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Ingénierie des systèmes

homme-machine

par Christophe KOLSKI


Laboratoire d’Automatique et de Mécanique Industrielles et Humaines - URA CNRS 1775
Professeur à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis

1. Démarche méthodologique.................................................................... R 7 614 - 3


1.1 Phase descendante d’analyse et de conception ........................................ — 3
1.2 Phase ascendante d’évaluation du système homme-machine ................ — 4
2. Analyse et modélisation du système technique .............................. — 4
2.1 Méthodes d’analyse du système en fonctionnement normal .................. — 4
2.2 Méthodes d’analyse du système en fonctionnement dégradé ................ — 5
2.3 Conclusion .................................................................................................... — 6
3. Analyse et modélisation des tâches humaines
et des intervenants humains ................................................................. — 6
3.1 Analyse et modélisation des tâches humaines.......................................... — 7
3.2 Analyse et modélisation cognitive des opérateurs humains.................... — 9
3.3 Conclusion .................................................................................................... — 12
4. Spécification de l’imagerie de supervision ....................................... — 12
4.1 Techniques de spécification issues du génie logiciel ................................ — 12
4.2 Spécifications provenant de recommandations ergonomiques
et de guides de style .................................................................................... — 13
4.3 Spécifications provenant de normes .......................................................... — 13
4.4 Conclusion .................................................................................................... — 14
5. Environnements graphiques de réalisation de l’imagerie............. — 14
5.1 Utilisation de boîtes à outils ........................................................................ — 14
5.2 Utilisation d’éditeurs d’interfaces ............................................................... — 15
5.3 Utilisation de progiciels spécialisés............................................................ — 15
5.4 Conclusion .................................................................................................... — 15
6. Évaluation du système homme-machine ........................................... — 15
6.1 Approche empirique .................................................................................... — 16
6.2 Approche analytique de l’évaluation .......................................................... — 18
6.3 Conclusion sur les méthodes d’évaluation ................................................ — 19
7. Conclusion générale ................................................................................ — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. R 7 614

L es enjeux élevés impliqués dans la plupart des projets d’informatisation et


d’automatisation, visant la conception de systèmes industriels homme-
machine de plus en plus complexes, rendent nécessaire la prise en compte des
facteurs humains dans sa démarche globale.
Malgré la réticence ou la timidité de trop nombreuses entreprises à s’investir
dans ce domaine, un certain nombre d’entre elles ont compris cette nécessité et
intègrent progressivement ces facteurs dans leurs projets de conception. À ce
sujet, actuellement, de l’ensemble des sciences techniques et humaines émer-
gent des outils, des techniques, des méthodes et des modèles susceptibles de

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contribuer au développement de systèmes homme-machine. Celle-ci peut et


doit en conséquence se baser sur une démarche pluridisciplinaire utilisant
conjointement les spécificités :
— des sciences de l’ingénieur pour les aspects techniques : celle-ci fournis-
sent particulièrement des méthodes d’analyse et de modélisation des systèmes,
des techniques et des systèmes d’acquisition, de représentation et d’exploitation
des données et des connaissances, des algorithmes de calculs, des outils graphi-
ques, etc. ;
— des sciences cognitives pour les facteurs humains : elles apportent des
méthodes d’évaluation ergonomique, d’analyse de la tâche et de l’activité, des
connaissances sur l’homme au travail, sur les systèmes socio-techniques, des
recommandations visant l’amélioration des conditions de travail en général, et
l’ergonomie des logiciels en particulier.
Malgré l’ouverture des ingénieurs sur les aspects humains, et l’intérêt crois-
sant que portent les ergonomes aux outils et techniques, ces deux classes
d’intervenants possèdent respectivement un savoir-faire qui leur est propre,
qu’il convient d’associer étroitement pour plus d’efficacité. Les méthodes et
moyens recensés ici s’adressent donc de préférence à des équipes pluridisci-
plinaires composées de spécialistes de l’ingénierie, et de spécialistes de l’ergo-
nomie.
En reprenant l’architecture des systèmes de supervision de procédé industriel
vue par Sheridan (cf. SHERIDAN - Forty five years of man-machine system: His-
tory and trends. Proceedings 2nd IFACS Congress, Varese, sept. 1985), il est pos-
sible de situer un système homme-machine selon un contexte coopératif (voir
les définitions de Jean-Claude Rouhet et de Patrick Millot dans ce même
volume) : des opérateurs humains ont à coopérer en salle de contrôle pour
résoudre des problèmes complexes. Pour cela, ils interagissent avec une inter-
face opérateur(s)-calculateur. Celle-ci présente généralement sous une forme
graphique et/ou alphanumérique des informations provenant de différentes
variables ou fonctions d’assistance (activant des modules purement algorithmi-
ques ou utilisant des techniques d’intelligence artificielle) caractérisant l’état du
procédé en question. Les opérateurs en salle de contrôle coopèrent également
avec un ensemble d’intervenants situés hors salle de contrôle (rondiers, person-
nel de maintenance, ingénieurs de production...), certains de ces intervenants
ayant occasionnellement à interagir avec le procédé via l’interface homme-
machine.
Cet article commence par la description d’une démarche méthodologique glo-
bale d’analyse, de conception et d’évaluation de systèmes homme-machine. Ce
chapitre-ci vise ensuite à décrire un ensemble de méthodes et d’outils contri-
buant à l’ingénierie des systèmes homme-machine. Dans ce but, différentes
phases positionnées dans la démarche méthodologique sont couvertes :
(1) l’analyse et la modélisation du système technique, (2) l’analyse et la modéli-
sation des tâches humaines et des intervenants impliqués dans le système
homme-machine, (3) la spécification de l’imagerie, (4) les environnements gra-
phiques de réalisation de l’imagerie, (5) l’évaluation du système homme-
machine.
Cet article ne couvre pas les aspects liés à l’ergonomie physique des postes de
travail. Ceux-ci le sont dans les chapitres de François Daniellou et Michel Naël,
dans les Techniques de l’Ingénieur, traité « Génie industriel ».

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1. Démarche méthodologique bles. La définition de ce modèle peut s’appuyer sur des méthodes
d’analyse largement répandues dans le milieu industriel. On distin-
gue deux types de méthodes :
Une démarche méthodologique globale d’analyse, de conception (i) les méthodes d’analyse de système en fonctionnement
et d’évaluation de systèmes homme-machine a été mise au point au normal ;
Laboratoire d’Automatique et de Mécanique Industrielles et Humai-
nes (LAMIH, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis), (ii) les méthodes d’analyse de système en fonctionnement
et validée dans le cadre de plusieurs projets industriels. Elle com- dégradé.
prend deux phases séquentielles (figure 1) : De telles méthodes sont présentées dans le paragraphe 2.
(1) une phase descendante d’analyse et de conception du système
homme-machine qui aboutit à une mise en œuvre sur site ou à une Ces méthodes sont utiles pour identifier chacun des modes de
simulation ; fonctionnement normaux et anormaux du procédé. Dans le cas d’un
fonctionnement anormal, elles permettent par exemple de détermi-
(2) une phase ascendante qui consiste en l’évaluation du système ner les parades à mettre en œuvre pour compenser celui-ci, ces
homme-machine. parades pouvant être confiées aux opérateurs humains en salle de
Ces deux phases sont résumées ci-dessous. contrôle, ce qui débouche sur la définition des tâches humaines
prescrites (qu’elles soient manuelles ou interactives) dans le sys-
tème homme-machine. Cette définition doit être cohérente avec les
limites et ressources cognitives des intervenants humains concer-
1.1 Phase descendante d’analyse nés par les différentes situations, normales et anormales : opéra-
et de conception teurs, rondiers, personnel de maintenance, etc. Le but de ce travail
est de se rapprocher des connaissances de l’opérateur de supervi-
sion et de rechercher la sémantique des situations à considérer, afin
Dans cette phase, la démarche consiste d’abord à analyser le pro- de guider la réalisation (i) des outils d’aide aux tâches de supervi-
cédé et son système de contrôle pour en déduire les modes de fonc- sion, et (ii) des interfaces homme-machine, en fonction des besoins
tionnement et de dysfonctionnement prévisibles. Ainsi, il convient probables des intervenants humains. Le paragraphe 3 est consacré
d’abord de dégager les contraintes techniques (dynamique, sécu- à l’analyse et la modélisation des tâches humaines et des interve-
rité, etc.) selon les différents contextes de fonctionnement prévisi- nants impliqués dans le système homme-machine.

Caractéristiques techniques et
objectifs du procédé
Contextes de
fonctionnement du
Phase ascendante d'évaluation
procédé (normaux,
anormaux) Analyse du procédé et Modèle général
du système de contrôle
des activités humaines
Tâches à réaliser (limites, ressources)

Modèle des Tâches Tâches


Analyse des prescrites réelles
O.-H. (limites,
tâches prescrites
ressources)

Besoins en assistance Validation affinage


Modèle des
Choix du degré d'automatisation Besoins tâches humaines interfaces H-M
et des modes de coopération H-M informationnels modes de coopération H-M
Mode de
coopération Tâches de Modèle des activités
coopération
Définition Définition Analyse cognitive des activités
des outils des outils traitement de données
d'automatisation d'assistance
Mesures
Critères Contextes, scenarii Évaluation du système
Spécifications (fonctionnements normaux et
de l'IHM Ergonomiques H-M réel ou simulé
anormaux, coopération H-M)
Mesures à effectuer
(types, méthodes)
Réalisation et intégration Définition des
du système H-M protocoles expérimentaux

Objectifs de l'évaluation

Phase descendante de conception IHM = interface homme-machine

Figure 1 – Démarche méthodologique d’analyse, de conception et d’évaluation de systèmes homme-machine (adaptée de [1] et [50])

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Les besoins en assistance, découlant de l’analyse des tâches déplacements, par exemple pour aller chercher des informations
humaines, ont pour conséquence le choix d’un degré d’automatisa- dans des documents papier ou électroniques), ses stratégies visuel-
tion pour chaque tâche identifiée. Cette analyse conduit en outre les par des méthodes oculométriques, sa charge de travail, etc. De
l’équipe de conception à recenser les différentes situations pour les- nombreuses méthodes d’évaluation sont expliquées dans la
quelles les opérateurs doivent réaliser des tâches spécifiques plus partie 6.
ou moins complexes. Pour chacune des situations, il importe de
choisir les outils et fonctions (gestion d’alarmes, graphiques, statis- Les entrées et les actions des opérateurs, ainsi que leur comporte-
tiques, modules basés sur des méthodes issues de l’intelligence arti- ment gestuel et visuel, sont analysés et si besoin rejoués en différé
ficielle ou de la recherche opérationnelle, etc.) qui aideront la aux opérateurs, afin d’obtenir de leur part des explications complé-
réalisation de ces tâches. Le choix de l’intégration de ces modules mentaires sur leur comportement et ainsi de déduire le raisonne-
dans le système homme-machine influe directement sur le choix ment qui les a conduits à exécuter les actions en réponse aux
des modes de coopération homme-machine. Ces aspects sont trai- informations qui leur étaient présentées. Bien entendu, la mise en
tés dans le chapitre de Patrick Millot dans ce même volume. évidence de ces raisonnements humains doit être éclairée par la
connaissance des ressources cognitives particulières mises en jeu
Les travaux précédents (analyse du procédé et de son système de par chaque opérateur testé. Les données fournies par l’analyse des
commande, analyse des tâches humaines prescrites, choix des activités sont exploitées par la suite pour l’amélioration des condi-
outils d’aide aux tâches humaines, choix des modes de coopération tions de travail des opérateurs et de l’efficacité du système homme-
homme-machine) ont mis en évidence tous les besoins en matière machine.
de fonctions du système de supervision, ainsi que les besoins infor-
mationnels de l’ensemble des intervenants humains (figure 1). Il est Les données ergonomiques résultant de l’analyse des activités
donc possible de passer à la spécification des interfaces homme- des opérateurs doivent permettre d’affiner ou de généraliser les
machine. Celle-ci est traitée en détail dans le paragraphe 4. modèles décisionnels proposés dans le début de l’étape descen-
dante et également le modèle des tâches qui en découle. En ce sens,
La spécification des interfaces conduit à la réalisation du système l’analyse d’activité est au travail réel ce que l’analyse des tâches est
de supervision complet (interfaces et fonctions d’aide spécifiques). au travail prescrit.
À ce sujet, notons que le marché actuel offre un éventail varié
d’environnements graphiques facilitant la réalisation et la modifica- Un second objectif de l’analyse d’activité est de vérifier l’adéqua-
tion d’interface homme-machine en réduisant l’écriture de code et tion des informations présentées par l’interface réalisée, avec les
en permettant la réutilisabilité des programmes (cf. § 5). La réalisa- informations attendues par les opérateurs de supervision et néces-
tion de l’imagerie, de son gestionnaire, ainsi que des modules de saires pour mener leurs raisonnements. Ceci conduit alors à affiner
traitement spécifique d’assistance conduit à un système de supervi- les interfaces, si nécessaire, par exemple si certaines informations
sion prêt pour l’évaluation, faisant l’objet de la section suivante. manquent ou sont mal présentées.

