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Modalités de captage des eaux

souterraines à La Réunion. Analyse


critique de l’existant (techniques,
coûts, opérateurs)
Rapport final
BRGM/RP-56787-FR
Novembre 2008
Modalités de captage des eaux
souterraines à la Réunion. Analyse
critique de l’existant (techniques,
coûts, opérateurs)
Rapport final
BRGM/RP-56787-FR
Novembre 2008
Étude réalisée dans le cadre des projets
de Service public du BRGM 2007-PSP07REU12

VAUDOUR K., AUNAY B.

Vérificateur : Approbateur :
Nom : Arnaud WUILLEUMIER Nom : Jean-Louis NEDELLEC

Date :16/12/08 Date : 12/01/09

Original signé Original signé

En l’absence de signature, notamment pour les rapports diffusés en version numérique,


l’original signé est disponible aux Archives du BRGM.
Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2000.

M 003 - AVRIL 05
Mots clés : Aquifère d’altitude, Canaries, Dyke, Galerie drainante, Hawaii, Hydrogéologie, Ile
Volcanique, Microtunnelier, Nappe de base, Nappe perchée, Réunion Tunnel

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Vaudour K., Aunay B. (2008) – Modalités de captage des eaux souterraines à La Réunion.
Analyse critique de l’existant (techniques, coûts, opérateurs) - BRGM/RP-56787-FR, 94p., 45
ill., 5 ann.

© BRGM, 2008, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
Modalités de captage

Synthèse

La majorité des ressources en eaux souterraines exploitées à La Réunion est localisée


sur la zone côtière et est captée au travers de forages et de puits. Les nappes littorales
font donc l’objet de prélèvements importants si bien qu’aujourd’hui, environ un tiers des
captages présente une contamination par des eaux salées. De plus, certains forages
de la cote ouest et est présentent une contamination par les nitrates et/ou les
pesticides.

Le Département de La Réunion, soucieux d’optimiser l’exploitation de la ressource en


eau souterraine, aussi bien en zone littorale que dans les Hauts, tant d’un point de vue
technique que financier, a confié au BRGM le soin de recenser et d’analyser les
différentes techniques de captage des eaux souterraines dans des milieux
hydrogéologiques comparables à celui de la Réunion.

Ce rapport présente une synthèse bibliographique des méthodes de captage des eaux
souterraines mises en œuvre dans les milieux volcaniques insulaires (Hawaii,
Canaries, Madère, Cap-Vert, Antilles, Polynésie, Japon) et continentaux (Chaîne des
Puys). L’expérience acquise et les données recueillies, notamment sur les îles Hawaï
et Canaries, permettent de mieux cerner les objectifs, les conditions de réalisation et
d’exploitation des captages dans le contexte d’un volcan bouclier. Ainsi, l’analyse de
ces différents moyens de prélèvement permet d’identifier d’éventuels types de
captages qui pourraient être mis en œuvre sur l’île de la Réunion :

- en zone littorale : pour les aquifères présentant une faible piézométrie (+0.5 à
1.5 m NGR), des puits inclinés prolongés de galeries drainantes « type Maui »
seraient susceptibles de fournir des débits importants sans crainte d’intrusion saline.
Les « skimming-tunnels » réalisés à la base de ces puits, permettent d’écrémer la
surface piézométrique et ainsi minimiser le rabattement de la nappe et les intrusions
salines. Pour les charges hydrauliques plus importantes, la réalisation de forages
traditionnels permettant de capter des débits corrects restent le moyen de captage
techniquement et économiquement le plus viable.

- dans les hauts : les aquifères d’altitude pourraient être exploités à l’aide de forages,
ou encore grâce à des galeries horizontales. Le retour d’expérience nous montre que
les plus grandes précautions doivent être prises lors de la réalisation des tunnels. En
effet, l’expérience des îles Canaries (exploitation minière de la ressource en eau
souterraine) montre que la production en eau de ces ouvrages décroit avec le temps si
l’on ne s’attache pas à garantir un équilibre entre les prélèvements et le
renouvellement de la ressource en eau souterraine. Les débits soutirés doivent pouvoir
être maitrisés, correspondre uniquement aux besoins en eau recherchés et respecter
le renouvellement des réserves. La mise en place de cloisons étanches (simulant le
rôle joué par les dykes) apparaitrait comme une solution afin de mieux contrôler les
venues d’eau et de maintenir et/ou créer des réserves. Aussi, la mise en place d’une
gestion active de la ressource dans son ensemble pourrait être envisagée : il s’agirait
de solliciter la recharge en pompant un volume d’eau important dans l’aquifère avant la

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 3


Modalités de captage

saison des pluies. Cependant l’efficacité de cette gestion à La Réunion reste à


démontrer.

Il est important de rappeler que les modalités d’exploitation des eaux souterraines ne
doivent pas menacées la pérennité de la ressource en eau souterraine ainsi que
l’équilibre quantitatif entre les masses d’eau souterraines et de surface (tel qu’imposé
dans la Directive Cadre sur l’Eau). Il semblerait donc indispensable qu’un suivi
géologique mais surtout hydrogéologique et hydrologique (suivi de l’évolution des
débits des sources et des cours d‘eau) soient effectués au cours de la réalisation des
ouvrages et lors de leurs exploitations. Ce suivi permettrait d’accroitre les
connaissances géologiques afin de mieux contrôler, affiner et adapter aux besoins les
ouvrages. Il permettrait également d’évaluer les éventuels impacts du drainage
souterrain sur les ressources en eaux superficielles et souterraines : la définition d’un
état initial du ou des aquifères traversé(s) est dans cette optique essentiel.

Enfin, des opérateurs capables de réaliser des puits inclinés et des galeries ont été
identifiés et contactés. Des informations sur les coûts de revient de ces ouvrages ont
été collectées auprès de ces entrepreneurs. Les montants sont variables notamment
en fonction de la technique utilisée (le recours au microtunnelier étant plus onéreux
que la méthode traditionnelle à l’explosif) des dimensions de l’ouvrage (diamètre et
longueur), de la nature des terrains, des conditions d’accès, des aléas de chantier, des
éventuelles pannes…En raison de ces nombreux critères, les entreprises sont assez
réticentes à communiquer des coûts de vente On peut tout de même citer que des
galeries récemment réalisées au microtunnelier en métropole ont un coût de revient
approchant les 10 000 euros du mètre linéaire. Des informations orales des « hommes
de l’art » nous indiquent que ce coût est grossièrement à multiplier par 3 à La Réunion.
Ces ordres de grandeur ne remplacent en aucun cas une étude de faisabilité car le
contexte local dans lequel doit se faire l’ouvrage retenu peut grandement faire varier
son coût.

4 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Sommaire

1. Introduction.............................................................................................................11

2. Hydrogéologie des milieux volcaniques insulaires.............................................14

2.1. PRESENTATION GENERALE DES MILIEUX VOLCANIQUES INSULAIRES .14


2.1.1. Le volcanisme à dominante basaltique ....................................................14
2.1.2. Le volcanisme à dominante andésitique ..................................................15

2.2. CARACTERISTIQUES HYDROGEOLOGIQUES DES FORMATIONS


VOLCANIQUES .................................................................................................16
2.2.1. Les roches volcaniques effusives.............................................................16
2.2.2. Les roches volcaniques intrusives............................................................18
2.2.3. Les roches volcano-sédimentaires ...........................................................18
2.2.4. Les roches volcano-détritiques.................................................................18

2.3. HETEROGENEITES DES FORMATIONS VOLCANIQUES .............................18

2.4. LES MODELES HYDROGEOLOGIQUES CONCEPTUELS.............................20


2.4.1. Modèle « Hawaiien » ................................................................................20
2.4.2. Modèle « Canarien » ................................................................................21
2.4.3. La Réunion ...............................................................................................22

3. Analyse des techniques de captage des eaux souterraines en milieu


volcanique insulaire ...............................................................................................23

3.1. LES TECHNIQUES GENERALES DE CAPTAGE DES EAUX SOUTERRAINES23


3.1.1. Puits et forages.........................................................................................23
3.1.2. Galeries et tunnels....................................................................................23
3.1.3. Puits à drains rayonnants .........................................................................25
3.1.4. Puits avec galeries drainantes..................................................................25
3.1.5. Autres techniques.....................................................................................26

3.2. LES CONTRAINTES DE CAPTAGES DES EAUX SOUTERRAINES EN


MILIEUX INSULAIRES ......................................................................................28

3.3. LES TECHNIQUES DE CAPTAGE EN MILIEU VOLCANIQUE........................30


3.3.1. Cas des îles Hawaii ..................................................................................30
3.3.2. Cas des îles Canaries ..............................................................................42
3.3.3. Cas de l’archipel de Madère.....................................................................52

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 5


Modalités de captage

3.3.4. Cas des îles du Cap-Vert ......................................................................... 54


3.3.5. Cas de la Polynésie Française................................................................. 56
3.3.6. Cas des Antilles ....................................................................................... 57
3.3.7. Massif volcanique de la Chaîne des Puits ............................................... 59
3.3.8. Cas de l’archipel du Japon....................................................................... 61
3.3.9. Cas de l’Islande........................................................................................ 62
3.3.10.Cas de l’île de la Réunion ...................................................................... 64

4. Bilan et perspectives des moyens de captages à La Réunion .......................... 74

4.1. LES NAPPES LITTORALES ............................................................................. 74

4.2. LES NAPPES D’ALTITUDE .............................................................................. 75

4.3. BILAN DES ZONES POTENTIELLEMENT EXPLOITABLES ........................... 76

5. Opérateurs et coûts ............................................................................................... 78

6. Conclusion.............................................................................................................. 82

7. Bibliographie .......................................................................................................... 85

8. Glossaire ................................................................................................................. 91

6 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Liste des illustrations

Illustration 1: Coupe d'une coulée "aa" en mouvement ...............................................................17


Illustration 2 : Modèle "Hawaiien" (Mac Donald et al, 1983)........................................................21
Illustration 3 : Modèle "Canarien"appliqué à La Réunion, (Folio, 2001) ......................................21
Illustration 4 : Galerie drainante et drains (Projet Interreg IIIA ALCOTRA, 2006) .......................24
Illustration 5 : Technique du forage horizontal (entreprise SMCE) ..............................................27
Illustration 6 : Technique du forage horizontal dirigé (HDD)........................................................27
Illustration 7 : L'archipel d'Hawaii .................................................................................................30
Illustration 8 : Coupe schématique des principales unités aquifères des îles Hawaii et
de leurs modalités d’exploitation (Gingerich et Oki, 2000) ..........................................................32
Illustration 9 : Caractéristiques hydrodynamiques de quelques aquifères sur les îles
Hawaii...........................................................................................................................................32
Illustration 10 : Coupe schématique des aquifères rencontrés lors de la réalisation du
forage KP-1 ..................................................................................................................................33
Illustration 11 : Coupe schématique d'un tunnel foré dans des formations basaltiques
piégées par des dykes (Nichols et al, 1996) ................................................................................35
Illustration 12 : Tunnel captant un aquifère piégé par des dykes (USGS,1999)..........................35
Illustration 13 : Schéma d'un puits-galeries (Nichols et al, 1996) ................................................36
Illustration 14 : Coûts de quelques galeries creusées dans les années 1940-1950
(Oahu) ..........................................................................................................................................39
Illustration 15 : Modalités d'exploitation des eaux souterraines à Hawaii....................................40
Illustration 16 : Modalités d'exploitation des ressources souterraines sur les îles de
l'Archipel d'Hawaii ........................................................................................................................41
Illustration 17 : L'Archipel des Canaries.......................................................................................42
Illustration 18 : Caractéristiques hydrodynamiques des formations aquifères sur les îles
Canaries (Navarro Alvargonzalez et al, 1993) .............................................................................44
Illustration 19 : Caractéristiques des divers types de galeries à Tenerife ...................................45
Illustration 20 : Evolution des débits totaux et de la longueur totale des galeries au
cours du temps sur l'île de Tenerife (Consejo Insular de Aguas de Tenerife).............................47
Illustration 21 : Caractéristiques des divers types de puits à Tenerife ........................................48
Illustration 22 : Evolution des débits totaux prelevés et des longueurs totales des puits
« conventionnels » et des forages au cours du temps sur l'île de Tenerife (Consejo
Insular de Aguas de Tenerife)......................................................................................................49
Illustration 23 : Bilan des prélèvements effectués sur les îles Canaries......................................51
Illustration 24 : Situation géographique de l’archipel de Madère .................................................52

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 7


Modalités de captage

Illustration 25 : Modèle hydrogéologique thérorique de l'île Madère (Prada et al, 2005)............ 53


Illustration 26 : Photo de "Levada" .............................................................................................. 54
Illustration 27 : Les îles du Cap-Vert ........................................................................................... 54
Illustration 28 : Les îles de la Polynésie ...................................................................................... 56
Illustration 29 : Situation géographique de la Martinique et de la Guadeloupe........................... 57
Illustration 30 : Nombre d'ouvrages AEP en Martinique.............................................................. 58
Illustration 31 : Coupe, localisation et photo de la galerie de la Louchadière (conduite
de gros diamètre dans laquelle circule l'eau captée à coté du canal en béton drainant
les eaux qui suintent dans la galerie) .......................................................................................... 59
Illustration 32 : Exemples de galeries creusées en Auvergne..................................................... 60
Illustration 33 : Coupe schématique de la galerie de Volvic (Barbaud, 1983)............................. 60
Illustration 34: Situtation géographique de l'archipel du Japon ................................................... 61
Illustration 35 : Le concept de barrage souterrain (Uitto et Schneider, 1997)............................. 62
Illustration 36 : Description des barrages souterraines de Sunagawa et Fukuzato
(Ishida et al, 2003) ....................................................................................................................... 62
Illustration 37 : Localisation géographique de l'Islande............................................................... 63
Illustration 38 : Schéma conceptuel des entités hydrogéologiques de La Réunion (Atlas
Hydogéologique 1986 modifié (Frissant et al, 2006) )................................................................. 66
Illustration 39 : Tableau synthétique simplifié des propriétés hydrodynamiques des
principaux aquifères de la Réunion (BRGM, 1986)..................................................................... 67
Illustration 40 : Entreprises françaises contactées ...................................................................... 78
Illustration 41 : Entreprises américaines contactées ................................................................... 79
Illustration 42 : Entreprises espagnoles contactées .................................................................... 79
Illustration 43 : Autres entreprises contactées ............................................................................ 80
Illustration 44 : Informations sur les coûts de galeries ................................................................ 81
Illustration 45 : Synthèse des principales techniques de captages d'eaux souterraines
mises en oeuvre dans les îles volcaniques (Nappes de base et Nappes d'altitudes)................. 82

8 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Liste des annexes

Annexe 1 Valeurs de perméabilité et de porosité de formations basaltiques citées dans


la littérature.................................................................................................................93
Annexe 2 Liste non exhaustive de galeries réalisées sur l’île d’Oahu......................................103
Annexe 3 Coupes géologiques et profil des venues des galeries de Bras-Guillaume et
Takamaka II..............................................................................................................109
Annexe 4 Traduction en euros actuels des valeurs exprimées en francs ou en euros du
passé (source INSEE)..............................................................................................113
Annexe 5 Exemple de captages des eaux souterraines à La Réunion ....................................117

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 9


Modalités de captage

1. Introduction

L’exploitation des eaux souterraines à La Réunion se fait essentiellement sur le


pourtour de l’île, entre 0 et 300 m d’altitude, à l’aide de puits et de forages. Or, les
nappes littorales sont vulnérables aux intrusions salines, particulièrement sur la façade
ouest et sud de l’île, de la commune du Port à celle de Saint-Philippe. Actuellement,
environ 30% de l’ensemble des forages exploités à la Réunion présente une
contamination par des eaux marines (Office de l’Eau). Il s’ajoute à ce problème de
pollution, une contrainte d’adduction, afin d’acheminer l’eau dans les Hauts. En effet,
un refoulement par pompage depuis les zones côtières jusqu’aux parties hautes de l’île
(> 1000 m de dénivelé parfois) est nécessaire. Ce système est coûteux en énergie.

Dans l’hypothèse où les Bas de l’île pourraient être alimentés par les Hauts en
gravitaire, des économies d’énergie pourraient être envisagées. Elles dépendront en
partie des modalités d’exploitation (forages ou galeries drainantes). Dans les Hauts,
l’épaisseur de la zone non saturée, pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres,
rend peu probable une exploitation par forage. Une alternative à l’accès à l’eau de
manière verticale pourrait alors être envisagée dans la mesure où elle représenterait
un intérêt économique.

Un développement de l’exploitation des nappes d’altitude conjugué à la mise en place


de nouvelles techniques d’exploitation en domaine littoral (permettant de minimiser les
intrusions salines) permettrait par ailleurs de diminuer l’actuelle pression sur les
nappes littorales.

Soucieux d’optimiser l’exploitation de la ressource en eau souterraine, du point de vue


technique et financier, le Département de La Réunion souhaite connaître les
différentes techniques d’exploitation des aquifères en milieu volcanique insulaire, leurs
avantages et inconvénients.

Les objectifs de ce projet sont les suivants :

- Etablir un inventaire des différentes techniques d’exploitation des eaux


souterraines ayant été mises en œuvre dans des contextes hydrogéologiques plus ou
moins similaires à celui de La Réunion, identifier leurs points faibles et leurs points
forts, tant du point de vue technique (facilité de réalisation, efficacité) qu’économique
(coût, disponibilité de la technologie) ;

- Identifier les principales entreprises capables de mener à bien ce type de


chantier en France et à l’étranger ;

- Synthétiser les retours d’expériences de l’application de ces techniques


(difficulté technique des chantiers, pérennité et efficacité des ouvrages, contraintes
environnementales, etc.) ;

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 11


Modalités de captage

- Estimer les coûts de ces différents ouvrages, notamment en tenant compte


des caractéristiques du marché réunionnais.

Pour cela, des investigations au sujet des systèmes hydrogéologiques et des moyens
de captages des eaux souterraines ont été menées à la Réunion et dans les îles et
archipels suivants :

- L’archipel d’Hawaii ;

- Les îles Canaries ;

- Madère ;

- Le Cap-Vert ;

- Les Antilles : la Guadeloupe et la Martinique ;

- La Polynésie.

Des recherches ont été également menées au Japon, en Islande et en Auvergne


(Chaine des Puys). Celles menées sur les îles voisines de La Réunion telles que
Rodrigues, Maurice et Mayotte n’ont pas révélé d’expériences intéressantes dont
pourrait bénéficier La Réunion. Les cas de ces îles ne sont donc pas abordés dans le
présent rapport.

La collecte des données s’est organisée autour des éléments suivants :

- Rapport BRGM intitulé « Les moyens de captages des eaux souterraines en


milieu volcanique insulaire » réalisé en 1988 par Daesslé M. dans le cadre du
programme départemental des Ressources en Eau 1986 ;

- Données des différents Services Généraux Régionaux du BRGM ;

- Publications scientifiques et articles spécialisés ;

- Agences de gestion de l’eau : Office de l’Eau de La Réunion, Board or


Department of Water Supply (County of Hawaii, Maui, Kaui, City and County of
Honolulu (Oahu), Water Resources Research Center, Plan de Salud (Canaries),
Société Polynésienne des Eaux et Assainissement, Consejo Insular de Aguas de
Tenerife ;

- Direction de l’Agriculture et de la Forêt de La Réunion ;

- EDF ;

- Entreprises de forage.

Le présent rapport fait donc état, au regard des données disponibles, des méthodes
actuellement mises en œuvre afin d’exploiter les eaux souterraines des aquifères des

12 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

milieux volcaniques similaires à celui de la Réunion. Une présentation plus détaillée


des îles Hawaii et Canaries a été faite car une documentation plus complète de ces
milieux est disponible.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 13


Modalités de captage

2. Hydrogéologie des milieux volcaniques


insulaires

2.1. PRESENTATION GENERALE DES MILIEUX VOLCANIQUES


INSULAIRES

Deux principaux types de volcans peuvent être distingués :

- les volcans rouges : effusifs, localisés à l'aplomb des zones de dorsales


océaniques (Islande) ou de rifts continentaux et également au dessus des points
chauds, émettant des laves à dominante basaltiques (alcalines) ;

- les volcans gris : explosifs, localisés au niveau des zones de subduction et


émettant des laves généralement andésitiques (acides).

Ils sont tout deux à l’origine de produits volcaniques de nature sensiblement différente
qui, par voie de conséquence, possèdent des propriétés hydrogéologiques distinctes.

