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Jean-Pierre Terrail
compétences » [2]. C’est le bagage minimum avec lequel ils sortiront de l’école, le
« socle commun », qui doit être pensé en termes de compétences.
La politique scolaire actuellement à l’œuvre, et le relatif consensus qui l’entoure,
associent donc étroitement les deux questions de la formation scolaire des compétences
et de la définition d’un bagage minimum au sortir de l’école. C’est à cette association
qu’on s’intéressera ici ; sans oublier cependant, s’agissant de réfléchir aux perspectives
d’une école démocratique, que l’indépendance logique de ces deux thèmes permet de
les dissocier, et notamment de poser la question de la formation des « compétences »
s’agissant de la transmission d’une culture commune qui n’aurait plus rien à voir avec
l’actuelle visée d’un « socle commun ».
Nous traiterons successivement, dans cette étude, de la genèse historique de la
politique du socle commun ; de ses impasses théoriques et pratiques ; et enfin des
perspectives alternatives. [3]
Du côté du patronat
Les dernières décennies sont aussi une période de mondialisation des politiques
scolaires, qui s’opère sous l’égide de la même mutation d’une problématique en termes
d’éducation à une problématique en termes de formation. Au plan international aussi la
socialisation scolaire devient une dimension des politiques économiques. C’est
d’ailleurs parce que « l’école, c’est une question d’économie », avant que de réaliser le
droit de chacun à la culture et au savoir, que l’UNESCO s’est vue dessaisir de ses
prérogatives à cet égard au profit de l’OCDE, laquelle va se doter dès les années 1980
d’une Direction de l’éducation. Cette dernière n’aura de cesse dès lors que de prôner des
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programmes du lycée avaient été conçus pour les seconds, et peuvent continuer à
convenir pour la minorité des nouveaux publics qui se révèlera en capacité d’études
prolongées. Mais ne faut-il pas les adapter pour ceux qui ne continuent pas dans
l’enseignement général, et constituent désormais la majorité des collégiens, en leur
proposant un curriculum qui les prépare à la vie qui les attend, plutôt qu’à une poursuite
d’études qu’ils n’entreprendront pas ?
C’est en 1974, l’accès au collège s’étant généralisé, que Giscard d’Estaing
s’interroge en ce sens sur « le savoir minimal » qui devrait correspondre à l’obligation
scolaire portée à 16 ans. Après René Haby en 1975, il y revient en 1976 en demandant
la définition d’un « savoir commun » propre au collège « pour tous ». En 1980 le
« rapport Binon » constate que le « soutien » prévu pour les élèves en difficulté n’a pas
suffi pour assurer à tous les collégiens l’acquisition d’une « culture commune
minimale » [11].
La question va rebondir à gauche, très peu de temps après le recentrement du PS
en 1983. Dans le contexte des deux décennies suivantes, marqué par l’essor du
néolibéralisme, l’effondrement des régimes est-européens, l’affaissement de tout espoir
de changement social à court terme, les politiques en responsabilité vont peser dans le
même sens, qu’ils soient socialistes, centristes, de droite : celui de la définition effective
d’objectifs de fin d’études pour les élèves les plus faibles. C’est Mitterrand qui
commandite en 1984 un rapport au Collège de France sur « l’enseignement de
l’avenir », Jospin qui relance la réflexion sur les contenus pour la préparation de la loi
de 1989, Bayrou qui demande à l’Inspection Générale ce qui sera le « Livre blanc des
collèges », dans lequel apparaît pour la première fois en 1994 la notion de « socle
commun » ; et c’est l’UMP qui, sous la pression des organismes internationaux, et
estimant que le rapport des forces le lui permet, conclura l’affaire en inscrivant le
principe du socle commun dans la loi Fillon de 2005 et en précisant son contenu l’année
suivante. On ne voit pas qu’il y ait jamais eu en ce domaine de conflit de fond entre la
droite et la gauche socialiste, et la loi Peillon de 2013, qui valide de fait le principe du
socle commun, se garde bien de rompre ce consensus.
Le milieu des années 1980 marque sans doute un tournant dans cette histoire. De
Giscard d’Estaing à Fillon, le souci de définir les acquisitions de base au terme de
« l’école fondamentale » est une constante à droite. De Gaulle, déjà, voulait établir entre
collège et lycée une barrière que les nouveaux arrivants dans le secondaire pourraient
difficilement franchir : il était dès lors tout à fait logique de s’inquiéter du bagage avec
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lequel ils sortiraient du collège. Pour ceux par contre qui, à gauche, accordaient quelque
crédit à « l’école de l’égalité des chances », a fortiori s’ils estimaient que l’école unique
portait une bonne part des ambitions du Plan Langevin-Wallon, la définition d’un
minimum culturel ne pouvait pas ne pas paraître amputer les potentialités démocratiques
d’une école unifiée. Ce n’est pas un hasard si c’est en 1984/85, avec l’affaire du rapport
du Collège de France, que la gauche socialiste commence à reprendre à son compte la
thématique du SMIC culturel. Elle a renoncé, avec « le tournant de la rigueur » de 1983,
à transformer la société : pourquoi s’acharnerait-elle dès lors à démocratiser le système
éducatif ?