1.2 Phase ascendante d’évaluation 2. Analyse et modélisation


du système homme-machine
du système technique
Dans la phase ascendante de la démarche méthodologique
(figure 1), les critères d’évaluation tiennent compte des performan- L’analyse et la modélisation du système sous l’angle technique
ces du système homme-machine global, exprimées en termes constituent une phase essentielle dans une démarche de conception
d’écart entre la production réelle et les objectifs, et également de cri- et/ou d’évaluation de système homme-machine. Cette phase peut
tères ergonomiques permettant d’évaluer les difficultés rencontrées s’appuyer sur des méthodes d’analyse éprouvées dont certaines
par les opérateurs humains lors de l’exécution de leurs tâches, ainsi sont couramment utilisées en automatique et en sûreté de fonction-
bien en situations normales qu’anormales. La problématique de nement. On distingue deux types de méthodes : (i) les méthodes
l’évaluation rend nécessaire la définition de protocoles expérimen- d’analyse du système en fonctionnement normal, (ii) les méthodes
taux rigoureux. d’analyse du système en fonctionnement dégradé. De telles métho-
D’après MILLOT et DEBERNARD [50], la non-observabilité directe des sont présentées en détail par FADIER [6] et VILLEMEUR [18], de
des paramètres significatifs des difficultés des opérateurs humains même que dans [39]. Nous nous contenterons d’expliquer le prin-
à effectuer les tâches de supervision complique considérablement cipe de plusieurs méthodes couramment utilisées actuellement.
l’évaluation ergonomique et impose d’en construire des observa- Elles mettent en avant la nécessité d’un travail d’équipe et fondent
teurs, à partir : (i) de paramètres directement observables, comme l’analyse du système sur une démarche rigoureuse.
les séquences d’actions effectuées par les opérateurs, (ii) de para-
mètres estimés par des méthodes subjectives comme la charge de
travail, la fatigue, (iii) ou enfin de paramètres estimés à partir d’un
modèle, comme certaines activités cognitives. En réalité, la multipli- 2.1 Méthodes d’analyse du système
cité des paramètres qu’il est nécessaire d’observer ou d’estimer est en fonctionnement normal
liée d’une part à la complexité du comportement humain et d’autre
part, au fait que chacun de ces paramètres n’est pas assez représen-
tatif individuellement et pas assez affiné pour caractériser à lui seul Les méthodes d’analyse en fonctionnement normal ont générale-
l’état du système « opérateur humain exécutant une tâche de ment pour objet de décrire et de comprendre le système technique,
supervision ». Ces paramètres sont évalués à partir de méthodes à la fois sous l’angle structurel (les sous-systèmes, leurs interac-
d’analyse d’activité. tions, les entrées/sorties...), et sous l’angle fonctionnel (la fonction
L’analyse de l’activité humaine nécessite des protocoles expéri- principale, les fonctions secondaires, les fonctions annexes, les
mentaux rigoureux sur plusieurs opérateurs différents, qui consis- interactions fonctionnelles...). FADIER [6] en recense neuf : les Dia-
tent à placer le système homme-machine dans les contextes choisis grammes-Blocs, les Graphes de Fluence, SADT, les Arbres Fonction-
dès le début de l’étape descendante et à mesurer et enregistrer les nels, MERISE, FAST (Fonctionnel Analyse Système Technique), D.
performances du système homme-machine, les entrées (informa- En (Direction des Engins), APTE (APplication des Techniques
tions délivrées par l’interface) et les sorties (actions) de chaque opé- d’Entreprise) et ASA (Analyse Structurée pour Automate). Nous
rateur, mais également son comportement gestuel (ses décrivons ici brièvement une méthode représentative pour cette

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FADIER [6] recense huit méthodes de ce type :


Système Niveau général
global — l’Analyse Préliminaire des Risques (et/ou Dangers) ;
— l’AMDE(C) (Analyse des modes de Défaillances, de leurs Effets,
et Criticité) ;
— HAZOP (Analyse opératoire des dangers) ;
— les Arbres d’Événements ;
— les Arbres de Défaillances ;
— les Diagrammes Causes-Conséquences;
— les Graphes de Markov ;
— et les Réseaux de Pétri.
Nous en présentons brièvement deux, reconnues comme les plus
représentatives et les plus utilisées actuellement : l’AMDE (et une
Niveaux de plus en
plus détaillés méthode qui en est dérivée : l’AMDEC) et les Arbres de Défaillances.

Figure 2 – Décomposition hiérarchique modulaire descendante


d’un système 2.2.1 Méthode AMDE

La méthode AMDE (Analyse des Modes de Défaillances et de


étape, SADT, que nous retrouverons d’ailleurs par la suite en 3.1.1, leurs Effets) est une méthode inductive (ou ascendante) conçue
en tant que méthode de modélisation de tâches humaines. dans les années 1960 pour l’aéronautique américaine dans un but
d’analyse de la sécurité des avions. Cette méthode est maintenant
Issue de D.T. ROSS, SADT (pour : « Structured Analysis and très largement employée dans de nombreux domaines industriels.
Design Technique », traduit par « Analyse Structurée et Technique À partir d’un recensement des défaillances susceptibles d’affecter
de Conception ») est une technique d’analyse fonctionnelle particu- un système, elle permet d’évaluer les effets de chaque mode de
lièrement adaptée à l’analyse des systèmes automatisés. Elle con- défaillance des composants du système sur les différentes fonctions
naît actuellement un essor certain et fait l’objet de nombreuses de celui-ci, et d’identifier les modes de défaillance ayant des consé-
applications au niveau international (Cf. [9]). quences sur la disponibilité, la production, la fiabilité, la maintenabi-
Plusieurs concepts fondamentaux sont à la base de SADT. Avant lité ou la sécurité du système. Il est ainsi mis en évidence pour
tout, une analyse par SADT d’un système technique permet d’en chaque mode de défaillance, les causes, les effets, les moyens de
construire un modèle. Dans un but de meilleure compréhension du compensation existants.
système, il est possible de construire plusieurs modèles respectant D’après VILLEMEUR [18], on peut distinguer quatre étapes lors de
différents points de vue humains : le point de vue du concepteur, de la réalisation d’un AMDE. La première étape consiste en la définition
l’utilisateur, des opérateurs de contrôle, des techniciens de mainte- du système, de ses fonctions et de ses composants : chacun des
nance, etc. Cette analyse du système est descendante, modulaire, états de fonctionnement (en fonctionnement, en attente, en test, en
hiérarchique et structurée. Le principe de décomposition d’un sys- maintenance...) est recensé, ainsi que les différentes fonctions, les
tème en diagrammes est visible sur la figure 2. limites du système et de ses composants, etc. La seconde étape vise
SADT permet la séparation du QUOI et du COMMENT en fournis- l’établissement des modes de défaillances des composants et de
sant une description fonctionnelle d’un système indépendamment leurs causes : celui-ci s’effectue à partir de chacun des états de fonc-
des diverses solutions envisageables pour sa réalisation. Dans ce tionnement du système recensés préalablement. Cette étape pourra
but, le système peut être modélisé selon deux aspects : les compo- s’appuyer sur des listes guides de modes de défaillances actuelle-
sants du système (à l’aide de datagrammes) et les activités humai- ment existants (par exemple celle de la norme AFNOR). Les causes
nes, matérielles et logicielles (à l’aide des actigrammes). Ainsi, seront internes ou externes au système. La troisième étape a pour
SADT tire parti des avantages du graphique pour décrire le procédé objet l’étude des effets des modes de défaillances des composants :
en plusieurs niveaux et en montrer les relations. Sa syntaxe est sim- il est nécessaire d’étudier et d’évaluer de manière systématique les
ple, fondée sur des principes de « lecture rapide », et facilement effets de chaque mode sur les fonctions du système et de ses
assimilable. De plus, cette méthode favorise un travail d’équipe : les composants. Les résultats de ce travail sont centralisés dans un
résultats peuvent facilement être mis en évidence à l’aide du forma- tableau à colonnes. Il en existe plusieurs variantes, utilisées dans les
lisme SADT. Enfin, SADT incite à consigner par écrit les choix effec- différents domaines industriels. VILLEMEUR donne à titre d’illustra-
tués. Chacun des documents au format SADT peut ensuite être tion un tableau à neuf colonnes utilisée par Électricité de France
consulté, revu et corrigé. À ce sujet, il n’est pas étonnant que SADT dans le domaine nucléaire (figure 3). Enfin, la quatrième étape
soit qualifiée de « langage pour communiquer des idées ». exploite les travaux précédents pour mener à des conclusions et des
recommandations : par exemple, à partir des données recensées
dans le tableau, on peut s’assurer que toutes les défaillances pos-
sibles ont été considérées lors de la conception, on peut mettre en
2.2 Méthodes d’analyse du système évidence les défaillances principales et secondaires, souligner des
en fonctionnement dégradé besoins en dispositifs supplémentaires ou redondants, juger si les
moyens de détection, d’évaluation et de compensation des
défaillances sont adaptés, recenser les procédures de reprise ou de
correction de défaut, etc.
Les méthodes d’analyse du système en fonctionnement dégradé
(et/ou des défaillances du système) ont deux objectifs communs : La méthode AMDEC (Analyse des modes de défaillance, de leurs
effets et de leur criticité) découle directement de la méthode AMDE.
(a) recenser les modes de fonctionnement dégradé du système,
Elle a été largement employée dans de nombreux domaines indus-
par l’identification des différentes configurations susceptibles
triels (nucléaire, chimie, aéronautique...). Elle ajoute à l’AMDE clas-
d’affecter sa mission, son intégrité, sa performance et son environ-
sique une analyse de la criticité qui a pour objectif l’évaluation, pour
nement : ces configurations prennent souvent la forme d’une liste
chacun des modes de défaillance, de la probabilité d’apparition
de défaillances, associées à leurs combinaisons, leurs causes et
d’une défaillance et de sa gravité sur le système. Les méthodes
leurs conséquences,
AMDE et AMDEC offrent particulièrement les intérêts d’entraîner
(b) éliminer ou au moins tenter de réduire la fréquence d’appari- une confrontation des points de vue de tous les intervenants impli-
tion de ces défaillances, ainsi que l’ampleur de leurs conséquences. qués dans l’étude du système et de ses défaillances, ainsi que de

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ANALYSE DES MODES DE DÉFAILLANCES DES COMPOSANTS


ET DE LEURS EFFETS SUR LE SYSTÈME
PROJET :
DOCUMENT DE RÉFÉRENCE :
SYSTÈME :

Identification Fonctions, Modes de Causes Effets sur Effets Moyens Fréquence Observations
du composant états défaillances possibles le système sur les de des
(Repères, d'une systèmes détection inspections
désignation, défaillance externes ou essais
type, lieu) (Causes :
internes,
externes)

Figure 3 – Exemple de tableau AMDE (issu de [18])

faciliter une analyse fine et rigoureuse orientée par les priorités et


les fonctions du système. Cependant, d’après FADIER, leur mise en Moteur 14
non alimenté
œuvre peut être lourde pour des systèmes complexes, elles ne
permettent pas de prendre en compte les combinaisons de
défaillances, et ne facilitent pas l’analyse des dysfonctionnements
du système opérateur-tâche.