2.1.1. Le volcanisme à dominante basaltique

a ) Volcanisme de point chaud

Les îles volcaniques insulaires telles que La Réunion, Hawaii, Madère ou encore la
plupart des îles de Polynésie sont des volcans boucliers. Les volcans boucliers sont
des terres ayant émergées suite à la remontée de panaches mantelliques, dont les
points chauds sont l’expression de surface. Ces îles présentent, en général, un
volcanisme peu différencié à dominante de coulées basaltiques. Cela n’exclut pas des
manifestations plus explosives et des épanchements de laves parfois plus acides. Ces
coulées basaltiques d’épaisseur métrique, se mettent en général en place sur des
surfaces relativement planes et peu inclinées, formant des planèzes. Elles sont
interstratifiées de paléosols et, de manière plus subordonnée, de formations
pyroclastiques*. Des produits plus différentiés se mettent parfois en place, sous forme
d’intrusions ou de coulées et épanchements, souvent au sein de paléovallées,
principalement lors de la fin des grandes phases d’activité volcanique. Par ailleurs,
certains édifices sont soumis à des processus de démantèlement qui concourent au
dépôt, à leur périphérie, de formations sédimentaires en particulier de type alluvial,
notamment au sein des vallées (Lachassagne et Maréchal, 2004).

Les formes des paysages volcaniques sont donc variées et sont le résultat de la
construction d’un volcan, de son érosion, de dépôt de sédiments fluviatiles et marins
(plateformes côtières). On distingue généralement sur des îles volcaniques insulaires
relevant de boucliers basaltiques océaniques des terres hautes profondément

14 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

entaillées, des larges dépressions (cirques, caldeiras), des remparts, des planèzes,
des falaises côtières, des plaines sableuses et des récifs coralliens.

b ) Volcanisme associé aux zones de rift

Il est important de préciser qu’en milieu continental, il existe également des ensembles
volcaniques à dominante basaltique, présentant une histoire volcanique courte (moins
de 100 000 ans pour la chaîne des Puys). Ils comportent des maars*, des cônes de
scories* et des coulées mises en place en général au sein de paléovallées. Ces deux
derniers types de formations sont en général prépondérants. Dans la Chaîne des
Puys par exemple, des épaisseurs importantes de produits volcaniques (une centaine
de mètres en moyenne, localement plus de 200 m) ont pu être observées à l’aplomb
de ces paléovallées qui entaillaient le substratum des formations volcaniques. Au droit
des cônes, les épaisseurs peuvent ainsi atteindre ou dépasser ces valeurs. Des
produits plus différentiés se mettent en place sous forme de dômes et de protrusions.
Des formations sédimentaires (alluvions, tourbes, diatomites…) et des paléosols
constituent une partie du remplissage des paléovallées et des dépressions que forment
les maars (Lachassagne et Maréchal, 2004).

2.1.2. Le volcanisme à dominante andésitique

Dans les Départements d’Outre-mer, la Martinique, la Basse-Terre de Guadeloupe et


une partie de son archipel (Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Les Saintes) sont
composées quasi exclusivement de formations volcaniques de type andésitique,
tertiaires et quaternaires. La Martinique et la Basse-Terre comportent des volcans
encore actifs qui sont respectivement la Montagne Pelée et La Soufrière. Le volcan de
la Soufrière Hills sur l’île de Montserrat est actuellement encore en activité. Compte
tenu de leur histoire longue (plus de 25 Ma pour la Martinique), ces îles présentent une
structure géologique complexe.

Ce volcanisme résulte de la subduction de la plaque océanique nord-atlantique sous la


plaque caraïbe. Les formations volcaniques sont très variées. Les hyaloclastites*,
témoins des phases initiales sous-marines du volcanisme, forment en général le
soubassement des îles sur plusieurs milliers de mètres d’épaisseur. Alternent ensuite
différents types de laves, depuis des termes assez fluides tels que les basaltes,
andésites basiques (coulées décamétriques de la Madeleine en Guadeloupe, volcan
bouclier du Morne Jacob en Martinique) jusqu’à des laves acides, beaucoup plus
visqueuses telles que les andésites*, dacites* et rhyolites*. Les produits de nature
explosive (nuées ardentes, ponces, cendres…) sont très représentés notamment au
sein des édifices récents. Enfin, les formations de démantèlement (lahars*, coulées de
débris…) peuvent occuper de très grandes surfaces et combler des paléovallées
larges et profondes (Lachassagne et Maréchal, 2004).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 15


Modalités de captage

Des formations sédimentaires sont présentes mais limitées aux alluvions récentes, aux
formations de plages, de mangrove et à quelques niveaux calcaires déposés lors de
périodes prolongées d’arrêt du volcanisme.

Les stratovolcans se sont édifiés sur une période longue, de manière polyphasée. Ils
présentent une structure complexe, marquée par une alternance de lave, en coulée et
intrusions, et de formations pyroclastiques et de démantèlement.

2.2. CARACTERISTIQUES HYDROGEOLOGIQUES DES FORMATIONS


VOLCANIQUES

En milieu volcanique, les formations aquifères sont constituées de :

- roches cohérentes : laves effusives et intrusions (dykes*, sills*) ;

- roches meubles plus ou moins consolidées : scories, pyroclastites,


hyaloclastites, produits volcano-détritiques et paléosols.

2.2.1. Les roches volcaniques effusives

Les propriétés aquifères des laves dépendent étroitement de leurs conditions de mise
en place, de fissuration et de fracturation. Leur degré d’altération joue également un
rôle important. D’une manière générale, parmi les formations volcaniques non altérées,
les laves sont les roches présentant les perméabilités les plus élevées.

L’écoulement de la lave est à l’origine de figures de flux qui se traduisent fréquemment


par une fissuration de la roche et/ou un débit en plaquettes, souvent parallèles au
substratum. Le refroidissement de la lave génère également une fissuration souvent
perpendiculaire au substratum. Cette perméabilité initiale générée par ces processus
peut être renforcée par une fracturation d’origine tectonique.

Au sein d’une même coulée, on distingue des variations de perméabilités verticales. En


effet, la structure interne des coulées comprend généralement (Illustration 1) :

- à la base : une brèche constituée d’éléments scoriacés, en gratons*, et


reprenant souvent des blocs de la coulée sous-jacente ;

- au cœur : une coulée massive fréquemment diaclasée (fissures de


refroidissement) ;

- en surface : couche de gratons et niveau scoriacé.

16 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Illustration 1: Coupe d'une coulée "aa" en mouvement

Au sein d’une coulée basaltique, les écoulements d’eau se font préférentiellement dans
les faciès en gratons, scoriacés et fissurés, susceptibles d’être très perméables.
L’empilement de coulées « laves-scories » répété sur plusieurs centaines de mètres,
définit ainsi un ensemble potentiellement aquifère. Dans les basaltes récents, les
valeurs de conductivités hydrauliques varient fréquemment de 1.10-3 à 1.10-2 m/s
(Custodio, 1978). Une anisotropie des perméabilités est due à des discontinuités inter-
coulées. L’écoulement s’opère d’avantage dans les plans parallèles aux coulées avec
un rapport de la perméabilité horizontale sur la perméabilité verticale variant de 20 à 50
(Custodio, 1985).

Aussi, la perméabilité des basaltes diminue avec le temps en raison des phénomènes
suivants (Davis, 1974) :

- l’altération de surface (météorique) et de profondeur (hydrothermale avec


formation de minéraux secondaires). L’introduction de sédiments (argilisation) et la
précipitation de minéraux secondaires tendent à colmater les porosités et ainsi
diminuer les perméabilités ;

- la compaction liée à la pression lithostatique (dans le cas de roches très


profondes) : fermeture des discontinuités horizontales.

Les faciès de bordure d’une coulée (couche de gratons, de scories), en raison de leur
forte porosité et perméabilité initiale possèdent une plus forte aptitude à s’altérer que le
cœur de la coulée. Un même ensemble lithologique peut ainsi constituer à la fois des
niveaux aquifères et un substratum ou toit imperméable aux formations sus ou sous-
jacentes (parties argilisées).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 17


Modalités de captage

2.2.2. Les roches volcaniques intrusives

Comme pour les coulées, les caractéristiques hydrodynamiques des dykes dépendent
de la fissuration. Suivant les cas, les dykes peuvent jouer le rôle de drain ou bien
constituer une barrière imperméable à la circulation des eaux souterraines. Par leur
situation structurale particulière au sein des formations volcaniques, ils contribuent à
l’anisotropie des écoulements (Custodio et Saenz de Oiza, 1972).

2.2.3. Les roches volcano-sédimentaires

Les caractères hydrodynamiques des pyroclastites et hyaloclastites sont liés d’une part
à la fraction fine (poussières et cendres) présente dans le dépôt initial, d’autre part aux
processus de transformations diagénétiques qui affectent rapidement ces dépôts (Join,
1991). Des valeurs de perméabilité de 1.10-7 à 1.10-10 m/s sont notées dans des tufs*
cendreux et tufs zéolitisés* (Davis, 1974). Ces formations ont donc de faibles
potentialités hydrogéologiques. Elles peuvent présenter cependant de bonnes
fonctions capacitives.

2.2.4. Les roches volcano-détritiques

Les dépôts de « coulées de débris » sont issus du remaniement de produits


volcanoclastites*. Ils sont constitués par des mélanges hétérogènes de fragments de
roches à granulométries variées (taille centimétrique à métrique), plus ou moins
cimentés dans une matrice argileuse qui confère la cohésion de la formation. Ces
formations présentent donc de faibles potentialités aquifères.

2.3. HETEROGENEITES DES FORMATIONS VOLCANIQUES

Les formations volcaniques se caractérisent en général par une structure complexe


avec des hétérogénéités présentes de l’échelle cartographique à celle du forage. La
synthèse des paramètres hydrodynamiques (Annexe 1) montre la diversité des valeurs
de porosités et perméabilités observables au sein des formations volcaniques. Elles
varient en fonction :

- de la lithologie : les laves sont, parmi les formations volcaniques non altérées,
les roches présentant les perméabilités les plus élevées. L’empilement de coulées
« laves-scories » répété sur plusieurs centaines de mètres, définit un ensemble
potentiellement aquifère. Les roches intrusives (dykes, sills) mais également d’autres
roches (ignimbrites*, trachytes*, roches altérées, matériaux zéolitisés…) définissent
des milieux aquicludes présentant une faible porosité et une faible conductivité
hydraulique ;

- des types de perméabilités : il coexiste, au sein des aquifères volcaniques,


des perméabilités d’interstices et de fissures. La perméabilité d’interstices est présente
aussi bien au sein des formations basaltiques scoriacées, des formations

18 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

pyroclastiques et volcano-sédimentaires. La perméabilité de fissures s’exprime quant à


elle aussi bien dans les laves basiques (basaltes), sous la forme de fissures de
refroidissement pouvant atteindre de grandes ouvertures (cm à dm) que dans les laves
acides plus visqueuses où elle s’exprime sous forme de figures d’écoulement
(Lachassagne et Maréchal, 2004). Il peut être associé à ces perméabilités, une
perméabilité de fractures, d’origine tectonique.
Exceptionnellement, la présence de tunnels de laves au sein des basaltes fluides, de
troncs de végétaux décomposés ultérieurement à la mise en place de la formation qui
les a fossilisés (lahars, cendres, etc.) concourent aussi à la perméabilité des roches
volcaniques et, parfois à l’émergence de sources. Au contraire, l’existence de
structures localisées, imperméables, peut contribuer à compartimenter l’aquifère, en
particulier, des faisceaux de dykes imperméables, des intrusions massives et le
métamorphisme associé (Lachassagne et Maréchal, 2004) ;

- de la structure interne des coulées (Illustration 1) : des variations verticales de


conductivités hydrauliques sont observables au sein d’une même coulée. Les
écoulements se font préférentiellement dans les faciès en gratons, scoriacés et
fissurés, susceptibles d’être très perméables ;

- du degré d’altération : les altérations météoritiques et hydrothermales


contribuent à l’hétérogénéité des milieux volcaniques (argilisation et précipitation de
minéraux secondaires colmatant les porosités). Ainsi, les formations les plus saines
sont fréquemment les plus perméables.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 19


Modalités de captage

2.4. LES MODELES HYDROGEOLOGIQUES CONCEPTUELS

Les potentialités des eaux souterraines des îles volcaniques de type basaltique sont
dépendantes de l’âge des formations. Les plus récentes présentent de bien meilleures
capacités que celles qui ont été longuement affectées par l’altération (Cruz et Silva,
2001 ; Peterson, 1992). Classiquement, deux modèles d'écoulement pour les îles
volcaniques sont proposées : le modèle « Hawaiien » et le modèle « Canarien ». La
principale différence entre les deux modèles porte sur l’origine de la diminution de la
perméabilité au cœur de l’île.

2.4.1. Modèle « Hawaiien »

Ce modèle « Hawaiien » définit une nappe de base en équilibre avec les eaux marines
relayée à l'intérieur des terres par un système de nappes perchées et de nappes
limitées par des dykes (Illustration 2).
La « nappe de base » s’écoule au sein d’un empilement de coulées, de faible
épaisseur unitaire, très perméable et dépourvu de dykes, qui constitue le volcan
bouclier. Cette nappe montre de faibles gradients hydrauliques et des niveaux
piézométriques peu élevés, même à une distance relativement importante du littoral.
La partie interne des îles présente des « nappes perchées » déconnectées de la
« nappe de base » et d’un volume bien plus réduit que celle-ci. Alors que les sources
drainant la « nappe de base » sont généralement pérennes avec des débits
importants, celles des nappes d’altitude sont temporaires avec des débits très
variables (Join et Coudray, 1993). Les « nappes perchées » présentent deux origines :

- la structure en « sandwich » : due à l’alternance de niveaux volcaniques


perméables (laves fissurées) et imperméables (coulées massives, niveaux altérés,
paléosols…) ;

- la présence de dykes : jouent un rôle de barrière étanche et assurent ainsi le


compartimentage des aquifères (Takasaki et Mink, 1983 ; Jackson et Lenat, 1989).
L’augmentation des intrusions vers le centre de l’île est à l’origine d’une diminution de
la perméabilité relative ou à l’échelle régionale provoquant ainsi une remontée des
niveaux piézométriques en altitude. Ces dykes, du fait de leur plus forte résistance
mécanique, consolident les formations volcaniques en place, qui résistent alors mieux
à l’érosion que les zones périphériques. Les zones d’altitude étant les plus arrosées
des îles, les secteurs fortement injectés de dykes constituent de ce fait des zones
privilégiées de recharge.

20 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Sources perchées
ZNS

Nappes Perchées
Dykes

Niveau saturé d’eau douce

Illustration 2 : Modèle "Hawaiien" (Mac Donald et al, 1983)

2.4.2. Modèle « Canarien »

Le modèle « Canarien » (Custodio et al, 1988) décrit un unique aquifère de base


continu de la partie basale jusqu’à la partie interne de l’île (Illustration 3).

Ce type d’île peut être assimilé à un massif poreux peu perméable, particulièrement
dans le sens perpendiculaire au littoral. Cette faible perméabilité est principalement
due à la présence de dykes disposés de manière radiale par rapport à l’édifice et à la
présence d’un noyau plus ancien, altéré, moins perméable, recouvert de matériaux
volcaniques modernes à perméabilité relativement grande. Ainsi, les perméabilités
semblent beaucoup plus élevées dans les zones côtières que dans la partie intérieure
de l’île. D’une manière générale, les gradients piézométriques sont forts, de l’ordre de
5 à 15%.

Illustration 3 : Modèle "Canarien"appliqué à La Réunion, (Folio, 2001)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 21


Modalités de captage

2.4.3. La Réunion

L’île est constituée de deux massifs volcaniques : le Piton de la Fournaise et le Piton


des Neiges. Ce dernier, le plus ancien, présente à son sommet trois larges excavations
subcirculaires. Il s’agit des cirques de Salazie, Mafate et Cilaos. Les fonds des cirques
sont constitués d’un gigantesque remplissage de brèches d’avalanches de débris
(plusieurs centaines de mètres d’épaisseur).

La structure hydrogéologique du Piton des Neiges diffère de celle du Piton de la


Fournaise notamment du fait de l’existence, à faible profondeur, au centre du massif du
Piton des Neiges, d’un substratum imperméable représenté par des basaltes zéolitisés
(Violette, 1993). Ainsi, deux hypothèses «en désaccord » pour la géométrie de la
« nappe de base » de l’île de la Réunion coexistent :

- Nappe de base régionalisée et continue sur le massif du Piton des Neiges


(Join, 1991) : hypothèse reprenant le modèle « canarien » décrit précédemment ;

- Ecoulement sur « tuiles » vers un aquifère « auréole » sur le massif du Piton


de la Fournaise (Violette, 1993) : cette hypothèse envisage l’écoulement des eaux sur
une série de formations en escalier, en tuiles inclinées (Rouault, 1993) alimentant ainsi
un aquifère de « base » restreint à une auréole de quelques kilomètres par rapport à la
ligne de côte. Cette hypothèse accepte l’existence de différentes nappes
« déversoirs » cantonnées dans leurs bassins versants par des accidents tectoniques
et pouvant alimenter des émergences et au-delà des cours d’eau.

Ces modèles conceptuels essaient d’apporter une réponse à la question du devenir de


la nappe de base au cœur des édifices volcaniques. Cette question et la diversité des
schémas proposés traduisent l’existence d’une inconnue fondamentale qui correspond
à l’évolution de la perméabilité au cœur des massifs. (Folio, 2001).

A La Réunion, l’érosion intense des deux massifs (Piton des Neiges et Piton de la
Fournaise) a mis à jour des structures et des formations sur des affleurements de plus
de 1000 m d’épaisseur. Sur le Piton des Neiges, cette formidable opportunité
d’observation a permis la reconnaissance de trois systèmes hydrogéologiques
superposés dont le plus profond est pressenti en continuité avec la nappe de base
littorale (Join, 1993). Cet auteur propose d’étendre ce schéma hydraulique au cas du
massif de la Fournaise (Folio, 2001).

22 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

3. Analyse des techniques de captage des eaux


souterraines en milieu volcanique insulaire

3.1. LES TECHNIQUES GENERALES DE CAPTAGE DES EAUX


SOUTERRAINES

Les techniques de captage des eaux souterraines classiquement mises en œuvre dans
les milieux poreux et volcaniques sont peu variées. Le choix de la technologie est à
adapter en fonction non seulement de l’hydrogéologie (géométrie de l’aquifère,
paramètres hydrodynamiques, potentialités) mais également de contraintes externes :
topographie, hydrographie, risques de salinisation, de transfert de pollution depuis la
surface, occupation des sols, conditions d’exécution et d’équipement…
Enfin, l’ouvrage doit pouvoir être réalisé dans des conditions économiquement
supportables.

3.1.1. Puits et forages

Un puits est un trou vertical de large diamètre (pouvant atteindre plusieurs mètres),
peu profond (quelques mètres) creusé dans la terre afin d'extraire l'eau des premiers
niveaux aquifères. Dans les milieux volcaniques insulaires, les puits sont réalisés en
zone littorale et exploitent les eaux de la nappe superficielle.

Le forage, à la différence d’un puits, est un trou vertical profond (de plusieurs dizaines
de mètres à plusieurs centaines de mètres) et de diamètre plus restreint. Il est creusé
par un procédé mécanique à moteur (foreuse) en terrain consolidé ou non.

Les ouvrages verticaux sont les plus utilisés et les plus adaptés pour exploiter des
aquifères poreux et relativement étendus. La majorité des aquifères fissurés sont
également exploités à l’aide de ces ouvrages.

3.1.2. Galeries et tunnels

Les galeries sont des petits tunnels creusés dans la roche de manière à traverser et
donc à drainer une nappe d’eau souterraine. Ces ouvrages sont généralement sub-
horizontaux et de sections de l’ordre de 1.80 à 2 mètres de hauteur et 1 à 2 mètres de
large. Les eaux souterraines sont collectées puis canalisées par une galerie où des
drains horizontaux ou subhorizontaux complémentaires viennent parfois se
brancher à la galerie (Illustration 4).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 23


Modalités de captage

Illustration 4 : Galerie drainante et drains (Projet Interreg IIIA ALCOTRA, 2006)

La longueur de ces galeries est variable : de plusieurs dizaines à plusieurs centaines


de mètres, voire plusieurs kilomètres.

