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juridique

La nouvelle réglementation en matière


d’approvisionnement des médicaments
Caroline MASCRET L’approvisionnement des médicaments a rencontré quelques dysfonctionnements ces
Maître de conférences
en droit pharmaceutique
dernières années, notamment des ruptures de stocks au niveau des officines.
Ces dysfonctionnements sont le fait de plusieurs acteurs : les laboratoires pharmaceutiques,
Faculté de pharmacie les grossistes répartiteurs et les distributeurs en gros à l’exportation. La loi Bertrand prévoit
de Châtenay-Malabry, des mesures pour pallier ces déficits.
Université Paris-Sud, 5 rue
Jean-Baptiste-Clément, © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
92296 Châtenay-Malabry, Mots clés - grossiste répartiteur ; laboratoire pharmaceutique ; loi Bertrand ; médicament ; rupture
France d’approvisionnement

S
uite à plusieurs “affaires” de ruptures de stocks de mettre en place des systèmes de contingentements
de médicaments, affaires largement relayées ou de quotas sur certains médicaments “attractifs”.
par les médias nationaux, la loi dite “Bertrand” Au travers de ces quotas, ils s’assurent que les gros-
[1] est venue modifier la réglementation relative à l’ap- sistes répartiteurs, après avoir répondu aux besoins de
provisionnement des médicaments. Depuis quelques leur territoire de répartition, ne disposent pas de surplus
années, le circuit français de distribution des médica- qu’ils pourraient exporter.
ments est régulièrement touché par des dysfonction- Outre ces causes “volontaires”, il ne faut pas oublier que
nements, entraînant des ruptures d’approvisionnement le laboratoire peut également connaître des ruptures
ou même des pénuries, concernant en particulier des d’approvisionnements en raison de problèmes de fabri-
médicaments considérés comme indispensables dans cation (matière première, rappel de lots) ou de pro-
l’arsenal thérapeutique des patients. blèmes de nature industrielle (délais de construction
Ces ruptures affectent directement les officines, et très d’une usine pour faire face à la demande…).
peu l’hôpital, dans la mesure où la chaîne de médica- F Les grossistes répartiteurs sont tenus de maintenir
ments en ville fonctionne de façon constante en flux tendu. leur stock à 9/10e des médicaments effectivement
Selon l’Autorité de la concurrence [2], sur une commande consommés en France et doivent pouvoir répondre à
de médicaments de trois ou quatre pages, il faut aujourd’hui tout moment aux besoins de leur clientèle habituelle
s’attendre à ce qu’au moins une demi-page soit en rupture. pour au moins deux semaines. Ils doivent également
D’où la pratique des officines de traiter au minimum avec pouvoir livrer dans les 24 heures toute commande pas-
deux sources d’approvisionnement différentes, pour pou- sée avant le samedi à 14 heures, et participer aux
voir réagir rapidement le cas échéant. astreintes pour les commandes passées le week-end
après le samedi à 14 heures. L’exportation peut repré-
Les acteurs en cause senter pour ces grossistes répartiteurs un intérêt éco-
Plusieurs acteurs de la chaîne de distribution sont en nomique non négligeable. En effet, s’ils sont contraints
cause. par la marge fixée par la réglementation pour les médi-
F Le laboratoire pharmaceutique s’engage lors de la caments vendus en France, cette marge n’a plus d’ob-
négociation du prix du médicament, dans l’accord- jet en cas d’exportation à l’étranger.
cadre signé avec le Comité économique des produits F L’activité des distributeurs en gros à l’exportation
de santé (CEPS), à une clause de volume. S’il dépasse est exclusivement limitée à l’exportation, les prix étant
en volume de vente la quantité de médicaments prévue désormais libres depuis la modification de l’article
au contrat, il s’expose à des pénalités financières. L. 5123-1 du Code de la santé publique par la loi Ber-
Mais il importe surtout, au laboratoire de contrôler le trand. Il faut ici souligner que les laboratoires pharma-
volume de médicaments vendu sur le territoire, afin ceutiques participent à cette activité d’exportation,
d’éviter que ses produits ne soient destinés à ce qu’on vendant leurs médicaments à prix libres à ces distribu-
appelle les exportations parallèles. Le prix du médica- teurs en gros.
ment en France est administré (donc bas), ce qui en fait un

Adresse e-mail :
pays attractif pour les revendeurs de médicaments dans Ce que dit la loi
caroline.mascret@u-psud.fr les états où les prix sont supérieurs à ceux appliqués dans La loi Bertrand a inséré dans le Code de la santé
(C. Mascret). l’Hexagone. Les laboratoires ont donc pris l’habitude publique un article (L. 5124-17-1 et L. 5124-17-2),

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60 http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.03.025 • n° 530 • novembre 2013 •
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F Les obligations des grossistes répartiteurs sont