Tension T3 Problème
2.2.2 Arbre des défaillances nulle en d'enclenchement
entrée par l'opérateur

La méthode de l’Arbre des Causes est une méthode déductive (ou


descendante), encore appelée méthode de « l’Arbre de
Défaillances », « l’Arbre des Défauts » ou « l’Arbre des Fautes ». Elle
a été développée en 1961-62 au sein de la société Bell Telephone et Pas Problème Nécessité Commande
a ensuite été utilisée avec succès dans le domaine aérospatial. d'alimentation d'alimentation d'enclenchement manuelle
Depuis, cette méthode est largement répandue dans de nombreux en amont générale non établie défectueuse
domaines industriels pour l’analyse de la fiabilité, de la disponibilité
et de la sécurité des systèmes. Son objectif consiste à décrire gra- etc. etc. etc. etc.
phiquement au moyen d’une structure arborescente un enchaîne-
ment causal, en partant d’un événement indésirable unique et en Symbole de la porte OU
recherchant, le plus en amont possible, ses causes possibles,
figure 4. Figure 4 – Exemple d’arbre des causes conduisant à une défaillance

Selon VILLEMEUR, la démarche de construction d’un arbre des


causes consiste à : (i) définir un événement indésirable, (ii) définir
que celui-ci est en fonctionnement dégradé (celles-ci étant d’ailleurs
selon différents niveaux les combinaisons d’événements condui-
largement utilisées en maintenance et en sûreté des systèmes).
sant à l’événement indésirable, (iii) rassembler les combinaisons
d’événements à l’aide de portes logiques, (iv) représenter chaque Les résultats obtenus en terme de modélisation serviront de base
événement par un rectangle dans lequel est inscrit un libellé le décri- de travail et de dialogue pour la mise en évidence des tâches
vant. Cette méthode d’analyse comporte de nombreux avantages, humaines qui seront nécessaires vis-à-vis des différentes situations
tels que le fait de pouvoir s’appliquer à la majorité des systèmes, ou possibles, normales et anormales, et ceci pour l’ensemble des inter-
de permettre l’identification de toutes les causes humaines et tech- venants impliqués dans le système homme-machine.
niques conduisant à une défaillance, ainsi que de leurs combinai-
sons. Les décisions en matière de conception ou d’amélioration n’en
sont alors que facilitées.
Cependant, FADIER [6] met en avant trois inconvénients majeurs : 3. Analyse et modélisation
(i) elle ne tient pas compte de l’évolution temporelle des événe-
ments du système (on pourra alors lui associer avantageusement
des tâches humaines
d’autres méthodes, telles que les réseaux de Petri, cf. 3.1.1), (ii) pour
des systèmes très complexes l’identification de séquences de
et des intervenants
défaillances peut s’avérer difficile, (iii) cette méthode ne permet humains
pas de traiter des systèmes réparables présentant des stratégies
complexes de maintenance.
L’analyse et la modélisation des tâches humaines d’une part, et
des différents intervenants humains impliqués dans le système
homme-machine d’autre part, sont étroitement liées, les limites et
2.3 Conclusion ressources cognitives et physiques des intervenants humains con-
tribuant directement à leur efficacité et à leur fiabilité vis-à-vis des
tâches à accomplir (cf. [10]). Dans un but de clarté, ces notions ont
Il existe une grande variété de méthodes d’ingénierie utilisables été séparées en deux sous-parties successivement commentées, en
pour l’analyse et la modélisation d’un système technique, d’une part nous focalisant sur un type particulier d’intervenants : les opéra-
lorsque celui-ci est en fonctionnement normal, et d’autre part lors- teurs humains présents dans les salles de contrôle de procédé

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— les connaissances des spécialistes des facteurs humains : ils


Analyse sont familiers des exigences physiques et cognitives, ainsi que des
(1) Mise à jour d'un système
existant pour aboutir Système de tâche Nouveau limites et des ressources théoriques d’opérateurs réalisant une
à un nouveau système existant système tâche donnée dans un environnement socio-technique. Ils sont donc
d’un apport précieux lors de l’analyse et de la modélisation des
tâches humaines ;
Analyse
Système 1 de tâche — les connaissances des ingénieurs concepteurs : ils apportent
(2) Création d'un nouveau leurs connaissances liées aux méthodes et outils de développe-
système à partir d'autres ... Nouveau
système ment. Ils doivent en outre faciliter la liaison entre les données
systèmes déjà existants
recueillies et leur modélisation.
Système n
Notons que, comme il a été suggéré lors de la présentation de la
démarche méthodologique globale, le fait de construire un modèle
Pas de Analyse
de tâche des tâches prescrites et un modèle des activités possède l’avantage
(3) Système entièrement système Nouveau de faciliter la comparaison de ces deux modèles. Il est alors possible
à concevoir existant système
de mettre le doigt sur des dysfonctionnements, des oublis, des
sources d’erreur, et donc d’en déduire un ensemble de spécifica-
tions visant en particulier l’aménagement des interfaces homme-
Figure 5 – Cas-types d’analyse de tâche (d’après [63]) machine et des outils d’assistance. Dans le cas d’un fonctionnement
anormal du système, l’analyse des tâches humaines (suivie d’une
modélisation rigoureuse) peut faciliter la détermination des parades
industriel. Toutefois, le passage d’une notion vers l’autre sera sou- à mettre en place pour compenser ce fonctionnement anormal, ces
vent sous-jacent. parades pouvant être confiées aux opérateurs au travers de l’inter-
face homme-machine. Il devient clair que l’analyse et la modélisa-
tion des tâches humaines doivent jouer un rôle essentiel dans le
processus de développement, ce qui est loin d’être pratiqué
3.1 Analyse et modélisation des tâches aujourd’hui dans les entreprises.
humaines ■ Dans un tel cadre pluridisciplinaire, l’analyse peut s’effectuer à
l’aide de techniques variées : analyse de documents, question-
naires, observations et analyses de protocoles sur site de situations
L’importance accordée à l’analyse et la modélisation des tâches de travail, complétées par des verbalisations durant des entretiens
humaines est grandissante, conduisant à des recherches actives avec les différents intervenants du processus de développement...
depuis plusieurs années en ingénierie et dans les sciences cogni- Ainsi, l’analyse consiste à recenser des données subjectives et
tives, et ceci dans un but de développement d’applications interac- objectives relatives aux différentes tâches, à leur déroulement, à
tives. La figure 5 rappelle trois cas-types où l’analyse de tâche est leurs contraintes, aux besoins des utilisateurs pour les réaliser, etc.
particulièrement importante : Le lecteur trouvera dans différentes disciplines des méthodes contri-
(1) L’analyse de tâche pour la mise à jour d’un système homme- buant à l’analyse des tâches humaines, notamment en automatique
machine existant est toujours très fructueuse. Dans le cas où les humaine, en informatique ; dans les sciences cognitives, et particu-
opérateurs humains sont présents et disponibles, ils peuvent appor- lièrement en ergonomie et en psychologie du travail, de telles
ter leur connaissance et leur expérience sur celui-ci ; méthodes sont maîtrisées depuis longtemps. La notion d’analyse de
(2) Lorsque le système homme-machine à concevoir doit résulter la tâche, ainsi que des méthodes opérationnelles ou des points de
de plusieurs systèmes déjà existants, il est souvent avantageux repère, sont expliquées dans de nombreux ouvrages (cf. par exem-
d’analyser ceux-ci dans le but de déduire des informations réutilisa- ple [2], [17], [19] ou [66]). DANIELLOU [4], quant à lui, donne des
bles pour le nouveau système ; orientations et des recommandations pour l’analyse de l’activité
(3) Lorsque le nouveau système homme-machine est entièrement future probable des utilisateurs. Il faut noter également que cer-
à concevoir, et qu’il n’existe pas d’autre système de référence, taines données peuvent être recueillies à l’aide des techniques
l’identification des tâches est essentielle. Cependant, il s’agit de voir d’acquisition de connaissances usitées en intelligence artificielle.
dans cette démarche un processus de conception de tâches plutôt Pour la description de ces techniques, le lecteur se référera par
que de description. exemple à [22]. On retiendra aussi un article de synthèse de
BENYSH et al. [28] qui recense ces techniques en les mettant en rap-
Il s’agit d’abord de positionner l’analyse et la modélisation des port avec la conception d’interface homme-machine.
tâches humaines en tant que travail d’équipe. En effet, au niveau de
l’analyse de tâches humaines, une collaboration étroite et pluridisci- Toutes les données recueillies lors de l’analyse des tâches pour-
plinaire est particulièrement nécessaire entre différents intervenants ront faire l’objet d’une modélisation, en vue d’en tirer des recom-
du processus de développement du système homme-machine. mandations pour la conception ou l’aménagement du système
Dans les systèmes industriels complexes en particulier, quatre types homme-machine. Plusieurs méthodes sont applicables pour modé-
de connaissances s’avèrent particulièrement complémentaires : liser les différentes tâches à effectuer par les opérateurs, et faciliter
ainsi l’analyse des besoins informationnels et la spécification des
— les connaissances des opérateurs : elles se basent sur la pra-
interfaces homme-machine et des outils d’aide. Deux d’entre elles
tique et l’expérience de différentes situations de supervision du sys-
seront données à titre d’exemple : la première est basée sur deux
tème complexe. Ils connaissent l’efficacité de certaines interven-
méthodes bien connues en ingénierie (SADT couplée aux réseaux
tions, et ont déjà dans le meilleur des cas utilisé différents outils
de Petri), la seconde appelée MAD propose une description des
d’assistance en salle de contrôle. Ils sont donc théoriquement en
tâches selon des concepts facilement maîtrisables.
mesure de recenser une grande partie des tâches qui leur ont été
assignées et d’en décrire les contraintes ;
— les connaissances des ingénieurs de production et/ou de
maintenance : ils connaissent les installations, leur fonctionnement,
3.1.1 Méthode de modélisation basée
leur comportement, leurs composants et les influences entre varia- sur l’utilisation conjointe de SADT
bles. Ils sont capables de recenser certaines informations utiles aux et des réseaux de Petri
opérateurs et de contribuer à la définition des modes opératoires via
l’interface homme-machine, et des tâches humaines qui en décou- Cette méthode a été développée au LAMIH, pour répondre initia-
lent ; lement à un besoin d’analyse de tâches humaines de contrôle du

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trafic aérien (cf. [1]), selon une approche d’automatique humaine


centrée sur l’homme. Cette méthode reposant sur une décomposi-
tion hiérarchique descendante de plus en plus précise, à l’aide P1 : Début du traitement
d’actigrammes SADT, il est possible de décrire l’enchaînement des
tâches, les données en entrée, en sortie, celles contrôlant la tâche, P1 P2 : Identifier le message d'arrivée
Avis de
ainsi que les mécanismes ou supports d’activité exprimant les circulation P3 : Appeler la procédure de
moyens utilisés pour exprimer la tâche. t1
création d'une nouvelle circulation
À l’aide de SADT, il n’est pas possible de représenter la compo- P2
P4, P5, P6 : Remplir les données
sante dynamique des tâches, c’est pourquoi l’utilisation des réseaux t2 P7 : Valider la circulation ainsi créée
de Petri s’avère indispensable et complémentaire de SADT. La des- P3
cription sous la forme de réseau de Petri intervient lorsque le niveau t3 t5 t1 : Début du traitement
de description sous la forme de SADT est suffisamment fin pour Avis de t2 : Fin de l'identification du message
faire apparaître une tâche exécutable par l’opérateur humain. Un manœuvre P4 P6 t3 : Appel de « création de
P5
circulation facultative »
exemple de description à l’aide d’un réseau de Petri d’une tâche ter- t4 : Appel de « création de circulation
t6
minale de supervision d’un réseau ferroviaire est visible en figure 6. de remplacement »
Cette méthode a été utilisée et validée lors de plusieurs projets P7 t5 : Appel de « création de
industriels. circulation de manœuvre »
t7 t8 t6 : Fin d'insertion des données
t7 : Validation refusée par la base
PCA non t8 : Validation acceptée par la base
3.1.2 Méthode de modélisation des tâches disponible
humaines basée sur MAD Vers Dynamiser PCA
Vers procédure de suppression PCA
Issue de travaux menés à l’INRIA [59], MAD (Méthode Analytique
de Description) vise la description de tâches humaines dans un but Utilisateur Calculateur
de meilleure prise en compte de l’ergonomie dans la conception
d’interfaces homme-machine. Les principaux concepts introduits
Figure 6 – Extrait d’une modélisation par SADT/Réseaux de Pétri
dans le formalisme MAD sont ceux de tâche, d’action et de struc-
d’une tâche humaine (issu du [27])
ture. Le concept de tâche est représenté par un objet générique
appelé objet-tâche et composé d’un état initial, d’un état final, d’un
but, des préconditions et des postconditions.
a d’abord été testée sur des tâches de bureau pour ensuite être utili-
L’objet-tâche est la racine de deux sous-classes, la classe « tâche-
sée pour décrire des tâches plus complexes, de contrôle de la navi-
élémentaire » et la classe « tâche-composée ». La « tâche élémen-
gation aérienne par exemple.
taire » est une tâche indécomposable, dont le niveau opérationnel
est caractérisé par un objet-méthode de type simple, c’est-à-dire une
action. La tâche composée est une tâche dont le niveau opérationnel
est défini par une structure décrivant le corps de la tâche. Le concept 3.1.3 Conclusion sur l’analyse et la modélisation
de structure est représenté par un objet générique caractérisé par un des tâches humaines
constructeur décrivant l’agencement des différentes tâches impli-
quées et les arguments du constructeur. Ainsi, plusieurs construc-
teurs ont été définis, tels que : SEQ : tâche séquentielle, PAR : tâches D’autres méthodes connues auraient aussi pu être décrites.
parallèles, ALT : tâches alternatives, BOUCLE : tâches itératives et Par exemple GOMS (Goal, Operator, Method, Selection), définie
FAC : tâches facultatives. par CARD et al. [32], permet de modéliser le comportement de l’uti-
La figure 7 donne le principe de description d’une tâche humaine lisateur d’un logiciel, à différents niveaux d’abstraction, depuis la
dans le domaine du contrôle aérien. Sur la partie gauche apparaît la tâche jusqu’aux actions physiques en termes de buts, d’actions élé-
décomposition sous forme d’arbre de la tâche « Gérer la position », mentaires, de méthodes pour réaliser un but et de règles de sélec-
alors que sur la partie droite apparaît sa description. Cette méthode tion de méthodes.