Le choix de la méthode de réalisation d'une galerie dépend principalement de la nature


des terrains encaissants et de leur homogénéité. L’uniformité de la méthode de
réalisation d’une galerie sur tout le linéaire est recommandée étant donné les surcoûts
et le temps nécessaire à l’amenée de nouveaux matériels. Les méthodes d’abattage
sont les suivantes :

- à l’explosif (méthode traditionnelle) : technique la plus utilisée dans les


terrains rocheux, en pleine ou demi section. Le plan de tir doit être adapté pour limiter
l’effet des tirs sur le terrain encaissant et assurer un découpage soigné de la section
(Direction des routes, 1998), malgré des vitesses de creusement faibles, cette
technique à l’avantage de permettre un suivi géologique et hydrogéologique précis. Ce
dernier consiste à identifier les venues d’eau ponctuelles au sein des structures
géologiques, à surveiller l’évolution des débits à l’intérieur du tunnel et à réaliser des
analyses d’eau afin de préciser la provenance des eaux.

- à attaque ponctuelle : l’abattage est assuré par différents moyens mécanisés


ou non (pelle mécanique) et adapté aux terrains tendres ;

- à l’aide d’un microtunnelier (galerie de diamètre inférieur à 3 m) : cette


méthode est généralement utilisée en milieu urbain pour la pose de nouvelles
canalisations et plus rarement pour le captage d’eau souterraine. Il a l’avantage de
pouvoir être entièrement commandé et dirigé de l’extérieur depuis un poste de pilotage
en surface. Le microtunnelier assure, comme les tunneliers classiques, l’excavation du
sol, le soutènement des parois du tunnel, l’évacuation des déblais et la pose de
canalisations. Le microtunnelier, capable de creuser dans toutes les classes de terrain
(grand choix technique d’évacuation et de têtes de coupe) permet une avance

24 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

journalière des travaux de 9 à 2 m (entreprise SMCE1). Le microtunnelier est


certainement le moyen le plus rapide pour construire une galerie, pour autant qu'il
puisse être utilisé dans des conditions optimales, cependant il ne permet pas
d’améliorer les connaissances géologiques (interprétation des déblais évacués difficile
et revêtement de la galerie au fur et à mesure du creusement) contrairement à la
méthode traditionnelle où un suivi peut être mené au cours du creusement. Par
ailleurs, en cas d‘hétérogénéité des terrains, les performances de cet outil peuvent être
considérablement diminuées. Le recours à une méthode traditionnelle peut s’avérer
nécessaire en cas de difficulté majeure (Direction des routes, 1998).

En terrain homogène, l’abattage mécanisé de roche de dureté et d’abrasivité


acceptable est intéressant compte tenue de l’uniformité de la méthode et de son
rendement. Cet intérêt est réduit dans le cas de terrain hétérogène où l’on est amené à
rencontrer des roches de caractéristiques différentes nécessitant parfois l’emploi
d’explosif pour l’abattage ou inversement le recours à un abattage manuel. Il en résulte
une immobilisation de la machine dont les conséquences financières sont importantes,
et qui peuvent être accrues par la nécessité d’un équipement de foration mécanique
pour la mise en place de l’explosif. La présence sur le chantier de ces équipements et
leur utilisation discontinue pénalise fortement le procédé (BCEOM, 1989).

3.1.3. Puits à drains rayonnants

Il s’agit d’un puits muni de drains tubulaires horizontaux disposés selon plusieurs
directions radiales et accroissant son rayon efficace. Cet ouvrage comporte deux
parties distinctes : le cuvelage et les drains. Un cuvelage vertical étanche, en béton
armé, de 2 à 4 m (voire 6 m) de diamètre intérieur, est foncé dans le sol à une
profondeur variable (5 à 50 m) selon le contexte hydrogéologique. Le fond du cuvelage
est ensuite fermé par un radier en béton immergé (de 1 à 4 m d’épaisseur). Les drains
horizontaux sont foncés dans l’aquifère, depuis l’intérieur du cuvelage, à l’aide d’une
presse hydraulique. D’un diamètre de 200 ou 300 mm et d’une longueur de quelques
dizaines de mètres, les drains sont en général au nombre de deux à huit (souvent 4 ou
6) (Archambault et al, 2003). Les avantages du puits à drains rayonnants horizontaux
sont liés à des rendements hydrauliques considérables, à une durée de vie très
importante et à une possibilité de capter, sur un front de nappe étendue, des horizons
parfois peu épais, en profondeur.

3.1.4. Puits avec galeries drainantes

La combinaison de ces deux techniques permet d'augmenter le volume d'eau soutiré.


Une galerie drainante horizontale peut être creusée au fond d’un puits ou plusieurs
puits peuvent être reliés entre eux par une ou plusieurs galeries drainantes

1
SMCE : Société Anonyme Spécialisée dans les Forages Horizontaux (à l’origine « Société Mécanique de
Curage d'Egouts »)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 25


Modalités de captage

horizontales enterrées. Disposées parallèlement au lit des rivières, elles peuvent ainsi
drainer les eaux des alluvions.

3.1.5. Autres techniques

Il existe d’autres systèmes de captage tels que des tranchées drainantes de très
grande longueur (plusieurs kilomètres) qui sont conçues pour amener l'eau d'un
aquifère poreux, gravitairement en surface. On les appelle des foggaras (Algérie),
khettaras (Maroc) ou encore qanat (Iran). L’opération consiste à creuser un puits en
altitude afin de connaître la profondeur de la nappe. Une galerie de la taille d’un
homme est ensuite creusée de l’aval vers l’amont et en pente douce afin de rejoindre
la zone humide initialement découverte. A intervalle régulier, des puits sont creusés
afin d’évacuer les déblais et afin d’aérer. La galerie devient drainante dès qu’elle rejoint
la couche aquifère. Afin d’accroitre le débit, il suffit d’allonger la galerie par d’autres
galeries annexes. L’avantage de ce système est de fournir un débit en continu sans
aucun travail d’exhaure et sans évaporation, par contre en période de faible utilisation,
l’eau est gaspillée.

Une pointe filtrante est un ouvrage de captage peu profond (8 m maximum) réalisé
généralement dans les sols sableux. Ce type de captage est aménagé en enfonçant
manuellement ou mécaniquement le tubage dont le diamètre intérieur varie de 2,5 à 5
cm (8 cm au plus). L'extrémité inférieure constitue la crépine par laquelle s'effectue
l’aspiration de l'eau. Les pointes filtrantes, isolées ou en batteries sont couramment
employées dans le domaine des travaux publics pour le rabattement des nappes mais
peu usitées pour l’exploitation des eaux souterraines. Le captage par pointes filtrantes
permet de répartir les prélèvements sur une plus grande surface et de diminuer les
rabattements. Sa mise en œuvre, d’un coup de revient modeste, ne nécessite ni
matériel complexe, ni main d’œuvre qualifiée.

Le forage horizontal est quand à lui une technique permettant de faire passer des
canalisations et des câbles sous des obstacles (chaussées, bâtiments, cours d'eau...)
sans avoir à réaliser de tranchées. Grâce au forage horizontal, des ressources qu'il
était difficile d'atteindre en forage classique du fait d'obstacles géologiques (lithologies
rebelles) ou de la structure de l’aquifère, deviennent accessibles.

La méthode du forage horizontal consiste à foncer dans le sol, à l’horizontal, une


gaine (acier, béton…). Un puits de départ et un puits d’arrivée doivent être aménagés à
la profondeur requise. Une tête de forage rotative (ou un marteau fond de trou) perce
le sol, et des tarières évacuent les déblais au fur et à mesure que des tubes sont
poussés dans le sol (Illustration 5). Ce type de forage peut être réalisé en pente.

26 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Illustration 5 : Technique du forage horizontal (entreprise SMCE)

Le forage horizontal dirigé (HDD : Horizontal Directional Drilling), contrairement à la


technique du forage horizontal, permet de faire passer une conduite, selon une
trajectoire courbe en partant de la surface, de sorte qu'aucune excavation importante
n'est requise (Illustration 6). En fonction de la largeur du tunnel nécessaire, de la
nature du sous-sol et de la distance totale à parcourir, différents types de têtes et
différentes machines peuvent être utilisées. Lors du forage initial ou « tir pilote», un
outil de guidage assure une trajectoire précise. Ensuite, un aléseur suivi de la
canalisation est tiré dans l’autre sens.

Illustration 6 : Technique du forage horizontal dirigé (HDD)

Les diamètres de ces types de forages sont très variables et peuvent aller de quelques
dizaines de cm à 2 m environ.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 27


Modalités de captage

3.2. LES CONTRAINTES DE CAPTAGES DES EAUX SOUTERRAINES


EN MILIEUX INSULAIRES

Les îles volcaniques insulaires peuvent parfois être caractérisées par des précipitations
abondantes. L’île de La Réunion détient les records mondiaux de précipitation avec
une pluviométrie moyenne annuelle de plus de 11 000 mm sur les flans du volcan de la
Fournaise (Météo France). A l’inverse, la côte ouest, abritée des alizés présente une
pluviométrie moyenne annuelle plutôt faible (525 mm/an à Saint-Gilles). Outre cette
mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations, d’autres facteurs font que
l’accès à l’eau reste difficile. Ces éléments sont :

- la présence de l’océan : salinisation naturelle ponctuelle des nappes du littoral


et salinisation due à l’exploitation par pompages ;

- la structure et le stockage : la structure des îles volcaniques est peu propice


au stockage d’eau par opposition aux bassins sédimentaires. L’eau de pluie s’infiltre
dans les parties hautes des îles et percole assez rapidement dans les empilements de
laves et de scories, à l’intérieur des fissures, des réseaux de fractures, des tunnels de
laves… En raison des forts gradients hydrauliques et de la forte perméabilité des
roches (roches jeunes), les vitesses d’écoulement des eaux souterraines sont rapides.
Le stockage d’eau est donc limité et localisé à la faveur d’écrans naturels et de pièges.
Le développement du niveau saturé dépend donc des conditions locales de
perméabilité. L’épaisseur des terrains non saturés à traverser avant d’atteindre la
nappe (reposant sur un horizon peu perméable ou en équilibre hydrodynamique avec
l’océan) est parfois très développée dans les Hauts. Elle peut atteindre plusieurs
centaines de mètres.

Face à ces contraintes du milieu naturel, les eaux superficielles sont depuis toujours le
premier moyen de captage et d’approvisionnement en eau potable sur les îles
volcaniques insulaires. La difficulté majeure pour la gestion de cette ressource est la
répartition très contrastée dans le temps et l’espace des précipitations entrainant des
problèmes de :

- Qualité des eaux : lors des évènements climatiques violents, les hausses de
turbidité engendrent parfois des interruptions de l’alimentation en eau potable (pour la
cote au vent et en saison cyclonique pour la cote sous le vent) ;

- Quantité : manque d’eau au cours de la saison sèche, particulièrement au


niveau de la côte sous le vent ;

- Dégradation : risques de dégradation des installations de captages et


d’obstruction des canalisations lors des crues.

Les prises d’eau en rivière et les canalisations sont également sujettes à des
dégradations à cause de chutes de pierres, de blocs…Il s’ajoute à cela, une contrainte
réglementaire limitant les volumes d’eau prélevés : le débit réservé doit être maintenu

28 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

en permanence dans le cours d’eau (sauvegarde des équilibres écologiques,


biologiques et des usages de l’eau en aval).

En ce qui concerne les eaux souterraines, le captage des émergences naturelles est le
premier moyen de prélèvement en milieu volcanique fissuré. Les sources apparaissent
à la faveur de drains naturels (discontinuités d’une coulée) ou bien à l’affleurement
d’une nappe. Elles peuvent également être l’exutoire d’une nappe perchée. Elles ont
un stock d’eau supposé faible par rapport à celui des nappes littorales. Cependant,
certaines sources observées dans les ravines les plus encaissées, situées sous un
recouvrement important (plusieurs centaines de mètres) peuvent être les marqueurs de
l’existence d’une nappe régionale à très forte potentialité. Il est à noter que là encore,
en raison des éventuels échanges nappe-rivière, il est nécessaire de se préoccuper et
de veiller à maintenir les débits réservés dans les cours d’eau.

Outre le captage de ces sources, il existe d’autres techniques de captage et


d’exploitation des eaux souterraines en milieu volcanique. Elles sont décrites dans le
chapitre suivant (3.3).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 29


Modalités de captage

3.3. LES TECHNIQUES DE CAPTAGE EN MILIEU VOLCANIQUE

En milieu volcanique fissuré, les captages des émergences naturelles est


généralement le premier moyen d’exploitation des eaux souterraines. Face aux
techniques décrites au paragraphe 3.1, il convient désormais de recenser les
méthodes mises en œuvre dans des milieux hydrogéologiques comparables à celui de
la Réunion.

3.3.1. Cas des îles Hawaii

a) Situation géographique

Hawaï est un archipel de la Polynésie comptant huit îles principales alignées du nord-
ouest au sud-est sur 2400 km (Illustration 7) : Niihau, Kauai, Oahu, Molokai, Lanai,
Kahoolawe, Maui, Hawaï. Le recensement fédéral de 2000 révèle que l'archipel
d’Hawaï compte 1,2 million d’habitants dont 45,3 % occupent l'île Oahu.

Illustration 7 : L'archipel d'Hawaii

b) Aperçu géologique

Les îles Hawaï se sont édifiées entre 2 et 5 millions d’années suite à la remontée
de panaches mantelliques. Chaque île émergea en un bouclier volcanique atteignant
plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer. Il s’ensuit à cette
première phase d’activité une longue période de calme et d’érosion avec destruction
partielle des boucliers volcaniques et formation de vallées profondes et de berges et
falaises littorales escarpées. Une période de subsidence avec submergence marine
ennoya les vallées et développa des récifs frangeants ainsi que des plaines côtières.
Durant les 150 000 dernières années, de nouvelles éruptions remodelèrent le paysage
sur certaines îles en émettant des coulées de laves dans les vallées et en formant des

30 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

cônes. Les volcans Kilanea et Mauna Loa, sur l’île Hawaii, sont encore actifs (Daesslé,
1988).

Chaque île consiste en un ou plusieurs dômes (jusqu’à 5) volcaniques dont la masse


est composée de centaines de coulées de laves basaltiques. Ces roches, associées à
de nombreux niveaux scoriacés, de joints de retrait et de fractures sont poreuses et
perméables. Des intrusions (dykes) se sont formées par refroidissement et
solidification du magma au cours de sa circulation dans les fissures. Ces filons
subverticaux forment un réseau dense de roches à faible perméabilité.

c) Aperçu de l’hydrogéologie des îles Hawaï

Dans les îles Hawaii, l’eau douce se localise dans les aquifères suivants :

- les aquifères de base : ce sont les principales ressources utilisées pour


l’alimentation en eau des îles. Ils sont situés à l’extérieur de la zone de rift (zone
d’injection de dykes) sur les flancs des volcans. Dans ces aquifères côtiers
(sédimentaires ou basaltiques), les nappes d’eau souterraines sont en équilibre avec
l’interface eau douce / eau salée. Les pompages excessifs dans ces zones aquifères
sensibles à l’intrusion saline peuvent menacer sérieusement les approvisionnements
en eau potable. Par ailleurs, il est possible de rencontrer localement, au dessus des
basaltes, des sédiments côtiers peu perméables formant une couverture étanche
appelée « caprock ». L’aquifère de base devient ainsi captif ;

- les aquifères en altitude piégés par des dykes : ils sont situés dans les zones
de rift, généralement au centre et vers les sommets des îles. L’eau contenue dans ces
derniers peuvent rejoindre et ainsi recharger l’aquifère de base via des fractures au
sein des dykes ;

- les aquifères perchés : portés par des horizons imperméables ou semi-


perméables, ils sont généralement petits et isolés, difficilement exploitables pour
l’alimentation en eau potable.

Les niveaux piézométriques de l’aquifère de base, ne dépassent généralement pas


12 m au dessus du niveau marin, ceux des aquifères d’altitudes, peuvent atteindre
1005 m (les îles de Maui et d’Hawaï). L’

Illustration 8 présente les principales unités aquifères précédemment décrites. On


considère dans ce schéma une nappe de base relayée à l'intérieur des terres par un
système de nappes perchées et de nappes limitées par des dykes.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 31


Modalités de captage

source Dépôts sédimentaires Tunnels


Aquifères limités
Roches volcaniques
par dykes Forages
Roches peu perméables
Aquifère perché
Dykes
Eau douce
Eau salée
G

A, B, C : forages, D : puits type « Maui », E : tunnels, F : réserves limitées d’un aquifère


perché, G : puits type « Oahu »

Illustration 8 : Coupe schématique des principales unités aquifères des îles Hawaii et de leurs
modalités d’exploitation (Gingerich et Oki, 2000)

Les caractéristiques hydrodynamiques de ces aquifères synthétisées par Daesslé


(1988) sont présentées dans le tableau suivant (Illustration 9). Il montre les différences
des paramètres hydrodynamiques des formations basaltiques en fonction de leur
localisation et de la présence ou non de dykes.

Qs2
Type de formation Lieu K (m/s) T (m2/s)
(l/s/m)

Formations basaltiques Pearl Harbor


1,2 à 3,6.10-3 1,2 à 1,4 20 à 80
modernes (Oahu)

Formations basaltiques 0,12 à


Honolulu (Oahu) 1,2 à 7.10-1 20 à 80
modernes 1,2.10-2

Formations basaltiques
Oahu 0,25 à 2,10-4 0,3 à 1,9.10-3 <2
piégées par dyke

0,17 à
Basaltes zone marginale dyke Oahu -2 2 à 10
1,7.10

Formations basaltiques sans


Oahu >3,5.10-3 1à5 >200
dyke

-3
Basaltes Hawaii, Maui, Kaui >3,6.10 0,02 à 0,85 10 à 200
Illustration 9 : Caractéristiques hydrodynamiques de quelques aquifères sur les îles Hawaii

2
Débit spécifique : débit par mètre de rabattement

32 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Il est pertinent d’ajouter à ce chapitre les résultats du projet scientifique intitulé


« Hawaii Scientific Drilling Project (HSDP) » (1993/1994) qui a été mené sur l’île
d’Hawaï. Ce projet a consisté à réaliser un forage de 1056 m de profondeur à une
altitude de 11 m sur le flanc est de l’île Hawaï.

Des échantillons d’eau notamment afin de caractériser l’interface eau douce - eau
salée ont été prélevés et analysés (température, physico-chimie, analyses isotopiques)
au cours de la foration. Les différents niveaux d’eau douce et d’eau salée rencontrés
lors de la réalisation du forage sont, du plus proche de la surface au plus
profond (Illustration 10) :

- aquifère de base de Mauna Loa (b) : premier aquifère d’eau douce ;

- la présence d’eau salée a pu être mise en évidence dans les basaltes de


« Mauna Loa », situés entre 70 à 300 m de profondeur environ (entre b et c) ;

- à 310 m de profondeur (c), un aquifère d’eau douce de 200 m d’épaisseur a


été rencontré (piégé sous un aquiclude formé par les « sols de Mauna Loa »). Il est
localisé au niveau de l’interface Mauna Loa/Mauna Kea (lit de cendres). Les eaux
proviendraient de la recharge qui s’est opérée à 2000 m d’altitude. La mesure des
teneurs en carbone 14 de ces eaux douces indique un âge de 2200 ans BP avec une
vitesse d’écoulement d’au moins 14 m/an (Thomas et al, 1996) ;

- série de basaltes du volcan Mauna Kea saturée d’eau salée (d).

Illustration 10 : Coupe schématique des aquifères rencontrés lors de la réalisation du forage


KP-1

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 33


Modalités de captage

Il est supposé que les eaux douces, rencontrées entre 300 et 500 m de profondeur
soient piégées en dessous d’un aquiclude, formé par les sols situés à la base du
volcan Mauna Kea. Elles se déverseraient finalement, via des sources sous-marines
profondes localisées sur les flancs du massif du Mauna Kea.

Ces résultats mettent en évidence la présence d’un épais aquifère d’eau douce à
plusieurs centaines de mètres sous le niveau marin. Ils suggèrent la présence d’un
aquifère régional qui est considérablement plus complexe que le simple modèle de
lentille eau douce-eau salée, généralement supposé pour les formations volcaniques
récentes des îles Hawaii (Thomas et al, 1996).

d) Les techniques d’exploitation des eaux souterraines

Les eaux superficielles étaient traditionnellement utilisées pour l’alimentation en eau


potable des îles Hawaiiennes. Des investigations hydrogéologiques et le recours aux
eaux souterraines pour l’approvisionnement en eau ont débuté lors de la découverte
d’eau souterraine artésienne en 1879 à Oahu. Depuis, l’exploitation des eaux
souterraines n’a cessé de se développer.

