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Christophe CARRE
Agir pour
ne plus subir
Délogez la victime
qui sommeille en vous
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EYROLLES
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Collection Communication consciente
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Christophe Carré est médiateur
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professionnel et consultant. Il intervient
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sur des missions d'amélioration du climat
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relationnel, de coaching, de mobilisation
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O'I d'équipe et de formation. Il est spécialiste
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a. du thème de la manipulation et
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u directeur de la collection « Communication 2
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Agir pour ne plus subir
Délogez la victime qui sommeille en vous
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Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Avec la collaboration
d'Anne Jouve
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N
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partielle-
@ ment le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l'éditeur ou du
....... Centre français d'exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris .
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>- © Groupe Eyrolles, 2014
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0 ISBN: 978-2-212-55760-2
Christophe Carré
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EYROLLES
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Dans la collection « Comprendre et agir » :
Juliette Allais,
- Décrypter ses rêves
- La Psychogénéalogie
-Au coeur des secrets de famille
Juliette Allais, Didier Goutman, Trouver sa place au travail
Dr Martin M. Antony, Dr Richard P Swinson, Timide ? Ne laissez plus la peur des autres
vous gâcher la vie
Lisbeth von Benedek,
- La Crise du milieu de vie
- Frères et sœurs pour la vie
Valérie Bergère, Moi ? Susceptible ?Jamais !
Marcel Bernier, Marie-Hélène Simard, La Rupture amoureuse
Gérard Bonnet, La Tyrannie du paraître
Jean-Charles Bouchoux, Les Pervers narcissiques
Sophie Cadalen, Inventer son couple
Christophe Carré, La Manipulation au quotidien
Marie-Joseph Chalvin, L'Estime de soi
Cécile Chavel, Les Secrets de la joie
Claire-Lucie Cziffra, Les Relations perverses
Michèle Declerck, Le i\1alade malgré lui
Flore Delapalme, Le sentiment de vide intérieur
Ann Demarais,Valerie White, C'est la première impression qui compte
Sandrine Dury, Filles de nos mères, mères de nos filles ...
Jean-Michel Fourcade, Les Personnalités limites
Laurie Hawkes,
- La Peur de ['Autre
- La force des introvertis
Steven C. Hayes et Spencer Smith, Penser moins pour être heureux
Vl
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Jacques Hillion, Ifan Elix, Passer à l'action
0
1....
Lorne Ladner, Le Bonheur passe par les autres
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>- Mary C. Lamia et Marilyn]. Krieger, Le Syndrome du sauveur
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.-t Lubomir Lamy,
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N - L'amour ne doit rien au hasard
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......
- Pourquoi les hommes ne comprennent rien aux femmes ...
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Ol Virginie Megglé,
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>-
a. - Couper le cordon
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u - Face à l'anorexie
- Entre mère et fils
Bénédicte Nadaud, Karine Zagaroli, Surmonter ses complexes
Ron et Pat Potter-Efron, Que dit votre colère?
Patrick Ange Raoult, Guérir de ses blessures adolescentes
Daniel Ravon, Apprivoiser ses émotions
Thierry Rousseau, Communiquer avec un proche Alzheimer
Alain Samson,
- La chance tu provoqueras
- Développer sa résilience
Dans la collection« Les chemins de l'inconscient»,
dirigée par Saverio Tomasella :
Véronique Berger, Les Dépendances affectives
Christine Hardy, Laurence Schifrine, Saverio Tomasella, Habiter son corps
Martine Mingant, Vivre pleinement l'instant
Gilles Pho, Saverio Tomasella, Vivre en relation
Catherine Podguszer, Saverio Tomasella, Personne n'est paifait !
Saverio Tomasella,
- Oser s'aimer
- Le Sentiment d'abandon
- Les Amours impossibles
- Hypersensibles
- L'Emprise affective
Dans la collection « Communication consciente »,
dirigée par C hristophe Carré :
Christophe Carré,
- Obtenir sans punir
- L'auto-manipulation
-A1anuel de manipulation à l'usage des gentils
Nathalie Dedebant, Jean-Louis Muller, Emn1anuel Portanéry, Catherine Tournier,
Vl Traniformez votre colère en énergie positive
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Florent Fusier, L'Art de maîtriser sa vie
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>- Hervé Magnin, Face aux gens de mauvaise foi
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.-t Pierre Raynaud, Arrêter de se faire des films
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Dans la collection « Histoires de divan »
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..c Laurie Hawkes, Une danse borderline
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>- Dans la collection « Les chemins spirituels »
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0 Alain Héril, Le Sourire intérieur
Lorne Ladner, Pratique du bouddhisme tibétain
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Table des matières
Introd ucti on ........ ...... ........... ...... ........... ... ... ... ... ........ ... ... ... ... ..... .
PREMIÈRE PARTIE
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Chapitre 2 - Victime : souffrance et confusion ....................... . 39
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Être ou ne pas être victime ... ...................................... ........ ... .... . 40
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Deven ir victime : la brusq ue confron ta tion entre
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2 nos croyances et la réa lité tel le q u'elle est ......... ... ...... ...... ........... . . 41
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VII
A GI R POUR NE PL US SUB I R
DEUXIÈME PARTIE
Les freins qui nous empêchent d'agir
VIII
ÎABLE DES MATIÈRES
Chapitre 6 - Ne pas agir: le plus sûr chemin pour rester victime ... 12 3
Des schémas de pensée trompeurs .............................................. l 24
L'i nhibition de l'action.......... ... ... ...... ..... .. .... ... ... ..... ... ............... . l 33
Les quatre comportements de base .... ... .... .... ...... ... .... .... ...... ... .... . l 36
ÎROISIÈME PARTIE
Agir pour ne plus subir
IX
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Conclusion.. ............................................................................... 2 19
Bibliographie.............................................................................. 221
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1ntrod uction
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AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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1 NTRODUCTION
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AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Etre victime n'est pas agréable, le rester l'est encore n1.oins et peut
même s'avérer plus destructeur encore. Il me semble laborieux d'ac-
céder au bonheur et à la sérénité, difficile d'être en accord avec soi-
même, compliqué d'entretenir des relations saines et authentiques
avec les autres en persistant dans le rôle de victüne.
Cet ouvrage a pour but de vous accompagner si vous vous sentez
victime, dominé(e),impuissant(e), épuisé(e),incapable de surmonter
vos difficultés, d'abattre vos croyances et leurs pensées archaïques
pour redevenir entier( ère), vivant( e), respectueux( se) de vous-même,
lucide, créatif(ve). Et cela quelle que soit l'intensité du traumatisme
que vous avez subi ou subissez encore. Il s'adresse égalen1.ent à ceux
qui partagent le quotidien d'une victime. Trop souvent, armés de
bonnes intentions, les proches comn1.ettent des maladresses dont les
conséquences ne sont pas négligeables dans leur relation avec la vic-
time et dans le cheminen1.ent personnel de cette dernière.
Ce livre se veut résolument pragmatique. Il vise la compréhension,
certes, mais il insiste surtout sur les ressources et les solutions pour
que vous puissiez vous relever. Facile à dire? L'enjeu est de taille,j' en
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conviens, mais je vous propose de relever ce défi ensemble. Ce que
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>- nous allons faire, c'est parcourir un chemin. Un chemin dans lequel
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0 vous allez apprendre, pas à pas, à vous libérer du rôle de la victime qui,
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@ s'il n'est pas temporaire ou stratégique, ne peut être qu'aliénant, mor-
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bide, voire totalen1.ent dévastateur.
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1 NTRODUCTION
Écrire, c'est faire des choix, et il y aurait sans doute des milliers de pages
à rédiger sil' on visait l'exhaustivité d'un sujet comn1e celui qui nous
intéresse ici.J'ai choisi de travailler la question sous l'angle de la répa-
ration, de la « cicatrisation » des personnes ayant subi un dommage
physique, corporel, psychique, moral, social ou économique afin de les
aider à quitter leur état de victin1e passive, désengagée et résignée. Par
conséquent vous ne trouverez dans cet ouvrage aucune référence dé-
taillée au droit pénal, à la criminologie, ni de façon directe à ce que les
victimologues appellent les « agents causaux extérieurs » ayant provo-
qué le don1illage. Du reste, cet ouvrage ne saurait se substituer à l' ac-
tion des autorités judiciaires, administratives, sanitaires ou civiles, ni
aux soins n1édicaux ou à l' accon1pagnement psychologique et social
des victimes. Quoique chacun dispose, à des degrés divers, d'une capa-
cité à redémarrer après un traumatisme, des appuis extérieurs sont
souvent déterminants dans le rétablissement des victimes. Encore
faut-il que ces appuis disposent d'une grande qualité d'accueil et que
leur aide ne se limite pas à une parole jugeante ou conseillère, à une
écoute impudique ou à un déballage de sensibleries, entre autres biais
caractéristiques d'un accompagnement stérile.
Vous doutez peut- être de la capacité d'un livre à permettre aux per-
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sonnes d'accéder au changement et de revenir à une forme de vie
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« normale ».J'espère que celui-ci saura vous démontrer que vous
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vous trompez. Loin de n1oi, cependant, l'idée de posséder la science
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infuse et les clés de tous les problèn1es. Chaque individu est singulier,
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0 toutes les expériences et les manières d'appréhender la réalité sont
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Q_ différentes. Chacun est légitime dans sa façon de fonctionner, dans
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ses choix, dans la satisfaction de ses besoins, dans ses maladresses, et
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AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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]'ai du n1al à regarder la réalité D D D D
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J'ai une m auvaise opinion de moi. D D D D
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M es émotions m e submergent. D D D D
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AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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J'ai l'impression d'avoir la guigne. D D D D
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J'ai du mal à dire non. D D D D a
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1 NTRODUCTION
9
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Généralement je cherche D D D D
à protéger mes proches
des événements qui leur
seraient désagréables.
Je programme tout. D D D D
Je déteste improviser.
Je culpabilise. D D D D
Je voudrais changer ma vie D D D D
mais je pense que c'est impossible.
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J'attache beaucoup de prix D D D D
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à ma sécurité affective.
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Je me fais des films . D D D D
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1 NTRODUCTION
Commentaire
Entre 0 et 30 : vos réponses semblent indiquer que vous n'avez pas
le profil d'une victime potentielle.Vous avez confiance en vous, vous
acceptez vos failles et ne vous bercez pas d'illusions. Quand un mau-
vais coup survient, vous parvenez généralement à surmonter les dif-
ficultés sans y laisser trop de plumes. Ceci étant,je vous invite tout de
même à la vigilance : certaines situations graves peuvent faire bascu-
ler le cours des choses et vous atteindre sérieusement.
Entre 31 et 60 : vos réponses semblent indiquer une prédisposition
à la victimisation. Face à une situation problématique, à un dommage
ou à un traumatisme, vos capacités de défense et de reconstruction
pourraient s'avérer insuffisantes pour vous permettre un travail de
vi
<lJ restauration personnelle. La lecture de ce livre vous sera utile pour
0
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>- éviter les pièges de la victimisation.
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Entre 61 et 90 :vos réponses semblent indiquer une forte prédispo-
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-5!! sition à la victimisation.Vous manquez de confiance en vous et avez
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tendance à ruminer les choses, à estimer que le monde est injuste, que
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0 \..? vous manquez de chance.Vous aimeriez garder un contrôle total sur
u @
11
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
votre vie n'lais vous avez le sentiment que les événe1nents vous
échappent. Vous êtes souvent sujet à la peur ou à la colère et tout
changement vous insupporte. La lecture de ce livre vous sera salutaire
pour changer vos représentations et améliorer de façon efficace la
qualité de votre vie et de vos relations.
Supérieur à 90 : vous semblez être en position de victime de façon
quasi permanente. La vie, les autres, les aléas professionnels, les soucis
familiaux, les ennuis de santé, le hasard, etc., la plupart des événe-
n'lents que vous vivez vous plombent et donnent lieu à des plaintes
de votre part.Vous vous sentez perdu( e) et vous souffrez de cette si-
tuation très difficile à vivre. Mais, n1.ême si des faits réels vous placent
effectivement en position de victime dans différents domaines, rien
ne vous empêche de vivre de façon plus sereine, en agissant et non
plus en subissant les événements. Ce livre vous aidera, j'espère, à
trouver l'audace de changer vraiment.
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PREMIÈRE PARTIE
Tous victimes,
tous coupables ?
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Tous VICTIMES, TOUS COUPABLES ?
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AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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1. Le mot est rare avant la fin du xv" siècle (Dictionnaire étymologique, Larousse, 5" édition,
0
u @ 1981).
17
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
18
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
>-
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2
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u @ 1. Konitz Michel, « Les mirages de l'hystérie victimaire », Libération, 3 septembre 2007.
19
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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gratifiante. Etre victime deviendra une vocation, un travail à plein-
temps1. »
Vl
À partir du xvme siècle, avec l'apparition du mythe de la démocratie
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1...
égalitaire, on assiste à une nouvelle évolution. La souffrance vécue
w
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0
N
@ 1. Bruckner Pascal, La Tentation de l'innocence, Grasset, 1995.
.......
.c
Ol 2. Pour mémoire, le mot travail vient du latin tripalium qui désigne un instrument d'inuno-
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>-
a. bilisation et de torture à trois pieux.
0
u 3. Erner Guillaume, La Société des victimes, La Découverte, 2006.
20
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
>- :::J
a. 2
\..?
1. Du latin compassio (me siècle) et de compati,« souffrir avec ».Le verbe compatir date du
0
u @ xv1" siècle et signifie à la fois« concilier » et « avoir pitié».
21
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
J'accuse!
«J'accuse les industriels du tabac d'avoir mis sur le marché des produits no-
cifs et de m'en avoir caché les risques. Aujourd'hui victime d'un cancer du
pharynx, je demande des dommages et intérêts.»
« Mon conjoint est un pervers narcissique, je l'accuse d'avoir ruiné ma vie
pendant plus de trente ans, je veux qu'il soit puni par la justice.»
«J'accuse mon père de maltraitance parce qu'il m'a giflée à l'âge de 14 ans.
Ce geste m'a dégoûtée des hommes en général, je ne peux plus avoir de rela-
tions normales. J'ai coupé les ponts avec lui.»
Vl
«J'accuse mes parents de ne pas m'avoir inscrit à des cours de piano quand
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0
1...
j'avais 6 ans. Aujourd'hui je serais virtuose au lieu de jouer pour quelques
>-
w euros par soir dans des pianos-bars. Ils ont ruiné ma vocation.»
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0 «J'accuse mon voisin d'être responsable de ma dépression : son mur de clô-
N
@ ture fait de l'ombre à mon potager. À cause de lui j'ai perdu le sommeil et la
.......
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Ol
santé. Mon psychiatre m'a prescrit des neuroleptiques et des antidépres-
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>-
a. seurs... Je demande réparation de tout cela.»
0
u
22
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
«J'accuse mes collègues de s'être ligués contre moi. Je suis victime de harcè-
lement de leur part. J'exige une sanction pénale, comme la loi m'y autorise.»
«J'accuse mon médecin de ne pas avoir décelé plus tôt une maladie qui s'est
aggravée en raison d'un traitement inadapté.»
«J'accuse mon employeur de m'avoir fait prendre des risques sanitaires en
m'exposant à des produits toxiques.»
«J'accuse la société de mes échecs personnels et professionnels et cela me
rend violent. Je veux prendre ma revanche.»
w
>-
'<j" Il est toutefois étonnant de constater que, dans nos sociétés occiden-
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0
N tales, malgré le fait que les conditions matérielles dans lesquelles nous
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vivons ont globalement plutôt tendance à s'améliorer (en tout cas
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pour une frange importante de la population), des situations qui ne
a. 2
u
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@ posaient pas p articulièrement problème auparavant deviennent
23
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Vl
Commentaire
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0
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>- *J'imagine qu'il ne vous a pas été difficile de noter dix réponses à ce ques-
w
'<j" tionnaire tant on peut être aujourd'hui victime d'à peu près tout, voire de
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0
N
n'importe quoi. Une entreprise peut être victime de spéculation, une région
@ de la sécheresse ou d'un faible taux de natalité, les vacanciers d'une météo
.......
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déplorable. Les victimes fleurissent de toutes parts, la victimisation semble
·;::::
>- avoir le vent en poupe et la position de victime paraît aujourd'hui envahis-
a.
u
0 sante.
24
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
Victime d'un rhume ou d'un individu qui vous porte 30 coups de couteau, vous
conviendrez je pense que les tourments que nous pouvons subir, contre notre
volonté, sont sans commune mesure les uns avec les autres. Reprenez vos
réponses et notez en face de chacune d'elle la lettre G pour celles qui ren-
voient, selon vous, à des situations graves, I pour celles qui vous paraissent
importantes et S pour celles qui sont secondaires. Combien de fois avez-vous
noté la lettre G? C'est sur ces situations que vous devrez porter en priorité
votre travail d'acceptation et de reconstruction.
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @ 1. Godin Christophe, Dictionnaire de philosophie, Fayard/ Éditions du temps, 2004.
25
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Appels à témoins
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0 «Vous avez été victime d'un escroc prédateur sur un site de rencontre.»
1....
w
>- «Vous êtes victime de harcèlement au travail.»