5.1
Recueil Tâche : Gérer la position
SEQ d'informations
5 5.2.1 État initial : environnement contrôlé
Gérer la Prévenir
position État final : position contrôlable en
toute sécurité
5.2
Prendre une But : en fonction de la charge
décision SEQ de trafic gérer au mieux
les positions de contrôle
Ne rien faire, boucle
ALT Précondition : –
sur Gérer la position 5.2.2
Restructurer Restructurer Postcondition : Gérer les priorités
le secteur le secteur ALT

Extrait de l'arbre hiérarchique des objets-tâches Extrait de la description de la tâche


« Gérer la position »

Figure 7 – Extrait d’une modélisation par MAD de tâches humaines (issue de [37])

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TOOD (Task Object Oriented Description) propose un principe de monde, telle qu’elle est captée par les systèmes sensoriels. Ce
description des tâches humaines dans un but de spécification objet registre est capable de contenir l’image pendant 200 ms environ.
des interfaces homme-machine [48]. L’information constituant l’image est à l’état brut et ne peut pas être
modifiée par des mécanismes cognitifs. Elle disparaît donc inexora-
Notons aussi le symbolisme proposé avec la méthode MERISE
blement quelle que soit la volonté de l’individu à la maintenir dans
débouchant sur une description statique des tâches [34] ou encore
le registre. La mémoire à court terme permet de retenir, pendant
la méthode DIANE [24], basée sur MERISE, permettant de formaliser
plusieurs secondes, une interprétation immédiate des événements,
le dialogue homme-machine à partir d’enchaînements et de déclen-
constituant une synthèse et une structuration des informations
chements de procédures, de tâches et d’opérations. Chacune des
contenues dans le registre de l’information sensorielle. On admet
méthodes propose une description hiérarchique, dans laquelle les
selon cette approche que la capacité de cette mémoire est limitée et
sous-tâches peuvent être individuellement décrites.
ne permet de traiter qu’un nombre limité d’items, variant selon les
L’analyse et la modélisation des tâches humaines constitue une individus de 5 à 9, selon la formule « magique » de MILLER [49] :
étape essentielle dans le développement de systèmes homme- 7 ± 2 . La mémoire à long terme est constituée par une organisation
machine, en facilitant par la suite l’analyse des besoins et la spécifi- complexe de connaissances, composée de schémas cognitifs. Sa
cation de l’interface et de modules d’aide adaptés. C’est par une capacité est pratiquement illimitée. Bien entendu, il peut survenir un
démarche pluridisciplinaire que cette étape trouvera toute son effi- phénomène d’oubli ou de déformation de certaines informations,
cacité. Dans la démarche d’analyse des tâches, l’analyse et la modé- celui-ci n’étant pas dû à la capacité de la mémoire humaine, mais à
lisation cognitive des opérateurs ont été sous-entendues. Il est donc l’organisation et à l’encodage de ces informations dans la mémoire.
intéressant de plus la détailler, en se basant sur des tentatives de Exploitant les recherches menées en psychologie cognitive, plu-
modélisation existantes. sieurs modèles IA, symboliques ou connexionnistes, de la mémoire
humaine ont été réalisés. Le plus connu est sans doute « The Human
Processor Model » (figure 8), qui s’intéresse surtout aux aspects
temporels de l’interaction homme-machine, dans le but de com-
3.2 Analyse et modélisation cognitive prendre et de prévoir les performances du système homme-
des opérateurs humains machine. Selon le modèle, l’utilisateur d’un logiciel est représenté
par un système de traitement d’informations régi par des règles, et
qui comprend un ensemble de mémoires et de processeurs inter-
Afin d’assister efficacement les opérateurs humains et améliorer connectés. Chaque mémoire est caractérisée particulièrement par
ainsi l’efficacité et la fiabilité du système homme-machine, il s’agit trois paramètres : sa capacité, sa persistance (ou durée de vie) et le
d’analyser puis de modéliser leurs caractéristiques, leur manière de type d’information mémorisée. Les informations stockées sont
travailler, de raisonner, d’agir. Ce travail est réservé aux spécialistes exploitées et mises à jour par des processeurs extérieurs. Ensuite,
des facteurs humains, et doit déboucher sur une banque de données chaque tâche peut être décomposée en opérations élémentaires.
qui sera considérée lors de la spécification et de l’évaluation des Ces opérations sont ensuite mises en relation avec les besoins
moyens interactifs mis à la disposition des opérateurs en salle de potentiels humains en matière de mémorisation, ce qui conduit à
contrôle. identifier des besoins en assistance.
Il s’agit d’effectuer une classification par fonction (ou rôle) des dif- ■ Dans les sciences cognitives, cette approche de modélisation est
férents intervenants concernés directement ou non par ces systè- progressivement abandonnée au profit de la notion de mémoire de
mes interactifs. Chacun de ces intervenants pourra ensuite être travail. Celle-ci a été précisée par les travaux de BADDELEY et HITCH
caractérisé par son niveau de formation, ses connaissances et son [22] : ceux-ci ont montré qu’un sujet peut maintenir un certain
expérience débouchant sur des manières d’appréhender le procédé nombre d’items en mémoire à court terme (jusqu’à six éléments)
suivant les différentes situations de fonctionnement, normales ou tout en réalisant des opérations cognitives complexes telles que des
anormales. Pour ces situations, leurs objectifs et critères de décision opérations d’apprentissage, de compréhension ou encore la mise
et d’intervention devront être connus. En considérant que les fonc- en œuvre de raisonnements. Ces résultats ne sont donc pas compa-
tions du système d’assistance doivent être adaptées aux processus tibles avec le modèle précédent. Cette constatation a conduit à la
de raisonnement mis en œuvre par les opérateurs, l’identification de proposition d’un ensemble de modèles, symboliques ou connexion-
ces processus est nécessaire. Celle-ci peut s’appuyer sur des tenta- nistes. Par exemple, un des plus connus est le modèle symbolique
tives de modélisation, recensées dans la littérature depuis plus de ACT* (Adaptive Control of Thought) proposé par ANDERSON [21].
vingt ans. Certaines d’entre elles sont successivement résumées ci- La mémoire de travail, où sont représentées la situation courante et
dessous. l’issue des traitements, est en relation avec une mémoire perma-
nente déclarative et une mémoire permanente de nature
procédurale : (1) la mémoire permanente déclarative stocke des
3.2.1 Tentatives de modélisation de la mémoire informations factuelles ou conceptuelles dans un réseau séman-
humaine tique et sous un format variable, par exemple des images, des
séquences ou des propositions ; (2) la mémoire permanente de
Pour effectuer leurs tâches, les opérateurs en salle de contrôle ont nature procédurale stocke des procédures dont un modèle peut être
de multiples occasions d’utiliser leur mémoire, par exemple pour des règles de production. Ces procédures sont ensuite appliquées
prévoir l’influence d’un changement de consigne sur une variable aux contenus de la mémoire de travail. Ces applications peuvent
par la connaissance du temps de réponse de celle-ci, mettre en engendrer de nouvelles connaissances déclaratives, créer d’autres
œuvre une procédure, constituée de différentes sous-tâches règles de production ou modifier d’anciennes règles.
séquentielles et/ou parallèles, appréhender le déroulement d’un
cycle de fonctionnement du système, utiliser dans le raisonnement ■ On retrouve désormais de tels principes de modélisation dans la
des valeurs de variables qui viennent d’être lues, etc. Deux appro- plupart des modèles actuels. Quelques exemples sont donnés plus
ches de modélisation de la mémoire humaine issues des sciences loin. Quelle que soit l’approche de modélisation utilisée, les limita-
cognitives sont successivement décrites. tions liées aux caractéristiques de la mémoire humaine ont des
répercussions directes sur l’ergonomie des interfaces homme-
■ Selon une première approche, on considère que la mémoire machine et des outils d’aide mis à la disposition de leurs utilisa-
humaine est composée de trois systèmes de stockage de l’informa- teurs : d’une manière générale, une interface homme-machine est
tion : le registre de l’information sensorielle, la mémoire à court conçue comme un prolongement de la mémoire à court terme de
terme et la mémoire à long terme [46]. Le registre de l’information l’utilisateur [29]. De plus, elle peut faire office de mémoire à long
sensorielle conserve une image assez précise et complète du terme annexe de l’utilisateur, par exemple en centralisant et en ren-

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Mémoire à long terme

Durée de vie : infinie


Capacité : infinie
Codage : sémantique

Mémoire à court terme Processeur cognitif


Durée de vie : 7 s Temps de cycle : 70 ms
Capacité : 5 à 9 items
Codage acoustique ou visuel

Visuelle Auditive
Processeur moteur
Durée de vie : 200 ms Durée de vie : 1 500 ms
Capacité : 17 lettres Capacité : 5 lettres Temps de cycle : 70 ms
Codage : physique Codage : physique

Processeur perceptif

Temps de cycle : 100 ms

Figure 8 – Un modèle de la mémoire humaine (selon [32], adapté par [29])

dant facilement disponibles les procédures de correction ou de « L’échelle de décision » offre un bon cadre pour analyser le
reprise de défaut utilisables suite à l’apparition d’un dysfonctionne- comportement cognitif de l’homme et proposer en conséquence
ment dans le système. À partir de ces constatations, de nombreuses une interface homme-machine adaptée à chaque type de comporte-
recommandations ergonomiques peuvent être formulées, par ment suivi. « L’échelle de décision » de RASMUSSEN a d’abord été
exemple : « l’interface ne doit pas présenter des informations inu- considérée comme un modèle, puis de plus en plus comme une
tiles à la tâche en cours de réalisation, car elles limitent la capacité architecture cognitive générique, produisant une classe de modèles.
de travail et l’efficacité de l’utilisateur » (voir à ce sujet le chapitre de Ce cadre a souvent été critiqué pour ses aspects réducteurs, dans la
Jean-Claude ROUHET dans ce volume). De telles recommandations mesure où il ne reflète pas la dynamique de la résolution de pro-
peuvent être trouvées parmi des centaines d’autres dans les guides blème, en étant trop linéaire, trop figé. Notons à ce sujet que des
d’ergonomie des logiciels mis de plus en plus à la disposition des recherches sont menées actuellement au niveau international dans
concepteurs, cf. § 4.2. le but de proposer une modélisation (plus réaliste d’un point de vue
temporel que celle de RASMUSSEN) du diagnostic et de la prise de
décision dans les situations dynamiques (cf. par exemple [44]).
3.2.2 Tentatives de modélisation des activités
humaines 3.2.2.2 Théorie de l’action de Norman
La théorie avancée par NORMAN, quant à elle, introduit la notion
Les deux approches de modélisation des activités humaines les de modèle conceptuel et explique les différentes étapes cognitives
plus couramment considérées actuellement sont certainement nécessaires à la réalisation d’une tâche exécutée à l’aide d’un sys-
celles proposées par RASMUSSEN [14] et NORMAN [52], représen- tème informatique. Le modèle conceptuel correspond à une repré-
tatives de deux écoles de pensée, l’une européenne, et l’autre amé- sentation mentale en terme de variables dites psychologiques : à
ricaine. Malgré leurs limites, elles ont permis à de nombreux chaque concept, unité de connaissance ou sujet d’intérêt correspon-
développeurs de systèmes interactifs de prendre conscience d’un dra une variable psychologique. La théorie de l’action comporte
ensemble de notions, issues de la psychologie, relatives aux interac- sept étapes :
tions homme-machine. (1) L’établissement d’un but : un but est une représentation men-
tale de l’état du système que l’opérateur souhaite atteindre, et ceci
3.2.2.1 Échelle de décision en agissant sur des dispositifs de commande ;
RASMUSSEN a proposé un cadre, appelé « échelle de décision » (2) La formulation d’une intention : celle-ci correspond à la déci-
(decision ladder), illustrant la démarche générale de résolution de sion d’agir afin d’atteindre un but préétabli ;
problème suivie par un opérateur humain. « L’échelle de décision » (3) L’adoption par l’opérateur d’un plan d’action : elle correspond
de RASMUSSEN comprend plusieurs étages séquentiels de traite- à la représentation psychologique de l’ensemble des actions et de
ment d’informations, figure 9 : la détection d’événement anormal leur ordonnancement que l’utilisateur doit exécuter au moyen des
met l’utilisateur en état d’alerte, suite à l’apparition d’une alarme ou dispositifs physiques, et ceci dans le but d’atteindre son objectif ;
par l’observation de l’évolution anormale d’une ou plusieurs varia- (4) L’exécution du plan d’action : le plan est mis en application en
bles ; l’évaluation de la situation consiste pour l’opérateur à obser- agissant sur le système. Celui-ci est donc modifié ;
ver l’ensemble des informations utiles de façon à identifier l’état du
système ; compte tenu de l’état précédemment identifié et des (5) La perception du nouvel état du système : l’opérateur constate
objectifs assignés à l’utilisateur, celui-ci définit une stratégie géné- un ensemble de changements survenus sur le système ;
rale de correction, qu’il décompose ensuite en tâches, puis en pro- (6) L’interprétation de la modification des variables physiques en
cédures d’actions ; le dernier étage concerne l’exécution des termes psychologiques : elle aboutit à une représentation mentale
actions. du nouvel état du système ;

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Évaluation en relation Buts


avec les contraintes
du système Activité de
traitement

distance d'évaluation
distance d'exécution
d'information
Intention Évaluation
Ambiguïté But final
Activité
États de mentale
connaissance
Interprétation résultant d'un Spécification Interprétation
des conséquences traitement d'action
pour la tâche courante, d'information
la sécurité, l'efficacité, etc.

