui veut persuader un auditoire né
glige la vertu, son principal souci sera de donner de lui à
ses concitoyens la meilleure opinion possible. Qui ne sait
en effet que la parole d'un homme bien considéré inspire
plus de confiance que celle d'un homme décrié, et que
les preuves de sincérité qui résultent de toute la conduite
d'un orateur ont plus de poids que celles que le discours
fournit? (Isocrate dans Bodin 196: 121).
4. Études de cas
4.1 Jaurès à la Chambre
Prenons en un premier temps des discours adressés à
un auditoire présent mais n'ayant pas droit immédiat de
réponse, dans lesquels l'image de l'orateur est manifeste
ment soumise à des contraintes institutionnelles fortes. Le
discours de Jaurès à la Chambre étudié au précédent cha-
L'ethos discursif ou la mise en scène de l'orateur • 99
LECTURES CONSEILLÉES
Le soubassement
de l'argumentation
les évidences
partagées
forte raison trouver des ressources pour ceux qui ont fidèle
ment servi la France. Si les Français ont pu verser leur sang
pour libérer les autres nations, ils peuvent à plus forte rai
son le verser pour leur propre libération. De même, dans une
conversation courante, on peut entendre l'argument: si tu as
pu consacrer tant de temps à aider les voisins, tu peux certai
nement en consacrer pour soigner ta propre famille. On voit
qu'il s'agit de relations abstraites, de schèmes formels que
peuvent venir concrétiser des exemples très divers. « Ce qui
vaut pour le moins vaut pour le plus» sous-tend aussi bien le
discours personnel fondé sur les valeurs de la famille que le
discours ouvrier insurgé d'après 1830, ou le discours natio
naliste de Déroulède demandant à la France de récupérer par
les armes l'Alsace-Lorraine perdue.
On voit qu'il s'agit (dans les termes de Marc Angenot) de
« schèmes premiers en quoi on peut convertir les raisonne
ments concrets » ou encore « d'une structure relationnelle
dont la proposition n'est qu'une des innombrables actua
lisations possibles » (Angenot 1982 : 162). Il existe actuel
lement de nombreuses classifications des lieux qui se récla
ment d'Aristote, et qui sont souvent très différentes l'une de
l'autre. Sans doute cela tient-il au fait que le principe des caté
gorisations de la rhétorique ancienne nous échappe souvent.
Dans un descriptif utile (et raisonné) de la présentation aris
totélicienne, le Dictionnaire de rhétorique de Georges Molinié
insiste sur « le possible et l'impossible, le grand et le petit,
le plus et le moins, l'universel et l'individuel » ( 1992 : 191 ).
Chaim Perelman, quant à lui, traite des lieux sous l'aspect du
préférable qui permet d'argumenter en faveur d'un choix. Il
distingue ainsi entre les lieux :
- de la quantité. Quelque chose vaut mieux que quelque
chose d'autre pour des raisons quantitatives. Ainsi : ce
qui est admis par le plus grand nombre est meilleur que
ce qui est admis par un petit nombre;
- de la qualité - comme supérieure à la quantité : ainsi la
valorisation de l'unique;
- de l'ordre. L'antérieur est supérieur au postérieur, le prin
cipe à l'effet, etc. ;
- de l'existant. Ce qui est vaut mieux que ce qui est seule
ment possible;
128 • L'argumentation dans le discours
1. Pour une réflexion plus poussée sur le topos pragmatique dans son
rapport aux topos aristotéliciens, on consultera avec profit : Ekkehard
Eggs, 1994, Grammaire du discours argumentatif, Paris, Kimé.
134 • L'argumentation dans le discours
contre, il adhère aux images toutes faites qui sont mises sous
ses yeux, il pourra se laisser porter par l'argumentation qui
s'alimente aux représentations issues de sa propre vision du
monde.