Outre les forages, les deux principales méthodes mises en œuvre pour l’alimentation
en eau potable de la population d’Hawaii sont les tunnels et les puits-galeries (puits de
mine).

1- Les tunnels

Ils permettent d’atteindre et d’exploiter les aquifères d’altitude. Ce système consiste à


creuser un tunnel horizontal traversant un ou plusieurs dykes (Illustration 11). L’eau
contenue dans les compartiments basaltiques est alors libérée dans le tunnel.

34 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Illustration 11 : Coupe schématique d'un tunnel foré dans des formations basaltiques piégées
par des dykes (Nichols et al, 1996)

Ces ouvrages permettent également de capter de petits aquifères perchés. Cependant,


lorsqu’une nappe est drainée de manière incontrôlée (vidange permanente), elle a
tendance à se tarir progressivement. Les débits en sortie de l’ouvrage peuvent ainsi
diminuer rapidement (Illustration 12) et ne plus répondre aux besoins initialement
prévus.

Illustration 12 : Tunnel captant un aquifère piégé par des dykes (USGS,1999)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 35


Modalités de captage

A Hawaii, les tunnels ont été développés dans un premier temps pour l’irrigation afin de
prélever l’eau dans les aquifères piégés par les dykes. Ils ont été construits dans les
régions montagneuses où des sources et des ruisseaux aux débits importants avaient
été observés. Cependant, après le développement de ces ouvrages, il a été remarqué
une diminution des écoulements de surfaces (sources et cours d’eau). Les tunnels
avaient pour conséquence une modification de la trajectoire de l’eau dans les aquifères
(modification des lignes de courant) si bien que les eaux souterraines ne parvenaient
plus jusqu’aux émergences habituellement observées.

A l’origine, à Oahu, tous les compartiments aquifères piégés par des dykes et
traversés par un tunnel étaient drainés, ce qui avait pour conséquence une diminution
rapide des débits et ce, jusqu’à ce que les compartiments se tarissent. (Nichols et al,
1996). Alertés par ces observations, les ingénieurs ont alors modifié les techniques de
construction des tunnels. Ils ont introduit des cloisons étanches en béton dans les
tunnels afin de simuler le rôle joué par les dykes, de mieux contrôler les venues d’eau
et de maintenir et/ou créer des réserves. Des interrogations quant à l’efficacité d’une
telle installation, variable d’un site à l’autre, restent encore en suspend (Commission on
Water Resource Management, 2008).

2- Les Puits-Galeries

Trois types de puits-galeries ont été définis (Stearn et Vaksvik, 1935) :

- Type Maui : ce système est utilisé pour capter de grandes quantités d’eau
avoisinant l’interface eau douce/eau salée. Un puits incliné est creusé à travers une
formation basaltique. Il atteint une longue chambre de pompage située juste au-dessus
du niveau de d’eau (Illustration 13). En rasant ainsi le niveau piézométrique, les
risques d’intrusion saline sont réduits.

Illustration 13 : Schéma d'un puits-galeries (Nichols et al, 1996)

36 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Un système de ce type a été construit dans la vallée de Halawa en août 1944 (Oahu).
Un puits d’une longueur de 90 m est équipé de 2 grandes conduites permettant
d’acheminer l’eau depuis la chambre de pompage jusqu’à la surface. Environ
2350 m3/h sont pompés à partir de 3 pompes. Le coût de cet ouvrage, dont la station
de pompage permet d’écrémer la surface de la nappe et d’éviter ainsi les intrusions
salines s’élevait alors à environ 2 300 000 $ (en 1944). Dans les années 1970, le puits-
galerie à Waiawa (Oahu) pompait également en moyenne 2350 m3/h.

On peut noter que cette technique a été aussi développée lors de la recherche de
ressources pour l’alimentation en eau potable de la région de Kailau-Kona de l’île
Hawaii. En 1976, un puits incliné situé à 180 m au dessus du niveau de la mer a été
foré. Il descend à une chambre de pompage a proximité du niveau marin, d’où sont
connectés des « skimming tunnels » (Bauer, 2003). Ces sont des galeries drainantes
sub-horizontales rasant la surface de la nappe.

- Type Lanai : ce puits permet de venir capter depuis les zones en altitude les
aquifères piégés par dykes. Il pénètre le plus profondément possible dans un aquifère
limité par un dyke. De sa base partent une ou plusieurs galeries drainantes
horizontales et d’autres forages verticaux peuvent être réalisés, augmentant ainsi les
venues d’eau.

Un tel ouvrage a été construit en 1936 sur l’île de Lanai. A une altitude de 260 m, un
puits incliné (30) de 75 m de long a été creusé dans les basaltes. L’eau a été
rencontrée à 224 m d’altitude après un dyke. Une pompe a été installée dans une
chambre de pompage situé à l’extrémité de ce puits. Ensuite, un forage vertical de
65 m de profondeur a été réalisé. La quantité d’eau pompée depuis cet ouvrage a
diminué au cours du temps. Elle était en 1937 de 44 280 m3/an (5 m3/h), en 1938 de
34 750 m3/an (4 m3/h) et en 1939 de 31 525 m3/an (3,6 m3/h) (Stearns, 1940).

- Type Oahu : ce puits permet de venir capter les aquifères confinés par des
dykes à un niveau proche du niveau 0 de l’aquifère de base. Des forts débits peuvent
être pompés sans crainte d’intrusion saline. Des exemples de ce type de captage n’ont
pas pu être trouvés.

Ces différentes techniques de pompages se sont développées sur l’ensemble des îles
de l’archipel. Des statistiques détaillées en nombre, longueur, et débit ont été
recherchées et demandées auprès des différentes agences d’approvisionnement en
eau potable. Quelques données en pu être collectées sur l’île d’Oahu, la plus peuplée.
La majorité de l’eau potable fournie provient des eaux souterraines et cette île dispose
de (the Honolulu Board of Water Supply (BWS), www.hbws.org) :

- 18 tunnels (Honolulu, Windward, and Wai‘anae areas) ;

- 180 forages et puits verticaux ;

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 37


Modalités de captage

- 4 puits galeries (Makaha, Pearl city, Kalihi, Halawa) ;

- 2 sources (Alewa and Makiki) ;

- 163 réservoirs, capacité de stockage de 642 000 m3.

On peut citer que sur le flanc du volcan Koolau sur l’île de Oahu (Kaulaa Range), sur la
cinquantaine de forages existants captant les eaux dans les aquifères piégés par des
dykes, les 12 exploités en 1978 fournissaient 745 m3/h soit environ 17 l/s et par forage.
(Takasaki et Mink, 1985). Une trentaine de galeries totalisant 6712 m ont également
été creusées dans cette zone, 20 sont productives et fournissent environ 2,15 m3/s à
l’utilisateur.
Il convient de citer les longueurs et les sommes des débits des venues d’eau dans les
galeries suivantes (Takasaki et Mink, 1985) :

- Waiahole : 1220 m, 0,87 m3/s ;

- Waikane 1 : 1050 m, 1,06 m3/s ;

- Waikane 2 : 805m, 0,17 m3/s ;

- Owan : 695 m, 2,11 m3/s ;

- Kahaua : 602 m, 0,57 m3/s.

En annexe 2, sont listés les différents tunnels recensés par Stearn en 1935 permettant
de capter les aquifères d’altitudes (nappes perchées et piégées par dykes). Le tableau
suivant (Illustration 14) précise quand à lui quelques coûts de galeries (Takasaki et
Mink, 1985) :

38 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités de captage

Situation Coût au
Date de Altitude Longueur Coût ($) à la date
mètre
construction (m) (m) des travaux
linéaire ($)

1940 Waimanalo 189 152 8 152 $ 53

? Haiko 168 402 47 854 $ 119

282 571 $
1946 Kahaluu 178 117 coût total projet : 2415
500 000 $

1945-48 Kaneohe 161.5 147 26 248 $ 178.5

Total projet
(tunnel, réservoir,
1955 Waihee 66.5 547 -
conduites…) :
1 200 000 $

Illustration 14 : Coûts de quelques galeries creusées dans les années 1940-1950 (Oahu)

Des données plus récentes n’ont malheureusement pas pu être trouvées dans la
bibliographie et auprès des différentes administrations responsables de l’alimentation
en eau potable sur les îles Hawaii.

3- Bilan

Les tunnels et les puits-galeries de divers types (Illustration 15), certains utilisés pour
capter les aquifères des hauts, d’autres pour pomper les eaux de l’aquifère de base en
minimisant les risques d’intrusion saline sont des techniques de captages fortement
développés depuis le début du XXème siècle dans les îles Hawaii.

En 1975, les débits prélevés dans les aquifères d’altitude représentaient environ 15 %
des prélèvements des eaux souterraines à Hawaii et à Oahu. Les débits prélevés en
aquifère de base sont les plus importants sur les îles Maui et Oahu (Daesslé, 1988). Il
est intéressant de noter que les îles Molokai et Lanai n’exploitent que leurs ressources
d’altitude (puits pas assez productifs en eau douce en zone littoral). Enfin, des
développements potentiels sont encore envisageables notamment à Hawaii, Kauai,
Maui où seulement 4% de la ressource en eau souterraine est exploitée en 2008
(Illustration 16).

Le retour d’expérience nous montre que les plus grandes précautions doivent être
prises lors de la réalisation des tunnels. Les débits soutirés doivent pouvoir être
maitrisés et correspondre uniquement aux besoins en eau recherchés. La mise en
place de cloisons étanches en béton dans les tunnels afin de simuler le rôle joué par
les dykes semblerait permettre de mieux contrôler les venues d’eau et de maintenir
et/ou créer des réserves. Il est vrai que certains tunnels, sans cloison étanche, ont vu

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 39


Modalités de captage

leur productivité diminuer dans le temps et les écoulements de surfaces (sources et


cours d’eau) se sont taris, l’eau souterraine piégée par les dykes ne contribuant plus à
les alimenter. Ces exemples nous alertent sur la nécessité de bien comprendre le
fonctionnement des systèmes aquifères, notamment dans leurs relations avec les eaux
superficielles : la mise en place de prélèvements d’eau est à réfléchir dans le cadre
d’une vision pérenne des ressources en eaux, qu’elles soient souterraines ou de
surface.

Au regard de ces observations, il semble indispensable qu’un suivi géologique mais


également hydrogéologique et hydrologique (suivi de l’évolution des débits des
sources et des cours d‘eau) soient effectués au cours de la réalisation des ouvrages et
lors de leurs exploitations. Ce suivi permettrait d’accroitre les connaissances
géologiques afin de mieux contrôler, affiner et adapter aux besoins les ouvrages. Il
permettrait également d’évaluer l’impact du drainage souterrain sur les ressources en
eaux superficielles et souterraines.

PUITS TYPE « LANAI »

GALERIE PUITS TYPE « OAHU »

PUITS TYPE « MAUI »


écrémage de la surface de la nappe

FORAGE PROFOND
Aquifère fourni la majorité de l’eau potable de Oahu
d’altitude (aquifère basaltique)

FORAGE ARTESIEN
FORAGE « caprock »
(irrigation)

Chambre de pompage Aquifère de base captif sous


« caprock »
« Skimming-tunnels »

Aquifère de base

Illustration 15 : Modalités d'exploitation des eaux souterraines à Hawaii

40 BRGM/RP-56787-FR – Rapport final


Modalités d’exploitation des eaux souterraines Débits Débits Exploitation
exploités exploitables ressource*
HAWAI Nappes de Remarques Nappes Remarques (2005) * (2008)*
%
base d’altitude
m3/s m3/s

Kauai Forages Intrusions - Tarissement 0,5 13,7 4


salines des réserves
Oahu Puits-galeries Quelques 8,5 17,8 48
(type Maui1, =>limitées grâce Forages => limité grâce
Kahoolawa skimming à la construction aux cloisons
tunnels) de galeries Puits-galeries étanches
Maui drainantes rasant (type Lanai2, (contrôle du 3,9 18,7 21
la surface de la Type Oahu) drainage)
Hawaii nappe 4,1 105,6 4
Galeries3
Molokai - 0,1 3,5 4

Lanai - 0,1 0,3 30

Illustration 16 : Modalités d'exploitation des ressources souterraines sur les îles de l'Archipel d'Hawaii

1
Puits-Galeries Type Maui : plusieurs milliers de m3/h 3
Galeries : pour 1km de tunnel, plusieurs 100aines à
2 3
Puits-Galeries Type Lanai : quelques m /h plusieurs milliers de m3/h
(d’après les exemples précédemment présentés)

* : Water Resource Protection Plan, State of Hawaii, Commission on Water Resource Managment, June 2008
Modalités de captage

3.3.2. Cas des îles Canaries

a) Situation géographique

Situées au nord-ouest du Sahara-Occidental, les îles Canaries forment un archipel de


l'Océan Atlantique et occupent une superficie de 7447 km². L'archipel est situé à plus
de 150 km des côtes africaines (Sahara-Occidental) et à plus de 1000 km au sud de
l'Espagne. L’archipel des Canaries se compose de sept îles principales : Tenerife,
Fuerteventura, la Grande Canarie, Lanzarote, La Palma, La Gomera et Hierro
(Illustration 17). Les précipitations sont les plus abondantes à La Palma avec une
moyenne annuelle de 600 mm/an. Elles sont les plus basses à Lanzarote et
Fuerteventura avec 1000 mm/an au-dessus de 800 m d’altitude et 200 mm/an au
niveau de la mer. La moyenne annuelle des précipitations à Tenerife est de l’ordre de
400 mm/an.

Illustration 17 : L'Archipel des Canaries

b) Aperçu géologique

Les îles des Canaries résultent d’une activité volcanique intense sur le socle océanique
et sont le résultat d’un empilement de matériaux volcaniques qui ont été déposés en
plusieurs phases. Les plus anciennes îles ont émergé il y a environ 20 Ma tandis que
les plus récentes il y a moins de 1 Ma. L’archipel a été formé par la juxtaposition
d’édifices volcaniques émis lors de cycles indépendants séparés par des périodes de
calme et d’érosion. Ces dernières ont formé des paléo-relief et sont à l’origine
d’intercalations de dépôts sédimentaires. Les dépôts sont pour la majorité basaltiques
avec également des matériels plus acides issus de la différentiation tels que des
phonolites et trachytes (Cabrera et Custodio, 2004). Les matériaux les plus anciens du
socle (roches plutoniques, basiques à ultrabasiques recouvertes par des sédiments
siliceux et des pillow lavas) affleurent à Fuerteventura, Gomera et La Palma. Ils sont
recouverts de 1000 m de matériaux basaltiques (basaltes anciens) qui se sont déposés

42 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

lors des éruptions aériennes. Enfin, suite à de nombreuses périodes d’émission et


d’érosion, des basaltes récents se sont mis en place alternant avec des roches
alcalines et des basaltes modernes. Un grand nombre de cônes et de caldeiras
façonnent toutes ces îles (Daesslé, 1988).

c) Aperçu de l’hydrogéologie des îles Canaries

Le modèle des îles Canaries tel que décrit par Custodio (1988) (2.4), est caractérisé
par un aquifère continu allant de la partie basale jusqu’à la partie interne et supérieure
de l’île. Il peut être distingué différents milieux aquifères hautement hétérogènes et
anisotropes qui sont les suivants (Navarro Alvargonzalez et al, 1993) :

- Complexe basal (Palma, Gomera, Fuerteventura) : roches plutoniques avec


injections abondantes de dykes, pratiquement imperméables ;

- Série de « basaltes anciens » (Miocène) : formation la plus exploitée sur


l’ensemble de l’archipel. Il s’agit d’une association de coulées de laves et de
pyroclastites. Occupant les soubassements, ils se trouvent généralement transformés
dans leur texture à la suite de compactions, d’intrusions de dykes et de minéralisations
secondaires. En raison de l’ancienneté de cette formation et de la densité de dykes qui
la traversent, cette série présente une faible conductivité hydraulique. L’écoulement de
l’eau est plus lent mais ces basaltes constituent le siège d’importants volumes de
stockages ;

- Une série de trachytes-phonolites (Pliocène) : caractérisée par une grande


diversité de matériels, tels que des phonolites, trachytes et ignimbrites. Ces formations
sont généralement très compactes et peu fissurées donc peu perméables. Les niveaux
aquifères peu importants sont localisés dans des tronçons scoriacés (exploités à
Grande Canarie et Tenerife) ;

- Brèches et conglomérats : il s’agit de la série « Roque Nublo » à Grande


Canarie, de « Morlon » à Tenerife, de « Post-caldera » à La Palma. Les
caractéristiques de cette formation sont variables. Elles sont imperméables sur les îles
de Tenerife et de La Palma mais se comportent comme de bons aquifères à Grande
Canarie (ressource la plus importante sur cette île) ;

- Série de « basaltes modernes » (Pléistocène) : accumulation de coulées de


laves et de pyroclastites. Ces matériaux jeunes présentent une grande perméabilité
(de 1,16.10-3 à 1,16.10-2 m/s) ;

- Alluvions : ces dépôts perméables sont exploités essentiellement à Grande


Canaries et ont peu d’importance dans les autres îles.

Les formations les plus basiques (« basaltes anciens », « Roque Nublo », « basaltes
modernes ») sont potentiellement les plus aquifères. Les paramètres hydrodynamiques
de ces formations sont présentés dans le tableau ci-dessous (Illustration 18).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 43


Modalités de captage

Types de
Lieu K (m/s) T (m2/s) S3 (%)
formation

5,8.10-7 à 0,6 à 2,6


Basaltes anciens 0,5 à 1
5,8.10-6 10-4

3,5.10-6 à 1,15 à 2,9


Trachytes et phonolites 1,5 à 3,5
8,7.10-6 10-4

zones 1,15.10-6à 0,6 à 1,15


0,01 à 0,1
exceptionnelles 5,8.10-6 10-4

3,5.10-6 à 2,9 à 5,8


Brèches et Roque Nublo 1,5 à 3,5
8,7.10-6 10-4
conglomérats
Avec
3,5.10-6 à 0,58 à 2,3
sédiments et 2à5
8,7.10-6 10-3
coulées

1,7.10-5 à 0,46 à 2,3


Basaltes modernes 1à2
9,25.10-5 10-3

5,8.10-5 à 1,15 à
Alluvions et terrasses 5 à 10
2,9.10-4 9,25 10-3

Illustration 18 : Caractéristiques hydrodynamiques des formations aquifères sur les îles


Canaries (Navarro Alvargonzalez et al, 1993)

Le système d’écoulement est à l’échelle insulaire, relativement homogène. Deux unités


hydrogéologiques sont identifiables (Gasparini et al, 1990) :

- le « noyau » : constitué par les formations les plus imperméables où les


circulations sont pratiquement nulles ;

- la succession de formations récentes au sein desquelles les flux sont plus


élevés.

3
S : Coefficient d’emmagasinement

44 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

d) Les techniques d’exploitation des eaux souterraines

Compte tenu des milieux hydrogéologiquement hétérogènes et anisotropes des îles


Canaries, les eaux souterraines sont exploitées à l’aide de forages, de puits et de
nombreuses galeries. Un petit nombre de sources sont également exploitées.

1- Les galeries

Ces ouvrages sont plus adaptés aux terrains hétérogènes où les dykes, les surfaces
d’érosion et les discordances géologiques interviennent dans la géométrie des
aquifères («basaltes anciens» mais également formations plus récentes à Tenerife et
La Palma). Compte tenu du cloisonnement par les dykes, le stockage et l’écoulement
des eaux souterraines dans ces terrains sont plus aléatoires que dans des formations
plus homogènes.

Les différents types de galeries existants sur l’île de Tenerife (Illustration 19) ont été
inventoriés en 1985 et présentent les caractéristiques suivantes (Direccion General de
Aguas, 1996) :

Types de Galeries Nombre Longueur Qs Volume Remarques


(km) (l/s) (x106m3/an)

Galeries Productivité dépend de


336 78 220 7
sources la pluviométrie

creusement fréquent
Galeries pour maintenir les
494 1490 4900 155
conventionnelles volumes d’eau
produits

Socavones 208 47 - - -

Galeries puits 9 6 40 1

TOTAL 1047 1621 5160 163

Illustration 19 : Caractéristiques des divers types de galeries à Tenerife

Les galeries « sources » sont utilisées pour capter les aquifères perchés et sont
creusées au niveau des émergences. Leur production varie en fonction de la
pluviométrie.