Exécution Perception
État du But
système cible
Activité
physique
Identification
de l'état actuel Définition
du système de tâche Opérateur en salle de contrôle

Ensemble Tâche
d'observations

Formulation de
Observation procédure ;
d'information planification de
et de données Système industriel complexe
séquence d'actions

Figure 10 – Les étapes de la théorie de l’action dans un contexte


Alerte Procédure de supervision (adapté de [52])

Activation ; Exécution ;
détection de coordination de bles psychologiques du monde virtuel et les variables physiques du
besoin d'action manipulations monde réel ainsi que l’établissement d’associations entre les varia-
bles physiques et les dispositifs de supervision. Cette mission est
Figure 9 – « L’échelle de décision » [14] confiée au concepteur qui doit en conséquence établir explicitement
ces relations, gages de qualité en définitive pour l’interface homme-
machine.
(7) La comparaison entre l’état du système avec le but préétabli et
les intentions formulées : elle peut conduire à la poursuite du plan D’autres précieux enseignements pourront être tirés des tenta-
ou à sa modification. tives d’informatisation de modélisations cognitives. Par exemple,
MESSAGE [30] modélise le comportement du pilote et du copilote
En fait, l’activité d’un opérateur ne se ramène pas à une simple d’un Airbus A 310. CES [69] et COSIMO [31] simulent des prises de
exécution séquentielle des étapes citées : ces dernières peuvent décision humaines dans des tâches de résolution de problème en
apparaître dans un ordre différent, certaines peuvent ne pas être salle de supervision.
exécutées, et d’autres peuvent être répétées. Il peut être instructif de
discuter de cette théorie vis-à-vis de la réalisation de tâches humai-
nes dans une salle de supervision, figure 10. En cas d’apparition 3.2.2.3 Utilisation des modèles
d’un défaut, l’opérateur interprète et évalue la situation de fonction-
nement du système. Puis, en fonction des buts opératoires, il traduit Toutes ces approches de modélisation constituent une source
ses intentions en une suite d’actions qu’il exécute. On distingue précieuse d’enseignement et de réflexion pour les concepteurs des
donc bien dans cette interaction les variables physiques, correspon- interfaces homme-machine et des outils d’assistance. En effet, elles
dant à des variables du système (température, pression...) et les permettent de mieux positionner et comprendre les besoins de l’uti-
variables psychologiques à partir desquelles il évalue la situation de lisateur pour les différentes tâches qu’il a à accomplir, et ceci dans
fonctionnement. L’opérateur est par conséquent amené à traduire les différentes situations, normales et anormales, du système. Par
dans un premier temps les variables physiques en variables psycho- exemple, en s’inspirant de la figure 9, il est possible de mettre en
logiques et cela dans un but d’évaluation de la situation. Dans un évidence sur le modèle de résolution de problème proposé par RAS-
second temps, la traduction des variables psychologiques en varia- MUSSEN les différents types de modules d’aide qui pourront éven-
bles physiques lui permet de spécifier les actions à mettre en œuvre. tuellement être utiles (sinon nécessaires) à l’opérateur pour réaliser
La phase d’évaluation consiste pour l’opérateur à comparer l’état du ses tâches. Inspirée de MILLOT [12], la figure 11 donne un aperçu
système avec les buts et les intentions d’origine. Le problème de non exhaustif des types de modules possibles en fonction de l’étape
l’interaction est donc bien posé en termes de compatibilité entre le dans laquelle l’opérateur se trouve. Outre un module d’acquisition
modèle de l’opérateur et l’image du système. de données, différents modules peuvent être envisagés : (i) un
module de gestion d’alarme, (ii) un module permettant la visualisa-
Cette approche de modèle met en évidence le rôle primordial de tion de données issues du système, (iii) un module de diagnostic
l’interface homme-machine. En effet, tout au long de son activité, activable en cas de défaillance, (iv) un module capable de prédire
l’opérateur se construit un monde virtuel et ceci, par l’intermédiaire l’état futur probable du système, (v) un module permettant de simu-
de l’interface qui doit donc être une image du monde réel. De plus, ler l’état du système suite à une action sur une des variables, (vi) un
l’interface doit faciliter la mise en correspondance entre les varia- module capable de donner des conseils d’action à l’opérateur, enfin,

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l’imagerie, comme on le voit apparaître dans la démarche méthodo-


logique proposée en début de chapitre.
Évaluation en relation
avec les contraintes
du système

4. Spécification de l’imagerie
Ambiguïté But final
de supervision
Interprétation
des conséquences La spécification de l’imagerie utilisée par les opérateurs en salle
pour la tâche courante, de contrôle doit être réalisée en collaboration par les différents inter-
la sécurité, l'efficacité, etc. venants du projet. À partir de la modélisation des tâches humaines
et des différents utilisateurs, il s’agit de recenser rigoureusement les
besoins, ergonomiques et techniques, puis de définir le nombre
État du Module de But d’écrans à utiliser, l’architecture de l’interface homme-machine (*),
système diagnostic cible
l’enchaînement des vues, les modes de présentation des informa-
tions (cf. un recensement de tels modes dans [10]), les modes d’acti-
Module de vation des différents outils d’aide, les modalités de dialogue
Identification Définition
de l'état actuel simulation de tâche homme-machine, etc. À ce sujet, plusieurs techniques issues du
du système génie logiciel seront d’abord rappelées. Elles peuvent s’appuyer sur
des recommandations ergonomiques, des guides de style d’inter-
Module de
prédilection
face et des normes ou des standards internes en vigueur dans le
Tâche domaine d’application.
Ensemble
d'observations
(*) Notons que la définition d’architecture d’interface homme-
Module machine fait l’objet d’un vaste courant de recherche en informa-
d'aide à Formulation de
la reprise procédure ; tique. Les modèles d’architecture les plus connus sont certainement
Observation planification de
d'information le modèle de SEEHEIM [53], PAC [3] et ARCH [25]. Ils ont également
séquence d'actions fait l’objet de plusieurs variantes, telle PAC-AMODEUS.
et de données
Module de
visualisation
Alerte Procédure

Module de
4.1 Techniques de spécification issues
commande
Exécution ;
du génie logiciel
Activation ;
coordination de
détection de
manipulations
besoin d'action Module de
gestion
Pour des systèmes industriels complexes, où les interactions
d'alarme homme-machine sont nombreuses, la spécification exige un travail
particulièrement ardu. Pour spécifier les pages-écrans, la méthode
Outils d'aide certainement la plus employée consiste à dessiner sur papier les
à l'opérateur vues d’écran envisagées. Cette méthode n’est bien sûr pas suffi-
humain sante, mais elle a l’avantage d’être pratique et de faciliter le dialogue
entre les différents intervenants. La spécification peut être facilitée
Figure 11 – Positionnement de modules d’aide à l’opérateur humain par l’utilisation et/ou la combinaison d’un ensemble de techniques
en fonction de la tâche suivantes, recensées par plusieurs auteurs (cf. [3], [38] ou [43]).
■ Les techniques basées sur les langages formels et d’événe-
ments : celles-ci permettent de spécifier la syntaxe du dialogue
(vii) un module permettant d’effectuer des commandes sur le sys- homme-machine, sous la forme de séquences d’actions autorisées
tème. pour les utilisateurs de l’imagerie. Les techniques principales sont :
Concernant les aides possibles à apporter aux opérateurs (i) les automates d’état fini caractérisés statiquement par un ensem-
humains en salle de contrôle, le lecteur pourra aussi se référer au ble d’états et dynamiquement par un ensemble d’arcs étiquetés for-
chapitre de DUBUISSON dans ce volume portant sur le diagnostic malisant le passage d’un état à un autre (figure 12), (ii) les
de pannes, à BOY [29] qui décrit des principes d’aides intelligentes, grammaires indépendantes du contexte, où la spécification de
à STANTON [64] qui s’intéresse aux facteurs humains liés à la ges- l’interface peut se baser sur un formalisme de type BNF (Backus
tion des alarmes, ou encore à MILLOT [12] et KOLSKI [10] décrivant Naur Form) (iii) les réseaux de Pétri ajoutant aux concepts d’état et
des typologies d’aides (intelligentes ou non). de transition présents dans les automates d’état fini la notion d’acti-
vités parallèles et (iv) les langages d’événements voyant une appli-
cation interactive comme étant composée de plusieurs modules
dirigés par des événements générés par l’utilisateur par exemple.
3.3 Conclusion ■ Les techniques hypermédias : à l’aide d’un logiciel de développe-
ment d’applications hypermédias (tel HYPERCARD ou SUPER-
CARD), il est facile et rapide de maquetter une application et de
L’analyse et la modélisation des tâches humaines, ainsi que des simuler par boutons les appels aux différentes pages-écrans de
différents intervenants impliqués dans le système homme-machine, l’application visée.
font maintenant l’objet d’un courant de recherche très actif aussi
bien en ingénierie que dans les sciences cognitives. On voit donc ■ Les techniques basées sur l’utilisation des approches orientées
apparaître depuis plusieurs années des méthodes et des modèles de objets : la spécification de l’interface par une approche orientée
plus en plus concrets. Les données issues de l’analyse et de la objets offre des avantages indéniables en terme de génie logiciel. En
modélisation servent ensuite de fondation à la spécification de effet, cette technique repose sur les notions de classe et d’héritage,

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l’utilisation des objets de présentation qui sont disponibles (tels que


Écran Fenêtre de Ok Écran des boutons, fenêtres, menus...), et visent à ce que ceux-ci soient
de début confirmation de fin utilisés de manière cohérente d’une application à l’autre. Ils sont
illustrés de nombreux exemples graphiques, au contraire de cer-
Fin Fin
Déb-1 Annuler Fin tains des manuels précédents. Des guides de style sont fournis avec
Fin Déb-2 Fin Annuler la Tool Box du Macintosh, avec les boîtes à outils de Windows et
Annuler
Presentation Manager du monde IBM-Microsoft, avec celles de
Fonc1 Action 1 Fonc2 Action 2 Fonc3 Action 3 Fonc4 Motif et Open Look du monde Unix, etc. Toutefois, ces guides de
style ne concernent d’aucune manière les aspects conceptuels,
Figure 12 – Exemple d’utilisation d’automate pour la spécification sémantiques ou méthodologiques liés au développement d’inter-
des enchaînements d’écran d’une application interactive face.

■ En s’inspirant de POULAIN [55], il est utile de positionner ces


facilitant la maîtrise de la complexité, l’extensibilité et la réutilisabi- deux types de documents par rapport à la manière dont les facteurs
lité des objets pour la construction des interfaces, et assurant la humains sont pris en compte, vis-à-vis de deux pratiques ergonomi-
cohérence et l’homogénéité dans les modes de présentation et les ques possibles : une pratique dite normative et une autre visant la
dialogues (voir l’article de Jean-François PERROT sur les langages à conception (figure 13).
objets dans un des volumes des TECHNIQUES de L’INGÉNIEUR). On
retrouve cette approche dans de plus en plus de logiciels destinés L’ergonomie normative correspond à une intégration de critères
aux applications de supervision. ergonomiques par le biais de manuels et/ou de guides de style, ce
qui soulève les problèmes cités précédemment à savoir la limitation
■ Les techniques basées sur des spécifications graphiques et inte- due à leur applicabilité. Les seuls transferts de connaissances
ractives : le principe consiste à disposer sur l’écran, à l’aide de la humaines se font alors le plus souvent entre les experts des installa-
souris, les différents composants de l’interface. Cette technique pré-
tions et les concepteurs uniquement, et cela dans le but d’analyser
sente l’intérêt d’être très facile d’usage et permet à des non-informa-
le fonctionnement de l’installation et d’exprimer les besoins en
ticiens spécialistes de la conception d’interface de créer eux-mêmes
terme technique essentiellement. Dans certains des cas seulement,
les interfaces homme-machine, principe que l’on retrouve dans de
plus en plus de logiciels pour la supervision. De telles techniques ne le développeur, s’il est suffisamment sensibilisé aux facteurs
peuvent être possibles que si elles sont associées à des outils infor- humains, fait intervenir les opérateurs dans son analyse.
matiques performants, assurant la génération du code associé à
l’interface. De plus, elles permettent d’accorder plus de temps à une L’ergonomie de conception est possible par une intégration
conception ergonomique des interfaces, dans la mesure où les directe du spécialiste des facteurs humains dans l’équipe de déve-
tâches de programmation sont réduites. Dans ce cas on dispose de loppement. Son rôle est d’assister l’équipe de développement lors
plus de temps pour évaluer les interfaces produites ou encore pour de la spécification de l’application, en regard des résultats d’une
proposer par exemple de nouveaux modes de représentation adé- analyse des tâches prescrites faite auprès des experts de l’installa-
quats. tion et des tâches réelles des opérateurs. Il a également la maîtrise
Chaque technique citée, et bien entendu combinée éventuelle- du contenu des manuels ergonomiques et des guides de style. Ce
ment avec d’autres, peut faciliter le travail de spécification de l’ima- cas de figure est bien entendu meilleur que le précédent et est pré-
gerie. Il est à ce sujet important de noter qu’elles se retrouvent conisé par la plupart des auteurs.
progressivement dans des logiciels du marché facilitant le prototy-
page d’applications interactives (nous retrouverons cette notion de
prototypage dans la partie 5).
4.3 Spécifications provenant de normes

