Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
juridique
S
uite à plusieurs “affaires” de ruptures de stocks de mettre en place des systèmes de contingentements
de médicaments, affaires largement relayées ou de quotas sur certains médicaments “attractifs”.
par les médias nationaux, la loi dite “Bertrand” Au travers de ces quotas, ils s’assurent que les gros-
[1] est venue modifier la réglementation relative à l’ap- sistes répartiteurs, après avoir répondu aux besoins de
provisionnement des médicaments. Depuis quelques leur territoire de répartition, ne disposent pas de surplus
années, le circuit français de distribution des médica- qu’ils pourraient exporter.
ments est régulièrement touché par des dysfonction- Outre ces causes “volontaires”, il ne faut pas oublier que
nements, entraînant des ruptures d’approvisionnement le laboratoire peut également connaître des ruptures
ou même des pénuries, concernant en particulier des d’approvisionnements en raison de problèmes de fabri-
médicaments considérés comme indispensables dans cation (matière première, rappel de lots) ou de pro-
l’arsenal thérapeutique des patients. blèmes de nature industrielle (délais de construction
Ces ruptures affectent directement les officines, et très d’une usine pour faire face à la demande…).
peu l’hôpital, dans la mesure où la chaîne de médica- F Les grossistes répartiteurs sont tenus de maintenir
ments en ville fonctionne de façon constante en flux tendu. leur stock à 9/10e des médicaments effectivement
Selon l’Autorité de la concurrence [2], sur une commande consommés en France et doivent pouvoir répondre à
de médicaments de trois ou quatre pages, il faut aujourd’hui tout moment aux besoins de leur clientèle habituelle
s’attendre à ce qu’au moins une demi-page soit en rupture. pour au moins deux semaines. Ils doivent également
D’où la pratique des officines de traiter au minimum avec pouvoir livrer dans les 24 heures toute commande pas-
deux sources d’approvisionnement différentes, pour pou- sée avant le samedi à 14 heures, et participer aux
voir réagir rapidement le cas échéant. astreintes pour les commandes passées le week-end
après le samedi à 14 heures. L’exportation peut repré-
Les acteurs en cause senter pour ces grossistes répartiteurs un intérêt éco-
Plusieurs acteurs de la chaîne de distribution sont en nomique non négligeable. En effet, s’ils sont contraints
cause. par la marge fixée par la réglementation pour les médi-
F Le laboratoire pharmaceutique s’engage lors de la caments vendus en France, cette marge n’a plus d’ob-
négociation du prix du médicament, dans l’accord- jet en cas d’exportation à l’étranger.
cadre signé avec le Comité économique des produits F L’activité des distributeurs en gros à l’exportation
de santé (CEPS), à une clause de volume. S’il dépasse est exclusivement limitée à l’exportation, les prix étant
en volume de vente la quantité de médicaments prévue désormais libres depuis la modification de l’article
au contrat, il s’expose à des pénalités financières. L. 5123-1 du Code de la santé publique par la loi Ber-
Mais il importe surtout, au laboratoire de contrôler le trand. Il faut ici souligner que les laboratoires pharma-
volume de médicaments vendu sur le territoire, afin ceutiques participent à cette activité d’exportation,
d’éviter que ses produits ne soient destinés à ce qu’on vendant leurs médicaments à prix libres à ces distribu-
appelle les exportations parallèles. Le prix du médica- teurs en gros.
ment en France est administré (donc bas), ce qui en fait un
Adresse e-mail :
pays attractif pour les revendeurs de médicaments dans Ce que dit la loi
caroline.mascret@u-psud.fr les états où les prix sont supérieurs à ceux appliqués dans La loi Bertrand a inséré dans le Code de la santé
(C. Mascret). l’Hexagone. Les laboratoires ont donc pris l’habitude publique un article (L. 5124-17-1 et L. 5124-17-2),
Actualités pharmaceutiques
• n° 530 • novembre 2013 • 61