Il faut bien voir cependant que les usages rhétoriques du
stéréotype ne visent pas simplement à produire une réaction
de rejet ou d'adhésion immédiate. Les représentations col
lectives peuvent être mobilisées selon des modalités com
plexes qui en déterminent l'impact. Tantôt son effet varie
en fonction de l'insertion du stéréotype dans des argumen
taires spécifiques portés par des systèmes de valeurs diffé
rents - ainsi les mêmes représentations du Juif ou de l'Arabe
peuvent avoir une portée divergente dans un journal français
d'extrême droite, un discours maoïste anti-impérialiste, une
histoire drôle racontée par les membres de ces collectivités.
Par ailleurs, chaque discours peut mobiliser à son profit un
ensemble de stéréotypes qu'il module différemment (par le
pathos, l'ironie, la distanciation critique ...) ou dont la jux
taposition ou l'interférence produira un effet particulier.
On examinera rapidement, dans cette perspective, la façon
dont le récit à la première personne de Robert Merle pré
sente Rudolf Lang, alias RudolfHôss, le commandant en chef
du camp d'Auschwitz, dans La Mort est mon métier rédigé en
1952.
Le protagoniste en relatant son existence doit justifier ses
choix et ses agissements aux yeux d'un public informé des
atrocités perpétrées dans les camps de concentration nazis.
Au moment où il rapporte la première tâche concentration
naire dont il a accepté de s'acquitter - au camp de Dachau
avant 1940, principalement réservé à l'époque aux commu
nistes et aux homosexuels allemands - le « je » se doit de
construire un terrain d'entente avec un lecteur défavorable
ment disposé en sa faveur. Aussi lui faut-il, à ce stade délicat
de son autobiographie, miser sur des valeurs communes. Et
en effet il en appelle à des normes reconnues et largement
partagées en évoquant la satisfaction d'une existence tran
quille et bien remplie soumise à la routine du travail
Sur tous ces points, le texte mise sur des valeurs large
ment partagées, qui transcendent les divisions nationales :
le locuteur a le profil du bon fonctionnaire dont il active
les valeurs et les normes. Il se rattache à un stéréotype de
l'homme moyen qui, s'il n'est pas particulièrement glorieux,
reste néanmoins positif et en tout cas moralement valable.
De façon plus spécifique, le narrateur à la première personne
se présente comme un soldat attaché aux valeurs d'ordre et
de discipline. La vie militaire le comble dans la mesure où elle
s'accompagne d'une « organisation exemplaire » et d'une
« discipline rigoureuse». En bon soldat, il apprécie une exis
tence soumise aux contraintes rigides propres à l'état mili
taire : « je retrouvais, avec un profond sentiment de conten
tement et de paix, la routine inflexible de la vie de caserne »
(ibid.: 233). Cette présentation de soi est complétée dans la
Le soubassement de l'argumentation• 143
LECTURES CONSEILLÉES
Les schèmes
argumentatifs
dans le discours
1. Le syllogisme et l'enthymème
1.1 Définitions et discussion des notions
Dans son Organon, Aristote définit ainsi le syllogisme (le
terme grec réfère à la fois à la déduction et au raisonne
ment):
Ou encore:
La fièvre est signe de maladie
Jacques a de la fièvre
Donc il est malade
1. Dans l'original : « Wir a/le verurtei/ten unsere Eltern zur Scham, und wenn
wir sie nur anklagen konnten, die Tiiter nach 1945 bei sich, unter sich geduldet zu
haben », B. Schlink, 1995, Der Vorleser, Zurich, Diogenes, p. 88.
154 • L'argumentation dans le discours
LECTURES CONSEILLÉES
construit peut être déléguée. Notons que dans les deux cas,
l'implicite en situation argumentative peut soit faire partie
du fonctionnement ordinaire du langage, soit au contraire
être expressément mobilisé pour l'entreprise de persuasion.