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«Victime d'un viol, brisez le silence.»
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>-
a. 1. Selon Aristote, la catharsis permet de « purger » les passions lors d'une représentation
0
u théâtrale.
26
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
27
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
28
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
d'autres (les crimes sexuels coni.mis sur les enfants, les agressions
antisémites, par exemple), intéressés par le coefficient émotionnel
d'un événement, ils manipulent l'information et contribuent de fa-
çon importante à l'instrumentalisation de la compassion.
La République compassionnelle 1
Longtemps honteuses, ignorées, méprisées, vilipendées, les victimes
de quelque acte ou de quelque phénoni.ène que ce soit nous appa-
raissent aujourd'hui émouvantes et font l'objet d'une attention très
importante, de la part de la société en général et du monde politique
en particulier. Il faut dire que nos responsables politiques se montrent
particulièrement zélés lorsqu'il s'agit de se précipiter sur les lieux d'un
drani.e, de prendre parti pour les victimes et de pleurer sur les malheurs
du monde. L'aptitude à coni.patir seni.ble mêni.e p arfois constituer un
atout majeur dans un enjeu électoral. .. Mais peut-on systématiser
l'usage de la compassion pour en faire un modèle de gouvernance
politique ? Plusieurs auteurs se sont penchés sur la question.
Le journaliste Michel Richard2 remarque, d'ailleurs sans ménagement,
à propos des relations entre les honi.mes politiques et les citoyens :
« [. .. ]faute de savoir les gouverner, on les calme, on les plaint. Faute de
vi
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0
savoir leur parler et quoi leur dire, on prie. Faute de savoir où les mener, on
1....
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>- les balade dans le no man's land du bon cœur et des bons sentiments. Une
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0 autre façon deJaire de la politique, ou plutôt de ne plus en Jaire. »
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2 1. Ce titre est emprunté à Michel Richard, La République compassionnelle, Grasset, 2006.
0 \..?
u @ 2. Ibid.
29
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
30
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
Psychologisation et victimisation
La souffrance est-elle une maladie ? Est-il seulement souhaitable de
se lancer dans de grands travaux d'archéologie personnelle pour ra-
mener à la surface de vieux objets encombrants, dès lors qu'ils ont
été oubliés ? La réparation des dommages subis, qu'elle soit maté-
rielle ou symbolique, est-elle un passage obligé pour aider les vic-
times à se reconstruire, toutes les victimes, quelle que soit la nature
du préjudice?
Il est à mon sens prétentieux de penser pouvoir apporter des réponses
définitives à ces questions, et illusoire de croire que les pratiques psy-
chologiques constituent un passage nécessaire et suffisant pour che-
miner sur la voie de la réparation.Nous vivons dans un monde où le
recours à la psychologie s'in1pose comme une évidence, tout comme
nous vivons dans l'illusion que les psychologues trouveront une ex-
plication et une justification à tout ce qui peut nous arriver. Chaque
drame, chaque catastrophe apportent ainsi son lot de cellules de sou-
tien psychologique et d'exp erts en comportement qui sont censés
apporter leur révélation et procurer un apaisen1ent aux victünes.
L'efficacité de ces pratiques est peut-être réelle pour les victimes de
faits graves, par exemple dans les attentats, les crashes aériens, mais le
vi
<lJ
recours systén1atique à la psychologie dans les p etits conflits person-
0
1....
>- nels peut aussi participer au processus de victimisation et conduire à
w
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une pathologisation de la souffrance.
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-5!! Dans notre culture individualiste, toutes les difficultés, les conflits, les
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malheurs, les souffrances auraient une origine psy ! Sonder l'incons-
>- :::J
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cient, le faire parler, mettre des mots sur les maux, les interpréter,
u @
31
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Le Ticket-Psy
Mis en place en 2008, le Ticket-Psy est une belle illustration de cet engoue-
ment psychologisant et de l'essor du marché psy. À la demande des salariés
victimes de stress professionnel, le médecin du travail délivrait des tickets,
achetés par l'entreprise sous forme de carnets de 5 ou 10, leur donnant droit
à une consultation chez un praticien référencé par l'employeur. La «valeur
ajoutée» promise à l'entreprise par la société qui commercialisait ces tickets
était la diminution de l'absentéisme, des conflits et des grèves, l'augmenta-
tion de la productivité et de la rentabilité. Le Conseil de l'ordre des médecins
n'a pas vu d'un très bon œil ce dispositif jugé contraire à la déontologie.
Faire de la souffrance au travail une problématique personnelle, c'est évi-
demment s'affranchir d'une réflexion sur les conditions de travail, le mode
de management, etc. Et de garder bonne conscience ! Le Ticket-Psy n'aura
pas fait long feu, quelques mois tout au plus.
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32
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
Mémoire inventée1
Grâce à des techniques d'entretien psycho thérapeutique spécifiques2 ,
il est possible d'aider une personne à se ren1émorer des événen1ents
traumatiques survenus pendant l'enfance : n1altraitances, abus sexuels,
etc. Mais si notre systèn1e nerveux a évacué ces informations doulou-
reuses, c'est souvent pour nous permettre de retrouver un équilibre et
de continuer à vivre.Notre n1én1oire étant malléable, très lacunaire, et
notre cerveau prédisposé à créer de fausses réalités ou à reconstituer
les pièces manquantes de notre histoire, il est possible d'implanter dans
la n1én1oire d'un individu des souvenirs qui évoquent des événen1ents
qui ne se sont jamais produits ou des réalités totalement distordues.
Ces« faux souvenirs induits »par un psychothérapeute n1aître à penser,
extrémiste, absolutiste, incon1pétent, n1aladroit ou tout simplen1ent
n1anipulateur, conduisent la personne à adopter des croyances ou des
représentations qui ne sont pas les siennes, n1ais qui se conforn1ent aux
convictions du thérapeute. Ce phénomène problén1atique, lié au pro-
cessus de soumission à une autorité (celle de l'expert présumé à la-
quelle on accorde un crédit parfois aveugle), a été découvert aux États-
Unis à la fin des années 1980. Nombre de personnes ont par exemple
accusé leurs p arents d'inceste ou d'abus sexuels en se fondant sur des
vi
souvenirs qui auraient été « refoulés », n1ais qui se sont avérés en réa-
<lJ
0
1....
w
>-
'<j"
.-t 1. Cf. Carré Christophe, L'Auto-Manipulation. Comment ne plus faire soi-même son malheur,
0
N Eyrolles, 2012.
@ "'
-5!!
....... 0
>.. 2. Il s'agit notamment de techniques qui utilisent l'hypnose, la relaxation, le travail sur le
..c UJ
Ol
·;::::
Q)
Q_
corps ou les conditionnem ents émotionnels, et qui portent, dans leur version française,
>-
a.
:::J
2 les noms deTMR (Thérapie de la mémoire retrouvée) ouTSR (Thérapie des souvenirs
0 \..?
u @ retrouvés).
33
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>-
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.......
..c
Ol
·;::::
>-
a. 1. Selon le psychologue am éricain Robert Baker, sur les 1 700 000 cas déclarés d'abus
0
u sexuels en 1985 aux États-Unis, 65 % seraient sans fondement.
34
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
Née après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950, la victimolo-
gie est une branche de la criminologie qui étudie les conséquences des
crimes et délits sur les victimes et s'intéresse à leur statut et à leur prise en
charge d'un point de vue psychosocial et judiciaire.
w
>- au civil, et il est légitime qu'elle obtienne réparation pour les préju-
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0
N
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-5!!
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..c >..
UJ
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>- :::J
a. 2
\..?
1. Cf. Genepi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées),
0
u @ « Une juste place des victimes pour un sens de la peine préservé », assises de 2005.
35
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
dices subis. Mais dès lorsqu'elle interfère dans l'action menée par le
Ministère public, le malaise s'installe.
w
1...
>- grosso modo d'établir qui a commis quel crime, quelle infraction,
'<j"
.-t quelle faute, au préjudice de qui, de prononcer une peine et de pré-
0
N
@ voir un dédommagement pour la réparation des préjudices subis par
.......
.c
Ol
la victime.Un traitement sans doute nécessaire mais insuffisant .
·;::::
>-
a.
0
u
36
UNE SOCIÉTÉ DE VICTIMES?
*
**
Lorsque la victimisation devient trop importante dans une société,la
victin1e gagne un statut social prestigieux, proche du sacré. Cette
sacralisation des victimes, observable dans de nombreux domaines,
les conduit souvent à un enfermement dont elles ne sont pas les
seules responsables. Elles éprouvent davantage de difficultés pour
quitter cet état, reconsidérer leur position et accéder au changement,
or le statut de victime n'est, etc' est heureux, jamais définitif et irré-
versible. Mais cesser d'être une victime nécessite un engagement
personnel et un processus intérieur que personne ne fera à votre
place. Il faut pour cela mieux comprendre ce qui et comn1ent se
définit une victime.
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Chapitre
Victime: souffrance
et confusion
>-
a.
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2
\..?
u
0
@ définition variant naturellement en fonction des approches, l'inven-
39
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
40
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
>-
a.
:::J
2
p enser, agir et les aléas de notre environnement. Un événement ou
0 \..?
u @ une accumulation de faits, plus ou n1.oins graves, surviennent, bous-
41
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
42
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
43
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Comme chaque matin depuis des années, Aurélie emprunte une portion
d'autoroute pour aller à son travail. Ce matin-là, une difficulté se présente:
un ralentissement de plusieurs kilomètres s'est formé à l'entrée de la ville en
raison de travaux. En jetant un œil à son rétroviseur, Aurélie s'aperçoit avec
effroi que la voiture qui arrive derrière elle fonce à toute allure vers elle. Le
choc violent est inévitable.
Vl
Croyance n° 4 : tout le monde il est beau ...
<lJ
0
1....
>-
Autre croyance tenace : on peut faire confiance aux autres. Les gens
w
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.-t
sont naturellement bons, généreux, prévenants, chaleureux, sympa-
0
N thiques, fraternels, charitables, secourables. Et l'on peut compter sur
@
.......
..c eux, quoi qu'il arrive. En moins d'un dixième de seconde nous nous
Ol
·;::::
>- faisons une idée sur une personne et nous savons - ou croyons savoir-
a.
0
u qui elle est, si elle est agréable, fiable, compétente. Cette première
44
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
Muriel, une jeune professeur des écoles, a vécu pendant trois années avec un
homme charmant et très attentionné. Leur rupture amoureuse a été conve-
nue d'un commun accord en raison de multiples divergences. Pourtant, six
mois plus tard, alors qu'elle s'engageait dans une nouvelle relation, Muriel a
été agressée en pleine nuit par son ex-compagnon qui l'a rouée de coups
avant de tenter de l'étrangler.
45
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
46
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
vi
<lJ
0
1....
>-
• Croyance n ° 4 : tout le monde il est beau...
w
'<j"
.-t
*Des personnes en qui vous aviez une totale confiance vous ont trahi(e) ou
0
N ont abusé de vous. Vous vous êtes trompé(e) sur leur compte. De qui s'agit- il?
@ "'
-5!! D'où provient le conflit?
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
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2
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u @
47
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
48
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
Même si le fait que les préjudices subis par une personne peuvent toucher
les membres de sa famille ou de son entourage et en faire des victimes se-
condaires, la «vraie» victime est toujours directement et personnellement
affectée par les événements. De même, il est difficile de considérer que l'on
peut être victime parce que l'on a été très choqué par les images d'un acci-
dent, par une scène de violence ou par la mort d'un proche. Dans de telles
situations, nous éprouvons naturellement des réalités qui peuvent nous
faire mal, nous heurter et nous faire ressentir des émotions désagréables et
de la souffrance, mais nous ne sommes pas confrontés directement à l'évé-
nement traumatisant.
Ni responsable ni coupable
La victime n'a pas choisi de l'être. M êm e lorsqu' elle souffre de dom-
vi mages dont elle semble porter la responsabilité, il ne s'agit pas d'un
<lJ
0
1....
choix , m ais d'une attitude ou d'un comportem ent qui relèvent de
w
>-
'<j"
l'ignorance, de la n égligence, de la m aladresse, d 'un sentiment d 'in-
.-t
0
N vulnérabilité ou du désir non conscient de se punir, de s'infliger des
@ "'
-5!!
....... 0
>..
souffran ces, une certaine forme de violence contre soi-même. Au-
..c UJ
Ol
·;::::
Q)
Q_ cun fumeur ne vous dira qu'il fume avec pour objectif de faire un
>-
a.
:::J
2
u
0 \..?
@
accident cardio-vasculaire, au cun alcoolique ne rêve de développer
49
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
50
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
51
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
1...
>- impitoyable ajoute une couche supplémentaire à la souffrance déjà
'<j"
.-t endurée et nous pousse vers les chausse-trappes de la culpabilité.
0
N
@ Notre cerveau, entraîné à traiter des problèmes depuis que nous
.......
..c
Ol
sommes sortis de la petite enfance, s'encombre d'un nouveau pro-
·;::::
>-
a. blème en cherchant « pourquoi ? » : « Pourquoi moi ? » ; « Pourquoi
0
u
52
VICTIME SOUFFRANCE ET CONFUSION
w
>- ment de notre cerveau, comment imaginer que nous puissions gar-
'<j"
.-t
0 der le contrôle sur tout ce qui nous arrive ? Cette tendance à
N
@ "'
-5!!
0
surestimer les causes internes et la responsabilité des individus et à
.......
..c >..
Ol
·;::::
UJ
Q)
Q_
sous- estimer les facteurs externes et les contraintes dues à la situation
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
53
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
54
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
pour toi, tu peux oublier ton amour, ton bonheur, ton travail, ton
idéal, tes valeurs, tes passions». Et ces« non» provoquent incompré-
hension et frustration dans notre esprit. Il nous semble que la réalité
et les lois de l'univers nous résistent quand c'est nous qui nous oppo-
sons à eux. Chaque fois que nous perdons notre liberté de vivre selon
nos désirs, d'agir et de penser, nous nous pensons victimes d'une
injustice criante. Elle crie parfois tellement fort qu'elle nous rend
sourds à la vie, étrangers à nous-mêmes .
....
Etre reconnu
Parmi nos besoins fondamentaux, celui de la reconnaissance par les
autres figure en bonne place. Quel que soit notre âge, qui que nous
soyons, victimes ou pas, nous éprouvons tous ce besoin essentiel
d'être reconnus, aimés, admirés par les autres, validés dans ce que
nous sommes. Messages de gratification, marques d'attention, de
confiance, compliments, prise en considération de nos talents et de
nos compétences, engagement à nos côtés, tous les signes qui vont
nous permettre de nous sentir durablement acceptés par les autres
concourent à satisfaire ce besoin.
Lorsque nous sommes victimes, nous attendons aussi des autres qu'ils
vi
<lJ reconnaissent les obstacles que nous traversons, notre douleur, notre
0
w
1....
>- peine, notre souffrance, même si nous ne sommes pas encore en
'<j"
.-t mesure de dépasser ces difficultés. À moins d'avoir choisi de partager
0
N
@ "'
-5!!
la vie des manchots dans la toundra, la reconnaissance par nos pairs
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
Q)
est essentielle à notre équilibre personnel biologique et sociologique,
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 et cela depuis la nuit des temps, puisque la satisfaction de ce besoin a
0 \..?
u @
55
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
56
VICTIME : SOUFFRANCE ET CONFUSION
2. Quels sont vos réalisations, vos compétences, vos difficultés, vos mal-
heurs ou vos souffrances que vous aimeriez voir reconnus?
w
>-
'<j" 7. Vous arrive-t-il vous-même d'adresser des signes de reconnaissance
.-t
0
N
aux personnes de votre entourage : rarement, parfois, assez souvent,
@ "'
-5!! très souvent? Ou bien êtes-vous plutôt en attente de reconnaissance de
....... 0
..c
Ol
>..
UJ leur part parce que vous êtes paralysé(e) par vos problèmes?
Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
57
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
"'
8. Etes-vous plutôt du style« je donne pour recevoir» ou« j'attends de
recevoir pour donner»? A' votre avis, de quelle manière cette attitude
influence-t-elle vos relations et les marques de reconnaissance qui vous
sont adressées?
10. D'une manière générale, livrez-vous facilement vos émotions aux per-
sonnes que vous jugez dignes de confiance?
vi
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Ol <1.1
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u @
58
Chapitre
Anatomie
du scénario victimaire
«Vous n'aimez pas ce que vous êtes, aussi vous vous fuyez,
vous fuyez ce qui est. »
Jiddu Krishnamurti, Commentaires sur la vie, tome 1.
w
>- systè1nes relationnels d'interdépendance, à des jeux dramaturgiques
'<j"
.-t
0
et à des scénarios puissants dont nous avons rarement conscience
N
@ "'
-5!! parce qu'ils font partie de notre héritage culturel, de notre éducation,
....... 0
>..
..c
Ol
UJ
Q)
de nos automatismes de pensée et de nos croyances limitantes. Ces
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 phénomènes nous font perdre notre autonomie et le contact avec
0 \..?
u @
59
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
nous-mêmes. Les ignorer, c'est s'enfoncer un peu plus dans les pièges
qu'ils nous tendent ;les décrypter nous évite de devenir doublement
victimes : à la fois de la réalité, telle qu'elle est, et de nous-mêmes si,
par peur, par habitude ou par confort personnel, nous nous confor-
n1ons à ces mécanismes qui nous enferment.