Références
Vocabulaire purement réglementaires : au moment de leur demande
[1] Loi 2011-2012 du
d’autorisation d’ouverture d’un établissement, ils seront 29 décembre 2011 relative au
La réglementation française distingue le laboratoire titu-
également dans l’obligation de déclarer le territoire de renforcement de la sécurité
laire de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du sanitaire du médicament et
répartition. Ils ne pourront plus le faire postérieurement.
laboratoire exploitant l’AMM, le titulaire de l’AMM pou- des produits de santé.
De même, l’autorisation d’ouverture d’un établissement www.legifrance.gouv.fr/
vant assurer l’exploitation du médicament, ou seulement
ne sera plus valable que pour un an (et non deux). Ils affichTexte.do?cidTexte=JOR
une partie. On entend par opérations d’exploitation du FTEXT000025053440&dateTe
devront également signaler à l’entreprise exploitante
médicament la vente, la publicité, l’information, la phar- xte&categorieLien=id
toute rupture d’approvisionnement de son stock.
macovigilance et le stockage. D’une façon générale, les obli- [2] Avis n° 12-A-18 du
F Les obligations des laboratoires sont renforcées, 20 juillet 2012 portant sur
gations ou modalités administratives pèsent, en France,
le décret introduisant de nouvelles contraintes pesant un projet de décret relatif
sur l’exploitant. Cette différenciation effectuée à l’approvisionnement en
sur les entreprises exploitantes. Elles doivent désormais
entre le laboratoire titulaire et le laboratoire exploi- médicaments à usage humain.
assurer un approvisionnement approprié et continu de www.autoritedelaconcurrence.
tant est spécifique à la réglementation française,
tous les grossistes répartiteurs et donc justifier une ges- fr/pdf/avis/12a18.pdf
le droit européen ne reconnaissant que le titulaire de l’AMM.
tion de stocks individuels au regard de la couverture des [3] Décret 2012-1096 du
28 septembre 2012 relatif
besoins des patients en France. Les laboratoires devront
à l’approvisionnement en
justifier leur organisation en fonction de cette nouvelle médicaments à usage humain.
prévoyant un système d’astreinte pour répondre aux obligation de service public. Si l’exploitant anticipe une www.legifrance.gouv.fr/
affichTexte.do?cidTexte=JOR
besoins urgents en médicaments en dehors des jours rupture d’approvisionnement, il devra en informer
FTEXT000026426883&catego
d’ouverture généralement pratiqués par les gros- l’ANSM, en précisant les délais de survenue, les stocks rieLien=id
sistes répartiteurs sur leur territoire de répartition. disponibles, les modalités de disponibilité ainsi que les
L’article précise aussi que les grossistes répartiteurs délais provisionnels de remise à disposition des médi-
sont tenus d’assurer l’approvisionnement continu du caments et, à défaut les spécialités substituables au
marché national de manière à couvrir les besoins des produit manquant.
patients sur leur territoire de répartition. Ces dispositions L’exploitant devra informer tous les trois mois l’Agence
doivent faire l’objet d’un décret en Conseil d’État. régionale de santé (ARS) des approvisionnements d’ur-
gence effectués, en mentionnant chaque destinataire
Ce que prévoit le décret ainsi que les quantités fournies. Enfin, un bilan trimes-
Le projet de décret [3], élaboré par l’ancienne majorité, triel de ces approvisionnements d’urgence sera
avait prévu une disposition centrale : les grossistes adressé à l’ANSM, chronologiquement pour chaque
répartiteurs devaient informer les laboratoires des quan- médicament avec mention des quantités fournies et
tités exportées, ainsi que les pays destinataires, et des destinataires.
n’étaient autorisés à exporter qu’à deux conditions : F La mise en place de centres d’appel d’urgence
avoir rempli leurs obligations de service public, et est une obligation supplémentaire pesant sur les exploi-
n’exporter que les médicaments ne figurant pas sur une tants. Elle doit permettre le signalement des ruptures par
liste définie par l’Agence nationale de sécurité sanitaire les pharmacies d’officine et les hôpitaux. Ces centres
(ANSM). À peu près trois cents spécialités figuraient sur devront être organisés de manière à prendre en
cette liste d’“intérêt thérapeutique majeur”. Ce projet de charge à tout moment les ruptures de médicaments
décret prévoyait également un plan de gestion des et à permettre la dispensation effective de la spécialité
pénuries par des constitutions de stocks selon la part manquante. Ce sera à l’exploitant de prendre ses dispo-
du marché de l’exploitant, des sites alternatifs de fabri- sitions pour faire connaître ces numéros d’appel auprès
cation de matières premières et de fabrication de spé- des pharmaciens, tout comme d’assurer la traçabilité
cialités pharmaceutiques, ainsi que l’identification de des appels.
spécialités pouvant se substituer à la spécialité en
défaut. Conclusion
Au final, le décret préparé par la nouvelle majorité n’a Pour mieux approvisionner officines et hôpitaux, de
repris aucune de ces dispositions. nouvelles dispositions doivent être mises en place par
F On entend par rupture d’approvisionnement une la loi Bertrand. Ces obligations concernent principale-
incapacité, pour une pharmacie d’officine ou une phar- ment les grossistes répartiteurs (au niveau réglemen-
macie à usage intérieur, de dispenser un médicament taire) et les laboratoires. Ces derniers devront ainsi
à un patient dans un délai de 72 heures. Le texte ajoute assurer un approvisionnement continu des grossistes
que ce délai peut être réduit à l’initiative du pharmacien répartiteurs, relayer l’information en cas de ruptures Déclaration d’intérêts 
L'auteur déclare ne pas avoir de
en fonction de la compatibilité avec la poursuite opti- d’approvisionnement et créer des centres d’appel conflit d’intérêts en relation avec
male du traitement du patient. d’urgence. w cet article.

Actualités pharmaceutiques
• n° 530 • novembre 2013 • 61

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