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ENSEIGNER LES
SCIENCES
HUMAINES EN
COURS DE FLE
Manuel à l’attention des
professeurs de FLE et des
étudiants de niveau avancé
(B2 / C1)
2017
SOMMAIRE
0. Introduction………………………………………………………pp.2 à 3
1. La psychologie en France ……………………………………….pp.4 à 38
2. Identité de la famille en France ………………………………pp.39 à 73
3. Nouvelles pratiques culturelles en France……………………pp.74 à 121
4. Le Monde économique…………………………………………pp.122 à 152
5. L'espace urbain en France……………………………………..pp.153 à 198
6. Les défis des nouvelles technologies en France……………… pp.199 à 234
7. Les intellectuels français face aux défis internationaux ………pp.235 à 283
8. Histoire des sciences humaines en France…………………….pp. 284 à 310
9.Diversité des expressions culturelles et artistiques de la francophonie
………………………………………………………………………pp.311 à 332
10. Conclusion………………………………………………………pp.333 à 334
11. Bibliographie…………………………………………………….pp. 335 à 339
12. Auteur……………………………………………………………pp.340 - 341
1
Introduction
Cet ouvrage est consacré à l’explication sur les débats actuels qui agitent la société française
de la fin du 20ème siècle et en ce début du 21ème siècle. Ce livre s’adresse autant aux étudiants
étrangers qu’aux enseignants de FLE qui veulent approfondir leur connaissance sur la France
de 2017, qui a connu des révolutions numériques, politiques et sociales très importantes. Le
personnel politique totalement rénové avec le parti « La République en Marche » depuis juin
2017 cristallise ces changements structurels que vit depuis plus de vingt ans, la France.
L’objectif de notre entreprise est d’apporter un regard nouveau sur ce pays devenu
multiculturel et de proposer ainsi un autre regard dans la préparation de vos séquences
pédagogiques. Pour ce faire, nous avons choisi de résumer, dans des formats courts et simples
(sur deux ou trois pages) les questions complexes structurant la société française dans quatre
domaines majeurs : politique, social, économique et culturel. Vous y trouverez (pour chacune
des 44 leçons proposées) un texte de synthèse (la leçon elle-même à l’attention du professeur)
et des propositions pédagogiques qui étudient et posent des questions basés sur les synopsis
des ouvrages qui furent utilisés pour constituer nos 44 leçons.
Notre objectif est de vous résumer simplement des débats difficiles pour ceux dont la langue
française n’est pas la langue maternelle. Comment donc rendre simple le « diffus » ?
Comment rendre audible les sirènes des polémiques ? Comment comprendre un pays en
pleine mutation face aux désordres économiques et politiques mondiaux ? Relever ce défi
n’était pas simple : il fallait faire des choix thématiques. La culture générale en sciences
humaines cache une matière infinie. Faire de la pédagogie exigeait donc une gymnastique
particulière. Nous avons convenu d’opérer des subdivisions et des remembrements sur un
terrain sans bornes. Neuf pistes de réflexions ont été retenues pour mieux comprendre cette
France d’aujourd’hui : l’individu, la famille, les loisirs, l’économie, les sciences, la ville, les
défis internationaux, l’épistémologie des sciences humaines et l’état de la francophonie.
Même ainsi réduite, la matière d’un tel ouvrage demeurait épaisse : c’est pourquoi, derrière
ces neuf pistes de réflexions très générales, s’ouvrent une quarantaine de cas plus particuliers,
plus singuliers, afin d’être plus clair et empirique et faire parler ainsi vos étudiants. Pourquoi
rédiger une telle synthèse sur la France ? Tout d’abord, pour changer l’image que beaucoup
d’étrangers ont de la France. Nous voulons démontrer que ce pays ne se réduit pas à sa
gastronomie, ou à sa littérature. Ces clichés sont nommés souvent « Francité ». Ce pays n’est
plus un simple joyau littéraire. Les Français vivent dans une société « post-tertiarisée » dont le
symbole fut l’élection du Président Macron en mai 2017. C’est pourquoi cette compilation
de textes s’adresse à tous ceux qui désirent découvrir sous un nouveau jour les visages
multiples d’un pays devenu pluriel. Comment rendre compte de ces changements ? Que
montrent les publications dans ce domaine en France depuis plus de 30 ans ?
2
Chaque année en France, 5000 livres nouveaux concernant directement ces sciences humaines
sont publiés. Cette production importante témoigne de la richesse des débats qui touchent des
disciplines diverses que l’on nomme en France, « les Sciences de l’Homme et de la
Société ». Cette expression adoptée par les universitaires français concerne deux registres de
recherche : les « Sciences Humaines » (psychologie, sociologie, linguistique, histoire et
anthropologie) et les « Sciences Sociales » (économie, sciences politiques, géographie et de
nouveau, la sociologie). Ces deux pôles seront pris en compte dans cet ouvrage. Mais
comment s’y retrouver lorsque l’on est un étudiant étranger? Comment apprécier et
comprendre les tendances lourdes soulignées par les intellectuels français autour de débats
parfois complexes? Comment comprendre ces ruptures silencieuses qui modifient la vie des
Français ?
Les 44 pistes d’investigation qui sont proposées ici permettront de donner une vision globale
de cette France d’aujourd’hui. Nous pensons ainsi que seule une lecture plurielle de la société
française peut permettre aux étudiants étrangers de créer leur propre vision sur la France,
créer leur propre pensée, ce qui revient à « produire » selon l’expression de Paul Valéry
(1871-1945).
ERIC BAILBLE
Juin 2017
3
CHAPITRE 1
La psychologie en France
4
Leçon-1 / L’image de l’adulte en France.
L'objectif de ce texte est d’analyser l’histoire de la représentation de l'adulte en France de
1945 à nos jours. Ce court texte a pour objectif de montrer comment on est passé de l'image
d'un adulte étalon capable de reconstruire la France, à un adulte qui aujourd'hui se situe
davantage sur le terrain du doute et de l'angoisse.
En arrière plan, il s'agira de montrer comment s'est constituée l'image solide de l'adulte
laborieux au cours des années 1950/1960. Puis nous verrons comment a émergé, peu à peu, un
certain nihilisme suite à la révolution culturelle de 1968. Enfin, il faudra tenter d'aborder
l'image de l'individu d'aujourd'hui, face à l'angoisse permanente générée par le chômage et la
fin de " l'Etat providence".
C'est ici l'image du patriarche qui raisonne dans une logique dominée par le traumatisme de la
guerre et donc dans une logique de réparation. Avant de parler, il travaille et il reconstruit.
Culture du labeur, l'individu mâle ne s'autorise une réussite que par l'action solide et
matérielle, atténuant ainsi la souffrance sociale collective de la guerre. C'est donc une
réalisation commune génératrice de convalescence qui motive l'homme des années 1950 en
France : les frontières du possible et de l'impossible sont ici les décors solides de son
quotidien.
1.2 L'adulte en perspective des années 1960 [2] (début des trente
glorieuses)
Dans les années 1960, les plans quinquennaux - dirigés par l'Etat- illustrent cette mise en
perspective de l'avenir social dont l'objectif est une amélioration durable de la situation
économique du pays.
5
2 Nihilisme et culture des problèmes des années 1970
2.1 «L'Adulte à problème» qui conteste : 1968 /1975. [3]
Le bonheur matériel tout à coup ne suffit plus. On cherche ailleurs les réalisations
personnelles. En 1968, l'individu devient tout à coup plus singulier : il s'exprime entre deux
pavés volés. On doit contester l'ordre moral gaullien : contester, c'est alors exister et penser,
c'est dire non. Le mouvement contestataire de 1968 cristallise ce refus du simple bonheur
matériel.
Cette culture de la contestation aboutit au milieu des années 70 à la fois à un certain nihilisme
et à une autonomie plus forte de l'individu. Celle-ci va perdurer jusqu'au milieu des années
1980 puis peu à peu va s'estomper pour un retour aux réalités moins poétiques de
l'économique.
En effet, à la fin des années 1980, le chômage a stoppé la fête idéologique de la contestation.
Les étudiants de 1968 ont alors plus de 35 ans. Les nouveaux leaders sont des « Golden
boys » à la française. Autre génération, autre culture.
Cette expression aurait pu être le slogan du « Golden boy » français, Bernard Tapie. Rien ne
semblait l'arrêter pour sauver les entreprises en plein naufrage mais le plus souvent, les
discours masquent de lourds artifices démagogiques.
Le phénomène Tapie a pourtant séduit les plus hautes sphères de l'Etat français.
Dans cet épisode doré des réussites foudroyantes, la culture du narcissisme a rencontré ses
propres limites : l'Europe propose une culture politique et sociale différente des Etats-Unis.
Les réussites ne sont que ponctuelles. L'ensemble des salariés français est de plus en plus
touché par le chômage. On doit se résoudre à une « panne de l'action » entretenue par un
chômage devenu structurel depuis le début des années 1980.
6
4 Les solutions : avatars et réussites pour le 21ème siècle
Le culte de la parole inscrit dans les pavés de 1968 aurait dévalorisé le corps. La culture de la
plainte verbale aurait-elle atteint ses limites? [6]. Certains pensent qu'il est temps d'envisager
un retour à l'action, seul outil pouvant permettre de concrétiser les idées que celles ci soient
privées ou publiques. Cette culture de l'l'initiative serait d'ailleurs une manière de réactiver et
revaloriser les solidarités sociales [7].
En conclusion, l'individu français de 1945 à nos jours s'est transformé. D'acteur économique
(1945 à 1970), il est devenu politique après le choc de 1968. Battant ou battu dans les années
1980, il tentera dans les années 1990 de se retrouver dans un monde qui s'européanise et qui
se mondialise.
En retrouvant ses racines et en se reliant à l'histoire d'un pays de plus en plus cosmopolite, le
citoyen français peut néanmoins s'attendre demain à un retour du plein emploi et à
l'élaboration de nouveaux projets. Nombreux sont ceux qui sont partis en retraite à la fin du
20ème siècle.
5 Références
1. ↑ EHRENBERG (Alain), La fatigue d'être soi, Odile Jacob, 2000, 414 pages.
2. ↑ BOUTINET (Jean-Pierre), L'immaturité de la vie adulte, Puf, 1999, 284 pages.
3. ↑ BOUTINET (Jean- Pierre), op.cit., Puf, 1999, 284 pages.
4. ↑ BENASAYAG (Miguel), Le mythe de l'individu, La découverte, Traduction Anne
Weinfeld, 2004, 176 pages.
5. ↑ BENASAYAG, op.cit., 2004, 176 pages.
6. ↑ ROUSTANG (François), La fin de la plainte, Odile Jacob, 2001, 247 pages.
7. ↑ DUBET (François), Dans quelle société vivons nous?, Du Seuil, 1998, 322 pages.
7
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Que s'est-il donc passé dans les mutations de la vie adulte depuis les années 1960 ? On
magnifiait alors l'adulte en termes de développement de la personne, d'entrée dans la vie et
d'inachèvement humain. Un tiers de siècle plus tard, nous nous retrouvons face à un individu
incertain parfois requalifié d'individu en friche. Dans une culture de transition à la recherche
de nouveaux repères, la vie adulte a perdu ses visées maturationnelles pour devenir l'âge
problématique des défis à affronter : ceux liés à l'avènement d'une civilisation de
l'immatériel, ceux d'une crise de l'action instrumentale, ceux aussi de temporalités
malmenées et en voie de recomposition. Aussi, à l'instar des autres âges de la vie, celle de
l'adulte s'identifie-t-elle désormais à une période existentielle faite de grandes perplexités
génératrices de formes d'immaturité. Celles-ci se manifestent entre autres dans des crises
transitionnelles, un mal de reconnaissance identitaire, des situations limites à vivre, une
expérience à régulièrement recycler, la tyrannie d'une multitude de décisions à prendre. A
travers ces différentes épreuves se révèle une figure plurielle de l'immaturité en même temps
que s'impose une déconstruction du concept de vie adulte comme catégorie d'âge homogène.
Cette catégorie ne relève plus de la banale normalité mais d'un traitement que l'actualité rend
de plus en plus capricieux. C'est ce traitement qui est ici identifié et situé face à un possible
escamotage de la vie adulte : un tel escamotage réduirait le cycle de vie à une dichotomie
paradoxale, d'une part une jeunesse adolescentrique qui se prolongerait indéfiniment,
d'autre part un " vieillissement " de plus en plus précoce qui ferait de notre société une
société gérontocratique. La vie adulte en serait alors réduite à n'être qu'un passage plus ou
moins flou, plus ou moins rapide, entre deux formes d'existence. »
Questions :
…………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………….
Peut-on parler, aussi, d’une crise « du modèle adulte » dans votre pays ?................
…………………………………………………………………………………………
8
DOCMENT 2 / « La fatigue d’être soi », d’Alain Ehrenberg, 2000
Questions :
……………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………….
Quelles seraient les solutions pour éviter ce type de problèmes médicaux ?................
………………………………………………………………………………………………
Quel serait le modèle psychologie typique d’un homme dans votre pays ? ………………………
………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………
9
DOCUMENT 3 / « Le mythe de l’individu » de Miguel Benasayag (2004)
« Face à la crise actuelle, l'individu semble être devenu le dernier rempart. Création de la
modernité, l'autonomie du sujet social est perçue comme le symbole même de la liberté. C'est
ce mythe que Miguel Benasayag remet en cause dans ce livre iconoclaste. Pour lui, l'individu
est une forme d'organisation sociale qui n'a rien de fatale. Pour sortir de cette impasse, il
faut, explique Miguel Benasayag, " abandonner la position du mirador" : celle de celui qui
regarde le monde en situation d'extériorité, comme depuis un mirador. Position qui est aussi
bien celle du réaliste tenant de la "pensée unique" - le monde est ce qu'il est, nous n'avons
d'autre choix que de "faire avec" - que celle de son adversaire idéaliste - ce monde est
inacceptable, changeons les mentalités et tout deviendra possible. Au fil d'un parcours
philosophique aussi exigeant que passionnant, Miguel Benasayag propose ici une théorie de
l'émancipation constituant un outil précieux pour tous ceux explorent les voies d'un
renouveau de l'action politique. "
Questions :
…………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………..
Quels sont les deux camps qui s’affrontent dans le mythe de l’individu ?
……………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………..
Quelle est la place culturelle ou politique d’un individu dans votre pays ?........................
………………………………………………………………………………………………
10
DOCUMENT N / °4 « LA FIN DE LA PLAINTE »- de ROUSTANG (François), 2001
« Que cherche un patient qui vient consulter un "psy" ? Il s'épanche, il se plaint, il dit vouloir
changer. Mais comment faire ? C'est la question que se pose tout thérapeute, mais également
chacun de nous, dès qu'il est confronté à une grande douleur, à une perte, dès qu'il en a
assez. S'agit-il de chercher une écoute, une consolation pour mieux patauger dans nos
"problèmes" ? Non, répond François Roustang. Il faut au contraire en finir avec la plainte,
sortir de notre moi chéri, que nous cultivons avec nos jérémiades. C'est à cette condition que
nous pourrons vraiment changer notre existence pour nous ouvrir enfin au monde et aux
autres ».
Questions :
…………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………..
Quelle serait la solution selon l’auteur pour re-positiver individus et société ?....................
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….
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Leçon n°2 / La psychanalyse en France.
Face à la phobie sociale, à la peur de l'Autre, les psychologues invitent une société française
souvent angoissée à deux solutions: l'une, intérieure (introspection) et l'autre, extérieure
(gestion des rapports avec autrui).
La violence morale est reconnue dans le champ social depuis la fin des années 1990. Elle est
l'objet d'études de la part des chercheurs spécialistes mais leur intérêt illustre aussi une
demande d'individus qui ne savent plus faire face aux crises des sociétés post-industrielles.
Ce deuxième texte aura donc pour but de répondre à la question suivante: dans quelle mesure
peut-on dire que la volonté de vivre en harmonie avec soi et avec les autres est une nouvelle
demande sociale chez les Français? Nous répondrons par les trois points d'analyse suivants:
comment l'estime de soi en danger est-elle en danger? Peut-on parler d'un sentiment général
d'abandon? Enfin, l'envie de créer de nouvelles solidarités pour demain est-elle encore
possible?
Les violences morales liées au travail se multiplient dans le désordre de la flexibilité du travail
et rendent incertaines les perspectives pour demain. Il est alors plus difficile de se projeter
dans l'avenir si celui-ci n'est plus serein. La précarité socio – économique participe à la
construction d'une mauvaise estime de soi. L'autre devient alors un concurrent et non plus un
allié.
La peur des autres est d'autre part construite et amplifiée par les médias qui orchestrent sans
vergogne et sans retenues la stigmatisation d'autrui. La culture télévisuelle politique dénoncée
par Noam Chomsky ou Pierre Bourdieu [1] témoigne de cette dérive. Cette télévision règne
aujourd'hui en maître.
Stress et maladies somatiques se multiplient. [2] Leur enchaînement ponctue la vie de citoyens
qui se retrouve parfois paralysés dans une passivité dont l'expression la plus tragique est
l'abstention politique.
12
2 Des citoyens orphelins ?
2.1 Examen psychanalytique des institutions
Quelles sont les causes? Peut-on faire un examen psychanalytique des institutions en France
[3]
? La perte ou l'abandon de l'Etat providence crée une culture du «citoyen orphelin».
La recherche du père protecteur est pour l'instant sans réponses d'autant que la
décentralisation (mise en place dès 1981) a paradoxalement rendu moins clair le paysage
institutionnel français. De l'institution démiurgique - celle de Paris- on est passé aux
institutions locales aux Conseils Régionaux. Ces derniers sont sensibles aux doléances dans
l'action locale mais ne disposent plus de la focale nationale pour motiver les grands débats
sociaux. L'action syndicale (un des taux les plus bas d'Europe) en baisse illustre bien l'anomie
sociale où le local semble étouffer les revendications: tout se fait à l'échelle plus feutrée d'une
entreprise ou d'un conseil régional.
A ce sentiment de solitude des combats sociaux, s'ajoute le caractère artificiel des relations
interpersonnelles qui ont figé les communications. [4] La convenance sociale dans une société
tertiarisée a rendu l'échange social difficile. L'aliénation vient souvent de cette
déshumanisation des rapports humains. Face à cet échec de la parole, deux solutions semblent
s'esquisser: l'introspection et la résolution collective des conflits dans l'espace public.
Dans le cadre des entreprises, c'est le renouveau des thérapies cognitives et notamment du
«coping» [5] appelées aussi «psychologies de l'action.» Venues d'outre-atlantique, ces
psychologies comportementales résonnent comme une mise en œuvre concrète pour tenter de
résoudre rapidement les conflits.
3.2 L'introspection
A cette résolution sociale des conflits s'ajoutent la dimension introspective. Celle- ci est une
invitation à retrouver l'origine des scenarii [6]de nos vies qui déterminent nos habitudes et
permettent ainsi de nous amender. La mise en perspective, la construction de projets
personnels dans un avenir réaliste et réalisable est sans doute le meilleur moyen d'écrire une
autre histoire.
En modifiant ses habitudes émotionnelles et ses habitudes de penser, on peut dépasser son
stress. Tels sont les conseils proposés par l'analyse transactionnelle. Les revues de
vulgarisation en matière psychologique se sont démultipliées et tentent de répondre aux
attentes de personnes qui ne se reconnaissent pas dans l'image médiatique du bonheur.
13
4 Références
1. ↑ ANDRE (Christophe), La peur des autres: trac, timidité et phobie sociale, Odile
Jacob, 2000, 270 pages
2. ↑ STORA (Benjamin), Quand le corps prend la relève: stress, traumatismes et
maladies somatiques, Odile Jacob, 1999, 293 pages.
3. ↑ KAES (René) et al., L' Institutions et les institution:études psychanalytiques, Dunod,
1987, 217 pages
4. ↑ BERNE (Eric), Que dites vous après avoir dit bonjour?, Sand, 1991, 371 pages.
5. ↑ ALBERT (Eric) et BRACONNIER (Alain), Tout est dans la tête, Odile Jacob, coll.
Poches, 2001, 251 pages.
6. ↑ COTTRAUX (Jean), La répétition des scnénarii de vie: demain est une autre
histoire, Odile Jacob, 2003, 279 pages.
14
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT 1 / ANDRE (Christophe), La peur des autres: trac, timidité et phobie sociale,
Odile Jacob, 2000, 270 pages
« Pourquoi avons-nous le trac ? La peur de rougir est-elle une maladie ? A partir de quand
la timidité devient-elle une phobie sociale ? On trouve dans ce livre la description de toutes
les formes que peut revêtir l'anxiété sociale, ainsi que l'explication de ses mécanismes
psychologiques, émotionnels et comportementaux. Comment faire la différence entre ce qui
est normal et ce qui l'est moins. Quels efforts mettre en œuvre pour surmonter vos
appréhensions dans les situations sociales et ce qui marche et ce qui ne marche pas pour s'en
sortir ? »
Questions :
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DOCUMENT 2 / STORA (Benjamin), Quand le corps prend la relève: stress, traumatismes
et maladies somatiques, Odile Jacob, 1999, 293 pages
« D'une voix douce, l’auteur de cet ouvrage égrène les souvenirs extraordinairement précis
de sa vie. Il se revoit encore enfant, dans le quartier juif de Constantine en Algérie,
marchant vers l'école son cartable sur le dos. Il ne cache pas l'influence de sa mère dont la
générosité et la passion de l'étude marqueront durablement sa vie.
Élève très doué, il est frappé à l'âge de 15 ans par une maladie grave qui ne l'empêche
cependant pas de rejoindre la Faculté de Droit de Paris en 1954. Il a 20 ans. Il se lance alors
dans deux doctorats, l'un en droit musulman, l'autre en sciences économiques, avec l'espoir
de rentrer un jour en Algérie. Sa carrière le mènera beaucoup plus loin puisque c'est aux
États-Unis, à l'Université de Washington, qu'il sera professeur pendant deux ans.
Jean-Benjamin Stora garde de cette période un excellent souvenir, que sa femme ne partage
hélas pas. Devant l'insistance de celle-ci, il décide de rentrer en France afin de préserver son
couple. Mais ses nombreux allers-retours prennent une telle importance dans sa vie qu'il
décide de se lancer dans une analyse, puis il se met à suivre une formation psychanalytique
très longue. En 1984, il rencontre le Docteur Pierre Marty de l'Institut de Psychosomatique
qui deviendra son maître et son ami. Nommé Président de l'Institut en 1989, Jean-Benjamin
Stora ouvre une consultation à la Pitié-Salpétrière. Vivement affecté par la mort du Dr.
Marty, il se lance dans l'écriture de l'ouvrage Quand le corps prend la relève. Il ne l'achèvera
que sept années plus tard, à l'issue d'un long travail solitaire. »
Questions :
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DOCUMENT 3 / KAES (René) et al, L' institution et les institutions : études
psychanalytiques, Dunod, 1987, 217 pages
« L'étude des processus psychiques au sein des institutions n'est souvent accessible qu'à
partir de la souffrance qui s'y éprouve et donc à partir d'une pathologie de la vie
institutionnelle dont ce livre, devenu un ouvrage de référence.
C’est un ouvrage irremplaçable pour réfléchir et analyser l'institution. Cet ouvrage est une
œuvre de salubrité publique pour qui veut comprendre, vivre (ou survivre) dans les arcanes
institutionnelles de soins psychiques »
Questions :
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En quoi peut-on dire que l’on peut trouver un lien entre la psychologie des individus et les
institutions des Etats ?
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DOCUMENT 4 / BERNE (Eric), Que dites-vous après avoir dit bonjour?, Sand, 1991, 371
pages.
« Ce livre, qui révèle les principes de base de l’Analyse transactionnelle – découverte par le
Dr Eric Berne – est l’un des plus significatif et des plus importants de son œuvre. Cette
méthode d’analyse propose en effet une théorie nouvelle : la personnalité d’un individu serait
composée de trois éléments : le Parent, l’Adulte, l’Enfant. Notre destin serait donc
conditionné dès l’enfance par un "scénario" qui dicterait toutes nos actions, entraînerait nos
échecs ou nos réussites. Est-il possible de se libérer de ce scénario ? Oui, répond Eric Berne,
en proposant un questionnaire qui permet au lecteur de découvrir le pourquoi profond de ses
actes. Ce livre est un classique de la thérapie moderne. En effet, cette méthode, qui permet un
dialogue avec soi-même – donc avec l’autre – accorde autant d’importance aux événements
actuels qu’aux événements anciens de sa vie »
Questions :
18
DOCUMENT 5 / ALBERT (Eric) et BRACONNIER (Alain), Tout est dans la tête, Odile
Jacob, coll. Poches, 2001, 251 pages
« Comment comprendre frustrations, agacements, colères, dérapages, qui sont souvent notre
lot quotidien ? Qu'est-ce qui nous permet au contraire d'aborder avec sérénité les situations
les plus inattendues, les plus pénibles ?
Les deux auteurs jettent ici les bases d'une véritable " psychologie de la vie quotidienne ".
Celle-ci doit permettre à chacun de concilier aspirations et émotions, satisfaction personnelle
et relations avec les autres, stress et efficacité. Et nous aider à répondre à cette question :
comment, au jour le jour, mener notre vie ? »
Questions :
19
DOCUMENT 6 / COTTRAUX (Jean), La répétition des scnénarii de vie: demain est une
autre histoire, Odile Jacob, 2003, 279 pages.
« Pourquoi recommence-t-on toujours les mêmes erreurs ? Qu'est-ce qui nous pousse à
reproduire une histoire qui, fondamentalement, ne nous convient pas ? Et comment faire
pour en changer ? Jean Cottraux montre ici comment, par fidélité à certains schémas
mentaux, nous faisons et entretenons notre propre malheur - par exemple, en tombant
systématiquement amoureux de la mauvaise personne ou en nous obstinant dans une voie
professionnelle qui n'est pas la nôtre ».
Questions :
Pourquoi les individus recommencent les mêmes erreurs dans leur vie ?......................
…………………………………………………………………………………………..
Que veut dire « reproduire une histoire ». ?.....................................................................
…………………………………………………………………………………………..
Quelles sont les causes de ces erreurs selon l’auteur ?.................................................
…………………………………………………………………………………………………
Quel serait ici le sens du mot « fidélité » ?.......................................................................
………………………………………………………………………………………………….
20
Leçon n°3 / Les nouvelles thérapies en
France : un état des lieux
La vulgarisation actuelle par des magazines (magazine intitulé Psychologie) montre que les
Français sont demandeurs de nouvelles formes d'aides sociales et morales. Toutes les formes
sont bienvenue, pas uniquement l'introspection freudienne. On peut s'en sortir avec des
solutions non plus liées uniquement à la parole, mais aussi avec l'aide du corps, c'est-à-dire
toutes les psychothérapies crées par Jacob Moreno ou Kurt Lewin. Cette tendance semble
poser l'enjeu suivant: qui de Psyché (le concept du corps) ou de Narcisse (le concept de la
parole) l'emporte [1] ? Peut-on alors parler d'une rénovation de la psychanalyse française ?
Pour répondre à cette vaste question, nous essaierons de voir comment s'exprime cette culture
de la «psyché» aujourd'hui. Nous devrons analyser ainsi, de quelle manière l'école de Palo
Alto influence les psychothérapeutes français. Et enfin, nous essaierons de mesurer, les
perspectives liées à la mise en place de thérapies courtes qui peuvent créer une sorte de
nouvelle écologie de l'esprit.
Depuis quelques années, la France avait adopté une culture de la psychothérapie qui était liée
à la pratique de la parole. Celle-ci a généré des discours attachés à la plainte qui se
manifestent comme une sorte de litanies sans fin. La pratique corporelle et le geste étaient
alors minorés.[2]
Cette thérapie du contact, basée sur la brièveté vient de Palo - Alto. Elle fut créée par Paul
Watzlawick dans un ouvrage intitulé « Le langage du changement»
Paul Watzlawick (né en 1921) et Grégory Bateson (1904- 1980) ont inventé des méthodes
de thérapies brèves. L'idée de base de l'école de « Palo alto » est que les troubles mentaux
viennent de relation pathologique avec l'entourage: il n'y a pas de cause individuelle. La
démarche thérapeutique repose donc sur la modification du système de communication du
patient. Il faut donc se «reprogrammer».
21
2.2 Paul Watzlawick
L'adoption de l'analyse transactionnelle proposée par Palo Alto [4] est de plus en plus acceptée
en France. Depuis 1945, ces nouvelles thérapies brèves ont pris leur essor: on en compte plus
de 400 : ainsi, les thérapies comportementales et cognitives, les thérapies systémiques, les
psychothérapies émotionnelles, corporelles, de groupes……etc
Scientifiques ou d'inspiration orientale, ces thérapies ont pour point commun de proposer une
conduite active au patient
Depuis le début des années 1990, ces nouvelles thérapies ont donc le vent en poupe: on parle
d'une nouvelle écologie de l'esprit parce qu'elles mettent en exergue les formes implicites de
la communication interpersonnelle mieux comprises et donc mieux maîtrisées.
C'est au fondateur de Palo Alto lui-même - Grégory Bateson- à qui on doit la création cette
«écologie».[5]
4 Références
1. ↑ ROUSTANG (François), La fin de la plainte, Odile Jacob, op.cit, 2001, 247 pages.
2. ↑ GINGER (Serge), La Gestalt, une thérapie du contact, Coll. Hommes et Groupes,
2003, 548 pages.
3. ↑ WATZLAWICK (Paul) et NARDONNE (Giorgo) (Dir.), Stratégie de la thérapie
brève, seuil, Coll. Idées reçues, 2002, 364 pages
4. ↑ JOSIEN (Michel.), Techniques de communication interpersonnelle: analyse
transactionnelle, Ecole de Palo alto, Editions d'organisation, 2004, 164 pages.
5. ↑ BATESON (Grégory), Vers une écologie de l'esprit, 2 vol. 1977 et 1980, 280 et 285
pages.
22
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT 1 / ROUSTANG (François), La fin de la plainte, Odile Jacob, 2001, 247 pages
« Que cherche un patient qui vient consulter un "psy" ? Il s'épanche, il se plaint, il dit
vouloir changer. Mais comment faire ? C'est la question que se pose tout thérapeute, mais
également chacun de nous, dès qu'il est confronté à une grande douleur, à une perte, dès qu'il
en a assez. S'agit-il de chercher une écoute, une consolation pour mieux patauger dans nos
"problèmes" ? Non, répond François Roustang. Il faut au contraire en finir avec la plainte,
sortir de notre moi chéri, que nous cultivons avec nos jérémiades. C'est à cette condition que
nous pourrons vraiment changer notre existence pour nous ouvrir enfin au monde et aux
autres. »
Questions :
……………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………..
Que veut dire l’auteur dans cette expression : « sortir de son soi-chéri » ?...........................
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………….
23
DOCUMENT 2 / GINGER (Serge), La Gestalt, une thérapie du contact, Coll. Hommes et
Groupes, 2003, 548 pages
« Une voie française pour la Gestalt. Ce théorique et pratique, propose sur une
psychothérapie, un art de vivre - qui conquiert progressivement le monde des institutions et
des entreprises. Fruit d'une longue pratique, ce livre, synthèse personnelle inédite de
l'ensemble des courants qui ont structuré la Gestalt, intègre par ailleurs les toutes dernières
découvertes de la neuropsychologie. Le lecteur trouvera l'historique de la Gestalt-thérapie
(l'arbre généalogique en est une illustration), ses concepts fondamentaux, ses principales
techniques, le tout rendu concret par de nombreux exemples cliniques.».
Questions :
…………………………………………………………………………………………….
Peut-on dire que c’est une approche humaniste par l’expression, un art de vivre ?..........
………………………………………………………………………………………………..
24
DOCUMENT / 3/ WATZLAWICK (Paul) et NARDONNE (Giorgo) (Dir.), Stratégie de la
thérapie brève, seuil, Coll. Idées reçues, 2002, 364 pages
Questions.
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Que veut dire cette invitation ? : "Agis toujours de manière à augmenter le nombre des
choix possibles »……………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
25
DOCUMENT 4 / JOSIEN (Michel.), Techniques de communication interpersonnelle:
analyse transactionnelle, Ecole de Palo Alto, Editions d'organisation, 2004, 164 pages
Questions :
Quel est l’objectif de cet ouvrage pour la vie sociale d’un individu ?................................
……………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………..
Quels sont les points communs entre l’analyse transactionnelle, PNL et l’Ecole de Palo
Alto ?..............................................................................................................................
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………….
Annexe 1 / Analyse transactionnelle ? L'analyse transactionnelle est une théorie psychologique reconnue pour son efficacité opérationnelle.
Son objectif ? Mieux se connaître et mieux interagir avec les autres. Grâce à ses outils, il est en effet possible de régler de nombreux
problèmes personnels et relationnels. Il s'agit notamment de connaître nos « Etats du moi » (Parent, Adulte, Enfant) et de comprendre notre
scénario de vie, programmé dans l'enfance, dans le but d'éclairer la personne.
Annexe 2 / « L’Ecole dite de de Palo Alto" a tout de l'auberge espagnole : chacun y trouve les thèmes qui le préoccupent. Pour nombre de
thérapeutes, Palo Alto reste le berceau du « double bind » ("double contrainte") et du traitement de la pathologie familiale.
Annexe 3 / La PNL ? La « PNL » est une technique de psychologie appliquée qui permet une communication efficace, au travail comme
dans la vie quotidienne. Reconnue par les professionnels de la thérapie, de la communication, de la psychologie, elle est connue dans le
monde entier. Cette technique nous montre comment s'exprimer avec authenticité par le langage. La Programmation neurolinguistique
s'adresse à tous ceux qui se sentent concernés par leur développement personnel. Ils y trouveront l'essentiel des informations précises sur ses
outils (visualisation, rêve éveillé, hypnose, travail sensoriel et linguistique) et leurs applications.
26
DOCUMENT 5 / BATESON (Grégory), Vers une écologie de l'esprit, 2 vol. 1977 et 1980,
280 et 285 pages.
Ce volume rassemble dans une logique biologique, de cette idée de la double contrainte,
l’idée d’une « Crise dans l'écologie de l'esprit » (pathologies de l'épistémologie, crise,
civilisation urbaine). »
Questions :
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
27
Leçon N°4 / Images des ruptures en France
La douleur psychologique est de plus en plus mal vécue dans une France qui jamais, dans son
histoire, n'a été aussi riche matériellement. La douleur est devenue résolument une question
sociale.[1] Le confort matériel a paradoxalement rendu les individus plus vulnérables. On peut
précisément distinguer trois pistes de réflexions.
L'augmentation des divorces, les nouvelles formes de couples ont rendu les images collectives
de la famille moins nettes: on parle aujourd'hui de familles devenues incertaines [2]. Cette
fragilisation de la sphère privée dans la société française illustre une rupture des rapports
sociaux interfamiliaux. Ainsi, cette flexibilité des nouveaux couples a rendu aussi l'individu
plus isolé: les réseaux familiaux d'entraide ne vont plus être opérationnels. D'autant que cette
dilution de la sphère du privé s'accompagne d'un désengagement du collectif public: c'est la
fin de l'Etat providence. Ainsi ce sont deux cadres protecteurs qui s'éloignent de l'individu, et
ce dernier n'est plus protégé.
En effet, on pourrait presque affirmer que la volonté de changer sa vie est de plus en plus
difficile que ce soit par la baisse générale du pouvoir d'achat ou par la précarité devenue
structurelle dans le monde du travail.
L'individu est donc plus exposé aux ruptures et aux deuils, symboliques ou réels. Dans le
domaine du privé ou du travail, la solidarité n'est plus au rendez vous. La douleur serait donc
proscrite de notre société? Quelles solutions pourrait– on envisager pour reconnaître la
douleur?
C'est tout d'abord une nouvelle culture médicale qu'il faudrait mettre en place. En effet,
reconnaître la douleur affective des individus est difficile mais possible si on la compare aux
plaies physiques [3]:l'émotion amoureuse est tout aussi intense que la douleur affective du
deuil. L'amour a une place sociale acceptée, les ruptures ne sont pas acceptées. Or, ces
douleurs ont une histoire et ont été l'objet de la réflexion des plus grands écrivains européens.
28
2.2 Les Soleils noirs
Beaucoup d'œuvres littéraires ont des racines liées la dépression: ces «Soleils Noirs» ont des
noms [4]: Holbein, Dostoïevski, Duras, Nerval, et beaucoup d'autres…. Tous ces écrivains ont
connu les arcanes de la douleur. Ils nous permettent d'envisager la douleur morale comme
objet d'étude à part entière.
Dans nos sociétés actuelles, le circuit lié à la recherche du bonheur matériel a provoqué un
affaiblissement de l'émotion au profit de la raison. Et pourtant: Antonio Damasio nous
indique que les décisions dans la vie se prennent, précisement, à coup d'émotion.
Son ouvrage? L'erreur de Descartes [5]. Ce titre implique en l'idée suivante: la raison seule ne
nous fait pas progresser: l'émotion est tout aussi indispensable aux jeux essentiels qui
entraînent la décision, au final.
On peut donc parler de la nécessité d'un retour en force des émotions. André Gide avait
montré déjà la voie dans les «Nourritures Terrestres». Les psychologues français
d'aujourd'hui reprennent le message hédoniste d'André Gide et évoquent la nécessité de
reconnaître l'utilité vitale de ce que l'on pourrait nommer des « nourritures affectives».[6]
Face aux deuils ou aux ruptures de la vie, la création d'un espace social nouveau, lié à
l'émotion et à l'affectif semble plus que jamais nécessaire pour reconstruire une société
française en crise ou en mutation.
4 Références
1. ↑ DAHAN (Jocelyne) De SCHONEN(Evangeline), Se séparer sans se déchirer :
méditations familiale, protéger les enfants, dépasser la crise,Texte italique Laffont,
2000, 235 pages.
2. ↑ DAHAN (Jocelyne) et De SCHONEN (Evangéline), Se séparer sans se déchirer:
méditations familiale, protéger les enfants, dépasser la crise, Laffont, 2000, 235
pages.
3. ↑ NASIO (Juan-David), Le livre de la douleur et de l'amour, Payot, coll. Désir, 1996,
293 pages.
4. ↑ KRISTEVA (Julia), Soleil Noir: dépression et mélancolie, Gallimard, Coll. Folio
Essais, 1989, 264 pages
5. ↑ DAMASIO ( R. Antonio), L'erreur de Descartes: la raison des émotions, Odile
Jacob, 2006, 368 pages
6. ↑ CYRULNIK (Boris), Les nourritures affectives, Odile Jacob, coll. Poches, 2000,
252 pages.
29
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
"Les femmes et les hommes qui se séparent doivent, aujourd'hui, savoir qu'ils peuvent trouver
de l'aide, un soutien pour jeter ou plutôt construire ensemble une passerelle vers l'avenir.
Passerelle que leurs enfants pourront emprunter car ils la sauront suffisamment solide même
si, au plus profond d'eux-mêmes, la séparation de leurs parents reste toujours difficile à
accepter. Mais cela est avant tout la décision des adultes, et un de nos buts est d'expliquer
pourquoi et comment cela doit le rester. "Accompagner des femmes, des hommes, des enfants
dans une période de fragilisation, de transition où les repères doivent être modifiés,
repensés, parfois même construits pour la première fois, tel est notre métier." Pour beaucoup,
les différends privés ne se règlent pas en public, et demander l'intervention d'un tiers est
souvent vécu comme une intrusion, comme le constat de l'échec, celui de ne pas avoir "réussi'
à faire seul, synonyme de manque de maturité, et l'illusion que la justice pourra reconnaître
le coupable et le "juste'. La victime et son bourreau font partie de notre imaginaire collectif,
et pourtant! "Si les tribunaux, les juges aux affaires familiales, les cours d'appel sont
encombrés de dossiers, ce n'est pas seulement par manque de moyens, mais aussi parce que
chacun reste déterminé sur ses positions en étant sûr d'être dans le vrai et que "l'autre' est
dans l'erreur." Depuis quelques années, la médiation familiale permet cette reprise du
dialogue. Il faut cependant savoir que chacun peut y avoir accès à son rythme et en un temps
qui doit être le juste moment pour soi – car les chemins ne sont pas parcourus par tous de la
même façon."
Questions :
30
DOCUMENT N° 2 / NASIO (Juan-David), Le livre de la douleur et de l'amour, Payot, coll.
Désir, 1996, 293 pages.
« Parmi ceux que nous aimons, quels sont les rares êtres que nous tenons pour
irremplaçables et dont la perte subite provoque la douleur ? Qui est cet autre élu qui fait que
je suis ce que je suis, et sans lequel je ne serais plus le même ? De quel fil est tissé le lien
amoureux pour que sa rupture soit vécue comme une perte ? Qu'est-ce donc que perdre l'aimé
et souffrir la douleur d'aimer. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
31
Leçon- N°5 / Etat des maladies mentales en
France
L'individualisme érigé en valeur absolue symbolise la réussite et la domination sur la nature.
Cette puissance de l'individu n'engage pas le groupe mais l'unité. Pour peu que cette réussite
ne fonctionne pas pour telle ou telle personne, c'est «la panne». Cette rupture peut être privée
ou publique. Cela peut aboutir à une précarité grave.
Face à ces chocs socio- psychologiques, le système psychiatrique français a engagé une
réflexion structurelle qui pose le défi suivant: comment nommer ces nouvelles pathologies?
Dans quelle mesure peut-on dire qu'une nouvelle classification des pathologies mentales
s'impose de plus en plus dans le système psychiatrique français?
Nous répondrons à cette question en évoquant comment jusqu'ici les traitements chimiques
furent la voie majeure pour gérer les maladies mentales avec tout ce que cela suppose en
terme de déresponsabilisation sociale.
Dans un deuxième temps, nous essaierons de comprendre quel lien la société française
entretient avec les nouveaux désordres mentaux.
Puis, enfin, nous tenterons d'entrevoir comment casser le cercle des anti-dépresseurs en
explorant les nouvelles voies médicales possibles.
La France a pourtant eu un rôle pionnier dans l'amélioration du sort des malades mentaux.
En effet, Etienne Esquirol (1722- 1840) et Philippe Pinel (1745- 1826) ont fait beaucoup
pour améliorer le sort de malades considérés alors comme des repris de justice.
Au XIXème siècle, Jean Charcot proposera les méthodes de guérison basée sur l'hypnose
(1825- 1893)
Quelle est la situation aujourd'hui? La maladie mentale n'est pas qu'une manifestation de
symptôme mais une rupture sociologique. Il faut «humaniser et sociologiser» les traitements.
En fait, pour ce qui est des soins, la psychiatrie a toujours été divisé en deux parties: l'une est
physiologique (médicaments neuroleptiques) et l'autre est psychologiques ( psychanalyse ,
thérapies cognitives, ou thérapies sociales).
32
Pour humaniser et adapter les soins, depuis 1952, les psychiatres américains ont crée une
classification internationale des maladies reconnues par tous: le DSM IV (Diagnostic and
statistical Manual of Mental Disorders.)
La folie a eu plusieurs visages. Nous sommes loin des fous décrits en 1511 par le philosophe
Erasme dans son Eloge de la Folie. Les modèles fin XIXème siècle et début XXème siècle
furent Van Gogh, Camille Claudel ou Louis II de Bavière.
Aujourd'hui, le stress des sociétés post –modernes [2] est souvent lié aux pathologies
suivantes: schizophrénie, névrose, phobie, troubles obsessionnels.[3]
Ces nouvelles pathologies, dont la dépression est le porte drapeau, ont permis à la
psychanalyse freudienne de se développer. D'autres ont contribué à développer la
psychanalyse: René Laforgue (1849- 1962) et Marie Bonaparte (1882- 1962). Mais la
figure majeure fut le psychanalyste français Jacques Lacan (1901- 1981). Ce dernier a crée
une conception de l'inconscient qu'il a structuré comme un langage sous l'influence de Claude
Lévi-Strauss. Aujourd'hui la remise en question de la psychanalyse (par Karl Popper et
Ernest Nagel) est générale mais rien ne l'a remplacé.
Les nouvelles pathologies de la fin du 20ème siècle s'expliquent en grande partie par
l'isolement des individus qui ne sont plus encadrés par des bornes traditionnelles que furent
longtemps l'Eglise, la famille, l'armée ou l'Etat. Le cas de la famille est particulièrement
intéressant car elle avait eu longtemps pour rôle d'être une cellule de refuge fondamental.
Aujourd'hui, cette logique protectrice se fissure: divorces, ruptures ont démultiplié les
familles hybrides que certains sociologues français nomment aujourd'hui «familles
incertaines».
2.2 Remise en question des «attachements sécures» qui ont fait l'histoire
de nos sociétés
Au-delà de la famille, ce sont bien les cadres structurels de la société française et leur remise
en question qui a mis fin à cette sensation d'être protégé. L'éthologue- Boris Cyrulnik - parle
de la disparition des attachements sécures. [5] Ces "attachements" donnaient la sensation d'être
sécurisé. Le rôle de l'Etat providence français qui a ralenti sa mission sociale au début des
années 1990, a finalement installé cette culture de l'absence et crée des citoyens orphelins.
33
3 Solutions sociales pour l'intégration des malades ?
3.1 La fin des Anti-dépresseurs
L'individu malade doit être l'objet d'un soin social. C'est pourquoi certains médecins invitent à
modérer l'usage des anti-dépresseurs[6], ce qui semble être devenue une priorité actuelle de la
psychiatrie française, dans un pays où l'usage de ces médicaments dépasse largement la
moyenne européenne.
Pour que la dépression soit moins dominante dans la nosologie contemporaine, Edouard
Zarifian, qui fut pendant des années, "Secrétaire général de l'Association de psychiatrie
biologie", alerte aujourd'hui ses collègues sur les limites et les échecs des traitements
physiologiques.
Le patient est avant tout un individu qui doit être accompagné. L'idée de dépasser les anciens
modes de traitement s'impose. Une nouvelle page d'histoire se tourne dans l'histoire de la
psychiatrie en France.
4 Références
1. ↑ ZARIFIAN (Edouard), Des paradis plein la tête, Odile Jacob, Poches, 2000, 222
pages.
2. ↑ HORNBACHER (Marya), Piégée: mémoires d'une anorexie, Pocket, 2000, 346
pages
3. ↑ OLIE (Jean-Pierre) et SPADONE (Christian), Les nouveaux visages de la folie,
Odile Jacob, 1993, 317 pages.
4. ↑ ROUSSEL (Louis), La famille incertaine, Odile Jacob, coll. Opus, 2001, 334 pages.
5. ↑ CYRULNIK (Boris), Sous le signe du lien, Hachette, Coll. Pluriel, 1997, 319 pages.
6. ↑ FEDIDA (Pierre), Des bienfaits de la dépression: éloge de la psychothérapie, Odile
Jacob, 2001, 259 pages.
34
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / ZARIFIAN (Edouard), Des paradis plein la tête, Odile Jacob, Poches,
2000, / 222 pages
" Ecoute-moi, toi mon semblable, mon frère. Tu as peur parce que tu te crois faible, parce que
tu penses que l'avenir est sans issue et la vie sans espoir. Pourtant, tu as d'authentiques
paradis dans la tête. Ce ne sont pas des paradis chimiques, c'est toi, toi tout entier, dans ta
singularité d'homme, avec les forces qui t'habitent et que tu as oubliées peut-être. " dit
le professeur Zarifian qui ouvre les yeux de millions d'insomniaques et d'anxieux : les
médicaments psychotropes, non dénués de risques, doivent être réservés à des troubles bien
précis. Pour soigner nos états d'âme, il existe d'autres solutions ».
QUESTIONS :
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
« En treize ans, son poids a oscillé entre 61 et 23,5 kg. Elle a guéri, rechuté, guéri, rechuté.
Elle a été hospitalisée six fois et même internée.Aujourd'hui, contrairement aux prédictions
des médecins, elle est toujours en vie et elle a décidé d'écrire ce livre. L'histoire d'une petite
fille qui se trouvait trop grosse, qui mangeait pour combler un vide affectif. Une petite fille
qui a beaucoup souffert. Une adolescente qui a voulu se détruire et qui a failli mener à bien
son entreprise de destruction en construisant méthodiquement son enfer. »
QUESTIONS
……………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
35
DOCUMENT N°3 / OLIE (Jean-Pierre) et SPADONE (Christian), Les nouveaux visages de
la folie, Odile Jacob, 1993, 317 pages
Tout le monde souffre (entourage dépassé par les événements, sujet). D'où la nécessité
d'un traitement clinique (et l'histoire des soins est très instructif : de l'électrochoc, à la
lobotomie, en passant par l'évolution des diverses méthodes thérapeutiques) ».
QUESTIONS :
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………….
36
DOCUMENT N°4 / ROUSSEL (Louis), La famille incertaine, Odile Jacob, coll. Opus, 2001,
334 pages.
« Les adultes d'aujourd'hui ont du mal à retrouver chez leurs fils et leurs filles, les images de
leur propre jeunesse. En effet, notre système sociétal n'a plus rien de commun avec celui
d'antan. Nous y avons trouvé une réponse dans l'histoire qui s'accélère, la science qui
progresse de plus en plus vite. Ainsi, la mode est de plus en plus éphémère, les passions
également, la vie est courte, et le couple, subit-il les apories du temps ? La réponse est
évidente : les choses vont de plus en plus vite. Y faire face est sans doute la plus dure des
réalités. C'est bien vous qui nous aviez exposé vos difficultés de conciliation lors des
communions avec les parents.
Car bousculés dans nos habitudes, pas question de renoncer ou de dire « non », il faut
avancer………..Toute la vie de la femme était faite d'une série de grossesses et d'allaitements.
Entre l'élevage de ses enfants et les tâches qu'elle assumait, elle était constamment mobilisée.
Renoncer à cela aujourd'hui, c'est la révolution.
N'y pensons même pas. Mais il ne faut pas omettre nous dicte Roussel que cela a bien existé.