Suite à un événement traumatisant, il est naturel d'avoir peur et de
chercher à se protéger pour survivre ... Mais il ne s'agit alors que de
survivre, et de façon provisoire. N'avez-vous pas envie de vivre ou
plutôt d'exister, tout simplement, détaché (e) de vos conditionne-
n1ents, séparé(e) de votre souffrance,libéré(e) des rôles que les autres
vous assignent parce qu'ils font partie du jeu relationnel que vous
jouez avec eux, de ce qui est socialement acceptable, des conventions,
de la règle, de la norme ? La souffrance nous incite, certes, au senti-
ment d'injustice, à la colère, au repli sur nous-mêmes, à la plainte, à la
culpabilité, aux réactions défensives, mais en rester là serait sans doute
la pire chose qui puisse nous arriver.
Adversité ou altérité ?
Nous vivons à un rythn1e effréné, dans un monde de plus en plus
complexe, saturé d'informations, où l'adversité, le culte du gagnant,
Vl
<lJ le profit et la compétition règnent en maîtres. Reste-t-il une place
0
1...
>- pour les égarés, les perdants, les victimes ? Et quelle place ? Celle que
w
'<j"
.-t
nous voulons bien leur donner pour avoir bonne conscience, pour
0
N
@
leur n1ontrer qu'on ne les oublie pas, que la société veille sur eux et
.......
..c les protège? S'agit-il d'une aide efficace et sincère? Éprouver de la
Ol
·;::::
>-
a.
peine pour quelqu'un qui souffre nous libère-t-il d'une certaine
0
u forme de culpabilité, à défaut d'apporter des réponses pour que leur
60
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
>- :::J
2
Protéger Aider/accompagner
a. \..?
0
u @
61
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
62
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
63
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Commentaire
Illusions théoriques
Il n'est pas aisé de théoriser sur les relations humaines. Certaines
approches me paraissent fonctionnelles, d'autres m e semblent plus
réductrices et n e résistent guère à l'analyse. À trop vouloir schémati-
ser, expliquer, on risque toujours de dégrader des systèmes extrême-
n1ent complexes, p arfois jusqu'à la caricature.
64
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
Une fois le triangle planté, les auteurs de ce concept disent que nous
pouvons tous tenir et changer de rôle à tout instant. De persécuteur
nous pouvons ainsi devenir sauveur, de sauveur devenir victime, et
de victime persécuteur. Mais chacun d'entre nous serait prédisposé
à avoir un rôle préférentiel. Les protagonistes seraient ainsi interdé-
pendants et prisonniers d'un processus répétitif qui provoquerait leur
souffrance. Prendre conscience de ce jeu psychologique dramatique,
vi
<lJ en sortir ou ne pas y entrer, p ermettrait de vivre des relations « ga-
0
1....
>- gnant-gagnant »...
w
'<j"
.-t
0 Ce n1.odèle, parfaitement adapté pour analyser les contes pour enfants
N
@ "'
-5!!
0
comme Le Petit Chaperon rouge, est à mon sens très limité, pour plusieurs
.......
..c >..
Ol
·;::::
UJ
Q)
Q_
raisons. La première, que nous avons déjà évoquée, est la complexité des
>- :::J
a.
0
2
\..? relations humaines qui ne se laissent pas enfern1.er dans un n1odèle aus-
u @
65
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
La triade dramaturgique
Vl
<lJ
0
1....
Le schén1a suivant est inspiré des principes fondamentaux de la dra-
w
>-
'<j"
n1aturgie1 . Il nous permet de comprendre le processus qui entre en
.-t
0
N
jeu lorsqu'une personne se retrouve victime d'un événement ou
@
.......
conflit quelconque .
.c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u 1. LavandierYves, La Dramaturgie, Le Clown & !'Enfant, 2004.
66
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
La triade dramaturgique
Le protagoniste
Il s'agit de la personne ou du groupe en position de victime qui vit
directement le conflit et voit ses objectifs contrariés par des obstacles,
des individus ou des éléments perturbateurs qui se mettent en travers
de son chemin.
w
>- Par conséquent, même si un grand nombre de réactions sont simi-
'<j"
.-t
0
laires, un même événement sera vécu différemment selon les indi-
N
@ "'
-5!! vidus. Chacun utilisera ses propres grilles de lecture et élaborera des
....... 0
..c >..
Ol
UJ
Q)
solutions qui lui sont propres pour tenter de rétablir son équilibre .
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @ Exemple : Antoine, marié depuis vingt ans à Nathalie, père de trois enfants.
67
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Les objectifs
Au quotidien, nous poursuivons tous des objectifs multiples : assurer
nos besoins élémentaires et notre sécurité, respirer, marcher, appar-
tenir à un groupe, se sentir reconnu dans ce que nous sommes, pou-
voirs' exprimer, dire et être entendu, trouver l'harmonie en soi, vivre
des relations heureuses, créer, etc.
• Remarque : lorsque nos objectifs sont flous, complexes, démesu-
rés, inatteignables, irréalistes, irrationnels et non inscrits dans le
temps, nous potentialisons les risques de devenir des victimes et
d'attribuer la responsabilité de nos échecs aux autres, à la mal-
chance, au destin.
68
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
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-5!!
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u @
69
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Objectifs
Émotions
1. Objectif
*Que visiez-vous? Que souhaitiez-vous qui n'a pu être réalisé? Quels sont
les buts que vous n'avez pu atteindre? Quelles sont vos représentations, vos
croyances ou vos valeurs personnelles qui ont été heurtées par cet événe-
ment que vous n'aviez pas prévu ou anticipé?
l/l
Q)
0
1-
>-
w
<j"
,..... 2. Obstacle
0
N *Pourriez-vous décrire, comme si vous étiez un(e)simpleobservateur(trice),
@
....... sans jugement ni évaluation, les obstacles, naturels, humains, matériels, éco-
~
O'I
ï:::
nomiques qui ont contrecarré vos objectifs? Décrivez des faits précis, loca-
>- lisés, datés. Essayez de vous r emémorer les éléments du contexte, des dé-
a.
0
u tails dans l'environnement.
70
AN ATOMIE DU SCÉN A RIO VICTIM AIRE
3. Conflit
* Un décalage, une tension, un choc, un affrontement, une rupture sont appa-
rus entre l'objectif que vous poursuiviez, les attentes que vous aviez et ce
qui s'est réellement passé.
Et vos émotions ?
1. Émotions
* Ce conflit a naturellement déclenché des réponses de votre corps et en-
gendré des émotions désagréables. Nommez ces émotions en distinguant
celles qui sont apparues sur le moment, dans les heures, puis dans les jours
et les semaines qui ont suivi. Choisissez les mots qui vous viennent à l'esprit
et qui décrivent le plus précisément possible ces émotions. Que ressentez-
vous aujourd'hui par rapport aux événements ?
2. Manifestations
* Comment ces émotions se sont-elles manifestées pour vous ?
• Au niveau physique (tremblements, mouvements de panique, accéléra-
tion du rythme cardiaque, etc.):
w
>-
'<j"
.-t
0
N
• Au niveau des comportements que vous avez adoptés en réponse (qu'avez-
@ "'
-5!! vous fait? quel a été votre premier réflexe?) :
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
71
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
3. Acceptation
*A-t-il été facile pour vous de répondre aux deux premières questions ?
Pourquoi ?
72
ANATOMIE DU SCÉNARIO VICTIMAIRE
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DEUXIÈME PARTIE
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1
LES FREINS QUI NOUS EMPÊCHENT D AGIR
w
1....
>- directement de ce qu'ils font. Ce sont leurs actions et leurs compor-
'<j"
.-t tements qui déterminent leurs pensées et leurs dispositions internes,
0
N
@ "'
-5!!
et non l'inverse: «Je suis heureux parce que j e chante»; «Je n'ai j a-
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
Q)
mais trompé mon conjoint donc je suis fidèle » ; «Je n'ai jamais volé
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 personne, cela montre que je suis honnête».
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u @
77
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
78
1
LES FREINS QUI NOUS EMPÊCHENT D AGIR
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N
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Ol
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Q.
0
u
Chapitre
« Ce qui trouble les hommes} ce ne sont pas les choses} mais les jugements
qu }ils portent sur ces choses.Ainsi} la mort n}est rien de redoutable} puisque}
même à Socrate} elle n}a point paru telle. Mais le jugement que nous
portons sur la mort en la déclarant redoutable} c} est là ce qui est redoutable.
Lorsque donc nous sommes traversés} troublés} chagrinés} ne nous en prenons
jamais à un autre} mais à nous-mêmes} c} est-à-dire à nos jugements propres.
Accuser les autres de ses malheurs est le fait d}un ignorant; s}en prendre à
soi-même est d}un homme qui commence à s}instruire; n}en accuser ni un
autre ni soi-même est d}un homme paifaitement instruit. »
vi
<lJ
0
1....
Épictète, Manuel.
w
>-
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0
N
@ "'
-5!!
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
81
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
82
VIVRE DANS SA TÊTE
...................................
······················· ··············
·····················...
..······
...·············
·····--·······-.•..
.........................
·...
1. SENSATIONS 2. PERCEPTION
Informations extérieures ~
~
1 3. ACTIONS
•················
Ressentir ....
Dire •············ ...................
Agir ,..... ....·······
.......................... ...........................
··... ··...
···.... ......·······
······· ···········
·· .... ................................................ ....................
L'environnement
Nos sensations
Notre environnement est saturé de milliards d'informations qui nous
sont plus ou n1oins utiles pour maintenir notre équilibre biologique et
assurer notre survie. Par exe111ple, lorsque nous approchons la main
d'un objet brûlant, nous la retirons presque instantanément, cette in-
formation transmise par la peau est, dans cette situation, plus salutaire
vi
Q)
0
que le chant d'un n1oineau dans le tilleul voisin. Nous recevons ces
1-
>-
w informations, sous forme de stimulus, par nos sens 1 , sous réserve que
<j"
,.....
0
notre organisme soit en bon état pour le faire. Nos sens sont des sys-
N
@ "'
-5!!
....... 0
~ >..
LU
O'I
ï::: "'o. 1. Les cinq sens les plus connus sont le toucher, la vue, l'ouïe, l'odorat et le goût. Mais il
>- ::::i
a. 2
\.9
existerait d'autres sens conune l'équilibre, la proprioception (la perception du corps) ou
0
u @ la nociception (la perception de la douleur).
83
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Notre perception
Les sensations sont interprétées par différentes régions spécialisées du
cerveau, la plus importante étant celle consacrée à la vision. Cepen-
dant,les sens prioritaires sont le toucher et le sens del' équilibre.Notre
système nerveux assure la perception, c'est-à-dire le traitement et la
représentation mentale des sensations immédiates reçues du n1onde
extérieur, en les complétant par des in1ages, des expériences liées à
notre histoire p ersonn elle, des éléments culturels, des souvenirs.
Lorsque nous avons vécu une situation traumatisante, p ar exemple
une attaque à main armée, tous les éléments qui nous rappellent cette
expérience, dans un autre contexte, sont susceptibles de provoquer
notre détresse, notre peur, notre sentiment d 'être à nouveau n1enacés.
Vl La mémoire joue donc un rôle essentiel dans notre vision des choses
<lJ
0
1....
puisqu'elle pourrait contribuer, d'après les recherches en neuros-
w
>-
'<j" ciences, à 99 % dans l'élaboration de nos perceptions, seul 1 % des
.-t
0
N informations venant s'ajouter par l'intermédiaire des sens.
@
.......
..c
Ol
La perception ajoute aux informations brutes l'intérêt et la compréhen-
·;::::
>-
a. sion. Notre système nerveux est particulièrement complexe, il effectue
0
u
84
VIVRE DANS SA TÊTE
Arveriz-vuos à lrie ces lneigs? Rein de puis nmoral, le cvaereu himaun est
capalbe de lrie des mtos, mmêe loqsrue les letters sont cmomenpeètlt
mléageéns. La selue cshoe qui cpmote, c'est que la prièemre et la dnreèire
lrtetes seonit à la bnone plcae. Énnnatot non?
>- :::J
a. 2
\..?
1. Cf. la gestalt-théorie, ou « théorie de la forme »,mouvement d'étude et de pensée alle-
0
u @ mand né au début du xxe siècle.
85
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
L'action
Notre système nerveux est conçu pour nous permettre de préserver
notre équilibre biologique et nous maintenir en vie : répondre à nos
besoins fondan1entaux (respirer, boire, dorniir, s'alimenter, copuler),
l/l
fuir en cas de danger, nous défendre en cas d'agression, éprouver du
Q)
0
1..
bien-être, rechercher le plaisir, créer, etc. Chaque individu va donc
>-
w agir sur son environnement en lui transmettant de l'énergie et des
<j"
,.....
0
N informations. Compte tenu de nos perceptions et de nos représenta-
@
....... tions, qu'allons-nous dire, faire ou ressentir ? Quelles actions phy-
~
O'I
ï::: siques allons- nous mettre en œuvre : fuir face à un danger (réflexe) ,
>-
a.
u
0 nous déplacer d'un point à un autre, exécuter une tâche (mouve-
86
VIVRE DANS SA TÊTE
87
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
foncièren1ent responsables des pensées que nous avons dans la tête, pas
plus que nous ne pouvons contrôler ou« gérer» nos émotions, ni évi-
ter les pièges du langage ou certaines de nos actions.
Est-ce une fatalité ? Je ne le crois pas davantage. Dès lors que nous
avons conscience de la façon dont fonctionne notre cerveau et de la
façon dont nous l'utilisons, les portes du change1nent s'ouvrent.
Nous remettons en question nos conceptions erronées et sommes en
mesure d'appréhender différemment notre environnement, d'agir
pour le transformer, de passer d'un mode de fonctionnement réactif,
fait de résistances et de freins, à un mode de fonctionnement actif qui
consiste à se rapprocher de la réalité, à modifier ses perceptions, à
focaliser son attention sur autre chose .Tout cela passe par la cons ci ence,
p ar l'engagement et par l'action.
88
VIVRE DANS SA TÊTE
89
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Nous disposons tous de nos cartes personnelles qui sont censées nous
rendre le monde lisible. Et si celles-ci se révèlent souvent utiles, lé-
gères et économiques, elles sont tout aussi incomplètes et tron1peuses
que la carte routière qui ne vous précise pas que vous allez mettre
deux heures de plus que prévu, avec votre voiture, pour parcourir les
quelques arabesques jaunes qui figurent entre deux points. Dans le
même ordre d'idées, nos cartes sont des abstractions issues de nos
p erceptions, de notre mémoire, de nos états émotionnels, de notre
modèle culturel. Elles nous pern1ettent de donner un sens à la com-
plexité du monde qui nous entoure, elles sont des 1nodélisations, des
réductions, des simplifications, des raccourcis cognitifs, mais cela
s'arrête là. Lorsque nous nous sentons victimes de quelque chose, il
nie semble important de bien garder cette idée en tête : les cartes sont
comme les images arrêtées d'un film. Nous ne pouvons p as com-
prendre un film avec une seule image, mais certaines images sont plus
parlantes que d'autres ... Certaines cartes dénotent une ouverture à
la complexité, elles sont plus proches du territoire, tandis que d'autres
le déforn1ent ou l'appauvrissent.Nous fonctionnons parfois avec des
cartes anciennes alors que la réalité du territoire est en perpétuelle
évolution. Dans ce cas, affinons nos cartes ou changeons-en !
Vl
<lJ
0
Généralisation, sélection et distorsion :
....
w
>- les processus réductifs
'<j"
.-t
0
N
Notre système n erveux dispose de trois principaux systèmes réduc-
@
.......
tifs qui nous permettent d'organiser les informations que nous pré-
.c
Ol
·;:::: levons dans notre environnement : la généralisation, la sélection et la
>-
a.
u
0 distorsion. Ces processus associés à notre mémoire interviennent
90
VIVRE DANS SA TÊTE
La généralisation
Généraliser consiste à prendre la partie pour le tout,à tirer des conclu-
sions générales à partir d'une expérience particulière. La généralisa-
tion participe également à l'élaboration de nos croyances : « Personne
ne se soucie de moi », « Les hommes ont tous un côté pervers », « Les
jeunes sont ingrats avec leurs parents ».Elle peut être très utile dans
le domaine del' apprentissage. Lorsque nous avons appris à faire de la
bicyclette sur un petit vélo rouge à 4 ans, sauf incapacité physique,
nous sommes en mesure de chevaucher n'importe quel engin de ce
type, quel que soit notre âge. De même, une fois comprise la résolu-
tion des équations à deux inconnues, inutile de réapprendre la tech-
nique chaque fois que les no1nbres changent. La généralisation peut
aussi nous éviter de reproduire les mêmes erreurs, par exemple,
lorsque nous avons observé que certains schémas relationnels pou-
vaient nous conduire à l'impasse amoureuse, nous pouvons utiliser la
vi généralisation pour prévenir les revers désagréables.