Les galeries « conventionnelles » drainent les eaux des zones saturées. Leur
longueur moyenne est de 3 km mais certaines peuvent dépasser les 5 km. 71 % de
l’eau distribuée provient de ces ouvrages. Cependant, en raison d’un déséquilibre
entre la recharge et les prélèvements, il est souvent nécessaire de creuser à nouveau
afin de maintenir les volumes d’eau produits. Il s’agit d’une exploitation minière de la

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 45


Modalités de captage

ressource en eau ne permettant pas une exploitation des eaux de manière durable.
Deux causes peuvent être à l’origine de l’abandon de ce type d’ouvrage (Direccion
General de Aguas, 1996) :

- chute du niveau piézométrique : la présence d’un forage à proximité de


l’ouvrage peut engendrer un rabattement trop important de la nappe ;

- la galerie a traversé toute la zone saturée et atteint une zone imperméable. Le


débit décroit alors de manière logarithmique et un prolongement de la galerie n’est pas
envisageable.

Les « Sacavones » sont des galeries de plus courtes longueurs (quelques centaines
de mètres) qui ne produisent à ce jour plus d’eau.

Au milieu des années 1960, 90% des galeries qui existent aujourd’hui sur l’île de
Tenerife avaient d’ores et déjà étaient creusées. D’après Custodio (1978), les galeries
étaient en moyenne réalisées de la manière suivante :

- 2 m de diamètre ;

- creusées traditionnellement à la main, l’évacuation des déblais se faisait par


wagonnets à la main, plus rarement par des moyens mécaniques. Puis, l’utilisation des
explosifs et marteaux pneumatiques s’est généralisée, quelques cas ont été réalisés
au tunnelier (cependant les différentes méthodes ne sont pas comparées) ;

- les points d’attaque sont situés sur des topographies difficiles d’accès ou
parfois sans accès terrestre ;

- le creusement s’effectue perpendiculairement aux crêtes avec une faible


inclinaison vers l’amont (0.5% à 1%). Il semblerait que l’inclinaison idéale soit de
0.55% ;

- les tracés sont souvent sinueux, l’encontre de zones difficiles à excaver ou la


recherche de zones plus perméables sont à l’origine de ces déviations. Les
constructeurs sont parfois amenés à changer de direction principale de foration, à
creuser des ramifications ou encore à forer d’autres galeries de diamètres plus petits
(appelées « catas ») dans plusieurs directions (Ecker, 1976). Lorsque qu’un dyke est
rencontré au cours de l’excavation, un ou plusieurs « catas » sont forés afin de vérifier
si de l’eau est stockée derrière. Si elle est effectivement présente en quantité
suffisante, l’extension de la galerie est stoppée, si au contraire, le débit est insuffisant,
le dyke est perforé et de nouvelles ressources sont recherchées ;

- toutes les galeries possèdent des drains forés au toit et au parement.

Il est à noter que sur l’île de Tenerife, en 1973, l’ensemble des galeries produisait
196 millions de m3 d’eau (Ecker, 1976). Elles ne produisaient plus que 163 millions de
m3 d’eau en 1985 et moins de 126 millions de m3 en 2005 (Illustration 20).

46 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Débit
Longueur

Illustration 20 : Evolution des débits totaux et de la longueur totale des galeries au cours du
temps sur l'île de Tenerife (Consejo Insular de Aguas de Tenerife)

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette diminution de débit (Plan Hidrologico Insular
de Tenerife, 1996) :

- une diminution de la pluviométrie : la moyenne annuelle des précipitations sur


la période 1921-2004 était de 394 mm/an. L’analyse des chroniques pluviométriques
montre une faible pluviométrie entre 1931 et 1948 (environ 300 mm/an) suivi d’une
décennie exceptionnellement humide avec des précipitations abondantes supérieures
à 500 mm/an. Depuis le début des années 60, la pluviométrie annuelle a maintenu une
tendance à la baisse. Elle n’est plus que de 343 mm/an sur la période 1995-2004 ;

- un déséquilibre entre la ressource en eau disponible et les prélèvements : les


prélèvements supérieurs à la recharge entrainent une diminution progressive des
réserves, un abattement des niveaux d’eau et donc une diminution des débits des
galeries voire un assèchement ;

- une impossibilité de prolonger l’ouvrage : le prolongement de la galerie est


parfois techniquement difficile (température élevée, présence de gaz) et
excessivement coûteuse. Il est parfois inutile en raison des caractéristiques
hydrodynamiques des terrains rencontrés.

Il est à noter que le prolongement de la galerie n’est pas une solution adaptée pour
développer une exploitation durable des ressources en eau.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 47


Modalités de captage

2- Les puits

Les puits sont préférentiellement choisis comme moyen de captage lorsque l’aquifère
est un terrain relativement uniforme avec une superficie et un volume suffisants pour
rencontrer des caractéristiques hydrauliques semblables (formation « Roque Nablo »,
basaltes modernes saturés). La plupart des puits possèdent à leur base des galeries
ou catas. Elles ont été creusées afin d’améliorer la productivité des puits mais aussi
afin d’éviter les intrusions salines.

Cette pratique est si courante dans les îles Canaries que 80% des puits qui exploitent
l’eau de l’aquifère volcanique fracturé de Tenerife possèdent des « catas » et/ou
galeries. Ces puits ont un débit moyen de 100 m3/h mais certains peuvent fournir plus
de 250 m3/h. Un pompage à 150 m3/h dans cet aquifère engendre un rabattement de
quelques centimètres à environ 2 mètres (Ecker, 1976).

L’Illustration 21 présente les types de puits et leurs caractéristiques en 1985 (Plan


hydrologico insular de Tenerife, 1996) :

Type Nombre Profondeur Qs Volume Remarques


(km) (l/s) Exploité
(x106m3/an)

Puits ordinaires 120 1.7 10 - Peu productif

Zones drainée
importantes
Puits 286 40.5 1200 38
conventionnels Diminution du risque
d’intrusion saline
Rapidité d’exécution
Forages 31 9.5 350 11
faible coût

TOTAL 437 51.7 1560 49

Illustration 21 : Caractéristiques des divers types de puits à Tenerife

Les puits « ordinaires », d’une dizaine de mètres, exploitent les niveaux d’eau saturés
à faible profondeur. Aussi, environ 100 puits exploitent les aquifères sédimentaires
perchés de la plaine La Laguna (Ecker, 1976).

Les puits « conventionnels » sont des forages de gros diamètre (3 m) ayant une
profondeur moyenne de 100 m. L’étendue de la section transversale de ces puits
permet de réaliser des galeries horizontales au fond, en contact avec la zone saturée
augmentant ainsi la superficie de la zone drainée (Plan hydrologico insular de Tenerife,
1996). Cette technique permet de diminuer le rabattement et donc de minimiser les
risques d’intrusion saline

48 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Les forages ont une profondeur moyenne de 300 m et un diamètre de 700 mm.
Contrairement aux puits conventionnels, les rendements de ces ouvrages ne peuvent
être améliorés à l’aide de galeries. Par contre, ils ont l’avantage d’être réalisés
rapidement et sont peu coûteux.

Face à la diminution des volumes d’eau prélevés à l’aide des galeries, les forages et
les puits ont été des moyens de captage qui se sont développés ces dernières années
(Illustration 22). Cependant, ils ne peuvent représenter à eux seuls une alternative. En
effet, les prélèvements sont limités en raison du risque d’intrusion saline et des faibles
recharges.

Longueur

Puits
« conventionnels » Débit

Longueur

Débit

forages

Illustration 22 : Evolution des débits totaux prelevés et des longueurs totales des puits
« conventionnels » et des forages au cours du temps sur l'île de Tenerife (Consejo Insular de
Aguas de Tenerife)

3- Bilan

On remarque que globalement, hormis à la Gomera et à Hierro, l’essentiel des débits


proviennent des galeries et l’emportent sur les extractions par puits et forages
(Illustration 23). Ces galeries étaient pour la plupart construites de manière
relativement empirique. Il est important de souligner que depuis quelques années, les
ressources en eau se tarissent. Les volumes prélevés à partir de galeries (196 millions
de m3 d’eau en 1973, contre 163 millions de m3 d’eau en 1985 à Tenerife) ont
fortement chuté. Ils semblent cependant se stabiliser depuis quelques années. Il est
vrai que les îles Canaries, notamment Grande Canarie et Tenerife exploitent de
manière intensive leurs ressources en eaux souterraines et la recharge des aquifères
n’est pas suffisante pour contrebalancer les prélèvements effectués.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 49


Modalités de captage

Les galeries étant de moins en moins productives, et les prélèvements par les forages
réalisés en zone littoral étant limités en raison des risques d’intrusion saline, les îles
envisagent désormais d’autres moyens d’approvisionnement en eau potable comme la
production d’eau potable à partir d’une station de dessalement d’eau de mer
(notamment dans les îles orientales où la rareté de l’eau est plus prononcée), la
réutilisation des eaux usées traitées, la désalinisation des eaux provenant des
ouvrages souterrains…

50 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités d’exploitation des eaux souterraines
Nappes Formations exploitées
de base Nappes d’altitudes (%)
Débits
exploités
CANARIES (2005) A B C D E
Puits1 Remarques Galeries Galeries2
Sources m3/s
remarques Remarques
Prof Q Q Long
Nbre Q (l/s) Nbre Nbre
(km) (l/s) (l/s) (km)

adaptés aux terrains adaptés aux


Tenerife 370 1457 27 135 100 Creusées au 1001 5643 1453 7.16 26 19 24 23 8
relativement uniformes terrains
niveau des hétérogènes
Fuerteventura 2238 158 51.6 Débit décroit avec le 45 1.6 émergences ? ? 0.3 0.16 60 40
temps Creusement
Grande Canarie 2318 2344.5 218.3 20 6.3 339 313.5 177 dans divers 2.67 95 5
Intrusions salines directions
La palma 72 734 2.7 =>Galeries horizontales 120 400 166 1579 135 2.63 35 15 3 45 2
Débit
à la base de la majorité décroit avec
-2
Lanzarote 100 2 1 des puits : ? ? 8 7 2.9 le temps 0.86.10 46 17 26 11
augmentation des
Gomera 61 366 1.8 venues d’eau, 96 170 5 11.9 3.3 0.37 25 75
diminution du risque
Hierro 20 91.3 6.3 d’intrusions salines ? ? 7 0.76 6.1 0.12 15 85

Illustration 23 : Bilan des prélèvements effectués sur les îles Canaries


1
Puits : plusieurs 10aines à 100aines de m3/h/km
2
Galeries : de quelques m3/h/km à plusieurs dizaines de m3/h/km

Données : Navaro Alvargonzales et al, 1993


Formations : A= basaltes anciens, B= Serie phonolites-Ignimbrites, C=Brèches et agglomérats, D=Basaltes modernes, E=Alluvions
Modalités de captage

3.3.3. Cas de l’archipel de Madère

a) Présentation Générale

Madère est un archipel dépendant du Portugal situé dans l'océan Atlantique à l'ouest
du Maroc. (Illustration 24). Il est constitué de 5 îles : Porto Santo (émergée entre 14,3
et 11,1 millions d’années), Madère (de 5,3 Ma à < 10 000 ans) et Chao, Desserta
Grande et Bugio (5,1 à 1,9 Ma) (Schwarz et al, 2004). Il s’agit d’un point chaud
provenant d’un panache mantellique. Sur l’île de Madère, les précipitations varient de
500 mm au sud-est à plus de 2 000 mm sur les pentes nord de l’île.

Illustration 24 : Situation géographique de l’archipel de Madère

b) Aperçu de l’hydrogéologie de l’île de Madère

Le modèle conceptuel hydrogéologique de l’île de Madère est présenté par l’Illustration


25. Les eaux souterraines sont localisées dans les aquifères suivants (Prada et al,
2005) :

- aquifères perchés qui se déchargent par des sources à grands débits. Ces
nappes sont localisées dans les laves au dessus de matériels volcaniques peu
perméables ;

- aquifères limités par des dykes : localisés dans la zone centrale de l’île ;

- nappe de base : les aquifères contenant cette nappe sont généralement


hétérogènes et ont été formés par deux unités volcaniques : « main volcanic complex »
présentant une transmissivité allant de 1,6.10-2 à 2,89.10-1 m2/s et «ancient volcanic

52 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

complex » ayant des valeurs de transmissivité plus faibles allant de 2,31.10-4 à


2,6.10-2 m2/s.

Illustration 25 : Modèle hydrogéologique thérorique de l'île Madère (Prada et al, 2005)

c) Les techniques d’exploitation des eaux souterraines

Les eaux souterraines contenues dans la nappe de base sont exploitées via des
tunnels et des puits (Prada et al, 2005). Madère compte 8 tunnels (débit total produit :
1100 l/s) excavés de manière quasi horizontale dans les parties hautes de l’île. Ces
tunnels, de 500 m à 3 km de longueur, sont forés dans les niveaux aquifères « intra-
coulées », juste en dessous de la surface de la nappe afin d’intercepter les eaux à
proximité du niveau piézométrique régional. Les puits sont, quant à eux, localisés sur
le pourtour littoral, dans les vallées. 24 puits sont exploités et fournissent un débit total
de 1100 l/s. Leur débit spécifique varie de 0,2 l/s/m à 667 l/s/m.

Les sources sont pour la plupart localisées et captées dans des « Levadas » (canaux
étroits à ciel ouvert) (Illustration 26). La longueur cumulée de ces canaux dépasse les
1000 km. Ces sources de déversement proviennent d’aquifères perchés et sont
généralement localisées entre 600 et 1500 m d’altitude. Elles fournissent un débit total
de 3650 l/s. Les besoins en eau sont couverts à plus de 60 % par ces sources.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 53


Modalités de captage

Illustration 26 : Photo de "Levada"

3.3.4. Cas des îles du Cap-Vert

a) Présentation Générale

Au large des côtes du Sénégal, l'archipel du Cap-Vert est situé sur un point chaud. Il
est constitué de 13 îles et couvre une superficie de 4 030 km2. Il se divise en deux
séries d'îles (Illustration 27) : au nord les îles de Barlavento (au vent) et au sud les îles
de Sotavento (sous le vent). Le climat du Cap Vert est de type tropical sec, avec des
précipitations irrégulières et torrentielles atteignant environ 230 mm par an en
moyenne. C'est sur l'île de Fogo que se situe le point culminant à 2 829 m : le Pico do
Fogo dont la dernière coulée de lave date de 1995.

Illustration 27 : Les îles du Cap-Vert

54 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

b) Aperçu de la géologie de l’archipel du Cap-Vert

La naissance de cet archipel remonte à environ 180 millions d’années. Son histoire
montre une période volcanique ancienne et une période plus récente (Mitchell-Thomé,
1972). La première phase éruptive, s’étendant du Crétacé à l’Eocène, fut suivi d’une
longue phase d’érosion. Le reprise de l’activité volcanique du Miocène au Pliocène a
donné lieu à un ensemble de séries volcaniques formant les principaux reliefs de
l’archipel (formation du Pico da Antonia à Santiago). Le Pliocène se termine par des
émissions de quelques coulées basaltiques (formation d’Assomada à Santiago). Les
alluvions n’ont d’extension importante que dans les deux îles les plus grandes :
Santiago et Santa Antao (Requedaz et Delucchi, 2006).

c) Les techniques d’exploitation des eaux souterraines

L’exploitation des eaux souterraines s’est orientée vers le captage des eaux dans les
vallées fossiles. 25 millions de m3 d’eau étaient ont prélevés en 1995 à partir de
captages de sources, de galeries et de puits. Selon le bilan hydrologique du Plan
national directeur des ressources hydriques de 1993, 13 % des précipitations s’infiltrent
dans les aquifères alors que 87% s’écoulent en surface ou s’évaporent (Organisation
des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture, 2005).

Il est à noter que sur la quantité d’eau distribuée, un quart provient d’usines de
désalinisation.

L’île de Santiago ne possède aucun cours d’eau pérenne et ses ressources en eau
souterraine sont principalement exploitées par des galeries drainantes, des puits en
grand diamètre et des forages peu profonds creusés dans les nappes alluviales et
dans les formations artificielles accumulées derrière de petits barrages en gabions et
en enrochement (digues de captage). Il existe aussi quelques galeries de captage et
forages profonds dans le socle volcanique. (Institut National de gestion des ressources
hydriques, 2002).

Sur l’île de Sao Nicolau, l’eau d’une ancienne vallée fossile est captée à l’aide d’un
tunnel (galerie de Faja) situé dans le bas de la vallée et remontant presque
horizontalement. Cette galerie atteint le fond de l’ancienne vallée fossile recouvert de
basaltes récents. Ce tunnel a été mis en chantier en juillet 1980 et a été terminé le 31
aout 1986 avec une longueur de 2180 m. Plus de 15 ans après sa réalisation, la
galerie de Faja produit toujours environ 800 m3/jr, mais son débit est contrôlé par un
système de serrements et de vannes qui permet de le réguler en fonction de la
recharge de la nappe par les pluies. Le montant total du financement français relatif à
cet ouvrage fut d’une dizaine de millions de francs (Requedaz et Delucchi, 2006).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 55


Modalités de captage

3.3.5. Cas de la Polynésie Française

La Polynésie française est un groupe d’îles situé au centre de l’Océan Pacifique Sud.
Territoire d’Outre-mer français, elle couvre une superficie (y compris les eaux
intérieures) de quelque 4 500 km2. La capitale est Papeete, sur l’île de Tahiti. 130 îles
en tout sont réparties sur cinq archipels : les îles de la Société, les îles Tuamotu, les
îles Gambier, les îles Marquises et les îles Tubuaï. Tahiti, située dans l’archipel des
îles de la Société, est l’île la plus importante, avec une superficie de 1 042 km2
(Illustration 28).

Illustration 28 : Les îles de la Polynésie

Les îles de Polynésie sont issues de l’activité volcanique de "points chauds" situés à
l’intersection de failles sismiques. Elles sont de type hawaïen avec un volcanisme de
coulées de basaltes. Les datations K-Ar réalisées sur Tahiti-Nui (île principale de
Tahiti, archipel de la Société) montrent une activité volcanique comprise entre 1,37 et
0,19 Ma. (Le Roy et Gillot, 1994)

Les ressources en eau sont abondantes mais mal connues. Les eaux distribuées sont
captées à partir de cinq grands types d'ouvrages : les captages en rivières qui
constituent 80 à 90 % de la production, les sources, les drainages et les forages
verticaux ou horizontaux.

Issue des vallées de la Fautaua et de Tipaerui, l'eau distribuée à Papeete et Bora Bora
est pompée selon plusieurs méthodes : le forage vertical (système coûteux puisqu'il
demande un pompage continu), le forage horizontal (200 à 300 m de long), la galerie
drainante (parallèle au lit des rivières) et le pompage direct en source.

56 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Pour la concession de Papeete, où les prélèvements en eaux superficielles (sources


mises à part) ont été stoppés depuis 1994, les eaux souterraines sont captées à l’aide
des ouvrages suivants et dans les proportions suivantes (Société Polynésienne des
Eaux et Assainissement) :

- 10 galeries drainantes (68.7 %) ;

- 10 forages horizontaux (27.7 %) ;

- 2 forages verticaux (2.25 %) ;

- 1 source (1.37 %).

Pour Moorea, l’eau potable provient à 44 % de prises d’eau en rivière, puis à 36 % de


forages verticaux. Les forages horizontaux fournissent 16 % du volume d’eau et les
sources 3 %.

3.3.6. Cas des Antilles

La Martinique et la Guadeloupe sont des îles volcaniques présentant des formations de


type andésitique (2.1). Les Antilles françaises appartiennent à l’arc insulaire des
Petites Antilles (Illustration 29), archipel constitué d’une vingtaine d’îles séparant la Mer
des Caraïbes de l’Océan Atlantique.

Illustration 29 : Situation géographique de la Martinique et de la Guadeloupe

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 57


Modalités de captage

a) Guadeloupe

Pour l’année 1998, la totalité des prélèvements comptabilisés s’élevait à 120 millions
de m3. Les eaux souterraines sont captées à l’aide des ouvrages suivants et dans les
proportions suivantes (SDAGE, 2003) :

- les prises d’eau en rivière (85 %) ;

- les captages de sources (9 %) ;

- les forages, situés en Grande-Terre, sur Marie-Galante et à Saint-Martin (5


%). L’eau est alors principalement destinée à la consommation humaine (91 %) ;

Aussi, le dessalement d’eau de mer permet d’alimenter en eau potable les îles du Nord
(1,6 millions de m3 d’eau/an).