4.2 Spécifications provenant


de recommandations ergonomiques Depuis les années 1970, des organismes de normalisation se sont
penchés sur la normalisation des symboles graphiques et de leurs
et de guides de style codes d’utilisation pour les affichages des composants représentant
des installations industrielles [57] : norme internationale ISO 3511,
norme britannique BS 1646, normes allemandes DIN 19 227 et DIN
La spécification de l’imagerie peut être améliorée par l’utilisation
de deux types de documents en rapport avec l’ergonomie des logi- 19 228, spécification ISA-S5.1-1984...
ciels : les manuels ergonomiques et les guides de style.
En France, plusieurs industriels ont créé en 1986 une commission
■ Les manuels ergonomiques consistent en une compilation de de travail chargée de porter sur le plan international un travail de
recommandations, guides, listes de contrôle, standards ergono- réflexion sur les incohérences entre les normes existantes. Ce travail
miques. Le plus connu est certainement celui de SMITH et MOSIER a conduit à la définition d’une norme AFNOR. À titre d’exemple, la
[62]. Celui-ci a inspiré de nombreux autres guides, utilisables pour la figure 14 expose les symboles graphiques proposés par la norme
conception et/ou l’évaluation des interfaces homme-machine, inten- pour schématiser un dispositif réglant. La forme 1 reprend le dessin
tionnellement moins exhaustifs et plus abordables que celui de de la norme ISA (surtout utilisée dans le secteur pétrochimique) et la
SMITH et MOSIER. Parmi les plus facilement disponibles, citons forme 2 reprend celui de la norme ISO (utilisée plus communé-
ceux de SCAPIN [58] et VANDERDONCKT [68]. Notons celui de GIL- ment). Lors d’un développement d’une imagerie de supervision, il
MORE et al. [7] dédié à la supervision d’applications industrielles est bien entendu important de se baser sur les normes existantes,
complexes. Malgré leur grand intérêt, ces manuels présentent plu- même si celles-ci sont encore loin d’être parfaites (particulièrement
sieurs inconvénients : difficulté d’utilisation par des concepteurs ou
au niveau de l’animation des composants). Notons que dans de trop
évaluateurs non spécialistes des facteurs humains, manque d’infor-
nombreuses entreprises, certains concepteurs d’imagerie ne sont
mation sur la façon de les utiliser, contradictions, etc.
pas au courant de l’existence de telles normes et sont amenés par
■ Les guides de style accompagnent généralement les boîtes à voie de conséquence à recommencer le travail de définition des
outils graphiques. Ils fournissent des recommandations concernant modes de représentation de composants d’installations.

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Expertise Expertise
Expert Concepteur Expert Concepteur
technique technique
? Dialogue
Expertise
? concernant Spécifications facilité
les tâches ergonomiques
prescrites
Expertise Opérateur
Opérateur concernant
Manuels Guides Spécialiste des les tâches
ergonomiques de style facteurs humains réelles

Rédaction

Ergonomie Ergonomie
Spécialiste des de
facteurs humains normative Manuels Guides
ergonomiques de style conception

Figure 13 – Cas d’utilisation de manuels ergonomiques et des guides de style

d’interface homme-machine en réduisant l’écriture de code et en


Symbole permettant la réutilisabilité des programmes. Ces environnements
graphiques ont été recensés et étudiés par plusieurs auteurs (cf. [3],
Forme 1 Forme 2 [11] et [45] et [67]), qui ont fait abstraction des différents domaines
d’application. Il nous paraît donc utile d’axer notre discussion vis-à-
vis de la supervision, domaine nécessitant l’animation de courbes,
historiques, symboles ou barre-graphes en temps réel. Dans cette
optique, il est possible de classer grossièrement les environnements
H
graphiques utilisables en supervision selon plusieurs catégories en
nous inspirant des études de [3]. Les trois paragraphes suivants dis-
cutent sommairement de l’utilisation de boîtes à outils, d’éditeurs
Figure 14 – Exemple de symbole graphique normalisé d’interfaces et de progiciels spécialisés.
(issu de la norme AFNOR E 04-203)

4.4 Conclusion 5.1 Utilisation de boîtes à outils

La spécification des interfaces homme-machine est un travail dif- La première catégorie est basée sur l’utilisation de boîtes à outils,
ficile qui demande une collaboration étroite entre les différents et s’adresse à des programmeurs. Elles facilitent l’écriture de pro-
intervenants du projet. L’expression des spécifications peut être faci-
grammes de dialogue à partir des différents dispositifs d’entrées/
litée et accélérée par l’utilisation de nombreuses techniques issues
du génie logiciel. sorties d’information (écran, souris, clavier, etc.). Par exemple, dans
le monde UNIX et son standard de fait X11, X-Toolkit est certaine-
De plus, afin d’améliorer l’ergonomie du logiciel, il est possible de
ment la boîte à outils la plus connue (si nous omettons les standards
s’appuyer sur des manuels de recommandation, ainsi que sur des
guides de style. Toutefois, l’utilisation de ces derniers sera confortée Motif et Open Look destinés aux interfaces de dialogue). Située au-
avantageusement par la présence d’un spécialiste de la communi- dessus de la bibliothèque graphique Xlib, elle offre un ensemble
cation homme-machine. Notons que la spécification devra égale- d’objets prédéfinis appelés Widgets. Toutefois, cette boîte ne fournit
ment respecter les normes et/ou les standards du domaine pas, dans sa version de base, d’objets graphiques habituellement
d’application. Il en existe pour la supervision de systèmes indus- utilisés en supervision. Cette remarque est valable également pour
triels complexes. d’autres boîtes à outils du marché. Par contre, certaines boîtes à
L’équipe de développement a ensuite besoin d’outils graphiques outils, telle DV-Tools de l’environnement DataViews (de VI CORPO-
puissants permettant de réaliser rapidement et d’animer les vues, RATION) offrent toutes les fonctionnalités nécessaires pour l’anima-
afin d’en faciliter l’évaluation avec les utilisateurs. tion d’images de supervision.

Les boîtes à outils exigent un apprentissage souvent long pour le


programmeur qui doit de surcroît complètement concevoir les
5. Environnements enchaînements entre vues. Cependant, elles ont l’avantage d’inté-
grer des critères ergonomiques de base, en particulier de standardi-
graphiques de réalisation sation de la présentation de l’information (menus prédéfinis, format
de l’imagerie et manipulation de fenêtres, présentation d’icônes par exemple).
Elles sont également caractérisées par la portabilité des logiciels
interactifs résultants et l’extensibilité des fonctions qu’elles intè-
Le marché informatique actuel offre un éventail varié d’environ- grent. Toutefois, le manque de souplesse qu’implique leur utilisa-
nements graphiques facilitant la réalisation et la modification tion ne facilite pas le prototypage.

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5.2 Utilisation d’éditeurs d’interfaces On recense actuellement une centaine de progiciels disponibles en
France et il n’est bien sûr pas envisageable de les citer tous ici
(cf. [56]).
Nous nous intéressons ici uniquement aux éditeurs d’interfaces
permettant de spécifier interactivement l’interface. Ceux-ci peuvent
s’adresser à des développeurs non-informaticiens, et consistent en
des outils graphiques interactifs facilitant le prototypage, tels DV- 5.4 Conclusion
Draw (de VI CORPORATION) associé à DV-Tools ou SL-GMS (de
SHERRILL-LUBINSKI Corporation). Il en existe de nombreux sur le
marché. Il faut toutefois souligner que les éditeurs du marché exi- Il existe actuellement de nombreux produits permettant la réalisa-
gent parfois de programmer certaines parties du dialogue homme- tion des interfaces homme-machine. Cependant, ils ne sont pas tous
machine. adaptés aux contraintes des applications liées à la supervision de
certains systèmes industriels complexes. Ces contraintes concer-
Un énorme avantage que possèdent de plus en plus d’éditeurs
nent en particulier les temps de réponse et la variété des modes de
d’interfaces actuels est d’être facilement exploitables par des spé-
présentation de l’information.
cialistes de l’ergonomie du logiciel et de produire des interfaces
immédiatement évaluables. Cependant, ils sont parfois limités par De plus, la facilité plus ou moins grande de ces produits pour réa-
les modes de représentation disponibles (même remarque que pour liser l’imagerie et leur apporter des modifications aura une inci-
certaines boîtes à outils). Même si le développeur a accès avec cer- dence sur la volonté des concepteurs à les évaluer et à prendre en
tains éditeurs à des modes de représentation classiques en supervi- compte les remarques des opérateurs. À ce sujet, des méthodes
sion tels des barre-graphes, des courbes, des symboles, etc., il peut d’évaluation font l’objet de la partie suivante.
éprouver les pires difficultés à parvenir à une représentation d’infor-
mation moins conventionnelle. Afin de pallier ce problème, certains
environnements offrent la possibilité de programmer de nouveaux
modes de représentation. La plupart des éditeurs graphiques du
marché ne sont pas prévus au départ pour la supervision de systè- 6. Évaluation du système
mes complexes. Ils s’intègrent donc dans des environnements logi-
ciels plus ou moins adaptés aux contraintes temporelles sévères
homme-machine
liées à certaines applications. Dans ce cas, il peut être nécessaire de
remettre en cause l’utilisation d’un éditeur et de s’orienter sur une
boîte à outils, plus « proche de la machine », ou sur un progiciel spé- L’imagerie doit être considérée en tant que composant du sys-
cialisé. tème homme-machine global. D’après GRISLIN [42], dans ces condi-
tions, son évaluation consiste à le vérifier et à chercher à le valider.
Le système homme-machine est vérifié, s’il correspond aux spécifi-
cations issues de la définition des besoins. Il est validé, s’il corres-
5.3 Utilisation de progiciels spécialisés pond aux besoins en respectant les contraintes du domaine
d’application (sécurité, production, ergonomie…) ; sinon ses insuffi-
sances par rapport à des critères identifiés a priori sont mises en évi-
Venant en complément des Systèmes Numériques de Contrôle- dence et doivent être corrigées.
Commande (SNCC), la troisième catégorie regroupe les progiciels La figure 15 présente quelques-unes des principales variables
graphiques spécialisés dans la supervision temps réel de systèmes dépendantes utilisées de manière générale pour l’évaluation d’inter-
industriels complexes. Ceux-ci sont généralement interfaçables faces homme-machine usuelles. Deux grandes familles se
directement avec plusieurs automates et calculateurs du marché. distinguent : l’acceptabilité sociale et l’acceptabilité pratique. La
Ces progiciels consistent en des squelettes d’applications interactifs seconde classe comprend les contraintes courantes de production,
et configurables, et regroupent le code réalisant les fonctions usuel- de coût, de fiabilité… mais aussi la facilité d’utilisation qui concerne
les de l’interface homme-machine sous la forme d’un logiciel réutili- principalement l’IHM. C’est donc dans ce critère d’utilisation que
sable et complétable selon les besoins. l’on retrouve les deux propriétés d’utilité et d’utilisabilité. L’utilité
La démarche consiste alors à configurer l’outil par rapport à détermine si les systèmes mis à la disposition des opérateurs per-
l’application. Pour ce faire, on dispose d’outils de déclaration des mettent à ceux-ci d’atteindre leurs objectifs de travail. Elle corres-
caractéristiques de l’installation, de création de synoptiques, mais pond par exemple aux capacités fonctionnelles, aux performances
aussi de configuration de modules d’assistance : affichage d’alar- et à la qualité de l’assistance technique fournie aux opérateurs. L’uti-
mes, d e conseils d’action, de valeurs prédites, etc. Ainsi, au lisabilité rend compte de la qualité de l’interaction homme-machine,
contraire des deux autres catégories d’outils citées, la plupart des en termes particulièrement de facilité d’apprentissage et d’utilisa-
progiciels graphiques spécialisés intègrent des fonctionnalités de tion, ainsi que de qualité de la documentation (voir [26] pour un
base d’assistance à l’utilisateur lors de la réalisation de ses tâches. recensement structuré de critères d’utilisabilité).

Acceptabilité
sociale Utilité
Acceptabilité
du système Facilité d'utilisation Facile à apprendre
Acceptabilité Coût Utilisation efficace
pratique Compatibilité Utilisabilité Facile à mémoriser
Fiabilité Peu d'erreurs
Etc. Préférence subjective
...

