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Danlos Laurence. Connecteurs et relations causales. In: Langue française, n°77, 1988. Syntaxe des correcteurs. pp. 92-127;
doi : 10.3406/lfr.1988.4739
http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1988_num_77_1_4739
(1) Mes chemises ont été entassées dans l'armoire. Elles ont été froissées par
Luc.
n'évoque pas une relation causale dont la cause serait l'entassement des
chemises, contrairement au discours suivant obtenu à partir du précédent
en intervertissant froissées et entassées dans l'armoire :
(2) Mes chemises ont été froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire par
Luc.
92
sur la linéarisation en phrases que sur les constructions syntaxiques des
phrases en jeu. Cette liste est un point de passage obligé car les cas
d'interdiction ne sont pas toujours prédictibles à partir d'autres données
syntaxiques ou sémantiques. Ainsi, le fait que (1) n'exprime pas une
relation causale ne peut pas être expliqué par une règle sur Tordre des
informations du type :
dans un discours exprimant une relation causale, le résultat doit
apparaître avant la cause (comme en (2))
puisque le discours suivant obtenu à partir de (2) en intervertissant
l'ordre des phrases évoque une relation causale dont la cause est
l'entassement des chemises :
(3) Mes chemises ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont été
froissées.
Le fait que (1) n'évoque pas une relation causale ne peut pas non plus
s'expliquer par la position du complément d'agent : celui-ci figure dans
— la deuxième phrase en (1) qui n'évoque pas une relation causale;
— la deuxième phrase en (2) qui évoque une relation causale;
— la première phrase en (3) qui évoque une relation causale;
— la première phrase en (4) ci-dessous qui n'évoque pas une relation
causale dont la cause est l'entassement des chemises :
(4) Mes chemises ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire.
(3') Elles ont été entassées dans l'armoire par Luc. Mes chemises ont été
froissées.
1. Les intonations particulières ne seront pas prises en compte dans cette étude qui ne concerne
que des textes écrits : les jugements d'acceptabilité qui seront portés sur les textes sont des jugements
de lecture.
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question de façon rigoureuse et utilisable dans un système de traitement
automatique du langage naturel (L. Danlos et F. Namer 1988).
est une relation causale directe car elle se limite à une seule relation de
cause à effet, abstraction faite des réactions physiologiques de Marie qui
peuvent être décrites par une chaîne causale arbitrairement longue. Par
contre, la chaîne causale
est une relation causale indirecte car c'est une abréviation d'une chaîne
causale comportant au moins deux relations de cause à effet :
г-
С cause
résultat-,
— i Marie
Luc
., a. servi
a bu
, beaucoup
, r de
, cognac
coqnac.
v à Marie.
2. Dans la majorité de nos exemples, cet agent humain sera désigné par le prénom Luc.
3. La notion de chaîne causale est discutée dans (Z. S. Harris 1968).
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La différence extra-linguistique entre (I) et (II) se relève dans des
différences linguistiques. Ainsi, un discours de forme Le fait que < CAUSE >
donner la gueule de bois à X peut exprimer une relation causale directe
comme (I) mais pas une relation causale indirecte comme (II) 4 :
(3) Marie est morte. Luc a tiré deux balles sur elle.
(4) PMarie est morte. Luc a tiré deux balles sur son voisin.
Le discours (3) évoque une relation causale directe qui peut être
reformulée de la façon suivante :
(3') Luc a tiré deux balles sur Marie qui est morte.
Par contre, (4) est un discours elliptique mettant en jeu une relation
causale indirecte qui peut être l'abréviation d'une chaîne causale telle
que :
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Le fait que nous contraignions le résultat d'une relation causale
directe à être un changement d'état physique pour l'entité X — en
éliminant les changements d'états psychologiques pour les entités humaines
— nous permet de définir avec une certaine précision la notion de relation
causale directe sans entrer dans des débats extra-linguistiques tels que :
doit-on considérer que le discours
Il n'en reste pas moins qu'il faudrait étudier les formulations exprimant
les relations causales (in)directes dont le résultat est un changement
d'état psychologique pour une entité humaine, car celles-ci diffèrent de
celles observées pour les relations causales directes qui nous concernent.
Ainsi, considérons la paire :
(5) Marie est blessée à la tête car Luc lui a donné un coup de poing.
(5) met en jeu un changement d'état physique pour Marie avec l'emploi
concret de blesser (table 32H de (J.-P. Boons, A. Guillet et Ch. Leclère
1976b)), tandis que (6) met en jeu un changement psychologique pour
Marie avec l'emploi abstrait de blesser (table 4 de M. Gross 1975). Or,
seul l'emploi abstrait de blesser peut se construire avec une complétive
sujet. De ce fait, des deux formes structurellement identiques
(5) *(Que + Le fait que) Luc ait donné un coup de poing à Marie Va blessée
à la tête.
(6') (Que + Le fait que) Luc ait quitté Marie Va blessée.
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que le discours n'exprime pas une relation causale directe. Ce symbole
ne signifie donc pas forcément que le discours est mal formé ou qu'il
est ininterprétable : un discours précédé du symbole « ff » peut être bien
formé mais avoir une interprétation autre que celle de relation causale
directe. Un discours précédé de « If » (resp. non précédé de « if ») est
qualifié d'inacceptable (resp. d'acceptable).
Luc a mis le livre sur la table => Le livre est sur la table.
Luc a ciré la table => La table est cirée.
Luc a taillé la haie => La haie est taillée.
Luc a enterré le trésor => Le trésor est enterré.
Luc a étalé la carte sur la table => La carte est étalée sur la table.
Luc a entassé mes chemises dans l'armoire => Mes chemises sont entassées
dans l'armoire.
Luc a peint ma chambre en rouge => Ma chambre est peinte en rouge.
Dans ce sens, ces phrases expriment une relation causale directe. Ce type
de relation causale directe a été étudié par (J.-P. Boons, 1985, 1987) et
(A. Guillet et Ch. Leclère, à paraître), et il ne sera pas évoqué dans cet
article qui porte sur des phénomènes de discours, c'est-à-dire sur des
phrases en contexte et non sur des phrases isolées. Autrement dit, nous
nous intéresserons aux relations causales directes dont la cause et le
résultat son explicitement dissociés comme dans :
Supposons que la phrase < ACT > exprimant la cause d'une relation
causale directe et la phrase < RES > exprimant son résultat aient été
choisies. Pour combiner ces deux phrases en un texte, la langue française
offre les modes de linéarisation suivants :
6. Le symbole No désigne le sujet, N, le premier complément, N2 le second, E la séquence vide.
La notation Л^ V N, (E + Prép NJ représente les deux formes No V N, et No V N} Prép N2.