années 1970/80, et qui continuent d’être transmises dans les IUFM. La persistance
d’une proportion significative d’élèves en échec ne devrait-elle pas conduire à
réexaminer leurs idées et interroger leur expertise ? La seule manière d’éviter d’avoir à
poser la question est de considérer que les élèves en difficulté le sont en quelque sorte
inévitablement, et de centrer désormais l’attention sur la meilleure façon de les préparer
à la vie qui les attend [14].
Chercheurs et pédagogues
démontrer la hausse réelle de ce dernier, tout en soulignant que les écarts s’accroissent
en même temps. Aussi les auteurs se préoccupent-ils logiquement de ceux qui restent à
la traîne, et se prononcent en conclusion en faveur d’un « SMIC culturel » : « Quel est
le bagage minimum que doit posséder à la sortie de l’école le plus mauvais élève du
plus mauvais des collèges ? Telle est la question » (p. 195). La définition d’un « savoir
minimum garanti » serait « comme une reconnaissance des droits des plus faibles dans
un univers régi par la loi du plus fort » (p. 196).
« Telle est la question »… Des années 1920 aux années 1960, « La » question
centrale concernait l’unification du système scolaire, et elle était posée de gauche dans
une perspective de justice sociale, puis de droite avec un souci d’efficacité de
l’investissement éducatif. À partir de la seconde moitié des années 1980, dans le cadre
cette fois-ci de l’école unique, c’est donc la question du minimum culturel commun qui
va monter en puissance, et devenir à son tour « La » question, « Le » problème à
résoudre du système éducatif. Soulignée d’abord par la droite, l’exigence d’une solution
est reprise et validée à gauche de façon retentissante par des chercheurs, Bourdieu,
Baudelot, Establet, dont la qualité intellectuelle et l’éthique progressiste sont bien
établies.
D’aucuns de leurs collègues viendront contribuer, dans la période suivante,
à faire valoir le caractère central et décisif de cette exigence. Et leurs propos à cet égard
seront d’autant mieux entendus que les difficultés des collèges et les comportements de
rejet de l’école se multiplient dans les quartiers populaires, et viennent rappeler le
caractère insupportable de l’échec scolaire. C’est le cas de François Dubet, qui souligne
dans un rapport de 1999 que « le collège doit mieux définir les savoirs et les
compétences qu’il peut attendre de tous » [19] ; et qui n’a de cesse, depuis lors, de
dénoncer une conception du collège qui le définit unilatéralement comme « antichambre
du lycée » [20]. C’est aussi le cas de l’historien Claude Lelièvre, qui reprendra cette
thématique dans les années 2000 [21].
C’est dans les années 1990 que les pédagogues s’invitent dans le débat en
interrogeant plus particulièrement pour leur part, spécialisation professionnelle oblige,
ce que pourraient être les contenus du minimum culturel commun. Ils développeront la
thèse que ce dont ont besoin les élèves qui n’arrivent pas à suivre le cursus général,
autant que de connaissances de base, c’est de former des « compétences » qui risquent,
si l’école fondamentale ne les prend pas en charge, de ne pas se former à l’âge adulte.
Ce sont eux également qui souligneront que la conversion de l’école à la formation des
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savoirs accumulés par l’humanité ont toujours été construits pour répondre à des
problèmes », argumente ainsi Bernard Rey, rien n’interdit d’affirmer que « le savoir doit
être acquis sous la forme de compétences » : « Le savoir vaut par ce qu’il permet de
faire et c’est sous cette forme qu’il peut provoquer, chez les élèves, le désir de
l’acquérir, et chez l’enseignant, le plaisir de le faire partager » [27].
Cet argument paraît cependant contourner l’obstacle plutôt que le surmonter
réellement. Pour au moins deux raisons. On observera d’abord que les « problèmes »
qui ont été historiquement à la source de nouveaux savoirs sont très souvent des
problèmes d’ordre proprement spéculatif (on veut connaître pour savoir et comprendre),
et très partiellement des enjeux immédiats de la vie pratique. Et cela est vrai déjà dans
les sociétés de tradition orale, comme le soulignait Lévi-Strauss : « Cet appétit de
connaissances objectives constitue un des aspects les plus négligés de la pensée de ceux
que nous nommons ‘primitifs’ ». Pour eux « l’univers est objet de pensée, au moins
autant que moyen de satisfaire des besoins » [28]. Et, bien sûr, ce qui est vrai ici l’est a
fortiori des cultures écrites où, dans l’élaboration des savoirs à visée savante, « le réel
immédiat est un simple prétexte de pensée scientifique et non plus un objet de
connaissance » [29]. La solution des problèmes pratiques intervient le plus souvent en
aval de la production des connaissances, sous la forme de retombées utiles, plutôt qu’en
amont. La conséquence pédagogique de cet état de fait va de soi : l’appropriation des
savoirs suivant leur logique propre (laquelle donne à comprendre les problèmes
théoriques auxquels ils répondent) est un préalable à la formation des compétences et à
une confrontation efficace avec les problèmes pratiques afférents.