<lJ
0
w
1....
>- Cependant, la généralisation nous conduit aussi à commettre cer-
'<j"
.-t taines confusions ou à tirer des conclusions qui nous paraissent lo-
0
N
@ "'
-5!!
giques alors qu'elles sont biaisées. Par exemple, si vous êtes victime
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
Q)
de harcèlement sexuel de la part de votre employeur, cela ne signifie
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 pas que tous les einployeurs sont à mettre dans le même sac.J'ai pour-
0 \..?
u @
91
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
tant connu des personnes qui, après avoir subi une telle expérience,
vivaient dans l'angoisse qu'elle ne se reproduise dans une autre entre-
prise. Il s'agit là d'une généralisation abusive dont il est souhaitable
de prendre conscience. Il est naturel que notre systèn1e nerveux
n1.ette en place des dispositifs destinés à nous éviter de revivre des
événements traumatisants, à condition de ne pas sombrer dans l'irra-
tionnel et d'aller contre nos intérêts, ce qui nous renverrait à la sur-
victimisation.
Conseil
Méfiez-vous donc des généralisations abusives. Replacez les choses dans leur
contexte et forgez vos opinions en vous appuyant sur des faits concrets, tan-
gibles et vérifiés à plusieurs reprises. Acceptez de revoir votre copie en cas
d'erreur de jugement ou d'appréciation. Face à une situation, à une per-
sonne, à un événement quelconque, évitez de vous programmer comme si
vous saviez par avance comment les choses allaient se passer. En agissant de
cette manière nous produisons souvent ce que nous souhaitons éviter.
Retenez que les généralisations abusives commencent souvent par ces mots:
« personne ne ... », «tous (toutes) les... sont... », « chaque fois que ... », « c'est
toujours ... qui ... »,« tout le monde sait que... », etc.
Vl
<lJ
La sélection
0
1....
>- Nous avons vu que nos sens et notre système nerveux procédaient à
w
'<j"
.-t un sérieux élagage dans l'ensemble des informations disponibles
0
N
@
dans notre environnement.C'est une chance. Si nous devions traiter
.......
..c
Ol
tous les stimulus les uns après les autres, nous n'aurions pas assez
·;::::
>-
a. d ' une vie pour analyser les informations reçues en une seule journée.
0
u
92
VIVRE DANS SA TÊTE
Et nous aurions toutes les chances de finir notre vie sous les roues
d'un camion ou dans une tranchée. Le processus de sélection est
donc indispensable pour éliminer les informations superflues et ne
conserver que celles qui sont indispensables parce qu'elles nous per-
n1.ettent de vivre, de satisfaire nos besoins, d'entretenir de bonnes
relations avec nos proches, etc. Les problèmes apparaissent lorsque
nous ne retenons que les informations qui nous arrangent ou qui
nous confortent dans nos mythes, dans nos croyances ou nos juge-
ments hâtifs. Ils se poursuivent lorsque nous ne prêtons pas attention
aux inforn1.ations qui pourraient se révéler salutaires et nous aider à
changer nos représentations. Par exemple, si je ne retiens de mes
journées que les élén1.ents qui me confirment dans mon statut de
victime, sans relever ceux qui me permettraient de voir les choses
différemment,j'opère des sélections limitantes. Il existe sans doute
quelques expériences, si petites soient-elles, qui font que ma journée
n'est pas complèten1.ent maussade ou fichue. Quelles sont-elles ?
Le langage se prête naturellement à toutes les sélections et aux for-
n1.ulations « à trous ».Quand je déclare par exemple « Il faut que je
sois fort pour supporter ça », il manque des informations : Dans
A.
quelle situation? Pour supporter quoi? Qui a dit qu'il le fallait? Etre
vi
fort, ça veut dire quoi ? Comment cela se traduit-il en termes d' ac-
<lJ
0
1....
tions concrètes ? Quels sont l'objectif poursuivi et le résultat atten-
w
>-
'<j"
du ? Idem quand j e dis «Je stresse »,le verbe est flou : Dans quelles
.-t
0
N
situations ? À quels moments ? Quelles sont les manifestations phy-
@ "'
.......
-5!!
0 siques et mentales de ce stress ?
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
93
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Conseil
Les sélections sont inévitables, mais restez lucides. Ne conservez pas unique-
ment les informations qui vousconfortentdansvotre posture ou vos croyances
et qui vous figent dans le passé. Efforcez-vous aussi de sélectionner des élé-
ments qui vont vous permettre un autre regard, une autre approche de la réa-
lité. Chaque fois que vous tournez en rond autour de vos problèmes, je vous
invite à noter sur une feuille quelques observations plaisantes que vous aurez
faites dans votre journée, et qui n'ont strictement rien à voir avec les pro-
blèmes en question.
La distorsion
Nos perceptions amènent irmnanquablen1ent leur lot de distorsions.
Une distorsion est une déformation, une interprétation, une struc-
turation ou une transformation des informations qui nous pro-
viennent de notre environnement. Encore une fois, les distorsions
font partie intégrante du fonctionnement de notre système nerveux.
Elles nous permettent de donner du sens aux événements, de vivre
de façon cohérente et harmonieuse, de créer, de faire des projets, de
résoudre des problèmes, d'imaginer des solutions, de faire appel à
notre passé, de nous projeter dans l'avenir, etc. Par exemple, lorsque
Vl
<lJ
nous recadrons une expérience difficile pour l'observer sous un autre
0
1....
>-
angle et considérer ce qu'elle nous a pu nous apporter de positif, nous
w
"<j-
.-t
effectuons une distorsion.
0
N
@ La distorsion devient problématique dès lors qu'elle nous entraîne
.......
..c
Ol sur le chemin des interprétations abusives, en total décalage avec la
·;::::
>-
a. réalité des faits. Si je dis par exemple «Martin ne m'aime pas parce
0
u
94
VIVRE DANS SA TÊTE
qu'il est raciste » ou « Il a ri,je suis sûr qu'il se moque de n1oi »,ou
encore« Les gens m'observent bizarrement parce que je suis dans un
fauteuil roulant », j'attribue aux comportements de ces personnes
des significations qui peuvent être fausses,je leur prête des intentions
qui ne sont peut-être pas les leurs. Autrement dit, je pratique un
exercice périlleux - la lecture de pensée - en plus d'exercer une
certaine forme de violence contre moi-même. Est-ce que le fait que
l'on ne se sente pas aimé par quelqu'un (ce qui reste à prouver) signi-
fie automatiquement qu'il est raciste ? Le rire est-il systématique-
"
ment associé à la moquerie ? Etre observé bizarre1nent, n'est-ce pas
une interprétation subjective ? Vous observent-ils parce que vous
êtes dans un fauteuil roulant, parce qu'ils sont émus, parce qu'ils vous
trouvent du charme ?
La distorsion excessive appelle rapidement de lourdes difficultés
relationnelles, le sentin1ent d'être menacé voire persécuté par les
autres, la perte de confiance en soi, l'irritabilité. Elle compromet
toute velléité de changement personnel et peut provoquer une accu-
n1ulation d'émotions désagréables qui risquent de vous rendre ma-
lade ou de vous exploser à la figure.
vi Conseil
<lJ
0
1....
>- Lorsque vous commettez des erreurs d'interprétation, j'ai bien conscience
w
'<j"
.-t
que vous ne le faites pas par plaisir ou par volonté de vous nuire personnel-
0
N lement. Souvent ce processus échappe à votre conscience et vous tirez des
@ "'
-5!!
....... 0 conclusions trop rapides de ce que vous observez. Lorsque la distorsion se
..c >..
UJ
Ol
·;::::
Q)
Q_ mêle à la généralisation et à la sélection, les choses sont pires encore car les
>-
a.
:::J
2
0 \..? processus se renforcent mutuellement... Je vous invite à faire preuve de vigi-
u @
95
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
lance avec les mots« donc» et« parce que», qui établissent des connexions
logiques entre deux éléments qui sont parfois totalement étrangers l'un à
l'autre.« Il rit donc il se moque de moi. »« Il détourne les yeux parce que je
suis moche.» Vous n'êtes pas dans la tête des gens, il vous est impossible de
savoir ce qui s'y passe exactement ni ce qui motive leurs comportements. Leur
poser directement la question ou leur faire part de votre interprétation pour
qu'ils la valident ou l'infirment peuvent être des solutions, sous réserve qu'il
n'y ait pas d'agressivité de votre part et que vous présentiez votre interpréta-
tion comme un ressenti et non comme une vérité. Repérez vos distorsions et
essayez plutôt d'imaginer toutes les raisons qui peuvent être à l'origine des
comportements des gens. Plus vous en trouverez, plus vous prendrez
conscience que les distorsions peuvent nuire à votre équilibre.
1 . Généralisation
* Vous avez tiré des conclusions de façon trop rapide et vous vous êtes
trompé(e).
Vl
2. Sélection
<lJ
0
1...
* Vous avez négligé une information importante et cela vous a posé problème.
>-
w Par exemple vous n'avez pas vu (ou pas voulu voir) qu'une personne se compor-
'<j"
.-t
0
tait de façon inacceptable avec vous et vous vous êtes laissé(e) dominer.
N
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u
96
VIVRE DANS SA TÊTE
3. Distorsion
*Vous avez transformé la réalité à votre détriment. Par exemple vous avez
prêté des intentions à une personne et il s'est avéré par la suite que vous vous
étiez trompé(e).
Commentaire
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
97
(/)
(J)
0
'-
>-
w
'<j-
M
0
N
@
_,_,
..c
Ol
ï::::
>-
Q.
0
u
Chapitre
Émotions : richesses
et désagréments
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
99
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
100
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
Fièvre émotionnelle
Je fais souvent cette analogie entre les émotions et la fièvre. La fièvre
vi est à la fois un symptôme : la température de n1on corps s'élève, par
<lJ
0
1....
conséquent je peux supposer que je suis victin1e d'une infection.Elle
w
>-
'<j"
est aussi un début de solution : cette hyperthermie va contribuer à
.-t
0
N éliminer le microbe, le virus ou la bactérie qui sont à l'origine de la
@ "'
-5!!
.......
..c
0
>..
fièvre. Dans le même ordre d'idées, les émotions ont un sens dans la
UJ
Ol
·;::::
>-
Q)
Q_
:::J
mesure où elles nous apportent une information sur les effets que
a. 2
u
0 \..?
@ produisent des événements sur notre équilibre personnel et notre
101
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
état interne. Elles ont aussi une fonction : nous fournir tous les élé-
ments dont nous avons besoin pour passer à l'action. Si nous négli-
geons ces informations, si nous inhibons notre passage à l'action, par
exemple pour conserver une image socialement acceptable, un désé-
quilibre se produit entre notre corps et notre esprit, ce qui provoque,
la plupart du temps, une souffrance après coup. Du reste, ces émo-
tions réprimées s'inscrivent physiquement dans notre corps et
p euvent se réactiver dans des situations analogues.
102
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉS AGRÉMENTS
>-
a.
:::J
2 * Chantez souvent, doucement, en marchant dans la nature, en faisant la
0 \..?
u @ cuisine, etc.
103
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
104
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
A-t-il été
Votre émotion Votre besoin ou obiectif
satisfait?
vi
<lJ
0
1....
w
>-
'<j"
.-t
0
N
@ "'
-5!!
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
105
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- Selon ce même principe, nos façons de pensée sont également affec-
'<j"
.-t
0
tées par nos émotions. Lorsque nous éprouvons une émotion désa-
N
@ gréable, notamment lorsque nous sommes victimes de quelqu'un ou
.......
.c
Ol
·;::::
de quelque chose, nous nous concentrons davantage sur des points
>-
a.
0
précis, notre pensée est plus analytique. Quand nous ressentons une
u
106
ÉMOTIONS RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @ 1. Goleman D aniel, C ultiver l'intelligence relationnelle, Robert Laffont , 2009.
107
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
108
ÉMOTIONS RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
Exercice : souriez
* Les expressions du visage peuvent influencer les émotions et même les pro-
voquer. Se sourire à soi-même, dès le réveil, sourire aux anges comme les bé-
bés, sourire à la vie, aux autres, sourire vraiment, de façon sincère, représente
une véritable source d'apaisement et d'élimination des pensées négatives.
*Pas moins de 17 muscles du visage entrent en jeu dans le sourire. Lorsqu'ils
sont activés, le cerveau évalue positivement notre humeur. La contraction de
ces muscles entraîne des modifications hormonales et notamment une baisse
du taux de cortisol, l'hormone du stress, et la libération de calmants natu-
vi
<lJ
rels : endorphine et sérotonine. Le sourire amène également une diminution
0
1....
du rythme cardiaque, une baisse de la tension artérielle et un relâchement
w
>- musculaire. Le sourire nous rend plus attirants, il est contagieux et renforce
'<j"
.-t notre système immunitaire. Il serait dommage de s'en priver!
0
N
@ "'
-5!!
• Peu importe que vos premiers sourires soient un peu forcés.
....... 0
..c >..
UJ Même quand vous n'en avez pas envie, essayez de sourire. Un sourire
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
obligé deviendra vite un sourire réel.
0 \..?
u @ • Le matin, souriez-vous devant votre miroir.
109
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
,
Emotions instinctives, émotions cognitives
Les émotions peuvent être, comme dans l'exemple ci-dessous, pro-
voquées par les situations pertinentes :
Je suis en danger de mort ~je saute dans lefossé.
Elles sont instinctives et pilotées p ar une p artie du cerveau qui s'ap-
p elle le complexe amygdalien . Elles p euvent aussi être le fruit d e n os
constructions mentales et de nos pensées :
Je dois prendre la parole devant 3 OO personnes, j e vais baf ouiller,) ' aurai l'air
ridicule ~ je ressens de l' angoisse, de la peur.
110
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
w
>-
'<j"
8. La n1inimisation : mon roman a été retenu par un grand éditeur,
.-t
0
N j'ai eu pas mal de chance.
@ "'
-5!!
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @ 1.Adapté de D avid Burns et Aaron Beck.
111
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
•Identifier la situation
•Reconnaître l'émotion
112
ÉMOTIONS RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
Devinette 1
w
>-
'<j"
.-t
0
N 1. Tirée des travaux de Daniel Kahneman, prix Nobel d 'économie et professeur de psy-
@ "'
-5!!
....... 0 chologie à Princeton.
..c >..
UJ
Ol
·;::::
Q)
Q_
2. La terminologie système 1 /systèm e 2 est utilisée par D aniel Kahnem an , celle de « route
>- :::J
a. 2
\..?
basse » (lou1 roaJ) et route haute (high road) est empruntée à Joseph LeDoux, professeur
0
u @ au Centre des scien ces neuronales de l'Université de New York.
113
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
114
ÉMOTIONS RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
w
>-
'<j"
.-t
0
N 1. Les hippocampes cérébraux (un dans chaque h émisphère) ont la forme du poisson du
@ "'
-5!!
....... 0 même nom. Ils font partie du système limbique et jouent un rôle essentiel dans la mé-
..c >..
Ol
UJ
Q) moire. Ils font partie des premières structures cérébrales atteintes dans la maladie
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 d' Alzheimer.
0 \..?
u @ 2. En effet l'hippocampe ne stocke pas les souvenirs et les expériences.
115
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Évènen1ent
Cortex
orbitofrontal
Hippoca1npe
( Réponse J
Vl
<lJ
0
1....
Voie thalamo-amygdalienne (route basse) et voie
>-
w
'<j"
thalamo-cortico-amygdalienne (route haute)
.-t
0
N
@
.......
Faire de nos émotions des alliées
..c
Ol
·;::::
>- Que pouvons-nous retenir de ces enseignements et comment exploi-
a.
0
u ter ces processus pour accueillir, comprendre et accepter nos émotions
116
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
11 7
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
118
ÉMOTIONS: RICHESSES ET DÉS AGRÉMENTS
même) pendant cinq secondes. Marquez une courte pause puis inspirez
de nouveau, toujours sur le même rythme.
• Poursuivez l'exercice pendant trois minutes et contrôlez à nouveau votre
pouls. Si votre rythme cardiaque s'est abaissé, c'est que l'exercice a
marché. Il est possible que votre premier exercice ne soit pas probant,
mais persistez! Vous constaterez qu'au bout de deux ou trois essais, cela
fonctionne parfaitement.
*Vous pouvez associer cette méthode à une émotion positive, à la visualisa-
tion d'un paysage, d'une fleur ou d'un visage qui vous est cher. Peu importe.
Vous pouvez aussi sourire ou chanter sur une seule note, bouche fer mée,
pendant l'expiration.
*Avec de l'entraînement, vous pourrez pratiquer la mise en cohérence car-
diaque à n'importe quel moment de la journée, au travail, dans votre voiture,
etc.
Disjoncteur émotionnel
D ans le cas de traumatismes graves, de violence insensée ou d' agres-
sion, lorsque l'intégrité physique et psychologique de la victime est
enj eu et qu e celle- ci n 'a p as la p ossibilité de fuir la situation, le niveau
de stress passe en zon e rou ge et le systèm e nerveux n1et en place un
système de déconnexion des émotions pour éviter les séqu elles
graves sur l'organism e ou la m ort. La victime est sidérée et littérale-
m ent h ors d'elle-mêm e. Ce systèm e de sauvegarde extrêm e lui p er-
vi met de survivre, mais il blo que le processus de mémorisation de
<lJ
0
w
1....