La réponse « il y a un garage au coin de la rue » fait partie
de la première catégorie, la remarque « Jacques a cessé de
fumer» de la seconde. Il n'en reste pas moins que le présup
posé et le sous-entendu constituent des phénomènes distinc
tifs qui offrent à l'entreprise de persuasion des possibilités
différentes.
nise pas, elle civilise. Le tout se relie à une idée reçue d'ordre
moral selon laquelle les mieux pourvus doivent donner aux
plus démunis. On voit que les présupposés de cet énoncé font
partie d'un système idéologique répandu à l'époque, qui jus
tifie la vaste entreprise de colonisation de la France en termes
de mission civilisatrice.
Par opposition au présupposé, le sous-entendu est dé
chiffré par l'allocutaire sur la base des principes de coopé
ration que Paul Grice désigne comme étant à la base de la
conversation et au fondement de l'implicite ou du moins de
ce qu'il appelle les « implicatures » - dans la traduction fran
çaise, « implicitation ». Grice part de l'idée que l'échange
verbal est régi par des règles tacites, qu'il nomme « maximes
conversationnelles » et qui constituent en gros des principes
de coopération (dits CP, « cooperation principles »). Ceux-ci se
définissent globalement par l'injonction : « que votre contri
bution conversationnelle corresponde à ce qui est exigé de
vous, au stade atteint par celle-ci, par le but ou la direction
acceptés de l'échange parlé dans lequel vous êtes engagé »
(Grice 1979 : 71). Il pose ainsi la maxime de quantité qui
règle la quantité d'information à fournir, la maxime de qua
lité qui demande de ne pas affirmer ce qu'on sait faux ou
pour lequel on manque de preuves, la maxime de relation
qui exige la pertinence du propos, la maxime de modalité
qui impose la clarté. Les violations de ces maximes peuvent
dans certains cas donner naissance à l'implicitation conver
sationnelle. Cela se produit quand le locuteur transgresse
ouvertement la règle alors qu'on n'a aucune raison de pen
ser qu'il refuse la coopération (ni qu'il agit de la sorte pour
respecter une autre règle qui entre en contradiction avec la
première). L'allocutaire doit alors se demander comment le
fait de respecter les CP peut se concilier avec ce qui a été dit
(Grice 1979 : 64).
Un exemple classique en est le professeur qui dans une
recommandation note que l'étudiant a été assidu et a une
belle écriture (violation de la règle de quantité). H. Paul Grice
commence son analyse par un exemple fondé sur la maxime
de relation : A demande à B comment va un ami commun
qui travaille en ce moment dans une banque et B répond :
« Oh, pas mal, je crois, il s'entend bien avec ses collègues et
on ne l'a pas encore mis en prison. » Il est clair que l'infor-
Éléments de pragmatique pour l'analyse argumentative • 197
3. Les connecteurs
Le· dit et le non-dit s'inscrivent dans des énoncés qui ne
peuvent se développer dans l'argumentation qu'à l'aide d'ins
truments de liaison : ce sont les connecteurs. Ceux-ci ont été
abondamment étudiés par Ducrot et les pragmaticiens situés
dans sa mouvance. Les Mots du discours (1980) qui se penche
198 • L'argumentation dans le discours
4. La contribution de l'analyse
conversationnelie
Les développements considérables de l'analyse conver
sationnelle ont permis de relancer /es études sur l'argu
mentation en les dirigeant vers de nouvelles pistes. Déjà
en 1985, Jacques Moeschler proposait d'intégrer la théorie
de l'argumentation à celle de la conversation à partir d'un
corpus d'interactions authentiques. Ce type de recherche a
été poursuivi dans des ouvrages comme celui de Guylaine
Martel, Pour une rhétorique du quotidien (1998), qui étudie les
schèmes argumentatifs cohérents et complexes qui sont pro
duits en situation orale. Il est développé et théorisé dans les
travaux de Christian Plantin (1996), qui met en particulier
en valeur les notions de « script argumentatif», c'est-à-dire
les argumentaires qui précèdent l'interaction, et de « sites
argumentatifs» dans lesquels peut être actualisé un nombre
de fois indéterminé un même script. Dans le cadre des ar
guments et des éléments de réfutation que fournit ce der
nier, l'interaction concrète gère le différend en fonction des
conditions génériques, des contraintes institutionnelles et de
la dynamique particulière de l'échange oral qui peut être un
Éléments de pragmatique pour l'analyse argumentative • 203
LECTURES CONSEILLÉES
Le pathos ou
le rôle des
émotions dans
l'argumentation
Impudence
On a l'impression désolante que les maîtres du monde,
même renfloués par l'argent des contribuables, n'ont rien
compris. Aux États-Unis, c'est l'affaire des bonus d'AIG
qui a suscité une indignation sans précédent dans un
pays plutôt bien disposé envers la réussite économique.