Une seconde raison vient encore réduire la portée de la rhétorique de B. Rey.
Même quand il est possible de référer la production d’une connaissance au besoin
pratique, il n’est pas du tout évident pour autant de pouvoir enseigner cette connaissance
en la référant à ce besoin. En effet l’ordre d’investigation, qui a conduit à telle
découverte, est une chose, dont il convient toujours de différencier l’ordre d’exposition,
qui rend cette découverte intelligible au lecteur en fournissant ses attendus et ses indices
de pertinence. S’il est toujours utile, au plan pédagogique, d’éclairer les élèves sur les
circonstances historiques d’une découverte, on comprend qu’ils ne pourront s’en
approprier la spécificité et en mesurer la portée que si l’enseignement respecte, lui aussi,
l’ordre d’exposition. S’il leur rend intelligible, autrement dit, la façon dont l’auteur de la
découverte a abordé la question à partir de son bagage de connaissance et du point de
vue sous lequel il l’a interrogée. La solution du problème pratique a supposé que celui-
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ci soit d’abord transformé en objet de connaissance dans un processus mental qui peut
rester implicite pour le chercheur lui-même, mais dont l’appréhension est
incontournable pour qui veut s’approprier à son tour cette solution [30].
Qu’une connaissance s’origine d’un problème spéculatif ou du besoin pratique,
on voit qu’elle ne peut jamais être proposée à l’appropriation des élèves en dehors d’un
apprentissage progressif et systématique du domaine de savoir concerné. Affirmer que
« le savoir doit être acquis sous la forme de compétences » laisse perplexe à cet égard,
et ne semble pas de nature à résoudre le problème posé par l’articulation
savoirs/compétences. Et les propositions connexes de B. Rey apparaissent tout aussi
discutables. « Le savoir vaut par ce qu’il permet de faire » ? Cet utilitarisme est
contredit par toute l’histoire de l’humanité, qui a toujours attribué au savoir une valeur
propre, irréductible à l’intérêt de ses retombées pratiques. « C’est sous cette forme qu’il
peut provoquer, chez les élèves, le désir de l’acquérir » ? Voilà qui sonne comme un
constat d’échec pédagogique : la quête d’une motivation extrinsèque à l’acte
d’apprentissage ne prend sens que là où le désir de connaître et le plaisir d’apprendre
ont disparu.
Que l’accent soit mis sur la transmission d’un bagage minimum ou sur la
formation des compétences, les tenants du socle commun qui se réclament de la gauche
ont souvent le souci d’une justification éthique. La politique du socle commun est ainsi
régulièrement identifiée à un objectif de justice sociale, Claude Lelièvre allant ainsi en
ce sens jusqu’à reconnaître des vertus progressistes au président Giscard d’Estaing [31].
S’agissant plus spécifiquement de la formation des compétences (FDC), c’est sans doute
chez Philippe Perrenoud que l’effort de légitimation est le plus explicitement
développé [32].
Chez cet auteur, une « compétence » permet de mobiliser des « connaissances-
ressources » pour affronter différentes situations. Elle permet à la fois de dominer très
rapidement les situations courantes, et de s’adapter relativement vite à des situations
inédites. Plus complexe et ouvert qu’un savoir faire, c’est plutôt un « savoir y faire »,
qui permet de faire face à une famille de situations.
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Ce ralliement vaut, côté socle, acceptation d’une école à deux vitesses ; et, côté
compétences, abandon de l’idéal d’une école émancipatrice, qui ambitionne de donner
les moyens de penser le monde, au profit d’une formation supposée utile aux élèves les
plus faibles. Perrenoud illustre ainsi cet utilitarisme à courte vue, s’agissant de
l’enseignement du français. Il s’en prend à ceux qui « continuent à privilégier un savoir
sur la langue qui relève de la culture plus que la maîtrise pratique, quand bien même les
travaux de recherche permettent de douter que la maîtrise théorique de la syntaxe soit
aussi indispensable qu’on l’imaginait pour produire des énoncés intelligibles et
communiquer avec autrui », et regrette que l’on ait encore affaire à « un enseignement
de la langue comme objet de connaissance abstraite » et pas seulement à « une
éducation à la communication langagière et à ses codes » [38]. Savoir communiquer est-
il donc le nec plus ultra auquel l’école pourrait viser s’agissant des enfants du peuple
(supposés par le fait incapables, hors du bénéfice de l’action scolaire, de produire des
« énoncés intelligibles ») ?