97
(i) Juxtaposition :
Selon l'ordre dans lequel on veut présenter les informations, la
juxtaposition peut se réaliser en
<ACT> . <RES>
= : Luc a renversé cette carafe. Elle est cassée.
ou en :
<RES> . <ACT>
= : Cette carafe est cassée. Luc Va renversée.
(iii) Relativation :
Selon la forme de < ACT > et de < RES > , certaines constructions à
relative (explicative) peuvent être utilisées pour exprimer une relation
causale directe :
98
Nous nous concentrerons donc sur la juxtaposition, la coordination,
la subordination et la relativation qui débouchent sur des discours
< ACT > Conn < RES > ou < RES > Conn < ACT > où le connecteur
Conn est un signe de ponctuation, une conjonction de coordination ou
de subordination ou un pronom relatif.
Le résultat peut être exprimé, entre autres, par une des formes suivantes :
La cause peut être exprimée, entre autres, par une des formes suivantes :
L'acceptabilité d'un discours < RES > quand < ACT > , par exemple,
dépend de la forme choisie pour les phrases < ACT > et < RES > et
du temps de leur verbe :
H77 y a des taches sur ma robe quand Luc a renversé le café dessus.
1Í7/ y avait des taches sur ma robe quand Luc a renversé le café
dessus.
Il y a eu des taches sur ma robe quand Luc a renversé le café
dessus.
^Ma robe a des taches quand Luc a renversé le café dessus.
?Ma robe a eu des taches quand Luc a renversé le café dessus.
Luc a fait des taches sur ma robe quand il a renversé le café dessus.
1ÍLe café a fait des taches sur ma robe quand il a été renversé dessus
par Luc.
1ÍMa robe est tachée quand Luc a renversé le café dessus.
Ma robe a été tachée quand Luc a renversé le café dessus.
99
Ma robe a été tachée quand le café a été renversé dessus par Luc.
Ma robe a été tachée par Luc quand il a renversé le café dessus.
Il y a donc lieu de spécifier les formes et les temps des phrases < ACT >
et < RES > pour déterminer l'acceptabilité des discours < ACT > Conn
< RES > et < RES > Conn < ACT > . Les possibilités offertes par la
langue française pour exprimer ces phrases étant fort nombreuses, nous
n'en étudierons que certaines.
100
— en position de complément de nom d'un objet direct ou indirect
Nous nous limiterons aux résultats exprimés dans une des formes
suivantes :
Ces formes mettent toutes en jeu un verbe plein Vr qui est construit :
— à l'actif avec l'agent H comme sujet et l'entité X comme objet
direct dans (RI);
— àaulaparticipe
passif
formesans
avec
pronominale
passé
agent
adjectival
avec
« neutre
l'entité
avec »l'entité
X comme
avec l'entité
X comme
sujet
X comme
dans
sujet (R3)
(R2)
dans
sujet; (R4)
dans;
(R5) ».
On notera que la seule différence entre (R3) et (R4) est le temps des
verbes : passé composé pour le passif sans agent de (R3) et présent pour
le participe passé adjectival de (R4). Le choix d'une forme (Ri) dépend,
entre autres, des conditions d'énonciation du discours. Ainsi la forme
(R4) au présent suppose que l'entité X est dans l'état décrit par Vr-pp au
moment de l'élocution de la phrase, ce qui n'est pas forcément le cas
pour les autres formes (Ri). Néanmoins, nous ne traiterons pas les
conditions d'énonciation des discours < RES > Conn < ACT > et < ACT >
Conn < Res > .
Les phrases < RES > qui n'ont pas comme élément prédicatif un
verbe plein Vr entrant dans la construction (Al) ne sont donc pas étudiées
ici. Indiquons simplement que < Res > peut être exprimé par d'autres
constructions à verbe plein (e.g. des constructions intransitives comme
9. Nous faisons référence à la forme pronominale « neutre » établie dans (J.-P. Boons, A. Guillet et
Ch. Leclère 1976a).
101
Marie saigne du nez) ou par des constructions à verbe support 10 suivi
d'un élément prédicatif non verbal :
X être Adj.
Ma robe est sale.
Cette lettre est illisible.
X avoir Dêt N W.
Ma robe a des taches.
Marie a des blessures.
Marie a un bleu.
Marie a la gueule de bois.
X être Prép С W.
Ma robe est en lambeaux.
Ce tableau est de traviole.
X devenir Adj.
=: Cette lettre est devenue illisible.
X attraper Dêt N W.
=: Marie a attrapé mal à la tête.
X Vmt Prép CW.
=: Ma robe part en lambeaux.
TV rendre X Adj.
=: Luc a rendu cette lettre illisible.
N donner Dêt N W à X.
=: Le fait ď avoir bu beaucoup de cognac a donné la gueule de bois à Marie.
N mettre X Prép С W.
=: Luc a mis ma robe en lambeaux.
Nous allons donc étudier les discours < ACT > Conn < RES > et
< RES > Conn < ACT > construits avec < RES > = (Rl), (R2), (R3),
10. La notion de verbe support, ainsi que celle de variante aspectuelle de verbe support et d'opérateur
causatif, sont présentées, entre autres, dans (M. Gross 1981), le numéro 69 de Langue Française et
(L. Danlos à paraître).
102
(R4) ou
nous utiliserons
(R5) et <des
ACTexemples
> = (Al),
spécifiques
(A2) ou de
(A3).
(Ri)Dans
et (Aj),
un premier
à savoir temps,
:
Celui-ci peut être interprété comme une relation causale directe dont la
cause est exprimée dans la seconde phrase, le résultat dans la première,
ou bien comme une relation causale indirecte dont la cause est exprimée
dans la première phrase, le résultat dans la seconde. L'étiquetage (RI).
(Al) correspond à l'interprétation de relation causale directe, tandis que
(Al). (RI) correspond à l'interprétation de relation causale indirecte. Ce
discours peut aussi être interprété comme une succession de deux procès
(P) et (P') sans relation de cause à effet. Cette interprétation
correspondrait à un étiquetage du type (Pl).(P'l). Rappelons que nous ne
considérons un discours comme acceptable que s'il exprime une relation
causale directe. Ainsi le discours (R2) et (A3) est inacceptable :
(R2) et (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc et elles ont été entassées
dans l'armoire.
