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Gandhi, apôtre de la non violence et de la tolérance

Par Armoogum Sawmy, doctorat Sciences Sociales

Mardi 19 octobre 2010

En vous promenant à Garches, au 106 bd du Général-de-Gaulle, vous verrez la façade d’une


résidence nommée Shanti Nivas, où Gandhi séjourna dans les années 1930. Sur la plaque qui
y est apposée, on peut lire : « Gandhi, apôtre de la non violence », l’ahimsa en indien. Nous
verrons comment Gandhi à profité de la force de la non violence pour se projeter dans les
siècles futurs. Après des années passées à approfondir le concept, Gandhi nous a proposé une
économie de la non violence, de proximité, le Swadeshi, qui deviendra peut-être notre modèle
futur.

L’essence de sa vie

L’Inde est une grande péninsule, aujourd’hui urbanisée industrialisée et mondialisée, mais
dont les richesses profitent à seulement un quart de son milliard d’habitants. Gandhi, lui,
œuvrait pour la masse indienne, pour les 75% de pauvres, pour les paysans.
Né en 1869 dans une famille aisée, Gandhi est destiné à devenir avocat. En 1888, il part
étudier en Angleterre. Il y fait la connaissance de grands penseurs occidentaux comme
l’orientaliste Edwin Arnold (1832-1904), ou Edward Carpenter qui pense que les civilisations
pouvant disparaître, il ne faut pas se reposer sur les fondements de la civilisation mais sur son
âme, et que la façon d’y parvenir est la non violence.
Après ses études, Gandhi trouve du travail en Inde en tant qu’avocat. Une de ses affaires
l’amène à partir en Afrique du sud . Sur place, il fait la connaissance du général Smuts, le
secrétaire d’Etat aux colonies, une homme féroce qui ne veut pas entendre parler
d’immigration indienne et qui leur refuse le laisser passer. Gandhi ne comprend pas les
injustices qu’il subit et décide de les combattre. Il s’inspire de l’écrivain américain Henry
David Thoreau qui prônait la désobéissance civile et qui, dans Walden, récit de son année
passée seul dans la forêt, avait écrit : « Si une loi est injuste, il faut se dresser contre la loi. »
Smuts jette Gandhi en prison. En Afrique du sud, Gandhi fait un premier geste de pardon. Il
accepte un accord avec Smuts, ce qui provoque la colère de ses partisans, qui l’agresseront
violemment. A l’hôpital, il écrit à la police pour faire libérer ses agresseurs car « il faut leur
pardonner ».
Gandhi cherche constamment le contact avec la population qui souffre. En soutien à ces
minorités, il fait construire un ashram, qu’on appelle la « Gandhi colony ». Il demande aux
Indiens de s’y rassembler et de partager toutes les tâches, d’oublier les distinctions sociales au
profit de la communauté, du soutien des uns aux autres. Il est jeté plusieurs fois en prison, et il
profite de ce temps derrière les barreaux pour beaucoup lire, aussi bien la Bible que Platon, le
Gitâ… Gandhi découvre ce qu’il nomme « les mensonges qui nous rongent ».
Le premier mensonge est celui de la civilisation : aucune primauté à une quelconque
civilisation, fusse-t-elle très ancienne ; nous sommes tous les héritiers de couches de
civilisations. Mensonge racial ensuite : il n’y a pas de race supérieure à une autre. Mensonge
religieux : aucune primauté d’une religion, alors que nous sommes entrés en guerre des
religions depuis le IVe siècle ; a-t-on le droit de priver quelqu’un de sa façon de penser ? Le
thème de travail de Gandhi n’est pas l’hindouisme mais le sermon sur le Mont (par Saint-
Mathieu). Il prône la tolérance entre religions. Dernier type de mensonge : celui des classes et
des castes. Gandhi luttera contre la hiérarchie des castes en Inde, fondée sur le pouvoir
d’achat. Il prend fait et cause pour les pauvres, les paysans, les Harijans, les impurs, qu’il
nomme enfants de Dieu.