On vient de le souligner, ce ralliement est en déphasage total avec les attentes
des familles autant qu’avec les exigences d’un avenir démocratique. À court terme, il
est même douteux qu’il apporte quelque amélioration que ce soit à la situation de
l’école.
On observera d’abord, à cet égard, que le socle vient s’ajouter, une de plus, aux
« solutions » offertes de longue date aux élèves en difficulté. Avec, toujours, les
meilleures intentions : solutions de remédiation censées remettre à flot (redoublement,
soutiens divers, classes de niveau, etc.), ou voies courtes pour sauver les meubles et
insérer sur le marché du travail, le socle venant prendre place parmi ces dernières. Il est
avéré qu’en réalité les solutions de remédiation pénalisent bien plutôt qu’elles ne
sauvent, et annoncent l’emprunt des voies courtes, qui offrent une « deuxième chance »
tout en sanctionnant définitivement l’échec. Mais les unes et les autres ne se contentent
pas de prendre acte des difficultés des élèves faibles et de baliser leur parcours. Elles
jouent un rôle actif dans le processus qui transmue les inégalités sociales en inégalités
scolaires.
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Les difficultés intellectuelles rencontrées par les élèves dans leurs apprentissages
confrontent les maîtres et l’institution scolaire à une alternative. Ou bien les élèves sont
estimés capables de les surmonter, et l’on n’a de cesse de trouver les moyens de les y
aider. Ou bien l’on admet, au moins implicitement, qu’ils n’ont pas tous les ressources
mentales suffisantes, et il reste à valider les mauvais résultats de ceux qui échouent.
L’école actuelle choisit d’évidence la deuxième solution, quoi qu’elle en dise par
ailleurs, en mettant à disposition des enseignants toute une batterie de moyens de
validation de l’échec (de la mauvaise note à l’orientation vers les voies courtes, en
passant par la délégation dans les instances de remédiation, la relégation dans les classes
faibles, l’orientation vers des sections débarrassées des matières où l’échec est le plus
criant, etc.). Le choix de la première solution, qui irait de soi dans toute école visant
réellement à la réussite de tous les élèves, supposerait à l’inverse la suppression de toute
possibilité de traiter la difficulté intellectuelle autrement qu’en s’attelant à la surmonter.
Le socle, qui s’annonce de lui-même comme destiné aux élèves faibles, n’est en ce sens
qu’une porte de sortie de plus pour l’institution, une invitation de plus à renoncer,
puisqu’une autre issue existe, à tout faire pour la réussite de ces élèves faibles.
Certes les promoteurs du socle maintiennent dans son intitulé la référence à
l’acquisition des connaissances. Ils le présentent comme un autre moyen d’acquérir les
savoirs, en rendant leur finalité (la formation de compétences) plus visible et en luttant
de ce fait (la formation des compétences unifiant plusieurs domaines de savoirs) contre
leur fragmentation. On peut toutefois rappeler à cet égard que les programmes de l’école
primaire ont été réorganisés depuis bientôt vingt ans (à partir de 1995) autour de
compétences listées domaine par domaine sans effet manifeste, bien au contraire, sur la
réussite moyenne des apprentissages. [39] Et l’on ne sache pas que la mise en œuvre de
la loi Fillon, qui étend l’APC au collège, se soit traduite par quelque amélioration des
acquis cognitifs des collégiens. Ces constats ne sont à vrai dire guère surprenants.
Si le principe du socle invite en effet, en paraissant offrir une issue aux élèves
concernés, à considérer leurs difficultés comme inéluctables plutôt qu’à entreprendre de
les combattre, l’approche par compétences ne risque pas d’améliorer par elle-même la
qualité de leurs apprentissages.
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lui-même. Comment dès lors continuer à enseigner des savoirs dépourvus d’utilité
pratique (ou dont l’utilité pratique n’est pas listée dans le référentiel de compétences à
acquérir) ? Et comment concevoir, dans ces conditions, une transmission progressive et
ordonnée de savoirs relevant, seule façon d’en permettre l’intelligibilité, d’une logique
proprement cognitive ? Certains promoteurs de l’APC abandonnent d’ailleurs cet
objectif de bon cœur, admettant ainsi que la centration de l’activité de l’élève sur la
tâche risque de se payer, en fait de lutte contre leur fragmentation, d’une atomisation
des savoirs auquel il est nécessaire d’emprunter pour mener la tâche à bien, et
soulignent par exemple que les enseignants doivent « mettre en sourdine leur désir
d’ordre et d’organisation des savoirs, faire leur deuil des exposés modèles, des cours
sans surprise » [43].