>- l' évén ement au niveau de l'amygdale et pro duit un stress p ost-
'<j"
.-t traumatique qui enferm e la p ersonne dans un cercle vicieux, celle-ci
0
N
@ "'
-5!!
n 'ayant plus m on1entan ém ent la possibilité de faire appel à la pensée
....... 0
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Ol
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UJ
p our relativiser les ch oses .
Q)
·;:::: Q_
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a.
:::J
2
0 \..?
u @
119
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- * Pour vous aider, posez-vous les questions suivantes :
'<j"
.-t • Qu'est-ce qui me prouve que ce que je pense est vrai?
0
N
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a. 1.Aaron Temkin Beck est un psychiatre américain, professeur à l' université de Pennsylva-
0
u nie. Il est considéré comme le fondateur de la thérapie cognitive.
120
ÉMOTIONS RICHESSES ET DÉSAGRÉMENTS
· N'y a-t-il pas des situations dans lesquelles cela pourrait être un peu
moins vrai?
• Est-ce que je me base sur des faits réels ou sur des interprétations?
• Comment mon père, ma mère, mon patron, mon conjoint, mon collègue ou
toute autre personne verraient la situation s'ils étaient à ma place?
• Comment pourrais-je envisager les choses différemment ?
• Si cette pensée était vraiment fondée, quelles en seraient les consé-
quences concrètes ?
Exercice
Autoévaluation de Beck 1
Cet outil va vous permettre de trouver l'apaisement en vous aidant à rationaliser vos
pensées conscientes. Vous pouvez faire des copies de cette grille et les utiliser
chaque fois que vous êtes confronté à un problème.
vi
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1....
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N
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Ol Q)
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>- :::J
a. 2
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1.Aaron Temkin Beck est un psychiatre américain, professeur à l'Université de Pennsylva-
0
u @ nie. Il est considéré comme le fondateur de la thérapie cognitive.
121
Copyright© 2014 Eyrolles .
.......
N
N
Date d'observation :
1. Situation 2. Émotions 3.Pensée 4. Réponse S. Résultat
ressenties automatique rationnelle
Préciser: Quelle est la Quelle est la pensée Réévaluation de la
pensée automa- rationnelle qui peut croyance dans la pensée
tique qui a déclen- répondre à la pensée automatique
ché l'émotion ? automatique? )>
C')
VI
émotions ressenties : c:
cc
::0
©Groupe Eyrolles
Chapitre
w
>-
'<j"
.-t
0
systématiquement des erreurs de perception, d'évaluation ou de ju-
N
@ "'
-5!!
ge1nent. Pour approfondir notre compréhension des mécanismes en
....... 0
..c >..
UJ jeu, passons rapidement en revue quelques- uns de ces biais.
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
123
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
«Dès les premiers jours où j'ai rencontré cette personne, j'aurais dû me dou-
ter qu'elle n'était pas faite pour moi. Il était évident que les choses allaient
se passer de cette manière. Je le savais depuis le début.»
Cette tendance à estimer après coup que les choses étaient prévisibles
s'appelle un biais rétrospectif. Souvent, nous procédons à une relec-
ture du passé et nous sélectionnons des éléments qui auraient dû
nous mettre sur la voie, alors que nous n'avions aucune raison objec-
tive de le faire, ni même le moindre indice permettant d'anticiper le
cours des choses ou l'issue de la relation. Ce schéma de pensée n'ap-
porte rien d'autre que de la culpabilité et des «j'aurais dû », des « si
j'avais su», qui risquent de nous faire tourner pendant des années en
circuit ferni.é. Si vous êtes face à ce type de fonctionnement, relevez
les événements qui tendent à démontrer que d'autres issues étaient
possibles, que le scénario n'était pas écrit d'avance.
w
>- morts tous les soirs quand j'étais enfant.»
'<j"
.-t
0
«Si je suis anorexique, c'est à cause de mon père qui ne m'a jamais montré le
N
@ moindre signe d'affection.»
.......
..c «Si je manque de confiance en moi, c'est à cause de ma mère qui était une
Ol
·;::::
>- femme autoritaire.»
a.
0
u
124
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
«Il m'a dit que j'étais très bien habillée mais que le jaune ne m'allait pas, c'est
typique du vampire affectif.»
>-
a.
:::J
2
0 \..? «J'ai réussi à m'arrêter de fumer parce que j'ai une volonté d'acier.»
u @
125
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
«Je n'arrive pas à me passer du tabac, c'est normal: tout le monde fume dans
mon entourage.»
En revanche, lorsque nous sommes en situation d'échec, nous avons
tendance à trouver des explications extérieures, à faire porter le cha-
peau aux autres.
«J'ai arrêté de fumer mais je n'ai aucun mérite, j'ai utilisé des patchs.»
Parfois le processus s'inverse lorsque nous nous sentons victimes et
que nous avons une mauvaise image de ce que nous son1n1es, nous
devenons durs, sévères avec nous-mên1es.
Conseil
Quand nous avons ce dernier type d'attitude, il pourra être utile d'activer de
façon consciente le biais d'autocomplaisance afin de reprendre confiance en
nous, de systématiser l'usage de pensées ou de phrases du type« je fais des
choses bien parce que je suis quelqu'un de valable»,« j'ai échoué mais c'est
dû à des conditions extérieures que je ne contrôle pas. » Cette question est
Vl
<lJ reprise au chapitre 7.
0
1....
w
>-
'<j-
.-t
0
N
L'auto-handicap
@
.......
«Je vais passer cet examen, mais il est réputé difficile. Seuls 10 °10 des candi-
..c
Ol
·;:::: dats ont été reçus l'année passée. Les correcteurs sont très durs et les sujets
>-
a.
0 souvent hors programme.»
u
126
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
>-
a.
:::J
2
0
u
\..?
@
«On sait ce que l'on perd, on ignore ce que l'on gagne.»
127
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
«L'expérience est une lanterne que l'on porte sur le dos et qui n'éclaire jamais
que le chemin parcouru.» (Confucius.)
Nous pouvons avoir de bonnes raisons de revenir sur le passé, notre
système nerveux travaille d'ailleurs en permanence, comme nous
l'avons vu, avec des figures acquises antérieureni.ent.Tous nos savoirs,
toutes nos connaissances, toutes nos expériences constituent des ar-
chives précieuses dont nous ne pouvons nous passer. Percevoir, c'est
relier le passé au présent, un passé qui redevient présent en quelque
sorte ... Cependant, la tendance à revenir systématiquement sur le
passé, notamment lorsque celui-ci est douloureux, lorsqu'il renvoie
à un présent pénible et à un avenir chargé de peur et d'angoisse, peut
s'avérer néfaste pour les personnes qui ont été victimes. La réactiva-
Vl
<lJ
0
tion perpétuelle des mauvais souvenirs, les regrets, les reni.ords entre-
1....
>-
w tiennent la culpabilité et la honte. La réactivation d'un passé heureux
'<j"
.-t
0
N
pour pallier un présent difficile éveille la nostalgie et présente les
@ mêmes inconvénients. Rappeler en boucle le passé peut s'avérer
.......
..c
Ol
·;:::: sclérosant pour aborder le présent dans son originalité, évoquer
>-
a.
0 l'avenir dans sa nouveauté. Il est impossible de piloter correctement
u
128
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
une automobile en gardant les yeux rivés sur les rétroviseurs, à moins
de faire du sur-place.Je vous laisse méditer ce texte de Paulo Coelho :
«Il est tellement important de laisser certaines choses disparaître. Des'en
libérer. Des' en difaire. Il faut comprendre que personne ne joue avec des
cartes truquées, paifois on gagne, et paifois on perd. N'attendez pas que l'on
vous rende quelque chose, n'attendez pas que l'on reconnaisse vos efforts,
que l'on découvre votre génie, que l'on comprenne votre amour. Vous devez
clore des cycles. Non parfierté, par incapacité, ou par orgueil, mais
simplement parce que ce qui précède n'a plus sa place dans votre vie.
Fermez la porte, changez de disque,faites le ménage, secouez la poussière.
Cessez d'être ce que vous étiez, et devenez ce que vous êtes 1• »
«Je fais comme les autres pour être sûr de ne pas me tromper.»
Quand nous ne savons pas quelle attitude adopter ou ce qu'il faut pen-
ser dans telle ou telle situation, nous observons les autres et nous nous
conformons à leur comporten1ent, à leur opinion, à leurs règles, à leurs
valeurs, à leurs normes, comme si le fait qu'ils soient partagés par un
grand non1.bre était la preuve irréfutable de leur recevabilité et de leur
vi validité.Au fond, nous imaginons de manière un peu instinctive que le
<lJ
0
1....
conformisme et l'imitation des autres nous pern1ettront d'éviter de
w
>-
'<j"
commettre des erreurs. Généralen1ent ce type d'attitude est écono-
.-t
0
N mique, rassurant et gratifiant. Nul besoin de réfléchir à d'autres
@ "'
-5!!
.......
..c
0
>..
conduites : opinions, comportements et perceptions sont taillés sur
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @ 1. Coelho Paulo, Le Zahir, Paris, Flammarion, 2005.
129
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
La soumission à l'autorité
«J'obéis les yeux fermés aux experts, aux personnes qui me semblent plus
Vl
intelligentes ou supérieures à moi, sans me poser de questions.»
<lJ
0
1....
>-
Pour Henri Laborit 1 , «dès la naissance l'individu est pris dans un cadre
w
'<j"
.-t
socioculturel dont le but essentiel est de lui créer des auton1atisn1es de
0
N pensée indispensables au maintien de la structure hiérarchique de la
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a. 1. Henri Laborit est un médecin-chirurgien, neurobiologiste et philosophe français connu
0
u pour ses travaux en neurosciences et en biologie comportementale.
130
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
131
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
• Je le savais ... !:
• Autocomplaisance :
• Auto-handicap :
· Statuquo:
Vl
<lJ • Tendance à revenir sur le passé :
0
1....
w
>-
'<j"
.-t • La preuve par les autres :
0
N
@
.......
..c • Soumission à l'autorité :
Ol
·;::::
>-
a.
0
u
132
NE PAS AGIR : LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
L'inhibition de l'action
Au début des années 1970, le professeur Henri Laborit a conduit
plusieurs expériences qui ont démontré que, quand on ne peut, de
façon durable, ni fuir ni lutter face à une situation conflictuelle, cela
provoque des désordres sur notre santé et modifie nos rapports avec
notre environnement. Il a développé le concept d'inhibition de l'ac-
tion et révélé qu'il s'agissait d'un moyen de défense et de survie
utilisé de façon spontanée par notre corps, mais particulièrement
nuisible pour notre équilibre. Lorsque des personnes subissent des
faits graves ou se sentent menacées par une situation perçue comme
dangereuse, elles se figent, paralysées par la peur. Cette in1possibilité
d'agir a des conséquences immédiates sur le corps : augn1entation du
rythme cardiaque et de la tension artérielle, malaise, sudation, diffi-
cultés à respirer, etc. À plus long terme, l'inhibition del' action peut
provoquer des dégradations beaucoup plus graves : insomnies, fa-
tigue, n1al- être, ulcères, n1aladies cardiaques, hémorragies cérébrales,
n1aladies mentales,jusqu'au suicide de la personne.
vi
Première expérience
<lJ
0
1....
Un rat est placé dans une cage à deux compartiments dont le fond
>-
w
'<j"
est grillagé et alin1enté par un courant électrique de façon intermit-
.-t
0
N
tente et non simultanée. Les espaces sont séparés par une cloison
@ "'
.......
-5!!
0 dans laquelle se trouve une petite porte. Un signal sonore et lumi-
..c >..
UJ
Ol
·;::::
Q)
Q_ neux est déclenché et quatre secondes plus tard un courant élec-
>-
a.
:::J
2
0 \..? trique est envoyé dans le plancher grillagé sur lequel se trouve l'ani-
u @
133
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
mal. Le rat est d'abord inquiet, ni.ais il coni.prend très rapidement que
le signal annonce la décharge électrique et qu'en passant par la petite
porte, dans l'autre compartini.ent, il peut éviter la punition.
De l'autre côté, le signal est de nouveau activé et le choc électrique
administré quatre secondes plus tard. Le rat change une nouvelle fois
de compartiment pour y échapper. Et ainsi de suite. Le rat subit ce
traitement pendant dix minutes par jour, sept jours durant. À l' exa-
men final, il est en parfaite santé, son état biologique est excellent.
Deuxième expérience
Cette fois, le rat est placé dans la même cage, mais la porte de com-
munication est fermée. Il n 'a donc aucune possibilité de fuir dans
l'autre co1npartiment. Il est soumis à la punition du choc électrique
à laquelle il lui est impossible d' échapper, selon le m ême protocole
que précédemment et pendant la même durée : dix minutes par jour,
pendant sept jours .Au terme de l'expérimentation, les examens bio-
logiques ni.enés par les chercheurs relèvent une chute de poids im-
portante, une tension artérielle élevée (qui durera plusieurs semaines
après l'expérience) et de nombreuses lésions ulcéreuses, notamment
au niveau del' estomac.
Vl
<lJ
0
Troisième expérience
1...
w
>- Dans cette troisièni.e expérimentation, deux rats sont placés dans le
'<j"
.-t
0
ni.ème compartiment, et dans les mêmes conditions que précédem-
N
@ ment : porte de communication fermée, chocs électriques adminis-
.......
.c
Ol
·;::::
trés pendant dix minutes, sans possibilité d 'éviter la punition. Très
>-
a.
0
rapidement, les rats luttent, se mordent, se griffent. Naturellement
u
134
NE PAS AGIR : LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
cette agressivité est inefficace car elle ne leur pennet pas d'éviter la
punition, cependant, à la fin des sept jours d'expérimentation, les rats
ne montrent aucun signe d'accident pathologique, hormis les bles-
sures dues à leurs bagarres.
Analyse
Effectuées à plusieurs reprises, ces expériences montrent que lorsque
le rat peut réagir par la fuite (condition n° 1) ou par l'agressivité et la
lutte (condition n° 3), il reste en parfaite santé ; ses examens biolo-
giques ne montrent aucun signe d'accident pathologique. En re-
vanche, lorsque l'animal ne peut ni fuir ni lutter (condition n° 2), il
se trouve en inhibition d'action, ce qui provoque chez lui des dé-
sordres somatiques.
Quatrième expérience
Les chercheurs ont conduit une dernière expérience qui reprend les
n1.êmes conditions que l'expérience n ° 2 : un seul rat, soun1.is au
n1.ême traiten1.ent, sans possibilité de fuite. À l'issue des dix minutes
de choc électrique, l'animal subit un électrochoc puissant qui le
plonge immédiatement dans le coma.Au bout d'une semaine de ce
traitement violent, le rat est cependant en parfaite santé. Pourquoi se-
vi
<lJ lon vous ? Parce que l'électrochoc a pour effet de bloquer le passage
0
1....
>- de l'information de la mémoire à court terme à la mémoire à long
w
'<j"
.-t
terme. Sans souvenir des chocs électriques infligés la veille, le rat est
0
N
"'
insensible aux effets destructeurs de l'inhibition. Cette expérimen-
@ -5!!
0
.......
..c >..
UJ
tation met en lumière le rôle important de la mémoire dans le fonc -
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
135
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- nation. Le but est de supprin1er le danger en agissant directement
'<j"
.-t
0
sur lui. L' én1otion réflexe associée est la colère .
N
@
.......
.c
Ol
·;::::
>-
a. 1. Notons au passage que, toujours selon les recherches de Laborit, la mémoire des puni-
0
u tions n'emprunte pas les m êm es circuits que la m émoire des récompenses.
136
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
137
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
138
NE PAS AGIR LE PLUS SÛR CHEMIN POUR RESTER VICTIME
vi
<lJ
0
1....
w
>-
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-5!!
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139
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TROISIÈME PARTIE
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w
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Ol
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u
(/)
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w
'<j-
M
0
N
@
_,_,
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Ol
ï::::
>-
Q.
0
u
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
1....
>- Restons debout et n e nous soumettons pas à des oreilles program-
'<j"
.-t mées par leurs propres croyances dans l'objectif de trouver des solu-
0
N
@ "'
-5!!
tions à notre place. Soyons les auteurs de notre vie.
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>- :::J
a. 2
\..?
1. Les premières recherches remontent au début des années 1960. Elles ont été conduites
0
u @ par le professeur Charles Kiesler.
143
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
144
Chapitre
Nous l'avons vu, nous vivons l'instant présent avec tous nos acquis
antérieurs. La négociation inconsciente avec les objets contenus
vi
<lJ dans ces bagages, souvent lourdement chargés, présente l'inconvé-
0
1....
>- nient m ajeur de nous faire fonctionner en boucle, comme des cou-
w
'<j"
.-t
reurs sur un circuit fern1é. Nous pensons qu'en faisant toujours plus
0
N de la même chose, en accélérant le rythme, nous finirons bien par
@ "'
-5!!
0
.......
..c >..