En France, ce sont les stock-options des quatre grands
chefs de la Société générale qui font justement scandale.
Oui, la banque de Kerviel et des subprimes, gérée par
ces petits génies de la finance qui viennent de s'octroyer
quelques millions d'euros vite gagnés. Le gouvernement
a senti le danger et l'impudence de ce casino où certains
gagnent à tous les coups. Lagarde a finalement demandé
et obtenu que la bande des quatre sursoie à ses gros lots.
Une manœuvre qui ne suffira pas à calmer la colère des
manifestants, inquiets, eux, pour leur emploi et leur pou
voir d'achat. Il ne s'agit pas de sombrer dans la démagogie
simpliste du « patrons, tous pourris ». Certains, comme
Carlos Ghosn, ont au contraire la décence de refuser
leur bonus alors que leur pays, leur entreprise et leurs
ouvriers traversent une passe difficile. Mais de nombreux
patrons n'ont pas cette autodiscipline. On attend toujours
que le Medef présente une version concrète de son « code
234 • L'argumentation dans le discours
LECTURES CONSEILLÉES
Entre logos
et pathos:
les figures
tales afin de leur restituer la place d'honneur qui leur est due.
Christian Plantin (20 09) résume ainsi les griefs accumulés
contre les figures : 1) Tout ornement divertit de la question
traitée et distrait par son manque de pertinence. 2) La figure
qui s'écarte de la façon simple et directe de dire les choses
provoque une surprise qui ouvre la porte à l'émotion. 3) Elle
est aussi accusée du péché de verbiage, elle encourage une
abondance qui s'écarte d'une saine condensation. 4) Elle ne
respecte pas la règle de la non-contradiction et souffre d'am
biguïté. Et Plantin de résumer:
2. Argumentativité et figuralité
2.1. Les vertus argumentatives des figures
La nouvelle rhétorique se coupe radicalement de cette vi
sion fondée sur l'ornement, le pathos ou la dissimulation, pour
revenir au caractère argumentatif des figures et en développer
toutes les conséquences. Reprenant la question, Perelman
et Olbrechts-Tyteca considèrent en effet que si « l'on néglige
(le] rôle argumentatif des figures, leur étude paraîtra rapide
ment un vain passe-temps, la quête de noms étranges pour
des tournures recherchées» (1970 : 226). Les auteurs disent
vouloir, quant à eux, « montrer en quoi et comment l'emploi de
certaines pgures déterminées s'explique par les besoins de l'argumenta
tion» (ibid. : 227, ce sont les auteurs qui soulignent). Ils consi
dèrent qu'il y a figure lorsqu'il y a structure reconnaissable et
écart face à la façon ordinaire de s'exprimer. C'est le contexte
Entre logos et pathos : les figures • 247
LECTURES CONSEILLÉES
Les genres
de discours
Chapitre 8
Cadres formels
et institutionnels
2. La lettre ouverte
et la question de l'auditoire
2.1. Le cadre générique
L'article publié le 14 novembre 1920 par Madeleine Vernet
dans la revue qu'elle a elle-même fondée, La Mère éducatrice,
se présente comme une lettre ouverte adressée À la « Mère
270 • L'argumentation dans le discours
LECTURES CONSEILLÉES
.,.