Certes tous les tenants de l’APC ne sont pas prêts à un tel abandon, tel Philippe
Perrenoud qui s’attache à souligner que « les compétences mobilisent des connaissances
dont une grande partie sont et resteront d’ordre disciplinaire », et qu’il est vain dès lors
d’opposer compétences et savoirs, compétences et disciplines [44]. La conséquence est
claire : la formation des compétences ne saurait se substituer à l’apprentissage réussi des
savoirs. « L’urgence, à l’école primaire, est de faire entrer dans les savoirs mais aussi de
donner les habiletés intellectuelles sans lesquelles il n’y a pas d’apprentissage possible.
Aussi longtemps que, à la fin du primaire, un élève sur cinq ne saura pas lire
couramment, la préparation à la vie restera prématurée (…) on est très loin de pouvoir
développer des compétences » [45].
La formation des compétences ne saurait donc avoir de sens si… l’on ne résout
pas d’abord le problème de l’échec scolaire (dans lequel le défaut de maîtrise de la
langue écrite joue un rôle crucial : 80% des redoublements du CP sont dus à des
problèmes de lecture). En 2011 Perrenoud admet ainsi que l’APC ne saurait constituer
« la réponse décisive à l’échec scolaire » pour laquelle elle était donnée dans son
ouvrage de 1997.
Mais allons plus loin. Si l’on réglait la question des 20% d’élèves en difficulté
par rapport à l’écrit qu’évoque Perrenoud, en leur apprenant à lire « couramment »
grâce à une élévation sensible de l’efficacité générale des apprentissages du CP, du
même coup on assurerait une entrée normale dans la culture écrite à tous les élèves, la
grande majorité d’entre eux (au-delà de ces 20%) bénéficiant eux aussi d’une
amélioration nette de leur maîtrise de la langue écrite. Que peut-on imaginer qu’il se
passerait alors ?
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Tout naturellement les nouveaux entrants feraient, pour la quasi totalité d’entre
eux, ce que leurs aînés étant eux-mêmes entrés correctement dans la culture écrite ont
fait : poursuivre leurs études le plus loin possible. Et cela est tout aussi vrai pour les
enfants des classes populaires que pour les autres : rappelons qu’aujourd’hui, parmi les
élèves dont les évaluations à l’entrée en 6ème font partie du quartile supérieur, il y a peu
d’écarts entre les parcours ultérieurs des enfants de cadres et des enfants d’ouvriers.
On aboutit donc à ce résultat qui donne matière à réflexion : la « préparation à la
vie » ne saurait se substituer à la réussite des apprentissages élémentaires ; mais si celle-
ci se généralisait, la « préparation à la vie » supposée précieuse pour les enfants des
classes populaires perdrait tout intérêt…
Nous n’avons pas évoqué jusqu’ici l’expérience des enseignants : comment ont-
ils vécu le consensus majoritaire des décideurs autour du principe du socle commun ?
Comment la politique du socle et des compétences a-t-elle transformé leur métier ?
Comment, dans le quotidien de leurs pratiques, ont-ils réagi à ces transformations,
quelles formes de résistance ont-ils éventuellement mises en œuvre ? Il faudrait à vrai
dire, pour traiter sérieusement ces questions, disposer d’enquêtes de terrain qui font
défaut. Et leur absence est particulièrement handicapante s’agissant d’appréhender la
façon dont les intéressés se sont confrontés aux exigences de leur employeur, sachant
que cette confrontation, qui s’opère de façon à chaque fois individuelle, dans la conduite
autonome des classes, n’a guère d’expression dans l’espace public. On peut cependant
proposer quelques éléments de réflexion, susceptibles notamment d’éclairer un désarroi
assez aisément perceptible.
La contradiction fondamentale de l’« école unique » oppose son égalitarisme
formel – celui de la dite égalité des chances – à la réalité des inégalités sociales.
L’expérience des enseignants est structurée par cette contradiction fondamentale, qui
s’exprime dans leur vécu quotidien sous la forme de l’opposition intime entre la
conviction de l’éducabilité universelle (enseigner à tous les élèves ne prend sens que si
l’on admet qu’ils sont tous enseignables) et la conviction contraire de l’inéluctabilité de
l’échec d’une partie d’entre eux (qui se vérifie de façon répétée). Cette opposition est
plus ou moins bien tolérée, et le plus souvent source de frustration : les enseignants ne
peuvent atteindre l’objectif d’un travail bien fait, qui supposerait que tous leurs élèves
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Sauver le socle ?
Le ministre Peillon est manifestement conscient des problèmes posés tant par
l’importance de l’échec des apprentissages élémentaires que par la mise en œuvre du
socle, qui ne semble guère apporter de solution significative aux maux du collège.
