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1.3.

Les apprenants
Nastasja Caneve : Je me réjouis de me mettre au travail, mais par où commencer ?

Jean-Marc Defays : Nastasja, je suis content de vous trouver aussi enthousiaste.


L’enthousiasme est en effet la condition sine qua non d’un enseignement efficace. C’est la
première chose à communiquer aux apprenants, quels qu’ils soient : le plaisir, la curiosité,
l’optimisme. Et si vous avez du plaisir à enseigner, ils en auront certainement à apprendre.
Même si cela vous semble un truisme, sachez que la motivation est l’un des grands sujets
d’études et de recherche en didactique tellement on est conscient que tout le reste en
dépend. Le choix et l’utilisation de méthodes, de ressources, d’activités ne seront efficaces
que si les apprenants acceptent d’y participer parce que cela leur semble intéressant, utile,
agréable, gratifiant. J’insiste d’ores et déjà sur ce facteur essentiel de la didactique. C’est de
la responsabilité de l’enseignant que de motiver ses apprenants, tant par son attitude positive
dès le départ que par les interactions et les activités qu’il organisera en classe, jour après jour.

Nastasja Caneve : Nous avons déjà fait la différence entre l’enseignement et l’apprentissage
et nous avons insisté sur le fait que l’enseignement est au service de l’apprentissage. Mais
sait-on comment fonctionne l’apprentissage et surtout comment le provoquer ou le faciliter
par des activités d’enseignement ?

Jean-Marc Defays : Au risque de vous décevoir Nastasja, je dois vous dire que, mis à part
l’enthousiasme dont nous venons de parler, il n’y a pas de règles générales ou de solutions
simples en didactique. Un des défis majeurs de la didactique du FLE est la variété des profils
des apprenants et des situations d’enseignants. Ce sont finalement des métiers différents que
d’enseigner le français à des universitaires russes, à des adultes analphabètes ou peu
scolarisés, à des cadres nord-américains, à des étudiants boliviens, à des enfants italiens. Un
bon conseil pour un des publics peut avoir des effets catastrophiques pour d’autres. La
réponse à toute question concernant la didactique serait donc « Ça dépend ! ».

Nastasja Caneve : Ça dépend de quoi, pour être plus précis ?

MOOC ULiège « Moi, prof de FLE » © Module 1, Séquence 3, Les apprenants 1


Jean-Marc Defays : Commençons par l’essentiel : cela dépend des apprenants, qui sont au
centre de toutes nos préoccupations.

Il n’y a pas si longtemps que la didactique s’intéresse à l’apprenant, à son profil, à ses
motivations, à ses projets, à son style d’apprentissage, et surtout qu’elle cherche à s’y adapter
pour lui rendre les meilleurs services possibles. Actuellement, les enseignants et les
apprenants, ainsi que les apprenants entre eux, sont considérés comme des partenaires qui
travaillent en équipe et qui visent le même but : l’apprentissage, de la langue et des cultures.

Le profil des apprenants a fait l’objet de nombreuses recherches et théories. Ce schéma


présente les différents paramètres qui permettent de caractériser un public et qui influencent
l’apprentissage d’une langue étrangère. L’enseignant en tiendra compte lors de la
présentation initiale du cours, de la constitution des groupes, de la préparation de ses leçons,
de l’organisation des activités, et surtout pour résoudre les problèmes linguistiques, culturels
ou relationnels qui se présentent régulièrement au sein de la classe ou avec un apprenant en
particulier. C’est d’autant plus vrai lorsque le groupe est constitué d’apprenants d’origines, de
niveaux, de personnalités, voire d’âges différents, ce qui complique singulièrement la
situation !

Nastasja Caneve : En quoi la personnalité des apprenants concerne-t-elle l’enseignant de


FLE ?