103
(A3).(R3) Mes robes ont été entassées dans V armoire. Elles ont été
froissées.
(R4) car (A3) Mes robes sont froissées car elles ont été entassées dans Гаг-
moire.
Nous n'étudierons pas ces discours qui ne doivent être retenus qu'en
l'absence d'informations sur l'agent H.
3.1. Juxtaposition
(Al). (RI) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Il les a froissées.
(A1).(R2) l^Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées
par celui-ci.
(A1).(R3) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées.
(A1).(R4) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles sont froissées.
(A1).(R5) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles se sont froissées.
Tous les discours (Al). (Ri) sont acceptables sauf (Al). (R2) qui est
douteux et qui n'évoque pas une relation causale directe entre les deux
phrases 12. Le caractère douteux de (A1).(R2) ne change guère si la forme
pronominale celui-ci est remplacée par une autre forme pronominale ou
par une redescription de l'agent H :
(A1).(R2) l^Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées
par (lui + cet imbécile).
Lorsque l'action est exprimée au passif avec agent, i.e. < ACT > =
(A2), on obtient les résultats suivants :
(A2).(R1) ?Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Il les a
froissées.
(A2).(R2) l^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont
été froissées par celui-ci.
(A2).(R3) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont
été froissées.
(A2).(R4) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles sont
froissées.
(A2).(R5) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles se
sont froissées.
12. Ce discours peut à la rigueur évoquer une succession de deux événements sans rapport de cause
à effet.
104
(A2).(R1) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Cet imbécile
les a froissées.
(A2).(R2) ?^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont
été froissées par (lui + cet imbécile).
Lorsque l'action est exprimée au passif sans agent, i.e. < ACT > =
(A3), les discours (A3). (RI) et (A3).(R2) sont inacceptables car la
juxtaposition des deux phrases n'évoque pas une relation causale directe :
(A3). (RI) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire. Luc les a froissées.
(A3).(R2) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire. Elles ont été froissées
par Luc 13.
(RI). (Al) Luc a froissé mes robes. Il les a entassées dans l'armoire.
(R2).(A1) Mes robes ont été froissées par Luc. Il les a entassées dans
l'armoire.
(R3).(A1) Mes robes ont été froissées. Luc les a entassées dans l'armoire.
(R4).(A1) Mes robes sont froissées. Luc les a entassées dans l'armoire.
(R5).(A1) Mes robes se sont froissées. Luc les a entassées dans l'armoire.
Lorsque l'action est exprimée au passif avec agent, i.e. < ACT > =
(A2), on observe les résultats suivants :
(R1).(A2) 7% Luc a froissé mes robes. Elles ont été entassées dans l'armoire
par celui-ci.
(R2).(A2) Mes robes ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire par celui-ci.
(R3).(A2) Mes robes ont été froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
(R4).(A2) Mes robes sont froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
(R5).(A2) Mes robes se sont froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
(R1).(A2) l^Luc a froissé mes robes. Elles ont été entassées dans l'armoire
par cet imbécile.
13. Rappelons que les discours (A3).(R3), (A3).(R4) et (A3).(R5) ne sont pas retenus car ils ne
mentionnent pas l'agent H (ici Luc).
105
Lorsque Faction est exprimée au passif sans agent, i.e. < ACT > =
(A3), les discours (RI). (A3) et (R2).(A3) sont difficilement
compréhensibles, en tout cas, ils n'évoquent pas une relation causale directe entre
les deux phrases :
(RI). (A3) ^Luc a froissé mes robes. Elles ont été entassées dans l'armoire.
(R2).(A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire.
(R3).(A1) Mes robes ont été froissées. Luc les a entassées dans l'armoire.
(R3).(A2) Mes robes ont été froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
(A1).(R3) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées.
(A2).(R3) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont été
froissées.
et les discours construits avec < ACT > = (A3) obtenus à partir des
précédents en interchangeant entasser dans V armoire et froisser :
(A3). (RI) %Mes robes ont été entassées dans l'armoire. Luc les a froissées.
(A3).(R2) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire. Elles ont été froissées
par Luc.
(RI). (A3) ^Luc a froissé mes robes. Elles ont été entassées dans l'armoire.
(R2).(A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire.
(Al). (RI) Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Il les a froissées.
(RI). (Al) Luc a froissé mes robes. Il les a entassées dans l'armoire.
106
La juxtaposition n'impose donc pas d'ordre sur les informations quand
les deux phrases sont à l'actif.
— les discours (R2).(A1) et (R2).(A2) commençant par le résultat sont
tous deux acceptables, contrairement au discours (A1).(R2) et (A2).(R2)
obtenus en changeant l'ordre des informations :
(R2).(A1) Mes robes ont été froissées par Luc. (Il + Cet imbécile) les a
entassées dans l'armoire.
(R2).(A2) Mes robes ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire par (celui-ci + cet imbécile).
(A1).(R2) ?^Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées
par (celui-ci + cet imbécile).
(A2).(R2) 7^ Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont
été froissées par (celui-ci + cet imbécile).
(A2).(R1) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. (?Il + cet
imbécile) les a froissées.
(R1).(A2) l^Luc a froissé mes robes. Elles ont été entassées dans l'armoire
par (celui-ci + cet imbécile).
107
et < ACT > n'obéissent qu'à des règles dont la pertinence linguistique
reste à démontrer. C'est le cas pour la Règle 2 posée en b), et pour les
règles posées en a) que nous rappelons :
— la juxtaposition de < ACT > et d'une phrase < RES > ne
mentionnant pas l'agent, i.e. < RES > = (R3), (R4) ou (R5), est acceptable;
— la juxtaposition de (A3) et de < RES > est inacceptable.
Par contre, nous allons voir que les acceptabilités des discours (Aj).(Ri)
et (Ri).(Aj) sont en corrélation avec les acceptabilités des discours (Aj) Соя/
(Ri) et (Ri)Con/ (Aj). Plus précisément, les corrélations sont les suivantes :
— un discours (Aj).(Ri) est acceptable si et seulement si il existe une
conjonction de coordination ou de subordination Conj tel que (Aj)Con/
(Ri) soit acceptable;
— un discours (Ri).(Aj) est acceptable si et seulement si il existe une
conjonction de coordination ou de subordination Conj tel que (Ri) Conj
(Aj) soit acceptable.