UJ
pouvoir accéder au changement souhaitable, n1érité, nécessaire. Mais
Ol Q)
·;::::
>-
Q_
:::J
2
les sorties de piste sont impossibles. En multipliant des attitudes et des
a. \..?
0
u @ comportements analogu es, nous obtenons toujours davantage les
145
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
N'oubliez pas 1
• Il n'est pas plus mauvais d'être victime qu'il n'est bon d'être responsable.
• Vous n'êtes pas coupable d'être une victime.
• Vous êtes responsable de ne pas le rester.
"
• Etre victime ne vous rend pas forcément plus grand(e), plus fort(e) ou
plus autonome.
"
• Etre victime et le rester, c'est accepter d'être dépendant(e).
Vl
<lJ
0
• Sortir de la victimisation n'est pas un travail, mais un cadeau que vous
1...
w
>- vous faites.
'<j"
.-t • L'action est l'une des meilleures réponses possibles.
0
N
"
• Etre victime n'est pas une maladie.
@
.......
..c "
• Etre une victime, ce n'est pas appartenir à une catégorie sociale.
Ol
·;::::
>-
a. • Ce n'est pas parce que la route peut vous sembler longue qu'il n'y a pas de
0
u route.
146
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
La peur de changer
De toutes nos émotions, la peur est l'une des plus archaïques et, p armi
les résistances à surmonter, la peur du changement est sans doute
l'une des plus puissantes. Changer, c'est remettre en cause des fonc-
tionnements que nous avons intégrés parfois depuis plusieurs années :
« Et si ça ne marchait pas ? Et si ce changement m'amenait plus de
déboires que de bonheur. .. » Nous vivons tous avec une part d'incer-
vi
<lJ titude en nous.Nous avons du mal à imaginer que nous puissions agir
0
w
1....
>- différemment, adopter de nouvelles attitudes, voir la vie avec d'autres
'<j"
.-t lunettes. Peur d'être déçus, manque de confiance en soi, pessimisme
0
N
@ "'
-5!!
quant aux chances de faire le bon choix, de prendre la bonne décision,
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
nos peurs ne reposent souvent sur aucune réalité, mais elles sont là .
Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 Elles nous raccrochent à nos expériences passées, alors quel' avenir est
0 \..?
u @
147
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
148
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
vi * Le changement est parfois dangereux, le statu quo est souvent mortel ... Dans
<lJ
0
la première phase de l'exercice, vous avez imaginé toutes les solutions pos-
1....
w
>- sibles pour ne pas accéder au changement et vous vous êtes familiarisé(e) avec
'<j"
.-t
votre peur. Cela vous sera d'une très grande utilité pour la suite. Dans la phase
0
N 2, vous avez dispersé les sensations désagréables en formulant des attentes
@ "'
-5!! très positives. Peut-être avez-vous observé un regain d'énergie, éprouvé des
....... 0
..c >..
Ol
UJ
Q)
émotions agréables, une sensation de chaleur, une envie d'aller de l'avant. Asso-
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 ciez ces nouvelles sensations à l'une de vos chansons préférées et fredonnez-
\..?
u
0
@ la, bouche fermée ou dans votre tête, chaque fois que la peur réapparaîtra.
149
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
ÉVÉNEMENT LIBÉRATION
ri
ri
Refus-déni Acceptation-banalisation
Colère-révolte Résignation-fatalisme
Tristesse-dépression
Vl
Le choc, la sidération
<lJ
0
1....
>-
Face à un événement conflictuel, c'est souvent le choc et la stupeur qui
w
'<j"
.--t
prévalent. Nous n'avons pas le moyen de fuir, la réalité est là, parfois
0
N dans toute sa violence. Cette étape peut durer de quelques minutes à
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u 1.Adapté d'Elisabeth Kübler-Ross.
150
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
Le refus, le déni
Difficile de faire avec une réalité que l'on juge inacceptable. Passé le
choc, certaines personnes refusent de voir les choses en face, d' ad-
mettre ce qui s'est passé. La situation vécue ne leur paraît pas « nor-
male »,par conséquent ils la refusent, ils font comme si tout allait bien,
comme s'il ne s'était rien passé.
La colère, la révolte
Les questions fusent : « Pourquoi moi? », « Qu'est-ce que j'ai fait pour
mériter ça ? » Cet épisode de rage, de révolte, de colère, ce désir de
vengeance parfois, est typique de la réaction de lutte dont nous avons
parlé au chapitre précédent. Toutes les p ersonnes ne passent pas né-
cessairement par cette étape. À ce stade certains s'imaginent qu'ils
peuvent contrôler les événements, faire machine arrière, rembobiner
le film et changer le cours des choses.
vi
<lJ
0
1....
>-
w
'<j"
La tristesse, la dépression
.-t
0
N Nos représentations et nos croyances sont ébranlées par la réalité, et
@ "'
-5!!
.......
..c
0
>.. nous n'y pouvons rien. Nous nous sentons impuissants, abattus, dé-
UJ
Ol
·;::::
>-
Q)
Q_
:::J couragés. Le corps s'épuise et différents symptômes apparaissent :
a. 2
\..?
u
0
@ migraines, insomnies, anxiété, perte d'appétit, fatigue chronique, etc.
151
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
La résignation, le fatalisme
Nous finissons par penser que ce qui est arrivé devait arriver et que,
de toute façon, nous ne pouvons plus rien faire pour y changer quelque
chose. À ce stade, certaines personnes restent rivées à leur passé.
L'acceptation, la banalisation
Cette dernière phase marque le retour à une existence apaisée. L' évé-
nen1ent traumatisant n'a pas disparu, mais il n'est plus une entrave à
notre évolution, à nos projets. Nous avons accepté la réalité telle
qu'elle est.
w
>-
'<j"
..-t
0
N
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u
152
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
Commentaire
w
1....
>- Si je dis « Aujourd'hui, 1er juillet 2013, à 8 heures du matin, sur la
'<j"
.-t plage des Mouettes, l'eau de mer est, selon mon thermomètre, à
0
N
@ "'
-5!!
19 °C », j 'énon ce un fait vérifiable qui ne fait guère discussion, sauf
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
Q)
à remettre en cause la justesse de mon thennon1ètre. En revanche, si
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 je dis « Ce matin la mer est froide »,cette fois j'émets une opinion
0 \..?
u @
153
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
154
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
*Lisez les phrases suivantes et cochez dans la colonne de droite F s'il s'agit
selon vous d'un fait, 0 s'il s'agit d'une opinion ou S si vous pensez que c'est un
sentiment.
F 0 s
1. Ce matin, en sortant de la poste, Madame V. a D D D
été menacée par un jeune homme muni d'un
couteau.
vi
6. Deux policiers sont arrivés 20 minutes après D D D
<lJ
les faits.
0
1...
w
>-
'<j"
.-t
0
N
7. C'est toujours pareil, la police ne fait rien . D D D
@ "'
-5!!
....... 0
.c >..
Ol
·;::::
UJ
Q)
Q_
8. Cela me dépasse . D D D
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
155
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Solution
w
1....
>- rées comme des faits apparten ant à la réalité. Difficile égalem ent de
'<j"
..-t considérer que les conséqu en ces n 'apparaissent qu'a posteriori, très
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souvent elles sont immédiates ou con comitantes. Toutefois, ce dé-
.......
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coupage vous p ermet de saisir la réalité en fon ction de ces trois di-
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>-
a.
0
u
156
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
«Je n'ai vraiment pas de chance ! Je ne peux plus utiliser ma voiture parce
que ma serrure ne fonctionne plus. 11 ne manquerait plus qu'on me la vole. Je
suis complètement chamboulée à cause de ce qui m'est arrivé hier matin. Il
faut dire que j'aurais dû faire attention, c'est un peu de ma faute. Je m'étais
garée sur le parking derrière le port. Si j'avais su, j'aurais plutôt stationné vers
le commissariat. Je suis allée acheter des fruits chez le primeur, cela m'a pris
dix minutes tout au plus, et quand je suis revenue, là j'ai eu un coup de pa-
nique. La porte de ma voiture avait été forcée par des roulottiers, sûrement
des Gitans. L'angoisse, sur le moment. Ils ont pris la petite mallette rouge
dans laquelle je range mes bijoux fantaisie. Elle était posée sur la banquette
arrière, trop visible sans doute. Heureusement, il n'y en avait pas pour une
fortune. Je crois qu'ils n'ont rien pris d'autre. Je me suis sentie agressée par
vi ces types qui ont pénétré par effraction dans ma voiture.»
<lJ
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1....
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Reprenons cet exemple en nous appuyant sur le modèle Faits ~
Émotions ~ Conséquences.
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Faits : Hier matin, cette femme a garé sa voiture sur le parking derrière
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2 le port pour aller acheter des fruits chez le prin1eur. Lorsqu'elle est reve-
0 \..?
u @
157
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
nue, dix nlinutes plus tard, elle a constaté que la portière avait été forcée
et que sa mallette rouge, posée sur la banquette arrière et dans laquelle
elle range ses bijoux fantaisie, avait disparu. La valeur du préjudice est
d'une cinquantaine d'euros.Après vérification, rien d'autre n'a été pris.
,
Emotions : Sur le moment, elle a paniqué et ressenti de l'angoisse.
Elle s'est sentie bouleversée, agressée par cette intrusion.
Conséquences : Cette femme préfère éviter d'utiliser sa voiture
tant que la serrure n'aura pas été réparée. Elle prendra le bus. Et à
l'avenir, elle évitera de laisser des objets en vue dans son véhicule.
Cet exen1ple vous sera utile pour éviter toute confusion entre ces trois
niveaux. Je vous invite à bien garder en tête ces trois dimensions,
notamment lorsque vous vous exprimez, quand vous parlez de vos
difficultés à quelqu'un, même si vous changez l'ordre de présentation.
1. Faits
*Vous avez été - ou vous êtes actuellement - victime d'un événement, de
quelqu'un ou de quelque chose. Munissez-vous d'une feuille de papier et d'un
crayon ... Pourriez-vous décrire, en quelques lignes et avec précision, les faits
tels que vous les avez observés, c'est-à-dire sans aucune évaluation, sans aucun
Vl
<lJ
jugement, sans aucune interprétation, sans aucun ressenti de votre part? Juste
0
1...
>- des faits, bruts, précis, objectifs, mesurés, situés dans le temps et l'espace.
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u
158
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
,
2. Emotions
*Comment avez-vous vécu cet événement? Notez vos émotions, ce que vous
avez ressenti, la façon dont vous avez personnellement et corporellement
vécu cet événement. Colère, honte, peur culpabilité, dites quelles sont ou
quelles ont été les manifestations physiques, physiologiques, les effets sur
votre organisme.
3. Conséquences
*Deux dimensions sont à prendre en compte dans cet item :
- Quelles sont les conséquences par rapport à votre objectif et à vos be-
soins? Ce que vous auriez voulu faire qui est devenu impossible, les be-
soins que vous n'avez pu satisfaire suite au préjudice que vous avez subi.
Ces conséquences peuvent être évoquées immédiatement, à court, moyen
ou long terme. Parfois le préjudice n'impacte pas immédiatement nos
objectifs, mais seulement après coup.
- Quelles sont les conséquences par rapport aux décisions prises (ou pas)
vi
<lJ pour sortir de cette situation? Accepter la réalité, recadrer les objec-
0
1.... tifs, se reconstruire et, le cas échéant, les dispositions choisies pour
w
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éviter que le problème ne se reproduise.
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159
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Commentaire
* Vous pouvez revenir à ces éléments et les aborder dans un ordre différent,
l'essentiel étant que l'analyse vous permette :
• d'éviter la confusion entre ces trois dimensions ;
• de sortir de la dimension affective pour vous recentrer sur la réalité ;
• de dépasser le stade de la victimisation pour redéfinir vos objectifs et
. a' vous.
revenir
S'entraÎner à l'observation 1
Observer n o tre environ nement de faco '
n attentive et cu rieuse n ous
p ern1et d'affiner nos sensations et nos p erceptions, de 1nultiplier nos
exp érien ces et d 'élargir notre compréh ension du monde sans prêter
le flan c à l'inattention , sans céder aux h abitudes m entales et aux pré-
jugés .Reprendre pied avec la réalité est assurém entl'un des m eilleurs
n1.oyens pour vous per mettre de p asser à autre ch ose et reprendre
contact avec vous-m em ·" e.
Focalisez
Fixez votre esprit sur un objectif. D éterminez p ar exemple un ou
plusieurs obj ets à retrouver dans une foule, dans la ru e : une femme
Vl
avec un chap eau vert ou un p arapluie j aune, trois voitures ro u ges,
<lJ
0
1....
cinq cyclist es, tous les tilleuls en fleurs, et c. Les actes visu els conscients
w
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vous p ermettent d'être plus attentif(ve) à la réalité.
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u 1. Exercices tirés de L' automanipulation, op. cil.
160
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
Mémorisez
Observez un paysage et cherchez dix détails qui ne vous sont pas
apparus de prime abord : un oiseau dans un arbre, une fleur nichée
dans un rocher, une araignée filant sa toile, etc. De retour chez vous,
installez-vous confortablement, fermez les yeux, et visualisez le pay-
sage en essayant de vous remémorer les dix détails que vous avez
mémorisés. Cet exercice vous pern1et de développer vos capacités
perceptives et mémorielles.
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
161
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
,
Ecoutez
Dans notre environnement, nous percevons une multitude de sons et
de bruits auxquels nous ne prêtons pas attention. Focalisez votre
écoute sur un bruit très discret, par exemple le tic-tac d'un réveil ou
d'une pendule, une petite musique lointaine, les rires d'un enfant, une
voix perdue dans un milieu bruyant. Cet exercice est très apaisant.
Gardez le silence
Au cours d'une conversation, entraînez-vous à répondre à votre in-
terlocuteur après quelques secondes de silence. Ce laps de temps est
salutaire pour poser la pensée et éviter les n1ots en l'air. Le silence est
une respiration.
162
VOIR LA RÉALITÉ TELLE QU'ELLE EST
>-
a.
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2
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163
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
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164
Chapitre
Accepter ce que
l'on ne peut changer
165
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Résister ou rebondir ?
Résistance, résilience ... «Encore des mots, toujours des mots ... »dit
la chanson. J'in1agine que, dans l'esprit de certains lecteurs, résister
serait inutile voire néfaste pour notre équilibre, il vaut mieux être
souple comme le roseau, qui plie mais ne rompt pas, c'est-à-dire faire
preuve de résilience 1.Voilà une nouvelle catégorisation des compor-
Vl
tements humains - une de plus ! -, avec d'un côté les psychorigides,
<lJ
0
1...
ceux qui résistent bêten1ent, obstinément, con1me des taureaux dans
w
>-
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une arène, et de l'autre ceux qui savent rebondir, s'accon1illoder des
.-t
0
N
difficultés, du stress, naviguer en milieu hostile sans abîmer leur voi-
@
.......
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Ol
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>-
a. 1. Le concept de résilience a été développé en France par le psychiatre, psychanalyste et
0
u éthologue Boris Cyrulnik.
166
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
Résistance
Par définition, la résistance est l'action par laquelle nous tentons
d 'annuler les effets d'une contrainte ou d ' une situation que nous
trouvons injuste ou illégitime, le tout dans une logique d' affronte-
ment. Résister, c'est refuser de se soumettre, de plier l'échine, de
tendre l'autre joue. La résistance renvoie à la réaction naturelle de
lutte que nous avons évoquée précédemment.Vous paraît-elle socia-
len1ent irrecevable ? Il est vrai que la résistance, la désobéissance et
l'insouniission n'ont pas bonne presse. Il est de bon ton de la mettre
en veilleuse et de se conformer aux codes sociaux, des' adapter. Pour-
tant, résister c'est encore agir et, dans certaines situations,la résistance
sera toujours préférable à l'inaction et à la souniission. Il suffit pour
cela de penser à la Seconde Guerre mondiale et à la fameuse phrase
de la résistante Lucie Aubrac : « Résister c'est exister.» C ependant je
vous invite à résister à bon escient, avec lucidité et dans des situations
où cela peut servir à quelque chose, par exemple lorsqu'on vous
vi n1.anque de respect, que l'on bafoue vos droits ou votre honneur.
<lJ
0
1....
Résister contre des événements révolus, contre ses émotions, à l'en-
w
>-
'<j"
contre de ses objectifs personnels, c'est généralement perdre son
.-t
0
N ten1.ps et son énergie pour bien peu de résultats, si ce n'est celui de
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-5!!
.......
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0
>..
rester en lutte. Mieux vaut dans ce cas rebondir.
UJ
Ol Q)
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u @
167
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Résilience
La résilience 1 est un terme emprunté à la physique et notan1ment à
la métallurgie. Il désigne la capacité d'un matériau à retrouver sa
structure après avoir été soumis à un impact. Plus un matériau est
résilient, plus il va retrouver sa forme initiale après un choc. La rési-
lience est donc une forme de résistance qui se caractérise par le re-
tour à un état antérieur. Mais ce qui vaut pour une ni.atière inerte
est-il adapté à un systèni.e complexe coni.me l'organisme hu1nain ?