Figure 15 – Principales variables cibles pour l’évaluation des IHM (traduit de [13])

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Une évaluation rigoureuse nécessite de suivre une démarche lecteur pourra aussi se référer à [8] et [10] pour un recensement très
avec des méthodes et des techniques. Lorsque le système à évaluer complet des méthodes d’évaluation.
existe, des méthodes d’analyse de données comportementales
recueillies au moyen d’observations ou de mesures, sur le terrain ou
en laboratoire, sont préconisées. Ces méthodes consistent générale-
ment à réaliser des tests d’utilisabilité avec des opérateurs habituels 6.1 Approche empirique
ou des sujets sélectionnés pour l’expérience. Ce type d’évaluation
s’effectue a posteriori sur des imageries déjà utilisées ou prototy-
pées et aboutit à l’émission de jugements relatifs à leur utilisation. Selon l’approche empirique, l’évaluation du système homme-
Cette approche d’évaluation est la plus répandue pour l’instant. machine est effectuée à partir du recueil et de l’analyse de données
Cependant, lorsque le système homme-machine à évaluer est provenant de phases d’utilisation par des opérateurs représentatifs,
encore inexistant, des méthodes que l’on peut qualifier d’analy- et ceci dans un environnement d’évaluation le plus proche possible
tiques sont également utilisables. Elles permettent de réaliser une de celui d’utilisation. Deux approches peuvent être distinguées :
analyse a priori, i.e. de fournir une appréciation du système avant (i) les tests de conception, utilisables lorsqu’il n’existe pas encore
son utilisation réelle. L’évaluation repose alors sur la comparaison d’expérience d’utilisation du système,
des informations concernant l’imagerie − à un stade particulier de et (ii) le diagnostic d’usage, dans le cas contraire, figure 16.
son développement − avec un modèle de référence décrivant les
propriétés d’une bonne imagerie. Ce référent est issu des connais-
sances en ergonomie ou d’une architecture de ce que doit être le 6.1.1 Tests de conception, prototypage
dialogue homme-machine. Certaines méthodes analytiques préco-
nisent le respect de recommandations. Ces méthodes peuvent alors
être utilisées au cours de la conception, en vue d’un contrôle a priori Ce type d’évaluation peut être mis en œuvre a priori lorsqu’il
de la qualité ergonomique du système interactif prévu. Les principes n’existe pas encore d’expérience d’utilisation du système. Des tests
d’évaluation a priori font l’objet de recherches de plus en plus acti- sont alors réalisés tout au long du processus de conception. Trois
ves. démarches sont possibles (figure 17).
Il est souvent utile de commencer par des tests relatifs à la sélec-
En fait, dans la plupart des projets de développement d’imagerie
tion d’alternatives de conception lorsqu’il n’existe pas de critère de
en salle de contrôle, la phase d’évaluation est souvent bâclée,
choix évident entre plusieurs possibilités (concernant par exemple
maladroitement menée, voire ignorée. Dans ce cas, l’imagerie peut
le choix des symboles graphiques, la codification des variables du
ne pas répondre aux besoins des opérateurs humains. Pourtant, il
procédé, la structure des messages d’alarme, etc.), et le recueil des
existe actuellement de nombreuses méthodes et modèles issus de
données empiriques doit alors permettre de hiérarchiser les solu-
l’ingénierie et des sciences cognitives susceptibles de contribuer à
tions envisagées au départ. Cette méthode est la plupart du temps
cette phase délicate d’évaluation. SENACH [16] a classé ces métho-
conduite en amont du prototypage (voir ci-dessous). Des alterna-
des et modèles selon deux approches, figure 16 : (i) l’approche
tives sont donc évaluées avec les opérateurs par rapport aux objec-
empirique se base sur la mesure des performances d’utilisateurs
tifs du système final, les résultats servant de base pour les étapes
représentatifs de la population finale, lors d’expérimentations, alors
suivantes de la démarche de conception. Une des limitations à ce
que (ii) l’approche analytique prend en compte des modèles de
type d’évaluation est qu’elle est effectuée souvent en dehors du
l’interface et de l’interaction homme-machine, l’évaluation étant
contexte réel de la tâche, de ses contraintes, de son environnement.
réalisée en comparant l’interface à un modèle de référence. Cette
En effet, une alternative obtenant de médiocres résultats en phase
section met à jour la classification de SENACH vis-à-vis des applica-
d’évaluation peut s’avérer meilleure dans une situation de travail, en
tions de supervision. Pour chaque méthode (ou classe de méthode),
se rattachant à d’autres informations suivant la logique de l’opéra-
son principe de base est résumé et discuté brièvement par rapport
teur pour la tâche courante. Cette technique peut être utilisée avan-
au domaine d’application visé.
tageusement dans un contexte de supervision où la complexité des
Il existe d’autres classifications des méthodes d’évaluation dans tâches et la multiplicité des supports d’information utilisés entraî-
la littérature, le lecteur consultera par exemple [19], [23] ou [65]. Le nent rapidement la mise en évidence de nombreuses alternatives.

Évaluation des interfaces

APPROCHE APPROCHE
EMPIRIQUE ANALYTIQUE
Expérimentations menées avec des opérateurs Contrôle de qualité selon un modèle défini
a priori (sans opérateurs)

TESTS DE DIAGNOSTIC MODÈLES MODÈLES


CONCEPTION D'USAGE INFORMELS FORMELS

Méthodes Méthodes Méthodes Méthodes


Incidents critiques
Sélection Questionnaires Intervention d'un
d'alternatives Monitoring spécialiste Modèles prédictifs
Évaluations itératives Traces écrites Apprentissage personnel Modèles de qualité
(prototypage) Charge de travail du métier
Banc d'essai final Mouvements Grilles d'évaluation
oculaires

Figure 16 – Recensement de méthodes d’évaluation (étendant [16])

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Prototypage bla bla...

Sélection
d'alternative de
conception Produit
fini
Études
expérimentales

Contrôle de qualité Banc d'essai final

Détection Mesure
de défauts d'impacts Contrôle de qualité

Figure 17 – Tests de conception (d’après [16])

■ Une autre méthode concerne l’évaluation itérative de l’interface figure 16. Six techniques, présentées successivement, permettent
(prototypage). Dans la section 4 était mise en évidence l’apparition de diagnostiquer des fonctions ou des modes de représentation
actuellement sur le marché de nombreux environnements graphi- défaillants, inutiles, difficiles à exploiter, etc.
ques facilitant la réalisation et la modification d’imagerie par la
réduction de l’écriture de code et la réutilisabilité des programmes. ■ La méthode des incidents critiques a été utilisée pour la première
La plupart de ces outils facilitent la réalisation itérative de plusieurs fois par FLANAGAN [39] pour étudier des accidents d’avions évités
versions plus ou moins avancées de l’imagerie, qu’il est donc possi- de justesse. Elle consiste à recueillir systématiquement les dysfonc-
ble d’évaluer au fur et à mesure du projet. Le prototypage a pour tionnements du système homme-machine à partir d’entretiens avec
objectif de minimiser les coûts de développement de l’imagerie tout les utilisateurs et d’observations effectuées sur leur poste de travail.
en visant l’optimisation progressive de sa qualité selon des critères Chaque incident est décrit sous la forme de court récit. Les récits
ergonomiques généraux, ainsi que des critères spécifiques à l’appli- font l’objet d’une classification regroupant des incidents instances
cation. L’efficacité de cette démarche dépend directement des possi- d’un même problème. Les problèmes sont ensuite regroupés en
bilités de réutilisation des composants logiciels et de réaména- classes plus générales. Elles peuvent être ensuite utilisées pour défi-
gement rapides en fonction des résultats de l’évaluation. La dernière nir les premières fonctionnalités d’un nouveau système, réaliser des
version du prototype est celle considérée comme satisfaisante vis-à- aménagements, préciser les objectifs de formation, etc. Cette
vis des besoins des opérateurs pour les différentes tâches à réaliser. méthode permet rapidement d’effectuer un diagnostic global des
La rentabilité du prototypage est totale si cette dernière version peut principaux dysfonctionnements.
être utilisée en tant que produit final. Le prototypage rend néces- ■ Le questionnaire d’utilisation permet à l’évaluateur de recueillir
saire la participation des opérateurs à la démarche de conception, des informations subjectives sous une forme sûre et structurée, pro-
tout en servant de support de dialogue entre ces derniers et les pice à l’analyse. Elle a l’avantage de permettre à l’opérateur de tra-
concepteurs. vailler « à tête reposée », même si ceci est susceptible d’introduire
un biais dans ses réponses, puisqu’il n’est pas toujours en mesure
■ Une autre méthode consiste à mettre en place un banc d’essai de se souvenir des difficultés rencontrées lors des différentes situa-
final. À ce sujet, un système interactif doit respecter de nombreux tions de travail. Plusieurs travaux ont été consacrés à la manière de
critères avant de pouvoir être considéré comme utilisable [13] [41]. réaliser un questionnaire [61]. En supervision de système complexe,
Avant toute commercialisation, il importe d’évaluer globalement la réalisation d’un questionnaire peut exploiter des travaux spéci-
chacun de ses composants et d’en faire ressortir les points forts et fiques à ce domaine : GERTMAN et al. [40] ont mis au point un ques-
les points faibles. Dans ce but, notons que des stations d’évaluation, tionnaire, dont on trouvera un exemple d’utilisation dans [33].
faisant office de banc d’essai final, font leur apparition. Il en existe
par exemple dans les locaux de MICROSOFT. Spécialement aména- ■ Le monitoring, ou « mouchard électronique », permet de
gées, elles permettent le recueil empirique de données objectives et recueillir automatiquement des données objectives à l’aide de l’ordi-
subjectives à l’aide de méthodes d’observation élaborées (glaces nateur, figure 18. Cette méthode peut renseigner l’évaluateur sur les
sans tain, chronomètres, microphones, etc.). Dans le domaine de la activités et les performances d’un opérateur, que ce soit en situation
supervision, de telles stations d’évaluation nécessitent l’utilisation réelle ou en simulation. Elle est généralement associée à des ques-
de simulateurs réalistes (ce qui n’est cependant pas toujours pos- tionnaires et des verbalisations. Elle n’est pas intrusive, ne pertur-
sible). La simulation permet aux opérateurs de se familiariser avec bant pas la réalisation des tâches, et n’apportant donc pas de biais
le système, de l’évaluer dans des conditions proches de l’exploita- dans les données recueillies. Celles-ci sont généralement traitées
tion tout en étant plus économiques, et de proposer des améliora- automatiquement afin d’obtenir des informations variées : straté-
tions visant à résoudre les difficultés liées à l’accomplissement de gies utilisées, séquencement réel des tâches, performance obtenue,
certaines tâches. Bien entendu, la simulation entraîne la nécessité identification des erreurs d’utilisation, etc. [35] [47]. Par les nom-
de développer une plate-forme spécifique où l’environnement dyna- breuses données temporelles fournies, cette technique peut contri-
mique de l’application cible doit être reconstitué. buer à l’amélioration de l’imagerie et des modules d’assistance mis
à la disposition des opérateurs.
■ L’analyse des traces écrites par les opérateurs lors de leurs tâches
6.1.2 Évaluation par diagnostic d’usage est susceptible de faciliter la mise en évidence de problèmes d’utili-
sation. Dans les salles de supervision, on retrouve le plus souvent
Cette évaluation est effectuée le plus souvent a posteriori lorsqu’il des rapports qui décrivent les événements survenus, les défauts, les
existe une expérience d’utilisation du système dans sa globalité, arrêts, les redémarrages, etc. Certaines d’entre elles peuvent mettre

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Oculomètre ASL
Images
œil & champ