Il existerait quelques galeries drainantes mais des données plus précises n’ont pu être
obtenues.
L’exploitation de forages proches du littoral sur la nappe de Grande-Terre a du être
réduite car elle entraînait l’intrusion d’eaux salées. Par ailleurs, comme pour l’île de la
Réunion, pour pallier une inadéquation naturelle entre les répartitions spatiales et
temporelles des besoins et des ressources en eau, des infrastructures importantes de
transfert des eaux de la Basse-Terre vers la Grande-Terre ont été construites.

b) Martinique

Pour l’alimentation en eau potable mais aussi pour l’irrigation, l’approvisionnement est
assuré principalement depuis le système superficiel. La mobilisation de la ressource à
destination domestique est assurée actuellement grâce à plusieurs types de captage
dont la répartition en nombre et en volume est présentée en Illustration 30 (SDAGE,
2002) :

Type Nombre Répartition du volume


d’eau captée (%)

Prises en Rivière 11 91

Forages 5 1

Sources 13 8

TOTAL 29 100

Illustration 30 : Nombre d'ouvrages AEP en Martinique

Il n’existe sur ces îles antillaises que des captages verticaux classiques, et quelques
drains.

58 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

3.3.7. Massif volcanique de la Chaîne des Puits

Dans le massif central, des galeries sous ou intra basaltiques ont été réalisées au
siècle dernier. Les galeries étaient foncées à partir des sources apparaissant aux
fronts des coulées.

La galerie de la Louchadière a été construite dans les années 1950 à la main et à


l’explosif, dans le granite compact ou dans le basalte, en direction du fond de
l'ancienne vallée granitique (Illustration 31). Elle atteint la base d’une coulée basaltique
reposant sur le socle granitique. A l’époque, les dépenses pour les travaux de
recherche se sont élevées à 24,9 millions de francs et celles des travaux de captage à
108 millions de francs.

Illustration 31 : Coupe, localisation et photo de la galerie de la Louchadière (conduite de gros


diamètre dans laquelle circule l'eau captée à coté du canal en béton drainant les eaux qui
suintent dans la galerie)

A 1430 mètres de galerie, les travaux furent arrêtés afin de choisir la meilleure solution
pour atteindre le fond de l'ancienne vallée granitique. Une galerie latérale de 70 m fut
creusée pour atteindre le flanc sud du thalweg. Il fut alors décidé de creuser une
galerie oblique par rapport à la galerie principale. Après 370 m environ, le contact entre
le basalte et le granite fut trouvé, l'eau s'écoulait. Fin 1953, début 1954 deux dernières
galeries en forme de « V » (80 mètres) furent creusées pour atteindre les deux flancs
de l'ancienne vallée. L’écoulement gravitaire se situe entre 140 et 500 m3/h selon la
saison (Journet, 1969).

D’autres galeries ont été réalisées dans la région. Des forages de reconnaissance pour
identifier au préalable les paléovallées étaient toujours réalisés avant le creusement de

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 59


Modalités de captage

ces galeries. Les données qui ont pu être collectées auprès du BRGM Auvergne sont
synthétisées dans le tableau suivant (Illustration 32 ) :

Galeries Longueur Diamètre Remarques


(m) (m)
12 000 m3 de roches excavées
Louchadière 1800 -
132,9 MF en 1955 (2.6 M€ actuel4)

Volvic 685 - Illustration 33

Argnat 430 - -

Bonnefond - -

Les 3 variations de direction lors du creusement de


Grosliers 82 2x1.3 cette galerie traduisent les difficultés de réalisation
de ce type d’ouvrage en extrémité de coulée
Entièrement maçonnée, venues ponctuelles
canalisées vers le trop plein. Le débit capté est
Rouillas_bas 110 2.25x2
relativement constant (180 m3/h en 1991, 184 m3/h
en 2003)

Illustration 32 : Exemples de galeries creusées en Auvergne

Illustration 33 : Coupe schématique de la galerie de Volvic (Barbaud, 1983)

4
Selon le tableau de conversion Insee (annexe 4)

60 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Le recours à l’explosif pour la réalisation de telles galeries est à proscrire. En effet, les
niveaux aquifères doivent être captés juste au niveau du substratum, si ce n’est pas le
cas, les niveaux aquifères risquent d’être perdus. Aujourd’hui, avec le développement
des méthodes géophysiques, des galeries ne sont plus creusées mais des forages
verticaux d’une centaine de mètres (moins coûteux) sont réalisés afin de capter les
eaux situées dans les coulées basaltiques. Cependant, de nombreux forages de
reconnaissance sont nécessaires avant d’atteindre la paléovallée recherchée
(communication orale, BRGM-SGR-Auvergne).

3.3.8. Cas de l’archipel du Japon

Le Japon est un archipel de plus de 3 000 km de long, s’étalant le long de la côte


orientale de l’Asie. Il est composé de plus de 4000 îles dont les 4 principales sont :
Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu (Illustration 34). Le point culminant du Japon est
le Mont Fuji atteignant 3 776 m d’altitude. Il s’agit d’un relief volcanique, toujours actif.
La pluviométrie moyenne annuelle au Japon est d’environ 1718 mm/an.

Illustration 34: Situtation géographique de l'archipel du Japon

Le cas de l’archipel japonais est un peu particulier par le fait qu’il est issu de la
subduction de 2 plaques (Pacifique et Philippines) sous la plaque Eurasienne. Les îles
japonaises étaient à l’origine rattachées au continent asiatique. Ce n’est que lors de
l’ouverture de la mer du Japon, il y 15 millions d’années, que la géographie actuelle
s’est mise en place (Tamura et al, 2005). La rencontre de deux bordures de plaques
convergentes est un environnement tectonique propice à la présence des trois grandes
séries magmatiques, alcaline, tholéiitique et calco-alcaline, dont 85% des laves qui
sont associées à la zone japonaise se trouvent être des basaltes-andésites ou des
andésites (Laporte, 2006).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 61


Modalités de captage

Bien que le pays compte quelques aquifères, les prélèvements proviennent en grande
majorité des eaux de surface (à hauteur de 95%) (Office Internationale de l’Eau, 2007).
L’île Miyakojima, située à environ 1900 km au sud-ouest de Tokyo, a quand à elle
développé un système original afin d’exploiter les eaux souterraines (dans des
formations calcaires) : il s’agit de barrages souterrains. Cette technique permet de
maintenir les niveaux piézométriques à l’amont de l’ouvrage et ainsi accroitre les
stocks d’eau souterraine (Illustration 35).

Illustration 35 : Le concept de barrage souterrain (Uitto et Schneider, 1997)

Deux barrages ont ainsi été créés : Sunagawa et Fukuzato (Illustration 36), chacun
d’une capacité de stockage d’environ 10 millions de m3 d’eau. Le coût estimatif en
1986 était de 181 millions de $.

Sunagawa Fukuzato
Hauteur 50 m 27 m
Largeur 1677 m 1790 m
Elévation du
31 m 46 m
niveau d’eau
Capacité de
9,5. 106 m3 10,5. 106 m3
stockage
Illustration 36 : Description des barrages souterraines de Sunagawa et Fukuzato
(Ishida et al, 2003)

La réalisation de ces ouvrages souterrains ne peut être envisagée qu’en présence d’un
aquifère peu profond à écoulement significatif reposant sur des niveaux peu
perméables. Au regard des conditions requises pour l’emplacement d’un barrage
souterrain, il semble difficile d’appliquer cette technique à La Réunion.

3.3.9. Cas de l’Islande

L’Islande est située dans le Nord de la mer Baltique à une distance de 250 km au sud-
est du Groenland. La superficie de l'île est de 103 125 km², dont 100 329 km² de terre
et 2 796 km² d'eau (Illustration 37). Les précipitations varient du nord au sud. Au nord,
la pluviométrie annuelle est inférieure à 500 mm, alors qu'au sud certaines stations

62 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

atteintes de plein fouet par les tempêtes océaniques ont un total pluviométrique annuel
qui peut dépasser 2 000 mm.

Illustration 37 : Localisation géographique de l'Islande

L’île est située sur le rift médio-atlantique qui est une immense fracture de la croûte
terrestre séparant les plaques tectoniques Nord-américaines et Eurasiennes. Elle est
également à l'emplacement d'un point chaud. Il y a donc superposition des deux types
de volcanisme, ce qui explique que c’est ici que se répand le plus grand volume de
magma sur la surface de la Terre. L’Islande est en presque totalité composé de roches
volcaniques (à l'exception de quelques terrains sédimentaires marins cénozoïques
dans la péninsule de Tjörnes) et comporte de nombreux volcans actifs. Il y en existe à
peu près 130 dont la plupart se situent dans les Hautes Terres d'Islande. La matière
remontant à la surface répare et comble au fur et à mesure les fissures causées par la
séparation des plaques. Par conséquent l'île est toujours en train de croître (d'environ
2 centimètres par an).

Les ressources en eaux souterraines sont situées au niveau des couches


hyaloclastites quaternaires et au niveau des laves basaltiques. La superficie des
couches aquifères profondes et perméables s’élève à 40.000 km2. Elles représentent
35% du territoire national. Les autres couches aquifères sont plus superficielles et
moins perméables, elles se situent au niveau des laves basaltiques tertiaires et
quaternaires (Koreimann et al, 1996). L’eau potable distribuée provient à 62 % des
aquifères du quaternaire et à 32 % du captage de sources.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 63


Modalités de captage

3.3.10. Cas de l’île de la Réunion

a) Situation géographique

L'île de la Réunion, d’une superficie de 2 512 km², est située dans le Sud Ouest de
l'Océan Indien, par 55°29' de longitude Est et 21°5' de latitude Sud. Elle est située, à
vol d'oiseau, à 210 km de l'île Maurice et à 800 km de Madagascar. Elle est constituée
de deux massifs volcaniques accolés, le Piton des Neiges, et le volcan de la
Fournaise.

Le climat tropical est caractérisé par une saison fraîche et sèche de mai à octobre et
une saison humide (cyclonique) qui débute en novembre et se termine en avril.

b) Aperçu géologique

L’île de la Réunion est la partie émergée d’un énorme stratovolcan (7 000 m de


hauteur) posé sur le plancher de l’Océan Indien. Elle est composée de deux volcans-
boucliers :

- le Piton des Neiges : à l’origine de l’île qui s’est construit entre 2 millions
d’années et 20 000 ans et dont la dernière éruption remonte à 25 000 ans. Il présente
aujourd’hui trois larges excavations subcirculaires, coalescentes, profondes de plus de
1000 m, et d’une largeur de 10 km environ. Il s’agit des cirques de Mafate, Cilaos et
Salazie.

- le Piton de la Fournaise : dont la construction a débuté il y a 350 000 ans sur


le flanc sud-est du Piton des Neiges. Il est encore actif actuellement.

Ces deux volcans sont formés d’un empilement en « sandwich » de plusieurs milliers
de mètres d’épaisseur, constitué d’une alternance « lave-scories », recoupée par des
dykes.

L’intérieur des cirques est partiellement occupé par d’épaisses séries détritiques qui
reposent sur le socle volcanique généralement hydrothermalisé et imperméable. Ces
brèches, plus ou moins consolidées, sont le résultat de l’effondrement gravitaire des
flancs du volcan par panneaux entiers (avalanches de débris), mis en mouvement le
long de plans de glissement que constituent les dykes. Les matériaux sont évacués
vers les zones côtières où trois puissantes plaines alluviales s’étalent au débouché des
cirques.

c) Aperçu de l’hydrogéologie de l’île de la Réunion

En ce qui concerne les eaux souterraines, le contexte hydrogéologique est caractérisé


par trois principales zones (Illustration 38) :

- un domaine littoral : caractérisé par un « complexe aquifère de base » qui


contient la « nappe de base » s’écoulant non seulement au sein de l’empilement de

64 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

coulées de faible épaisseur unitaire, très perméables (K horizontale supérieure à


10-3 m/s) dépourvu de dyke, qui constitue le volcan bouclier mais également dans les
milieux alluvionnaires associés (zones d’épandages alluviaux provenant de l’érosion
des Hauts). Cette nappe de base est en équilibre avec les eaux marines. L’exploitation
de cette ressource doit donc être conduite avec précaution afin de ne pas trop déplacer
cet équilibre naturel. Cette nappe montre de faibles gradients hydrauliques et des
niveaux piézométriques peu élevés (Join, 1991).

Les complexes fluvio-deltaïques (rivière du Mat, de l’Est) renferment une ou plusieurs


nappes superposées, les plus profondes étant captives. Cette mise en captivité des
nappes par des niveaux détritiques ou volcaniques imperméables ainsi que des
apports d’eau provenant de l’amont permettent de limiter les phénomènes d’intrusions
salines (Frissant et al, 2006). Les nappes alluvionnaires d’accompagnement des
principales rivières représentent de bons aquifères. Les sous-écoulements des rivières
constituent une ressource importante exploitable.

- Un domaine d’altitude : contenant la « nappe de base » et un ensemble de


« nappes perchées » de faible puissance, petits aquifères d’altitude d’extension
variable qui sont présents à l’intérieur de l’île et déconnectés de la « nappe de base ».
Les sources de ces nappes sont temporaires, le volume des réserves eu eau étant
tributaire des précipitations avec des débits généralement très variables, contrairement
aux sources drainant la nappe de base qui sont pérennes et présentent des débits
importants (Join et Coudray, 1993).

Les aquifères profonds constituant cette « nappe de base d’altitude » et la « nappe de


base littorale » seraient d’après Join (1991) en continuité hydraulique et formeraient un
aquifère volcanique généralisé à l’échelle de l’île. L’augmentation du gradient
piézométrique de la nappe de base vers le centre du massif s’expliquerait par une
diminution de perméabilité vers l’intérieur du massif (due à l’intrusion de dykes et sills
ainsi qu’à l’existence de bombements imperméables (Join, 1991)), l’augmentation de
l’infiltration due à la forte pluviométrie en altitude et la diminution de la section
perpendiculaire à l’écoulement de l’amont vers l’aval (Coudray, 2003). On retrouve
ainsi au cœur du massif des nappes présentant une altitude pouvant être supérieure à
1000 m.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 65


Illustration 38 : Schéma conceptuel des entités hydrogéologiques de La Réunion (Atlas Hydogéologique 1986 modifié (Frissant et al, 2006) )
Modalités de captage

Les caractéristiques hydrodynamiques des principaux aquifères de la Réunion sont


synthétisées dans l’Illustration 39 ci-dessous (Atlas Hydrogéologiques, BRGM, 1986) :

Aquifères Caractéristiques hydrodynamiques

Aquifère de base : zone littorale en milieu


T = 2.10-4 m2/s
basaltique

Aquifère de base : zone littorale en milieu


10-3 m2/s < T <0.4 m2/s
alluvial

Aquifères discontinus des Hauts en milieu


10-4 m2/s < T <2. 10-1 m2/s
basaltiques d’altitude

Nappes d’accompagnement des principales


K = 5. 10-5 m/s
rivières

Illustration 39 : Tableau synthétique simplifié des propriétés hydrodynamiques des principaux


aquifères de la Réunion (BRGM, 1986)

d) Les techniques d’exploitation des eaux souterraines

Selon l’Office de l’Eau Réunion, les volumes d’eau prélevés en 2007 sur le milieu
aquatique, hors hydroélectricité, s’élèvent à plus de 230 millions de m3 et se
répartissent de la manière suivante :

- 145 millions de m3 pour l’alimentation en eau domestique,

- 72 millions de m3 consacrés à l’irrigation agricole,

- 11 millions de m3 pour l’usage industriel,

- 2 millions de m3 pour les autres usages.

Les volumes turbinés pour l'hydroélectricité s'élèvent à 698 millions de m3 pour 2007
(Données EDF).

La production d’eau potable en 2007 est assurée à 53,6 % par les prélèvements d’eau
de surface et à 46,4% par les prélèvements d’eau souterraine (Office de l’eau).
Les sources représentent l’exutoire de nappes perchées avec un stock d’eau supposé
faible par rapport à celui des nappes littorales. Cependant, certaines sources
observées dans les ravines les plus encaissées, situées sous un recouvrement
important (plusieurs centaines de mètres) peuvent être les marqueurs de l’existence
d’une nappe régionale à très forte potentialité.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 67


Modalités de captage

Les ouvrages d’alimentation en eau potable de La Réunion sont principalement des


captages de sources ou prises en ravine.

Les puits et forages sont réalisés en domaine littoral où la majorité des nappes
exploitées font partie du « complexe aquifère de base ». Les captages dans cet
ensemble ont été largement et préférentiellement développés pour des raisons à la fois
matériel mais également de rentabilité. Les débits actuellement autorisés de ces
ouvrages s’étalent de 10 m3/h à plus de 400 m3/h (Forage des « Aloes 2 » à St Louis,
Puits « Bouillon » à St Paul) (données DAF). Cependant environ 30% de l’ensemble
des forages exploités à la Réunion présente une contamination par les eaux salées
(Office de l’eau).
En domaine d’altitude, les eaux souterraines sont peu exploitées et les forages sont
rares. Un forage de 296 m a été réalisé à La Plaine-des-Palmistes mais n’est
actuellement pas utilisé pour l’alimentation en eau potable. D’autres forages dans ce
secteur déjà réalisés devraient être mis en service prochainement. Enfin, il existe
quelques rares galeries réalisées soit pour le captage d’eau potable (exploitation de
nappes perchées), soit pour la conduite d’eaux superficielles. Elles sont décrites avec
détails ci-dessous.

1- Galeries drainantes

- Galerie drainante de Bras Guillaume : d’une longueur de 310 m, elle a été


creusée en milieu volcanique (scories et laves). Elle capte les arrivées d’eaux
souterraines de nappes perchées et fournit un débit moyen de 162 m3/h (environ 108
m3/h en étiage). Le débit ne semble pas diminuer avec le temps (140.7 m3/h en janvier
1983, 143.6 m3/h en janvier 1986 (Daesslé et Pommé, 1987). Située entre 800 et 820
m d’altitude en rive gauche de la rivière de St Denis, la galerie d’axe Est-Ouest draine
les écoulements souterrains du plateau de la Plaine d’Affouches. Les résurgences
apparaissent à l’intérieur de la galerie. Chacun de ses niveaux est séparé par des
zones imperméables constitués en général de matériaux basaltiques très altérés
(annexe 3). Ces résurgences sont des exutoires de nappes non soutenues (nappe de
trop plein, de déversement ou de débordement) dont l’alimentation dépend directement
du régime des précipitations sur le bassin versant hydrogéologique de la galerie.

Lors du creusement de la galerie, il a été observé :

- d’importantes venues d’eau (niveaux scoriacés entre PM5100 et PM


110) parallèlement à une diminution du débit des sources Citrons qui totalisaient 15 l/s
avant creusement pour ensuite atteindre 0.5 l/s (1983) ;

5
PM : Point Métrique

68 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

- des fissures colmatées, des zones altérées : des sondages, afin de


drainer au mieux les eaux dans les fissures, ont été réalisés sur le parement amont et
aval ainsi que dans le toit de la galerie.

L’ensemble des émergences intervient seulement pour 15 % du débit total de la


galerie. Les venues d’eaux par les « murs » constituent la part prépondérante des
débits (Daesslé et Pommé, 1987).