f:'tudier l'argumentation dans le discours, c'est explorer
C:::. la façon dont la parole orale ou écrite agit sur l'autre
tantôt en essayant de lui faire prendre position, tantôt en
orientant sa vision du réel. C'est poser l'hypothèse que toute
parole cherche, délibérément ou non, à avoir un poids et
une influence sur l'allocutaire. L'argumentation n'est pas un
type de discours parmi d'autres : elle fait partie intégrante
du discours comme tel et sous-tend aussi bien les informa
tions télévisées qu'une description, un récit de voyage, une
conversation familière. Sans doute y a-t-il des genres dont
l'intention de persuader est évidente, sinon affichée : ils ont
une visée argumentative. Mais il y a aussi des discours qui
ne se donnent pas comme des entreprises de persuasion et
où l'argumentation n'apparaît pas comme le résultat d'une
intention déclarée, encore moins d'une programmation: elle
n'y est ni apparente, ni explicite et est parfois même désa
vouée par le locuteur ( comme dans un article d'information,
par exemple). C'est afin de désigner l'orientation involontai
rement ou subrepticement imprimée au discours pour proje
ter un certain éclairage sur ce dont il traite qu'on a choisi de
parler de dimension argumentative.
Il y va donc d'une conception élargie de l'argumentation
qui tente de l'appréhender à travers les fonctionnements
discursifs qui la construisent. C'est dans cette perspective
que l'argumentation dans le discours peut constituer une
branche de l'analyse du discours. Les stratégies rhétoriques
ne peuvent être saisies que dans la matérialité langagière.
Elles se font jour dans la gestion du dispositif énonciatif et
dans la relation à l'allocutaire, dans le maniement du savoir
Conclusion • 299
Romain Rolland,
Au-dessus de la mêlée
Vous faites votre devoir. Mais d'autres l'ont-ils fait ?
Osons dire la vérité aux aînés de ces jeunes gens, à leurs
guides moraux, aux maîtres de l'opinion, à leurs chefs reli
gieux ou laïques, aux Églises, aux penseurs, aux tribuns socia
listes.
Quoi ! Vous aviez, dans les mains, de telles richesses vi
vantes, ces trésors d'héroïsme ! À quoi les dépensez-vous ?
Cette jeunesse avide de se sacrifier, quel but avez-vous offert
à son dévouement magnanime? L'égorgement mutuel de ces
jeunes héros ! La guerre européenne, la mêlée sacrilège, qui
offre le spectacle d'une Europe démente, montant sur le bû
cher et se déchirant de ses propres mains, comme Hercule !
Ainsi, les trois plus grands peuples d'Occident, les gar
diens de la civilisation, s'acharnent à leur ruine et appellent
à la rescousse les Cosaques, les Turcs, les Japonais, les
Cinghalais, les Soudanais, les Sénégalais, les Marocains, les
Égyptiens, les Sikhs et les Cipayes, les barbares du pôle et
ceux de l'équateur, les âmes et les peaux de toutes les cou
leurs ! On dirait l'Empire romain au temps de la Tétrarchie,
faisant appel, pour s'entredévorer, aux hordes de tout l'uni
vers ! ... Notre civilisation est-elle donc si solide que vous ne
craigniez pas d'ébranler ses piliers ? Est-ce que vous ne voyez
pas que si une seule colonne est ruinée, tout s'écroule sur
vous ? Était-il impossible d'arriver, entre vous, sinon à vous
aimer, du moins à supporter, chacun, les grandes vertus et
les grands vices de l'autre ? Et n'auriez-vous pas dO vous
Annexes • 303
Ainsi donc, Ils t'ont pris ton petit, un jour. Et tu l'as laissé
partir, parce que tu as pensé qu'//s étaient la force et que tu
n'étais, toi, que la faiblesse.
Tu t'es trompée. La force, c'était toi. Mais Ils avaient fait
le nécessaire pour que tu l'ignores. Par une parade savante.
Ils avaient ébloui tes yeux. Et tu t'es courbée devant l'illusion
de leur puissance.