Pour L. Roussel, sur base d'autres travaux, c'est la crainte de la mort qui engendre à la
collectivité le goût de la survie. En effet, la mort est un problème. Le corps est le lieu des
problèmes, il est l'autre en nous que nous sommes et que nous ne voulons pas être. Mon autre
à moi c'est mon corps, corps que je refoule car je ne l'aime pas. L'autre, c'est le corps ; le
corps, c'est l'autre ; La mort, c'est l'autre ; la mort, c'est notre corps. »
QUESTIONS :
.Pourquoi peut-on dire que le temps est le problème majeur de notre société ?....................
……………………………………………………………………………………………….
Comment le couple est une idée qui est mise en danger ?.................................................
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
37
DOCUMENT N°5 / CYRULNIK (Boris), Sous le signe du lien, Hachette, Coll. Pluriel, 1997,
319 pages.
QUESTIONS :
…………………………………………………………………………………….
Quelle est la nature des liens qui unissent une famille ?...............................................
…………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………..
« La dépression est-elle une maladie qui se reconnaîtrait à ses symptômes cliniques et pour
laquelle il existerait un traitement adapté, efficace et rapide ? Se contenter d'une pilule
chimique pour guérir la souffrance morale, n'est-ce pas refuser de voir ce qui est
véritablement en jeu dans un état dépressif ? S'appuyant sur sa longue expérience de
praticien, Pierre Fédida montre comment la survenue d'un état dépressif s'explique toujours
par la capacité psychique d'un individu à amortir les chocs de l'existence. C'est donc la
restitution de cette capacité dépressive qui doit être au cœur de la psychothérapie de la
dépression. C'est à cette condition seule que la vie peut être ranimée de l'intérieur, sans
médiateur chimique. Fédida redonne ses lettres de noblesse à la mélancolie».
QUESTIONS :
Pourquoi la pilule chimique est une solution avec des limites ?..............................................
………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
38
CHAPITRE 2
39
Leçon N°6 /Le couple aujourd’hui en
France
Ce texte tentera d'évoquer les problèmes du couple et de sa métamorphose sociale actuelle. Ce
sujet semble suggérer la question suivante : dans quelle mesure peut-on dire qu'il y a une
façon nouvelle de vivre en couple en France? Une nouvelle manière de vivre à deux. Trois
pistes peuvent illustrer cette mutation sociale. Le sentiment illusoire de l'individualisme. Puis,
nous tenterons d'analyser les fragmentations sentimentales actuelles au sein des couples. Et
enfin, nous soulignerons la croissance actuelle du sentiment de solitude qui touche et
marginalise de plus en plus d'individus.
[1]
1 L'individualisme dans la vie commune en France aujourd'hui.
1.1 Deux pôles majeurs
Deux pôles majeurs régissent les désirs des couples issus de sociétés post-modernes:
l'individualisme et le désir d'une vie commune. Cet individualisme est sans cesse mis en avant
dans les médias où les deux partenaires deviennent des entités autonomes, chacune de ces
entités revendiquant leurs choix pour l'organisation des vacances ou des loisirs. Chacun
décide séparément.
2.2 Le solitarisme
40
3 Les perspectives envisagées
3.1 La présence nouvelle de médiateurs'
Aujourd'hui, lorsqu'un couple est en crise. ll y a parfois des nouveaux «médiateurs» pour
gérer les situations de post-divorce. On tente, ainsi, de trouver des solutions inédites pour
créer une autre réalité à partir du concept «matériel couple ».[4]
Ce sont des nouveaux binômes, ayant d'autres façons de penser leur vie, leurs lieux de
construction sociale, leur crise et leurs solutions.
En conclusion, on peut dire que le couple devient aujourd'hui «fissionel», [5] c'est-à-dire qu'il
se conjugue selon cette nouvelle arithmétique, 1+1=3 (deux partenaires, + le couple lui
même.)
4 Références
1. ↑ DE SYNGLY (François), Libres ensembles: l'individualisme dans la vie commune,
Paris A. Colin, 2005, 253 pages.
2. ↑ DAVID (Christian), L'Etat amoureux, Payot, Coll. Petite bibliothèque Payot, 1990,
341 pages.
3. ↑ BRENOT (Philippe), Inventer le couple, Odile Jacob, 2001, 224 pages.
4. ↑ NEUBURGER (Robert), Nouveaux couples, Odile Jacob, 2004, 157 pages
5. ↑ CHAUMIER (Serge), La déliaison amoureuse: du couple fusionnel au couple
fissionnel, 2004, Payot, 342pages
41
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Plus que jamais s'affirme la nécessité d'une des fonctions centrales de la vie commune :
apprendre le respect mutuel. Car il ne s'agit pas seulement de vivre ensemble mais d'êtres
libres ensemble. En effet, l'individualisme peut mener à l'atomisation de la société - chacun
se repliant sur soi - si la vie commune, vécue sous le mode de la contrainte, empêche
l'épanouissement personnel. Il s'agit donc de résoudre cette tension entre rester soi-même et
vivre ensemble, entre l'individuel et le collectif. S'appuyant sur huit enquêtes inédites menées
auprès de jeunes adultes, de couples, de personnes âgées, d'enfants et d'adolescents, Libres
ensemble montre comment les personnes vivant en couple, en famille, en collectivité mènent
une "double vie" faite de temps personnel et de temps partagé. Chacun se retrouve ainsi à la
fois "seul" et "avec". »
QUESTIONS :
Que veut dire le « repli sur soi » dans une société post-moderne telle que la
France ?..............................................................................................................
…………………………………………………………………………………………
Peut-on dire que la société est dans un processus d’atomisation ?................................
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………..
Que veut dire le processus de la « double vie » ?...................................................
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
42
DOCUMENT N°2 / DAVID (Christian), L'Etat amoureux, Payot, Coll. Petite bibliothèque
Payot, 1990, 341 pages
« Qu'est-ce qu'un trouble amoureux ? Peut-il durer longtemps ? Quels sont ses rapports avec
le désir sexuel ? Et qu'est-ce que la perversion affective ? Malgré l'intérêt que Freud lui
accorda, le sentiment amoureux n'a, jusque relativement récemment, pas suscité beaucoup de
travaux psychanalytiques. Ce livre, consacré à la signification, à la structure et aux pouvoirs
de l'amour, voudrait convaincre qu'il est possible de parler en analyste du sentiment
amoureux sans qu'il se décompose ni se volatilise. »
QUESTIONS :
Pourquoi le sentiment (trouble) amoureux ne fut pas souvent analysé par les
psychiatres ?...............................................................................................................................
…………………………………………………………………………………………
Quels seraient les risques de cette analyse ?............................................................................
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………….
DOCUMENT N°3 / BRENOT (Philippe), Inventer le couple, Odile Jacob, 2001, 224 pages.
« Vous éprouvez des difficultés à vivre en couple ? Rassurez-vous, rien de plus normal : le
couple n'est pas un état naturel et, à l'origine, l'humanité était certainement polygame
Si, aujourd'hui, le mariage est un échec sous sa forme traditionnelle, il ne s'agit pas pour
autant de renoncer à la vie à deux, car la société a besoin de structures. Encore faut-il
adapter ces dernières aux valeurs de l'époque et aux mentalités des individus. Une fois le
couple constitué, il faut apprendre à l'entretenir, à le faire évoluer, à le réinventer sans cesse
pour qu'il ne s'étiole pas »
QUESTIONS :
43
DOCUMENT N° 4 / NEUBURGER (Robert), Nouveaux couples, Odile Jacob, 2004, 157
pages
« Que sont les relations amoureuses aujourd'hui ? Au désir de fusion, encore omniprésent
dans les idéaux amoureux et les représentations sociales de l'amour, s'oppose l'exigence
d'indépendance et d'autonomie de l'homme moderne. Le conflit entre ces deux tendances -
fusion et individualisme - révèle de nouveaux modèles socio-affectifs : après celui de la
fusion, voici venu le temps de la fission amoureuse ! Un livre qui éclaire les évolutions
contemporaines du couple, de la famille, des rapports de sexe, des modes de vie et, plus
généralement, du lien social ».
44
Leçon N° 7 / Histoire de la sexualité en
France de 1945 à nos jours.
Ce texte évoquera l'idée de l'amour qui navigue actuellement entre libido, plaisir et
épanouissement. Ce thème sera ici analysé dans une perspective historique pouvant être
résumée par la question suivante: comment est on passé d'une société française dissimulant la
culture sexuelle à une société qui aujourd'hui instrumentalise le plaisir? Cette évolution
diachronique des interdits ou des permissions suppose trois types d'études évoquant trois
périodes historiques.
La sexualité en France [1] comme dans tous les pays d'Europe d'après guerre est basée sur les
tabous. La religion chrétienne est alors le garde fou des nombreuses inhibitions sexuelles. On
peut parler d'une «Culture commune de l'Occident» celle des interdits. [2]
Mais derrière les tabous, des contestations se mettent en place à partir des années 1960 : on
peut parler d'une volonté de vouloir davantage savoir sur soi même et sur l'Autre.[3] La
sexualité révèle l'être social et donne un éclairage nouveau sur les individus selon le
philosophe français, Michel Foucault.
L'explosion culturelle des étudiants à Paris – en mai 1968- a permis de débrider une société
française alors traditionnelle et discriminante. Les étudiants français de 1968 lancent alors une
invitation générale au plaisir: l'anecdote voudrait que le déclenchement de mai 1968 se soit
passé dans un campus universitaire à Paris au sujet d'une rencontre interdite entre étudiants
filles et garçons.
Cette découverte d'un nouvel usage du plaisir [4] devient alors une façon de simplifier les
rapports sociaux et d'entreprendre une nouvelle manière de penser l'individu. Les événements
de 1968 s'inscrivent alors dans une volonté de démystifier le régime gaullien basé sur des
valeurs culturelles qui vieillissaient de plus en plus mal.
45
3 Une autre morale sexuelle pour le 21ème siècle: la tyrannie du
plaisir
3.1 Une dérive consumériste ?
Néanmoins, de nos jours, le sexe peut devenir une entreprise, une « fabrique»[5] qui
instrumentalise un désir qui aboutit parfois à un consumérisme débordant, parfois débordé.
Cette boulimie affichée n'est pas sans conséquences sur le plan humain: certains parlent même
d'un nouveau désordre amoureux.[6].
En conclusion, après les interdits et toutes les permissions, certains cherchent aujourd'hui la
voie d'une introspection, un retour sur soi- mêmes.[7] C'était aussi le message du philosophe
Michel Foucault.
4 Références
1. ↑ JASPARD (Maryse), La sexualité en France, La découverte, Coll. Repères, 1997,
124 pages.
2. ↑ FLANDRIN (Jean Louis), Le sexe et l'Occident: évolution des attitudes et des
comportements, Seuil, Coll. Points histoire, 1986,375 pages.
3. ↑ FOUCAULT (Michel), Histoire de la sexualité; vol.1, la volonté de savoir,
Gallimard, Coll. Tel, 1994, 211 pages.
4. ↑ FOUCAULT (Michel), Histoire de la sexualité ; vol.2 , l'usage du plaisir,
Gallimard, 1994, 339 pages.
5. ↑ BABIN (Pierre) et PETIT (Philippe), La fabrique du sexe, Textuel, Coll.
«Conversations pour demain», 1999, 130 pages.
6. ↑ FINKELKRAUT (Alain) et BRUCKNER (Pascal), Le nouveau désordre amoureux,
Seuil, Coll. points Essais, 1997, 316 pages.
7. ↑ FOUCAULT (Michel), Histoire de la sexualité, vol.3, Le souci de soi, Gallimard,
1997,334 pages.
46
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Que sait-on des comportements sexuels des femmes et des hommes, jeunes et adultes, du
Moyen Age à nos jours ? Comment, jusqu'au milieu du XXe siècle, la morale chrétienne a-t-
elle réglé la vie sexuelle des couples ? Quand, comment, qui, a contesté l'ordre sexuel imposé
par l'Eglise et la société ? Le mythe de la révolution sexuelle : quelle libération sexuelle,
pour qui ? Changements démographiques, évolution des moeurs, libération des femmes : où
en est la société française ? Que nous révèlent les grandes enquêtes quantitatives des
pratiques sexuelles contemporaines ? Comment se conjuguent amour et sexualité ? Quelles
sont les évolutions perceptibles dans les pratiques intimes et les représentations ? »
Questions :
Quelle était la règle dans les rapports amoureux jusqu’en 1945 ?........................................
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
« C'est une idée très répandue, chez les Occidentaux d'aujourd'hui, que nous avons des
difficultés particulières sur le plan sexuel, et qu'elles sont imputables à notre morale
traditionnelle, d'essence chrétienne. Mais est-ce en reniant brutalement la morale de nos
pères que nous surmonterons nos difficultés? En réalité, nous ne sommes pas libres de
refuser notre héritage. Et plus nous voulons l'ignorer, plus nous en sommes prisonniers. En
rendant à ce passé ce qu'on en a censuré, en montrant les rapports qui existaient entre telle
attitude ancienne envers la sexualité et tels autres traits, abolis ou vivaces, de la culture
occidentale, l'Histoire devrait permettre de réapprécier notre système de valeurs, et par là de
surmonter les difficultés présentes. »
47
Quelle est la cause qui explique les secrets autour du sexe en Occident ?...........................
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………
Que veut dire cette expression : « En réalité, nous ne sommes pas libres de refuser notre
héritage. » ?....................................................................................................................
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Quelle serait la solution, d’après l’auteur, pour débloquer la situation ?..................................
…………………………………………………………………………………………………
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« Nommé au Collège de France, Michel Foucault a entrepris, durant la fin des années
soixante-dix, un cycle de cours consacré à la place de la sexualité dans la culture occidentale
: l'Histoire de la sexualité, articulée en trois volumes (la Volonté de savoir, L'usage des
plaisirs et Le souci de soi). Il y prolonge les recherches entreprises avec L'archéologie du
savoir et Surveiller et punir, mais en concentrant ses analyses sur la constellation de
phénomènes que nous désignons par le sexe et la sexualité. L'axe de cette entreprise n'est pas
de s'ériger contre une répression de la sexualité afin de la libérer, mais de montrer comment
la vie sexuelle a enclenché une volonté systématique de tout savoir sur le sexe qui s'est
systématisée en une science de la sexualité laquelle, à son tour, ouvre la voie à une
administration de la vie sexuelle sociale, de plus en plus présente dans notre existence.
Foucault fait ainsi l'archéologie des discours sur la sexualité (littérature érotique, pratique de
la confession, médecine, anthropologie, psychanalyse, théorie politique, droit, etc.) depuis le
XVII siècle et, surtout, au XIXe, dont nous héritons jusque dans le postures récentes de
libération sexuelle, l'attitude de censure et celle d'affranchissement se rencontrant
finalement dans le même type de présupposé : le sexe serait cause de tous les phénomènes de
notre vie comme il commanderait l'ensemble de l'existence sociale ».
QUESTIONS :
48
DOCUMENT N° 4 / BABIN (Pierre) et PETIT (Philippe), La fabrique du sexe, Coll.
«Conversations pour demain», 1999, 130 pages
« Comment tel homme, telle femme a été fabriqué, façonné, induit ? Il n'y a pas de savoir sur
le sexe qui puisse faire l'économie d'un savoir sur la filiation. Face aux nouvelles donnes
familiales, voici le coup de gueule d'un psychanalyste de terrain pour civiliser l'amour et
construire une scène amoureuse où chacun des sexes aurait sa place. Pierre Babin dénonce
l'injonction à la performance sexuelle, à la pérennisation d'un prêt-à-sexuer où chacun
devrait ressembler à tous. Un fascisme ordinaire. Cette conversation témoigne d'une
psychanalyse avant tout art du litige, du cas singulier, loin des mots d'ordre ».
QUESTIONS :
« Edité en 1977, ce livre fait alterner avec violence et sagacité l'analyse la plus rigoureuse et
les interventions les plus provocantes. Deux écrivains s'en prennent à l'époque aux schémas
du discours sur la sexualité. Que vivent donc les plaisirs, tous les plaisirs, y compris celui sur
lequel pèsent les lourds soupçons des censeurs du savoir : la jouissance sentimentale. Cet
essai, présenté dans les années 70 comme une bombe, est aujourd'hui désamorcé mais reste
intéressant même s'il est un peu pompeux car il est une immersion dans ces années où la
liberté de ton était de rigueur. »
QUESTION :
49
Leçon N°8 / Histoire de l’identité masculine
en France de 1945 à nos jours
Qu'est ce que l'histoire de l'identité masculine en France de 1945 à nos jours? C'est d'abord
celle d'une image sociale de l'homme père, du patriarche ou du mari. Cette image s'est
profondément transformée ces cinquante dernières années. Afin de mesurer les évolutions qui
caractérisent cette histoire, nous devrons répondre à la question suivante: comment est on
passé d'une société française dominée par «l'Homme» en 1945 à une société plus mixte
faisant émerger la femme que ce soit dans l'espace privé (la famille) ou l'espace public (le
travail.)? Trois directions devront retenir notre attention. Le culte la virilité, l'émergence
politique de la femme, et enfin, l'image moderne du père d'aujourd'hui.
La vie sociale de l'homme se concentre en 1945 dans des lieux qui lui appartiennent
exclusivement: le travail, l'armée, les cafés. Tout un réseau de pratiques sociales et
économiques lui est réservé.[2]
A cette exclusivité de «droit» liée à une pratique, s'ajoute un encadrement institutionnel qui
lui rappelle ses devoirs: en effet, la vie sociale de l'homme passe par l'armée et le droit de
vote, tout juste accordée aux femmes en 1944.
Pour ce qui est de la vie familiale, l'homme se comporte comme un moteur économique
Le maître de maison a encore des accents patriarcaux lorsqu'il vit en campagne. Puis tout
change dans les années 1960.
Au milieu des années 1960, le «deuxième sexe» (la femme) s'impatiente et obtient la parole
grâce à l'écrivain Simone de Beauvoir [3]. Celle-ci veut souligner la pensée de la différence
dans un monde trop longtemps masculin.
50
2.2 Elizabeth Badinter
Elizabeth Badinter, reprend le discours de Simone de Beauvoir mais souligne le fait que
«l'un est l'Autre» [4] et que par conséquent la dichotomie homme / femme doit être estomper
au sens social et symbolique. Cette offensive intellectuelle de ces grands noms du féminisme
français aura de lourdes conséquences comme le droit à l'avortement et à la généralisation de
la prise de la pilule. Cela aura aussi pour conséquences la remise en question de l'adulte mâle
étalon: on doit inventer une autre virilité, une virilité moderne.[5]
Face à ces changements imposés à l'Homme par les contestations féminines des années 1970/
1980, la famille se consacre aujourd'hui à une nouvelle répartition identitaire [6]: l'homme et la
femme deviennent des partenaires autonomes.
Ainsi, la famille française d'aujourd'hui est basée désormais sur du contractuel. Le système est
plus flexible mais cette nouvelle liberté partagée peut rendre les individus plus fragilisés au
sein de la famille [7]. Le père devient, par exemple, autonome dans la reconnaissance de son
enfant.[8]
En résumé, on voit que si l'homme a pendant longtemps dominé la femme, c'est parce qu'il en
avait (symboliquement) peur [9] comme nous le dit Jean Cournut. Parler de la famille
française d'hier et d'aujourd'hui permettra donc d'aborder de multiples pistes sur les rapports
couple / enfant.
4 Références
1. ↑ BOURDIEU (Pierre), La domination masculine, seuil, Coll. Liber, 1998, 112 pages.
2. ↑ RAUCH (André), Crise de l'identité masculine de 1789 à 1914, Pluriel, 2001, 297
pages
3. ↑ DE BEAUVOIR (Simone), Le deuxième sexe, 2 vol., Gallimard, 1986, 395 pages.
4. ↑ BADINTER (Elizabeth), L'un est l'autre, Paris, Odile Jacob, 2004, 361 pages.
5. ↑ MOSSE (George L.), L'image de l'homme; l'invention de la virilité moderne, Pocket,
Coll. Agora, 1999, 225 pages
6. ↑ DE SINGLY (François), Le soi, le couple et la famille, Nathan, 2000, 255 pages.
7. ↑ ROUSSEL(Louis), La famille incertaine, Odile Jacob, Coll. Opus, 1999, 334 pages.
8. ↑ LE CAMUS (Jean), Le vrai rôle du père, Odile Jacob, 2000, 193 pages.
9. ↑ COURNUT(Jean), Pourquoi les hommes ont peur des femmes?, Puf, Le fil rouge,
2001, 285 pages.
51
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne
l'apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en
question. La description ethnographique de la société kabyle, véritable conservatoire de
l'inconscient méditerranéen, fournit un instrument extrêmement puissant pour dissoudre les
évidences et explorer les structures symboliques de cet inconscient androcentrique qui survit
chez les hommes et les femmes d'aujourd'hui. Mais la découverte des permanences oblige à
renverser la manière habituelle de poser le problème : comment s'opère le travail historique
de déshistoricisation ? Quels sont les mécanismes et les institutions, Famille, Eglise, Ecole
ou Etat, qui accomplissent le travail de reproduction ? Est-il possible de les neutraliser pour
libérer les forces de changement qu'ils parviennent à entraver ? »
QUESTIONS :
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52
DOCUMENT N° 2 / RAUCH (André), Crise de l'identité masculine de 1789 à 1914, Pluriel,
2001, 297 pages
QUESTIONS :
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QUESTIONS :
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…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
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53
DOCUMENT N°4 / BADINTER (Elizabeth), L'un est l'autre, Paris, Odile Jacob, 2004, 361
pages
« Aujourd'hui, l'égalité réelle entre hommes et femmes met un terme au modèle millénaire de
la complémentarité, complémentarité heureuse (l'homme avec la femme) ou conflictuelle
(l'homme contre la femme). Un nouveau modèle s'élabore sous nos yeux : la ressemblance
des sexes. Plus qu'une révolution des moeurs, Elisabeth Badinter y voit une véritable mutation
et la mise en question de notre identité à laquelle beaucoup ne sont pas encore prêts ».
Quelles sont les deux complémentarités entre les Hommes et Femmes ?................................
……………………………………………………………………………………………….
Quel est nouveau modèle qui émerge fin 20ème siècle ?..........................................................
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………..
« Force, courage, sang-froid, honneur : les attributs de la virilité, qu'ils soient physiques ou
moraux, semblent immuables. Ils forment une image qui imprègne toute la culture
occidentale. Mais quand ce stéréotype est-il né ? Comment a-t-il évolué ? Quels objectifs
politiques et sociaux sert-il ?
Pour la première fois, un grand historien aborde ces questions de front. Depuis leur origine,
qu'il situe au XVIIIe siècle, quand la bourgeoisie adapta l'idéal chevaleresque à son usage, il
analyse les avatars du "vrai homme" : le duelliste, le soldat, le gymnaste, le scout,
l'aventurier, le "nouvel homme" fasciste...
Valorisé tour à tour par les conservateurs, les nationalistes, les nazis, les communistes, l'idéal
viril s'est renforcé en s'inventant des "contretypes" fantasmatiques : le juif, l'efféminé,
l'hystérique...
Mais il fut ébranlé, après la dernière guerre, par les mouvements de libération des femmes et
des homosexuels, par les nouveaux idéaux de la jeunesse. Cette " image de l'homme " est-elle
en train de vaciller ? »
54
QUESTIONS :
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« Oui, la famille a changé. Non seulement son cadre institutionnel a craqué, mais sa fonction
centrale s'est également modifiée. Son rôle premier a longtemps été lié à la transmission du
patrimoine, économique et moral, d'une génération à l'autre. Aujourd'hui, la famille tend à
privilégier la construction de l'identité personnelle, aussi bien dans ses relations conjugales
que dans celles entre parents et enfants. On est passé en quelque sorte d'une famille "
verticale " à une famille " horizontale ". A l'aide de centaines d'entretiens et, de façon plus
inattendue, en prenant appui sur des films ou sur des romans, l'auteur montre comment
s'opère cette forme de socialisation centrée sur le développement personnel. Il analyse d'une
part le regard que chaque partenaire porte sur l'autre au sein du couple et, d'autre part, celui
des pères et des mères sur leurs enfants. Il montre comment l'adulte peut être une sorte de
Pygmalion au service des siens, le révélateur de l'identité latente de l'autre. A l'ombre de la
vie privée, les jeunes et les adultes apprennent à concilier souci de soi et respect de l'autre.
Ce double mouvement caractérise le nouveau lien social et l'individualisme positif trop
souvent ignorés des discours sur les illusions et les méfaits des temps modernes. »
55
QUESTIONS :
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DOCUMENT N°7 / ROUSSEL (Louis), La famille incertaine, Odile Jacob, Coll. Opus,
1999, 334 pages.
« La famille est aujourd'hui plébiscitée. Mais quelle famille ? Le divorce est plus fréquent, le
nombre d'enfants diminue, le mariage paraît en crise... Que devient la conjugalité ? Comment
les changements actuels retentissent-ils sur l'enfant ? Peut-on imaginer, entre vie privée et
domaine public, une véritable rupture ? Le chemin sur lequel semble s'engager la famille est-
il impasse ou voie royale ? Les données démographiques ne sont pas toujours aisées à
interpréter. Une certitude, cependant : il n'y a plus de modèle unique, mais, à côté des
situations institutionnalisées, de nombreux cas de figure inédits, " sauvages " se présentent.
Raison de plus pour revoir les théories habituelles, multiplier les approches...
QUESTIONS :
Que veut dire cette expression : « La famille est aujourd'hui plébiscitée » ?..........................
……………………………………………………………………………………………………………..
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56
DOCUMENT N°8 / LE CAMUS (Jean), Le vrai rôle du père, Odile Jacob, 2000, 193 pages
« On a longtemps pensé que seule la mère était indispensable et irremplaçable, et que le père
jouait un rôle secondaire. Les hommes n’ont-ils donc aucune importance ? Que sait-on des
effets de l’implication concrète des pères ? Et des premières interactions qui lient le père au
tout-petit ? Que nous enseignent les études les plus sérieuses sur ce que doit être la
contribution des deux sexes au bon développement d’un enfant ? Un livre qui devrait aider
chaque homme à mieux vivre sa paternité et, chaque femme, à trouver le bon équilibre avec
son enfant et son conjoint.»
QUESTIONS :
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………………………………………………………………………………………………
DOCUMENT N°9 / COURNUT (Jean), Pourquoi les hommes ont peur des femmes?, Puf,
Le fil rouge, 2001, 285 pages.
« Constat historique et culturel : partout et de tout temps, les hommes dominent les femmes.
Pourquoi ? Parce qu'ils en ont peur. Pourquoi ?
Parce qu'elles incarnent selon eux un féminin sexuel, sauvage, jouissant, dangereux,
insatiable, mortel, mortifère, glacial, lesbien, infidèle, mystérieux, envieux, incestueux,
possessif, étouffant, castrateur, exclu, exigeant, passif, masochiste, châtré, à tout le moins
irreprésentable.
Ce féminin menace selon eux en permanence l'ordre phallique, il est surtout
incompréhensiblement et follement érotico-maternel. Ils ne savent pas ou ne veulent pas
admettre ou reconnaître, dans leur approche unique et dominatrice du monde, que c'est aussi
leur "part de féminin" à eux qui les perturbe et les angoisse. »
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
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57
Leçon N° 9 / Les racines familiales en
France
Qu'est ce qu'une famille aujourd'hui en France? Entre parentalités et recomposition familiale,
chaque famille porte le poids de secret collectif où les ombres du passé déterminent encore la
vie d'un oncle disparu, d'un fils exilé ou d'une famille très unie, en apparence. Les héritiers
présents et les membres futurs de la filiation familiale, doivent à terme, accepter le poids du
passé. Ce sont souvent des "secrets".
Etudier ces secrets, inscrits au coeur des familles, nous renvoie à une analyse historique des
cellules parentales et à leurs recompositions. C'est pourquoi nous tenterons de montrer ici
comment on est passé d'une culture familiale basée sur les tabous à une culture aujourd'hui
plus contractuelle proposant de plus en plus une pluri- parentalité ouverte à la parole. Nous
essaierons de comprendre cette histoire des secrets familiaux en mesurant les différents
«romans» (au sens anthropologique) internes aux familles.
Le «roman familial» est basé sur une dichotomie quasi-biblique entre «anges» et «fantômes».
«L'Ange» valorise les qualités (poids de l'impensé familial) et autorise les actes de courage
dans l'histoire d'une famille. On découvre ainsi des héros de fortune.
En revanche, les «fantômes» soulignent les défauts [2] (poids des déterminismes et de
culpabilité) en créant des malédictions et une culture parentale à contre–emploi.
Anges et fantômes se partagent donc des histoires et des parcours que l'on nomme « psychè
familiale», sorte de clinique de l'impensé généalogique : c'est une transmission invisible,
inconsciente, trans-générationelle des êtres entre eux.
L'idée du maillon entre les générations relève d'un concept nommé «génosiogramme». Cet
outil qui mesure le lien entre générations veut dire l'étude clinique du fantôme et de l'ange.
Cette étude propose une forme et un fond. Derrière l' "écorce familiale" (forme), il y aurait le
"noyau" [3] central (fond) autour duquel il faudrait porter allégeance.
58
3 Solutions et perspectives aujourd'hui.
3.1 Les thérapies systémiques
La recherche des techniques de développement personnel passe par une volonté de se créer
une rupture positive avec sa propre famille. Cela permet ensuite à l'individu adulte de faire
face à la mémoire, mais cela permet aussi de se libérer. C'est pourquoi, les thérapies
systémiques et psychosomatiques sont de plus en plus utilisées en France. Leur but est révéler
les «secrets de famille».
Ces secrets bloquent les individus. Leur nature peut se révéler «aliénante»: il faut donc s'en
«dépêtrer»[5] comme nous l'invite à le faire John Cleese et Robin Skynner
En conclusion, les destins de vie ont changé en France. Les familles d'aujourd'hui ont un
rapport contractuel moderne qui repousse l'ancien système des secrets. Les trajectoires
sociales des individus d'aujourd'hui se dirigent vers des actions qui ne portent plus allégeance
au passé. La transmission psychique entre générations se fera désormais plus discrète.
On peut parler aujourd'hui d'une autonomisation du destin des individus face à leur passé
familiale.
4 Références
1. ↑ GAUGELAC (De) (Vincent), L'histoire en héritage, roman familial et trajectoires
sociales, D de Brower, 1999.
2. ↑ DUMAS (Didier), Introduction à la clinique de l'impensée généalogique, Minuit,
coll. Arguments, 1985, 179 pages.
3. ↑ ABRAHAM (Nicolas), L'écorce et le noyau, Flammarion, Coll. Champs, 1996, 480
pages.
4. ↑ SCHUTZENBERGER (Anna Ancelin), Aïe, mes aïeux! Liens transgénérationnels,
secrets de famille, syndrôme d'anniversaire et pratiques du génosociogramme, Desclé
de Brouwer, 1999, 257 pages.
5. ↑ CLEESE (John) et SKYNNER (Robin), La famille: comment s'en dépêtrer.? , Odile
Jacob, Puf, 2001, 320 pages.
59
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« L'homme est histoire. L'histoire de chaque individu est emboîtée dans une histoire familiale,
elle-même insérée dans une histoire sociale. La fabrication des destinées humaines est une
question centrale des sciences sociales.
A partir des groupes d'implication et de recherche qu'il anime autour du thème " roman
familial et trajectoire sociale ", Vincent de Gaulejac explore la dynamique de construction
du sujet, face à son histoire, à sa généalogie, aux processus de transmission inter-
générationnels, au poids des déterminations sociales.
Poursuivant les réflexions amorcées dans La Névrose de classe et dans Les Sources de la
honte, il montre comment les phénomènes sociaux et psychiques s'amplifient et s'influencent
réciproquement, en particulier autour des secrets de famille, de la haine de classe, de la
honte sociale ou de l'envie.
Réfléchissant sur les nombreuses dimensions de l'expérience humaine, l'auteur plaide ici avec
vigueur pour une réhabilitation du sujet dans la sociologie contemporaine. »
QUESTIONS :
Quelles sont les histoires dans lesquelles se trouve tout individu ?......................................
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Quels sont les déterminismes qui expliquent les attitudes d’un individu ?............................
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Qu’est-ce que l’auteur propose comme option scientifique pour la science
sociale ?..............................................................................................................................
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Que veut dire le concept de « sujet » dans votre pays ?.......................................................
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60
« L'impensé généalogique peut se matérialiser dans des symptomatologies aussi diverses que
le mutisme de l'adulte, l'autisme de l'enfant ou la phobie. C'est alors le Fantôme qui œuvre
dans l'inconscient. Présent dans les croyances et les religions les plus diverses, le Fantôme
apporte au surmoi freudien un nouvel éclairage métapsychologique : il conceptualise ces
objets innommables qui ont pouvoir de se transmettre d'inconscient à inconscient dans les
relations de filiation.
QUESTIONS :
61
« Ecrits entre 1959 et 1975, les essais de ce recueil désormais classique ont marqué un
renouvellement dans la théorie et la pratique psychanalytiques. C'est ici que N. Abraham et
M. Törok inaugurent les notions-clé de la psychanalyse contemporaine, le secret de famille
transmis d'une génération à l'autre (théorie du fantôme), le deuil impossible d'un être chéri
(maladie du deuil), la secrète identification avec un autre (incorporation), l'enterrement d'un
vécu inavouable (crypte). Ces découvertes complémentent l'arsenal théorique freudien et font
reculer les limites de l'inanalysable.»
QUESTIONS :
Quelle fut la théorie crée par les deux auteurs entre 1959 et 1975 ?................................
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…………………………………………………….
Quelle est la place du deuil et de la crypte dans cet univers des secrets de famille ?
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Quelles conséquences cette théorie provoque dans les analyses freudiennes ?......................
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« Anne Ancelin Schützenberger livre dans cet ouvrage, à travers son analyse clinique et sa
pratique professionnelle de près d'une vingtaine d'années, une "thérapie
transgénérationnelle psychogénéalogique contextuelle.
En langage courant, ceci signifie que nous sommes un maillon dans la chaîne des générations
et que nous avons parfois, curieusement, à "payer les dettes" du passé de nos aïeux. C'est
une sorte de "loyauté invisible" qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que
nous le sachions ou pas, des situations agréables ou des événements douloureux. Nous
sommes moins libres que nous le croyons, mais nous avons la possibilité de reconquérir notre
liberté et de sortir du destin répétitif de notre histoire, en comprenant les liens complexes qui
se sont tissés dans notre famille.
Ce livre s'inscrit parmi les toutes récentes recherches en psychothérapie intégrative. Il met
particulièrement en évidence les liens transgénérationnels, le syndrome d'anniversaire, le
non-dit-secret et sa transformation en un "impensé dévastateur".
QUESTIONS :
62
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Pourquoi certains individus ont le sentiment d’avoir à « payer des
dettes »?................................................................................................................................
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63
LECON N°10 / Les rapports parents et
enfants en France
Les enfants pensent tout le temps. Du bébé à l'adolescence, le temps de l'éveil est permanent.
La vie émotionnelle des enfants devient un enjeu de société et un débat important chez les
psychanalystes. Ceux-ci ont souligné le lien hyper-actif entre les enfants et les profondes
mutations d'une société post-industrielle. Les parents s'inquiètent et consultent de plus en plus
des psychologues. Certains spécialistes proposent le débat suivant: en quoi cette demande
spécifique en psychanalyse témoigne du malaise social des sociétés contemporaines? Trois
types d'approches pourront retenir notre attention et nous permettre d'identifier ces nouveaux
parents français, épris de psychanalyse et d'inquiétude. Nous analyserons successivement la
demande de "bonheur", le rôle historique d'Anna Freud, et enfin, la nécessité d'éviter les
"mauvais gestes" comme le conseille l'éthologue français, Boris Cyrulnik.
Face à la recomposition actuelle des familles, que ce soit par l'aspect contractuel ou par les
divorces, les parents se trouvent désemparés face aux demandes de l'enfant.
Les psychanalystes constatent ainsi une demande croissante de «bonheur» de la part des
parents pour leurs enfants.[1]Ce désir affectif contient ses propres contradictions lorsque la
famille au cadre plus flexible, n'est pas ou plus en mesure d'accompagner l'adolescent en
crise.
Il y a donc une demande contradictoire des parents. Ceux-ci sont à la fois des individus
autonomes et en même temps, ils désirent nourrir une image unie pour leurs enfants Que voit
l'enfant dans son rapport avec ses parents? Comment l'inscrire dans ces relations familiales?
Peut on dire qu'il y a une reconnaissance de la psychanalyse de l'enfant par nos sociétés
contemporaines? La rupture s'est fait grâce à celle qui a écouté le sérieusement les enfants, à
savoir Françoise Dolto. Celle-ci a ouvert des "'portes".
Anna Freud et Mélanie Klein, ont été reconnues en France grâce à Françoise Dolto. Ce sont
des auteurs importants qui qui ont pris en compte le rôle social de l'enfant. Il n'en reste pas
moins que des blocages structurels importants persistent. La vie émotionnelle chez le tout
petit doit être reconnue.[2]
64
3 Des solutions pour répondre aux besoins des enfants et des
parents.
3.1 Des psychanalyses en trois temps
Cette psychanalyse a été l'objet d'un ouvrage collectif sous la direction de Didier Houzel qui
indique bien la non contradiction à ce que l'âge de l'innocence se conjugue avec l'éveil de la
sexualité.
En conclusion, face aux crises sociales et aux mutations intrinsèques chez l'enfant,
l'apaisement désiré par tous suggère le concept des «attachements sécures». Cette idée
fondamentale crée par Boris Cyrulnik, est indispensable à l'enfant dans son développement
personnel.
4 Références
1. ↑ MATHELIN (Catherine), Qu'est ce qu'on a fait à Freud pour avoir des enfants
pareils?, Coll. Documents, 2000, 262 pages.
2. ↑ LIEBERMAN (Alicia), La vie émotionnelle des tout-petits, Poches, 2001, 319
pages.
3. ↑ HOUZEL (Didier) et al., L'enfant, ses parents et le psychanalyste, Bayard, compact,
2003, 1053 pages.
4. ↑ CYRULNIK (Boris), Sous le signe du lien, Hachette, Coll. Pluriel, 1997, 319 pages.
65
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Entre un an et trois ans, un enfant part à la découverte du monde. Il met les doigts dans les
prises électriques, il barbouille les murs de nourriture, il porte tout à sa bouche, il se sauve
sans cesse... Et les parents de courir derrière, de s'angoisser. Comment faire pour donner à
cet aventurier farfelu quelques principes de vie... et parfois de survie ? Comment éviter les
drames sans provoquer crises de larmes et grosses colères ? Voici un guide précieux et
complet permettant de mieux comprendre les tout-petits et de les accompagner dans leur
développement. Pour des enfants épanouis et des parents décontractés ! »
QUESTIONS/
DOCUMENT N°2 / CYRULNIK (Boris), Sous le signe du lien, Hachette, Coll. Pluriel,
1997, 319 pages /
« A la lumière de ses études éthologiques, qui cherchent à observer le comportement des êtres
vivants dans leur univers naturel, Boris Cyrulnik jette un regard nouveau sur le
comportement amoureux des humains.
Quelle est l’approche de ce scientifique sur les liens Parents / Enfants ?..............................
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………..
Cette conception est-elle partagée dans votre pays ?..........................................................
……………………………………………………………………………………………..
66
TEXTE N°11 / Violence et médias dans le
monde des enfants
Face aux médias, l'éducation a un rôle particulier dans la maîtrise de l'image. Cette dernière
est matérialisée par la télévision qui présente un monde en mutation rapide. L'enfant est le
spectateur vivant. Ils sont nombreux à regarder le monde bouger, crier. Ils y voient un monde
moderne souvent instrumentalisé. Cette mise en scène par les médias semble poser
l'ambiguïté suivante: en quoi le monde d'aujourd'hui peut à la fois être «enchanteur» et
«violent» pour l'enfant des sociétés modernes? Pour répondre à cette question, nous invitons à
suivre trois directions: qui sont les personnages mythiques qui font les héros des films? Qu'est
ce que la culture des jeux télévisuels? Quelle est la place de l'éducation face au virtuel?
Les jeunes lecteurs accompagnés de leurs parents constituent régulièrement les interminables
ruées d'achats sur le dernier Harry Potter, succès littéraire inégalé. Pourquoi ce succès? Le
style narratif hyper actif et l'importance du mythe initiatique ont permis de séduire un large
public où le fantastique se mêle au réel. L'enfant par l'initiation devient adulte et les objets se
mettent à bouger.
Au-delà de la séduction littéraire incontestable, le produit Harry Potter reste adapté aux
enfants des sociétés contemporaines«riches», car celles-ci suivent un mode hyperactif de
l'information. Mais ces romans fantastiques posent une question politique: ne pourrait-on pas
dire que le succès Harry Potter renforce encore un peu plus une discrimination culturelle à
l'échelle internationale, entre pays riches et pauvres? Deux cultures se mettent ainsi en place.
Une certaine fragmentation culturelle du conte.
67
2 Le poids de la télévision dans nos sociétés contemporaines.
2.1 L'épisode des Télé-réalité
Le succès Harry Potter s'inscrit donc dans une culture médiatique des jeux, d'une culture de la
séduction. On retrouve ce jeu permanent du mouvement du réel dans les "Télé-réalités" où le
quotidien est lui même mis en scène. Virtuel et réalité fusionnent.
Certains, comme le psychologue américain Donald W. Winnicott, rappelle que cette culture
des jeux virtuels n'est pas un concept; c'est un «espace potentiel». [2]
Mais accessible à qui? Qu'est devenue la réalité au milieu du fantastique télévisuel? Quels
sont alors les repères qui vont construire l'espace culturel de l'enfant des sociétés post-
industrielles? Un programme télévisuel ou encore des jeux sur écran? N'expose t-on pas les
enfants à une culture hyper-active, déconnectée de la réalité?
Les adultes doivent aussi changer d'attitude: "leur volonté de toute puissance» passe par le
mensonge social. Les parents eux-mêmes ne sont alors plus un modèle "porteur" .[5]. Certes,
réussir professionnellement est important mais cette approche ne doit pas fissurer la
modélisation attendue par l'enfant.
Cette réorientation des parents serait une façon de ne pas démissionner et de ne pas laisser les
enfants souvent trop «seuls».[6]
Quant à l'école française, on ne cesse de la réformer, tandis que les médias hyperactifs,
sollicitent de plus en plus l'enfant en plein développement.
En conclusion, le monde moderne n'est pas dangereux pour les enfants des sociétés post
tertiaire. Pourtant des risques de dérives sont présents. Quelle solution? Comment retrouver
du « sens commun » et donner à ces enfants une vraie éducation à l'image?
68
4 Références
1. ↑ VIROLE (Benoît), L'enchantement Harry Potter: la psychologie de l'enfant
nouveau, Editions archives contemporaines, 2001, 113 pages.
2. ↑ WINNICOTT (W.Donald), Jeu et réalité: un espace potentiel, Gallimard, 2002, 276
pages.
3. ↑ KAMMERER (Pierre), Adolescents dans la violence, Coll. Sur le champ, 2000, 361
pages.
4. ↑ MANCIAUX (Michel), Enfance en danger, Coll. Fleurus, 1997, 773 pages.
5. ↑ GABERAN (Philippe), Eduquer les enfants sans repères, ESF -Pratiques et enjeux,
2003, 124 pages.
6. ↑ OTT (Laurent), Les enfants seuls: approche éducative, DUNOD, Coll.«Enfances»
2000, 206 pages.
69
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Qui aujourd'hui n'a pas entendu parler de Harry Potter ? Que l'on soit parent, enseignant
ou simple spectateur intrigué, on ne peut pas ne pas s'interroger sur les raisons d'un tel
succès à l'échelle mondiale, succès par ailleurs jamais égalé dans toute l'histoire de l'édition.
Au-delà de la force de frappe marketing mise en oeuvre pour vendre ces ouvrages, l'auteur
met en évidence le talent particulier de J. K. Rowling pour attiser l'intérêt des jeunes lecteurs
et sa compréhension exceptionnelle des schémas de pensée des enfants d'aujourd'hui. Il fallait
un mode d'emploi à l'intention des adultes pour leur expliquer la profonde originalité de cette
oeuvre, tant sur le plan formel que dans son contenu.
Chacun pourra alors comprendre les raisons de l'impact de Harry Potter sur l'imaginaire
des enfants et choisir en toute connaissance de cause sa propre attitude envers ce
phénomène. »
QUESTIONS /
………………………………………………………………………………………………
Trouve-ton des personnages littéraires qui enchantent autant les jeunes de votre pays ?.
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
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70
DOCUMENT N°2 / WINNICOTT (W. Donald), Jeu et réalité: un espace potentiel,
Gallimard, 2002, 276 pages.
« Ce livre, le dernier qu'ait écrit Winnicott, prend pour point de départ l'article, devenu
classique, que l'auteur a consacré aux "objets transitionnels". Il a pour fil conducteur une
conception du jeu, par quoi il faut entendre une capacité de créer un espace intermédiaire
entre le dehors et le dedans, capacité qui ne s'accomplit pas dans les jeux réglés, agencés
comme des fantasmes ou des rituels, mais qui se situe à l'origine de l'expérience culturelle. Il
énonce enfin une théorie des lieux psychiques -une nouvelle topique - dont nous
commençons à apercevoir l'originalité, par rapport aussi bien à Freud qu'à Melanie Mein.
Nous découvrons comment une théorie psychanalytique - cet objet transitionnel dont nous ne
saurions nous passer - s'invente, se cherche et se trouve. »
QUESTIONS
……………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………. ;
Quelle topologie psychique pourrait–on identifier dans votre pays comme expérience
culturelle ?..................................................................................................................
…………………………………………………………………………………………
71
DOCUMENT N°3 / MANCIAUX (Michel), Enfance en danger, Coll. Fleurus, 1997, 773
pages
« Enfants en danger : sous ce vocable, on désigne désormais les enfants maltraités et ceux qui
courent le risque de le devenir. Car, comme toute pathologie, la maltraitance a une histoire
naturelle qu'il convient de bien connaître pour agir le plus en amont possible : le traitement
des cas dépassés est long, difficile et aléatoire... Cet ouvrage, tout en faisant suite aux deux
éditions (1982 et 1993), de L'enfant maltraité, en diffère notablement, tant l'évolution est
rapide dans cette problématique trop longtemps négligée. Plus que d'une remise à jour, il
s'agit, sous ce nouveau titre, d'un essai d'analyse et de synthèse, mais aussi d'un
approfondissement à propos de la maltraitance et de ses nombreux aspects. « Il y aura
toujours des enfants maltraités ", disait Henry Kempe, l'un des découvreurs de la
maltraitance, et la réalité lui donne amplement raison. Mieux connaître ce difficile et
douloureux problème pour mieux le prévenir et y porter remède est donc, pour toutes les
personnes concernées, à quelque titre que ce soit, une ardente obligation. r. »
QUESTIONS :
…………………………………………………………………………………………..
Quel est le constat d’un des spécialistes de la question Henry Kempe ? Pourquoi ?.........
……………………………………………………………………………………………….
Cette question est-elle débattue dans votre pays ? Dans les médias ?.....................................
…………………………………………………………………………………………….
72
DOCUMENT N° 4 / GABERAN (Philippe), Eduquer les enfants sans repères, Pratiques et
enjeux, 2003, 124 pages
« Les enfants chauves-souris se logent dans les anfractuosités de la vie, entre père et mère
divorcés, entre culture d'origine et culture d'adoption, entre l'école et les institutions
spécialisées. Ce sont des enfants en perte d'adulte. Pour ces enfants qui se cherchent entre
l'école, la rue et une famille éclatée, mais pour tous les autres aussi, il importe de savoir,
autour d'eux, qui fait quoi et pourquoi. Afin que sous la fonction de parent, d'enseignant, de
travailleur social, d'agent de police, s'affirme d'abord une personne ressource. Dans cet
essai, Philippe Gaberan s'engage à rencontrer cette difficile enfance, à explorer les lieux où
elle joue son refus de grandir et à dessiner les chemins d'une action conduite par des adultes
responsables. Bref il parle d'éducation loin des a priori et des clichés.. »
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………….. ;
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………….
« Les sociétés modernes ont favorisé les conditions d’un isolement croissant chez les enfants
de 6 à 16 ans. Ceux-ci échappent aux structures classiques éducatives ou péri-éducatives. Et
les structures dites d’urgence les ignorent. Cet ouvrage rend compte du phénomène, de ses
formes et de ses causes. Il propose les pratiques éducatives novatrices à mettre en oeuvre
pour permettre à ces enfants en rupture sociale et affective de recréer un lien.. »
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………..
73
CHAPITRE 3
74
LECON N ° 11 / La France et la fin des
institutions traditionnelles
Ce champ d'analyse aura pour but de montrer l'histoire socio- institutionnelle de la France de
1945 à nos jours. Nous verrons que la France présente aujourd'hui une société en quête de
sens et que ce pays a connu de nombreuses «révolutions invisibles». Ces changements doivent
poser l'interrogation suivante: comment est on passé, en 45 ans, d'une société unie et
institutionnalisée à une société composite voire fragmentée ? Trois directions constitueront
nos analyses futures sur ce sujet où domineront droit institutionnel et société.
De 1945 à 1975, la France est constituée d'une société hiérarchisée: nous y trouvons Etat fort
– très gaullien- des classes sociales encore assez différenciées et des institutions qui encadrent
solidement la population (Armée, école, administration, sécurité sociale, famille)
Aujourd'hui, les classes sociales semblent brouillées [1] et l'Etat est dépassé par la somme des
intérêts individuels. La France contemporaine gère un pays d'individus qui contestent ou qui
refusent. Les émeutes de novembre 2005 illustrent tragiquement cette fissure. La vision
libérale du président élu en 2007 confirme, aussi, d'une autre manière, l'émergence d'une
société de l'individu. Comment a t-on pu passer ainsi d'une structure sociale collective à une
anomie sociale?
La rupture a eu lieu à la fin des années 1970. La mondialisation de l'économie et les crises
sociales ont modifié le paysage d'une France qui connaît un chômage structurel. C'est la fin de
l'"Etat providence". Celui ci ne peut faire reculer ni le chômage, ni les délocalisations.
La tertiarisation de l'économie française a fait reculer des secteurs traditionnels tels que
l'agriculture : on parle souvent chez les sociologues français de la «Fin des paysans.»