Les piliers de la non violence

Après l’Afrique du sud et ses premiers pas dans la non violence, il est temps pour Gandhi de
rentrer en Inde, ce qu’il fait en 1914. Ce jeune avocat se fait l’avocat du droit de la vérité.
C’est un changement de cap. Premier précepte de la vérité pour Gandhi : sans tolérance,
l’homme n’est pas maître de son âme mais de son corps et de ses biens. Apprends comme si
tu devras vivre toujours ; vivre aujourd’hui comme si tu devras mourir demain. En 1919,
quand l’armée tire à Amristar sur une manifestation non violente, ce sont deux stratégies qui
s’opposent, celle des armes contre celle des âmes. Gandhi était toujours en tête de cortège car
il pensait que la meilleure des épreuves est celle que l’on pratique soi-même, fusse-t-elle au
dépends de sa vie. Lors de la marche du sel, en 1930, il n’envoie pas ses partisans mais il
mène lui-même la marche jusqu’à la mer. Il refusera toujours d’avoir des gardes du corps.
Gandhi nous apprend que le vrai combat est celui que l’on mène sur soi, pas contre les autres.
L’action est une idée maîtresse du Bhagavad-Gitâ (le livre sacré hindou) : il faut la tester soi-
même avant de la partager ; on ne donne pas d’ordres, on mène le combat.
Il va construire sa lutte pour la non violence sur un certain nombre de piliers comme la
tolérance et le Satyagraha (la vérité). La vérité, c’est quand on ne se ment pas à soi-même,
quand on ne fait pas de mal aux autres. Gandhi nous apprend que c’est à nous tous de
pratiquer cette forme de vérité. Autre pilier : l’Ahimsa. Ce concept préconise de ne pas rien
faire, ne rien dire qui puisse faire du mal à autrui. Gandhi va trouver deux autres éléments qui
vont l’aider dans sa marche vers la non violence : le jeûne et le silence. Gandhi absorbe
également des influences certes occidentales (Thoreau et sa désobéissance, Tolstoï, Edwin…)
mais qui sont en fait universelles.
Gandhi aimant les campagnes et les paysans indiens, il va parcourir les 750 000 villages du
pays et développer une théorie économique, le Swadeshi, qui pourrait bien être le modèle du
XXIe siècle. Il s’agissait alors d’empêcher l’expropriation des paysans de leurs terres et de
freiner l’urbanisation galopante. Gandhi s’oppose au tout-global, il faut que l’économie soit
locale. Le Swadeshi vise à cette autonomie locale, au retour à une technologie de village, à
une production locale pour une consommation locale. Grâce au rouet – l’arme de Gandhi – on
peut tisser ses propres vêtements. On peut tout fabriquer. L’économie non violente est auto-
suffisante, de proximité, de confiance en soi. Dès les années 1930, Gandhi évoque le
développement durable, le recyclage des tissus, objets et matériaux. Il réhabilite le travail
manuel : « Quand toutes les machines auront remplacé nos mains, qu’allons-nous faire de
nos deux mains ? », disait-il.

Un héritage qui perdure

Prêtre sicilien, Lanza del Vasto va rejoindre Gandhi à pied dans les années 1930 – ce dernier
l’appellera Shantidas (serviteur de la paix). Il fondera les communautés de l’Arche qui
s’inspirent du Swadeshi : un regroupement d’hommes et femmes ayant une même volonté de
pratique de l’économie locale et de la non violence. Martin Luther King s’inspire lui aussi de
la philosophie de Gandhi, et de la protestation par la non violence. Comme Nelson Mandela et
Desmond Tutu en Afrique du sud, ces hommes ont en commun de croire qu’on ne construit
pas une société par la violence, et qu’à long terme c’est la non violence qui l’emporte.
Dans notre village en Inde, nous avons mis en place le Décaplan pour appliquer le Swadeshi.
Gandhi voulait développer l’éducation artisanale, que les gens apprennent à faire les bons
gestes, soient formés à ces métiers. C’est ce que nous faisons. Le principe du Décaplan est
d’apprendre dix métiers, avec dix participants par métier, dix jours par métier, soit cent
participants formés sur une période de dix mois. Les métiers enseignés sont les suivants :
tissage/broderie/couture, fabrication de sandalettes, maçonnerie, plomberie et soudure, petit
dépannage mécanique, premier niveau d’intervention électrique, décoration
intérieure/ébénisterie/charpenterie, jardinage et plantations médicinales, sage-
femme/crèche/infirmerie, boulangerie et cuisine. Pour la construction de notre centre, sur un
terrain vague, nous avons utilisé tout le monde, y compris les handicapés, les malades ou les
enfants : il n’y a pas de personne diminuée, on ne laisse personne sur le bord de la route, tout
le monde peut participer.
Quand on voit ce que Gandhi nous a laissés, il faut bien que quelqu’un prenne la relève. Nous
le faisons à notre petit niveau, et ce n’est pas minime pour les personnes impliquées. Dans les
années 1990, Rajagoval a rassemblé les paysans indiens pour réclamer qu’on leur rende leurs
terres. Son mouvement, Ekta Parishad, héritage direct de l’action de Gandhi veut aider le
peuple à mieux contrôler les ressources nécessaires à sa subsistance (terre, eaux, forêts) et
annonce une grande manifestation des paysans pour octobre 2012.
A terme, le Swadeshi doit mener au Swaraj (contrôle de soi), système prôné par Gandhi qui
préconise le contrôle par soi-même de son environnement, de l’auto gouvernance par la
communauté.

« Le monde a assez pour satisfaire les besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire la
cupidité de quelques uns. » Gandhi.

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