Il est donc parti, ton petit, celui que tu avais enfanté dans
le déchirement de ta chair, celui que tu avais nourri de ton
sang, celui que tu avais bercé avec tes rêves, tes chants et tes
caresses ; ton petit, en un mot, pour parler le langage des
mères.
Et, de longs mois, tu as vécu la fièvre de l'attente, guet
tant anxieusement l'arrivée d'une lettre que tes mains avides
recevaient en tremblant. As-tu souffert, et pleuré, et prié, en
songeant à ton petit? Sans cesse ton imagination te le mon
trait aux prises avec le froid, avec la fatigue, avec la mort. Tu
l'imaginais blessé et râlant sur le champ de bataille. Tu l'évo
quais agonisant sur un lit de souffrance ou dans une salle
d'opérations. Et l'appel désespéré de ses lèvres blêmes venait
jusqu'à ton pauvre cœur saignant.
Lorsque tu recevais une lettre, c'était une accalmie de
quelques heures; puis la torture revenait, plus vive.
Enfin, ce fut le silence. Plus de nouvelles. Affolée, tu fus
aux renseignements. On ne put rien t'apprendre : il ne figu
rait ni sur la liste des morts, ni sur celle des prisonniers.
Enfin, un jour vint une lettre officielle qui t'avisa que - de
puis telle date - ton enfant était disparu.
310 • L'argumentation dans le discours
111,112,117,118,122,124, 85,86,92,94,95,96,97,98,
126,130,133,135,139, 140, 99,112,115,119,122,131,
145,147,149,151,152,158, 136,137,139,150,157,175,
165,167,168,173,174,176, 176,185,187,189,190,191,
180,183,184,187,190,191, 205,209,213,216,219,221,
194,196,197,198,200,201, 223,225,229,231,242,248,
202,203,205,209,210,216, 250,253,269,270,273,274,
217,218,219,220,221,222, 275,276,279,281,283,291,
223,227,236,241,242,245, 292,294,296,299,319
246,248,249,252,254,258, Auditoire composite 63,70,
261,264,268,269,275,280, 72,73,75,99,273,283,319
281,296,298,299,300,301, Auditoire homogène 63,64,
319,320,321,322,323,324, 66,68,71
325,326,327,328,329,330, Auditoire particulier 75, 76
331 Auditoire universel 75,76,77,
Argumentation dans la langue 78
5,8,32,35,36,320 Axiologique 185,189,231,
Argumentation vs rhétorique 6, 232,235
7,8,9,1 0,11,1 5,1 7,1 8, 19,
20,21,22,24,25,26,27,28, C
30,31,32,33,34,35,36,37, Calcul interprétatif 191,193
38,39,40,41,42,43,45,46, Cercle vicieux 172
47,50,51,52,53,55,58,60, Champ 4,7,10,11,17,19,
63,66,71,75,76,81,82,98, 20,21,22,28,29,32,45,95,
99,110,111,112,117,118, 96,102,108,118,119,140,
122,124,126,130,133,135, 185,202,224,231,241,246,
139,140,145,147,149,151, 264,265,266,267,269,280,
152,158,165,167,168,173, 281,297,299,300,309,322
174,176,180,183,184,187, Chleuasme 248
190,191,194,196,197,198, Cliché 114,256,257,260,
200,201,202,203,205,209, 261,319
210,216,217,218,219,220, Composant rhétorique 32,33,
221,222,223,227,236,241, 34
242,245,246,248,249,252, Composant sémantique 32,33
254,258,261,264,268,269, Connecteur 35, 198
275,280,281,296,298,299, Consensus 6,31,39,66,69,
300,301,319,320,321,322, 72,113,114,117,131,134,
323,324,325,326,327,328, 137,166,199,283,285,293,
329,330,331 295
Argument fallacieux (cf. Contre-discours 26,38,124,
paralogisme) 170,174 166
Association vs dissociation 9, Convaincre (vs persuader) 14,