Direction relative
du regard

Système LAMIH
Figure 18 – Principe du « monitoring » tête/écran

Image
en lumière des lacunes dans l’imagerie. Dans certaines salles, on champ
retrouve aussi des cahiers de doléances, surtout dans les premiers
mois faisant suite au lancement d’une nouvelle installation ou ima- X-Y/tête
gerie. Ces cahiers peuvent être d’un apport précieux pour l’amélio-
ration de l’imagerie, en servant d’outil de dialogue entre opérateurs
et concepteurs. Direction absolue
du regard
■ La charge de travail est une grandeur utile pour l’évaluation des
systèmes homme-machine. En raison de la complexité des tâches à Figure 19 – Principe d’évaluation par analyse des mouvements
effectuer par les opérateurs dans le domaine de la supervision, il est oculaires, exemple de système mis au point au LAMIH (Laboratoire
particulièrement instructif d’évaluer dans quelles mesures les outils d’Automatique et de Mécanique Industrielles et Humaines)
graphiques influent sur leur charge de travail. Il existe de nombreu-
ses méthodes d’estimation de la charge. Celles-ci peuvent être soit
subjectives, consistant à demander à l’opérateur d’indiquer a poste-
riori son sentiment de charge, le plus souvent au moyen d’échelles Mais, une des critiques les plus courantes adressées à cette
subjectives, soit objectives, utilisant des paramètres physiques ou méthode est que chaque spécialiste se focalise sur des aspects par-
physiologiques mesurés pour estimer la charge de travail [12]. Les ticuliers et fonde son évaluation sur une démarche globale qui lui
résultats obtenus permettent de mettre en évidence des points sen- est propre [51]. L’idéal consisterait donc à faire intervenir plusieurs
sibles pour les outils graphiques utilisés, et de procéder ensuite à spécialistes, à confronter puis synthétiser leurs résultats [54]. Mal-
des aménagements de ceux-ci en cas de difficultés lors de l’exécu- gré ces limitations, pour l’évaluation d’imageries de supervision,
tion de certaines tâches. cette méthode est à préconiser dans la mesure où elle permet de
diagnostiquer rapidement un certain nombre d’erreurs de concep-
■ Une autre méthode consiste en l’analyse des mouvements ocu- tion.
laires. Il s’avère que dans la supervision, il est fait énormément
appel à la perception visuelle des informations. Dans ces conditions,
■ L’apprentissage personnel du métier consiste pour l’évaluateur à
la direction absolue du regard devient un élément utilisable en
se mettre pour un temps à la place d’utilisateurs et à apprendre leur
parallèle avec d’autres moyens pour analyser l’activité d’un utilisa-
métier. SPERANDIO [17] ne recommande pas cette méthode : elle
teur devant un écran ou un ensemble de supports d’informations,
est à exclure lorsque les tâches sont compliquées, elle est rarement
figure 19. Il est possible, à partir de l’étude de son activité oculo-
utile, l’évaluateur a tendance à se prendre comme modèle, ne peut
motrice, d’étudier la manière dont il recherche et localise les infor-
que devenir un opérateur sans expérience, donc éprouver des diffi-
mations utiles en fonction des différentes situations, de mettre en
cultés à analyser objectivement le travail. Ainsi, pour des tâches
évidence des stratégies utilisées et d’identifier des lacunes liées aux
bien définies où l’évaluateur est en fait un utilisateur potentiel (par
outils lors de certaines situations de crise. Il existe plusieurs techni-
exemple en bureautique), la mise en œuvre de la méthode entraîne
ques de mesure des mouvements oculaires [1]. Bien que leur mise
moins de difficultés et en tout cas permet au moins l’évaluation de
en place pose certains problèmes techniques ou ergonomiques, cel-
la prise en main du système. Dans une salle de contrôle, cette
les-ci paraissent désormais suffisamment maîtrisées pour contri-
méthode pose un énorme problème : il est hors de question d’utili-
buer à l’évaluation des stratégies visuelles des opérateurs en salle
ser l’imagerie en ligne au risque de modifier des paramètres de
de supervision, et donc à l’aménagement des moyens mis à leur dis-
régulateurs, des seuils d’alarmes ou des valeurs de consigne. Afin
position.
d’améliorer la compétence de dialogue avec les opérateurs et de
mieux appréhender l’utilisation de fonctionnalités de l’imagerie, il
peut être toutefois possible pour l’évaluateur d’utiliser l’imagerie
6.2 Approche analytique de l’évaluation hors ligne, sans conséquence sur le procédé.

■ Des grilles d’évaluation ont pour objectif d’assister l’évaluateur


L’approche analytique vise à contrôler la qualité de l’interface en recensant des paramètres caractérisant l’ergonomie d’une ima-
selon un modèle défini a priori : ce modèle peut être soit informel, gerie. Pour chacun de ces paramètres, l’imagerie peut être notée
soit formel, figure 16. systématiquement selon une échelle comportant plusieurs points.
Par exemple, une méthode d’évaluation par « check-list » a été mise
6.2.1 Évaluation par modèle informel au point par RAVDEN et JOHNSON [15] dans le cadre d’un projet
ESPRIT. Elle est utilisable par des concepteurs, des spécialistes des
Les modèles dits informels peuvent être mis en œuvre a priori, ou facteurs humains et des utilisateurs finaux du système. Dans le
a posteriori. domaine spécifique de la supervision, GILMORE et al. [7] fournis-
sent une liste très complète de questions facilitant l’évaluation. Mal-
■ Le premier type d’évaluation consiste à faire intervenir un spécia- gré les progrès restant à accomplir dans la définition et
liste en communication homme-machine pour juger de la qualité du l’optimisation de telles grilles, l’application de cette méthode peut
système homme-machine et proposer des améliorations. Cette d’ores et déjà s’appuyer sur des travaux ayant obtenu des résultats
méthode est sans doute celle qui donne les meilleurs résultats. prometteurs. Elle peut être d’un apport très bénéfique pour l’évalua-

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teur puisqu’elle l’oblige en principe à ne négliger aucun des aspects qu’une équipe d’évaluation doit pouvoir utiliser un ensemble
de l’imagerie. d’outils allant des techniques cliniques aux méthodes formelles à
chaque étape de la vie d’un produit. Elle ne pourra être effective que
dans la mesure où des outils fiables, systématiques et faciles à utili-
6.2.2 Évaluation a priori par modèle formel ser seront disponibles ».

Dans l’approche analytique, l’évaluation de l’interface homme-


machine peut être assistée de démarches et d’outils qualifiés par
SENACH de formels : on distinguera alors les modèles prédictifs et
les modèles de qualité de l’interface (figure 16). Ceux-ci visent une
7. Conclusion générale
évaluation a priori.

■ Plusieurs modèles formels dits prédictifs sont progressivement Cet article est consacré à un état de l’art sur l’ingénierie des sys-
mis au point, partant de l’hypothèse que certaines performances de tèmes homme-machine, tout en se focalisant sur les interfaces
l’opérateur peuvent être prédites, et donc considérées lors de la con- homme-machine utilisées en salle de contrôle de procédés indus-
ception de l’interface. Nous avons déjà vu dans la partie 2 qu’un triels complexes. En cinq parties, il a été possible de constater la
ensemble de méthodes d’analyse et de modélisation des tâches richesse et la variété des approches, issues de l’ingénierie et des
humaines permettaient implicitement d’intégrer un état d’esprit sciences cognitives. En raison des critères économiques et sécuri-
d’évaluation a priori dans la démarche de conception. Notons à ce taires liés le plus souvent à leur utilisation dans des situations par-
sujet les modèles dits de tâche, tels HTA [36], GOMS [32], MAD et fois extrêmes, la conception et l’évaluation de tels systèmes
SADT/Réseau de Petri, ces deux derniers modèles ayant été décrits homme-machine nécessitent des approches spécifiques, et en tout
précédemment vis-à-vis de la modélisation de tâches humaines. cas pluridisciplinaires. Il s’avère donc que de nouvelles méthodes,
Rappelons que les modèles de tâche consistent en une décomposi- connaissances, modèles et outils doivent maintenant de plus en
tion hiérarchique des tâches pour représenter l’activité cognitive plus être connues et utilisées par les ingénieurs. Ce chapitre a tenté
d’un utilisateur. Dans ce type de description, la tâche est décompo- d’en donner un aperçu.
sée par raffinage en partant de la tâche globale ou, au contraire, à
La première partie a été consacrée aux méthodes d’analyse et de
partir des constituants élémentaires (analyse descendante et ascen-
modélisation de systèmes techniques, d’une part en fonctionne-
dante). Elle fournit en principe un support formel pour l’évaluation
ment normal, et d’autre part en fonctionnement dégradé. Même si
prédictive de la performance, puisqu’elle propose une description
de telles méthodes sont bien connues en ingénierie, il n’était pas
mesurable du comportement de l’utilisateur et de ses performances.
inutile de les rappeler et de les positionner vis-à-vis des systèmes
La difficulté consiste ici à associer à de tels modèles des métriques
homme-machine, puisque les modélisations fournies sont impor-
systématiques et rigoureuses ; ces métriques font l’objet de recher-
tantes en terme de support de dialogue pour l’ensemble des interve-
ches actives actuellement.
nants d’un projet de conception de système homme-machine
Ces modèles formels dits prédictifs sont étudiés avant tout pour industriel.
faciliter l’évaluation a priori des interfaces hommes-machines. Tou-
tefois, il est important de souligner qu’ils peuvent être également La seconde partie a été consacrée à l’analyse et la modélisation
utilisés a posteriori. Par exemple, à l’aide de la méthode utilisant des tâches humaines et des opérateurs, étapes insuffisamment pri-
conjointement SADT et les réseaux de Pétri, ABED et ANGUE [20] ses en compte dans la plupart des modèles et méthodes de dévelop-
confrontent a posteriori un modèle des tâches prescrites et un pement de l’ingénieur. Elles font l’objet de recherches très actives, et
modèle des activités réelles d’opérateurs afin de mettre en évidence débouchent progressivement sur des démarches et techniques opé-
des lacunes ou des problèmes relatifs à l’utilisation des interfaces rationnelles et concrètes.
homme-machine.
La troisième partie a eu pour objet la spécification d’imagerie. Il
■ Notons qu’il existe d’autres modèles dits modèles formels de s’avère qu’en plus de nombreuses méthodes de spécifications
qualité de l’interface. Certains s’intéressent à l’évaluation « auto- issues du génie logiciel, la prise en compte d’autres supports est
matique » de la présentation de l’information, à partir de l’activation essentielle : des manuels de recommandations et guides de style
de règles ergonomiques ; d’autres visent la génération automa- trouveront dans la spécification leur pleine utilité s’ils s’intègrent
tique d’affichage (ou de spécifications d’interface) respectant des dans une démarche d’ergonomie de conception ; des normes et/ou
concepts ergonomiques de base. Dans la mesure où ceux-ci sont des standards liés à la présentation de composants d’installations
encore du domaine de la recherche, même si plusieurs prototypes existent pour la supervision de systèmes industriels complexes et il
sont d’ores et déjà opérationnels, ils ne seront pas décrits dans ce est important que les ingénieurs les utilisent.
chapitre. En effet, de nombreuses études doivent encore être La quatrième partie s’est intéressée aux environnements graphi-
menées avant d’envisager leur industrialisation, sous forme de ques de réalisation d’imagerie. Il s’avère qu’un choix important est
connection avec des progiciels de création et d’animation d’image- mis à la disposition des développeurs industriels, allant de boîtes à
ries industrielles, ou d’intégration dans ceux-ci. Le lecteur intéressé outils à des progiciels spécialisés pour des applications de supervi-
se référera à [10]. sion, en passant par des éditeurs d’interfaces.
Enfin, la cinquième partie a été consacrée à l’évaluation des sys-
tèmes homme-machine, l’évaluation étant souvent négligée dans
6.3 Conclusion sur les méthodes de nombreux projets ou intervenant très (trop) tard. Pourtant, de
d’évaluation nombreuses méthodes, permettant d’intervenir a priori et/ou a pos-
teriori par rapport à l’étape de réalisation effective, émergent de
l’ingénierie et des sciences cognitives et sont d’ores et déjà opéra-
Il existe une grande variété de méthodes contribuant à l’évalua- tionnelles ; notons aussi que d’autres méthodes nécessitent encore
tion des systèmes homme-machine, et ceci, à l’aide particulière- des validations complémentaires pour être appliquées dans le
ment du prototypage et des modèles prédictifs, a priori, c’est-à-dire domaine de la supervision.
au niveau même de la conception (cf. aussi [42]). Cette constatation
rejoint le constat fondamental de SENACH [16] : « cette organisation En conclusion, l’ingénierie des systèmes homme-machine n’est
va à l’encontre des idées reçues en matière d’évaluation : elle mon- pas un domaine figé, mais bien au contraire en constante évolution
tre que celle-ci constitue un processus parallèle à la conception, et nécessite véritablement la mise en œuvre de démarches pluridis-
qu’elle ne peut pas être réduite à une simple étape ponctuelle et ciplinaires (cf. pour de plus amples détails [10]).

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P
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Ingénierie des systèmes R
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Normes allemandes DIN Deutsches Institüt für Normung des processus industriels. Représentation sym-
bolique. Partie 2 : capteurs, signaux, dispositifs
DIN 19227-1 10.93 (ISO 3511-1-1977, ISO 3511-2-1984, ISO 3511-4- réglants. (Traduction en anglais) (NEQ ISO 3511-
1984) Leittechnik ; Graphische Symbole und 2-3) (E) (Reproduite dans recueil 305 04 83).
Kennbuchstaben für die Prozeßleittechnik ; Dars-
tellung von Aufgaben. Control technology ; gra-
phical symbols and identifying letters for
NF E 04-203-3 12.91 25 p. 323 F Régulation, mesure et automatisme
des processus industriels. Représentation sym-
E
process control engineering ; symbolic repre-
sentation for functions graphisches Symbol.
MSR Technik. Prozeßleittechnik.
bolique. Partie 3 : transducteurs et dispositifs de
traitement des signaux. (Traduction en anglais)
(NEQ ISO 3511-4).
N
DIN 19227-2 2.91 (ISO 3511-3-1984) Leittechnik ; Graphische Sym- NF E 04-203-4 12.91 33 p. 354 F Régulation, mesure et automatisme
bole und Kennbuchstaben für die Prozeßleit- des processus industriels. Représentation sym-
bolique. Partie 4 : symboles détaillés complé-
technik ; Darstellung von Einzelheiten. Control
technology ; graphical symbols and identifying
letters for process control engineering ; repre-
mentaires pour les schémas d’interconnexion
d’instruments. (Traduction en anglais) (NEQ ISO
S
3511-3) (Reproduite dans recueil 305 04 83).

Normes françaises AFNOR


sentation of details.
E 04-203-5 FD 6.89 12 p. 184 F Fonctions de régulation, de mesure
et d’automatisme des processus industriels.
A
Association française de normalisation
NF E 04-203-1 8.91 27 p. 323 F Régulation, mesure et automatisme
des processus industriels. Représentation sym-
Représentation symbolique. Partie 5 : guide de
codification des instruments. (Traduction en
anglais).
V
O
I
R

P
L
U
S

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est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle Doc. R 7 614 − 3

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