Z.S. Harris (1968, 1982) analyse une juxtaposition de plusieurs
phrases comme une unique phrase composée de sous-phrases reliées par
des connecteurs autres que des signes de ponctuation. Les corrélations
que nous allons établir entre les acceptabilités des discours (Aj).(Ri) et
(Aj)Cozy'
(Ri) d'une part, (Ri).(Aj) et (Ri)Conj (Aj) d'autre part, montrent
que l'analyse de Z. Harris est justifiée pour les juxtapositions exprimant
la relation causale directe qui nous concerne.
108
discours < ACT > . < RES > ) et ils sont plus naturels lorsque donc
n'apparaît pas en tête de phrase :
(Al) donc. (R3) Luc a entassé mes robes dans V armoire (?donc elles ont été
froissées + elles ont donc été froissées).
(Al) donc (R4) Luc a entassé mes robes dans l'armoire (?donc elles sont
froissées + elles sont donc froissées).
(Al) donc (R5) Luc a entassé mes robes dans l'armoire (?donc elles se sont
froissées + elles se sont donc froissées) .
(A2) donc (R3) Mes robes ont été entassées dans V armoire par Luc (?donc
elles ont été froissées + elles ont donc été froissées) .
(A2) donc (R4) Mes robes ont été entassées dans V armoire par Luc (Pdonc
elles sont froissées + elles sont donc froissées).
(A2) donc (R5) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc (?donc
elles se sont froissées + elles se sont donc froissées).
Il en est de même pour les discours (Al) donc (RI) et (A2) donc (RI) qui
sont acceptables comme les discours (Al). (RI) et (A2).(R1) :
(Al) donc (RI) ?Luc a entassé mes robes dans l'armoire, donc (il + cet
imbécile) les a froissées.
(Al) donc (RI) Luc a entassé mes robes dans l'armoire, (il + cet imbécile)
les a donc froissées.
(A2) donc (RI) ?Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc, donc
(il + cet imbécile) les a froissées.
(A2) donc (RI) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc, (?il +
cet imbécile) les a donc froissées.
Les discours (A3) donc (Ri) sont inacceptables (comme les discours
(A3). (Ri)) quelle que soit la position de donc dans (Ri) :
(A3) donc (RI) f Mes robes ont été entassées dans l'armoire (donc Luc les a
froissées + Luc les a donc froissées).
(A3) donc (R2) f Mes robes ont été entassées dans l'armoire (donc elles ont
été froissées par Luc + elles ont donc été froissées par Luc).
Les discours (Al) donc (R2) et (A2) donc (R2) sont bien formés, mais
ils n'ont pas une sémantique de relation causale directe :
(Al) donc (R2) ^Luc a entassé mes robes dans l'armoire (donc elles ont +
elles ont donc) été froissées par (lui + cet imbécile).
(A2) donc (R2) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc (donc
elles ont + elles ont donc) été froissées par (lui + cet
imbécile).
(A1).(R2) l^Luc a entassé mes robes dans l'armoire. Elles ont été froissées
par (lui + cet imbécile).
109
(A2).(R2) 7^ Mes robes ont été entassées dans V armoire par Luc. Elles ont
été froissées par (celui-ci + lui + cet imbécile).
Luc a entassé mes robes dans Г armoire [Ponct] il les a donc froissées.
= Luc a entassé mes robes dans l'armoire [Ponct] il les a froissées.
Luc a entassé mes robes dans l'armoire. (Ce faisant + par conséquent), il
les a froissées.
?Luc a entassé mes robes dans Г armoire. En conséquence, il les a froissées.
(Al) et (RI) ^Luc a entassé mes robes dans l'armoire et il les a froissées.
(PI) et ensuite (P' 1) Luc a entassé mes robes dans l'armoire et ensuite il les
a froissées.
(PI) et (PI) Luc a entassé mes robes dans l'armoire et il les a froissées.
(Al) et ce faisant (RI) Luc a entassé mes robes dans l'armoire et ce faisant,
il les a froissées.
110
ne permettrait pas l'effacement de l'adverbe ce faisant :
(Al) et (RI) ÏÏLmc a entassé mes robes dans l'armoire et il les a froissées.
(A2) et (R2) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc et elles ont
été froissées par (celui-ci + cet imbécile).
(Al) et (R4) Luc a entassé mes robes dans Г armoire et elles sont froissées.
(Al) et (R5) Luc a entassé mes robes dans l'armoire et elles se sont froissées.
(A2) et (R4) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc et elles sont
froissées.
(A2) et (R5) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc et elles se
sont froissées.
(Al) et (R3) ?Luc a entassé mes robes dans l'armoire et elles ont été froissées.
(A2) et (R3) ?Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc et elles ont
été froissées.
(Al) et (R2) ^Luc a entassé mes robes dans l'armoire et elles ont été froissées
par celui-ci.
(A2) et (RI) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc et il les a
froissées.
Quant aux discours (A3) et (Ri), ils sont interdits comme les
discours (A3). (Ri) :
(A3) et (RI) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire et Luc les a froissées.
(A3) et (R2) ^Mes robes ont été entassées dans l'armoire et elles ont été
froissées par Luc.
3.2.1.3. Comparaison entre les discours < ACT > . < RES > et
<ACT> Conj <RES>
A part et et donc, il n'existe aucune conjonction de coordination ou
de subordination permettant de construire un discours < ACT >
Conj < RES > avec une sémantique de relation causale directe. En par-
111
ticulier, les conjonctions de subordination qui seraient envisageables pour
introduire < RES > excluent pour les textes où elles figurent
l'interprétation de relation causale directe :
^Luc a entassé mes robes dans l'armoire (de sorte que + afin que + pour
que) elles soient froissées.
Le tableau 1 récapitule les acceptabilités des discours < ACT > Conn
< RES > . Dans ce tableau, une ligne indique les choix pour < ACT >
et < RES > , i.e. < ACT > = (Al), (A2) ou (A3), < RES > = (RI), (R2),
(R3), (R4) ou (R5) 15, une colonne indique un choix de connecteur, i.e.
Conn = [Ponct], et ou donc. A l'intersection d'une ligne et d'une colonne :
— un signe « + » signifie que le discours est bien formé et qu'il a
une sémantique de relation causale;
— un signe « — » signifie que le discours est mal formé et/ou qu'il
n'a pas une sémantique de relation causale;
— un signe « ? » signifie que le discours est douteux d'un point de
vue stylistique et/ou sémantique.