20,41,101,237,239,254 76,77,211,212,222,247
Auditoire 3,8,9,12,13,14, Critical thinking 5,24,30
15,18,19,20,21,22,28,29,
40,43,45,50,51,52,53,54, D
55,58,60,61,62,63,64,65,
66,67,68,69,70,71,72,73, Débat 12,32,3�38,39,42,
74,75,76,77,78,79,80,84, 44,45,53,73,80,83, 100,
112,114,122,176,177, 180,
336 • L'argumentation dans le discours
198,204,205,207,240,268, 155,158,162,163,165,169,
269,270,274,284,291,301, 173,174,175,176,182,184,
319,322,323,328 185,187,188,189,190,191,
Débat télévisé 38,205,207, 194,196,197,198,200,201,
268,301,319 202,203,205,206,207,208,
Déduction 14,145, 147,148, 210,211,215,216,217,218,
150,157,158,161,174 222,223,225,227,228,230,
Définition 4,5,26,35,36,43, 232,233,236,238,239,240,
47,51,53,59,78,88,108, 242,243,244,247,249,250,
114,134, 147,152,187,196, 251,252,253,255,259,261,
224,239,245,252,282,290, 263,264,265,266,267,268,
293,300,316 269,271,275,276,277,278,
Délibératif (discours) 12, 19, 279,280,281,282,283,284,
67,125,165,210,218,264 286,287,288,291,293,294,
Démonstration 16,19,27,93, 295,296,297,298,299,300,
137,138,148,161,250,257 301,303,304,305,319,320,
Destinataire (cf. allocutaire) 321,322,323,324,325,326,
19,34,43,51,62, 140,159, 327,328,329,330,331,333
161,271,273,275 Dispositif d'énonciation 9,49,
Dialectique 6,15,16,31,32, 131,174,229,266,274,275
52,53,147,148,251,268 Disposition 14,15,16,18,24,
Dialogal vs Dialogique 39,52, 135,158,209,212,215,223,
218,268,269,280 279
Dimension argumentative vs Dissensus 40,285
visée 3,7,37,41,42,44,46, Division vs composition 52,73,
201,253,298,300 74,116,117,172,185,211,
Discours à la Chambre 74, 99, 217,242,268,277,305
163,194,266,305,333 Doxa 9,53,54,55,59,67,
Discours électoral 44,269, 112,113,114,115,116,117,
280,319 118,119,121,124,125,130,
Discours social 64, 113, 121, 136,138,139,140,144,154,
124,261,267,277,278,320 155,182,197,229,260,261,
Discours vs Langue 3,5,6,7, 269,276,279,280,283
8,9,10,11,12,13,14,15,16, Doxique (élément) 54,59,116,
17,18,19,20,21,24,25,26, 118,119,125,128,129,136,
27,29,30,34,35,37,38,39, 139,192,286,299
40,41,42,43,44,45,46,47,
50,51,52,54,55,56,57,58, E
59,60,62,63,64,65,66,67, Éditorial 44,55,56
70,71,72,73,74,75,76,77, Elocutio 5,16, 241, 242
78,79,80,82,83,84,85,86, Éloquence 20,212,213,220,
87,89,90,93,94,95,96,97, 244,323
98,99, 100,101,103,104, Endoxon 113,329
107,108,110,112,113,114, Énonciateur vs Locuteur 8,26,
115,116,117,118,119,120, 89,90,183,193,205,292
121,123,124,125,126,127, Énonciation 9,30, 33,40,41,
128,130,133,134,135,136, 42,52,60,72,77,84,87,89,
137,140,141,143,144,145, 90,95,96,97,98,100,107,
146,147,149,152,153,154, 110,119,131,159,183,198,
Index• 337
200,201,230,265,297,301, 246,254,258,259,260,268,
325,327 269,278,279,280,282,284,
Enthymème 9,14,145,147, 288,289,290,293,296,304,
148,149,150,152,153,154, 316,317
155,158,159,160,182,190, Face-à-face 39,43,51,53,54,
255,264,300 55,60,68,93,155,203,268,
Entretien 109,204,264,282, 269,280,296
284,290,301,331,333 Fausse causalité 173
Épidictique 13,19,20,67, Fausse dichotomie 172
125,210,218,264 Figuration (face-work) 92,206