- Galerie drainante de Grand Galet à Saint Joseph : d’une longueur de 300 m,


elle capte les eaux dans les empilements volcaniques plus récents du volcan bouclier
du Piton de la Fournaise. Elle a été réalisée en rive droite de la rivière Langevin à une
altitude de 373 m et en direction nord-ouest vers la rivière des Remparts. Elle dispose
de forages-drains (au toit et en extrémité) augmentant de 250 m la traversée du milieu.
Les débits instantanés mesurés en 1988 étaient de l’ordre de 144 m3/h. Le débit actuel
est de 138 m3/h. Cet ouvrage a été réalisé par la société SBTPC. « Les 100 premiers
mètres, l’eau suintait, un point c’est tout. Au delà de cette limite, elle surgit
régulièrement, sur les cotés de la galerie. Afin d’accroître les chances de captages, les
ingénieurs de SBTPC firent creuser 12 forages, allant du faite de la montagne au
plafond de la galerie : les forages laissent tomber en abondance une eau d’excellente
qualité […]. L’essentiel du captage est réalisé entre 100 et 250 m de profondeur. Au
delà le plafond redevient pratiquement sec. […]. La seule galerie revient à 10.5 millions
de francs, auquel il faut ajouter 16.5 millions de francs pour les infrastructures de
distribution d’eau » (article « L’eau dans le tunnel, comme s’il en pleuvait… », 1988)

Il existe d’autres galeries drainantes (creusées à la main), de plus petites dimensions :

- Galerie Cadet : creusée à 1120 m d’altitude. Elle mesure 1,2 m de large et


1 m de haut, de longueur inconnue. Les eaux captées sont envoyées vers 2 regards
successifs, et se mélangent aux eaux des captages Cadet et Cadet 2. La totalité du
débit disponible n’est généralement pas captée par la Galerie. Le débit propre à cette
galerie n’est pas connu (BRGM, 1996) ;

- Galerie Bras de Jeanne : tranchée drainante en prolongation d’une galerie


drainante implantée en rive droite du bras de Jeanne, à 1100 m d’altitude environ. Elle
est creusée dans des éboulis altérés remaniés par la végétation. Elle mesure 11,8 m
de long (galerie et tranchée). La tranchée mesure 0,4 m de large et 1,4 m de haut. Le
débit capté en septembre 1996 était de 2.9 m3/h (BRGM, 1996) ;

- Galeries Kabidy 1, 2, 3 et 4 : ces galeries encore appelées galeries de


Tevelave sont implantées à 1215 et 1220 m d’altitude dans le lit d’un affluent rive
gauche du Bras de Jeanne (K3, K4) ou sur sa rive gauche (K1, K2). Elles sont
creusées dans des alluvions anciennes hétérogènes. La galerie K1 est constituée
d’une galerie drainante de 5 m de long suivie d’une tranchée de 20 m de long
(recouverte d’un arceau de tôles) pour 0,9 m de large et 1.6 m de haut. La galerie K2
mesure 24,9 m de long, 1,6 m de large et 2 m de haut. La galerie K3 mesure 22 m de
long pour 1,8 m de large et 2 m de haut. La galerie K4 mesure 9,3 m de long, 1,6 m de

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 69


Modalités de captage

large et 1,3 m de haut. Les débits de ces galeries diminuent à l’étiage, il peu y avoir un
tarissement temporaire. En septembre 1996, le débit de K1 était de 4.7 m3/h, et de K2
de 1.26 m3/h. Les 2 autres étaient sèches (BRGM, 1996) ;

- Galerie Nono : cette galerie encore appelées galeries de Kabidy 5 est située
en rive droite d’un affluent rive gauche du Bras de Jeanne, à 1190 m d’altitude. Il s’agit
d’une galerie drainante creusée dans des basaltes aphyriques très diaclasés et altérés.
Elle mesure 2 m de long, 0,9 m de large et 0,8 m de haut. Le débit propre à cette
galerie n’est pas connu (BRGM, 1996).

2- Puits-Galeries

Ces ouvrages sont généralement creusés perpendiculairement au cours d’eau des


rivières. Ils sont d‘un intérêt primordial pour l’alimentation en eau mais sont cependant
loin d’être pérennes. En effet, lors de forts épisodes pluvieux, les particules argileuses
charriées par les rivières peuvent colmater ses ouvrages (dégradation des pompes,
obstruction des canalisations, colmatage des massifs drainants), ou bien rendre l’eau
impropre à la consommation (turbidité trop élevée) (ex : puits-galeries de la rivière des
Galets abandonnés, communication orale, DAF6). Ci-dessous, sont décrits quelques
uns de ces ouvrages :

- Puits drainants du Bras de la Plaine (commune du Tampon, CISE) : il s’agit de


2 puits (372 m d’altitude) reliés entre eux par une galerie sous alluviale creusée en
1980 (Annexe 5). Les débits exploités en 2007 varient entre 300 et 450 m3/h.

- Puits de la Grande Ravine: puits implanté rive gauche de la grande ravine à


29 m d’altitude, d’une profondeur de 32.15 m et 2 m de diamètre. Il présente à sa base
une galerie drainante orientée vers la ravine (longueur 2 m, diamètre 1.7 m). Avant le
creusement de la galerie, le débit d’exhaure était de l’ordre de 250 m3/h pour un
rabattement quasi-total. Après la réalisation de la galerie, pour un débit d’exploitation
de l’ordre de 270 m3/h, un rabattement de 0.51 m a été observé limitant ainsi les
risques d’intrusion saline (Mondon, 1986).

- Puits-galeries du Bras de Cilaos : une galerie drainante a été creusée dans le


bras de Cilaos afin de renforcer le débit du puits d’exploitation (370 m d’altitude). Le
puits drainant a été rebouché à son extrémité par un massif gravier filtrant et une dalle
protectrice (Annexe 5). Ces ouvrages ont été réalisés au fonçage manuel et à
l’explosif.

6
Direction de l’Agriculture et de la Forêt

70 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

e) Les galeries pour la conduite d’eau

D’autres galeries souterraines ont été creusées afin d'acheminer l'eau depuis les
rivières jusqu'aux concessions hydrauliques (données EDF). Ces galeries sont décrites
ci-dessous :

- Langevin : une galerie souterraine de 1660 m de longueur, de section finie en


fer à cheval de diamètre 1.85 m a été creusée au début des années 1960 à l’explosif
par EDF ;

- Rivière de l’Est : 2 tunnels souterrains parallèles longs de plus de 4.6 km et de


2.6 m de section revêtue, en fer à cheval et à radier plat, ont été creusés à l’explosif
par EDF. L’eau est acheminée depuis la prise d’eau des orgues (rivière de l’Est)
jusqu’aux réservoirs. Pour pallier à des venues d’eaux intérieures de la galerie, un
revêtement a été réalisé par blindage localement. Un revêtement en béton projeté a
été réalisé lorsque les venues d’eau n’étaient pas significatives ;

- Takamaka : 2 centrales souterraines turbinent l’eau de la Rivière des


Marsouins : Takamaka 1 mise en service en 1969 et Takamaka 2 opérationnelle en
1990. La galerie de Takamaka II est située sur un plateau constitué par un remplissage
de formations volcaniques récentes issues du Piton des Neiges, ayant comblées une
ancienne vallée située dans les formations plus anciennes de la phase II. Cette galerie,
de 4500 m de long et 2.7 m de diamètre (diamètre d'excavation de 3.1 m), en charge, a
été creusée au milieu des années 80. La pente moyenne est de 0.7%. Elle achemine
l’eau depuis la rivière des Marsouins jusqu’à l’usine de Takamaka II. La galerie a été
forée à l’aide d’un tunnelier par la société Bouygues et entièrement blindée en raison
de fortes venues d’eau entre les points PM3750 et 4000. La structure géologique
observée sur cette longueur est une structure de comblement de vallée (inversion du
pendage des coulées le long du profil (Annexe 3). Elle a fourni sur 200 m linéaire, un
débit de 300 l/s (1080 m3/h). Ces venues d’eau apparaissent essentiellement à la base
et au sommet des coulées au contact des gratons et dans les fissures de base de
coulées. Les coulées épaisses massives sont les zones ou les venues d’eau sont
réduites.
L’eau captée pour Takamaka I est acheminée également par une galerie d’amenée de
1240 m de long creusée en traditionnel. Plusieurs autres petites galeries ont été
creusées à l'explosif et permettent de rejoindre les usines souterraines ou bien
d'acheminer l'eau d'un site à l'autre. Une galerie annexe de 865m de longueur et de
section 2.3 x 3.2 a également été construite afin de dériver une partie du débit du Bras
Cabot (1.75 m3/s) vers la rivière des Marsouins.

- Bras de la Plaine : une galerie souterraine de dérivation vers le réservoir de


Dassy a été réalisée par la SAPHIR (Société d’Aménagement de Périmètres Hydro-
agricoles de l’Île de La Réunion) ;

Le Projet d’Irrigation du Littoral Ouest (Projet ILO) consiste à transférer les eaux depuis
les principales rivières des cirques de Mafate (Bras Sainte Suzanne et rivière des

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 71


Modalités de captage

Galets) et de Salazie (Rivière Fleurs Jaunes et Rivière du Mât) jusqu’au littoral ouest
via 30 km de galeries souterraines. Le creusement de la galerie Mafate, lancé en 1989
est aujourd’hui terminé. Les travaux de basculement des eaux depuis Salazie
consistent en la création de 2 galeries (Salazie amont et aval) à l’aide de 2 tunneliers
(importés d’Allemagne) mesurant chacun 310 m de long et 3.2 m de diamètre. Un
tunnelier avance de 20 m par jour à 1000 m sous terre (alors que l’explosif utilisé
lorsqu’on a des arrivées d’eau ne progresse que de 6 m par jour). Le coût du tunnelier
est de 4.9 millions d’ €. Le groupement BRLi-SCP-SECMO est maitre d’œuvre de ce
grand projet.

Sur ce chantier de grande envergure, le choix de la technique de creusement des


galeries s’est orienté, en raison de leur longueur, vers le microtunnelier. Cependant,
les conditions hydrogéologiques ont fortement perturbé le creusement des deux
galeries aval et amont de Salazie, avec notamment la rencontre de discontinuités
géologiques et de plusieurs zones de venues d'eau. Ces incidents ont nécessité la
mise en œuvre de moyens spécifiques et sont à l'origine de retards considérables :

- Galerie Salazie Aval (achevée) : en 2002, le tunnelier a été confronté à


d’importantes venues d’eau au PM8725 (350.5 m d’altitude) de l’ordre de 200 l/s (720
m3/h) qui ont nécessité son démontage et la poursuite du creusement à l’explosif. Les
débits drainés en ce point sont évacués sur l’ensemble du linéaire de la galerie aval
pour être rejetés dans le Bras de Ste Suzanne. Le creusement de l’extrémité amont de
cette galerie a aussi rencontré des zones de venues d’eau notamment au point
PM9064 mais se sont taris sensiblement depuis (>450 l/s en 2002, entre 150 et 200 l/s
en 2004). Ces venues d’eau ont du être évacuées par pompage dans la canalisation
d’exhaure vers la rivière des Pluies (Antea, 2004).

Il est important de préciser que depuis le creusement de cette galerie, la ravine


Emmanuel, qui présentait un débit entre 74 l/s et 100 l/s en 1987 (seules données
disponibles) est à sec en 2004 (Antea, 2004).

- Galerie Salazie Amont (en cours de creusement): en 2001, des venues d’eau
d’un débit de 600 l/s au PM1238 à l’origine d’une pression de l’ordre de 30 bars, ont
engendré l’arrêt du tunnelier et la mise en place d’un système d’évacuation des eaux
(pompage et conduite de refoulement). Un dyke (ou une unité géologique à faible
perméabilité) rencontré au PM1236 et traversé serait à l’origine des principales venues
d’eau dans la galerie. L’évolution des débits enregistrés (200 l/s en 2004) à ce point
suit une courbe de tarissement caractérisant un fonctionnement classique d’un
aquifère avec vidange lente du système (suivant les notes hydrogéologiques réalisés
par BRL-SCP-SECMO concernant les venues d’eau du PM1238 ou le débit résiduel
total (tunnel et sondages) tend vers une asymptote). Le blocage du tunnelier a conduit
à la poursuite du creusement de la galerie à la dynamite à partir de septembre 2004
(Antea, 2004). Actuellement, plus de 3 km de galerie ont été creusés et le débit de
l’ensemble des venues s’élève à environ 1100 l/s.

L’importance des venues d’eau rencontrées lors du creusement de ces deux galeries
sous plus de 1000 m de couverture suggère la présence d’aquifères profonds à fortes
potentialités.

72 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Ayant fait l’objet de plusieurs réévaluations depuis son démarrage, dont la dernière
date de 2006, le coût du projet, estimé au départ à 675 millions d’euros, devrait
atteindre les 850 millions d’euros avec une fin des travaux à l’horizon 2012.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 73


Modalités de captage

4. Bilan et perspectives des moyens de captages


à La Réunion

Le recensement des différents moyens de captage mis en œuvre dans d’autres milieux
volcaniques nous amène à identifier des expériences susceptibles d’être importées à la
Réunion.

Il est vrai que chaque milieu présente un contexte particulier local, hydrogéologique,
géologique et économique qui lui est propre. Il n’est cependant pas exclu que
l’expérience acquise dans des milieux voisins de celui de l’île de La Réunion puisse
guider la recherche de l’exploitation des ressources en eau souterraine.
Un point important à retenir est que les galeries drainantes sont des ouvrages de
captages des eaux souterraines fréquemment adoptés dans les milieux volcaniques
(75% du volume d’eau annuel prélevé à l’aide de ce type d’ouvrage à Tenerife) mais
développés de manière anecdotique à la Réunion. Cependant l’analyse de ces moyens
de captages nous montre que la production en eau de ces ouvrages décroit avec le
temps si l’on ne s’attache pas à garantir un équilibre entre les prélèvements et le
renouvellement de la ressource en eau souterraine.

4.1. LES NAPPES LITTORALES

Les puits, pour des aquifères de faible profondeur et les forages, pour des aquifères
plus profonds, restent les moyens traditionnels de captage des eaux de l’aquifère de
base. Cependant, une pénétration trop importante dans l’aquifère en zone littoral ou un
pompage excessif dans un puits peut entrainer des remontées d’eau salée, rendant
l’eau impropre à la consommation. Aujourd’hui, environ 30% de l’ensemble des forages
exploités à la Réunion présente une contamination par des eaux salées (Office de
l’eau).

Pour les aquifères présentant un niveau piézométrique très proche du niveau marin :
(de +0.5 à 1.5 m NGR), des puits inclinés prolongés de galeries drainantes « type
Maui » seraient susceptibles de fournir des débits importants sans crainte d’intrusion
saline. La longueur de ces puits dépendra du contexte local. Elle peut atteindre une
centaine de mètres (Hawaii). Les « skimming-tunnels » réalisés à la base de ces puits,
permettent d’écrémer la surface piézométrique et ainsi minimiser le rabattement de la
nappe et les intrusions salines. L’ouvrage tel que le puits de la Grande Ravine
(3.3.10.d) a montré que la réalisation d’une courte galerie (2 m) à la base d’un puits
permettait de réduire le rabattement (0.5 m pour 270 m3/h).

Pour les niveaux piézométriques plus élevés, la réalisation de forages traditionnels


restent le moyen de captage techniquement et économiquement le plus viable.

74 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

4.2. LES NAPPES D’ALTITUDE

Les nappes d’altitude présentent potentiellement plusieurs intérêts. Il s’agit d’une


ressource :

- de bonne qualité : pression anthropique généralement plus faible qu’en


domaine littoral et bonne protection naturelle (recouvrement important) ;

- disponible en grande quantité dans certains secteurs de l’île. La réalisation de


la galerie Salazie amont met particulièrement en évidence la présence d’aquifères
profonds à fortes potentialités ;

- permettant une alimentation en eau par gravité des bas de l’île, et donc une
économie d’énergie.

Les moyens de captages des aquifères d’altitude actuellement mis en œuvre dans les
milieux volcaniques similaires à la Réunion sont les forages, les puits inclinés (types
« Lanai » ou « Oahu », en fonction de la piézométrie) ou encore les galeries
horizontales. A la Réunion, quelques forages profonds en altitude (Plaine des
Palmistes, altitude 1318 m, prof 296 m) et galeries aux débits prometteurs (environ 160
m3/h pour la galerie de Bras Guillaume) ont été réalisés pour exploiter ces ressources
d’altitude.

Dans les hauts, l’épaisseur de la zone non saturée, pouvant atteindre plusieurs
centaines de mètres (plateau de Bébour, du Mazerin, Ilet Patience), rend peu probable
une exploitation par forages ou puits inclinés. La réalisation de galeries drainantes
pourrait alors être envisagée dans la mesure où :

- elles représenteraient un intérêt économique. En termes d’investissement, les


travaux de forages et d’équipement de forages sont moins couteux que les travaux de
réalisation de galeries. En termes de fonctionnement, les galeries drainantes
engendrent des coûts réduits, compte tenu notamment de l’absence de pompage dans
la ressource. Le coût de fonctionnement dépend ensuite du coût lié à la distribution des
eaux vers les lieux de consommation (énergie consommée par les pompes de
refoulement) ;

- elles ne menaceraient pas la pérennité de la ressource en eau souterraine


ainsi que l’équilibre quantitatif entre les masses d’eau souterraines et de surface. Il est
vrai que la réalisation d’une galerie dans un contexte aquifère modifie les conditions
d’équilibre initiales. Il en résulte un régime transitoire qui peut tendre vers un nouveau
régime permanent en fonction des conditions d’alimentation et de circulation de
l’aquifère. En traversant une discontinuité (dyke, unité peu perméable), la galerie
provoque un drainage transitoire important des terrains perméables situés au-delà et
au-dessus. Ces conditions expliquent les fortes venues d’eau instantanées qui
s’observent fréquemment au cours du creusement (Takamaka, Salazie). De manière
générale, l’expérience montre que la production en eau des galeries décroit avec le

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 75


Modalités de captage

temps. En effet, la réalisation de la galerie entraine une modification des lignes de


courants. Ainsi, la production peut évoluer vers un tarissement total.

- elles ne représenteraient aucun risque de mise en communication d’aquifères.


L’article 7 de l’arrêté du 11 septembre 2003 stipule qu’un « même ouvrage ne peut en
aucun cas permettre le prélèvement simultané dans plusieurs aquifères distincts ».
Les réservoirs d’eau souterraine ayant une certaine extension et permettant une
exploitation minimale en saison sèche pourraient faire l’objet d’un captage à l’aide de
galeries. Par ailleurs, la mise en place de cloisons étanches au sein des galeries, telle
que réalisées dans les îles Hawaii, ou encore la mise en place d’un système de
serrements et de vannes permettraient de mieux contrôler les débits, les venues d’eau
et donc les volumes d’eau prélevés et ainsi minimiser les risques de tarissement.

4.3. BILAN DES ZONES POTENTIELLEMENT EXPLOITABLES

L’étude des modalités d’exploitation des aquifères du domaine d’altitude de l’Est de la


Réunion (Frissant et al, 2007), a permis de dresser une première liste de zones
susceptibles de présenter des potentiels aquifères et d’être exploitées soit par forage
(moins de 300 m) et soit par galerie :

- le plateau de Bébour : présente un très bon potentiel aquifère. Dans la zone


du franchissement de la rivière des Marsouins, les aquifères exploitables pourraient se
situer à moins de 300 m sous la surface du plateau ;

- le plateau des Marsouins : le potentiel aquifère semble bon et le substratum


situé à moins de 200 m sous la surface du plateau du Mazerin ;

- l’Ilet patience : le potentiel aquifère semble moyen à bon cependant une


exploitation par forage vertical semble peu probable en raison de la profondeur des
aquifères (700 m sous le plateau).

Par ailleurs, la synthèse des ressources en eau souterraine potentiellement


mobilisables à la Réunion (Frissant et al, 2006) met l’accent sur plusieurs zones
susceptibles d’être exploitées via des galeries drainantes :

- la planèze de la plaine des palmistes : l’aquifère principal présent au niveau


de cette planèze et localisé dans une vaste paléo vallée de 200 à 300 m de profondeur
sont exploitables de manière classique par des forages, économiquement viables (300
m de profondeur environ). Cependant, la réalisation de galeries drainantes pourrait être
étudiée ;

- la planèze de Sainte Rose : le relief s’élève rapidement à partir du littoral et ne


favorise pas l’implantation de forages vers l’intérieur de l’île. Les zones d’altitude
pourraient être exploitées par galeries drainantes ;

76 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

- l’enclos du Volcan : l’implantation de forages est à éviter dans l’enclos (en


raison de l’activité volcanique). Le captage par galeries drainantes avec un exutoire
situé à l’extérieur de l’Enclos est envisageable mais reste soumis au risque volcanique.

L’étude de faisabilité de galeries drainantes dans le secteur du Tevelave et de la Plaine


des Makes (BCEOM, 1989) a permis d’envisager le captage de deux sites :

- le bras Montplaisir : à 750 m d’altitude (talweg comblé par des coulées


récentes de phase IV) ;

- le site de Maison Rouge : à la cote 1350 m (interface phase I-II, débit estimé
0.7 m3/s). En fonction de l’estimation des différents types de terrains recoupés, le coût
d’une galerie de 1500 m sur ce site avait été estimé entre 33 et 40 millions de Francs
(7 et 8.5 M€ actuel7).

Aussi, les émergences observées au niveau du Bras de Sainte Suzanne (Plaine des
Cafres) entre les cotes 900 m et 1100 m mettent en évidence un aquifère profond, de
grande extension (BCEOM, 1990) susceptible d’être exploité avec des galeries.