Autre révolution invisible, la place de la femme. Celle-ci a participé à une modification socio-
économique profonde de la société française. Elle a un accès à l'emploi, au droit de vote, à la
pilule contraceptive. Une liberté est née
75
L'homme aussi, a poursuivi sa mutation sociale ; depuis 1997, l'Etat a décidé de mettre fin au
service militaire. L'homme n'est plus ainsi encadré par des symboles d'Etat fort.
Le spirituel? La société française est devenue moins croyante: les églises sont de moins en
mois fréquentées et la France, «fille de Rome», semble être de plus en plus orpheline
Au delà de ces changements structurels – que connaissent aussi d'autres pays d'Europe - ce
sont de nouvelles habitudes de consommation qui se sont mises en place: alimentation,
habillement, logement, transport, loisirs et santé.[3]
Parfois ces nouvelles habitudes socio- politique sont accompagnées ces nouveaux modes de
vie : on parle aujourd'hui «d'individualisme français». Pierre Bréchon, sociologue, rappelle
que cette situation nouvelle ne rime pas avec indifférence.[4] Bien au contraire. Les Français
auraient pris conscience qu'il faut, pour demain, définir de nouvelles règles de solidarité car
les valeurs traditionnelles (Eglise, Etat, etc….) se sont plus porteuses de projets solides.
Une autre négociation de la vie politique et sociale se met en place peu à peu. Ces mutations
ne se font pas sans douleurs: beaucoup de tensions persistent avec un chômage qui touche 9 %
de la population active. De plus, les immigrés sont stigmatisés et reclus dans des zones
ghettos de plus en plus mal vécues. Combien d'hommes et de femmes semblent se sentir
exclus des enjeux politiques, ou tout simplement désabusés. [5] Les résultats politiques
illustrent ce mécontentement, cette fragmentation.
Le débat social sur l'identité est à redéfinir entre "universalisme" et "particularisme" afin
d'éviter que l'exclusion ne soit plus une fatalité. Le président de la République a évoqué en
décembre 2007, la nécessité de créer une "politique de civilisation" reprenant ainsi les
perspectives d'harmonie sociale espérées par le sociologue français, Edgar Morin. La
constitution européenne, objet de vifs débats politiques en France au cours de l'année 2005, a
montré aussi à quel point les Français veulent retrouver leurs repères dans un espace européen
de 28 pays en pleine crise depuis 2008….
76
4 Références
77
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« L'idée de société a longtemps fondé la cohérence et l'unité de la vie sociale des Etats-
nations industriels et modernes. Cette représentation affirmait aussi l'unité de l'acteur et du
système, de la subjectivité et de l'objectivité. Aujourd'hui, cette idée s'éloigne de nous quand
la société cesse d'être dominée par l'industrie, quand la modernité déçoit, quand la
subjectivité, égoïste ou morale, s'impose, quand les Etats-nations ne sont plus identifiables à
«la société».
Pour autant, l'idée de société ne peut pas être abandonnée. Non pour céder aux nostalgies
républicaines ou communautaires, mais parce que la vie sociale est désormais ce que nous en
faisons à travers la représentation que nous en construisons dans les conflits sociaux, sur les
scènes médiatiques et dans la vie politique. Les promesses de la modernité se sont réalisées
au prix de la mort de quelques illusions. La vie sociale est une production continue, une
«volonté», quand l'objectivité du monde ne peut plus fonder l'unité de nos expériences ».
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
Quelle serait la solution selon les auteurs pour refaire vivre l’idée de
société ?.......................................................................................................................................
………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
78
DOCUMENT N° 2 / COHEN (Daniel) et al , France: les révolutions invisibles, Calmann-
lévy, 1998, 321 pages
« L'optimisme ne va pas de soi dans la France au début du 21ème siècle. Les inégalités, le
chômage, la violence juvénile, la corruption des politiques sont perçus comme
insupportables par un nombre croissant de Français, qui « se sentent confusément piégés
dans un monde devenu illisible ».
Ces dysfonctionnements ne sont-ils que les avatars « d'une grande mutation historique dont
nous commençons à peine à prendre la mesure » ? C'est le point de vue résolument annoncé
dans ce livre, écrit par des sociologues, politologues, économistes, démographe ou juristes,
tous auteurs de publications récentes.
Comment caractériser ces « révolutions invisibles » qui affectent notre pays ? Selon les
auteurs, les transformations concernent, de manières diverses, aussi bien les individus dans
leur vie privée, que les institutions politiques et les modes de production économique. Et sauf
à vouloir leur trouver une cause unique - la mondialisation, le « fléau néo-libéral », le
conservatisme de la société... - il est bien difficile de faire entrer ces mutations dans une
grille de lecture qui nous permettrait de les relier entre elles ».
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………….
Cette mutation historique est –elle en marche dans votre pays ? Si oui, sous quel
aspect ?...............................................................................................................................
…………………………………………………………………………………………………
79
DOCUMENT N°3 / BRECHON (Pierre) et al. , Les valeurs des Français: évolution de 1980
à 2000, Armand Colin, 2000, 280 pages.
« Quid des valeurs dans la société française ? Elles seraient, dit-on perdues ou perdition : la
montée du « chacun pour soi », délitement du lien social, etc. L'antienne est connue. Le
grand mérite de cet ouvrage, paru une première fois en octobre 2000 dans la collection « U »,
est d'avoir remis la question en perspective, en établissant un diagnostic clair et documenté et
un fournissant une interprétation sérieuse et nuancée de l'évolution des valeurs des Français
au cours des deux dernières décennies. Ce travail d'équipe, au sein duquel chaque domaine
de valeurs est analysé par un spécialiste reconnu, s'est imposé comme une référence majeure.
Ce livre documenté, qui dément preuve à l'appui les thèses à l'emporte-pièce sur l'étoilement
des valeurs, reste d'une parfaite actualité. Quels sont les thèmes évoqués ? Les Français
entre eux : des relations électives et sélectives. La famille : tolérance et différence. Les
sentiments d'appartenance collective des Français. Sens du travail et valeurs économiques.
L'univers des valeurs politiques : permanences et mutations. Religion : développement du
hors-piste et de la randonnée. Grandes tendances transversales Liberté, autorité et civisme,
trente ans après mai 1968. Valeurs des hommes, valeurs des femmes : quelles différences ?
L'évolution des valeurs des Français s'explique-t-elle par le renouvellement des générations
? À la recherche des systèmes de valeurs des Français. La France dans l'Europe. »
QUESTIONS :
………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
En quoi les thèmes évoqués illustrent le caractère scientifique de leur démarche ?..................
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
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80
TEXTE N°12 / Les nouveaux loisirs en
France
Vacances, voyages ou passe- temps, le temps des loisirs en France s'est rallongé au point que
l'on pourrait parler d'une nouvelle conquête sociale ou culturelle en France. Avec la
tertiarisation de l'économie et sa révolution cybernétique, le travail n'est plus l'obligation
absolue pour l'Homme. Cette remise en cause pose la question centrale suivante: comment est
on passé d'une société basée sur le travail à une société qui apprivoise – sans complexes- de
plus en plus le temps libre dans son quotidien? C'est donc ici une histoire culturelle du travail
en France que nous analyserons en trois temps. Nous verrons le caractère structurel de la
valeur "travail", pourquoi un hédonisme social a émergé et enfin, nous constaterons
l'apparition d'un chapelet nouveau de "passions ordinaires".
Pendant des siècles, le travail a été le temps social n°1 rythmant la vie des hommes: combien
d'image d'Epinal existent sur le Moyen-âge où partout en Europe on pouvait apercevoir des
hommes minuscules, au style de Bruegel, écrasés par un destin de labeur?
Au 20ème siècle, les choses ont bougé avec les premiers congés payés de 1936. Puis, avec la
période 1945-1975, la France a réussi à moderniser son économie et à « tertiariser » ses
capacités productives: face aux machines, les individus ont pu alors atteindre une autonomie
face aux contraintes économiques du travail et à prendre en main leur nouveau temps social, à
savoir, les loisirs.
Le mot «vacance» vient des interruptions des audiences des tribunaux pendant les moissons
au moyen âge. Pendant des siècles, la période des vacances était donc très limitée socialement
par rapport aux labeurs des hommes. Il n'y avait pas alors d'autonomie des loisirs. On stoppait
pour un temps court le travail pour une prestation juridique. Aujourd'hui, on stoppe le travail
pour se reposer, se détendre.
81
2.2 La rupture de 1936
L'histoire des loisirs au sens moderne, prend son envol social au cours de la période clé allant
de 1850 à 1960 [2] : la date importante fut de 1936, date à laquelle la classe ouvrière a
finalement obtenu ses premiers congés payés. C'est-à-dire que l'on reçoit un salaire pendant
ses vacances.
Depuis les années 1970, une culture nouvelle du temps libre a remplacé les loisirs des années
1930. Les semaines de congés payées se sont encore rallongées en 1968. La société française
proposa alors des espaces de vacances de plus en plus individuelles.
3 Une société post-moderne qui crée une autre culture sur les
voyages
3.1 L'apparition des idiots du voyage
Aujourd'hui, beaucoup de Français organisent leur temps libre. Ils sont devenus des touristes
mais pas des «idiots du voyage» [3]. La fantaisie de la découverte est réhabilitée dans la société
française: randonnées et découvertes ethnologiques sont à la mode. Les individus veulent
devenir des explorateurs même inexpérimentés. Apprendre à voir l'univers en admirant ce
grand livre ouvert qu'est la nature, tel est leur nouveau projet naturaliste des Français en
vacances.
Au- delà ce ces rêves, beaucoup se font plaisir au quotidien. Ce sont souvent des passions
motivées par une reconnaissance personnelle, une quête de savoir et un besoin de création.
Elles se déroulent dans des «refuges» comme une association, un club, une «résidence
secondaire[5]». D'autres gardent un œil sur l'extérieur, dans des parcs, des forêts où se joue
«l'honneur des jardiniers.» [6]. Ainsi ces passions ordinaires peuvent aller de la collection de
timbre à l'extase intime où l'on regarde pousser ses salades.
En conclusion, l'histoire des loisirs en France témoigne d'une révolution culturelle du temps
libre. Ceci n'est que le reflet d'une société en mutation. C'est un nouvel art de vie qui se met
peu à peu en place. Une société post moderne et post- industrielle est en train de naître.
82
4 Références
1. ↑ YONNET (Paul), Travail, loisir, temps libre et lien social, Gallimard, 1999, 324
pages.
2. ↑ DUMAZEDIER (Joffre), et al., Les services sociales du loisir,1961, Méridiens et
Klincksieck, 91 pages
3. ↑ URBAIN (Jean – Didier), L'idiot du voyage, Histoire de touristes, Payot, 1991, 271
pages
4. ↑ BROMBERGER(Christian), Passions ordinaires: du match de football au concours
de dictée, Hachette, sociétés, 2002, 544 pages.
5. ↑ DUBOST (François), L'autre Maison: la résidence secondaire; refuge des
générations, Coll. Mutation, 1998, 183 pages.
6. ↑ WEBER (Florence), L'honneur des jardiniers: les potagers dans la France du 20
ème siècle, Belin, 1998, 287 pages.
83
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / YONNET (Paul), Travail, loisir, temps libre et lien social,
Gallimard, 1999, 324 pages
« Le temps libre est aujourd'hui le temps de vie le plus long. Mais la fin du travail n'aura
pas lieu. Au demeurant, si le travail devait disparaître, le loisir, dans son acception
moderne, disparaîtrait avec lui : la demande sociale est une demande de temps de
contrainte et de temps de loisir alternés ; la force de travail et ce que l'auteur dénomme la
force de loisir tire leur existence et leur sens de mécanismes d'épuisement et de
reconstitution réciproque.
Paul Yonnet explore de façon minutieuse et quasi ethnographique les différentes activités
que le développement de la force de loisir a suscitées. Il réserve un traitement particulier
à des phénomènes déjà abordés dans Jeux, modes et masses et revisités quinze ans après :
l'esthétique rock, la médiatisation des rituels du rire, le déclin du tiercé.
Toutes ces analyses mènent au même point. Elles mettent en lumière la reconstitution du
lien social qu'opèrent les pratiques de loisir. A une époque où la religion, la famille,
l'entreprise, le travail, l'action publique ou syndicale ne contribuent plus, ou contribuent
moins qu'auparavant, à maintenir la cohésion collective, c'est le loisir qui devient le
principal champ d'activités où s'expérimente le sentiment d'être ensemble. Loin de se
dissoudre dans le temps libre, le lien social s'y retrempe et s'y vivifie.
Telle est la politique d'un loisir, ni frivole ni futile, où se mesure dorénavant la capacité
des hommes à poursuivre une vie en société digne de ce nom »
QUESTIONS :
…………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
Quels sont les modes de loisirs analysés dans cet ouvrage ?..............................................
…………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………
84
DOCUMENT N° 2 / URBAIN (Jean – Didier), L'idiot du voyage, Histoire de touristes,
Payot, 1991, 271 pages
QUESTIONS
………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
85
DOCUMENT N° 3 / BROMBERGER (Christian), Passions ordinaires: du match de
football au concours de dictée, Hachette, sociétés, 2002, 544 pages
« A n'en pas douter, les Français ont changé. Réputés pour leur goût du travail et leur
attachement aux grandes causes, ils consacrent maintenant au moins autant de zèle et de
passion aux loisirs les plus variés. Clubs, associations, journaux et magazines
spécialisés, manifestations en tous genres témoignent de ce chassé-croisé d'intérêts
disparates pour le jardinage, la généalogie, les concours de dictée, l'ésotérisme, la moto,
les raids, le rock, le football, etc.
QUESTIONS
……………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
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86
DOCUMENT N° 4 / DUBOST (François), L'autre Maison: la résidence secondaire;
refuge des générations, Coll. Mutation, 1998, 183 pages.
« Il y a 20 ans, la maison de campagne était décriée : luxe coûteux et snob, fléau pour
l'espace rural, " deuxième phylloxéra ". On se moquait de ce faux retour à la nature, des
simili-fermettes normandes et des bricoleurs du dimanche. Aujourd'hui, elle apparaît
plutôt comme le refuge d'une société en crise, un coin vert quand les banlieues sont
grises, un port d'attache quand la mobilité s'accroît, un pays d'adoption pour les
déracinés, un lieu de retrouvailles saisonnier pour les grands-parents, enfants, oncles et
cousins à l'heure où la famille s'éparpille...
Les statistiques le disent, et mieux encore les notaires, les promoteurs immobiliers, les
élus locaux et bien sûr les résidents secondaires eux-mêmes. Car le nombre des
résidences secondaires a décuplé en cinquante ans, et le phénomène concerne
aujourd'hui toutes les couches sociales, tous les milieux et tous les âges.
A travers cette grande enquête, c'est la société française dans son ensemble qui nous
parle de ses rêves, de ses aspirations, de l'avenir de l'espace rural, des rapports entre la
ville et la campagne, des façons d'habiter, des relations entre générations, de l'amour du
pays et du sentiment de l'autre.
Dans la chaleur tendre des résidences de campagne, de mer et de montagne, ce sont nos
modes de vie futurs qui s'inventent et s'élaborent en secret. »
QUESTIONS :
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87
DOCUMENT N°5 / WEBER (Florence), L'honneur des jardiniers: les potagers dans la
France du 20 ème siècle, Belin, 1998, 287 pages
« En France, un ménage sur deux dispose d'un jardin, un ménage sur trois cultive un
potager. Loin d'être une survivance d'un monde paysan perdu, le jardinage dans sa
banalité contemporaine, est une invention du début du siècle. Observer sa genèse, c'est
suivre la rencontre entre des philanthropes, des professionnels de l'horticulture et des
citadins pauvres qui cherchent à s'approprier un petit coin de campagne plus encore qu'à
y cultiver des légumes.
Du côté des jardiniers c'est dans le Nord que la passion a pris. Toute une génération
ouvrière a défendu son honneur au jardin, passant du besoin au plaisir et du logement
social au pavillon. Chez les jardiniers d'aujourd'hui, on peut lire les traces de cette
histoire, calcul économique pour certains, passion pour d'autres, estime de soi enfin
pour ceux qui affichent ordre et propreté au potager. Car le jardin est la signature de son
jardinier. Ce qu'on produit dans ce chez-soi de plein air, on l'offre pour qu'il célèbre ses
qualités de jardinier, on en jouit comme d'un miroir de soi ».
QUESTIONS :
Quelle est la place d’un jardin en France pour les Français ?............................................
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Quel est l’usage et l’aspect des jardins-potagers dans votre pays ?............................
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88
LECON N°13 / Les nouvelles cultures
urbaines en France
Musique, tatouages, drogues, sports de glisse, ce sont les activités ou pathologies d'une
culture urbaine de plus en plus prégnante en France. 70 % des Français vivent en ville. Une
culture urbaine est née.
Cette urbanisation qui veut se distinguer culturellement des autres loisirs semble poser la
question suivante: dans quelle mesure peut-on parler d'identité urbaine profonde en ce début
du 21ème siècle en France? Est ce une distinction identitaire, une «ritologie» ou une forme
contestataire liée aux exclusions ou aux promotions?
Nous répondrons à cette question en produisant une série d'articles qui évoqueront
l'émergence de deux phénomènes: la contestation dans les banlieues et une nouvelle façon de
penser la ville, avec ses territoires et ses règles.
Les tribus sont des groupes fusionnels qui se protègent de l'extérieur: c'est le cas des
populations stigmatisées et qui stigmatisent à leur tour, dans ces jungles de pierre, les villes,
nommées aussi mégapoles. Ces banlieues contestent, parfois se révoltent (novembre 2005) car
le contrat avec l'Etat est bel et bien rompu.
Face à la montée croissante du chômage, beaucoup de jeunes ont une volonté de rester hors
des cadres: c'est le cas des «Raves party», cérémonies, transes. Ce qui inquiète en revanche
les autorités françaises, c'est qu'elles entraînent des dégradations [2] et impliquent de
nombreuses nuisances sonores et des comportements déviants (prise d'ectasy. …etc. )
C'est un processus social décrit dans l'ouvrage intitulé «Outsiders» [3] d' Howard Becker,
sociologue américain de l'Ecole de Chicago. Il a montré quelles sont les différentes étapes de
désocialisation d'un nombre important de jeunes aux USA. Ce processus temporaire ou
définitif exprime le refus d'un système.
89
2.2 Les Habitus de Pierre Bourdieu
En France, les communautés se distinguent par les «habitus», concept mis en avant par le
sociologue français Pierre Bourdieu. Ce dernier avait nommé dès 1979 ce processus, la
«distinction»[4]: que celle-ci soit exclusive ou bien contestataire. La «distinction» était ici un
processus de discrimination des classes dominantes vis-à-vis du prolétariat. Cette analyse vaut
pour les années 1980, 1990. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus que la distinction sociale
dénoncée par Pierre BOURDIEU. Il y a des ruptures.
Les tatouages et autres rites participent donc à ce souci de se distinguer socialement, de créer
son ethnicité et souligner son appartenance à telles ou telles tribus.[7]
On distingue aussi d'autres formes de contestation plus légères, telle ces rollers qui proposent
une "glisse urbaine" [8] quasi poétique. En effet, le sport de glisse cristallise ce nouveau
rapport à l'espace urbain qui nous entoure. Ces hommes des rollers semblent"flotter" sur le
béton.
4 Références
1. ↑ MAFFESOLI (Michel), Le temps des tribus, La table Ronde, Coll. La petite
vermillon, 2000, 330 pages.
2. ↑ FONTAINE (Astrid) et FONTANA (Caroline), Raver, Economica, 1996, 112 pages.
3. ↑ BECKER (Howard), Outsiders: étude sociologique de la déviance, Métaillé, 1991,
215 pages.
4. ↑ BOURDIEU (Pierre), La distinction, Minuit, 1979, 670 pages.
5. ↑ MILNER (Max), L'imaginaire des drogues: de Thomas de QUINCEY à Henri
MICHAUX, Galllimard, 2000, 457 pages.
6. ↑ BRUNA (Denis), Piercing, sur les traces d'une infâmie médiévale, Textuel, 2001,
158 pages.
7. ↑ MAERTENS (Jean-Thiérry), Ritologies: le dessein sur la peau, Tome1, Aubier,
1978, 202 pages.
8. ↑ Coll. AUTREMENT, Glisse urbaine ; l'esprit roller: liberté, apesenteur, tolérance,
Coll. Mutations, 2001.
90
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1/ MAFFESOLI (Michel), Le temps des tribus, La table Ronde, Coll. La
petite vermillon, 2000, 330 pages
QUESTIONS :
Quelles sont les chutes constatées par l’auteur dans le pays en ce début du 21 ème
siècle ?.............................................................................................................
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Trouve-t-on, dans votre pays, ce phénomène de « tribus » évoqués par l’auteur ? Si oui, sous
quelle forme ?................................................................................................................
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DOCUMENT N° 2 / BECKER (Howard), Outsiders: étude sociologique de la déviance,
Métaillé, 1991, 215 pages.
QUESTIONS
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Quels sont les auteurs en recherche sociologique connus dans votre pays ?.....................
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92
DOCUMENT N°3 / BOURDIEU (Pierre), La distinction, Minuit, 1979, 670 pages
« Classeurs classés par leurs classements, les sujets sociaux se distinguent par les
distinctions qu'ils opèrent - entre le savoureux et l'insipide, le beau et le laid, le chic et le
chiqué, le distingué et le vulgaire - et où s'exprime ou se trahit leur position dans les
classements objectifs.
L'analyse des relations entre les systèmes de classement objectifs. L'analyse des relations
entre les systèmes de classement (le goût) et les conditions d'existence (la classe sociale)
qu'ils retraduisent sous une forme transfigurée dans des choix objectivement systématiques ("
la classe ") conduit ainsi à une critique sociale du jugement qui est inséparablement un
tableau des classes sociales et des styles de vie.
On pourrait, à titre d'hygiène critique, commencer la lecture par le chapitre final, intitulé
Eléments pour une critique " vulgaire " des critiques " pures ", qui porte au jour les
catégories sociales de perception et d'appréciation que Kant met en œuvre dans son analyse
du jugement de goût. Mais l'essentiel est dans la recherche qui, au prix d'un énorme travail
d'enquête empirique et de critique théorique, conduit à une reformulation de toutes les
interrogations traditionnelles sur le beau, l'art, le goût, la culture.
L'art est un des lieux par excellence de la dénégation du monde social. La rupture, que
suppose et accomplit le travail scientifique, avec tout ce que le discours a pour fonction
ordinaire de célébrer, supposait que l'on ait recours, dans l'exposition des résultats, à un
langage nouveau, juxtaposant la construction théorique et les faits qu'elle porte au jour,
mêlant le graphique et la photographie, l'analyse conceptuelle et l'interview, le modèle et le
document. Contre le discours, il ne suffit pas de démontrer ; il faut montrer, des objets et
même des personnes, faire toucher du doigt - ce qui ne veut pas dire montrer du doigt,
mettre à l'index - et tâcher ainsi de forcer le retour du refoulé en niant la dénégation sous
toutes ses formes, dont la moindre n'est pas le radicalisme hyperbolique de certain discours
révolutionnaire ».
93
QUESTIONS :
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Quel philosophe avait déjà analysé cette perception du jugement et du goût ?.......................
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Cette méthode d’enquêtes sociologiques est-elle pratiquée souvent dans votre pays ?.
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94
DOCUMENT N° 4 / MILNER (Max), L'imaginaire des drogues: de Thomas de QUINCEY
à Henri MICHAUX, Gallimard, 2000, 457 pages.
« Si la toxicomanie constitue aujourd'hui un fléau social dont se préoccupent à juste titre les
milieux médicaux et les pouvoirs publics, le recours aux drogues a été, depuis le début du
XIXe siècle, un phénomène culturel qui a exercé une influence considérable sur
l'imaginaire des artistes et de leur public. Il était nécessaire de montrer, textes à l'appui, que
ce n'est pas le " toxique " qui a été longtemps l'élément déterminant, mais la recherche d'un
changement d'état qui a revêtu, selon la drogue l'opium, le haschisch, la " fée morphine ", la
cocaïne, la mescaline - et selon les consommateurs, des formes différentes : rompre avec les
entraves du temps et de l'espace, élargir l'expérience humaine au-delà des limites de la
pensée rationnelle, retrouver une unité perdue, accéder à une jouissance ignorée (les "
paradis artificiels "), etc. Bien que la portée du phénomène, telle qu'on essaie ici de la définir,
dépasse de loin les limites de la littérature, ce sont les écrivains qui permettent le mieux de le
saisir au vif. Pour ne citer que les principaux : Théophile Gautier, Baudelaire, Rimbaud,
Jarry, Cocteau, Joë Bousquet, Walter Benjamin, Artaud, Jünger, sans oublier Thomas De
Quincey et Henri Michaux, par lesquels s'ouvre et se clôt cette étude. Celle-ci fait aussi sa
place à de savoureux " romans de mœurs ", qui permettent de préciser l'image du drogué ou
de la " morphinée " dans les milieux les plus divers. Elle se termine par une réflexion sur
l'usage de la drogue aujourd'hui : " prothèse " suppléant au vide de l'existence plus
qu'ouverture sur l'inconnu. Il semble bien que la drogue, banalisée et médicalisée, ne soit
plus propre à engendrer des poètes, des créateurs. »
QUESTIONS :
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Dans la liste des auteurs concernés par cet univers des paradis artificiels, lequel avez-vous
lu ?...............................................................................................................................
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95
DOCUMENT N°5 / BRUNA (Denis), Piercing, sur les traces d'une infâmie médiévale,
Textuel, 2001, 158 pages.
« Denis Bruna présente ici une enquête inédite sur le « piercing » au coeur d'images peintes
et de textes du XIVe, XVe et XVIe siècles. Sur les visages et sur les corps, des anneaux, des
pendeloques et des chaînes fixés à travers la chair évoquent une étonnante ancienneté
occidentale du piercing contemporain... Longtemps passés sous silence, ces ornements sont
réservés à des individus singuliers de l'iconographie chrétienne. Des personnes, qui par leurs
actes, leur croyance ou leur origine, étaient désignées comme les ennemis de la foi chrétienne
bourreaux, juges, Noirs, juifs, Sarrasins... Semblant apparaître quelques siècles plus tôt, le
malaise contemporain à l'égard du piercing suit les flots lents des mentalités. Si aujourd'hui
l'idée de l'exclusion persiste, le code social est inversé. Imposé autrefois comme une marque
d'infamie, le piercing s'impose aujourd'hui comme un acte volontaire et revendicatif. La
marque est devenue une démarque. »
QUESTIONS :
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96
DOCUMENT N°6 / MAERTENS (Jean-Thiérry), Ritologies: le dessein sur la peau, Tome1,
Aubier, 1978, 202 pages.
Derrière ces variables, on voit se profiler l'étroite connexion entre la ritualité de l'inscription
et la sexualité - l'une et l'autre étant filles du discours phallique qui s'empare des sociétés
dès les plus sauvages -, et l'impact de moteurs comme l'écriture, le pouvoir et l'argent. Les
rites inscrits sur le corps sont solidaires du type d'économie prégnante et des techniques de
production : ils marquent le corps de manière telle qu'ils fonctionnent aux mieux des
avantages de l'économie et du pouvoir qui la gère (….) selon que s'y laisse capter la pulsion
de vie ou de mort ».
QUESTIONS :
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Pourquoi lier inscription rituelle et sexualité dans la démarche des tatouages ?..................
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Quelle est la place culturelle ou sociale du tatouage dans votre pays ?...........................
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DOCUMENT N° 7 / Coll. AUTREMENT, Glisse urbaine ; l'esprit roller: liberté,
apesenteur, tolérance, Coll. Mutations, 2001.
« Objet éminemment high-tech, le « roller » séduit en même temps qu'il agace. Synonyme de
liberté et de mobilité, il est devenu en quelques années un totem contestataire plébiscité par
certaines catégories sociales. Symbole de rébellion contre l'ordre public, le succès du roller
s'inscrit également contre l'ordre sportif et sa cohorte de contraintes et de règles
disciplinaires. Le « roller » dérange et interpelle les pouvoirs publics et l'institution sportive.
Les adeptes du roller tiennent à marquer leur différence. Ils se regroupent en randonnées
nocturnes et carnavalesques qui signifient bien plus que ce qu'elles donnent à voir. Sous une
apparence non revendicative, ces manifestations prennent d'assaut l'espace public. À l'instar
de la Love Parade ou de la Techno Parade, le pouvoir mobilisateur des randonnées
urbaines en roller repose sur la volonté de changer certaines formes instituées de contrôle
social. Certes, il ne s'agit pas là d'une action politique conçue et perçue comme telle. Il n'en
reste pas moins que les "bourgeois rebelles", qui constituent une grosse part des
randonneurs, rêvent de changements. À Paris, Berlin, Londres, Amsterdam, Varsovie, ils
cherchent à brouiller les pistes et à pousser certaines limites en revendiquant une circulation
urbaine sans entraves. Les spots de roller sont de véritables laboratoires d'idées et de
créativité au sein desquels se repèrent les tendances nouvelles. Ces sites de pratique ne sont
pas pour autant dénués d'un savoir-être reposant sur une éthique. Liberté certes, mais
également responsabilité individuelle, condamnation de la violence, absence de
ségrégation, tolérance, gratuité de l'accès... ce sont là autant de codes qui balisent cette
activité populaire.. »
QUESTIONS :
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En quoi les randonnées des rollers sont une réponse contre le contrôle social ?...............
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98
LECON N° 14 / Le sport en France
Passion ou spectacle, le sport semble hésiter à travers les écrans de télévisions entre business
et divertissement. Les sports ont deux aspects: ils contiennent la violence, ou ils sociabilisent.
Ce phénomène fut largement expliqué par Norbert Elias (1897-1990). Mais entre le spectacle
et le souci politique du contrôle de la population, on parle de plus en plus de systèmes
économiques où le sport devient un objet de rentabilité.
Une question centrale semble alors se poser: comment est on passé d'une activité culturelle
relevant de la passion à du business s'affichant sans aucunes retenues? Trois idées essentielles
domineront notre travail pour expliquer les fondements culturels du sport dans la France
d'aujourd'hui: passion, économie et morale.
Le mois de Juillet 1998 fut l'année football en France. Cette «bagatelle sociale», fut d'un coup,
la plus sérieuse du Monde [1]. Le sport montrait alors toute sa puissance politique. Elle fédérait
un pays autour d'une Coupe du Monde.
L'accessoire devenait primordial. Un sens commun social et politique avait pris, pour un court
moment, toute sa force. Un moment républicain était né. La simplicité des règles et
l'exaltation émotionnelle de nombreux sports expliquent en grande partie ces effusions
collectives. Ce sont les grandes messes modernes de notre siècle.
L'autre cause est politique et sociale: le sport contient et contrôle la violence comme le
rappelle Norbert Elias, sociologue allemand, pour qui, l'histoire occidentale est marquée par
une intériorisation des normes de conduite: il nomme ce phénomène «processus de
civilisation.»[2]
99
2.3 La sanctuarisation des héros
Enfin, ce renouveau du sport s'explique par la recherche et la nécessité culturelle mais aussi
politique d'avoir des héros. Le sport sanctuarise le lieu des exploits des hommes élus. [3] Ils
cristallisent les espoirs de jeunes qui cherchent un moyen de se sublimer.
Après les paillettes et les surenchères financières des années 1985/1995, il y aurait depuis
2005, une volonté de revenir au sport passion, celui de la passion du risque. Cette culture
individuelle du risque serait une nouvelle forme moderne d'initiation pour les 18-35 ans: une
façon de re-découvrir d'autres territoires dans l'espace et dans le temps.[5]Une autre façon de
découvrir son corps.
En conclusion, le sport est victime depuis 20 ans des enjeux financiers qui ont détruit une
image écologique du sport. Rappelons l'image de ces des sports terroirs comme le rugby
menacé aujourd'hui par le professionnalisme. Revenir à l'esprit premier de la passion, tels sont
les enjeux politiques sportifs qui veulent rattacher les hommes avec leurs rêves.
4 Références
1. ↑ BROMBERGER (Christian), Football; la bagatelle la plus sérieuse du monde,
Bayard, Coll. Essais, 1998, 136 pages.
2. ↑ ELIAS (Norbert) et DUNNING (Eric), Sport et civilisation: la violence maîtrisée,
fayard, 1994, 392 pages.
3. ↑ DELAPLACE (Jean-Michel), L'histoire du sport: l'histoire des sportifs,
L'harmattan, 1999, 411 pages.
4. ↑ Coll. AUTREMENT, La fièvre du dopage, Coll. Mutations, 2000.
5. ↑ LE BRETON (David), Passions du risque, Métaillé, 2000, 489 pages.
100
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Qu'est-ce qui rend un match de football aussi captivant à regarder que bon à commenter ?
Ce qui se passe dans les gradins n'est-il pas au moins aussi important que ce qui se déroule
sur le terrain ? Et, au bout du compte, un match de football n'est-il pas beaucoup plus qu'un
jeu, en tout cas un jeu sérieux, qui en dit long sur nos représentations imaginaires ? " Si l'on
se passionne tant pour cette histoire de pieds, de têtes, de torses, de buts, ce n'est pas
seulement en raison de ses propriétés scéniques, de ses ressorts pathétiques, mais parce
qu'elle met à nu, à la façon d'un drame caricatural, l'horizon symbolique de nos sociétés. "
dit l’auteur. A partir d'enquêtes effectuées en France, en Italie et en Iran, une réflexion
originale et inattendue sur l'univers du football ».
QUESTIONS :
« C'est dans l'Angleterre du XVIIIe siècle qu'on a commencé à appeler "sport" un certain
nombre de loisirs, comme la chasse, la boxe, la course et plusieurs jeux de balle, rappelle
Norbert Elias qui montre ce qui différencie le sport moderne des formes traditionnelles de
loisirs et d'affrontement. "Le sport moderne, dit-il, n'a ni fonction rituelle ni finalité festive ;
il repose sur l'égalité des chances entre joueurs, dont l'identité sociale, le temps de la
compétition, est gommée. Ainsi autonomisé, il a crée des espaces qui lui sont propres, comme
les stades, les gymnases, les vélodromes… De même, il obéit à des règles fixes dont l'objectif
est de définir une pratique universelle - ainsi qu'on le voit dans l'histoire du football ou du
rugby -, règlements qui sont établis pas des spécialistes et qui visent à réduire la violence tout
en développant une éthique de la loyauté entre participants.".
101
QUESTIONS :
Quel est l’objectif des règles en sport dans toutes sociétés ?...................................................
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« Loin d'être marginal, le dopage constitue, au sein du sport professionnel, une pratique
organisée à grande échelle. A égale distance des "révélations" et des "dénonciations", ce
livre propose des clés. A côté des acteurs de l'athlétisme, sociologues et médecins développent
une approche souvent négligée : celle des sciences humaines.
102
QUESTIONS :
DOCUMENT N°4 / LE BRETON (David), Passions du risque, Métaillé, 2000, 489 pages
QUESTIONS :
103
LECON n°15 / Médias et politique en
France
Les médias sont aujourd'hui l'objet de maintes observations. Certains intellectuels français tels
que Régis Debray ont même inventé une science d'analyse nommée médiologie Cette
vigilance politique des intellectuels français sur les médias et leurs puissances n'empêche pas
pour autant les débordements et les manipulations. La sociologie de l'image reste toujours à
construire.
Ainsi la question qui cristallise le rapport entre médias et société pourrait se résumer ainsi:
dans quelle mesure peut-on affirmer que les médias français manipulent ou instrumentalisent
la société contemporaine? Trois routes majeures construiront notre analyse. Nous verrons ce
que sont les réseaux médiatiques, puis, nous tenterons de mesurer l'utilisation symbolique de
la violence et enfin, nous analyserons la transformation culturelle liée à la puissance actuelle
des médias.
Depuis plusieurs années en France et dans de nombreux autres pays, le poids du politique se
dissimule dans les films catastrophes : l'histoire – toujours la même - propose une façon
d'exclure les citoyens de leur responsabilité et de légitimer ainsi l'autoritarisme des agents de
l'Etat.[1]
A ce jeu du politique implicite, les polémiques sur les deux guerres du Golfe[2] ont permis
d'apprécier les jeux médiatiques où l'on donne plus d'emphase et plus d'importance à une
information qu'à une autre. Tout conflit devient spectacle.
104
2.2 La culture narcissique
Outre le fait que les médias aient des objectifs d'omniprésence, le plus inquiétant nous
avertissait Pierre Bourdieu, c'est qu'ils menacent toutes les sphères culturelles. Arts, science,
littérature ont-ils alors un avenir dans une société devenue ainsi passive?
La presse écrite est aussi limitée par le voyeurisme ambiant: d'où le recul de la «[5]grammaire
publique». La presse en ligne par l'Internet accélère peut être cette déroute de la réflexion
écrite. L'information furtive et allusive remplace la connaissance.
Notre société, conquise par la communication, n'est elle pas sous « le Soleil de Big
Brother »[6]? L'Internet lui aussi ne pourrait il pas se révéler comme une menace pour le lien
social? La société française s'est- elle adaptée à ce déluge d'informations?
4 Références
1. ↑ RAMONET (Ignacio), Propagandes silencieuses: masses, télévision, cinéma,
Galilée, coll. Espace critique, 2000, 200 pages.
2. ↑ BAUDILLARD (Jean) , La guerre du Golfe n'a pas eu lieu, Galilée, 1991, 99 pages.
3. ↑ BOURDIEU (Pierre), Sur la télévision: suivi de «L'emprise du journalisme», Raison
d'agir, 1997, 95 pages.
4. ↑ AUBENAS (Florence) et BENASAYAG (Miguel), La fabrication de l'information:
les journalistes et l'idéologie de la communication, Coll. Sur le vif, 1999, 109 pages.
5. ↑ LEMIEUX (Cyril), Mauvaise presse, Métaillé, 2000, 466 pages.
6. ↑ BRUNE (François), Sous le soleil de Big Brother, L'Harmattan, 2000, 167 pages.
105
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
QUESTIONS :
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106
DOCUMENT N°2 / BOURDIEU (Pierre), Sur la télévision: suivi de «L'emprise du
journalisme», Raison d'agir, 1997, 95 pages.
« Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et
synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision. Le premier démonte les mécanismes
de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de
fabrication de ces artefacts que sont les images et les discours de télévision. Le second
explique comment la télévision, qui domine le monde du journalisme, a profondément altéré
le fonctionnement d'univers aussi différents que ceux de l'art, de la littérature, de la
philosophie ou de la politique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant
la logique de l'audimat, c'est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du
plébiscite commercial. »
QUESTIONS :
« La critique des médias est à la mode : tribunes libres, pamphlets, émissions parodiques
dénoncent - à juste titre - les journalistes aux ordres, les manipulations de l'information,
l'emprise de la " pensée unique "... Et pourtant, rien ne change : nombre de lecteurs et de
téléspectateurs partagent ces indignations, sans modifier pour autant leurs habitudes de "
consommation " des médias. Et ces derniers, loin d'être ébranlés par ces critiques, semblent
même en être confortés. C'est ce paradoxe surprenant qu'explore cet essai original, fruit de la
collaboration entre une journaliste et un philosophe. A partir de nombreux exemples puisés
dans l'actualité, Florence Aubenas et Miguel Benasayag livrent une analyse décapante des
mécanismes de fabrication de l'information et de leurs effets. En montrant la façon dont
l'idéologie de la communication façonne le travail quotidien des journalistes, ils mettent au
jour les illusions qu'elle véhicule : l'obsession de la recherche des " faits vrais ", l'idéal de
transparence, loin de mieux rendre compte du réel, contribuent à le rendre inintelligible. Et la
" révélation " des scandales, loin d'entraîner des révoltes citoyennes, contribue à fabriquer
une société de l'impuissance. Pour sortir de ces impasses, pour sortir aussi du confort
illusoire du radicalisme " anti-médias ", les auteurs explorent les voies de ce que pourrait
être un autre journalisme, un autre rapport des citoyens à l'information. »
107
QUESTIONS :
L’emprise de la pensée unique est une expression qui peut signifier quel
message ?...........................................................................................................................
Malgré les critiques, rien ne change : pourquoi ?................................................................
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Que veut dire obsession « des vrais faits » ?............................................................................
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En quoi la révélation des scandales souligne une société de l’impuissance ?.....................
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Quelle est la place politique ou culturelle des scandales dans votre pays ?.................................
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DOCUMENT N°4/ BRUNE (François), Sous le soleil de Big Brother, L'Harmattan, 2000,
167 pages.
« L'homme est un animal de pouvoir. Il se plait à discipliner (les corps), à normaliser (les
consciences), à terroriser (les âmes). A séduire pour manipuler, à surveiller pour punir, à
toujours réduire l'autre pour le mettre à la merci de soi.
QUESTIONS :
108
LECON N°16 / Les nouvelles spiritualités
en France
Les religions et les croyances en France sont en pleine mutation. L'individu contemporain
s'agite face au désenchantement du monde. Les troubles de l'âme sont souvent sans réponses.
Les institutions religieuses semblent en panne. Mais, si comme Mircea Eliade (1907- 1986),
on admet qu'il y a une permanence du sacré en l'homme, nous allons tenter de voir si la
société française recherche, à nouveau, un sens du sacré pour beaucoup, perdu. Pour tenter
d'analyser les nouvelles orientations spirituelles, nous nous poserons la question suivante :
comment est on passé d'une société chrétienne à une société sécularisée où émergent
actuellement des spiritualités plus individuelles, plus atomisées? Trois pistes peuvent être
poursuivies : la recomposition spirituelle, le désenchantement du monde et la tentation
messianiste.
Depuis quelques années en France, on assiste à une métamorphose du fait religieux: des
croyances omniprésentes et «bricolées» se mettent en place) : quelle est cette religiosité
alternative ? C'est par exemple le Boudhisme qui encourage les démarches individuelles et
propose des réponses adaptées chez des personnes qui, souvent, ne se reconnaissent plus dans
les projets collectifs religieux d'antan.
Peut-on parler de la fin des grandes institutions religieuses? L'Eglise a du mal à recruter des
prêtres. Ses paroisses sont désertées par les fidèles. Elles deviennent des musées de pierre
dont seuls les clochers accrochent encore quelques espoirs au ciel.
A ces difficultés religieuses connues notamment par l'Eglise catholique, l'Etat français laïque
a tenté, depuis peu, de créer un rôle médiateur face à cet émiettement du spirituel.
109
2.2 Dieu est devenu une question philosophique
Cette sécularisation est aussi motivée par l'individualisme croissant. L'existence de Dieu
devient une question plus philosophique et personnelle. La question théologique n'est plus
inscrite dans une démarche institutionnelle, liée à une Eglise. Le sacré institutionnel
s'essouffle en France.
Pourtant les nouvelles spiritualités ont aussi leurs limites: beaucoup de sages sont parfois
profondément ennuyants: « Les sages quand ils s'affichent comme tels -m'ennuient presque
autant que les Saints » nous dit Jean Michel Besnier, dénonçant ainsi les formules
philosophiques néo-épicurienne ou néo-stoïciennes des scientologues.[3]
L'illusion du New Age (dans les années 1970) serait donc manipulatrice: «l'âge du verseau»,
«le holisme» et les «techniques de développement personnel» sont des voies cachées vers le
sectarisme et proposent bien souvent une vie sans charme.[4]
Entre la mécanique des sectes [5]et l'émotion en religion, la question de Dieu reste encore
aujourd'hui posée. Les nouvelles spiritualités ne devraient t-elles pas tendre vers cette
conclusion d'Edgar Morin (sociologue et philosophe français) : «aimons nous car nous
sommes tous perdus».
4 Références
110
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
QUESTIONS :
111
DOCUMENT N°2 / GAUCHET (Marcel), Le désenchantement du monde: histoire politique
de la religion, Gallimard, Coll. Folio Essais, 1997, 306 pages
« Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classique: contemporains. Depuis sa
parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage
comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max
Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite. Car le religieux a modelé
activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité collective dans toutes les sociétés
jusqu'à la nôtre, en particulier les formes politiques. Marcel Gauchet propose un
renversement de perspective : on a voulu voir l'histoire des religions comme un
développement; or la religion pure est au commencement. Ce que nous appelons " grandes
religions " correspond, en fait, à autant d'étapes d'une mise en question du religieux dans sa
rigueur primordiale. De ce point du vue, il faut mesurer la spécificité révolutionnaire du
christianisme et son rôle à la racine du développement occidental. Marcel Gauchet
caractérise le devenir des sociétés contemporaines, depuis l'essor des techniques jusqu'à
l'enracinement des procédures démocratiques, comme un mouvement vers une société hors
religion. Le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne
économie religieuse. Sa particularité, c'est le désenchantement du monde. »
QUESTIONS :
112
DOCUMENT N°3 / LACROIX (Michel), L'idéologie du New Age, Flammarion, Coll.
Dominos, 19969, 158 pages
« L'entrée prochaine dans une ère de paix et de spiritualité, la vision globalisante du monde,
ainsi que la nécessité d'une transformation personnelle, sont les thèmes majeurs du New Age
qui, loin d'être un " fourre-tout " ésotérique, forme une idéologie cohérente.
Selon le philosophe Michel Lacroix, cette pensée fait peser de graves dangers sur l'individu et
sur la société.
QUESTIONS :
DOCUMENT N°4 / ABGRALL (Jean-Marie), La mécanique des sectes, Pocket, 2002, 395
pages.
« Proposant pour la première fois une méthode d'analyse du phénomène sectaire, le docteur
Abgrall étudie, exemples à l'appui, l'organisation sectaire, le recrutement, les stratégies de
persuasion, les techniques de conditionnement, la personnalité des gourous ainsi que les
pathologies induites et leur traitement.
Comme la toxicomanie, le phénomène sectaire frappe toutes les couches sociales et plante
ses racines dans l'intimité la plus profonde des individus. Au coeur des sectes, la
manipulation mentale se nourrit des techniques les plus récentes de communication, de
marketing et de persuasion. La "mise sous dépendance" des adeptes requiert une
organisation interne complexe et un jeu de relations autorisant tous les processus de
régression, du transfert à l'identification, avec pour objectif la dilution de l'individu dans le
groupe : l'adepte épouse une doctrine, se lie affectivement à un gourou, se coupe
progressivement du monde... On évoque la notion de "sujétion", le statut de victime, ou
encore la manière d'identifier une secte. »
113
QUESTIONS :
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114
TEXTE n°17 / Le système scolaire français
Face à la mutation structurelle de la société française, qu'est ce que l'éducation dans une
société fondée de plus en plus sur des valeurs en pleine mutation? Cette question centrale
touche régulièrement la France qui connaît, à travers son système scolaire, une longue
tradition de polémiques et un cortège impressionnant de grèves ou de réformes. Beaucoup de
ministres de l'éducation nationale ont perdu leurs postes en voulant réformer une entreprise
rassemblant plus de 950.000 fonctionnaires. On baisse leur nombre, on augmente leur
nombre. Mais que faire d’un si grand navire ?
Trois plans de réponses et d'analyse seront possibles pour un sujet en permanence polémique.
Qu'est ce que le savoir? Comment vit un enseignant français? Pourquoi la politique s'intéresse
tant à ce sujet?
Depuis plus de vingt ans, le système scolaire français s'est profondément rénové. A cela
s'ajoute une autre façon de transmettre les connaissances aux jeunes Français: en effet,
l'approche cognitive a été rénovée puisque nous sommes passés [1]d'une approche déductive
(transmission classique des connaissances par une sédimentation verticale) à une approche
inductive basée sur la découverte des problèmes par l'élève lui-même.
Les nouvelles technologies encouragent cette mise en autonomie des élèves français : depuis
2004, de nombreux «conseils régionaux» français ont décidé d'acheter pour chaque élève de
collège (enfants de 12 à 15 ans) un ordinateur qui sera désormais à sa disposition.
Mais derrière ces objectifs de modernité et ces ambitieux projets éducatifs, prépare t-on
vraiment ces jeunes face au chômage? De nombreux enseignants ne contrôlent plus leur
public
115
2.2 Philippe Meirieu
Les enseignants, perturbés par ces révolutions majeures qui re-déterminent leurs rapports avec
les élèves, n'ont plus de place solide en France: leur salaire, leur autorité institutionnelle et
leur rayonnement social ont été très largement minoré: certains, effrayés par les tensions
sociales qui couvent dans de nombreux établissements scolaires, vivent une «phobie scolaire»
[3]
C'est une vision entière du savoir et de la culture qui est remise en question.
Actuellement entre l'Union Européenne et les USA se joue une partie d'échec importante
résumée ainsi: il est temps de savoir si l'école propose une prestation de service pouvant être
l'objet de privatisation ou bien cela reste –il une action et un service d'Etat? L'approche
libérale est-elle en route? [4] Le combat est en cours.
Une autre voie est symbolisée par l'universitaire Philippe Meirieu. Selon ce dernier, la
France devra trouver demain un nouveau projet qui permettra de fabriquer «du bien
commun»: un projet d'école pour «vivre ensemble». Pour Philippe Meirieu, l'approche
inductive reste fondamentale.
Entre vision libérale ou socialiste, l'école française républicaine cherche désormais ses
marques face à la mondialisation.
116
4 Références
117
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Jacques Levine est convaincu qu'il faut bien «prendre les enfants comme ils sont» pour
pouvoir les aider à apprendre et à grandir, avec ce mélange de sûreté, de tendresse et de
fragilité qui le caractérise si bien. Il a imposé, petit à petit, plus qu'un discours, plus qu'une
nouvelle «pédagogie»... une approche de l'enfance et de l'école qui ouvre de multiples
possibilités d'action.
Parce qu'il est convaincu qu'éduquer est une affaire complexe, qui met en jeu des personnes
dans une relation toujours à réélaborer, il explore, comme nul autre, les rapports de la
pédagogie et de la psychanalyse. L'enseignant et l'éducateur doivent être capables d'entendre
ce que disent leurs élèves sans renoncer à ce qu'ils ont à leur apporter, soient toujours plus
capables d'inventer eux-mêmes leur propre vie, leur propre métier, leurs propres méthodes.