Équivoque 83,172,174,175, Figure 5,15,17,51,63,65,
179 66,68,77,79,90,93,99,100,
Ethos 9,14,15,35,82,83, 104,106,109,126,131,157,
84,85,86,87,88,89,90,92, 178,180,224,225,226,239,
93,94,95,96,97,98,99,100, 243,244,246,247,248,249,
101,102,104,105,107,108, 250,252,254,255,256,271,
109,110,122,136,138,139, 274,275,286,304,305,315,
156,159,177,189,201,203, 316
206,207,209,216,222,244, Formation discursive 118,267,
264,265,267,269,275,280, 268
281,282,283,285,288,291, FTA (Face threatening acts)
293,296,319,320,321,325, 206
331
Évidence 26,88,97,129,153, G
156,157,161,168,175,220, Généralisation abusive 172
250,251,284,289,294,295 Genre de discours 40,90,245,
Exclamation 45,231,245 260,266
Exemple 14,33,56,59,61,62, Gestion (ou ménagement) des
63,64,68,72,73,76,78,87, faces 38,205
91,92,95,98,99,102,110,
120,123,126,134,135,140, H
145,146,147,148,150,151,
152,155,158,16],163,164, Habitus 93,265
165,166,167,168,178,188, Homme de paille (argument de
189,192,194,195,198,201, I') 172
202,203,204,215,216,218, Hyperbole 241,245,252,261
219,221,224,228,230,231,
245,247,249,250,251,254,
267,268,298,316,321,325 Idée reçue 114,129,136,139,
Exorde 275,332 157,195,287,294
lllocutoire (cf. acte illocutoire)
F 11,30,94,252
1 mplicitation (implicature) 195,
Fable 169
Face 13,22,36,39,43,51,52, 197
53,54,55,60,64,65,66,68, Implicite 37,40,62,88,121,
69,70,72,73,79,92,99,122, 136,149,150,161,182,184,
131,145,155,173,180,185, 190,191,192,193,195,196,
191,203,205,206,211,212, 198,200,201,208,225,237,
220,225,227,230,232,238, 238,252,265,269,294,325
338 • L'argumentation dans le discours
Préface 3
Introduction 11
PREMIÈRE PARTIE
1
LE DISPOSITIF D ÉNONCIATION
DEUXIÈME PARTIE
LES FONDEMENTS DE L'ARGUMENTATION
TROISIÈME PARTIE
LES VOIES DU LOGOS ET DU PATHOS
QUATRIÈME PARTIE
LES GENRES DE DISCOURS
Imprimé en France
1: Pour les étudiants
"·-
0
Â
�
�
en sciences de l'information et de la communication
en institut d'études politiques
en écoles de journalisme
�
L'ARGUMENTATION
DANS LE DISCOURS
Argumenter, c'est tenter d'agir sur son auditoire, lui faire partager ses
raisonnements, orienter ses façons de voir et de penser. Comment la
parole se dote-t-elle du pouvoir d'influencer son public? Par quels
moyens verbaux s'assure-t-elle de sa force?
La question de la parole efficace, qui est au cœur de la réflexion
depuis la rhétorique antique, a été remise à l'honneur dans les sciences
du langage et de la communication, mais aussi dans d'autres champs
d'études comme la littérature ou les sciences politiques. Dans cet
ouvrage devenu un classique, l'auteur offre une synthèse de la question.
Elle propose aussi une approche originale dite de I'« argumentation dans
le discours », dont elle précise les procédures et les enjeux.
De Jaurès à Le Pen, des débats sur la guerre à l'interview électorale
et au texte fictionnel, l'ouvrage se fonde sur de nombreux exemples
destinés à concrétiser le propos. Il fournit ce faisant de précieux
instruments d'analyse qui permettent de saisir dans leur spécificité les
discours politiques, médiatiques et littéraires du passé et du présent.
ARMAND COLIN