En génération automatique de textes, le signe « ? » devrait être
interprété comme un « — ». En effet, on peut poser comme principe que
les textes produits par la machine doivent être non ambigus et d'un style
soutenu. Par exemple, on peut imposer que la machine n'engendre pas
le discours
(1) Mes robes ont été entassées dans V armoire par Luc et elles ont été
froissées.
qui est ambigu : il exprime une relation causale directe ou une succession
de deux événements dans le temps. Par contre, en analyse automatique
de textes, le signe « ? » devrait être interprété comme un « + ». En effet,
on ne peut pas attendre de l'usager qu'il s'exprime dans un style châtié,
par exemple, qu'il évite l'emploi de (1) pour exprimer une relation causale
directe. Bien entendu, il existe en analyse automatique une part
d'arbitraire entre les signes « ? » et « — » puisqu'on ne peut pas être sûr que
l'usager évitera, par exemple, l'emploi de
15. Les combinaisons avec < ACT > - (A3) et < RES > = (R3), (R4) ou (R5), qui ne mentionnent
pas l'agent H ayant effectué l'action, ne figurent pas dans ce tableau, puisqu'elles ont été écartées de
cette étude.
112
Tableau 1
(Aj) Conn
Conn (Rl) + + _
(Al)
Conn - - -
(Al) (R2)
(Al) Conn (R3) + + ?
(Al) Conn (R4) + + +
(Al) Conn (R5) + + +
Conn + + -
(A2) (Rl)
Conn - - -
(A2) (R2)
(A2) Conn (R3) + + ?
(A2) Conn (R4) + + +
(A2) Conn (R5) + + +
Conn - - -
(A3) (Rl)
Conn — — —
(A3) (R2)
(Rl) car (Al) Luc a froissé mes robes car (?il + cet imbécile) les a
entassées dans Varmoire.
(R2) car (Al) Mes robes ont été froissées par Luc car (?il + cet imbécile)
les a entassées dans l'armoire.
(R3) car (Al) Mes robes ont été froissées car Luc les a entassées dans
l'armoire.
(R4) car (Al) Mes robes sont froissées car Luc les a entassées dans
l'armoire.
(R5) car (Al) Mes robes se sont froissées car Luc les a entassées dans
l'armoire.
(Rl) car (A2) l^Luc a froissé mes robes car elles ont été entassées dans
l'armoire par (celui-ci + cet imbécile).
(R2) car (A2) Mes robes ont été froissées par Luc car elles ont été entassées
dans l'armoire par (?celui-ci + cet imbécile).
(R3) car (A2) Mes robes ont été froissées car elles ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
(R4) car (A2) Mes robes sont froissées car elles ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
(R5) car (A2) Mes robes se sont froissées car elles ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
113
(RI) car (A3) fîLiic a froissé mes robes car elles ont été entassées dans
l'armoire.
(R2) car (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc car elles ont été entassées
dans l'armoire.
On constate que les acceptabilités des discours (Ri) car (Aj) sont les mêmes
que celles des discours (Ri).(Aj). Les seules différences entre ces deux
types de discours sont que (RI) car (Al), (R2) car (Al) et (R2) car (A2)
demandent une redescription de l'agent dans la seconde phrase, tandis
qu'une forme pronominale est acceptable dans les discours (RI). (Al),
(R2).(A1) et (R2).(A2) :
(RI) car (Al) Luc a froissé mes robes car (?il + cet imbécile) les a entassées
dans l'armoire.
(RI). (Al) Luc a froissé mes robes. (Il + Cet imbécile) les a entassées dans
l'armoire.
(R2) car (Al) Mes robes ont été froissées par Luc car (?il + cet imbécile)
les a entassées dans l'armoire.
(R2).(A1) Mes robes ont été froissées par Luc. (Il + Cet imbécile) les a
entassées dans l'armoire.
(R2) car (A2) Mes robes ont été froissées par Luc car elles ont été entassées
dans l'armoire par (?celui-ci + cet imbécile).
(R2).(A2) Mes robes ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire par (celui-ci + cet imbécile).
Le fait que les acceptabilités des discours (Ri).(Aj) et (Ri) car (Aj) soient
les mêmes (à des phénomènes de pronominalisation près) va dans le sens
de l'analyse de Z. S. Harris : on peut considérer qu'un discours (Ri).(Aj)
est une forme réduite de (Ri) car (Aj) :
Mes robes sont froissées [Ponct] car elles ont été entassées dans l'armoire.
= Mes robes sont froissées [Ponct] elles ont été entassées dans l'armoire.
3.2.2.2. Discours < RES > (parce que + du fait que) < ACT >
Les acceptabilités des discours < RES > (parce que + du fait que)
< ACT > sont à rapprocher de celles des discours < RES > car < ACT >
dans les limites suivantes :
— lorsque le discours (Ri) car (Aj) est interdit, il en est de même pour
les discours (Ri) parce que (Aj) ou (Ri) du fait que (Aj). C'est le cas pour
(Aj) = (A3) quel que soit (Ri), par exemple (R2) :
(R2) car (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc car elles ont été
entassées dans l'armoire.
(R2) parce que (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc (parce que + du
fait que) elles ont été entassées dans l'armoire.
(RI) car (A2) t^Luc a froissé mes robes car elles ont été entassées
dans l'armoire par (celui-ci + cet imbécile) .
114
(RI) parce que (A2) l^Luc
elles aont
froissé
été entassées
mes robes
dans
(parce
V armoire
que par
+ du(celui-ci
fait que)
+
cet imbécile).
— lorsque les discours (Ri) car (Aj) sont parfaitement acceptables et sans
restriction de pronominalisation, i.e. discours (Ri) car (Al) et (Ri) car
(A2) avec i = 3, 4 ou 5, les discours (Ri) parce que (Aj) et (Ri) du fait
que (Aj) sont acceptables, bien que peut-être moins naturels :
(R4) car (Al) Mes robes sont froissées car Luc les a entassées dans
Varmoire.
(R4) parce que (Al) Mes robes sont froissées (parce que + du fait que) Luc
les a entassées dans l'armoire.
(R3) car (A2) Mes robes ont été froissées car elles ont été entassées
dans l'armoire par Luc.
(R3) parce que (A2) Mes robes ont été froissées (parce que + du fait que)
elles ont été entassées dans l'armoire par Luc.