C'est cela qui est d'abord ici à saluer : le dialogue entre la pédagogie et la psychanalyse ne
se fait au détriment de personne : la psychanalyse reste une ascèse exigeante qui requiert une
longue formation et travaille avec ses procédés propres ; la pédagogie reste un métier
spécifique centré sur la transmission, exigeant des connaissances solides sur les contenus à
enseigner et une inventivité toujours plus poussée pour relever le défi de la réussite de tous. »
QUESTIONS :
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L’alliance entre pédagogie et psychanalyse apporte quel regard sur l’école ?..........................
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118
DOCUMENT N°2 / MEIRIEU (Philippe), FRANKENSTEIN pédagogue, ESF, 1987, 127
pages
« Notre histoire semble hantée par le mythe de la fabrication d'un homme par un autre
homme. Pygmalion, Frankenstein et Pinocchio sont des exemples de cette rêverie sur
l'éducation qui se poursuit aujourd'hui à travers les récits et les films de science-fiction...
C'est à partir de l'histoire de Frankenstein et de sa créature que Philippe Meirieu interroge
cette représentation de l'éducation comme projet de toute maîtrise de l'autre, de contrôle
total de son destin. Il montre qu'une telle perspective conduit tout droit à l'échec et à la mort,
et il affirme que le pédagogue doit renoncer au dessein de "fabriquer l'autre" pour s'attacher
aux conditions qui lui permettent, comme l'affirmait déjà Pestalozzi en 1797, de "se faire
oeuvre de lui-même". Pour cela plusieurs propositions concrètes sont avancées. Elles
constituent autant de moyens d'"éduquer sans fabriquer" et font de cet ouvrage un véritable
petit traité de pédagogie destiné à tous ceux qui veulent faire oeuvre éducative. »
QUESTIONS
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119
DOCUMENT N°3 / CORDIE (Anny), Malaise chez l'enseignant: l'éducation confrontée à la
psychanalyse, Seuil, 2000, 440 pages
« De sa place de psychanalyste, Anny Cordié a écouté les adultes qui s'occupent d'enfants et
d'adolescents à un titre ou à un autre (enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux, parents
aussi). Chacun détient un savoir qu'il voudrait transmettre. Chacun rencontre des difficultés.
Sur quels obstacles et sur quelles limites butent-ils ?
Elle analyse le sentiment d'impuissance qui en résulte : sans négliger les raisons
socioculturelles, elle examine les implications personnelles de chacun dans l'exercice de ses
fonctions et y réintroduit par là même la place de l'inconscient. Elle a soin d'éclairer ses
avancées par le récit de cas cliniques tirés de sa pratique de psychanalyste ; elle y associe les
témoignages de ceux qui cherchent à innover dans les registres pédagogique et éducatif.
Anny Cordié démontre que la diversité des causes des difficultés que les pédagogues et les
éducateurs rencontrent ne justifie pas le mélange des savoirs en ce qu'il engendre la
confusion des fonctions. Elle soutient que chacun doit se tenir à sa place et assumer les
exigences qu'elle comporte. En revanche, elle estime bénéfiques les effets de la
pluridisciplinarité quand la synergie s'effectue sur le mode d'une complémentarité, ce qu'elle
illustre par de nombreux exemples. »
QUESTIONS :
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Quelles sont les rapports des enseignants et des élèves dans votre pays ?................................
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120
DOCUMENT N°4 / NEILL S. (Alexander), Libres enfants de Summerhill, Gallimard, Folio
Essais, 1990, 463 pages
« Summerhill, c'est l'aventure d'une école autogérée fondée en 1921 dans la région de
Londres. Son fondateur, le psychanalyste A.S. Neill (1883-1973), s'est dressé contre l'école
traditionnelle soucieuse d'instruire mais non pas d'éduquer. Il s'est dressé contre les parents
hantés par le standard du succès (l'argent). Il s'est insurgé contre un système social qui
forme, dit-il, des individus " manipulés " et dociles, nécessaires à l'ensemble bureaucratique
hautement hiérarchisée de notre ère industrielle. »
QUESTIONS :
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121
CHAPITRE 4
LE MONDE ECONOMIQUE
122
Leçon N°18/ Les Français et le travail
Le salarié en France connaît depuis quelques années, une dérèglementation générale de ses
conditions de travail. On parle de «flexibilisation» voire pour certains, d'une sorte de «fin du
travail». Les métamorphoses de la question sociale tournent de plus en plus autour du
problème de la précarité. Celle-ci devenant structurelle, elle pose aux sociologues et historiens
la réflexion suivante: comment est on passé d'une histoire du travail fondée sur de réguliers
progrès sociaux au cours des 19 et 20ème siècle à une flexibilisation [1]de la main-d'œuvre qui
rend aujourd'hui fragiles tous les acquis sociaux ? Nous analyserons comment et quand s'est
opérée la rupture du monde salarial, puis comment peu à peu s'est développée la précarité
pour évoquer la dérèglementation générale.
Depuis le milieu des années 1970, les deux chocs pétroliers ont lourdement affecté l'économie
française: ce fut la fin du plein-emploi. Cette crise perdure jusqu'à maintenant, touchant 9%
de la population active. Ce chômage affecta ,tout d'abord, les travailleurs immigrés vers 1981,
puis le monde ouvrier français vers 1985, puis à partir des années 1990, les jeunes non
diplômés et, aujourd'hui, les diplômés.
Cette crise socio-économique engendre une précarité générale du monde du travail: le lien
sacré entre entreprises et salariés est rompu: les emplois précaires dominent: cdi, Smic,
intérim, cdd, et en 2005, la mise en place du contrat «nouvelle embauche»: On parle
désormais du«salarié de la précarité».[2] La crise du CPE («Contrat Première Embauche») en
2006 ou le « Contrat Emploi Jeune » de 2014 illustrent cette fragilité des contrats de travail.
Beaucoup de jeunes subissent la flexibilité dans l'emploi dans une économie ultra-
mondialisée.
Cette installation de la précarité s'accompagne d'un stress lié à la productivité pour ceux qui
ont un travail. Toute l'échelle sociale des entreprises est touchée: des cadres [3] aux ouvriers.
D'où viennent ces ruptures du monde du travail? La technologie et les rapports ouvriers/
patrons ont tout modifié dans les années 1990.
123
2 La fin du travail, une cause de cette précarité?[4]
2.1 Travail et révolution cybernétique
Les progrès de la cybernétique ont participé à cette fin du travail des années 1985 aux années
1995. Ainsi le «Net» a tué et crée du travail en même temps [5]: les «Bulles économiques» des
années 1990 et celle de 2008 ont produit et détruit des entreprises mirages qui donnaient une
image toute puissante de l'informatique et des services innovants comme « Uber » au cœur
d’une polémique en 2017.
Une fois retombée l'illusion, les exigences économiques de productivité ont poursuivi leurs
logiques, accentuant la pression sur des salariés comprimés : fini la «négociation» et la
«délégation» où cadres et employés communiquaient durant les années 1980.[6] De la
communication des années 1980, on est passé à la remise au pas. La délocalisation imposait
de fait, cette redirection des rapports cadre / employés.
Le travail ayant perdu sa valeur sociale, il se réduit à une simple mécanique de productivité et
c'est la raison pour laquelle il est aujourd'hui perçu «comme sans qualités»: la flexibilité rend
l'investissement du salarié fragile dans son entreprise. Son salaire est plus faible et l'assurance
de garder son emploi plus que douteuse.[7]
En conclusion, la société salariale est morte en France. Le plein emploi ne pourrait jamais
revenir….. C'est cette rupture majeure dans le monde du travail français qui constituera
l'élément essentiel de notre réflexion. Le code du travail est ainsi totalement remis en
question en 2017. Une page se tourne.
124
4 Références
125
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« C'est l'émergence d'une société salariale qui a engendré la civilisation du travail. En son
sein, la position sociale de l'individu dépend de l'emploi qu'il occupe et sa protection sociale
est subordonnée à son statut de salarié. À l'âge moderne, la précarité économique engendre
la vulnérabilité sociale et l'érosion des systèmes de protection. Or, cette incertitude des
statuts (chômeurs de longue durée, allocataires de revenu minimum, etc.) ne crée pas
seulement des exclus, mais fragilise le lien social et fait perdre à l'État son pouvoir
d'intégration à mesure que la condition salariale se délite.
Ce livre montre que seul l'État est encore capable d'imposer un minimum de protection
sociale pour limiter les effets d'un individualisme négatif qui n'a libéré le travailleur de ses
anciennes dépendances que pour l'abandonner à l'aléatoire de la recherche d'un emploi et de
la quête de sa subsistance. »
Questions :
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Quelles sont les conséquences pour les individus et l’Etat français ?....................................
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126
DOCUMENT N°2 / PAUGAM (Serge), Le salarié de la précarité, Puf, 2000, 437 pages
« Depuis bientôt dix ans, Serge Paugam est l'un des meilleurs analystes de la "
disqualification sociale ", pour reprendre le titre de l'ouvrage qui l'avait fait connaître. Il
analyse cette fois les nouvelles formes de l'intégration professionnelle et leurs
dysfonctionnements, sur la base d'une enquête menée auprès d'une quinzaine d'entreprises et
des témoignages de quelque 1 000 salariés. Ces témoignages tracent une sorte de
cartographie à grande échelle des rapports sociaux en entreprise, en particulier aux plus bas
échelons de qualification et de statut.
" Les transformations du rapport au travail entraînent pour les salariés des possibilités
nouvelles d'éprouver des satisfactions personnelles, en raison notamment de l'autonomie
plus grande qui leur est conférée, mais en même temps des risques supplémentaires d'être
refoulés parmi les moins compétitifs ", écrit Paugam.
Au final, que montre ce livre ? D'abord, la précarité de l'emploi nourrit chez les salariés un
sentiment d'insécurité, et diminue l'accès aux droits sociaux (comme l'assurance-chômage).
Ensuite, la précarité du travail est issue de la pression grandissante des contraintes de temps
et de qualité, qui développe chez les salariés les moins compétitifs un sentiment de
dévalorisation, d'inutilité. Un ouvrage très riche, qui se fonde sur une vaste enquête de
terrain. »
Questions :
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Quels sont les avantages et les risques d’être « autonome » dans son travail ?...................................
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DOCUMENT N° 3 / BOUFFARTIGUE (Paul), Cadres: la grande rupture, La découverte,
Coll. Recherches, 2001, 348 pages.
« Qui sont les cadres en France ? Après la déferlante de livres et d'études dans les années 70
et 80, ils ne semblaient plus guère passionner les sociologues. Mais voilà qu'une vingtaine de
chercheurs, d'enseignants d'écoles de gestion et de politologues ont décidé de se pencher à
nouveau sur leur cas. On en trouve plusieurs types : cadre moyen et cadre dirigeant, cadre «
intégré à une équipe » et cadre « autonome »…...
Les cadres renaissent donc, mais dans quel état ? Les auteurs partent d'une hypothèse de
travail : la décennie 90 marquée par l'approfondissement de la crise puis l'émergence de la
mondialisation ont constitué une véritable rupture. D'abord dans le « compromis social », qui
unissait les directions d'entreprise à leurs cadres. « Cette crise est fondée dans la dégradation
de la relation contribution-rétribution (….)
« De Maastricht à Seattle, le revirement est spectaculaire, les cadres sont plus nombreux
que la moyenne à penser que la mondialisation fausse la concurrence et accroît les
inégalités et la précarité dans les pays développés ».
Questions :
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Quelles pourraient être les fonctions d’un cadre aujourd’hui en France et dans votre pays au 21ème
siècle ?..........................................................................................................................................
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DOCUMENT N° 4 / RIFKIN (Jérémy), La fin du travail, La découverte, 2000, 459 pages
Questions :
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Quels sont les deux acteurs économiques qui apparaissent dans ce déclin ?..........................
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129
DOCUMENT N°5 / DANZIN (André) et QUIGNAUX (Jean Pierre), Net travail: création /
destruction de métiers, Economica, 2001, 173 pages.
Questions :
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130
DOCUMENT N°6 / OLLIVIER (Blaise) et SAINSEAULIEU (Renaud), L'entreprise en
débat dans la société démocratique, Science Po, 2001,
« Les années 1980 ont vu se développer le drame des plans sociaux à répétition, les
souffrances du stress et du chômage, la puissance nouvelle des actionnaires. L’entreprise,
comme entité autonome de la société libérale, est donc en questionnement. Les auteurs, issus
du monde de l’entreprise (managers, consultants, DRH, chercheurs) proposent ici de
développer les pratiques du débat entre acteurs afin de rapprocher la société d’entreprise de
la société démocratique, caractéristique de notre époque libérale. »
Questions :
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DOCUMENT N°7 / SENNET (Richard), Le travail sans qualités: les conséquences humaines
de la flexibilité, Albin Michel, 2000, 221 pages
Questions :
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Quelle est la place des individus dans le travail dans votre pays ?.............................................
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131
DOCUMENT N°8 / GORZ (André), Les métamorphoses du travail: quête de sens. Critique
de la raison économique, Galilée, 1988, 302 pages.
« Cela ne s'appelait pas encore la " mondialisation libérale ", que déjà André Gorz, voilà
bientôt vingt ans, en pionnier critique d'une rare intelligence analytique, dénonçait la
croyance quasi religieuse que " plus vaut plus ", que toute activité - y compris la maternité, la
culture, le loisir - est justiciable d'une évaluation économique et d'une régulation par l'argent.
Gorz détermine les limites - existentielles, culturelles, ontologiques - que la rationalité
économique ne peut franchir sans se renverser en son contraire et miner le contexte
socioculturel qui la porte.
Questions :
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LECON N°19 / Analyse psychologique du
travail en France
Souffrance, bonheur ou investissement personnel, les motivations au sein des entreprises
françaises se déclinent selon toute une gamme d'émotions dans la sphère du travail. Cette
étendue de vécus suppose une réflexion : peut-on être heureux dans son travail? Ou bien, le
travail rend-il heureux aujourd'hui? Trois types de réponses et d'analyses pourront être
envisagés. Qu'est ce que l'usure mentale? Que veut dire compactage du temps? Quelles
solutions sont envisagées en France face au stress lié au travail?
Après plusieurs semaines de stress et de souffrance psychologique liée au travail, les salariés
peuvent être l'objet de «décompensation» selon le psychiatre Christophe Dejours. Cela peut
aboutir à des crises de nerfs due à une trop forte pression. Ce stress est néanmoins, utilisé par
les entreprises pour atteindre des objectifs de productivité : par exemple, un pilote de chasse a
besoin d'une certaine de dose de stress afin d'atteindre ses objectifs.
1.2 Le « mobbing »
Mais, tous les salariés ne sont pas des «pilotes de chasse» et beaucoup aujourd'hui se
plaignent d'être harcelés ou bien encore d'être compressés par les exigences de l'entreprise.[2]
Aux USA, on appelle cela le «mobbing».
Les causes de ce stress sont d'abord économiques: en effet, au regard des nombreuses
délocalisations au niveau international, les salariés en France doivent s'adapter aux nouveaux
objectifs de productivité imposés à partir des années 1990 : cette urgence économique soulève
de nombreux problèmes d'adaptation dans un pays longtemps protégée par une tradition d'Etat
providence. (1945/1975). Depuis 2006/ 2007, même les cadres des grandes entreprises
françaises souffrent et perdent parfois aussi leur emploi. Le libéralisme s’impose.
133
Enfin, les nouvelles technologies, net et robotique en général, ont très largement contribué à
faire perdre des emplois et à isoler l'Homme dans un marché du travail déséquilibré.
Et pourtant, certains Français trouvent parfois encore un peu de poésie et d'exotisme dans le
travail : on peut ressentir du plaisir si l'on est curieux des petites anecdotes liées à l'humain et
si l'entreprise n'aménage, à nouveau, une place pour l'individu dans ses projets. Mettre en
valeur le salarié qui s'implique. [4] Il peut donc exister un plaisir à travailler si la
communication revient au sein des entreprises.
4 Références
1. ↑ DEJOURS (Christophe), Travail, usure mentale, Bayard, 3 ème édition, 2000, 280
pages.
2. ↑ LEYMANN (Heinz), Mobbing, la persécution au travail, Seuil, Coll. Essais, 1996,
231 pages.
3. ↑ BRUNSTEIN (Ingrid), L'homme à l'échine pliée: réflexions sur le stress
professionnel, Desclée de Brouwer, 1999, 205 pages.
4. ↑ THEVENET (Maurice), Le plaisir de travailler: favoriser l'implication des
personnes, Editions d'organisation, 2000, 269 pages.
134
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Depuis trente ans, Christophe Dejours nous alerte sur la souffrance au travail. Trente ans
de recherche qui ont fait de lui un des spécialistes de cette question les plus écouté des
salariés et de leurs représentants mais aujourd'hui aussi des chefs d'entreprises. Et si tous
viennent lui demander conseil, c'est qu'ils sont inquiets de l'augmentation des pathologies
mentales dans l'entreprise, y compris chez les cadres les plus dévoués et performants, quand
ils ne sont pas stupéfaits par des suicides à répétition. Ce livre, devenu un classique, met au
jour les processus qui sont bel et bien en cause, aujourd'hui encore, dans la déstructuration
effrayante du monde du travail à laquelle nous assistons. "Force est d'admettre que
l'aggravation des pathologies mentales du travail et le surgissement macabre de ces suicides
jusqu'au milieu de communautés humaines hébétées, sonne le glas de la culture. »
Questions :
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135
DOCUMENT N°2 / LEYMANN (Heinz), Mobbing, la persécution au travail, Seuil, Coll.
Essais, 1996, 231 pages
Les conséquences de ces conduites sont évidemment très graves pour les victimes, puisque le
phénomène peut aboutir au suicide de la personne concernée. Mais aussi pour la
collectivité: Heinz Leymann donne l'exemple d'une personne, finalement réduite à l'invalidité,
qui aura coûté beaucoup d’argent au système de protection sociale suédois ».
Questions :
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136
DOCUMENT N°3 / BRUNSTEIN (Ingrid), L'homme à l'échine pliée: réflexions sur le stress
professionnel, Desclée de Brouwer, 1999, 205 pages
Cet ouvrage fait le point sur le stress professionnel qui, aujourd'hui, n'épargne aucune
catégorie de personnel. Il montre comment cette mobilisation totale au nom de la survie de
l'entreprise met en opposition les valeurs économiques de l'organisation et l'éthique
personnelle des salariés. Et produit des " hommes à l'échine pliée ". L'installation du
chômage de masse a mis en évidence, au cours de ces dernières années, combien le travail est
important pour l'épanouissement de l'être, combien son manque est une souffrance, une
mutilation symbolique ».
Questions :
« Faire plus avec moins » : que veut dire cette expression ?................................................................
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Trouve- t-on dans votre pays, cette idée de souffrance au travail ?...........................................
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DOCUMENT N°4 / THEVENET (Maurice), Le plaisir de travailler: favoriser l'implication
des personnes, Editions d'organisation, 2000, 269 pages.
Questions :
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Quelles sont les stratégies dans votre pays pour impliquer davantage les salariés dans une
entreprise ?
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138
LECON N° 20 / Les managers en France
Les relations au sein d'une entreprise se cristallisent à travers des conquêtes de pouvoir et
d'innovation. Les illusions du management, ses mythes et ses réalités, supposent que l'on se
pose la réflexion suivante: peut-on encore «gouverner» un ensemble d'employés au sein d'une
entreprise tant la pression économique est forte ? Cette culture française du management sera
l'objet d'analyse en trois points: les stratégies de pouvoir, la "main invisible" des managers, et
les cadres de demain.
Dans une entreprise collective, l'humain a besoin de satisfaire son désir de reconnaissance
dans une compétition. De ses désirs et des conflits qui peuvent en découler, vont se créer à la
fois de véritables «jeux de pouvoir», mais aussi des réussites personnelles, ou collectives.[1]
Dans une entreprise, les managers se heurtent sans cesse à cet aspect humain d'où
l'importance d'être un «psy» quand on veut devenir un manager.[2] Cette culture, venue
d'outre-atlantique, a permis d'humaniser les rapports entre cadres et employés. Cette période
concerne les années 1980. Tout change la décennie suivante.[3]
Dans les années 1990, le manager français a dû gérer des situations difficiles de plus en plus
nombreuses, dans un monde alors sous pression. Ces difficultés empêchaient souvent le bon
fonctionnement des relations interpersonnelles. Or, ce qui est la cause structurelle de ces
dérèglements, c'est alors l'exigence d'une productivité toujours plus soutenue.
Aussi le manager, dans un souci de rentabilité, a dû être sensible aux sciences humaines
qu'elle soient sociologies ou psychologiques.[4]La rentabilité humaine passe toujours par une
volonté de comprendre pour mieux utiliser. Mais nous ne sommes plus dans la
communication, mais plutôt dans la manipulation.
En France, il y a une culture spécifique du management qui s'est mise en place : elle est
constituée par des exercices de contrôle psychologique, aujourd'hui légitimés par les ouvrages
spécialisés. On apprend à manipuler même avec de l'humour. [5]
139
3.2 Les illusions du management
Mais cette manipulation reste limitée par l'émotion que constitue l'humain: certains soulignent
ainsi «les illusions du management.» [6] « Manager » est une chose, diriger une entreprise en
est une autre.
En conclusion, le manager doit il rester à l'écoute du sociologue? C'est sans doute à ce prix
qu'une entreprise peut encore fonctionner.
4 Références
1. ↑ ENRIQUEZ (Eugène), Les jeux du pouvoir et du désir dans l'entreprise, DDb, 1997.
2. ↑ ALBERT (Eric) et EMERY (Jean Luc), Le manager est un psy, Editions
d'Organisation, 1998, 190 pages.
3. ↑ CHANDIER (Albert Dupont), La main visible des managers, Economica, 1988, 635
pages.
4. ↑ DELAVALLEE (Eric) et MORIN (Pierre), Le manager à l'écoute du sociologue,
Edition d'organisation, 2004, 271 pages.
5. ↑ JOULE (Robert-Vincent) et BEAUVOIS (Jean-Léon), Petit traité de manipulation à
l'usage des honnêtes gens, Presse universitaires de Grenoble, Cool. Vie Sociale, 2002,
286 pages.
6. ↑ LE GOFF (Jean-Pierre), Les illusions du management, La découverte, 1997, 137
pages.
140
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Questions :
……………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Comment sont construites les manipulations psychologiques dans les entreprises ?...............
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
Trouve-t-on ce type de manipulation individuelle dans les entreprises de votre pays ?............
………………………………………………………………………………………………
141
DOCUMENT N°2 / ALBERT (Eric) et EMERY (Jean Luc), Le manager est un psy,
Editions d'Organisation, 1998, 190 pages
« La véritable richesse d'une entreprise réside dans son capital humain : voilà le grand credo
du manager moderne. Encore faut-il savoir faire fructifier ce capital. Tous deux médecins
psychiatres, spécialistes de l'anxiété et consultants en entreprise, Éric Albert et Jean-Luc
Emery nous démontrent dans leur ouvrage qu'un bon manager doit pouvoir faire preuve
d'écoute, de sensibilité et de psychologie sans pour autant renoncer à son rôle de leader.
Complet et accessible, l'ouvrage aborde quatre grandes thématiques : les jeux de pouvoir et
représentations symboliques en entreprise, les savoir-faire du manager, la gestion du
changement et enfin la mise en pratique du concept-clé de cette réflexion, le manager-psy.
Chacun des thèmes est illustré par une mise en situation vivante et ludique qui prend la forme
de courts dialogues entre employés fictifs. »
Questions :
……………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………..
142
DOCUMENT N° 3 / JOULE (Robert-Vincent) et BEAUVOIS (Jean-Léon), Petit traité de
manipulation à l'usage des honnêtes gens, Presse universitaires de Grenoble, Cool. Vie
Sociale, 2002, 286 pages
« Ce livre est constitué de dix chapitres. On y évoque les techniques de manipulation qui
peuvent être et qui sont quotidiennement utilisées en face à face (entre deux personnes, le
manipulateur et le manipulé), pour le meilleur comme pour le pire. Le dixième chapitre,
totalement inédit, nous éclaire sur les techniques de manipulation de masse, utilisées par les
professionnels du marketing pour modeler, à notre insu, nos idées, nos goûts et nos façons
de consommer : analyse de la persuasion, de l'influence et du pouvoir par la parole et
l'observation. Ce sont deux psycho-sociologues de talent qui nous démontrent comment, dans
la vie de tous les jours, nous sommes manipulés par les commerciaux ou la publicité. Idéal
pour ne plus tomber dans le panneau... »
Questions :
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………..
143
DOCUMENT N°4 / LE GOFF (Jean-Pierre), Les illusions du management, La découverte,
1997, 137 pages
« Depuis plusieurs années, le management des ressources humaines est en crise, mais il ne
semble guère se débarrasser de ses illusions. Le paradoxe est saisissant : on ne cesse de
parler de management, on cherche toujours la méthode ou le remède miracle, mais on
n'entend que très rarement ceux qui pratiquent le management au plus près des réalités de
l'entreprise. À l'opposé de la langue de bois managériale, l’auteur donne ici la parole aux
acteurs de terrain. Il est allé interroger dans de grandes entreprises industrielles les
ingénieurs et les cadres confrontés quotidiennement aux problèmes concrets. Leurs paroles et
leurs pratiques sont une critique en acte des illusions du management. En s'appuyant sur cette
critique, Jean-Pierre Le Goff développe une analyse qui remet en cause les schémas
dominants et développe des propositions en matière de formation et une mise en perspective
globale du " mal-être dans les organisations " induit par les méthodes du management "
moderne ". »
Questions :
………………………………………………………………………………………………..
Pourquoi l’illusion liée aux ressources humaines est source de problème ?................................
…………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
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…………………………………………………………………………………………………
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144
LECON N° 21 / Syndicats et solidarités
dans le monde économique français
Solidarité, lien social et richesse peuvent-ils avoir un avenir en commun lorsque l'on sait
qu'une crise économique majeure touche la France depuis le début des années 1980? Cette
crise empêche structurellement un retour à l'emploi salarial. En d'autres termes, l'humain a t-
il encore une place dans l'économie? Face à des économies multidimensionnelles, ne faudrait–
il pas repenser l'économie? Trois directions majeures seront suivies dans nos analyses futures.
Qu'est ce que la richesse économique? Que veut dire aujourd'hui le lien social? Qu'est ce que
le rêve dans le jeu des compétitions?
Il y a des indicateurs techniques que l'on doit remettre en question nous affirme l'économiste
français, Dominique Méda. Ce dernier indique que l'étude du PIB d'un pays, ou l'analyse des
moyens productions de biens de ce même pays, ne peuvent suffire à analyser la richesse. Des
nouveaux indicateurs socio-économiques semblent plus pertinents tels l' IDH, Indicateur de
Développement Humain. Cet indice intègre des critères culturels, économiques et sociaux. [1]
Car face au caractère planétaire de l'économie, cet indice remplit une mission d'analyse plus
nuancée.
Face à un certain désarroi, beaucoup de Français réagissent en portant leurs efforts sur le lien
associatif, ceci afin de lutter contre une économie déshumanisée : cette économie agressive a
pour effet de créer une «déliaison sociale», c'est-à-dire une destruction du lien social. Face à
ce phénomène, certains résistent grâce au monde d'associatif. [4]
C'est donc un enjeu national et européen qui se joue depuis le début du 21ème siècle : le débat
sur cette question s'est européanisé lors du référendum concernant la constitution européenne
de 2005. Car au fond, le choix d'une économie humaine dans l'économie monde fut le
caractère majeur des débats en France.
145
3 Une économie de rêve: humaniser l'économie.
3.1 Redonner une dimension écologique à l'économie
La pensée écologique est à l'honneur depuis 2007. En mai 2007, le nouveau président
français, Nicolas Sarkozy, a décidé de créer un grand ministère de l'écologie et du
développement durable. C'est-à-dire une politique fondée sur principe de précaution. Ce
principe est une illustration d'une politique française certes libérale, mais qui s'oppose sur-
productivisme à la chinoise.
Le parti politique socialiste avait tenté d'autres directions dans ce registre dans les années
1990. Le projet fut alors la réduction du temps de travail à 35 heures par semaine afin de
limiter le chômage en France et de mieux répartir les richesses. Cette solution pour humaniser
et valoriser une économie solidaire a permis la création d'un revenu garanti à la fin des années
1990.[5]
Dès les années 1980, les mouvements associatifs français avaient lancé l'idée d'une solidarité
dans l'échange économique: on avait alors crée l'«économie sans argent» nommée «SEL»
(«Système d'échange local»). Mais la tentative resta limitée dans le temps et l'espace. [6]
En conclusion, l'économie peut être – encore demain- le prétexte à un nouveau contrat social,
une troisième voie pour le travail. Est ce un nouveau pacte républicain français qui est en train
de se mettre en place? Est-ce la fin définitive d'un modèle social à bout de souffle ?
4 / Références
146
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Nous vivons les yeux rivés sur le taux de croissance du " Produit Intérieur Brut ", comme
si celui-ci suffisait à faire de nous des sociétés vraiment riches. Indifférent à la manière dont
sont répartis les biens, les services, les revenus et les acquis, le PIB n'est affecté ni par la
montée de la violence ni par le développement des inégalités ou l'altération de
l'environnement, pas plus qu'il ne le serait par l'accroissement constant du niveau
d'éducation, la facilité d'accès à des services publics de qualité, l'amélioration générale de
l'état de santé de la population ou la promotion d'une réelle égalité entre les hommes et les
femmes. Si ce qui importe, c'est ce qui est productif, comment donner de la valeur à des
activités qui ne sont productives de rien, ou seulement de relation, de sens, de qualité de vie ?
Cette question est particulièrement importante au moment où s'opère une réduction de la
durée légale du travail, activité productive par excellence. Si les femmes, sur lesquelles
pèsent aujourd'hui les contradictions de notre société, parviennent à promouvoir une autre
organisation des temps sociaux, alors peut-être pourrons nous expérimenter des modes de
partage et des types de richesse plus modernes, plus démocratiques et plus civilisés ».
Questions :
Que veut dire l’expression « avoir les yeux rivés » sur le PIB ?............................................
……………………………………………………………………………………………….
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Trouve-t-on ce type de contradiction sociale chez les femmes de votre pays ?.....................
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147
DOCUMENT N° 2 / BARTOLI (Henri), L'économie multidimensionnelle, Economica, 1991,
527 pages.
Questions :
Que dit l’auteur des problèmes qui agitent le monde actuel et leur rapport avec
l’économie ?................................................................................................................................
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148
DOCUMENT N°3 / ROUSTANG (Guy) et PERRET (Bernard), L'économie contre la
société, seuil, Coll. Points Essais, 2001, 315 pages
« Dans les sociétés libérales modernes, le social semble comme miné par l'économique.
Avec la nouvelle économie mondialisée, le travail risque de devenir une simple marchandise.
Entre les besoins de l'économie et le " souci de soi " ou l'identité des individus, l'ajustement
est de plus en plus difficile. Le développement considérable des services dans l'économie des
pays modernes signe la fin de la symbiose entre l'intégration sociale et une activité
économique avant tout productiviste. Comment en sortir? Cet ouvrage tente de décrire une
autre logique économique. Les auteurs insistent sur les conséquences innombrables de
l'entrée dans une société de services, et sur les nouveaux rapports entre le travail et l'identité
culturelle des individus. Ils estiment qu'il faut parvenir à une organisation sociale qui
privilégie moins le point de vue du consommateur individuel. En fin de compte, la question
de l'emploi et les problèmes de la citoyenneté dans la démocratie sont liés. »
Questions :
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…………………………………………………………………………………………………..
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Pourquoi cette ouvrage lie emploi et citoyenneté, concept quasi politique ?..............................
……………………………………………………………………………………………….
Trouve-t-on un lien politique entre emploi et individu dans votre pays ?...........................
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149
DOCUMENT N°4 / SUE (Robert), Renouer le lien social: liberté, égalité, association,
Odile Jacob, 2001, 254 pages
« Avons-nous vraiment perdu le sens de l'action collective, comme on le dit trop souvent ?
Notre société n'est-elle plus qu'un conglomérat d'individus préoccupés par leurs seuls
intérêts égoïstes ? Certainement pas. La myriade d'associations qui fleurissent dans tous les
domaines l'atteste. Elles concilient liberté, égalité et souci d'autonomie. Elles mobilisent et
rassemblent les énergies les plus diverses au service de causes et de projets qui servent
chacun. La démocratie réelle s'invente sous nos yeux, en somme.
Au XIXe siècle, les socialistes prônaient l'association. Mais le contexte ne leur était guère
favorable. Tout a changé : l'association n'est plus une utopie, c'est une réalité vécue par
beaucoup. Désormais, ce sont les discours et les institutions politiques qui sont en retard sur
l'avancée de la société.
Un siècle après la loi de 1901, Roger Sue propose une réflexion politique profonde sur ce que
peut et doit être une société vraiment démocratique aujourd'hui. »
Questions :
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150
DOCUMENT N°5 / MARECHAL (Jean –Paul), Humaniser l'économie, DDB, Sociologie
économique, 2000, 223 pages.
Questions :
Quels sont les deux problèmes majeurs actuels au niveau économique et social ?
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Quelle serait la voie pour sortir de la crise décrite dans cet ouvrage ?........................
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Quelle est la place du développement durable dans les médias de votre pays ?......................
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DOCUMENT N°6 / SERVET (Michel), Une économie sans argent: les systèmes d'échange
local, Seuil, 1999, 344 pages
« Les « SEL » (systèmes d'échange locaux), appelés « LETS » (Local Exchange Trading
System) par les anglo saxons, sont apparus en France au milieu des années 80 et n'ont cessé
depuis de se développer. Ces associations définissent une unité de compte propre à chacune
d'elle dans le but d'échanger, entre adhérents, différents services et biens: réparation de
logement, travaux de jardinage, garde d'enfants, cours de langue, de musique ou
d'informatique, organisation de séances de médecine parallèle, de massage, apprentissage de
la cuisine, de techniques artisanales, prêt d'outillage, hébergement. Chaque « SEL » a sa
spécificité dépendant de la diversité des formes et des initiatives mises en place ainsi que des
différentes personnes qui l'animent. Un « SEL » est-il un marché aux puces convivial ou
réellement l'antinomie du marché? Cette expérience apparaître aussi comme une nouvelle
forme d'utopie communautaire permettant un apprentissage alternatif de la citoyenneté et de
la démocratie. Tolérées, elles ne sont garanties par aucune législation. »
Questions :
……………………………………………………………………………………………..
Quelles sont les causes de leur apparition dans les années 1980 ?......................................
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152
CHAPITRE 5
153
LECON N° 22 / Urbanisme et espace public
en France
La ville en France devient une planète avec ses territoires. Une vie dynamique. Les rythmes
de vie du monde urbain posent pourtant le problème du rapport de l'homme à son espace, son
cadre de vie. L'enjeu pourrait se résumer par cette question: dans quelle mesure peut-on vivre
en ville et y être heureux ? Trois directions guideront nos pas : qu'est ce que la ville
aujourd'hui? Quelles sont les caractéristiques de la métropolisation de la société française?
Peut–on parler d'une culture urbaine de la France en ce début du 21ème siècle?
Devant la métropolisation massive des Français, le concept «urbain» a pris le dessus sur celui
de la «ville», car l'adjectif rend mieux compte des métropoles qui constituent la France
d'aujourd'hui. On peut parler de culture urbaine à l'échelle du territoire national.
Face à cette métropolisation, les acteurs politiques français ont décidé de créer un ministère de
la «ville» dans les années 1990. Ce nouveau service d'Etat avait pour objectif socio-politique
de traiter le problème des banlieues devenues« amères» tant elles se sentaient exclues. [1]
Cette marginalisation est toujours présente au début du 21ème siècle. Les émeutes de
novembre 2005 en furent un fait marquant dans l'histoire socio-politique du pays.
La culture architecturale française a été impulsée par l'architecte français, Le Corbusier dans
les années 1960 : sa démarche se cristallisait dans son œuvre modèle, localisée à Marseille et
intitulée la «Cité radieuse».[2]. La Cité radieuse est devenue un modèle pour la politique
urbaine française qui a fait surgir de grands ensembles entre 1965 et 1975: la crise du
logement expliquait et motivait des grandes constructions. Mais très tôt, les banlieues des
métropoles à peine finies ont très mal vieilli. A peine achevées que l'on songeait déjà à les
détruire fin à la fin des années 1980.
154
2.2 Les Grands Ensembles
Mais que ces quartiers soient résidentiels ou populaires, chacun assurent dans son quotidien le
phénomène des migrations pendulaires- avec leurs cortèges de trains de banlieue –RER,
métro, tramway.[3] Ce sont les allers-retours du travail à la maison.
Aujourd'hui, face à un chômage structurel, on constate la volonté de relancer le débat sur cette
«culture urbaine» parfois dénoncée ou légitimée [4]: tels ces spectacles de rue ou ces
animations de quartiers qui ponctuent la vie de ces immenses territoires urbains éloignés du
centre–ville. Un art du «citadin nouveau» est mis en valeur.
Cette volonté de légitimer les grands ensembles est aussi motivée politiquement afin d'éviter
les dérives liées à des logiques tribales de territoire.[5]
Enfin, que ce soit dans la ville ancienne ou dans les espaces périphériques modernes, on note
un désir de redonner une place pour les espaces verts, propices « aux utopies et aux
bonheurs»[6], malgré les périls qui peuvent s'y cacher. Les jardins publics- métonymies de la
nature- retrouvent régulièrement une place d'honneur dans ces nouvelles métropoles
régionales que sont: Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon et
Marseille. La France du 21ème siècle est celle des villes modernes qui veulent renouer avec la
nature, c'est à dire créer une vision écologique de la vie en société.
En conclusion, la ville et l'urbanisme sont des notions sans cesse repensées par les hommes
politiques français qui considèrent qu'il faut adapter l'aménagement urbain en évitant le
communautarisme anglo-saxon. La ville est donc devenue un objet central du défi politique
pour l'Etat français.
155
4 Références
156
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / VILLECHAISE - DUPONT (Agnès), Amères banlieues : les gens des
grands ensembles, Grasset, 2000, 239 pages
Questions
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Quelles sont les causes qui pourraient expliquer une dominante négative ?
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DOCUMENT N°2 / TRETIACK (Philippe), Faut-il pendre les architectes?, Seuil, 2001,
195 pages.
La majorité des Français ont rêvé de prendre d'assaut, pioches en mains ou au volant de
pelleteuses, qui la Bibliothèque nationale de France, qui le ministère des Finances à Bercy,
qui le pharaonique Euralille, le siège de la DDE (organisme qui s’occupe du territoire) de
Marseille ou le Parlement européen de Strasbourg. Faut-il pour autant pendre les
architectes ? Philippe Trétiack, lui-même architecte et journaliste, répond à la question en
mettant au jour un système de luttes de clans, de corruption et de pressions partisanes. Car le
désastre que constituent souvent les réalisations architecturales des dernières années n'est
pas dû aux seuls architectes : la mégalomanie des hommes politiques, les entreprises
déficientes, les concours biaisés et l'inculture des maîtres d'ouvrage, pour ne citer que ceux-
là, sont aussi à prendre en compte. Tout un système qui a pour résultat de défigurer les villes
et de le faire payer très, très cher. Un livre qui mêle humour et rigueur pour dresser un bilan
impitoyable, proposer des solutions, et rendre hommage aux architectes qui continuent de
pratiquer honorablement leur métier, envers et contre tout
Questions :
Quelle est l’image des constructions réalisées dans les années 1980 /1990 ?
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Quel serait- d’après vous, l’image idéale de l’architecte parfait au 21ème siècle ?
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158
DOCUMENT N° 3 / METTRAL (Jean), Cultures en ville ou de l'art et du citadin, L'aube,
2000, 253 pages
Ce livre est un croisement de regards ... Celui que l'on peut porter sur la ville, si l'on
considère que ce qui s'y joue des rapports sociaux est aussi d'ordre culturel, que ce qui s'y vit
l'est dans des espaces ordonnés qui sont des faits de culture, que ce qui se dessine dans un
dépassement et un bouleversement des formes connues (spatiales, sociales, artistiques
politiques) annonce de nouveaux arts de faire et de vivre ensemble ; ... Celui que l'on peut
porter sur l'action culturelle et artistique quand elle veut être dans la cité, au cœur de ses
enjeux, dans les creux où elle serait le ciment qui rassemble des expériences individuelles ou
collectives pour faire société. C'est ce qu'examinent tour à tour les auteurs qui ont répondu à
la question posée dans le cadre d'un programme interministériel, " qu'en est-il du rapport
entre culture, ville et dynamiques sociales aujourd'hui ? " Ils ont fait ressortir des liens et des
champs où se retravaille ce rapport, quels que soient les terrains explorés, les espaces
publics, où se nouent de nouvelles relations de la ville avec l'art, où se fabriquent le sens et
l'image d'une ville à travers ses récits pluriels, où se réapproprient des lieux délaissés, où se
reconstruisent des personnes, par le partage culturel et la pratique artistique, où se
recomposent des territoires par l'ouverture à des mondes et des réseaux qui transcendent les
limites du local ; ... Les modalités de l'accès au politique, qui se font par des trajectoires
prises dans l'action militante, par des histoires de vie mises en perspective et par une prise de
conscience d'une place dans la cité. Pourtant les différences assumées pour accéder à un
espace commun n'en redéfinissent pas moins d'autres frontières. D'autres défis alors sont à
relever, d'autres négociations à mener qui invitent encore davantage le modèle républicain à
gérer ses contradictions
Question
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Quelles sont les limites de la politique culturelle dans les villes en France ?
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159
Leçon n° 23/ Les violences urbaines en
France
Devant les différentes politiques publiques de l'Etat français face aux violences urbaines, la
confusion semble toujours permanente entre mythes et réalités. Est-ce une guerre sociale qui
ne dit pas toujours son nom? Cette violence polémique semble poser un défi permanent qui
pourrait se cristalliser dans cette question: dans quelle mesure les violences urbaines relèvent-
elles d'un discours politique ou d'une solide vérité de terrain? Pour distinguer mythes et
réalités, nous suivrons ce qu'est la nature profonde de ces discours sur ces violences. Puis
nous tenterons de comprendre la réalité des émeutes sociales françaises. Enfin, nous verrons
que les solutions pour «rétablir le calme» ont leurs limites. Là aussi, des mythes demeurent.
Depuis quelques années, la presse française voire européenne se fait l'écho d'incidents urbains
émaillant des villes telles Strasbourg. Celle-ci connaît, tous les 31 décembre, son cortège de
voitures incendiées. Les émeutes de novembre 2005 ont installé un phénomène de
contestation structurelle.
Ces problèmes sociaux se sont accentués de 1980 à aujourd'hui. Dans les années 1990, on
qualifiait les auteurs de ces actes de «sauvageons».
En novembre 2005, on n'a pas seulement dégradé des voitures. Un nombre important
d'attaques symboliques contre des institutions ont été menées: les écoles, les commissariats de
police, des services sociaux. Une contestation contre l'ordre social semble se faire jour. Un
désespoir lourd s'est alors mis en place.
Les violences étaient de nature idéologique dans les années 1970. Aujourd'hui leur nature est
devenue économique. En effet, les causes économiques pourraient résumer les motivations
d'acteurs qui ont le sentiment d'être «hors jeu» du système: ce sentiment de ségrégation socio-
économique a été sans doute l'élément le plus déclencheur des émeutes en France. [2]
A ces causes économiques d'exclusion sociale, s'ajoute une explication géo-territoriale: les
banlieues isolent et amplifient les violences: on parle même de «psychopathologie des
banlieues». [3] L'isolement de ces territoires ne ferait qu'accentuer les «communautarismes»,
phénomènes contraires au «pacte républicain».
160
3 La fin de la violence dans les villes en France
3.1 La dérive des communautarismes
Doit-on alors, face à cette dérive communautariste, utiliser la politique de tolérance «0»
menée par M. Giullani, maire de New York, personnage qui a fait école en matière de
magistrature municipale [4]. Les gouvernements français hésitent à emprunter ce modèle
américain.
Quoi qu'il en soit, les discours français sur les violences urbaines sont rarement sereins.
L'émotion gagne tout de suite les débats qui font naufrage et servent les confusions.
4 Références
1. ↑ WIEVIORKA (Michel), Violence en France, seuil, Coll. L'épreuve des faits, 1999,
344 pages.
2. ↑ LEBAILLY (Philippe), La violence des jeunes dans les quartiers défavorisés, ASH,
2001, 144 pages.
3. ↑ RASSIAL (Jean-Jacques), Y-a-t-il une psychopathologie des banlieues? Eres, 1998,
114 pages.
4. ↑ GENDROT-BODY (Sophie), Les villes: la fin de la violence, Presse de Sc-Po, 2001,
147 pages.
5. ↑ MUCCHIELLI (Laurent), Violences et insécurité: fantasmes et réalités dans le
débat français, La découverte, 2001, 141 pages.
161
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / WIEVIORKA (Michel), Violence en France, seuil, Coll. L'épreuve des
faits, 1999, 344 pages
« Enseignants agressés, voitures brûlées, conducteurs de bus attaqués, émeutes dans les
banlieues, pillages, saccages, incivilités : depuis vingt ans, la France est entrée dans l'ère
des violences urbaines. Le sentiment d'insécurité grandit. D'où vient cette violence nouvelle
? Comment faire reculer l'insécurité ? Pour bien comprendre, pour distinguer entre la réalité
de la violence et la manière dont elle est perçue ou représentée, il faut analyser le
fonctionnement des médias, la crise des institutions républicaines, le comportement des
équipes municipales, l'impact des politiques de la ville. Il faut aussi aller aux sources, sur le
terrain même. Michel Wieviorka et son équipe ont enquêté dans les quartiers populaires, dans
les entreprises de transports, dans les écoles, en Région parisienne, au Havre, à Strasbourg,
dans l'agglomération lyonnaise. Le résultat de ce travail met à mal les idées reçues. Loin du
prêt-à-penser, ce livre documenté et nuancé prolonge l'analyse par des recommandations
politiques »
Questions :
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162
DOCUMENT N° 2 / RASSIAL (Jean-Jacques), Y-a-t-il une psychopathologie des
banlieues? Eres, 1998, 114 pages
Questions :
Quelles sont les pathologies mentales décrites dans cet ouvrage ?.........................................
…………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………..
Pourquoi l’auteur préfère parler d’une clinique de l’individu et non d’une sociologie de
quartier ?....................................................................................................................
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Trouve –t-on ce type d’analyse mêlant sociologie et psychologie dans votre pays ?
…………………………………………………………………………………………………
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163
DOCUMENT N°3 / GENDROT-BODY (Sophie), Les villes: la fin de la violence, Presse
de Sc-Po, 2001, 147 pages
« Faut-il se fier aux discours et aux données officielles annonçant une stabilisation, voire un
recul de la délinquance ? La violence urbaine serait-elle un phénomène dépassé ? Que met-
on derrière ces termes ? L'approche comparative de l'ouvrage tente de répondre à ces
questions. Dans chacun des pays étudiés - France, Royaume-Uni, Etats-Unis -, l'enjeu
sécuritaire révélé par la ville permet de cerner des macro-mutations de société. La
mondialisation n'est toutefois pas la seule cause des bouleversements susceptibles d'induire
des troubles urbains, et elle ne s'exprime pas sous les mêmes formes d'un pays à l'autre.
L'analyse de cas concrets à laquelle se livre l'auteur éclaire les changements intervenus au
cours des vingt dernières années dans les politiques de prévention et de sécurité urbaine. Elle
suggère que la construction de réponses à " la ville dangereuse " vise à déplacer des
demandes toujours plus fortes (et insaisissables) de certitude et de sécurité. Les attitudes
envers l'innovation et le soutien apporté aux habitants dans la " co-production " de la
sécurité font apparaître de fortes divergences dans les modes de gouvernance et éclairent le
fonctionnement de la démocratie locale ».
Questions :
Quels discours politiques sont ici considérés comme des illusions ?...................................
……………………………………………………………………………………………….
Quelles seraient les causes des macro-mutations des sociétés analysées ?...........................
…………………………………………………………………………………………….
164
DOCUMENT N°4/ MUCCHIELLI (Laurent), Violences et insécurité: fantasmes et réalités
dans le débat français, La découverte, 2001, 141 pages
« La question de la lutte contre la violence et l'insécurité occupe depuis quelques années une
place importante dans le débat politique français. Par ailleurs, les faits divers de
délinquance des jeunes occupent une place croissante dans l'actualité médiatique et sont
présentés comme les manifestations d'une sorte de " nouvelle barbarie ". Amalgamant les
délinquances les plus bénignes et les plus graves, de prétendus " experts " réactivent la vieille
peur du complot de l'" ennemi intérieur ".
Laurent Mucchielli s'efforce d'abord d'expliciter les enjeux de ce débat, de décortiquer les
discours et d'en montrer tous les artifices. S'appuyant sur les recherches menées depuis une
trentaine d'années, il explique comment on doit lire les statistiques de l'insécurité et de la
violence (atteintes aux biens, agressions, violences à l'école). Il retrace l'histoire de la
délinquance juvénile depuis les années cinquante, restituant ainsi ce problème de société
dans une perspective économique, sociale et politique. Loin de la crispation sur de simples
recettes policières, mais sans nier l'existence des problèmes, il propose alors quelques
réformes de fond pour réduire la délinquance juvénile. "
Questions :
Quel est le débat politique qui s’impose régulièrement dans les médias français ?
…………………………………………………………………………………………………
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Pourquoi l’auteur fait un rappel sur l’histoire de la violence des jeunes ?................................
…………………………………………………………………………………………………
Trouve-t-on une violence dite des « jeunes » dans votre pays ?..........................................
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165
Leçon N°24/ Comment vivre ensemble en
France ?
On dit que la France « va mal ». Il y aurait une crise politique et sociale. Certains considèrent
ceci comme une fatalité, acceptent les licenciements, pour d'autres, la protestation n'est pas
morte. Il y aurait une France révolutionnaire? Pourtant, la syndicalisation est devenue faible.
Des sociologues français posent ainsi la question suivante : comment faire vivre ensemble ces
Français qui doutent, malgré une crise économique et sociale qui règne en France depuis 1975
? Nos analyses suivront les trois idées suivantes: qu'est ce que le collectif aujourd'hui ? Peut-
on parler encore de culture de la révolution ? Peut-on envisager encore les rêves d'un nouveau
bien commun ?