En psychologie, ce terme, venu des États-Unis dans les années 1970,
a été un peu dévoyé de son sens originel puisqu'il définit la capacité
d'une personne à évoluer de façon positive dans un environnement
défavorable, à rebondir après un choc, à « surni.onter » l'adversité de
façon plus plastique, non plus dans une logique d' affronte1nent mais
de flexibilité stratégique. Nous ne parlons donc plus de retour à un
état antérieur. La résilience appellerait la non-violence.
168
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
Le contexte
Dans certaines situations, notamment d'asservissement, d'aliénation,
de domination ou d'endoctrinement, la résistance, éventuellement
passive, me paraît préférable à l'adaptabilité. Dans d'autres situations,
notamment lorsqu'il est impossible de revenir sur le passé, la capa-
cité de résilience sera plus salutaire.
Les individus
Les facteurs humains doivent aussi être pris en compte. Chaque indi-
vidu fait du mieux qu'il peut avec les moyens dont il dispose et, sil' on
en croit les auteurs qui se sont intéressés à la question, certaines per-
sonnes seraient plus « résilientes » que d'autres ... Même si la résis-
tance est parfois clairement promise à l'échec, elle vaut toujours
mieux que l'absence de réaction.
169
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Commentaire
"
* Etes-vous plutôt de nature à résister ou à vous adapter ? Ces attitudes
vous ont-elles permis de surmonter vos difficultés ? Étaient-elles cohé-
rentes avec les situations vécues ? Cet exercice vous a permis de faire le
point sur vos capacités personnelles et de revo ir , si besoin, vos orientations
afin de trouver un équilibre.
170
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
Recadrer
Pour reprendre Épictète, en exergue au chapitre 4,puisque ce ne sont
pas les choses, les événements qui nous troublent mais l'opinion que
nous en avons, les représentations que nous nous en faisons, l'action
la plus efficace va consister à réexaminer nos expériences en adop-
tant un autre point de vue et en leur donnant un nouveau sens plus
positif. Cette technique rejoint la métaphore de la carte et du terri-
toire : lorsque les cartes dont je dispose ne me permettent plus de
retrouver mon chemin ou d'avoir des informations suffisantes sur le
territoire traversé, il est préférable de changer de cartes, de compléter
ou de réorienter celles dont je dispose plutôt que de persister dans
l'égarement. « Si ce que vous faites ne marche pas, essayez autre
chose » : c'est le bon sens qui parle !
Deux exen1ples classiques dans la littérature vont vous permettre de
comprendre cette notion de recadrage. Le premier se trouve chez Jean
vi
<lJ de La Fontaine, dans la fable Le Renard et les Raisins. Le renard, ne
0
w
1....
>- pouvant atteindre des raisins placés trop haut dans la treille, va ni.odi-
'<j"
.-t fier son point de vue : les raisins sont trop verts pour lui, tout juste
0
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-5!!
bons pour des « goujats ».Autre exemple dans Les Aventures de Tom
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Sawyer de Mark Twain. Tom Sawyer est un orphelin de 10 ans, élevé
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>-
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2 par sa tante. Un soir, il rentre tard, les vêtements déchirés et sa tante le
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u @
171
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
172
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
* Voici votre programme de changement. Répondez point par point aux ques-
tions suivantes. Une remarque : la façon dont vous allez recadrer les choses
doit être en accord avec vos valeurs et vos objectifs, ceci étant, ne vous
censurez pas, soyez inventif(ve), imaginatif(ve), tout en restant simple: inu-
tile de chercher midi à 14 heures.
vi
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-5!!
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173
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>-
'<j"
..-t 5. Quels sont les comportements nouveaux qui vont vous permettre de trou-
0
N ver de nouvelles ressources personnelles et de résoudre votre problème ?
@
.......
* Dans l'exemple précité, la personne handicapée décide de mettre en place
..c
Ol
·;::::
un nouveau comportement: mettre en évidence ses béquilles de forme et de
>-
a. couleur originales.
0
u
174
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
7. Quelles sont vos ressources, vos points forts, vos aptitudes qui vont
vous permettre de toute évidence d'accéder au changement ?
8. A' présent, recopiez dans le cadre ci-dessous, sur une feuil le ou dans votre
cahier, la phrase suivante: Je prends l'engagement d'être responsable de
la réussite de ma vie . Inscrivez vos prénom et nom et signez.
175
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
dire tous les jours, indéfiniment, en tout cas tant que vous êtes vi-
vant ...
Prenez votre ten1ps, mais commencez tout de suite ! Il ne s'agit pas
de tout flanquer par la fenêtre, de lessiver votre histoire à grande eau,
mais d'avancer à petits pas (c'est ce que vous avez comn1encé à faire
en lisant ce livre) et dites-vous que cela vaut toujours mieux que rien.
Procédez marche après marche, à votre rythn1e, à votre n1.esure, l'es-
sentiel est d'agir. Rien ne presse, vous avez le temps, inutile de vous
n1.ettre sous pression pour évoluer dans l'urgence. Ne confondez pas
précipitation et rapidité.L'essentiel est de faire le premier pas, ensuite
les changements viendront d' eux-mên1.es, de façon naturelle.
Très décriée dans nos sociétés modernes où il faut prendre rapide-
ment les bonnes décisions dans un maelstrom informatif hallucinant,
où il faut réussir au plus vite sous peine d'être rangé au rayon des
perdants, la patience a m auvaise presse, tandis que l'hyperactivité
compulsive ressemble à une qualité pren1.ière. Mais p atienter, est-ce,
comme on le croit souvent, rester passif? Est-ce procrastiner en at-
tendant des jours meilleurs? Pour retrouver la sérénité après un choc,
une rupture, un événement vécu avec violence, la patience fait sans
aucun doute partie des postures bénéfiques. Elle pennet d'associer la
l{J réflexion à l'action, d 'adopter une position de recul ou de surplomb
0
1...
>- tout en s'engageant dans la tran sition, d'accéder à la connaissance en
w
'<j"
.-t
prenant le temps de l'observation, en exerçant son sens critique. Se
0
N
@
comprendre soi-n1.ême, comprendre les autres et le monde, cela né-
.......
.c cessite du temps. Le temps d'une patience apaisée, fertile et réfléchie,
Ol
·;::::
>-
a.
loin de la colère, du stress et de la peur. Le patient n'est pas passif, il
0
u ne remet p as les choses au lendemain pour éviter les problèmes du
176
1
ACCEPTER CE QUE L 0N NE PEUT CHANGER
Soyez persévérant(e)
Ne lâchez pas en cours de route.Vos actions, votre état d'esprit et vos
objectifs vous engagent à vos propres yeux.Avant de vous endormir,
vi
<lJ vous pourriez faire mentalement le bilan de votre journée : qu'est-ce
0
1....
w
>- que j'ai fait de bien, d'agréable, d'utile pour moi aujourd'hui ? Où
'<j"
.-t
0
en suis-je avec mes objectifs? En quoi puis-je me dire que j'ai com-
N
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-5!!
mencé à changer? «]'ai réussi à faire une balade en forêt alors que je
....... 0
..c >..
UJ n'avais p as mis le nez dehors depuis trois mois » ; «]'ai pris le temps
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2
\..?
d'écouter un morceau de musique en buvant un verre de vin et je
0
u @
177
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
178
Chapitre
Revenir à soi
Vous êtes une personne parfaite en tous points, mais sans doute
l'ignorez-vous. Pourtant ce devrait être votre principal sujet de satis-
faction .Vos peurs, vos joies, vos peines, vos failles, vos souffrances, vos
rêves, vos angoisses, vos maladresses, vos succès, tout cela est embar-
vi
<lJ
qué avec vous et contribue à faire de vous la personne que vous êtes,
0
1....
>-
ni bonne ni mauvaise, ni intelligente ni stupide, ni courageuse ni
w
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.-t
faible. Simplement vous.
0
N
@ "'
-5!! En règle générale, nous n'avons pas naturellement tendance à être de
....... 0
..c >..
Ol
UJ
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bons compagnons pour nous-mêmes, doux, prévenants, généreux,
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 attentifs à nos émotions et à nos besoins, curieux de mieux nous
0 \..?
u @
179
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- Il ne convient pas plus de céder à l'égoïsme qui consisterait à ne
'<j"
.-t
0
prendre en compte que ses intérêts personnels sans se soucier des
N
"'
@ autres. Revenir à soi, c'est s'occuper de soi, mais pas que de soi. Etre
.......
.c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u 1.Tocgueville Alexis de, De La démocratie en Amérique, 1840.
180
REVENIR À SOI
un bon guide pour soi-même, certes, n"lais sans perdre le lien aux
autres, sans cesser de s'impliquer auprès d'eux, sans jeter aux orties
nos sentin"lents de tendresse et de gratitude. Car souvent les victimes
de faits graves se replient sur elles-mêmes, sans faire le nécessaire pour
s'aimer vraiment et, concurremment, elles perdent le « goût des
autres».
De l'art de s'aimer
Dans L)Art d)aimer 1, le philosophe et psychanalyste an1éricain Erich
Fron1n1 décrit quatre éléments fondamentaux del' amour qui se prêtent
parfaitement à l'attention que nous avons le devoir de nous porter : la
sollicitude, la responsabilité, le respect et la connaissance de soi.
vi
<lJ
0
1....
w
>-
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0
N
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-5!!
....... 0
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·;:::: Q_
>-
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2
0 \..?
u @ 1. Fronm"l Erich, L'Art d'aimer, Éditions de l'Épi, 1968.
181
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- traitez-vous avec dignité?
'<j"
.-t 11. Pensez-vous vous porter suffisam-
0
N ment de considération ?
@
.......
..c
12. Respectez-vous votre histoire, vos
Ol
·;:::: expériences, vos échecs ?
>-
a.
0
u
182
REVENIR À SOI
Commentaire
La connaissance de soi
Pour André Gide, le « Connais-toi toi-même » gravé sur le fronton
du temple de Delphes et dont Socrate avait fait sa devise est « une
maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s'observe arrête son
développement. La ch enille qui cherch erait à se bien connaître ne
deviendrait j an1ais papillon 1 ». La connaissance de soi, pour soi, n' au-
rait en effet guère d'intérêt si elle restait autocentrée et ne s'inscrivait
plus largement dans nos rapports au n1onde, à la vie, aux autres.Toute
conscience repliée sur elle-même équivaudrait à une mutilation de
la réalité. Ceci étant , la connaissance de soi est difficile à acquérir, tout
autant que subjective. Elle nécessite de savoir observer, d'une part, et
vi de savoir s'observer soi-même, d'autre part.Tâche délicate dans laquelle
<lJ
0
1....
le sujet observé est aussi l'observateur, mais pas impossible, quand
w
>-
'<j"
bien même, comme l'écrit le philosophe allemand Nietzsche, « cha-
.-t
0
N cun [serait] à soi- n1ême le plus lointain2 ».
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-5!!
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UJ
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2 1. Gide André, Les Nourritures terrestres/Les Nouvelles Nourritures, Gallimard, 2012.
0 \..?
u @ 2. Nietzsche Friedrich, Le Gai Savoir, Gallimard, 1975.
183
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
184
REVENIR À SOI
L'estime de soi
De nombreux ouvrages traitent des questions de l'estime de soi, de la
confiance en soi et de l'affirmation de soi. Même si elles renvoient à
des notions connexes, ces expressions ne se situent pas exactement sur
le même plan. Cependant, le fait d'être victime a généralement pour
effet d'augmenter notre mal-être et notre sentiment de ne pas trouver
notre place, avec pour conséquences une baisse del' estime de soi, une
perte de la confiance en soi et des difficultés à s'affirmer avec les
autres. Il est donc important de prendre en compte ces trois niveaux
et de réfléchir à des stratégies pour reprendre la donne et adopter des
attitudes et des comportements plus favorables à votre équilibre.
vi
<lJ
0
1....
w
>-
'<j"
La baisse de l'estime de soi
.-t
0
N L'estime de soi con cerne tout ce qui relève du monde des jugements,
@ "'
-5!!
0
.......
..c >..
UJ
des évaluations et des opinions que nous pouvons porter sur nous-
Ol Q)
·;::::
>-
a.
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:::J
2
mêmes, en fonction de nos propres valeurs: «Je me trouve nul», «J'ai
0 \..?
u @ plein de qualités », «Je ne suis pas fier de moi », etc. Quand nous
185
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Vl
• Vous ne savez pas refuser une demande qui vous pose problème.
<lJ
0
1....
>-
w La confiance en soi
'<j"
.-t
0
N La confiance en soi est davantage liée à des capacités personnelles.
@
....... Avoir confiance en soi c'est être convaincu que nous sommes en
..c
Ol
·;::::
>-
n1.esure d'accomplir une action ou d'adopter une attitude ou un
a.
u
0 comportement, dans une situation donnée, parce que nous estimons
186
REVENIR À SOI
avoir les compétences pour le faire. «Je sais que je vais réussir à prendre
la parole lors de cette réunion parce que je connais parfaitement mon
dossier et j'aime faire partager mes idées. »
L'affirmation de soi
L'affirmation de soi est au cœur des relations que nous entretenons
avec les autres et elle rejaillit sur le rapport que nous avons à nous-
mêmes. Nous somn1.es affinnés, non pas quand nous crions plus fort
que les autres ou quand nous prenons le pouvoir sur eux, mais quand
nous sommes capables d'exprimer et de faire entendre clairement
nos opinions, nos valeurs, nos besoins, nos ressentis, nos demandes,
tout en restant attentifs à la parole del' autre et à la qualité de la rela-
tion. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre consacré à nos
relations avec les autres.
w
>-
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0
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@ "'
-5!!
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
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187
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
f' Estùnè de
SOI
-
' .
·confia në:e 'Attfrrriation
en SOI de soi
Le schéma classique
0
de soi entraînant dans son sillage une perte de confiance en soi, le schéma
1-
>- est classique. La perte de confiance en soi bloque le passage à l'action - on
w
<j"
,..... ne se sent plus capable -, et l'on devient de moins en moins affirmé dans ses
0
N
@ relations.
.......
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a.
0
u
188
REVENIR À SOI
w
.....
>- compétent(e) que les autres . D D D D
'<j"
.-t
0
15. Je me trouve nul(le). D D D D
N
@ "'
-5!!
16. Je suis très sensible à la critique. D D D D
....... 0
.c >..
UJ
Ol Q)
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>-
a.
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2
0 \..?
u @
189
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Scores
* De 0 à 12 points : votre estime de vous est très faible.
* De 13 à 24 points : votre estime de vous est faible.
* De 25 à 36 points : votre estime de vous est correcte.
* De 36 à 48 points : votre estime de vous est très forte.
190
REVENIR À SOI
Elle peut se détériorer au fil des événements, tout coni.me elle peut
se reconstruire. C'est cette piste que je vous propose d'explorer à
présent.
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
191
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
4.
5.
6.
7.
8.
* A' quels moments avez-vous pris des décisions ou fait des choix en total
accord avec chacune de ces valeurs ?
*Que ressentez-vous lorsque vous agissez dans la droite ligne de vos va-
leurs?
Vl
<lJ
0
1....
* Vous est-il arrivé d'être en désaccord avec vos valeurs? Dans quelles cir-
>-
w constances ?
'<j"
.-t
0
N
@ * Que ressentez-vous quand vous n'êtes pas fidèle à vos valeurs ?
.......
..c
Ol
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>-
a.
0
u
192
REVENIR À SOI
• Commentaire
*Peu de gens s'intéressent de près à leurs propres valeurs, cela me semble
regrettable. En ayant conscience des valeurs essentielles qui vous guident,
vous renforcez votre estime de vous, vous pouvez plus facilement clarifier
vos objectifs, prendre les décisions qui vous conviennent le mieux, vivre
pleinement en accord avec vous-même et être heureux. En revanche, quand
vos comportements et vos attitudes sont en désaccord avec vos valeurs,
votre estime de vous a tendance à prendre du plomb dans l'aile. Quelque
chose sonne faux et vous allez devoir réduire cette dissonance en modifiant
vos jugements, vos opinions ... ou vos valeurs. Ce qui peut vous poser quelques
problèmes d'intégrité personnelle, surtout s'il s'agit de la valeur à laquelle
vous attachez la plus grande importance.
2. Passez en mode valorisation
* Arrêtez de vous dévaloriser en permanence, de vous juger négativement,
de vous comparer aux autres. Vous avez, j'en suis certain, d'excellentes rai-
sons de vous aimer et d'accepter la personne que vous êtes. Notez ci-
dessous au moins une dizaine de ces excellentes raisons et complétez la liste
à chaque occasion.
1.
2.
3.
4.
5.
vi
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0
1...
6.
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w
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7.
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-5!! 8.
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2
0 \..?
u @ 10.
193
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
194
REVENIR À SOI
* Développez votre confiance en vous tous les jours : commencez par des
actions mesurées, réalistes, peu engageantes, qui seront inévitablement
couronnées de succès.
* Saluez chacune de vos réussites.
*Privilégiez les activités qui vous plaisent : en faisant ce que vous aimez, vous
augmentez vos chances d'aller au bout de vos projets.
*Commencez par ce que vous savez déjà bien faire: vous limitez les risques
d'échouer.