— lorsque les discours (Ri) car (Aj) sont un peu maladroits, i.e. discours
(RI) car (Al), (R2) car (Al) et (R2) car (A2), il en est de même pour les
discours (Ri) parce que (Aj) et (Ri) du fait que (Aj), la maladresse des
discours (Ri) du fait que (Aj) étant accentuée :
(RI) car (Al) Luc a froissé mes robes car (?il + cet imbécile) les a
entassées dans l'armoire.
(RI) parce que (Al) Luc a froissé mes robes parce que (?il + cet imbécile)
les a entassées dans l'armoire.
(RI) du fait que (Al) Luc a froissé mes robes du fait que (?il + ?cet imbécile)
les a entassées dans l'armoire.
3.2.2.3. Discours < RES > (quand + lorsque) < ACT >
Rien que les conjonctions quand et lorsque soient habituellement
qualifiées de temporelles, elles peuvent être utilisées pour formuler une
relation causale directe. Nous n'avons observé aucune différence
d'acceptabilité entre les discours comportant la conjonction quand et ceux
comportant la conjonction lorsque. Les discours < RES > quand
< ACT > sont inacceptables lorsque < RES > est construit autour d'un
participe adjectival présent, i.e. < RES > = (R4) :
(R4) quand (Al) ^Mes robes sont froissées quand Luc les a entassées dans
l'armoire.
(R4) quand (A2) ^Mes robes sont froissées quand elles ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
Hormis le cas (Ri) = (R4), les discours (Ri) quand (Aj) ont les mêmes
acceptabilités que (Ri) car (Aj) à quelques phénomènes de
pronominalisation près, ce qui est illustré par les exemples suivants :
115
(RI) car (Al) Luc a froissé mes robes car (?il + cet imbécile) les a
entassées dans l'armoire.
(RI) quand (Al) Luc a froissé mes robes quand (il + ?cet imbécile) les
a entassées dans l'armoire.
(RI) car (A2) l\Luc a froissé mes robes car elles ont été entassées dans
l'armoire par (celui-ci + cet imbécile).
(RI) quand (A2) ^Luc a froissé mes robes quand elles ont été entassées
dans l'armoire par (celui-ci + cet imbécile).
(R5) car (A2)' Mes robes se sont froissées car elles ont été entassées
dans l'armoire par Luc.
(R5) quand (A2) Mes robes se sont froissées quand elles ont été entassées
dans l'armoire par Luc.
(R2) car (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc car elles ont été
entassées dans l'armoire.
(R2) quand (A3) ^Mes robes ont été froissées par Luc quand elles ont été
entassées dans l'armoire.
3.2.2.4. Discours < RES > depuis que < ACT >
A l'inverse des discours < RES > (quand + lorsque) < ACT > , les
discours < RES > depuis que < ACT > ne sont acceptables que lorsque
< RES > = (R4) :
Mes robes sont froissées depuis que Luc les a entassées dans l'armoire.
Mes robes sont froissées depuis qu'elles ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
^Mes robes (se sont + ont été) froissées depuis que Luc les a entassées dans
l'armoire.
^Mes robes (se sont + ont été) froissées depuis qu'elles ont été entassées
dans l'armoire par Luc.
3.2.2.5. Comparaison entre les discours < RES > . < ACT > et < RES >
Conj <ACT>
On pourrait envisager d'autres conjonctions de subordination
permettant de former des discours < RES > Conj < ACT > avec une
sémantique de relation causale directe, par exemple la conjonction après
que :
?Mes robes ont été froissées après que Luc les ait entassées dans l'armoire.
116
Tableau 2
+ + ? + 1
+ + ? + 1
(RI) Conn
(R2)
(R3)
(R4)
(R5) Соли (Al) + + + + 1
+ + + +
+ + + + 1
(RI) б?о«о (А2) 1
(R2) Conn (A2) + + + 1
(R3) Conn (A2) + + + + 1
.
(R4) Сопл (А2) + + + +
(R5) Conn (A2) + + + + 1
(Rl) Conn (A3)
(R2) Conn (A3) - - - - -
Nous avons déjà signalé que les discours (Ri).(Aj) et (Ri) car (Aj) avaient
les mêmes acceptabilités à des phénomènes de pronominalisation près,
et que ces acceptabilités étaient aussi celles des discours (Ri) parce que
(Aj) et (Ri) du fait que (Aj), bien que ces derniers paraissent moins
naturels. On observe de plus la corrélation suivante : un discours (Ri).(Aj)
est accceptable si et seulement si l'un au moins des discours (Ri) quand
(Aj) et (Ri) depuis que (Aj) est acceptable.
3.3. Relativation
117
Les acceptabilités données ci-dessous ne concernent que les configurations
réalisables.
Les pronoms relatifs de forme par (qui + lequel) débouchent sur des
textes stylistiquement désagréables :
(A2)rel (R2) l^Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc par (qui
+ lequel) elles ont été froissées.
(R2)rel (A2) l^Mes robes ont été froissées par Luc par (qui + lequel) elles
ont été entassées dans l'armoire.
118
(Al)rel (R2) ?lfLwc a entassé mes robes qui ont été froissées par celui-ci.
(A1).(R2) l^Luc a entassé mes robes. Elles ont été froissées par celui-ci.
Par contre, les discours (Al)rel (R3), (Al)rel (R4), (Al)rel (R5), (A2)rel
(RI) et (R2)rel (Al) sont tout autant acceptables que les
discours (A1).(R3), (A1).(R4), (A1).(R5), (A2).(R1) et (R2).(A1), ils peuvent
même paraître stylistiquement mieux formés :
(A2)rel (RI) Mes robes ont été entassées dans V armoire par Luc qui les a
froissées.
(A2).(R1) Mes robes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Il les a
froissées.
(R2)rel (Al) Mes robes ont été froissées par Luc qui les a entassées dans
l'armoire.
(R2).(A1) Mes robes ont été froissées par Luc. Il les a entassées dans
l'armoire.
(Al)srel (RI) ^Luc, qui a froissé mes robes, les a entassées dans l'armoire.
(Al)srel (R2) ^Luc, par qui mes robes ont été froissées, les a entassées.
(A2)srel (RI) ^Mes robes, que Luc a froissées, ont été entassées dans l'armoire
par celui-ci.
(A2)srel (R2) ^Mes robes, qui ont été froissées par Luc, ont été entassées
dans l'armoire par celui-ci.