Jean-Marc Defays : Je commencerai par vous dire ou vous rappeler que l’apprentissage d’une
langue étrangère n’est pas facile. Comme celui du comédien, le trac de l’apprenant en langue
étrangère semble universel, alors qu’on ne le ressent d’habitude pas de la même manière
pour d’autres apprentissages. Dans la classe de langue comme sur la scène, on a l’impression
de se livrer, de s’exposer davantage, de s’impliquer plus personnellement. Certains se prêtent
facilement au jeu de l’apprentissage tandis que c’est une véritable épreuve de force pour
d’autres ! L’enseignant qui ignore le trac de ses apprenants et qui ne cherche pas à le soulager
compromet sérieusement ses chances de réussite.

On s’intéresse aussi de plus en plus aux traits de personnalité des apprenants pour préparer
des (auto-)apprentissages et pour optimaliser les travaux de groupes. Un bon enseignant
apprend à connaître le tempérament de chacun des apprenants pour ajuster autant que faire
se peut ses interventions auprès des uns et des autres, et gérer les rapports du groupe en

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conséquence. En fait, cette adaptation réciproque entre les différents participants de la
classe, aussi déterminante soit-elle pour les activités auxquelles ils se livreront, dépend
surtout d’intuitions, d’impressions, de sentiments, de circonstances peu contrôlables, ainsi
que de l’expérience de l’enseignant qui parvient à tirer parti de personnalités et de relations
humaines variées et variables.

Sans chercher à les classer à tout prix et en évitant d’en favoriser inconsciemment certains,
on reconnaît quelques traits psychologiques caractéristiques qui ont leur importance en
classe et dont on peut assez facilement tenir compte : les personnalités plutôt réfléchies ou
plutôt impulsives ; plutôt introverties ou plutôt extraverties ; plutôt autonomes ou plutôt
dépendantes ; plutôt dominantes ou plutôt complaisantes. Il faut que toutes ces personnes
se sentent bien dans la classe, avec l’enseignant comme avec les condisciples, dans pour
constituer un groupe cohérent.

Je voudrais m’attarder quelque peu sur la tolérance à l’approximation, à l’ambiguïté, à


l’incertitude, qui est un facteur déterminant dans le succès d’un apprenant en langue. Les
perfectionnistes attendent de savoir comprendre et s’exprimer clairement et correctement
pour se risquer à communiquer ; l’apprentissage sera plus lent et plus décourageant que si on
ose prendre des risques dès le début, quitte à commettre des erreurs et des maladresses,
voire à passer pour un idiot ou un impoli.

Nastasja Caneve : Cela me semble difficile de s’adapter à tous ces profils différents !

Jean-Marc Defays : C’est même impossible de satisfaire tout le temps tout le monde, surtout
quand les apprenants sont nombreux. La première solution est alors de prendre soin de varier
les méthodes, les activités et les types de prestations que l’on sollicite chez les apprenants. Si
tel exercice ne correspond pas au profil psycho-cognitif de certains d’entre eux, le suivant leur
conviendra probablement mieux s’il est différent. L’autre solution consiste à rendre chacun
des apprenants autant que possible conscient de son style d’apprentissage, de ses ressources
et de ses difficultés personnelles, et responsable d’en tenir compte dans son travail en
autonomie ou en groupe. Cette démarche n’est possible que si règne en classe une ambiance
décontractée et conviviale : si les étudiants ont l’impression d’être sans cesse jugés par leur
professeur et en concurrence les uns avec les autres, aucune chance !

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Nastasja Caneve : Je comprends ! Je vais donc passer mes premières heures de cours
apprendre à connaître mes apprenants et à les mettre en confiance, même si leur âge ou leur
faible connaissance de la langue m’obligera à recourir à des pantomimes, à des images, à des
jeux.

Jean-Marc Defays : Bonne idée, c’est effectivement ce que vous avez de mieux à faire : les
pronoms relatifs et la conjugaison peuvent attendre. Dans les méthodes actuelles, la
communication et la collaboration ne sont pas accessoires, mais au centre même de la
pratique pédagogique.

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