*Développez de nouvelles compétences: vous rêvez d'écrire? Pourquoi ne
pas vous inscrire à un atelier d'écriture pour apprendre les bases de la dra-
maturgie, par exemple. On peut toujours acquérir de nouveaux savoirs, de
nouvelles capacités, cela renforce la confiance en soi.
*Soyez réaliste : fixez-vous des objectifs accessibles. Si vou;S placez la
barre trop haut, vous augmentez les probabilités de vous louper. Eliminez les
objectifs irréalistes, ceux que vous êtes certains de ne pas pouvoir at-
teindre.
*Dressez par écrit la liste des moyens dont vous disposez pour atteindre
ces objectifs.
*Accueillez vos échecs avec bienveillance: ils représentent des expériences
utiles sur le chemin de la réussite.
*Aimez vos faiblesses autant que vos forces.
* Ne faites pas toujours plus quand ce que vous faites déjà ne marche pas :
accordez-vous le temps nécessaire pour réussir, mais ne persistez pas inu-
tilement.
vi
<lJ * Adoptez la méthode Coué. Au lieu de fonctionner en circuit fermé avec des
0
1....
>- prophéties négatives, répétez mentalement et de façon quotidienne:« Je
w
'<j" suis capable de... »,« J'ai les compétences pour ... ».
.-t
0
N * Trouvez du soutien dans votre entourage: l'appui de personnes bien dispo-
@ "'
-5!!
....... 0 sées à votre égard et non jugeantes est important pour reprendre confiance
..c >..
Ol
·;::::
UJ
Q)
Q_
en vous.
>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
195
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
*Parlez de vos projets autour de vous sans vous laisser influencer par les
gens qui reporteraient sur vous leurs propres problèmes.
*Ne visez pas la perfection.« Ce n'est pas tout à fait bien»,« Je dois mieux
faire»,« Je dois faire davantage»,« Je dois être à la hauteur»: ces for-
mules, qui ne sont pas l'apanage des personnes fortes et sûres d'elles, ont le
pouvoir de dissoudre la confiance en soi à vitesse grand V.
* Faites toujours de votre mieux.
w
>- heur, désir, liberté, etc.« J'ai fait ça par amour»,« Je veux ton bon-
'<j"
.-t
0
heur»,« Il prend ses désirs pour des réalités»,« Il m'a volé ma liber-
N
@ té » : nous passons dans le monde abstrait des théories et chacun peut
.......
.c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u 1. Évangile selon saint Jean, 1, 1.
196
REVENIR À SOI
L'auto-étiquetage
Plombier, flic, voyou, patron, victime, prostituée, malade, indulgent,
pervers, gentil, tordu, aimable, tout le monde colle des étiquettes sur
tout le monde. Il n'y a rien là que de très humain. Mais accepter de
fonctionner sans broncher avec les étiquettes négatives quel' on nous
assigne est sans doute l'une des choses les plus fàcheuses qui puisse
nous arriver. . . Parce que nous ne sommes pas que cela, nous ne
vi
<lJ sommes pas résumables ou « récapitulables » en quelques mots. Le
0
w
1....
>- problème des étiquettes, c'est qu'elles finissent par être adoptées par
'<j"
.-t les personnes qui les portent et qu'elles induisent des change1nents
0
N
@ "'
-5!!
dans leur perception d' elles-ni.êines et dans leur façon de se compor-
....... 0
..c
Ol
>..
UJ
Q)
ter. Nous soni.mes naturellement très soucieux de ce que les autres
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 peuvent penser de nous. Nous cherchons à faire bonne impression, à
0 \..?
u @
197
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
198
REVENIR À SOI
199
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
croyance, faire une prédiction, que par ricochet, nos attitudes et nos
comportements vont en être modifiés et que ce qui n'était au départ
qu'une prophétie finit par arriver.Autrement dit, nous pouvons créer
une réalité à partir de prémisses complètement imaginaires. Nous
retrouvons ce phénomène en n1édecine avec l'effet placebo, dans le
domaine éducatif avec l'effet Pygmalion1 ou encore dans la méthode
Coué. Les prophéties qui se réalisent peuvent avoir des conséquences
positives, par exemple la réussite d'un projet ou l'atteinte d'un objec-
tif. Mais elles peuvent aussi avoir des conséquences négatives lorsque
nous faisons des prédictions malheureuses. Certains auteurs parlent
alors de prophéties autodestructrices.
La prophétie de David
David a peur que sa femme le quitte. ~Son comportement change : il de-
vient suspicieux, contrôle les messages sur son téléphone portable, épluche
ses mails, se montre excessivement jaloux dans des situations qui ne sont pas
justifiées.~ Sa femme ne supporte plus ces comportements. ~ Elle prend
de la distance et finit par le quitter.
200
REVENIR À SOI
nous-memes :
• Je dois faire vite.
• Je dois n1ontrer que je suis fort(e).
• Je dois n1' accrocher.
• Je dois faire plaisir.
• Je n'ai pas droit à l'erreur.
vi
<lJ
* Reprenez les 5 injonctions et, en face de chacune d'elle, inscrivez l'autori-
0
1....
sation ou la permission qui vous permettraient de vous en libérer.
>-
w
'<j"
• Je dois faire vite:
.-t
0
N
@ "'
-5!! • Je dois montrer que je suis fort(e):
....... 0
..c >..
UJ
Ol Q)
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>-
a.
:::J
2
0 \..?
u @
201
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
• Je dois m'accrocher:
w
>-
'<j"
.-t
0
N
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a.
0
u
202
Chapitre
203
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
204
RENOUER AVEC LES AUTRES
205
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
w
>- «Je suis détruit. li n'y a plus que toi qui puisses faire quelque chose pour moi.»
'<j"
.-t «Je t'en supplie, aime-moi encore.»
0
N
@
.......
..c Des phénon1ènes de ce type peuvent durer des années, avec des vic-
Ol
·;::::
>-
a.
times passives, incapables de se confronter à leur propre réalité, corn-
0
u
206
RENOUER AVEC LES AUTRES
>- :::J
a. 2
\..?
1. Inspiré des positions de vie décrites en analyse transactionnelle, théorie élaborée par le
0
u @ psychiatre américain Eric Berne.
207
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
1.
Acceptation
réciproque
de soi et des
autres.
4. 2.
Je me Je suis
dévalorise + bien+ les
les autres autres ne
valent mieux
valent rien.
que moi.
• 3.
Je me
dévalorise+
les autres ne
valent rien.
Vl
<lJ
0
1...
Attention aux pièges relationnels
>-
w
'<j"
.-t
Vous ne pouvez pas contrôler les personnes de votre entourage pour
0
N
@
les contraindre d'adopter tel ou tel con1portement avec vous parce que
.......
.c vous jugez que c'est ainsi qu'elles devraient agir pour être correctes
Ol
·;::::
>-
a.
avec vous ou pour vous paraître agréables. Souvent les gens sont mala-
0
u droits et ils ne le font pas exprès, pour vous contrarier. Ils voient les
208
RENOUER AVEC LES AUTRES
Les conseils
Les personnes qui pensent être de bon conseil ne n1anquent pas.
Même si vous ne leur demandez rien, elles pensent savoir ce qui est
bon pour vous et elles ont tendance à vous orienter dans vos choix,
dans vos représentations ou vos actions :
209
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
La moralisation
Ces personnes vont confronter leurs propres valeurs et leur sens
moral aux vôtres en imaginant que les leurs sont plus recevables. Ils
jugent ce que vous faites, vous adressent des reproches, vous pro-
posent des lignes de conduite en se fondant sur leurs propres mo-
dèles de fonctionnement et sans respecter les vôtres. Ce sont des
gens souvent rigides, peu à l'écoute et inquiets à l'idée de perdre le
contrôle des événements ou de voir remises en cause leurs normes
personnelles. Ils ressentent comn1e une menace tout ce qui peut
bouleverser leurs valeurs et se montrent parfois agressifs :
210
RENOUER AVEC LES AUTRES
Ils veulent vous rassurer, vous démontrer que vous n'êtes pas le ou la
seul(e) à vivre des moments difficiles, établir des ponts entre des res-
sentis, mais ils vous éloignent de votre problématique personnelle en
pratiquant la généralisation. Du reste, vous pouvez avoir le sentin1ent
qu'ils nùnimisent votre expérience personnelle en la rattachant à celle
d'un tiers qui n'a, évidemment, pas pu vivre les choses de la même
façon que vous. Les comparaisons ne sont pas à rejeter de façon systé-
matique, parce qu'il est parfois utile de partager des expériences et des
én1otions, mais elles peuvent s'avérer stériles et clore le dialogue.
Distraire
211
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
verte : «]'ai le sentiment qu'il est difficile pour toi t'entendre ce que
j'ai à te dire, est-ce bien cela ? » Cela vous évitera de vous lancer dans
d'improbables interprétations et vous serez immédiatement fixé(e) .
La compassion
Compatir signifie étymologiquement« souffrir avec», autrement dit
partager les maux d'autrui, être sensible à sa souffrance, à sa détresse.
À de très rares exceptions et sauf indifférence ou froideur acquises, il
se1nble que nous soyons tous équipés au niveau neuronal pour nous
connecter les uns avec les autres et pour être affectés par ce qui se
passe dans la tête de nos congénères 1 • La compassion appartient aux
circuits de la route basse2 • Elle est instinctive et nous pousse à venir
en aide aux gens qui souffrent.C'est ainsi . .. Cependant, cette ten-
dance naturelle à l'entente émotionnelle et à la compassion s' ex-
prin1e parfois de façon inappropriée et déficiente. Compatir pour
compatir, en faire des tonnes dans ce registre et en rester là, c'est sans
doute libérateur, mais cela n'apporte pas grand-chose à la p ersonne
qui souffre si l'action ne suit pas. N e l'oubliez pas, d'une m anière ou
d'une autre, une émotion est toujours naturellement orientée vers
l'action. Par conséquent, n'attendez p as une aide efficace de la part
Vl des gens qui compatissent à vos peines et à vos souffrances, qui vous
<lJ
0
1....
plaignent, qui pleurent à vos côtés, s'ils ne font que cela.
w
>-
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0
N
@
.......
..c
Ol
·;::::
>-
a. 1. Cf. Golem.an Daniel, op. cit.
0
u 2. Cf. p. 11 3.
212
RENOUER AVEC LES AUTRES
213
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
214
RENOUER AV EC LES AUTRES
• Osez le conflit : il est parfois salvateur, mên1e s'il est souvent désa-
gréable
• N'agissez pas au détrin1ent des autres, par peur, colère, vengeance,
rancœur ou jalousie
Faible Bonne
Moyenne
• Souhaitez-vous améliorer votre affirmation de vous?
• À votre avis, quelles sont les compétences qui vous font défaut?
vi
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0
1-
>-
w • Pouvez-vous préciser vos objectifs et inventorier les ressources dont
<j"
,..... vous avez besoin?
0
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-5!!
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~ >..
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215
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Pas
En cours Oui
encore
216
RENOUER AV EC LES A UTRES
Pas
En cours Oui
encore
4 . Je n'exerce aucune violence contre
. "'
mor-meme. D D D
5. Je reconnais mes émotions. D D D
6 . Je suis capable d'identifier mes besoins,
mes désirs et mes objectifs. D D D
7. J'observe la réalité avec beaucoup
de lucidité. D D D
8. J'accepte ce que je ne peux changer. D D D
9. Je ne suis ni résigné(e), ni passif(ve). D D D
10. Je me sens fort(e) intérieurement. D D D
11. Je suis capable de faire taire
mes jugements et mes croyances. D D D
12. Je suis capable de transformer
mes perceptions. D D D
13. Je me sens responsable de ma vie. D D D
14. J'entretiens de saines relations
avec les autres. D D D
Vl
15. Je parviens à identifier
a.>
0
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mes comportements automatiques. D D D
>-
w
..;;;t- 16. Je passe facilement en mode
...-i
0
N
« pensée consciente ». D D D
@
......
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17. Je suis capable de lâcher prise. D D D
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>-
a.
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217
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Pas
En cours Oui
encore
18. Je cesse de renvoyer mes problèmes
sur les autres. D D D
19. J'ose prendre des risques. D D D
20. Je n'endosse pas les rôles que les autres
m'assignent s'ils ne me conviennent pas. D D D
21. Je sais dire non. D D D
22. Je reviens facilement sur un mauvais choix,
une mauvaise décision. D D D
23. En cas de difficulté, je sais rebondir. D D D
24. Je suis curieux(se) de la vie et des autres. D D D
Commentaire
*Vous avez un maximum de réponses dans la colonne « Pas encore » :
peut-être est-il encore un peu tôt pour observer de véritables changements.
Reprenez ce test un peu plus tard, lorsque vous serez vraiment passé(e) à
l'action.
*Vous avez un maximum de réponses dans la colonne« En cours» : vous
êtes en pleine évolution personnelle, poursuivez ...
*Vous avez un maximum de réponses dans la colonne« Oui» : votre vie
Vl
a déjà changé, vous ne voyez plus le monde et la vie avec le même regard. Vous
<lJ
0
êtes plus confiant(e), plus positif(ve), plus créatif(ve). Continuez!
1...
w
>-
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0
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218
Conclusion
Choisir la vie
>-
a.
:::J
2
\..?
u
0
@ tions qui nous submergent et dont nous ne savons que faire .
2 19
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
Maintenant que vous connaissez n1ieux les freins qui vous en1pêchent
d'agir, que vous avez pris conscience que la société tend à nous main-
tenir dans nos positions de victin1es et que les blessures du passé et des
schén1as trompeurs nous font chausser les n1.auvaises lunettes, vous êtes
en mesure d'agir. Car, vous l'avez con1pris, agir est la seule issue pour
changer et sortir de l'engrenage de la victimisation. Si un accon1pa-
gnement reste parfois indispensable, vous savez que nombreuses sont
les situations où nous pourrions retrouver le contact avec nous-mên1es
et avec la réalité sans faire appel à une aide extérieure, en mettant sim-
plen1ent en œuvre les méthodes proposées dans cet ouvrage.
Je souhaite que la lecture de celui-ci vous ait permis de réaliser ce que
vous êtes vraiment: cette personne autonome, authentique et joyeuse
qui vit sa vie et non plus celle des autres, cette personne confiante,
l{J libérée des forces extérieures qui contrôlaient son existence.
0
1...
w
>- Quels que soient les événements que vous avez vécus, revenez à vous,
'<j"
.-t
0 savourez la quiétude d'une pensée lucide, redevenez l'auteur de votre
N
@ vie. C'est ce que vous pouvez faire de mieux pour vous. Le monde
.......
.c
Ol
·;::::
suivra.
>-
a.
0
u
220
Bibliographie
Livres
BoscH BoNOMO, Ingeborg, Vivre pleinement sa vie, Montréal, Les Éditions
de l'Homme, 2011.
BRUCKNER, Pascal, La Tentation de l'innocence, Paris, Grasset, 1995.
CARRÉ, Christophe,
Manuel de manipulation à l'usage des gentils, Paris, Éditions Eyrolles, 2013.
Sortir des conflits, Paris, E yrolles, 2013.
L'Auto-manipulation, Paris, Eyrolles, 2012.
Obtenir sans punir, Paris, Eyrolles, 2012.
50 exercices pour maîtriser l'art de la manipulation, Paris, Eyrolles, 201 O.
50 exercices pour résoudre les conflits sans violence, Paris, Eyrolles, 2009.
vi
<lJ La Manipulation au quotidien, Paris, Eyrolles, 2007.
0
w
1....
>- DE SHAZER, Steve, Clés et solutions en thérapie brève, Bruxelles, Satas, 1999.
'<j"
.-t EuACHEFF, Caroline et SOULEZ-LARIVIÈRE, Daniel, Le Temps des victimes,
0
N
@ "'
Paris,Albin Michel, 2006.
-5!!
0
.......
..c >..
UJ
ERNER, Guillaume, La Société des victimes, Paris, La Découverte, 2006 .
Ol Q)
·;:::: Q_
>-
a.
:::J
2 FASSIN, Didier et RECHTMAN, Richard, L'Empire du traumatisme, Paris,
0 \..?
u @ Flanunarion, 2007.
221
AGIR POUR NE PLUS SUBIR
FRTTH, Chris, Comment le cerveau crée notre univers mental, Paris, Odile Jacob,
2010.
FROMM, Erich, L)Art d) aimer, Paris, Éditions de l'Épi, 1968.
GIDE, André, Les Nourritures terrestres) et Les Nouvelles nourritures, Paris,
Gallimard, 2012.
GIRARD, René, La Violence et le Sacré, Paris, Grasset, 1972.
GoDrN, Christian, Dictionnaire de philosophie, Paris, Fayard/Éditions
du Temps, 2004.
GoLEMAN, Daniel, Cultiver !)intelligence relationnelle, Paris, Robert Laffont,
2009.
KAHNEMAN, Daniel, Système 1) Système 2. Les deux vitesses de la pensée, Paris,
Flamn1arion, 2012.
KoRZYBSKr,Alfred, Une carte n)est pas le territoire, Paris, Éditions de l'Éclat,
2001.
LABORIT, Henri,
Dieu ne joue pas aux dés, Paris, Grasset, 1987.
La Nouvelle Grille, Paris, Folio, 1986.
I
222