Décidé à réexaminer les modalités du socle, il annonce, dans le projet de loi
d’orientation rendu public début 2013, une modification de l’intitulé, qui deviendrait
« socle commun de connaissances, de compétences et de culture » ; un assouplissement
de la définition du contenu, qui serait précisée par voie réglementaire ; et des mesures
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élèves moyens s’attachent à faire leur métier d’élève et à fournir les bonnes réponses à
ces items, mais ils ne disposent que d’une maîtrise très inégale des savoirs de base. La
conjonction de ressources intellectuelles lacunaires, de l’intuition et d’une longue
expérience des évaluations ne leur permet dès lors de répondre correctement que par
intermittence.
De tels constats invitent à se défier de toute rhétorique séparant savoirs et savoir
agir. Comme le note J-P Astolfi, « tout savoir authentique suppose un savoir-faire, dans
la mesure où toute théorie se travaille moyennant une certaine pratique théorique » : tout
savoir, si l’on préfère, implique un savoir penser, et confère ainsi les moyens de se
confronter aux situations exigeant la détention de ce savoir. Et, réciproquement, « la
plupart des savoir-faire contiennent des savoirs implicites, qu’on nomme souvent
savoirs d’action ou savoirs-en-acte » [52]. Perrenoud lui-même souligne que la plupart
des compétences doivent mobiliser des connaissances ; et il note que plus les savoirs
s’approfondissent, plus ils se transforment facilement en savoir agir.
La difficulté est sans doute dans la polysémie de la notion de savoir. Le lecteur
de Perrenoud a souvent le sentiment qu’il réduit le savoir à une information, se donnant
ainsi les moyens de considérer connaissances et compétences comme des instances
séparées conçues sur le modèle des oppositions information/action ou idée/geste. Ainsi
quand il oppose, pour reprendre l’un de ses exemples, connaissances sur la langue et
maniement de la langue [53].
« Acquérir une connaissance » peut-il être identifié à « mémoriser une
information » ? Ce peut être le cas, par exemple si l’on fait apprendre par cœur la liste
des départements de France. Même pour l’école de la Troisième République, c’est
cependant un cas limite. L’entrée dans les savoirs disciplinaires de la culture écrite
implique une appropriation des connaissances qui va de pair avec l’acquisition
progressive d’un « savoir manier » et d’un « savoir produire ». Pour reprendre
l’exemple proposé par Perrenoud peut-on aussi facilement que cela séparer et opposer
l’existence de « connaissances générales en français » et la capacité à les mobiliser ?
Que voudrait dire une connaissance de l’orthographe et de la syntaxe qui ne saurait se
manifester à l’écrit ? On peut certes s’entraîner spécifiquement à la production écrite (et
devenir un artiste des constructions syntaxiques), comme on peut s’efforcer de devenir
un grand grammairien (en ayant accumulé un fort savoir théorique sur la langue). Mais
dans un cas comme dans l’autre on devra toujours conjuguer, même si c’est à des degrés
divers, les connaissances théoriques et les savoirs pratiques.
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apprentissage des codes, des règles de production des énoncés, tout en familiarisant
l’élève avec la pratique de l’interlocution vivante.
On ne peut dès lors qu’entendre la proposition d’Astolfi d’envisager les
compétences « comme un point d’arrivée et non comme un point de départ. Si on les
postule d’emblée de façon trop forte, elles risquent d’écraser les contenus en les
réduisant à des occasions, sinon à de simples prétextes pour les développer. Par contre,
une mise en regard d’approches disciplinaires respectées peut permettre de les
construire d’une façon progressive » [55]. Sauf à renoncer à sa vocation la plus intime,
autrement dit, l’école ne peut apprendre à faire sans donner en même temps les moyens
de penser ce qu’elle apprend à faire, en s’interdisant de soumettre le développement de
la pensée aux strictes exigences du savoir faire.
Au bout du compte, oui, il est légitime que l’école se pose la question de la
formation des compétences. Non, certes, à destination des élèves-en-difficulté, dans une
visée utilitariste à courte vue, mais comme une question qui concerne tous ses publics.
Et pas davantage comme une action pédagogique indépendante, séparée de
l’apprentissage des savoirs. Mais dans le cadre global d’une programmation des
matières d’enseignement, qui tout à la fois assure une réelle appropriation des bases de
la discipline, du point de vue propre qu’elle jette sur son objet, et prend en considération
l’usage que le futur adulte devra pouvoir faire des connaissances concernées en tant que
personne, que professionnel, que citoyen.
globalité, ses potentialités et ses contradictions, sur une longue durée, sans l’isoler des
évolutions sociales qui la génèrent » [58].
On conviendra peut-être en effet que la formation de la capacité des citoyens à
peser sur les grands choix scientifiques et techniques de la société de demain est un
enjeu démocratique primordial, tant peut inquiéter le fossé qui ne cesse de se creuser
entre les avancées de la connaissance, les usages qui en sont fait, leur impact sur la
planète, et une culture de masse qui s’offre à toutes les manipulations et que l’école ne
parvient pas à bousculer. Le bavardage à cet égard d’un Rifkin sur une école à venir
vouée à l’adoration béate des nouvelles technologies n’a d’ailleurs vraiment rien pour
rassurer [59].