L'un des grands défis politiques pour la France est d'accepter le caractère multiculturel du
21ème siècle : il n'y a pas de projets interculturels pour les communautés étrangères. Tout
ressemble au statut quo. On constate de sérieuses difficultés dans l'intégration et l'acceptation
des cultures. La crise et les peurs cristallisées dans les votes de 2002 ou 2015 illustrent les
blocages dans ce multiculturel. La création d'un ministère de l'identité en mai 2007 semble
tenter répondre à ces peurs. L’élection du Président Macron en 2017 a donné une lecture plus
libérale et plus multiculturelle, éloigné du concept national repris par Mme Le Pen.
Les causes de cette culture de la protestation viennent d'une longue tradition révolutionnaire
en France [4]: quelques dates clés telles: 1789, 1848, 1870, 1968. C'est le cortège historique
des révolutions contre l'ordre imposé.
166
2.2 La négociation à la française
L'autre singularité de la France protestataire est sa façon de traiter un conflit: en effet, les
négociations sociales en France sont complexes: elles se font à l'aide d'un tiers. Ce qui est très
différent en Allemagne où la gestion d'un désaccord se fait à deux. La communication par un
tiers peut ralentir ou rendre fastidieux la négociation d'un conflit.
Peut on parler d'une culture de la négociation entre gouvernants et gouvernés? Le temps des
décisions unilatérales semble terminé. Pour légiférer, il faut négocier. Peu à peu, la France
discute avant de décider. La verticalité démiurgique du pouvoir politique s'est estompée. Nous
ne sommes plus au temps de De Gaulle.
Toute société rêve d'un espace et de son identité. Elle adapte la réalité à ses rêves nous dit
l'historienne Anne Marcovich. Redonner du rêve aux gens est un projet intrinsèque à toutes
sociétés. Pourtant derrière le rêve, il se met en place une répartition sociale parfois cruelle
entre citoyens actifs et exclus. [5]
Une partie de la jeunesse française refuse cette répartition sociale liée à la mondialisation et à
la pensée libérale. Ce fut le message des mouvements des jeunes français en 2006. Ils ne
voulaient pas d'un contrat de travail qui soit trop précaire. On peut parler d'un «désir de
société». Dans cette flexibilité annoncée en 2006, on touchait à ce rêve. [6]
Ainsi, une partie de la société française ne renonce aux espoirs des nouvelles générations,
notamment par le mouvement associatif : les «restaurants du cœur», le «mouvement des
chômeurs» sont des associations qui tentent de relancer cette machine à fabriquer du "bien
commun".
Le sociologue français, Alain Touraine, pense que les citoyens français peuvent vivre
ensemble. Mais quelles sont alors les difficultés à surmonter? Le défi n'est pas dans le danger
communautariste. Le défi passe par l'individualisme. On doit comprendre que l'acteur social
français est mois collectif depuis les années 1980. Il est un sujet «à la recherche de soi».
Donc, il faut concilier deux paramètres : perfectionner sa propre nature tout en respectant la
collectivité.
167
4 Références
168
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Questions :
Quel est le défi politique proposé par l’auteur et par la devise de la République
française ?...............................................................................................................................
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Quelles solutions sont proposées pour vivre égaux et différents selon l’auteur ?.....................
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169
DOCUMENT N°2 / GROUX (Guy), Vers un nouveau conflit social?, Bayard, 1998, 248
pages.
(…) Le chômage fait des ravages depuis les années 1970, et encore plus depuis 2008.
« En dépit des pronostics annonçant son déclin, l'action collective semble avoir trouvé un
nouvel élan. Pour autant, ces conflits ne signent-ils pas une rupture avec le passé ? Que
penser par exemple du rôle des médias et de leur écho au sein de l'opinion publique lors de
ces différents conflits entre ouvriers et patrons ? N'est-ce pas, au fond, la nature même des
revendications qui a changé ? Le conflit est une nécessité de la vie démocratique. Ce
constat, issu de l'après-guerre, a conduit le triptyque Etat-entreprises-syndicats à harmoniser
les rapports entre capital et travail. Mais, avec la mondialisation de l'économie et la montée
du chômage, les conflits liés au travail perdent de leur intensité face à d'autres centrés sur
des enjeux de citoyenneté. Dès lors comment doivent se reconstituer les rapports sociaux et
politiques pour prendre en compte ces nouvelles sources de conflits ? C'est, entre autres,
l'avenir de l'action collective, et plus particulièrement du syndicalisme, qui se trouve mis en
question ».
Questions :
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170
DOCUMENT N°3 / FILLIEULE (Olivier), La sociologie de la protestation: les formes de
l'action collective dans la France contemporaine, L'harmattan, 1993, 287 pages
Questions
Que veut dire l’expression « désaffection des citoyens pour la vie politique » ?....................
…………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………..
Quels sont les mouvements sociaux dans votre pays ? Sont-ils fréquents ?....................
…………………………………………………………………………………………….
171
DOCUMENT N°4 / BEROUD (Sophie) et MOURIAUX (René), Le mouvement social en
France: essai de sociologie politique, La dispute, 1998, 222 pages
En France, les grèves et mouvements sociaux se succèdent : les routiers et les sans-papiers,
les ouvriers et chômeurs, les élèves, les enseignants et les parents
Sympathie de la population, pétitions et polémiques entre intellectuels les accompagnent,
manifestant l'intense attention de la société française.
Y aurait-il du neuf dans les luttes sociales ?Les auteurs de ce livre, tous trois politologues,
replacent les événements dans le cours de l'offensive néo-libérale, des évolutions politiques
et de la recomposition du syndicalisme. Connaissance du terrain et rigueur problématique
leur permettent de formuler une hypothèse inédite sur le sens et la portée de ce qui pourrait
bientôt ressembler à une nouvelle donne sociale et politique ».
Questions :
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Quelles sont les perspectives évoquées par les trois auteurs ?.......................................
………………………………………………………………………………………
Quelle est la place politique des manifestations dans votre pays ?................................
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172
DOCUMENT N°5 / MARCOVICH (Anne), A quoi rêvent les sociétés? Odile Jacob, 2001,
392 pages.
« Qu'est-ce qui fait changer nos sociétés ? Anne Marcovich montre que parmi les facteurs
d'évolution bien identifiés- les crises économiques, les guerres internationales, les luttes
politiques, les innovations techniques, les rythmes démographiques, etc. - il en est un moins
bien connu, qui anime pourtant les sociétés de l'intérieur : l'image plus ou moins idéalisée
qu'elles se font d'elles-mêmes et qu'elles poursuivent sans fin, comme un rêve. Rêve de peuple
mythique comme les Hittites pour les Turcs ou les Mèdes pour les Kurdes. Rêve d'histoire
fabuleuse comme dans les odyssées écossaises ou galloises. Rêve de héros fondateur comme
le Grand Teck des Boers d'Afrique du Sud. Rêve de conquête de l'espace comme aux États-
Unis. Rêve de nation comme en Inde ou en France. Rêve de pureté raciale ou religieuse, hier
comme aujourd'hui, ici ou ailleurs, et qui vire toujours au cauchemar. »
Questions :
Quelles sont les causes des changements dans une société ?................................................
…………………………………………………………………………………………..
Les sociétés se représentent dans une image idéale ; que veut dire cette analyse de
l’auteur ?..........................................................................................................
………………………………………………………………………………………
Pourquoi les rêves des Nations dans le monde sont utiles ?..................................
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173
Leçon n° 25/ Chômage, racisme et pauvreté
en France
Avec la crise économique structurelle que connaît la France depuis 25 ans, les pathologies
sociales n'en finissent pas de se démultiplier. Une marginalisation est en marche. Les fissures
multiples. L'exclusion et la pauvreté économique renforcent les préjugés et accentuent ces
fossés. Les différences de l'autre sont de plus en plus stigmatisées.
Au début des années 1990, la France a connu sa plus grave crise économique. La
disqualification sociale était à son comble: Pierre Bourdieu, un des grands sociologues
français, avait alors décidé de rédiger un ouvrage intitulé «La misère du monde». Ce livre fut
un travail collectif mené par 23 enquêteurs. Ils ont donné la parole à tous ceux qui restaient
dans l'ombre sociale : c'est-à-dire toutes les classes sociales «basses» ou «inférieures»
touchées par cette misère structurelle : habitants des « ZUP », clochards, travailleurs
immigrés, petits agriculteurs, policiers, étudiants.
Cette analyse plurielle de la pauvreté et des exclusions a été nommée par Pierre Bourdieu
«misère de position» [1]: son ouvrage qui a fait autorité est donc le résultat de larges
témoignages. Le cortège impressionnant de ces faits de vie a dévoilé l'image d'une France en
crise, en mutation. Les classes moyennes perdent peu à peu leurs pouvoirs d'achat. La crise est
telle que certains sociologues français évoquent alors une « une France des chômages ». [2]
L'école républicaine française a longtemps joué son rôle d'«ascenseur social». (réussite par
l'école) Pourtant, la disqualification sociale commence aujourd'hui dès l'école. [3] On pense
supprimer les cartes scolaires qui tentaient de réguler des déséquilibres sociaux dans les
écoles. Les déterminismes sociologiques sont devenus implacables. Et ceux qui sont
diplômés? Le système dérape car l'offre d'emploi ne suit plus. L'école ne peut plus compenser
les déséquilibres sociaux liés à 9 % de chômage structurel.
174
2.2 La remise en question de l'assistanat
L'autre cause majeure de ces misères est à la fois économique et idéologique : en effet, si l'on
regarde à la loupe les discours implicites des universitaires français en science économique,
on découvre une stigmatisation sociale: les pauvres sont réduits à de simples êtres
antisociaux : pour cette science, le chômage est souvent analysé et dénoncé comme une lutte
contre « l'assistanat »: c'est en substance ce que nous rappelle Laurent Cordonnier. [4]
Le rejet des immigrés et la montée des partis extrêmes dans le cadre d'un contexte de crise
durable accentue cette image de crise. [5] La fragmentation culturelle et « l'ethnicisation » des
rapports sociaux aboutissent tout naturellement à l'émergence de communautarismes. On est
loin de la République.
3 Perspectives d'avenir.
3.1 Relancer les réseaux associatifs
Lutter contre cette "misère de position " est toujours possible nous dit pourtant Bertrand
Bergier. Cela suppose une résistance du tissu associatif. Mais les citoyens ne peuvent pas
seuls proposer des solutions. [6]Cela suppose aussi un ré-engagement «citoyen» de l'Etat.
Quant aux enfants des immigrés, enfants de seconde ou troisième génération, la lutte est
double: car il faut à la fois, affronter les pertes des origines culturelles des parents ou grand
parents et mais aussi accepter les règles d'un pays d'accueil qui n'est pas en harmonie avec
leurs revendications. Ce phénomène est nommé la «double absence» culturelle des immigrés
par Sayad Abdelmalek [7]
Avec la fin de l' "Etat providence", les classes moyennes ne risquent-elles de disparaître au
profit d'une société binaire sous tension? La logique de l'exclusion va –t-elle être stoppée? La
«France des chômages» peut elle trouver en elle-même la force de relancer son économie ?
175
4 Références
1. ↑ BOURDIEU (Pierre) (dir.), La misère du monde, Seuil, Coll. Points, 1998, 1460
pages.
2. ↑ MAZEL (Olivier), La France des chômages, Gallimard, coll. Folio Actuel, 1999,
262 pages.
3. ↑ PAUGAM (Serge), La disqualification sociale: essai sur la nouvelle pauvreté, Puf,
Coll, Quadrige, 2004, 264 pages.
4. ↑ CORDONNIER (Laurent), Pas de pitié pour les gueux: sur les théories
économiques du chômage, raisons d'agir, 2000, 124 pages.
5. ↑ TAGUIEFF (Pierre André), La force des préjugés: essai sur le racisme et ses
doubles, Gallimard, coll. Tel, 1990, 645 pages.
6. ↑ BERGIER (Bertrand), Les affranchis: étiquetés, drogués, marginaux,
inemployables, ils s'en sont sortis, L'harmattan, 2000, 206 pages.
7. ↑ SAYAD(Abdelmalek), La double absence : des illusions de l'émigré aux
souffrances de l'immigré, Seuil, Coll-Liber, 1999,437 pages
176
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« La Misère du monde, ouvrage collectif rédigé sous la direction de Pierre Bourdieu, tente
de mettre en lumière les causes de la misère sociale sous ses formes modernes. Le succès
mérité rencontré par ce texte lors de sa parution vient de ce que, pour la première fois, le
sociologue appréhende la misère en donnant la parole à ceux qui la vivent. Il rend publique
une souffrance privée au cours de nombreux entretiens où se révèle le malheur du monde et la
violence cachée qu'exercent sur les individus les structures économiques et sociales.
L'ouvrage montre que les lieux, comme la cité ou l'école, sont d'abord difficiles à décrire et à
penser car ils sont l'objet de représentations complexes et multiples fondées sur des
discours différents, parfois inconciliables. Par ailleurs, il est possible de distinguer deux types
de misère. La misère de condition qui est liée à l'insuffisance de ressources et à la
pauvreté. Bien qu'elle soit encore plus répandue qu'on ne le croit, cette misère est en
régression dans une perspective de long terme. La misère de position, qui est liée à la non-
réalisation des anticipations et au sentiment d'échec des individus par rapport à leur
milieu qui a ses propres valeurs et références.
Dans sa conclusion, l'ouvrage plaide en faveur d'un nouveau discours politique afin de
permettre de faire face aux problèmes exposés et de répondre aux attentes des individus.
Cette politique doit se donner les moyens d'échapper, d'une part, à l'arrogance
technocratique qui prétend faire le bonheur des hommes malgré eux et, d'autre part, à la
démission démagogique qui accepte telle quelle la sanction de la demande, qu'elle se
manifeste à travers les enquêtes de marché, les scores de l'audimat ou les cotes de
popularité. »
177
Questions :
Quelle est la méthode employée par les auteurs pour montrer la misère ?.................................
……………………………………………………………………………………………………………
Quel est le phénomène social qui est analysé par ce livre ?................................................................
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……………………………………………………………………………………………………….
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Quels sont les différents types de « misères » dans votre pays ?.........................................
………………………………………………………………………………………………….
178
DOCUMENT N°2 / PAUGAM (Serge), La disqualification sociale: essai sur la nouvelle
pauvreté, Puf, Coll, Quadrige, 2004, 264 pages
« Il est difficile d’écrire sur les pauvres et la pauvreté. Par sentimentalisme et mauvaise
conscience, les sociologues produisent souvent un discours mi-descriptif, mi-militant, où le
misérabilisme se mêle à la dénonciation. Serge Paugam a su construire son “objet
scientifique” en remplaçant la catégorie ambiguë, issue du monde social, des “pauvres” par
le concept analytique d’“assistés”». Cet ouvrage s’appuie sur une longue enquête menée
dans le département des Côtes-d’Armor (Nord-Ouest de la France) auprès des populations
aidées de façon ponctuelle ou régulière par les services d’action sociale. Il montre, à partir
de trois types d’expériences vécues de la relation d’assistance, comment se constituent les
statuts, les identités et les rapports sociaux à la périphérie du marché de l’emploi ».
Questions :
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……………………………………………………………………………………………….
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Quelle est la place de la pauvreté dans votre pays ? (dans les médias par exemple ?) ….........
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179
DOCUMENT N°3 / CORDONNIER (Laurent), Pas de pitié pour les gueux: sur les théories
économiques du chômage, raisons d'agir, 2000, 124 pages
« Pourquoi y a-t-il du chômage ? Parce que les salariés en veulent toujours trop... parce
qu'ils recherchent la sécurité, la rente et se complaisent dans l'assistanat... parce qu'ils sont
roublards, paresseux, primesautiers et méchants, etc. Voilà ce que racontent, en termes
certes plus choisis, et avec force démonstrations mathématiques, les théories " scientifiques
" élaborées par les économistes du travail. L'auteur se livre ici à un véritable travail de
traduction en langage littéraire des théories savantes, au terme duquel il apparaît que leur
signification, " une fois défroquées de leurs oripeaux savants, frôle souvent l'abject, à un
point dont on n'a généralement pas idée ". C'est justement pour en donner idée que ce livre
est écrit. »
Questions :
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180
DOCUMENT N°4 / TAGUIEFF (Pierre André), La force des préjugés: essai sur le racisme
et ses doubles, Gallimard , Coll. Tel, 1990, 645 pages
Questions :
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Trouve –t-on des courants racistes ou anti-racistes dans votre pays ?...................................
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181
DOCUMENT N° 5 / BERGIER (Bertrand), Les affranchis: étiquetés, drogués, marginaux,
inemployables, ils s'en sont sortis, L'Harmattan, 2000, 206 pages.
Pourtant, après 5 ans, 10 ans, 15 ans dans la clochardisation, dans la prostitution, dans la
toxicomanie, et autres " galères ", certains s'arrachent à la servitude, à des conditions
d'existence avilissantes. Ils ont aujourd'hui un emploi durable, un logement à leur nom. Ils
ont reconquis un statut, une identité, une place... leur liberté ! Qui sont ces affranchis ?
Quelles sont les conditions de leur affranchissement ?
L’auteur étudie à partir de récits de vie le processus de cette renaissance sociale. Dans cette
lente alchimie, ces individus ont bouleversé leurs repères pour mieux se reconstruire. Ils ont
réussi à redonner un sens à leur vie. »
Questions :
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DOCUMENT N°6 / SAYAD (Abdelmalek), La double absence : des illusions de l'émigré
aux souffrances de l'immigré, Seuil, Coll. Liber, 1999, 437 pages
Questions :
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Quelles sont les conséquences pour l’immigré dans son quotidien ?......................................
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Comment pourrait-on qualifier l’étrangeté de la double absence décrite dans cet ouvrage ?..........
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Leçon N° 26/ Le système carcéral en France
Depuis le livre polémique sur l'état des prisons françaises paru en 2000, Véronique Vasseur,
médecin dans une grande prison française, a montré à quel point le système carcéral national
est dans un état désastreux. Un rapport de la commission européenne a confirmé de nouveau
en 2005, l'état de délabrement des prisons françaises. Certains hommes politiques français se
posent la question suivante: peut-on affirmer que les prisons sont réellement si «sinistrées» en
France? Nous tenterons de répondre à cette question en produisant trois pistes de réflexion:
peut-on parler de surcharge démographique des prisons? Quelles sont les causes des
dysfonctionnements majeurs du système carcéral? Et enfin, peut-on dire qu'il y a un manque
en matière de politique de réinsertion ?
Le cas des peines de plus en plus longues en France engendre de véritables «prisons
cimetières» où le coupable est condamné à vivre dans son passé. [1] Cet enfermement
symbolise une punition infinie suggérant un véritable suicide social.
A cette crise idéologique, s'ajoute la surcharge des prisons d'où des grèves importantes et
régulières des gardiens de sûreté: leurs revendications s'accompagnent souvent d'une volonté
de faire «un état des lieux.» [2] Un audit politique. Un bilan social. Mais rénover des prisons
coûte cher.
Quand la guillotine existait, les classes laborieuses rimaient avec classes dangereuses
L'ouvrier était mal perçu, suspect. Aujourd'hui, l'exclusion est moins forte mais dans les
prisons, la surpopulation concentre les exclus. Ils vivent dans une promiscuité dangereuse qui
n'encourage que la récidive. La surpopulation carcérale n'est pas un moyen de régler mais
d'accentuer les pathologies sociales.
184
2.2 Surveiller et punir
Les causes de cette crise du système carcéral sont aussi politiques: les gens doivent être
«surveillés et punis»: c'est la raison d'Etat nous affirme le philosophe français Michel
Foucault. [5] Depuis sa naissance, la prison a été crée comme un cadre politique de base pour
encadrer la population, entre la potence ou la pitié. [6].
Cette dialectique «potence ou pitié» est –elle encore pertinente? Réinstaller un équilibre entre
répression et sanction, améliorer le quotidien matériel des détenus semble de plus en plus une
priorité. Mais les projets de modernité restent timides.[7]
L'autre défi à de souligner est la nécessité de créer un rapport éducatif et psychologique avec
le détenu. Le prisonnier du 21ème siècle doit passer de la délinquance à la découverte de sa
responsabilité citoyenne. [8] Cette remise en selle sociale du détenu mobiliserait aussi un
investissement accru de l'Etat.
Les récits autobiographiques des anciens prisonniers témoignent de l'enfer de la prison. Ces
récits nous indiquent aussi que l'on peut trouver un espoir grâce aux suivis scolaires. [9]
Actuellement, la justice française a décidé de créer un nombre important de prisons afin de
maîtriser la petite délinquance relativement importante dans le pays, tout en améliorant les
conditions de détention. Mais la crise économique qui sévit actuellement empêche ou ralentit
les travaux.
4 Références
1. ↑ MARCHETTI (Anne - Marie), Perpétuités: le temps infini des longues peines, Terre
humaine, Plon, 2001, 526 pages.
2. ↑ L'observatoire international des prisons, Prisons: un état des lieux, l'esprit frappeur,
2000.
3. ↑ BADINTER (Robert), La prison républicaine: 1871-1914, LGF, 1994, 473 pages.
4. ↑ LHUILLIER (Dominique) et al, Le choc carcéral: survivre en prison, Bayard, 2001,
310 pages.
5. ↑ FOUCAULT (Michel), Surveiller et punir: naissance de la prison, Gallimard, Coll.
Tel, 1975, 318 pages.
6. ↑ GEREMEK (Bronislaw), La potence ou la pitié : l'Europe des pauvres du Moyen –
âge à nos jours, Gallimard, Coll.Bibliothèque des Histoires, 1997, 330 pages.
7. ↑ VASSEUR (Véronique), Médecin chef à la prison de la santé, Le cherche Midi,
2000, 201 pages.
8. ↑ VAILLANT (Maryse), La réparation : de la délinquance à la découverte de la
responsabilité, Gallimard, Coll., Sur le champ, 1999, 147 pages.
9. ↑ MAURICE (Philippe), De la haine à la vie, Le cherche Midi Editeur, 2001, 388
pages.
185
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / MARCHETTI (Anne -Marie), Perpétuités: le temps infini des longues
peines, Terre humaine, Plon, 2001, 526 pages.
« Comment survit-on après avoir pris "perpète" ? A quelle vie les jurys d'assises qui infligent
des sentences de plus en plus lourdes condamnent-ils les auteurs de crimes ? C'est ce
qu'Anne-Marie Marchetti, sociologue de l'univers carcéral, a voulu savoir en enquêtant au
quotidien dans quelques "établissements pour peine". Au fil de ces pages, elle fait entendre la
voix des "longues peines", hommes et femmes de l'ombre dont les crimes ont parfois défrayé
la chronique, décrit leurs efforts pour s'accrocher encore à la vie, leur cheminement
intérieur, le regard qu'ils portent sur leur crime, "les années à tirer", la société qui les a
condamnés et le système pénitentiaire. Parallèlement au vécu des condamnés, l'enquêtrice
nous fait découvrir, à travers son journal de bord, le quotidien d'une chercheuse en prison et
les interrogations éthiques qui l'ont taraudée pendant ce périple carcéral : où gît le mal ? Et
la justice ? »
Questions :
Comment est présentée la situation de ceux qui « ont pris perpète » ?...................................
………………………………………………………………………………………………..
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Quelles seraient les solutions pour mieux vivre « les années à tirer » ?....................................
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186
DOCUMENT N°2 / LHUILLIER (Dominique) et al., Le choc carcéral: survivre en prison,
Bayard, 2001, 310 pages
« Le choc carcéral, c'est la prison qui atteint chacun dans son corps, dans la satisfaction des
besoins les plus intimes, dans l'image de soi, dans la perception du temps et de l'espace,
dans le rapport aux autres et au monde. C'est aussi la peur d'être contaminé : par la maladie,
par le mal. Dès lors, la question qui se pose à chacun est : comment résister pour tenir
debout ?
"Il y a bien différentes manières de "faire sa prison", de s'adapter au monde carcéral. Entre
l'adaptation attendue par l'institution du "bon détenu" qui fait son temps sans histoire, qui
témoigne de sa coopération au projet de réinsertion et celle, subversive, de celui qui tente de
transformer le cadre imposé, les déclinaisons du comment vivre sa prison sont loin d'être
uniformes. La prison n'est pas une, et l'image de détenus tous logés à la même enseigne est
un mythe [...].
On peut vivre en prison ; exister est plus difficile : c'est une invention, une création, une
conquête."
Questions :
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187
DOCUMENT N°3 / FOUCAULT (Michel), Surveiller et punir: naissance de la prison,
Gallimard, Coll. Tel, 1975, 318 pages
« Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le 19ème siècle, lui, était fier des
forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au cœur des villes. Ces murs, ces verrous,
ces cellules figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale.
Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent,
également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser,
que portent avec eux les Codes pénaux de l'époque moderne ? Un vieil héritage des cachots
du Moyen Age ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVI au XIXè siècles,
de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus,
les rendre à la fois " dociles et utiles ". Surveillance, exercices, manœuvres, notations, rangs
et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de
maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours
des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les
ateliers : la discipline.
Questions :
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Pourquoi alors une telle image ? Quelle est la racine d’une telle perception ?......................
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188
DOCUMENT N°4 / GEREMEK (Bronislaw), La potence ou la pitié : l'Europe des pauvres
du Moyen –âge à nos jours, Gallimard, Coll- Bibliothèque des Histoires, 1997, 330 pages.
Questions :
Quels sont les deux sentiments contradictoires liés à la perception de la pauvreté ?............
……………………………………………………………………………………………..
Pourquoi cette opposition sentimentale et sociale est dans toutes les périodes et tous les
pays ?
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189
DOCUMENT N°5 / VASSEUR (Véronique), Médecin chef à la prison de la santé, Le
cherche Midi, 2000, 201 pages.
« Véronique Vasseur raconte tout sur son expérience de médecin dans cette prison vétuste,
crasseuse, quasi moyenâgeuse, ville dans la ville où se côtoient étrangers de tous pays, petits
malfrats et grands terroristes, sans-papiers et VIP.
Que voit-elle en prison ? Un vrai-faux médecin qui fait du trafic de diamants, des
consultations dignes de la cour des miracles, une jambe de bois envoyée par la poste que
l’on prend pour un fusil, les avaleurs de fourchettes, la lutte à mort entre les cafards et les
punaises, les alambics bricolés, les évasions à la semelle de corde, les pendaisons avec un
pyjama en papier, les trafics, la drogue, la prostitution, la délation, les tracasseries, les
mesquineries… Mais aussi l’opéra donné par les prisonniers, les expositions, les poèmes, les
matchs de foot, le système D…
Telle est la vie de Véronique Vasseur, entre médecine humanitaire et médecine d’urgence.»
Questions :
……………………………………………………………………………………
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Quelles sont les solutions évoquées par l’auteur pour sortir de l’enfer des prisons ?.............
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190
DOCUMENT N°6 / VAILLANT (Maryse), La réparation : de la délinquance à la
découverte de la responsabilité, Gallimard, Coll., Sur le champ, 1999, 147 pages
« Beaucoup de gens ont le sentiment qu'une certaine impunité protège les jeunes
délinquants. Les professionnels de la justice dénoncent, quant à eux, les effets néfastes des
incarcérations de mineurs, qui engendrent bien souvent un nombre important de récidives.
C'est dans ce contexte que sont nées les réflexions sur la réparation pénale appliquée aux
mineurs. Depuis le début des années 1990, de nombreuses actions de réparation ont été mises
en place, à l'initiative des juges pour enfants ou des parquets. La mesure de réparation est
une demande que la société, via la justice, le juge et l'éducateur, fait au mineur. En lui
proposant une mesure de réparation, la justice permet à l'adolescent de prendre conscience
de la portée de ses actes et d'en être responsable. Elle le reconnaît capable de réparer les
préjudices qu'il a causés à des personnes ou à la collectivité. La réparation n'est pas
seulement une notion juridique, c'est aussi un concept psychanalytique, issu des travaux de
Melanie Klein, qui rend compte d'un des processus inconscients les plus féconds. Maryse
Vaillant montre à travers des exemples concrets comment la réparation, en tant que principe
d'éducation, peut s'appliquer à des situations de la vie quotidienne en contribuant à une
éthique de responsabilité et de solidarité, de respect de soi et de l'autre. »
Questions :
Quel est le sentiment juridique qui règne, selon l’auteur, chez les jeunes en
France ?..............................................................................................................................
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191
DOCUMENT N°7 / MAURICE (Philippe), De la haine à la vie, Le cherche Midi Editeur,
2001, 388 pages
« En 1977, Philippe Maurice est mis en prison parce que, deux ans plus tôt, il a voulu aider
son frère, incarcéré pour un trafic de voitures, à s’évader. Il entrera ainsi dans l’engrenage
fatal de la délinquance. Ayant tué un policier lors d’un échange de coups de feu, il sera
condamné à mort le 28 octobre 1980. Gracié par François Mitterrand en mai 1981, il
passera près de vingt-trois ans derrière les barreaux, subissant toutes les humiliations et
toutes les souffrances qui sont le lot des prisonniers de droit commun. Il saura résister au
découragement, commencera des études d’histoire, obtiendra une licence, préparera une
thèse de doctorat, tout en luttant contre la tentation du suicide pendant plusieurs années,
tant le milieu carcéral était hostile à son désir de réinsertion. Il parviendra à soutenir sa
thèse pour laquelle il obtiendra les félicitations du jury. Devenu, en prison, un spécialiste de
l’histoire médiévale, Philippe Maurice a obtenu la liberté conditionnelle en mars 2000. La
vie a fini par l’emporter sur la haine qui le dévorait mais il n’a rien oublié et c’est une parole
marquée au fer rouge qu’il nous donne à lire. Telle est l’aventure extraordinaire, au sens
fort du terme, vécue par Philippe Maurice. Une formidable leçon de courage et d’espoir en
les capacités de l’être humain à se reconstruire et à se transformer.»
QUESTIONS :
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Quelles furent les solutions pour survivre puis vivre pour cet individu
enfermé ?.......................................................................................................................
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192
Leçon N°27 / La justice française
La société française est depuis quelques années en pleine mutation dans ses rapports avec la
justice. Celle-ci devient de plus en plus indépendante vis-à-vis du pouvoir politique. Malgré
cela, des procédures anciennes – abandonnées ailleurs- sont parfois maintenues. Une
polémique régulièrement s'engage entre la police et les juges. Chacun a sa vision de la société.
Répression ou prévention? Peut-on parler d'une crise générale du droit en France? Trois pistes
essentielles guideront nos pas pour analyser les mutations et les crises qui secouent le droit
français, objet de séismes, de scandales. Nous verrons les mutations actuelles, la place des
nouvelles technologies liées à ces mutations, et enfin, nous tenterons de mesurer ce que sera
peut être demain, la justice française.
Le cas juridique intitulé «présumés innocents» reste une pratique courante: les personnes ainsi
qualifiées vont a-priori en prison jusque leurs jugements : or, dans beaucoup de pays
d'Europe, on a abandonné cette pratique.
En revanche, depuis le début des années 1990, la justice a stoppé son système des immunités
pour les hauts fonctionnaires et les hommes politiques. Cette pratique nouvelle de la justice
face à l'Etat a eu le mérite d'éclaircir les rapports entre le pouvoir politique et le pouvoir
judiciaire.
Tout a commencé avec le cas de l'affaire du sang contaminé, en 1986 où des malades avaient
été infecté, par manque de précaution, avec du sang issu de personnes séropositives. Le virus
du sida venait d'être découvert et l'Etat français avait été pris de court sur cette révélation
épidémiologique. [1] Depuis le principe de précaution s'est nettement développé.
193
2 Les causes des mutations juridiques en cours: Europe et
nouvelles technologies.
2.1 Des lois nouvelles face à l'Internet
La société française elle-même a participé à cette mutation du droit. C'est l'ensemble des
citoyens qui a évolué et a reconnu des «ghettos» sociologiques telles la communauté
homosexuelle. [4] On peut parler ici d'une évolution sociopolitique du droit qui s'inscrit dans la
société civile.
Certes les scandales continuent en matière de justice. Mais est ce une généralité? Faut- il
remettre en question le système même de la légitimité des tribunaux? Est-on dans le même cas
de figure que les lettres de cachets de Louis XIV, ou la «loi des suspects» de Robespierre [5]?
Certainement pas.
La justice a aujourd'hui cette tendance curieuse mais inédite d'attendre ses réformes de la
société civile par la multiplication des jurisprudences. La demande sociale et l'évolution des
mœurs est le moteur des réformes.[6] C'est donc une justice «sociétale» qui se met en place
avec parfois des débordements populaires où l'on demande aux juges de rendre des comptes.
A tort ou à raison comme dans «l'affaire d'Outreau». (2005) Des réformes lourdes sont en
marche.
194
3.3 A la recherche d'un tiers pouvoir réel
Enfin, reste un sujet récurrent. Les rapports du politique et du judiciaire. Ne plus soumettre le
pouvoir judiciaire au politique, c'est créer un réel «tiers pouvoir» solide, indépendant.[7]
En conclusion, le droit français tente actuellement de retrouver les racines de 1789. C'est-à-
dire la volonté de créer un droit qui n'est celui ni d'une monarchie constitutionnelle, ni celui
de la terreur, ni du Directoire, ni du Consulat, mais d'une vraie République fondée sur des
sujets de droit.
4 Références
1. ↑ GARAPON (Antoine) , Bien juger: essai sur le rituel judiciaire, Odile Jacob, Col.
Opus, 2001, 351 pages.
2. ↑ EDELMAN (Bernard), La propriété littéraire et artistique, Puf, coll. Que Sais Je?,
1998, 126 pages.
3. ↑ DELMAS-MARTY (Mireille), Trois défis pour un droit mondial, Seuil, 1998, 200
pages.
4. ↑ BORILLO (Daniel), Homosexualité et droit, Puf,-Coll , Les voies du droit, 1999,
352 pages.
5. ↑ LEVY (Thierry), Justice sans Dieu, Odile Jacob, 2000, 235 pages.
6. ↑ COMMAILLE (Jacques), L'esprit sociologique des lois, Puf, Coll. Droit , Ethique
société,1994, 311 pages.
7. ↑ SALAS (Denis), Le tiers pouvoir; vers une autre justice, Hachette Pluriel, 2000, 323
pages.
195
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / GARAPON (Antoine), Bien juger: essai sur le rituel judiciaire, Odile
Jacob, Col. Opus, 2001, 351 pages
« S'il faut parler pour rendre la justice, s'il faut témoigner, argumenter, prouver, écouter et
décider, il faut d'abord se trouver en situation de juger. Telle est la fonction du rituel :
délimiter un espace sensible qui tienne à distance l'indignation morale et la colère publique,
consacrer un temps pour débattre sereinement, arrêter une règle du jeu, convenir d'un
objectif et instituer des acteurs.
Hélas, les forces obscures du rituel peuvent conduire à l'injustice plutôt qu'à la justice.
Alors, le décor se rebelle et offre le spectacle d'une comédie grinçante. L'accusé est écrasé
par le cérémonial et la fête tourne à une mise à mort symbolique parce que la passion
populaire est trop forte et le tempérament des juges trop faible.
Vouloir le bien et aboutir au mal : telle est l'expérience tragique sur laquelle Antoine
Garapon s'interroge ici en explorant toutes les facettes du rituel judiciaire, en France comme
à l'étranger. »
Questions :
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Pourquoi est-ce utile pour un pays d’avoir un temps pour la justice ?............................
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196
DOCUMENT N°2 / EDELMAN (Bernrad), La propriété littéraire et artistique, Puf, coll.
Que Sais- Je?, 1998, 126 pages
Questions :
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En quoi la notion « œuvre de l’esprit » pourrait être une solution face à une culture
mondialisée ?................................................................................................................
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Avez-vous déjà publié et déposé une œuvre dans votre pays ?.......................................
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197
DOCUMENT N°3/ DELMAS-MARTY (Mireille), Trois défis pour un droit mondial, Seuil,
1998, 200 pages
Questions :
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Comment construire un droit commun international dans les années au 21ème siècle ?
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Quelle est la situation des « droits de l’Homme » dans votre pays ?.................................
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198
CHAPITRE 6
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
EN
FRANCE
199
Leçon N°27 / Le système de santé en France
Les nouveaux défis de la médecine française passent par des rénovations technologiques. On
constate un nouveau rapport de la médecine à l'éthique ce qui a des conséquences sur la
réorganisation nécessaire du système de santé. La pensée médicale contemporaine française
en pleine mutation. La France est un pays où le nombre des personnes âgées augmente
sensiblement. C'est une vieillesse structurelle. Devant cette crise démographique, on pourra
poser la question suivante: quels sont les nouveaux défis de la médecine française où se
mêlent le savoir- faire et le pouvoir- faire? Trois pistes d'articles seront envisagées: les
hôpitaux français, la crise de la santé, et la réforme du système de solidarité.
Le problème de la mise en application des 35 heures dans les hôpitaux a été sensible. Quoi de
plus difficile que d'organiser l'emploi du temps des aides-soignantes, souvent menacées de
surmenage? [1] Le «Burn Out» (l'épuisement professionnel) traque les infirmières: on estime
à ce titre que leur durée professionnelle vacille entre 8 et 10 années.
La surcharge des hôpitaux et des urgences s'est tragiquement révélée lors de la canicule d'août
2003: 11.400 décès. Les personnes âgées n'avaient alors pas résisté au choc d'une chaleur
destructrice lors de cet été. La santé française n'est pas en crise uniquement dans la pratique
quotidienne. Elle est aussi en mutation, des chercheurs jusqu'aux citoyens.
Quelles sont les mutations en cours dans le débat scientifique médical? Le débat scientifique
français est cadré par deux pôles: la morale et la recherche. Les enjeux moraux concernant le
«génie génétique» liés aux manipulations de l'embryon. Doit on accepter le clonage humain
comme le suggère le biologiste Albert Jacquard ou s'en méfier comme nous le conseille le
médecin Axel Kahn?[2]
D'autre part, on a vu émerger, depuis les années 1980, une mise en responsabilité des
gouvernants et des citoyens sur les problèmes de santé. Le retour de la mort dans la culture
française s'est imposé par le virus du Sida. Cela a permis aux citoyens de créer une culture
politique liée au principe de précaution. [3]. L'accident de Tchernobyl (avril 1986) a
encouragé des associations écologiques et médicales à œuvrer dans ce sens citoyen.
200
2.3 L'utopie de la santé parfaite
L'«utopie de la santé parfaite» n'est plus! [4] Désormais, la mort est possible: les erreurs d'Etat
sont reconnues : ce fut par exelmple, l'"affaire du sang contaminé" en France – ou la "vache
folle" en Grande –Bretagne. Ce retour à la réalité a permis de faire émerger une autre façon de
vivre et de s'alimenter. Un autre rapport à son corps. On doit prendre soin de sa santé. En être
responsable.
Rénover le parc hospitalier et créer des Etats généraux de la santé reste un chantier immense.
L'Etat reconnaît qu'il est confronté par un vieillissement structurel de la population française.
Ce qui met en péril le fonctionnement traditionnel de sécurité sociale (crée en 1945). En 1950,
un Français dépensait 170 euros par an pour sa santé. Aujourd'hui, 2300 euros par an. En
d<autres termes, le pays dépense 10% de ses richesses pour la santé.
Afin d'éviter un scénario catastrophe, l'Etat a ordonné aux médecins de contrôler les soins: on
parle souvent d'une dérive grave des dépenses de santé. Il s'agit pour les médecins français de
repenser leur rapport aux malades. On envisage depuis 2007, que les patients prennent
désormais en charge, une partie des soins proposés, puis en 2015, l’inverse fut proposé. Le
modèle est en crise.
Des médecins suggèrent aussi de revenir à l'examen clinique et d'éviter les examens
sophistiqués (scintigraphies ou scanners) dont la charge financière reste très lourde. [5]
En conclusion, les médecins français tentent de créer avec leurs patients une autre culture de
la santé. Cela peut vouloir dire prendre des distances avec l'usage, parfois immodéré, des
médicaments dont l'emblème fut longtemps les anti-dépresseurs. [6]
4 Références
1. ↑ VEGA (Anne), Une ethnologue à l'hôpital: l'ambiguïté du quotidien infirmier,
Editions archives contemporaines, 2000, 212 pages.
2. ↑ JACQUARD (Albert) et KAHN (Axel), L'avenir n'est pas écrit, Bayard, 2001, 253
pages.
3. ↑ EPSTEIN (Steven), Histoire du Sida, T.1 et T.2, Coll-Les empêcheurs de tourner en
rond, 2001, 276 pages.
4. ↑ SFEZ (Lucien), L'utopie de la santé parfaite, Puf, 2001, 389 pages.
5. ↑ SICARD (Didier), Hippocrate et le scanner: réflexions sur la médecine
contemporaine, Desclée de Brouwer, 1999, 171 pages.
6. ↑ FAINZANG (Sylvie), Médicaments et société, Puf, 2001, 156 pages.
201
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Cet ouvrage très original, chronique d'une semaine fictive dans le service de neurologie
d'un des plus grands hôpitaux parisiens, croque les coulisses de l'hôpital en France,
décrivant les conversations, les ambiances de travail, les pratiques non officielles, le tout
articulé aux réflexions et analyses de l'ethnologue. L'auteur met ainsi en évidence les rituels
qui permettent aux soignants de se préserver des dangers de contamination symbolique que
représentent les patients et nous décrit les représentations dominantes du mal, de la
contagion, de la personne, de la parole, autant de phénomènes inaccessibles à l'observateur
non-impliqué. Cet ouvrage à plusieurs voix dégage les enjeux quotidiens du soin et
l'ambiguïté du travail infirmier dans de grandes structures hospitalières, certes à la pointe de
la technologie et de la recherche médicales mais tout autant symboles de lourdeurs
hiérarchiques et de dysfonctionnements institutionnels chroniques qui nourrissent des
traditions d'évitement et d'étiquetage de tous contre tous. Comment en effet cohabiter avec
son voisin, l'aide-soignante, l'infirmière antillaise, ou avec le malade parkinsonien, le
grabataire, quand le contact prolongé accentue les émotions et les réactions de repli
identitaire ? L'ethnologie de l'hôpital reste balbutiante en France où il est encore malvenu
de s'engager sur un terrain dont, paradoxalement, chacun risque de faire un jour
l'expérience. »
Questions :
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Quels sont les conflits qui sont présentés dans cet ouvrage ?...........................................
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202
DCUMENT N°2 / JACQUARD (Albert) et KAHN (Axel), L'avenir n'est pas écrit, Bayard,
2001, 253 pages
« Les deux auteurs sont connus pour leur engagement en faveur d'une science à visage
humain et pour leur exceptionnelle capacité à rendre accessibles les découvertes les plus
récentes en biologie. Mais on ne les savait pas si différents sur beaucoup de points, et ce
dialogue leur donne l'occasion de débattre. Ce qui les sépare ? Le besoin qu'a l'un de croire
et l'agnosticisme de l'autre. Ce qui les réunit ? Une même conviction que le programme
génétique, pour capital qu'il soit, n'écrit le destin ni des individus ni des sociétés, que l'avenir
est ouvert et que l'aventure humaine dépend de chacun de nous ».
Questions :
Quelle est la conception commune des deux auteurs sur la science ?.....................................
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Que veut dire cette expression « l’avenir est ouvert » pour ces deux scientifiques ?
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203
DOCUMENT N°3 / SFEZ (Lucien), L'utopie de la santé parfaite, Puf, 2001, 389 pages.
« Que le corps soit une réalité et la santé un bien précieux, personne ne le niera. Que la
science et la technologie nous aident à les préserver l'un et l'autre, cela non plus n'est pas
douteux. Mais ce qui est en cause à travers les contributions des intervenants de ce colloque,
c'est l'inflation des discours et des pratiques participant activement au fantasme d'une
santé et d'un corps parfaits, reconstruits par la technologie.
Il s'agit bien d'une utopie en, voie de réalisation, partagée par une large majorité, et qui a
des conséquences sociales, économiques et politiques importantes. C'est cette utopie
qu'analysent médecins et biologistes, mais aussi bien philosophes, anthropologues,
sociologues, économistes et politologues réunis dans ce livre. »
Questions :
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Quelles sont les utopies sur la vie qui sont connues dans votre pays ? (exemple, mythe de la
vie éternelle, élixir, etc….)
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204
DOCUMENT N°4 / SICARD (Didier), Hippocrate et le scanner: réflexions sur la médecine
contemporaine, Desclée de Brouwer, 1999, 171 pages
« L'apparition du sida, avec ses modes particuliers de transmission, a révélé les zones
d'ombre et d'hypocrisie de nos sociétés ainsi que de profonds changements dans la médecine
contemporaine : déclin de la clinique au profit d'examens de plus en plus sophistiqués et
coûteux, problèmes de la responsabilité médicale, fardeau de dépenses approchant de
l'insupportable, études de santé publique négligées jusqu'ici, questions des soins dans les
pays du tiers-monde. Chacune de ces difficultés possède son corrélat dans le champ de
l'éthique médicale. Sur toutes ces questions, Didier Sicard, professeur de médecine, mène
depuis plus de vingt ans une réflexion exigeante, avec une véritable " passion pour l'éthique
", sans concession aux préjugés sociaux et médicaux, réflexion que cet ouvrage rapporte à
travers les entretiens menés pendant deux ans avec le psychanalyste Gérard Haddad.
Ce livre permet d'approcher, de comprendre les difficultés et les perspectives de la pratique
médicale, ainsi que sa place dans une réflexion contemporaine sur l'homme d'aujourd'hui.»
Questions :
Qu’est-ce que le sida a posé comme problème dans les sociétés ?........................................
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Quelle solution éthique propose l’auteur qui est aussi médecin ?.................................
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205
DOCUMENT N°5 / FAINZANG (Sylvie), Médicaments et société, Puf, 2001, 156 pages
« Quelle est la place des médicaments et des ordonnances dans la vie des individus, celle
qu'ils leur accordent dans le processus de guérison, et celle qu'ils leur assignent dans
l'univers domestique ? Comment comprendre les différentes attitudes face au corps, à la
douleur, aux médicaments psychotropes, et les comportements de soumission ou de
résistance face au médecin ? Comment expliquer que certains patients fassent partager leurs
traitements à leurs proches, que d'autres recopient leurs ordonnances ou que d'autres encore
achètent des médicaments qu'ils ne consomment pas ? Tenant pour acquise l'influence du
milieu social sur les comportements à l'égard de la santé, l'auteur se penche ici sur les
variations qui existent au sein d'une même catégorie sociale. A partir d'une observation
ethnologique de plusieurs années dans des services hospitaliers et au domicile des malades,
elle s'interroge sur l'observance, l'automédication, la perception des médicaments ou les
relations à l'égard des médecins, chez des patients de diverses origines culturelles religieuses
(catholique, protestante, juive ou musulmane). Cet ouvrage aborde les grands problèmes
que se pose l'anthropologie, qu'il s'agisse de la réflexion sur l'efficacité, le savoir, le corps, ou
l'autorité, et permet de reformuler des questions fondamentales, comme celle de l'incidence
de la culture sur les pratiques sociales et les conduites corporelles. Il montre en particulier
que les comportements des patients portent l'empreinte de leur origine culturelle, et que cette
empreinte est la marque de l'histoire. A travers cette recherche, il s'agit non seulement de
connaître et de comprendre l'usage des médicaments mais aussi de savoir ce que l'usage des
médicaments nous révèle des individus et de la société. »
Questions :
Quelle est la place des médicaments dans une société aujourd’hui diversifiée ?................
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Pourquoi la perception des soins est très différente d’un individu à l’autre ?..................
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Comment pourrait-on imaginer la politique de santé de demain dans des sociétés de plus
en plus multiculturelles ?.......................................................................................
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Quelle est la place et les usages des médicaments dans votre pays ?...........................
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206
Leçon N°27 / Clonage et bioéthique en
France
Clonage, « OGM » et génie génétique ont été l'objet de vifs débats en France. Des lois sont
apparues. Pourtant, beaucoup de scientifiques ne sont pas satisfaits sur la façon dont la France
gère les « OGM ». Qu'il y ait débat est en soi une réussite politique disent d'autres
scientifiques.
Cet engouement de la société pose cette question : peut-on dire que la révolution génétique est
devenue une question sociale et politique en France? De politiques de l'environnement
existent depuis les années 1970. Avec ses mythes et réalités. Cette mise en action politique du
scientifique sera l'arrière plan des trois thèmes généraux suivants: la philosophie face aux
sciences, les enjeux de la biotechnologie et les cadres moraux de la bioéthique.
Certains des biologistes français actuels prétendent que tout s'explique par les gènes. C'est la
dictature du programme ADN, une sorte de philosophie platonicienne où le monde serait
expliqué par un autre en parallèle mais dissimulé: cette mystique du gène est aujourd'hui de
plus en plus dénoncée.
En effet, ce systématisme est critiqué par Perre Sonigo et Jean Jacques Kupiec qui voient
d'abord le vivant comme le résultat de petites modifications aléatoires dues au hasard et à la
survie. Ainsi, aujourd'hui, on insiste pour créer une théorie de la survie de notre corps qui
serait ainsi décentralisé par nos cellules.
La polémique date de 1982, c'est à dire lorsque qu'apparaît le premier bébé éprouvette.[2]
Derrière cet événement, il y a eu la liberté d'engendrer ou d'avorter. Le siècle de la biotech
était né. Naître devient alors un des sujets majeurs dans la controverse de la bioéthique.
Certains pensent aux perspectives du clonage, d'autres veulent garder le choix naturel de la
différence.
On est alors passé d'une observation du vivant à une fabrication du vivant avec l'apparition de
Dolly, c'est à dire, le premier animal cloné. [3] La polémique vient de ce passage de
l'observation à l'action.
207
3 L'avenir de la bioéthique en France: marier les sciences humaines
aux débats scientifiques.
