Focus

neurologie

Innovation : témoins biologiques de traumatisme

crânien, des biomarqueurs en compétition
Le développeur de diagnostics Banyan Biomarkers
(San Diego) vient d’accorder une licence non exclusive
à Abbott pour son test BanyanBTI™ de détection du
traumatisme crânien lésionnel : traumatic brain injury
(TBI), basé sur deux biomarqueurs sanguins : Ubiquitin
Carboxy-terminal Hydrolase-L1 (UCH-L1) et Glial
Fibrillary Acidic Protein (GFAP).

Abbott travaille notamment au développement de ce test

pour le point of care – au lit du patient amené en urgence,
au LBM, ou… sur le terrain, notamment du rude football
américain, sur le champ de bataille1 ?
© Giordano Aita /stock.adobe.com

Nous avions déjà révélé l’an dernier dans RFL 505 [1] cette
innovation de la recherche Banyan et son approbation par
la Food and Drug Administration (FDA) (14/2/2018). Selon
certaines sources, le test BTI™ serait déjà en compétition
avec un test précédemment proposé pour la détection du
traumatisme crânien : la protéine S100b [2]. Quoi qu’il en
soit, la détection de ces biomarqueurs peut – ou non –
justifier une exploration en imagerie… ou en faire l’écono-
mie, comme le rappelait la FDA, dans la mesure où jusqu’à Selon le blog Medscape [2], le test Banyan « dispo-
récemment ces biomarqueurs n’étaient pas disponibles. sant d’une meilleure valeur prédictive positive, il apparaît
Pour Banyan, le TBI est devenu aux États-Unis « une plus performant que le dosage de la protéine S100b,
préoccupation de santé publique » avec plus de mais s’avère beaucoup plus coûteux (120 euros
4,8 millions de sujets admis aux urgences c o n t re 3 2 e u ro s p o u r l e t e s t S 1 0 0 b » .
chaque année pour soupçon de trauma- Citant le Dr Cédric Gangloff (CHU de
tisme et environ 10 millions d’autres Avec ce test Rennes), qui estime qu’avec ce test « on
pour lésion cérébrale (chutes, acci- peut espérer réduire de 30 % les scanners
dents de la circulation…). Selon l’OMS, on peut espérer cérébraux » ; le test se justifie « lorsqu’un
le nombre de TBI dans le monde pour- réduire de 30 % des critères suivants se présente : amnésie
rait dépasser en 2020 celui de nombre rétrograde de plus de trente minutes, perte
de maladies comme cause principale de les scanners de connaissance, traumatisme lié à une ciné-
décès et de handicaps ! cérébraux tique importante, âge supérieur à 65 ans,
Le développement de tests GFAP et traitement par antiagrégant plaquettaire…
UCH-L1, permettant d’identifier les La protéine est libérée dans le LCR et dans
biomarqueurs de lésion cérébrale, devrait le sang en cas de lésion cérébrale, elle aug-
aider les professionnels de santé à évaluer mente dès la première heure puis est éliminée en
globalement et objectivement la santé cérébrale quelques heures ». QQ
des patients conduits aux urgences pour suspicion de
J.-M. M.
traumatisme crânien, souligne Banyan : en effet, détec-
ter les conséquences de concussions [autre nom du
TBI] est souvent difficile dans la mesure où les dom-
mages physiques ne sont pas évidents et que toutes les Références
[1]-HDQ0DULH0DQXV'LDJQRVWLFGHWHUUDLQSRXUODFRPPRWLRQFpUpEUDOH5HY)UDQF
lésions cérébrales ne sont pas visibles par imagerie et Lab. 2018 ;505:5
autres examens courants ; manquer un TBI peut avoir [2] https://francais.medscape.com/voirarticle/3605038?src=mkm_frmkt_190629_
des conséquences péjoratives pour le traitement et la mscmrk_frtop5_nl&uac=262615CV&impID=2009830&faf=1
guérison. Note
BanyanBTI™ consiste en deux kits (Banyan UCH-L1™ Kit /HFHQWUHGHUHFKHUFKHPpGLFDOGHO·US ArmyPLQLVWqUHDPpULFDLQGHOD'pIHQVHD
DFFRUGpXQHVXEYHQWLRQGHPLOOLRQGHGROODUVjODELRWHFKÀQODQGDLVH0HGLFRUWH[
et Banyan GFAP™ Kit), biomarqueurs protéiques spéci-
7XUNX SRXU OH GpYHORSSHPHQW GH VRQ WHVW GH WHUUDLQ 3URE7%, utilisable par des
®

fiques qui apparaissent précocement dans le sang après VHFRXULVWHVOHVSUHPLHUVWpPRLQVG·XQH7%,GHVSURIHVVLRQQHOVGHVDQWpVRQREMHFWLI

concussion cérébrale. pWDQWOHGpYHORSSHPHQWG·XQWUDLWHPHQWVWRSSDQWOHSURFHVVXVOpVLRQQHOFpUpEUDO

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES • N °516 • NOVEMBRE 2019 9