Face à l’utilitarisme envahissant de politiques scolaires qui inclinent à réduire la
transmission des savoirs à ce qui est strictement indispensable à la préparation à
l’emploi, et vouent la princesse de Clèves aux poubelles de l’histoire, la détermination
des contenus scolaires devient un enjeu politique crucial. Face « aux logiques folles qui
font que n’est plus désormais sans vraisemblance l’éventualité inouïe d’une
déshumanisation finale de l’histoire humaine », et que dénonce Lucien Sève [60],
l’école a un rôle essentiel à jouer.
« Il ne saurait suffire, poursuit l’auteur, de créer les conditions économico-
sociales et politico-juridiques objectives instituant les producteurs individuels détenteurs
associés des moyens de production et d’échange pour que tout s’en trouve aussitôt
métamorphosé ; encore faut-il que se soient formées et continuent de se développer chez
eux, individuellement et collectivement, les compétences subjectives nécessaires pour
bien mettre en œuvre ces pouvoirs nouveaux, les capacités appropriatives permettant de
résorber l’aliénation de puissances sociales devenues sans maître » [61].
L’école peut contribuer à la formation de ces « capacités appropriatives », et à
l’entreprise de réhumanisation du monde, en donnant à ses publics les moyens
intellectuels de s’en rendre maîtres, de comprendre non seulement comment il
fonctionne mais pourquoi il est comme il est et comment il pourrait être autrement. La
culture commune diffusée par une école démocratique pourrait-elle ne pas viser un tel
objectif, ne pas avoir en ligne de mire la formation des « compétences » nécessaires à
l’instauration d’une véritable souveraineté populaire ?
Ce second impératif nous invite à prêter la plus grande attention au contenu
même de la qualification des personnes, qui passe pour partie non négligeable par la
33
Notes.
[1] Sachant que la formation des compétences implique des changements tant dans les
modalités que dans les contenus de la transmission pédagogique.
[2] Philippe Perrenoud, Construire des compétences dès l’école, ESF éditeur, Issy-les-
Moulineaux, 1997, p. 93.
[3] Les analyses qui suivent s’appuient sur un travail collectif mené au GRDS, auquel
ont notamment participé, outre le rédacteur de ces lignes, Yves Baunay, Alain Becker,
Janine Reichstadt, José Tovar.
[4] L’activité du Plan, relève Lucie Tanguy, conduit à « admettre sur la scène publique la
nécessité de lier l’éducation à l’économie », et à promouvoir « la notion de formation en
lieu et place de celle d’éducation », en la faisant « apparaître comme une grandeur
mesurable au fondement de la qualification », cf. « La mise en équivalence de la
formation avec l’emploi dans les IVème et Vème Plans (1962-1970) », Revue française
de sociologie, vol.43, n°4, 2002. Voir sur cette mutation historique Christian Laval,
Francis Vergne, Pierre Clément, Guy Dreux, La Nouvelle école capitaliste, La
Découverte, Paris, 2011, notamment le chapitre 7.
[5] Cette prise en charge croissante de la formation professionnelle a été marquée par
par la scolarisation des formations en alternance au sein du service public d’éducation
plutôt que sous le contrôle direct des entreprises, cf. Gilles Moreau, Le monde apprenti,
La Dispute, Paris, 2003.
[6] Pour éviter toute méprise sur le sens de notre propos, rappelons la part d’illusion
contenue dans toute politique visant à asservir la formation à l’emploi. Voir à cet égard
Lucie Tanguy (dir.), L’introuvable relation formation-emploi, La Documentation
française, Paris, 1986.
[7] La stratégie de l’OCDE pour l’emploi, vol. 1, 1996. Voir à ce sujet Le Nouvel ordre
éducatif mondial, Institut de recherches de la FSU, Syllepse/Nouveaux Regards, Paris,
2002.
[8] Christian Laval, L’école n’est pas une entreprise, La Découverte, Paris, 2004, p. 43.
[9] OCDE, « Investing in competencies for all », communiqué de la réunion des
ministres de l’Éducation, avril 2001.
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[10] Voir Ken Jones (dir.), L’école en Europe. Politiques néolibérales et résistances
collectives, La Dispute, Paris, 2011, notamment chapitre 2.
[11] Voir Claude Lelièvre, « Un socle commun pour un collège unique », Cahiers de la
CERF, n° 45, 2003.
[12] Voir Pierre Bourdieu, « L’école conservatrice », Revue française de sociologie, vol.
VII, 1966 ; Christian Baudelot et Roger Establet, L’école capitaliste en France,
Maspero, Paris, 1971.