3.1 Michel Serres
L'homme est donc rentré dans une nouvelle époque de son évolution où il peut agir sur la
fabrication de la vie: le philosophe et scientifique français - Michel Serres – appelle cela
«l'hominescence»: ce néologisme cristallise cette révolution technologique et
anthropologique que connaissent actuellement les hommes. Ceux-ci modifient actuellement
leurs rapports à leurs propres corps.[4]
Pourtant. Les obstacles à la manipulation politique du gène sont encore nombreux : mais
régulièrement, les mises en garde par des médecins tels qu'Axel Kahn se multiplient afin que
la société ne tombe pas dans le délire du gène «égoïste» [5], ce qui menacerait notre
démocratie. On serait alors au début d'une sélection génétique.
En conclusion, le philosophe et historien français des sciences, Michel Serres, nous invite à
refaire la synthèse des sciences dites "dures" et sciences dites "humaines" tels que l'avaient
fait auparavant Lucrèce, Liebniz, Pascal, Diderot, Zola, ou Jules Verne : une manière pour
l'humanité d'être vigilante et de prévenir les crises éthiques du 21ème siècle.
4 Références
1. ↑ KUPIEC (Jean- jacques) et SONIGO (Pierre), Ni Dieu, ni Gène: pour une autre
théorie de l'hérédité, Seuil, 2000, 228 pages.
2. ↑ MEHL (Dominique), Naître? La controverse de la bioéthique., Bayard, 1999, 369
pages.
3. ↑ LE DOUARIN (Nicole) , Des chimères, des clones et des gènes, Odile Jacob, Coll.
Sciences, 2000, 480 pages.
4. ↑ SERRES (Michel), Hominescence, Le Pommier, 2001, 978 pages.
5. ↑ DAWKINS (Richard), Le gène égoïste, Armand Colin, 1990, 352 pages.
208
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / KUPIEC (Jean- jacques) et SONIGO (Pierre), Ni Dieu, ni Gène: pour
une autre théorie de l'hérédité, Seuil, 2000, 228 pages
Questions :
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………..
En quoi l’expression l’homme n’est plus au centre de l’univers illustre les progrès réalisés
en biologie moléculaire ?...............................................................................................
……………………………………………………………………………………….
Quel est l’état des recherches médicales dans votre pays ?..............................................
…………………………………………………………………………………………….
209
DOCUMENT N°2 / MEHL (Dominique), Naître? La controverse de la bioéthique, Bayard,
1999, 369 pages
Faut-il lever l'anonymat des dons de gamètes, et permettre ainsi à l'enfant de la science de
connaître ses origines ?Pendant plus de quinze ans, psychologues, médecins, intellectuels,
représentants des différentes confessions religieuses se sont affrontés avec passion sur ces
questions, bientôt relayés par les hommes politiques, les juristes et les sages du Comité
national d'éthique.».
Questions :
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Quels sont les débats sur la naissance des enfants dans votre pays ?
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210
DOCUMENT N°3 / LE DOUARIN (Nicole), Des chimères, des clones et des gènes, Odile
Jacob, Coll. Sciences, 2000, 480 pages
« À partir d'une simple cellule, on devient mouche, brebis ou homme à part entière. Cette
affirmation, si souvent entendue, n'étonne plus personne. Pourtant, cette réalité émerveille
toujours jusqu'aux chercheurs les plus doctes. Comment les organismes se développent-ils ?
En quoi consistent le clonage et les autres manipulations génétiques ?
Nicole Le Douairin, professeur au Collège de France, répond à ces questions avec rigueur et
minutie. Des origines de la biologie du développement aux mystères du génome, en passant
par la formation de l'individu et les chimères, elle livre dans le détail les clés du miracle de la
vie. »
Questions :
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211
DOCUMENT N°4 / SERRES (Michel), Hominescence, Le Pommier, 2001, 978 pages.
« Que retenir du XXe siècle ? Depuis 1945, la bombe atomique menace l’humanité
d’extinction ; nous ne risquons plus la petite vérole, éradiquée en 1970 ; mangerons-nous des
OGM ? Munie d’ordinateurs, notre pensée change-t-elle ? Voilà une mort, un corps, une
agriculture et des réseaux nouveaux. Pour résumer ces innovations évolutives, l’auteur a
forgé le mot « d’hominescence ». Des mots comme adolescence : encore enfant, l’adulte se
forme ; ou luminescence : de faible lueur, naît la lumière… éclairent ce néologisme, étrange
et exact, qui marque une émergence hominienne. Quand, par son corps et la mort, il change
son rapport à soi, par l’agriculture et le climat, ses relations au monde, et par les
communications, son entretien avec les autres, s’agit-il toujours du même humain ? Nous
vivons un moment décisif du processus qui nous façonne. Inquiétante pour certains, cette
naissance en enthousiasme d’autres. »
Questions :
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Pensez-vous que ces craintes et espoirs sont partagés dans votre pays ?................................
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212
DOCUMENT N°5 / DAWKINS (Richard), Le gène égoïste, Armand Colin, 1990, 352 pages
« La théorie du gène égoïste, c'est la théorie de Darwin exprimée autrement. Plutôt que de se
focaliser sur l'organisme individuel, Dawkins adopte le point de vue du gène sur la nature
pour démontrer que nous sommes des robots programmés à l'aveugle pour préserver les
molécules égoïstes connues sous le nom de gènes. On dit du Gène égoïste qu'il est " le livre
le plus important écrit sur la théorie de l'évolution depuis Darwin ". Le fait est que ce livre est
devenu en quelques années un classique dont tous les manuels s'inspirent aujourd'hui. Et la
biologie de devenir aussi excitante qu'un roman d'aventures. »
Questions :
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Quel est l’impact de tels travaux scientifiques dans votre pays ?............................
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213
Leçon N° 28 / La gestion des risques
majeurs par l’Etat français
L'Etat français doit aujourd'hui faire face aux peurs collectives de ses citoyens. Que ce soit
des virus, une attaque terroriste, une catastrophe naturelle. Les peurs, les dangers ou la gestion
des risques en matière agricole ou industrielle sont de nouveaux débats en France. Ce sont des
polémiques devenues une composante essentielle dans l'organisation politique et économique
du pays. Cette mise en scène des "peurs", réelles ou mythiques, dans la pratique politique des
Français semble poser une question : dans quelle mesure la France assure aujourd'hui, un vrai
principe de précaution pour ses citoyens? Une révolution est en marche. Trois chemins
pourront être suivis pour analyser ce vaste sujet où s'inscrivent à la fois, l'usage difficile des
OGM, les accords de Kyoto - toujours imparfaits, et nous envisagerons, enfin, si une autre
façon de consommer pour demain se met peu à peu en place en France.
Les OGMs en France et en Europe sont cadrés dans le principe de précaution. A l'inverse, les
USA produisent déjà + de 40 % de leur maïs avec des gènes modifiés. Ils n'ont pas attendu les
effets à long terme.
Pourquoi une réticence en France? L'Europe a connu son traumatisme alimentaire: la vache
«folle»et l'usage des farines animales avaient déclenché dans l'union européenne un vif débat
sur le rapport de l'homme face au productivisme. La «peur aux ventres », de nombreux Etats
européens ont alors décidé de suivre le principe sanitaire de précaution.
Les premiers scandales sanitaires en France ont eu lieu avec l'affaire du sang contaminé et
l'accident de Tchernobyl (1985/1986): ces chocs avaient mis en difficulté les hommes
politiques français quant aux discours à tenir. Aucunes associations citoyennes n'existaient
alors. On écoutait l'Etat qui détournait à sa façon le nuage de Tchernobyl. Ce temps là est
révolu.
214
2.2 Le développement durable
La rentabilité à tous prix a atteint ses limites et des économistes français ont ainsi analysé
rétroactivement comment les «vaches sont devenues folles»[2]? Une idéologie économique se
fissure pour donner naissance à la notion nouvelle et aujourd'hui acceptée, de «développement
durable». Cette notion ne s'oppose plus au libéralisme. La création d'un ministère de l'écologie
illustre bien les changements en cours dans la société française.
Cette révolution est en marche depuis les années 1990 : c'est un infléchissement politique qui
s'est construit avec la société civile et les chercheurs : tous participent à la gestion des risques
alimentaires. On trouve beaucoup cette démarche citoyenne dans les pays scandinaves. [3].
Tous comprennent peu à peu leurs responsabilités.
Aujourd'hui, nombreux sont les auteurs et hommes politiques à être sensibles à une écologie
morale: réinventer une idéologie de l'éthique et de la responsabilité s'impose car nous avons
«la terre en héritage» nous rappelle Jean Marie Pelt. [4]: cet auteur- écologiste- nous dresse
à ce titre un panorama des pathologies au niveau international en évoquant l'eau en Egypte,
l'air à Bangkok, ou la gestion des villes au Brésil. Tout est à re-construire.
Cette culture nouvelle de la responsabilité des hommes nous suggère le début d'une ère
politique nouvelle. Celle-ci promet une société qui accepte de donner un « avenir au
progrès »[5] , comme le conclut Dominique Lecourt.
En conclusion, les hommes modifient leur vision du futur face à la cybernétique ambiante.
Nous ne sommes plus au temps des utopies des années 1970 avec l'image romantique de ce
premier écologiste, René Dumont.
4 Références
1. ↑ BOURG (Dominique) et SCHLEGEL (Jean –Louis), Parer aux risques de demain:
le principe de précautions, seuil, Coll. Essais, 2001, 285 pages.
2. ↑ SCHWARZ (Maxime), Comment les vaches sont devenues folles?, Odile Jacob,
2001, 281 pages.
3. ↑ BENKIMOUN (Paul), La peur aux ventres: démocratie et sécurité alimentaire,
textuel 2000, 151 pages.
4. ↑ PELT (Jean Marie), La terre en héritage, Fayard, 2000, 277 pages.
5. ↑ LECOURT (Dominique), L'avenir du progrès, Textuel, coll. «Conversations pour
demain», 1997, 119 pages.
215
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / BOURG (Dominique) et SCHLEGEL (Jean –Louis), Parer aux risques
de demain: le principe de précautions, seuil, Coll. Essais, 2001, 285 pages
« Avec les informations inquiétantes qui, hélas, se succèdent sur l'état de la planète et la
qualité de notre vie quotidienne - réchauffement climatique, farines animales et maladie de
la vache folle, pollution atmosphérique, organismes génétiquement modifiés, et la liste n'est
pas close -, le principe de précaution est que jamais à l'ordre du jour. Mais sait-on de quoi il
s'agit ? Souvent on le limite à des mesures de prudence, d'abstention, d'évitement de tout
risque. Ce livre, qui présente les multiples facettes d'un principe (mal nommé) - son histoire
récente, ses raisons actuelles, son extension, les conditions scientifiques, juridiques,
politiques de son usage -, défend l'inverse selon le principe de précaution, dans l'incertitude
des risques du lendemain pour l'environnement et la santé, il est urgent d'agir ! »
Questions :
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216
DOCUMENT N°2 / SCHWARZ (Maxime), Comment les vaches sont devenues folles?,
Odile Jacob, 2001, 281 pages.
« Pourquoi les vaches sont-elles devenues folles ? On prétend que c’est parce qu’on les a
nourries avec des farines animales. Dès lors, que devons-nous faire pour nous protéger ?
Pouvons-nous manger de la viande de boeuf et boire du lait ? Combien y aura-t-il de victimes
humaines ? Des dizaines ou des centaines de milliers ? Il importe de pouvoir évaluer de
façon raisonnée les informations souvent alarmistes qui nous parviennent.
Or, lorsqu’on recherche les origines du Mal qui nous inquiète et l’évolution des
connaissances à son sujet, on découvre une histoire qui a les apparences d’un roman
policier dont le début remonte à fort longtemps. Au temps de Louis XV, en effet, le Mal
rôdait déjà. "
Questions :
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217
DOCUMENT N°3 / BENKIMOUN (Paul), La peur aux ventres: démocratie et sécurité
alimentaire, textuel 2000, 151 pages
« Les peurs alimentaires révèlent une crise de confiance du citoyen à l'égard des experts
comme des politiques. Voici la démocratie mise à l'épreuve sur un nouveau terrain : avec la "
malbouffe " émergent les prémices d'une nouvelle forme d'intervention citoyenne.
Particulièrement bien documenté, l’auteur ne cède pas pour autant à la tentation de la
démagogie anti-politique ni à un appel incantatoire à la transparence. La crise de la "
malbouffe " est pour lui l'occasion d'un réinvestissement du politique par le citoyen, aux
antipodes de tout excès de juridisme et d'expertise ».
Questions :
Quelle est la nature de crise de confiance des citoyens face aux « experts » ?.......................
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DOCUMENT N°4 / PELT (Jean Marie), La Terre en héritage, Fayard, 2000, 277 pages.
« Ouvert sous le signe d'une marée noire et d'une tempête démesurée - que beaucoup
attribuent aux changements climatiques provoqués par l'homme -, le 21ème siècle ne laisse
rien augurer de bon pour le millénaire à venir. Si l'espèce humaine ne change pas
radicalement son comportement par rapport à l'environnement, les pires scénarios de
science-fiction pourraient s'avérer un jour une bien triste réalité. Professeur de biologie
végétale et de pharmacologie, Jean-Marie Pelt ne se contente pas de poser un diagnostic
alarmant. En se basant sur des exemples concrets, il propose surtout des moyens, des thèmes
à méditer et des pistes qui nous permettraient de laisser derrière nous un monde vivable.
Parce que l'héritage essentiel qu'on laisse à ses enfants, c'est bien la Terre. »
Questions :
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219
DOCUMENT N°5 / LECOURT (Dominique), L'avenir du progrès, Textuel, coll.
«Conversations pour demain», 1997, 119 pages.
« Le philosophe et épistémologue ( ie, historien des sciences) , l’auteur invite le lecteur à une
remise en cause du dogme du progrès : "hier l'avenir nous inquiétait parce que nous étions
impuissants. Il nous effraie aujourd'hui par les conséquences de nos actes...". Il s'agit de
remettre en cause un dogme, non de le nier ou de le diaboliser.
L'auteur montre que c'est le scientisme du XIXe siècle qui a assimilé le progrès à une
garantie absolue de l'avenir. Tout serait contrôlable, les hommes comme les choses, et cette
confusion imprègne le marxisme et le socialisme naissants. L'échec de cette idéologie, les
ravages des guerres mondiales, ont rapidement inversé la vapeur et diabolisé le progrès.
Mais la superstition craintive n'est pas moins néfaste qu'une adoration aveugle. Il est plus que
jamais nécessaire de penser les conséquences des révolutions technologiques tant en
biologie qu'en médecine, sur le plan de la communication ou des échanges.
Prenant position tant sur l'écologie politique, le nucléaire ou la bioéthique, l'auteur rappelle
qu'il n'est pas d'aventure humaine sans part de risque ; rien n'expose davantage à
l'insécurité que le désir éperdu de sécurité. Le plus grand danger serait la désillusion
autorisant le cynisme des uns ou le fatalisme des autres. »
Questions :
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Quelle serait la solution pour aborder de manière réaliste la notion de progrès au 21ème
siècle ?...............................................................................................................................
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220
Leçon N° 29 / Etat de la recherche cognitive
en France
Depuis plusieurs années, les progrès sur la recherche cognitive ont donné des images
nouvelles, quasi inédites sur la conscience, la pensée et le cerveau. Certains parlent de
nouvelles sciences de l'esprit issues de la psychologie cognitive, de l'intelligence artificielle
ou de la philosophie de l'esprit. Cette rupture scientifique est-elle une réelle révolution
copernicienne en France? Pour souligner ce tournant épistémologique, nous tenterons de créer
trois types de réponses: qu'est ce que l'intelligence artificielle? Qu'est ce que la conscience?
Quelle est la place des chercheurs étrangers dans le débat français?
Depuis quelques années, la révolution cybernétique a crée une nouvelle culture de penser.
Celle-ci a un nom: l'intelligence artificielle. Elle s'est installée dans un monde de plus en plus
informatisé : or, la France, pays post-industriel, s'est engagée vers cette voie du "tertiaire
supérieur". Cela génère du chômage.
Cette thèse évolutionniste de Steven Pinker a permis de nuancer les concepts longtemps trop
déterministes de la conscience unique. D'autres spécialistes de la philosophie de l'esprit, tels
Daniel C. Dennet, affirment qu'il n'y a pas de conscience unique mais un flux d'éléments de
conscience.
Selon Dennet, notre conscience est une série de phénomènes que l'on réorganise
rétrospectivement dans une sorte de conscience unique.[3]
221
Il n' y aurait, finalement, qu'un ensemble de divers états subjectifs, réorganisé ultérieurement
par l'individu qui obtient ainsi l'image d'une conscience unique.
A la suite de Pinker et Dennet, Janet Wilde Astington confirme cette logique évolutionniste
dans le cas de la découverte du moi et du langage chez l'enfant. A partir de sa formation en
botanique, elle a fait une analyse et des observations sur les attitudes et les conquêtes de
l'enfant au point de créer une «'théorie de l'esprit chez l'enfant» [4] J. W. Astington résume sa
découverte en en cinq points: 1 / .découverte des objets. 2/ des gens 3./ jeu du semblant, 4./
jeu du langage. 5/ réfléchir à ce que l'on sait et à ce que l'on croit. Ce sont ces recherches
américaines qui influencent actuellement beaucoup les chercheurs français.
Il se crée donc, aujourd'hui une «science de la conscience'» [5] nous dit Roger Penrose : en
effet, les nuances apportées par Steven Pinker et Daniel C.Dennet ont le mérite de relancer les
recherches et de faire reculer le mythe de la conscience unique.
Ce dernier est connu pour sa théorie des intelligences multiples. Ce chercheur propose une
pluralité de logiques cognitives: linguistique, spatiale, musicale, corporelle, existentielle,
personnelle etc…..
4 Références
1. ↑ SEARLE (John R), La redécouverte de l'esprit, Gallimard, 1995, 353 pages.
2. ↑ PINKER (Steven), Comment fonctionne l'esprit?, Odile Jacob, 2000, 680 pages.
3. ↑ DENNETT C. (Daniel), La conscience expliquée, Odile Jacob, 1993, 628 pages.
4. ↑ ASTINGTON (Janet Wilde), Comment les enfants découvrent la pensée? La théorie
de l'esprit chez l'enfant, Retz, Coll. Psychologie, 1999, 192 pages.
5. ↑ PENROSE (Roger), Les ombres de l'esprit: à la recherche d'une science de la
conscience, Inter éditions, 1995, 461 pages.
6. ↑ DAMASIO (Antonio), Le sentiment même de soi; corps, émotions conscience, Odile
Jacob, 1999, 380 pages.
222
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / SEARLE (John R.), La redécouverte de l'esprit, Gallimard, 1995, 353
pages.
« Ces derniers temps fleurissent des ouvrages dus à des biologistes de renom où il est
doctement exposé que l'art d'aimer, le goût de la musique, le penchant à l'écriture sont
finalement explicables par la seule génétique. L'homme est neuronal ou il n'est pas.
Parallèlement, à foison, d'autres livres s'essayent à prouver que le cerveau humain n'est pas
neurones, mais réseaux, connexions, programmes. L'homme est un ordinateur ou il n'est pas.
Ces deux visions ont en commun la même philosophie des sciences qu'elles conjuguent
différemment : le matérialisme. Et le matérialisme trône aujourd'hui en véritable idéologie
dominante. Au point que scientifiques fascinés par le gène et philosophes saisis par le démon
de l'intelligence artificielle multiplient travaux, recherches et publications démontrant que la
conscience n'existe pas, qu'elle ne serait qu'un état physique comme un autre, au même titre
que nos sentiments, nos croyances, bref, notre vie de l'esprit.
Questions :
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Quel est l’état des recherches cognitives dans votre pays ?...........................................
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223
DOCUMENT N°2 / PINKER (Steven), Comment fonctionne l'esprit?, Odile Jacob, 2000,
680 pages
« Qu'est-ce que l'esprit ? Comment a-t-il évolué ? Comment nous permet-il de voir, de
penser, d'avoir des sentiments, d'interagir avec autrui, de jouer et d'éprouver des émotions
esthétiques ?
Steven Pinker, l'un des phares des sciences cognitives, aborde, avec l'humour et l'inventivité
qui ont fait sa célébrité, ces problèmes théoriques ambitieux à travers une foule de questions
quotidiennes : pourquoi sommes-nous naturellement séduits par un visage maquillé ?
Pourquoi l'idée de manger des vers nous dégoûte-t-elle ? Pourquoi les fous aussi tombent-ils
amoureux ? Pourquoi aimons-nous la peinture et la musique ? La synthèse la plus puissante
et la plus accessible à ce jour sur ce que les neurosciences peuvent nous dire aujourd'hui de
nous-mêmes. »
Questions :
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Pourquoi les recherches décrites posent le mystère des sciences du cerveau et des
sentiments ?.................................................................................................................
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Quelle sont les images positives dans le domaine des sentiments collectifs de votre pays ?
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224
DOCUMENT N° 3 / DENNETT C. (Daniel), La conscience expliquée, Odile Jacob, 1993,
628 pages.
« Qu’est ce qui fait d’un peu de matière, on peut créer un être animé ? Qu’est ce qui confère
à certaines structures physiques le privilège énigmatique d’éprouver des sensations et
d’avoir des expériences ? La conscience. Mais que sait-on aujourd’hui de la conscience ?
Est-elle une donnée immédiate comme le veut la tradition et le bon sens ? Ou bien repose-t-
elle sur des processus en grande partie inconscients que des machines pourraient
reproduire ? Daniel C Dennett se livre ici à une brillante réfutation des théories
traditionnelles de la conscience, et propose un nouveau modèle fondé sur les acquis
modernes de la psychologie, de la neurologie, de l’informatique et de l’intelligence
artificielle. »
Questions :
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Quel est l’état sur la recherche en robotique dans votre pays ?...................
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225
DOCUMENT N°4 / ASTINGTON (Janet Wilde), Comment les enfants découvrent la
pensée? La théorie de l'esprit chez l'enfant, Retz, Coll. Psychologie, 1999, 192 pages
« Ce livre parle des comportements et des apprentissages des enfants. On voit que leur
découverte commence dès la petite enfance, lorsqu'ils reconnaissent la différence entre les
gens et les choses, et qu'ils cherchent à communiquer avec les uns et pas avec les autres. Elle
se poursuit dans les années d'enfance, lorsque les enfants deviennent capables de penser à
des choses ou à des événements absents ou hypothétiques (alternatives possibles à ce qui se
produit effectivement), ce qui apparaît clairement lorsqu'ils jouent à faire semblant. Les
enfants sont alors capables de distinguer entre les pensées et les choses. Ils parlent bientôt de
l'esprit ou, plutôt, de ce qu'eux et les autres voient, veulent et sentent, puis plus tard de ce
qu'ils pensent et savent. Les enfants d'âge préscolaire comprennent dans une certaine mesure
la perception, le désir et l'émotion, et sont capables d'utiliser ce qu'ils comprennent pour
prédire ce que les gens vont faire. Plus tard, ils acquièrent quelque idée de ce que sont le
savoir et la croyance. Vers la fin de ces années qui précèdent l'entrée à l'école, les enfants
acquièrent la compréhension essentielle des fausses croyances et ils reconnaissent que les
gens agissent dans le monde tel qu'ils se le représentent, même lorsque cette représentation
est erronée. Chaque enfant parvient à comprendre tout cela à son rythme, légèrement
différent de celui des autres, mais il existe une évidente uniformité au sein même de cette
apparente diversité. Même si tout au long de leurs années d'école, puis à l'âge adulte, ils en
apprendront bien davantage, il est légitime de dire qu'à l'âge de cinq ans, les enfants ont
découvert l'esprit. "
Questions :
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Pourquoi peut-on dire que l’enfant a découvert l’esprit vers 5 ans ?...................
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Cette vision de l’apprentissage chez l’enfant est-elle partagée dans votre pays ?
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226
DOCUMENT N°5 / DAMASIO (Antonio), Le sentiment même de soi; corps, émotions
conscience, Odile Jacob, 1999, 380 pages
« Qu'est-ce qui fait de nous des hommes ? Le privilège d'être dotés d'une conscience ?
Antonio Damasio propose une nouvelle théorie permettant d'expliquer en termes biologiques
le sentiment de soi.
Comment le cerveau engendre-t-il les structures mentales qui nous donnent à voir des
images ? Comment crée-t-il ce sentiment de nous-mêmes dont nous faisons l'expérience
lorsque nous pensons quelque chose, percevons quelque chose, imaginons quelque chose ?
Non, la conscience de soi ne tombe pas du ciel. Oui, elle peut s'expliquer, presque se
montrer, et nous pouvons la connaître. Nous savons enfin ce que nous sommes et pourquoi.
Une révolution. »
Questions :
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227
Leçon n°30/ L’Internet en France
Depuis la fin des années 1990, la France a augmenté son parc informatique de manière
sensible au point de proposer aux jeunes collégiens français un ordinateur pour chacun d'entre
eux. Politique généreuse. Mais si l'Internet rassemble mais il peut aussi séparer les
communautés au sein d'un même pays.
Certains sociologues français posent même la question politique suivante : dans quelle mesure
peut-on dire que ce nouveau réseau de communication puisse devenir, un jour, une menace
pour le lien social ? Nous tenterons de répondre à cette question "sensible" en empruntant les
trois thématiques suivantes : le cybermonde, la rupture sociale possible, et les nouveaux
réseaux de communication pour demain.
La culture du «virtuel» peut se révéler utopique car chacun va se créer ses réseaux. Ces
nouvelles technologies risquent de confirmer la fermeture de mondes qui ne se parlent plus. [2]
Chacun son langage, ses modes de contacts, ses codes. L'espace public se réduit.
228
3 Perspectives pour re-socialiser le réseau en France.
3.1 La naissance du "World Philosophy".
L'Internet propose donc à la fois une fracture technologique et une utopie sociale. Cette
double approche doit nous faire réfléchir à la création d'une nouvelle "philosophie du collectif
" nous suggère Pierre Lévy.[4] Ce réseau mondial, la Toile, est une philosophie du monde' où
personne ne sait tout et tout le monde sait quelque chose. Cette "World philosophie"propose
en fait de nombreuses confusions où se mêlent information et connaissances. La polémique
sur Wikipédia illustrait cette critique. Aujourd'hui, la méfiance semble s'estomper.
Pour Dominique Wolton, sociologue français, l'Internet n'est pas une révolution en soi : la
révolution véritable se fait par des transformations culturelles et sociales qui dépassent les
technologies. Pour cet auteur, sociologue et chercheurs sur les médias en France, la
communication humaine passe par des valeurs communes. Les nouvelles technologies sont-
elles en mesure de les créer?
4 Références
1. ↑ BRETON (Philippe), Le culte de l'Internet : une menace pour le lien social, La
découverte, 2000, 124 pages.
2. ↑ QUEAU (Philippe), Le virtuel, Champ Vallon, 1993, 215 pages.
3. ↑ MATTELART (Armand), Histoire de la société de l'information, La découverte,
Coll. «repères», 2006, 122 pages.
4. ↑ LEVY (Pierre), World philosophy, Odile Jacob, 2000, 220 pages.
5. ↑ WOLTON (Dominique), Internet, et après?: une théorie critique des nouveaux
médias., Flammarion, Coll. Champs, 2000, 186 pages
229
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1/ BRETON (Philippe), Le culte de l'Internet : une menace pour le lien
social, La découverte, 2000, 124 pages
Questions :
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Quelle est la place sociale et culturelle de l’Internet dans votre pays ?..............................
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230
DOCUMENT N°2 / QUEAU (Philippe), Le virtuel, Champ Vallon, 1993, 215 pages.
« Les "mondes virtuels", les "réalités artificielles", les "cyberspace" représentent une
véritable révolution dans l'histoire des images. Les applications des images "virtuelles" se
multiplient, les marchés professionnels et grand public s'ouvrent rapidement. La raison
fondamentale de cet engouement est que les systèmes de visualisation virtuelle donnent
l'illusion d’une immersion dans l'image. On peut entrer dans l'image virtuelle, s'y déplacer
et interagir de diverses manières avec les êtres synthétiques rencontrés dans les mondes
virtuels.
Les techniques du virtuel marient la synthèse d'images en temps réel, aujourd'hui
couramment utilisée pour les simulateurs de vol ou les jeux électroniques, avec des
dispositifs portatifs de visualisation stéréoscopique de plus en plus légers et confortables.
L'exploration des milieux hostiles, la téléprésence, la simulation de données
tridimensionnelles complexes, ont été les premières applications du virtuel. Mais, avec les
baisses des coûts et l'augmentation continue des performances, on peut s'attendre à une
explosion des applications destinées au grand public ainsi qu'au développement des
applications artistiques des mondes virtuels. Au Japon et aux Etats-Unis, de grands
industriels préparent déjà la prochaine vague du virtuel. De plus, les images virtuelles se
prêtent particulièrement bien aux applications des télécommunications, de par leur codage
intrinsèquement symbolique. Des formes nouvelles de "télétravail" et de "télévirtualité" sont
en train d'émerger.
Le Virtuel - vertus et vertiges fait le point sur les récents développements de ce champ en
rapide évolution. Les problèmes philosophiques et éthiques soulevés par les progrès
prévisibles des imageries virtuelles avec leurs conséquences sur notre manière de
représenter et d'interpréter le monde réel sont abordés. Enfin, il est question ici des rapports
des images virtuelles avec les modèles abstraits qui les génèrent. C'est dans la complexité et
dans la richesse de ces rapports entre visible et intelligible, entre perception et conception,
que pourra s'élaborer une véritable écriture du virtuel. »
Questions :
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Pourquoi cette image est une « révolution » dans la perception de la réalité ?...................
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Quelles solutions peut-on envisager pour ne pas être absorbé par une « télévirtualité » ?.
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231
DOCUMENT N°3 / MATTELART (Armand), Histoire de la société de l'information, La
découverte, Coll. «repères», 2006, 122 pages
Questions :
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Quelles solutions sont envisagées pour créer un cadre juridique face aux dangers d’une mise
en contrôle des libertés ?.......................................................................................
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232
DOCUMENT N°4 / LEVY (Pierre), World philosophy, Odile Jacob, 2000, 220 pages.
Questions :
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Dans votre pays, trouve-t-on un débat sur une approche cosmopolite de l’humanité ?.
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233
DOCUMENT N°5 / WOLTON (Dominique), Internet, et après? Une théorie critique des
nouveaux médias., Flammarion, Coll. Champs, 2000, 186 pages
« L’Internet est-il une révolution aussi importante que la radio dans les années vingt et la
télévision dans les années soixante ? Pour penser les nouveaux médias, il faut les replacer
dans une théorie générale de la communication et ne pas confondre progrès technique et
communication humaine. Certes, les derniers perfectionnements techniques sont inouïs, mais
ce n'est pas en transmettant toujours plus rapidement un nombre croissant d'informations
que l'on communiquera mieux. Vient en effet toujours un moment où il faut éteindre les
machines et commencer à se parler... C'est l'objet de ce livre : comparer les avantages et
inconvénients respectifs des médias classiques et des nouveaux médias, relativiser le thème
de la " révolution de la communication " et rassurer ceux qui se croient, à tort, dépassés.
Internet ne créera pas magiquement une société où toute information circulerait librement et
pacifiquement, où les rapports sociaux seraient miraculeusement modifiés. Le Web ne
supplantera pas la radio et la télévision dans leur rôle essentiel de lien social. Si nos
démocraties veulent rester fidèles à leur projet d'émancipation politique, elles doivent
réglementer les nouveaux médias et éviter ainsi que la liberté de communication ne devienne
synonyme de loi de la jungle. »
Questions :
Qu’est-ce que l’auteur remet en question avec l’Internet ? Pourquoi il souligne une
opposition ?..............................................................................................................
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234
Chapitre 7
Les intellectuels français face aux défis
internationaux
235
Leçon N° 31/ L’Europe vue par les
intellectuels français
Depuis le référendum sur la constitution européenne, la France semble en panne face au destin
commun européen regroupant 27 pays, depuis que le « Brexit » fut décidé en 2016. Quel défi
cela pose ? Cela renvoie à la question suivante : dans quelle mesure peut-on encore parler d'un
destin commun dans une France qui a dit non à l'Europe en 2005? Cette remise en question
des rapports tendus entre l'Europe et la France va nous permettre d'entrevoir trois pistes de
réflexion : qu'est ce qu'une communauté de destin aujourd'hui? Que signifie le libéralisme
actuel sans l'Union Européenne? Quels sont les défis politiques collectifs possibles pour
demain?
Ce grand penseur invite depuis une trentaine d'années ses collègues universitaires français à
suivre une méthode en 5 tomes, qui aborde la complexité des phénomènes sociaux et
humains. Il nomma cette œuvre « La méthode ». Celle-ci fut rédigée de 1977 à 2001. Cette
réflexion propose de comprendre et d'accepter la complexité culturelle du monde.
D'autres chercheurs tels qu'Etienne Balibar, suggère la nécessité de créer un espace public
européen. Cela pourrait faciliter les échanges d'idées en sciences humaines entre
universitaires : les « accords de Bologne » ont commencé à harmoniser les diplômes entre les
établissements universitaires européens. Mais construire des "espaces publics européens" [2]»
reste l'objet de vifs débats.
Ces débats ont fait fureur en 2005 et 2006 en France : des manifestations contre l'Europe et le
libéralisme se sont démultipliées. Cela a abouti au NON à la constitution européenne en 2005.
Qu'est ce qui explique ces contestations contre le libéralisme et l'Europe? Beaucoup de jeunes
Français voient leur futur dans la précarité. L'Europe libérale est acceptée dans beaucoup de
pays d'Europe. Pas toujours par les jeunes étudiants français.
236
2.2 La France depuis 2000
Mai 2007: Le président libéral Nicolas Sarkozy tente de rassurer les jeunes Français face à la
pensée libérale et face à la pensée européenne. Il veut relancer l'Europe par un traité
constitutionnel minimal. Autre discours avec François Hollande. On est méfiant face à la
finance et aux déséquilibres. En 2015, la France tente- à ce titre- d‘équilibrer ses rapports avec
l’Allemagne (trop) toute puissante.
Après la guerre dans les Balkans dans les années 1990, il est important pour les hommes
politiques européens de concilier nationalisme et citoyenneté. [3]. Le conflit en Ukraine en
2014 a ravivé les tensions de la Guerre Froide.
Au-delà des nationalismes, il est clair que le projet européen doit activer les particularismes
locaux ou nationaux dans un esprit d'harmonie. La politique des langues régionales en Europe
va dans ce sens avec la « Chartre européenne des langues».[4]
Ainsi régions et Europe auront une carte à jouer[5]. C'est une Europe des diversités qui est en
construction.
En conclusion, la société française hésite à quitter une histoire nationale pour créer une
Europe démocratique à 27 partenaires. Cette «communauté de destin» n'est pas une simple
géographie mais elle annonce la construction d'un espace multiculturel, un espace politique
international inédit. La relance du projet européen semble avoir eu lieu avec l’élection du
Président Macron en 2017, entre mythe et réalité face aux adversaires de l’Europe que sont les
tenants de la « post-vérité », D. Trump ou V. Poutine
4 Références
1. ↑ MORIN (Edgar), Penser l'Europe, Gallimard, Coll- folio actuel, 1990, 265 pages.
2. ↑ BALIBAR (Etienne), Nous, citoyens d'Europe? Les frontières, l'Etat, le peuple, La
découverte, 2001, 322 pages.
3. ↑ WEIL (Patrick) et HAUSEN (Randall), Citoyenneté et nationalité en Europe, La
découverte, Coll. Recherches, 1999, 328 pages.
4. ↑ MENDRAS (Henri), L'Europe des Européens, Gallimard, Coll. Folio actuel, 1997,
441 pages.
5. ↑ DUPOIRIER (Elisabeth), Régions la croisée des chemins; perspectives françaises et
enjeux européens, Coll. Des Presses de Sc.Po, 1998, 381 pages.
237
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / MORIN (Edgar), Penser l'Europe, Gallimard, Coll- folio actuel, 1990,
265 pages.
« Afin de penser l'Europe, Edgar Morin nous invite à abandonner les discours rhétoriques et
les idées fragmentaires qui produisent des « Europes » imaginaires, idéales ou mutilées. Son
essai, qui est en même temps un voyage interrogatif dans l'histoire et la culture
européennes, conçoit l'Europe comme une unité multiple et complexe, unissant les contraires
de façon inséparable. Pour la première fois dans les Temps Modernes, l'Europe vit un destin
commun. Il nous faut en prendre conscience si nous voulons élaborer un dessein
commun ».
Questions :
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238
DOCUMENT N°2 / BALIBAR (Etienne), Nous, citoyens d'Europe? Les frontières, l'Etat, le
peuple, La découverte, 2001, 322 pages
« Ce recueil d'essais veut " penser autrement les thèmes suivants : citoyenneté et nationalité,
politique des droits de l'homme, civilité, dont les termes mêmes ont été bouleversés par
l'effondrement des cadres politiques du XXème siècle, mais il resserre les interrogations
autour d'un enjeu principal, désormais incontournable : l'avenir incertain de la construction
européenne. La formation de cet espace politique nouveau, sans précédent historique
véritable, est en effet l'occasion d'une renaissance de la figure du "citoyen ", par-delà le
déclin des institutions qui l'ont portée et qu'elle a contribué à légitimer : la cité, l'empire,
l'Etat-nation et l'Etat national social. Etienne Balibar examine ainsi trois grandes questions,
dont chacune exige un effort de pensée spécifique : celle des frontières de l'Europe (1) en
tant qu'espace politique, qui commande toute réflexion sur l'identité collective et les identités
communautaires, et que surdétermine de plus en plus la nouvelle économie de la violence
mondiale ; celle de l'Etat (2), pôle de concentration du pouvoir et d'attribution de la
souveraineté, mais aussi appareil administratif où s'affrontent les logiques du service public
et du contrôle des populations ; celle du peuple, (3) enfin, dont il est urgent de faire " quelque
chose " - selon le mot d'ordre de 1789 - en combinant à l'échelle transnationale la lutte contre
l'exclusion (notamment celle des immigrés), la conquête des pouvoirs ou des contre-pouvoirs
et l'apprentissage de leur exercice. Ce sont ces questions qui donnent un contenu à la notion
d'une " constitution " européenne, qui devra être arrachée au formalisme juridique et moral
et replacée sur le terrain politique. Nouveau nom du politique, nouvel enjeu de ses conflits
fondamentaux, l'Europe sera plus démocratique que l'Etat-nation, ou elle ne sera pas ».
Questions
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Quelles solutions sont ici esquissées, notamment par la renaissance de la figure du citoyen ?
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Quels sont les trois paramètres évoqués pour créer une Europe plus démocratique ?.............
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239
DOCUMENT N°3 / WEIL (Patrick) et HAUSEN (Randall), Citoyenneté et nationalité en
Europe, La découverte, Coll. Recherches, 1999, 328 pages
« A travers toute l'Europe, les politiques de l'immigration sont devenues aussi des
politiques de la nationalité. Souvent inchangé depuis des décennies, inspiré par des histoires
nationales très différentes d'un pays à l'autre, le droit de la nationalité a récemment été
révisé dans chacun des États-membres de l'Union européenne. Il a quitté le domaine du
consensus pour devenir un sujet extrêmement politisé et une ligne de fracture majeure dans
de nombreux pays.
Si les Traités de Maastricht et d'Amsterdam ont créé les fondements d'une citoyenneté
européenne, ils ont laissé à chaque État la responsabilité du droit de la nationalité, comme si
dans ce domaine, les modèles nationaux étaient trop différents, voire opposés. Or, en dépit
de l'histoire, de l'extrême politisation de ses enjeux et de l'absence de volonté européenne en
la matière, on peut constater la convergence des législations des pays de l'Union européenne.
C'est la conséquence de la présence sur le sol de chacun d'eux d'une population
d'étrangers résidents qu'ils se doivent aujourd'hui d'intégrer en faisant évoluer leur droit.
Pour mieux comprendre le droit de la nationalité de chacun des pays de l'Union européenne et
leur récente évolution, Patrick Weil et Randall Hansen ont fait appel aux meilleurs
spécialistes de chaque pays. Soucieux d'étudier leur législation dans une perspective à la fois
historique et sociologique, ils essaient d'éclairer ce droit complexe en pleine mutation qui
porte en creux une interrogation fondamentale sur l'avenir des identités nationales en
Europe. »
Questions :
Quelle est la situation des « politiques de nationalité » dans l’Union Européenne ?................
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Quel est l’avenir des identités nationales dans cette Europe plurielle dans le futur ?............
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240
DOCUMENT N°4 / MENDRAS (Henri), L'Europe des Européens, Gallimard, Coll. Folio
actuel, 1997, 441 pages
« L'Europe de l'Atlantique à l'Oural n'existe pas. Pas plus que la géographie, l'histoire
n'offre de définition de l'Europe. Il se pourrait fort que la sociologie, seule, puisse dire ce
qu'est l'Europe des Européens. Quatre traits définissent l'Occident de l'Europe : (1)
l'individualisme évangélique et romain, qui pose l'individu comme premier et le groupe
social comme second, assurant ainsi la primauté et à la satisfaction des besoins et des désirs
de l'individu ; (2) l'idée de nation, qui fit passer une Europe, peuple de paysans stables sur
leur tenure depuis le Moyen Age, de la féodalité à l'Etat-nation, sans jamais connaître, après
Charlemagne, d'Empire ; (3) le capitalisme, inventé dès le XVIe siècle et qui s'épanouit grâce
à l'industrie et à un rapport particulier entre les sciences et les techniques ; (4) la démocratie,
ou, plus précisément, le gouvernement de la majorité dans le respect des droits de l'Homme.
Ces quatre traits, exceptionnels dans l'histoire, définissent un modèle qui explique les
grandes structures et les grandes institutions de l'Europe : religion et système de valeurs,
hiérarchies et catégories sociales, famille et parenté, Etat et capitalisme. Henri Mendras
donne ici à l'Europe sa vraie figure - globale, cohérente, différenciée. »
Questions
Comment l’auteur définit –il l’Europe par quatre grands traits ?.....................................
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Trouve ces quatre grandes caractéristiques dans l’histoire de votre pays ?........................
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241
DOCUMENT N°5 / DUPOIRIER (Elisabeth), Régions la croisée des chemins; perspectives
françaises et enjeux européens, Coll. Des Presses de Sc.Po, 1998, 381 pages.
« Ce livre veut dépasser le débat politique sur la " vraie place " des régions et les spécificités
du régionalisme " à la française ", pour éclairer, par l'approche plurielle des sciences
sociales, les enjeux des mutations dont les régions et l'Europe sont ensemble porteuses.
Dans les faits comme dans les esprits, les régions ont réussi leur installation sur la scène
publique française : effectivité des politiques régionales (depuis 1982) , insertion dans la
trame serrée des collectivités territoriales, développement de processus faisant des régions le
berceau d'identités naissantes. Reste l'avenir. Il se joue sur la scène européenne dans la
capacité des régions françaises à promouvoir une logique de développement appuyée sur la
mobilisation des citoyens, après celle de l'efficacité économique initiée par les élites. L'avenir
se joue aussi sur la scène française où des avancées seront encore nécessaires pour que se
renforce l'autonomie de la sphère politique régionale et que se consolide un espace public où
se débat et s'arbitre le " vivre ensemble régional ". »
Questions :
Quelle est la situation des régions en France, dont le nombre a été réduit en 2015 ?..................
…………………………………………………………………………………………….
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Quel est l’avenir et les défis de ces structures administratives pour demain ?.....................
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242
LES NOUVELLES REGIONS DE FRANCE EN 2015
243
Texte N°2 / L’économie monde selon les
intellectuels français
Economie et culture sont cesse stigmatisées en France. Des médias ou des hommes politiques
français dénoncent souvent une culture économique où tout devient en objet de
consommation. Cette attitude pose la réflexion suivante: face aux richesses des Nations et une
Europe réduite à 27 Etats depuis 2016, la mondialisation est-elle vraiment dangereuse pour
une France en crise économique? Pour répondre à cette question, nous verrons
successivement le processus de standardisation de notre monde, le phénomène international
des délocalisations, et les contestations politiques qui en découlent.
La journaliste canadienne, Naomi Klein, avait défrayé la chronique en publiant son ouvrage
«No logo». Elle parlait alors de la mise en place d'une «tyrannie des marques.» [1]
Cet ouvrage a fait autorité chez les sociologues français en 2000. Pourquoi? Car cet ouvrage
dénonce alors les "ateliers à sueur".
Il est vrai que ces marques très connues viennent souvent d'ateliers à sueur, les «Sweat
Shops», localisés dans les pays du tiers monde. La vision républicaine s'accommode
difficilement de ce pragmatisme économique. Des hommes politiques comme José Bové ont
dénoncé régulièrement cette fracture économique où le Sud travaille, à bas prix, pour le Nord
riche.
Au-delà de cette exploitation sans vergogne de la main -d'œuvre des pays pauvres, s'ajoute le
formatage des esprits sous l'autorité de ces grandes marques: celles-ci se vendent dans les
nouvelles cathédrales du 21ème siècle, c'est à dire les supermarchés. Acheter devient une
religion.
244
En effet, le monde se spécialise selon ses rentes de production : savoir faire ici, main-d'œuvre
là bas : cela crée un monde "sectorisé", "partagé", avec des centres de savoirs et de
productions. La France participe à ce ballet des délocalisations multiples. C'est la division
internationale du travail.
La mondialisation s'explique, au départ, par une croyance dans le progrès. Cette idéologie de
la marchandisation du monde [3] est fondamentale selon le politologue Jerry Mander. Mais il y
a un revers. Selon ce dernier, c'est une croyance qui occulte le réchauffement de la planète.
Enfin, certains auteurs français veulent relativiser les effets culturels de la mondialisation :
d'après l'anthropologue français, tels que Jean-Pierre Warnier, les impacts réelles de la
mondialisation sur la culture restent secondaires. [7] De plus, la France a su résister en
imposant son «exception culturelle».
En conclusion, le «système monde» s'est mise en place depuis le XVI me siècle. Son
accélération actuelle angoisse de nombreux européens et notamment des Français qui ont
connu un Empire, aujourd'hui disparu. Aussi, le défi pour la France est de créer une nouvelle
génération d'hommes politiques capables d'encadrer la mutation globale de la société. Car tout
change et vite: les lois du travail et de l'information. [8].
245
4 Références
1. ↑ KLEIN (Naomi), No Logo: la tyrannie des marques, Actes Sud, Léméac, 2001, 502
pages.
2. ↑ REICH (Robert), L'économie mondialisée, Dunod, 1997, 336 pages.
3. ↑ GOLDSMITH (Edward) et MANDER (Jerry), Le procès de la mondialisation,
Fayard, 2001, 488 pages.
4. ↑ WALLERSTEIN (Immanuel), Le système monde du XVI ème siècle à nos jours,
Nbs, vol.1 et 2, 1980, 1985, 331 et 503 pages.
5. ↑ BRAUDEL (Fernand), La dynamique du capitalisme, Coll. Champs, Flammarion,
1988, 113 pages.
6. ↑ BOVE (José) et DUFOUR (François), Le monde n'est pas une marchandise, Pocket,
2001, 262 pages.
7. ↑ WARNIER (Jean- Pierre), La mondialisation de la culture, La découverte, 2004,
119 pages.
8. ↑ ENGELHART (Philippe), L'homme mondial: les sociétés peuvent –elles survivre?,
Arléa, 2001, 568 pages.
246
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMEN T N°1 / KLEIN (Naomi), No Logo: la tyrannie des marques, Actes Sud,
Léméac, 2001, 502 pages.
Questions :
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Pourquoi parle –t-elle d’un changement crucial dans l’histoire du monde occidental ?.
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Quelles seront les conséquences sur la notion même de politique dans le monde ?
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Trouve-t-on beaucoup de firmes transnationales dans votre pays ? Quelle est leur
importance économique ?
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247
DOCUMENT N°2 / REICH (Robert), L'économie mondialisée, Dunod, 1997, 336 pages
Questions :
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Pourquoi la mondialisation crée aussi des inégalités entre les individus ?............................
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Dans votre pays, « l’Etat » est-il un acteur présent ou absent dans l’économie ?.
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248
DOCUMENT N°3 / GOLDSMITH (Edward) et MANDER (Jerry), Le procès de la
mondialisation, Fayard, 2001, 488 pages
« La vache folle, les errements des organismes génétiquement modifiés, les clones et autres
terribles atteintes à l’environnement ne sont que les signes annonciateurs d’une grande
implosion. Le présent ouvrage est une véritable somme réunissant les grands spécialistes
mondiaux de tous les domaines impliqués……………….
Ils étudient l’histoire et les différents processus de la mondialisation et son impact sur tous
les aspects de la vie : menaces sur les milieux naturels, sur la santé, sur la culture, sur la
diversité biologique, sur les processus démocratiques, menace d’une aggravation de la
pauvreté et de l’exclusion, menace sur l’indépendance des pays par le néocolonialisme des
transnationales. Ils dénoncent aussi les fausses panacées et propose de vraies solutions.»
Questions :
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………………………………………………………………………………………………….
Quelle serait d’après vous, les solutions pour éviter toutes les menaces décrites ?................
………………………………………………………………………………………………..
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249
DOCUMENT N°4 / BRAUDEL (Fernand), La dynamique du capitalisme, Coll. Champs,
Flammarion, 1988, 113 pages
Questions :
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Les libertés existent mais l’auteur hésite entre mythes et réalités : pourquoi ?..................
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Trouve-t-on cette idée de liberté dans l’histoire économique de votre pays ?......................
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DOCUMENT N°5 / BOVE (José) et DUFOUR (François), Le monde n'est pas une
marchandise, Pocket, 2001, 262 pages
« Août 1999... Excédés par les rétorsions américaines, des éleveurs de brebis organisent le
démontage symbolique d'un McDonald's en construction près de Millau. Cinq c'entre eux
sont arrêtés et incarcérés. Parmi eux, José Bové, qui sera libéré à l'issue d'une étonnante
campagne de mobilisation internationale.
José Bové revient parle de cet événement. Les auteurs expliquent que ce mouvement a été à
l'origine de l'échec des orientations de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) à
Seattle, en novembre 1999. Ils dénoncent aussi les effets de la mondialisation : " malbouffe
", vache folle, OGM »
Questions :
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Quels sont les débats sur la question alimentaire dans votre pays ?.......................................