Enfin, les bilans hydrologiques disponibles sur la planèze du Tampon mettent en


évidence des écoulements souterrains non négligeables. Des circulations d’eau
pourraient être chenalisées dans des structures en « V » créés par l’imbrication des
coulées volcaniques issues du Piton des Neiges et de la Fournaise. Ces structures
actuellement non exploitées pourraient être une ressource potentielle pour
l’alimentation en eau de la commune de Saint-Pierre, les nappes dans ce secteur
(nappes de Pierrefonds et de la Plaine du Gol) présentant des teneurs en nitrates et
pesticides particulièrement importantes sur l’île (sans pour autant dépasser les limites
de qualité de l’eau potable).

7
Selon indice Insee (annexe 4)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 77


Modalités de captage

5. Opérateurs et coûts

A partir de l’examen des moyens de captage des eaux souterraines mis en œuvre
dans les milieux volcaniques insulaires, des professionnels spécialisés dans la
réalisation de galeries horizontales et de forages inclinés, et susceptibles de se
déplacer à la Réunion ont été recherchés, ciblés puis contactés.

Des entreprises françaises mais également américaines (Hawaïennes) et espagnoles


(dont canariennes) ont été sollicitées afin d’obtenir auprès d’elles des listes de
références de travaux déjà réalisés (en milieux volcaniques ou non), des informations
sur les différentes techniques de réalisation de galeries horizontales et sur leur coût.

Les tableaux suivants (Illustration 40 à Illustration 43) présentent la liste des


entreprises contactées :

Entreprises françaises
Nom Localisation Techniques Informations transmises
Entreprise générale de
SOLETANCHE-
Nanterre fondations et Entretien
BACHY (SB)
technologie du sol
CSM–BESSAC Tunneliers (>2,5 jusqu'à 5),
Saint Jory (31)
(filiale SB) Microtunneliers (0,5 à 2,5 m) Contact téléphonique
Microtunneliers (0,5 à 2,5 m), Intérêt pour un projet de captage sur
MCCF (filiale SB) Rungis Explosif, forages dirigés l’île de la Réunion
Drains
BOTTE (filiale Réponse mail : ne dispose pas de
Rungis -
Vinci) techniques adéquates
Microtunneliers (marinage
hydraulique à contre
pression de boue, à attaque Réponse écrite : liste des techniques et
SMCE Sierentz (68)
ponctuelle) forage et fonçage quelques références
horizontal, Marteau fond de
Trou
Forages verticaux Réponse écrite : liste des forages
FARACO Réunion (974)
uniquement verticaux réalisés à la Réunion
Forages verticaux
FORATECH Réunion (974) -
uniquement
Microtunneliers, forages et
Smet-Boring S.A Dessel (24) -
fonçages horizontaux,
Forages horizontaux, dirigés, Réponse écrite : références et coûts de
SADE Paris (75)
Microtunneliers galeries
HDI (Horizontal
Drilling Clichy (92) Forages horizontaux, dirigés -
International)
Illustration 40 : Entreprises françaises contactées

78 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Entreprises américaines
Nom Localisation Techniques Informations transmises
Beylik drilling Spécialiste forages en
Toutes les îles
and pumped conditions difficiles (milieu Pas de retour
d’Hawaii
service volcanique)
Valley Well Hawaii et Puits verticaux horizontaux,
Pas de retour
Drilling Californie inclinés
Cherrington Sacramento Intérêt pour un projet de captage sur
Forages horizontaux
Corporation (Californie) l’île de la Réunion
Prometheus Hawaii et Capable de forer à partir
Pas de retour
construction Californie d’une falaise
Illustration 41 : Entreprises américaines contactées

Entreprises espagnoles
Nom Localisation Techniques Informations transmises
Forages verticaux, Forages
SVH sondeo Bilbao horizontaux dirigés Pas de retour

Sondeos Las Palmas


Fonçages, microtunneliers Pas de retour
Canarios (Gran Canaria)
Gran Canaria y Travaux en altitude, difficile
Ecoroc Pas de retour
Tenerife d'accès

Réponse mail : forage horizontal dirigé


Eurohinca Madrid Microtunnelier de 76 mm à 1.200 mm
intérêt pour le projet
Madrid,
Grupo pulido Tolede, Foreur Pas de retour
Valence

Tecyrsa Madrid Tunnels, galeries Pas de retour

Inproobras León Tunnels, puits, galeries Pas de retour


Sondeos
Galice Forages horizontaux Pas de retour
ourence
Systema de
Alicante Forages horizontaux Pas de retour
perforacion SL
andalucia de Forages horizontaux,
Séville Pas de retour
perforaciones travaillent aux Canaries
Illustration 42 : Entreprises espagnoles contactées

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 79


Modalités de captage

Autres entreprises
Nom Localisation Techniques Informations transmises
Agence en Forages verticaux et
Majordrilling Surcharge de travail
Afrique du Sud horizontaux dirigés

BAUER Allemagne Forages, microtunneliers -

BILFINGER
Allemagne Forages, microtunneliers -
BERGER

Jason Genève, Spécialisé dans le choix des


Intérêt pour un projet de captage sur
Consultants Londres, techniques horizontales
l’île de la Réunion
Group Washington (microtunnelier, HDD…)

Illustration 43 : Autres entreprises contactées

Les données de coûts collectées dans la bibliographie et auprès des professionnels


sont citées pour information dans le tableau suivant (Illustration 44). Compte tenu de la
situation insulaire et du contexte économique de la Réunion (peu de concurrence), les
tarifs métropolitains présentés ci-dessous ne s’appliquent pas. Ils sont, d’après des
informations orales des « hommes de l’art » grossièrement à multiplier par 3.

Ces données ne sont présentées qu’à titre informatif, le coût d’une galerie étant
fonction d’un grand nombre de critères. Il dépendra entre autres :

- de la nature des terrains encaissant et de leur homogénéité ;

- des connaissances hydrogéologiques préalables aux travaux ;

- de la technique de creusement utilisée (méthode à l’explosif ou


mécanisée) ;

- des dimensions de la galerie, des coûts d’amenée et de repli du matériel ;

- des conditions d’accès, des contraintes environnementales (limitation


éventuelle de l’emploi d’explosif) ;

- des aspects économiques : intérêt économique lors de l’utilisation du


matériel sur un volume d’ouvrages suffisant, coûts de soutènement, coûts
de poste, de tuyaux (béton, crépines) ;

- des aspects contractuels (notamment en matière de délai)…

80 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Les aléas de chantier et les éventuelles pannes participeront aussi au coût de


réalisation. Dans le cas de l’utilisation d’un micro-tunnelier, il faudra également prendre
en compte les coûts de changement de tête pouvant être fréquents en cas de terrains
abrasifs et de la possibilité ou non de récupérer le micro-tunnelier en fin de
creusement.

Type Lieu Procédé Diamètre Longueur Profondeur Coût (date) Coût actuel
(m) (m) (m) (2007)8
Informations Générales
Galerie Métropole MT 2 400 Environ 3 M€
(7,5 K€/ml)
Forages Métropole 0.1 50 à 200 €/ml
horizontaux
Forage Réunion 250 Environ 0.4 M€
profond non équipé
Exemples de Galeries
Galerie Val-de-Marne MT 2.28 167 16 (10 m de 2 M€ (2004) 2.1 M€
charge d’eau)
(12,6 K€/ml)
Galerie Paris MT 2.5 340 4.5 2.4 M€ (2002) 2.63 M€
(7,7 K€/ml)
Galerie et Hauts-de-Seine MT 3.27 136 23 1.35 M€ (2006) 1.37 M€
puits d’accès
(10 K€/ml)
Galerie Auvergne E * 1800 * 132.9 2.6 M€
(Louchadière) MF(1955)
(1,4 K€/ml)
Galerie Réunion (St E * 300 100 à 250 10.5 MF 2.3 M€
Joseph) (1988)
(7,7 K€/ml)
Galerie Réunion E 1500 33 à 40 MF 7 à 8.5 M€
(estimation) (Maison Rouge) (1989)
(4,6 à 5,6
K€/ml)
Galerie Kaneohe (Oahu) * 147 * 26 248 $ -
(1948)
Galerie Oahu 117 282 571 $
(1946)
Galerie Haiko (Oahu) * 402 * 47 854 $ ( ?) -

MT : Microtunnelier, E : Explosif, ml : mètre linéaire

Illustration 44 : Informations sur les coûts de galeries

8
Selon indices INSEE (Annexe 4)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 81


Modalités de captage

6. Conclusion

Hormis les méthodes traditionnelles des captages des eaux souterraines par puits et
forages, il est possible dans les structures volcaniques de travailler à partir de puits-
galeries en zone littorale et de galeries horizontales en zone d’altitude. L’Illustration 45
présente les principales techniques d’exploitation des eaux souterraines des nappes
de base et d’altitude, leurs avantages et inconvénients :

Techniques Avantages Inconvénients

- facilité et rapidité d’exécution - risques d’intrusions salines


Forages coût - pompage par refoulement (consommation
-
d’énergie)
Puits type « Maui » - faible risque d’intrusion saline avec - coût
Nappes de
« écrémage » de la nappe
base
3 3
Skimming tunnels - débits d’exploitation (10 m /h)
Puits avec galeries - faible risque d’intrusion saline - problèmes de turbidité ponctuelle si
horizontales à la creusés dans des alluvions
base - grande surface drainée

- cloisons étanches (contrôle du - coût


drainage)
- risque de mise en communication
Galeries (Hawaii) - distribution par gravité d’aquifères
- exploitation d’aquifères profonds - risque de non respect de l’équilibre
2 3 quantitatif des ressources captées
- débits d’exploitation (10 à 10
3
m /h/km)
- adaptées aussi aux terrains - diminution des débits au cours du temps,
Galeries (Canaries) hétérogènes tarissement des réserves
Nappes - distribution par gravité
d’altitude
- coût - difficultés de mise en œuvre dans le
contexte géologique réunionnais (épaisseur
Forages de la zone non saturée importante)
- pompage par refoulement (consommation
d’énergie)
- exploitation des réserves d’eaux - pompage par refoulement (consommation
Puits inclinés type souterraines piégées par un dyke d’énergie)
« Lanai » et
« Oahu » - incertitudes quant à la mise en œuvre
dans le contexte géologique réunionnais

Illustration 45 : Synthèse des principales techniques de captages d'eaux souterraines mises en


oeuvre dans les îles volcaniques (Nappes de base et Nappes d'altitudes)

82 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

L’analyse de ces différents moyens de prélèvement nous amène à identifier des


éventuels types de captages qui pourraient être mis en œuvre sur l’île de la Réunion :

- en zone littorale : pour les aquifères présentant un niveau piézométrique


proche du niveau marin (+0.5 à 1.5 m NGR), des puits inclinés prolongés de
galeries drainantes « type Maui » seraient susceptibles de fournir des débits
importants sans crainte d’intrusion saline. Les « skimming-tunnels » réalisés à la
base des puits, permettraient d’écrémer la surface piézométrique et ainsi minimiser le
rabattement de la nappe et les intrusions salines. Des ouvrages de type « Puits-
Galeries » développés de manière anecdotique sur l’île de la Réunion fournissent des
débits intéressants. Cependant, réalisés dans les alluvions, ils ont l’inconvénient d’être
sensibles aux hausses de turbidité.
Pour les niveaux piézométriques plus élevés, la réalisation de forages traditionnels
restent le moyen de captage techniquement et économiquement le plus viable.

- dans les hauts : les aquifères d’altitude pourraient faire l’objet d’une
exploitation au travers de forages et de galeries horizontales. Les puits inclinés
(types « Lanai » ou « Oahu », en fonction de la piézométrie) pourraient être réalisés
dans les secteurs où l’épaisseur de la zone non saturée n’est pas trop importante.
Les galeries permettent l’exploitation de terrains à perméabilités contrastées et
l’exploitation de plus petits systèmes. Cependant, le drainage d’un aquifère par une
galerie sera d’autant plus efficace si l’épaisseur et l’extension des terrains saturés au
dessus de l’axe de l’ouvrage sont suffisants. Cette méthode de captage prend
également tout son intérêt lorsque le système aquifère est masqué et n’émerge pas à
l’échelle d’un grand bassin. Outre ces critères structuraux, il intervient ensuite les
critères de faisabilité technique, de pérennité du fonctionnement de l’ouvrage, et de
coût pour évaluer de l’intérêt ou non de réaliser une galerie. Le retour d’expérience
nous indique que les plus grandes précautions doivent être prises lors de la réalisation
des galeries. En effet, l’expérience des îles Canaries montre que la production en eau
de ces ouvrages décroit avec le temps si l’on ne s’attache pas à garantir un équilibre
entre les prélèvements et le renouvellement de la ressource en eau souterraine.
Les débits soutirés doivent donc pouvoir être maitrisés et correspondre uniquement
aux besoins en eau recherchés et respecter le renouvellement des réserves. La mise
en place de cloisons étanches en béton (simulant le rôle joué par les dykes), telles que
réalisées dans les tunnels des îles Hawaii ou encore la mise en place d’un système de
serrements et de vannes (Cap-Vert) sembleraient permettre de mieux contrôler les
volumes d’eau.

Il est important de rappeler que les modalités d’exploitation des eaux souterraines ne
doivent pas menacées la pérennité de la ressource en eau souterraine ainsi que
l’équilibre quantitatif entre les masses d’eau souterraines et de surface. La mise
en place d’une gestion active consistant à faire baisser les niveaux d’eau avant la
saison des pluies pour permettre le plein remplissage des aquifères pourrait être
envisagée. Cependant l’efficacité de cette gestion à La Réunion reste à démontrer.

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 83


Modalités de captage

La réalisation d’ouvrages de captage des eaux souterraines demande au préalable des


investigations détaillées :

- étude géologique et hydrogéologique : identification des réservoirs non


affleurant (en particulier les paléoreliefs) et recherche des émergences témoignant de
l’existence d’un écoulement de l’eau en milieu souterrain ;

- travaux de reconnaissance : géophysique, sondages, forages ou galeries de


reconnaissance…Ces travaux préalables sont indispensables afin de préciser les
caractéristiques des terrains et des aquifères qui seront traversés et ainsi minimiser les
aléas de chantier.

- étude comparative technico-économique des techniques de captage (forages


et/ou galeries) et choix de la ou des méthodes de creusement les plus appropriées.
Ces méthodes devront inclure des réponses techniques, dans le cas échéant, aux
discontinuités géologiques et aux fortes venues d’eaux susceptibles d’être rencontrées.

- réalisation d’un dossier d’avant projet et proposition de monitoring géologique,


hydrogéologique et hydrologique (suivi géologique, suivi de l’évolution des débits à
l’intérieur du tunnel, au niveau des sources et des cours d‘eau, analyses des eaux).
L’acquisition de ces connaissances est indispensable afin de mieux contrôler, affiner et
adapter aux besoins les ouvrages. Elles permettraient également d’évaluer les
éventuels impacts du drainage souterrain sur les ressources en eaux superficielles et
souterraines.

Pour des galeries de faible longueur (< 2 km), le procédé le moins disant permettant un
suivi géologique et hydrogéologique avec une bonne identification des venues d’eau
reste la technique traditionnelle d’abattage à l’explosif. A l’instar de la galerie de
Salazie amont, une émulsion explosive permettant d’améliorer les conditions de
sécurité, sureté, d’accroître la productivité et de réduite les coûts pourrait être une
solution face aux difficultés d’importation à La Réunion et d’utilisation d’explosifs type
dynamite.

La technique plus lourde au microtunnelier n’est cependant pas à exclure. Elle a


l’avantage de forer le sol avec précision et avec une vitesse d’avancement relativement
élevée (quelques dizaines de mètres par jour). De plus, la réalisation des ouvrages, se
faisant à distance, limite les risques en termes de sécurité des intervenants.
Cependant, cette technique reste relativement coûteuse pour le creusement de courtes
galeries. Elle devient économiquement intéressante si le nombre d’ouvrages à réaliser
est important. A La Réunion, en complément des galeries de captage d’eaux
souterraines, la réalisation d’émissaires souterrains permettant un rejet des eaux
usées traitées au large pourrait être envisagée. La traversée de la zone littorale
protégée serait ainsi évitée (communication orale, DAF).

84 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

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BRGM/RP-56787FR – Rapport final 89


Modalités de captage

8. Glossaire

Andésite : roche volcanique à texture microlithique fluidale, composée de cristaux de


plagioclases (oligoclase et/ou andésine), biotite, hornblende, pyroxène (augite,
hypersthène) dans un fond vitreux.

Dacite : roche volcanique à texture microlithique avec verre abondant et phénocristaux


de quartz automorphe, de plagioclastes et de minéraux ferromagnésiens (biotite,
hornblende, pyroxène).

Dyke : type d’intrusion magmatique planaire verticale qui recoupe les roches
encaissantes.

Graton : morphologie de coulée volcanique à surface rugueuse et scoriacée semée de


blocs.

Hyaloclastite : Brèche fine à éléments de verre volcanique, associées aux laves en


coussins (mises en place sous l’eau).

Ignimbrite : roche formée par l’accumulation et l’induration d’une coulée de cendre et


de ponces. Elles proviennent généralement d’éruptions explosives catastrophiques et
peuvent couvrir des surfaces importantes.

Lahar : mélange d’eau et de roches magmatiques riches en minéraux dits « blancs »


c’est-à-dire en quartz et/ou feldspath et/ou feldspathoïdes, mais qui ne sont d’ailleurs
pas nécessairement blanches.

Maar : cratère volcanique d’origine explosive, large et bas dont le fond est situé sous le
niveau des terrains pré-éruptifs, généralement produit par des éruptions phréatiques et
phréatomagmatiques.

Pyroclastique : s’applique aux débris de roches éjectés par les volcans et dont
l’accumulation donne des roches pyroclastiques : cendres, lapillis, tufs, ignimbrites.

Rhyolite : roche magmatique effusive composée de phénocristaux (quartz, feldspath,


amphibole, biotite) noyés dans une mésostase vitreuse.

Scorie : fragment de lave avec de nombreuses vésicules millimétriques.

Sill : intrusion volcanique planaire quasi horizontale.

Trachyte : roche volcanique leucocrate comprenant principalement des phénocristaux


de feldspaths alcalins. Elle contient de 57 à 69 % de silice et plus de 7 % d’alcalins.

Tuf : roche composée de clastes volcaniques de la taille des cendres (< 2 mm).

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 91


Modalités de captage

Volcanoclastite : tout processus qui génère des clastes (roche constituée de


fragments de roches) volcaniques.

Zéolites : famille de minéraux alumino-silicatés dont la trame contient des molécules


d’eau ; abondants dans les roches volcaniques altérées par des solutions
hydrothermales chaudes.

92 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Annexe 1

Valeurs de perméabilité et de porosité de


formations basaltiques citées dans la littérature

(Lachassagne et Maréchal, 2004)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 93


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 95


Modalités de captage

96 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 97


Modalités de captage

98 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 99


Modalités de captage

100 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 101


Modalités de captage

Annexe 2

Liste non exhaustive de galeries


réalisées sur l’île d’Oahu

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 103


Modalités de captage

9
*

*1 feet = 0.3048 m

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 105


Modalités de captage

106 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 107


Modalités de captage

108 BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Annexe 3

Coupes géologiques et profil des venues des


galeries de Bras-Guillaume et Takamaka II

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 109


Modalités de captage

Coupe de la Galerie du Bras - Guillaume

Coupe géologique et localisation des venues d’eau

(BRGM, 1987)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 111


Galerie de la galerie de Takamaka

Coupe géologique et profil des venues d’eau

112
Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Modalités de captage

Annexe 4

Traduction en euros actuels des valeurs


exprimées en francs ou en euros du passé
(source INSEE)

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 113


Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 115


Modalités de captage

Annexe 5

Exemple de captages des eaux


souterraines à La Réunion

BRGM/RP-56787FR – Rapport final 117


Puits et Galerie drainants du Bras de la Plaine

Coupe Géologique
Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final


119
Puits et Galerie drainants du Bras de Cilaos

120
Coupe Géologique
Modalités de captage

BRGM/RP-56787FR – Rapport final


Centre scientifique et technique Service géologique régional de La Réunion
3, avenue Claude-Guillemin 5, rue Sainte Anne
BP 36009 BP 906
45060 – Orléans Cedex 2 – France 97 478 Saint-Denis Cedex - France
Tél. : 02 38 64 34 34 Tél. : 02.62.21.22.14

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