(A2)srel (R3) ^Mes robes, qui ont été froissées, ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
(A2)srel (R4) ?Mes robes, qui sont froissées, ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
(A2)srel (R5) ^Mes robes, qui se sont froissées, ont été entassées dans
l'armoire par Luc.
(A3)srel (RI) ^Mes robes, que Luc a froissées, ont été entassées dans
l'armoire.
(A3)srel (R2) ^Mes robes, qui ont été froissées par Luc, ont été entassées
dans l'armoire.
Tous les discours (Aj)srel (Ri) sont donc inacceptables sauf (A2)srel (R4) :
(A2)srel (R4) ?Mes robes, qui sont froissées, ont été entassées dans l'armoire
par Luc.
119
(Rl)srel (Al) Luc, qui a entassé mes robes dans l'armoire, les a froissées.
(R2)srel (Al) l^Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire, ont été
froissées par celui-ci.
(R3)srel (Al) ?Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire, ont été
froissées.
(R4)srel (Al) Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire, sont froissées.
(R5)srel (Al) ?Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire, se sont
froissées.
(Rl)srel (A2) ?*\\Luc, par (qui + lequel) mes robes ont été entassées, les a
froissées.
(R2)srel (A2) l^Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc, ont
été froissées par celui-ci.
(R3)srel (A2) ?Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc,
ont été froissées.
(R4)srel (A2) Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc,
sont froissées.
(R5)srel (A2) ?Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc, se
sont froissées.
(R2)srel (A3). ^Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire, ont été
froissées par Luc.
(R4)srel (Al) Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire, sont froissées.
(R4)srel (A2) Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc, sont
froissées.
?Mes robes, que Luc a entassées dans l'armoire (ont été + se sont) froissées.
?Mes robes, qui ont été entassées dans l'armoire par Luc (ont été + se sont)
froissées.
Les acceptabilités des discours (Aj) Conn (Ri) et (Ri) Conn (Aj) que
nous venons de décrire reposaient sur des phrases spécifiques de forme
(Aj) ou (Ri), à savoir (RI) =: Luc a froissé mes robes, (Al) =: Luc a
entassé mes robes dans l'armoire, les autres phrases (Aj) et (Ri) se
déduisant par transformations syntaxiques. Nous allons examiner la validité
de ces jugements d'acceptabilité pour d'autres phrases de forme (Aj) ou
(Ri). Dans un premier temps, nous laisserons de côté la relativation. Nous
nous concentrerons donc sur les résultats récapitulés dans les tableaux
1 et 2 qui concernent la juxtaposition, la coordination et la subordination.
Nous allons voir que les signes « + » qui figurent dans ces tableaux
(correspondant à des discours inacceptables) restent valables quels que
120
soient (Aj) et (Ri), mais que les signes « + » ou « ? » (correspondant à
des discours acceptables ou douteux) ne sont pas valables quels que soient
(Aj) et (Ri).
Les différents paramètres qui peuvent influer sur l'acceptabilité des
discours (Aj) Conn (Ri) ou (Ri) Conn Aj sont :
— les propriétés syntaxiques de (Al);
-les propriétés syntaxiques de (RI);
— la nature de l'agent H et de l'entité X;
— les propriétés aspectuelles et sémantiques de (RI).
Nous allons passer en revue ces paramètres un à un : l'influence
d'un de ces paramètres sera étudiée « toute chose étant égale par ailleurs »,
c'est-à-dire sans tenir compte de l'influence des autres paramètres.
La phrase Luc a entassé les robes dans l'armoire a pour objet direct
l'entité X et elle permet le passif, ce qui n'est pas toujours le cas pour
les phrases de forme (Al) :
Pour les phrases de forme (Al) qui ne permettent pas le passif (e.g. Luc
s'est assis sur mes robes), les discours construits avec < ACT > au passif
avec agent (A2) ou au passif sans agent (A3) sont toujours inacceptables.
Examinons dans quelle mesure le fait que l'entité X ne soit pas en position
d'objet direct dans (Al) peut altérer l'acceptabilité des discours (Al) Conn
(Ri) et (Ri) Conn (Al). Les discours (Al) Conn (R2), avec Conn = [Ponct],
donc ou et, restent inacceptables quelle que soit la position de X dans W
et quelle que soit la phrase de forme (R2) :
(Al) Conn (R2) ^Luc a posé les planches contre la glace ([Ponct] + donc +
et) elle a été rayée par (lui + celui-ci + cet imbécile).
(Al) Conn (R2) ^Luc a envoyé un ballon dans les carreaux ([Ponct] + donc
+ et) ils ont été cassés par (lui + celui-ci + cet imbécile).
(Al) Conn (R2) ^Luc s'est assis sur mes robes ([Ponct] + donc + et) elles
ont été froissées par (lui + celui-ci + cet imbécile).
L'acceptabilité des discours (Al) Conn (Ri)avec (Ri) ^ (R2) n'est pas
altérée par la position de X dans W (toute chose étant égale par ailleurs) :
(Al) Conn (RI) ^Luc a posé les planches contre la glace ([Ponct] + donc +
et) il Га rayée.
(Al) Conn (R3) Luc s'est assis sur mes robes ([Ponct] + donc + ?et) elles
ont été froissées.
121
(Al) Conn (R4) Luc a envoyé un ballon dans les carreaux ([Ponct] + donc +
et) ils sont cassés.
(Al) Conn (R5) Luc a accroché un paquet à la branche ([Ponct] + donc +
et) elle s'est cassée.
Par contre, le fait que l'entité X ne soit pas en position d'objet direct
dans W peut altérer l'acceptabilité des discours (Ri) Conn (Al) avec Conn
= [Ponct], car, parce que, quand, depuis que. En effet, l'entité X étant
obligatoirement mentionné dans (Ri), il peut être difficile de trouver une
forme pronominale ou un groupe nominal défini référant à X, qui n'est
pas en position d'objet direct dans W :
(RI) Conn (Al) l^Luc a rayé la glace ([Ponct] + car + quand) il a posé les
planches contre (E + elle + celle-ci + la glace).
(R4) Conn (Al) l^Les carreaux sont cassés ([Ponct] + car + depuis que)
Luc a envoyé un ballon (dans (eux + ceux-ci + les
carreaux) + dedans).
Les phrases de forme (Al) qui n'ont pas l'entité X comme objet
direct peuvent permettre la transformation passive, les formes (A2) et
(A3) n'ont alors pas X comme sujet. Les discours construits avec < ACT >
= (A3) sont toujours inacceptables :
(A3) Conn (RI) ^Les planches ont été posées contre la glace ([Ponct] + donc
+ et) Luc Га rayée.