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DOCUMENT N°6 / WARNIER (Jean-Pierre), La mondialisation de la culture, La
découverte, 2004, 119 pages
Questions :
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Pourquoi cela pourrait devenir un danger pour l’identité culturelle des peuples ?........
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Dans votre pays, quelle est la vision de la culture nationale et des autres cultures dans le
monde ?
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252
DOCUMENT N°7 / ENGELHART (Philippe), L'homme mondial: les sociétés peuvent –
elles survivre?, Arléa, 2001, 568 pages
« Ce livre montre les trois logiques dévastatrices à l'œuvre en cette fin de siècle.
La mondialisation de l'économie, qui n'est sans doute que l'ultime aboutissement de la
modernité occidentale, dont le mouvement a été accéléré par la crise des années 70, mais qui
trouve ses prémices au XVe siècle.
La remise en cause de l'Etat-providence ( ie., Etat qui protège) et, par contre-coup, de l'Etat-
nation lui-même, qui, au Nord, annonce peut-être la fin du politique.
Questions :
Quel est le phénomène mondial décrit qui est en route depuis le 15ème siècle ?...............
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Pourquoi cette évolution du monde met en danger l’équilibre fragile du monde Nord / Sud ?
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Quelles seraient les scenarii possibles pour éviter l’atomisation des sociétés ou les
crispations identitaires ?
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253
Texte n°3 / La politique internationale et les
Français
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, la fin de l'URSS (1991) et l'intégration des pays
d'Europe Centrale à l'Union Européenne (de 2004 à 2011), on découvre un autre univers. Ce
monde nouveau a ses nouvelles règles géopolitiques qui semblent poser en permanence le défi
suivant : peut-on parler d'un nouvel ordre politique mondial? La remise en cause des
frontières a crée une nouvelle logique. Certains disent que c'est un "monde privé de sens". Ce
paradoxe peut proposer trois directions de réflexion : peut-on parler de la fin des idéologies?
Assiste t-on à la chute des légitimités politiques? De nouvelles institutions internationales
pour demain sont-elles en marche?
Au XVIII, la quête des «Lumières», c'est-à-dire des philosophes français, avait crée un désir
de société, une volonté de changement pour mettre fin aux injustices.
Aujourd'hui, c'est la fin des guerres entre Etats démocratiques, mais également, la fin des
idéologies.
Le nouveau leader depuis 1945, ce sont les USA.[1] Pourtant, la guerre du Golfe de 2003
commence à montrer les faiblesses de l'Amérique. L'Irak? On a déjà fait le parallèle avec le
Vietnam.
On connaît la position de la France qui fut réticente à s'engager en Irak. Les tensions entre la
France et les USA ont alors posé la nécessité de créer «de nouveaux itinéraires collectifs du
sens » comme le suggère Zaki Laïdi. Depuis 2007, le rapprochement France / USA a
"réajusté" les itinéraires. [2]
Ces itinéraires internationaux pour demain, supposeraient de suivre trois priorités : la sécurité,
l'identité et la quête de légitimité. Pour l'instant et depuis la fin de la "guerre froide", la
confusion règne. Peu à peu, les hommes quittent les idéologies du 20ème siècle pour aborder
une nouvelle vision de la politique internationale. Le pragmatisme est la règle.
254
2 La fin des idéologies messianiques.
2.1 La disparition de l'URSS
L'événement géopolitique majeur de la fin du 20ème siècle fut la chute de l'URSS 1991.
L'Empire soviétique est aujourd'hui un molosse qui se réveille difficilement après plus de 70
ans de communisme. La politique de Vladimir Poutine en Ukraine (2014 /2015) est-elle une
tentative de renouer avec le mythe soviétique ? Beaucoup en Europe s’interrogent sur la fin
des idéologies….depuis 1991
En 2005, le droit d'ingérence est plus que jamais objet de polémique.[4] Pour Mario Bettati, il
y a des institutions responsabilité trans-nationales qui peuvent être crées. L'installation du
"Tribunal International de la Haye", a permis de créer des pistes pour un nouveau droit
international.
Au-delà des efforts de construction de ce droit international fragile, le chantier reste immense
tant les fissures qui fragilisent le Monde se démultiplient. Les tensions restent extrêmes au
Proche-Orient. C'est un espace sous haute surveillance, pouvant à tout moment exploser, telle
la guerre au Liban au cours de l'été 2006. [5]. Enfin, le grand absent permanent fut et reste
toujours l'Afrique "délaissée": certains géopoliticiens veulent voir se construire une «Afrique
des individus». [6]. Le Darfour (au SOUDAN) résume à lui seul, toutes la tragédie de ce
continent abandonné. Seuls, les « Printemps arabes » de 2011 ont changé la donne. Pour un
moment seulement.
255
3.3 Le choc des civilisations, mythes et réalités
Enfin, on parle souvent de chocs des civilisations. Notamment entre le monde occidental et le
monde de l'Islam. [7] Le spécialiste français du monde musulman, Gilles Kepel, assure que
l'idéologie du «Jihad» (guerre sainte) est déjà sur le déclin. Face à cette géopolitique
boulversée, la France est aujourd'hui au cœur d'un affrontement entre Europe et les USA :
c'est toute une façon de comprendre et de mesurer le monde qui s'oppose. Les guerres de
2014-2015 qui reprennent en Irak, et Syrie illustrent-elles un combat de civilisation
cristallisée par les attaques terroristes en Europe (Paris 2015, Nice et Berlin 2016, Londres
2017) ?
4 Références
1. ↑ VAISSE (Justin) et MELANDRI (Pierre), L'Empire du milieu: les USA et le monde
depuis la fin de la guerre froide, Odile Jacob, 2001, 550 pages.
2. ↑ LAIDI (Zaki), Un monde privé de sens, Hachette, Coll.Pluriel, 2006, 33 pages.
3. ↑ DOMENACH (Jean-Luc), L'Asie en danger, Fayard, 1998, 339 pages.
4. ↑ BETTATI (Mario), Le droit d'ingérence: mutation de l'ordre international, Odile
jacob, 1996, 384 pages.
5. ↑ CORM (Georges), Le proche-orient éclaté (1956 – 2000), Gallimard, Coll. Folio
actuel, 1999, 1068 pages.
6. ↑ MARIE (Alain) et VUARIN (Robert), L'Afrique des individus, Karthala, Coll.
Hommes et Sociétés, 1997, 438 pages.
7. ↑ KEPEL (Gilles), Jihad: expansion et déclin de l'islamisme, Gallimard, 2001, 751
pages.
256
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / VAISSE (Justin) et MELANDRI (Pierre), L'Empire du milieu: les USA
et le monde depuis la fin de la guerre froide, Odile Jacob, 2001, 550 pages
« « Impossible de nier le rôle central que jouent les États-Unis, puissance authentiquement
mondiale, cœur du système international. Ce pays a façonné le monde dans lequel nous
vivons. (Création de l’ONU et siège à New York) Et il continuera de le faire des années
encore. Donner une vision de ce que fut la politique étrangère américaine depuis la chute du
mur de Berlin (1989) en essayant de ne négliger aucun épisode, aucun éclairage pouvant
aider le lecteur à mieux juger : tel est le défi de cet ouvrage. On y verra notamment que
l'Amérique n'est pas vraiment l'"hyperpuissance" que l'on croit (septembre 2001) .
Faiblesses, insuffisances de moyens, contradictions et incohérences (Guerre en Irak en 2003)
ont été nombreuses ».
Questions
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257
DOCUMENT N°2 /LAIDI (Zaki), Un monde privé de sens, Hachette, Coll.Pluriel, 2006, 33
pages.
« Le livre de cet auteur est la première synthèse à proposer une interprétation d'ensemble du
monde d'après la chute du mur de Berlin (1989). Il suggère de comprendre la mondialisation
comme une dissociation du sens et de la puissance : la « guerre froide » (1947 à 1989)
inscrivait la confrontation entre les puissances dans un cadre intelligible, sinon rationnel ;
désormais, les acteurs internationaux sont dépourvus de cadres d'analyse, incertains des
fins qu'ils estiment légitime de poursuivre, désorientés par la multiplication des conflits.
De ce point de vue, le " règne du marché " est moins à comprendre comme une nouvelle
forme de la tyrannie de l'économique, que comme la manière dont les relations entre les
individus, les groupes sociaux, les Etats tentent de trouver une organisation minimale, et
bien insatisfaisante. Est-il dès lors possible d'envisager de repenser un ordre pour ce
monde » privé de sens » ? C'est le pari que fait l'auteur, en misant à la fois sur une
autolimitation de la puissance des Etats-Unis et sur la capacité des autres acteurs, en
premier lieu l'Europe, à se doter d'un projet pour eux-mêmes, et pour un monde désormais
irrémédiablement multipolaire. »
Questions
Quelle est la situation politique mondiale depuis la fin du 20ème siècle ?........................
………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
Quelle seraient les solutions pour que ce monde privé de sens retrouve un équilibre
économique et politique ?.....................................................................................................
…………………………………………………………………………………………………
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258
DOCUMENT N°3 /. DOMENACH (Jean-Luc), L'Asie en danger, Fayard, 1998, 339 pages
« Les petits dragons puis la Chine et l'Asie du Sud-Est ont suivi le Japon sur la voie de la
croissance, mais celle-ci abritait des déséquilibres qui sont la vraie cause de la crise
financière. Déséquilibres sociaux d'abord, car les grandes villes qui ont poussé partout
comme des champignons ont bouleversé la structure même des sociétés, ce qui les rendra plus
fragiles si la croissance s'arrête. Déséquilibres politiques ensuite, car le modèle
démocratique qu'offrait le Japon n'a pas fait école. Or, le dynamisme des économies et la fin
de la guerre froide (1947-1989) ont renforcé les Etats et, du même coup, encouragé les
régimes autoritaires.
L'Asie est-elle en train de devenir une région, « sans foi - ni loi » ? Les actes de piraterie en
mer de Chine (qui crée des îles artificielles en 2015 en mer de Chine méridionale) et dans
les détroits ne sont certes pas une guerre commerciale, mais ils illustrent de façon
spectaculaire les tensions entre les pays de la région.
Cette régionalisation n'a donc rapproché ni les sociétés ni les Etats. Et ceux-ci depuis
quelques années se sont plus souciés de moderniser leurs armées que de régler les conflits
hérités du passé. Or déjà d'autres menaces se dessinent, liées aux relations dangereuses
qu'entretiennent les deux géants : la Chine, qui représente 70% de la population d'Asie
orientale, et le richissime Japon, toujours puissamment attaché aux Etats-Unis. La
poursuite de leurs divisions ne pourrait qu'encourager la fragmentation d'une région
aujourd'hui défaite. »
Questions
Quelle est la situation de la région « ASIE » décrite par l’auteur au début du 21ème siècle ?
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
Pourquoi parle-t-on d’une tension entre les différents pays de cette région ?.......................
……………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
Quelles est l’image de cette région du monde dans votre pays ?..................................
………………………………………………………………………………………….
259
DOCUMENT N°4 / BETTATI (Mario), Le droit d'ingérence: mutation de l'ordre
international, Odile Jacob, 1996, 384 pages
Questions
…………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………..
Quels obstacles se heurtent et s’opposent à cette nouvelle culture juridique qui dépasse les
frontières ?
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………..
Dans votre pays, quelle est la perception de l’ONU, des « casques bleus », ou du « tribunal
international » de la Haye ?
……………………………………………………………………………………………..
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260
DOCUMENT N°5 / CORM (Georges), Le Proche-Orient éclaté (1956 – 2000), Gallimard,
Coll. Folio actuel, 1999, 1068 pages
«Tiraillé entre des identités contradictoires, soumis à des influences historiques multiples et
diverses, le Proche-Orient (sauf la Jordanie) apparaît fragmenté et éclaté, dangereusement
explosif du fait de l'accumulation de situations conflictuelles graves (Israël et monde arabe
de 1950 au 21ème siècle) que les protagonistes en cause ne maîtrisent pas. Cet ouvrage se veut
donc une réflexion pour participer à la construction d'un avenir meilleur et à la
dédramatisation des tensions «civilisationnelles» (en cours en Irak et Syrie en 2015) qu'il
est à la mode de mettre en évidence et d'entretenir.»
Questions
…………………………………………………………………………………………..
Pourquoi le monde arabe est en crise depuis toutes ces années, selon l’auteur ?
...............................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
261
DOCUMENT N°6 / MARIE (Alain) et VUARIN (Robert), L'Afrique des individus,
Karthala, Coll. Hommes et Sociétés, 1997, 438 pages.
Questions
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262
DOCUMENT N°7 / KEPEL (Gilles), Jihad: expansion et déclin de l'islamisme, Gallimard,
2001, 751 pages.
« Le dernier quart du XXe siècle et le début du 21ème siècle ont été marqué par l'émergence,
des mouvements islamistes - un phénomène aussi spectaculaire qu'inattendu. Alors que le
repli de la religion dans la sphère privée semblait un acquis du monde moderne, on vit
apparaître, dans les années 1970, des groupes politiques qui ne juraient que par le
« Coran », se réclamaient du « Jihad » - le combat sacré pour la cause de Dieu - et
voulaient instaurer l'État islamique.
[…] C'est donc le bilan de vingt-cinq ans d'islamisme que dresse Gilles Kepel dans ce livre,
où le mouvement est analysé dans ses diverses dimensions : historique, culturelle et sociale.
Questions
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………….
Quelle est la perception de votre pays sur ce type d’actions militaires ?................................
…………………………………………………………………………………………….
263
Texte n°4 / Les anthropologues français
L'histoire du peuplement de la Terre a construit des géographies culturelles. Au fil des siècles,
cela s'est illustré par une conquête inégale de territoires basée sur la compétition entre les
sociétés. Cette approche démographique et anthropologique du monde habité semble poser la
question suivante : comment l'homme a-t-il investi le monde? Pourquoi des inégalités
persistent dans ces conquêtes? Trois directions anthropologiques guideront nos analyses en
s'inspirant des conclusions des chercheurs français sur ce sujet, notamment Maurice Godelier
et René Girard.
Avec plus de 7.2 milliards d'habitants sur la planète en 2014, la première vision de la
conquête humaine est une inégalité importante entre les hommes: 5 milliards vivent
pauvrement et 2 milliards semblent protégés des aléas d'une économie mondiale largement
fracturée.
Enfin, depuis le XVème siècle, la colonisation globale du monde par les «Blancs» a été un
phénomène démographique et géopolitique majeur. D'après Jared Diamond, l'inégalité parmi
les sociétés humaines passe par une compétition à la survie. [1] Cet auteur pose à ce titre le
problème du déclin des espaces colonisés par les Hommes. Les uns après les autres des
civilisations émergent, d'autres meurent. Les Empires et les rêves des hommes restent fragiles.
La conquête du territoire, c'est l'espace physique qui va permettre aux tribus, clans,
seigneuries, duchés et Nations de se constituer une aire avec des frontières. Un territoire est
né. Un rituel est alors en marche pour protéger cet espace.
264
2.2 / Créer une communauté de destin
La conquête du pouvoir est, quant à elle, motivée par la violence inscrite au cœur des sociétés.
Un autre anthropologue français, René Girard, nomme cette violence «le désir mimétique»,
c'est-à-dire la volonté de posséder ce que l'autre possède.[4]
Le «blanc» s'inscrit génétiquement entre Africains et Chinois selon Luca Cavalli-Sforza [6].
Le temps des déterminismes génétiques est à exclure. Il n'y a pas de races chez l'humain. Il n'y
a pas de sociétés préparées à dominer l'autre. L'anthropologue anglais, Jack Goody, [7]
rappelle que les sociétés tribales, même avec des moyens d'expression orale, ne sont pas
exclues de la pensée rationnelle.
Le dernier obstacle à lever est donc la nécessité de penser différemment l'homme. Ce dernier
n'est pas inscrit uniquement dans la biosphère mais dans des unités aussi bien matérielles que
symboliques. Il faudrait demain créer un sentiment de responsabilité de l'humain face à
l'environnement. Cela dépasse le simple discours écologique. [8]
Gènes, peuples et langues sont autant de thèmes qui ont suggéré de nombreux mythes et de
nombreuses idéologies. Pas toujours les plus belles. Elles ont justifié le rapport de l'homme
face à sa conquête du monde. Etre humain sur Terre dans un espace de plus en plus tertiarisé,
tout cela suppose d'écrire une nouvelle histoire.
265
4 Références
1. ↑ DIAMOND (Jared), De l'inégalité parmi les sociétés, Gallimard, coll. NRF, 2000,
484 pages.
2. ↑ CLOTTES (Jean), LANGANEY (André) et GUILAINE (Jean), La plus belle
histoire de l'homme, Seuil, Coll- Point, 2000, 1480 pages.
3. ↑ GODELIER (Maurice), L'idéel et le matériel, Fayard 1984, 348 pages
4. ↑ GIRARD (René), La violence et le sacré, 1972, Hachette, 534 pages.
5. ↑ LE BRAS (Hervé), Les limites de la planète : mythes de la nature et de la
population, Coll. Champs, Flammarion, 1996,
6. ↑ CAVALLI-SFORZA (Luca), Gènes, Peuples et langues, Odile Jacob, 1996,322
pages.
7. ↑ GOODY (Jack), La logique de l'écriture, Armand Colin, 1986, 197 pages.
8. ↑ BERQUE (Augustin), Etre humains sur la Terre, Gallimard, Le débat, 1996, 212
pages.
266
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Document N°1 / DIAMOND (Jared), De l'inégalité parmi les sociétés, Gallimard, coll. NRF,
2000, 484 pages.
Cette question cruciale, les historiens ont renoncé depuis longtemps à y répondre, s'en
tenant aux seules causes prochaines des guerres de conquête et de l'expansion du monde
industrialisé. Mais les causes lointaines, un certain usage de la biologie prétend aujourd'hui
les expliquer par l'inégalité supposée du capital génétique au sein de l'humanité.
Or l'inégalité entre les sociétés est liée aux différences de milieux, pas aux différences
génétiques. Jared Diamond le démontre dans cette fresque éblouissante de l'histoire de
l'humanité depuis 13 000 ans. Mobilisant des disciplines aussi diverses que la génétique, la
biologie moléculaire, l'écologie des comportements, l'épidémiologie, la linguistique,
l'archéologie et l'histoire des technologies, il marque notamment le rôle de la production
alimentaire, l'évolution des germes caractéristiques des populations humaines denses,
favorisées par la révolution agricole, le rôle de la géographie dans la diffusion contrastée de
l'écriture et de la technologie, selon la latitude en Eurasie, mais la longitude aux Amériques
et en Afrique. »
Questions :
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267
DOCUMENT N°2 / CLOTTES (Jean), LANGANEY (André) et GUILAINE (Jean), La plus
belle histoire de l'homme, Seuil, Coll- Point, 2000, 1480 pages.
« Pourquoi l'homme ? Pourquoi sommes-nous devenus ce que nous sommes ? Nos modes
de vie, nos comportements, nos croyances se sont forgées jadis, à la suite de cette longue
évolution qui nous a conduits jusqu'à l'intelligence. Nous descendons tous, sur la planète, du
même petit groupe d'ancêtre. Cet ouvrage est bâti en trois actes qui relatent trois conquêtes :
celle du territoire, celle de l'imaginaire, celle du pouvoir. Ou comment l'homme s'est arraché
à la nature, l'a colonisé, transcendée, transformée, puis s'est pris au piège de sa propre
culture. Et si nous étions encore dans la préhistoire de l'humanité ? »
Questions :
………………………………………………………………………………………….
Pourquoi a-t-il pu faire les trois conquêtes majeures de son espèce ?.................
……………………………………………………………………………………….
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Quelles sont les traces archéologiques des premiers hommes dans l’histoire de votre pays ?
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268
DOCUMENT N°3 / GODELIER (Maurice), L'idéel et le matériel, 1984, 348 pages
« Les hommes, contrairement aux autres animaux sociaux, ne se contentent pas de vivre en
société, ils produisent de la société pour vivre. Ils fabriquent de l'histoire, et ce, parce qu'ils
ont dans leur nature propre la capacité de s'approprier la nature et de la transformer.
S'approprier la nature, c'est, pour l'homme, inventer des moyens matériels et idéels pour
disjoindre certains éléments des écosystèmes qu'il exploite et les faire servir à ses besoins.
Cette action implique la mise en oeuvre de rapports sociaux qui lui servent de cadre et de
support et qui, quelle que soit l'instance où ils se situent, fonctionnent comme des rapports
sociaux de production, ou, selon un parler plus commun, comme des rapports économiques.
Quel est le poids des réalités matérielles et quel est le rôle de la pensée dans la production
des rapports sociaux ? Tout le mouvement du livre est là : de l'analyse des rapports sociaux
de production à celle de la production des rapports sociaux. Où l'on verra que des deux
forces qui composent celle d'un pouvoir de domination et d'exploitation, la plus forte n'est
pas la violence exercée par les ordres ou les classes qui dominent une société mais le
consentement des dominés à leur domination. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………….
Pourquoi cette différence a construit et organisé les rapports économiques dans le monde
des humains ?
…………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………….
Quels sont les rapports et conséquences entre les réalités matérielles et de la pensée dans
les rapports économiques ?
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………………………………………………………………………………………………
Dans votre pays, trouve-t-on une telle lecture sur les rapports humains, entre idées et
réalités matérielles ?
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…………………………………………………………………………………………….
269
DOCUMENT N°4 / GIRARD (René), La violence et le sacré, 1972, 534 pages
Questions :
Que montre l’auteur sur les racines de l’édifice culturel des sociétés humaines ?.............
…………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………….
Dans l’histoire de votre pays, trouve –t-on des témoignages de ce modèle bouc émissaire et
mimétisme ?
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270
DOCUMENT N°5/ LE BRAS (Hervé), Les limites de la planète : mythes de la nature et de
la population, Coll. Champs, 1996
« Y a-t-il trop d'hommes sur terre? Au grand banquet de la nature, l'humanité est-elle de
trop? Dans notre imagination, la peur du nombre a remplacé la peur de la bombe: non
seulement, nous dit-on, il n'y aura bientôt plus de quoi nourrir la planète mais la
surpopulation est directement ou indirectement responsable du trou dans la couche d'ozone,
du réchauffement climatique, de l'érosion des sols, bref de toutes les catastrophes écologiques
qui guettent l'espèce humaine en ce 21ème siècle…..
Hervé Le Bras démontre qu'il n'y a pas une parcelle de vérité dans les terribles prédictions
chiffrées que nous assènent nos Cassandre. Les chiffres masquent des arguments d'autorité,
et les arguments d'autorité sont le paravent de nos préjugés et de nos peurs. La
surpopulation est un mythe: telle est en substance la conclusion qui s'impose ici après une
analyse serrée. Et, comme tout mythe, celui-ci nous en apprend plus sur nous-mêmes que
sur le monde qui nous entoure. »
Questions :
…………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………..
271
DOCUMENT N°6 / CAVALLI-SFORZA (Luca), Gènes, Peuples et langues, Odile Jacob,
1996,322 pages
Questions :
Quel est le rapport entre culture et langue dans cet ouvrage ?.................................
………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
Quelles sont les premières formes écrites dans votre pays ?...........................................
………………………………………………………………………………………………
272
DOCUMENT N°7 / GOODY (Jack), La logique de l'écriture, 1986, 197 pages
« Le point de vue de l'écriture comme origine des sociétés est assez original. L'auteur a
recensé de nombreux aspects de notre vie où l'écriture était présente et surtout a mis en
évidence le façonnage de ces aspects par l'écriture. Il montre combien l'écriture a été une
structuration de la société et de la vie en général en analysant son apparition dans les
sociétés anciennes. Bien évidemment, il n'est pas question dans cet ouvrage de dire que
l'écriture est l'élément fondateur de nos sociétés mais plus de montrer comment elle a
participé à l'élaboration du monde que l'on connait aujourd'hui. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………
273
DOCUMENT N°8 / BERQUE (Augustin), Etre humains sur la Terre, Gallimard, Le débat,
1996, 212 pages.
« Pourquoi parler d'éthique de l'écoumène, et non pas, comme le veut l'usage ordinaire,
d'éthique de l'environnement ? C'est qu'il y a quelque chose de plus, dans la relation de
l'humanité à l'étendue terrestre, que dans la relation des autres êtres vivants à leur
environnement ; L'humanité aussi, en tant qu'espèce vivante, a un environnement : mais
seule l'humanité possède une « écoumène » :
La Terre en tant que nous l’habitons plus encore, en tant que lieu de notre être.
L'écoumène, à savoir la relation de l'humanité à l'étendue terrestre, est par nature, quelque
chose d'éthique. L'objet de ce livre est d'examiner cette relation éthique, pour essayer d'en
comprendre les principes. Et de mieux comprendre ainsi pourquoi, en tant qu'humains
justement, nous devons agir autrement vis-à-vis de la Terre. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………..
Quelles sont les perspectives de vie ou de survie de cet écoumène sur la planète ?...........
………………………………………………………………………………………………
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274
Texte n° 5 / Les perspectives interculturelles
pour la France du 21ème siècle
Autrui est aujourd'hui une notion solide et réelle tant nos sociétés sont métissées. Mais cette
acculturation globale suggère des polémiques où se lient identité, culture et ethnicité. Cela
pose l'interrogation politique suivante : dans quelle mesure peut-on dire que les phénomènes
identitaires actuels qui se vivent en France, relèvent du mythe ou de la réalité? Nous
tenterons, à travers nos futurs articles, de mesurer ce qu'est la réflexion française sur la
diversité humaine et de comprendre les points d'appui politiques qui structurent le métissage
en cours en France avec ses crises et ses doutes.
Une communauté ethnique est ainsi devenue alors politique et sociale.([2] ) Cette histoire a
donné un visage multiculturel à la France du 21ème siècle.
On peut parler aujourd'hui d'une pensée «métisse» ([3]) ou d'une « world culture» qui nourrit
la France. La France « Black, Blanc, Beur », qui fut la formule des années 1990.
2.2 Représentation-identité
Aujourd'hui, on peut dire ainsi qu'un changement anthropologique est en cours: on passe
actuellement du binôme «représentation/ identité» au binôme « différence/ altérité». [4]
Cela repositionne le «fondement culturel» de la personnalité des individus. [5]
275
2.3 Le concept anthropologique de "Branchements".
Les replis identitaires ([7]) restent toujours possibles : les élections de 2002 en France ont
montré les difficultés du «vivre ensemble.» Les élections de 2014 ont confirmé le repli
identitaire.
Rien n'est plus difficile que de faire l'éloge de la «différence» si l'intégration est en panne.
Pourquoi un tel dysfonctionnement? La raison occidentale est conçue comme l'expression
d'une « Technoscience» dominatrice et aliénante. Créer des liens entre l'Europe et le reste du
monde n'est donc pas chose toujours aisée.
276
4 Références
277
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / TODOROV (Tzvetan), Nous et les autres: la réflexion française sur la
diversité humaine, coll. Points Essais, Seuil, 1992, 538 pages
« Nous et les autres. La réflexion française sur la diversité humaine. Le sujet de ce livre est
la relation entre "nous" (le groupe culturel et social auquel on appartient) et "les autres"
(ceux qui n'en font pas partie) ; le rapport entre la diversité des peuples et l'unité de l'espèce
humaine. Un sujet que la France vient de redécouvrir - et qui me touche aussi
personnellement.
(l’auteur est d’origine bulgare)
Cependant, plutôt que d'exposer mes idées sur la question, j'ai voulu interroger les penseurs
français qui y avaient déjà réfléchi, de Montesquieu à Segalen, voire de Montaigne à Lévi-
Strauss. Ne disposant pas de la vérité, je suis parti à sa recherche - avec, et parfois contre,
ces penseurs.
Ce faisant, j'ai dû renoncer aussi à la réserve de l'historien : tout au long de ce travail, mon
but a été d'apprendre, non seulement comment les choses ont été, mais aussi comment elles
doivent être ; j'ai voulu connaître et juger. Car nous ne pouvons pas seulement étudier les
autres : toujours, partout, en toutes circonstances, nous vivons avec eux ».
Questions :
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Quelles solutions propose l’auteur pour améliorer son rapport au monde ?.............................
………………………………………………………………………………………………….
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278
DOCUMENT N° 2 / RAULIN (Anne), L'ethnique est quotidien: diasporas, marchés et
cultures métropolitaines, L'Harmattan, Coll. «Connaissances des hommes», 2000, 229 pages.
« En ce début du 21ème siècle, nous sommes dans une période où les conflits de classes
semblent disparaître du champ politique et de la conscience collective au profit d’une
ethnicisation, voire d’une racialisation de la perception des différences sociales, l’ouvrage
d’Anne Raulin aborde un sujet très actuel qui est celui du marché des produits « ethniques »
dans les grandes métropoles. L’étude, centrée sur l’agglomération parisienne, concerne
d’une part le secteur des commerces ethniques, tenus par des minorités étrangères, d’autre
part la consommation des produits exotiques ou étrangers par ces mêmes minorités et aussi
par les populations autochtones. L’auteur a beaucoup travaillé sur le 13ème arrondissement
de Paris, ie. Le « quartier chinois ». C’est un livre qui compile 15 années de travail
sociologique. »
Questions :
Quels sont les nouveaux conflits qui apparaissent au 21ème siècle ?.............................
………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………….
Quelle conclusion peut –on en tirer sur le visage culturel de Paris ?.........................
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Et chez vous dans votre pays, trouve-t-on ce caractère interculturel et cosmopolite dans les
villes ?
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279
DOCUMENT N°3 / GRUZINSKI (Serge), La pensée métisse, Fayard, 1999, 345 pages
« Serge Gruzinski, explore ici les métissages, nés d'un mélange des cultures, présents aux
quatre coins du monde et qui bouleversent nos repères traditionnels. Il nous entraîne ainsi à
l'époque de la Renaissance (15 et 16ème siècles) , au Mexique ou à Florence, où des cultures
mêlées sont déjà apparentes, comme en témoignent ces fresques mexicaines où la mythologie
est revisitée par la culture indienne tandis que les rites et les traditions locales s'acculturent à
la mode occidentale. Ce parcours original et novateur qui observe aussi les films de
Greenaway et le cinéma de Hongkong, impose peu à peu l'idée que les cultures n'ont eu de
cesse de se mêler. Serge Grusinski bouleverse alors toute une série d'idées reçues et opérant
un constant retour sur notre monde contemporain, remet en cause toutes les frayeurs liées
aux fantasmes de l'uniformisation et de la mondialisation. »
Questions :
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Quels supports l’auteur utilise pour avoir une vision objective de ce phénomène ?..........
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Quelle est la place historique des échanges culturels dans votre pays ?.......................
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280
DOCUMENT N°4 / LAPLANTINE (François), Je, nous et les autres; être humain au-delà
des apparences, Le Pommier, 1999, 152 pages
« L'identité et la représentation sont deux notions qui figent la pensée. En réaction contre les
certitudes identitaires, Fauteur propose de cultiver, de conjuguer nos différences. Parmi les
notions qui constituent un obstacle à l'exercice critique de la pensée, l'identité et la
représentation procèdent d'une même démarche stérile : reproduire à l'infini un sens
préexistant, plutôt que produire un sens nouveau. Elles s'épanouissent toutes deux dans la
conformité aux idées reçues, incapables de se laisser chahuter par la turbulence du réel.
Elles nous empêchent de réaliser qu'il y a de l'autre dans le moi et du moi dans l'autre. Il
convient donc de rafraîchir les mots, de rendre vie à la langue. C'est une tâche tant
individuelle que collective d'une extrême difficulté et qui doit sans cesse être reprise.
Sulfureux mais suffisamment argumenté pour ne pas être péremptoire, ce livre polémique tire
ses exemples de Pessoa, Kafka, Proust, Beckett... aussi bien que de Tintin ! François
Laplantine combat ici pour une façon de penser, de parler, d'écrire autrement. »
Questions :
Que dénonce cet auteur dans la logique psychologique et politique des certitudes
identitaires ?
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Comment par la « langue du quotidien », et la littérature, l’auteur veut nous ouvrir les yeux
sur l’Autre ?
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Trouve dans votre pays des auteurs (de littérature) qui travaillent sur la notion de l’Altérité ?
De la découverte positive de l’Autre ?
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281
DOCUMENT N°5 / AMSELLE (Jean–Louis), Branchements : anthropologie de l'universelle
des cultures, Flammarion, 2001, 265 pages
« Ce livre, qui procède d'un travail de terrain éclaté, nous promène à travers les capitales de
trois pays africains : Bamako au Mali, Le Caire en Egypte et Conakry en Guinée. En cela, il
rompt avec l'approche classique de l'anthropologie, qui privilégie le local par rapport au
global, et répond au souci de cerner au plus près les contours d'une véritable multinationale
culturelle : le N'ko.
Fondé en 1949 pour exprimer l'identité d'un peuple opprimé, le peuple mandingue, ce
mouvement doit beaucoup à l'Europe et à l'islam - l'alphabet dont il s'est doté évoque ainsi les
alphabets latin et arabe, tout en possédant ses caractéristiques propres. A ce titre, le N'ko
illustre les " branchements " possibles d'une culture sur une autre, phénomène de
dérivations multiples qui montre bien que notre monde globalisé n'est pas une simple
juxtaposition d'univers étanches.
Questions :
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Pourquoi cette démarche (globale) et l’objet est inédit par rapport à l’histoire des Hommes ?
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En quoi cette étude relativise le concept identitaire et nous fait comprendre comment les
Hommes créent de la culture ?
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282
DOCUMENT N°6 / GALLISSOT (René) et KILANI (Modher) et RIVERA (Anna-Maria),
L'imbroglio ethnique, Payot-Lausanne, 2000, 294 pages
« Ce livre entend, en quatorze mots clés, se pencher sur quelques notions au centre du débat
actuel sur la citoyenneté et l'exclusion, l'affirmation des identités et le communautarisme,
l'ethnicité et le racisme, le " multiculturalisme " et l'" intégration républicaine ". Un de ses
propos est de montrer que des catégories comme " race ", " ethnie ", " communauté ", "
nation ", " culture ", " langue ", " parenté " n'ont rien à voir avec la nature des choses,
mais qu'elles sont des artefacts, des constructions sociales et historiques, et en tant que telles
arbitraires, conventionnelles et changeantes. Un autre, celui de discuter et de critiquer la
conception généalogique et essentialiste qui sous-tend tant de discours et de débats sur
l'identité culturelle, l'ethnicité et la nationalité. L'idéologie qui interprète le monde en termes
d'inévitables divisions ethniques ancestrales ou de " chocs des cultures " et qui trace de
rigides frontières entre Eux et Nous, s'accompagne souvent d'une répulsion pour le " mélange
" des cultures, comme du refus de l'égalité et de l'universalité des droits. C'est pourquoi, une
place importante est faite dans cet ouvrage aux " droits de l'homme " et à la " citoyenneté "
Questions :
Quels sont les débats sociologiques décrits ici par l’auteur ?..............................................
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Pourquoi l’auteur fait la différence entre « nature des choses et artefacts » ?.....................
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………….
Quel est l’objectif politique des auteurs dans cet ouvrage ?.....................................................
…………………………………………………………………………………………….
Trouve-t-on dans l’histoire de votre pays (ou actuellement) des débats autour des mots tels
que race, ethnie, communauté ?
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283
CHAPITRE 8
284
Texte n° 1 / Comment pense-t-on l’histoire en
France ?
« Devoir de mémoire » et responsabilité de l'historien sont sans cesse mobilisés dans les
débats politiques : de Jules Michelet à Fernand Braudel.
Ainsi une question fondamentale s'impose : peut-on dire que l'histoire en France est une
science fondamentale dans la culture politique? Trois pistes pourront être analysées : quelle
est la nature des rapports entre les Français et leur histoire? Face à la seconde guerre
mondiale, face à la guerre d'Algérie, quel devoir de mémoire les Français entretiennent?
Enfin, nous évoquerons l'usage de l'histoire dans le débat politique français.
La France a connu un sombre épisode au XXème siècle: le régime de Vichy (1940 /1944).
Cela a provoqué un malaise structurel entre les Français et leurs histoires. Le traumatisme de
la défaite de 1940 a été une lourde tragédie pour le pays.
1.2 La décolonisation
Les drames de la décolonisation d'après guerre ont multiplié d'autres pages sombres de
l'histoire de la France, telle la guerre d'Algérie.[1]Aujourd'hui, peu à peu, on essaie de parler et
d'affronter les erreurs du passé. La France reconnaît ses erreurs et encourage d'autres pays à
suivre cet exemple. Pourtant, le Président Sarkozy évoque depuis 2007, un ré-équilibrage sur
la culture de la culpabilité: ce qui a heurté un certains nombres d'intellectuels africains. Le
Premier Ministre britannique, Gordon Brown, va dans ce même sens, c'est à dire de la fin de
la repentance. Avec le président Hollande, ce fut de nouveau la repentance, notamment avec
son discours à Alger.( décembre 2012).
La guerre d'Algérie (1954/ 1962) est pourtant une page très noire, qui reste à éclaircir. Tenter
d'expliquer et de montrer ce qui fut caché : la torture. Elle fut une pratique longtemps déniée
par l'Etat major français lors de cette guerre.[2] Les historiens français travaillent à la
reconstruction "sensible"d'un passé sanglant. Les films "Indigènes" (2006) ou "Ennemi
intime" (2007) reconstruisent ces pages noires.
285
2 Les mutations de l'histoire: entre amnésie et emphase de la
mémoire.
2.1 Une reconnaissance du passé
Donc, peu à peu, la France reconnaît ses responsabilités politiques. C'est le cas pour la
déportation des Juifs lors de la seconde guerre mondiale. Elle hésite à reconnaître les crimes
commis en Algérie, mais le dossier avance. Reconnaître la culpabilité, dans l'histoire, est une
manière de se grandir et d'atteindre une maturité politique.
Mais attention aux excès et aux actes trop usités de contrition, sinon on obtient ce que l'on
nomme les "abus de mémoire", expression crée par Paul Ricoeur. [3]. Ce philosophe
spécialiste en «phénoménologie » et grand traducteur d'Edmond Husserl, déconstruit les
nationalismes qui utilisent trop souvent l'histoire pour justifier leurs positions d'exclusion.
L'instrumentalisation de Jeanne d'Arc est un exemple confondant. Le colonialisme aussi. Tout
ne peut pas être utilisé dans le passé pour justifier des positions politiques présentes. Il faut
parfois légiférer.
Le système éducatif français participe à cet effort citoyen de mémoire en proposant aux élèves
une prise de conscience solide des «soleils noirs» de l'histoire: [5] d'où la création de cours
d'éducation civique dans le système scolaire français depuis le début des années 1990.
Enfin, l'Etat français lui-même s'est impliqué pour créer une loi anti-raciste au milieu dans les
années 1990. (Loi Gayssot). Cette loi a été décidée suite aux attaques des "négationnistes"
(qui refusent de croire à la réalité des camps de concentration allemands) et des attitudes
extrêmes qui menaçaient alors l'ordre social.
Les cadres politiques de la mémoire en France restent l'objet d'une grande attention. Les
Français aiment l'histoire. L'historien Pierre Nora a décrit solidement la mémoire collective
des Français. Etre passionné par le passé. Etre témoin de son temps, c'est créer des lieux
culturels pour l'histoire.
286
4 Références
287
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
DOCUMENT N°1 / NICOLAIDI (Dimitri), Oublier nos crimes: une spécificité française?,
Autrement, Coll. Mutations, 1994, 281 pages
« Dans les consciences françaises, le crime contre l'humanité est une notion qu'on rattache à
la Nation allemande et à son passé nazi. Jamais la France des Droits de l'homme et de la
tradition démocratique n'aurait laissé de tels crimes en son nom ! Et pourtant pour s'en tenir
au XXe siècle, qui connaît l'existence des camps de concentration créés en 1939, qui a
entendu parler de la répression à Madagascar en 1947, sans parler de l'Algérie avant 1954
ou de la ratonnade du 17 octobre 1961 à Paris ? Ces faits, comme tant d'autres, ne font pas
partie de notre histoire officielle et ont été largement escamotés dans notre mémoire
collective. Ce livre veut répondre à une interrogation fondamentale sur notre identité
française. Si le travail de la mémoire est, depuis 1949, consubstantiel à la démocratie
allemande, c'est parce que l'Allemagne a connu une véritable mutation identitaire, ce que la
France n'a jamais connu. Depuis quelques années cependant, une mutation s'opère par défaut
tandis que tombent un à un les anciens tabous. La liberté de parole retrouvée s'accompagne
d'une inflation de témoignages. Plus riche, notre mémoire collective est aussi plus confuse :
en détruisant le mythe national, elle entraîne du même coup une perte de sens qui laisse le
champ libre aux falsificateurs de toutes sortes. Se pencher sur un tel phénomène, qui englobe
l'histoire de France au moins depuis la Révolution, est pour nous un moyen de retrouver un
peu de ce sens perdu, et de contribuer à une authentique mémoire républicaine. »
Questions :
………………………………………………………………………………………………….
Pourquoi la France a une histoire qui a oublié des faits négatifs graves ?.................
……………………………………………………………………………………………..
Que se passe –t-il aujourd’hui en France et en Allemagne face à leur passé respectif ?
…………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
Quelle serait la solution pour revenir une authentique mémoire collective ?...............
……………………………………………………………………………………………..
288
DOCUMENT N°2 / VIDAL-NAQUET (Pierre), Les crimes de l'armée française: Algérie ,
1954- 1962, La découverte, Coll.Poches, 2001, 172 pages
« Ce petit livre est destiné à rappeler les crimes de l'armée française. Je dis bien de l'armée
française, non de quelques officiers. Même si la majorité de l'armée a occupé le terrain plus
qu'elle n'a torturé ou massacré [...], elle n'a jamais désavoué ceux qui égorgeaient, coupaient
les têtes, mutilaient les femmes, les hommes et les enfants "d'en face". »
Cet ouvrage, publié pour la première fois en 1975, offre une nouvelle occasion de regarder
la vérité en face et de reprendre un travail jusqu'à présent inachevé : celui de la mémoire.
Document exceptionnel, Les crimes de l'armée française rassemble en effet des textes
émanant des autorités militaires, politiques et administratives françaises et des témoignages
d'officiers et de soldats. Ils apportent la preuve de ces crimes dont l'armée française s'est
rendue coupable en Algérie, mais aussi en Indochine, et dont les responsables ont tous été
amnistiés sans avoir même jamais été sérieusement inquiétés. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………….
Pourquoi de tels actes ont été commis durant la seconde partie du 20ème siècle ?
……………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
289
DOCUMENT N°3 / RICOEUR (Paul), La mémoire, l'histoire, l'oubli, Seuil, 2000, 675 pages
« La présente recherche est issue de plusieurs préoccupations, les unes privées, les autres
professionnelles, d'autres enfin que je dirais publiques. Pour ne rien dire du regard porté
maintenant sur une longue vie - réflexion faite -, il s'agit tout d'abord ici d'un retour sur une
lacune dans la problématique de "Temps et Récit" et dans "Soi-même comme un autre", où
l'expérience temporelle et l'opération narrative sont mises en prise directe, au prix d'une
impasse sur la mémoire et, pire encore, sur l'oubli, ces niveaux médians entre temps et récit.
Ce livre prolonge, en outre, un dialogue ininterrompu avec les historiens de métier et
notamment ceux qui se sont confrontés aux liens problématiques qu'entretiennent la mémoire
et l'histoire.
Comme on le verra enfin, je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donne le trop de
mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et
des abus de mémoire - et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est donc à cet
égard un de mes thèmes civiques avoués. "
Questions :
Que constate Paul Ricoeur comme différence entre mémoire et Histoire ?..................
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………….
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290
DOCUMENT N°4 / BRAYARD (Florent), Le génocide des Juifs, entre procès et histoire,
1943-2000, Complexe, 2001, 308 pages
« Depuis 1943, la justice s'est faite sous le double signe de la punition des criminels nazis et
de la mise en évidence de leurs crimes, à des fins parfois éducatives ou édifiantes. Et le
juge, en disant les crimes, a souvent dit en même temps l'histoire. Bien que les traditions
juridique et historique soient, différentes, les pratiques employées par le juge et par
l'historien se sont ici révélées très proches, surtout avec la tenue de procès tardifs à valeur "
historique ". Les grands procès de Nuremberg, on de Francfort contre les gardiens
d'Auschwitz, le procès Eichmann à Jérusalem ou encore les procès contre Barbie, Touvier
et Papon, ont contribué de manière décisive à la constitution de récits historiques. Ainsi
historiens et juges se croisent : les premiers ont souvent été considérés comme des
auxiliaires de justice, comme des " témoins " ou comme des experts : en même temps, les
jugements, interrogatoires, pièces à conviction établis par les seconds ont constitué pour eux
une source irremplaçable. C'est de cette confrontation que rend compte ce livre sur la
postérité de la Shoah ».
Questions :
Quelle est la nature des liens entre historiens et juges dans ce livre ?....................
………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………..
Trouve-t-on, dans l’histoire de votre pays, des procès collectif qui font appel aux
historiens ?
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291
DOCUMENT N°5 / FORGES (Jean –François), Eduquer contre Auschwitz: histoire et
mémoire, ESF, 1997, 155 pages
Questions :
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Quelles solutions sont proposées pour qu’un public scolaire puisse intégrer le monde
inimaginable du « Läger » ?
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………………………………………………………………………………………………
292
Texte n° 2 / Comment pense-t-on l’art en
France ?
Les formes d’expression artistiques, en France et comme dans beaucoup de pays, sont
multiples. Des fresques de la grotte de Lascaux au « Penseur » de Rodin jusqu’à
« l’Egouttoir » de Marcel Duchamp, cette infinité de styles et d’œuvres a alimenté
l’extraordinaire richesse du patrimoine artistique français.[1]
Mais ce fut longtemps dans la pierre que s’est d’abord cristallisée durablement l’image d’un
art en France. Une des images fortes qui nous vient lorsque l’on pense à une illustration
traditionnelle de la France, ce sont les œuvres d’art inscrites dans ses paysages. On pense
alors, au charme silencieux de l’art roman qui propose un ensemble d’édifices religieux du
Xème siècle jusqu’à la moitié du XIIème siècle. Chaque région de la France médiévale
présente un style d’art roman ; en Bourgogne, en Auvergne, /dans le Poitou, en Normandie ou
dans le bassin ligérien.
L’art gothique, course monumentale vers la lumière, complétera cette image architecturale,
minérale, de la France avec comme symbole suspendu dans les nuages, la cathédrale de
Chartres ou celle de Beauvais.
2.2 Le classicisme
293
Ainsi, la peinture française du XVIIIème siècle suggère un nouveau style que l’on nomme
alors « rococo » et dont un des exemples les plus hédonistes, est l’œuvre de Jean -Honoré
Fragonard.
Début 19ème siècle, la peinture française, avec les peintres Gros et David, semblent revenir à
des œuvres plus politiques car elles alimentent à nouveau une idée de la France. La dimension
politique des œuvres de ces peintres a un nom : Napoléon. Ce dernier est présenté soit sur le
pont d’Arcole en jeune général courageux (1796) par Gros ou lors de son sacre à Paris (1804)
par le peintre David. L’empereur veut d’ailleurs faire de Paris, la « nouvelle Rome », et fait
construire des monuments dits de « style empire » et qui sont aujourd’hui constitutif de Paris
(ex : rue de Rivoli). Après la révolution de 1848, un courant de peinture nommé « réalisme »
contribuera à produire des œuvres alimentant la construction d’autres images de la France,
plus sociales, avec notamment les paysages de Millet. On y voit des hommes et des femmes
qui travaillent. Finies les mises en scènes politiques.
Les impressionnistes, vers la fin du 19ème siècle, accentuent cette idée du paysage en
travaillant sur la lumière et les œuvres de Claude Monet alimentent encore aujourd’hui un
imaginaire de l’art français et une image internationale de la France. Les peintres post-
impressionnistes, tels que Paul Gauguin, donneront plus de place au rêve en se réfugiant dans
le petit village breton de Pont-Aven ou bien à Tahiti. Puis des peintres de la couleur comme
Matisse ou Cézanne, pour la composition, vont poursuivre les efforts pour trouver des idées
nouvelles qui vont alimenter l’image d’une peinture française toujours en éveil, créatrice.
D’autres courants au 20ème siècle poursuivront ce voyage avec le surréalisme d’André Breton
jusqu’à l’art contemporain s’exprimant au travers de figures telles que Bernard Buffet pour la
branche figurative ou Jean Bazaine pour le non figuratif.[2] Et l’art français dans ce début du
21ème siècle ?
Les grands thèmes abordés actuellement par les artistes ne sont pas nécessairement très
différent de l’art international : la mondialisation est un des grands thèmes, et dans les modes
d’expression, on retrouve le kitsch transgressif ou décoratif.
294
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Du Beau Siècle (17ème siècle) à celui des Lumières (18ème siècle) , la création en France se
caractérise par l’apparition dans les différents arts d’une nouvelle modernité. À travers les
œuvres majeures, en architecture, peinture, sculpture et dans les arts décoratifs, l’enjeu de ce
livre est de dégager l’émergence de cette nouvelle culture artistique faite de références à
l’Antiquité et à la peinture italienne de la Renaissance (16ème siècle), importée à l’aube des
Temps modernes par les artistes italiens appelés à la cour de François Ier, et qui, se mêlant à
des traditions locales, créent des formes très originales.
À côté des lieux emblématiques comme Fontainebleau ou Versailles (deux grands châteaux)
dans lesquels les différents arts sont associés à la gloire du Roi, de nombreux autres
monuments témoignent de la vitalité de la vie artistique et de ses mutations. Primatice,
Goujon, Lescot, Vouet, Poussin, Le Vau, Girardon, Le Brun, Jules Hardouin-Mansart,
Watteau, Fragonard, Houdon et bien d’autres en sont les acteurs. N’oublions pas Georges
de La Tour, Boucher et tant d’autres qui ont participé à l’élaboration de cet art unique.