[13] Si la « seconde explosion scolaire » (1985/1994) a réduit le nombre de sorties sans
diplôme (de 240 000 à 120 000 environ), elle en laisse subsister une proportion non
négligeable.
[14] Cette hypothèse est avancée par Angélique del Rey, voir À l’école des
compétences, La Découverte, Paris 2010.
[15] Voir la belle recherche de Pierre Clément, Réformer les programmes pour changer
l’école ? Une sociologie historique du champ du pouvoir scolaire, thèse pour le doctorat
de science de l’éducation, Université Jules Verne, Amiens, 2013.
[16] Au nom de ce pluralisme, certains enseignants prônaient la privatisation et la mise
en concurrence des établissements, le compromis s’étant établi sur le principe de leur
autonomie.
[17] Voir Pierre Clément, ibid.
[18] Christian Baudelot et Roger Establet, Le Niveau monte, Le Seuil, Paris, 1989.
[19] François Dubet (dir.), Le collège de l’an 2000, La Documentation française, Paris,
1999.
[20] Voir notamment François Dubet, L’école des chances, qu’est-ce qu’une école
juste ? Le Seuil, Paris, 2004.
[21] Claude Lelièvre, « Un socle commun pour un collège unique », art. cité ; et L’école
obligatoire, pour quoi faire ?, Retz, Paris, 2004.
[22] Philippe Perrenoud, « Enseigner des savoirs ou développer des compétences :
l’école entre deux paradigmes », in Alain Bentolila (dir.), Savoirs et savoir-faire,
Nathan, Paris, 1995 ; Construire des compétences dès l’école, ESF Éditeur, Issy-les-
Moulineaux, 1997 ; Quand l’école prétend préparer à la vie, ESF Éditeur, Issy-les-
Moulineaux, 2011.
[23] Voir José Tovar, Genèse du projet du PS pour l’éducation. De l’appel de la Ligue
de l’enseignement en 2000 à l’Appel de Bobigny en 2010, www.democratisation-
scolaire.fr.
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[40] Philippe Perrenoud, Construire des compétences dès l’école, op. cit.
[41] Bernard Rey, Les Compétences à l’école, op. cit.
[42] Voir à cet égard GRDS, L’École commune, La Dispute, Paris, 2012, chapitre 2.
[43] C. Lannoye et alii, L’école vit... au rythme de ses tensions, De Boeck Éducation,
Bruxelles, 1999 (cité par Nico Hirtt, « L’approche par compétences : une mystification
pédagogique », L’école démocratique, n° 39, 2009. On peut noter qu’en France l’IGEN,
dans un rapport de juin 2011 (Les livrets de compétences, nouveaux outils pour
l’évaluation des savoirs), soutient que l’APC doit « lutter contre la fragmentation des
apprentissages (…) en redonnant à ceux-ci une finalité visible ». Mais c’est là
confondre, comme le déplorait Astolfi, problèmes qui font sens pour les élèves (à
« finalité visible ») et problèmes dont la signification est pertinente pour la
connaissance, qui seuls peuvent en effet assurer la cohérence des savoirs.
[44] Philippe Perrenoud, Construire des compétences dès l’école, op. cit., p. 51.
[45] Philippe Perrenoud, Quand l’école prétend préparer à la vie, op. cit., pp. 201-202.
[46] Leur désaveu a été porté en place publique par le sondage FSU-SOFRES de 2002
(donnant une moyenne de 54% d’enquêtés opposés au collège unique, et sensiblement
plus parmi les seuls professeurs de collège). Il a alors frappé les esprits, mais en réalité
il a toujours été majoritaire.
[47] À consulter ainsi, dans la rubrique Expérimentations, les interventions de Nicolas
Kaczmarek, « Ensemble, pour reprendre la main sur le métier », qui décrit la création
d’un « atelier pédagogique », « espace d’échanges entre enseignants sans présence
hiérarchique » permettant de débattre sur le sens du métier, les pratiques des uns et des
autres, etc. ; de Marc-Olivier Sephiha, « Traiter les dysorthographies au collège ? »,
relatant la mise en place d’ateliers où les élèves de 6ème sont invités à réapprendre à lire
et à écrire ; de Sylvain Maranger, évoquant le fonctionnement d’un « atelier
pluridisciplinaire de fabrication de leçons » qui réunit régulièrement le tiers des
enseignants du collège concerné…
[48] On pense ici aux travaux de Georges H. Mead, ou de Mikhail Bakhtine.
[49] Jean-Pierre Astolfi, La Saveur des savoirs, op. cit., p. 106.
[50] Ibidem, p. 104.
[51] Élisabeth Bautier, Jacques Crinon, Patrick Rayou, Jean-Yves Rochex,
« Performances en littéracie, modes de faire et univers mobilisés par les élèves :
analyses secondaires de l’enquête PISA 2000 », Revue française de pédagogie, n° 157,
2006.
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