(A3) Conn (R2) %Un ballon a été envoyé dans les carreaux ([Ponct] + donc
+ et) ils ont été cassés par Luc.
(RI) Conn (A3) ^Luc a cassé la branche ([Ponct] + car + quand) un paquet
y a été accroché.
(R2) Conn (A3) f Les carreaux ont été cassés par Luc ([Ponct] + car + quand)
un ballon a été envoyé dedans.
Les discours (A2) Conn (R2) et (RI) Conn (A2) sont toujours
inacceptables :
(A2) Conn (R2) ^Les planches ont été posées contre la glace par Luc ([Ponct]
+ donc + et) elle a été rayée par (lui + celui-ci + cet
imbécile) .
(RI) Conn (A2) ^Luc a cassé les carreaux ([Ponct] + car + quand) un ballon
a été envoyé dedans par (lui + celui-ci + cet imbécile).
Les autres discours construits avec < ACT > = (A2) sont plus ou moins
naturels :
(A2).(R4) ?Un ballon a été envoyé dans les carreaux par Luc. Ils se sont
cassés.
122
et la forme pronominale neutre. Mais ceci n'est pas le cas de toutes les
phrases de forme (RI). Certaines de ces phrases ne permettent pas le
participe passé adjectival :
Luc a tué Marie => *Marie est tuée.
Luc a séché mes robes => *Mes robes sont séchées.
Luc a empuanti la cuisine => *La cuisine est empuantie.
Les discours construits avec < RES > = (R4) sont alors interdits. De
même, certaines phrases de forme (RI) ne permettent pas la forme
pronominale neutre :
Luc a taché mes robes => *Mes robes se sont tachées.
Luc a tué Marie => *Marie s'est tuée 18.
Les discours construits avec < RES > = (R5) sont alors interdits.
Les contraintes que nous venons de signaler concernent la forme (RI)
prise isolément. Il existe aussi des contraintes lexicales sur le choix du
verbe Vr de (RI) lorsque cette forme est prise en contexte. Considérons
la phrase de forme (RI) : Luc a assassiné Marie qui permet les formes
passives (R2) et (R3). La juxtaposition de ces phrases (RI), (R2) ou (R3)
avec < ACT > donne les mêmes acceptabilités que celles du tableau 2 :
Par contre, la juxtaposition de < ACT > avec ces phrases (RI), (R2) ou
(R3) donne toujours des discours inacceptables :
Dans les phrases Luc a entassé mes robes dans l'armoire et Luc a
froissé mes robes qui nous ont servi d'exemples, l'agent H =: Luc et
18. Cette phrase est acceptable avec l'interprétation réfléchie de la forme pronominale.
123
l'entité X =: mes robes sont des groupes nominaux définis. Les
acceptabilités des discours (Aj) Conn (Ri) et (Ri) Conn (Aj) peuvent changer
si H et X sont représentés par des groupes nominaux indéfinis :
(R3) quand (A2) Une femme a été tuée quand une bombe a été envoyée
dans un magasin par un terroriste.
(R3) quand (A2) l^Marie a été tuée quand une bombe a été envoyée dans
un magasin par Luc.
(R3).(A2) Mes chemises ont été froissées. Elles ont été entassées dans Гаг-
moire par Luc.
(R3).(A2) ?Mes chemises ont été froissées. Elles ont été entassées dans Par-
moire par (moi+toi).
19. Le discours
(1) Luc a tué Marie. Il a tiré sur elle.
apparaît comme un contre-exemple à l'analyse de la juxtaposition de Z. S. Harris dans la mesure où il
124
Néanmoins, il n'existe, à notre connaissance, aucun cas de la situation
inverse, c'est-à-dire qu'un discours (Aj) Conn (Ri) ou (Ri) Conn (Aj) soit
inacceptable quand il est construit à partir des phrases Luc a entassé
mes robes dans l'armoire et Luc a froissé mes robes, et qu'il soit acceptable
quand il est construit avec d'autres phrases (Aj) et (Ri).
La même conclusion ne peut pas être tirée pour les discours utilisant
la relativation comme mode de linéarisation puisque la relativation dépend
de la forme des phrases (Aj) : ainsi un discours de structure (A2)rel(R4)
n'est réalisable que si l'entité X est en position de complément dans (A2)
(et donc pas en position d'objet direct dans (Al)) :
(A2)rel(R4) Les planches ont été posées par Luc contre la glace qui est rayée.
(A2)rel(R4) Un ballon a été envoyé par Luc dans les carreaux qui sont cassés.
5. Conclusion
n'existe aucune conjonction de subordination ou de coordination qui puisse remplacer le point séparant
les deux phrases juxtaposées :
%Luc a tué Marie (car + parce que + du fait que + Pquand) il a tiré sur elle.
Toutefois, la construction à gérondif est une bonne paraphrase de (1)
Luc a tué Marie en tirant sur elle.
125
Tableau 3
20. La cause peut être au passif sans agent (i.e. < ACT > = (A3)) lorsque le résultat ne mentionne
126
La Règle 4 contient des précisions sur les constructions syntaxiques des
phrases en jeu contrairement à la Règle 3. De telles précisions sont un
point de passage obligé. En effet, la version « positive » de la Règle 3
Règle 3' : La conjonction parce que est utilisée pour introduire une
subordonnée décrivant la cause du procès décrit dans la principale,
qui ne contient pas de précisions sur les formes des phrases en jeu est
fausse : elle ne prend pas en compte des inacceptabilités telles que :
(RI) parce que (A3) ^Luc a froissé mes robes parce qu'elles ont été entassées
dans le tiroir.
Le fait que nous ayons apporté des précisions formelles sur les phrases
composant les discours étudiés nous a permis de mettre en évidence
certaines interdictions. Néanmoins, ces précisions formelles ne sont pas
suffisantes dans la mesure où elles ne permettent pas de traiter les cas
non interdits : ceux-ci sont acceptables ou non selon des paramètres qui
doivent être formalisés.
Les cas non interdits constituent les structures de discours qui
permettent d'exprimer une relation causale directe. La liste de ces structures
de discours doit être répertoriée dans une « grammaire de discours » car
les cas interdits ne sont pas prédictibles à partir d'autres données
linguistiques.
BIBLIOGRAPHIE
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