Cette histoire de l’art en France est fondée sur ses grandes figures et sur les grands courants
qui en découlent, mais elle s’intéresse aussi à la vie des foyers artistiques ( foyer = lieux de
création) , à leur perméabilité à l’Italie ou aux régions septentrionales ( Europe du Nord) et
aux relations intenses entre Paris et la province. Dans l’évolution des styles qui se dessine
ainsi se dégage un modèle que l’on pourrait qualifier de « français », qui s’exportera
ensuite en Europe. »
Questions :
Que constate l’auteur sur l’évolution de l’art en France entre le 16ème au 18ème siècle en
France ?
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………………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………………..
Pourquoi parle-t-on d’un art français qui s’exporte dans toute l’Europe ?....................
………………………………………………………………………………………………..
Quel serait le modèle d’art très connu dans l’histoire de votre pays ?........................
…………………………………………………………………………………………
295
DOCUMENT N°2 / MONNIER (Gérard), L’art et ses institutions en France ; de la
Révolution à nos jours, Gallimard, Coll. Poche, 1995.
Questions :
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Trouve-t-on cette crise dans votre pays ? Quelle est la place culturelle et politique des artistes
dans votre pays ?
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296
DOCUMENT N°3/ PASTOUREAU (Michel) et al., Tympan et portails romans, Seuil, 2014.
« L'art roman est à la mode : notre œil moderne est davantage séduit par l'imagerie des
églises romanes que par celle des églises gothiques. Mais cette préférence ne s'accompagne
pas toujours du savoir qui permettrait d'en comprendre les significations. En s'intéressant
aux tympans et aux portails les auteurs montrent comment le décor sculpté n'a rien
d'ésotérique. Il a un rôle d'enseignement, à la fois théologique et moral, et est également mis
en relation avec les rituels liturgiques (prières, chants, lectures, processions) qui se
déroulent aux portes des églises. »
Questions :
En quoi les sculptures au-dessus des portes de ces églises (section dite du « tympan ») sont
riches au niveau du témoignage historique ?
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Quels sont les monuments religieux qui connaissent le plus de succès dans votre
pays ?..............................................................................................................
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297
DOCUMENT N°5 / JOUBERT (Fabienne), La sculpture gothique en France : du 12ème au
13ème siècle, Ed. Picard, 2008.
« L'histoire de la sculpture gothique est d'abord celle de son devenir à l'époque moderne et
contemporaine; le rappel des faits qui marquèrent l'histoire des monuments et des oeuvres
permet de mieux comprendre leur aspect ou leur localisation actuels : l'iconoclasme
protestant, le vandalisme «embellisseur» du clergé, le vandalisme révolutionnaire, puis
finalement les restaurations maladroites du XIXe siècle sont autant de données qu'il faut
savoir décrypter lorsqu'on analyse une sculpture gothique... Heureusement la vision actuelle
peut s'aider de la très riche documentation laissée par certains témoins des siècles derniers,
et elle bénéficie par ailleurs du travail de protection accompli par les musées comme des
analyses menées dans le cadre des premières réflexions d'histoire de l'art. Il semble donc
indispensable de commencer par prendre la mesure de ce fossé de sept siècles, comme des
passerelles qui nous conduisent vers le temps où les oeuvres furent conçues. Ces pages
consacrées à leur devenir doivent permettre d'envisager, en meilleure connaissance de cause,
l'analyse des sculptures gothiques. Il s'agit alors d'en caractériser les emplacements
particuliers dans le monument : les portails historiés, qui apparaissent à l'époque romane,
deviennent désormais un lieu de prédilection. Mais les cloîtres historiés vont quant à eux
disparaître vers la fin du XIIe siècle, tandis que le mobilier liturgique du sanctuaire prend
une ampleur considérable et que les tombeaux sculptés se multiplient. La question de la
valeur sémantique des oeuvres doit être abordée à la lumière des chapitres fondamentaux du
discours religieux, mais aussi de la fonction qu'elles devaient assumer, comme du contexte
local qui colore souvent le contenu des images et contribue à leur portée.
On cherche à comprendre aussi comment les sculpteurs du milieu du XIIe siècle, formés à
l'esthétique de l'époque romane, pratiquent progressivement un nouveau langage, et à quels
contextes ce langage correspond. Il s'agit aussi de faire le point sur ce que l'on sait
aujourd'hui de l'élaboration concrète des oeuvres : le travail sur les chantiers, les
phénomènes de collaboration, ou encore la mobilité des artistes et des modèles qui permettent
de rendre compte des affinités que l'on peut observer d'un édifice à l'autre. »
Questions :
Quelle furent les accidents qu’a connu l’art gothique ? Que signifie le mot « vandalisme » ?
……………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………
Comment l’auteur nous fait comprendre l’unité de cet art, au final ?...........................
……………………………………………………………………………………………
Quels sont les monuments religieux difficiles à comprendre dans votre pays d’un point de
vue artistique ?.................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………….
298
Texte n°3 / La linguistique en France
Vous qui êtes professeur de FLE, il est important d’avoir une vue d’ensemble rapide de la
linguistique française, en tant qu’objet disciplinaire. Retour rapide sur la langue française et
ses méta-analyses.
La langue française naît officiellement en 843, lors d’un traité politique dit de Verdun. Plus
tard et poursuivant ses distances avec le latin, le Roi François 1 er (1494- 1547), indique que
désormais, il faudra utiliser la langue française dans son royaume.
Cette mise à distance face au latin se retrouve chez des linguistes du XVIIème siècle. Ainsi,
Claude Lancelot (1616- 1695) propose à Port-Royal, une nouvelle façon d’enseigner les
langues, par petits groupes, mais pour cela, il ajoute un enseignement du grec ancien pour
comprendre directement les textes de l’antiquité, ceci, sans passer par les interprétations
latines. Jusqu’au 20ème siècle, les langues mortes et l’histoire des langues resteront néanmoins
une priorité dans le débat des grammairiens. Au début du XX ème siècle, une autre vision
s’impose.
2 La linguistique moderne
2.1 Ferdinand de Saussure
299
2.2 André Martinet
Aujourd’hui, les linguistes français, comme Claude Hagège, se concentrent davantage sur la
diversité des cultures et des langues dans le monde. Nous ne sommes plus dans des approches
théoriques et structurelles, mais nous nous dirigeons vers des analyses plus politiques, ancrées
sur l’identité des hommes et de leurs pays. Pour ce linguiste, il faut considérer une double
approche du langage : le langage est une faculté définitoire de l’être humain. D’autre part, les
langues sont une manifestation historique et sociale de cette faculté. Claude Hagège est connu
aussi pour être un surdoué des langues, ayant des connaissances sur une cinquantaine de
langues. Son approche de la diversité linguistique correspond aussi à la politique menée par
l’idée même de la francophonie.
A travers ce rapide panorama, nous avons voulu ici présenter les ruptures dans l’histoire de la
recherche linguistique en France. De l’histoire des langues, les scientifiques français se sont
peu à peu dirigés vers une approche plus synchronique et pragmatique, et voire même,
aujourd’hui, politique, avec comme concept majeur, la francophonie comme idée de la
diversité des cultures dans le monde.
300
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Questions :
En quoi le cours de F. de Saussure est entouré d’un mythe dans sa rédaction ?................
………………………………………………………………………………………………
Quelle est la portée (scientifique) de ce livre chez les linguistes aujourd’hui ?...
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
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301
DOCUMENT N°2 / MAINGUENEAU (Dominique), Aborder la linguistique, SEUIL, Ed.
Poche, 2009.
« Le langage est la faculté qui par excellence caractérise l'être humain. Il a pourtant fallu
attendre le siècle dernier pour qu'apparaisse la linguistique moderne. Le XXe siècle a ainsi
placé la réflexion sur le langage, l'écriture et les signes au centre de ses préoccupations; une
tendance qui s'accentue en ce début de XXIe siècle, où les échanges immatériels et la "
communication " envahissent l'espace social.»
Questions :
Questions :
302
DOCUMENT N° 4 / WALTER (Henriette), Le français dans tous les sens : grandes et
petites histoires de notre langue, R. Faffont, 1988
« Qui connaît l'origine du mot bureau? La bure, étoffe grossière protégeant un meuble, a
vécu bien des aventures avant de devenir un espace de travail... La langue française, réputée
si formelle, recèle d'innombrables histoires méconnues, parfois rocambolesques, souvent
inattendues, toujours riches d'enseignement. Du français des Canadiens à celui des Belges,
sans oublier le passage à la postérité du comte de Sandwich. »
Questions :
DOCUMENT N°5 / REY (Alain) et al, Mille ans de langue française, Perrin, Coll.
Tempus, 2007
« Cet ouvrage a pour ambition de montrer les origines et les usages du français tel qu'il est
parlé et écrit en France, mais aussi à travers le monde. Ce volume dévoile le long parcours
qui va des premières langues parlées, gaulois et latin, jusqu'à la constitution d'un français "
moderne " apte à tout exprimer et bientôt destiné à traverser les océans. Les partis pris sont
ici nettement affirmés. L'accent est mis sur les interactions du français avec les dialectes et
les langues régionales qui ont, avec lui, traversé les bouleversements de l'histoire. Ce n'est
pas " un " français uniforme et intangible dont est dessiné le visage, mais de " multiples "
français en perpétuelle articulation avec la dynamique de la parole forgeant une langue à la
richesse foisonnante. »
Questions :
303
Texte n°4 / Histoire de la philosophie en
France
Qu’est ce que l’histoire de la philosophie française ? Où se trouvent les racines de la
spéculation ? De la pensée ? Peut- on même parler de philosophie française ?
1 La philosophie médiévale
1.1 Le temps des philosophes étrangers
La France jusqu’au milieu du Moyen-âge, ne fait émerger que peu de pensées originales dans
le raisonnement philosophiques. En effet, jusqu’en 1200, la plupart des grands penseurs, qui
exercent des activités de philosophes, en France, sont des étrangers : J. Scott, Érigène, Albert
le Grand, Thomas d’Aquin[1], Duns Scot.
Etienne Gilson, le grand historien de la période médiévale résume cette époque par cette
pensée majeure, qui est le fait d’avoir identifié « Dieu à l’être. » Cette question centrale se
concentre sur Paris. Pourquoi ? C’est à Paris que se trouve la plus grande université
européenne de théologie. C’est ce caractère singulier qui absorbe beaucoup de penseurs
étrangers. Paris, au moyen–âge, joue un rôle international d’attraction. L’Alma mater
parisienne reçoit des étudiants de tous pays et, grâce au latin, se nouent entre les grandes
villes d’Europe, des échanges intellectuels, beaucoup plus vivants et intenses qu’aujourd’hui.
Face à l’importance des penseurs étrangers qui travaillent dans le Paris médiéval, on peut
évoquer une « philosophie en France » plus qu’une « philosophie française ».
304
2 L'émergence d'un hédonisme français
2.1 La redécouverte de l'antiquité
A la Renaissance, les philosophes français accentuent leurs prises de distance avec Aristote.
On tente également d’introduire l’hellénisme et on repense timidement le rapport à Dieu.
Certes, Calvin refuse que l’on divinise le désir dans son ouvrage « Traité des scandales ».
Toutefois, Rabelais, dans « L’abbaye de Thélème », envisage une vision plus hédoniste de la
vie et naturalise le désir chez l’homme en affirmant qu’il préfère « le blanc de la joie que le
bleu incertain du ciel ». Montaigne, dans ses « Essais », poursuit cette route d’introspection de
l’humain, le rapport à son corps, le rapport à l’imagination. Enfin, toujours à cette même
époque, on distingue des auteurs politiques qui pensent, enfin, à la notion de souveraineté du
peuple et le poids terrible de la tyrannie des monarques. On peut ici évoquer Jean Bodin, De
La Boétie ou Du Pessis-Mornay.
Le XVIIe siècle est, non seulement, pour la France mais aussi pour l’Europe, celui du
cartésianisme. Ce fut une véritable « révolution copernicienne ». Qui est Descartes ? C’est
tout d’abord un penseur anticonformiste, avec un art solide pour dire « non », et un refus de
l’obscurité, auquel s’ajoute une volonté de créer un discours ordonné, une limpidité de la
langue familière, et la cohérence d’un raisonnement logique. Pour ce philosophe du XVIIème
siècle, le bon sens est la chose au monde la mieux partagée. L’autre auteur majeur est Pascal,
qui soutient l’opposition entre cœur et raison.
Au XVIIIème siècle, c’est la philosophie des « Lumières ». Ce sont des philosophes français
qui abordent la réalité dans un esprit d’ouverture politique et acceptent le monde des
techniques innovantes. Ainsi Voltaire connu pour son concept de « tolérance », suit tout
d’abord une logique (peu connue) qui construit toute son œuvre : la logique de la physique
newtonienne. Cela aboutira à une mystique du progrès que l’on retrouvera chez
CONDORCET[2], véritable théoricien et inconditionnel partisan de cette notion. L’aspect
religieux et politique illustre l’œuvre de Rousseau, autre « Lumière ». Ce dernier parle de
« religion naturelle » chez l’homme. D’autre part, dans son analyse politique, à travers son
œuvre intitulée le « Contrat Social », il suggère la souveraineté du peuple de manière moins
timide que la Boétie et annonce, ainsi, la révolution de 1789.
305
3.3 Les résistances et les nouveautés du XIX ème siècle
A la fin du XIX ème siècle, un choc se produit avec l’apparition d’une idée nouvelle : le
concept d’évolution. Les travaux de Lamarck ont contribué à imposer cette idée en France,
idée confirmée par les découvertes de Darwin. L’autre philosophe et scientifique français qui
s’impose en France, se nomme Ernest Renan : ce dernier a compris tout le changement de
pensée que supposait l’idée d’évolution. Le grand progrès de la réflexion moderne - affirme
Ernest Renan - a été de « substituer la catégorie du devenir à la catégorie de l’être [...].
Autrefois tout était considéré comme étant [...] Maintenant tout est considéré comme en voie
de se faire".
Suite à ces révolutions coperniciennes, le XX ème siècle absorbe plus prudemment les idées
des siècles passés. Les deux guerres mondiales ont laissé des traces et relativisent la place de
l’homme dans l’histoire. Le philosophe Michel Foucault, évoque désormais l’image furtive de
l’homme et indique que « l’homme n’est pas de toujours et sans doute pas, pour toujours ».
Des philosophes chrétiens comme Teilhard de Chardin accepte et intègre les travaux de
Darwin.
Le rapport au temps devient une science clé dans la philosophie française avec des noms
majeurs : Jean- Paul Sartre, Husserl, Merleau-Ponty, E. Levinas. Puis viendront des
« penseurs de l’inconscient », influencés par l’œuvre de S. Freud : ce sont notamment les
noms suivants : Lacan, Deleuze, Foucault. Ces trois derniers penseurs accordent une place
centrale à la folie. Celle-ci propose à la philosophie un défi immense. La folie casse les
certitudes.
306
4.4 La fin des idéologies?
La fin du siècle reste marquée par le mariage entre l’anthropologie et la linguistique. Roland
BARTHES ou LACAN donneront des résonances et des applications multiples à cette union.
D’autres auteurs comme Jankélévitch affirmeront l’impossibilité de créer une éthique suite au
siècle idéologique et si meurtrier du XXème siècle. André Comte-Sponville tente d’avoir une
analyse plus sereine pour aborder le nouveau XXIème siècle. On parle désormais
« d’humanisme », une pensée qui renoue avec l’antique tradition et cherche l’intimité de
l’énigme universelle chez l’homme.
5 Références
1. ↑ BRETON (Stanislas), Saint Thomas d’Aquin, 1965, Paris, Seghers, 190 pages.
2. ↑ DAGEN (Jean), L’histoire de l’esprit humain dans la pensée française : de
Fontenelle à Condorcet, 1977, Klincsiek, 717 pages.
307
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Sans doute la philosophie a-t-elle vocation à l'universalité. Mais, selon les temps et les
lieux, la vérité revêt des couleurs diverses. Platon et la philosophie grecque ne sont pas la
même chose que Hegel et la philosophie allemande, ni que Hume et la philosophie anglaise.
Dans cette déclinaison nationale de la philosophie à travers les siècles, la France n'occupa
pas, croit-on souvent, le premier rang. Que pèsent Descartes ou Bergson à côté de Kant ou
de Heidegger ? L'entreprise conduite par Denis Huisman, dont la réputation n'est plus à
faire, tend à redresser une idée reçue : la légèreté française s'épanouit dans la littérature et
se refuse au concept. Il existe bel et bien une philosophie française, marquée par
l'importance de l'histoire nationale et la place occupée traditionnellement par l'Etat. C'est à
repérer ces lignes de force de cette philosophie, à marquer son originalité et à décrire ses
évolutions que s'emploie cet ouvrage. Les six siècles traités par des spécialistes
incontestables font mieux connaître ou découvrir à la fois les questions que posent chaque
époque et les auteurs qui travaillent à les éclaircir. »
Questions :
……………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………….
Quelles solutions l’auteur trouve pour parler d’une singularité française pour une science de
la pensée particulière liée à la France ?
…………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………
Chez vous, quels sont les « grands » philosophes qui s’imposent dans votre culture et dans
votre langue ? Pourquoi votre choix sur tels ou tels auteurs ?
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………….
308
DOCUMENT N°2 / VEILLARD-BARON (Jean –Louis), Philosophie française, Armand
Colin, 2000.
Questions :
…………………………………………………………………………………………………..
Quelles sont les six grandes œuvres de cette philosophie dite « française »?
TITRE(s)
AUTEUR(s)
………………………………………………………………………………………………
Quel est l’impact de ces auteurs dans l’histoire de la pensée de l’histoire de votre pays ?
……………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………
309
DOCUMENT N°4 / FRUTEAU DE LACLOS (Frédéric), La psychologie des philosophes,
2012, PUF.
Questions :
………………………………………………………………………………………..
Qui furent les auteurs de ce lien entre deux disciplines en sciences humaines ?..................
…………………………………………………………………………………………..
Qui furent les disciples (ceux qui ont aimé) de cette approche ?
...............................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………….
Pourquoi cette fusion est aujourd’hui abandonnée par la pensée du 21ème siècle ?
………………………………………………………………………………………….
Dans votre pays, trouve-t-on une telle fusion de deux disciplines ?....................
…………………………………………………………………………………….
310
CHAPITRE 9
311
Texte n°1 / La francophonie dans les
Amériques
La francophonie des Amériques a plusieurs emblèmes, plusieurs entités historiques. Pour le
Canada, nous pouvons citer : le Québec, la partie acadienne du Nouveau-Brunswick, la zone
francophone de l'Ontario. Aux USA, l’emblème de la francophonie est la Louisiane. Plus
discrète en Amérique du Sud, la francophonie s’exprime aussi dans l’histoire des immigrés
européens que ce soit en Argentine ou au Chili. Entamons notre panorama introductif du nord
vers le sud.[1]
Regardons de plus près le Québec. Fondé par l’explorateur français Jacques Cartier en 1534,
le Canada fut d’abord une colonie française qui s’est cristallisée sur le territoire de l’actuelle
ville de Québec, fondée en 1608. La colonisation française amènera, jusqu’à la Conquête
britannique en 1763, 69 000 immigrants français en Amérique du Nord. Au cours du XVIII et
XIX ème siècle, la Conquête du Canada par les Britanniques aboutira au contrôle des terres de
la « Nouvelle-France ». Le Canada est aujourd’hui une nation bilingue et multiculturelle ;
l'anglais et le français sont, à statut égal, les langues officielles. Le Québec est la seule
province fortement francophone (80 %) alors qu’au "Nouveau Brunswick" ou dans le
territoire du "Yukon", nous sommes dans une situation de bilinguisme.
Les Canadiens francophones ont joué un rôle clé dans le développement de la francophonie
car ce sont eux qui ont fondé, en 1954, « l’Union Culturelle française ». En 1961, à
l’université de Montréal, on met en place l’AUPELF, « Association des universités
partiellement ou entièrement de langue française. » Dans ce contexte d’éternelles initiatives,
nous avons pu voir une génération dynamique d’écrivains québécois, tels Hubert Aquin
(1929- 1977) qui a crée le « nouveau roman » québécois. On doit citer aussi, Réjean
Ducharme qui publie en 1966, « L’avalée des avalés » ou bien encore Dany Laferrière.
Aux USA, dès la fin des années 1960, la francophonie s’organise aussi, en créant une
nouvelle institution, le COFODIL (« Conseil pour le développement du français en
Louisiane »). Cet organisme fut crée par James Domengeaux, député américain et avocat
francophone. La Louisiane n’est pas officiellement bilingue, mais l’action du COFODIL a
permis de donner à la langue française, un statut particulier. En 1971, pour preuve, le
gouverneur élu de l’Etat de Louisiane, Edwin Edwards, fut le premier homme politique de
haut rang francophone ayant des responsabilités au niveau de la fédération des USA.
312
2.2 La naissance du concept de "négritude" aux Antilles
Au niveau des Antilles, nous devons évoquer celui qui a employé pour la première fois le
concept, l’idée de « négritude »[2], à savoir, l’écrivain et l’homme politique martiniquais,
Aimé Césaire, ceci dans la « revue Noire ». Qu’est ce que la négritude ? C’est l’ensemble des
valeurs spirituelles et culturelles des hommes noirs. Cette notion sera véhiculée très largement
par Léopold Sédar Senghor et par le Guyanais, Léon Damas (1912- 1978). Poursuivons plus
au sud des Amériques.
L’Amérique du Sud a aussi une histoire de la francophonie. Ainsi en Argentine, on peut noter
que la majorité des immigrés sont venus d’Europe, dont de nombreux Français. Au Chili, le
cas est plus connu. Les responsables politiques du Chili au XX et XXI ème siècle, ont eu des
ancêtres français comme au Chili.[3]Dans un registre plus culturel, certaines parties du centre
ville de Santiago nous font penser au style haussmannien. La vie quotidienne des Chiliens
peut être touchée par la gastronomie française. Ainsi la baguette chilienne nommée
« marraqueta », a été inventée par les frères Marraquet, des Français qui avaient inventé ce
produit du quotidien, au début du 20 ème siècle.
Enfin, à cela s’ajoutent les régions d’Amérique du sud qui appartiennent au territoire de la
France telles que la Guyane. On le voit, tous ces cas semblent différents. Il y a plusieurs
francophonies. Des régions où la langue française est officielle et majoritaire, et ailleurs, c’est
le bilinguisme. Enfin, il y a d’autres pays où la langue française est liée de manière plus
discrète à l’histoire des migrations du XIX ème siècle.
4 Références
1. ↑ VALDMAN (Albert) et al., Le français en Amérique du nord, 2005, Presses
universitaires de Laval, Québec, 2005, 583 pages
2. ↑ JAUNET (Claire-Neige), Les écrivains de la négritude, Paris, Ellipses, 2001, 127
pages.
3. ↑ BLANCPAIN (Jean-Pierre), Le Chili et la France : XVIII-XXème siècle, Paris,
l’Harmattan, 1999, 239 pages.
313
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Questions :
……………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………….
Quels sont les rapports avec l’Europe de ce français d’Amérique du Nord ?...............
………………………………………………………………………………….
Connaissez–vous, dans votre pays, des francophones venus d’Amérique du Nord ? Des
contacts personnels ou des écrivains connus?
............................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………
314
DOCUMEN T N°2 / PATRICE (Martin) et DREVET (Christophe), La langue française
vue d'ailleurs : Amériques, Asie et Caraïbes , Ed.Zellige, 2009
« L’attribution, ces dix dernières années, de prix aussi prestigieux que le Goncourt, le
Renaudot, le Femina ou le Grand Prix de l’Académie française à des écrivains
francophones confirme si besoin était la vitalité de la langue française. Ne pas être limité à
un seul territoire a permis au français de se renouveler, de se métisser, de s’enrichir. De
Buenos Aires à Montréal, de Bogotà à Port-au-Prince, de Mexico à Fort-de-France et
Pointe-à-Pitre, vingt-cinq écrivains témoignent du rapport qu’ils entretiennent avec la langue
française.
Pourquoi écrit-on en français ? Dans quelle intention ? Volonté de défendre son statut
lorsqu’il est minoritaire, souci de faire entendre ses spécificités, ses particularismes, de
préserver sa culture de l’uniformisation, les raisons sont multiples et diverses selon les pays
et les écrivains. »
Questions :
…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………….
315
Texte n°2 / La francophonie en Europe
Qu’est ce que la francophonie en Europe ? Ce sont tout d’abord 11 pays de l’UE qui
appartiennent à l’ « OIF » (« Organisation Internationale de la Francophonie »). [1] Certains
sont des pays dits « observateurs », à savoir : la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la
République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Grèce et l’Autriche. Les autres pays sont des
membres à part entière de l’OIF sont : le Luxembourg, la France et la Belgique.
Le noyau initial de la langue française fut celui d’un Etat centralisateur qui à partir de 1539,
impose la langue française comme langue officielle du Royaume de France. En 1794, on
rappelle, en pleine révolution, que le français est la langue obligatoire dans l’enseignement. A
la fin du XXème siècle, face à la mondialisation de la culture, la France a décidé d’ajouter
cette phrase dans l’article n°2 de sa constitution : « La langue de la République est le
français ».
Enfin, l’Etat français a reconnu, récemment, l’usage et l’enseignement des langues dites
« régionales » (breton, alsacien, …..). On le voit, même en France métropolitaine, la
francophonie devient plurielle. Que se passe t-il sur les « marches » de la France, à ses
frontières ?
316
2.2 La Suisse
La Suisse est le pays type européen qui sédimente plusieurs cultures, plusieurs langues. On y
distingue quatre langues : l’allemand (63%), le français (20%) l’italien (6.5%) et le romanche
(-de 0,5%). La langue française est parlée dans l’ouest du pays. On nomme cette zone
« Suisse romande ».On y trouve quatre cantons unilingues français : Genève, Jura, Neuchâtel
et Vaud. A cela s’ajoutent trois cantons bilingues : Fribourg, Valais et Berne. Plus au sud, une
autre principauté reconnaît le français comme usage linguistique. C’est la principauté de
Monaco.
La « principauté de Monaco » a décidé depuis 1962, que le français serait la langue officielle
pour tous les documents institutionnels ou judiciaires. 58 % des personnes de la
« Principauté » parlent le français.
4 Références
1. ↑ BRIDEL (Yves) et al., L’Europe et les francophonies : langue, littérature, histoire,
image, Université Marc Bloch, Strasbourg, 2006, Editeur Bruxelles P. Lang, 329
pages.
2. ↑ QUAGHEBEUR (Marc), Belgique francophone : quelques façons de dire les
mixités, WIEN, 1997, 2 vol., 217 et 306 pages.
317
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
Questions :
………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………….
………………………………………………………………………………………
318
DOCUMENT N°2 / SZENDE (Thomas), Politiques linguistiques, apprentissage des langues
et francophonie en Europe centrale et orientale, Ed. EAC, 2009
Les chantiers linguistiques, éducatifs et politiques sont étroitement liés. Leur interdépendance
est réactivée par les bouleversements récents dans l'Est de l'Europe. A l'heure des
élargissements, l'apprentissage des langues revêt une acuité particulière.
Questions :
Quels sont les défis auxquels l’Europe doit faire face à la diversité linguistique ?
………………………………………………………………………………………..
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319
Texte N°3 / La francophonie en Afrique et
dans les Etats arabes
La France et le continent africain entretiennent un présent et un passé politique sensible et
parfois difficile. Et pourtant, un héritage culturel et linguistique existe. L’histoire de
« l’AEF » (créée en 1910) et de « l’AOF » (créée en 1895) reste lourde de conséquence.
1 La francophonie en Afrique
1.1 L'heure des bilans sur le passé colonial
Quelle est la situation actuelle ? On trouve une trentaine de pays francophones en Afrique,
situés au Nord Ouest et sur la façade orientale (près de l’océan indien). La colonisation fut
certes douloureuse mais dès les années 1950, certains hommes de "bonne volonté" ont voulu
créer une atmosphère de "bonne entente" entre l’ancienne puissance coloniale, la France et les
pays d’Afrique alors en voie d’indépendance. Ainsi, dans ce registre, l’ancien président de la
Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny avait inventé l’expression au départ positive de
« France-Afrique ».
Mais le livre de François Xavier Verschave a rendu cette expression péjorative et néo-
coloniale. L’auteur a dénoncé l’influence diplomatique de la France mais aussi les scandales
financiers. Aujourd’hui tout reste à construire ou à reconstruire pour ce qui de la francophonie
en Afrique noire et dans les Etats Arabes. Toutefois, depuis près de 50 ans, de hauts
responsables de la francophonie d’origine africaine tentent de ré-équilibrer les rapports entre
la France et le continent africain. Ainsi, Abdou Diouf préside depuis 2003 l’OIF : il s’impose
pour donner une vision plurielle de la francophonie. Ainsi, de nombreux pays d’Afrique noire
ayant le français pour langue officielle continuent à exister. Mais nuançons. Par exemple, au
Mali, le français est toujours utilisé pour les déclarations administratives mais le "bambara"
est aujourd’hui parlé par plus de 80 % des Maliens.
Cet effort pour l’apaisement entre les colonies d’Afrique et la France ont eu trois figures
majeures. Léopold Sédar Senghor (président de la République du Sénégal à partir de 1960),
Habib Bourguiba, président de la Tunisie à partir de 1957 et Hamani Diori, président du
Nigéria de 1960 à 1974. Léopold Sédar Senghor, dès 1966, veut créer une communauté
francophone. Habib Bourguiba désire, quant à lui, un « Commonwealth à la française ».
Enfin, Hamani Diori arrive à faire adopter la création de l’ACCT, en 1970, c’est-à-dire
l’ « Agence de coopération culturelle et technique ». L’ACCT est l’aboutissement matériel et
politique du travail de ces trois hommes.
320
2.2 Une nouvelle génération d'écrivains
De tous ces efforts, en matière de coopération économique, politique ou culturelle, sont nés
des écrivains africains s’exprimant en français et ayant une renommée internationale. Ainsi,
en 1968, l’Ivoirien Amadou Kourouma (1927- 2003) renouvelle le roman africain en publiant
« Les Soleils des indépendances ». L’auteur y mêle le français, le phrasé, le rythme et la
pensée malinkés. La nouvelle génération des écrivains africains a pour noms : le Congolais
Alain Mabanckou, le Guinéen, Tierno Monémembo, le Tchadien, Nimrod ou le Djiboutien,
Abderrahme Warebi.
Un des grands cinéastes francophiles africains est sans conteste, le Malien Souleymane Cissé
qui a produit des films reconnus tels que « Baara » (« le travail »), « Finyé » ( « le vent ») ou
« Yeelen » ( « La lumière »). Pour ce dernier film, ce cinéaste malien obtiendra « le prix du
jury » au festival de Cannes. (1987). Une « francographie » s’installe peu à peu.[1]
Dans beaucoup d’Etats arabes, la langue officielle est l’arabe littéral. Le français peut être
assez fréquemment utilisé sans qu’elle soit aussi une langue officielle.[2] De plus, certains
Etats n’adhèrent pas à l’organisation internationale de la francophonie, telle que l’Algérie.
Des réticences existent toujours de part et d’autre de la Méditerranée. C’est pourquoi, on tente
actuellement de changer les choses, de diminuer les craintes par la mise en place en 2008 d’un
grand projet de coopération intitulé « Union pour la Méditerranée ». C’est un projet à la fois
économique et politique. Cette union doit créer de nouveaux phénomènes culturels et
humains.
Prenons l’exemple de la francophonie au Maroc. La langue française, dans ce pays, est parlée
couramment par plus de 60 % des Marocains. Le français est présent dans tout le système
éducatif marocain. Plus imposante l’Algérie présente 22 millions de personnes qui parlent le
français. A ce titre, l’Algérie est le deuxième plus grand pays francophone du monde, après la
France. L’arabe classique reste la langue officielle du pays. C’est en évoquant « l’Algérie, la
France et ses colonies » que le géographe français, Onésime Reclus (1837- 19216) avait crée,
d’ailleurs, la notion de « francophonie ».( livre édité en 1800).
Plus au sud, en Egypte, ce sont les campagnes de l’Empereur Napoléon, accompagnées d’une
multitude de chercheurs (égyptologues, ingénieurs, historiens…), qui ont crée des rapports
entre la France et le pays des Pharaons. Au XIX ème siècle, tous les étrangers qui vivaient en
Egypte parlaient le français, alors langue internationale. L’affaire du « Canal de Suez » en
1956 a nuancé l’influence de l’épisode napoléonien (le code napoléonien a servit de base aux
institutions égyptiennes). Pourtant, à la fin du XXème siècle, l’Egyptien Boutros-Boutros-
Ghali, ancien secrétaire général des Nations Unies, a fait pression pour que le français
retrouve sa place dans les échanges diplomatiques (pour les entretiens ou les textes officiels).
321
C’est ainsi que l’on trouve, au Caire, un lycée français qui scolarise plus de 1600 élèves. (dont
32 % sont des élèves égyptiens). A cela s’ajoute, toujours en Egypte, l’université Senghor,
qui propose des formations gratuites pour les futurs cadres africains de la francophonie.
(niveau 3 ème cycle, dans les domaines de l’administration, environnement, nutrition ou
gestion du patrimoine culturel).
Boutros –Boutros Ghali, Egyptien, qui a été aussi responsable de l’OIF ( « Organisation
Internationale de la Francophonie ») s’exprime en 1998 sur la mondialisation et sur la
puissance anglo-saxonne : « si tous les Etats devaient parler la même langue, penser de la
même manière, agir de la même façon, le risque serait grand de voir s’instaurer un système
totalitaire à l’échelle internationale, tant il est vrai qu’à travers les termes employés, c’est
une culture, un mode de pensée, et finalement, une vision du monde qui s’expriment. »
(Symposium sur le plurilinguisme à Genève, « OIF », extrait d’un discours de 1998).
On le voit que ce soit en Afrique noire ou dans les Etats arabes, le rapport à la langue
française est en pleine mutation, en interrogation..
5 Références
1. ↑ DASSI (M.), Phrase française et francographie africaine : de l’influence de la
socioculture, Allemagne, Lincom Europa, 2008, 425 pages.
2. ↑ JOSSELIN (Charles), Arabofrancophonie, Haut Conseil de la francophonie, 2001,
L’harmattan, 219 pages
322
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« Ce livre est le recueil des principaux textes présentés au colloque international des
universitaires et acteurs culturels, économiques et politiques francophones réunis à
Kinshasa, en mai 2012. Les intervenants ont ici choisi d’examiner le positionnement actuel
de la Francophonie au regard des questions touchant à la thématique centrale du Sommet :
l’environnement et l’économie, considérés comme des domaines d’intervention plutôt
novateurs, mais aussi les domaines traditionnels d’intérêt de la Francophonie : la culture, la
langue, l’éducation, la diplomatie…La finalité de ces analyses a été de définir les voies
d’une mutation qui assure l’avènement d’une Francophonie influente, moderne, en prise sur
les changements rapides que connaît notre planète ; une Francophonie qui soit « acteur
majeur de l’émergence et de l’enracinement d’une gouvernance mondiale solidaire,
responsable et démocratique ».En somme, cet ouvrage se veut être une invitation à la
mobilisation de tous les francophones en vue de constituer, ensemble, un espace géoculturel
et géostratégique francophone mondial. »
Questions :
Quels sont les défis de la Francophonie au 21ème siècle en Afrique et dans les Etats
Arabes ?
………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………….
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………………………………………………………………………………………
323
DOCUMENT N°2 / BERRE (José), et al., La francophonie, l’Afrique et la Suisse, Bookelis,
2015
Questions :
Quelle est l’analyse politique faite entre la Suisse et les Etats africains ?......................
……………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………….
Quelles sont les solutions politiques et culturelles suggérées dans cet ouvrage ?
………………………………………………………………………………………
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324
DOCUMENT N°3/ CHEIKH ( Anta Diop), Nations nègres et cultures : de l’antiquité nègre
égyptienne aux problèmes de l’Afrique noire aujourd’hui, Présence d’Afrique, 2000.
« Avec quarante ans de recul on s'aperçoit que les grands thèmes développés dans NATIONS
NÈGRES ET CULTURE, non seulement n'ont pas vieilli, mais sont maintenant accueillis et
discutés comme des vérités scientifiques, alors qu'à l'époque ces idées paraissaient si
révolutionnaires que très peu d'intellectuels africains osaient y adhérer. L'indépendance de
l'Afrique, la création d'un Etat Fédéral continental africain, l'origine africaine et négroïde de
l'humanité et de la civilisation, l'origine nègre de la civilisation égypto-nubienne,
l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines, etc.,
tels sont quelques thèmes principaux explorés par Cheikh Anta Diop, l'historien africain le
plus considérable de ce temps. »
Questions :
…………………………………………………………………………………..
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En quoi cette étude nous montre que l’Afrique reste un continent riche en cultures encore à
découvrir ?
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325
DOCUMENT N° 4 / LEFEVRE (Marie), Le soutien américain à la francophonie : enjeux
africains-1960-1970, Presses de Sc PO, 2010
A la fin des années 1960, les États-Unis appuient contre toute attente la création de l’Agence
de coopération culturelle et technique (« ACCT »), premier organisme intergouvernemental
de la Francophonie, conçu pour répondre à un enjeu africain.
L’objectif américain en pleine guerre froide est d’ancrer les pays d’Afrique francophone
dans le camp occidental, puis de s’assurer une accessibilité illimitée aux matières premières
du continent noir. Elle oblige les Américains à dépasser leur rivalité économique et politique
avec la France et à s’inscrire dans les stratégies africaines de cette dernière. En projetant
sur l’institution francophone naissante un regard de nature géopolitique, Washington fait
preuve d’une attitude visionnaire. Ce livre offre un éclairage nouveau sur l’émergence de la
Francophonie en la sortant du seul cadre France-Afrique-Canada. Il ne s’agit plus d’une
organisation régionale supplémentaire, mais bien d’un rassemblement à vocation
internationale ayant une place dans une nouvelle ère mondiale de détente. »
Questions :
Quelle est la situation politique décrite entre les Etats-Unis, l’Afrique et la France ?.
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326
DOCUMENT N°5 / DESOUCHES (Christine), De Dakar à Dakar : 5 ans d'engagement de
la Francophonie au service des droits de l'Homme, de la démocratie et de la Paix, Ed.
Bruylant, 2015.
Ce « retour aux sources » est une heureuse opportunité pour la Francophonie de se pencher
sur le chemin parcouru au cours de ce quart de siècle dans l'accomplissement de ses missions
et l'affirmation progressive de sa place sur la scène internationale. Cette introspection
contribue à conforter le Pacte de solidarité qui unit ses membres, porté par une langue et des
valeurs communes, et des partenariats stimulants.
C'est dans ce sens qu'Abdou Diouf, acteur majeur de ce parcours, soutient cet ouvrage et
l'action menée au service des droits de l'Homme, de la démocratie, de l'État de droit et de la
paix.
À quels principaux enjeux, tant au niveau interne à la communauté francophone, que sur le
plan international, cet engagement donnant corps à la dimension politique de la
Francophonie, veut-il répondre? Comment sont-ils appréhendés et résolument déclinés par
l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Selon quelles séquences et selon
quelle démarche propre ? De quelle empreinte spécifique la Francophonie peut-elle se
prévaloir sur le traitement de ces questions au niveau international ? Comment, en
s'appuyant sur ces atouts, mieux relever les défis actuels inhérents à la paix, à la démocratie
et aux droits de l'Homme, dans un monde et un espace francophone qui ont profondément
changé en 25 ans ? »
Questions :
Quel fut le thème développé en novembre 2014 au Sénégal par la francophonie ?...................
……………………………………………………………………………
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Quels sont les défis visés par l’OIF pour tout le 21ème siècle ?....................................
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327
Texte n ° 4 / La francophonie en Asie et zone
Pacifique
Dans la zone Asie – Pacifique, on trouve des régions francophones moins denses qu’en
Afrique. Néanmoins, on peut évoquer le Vietnam qui est le pays le plus peuplé en tant que
membre de l’OIF (« Organisation Internationale de la Francophonie »).
Le Vietnam [1] compte, en effet, 81 millions d’habitants, mais ce pays ne compte que 0,2 % de
« francophones » ou de « francophones partiels » (selon l’expression du linguiste Robert
Chaudesson), soit un total de 375 000 personnes. On doit ici souligner le passé colonial
français qui nommait alors toute la péninsule de l’Asie du Sud Est, la « Cochinchine ». Ce
passé politique n’est pas neutre pour expliquer ce que l’on peut découvrir au Cambodge ou au
Vietnam. Au Cambodge, cet ancien protectorat français a obtenu son indépendance en 1953.
328
2 Les avancées institutionnelles de la francophonie dans la zone
Asie Pacifique
2.1 Le rôle du Prince Sihanouk
Dans la zone Asie, on peut évoquer le rôle clé du Prince Sihanouk[3] , né en 1922 au
Cambodge, qui comme Charles Hélou au Liban, fut un pionnier pour créer la francophonie
d’aujourd’hui.
C’est en enfin, toujours en Asie, à Hanoi, que l’on désigna pour la première fois, en 1997, un
secrétaire général pour diriger l’OIF. Pourquoi un « secrétaire général » ? C’était une façon de
renforcer la dimension politique dans la notion même de francophonie, de lui donner ainsi,
une impulsion plus volontariste. L’OIF s’est donc complétée dans une maturité politique et
administrative à Hanoi. L’OIF est donc, aujourd’hui, une organisation internationale à part
entière. En 2005, une dernière réforme a fait de cette organisation, un organisme davantage
intergouvernemental et dirigé par des trois instances politiques, un secrétaire général et des
« opérateurs ».
3 Références
1. ↑ DANIEL (Valérie), La francophonie au Vietnam, 1992, Paris, l’Harmattan, 141
pages
2. ↑ DAVID (Gilbert) et al., Traditional village, food security, and developement of
fisheries in Vanuatu, 1992, Port Vila, 53 pages
3. ↑ TONG (André), Sihanouk ; la fin des illusions, 1972, Paris, La table ronde, 233
pages.
329
EXERCICES D’APPROFONDISSEMENT AVEC VOS ETUDIANTS
« La France voulait, lors de son expansion coloniale pendant le 19e siècle, créer des
comptoirs et colonies français partout dans le monde. C’est ainsi qu’ils ont fondé des
protectorats en Asie du Sud-Est, mieux connus sous le nom d’« Indochine ». Ce nom
comprend les pays du Cambodge, du Laos et du Vietnam avec ses trois provinces, le Tonkin,
l’Annam et la Cochinchine. De 1887 à 1949, ces pays formaient l’« Union d’Indochine »
avec l’annexion ultérieure du Laos en 1893. Ces pays sont devenus aujourd’hui une partie
importante de la Francophonie en Asie depuis le début de ce mouvement mondial dans les
années 1960 du 20e siècle. Ainsi, l’ancien président sénégalais et poète Léopold Sédar
Senghor (1906-2001) a joué un rôle important dans la propagation de l’idée d’une
Francophonie internationale après la décolonisation des territoires français. Sédar Senghor
prend comme point de départ la langue française comme « langue de culture » qui est le «
véhicule d’un humanisme » et non seulement un critère linguistique.
Il est convaincu que la France et ses anciennes colonies peuvent s’enrichir mutuellement sur
le plan culturel. Le but de ce travail est l’étude de la Francophonie en Asie du Sud-Est sous
un point de vue historique mais prenant aussi en compte la situation actuelle de la
Francophonie au Cambodge, au Laos et au Vietnam et la signification de la langue
française dans ces trois pays.
La première partie de ce petit mémoire sera consacrée à un aperçu historique de la
colonisation française en Asie du Sud-Est à partir du 19e siècle jusqu’à la fin de la guerre
d’Indochine (1946-1954). Ensuite, nous étudierons la phase de disparition du français dans
les trois pays de l’ancienne Indochine pendant la période de 1954 à 1990 et puis, nous
examinerons la situation actuelle de la Francophonie en Asie du Sud-Est. Enfin, nous
discuterons des prédictions pour l’avenir de la Francophonie sur ce territoire. »
Questions :
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Quel est le renversement culturel de valeurs de la langue française en Asie au 21ème siècle ?
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330
DOCUMENT 2 / MARTINEZ (Pierre), Dynamiques des langues et plurilinguisme en Corée,
2013, Riveneuve.
« En Asie de l’Est, dans le contexte socio-économique et culturel actuel, les langues sont
soumises à des dynamiques encore mal analysées. Elles sont en contact, souvent en forte
compétition. L’anglo-américain semble en position de force, mais qu’en est-il des langues
propres de la grande région, comme le coréen, le chinois, le japonais ? Qu’en est-il des
langues de la migration et des familles « mixtes » dont l’existence est liée à la question
linguistique ?
On assiste à des avancées, des reclassements, des pertes de valeur symbolique et de prestige
sur le marché des langues (Bourdieu). L’hypothèse forte est celle d’une montée du
plurilinguisme. La question est de savoir comment ce plurilinguisme peut et doit être géré
dans le champ de la pratique sociale et de l’éducation. »
Questions :
Que dit l’auteur sur la place et la concurrence des langues en Asie ?.........................
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331
DOCUMENT N°4 / MOURRA (Jean –Marc), Littératures francophones et théorie post-
coloniale, Puf, 2013
Questions :
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Que pensez –vous de cette « expérience de conscience moderne » pour le 21ème siècle ?
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332
CONCLUSION
Cet ouvrage consacré sur les débats en sciences humaines en France avait pour but de
déconstruire auprès de vos étudiants la nature profonde et complexe des controverses
actuelles qui agitent un pays en profonde mutation.
La France du 21ème siècle n’est plus celle du Général de Gaulle, collective, avec ses grandes
grèves ou grands mouvements sociaux ou politiques.
C’est aujourd’hui une France des individus réorganisés par les nouvelles technologies
orchestrées par l’Internet et qui souhaite dépasser les vieux conflits politiques, d’où l’élection
d’Emmanuel Macron en mai 2017, plus œcuménique.
Le spectacle du monde mise en scène par l’Internet nous rappelle que la pensée reste en
mouvement permanent avec ses mythologies sans cesse reconstituées et bien décrites dès
1957 par Roland Barthes.
La France est donc bien rentrée dans la civilisation matérielle totale du capitalisme pour
reprendre l’expression de l’historien Fernand Braudel2.
La société française de ce 21ème siècle est donc devenue une structure complexe constituée de
réseaux horizontaux3 d’individus vivant désormais sans les grands idéaux politiques du siècle
précédent, ce qui n’est au final , pas un drame nous rassure le philosophe André-Comte
Sponville dès 1988 dans son « Traité du désespoir et de la béatitude ».
Car pour redonner une dynamique à la société française, il est toujours possible, selon le
sociologue Michel Crozier4 que l’individu prenne en main son destin et que l’Etat-providence
se réforme et se modernise en cessant d’être le Père protecteur de tous. C’est sans doute ce qui
est désiré dans la réforme du code du travail entreprise en 2017.
1
BACHELARD ( Gaston), La formation de l’esprit scientifique, 1938.
2
BRAUDEL ( Fernand), Civilisation matérielle et capitalisme, 3 volumes, de 1967 à 1979.
3
CASTELLS ( Manuel), La société en réseau, 1997, 2 volumes.
4
CROZIER (Michel), L’acteur et le système, 1977, avec E. Freidberg.
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Les nouvelles technologies de la communication mises à la disposition des Français peuvent
en effet proposer de nouvelles logiques d’expression de pensée politique et d’action bien
décrites par le philosophe français Michel Debray qui a construit une nouvelle discipline sur
ce sujet intitulée la « Médiologie » dès 19915. Cette discipline permet de déconstruire les
processus d’écriture du 21ème siècle.
Le désordre anomique n’est donc qu’apparent. Il est donc bien complexe à le réduire à des
clichés dans une France devenue un pays multiculturel. C’est bien la fin des structures de
pensée du « sociologisme » porté longtemps par Michel Foucault, Althusser ou Pierre
Bourdieu. Tout est devenu singulier et peut s’expliquer aussi par la culture ou la politique, et
non plus simplement par l’économie. La pensée marxiste elle-aussi semble dépassée par
l’accélération du temps.
La France d’aujourd’hui est donc celle du retour de l’individu-sujet évoqué dès 2000 par Luc
Ferry à travers son ouvrage intitulé « Qu’est-ce que l’Homme ? »6
Cela suppose de relever les défis d’une société qui n’est plus celle des clichés et de la
Francité mais dans une France plurielle qui interroge sur la notion politique du « Vivre
ensemble », question posée dès 1997 par le sociologue français Alain Touraine7 et repris
autrement par Emmanuel Macron dans son discours présidentiel qui évoque une France
plurielle, moderne et intégrée à la mondialisation.
5
DEBRAY (Régis), Cours de médiologie générale, 1991.
6
FERRY (Luc), Qu’est-ce que l’Homme ?, avec Jean Didier Vincent, 2000.
7
TOURAINE (Alain), Pourrons-nous vivre ensemble ? 1997.
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BIBLIOGRAPHIE
1/ ANTHROPOLOGIE
J.J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les Hommes
2/ MYTHOLOGIE
Sophocle, Antigone
335
4/ HISTOIRE DES IDEES
M. Serres, Hominescence
5/ ART
6/ LINGUISTIQUE
Platon , Cratyle
R. Barthes, Mythologies
336
7/ SOCIOLOGIE-ETHNOLOGIE
8/ PSYCHANALYSE
J. Lacan, Ecrits
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9/ RELIGION
10/ MORALE
Epictète, Manuel,
11/ POLITIQUE
Platon, la République
N. Machiavel, Le Prince
T. More, Utopie
338
12/ LOGIQUE
13/ SCIENCES
14/TECHNIQUE
339
M. BAILBLE Eric
Il rédige des ouvrages sur la culturomique, une science nouvelle liée à la linguistique et
l’histoire
340
PUBLICATIONS UNIVERSITAIRES EN LIGNE SUR L’INTERNET
http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/743/
2013 « Histoire des discours sur l’interculturalité en France », 2013, 186 pages
Dépôt officiel sur le site de L’AUF (Agence universitaire de la francophonie) : lien ci- dessous :
http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/729/
Dépôt officiel sur le site de L’AUF (Agence universitaire de la francophonie) : lien ci- dessous :
http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/728/
http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/744/
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