Вы находитесь на странице: 1из 7

Affaire : PILLET / Boucaud – RAJ médias

Tribunal de Grande instance de Marseille


Audience de référés du 10/11/2010 à 8h30

CONCLUSIONS

POUR :

La société RAJ Médias, SAS au capital de 25000 €, immatriculée au RCS de Marseille sous le
numéro B 518 858 402, dont le siège social est sis 2 rue de Beausset – 13001 MARSEILLE,
prise en la personne de son représentant légal en exercice.

Monsieur Pierre BOUCAUD, né le 3 septembre 1964 à Marseille, de nationalité Française,


demeurant et domicilié 2 rue de Beausset à MARSEILLE (13001).

Ayant pour Avocat


Maître Grégoire LADOUARI,
Avocat au Barreau de MARSEILLE
Demeurant 27 boulevard Charles Moretti – Immeuble Le Vénitien – 13014 MARSEILLE

CONTRE :

Monsieur Didier PILLET

Ayant pour Avocat


Maître Agnès VIOTTOLO
Avocat au Barreau de Paris.
PLAISE A MADAME OU MONSIEUR LE JUGE DES REFERES

I – FAITS ET PROCEDURE

La société RAJ Médias, dont Monsieur Pierre BOUCAUD est directeur de la publication, est une
société d’information qui exploite le site internet Marsactu.fr.

Ce site a pour particularité d’user d’une certaine liberté de ton dans les articles qu’il publie, tout
en respectant la déontologie journalistique et en s’assurant de l’exactitude de ses sources.

Le 3 septembre 2010, le site exploité par les concluants a publié un article intitulé « Pourquoi
Philippe Hersant a débarqué Didier Pillet de la Provence ».

Malgré un ton volontairement mais légèrement « insolent », l’article se contentait de relater les
raisons objectives pour lesquelles le Directeur de la Provence, Monsieur PILLET, avait été
remercié par le principal actionnaire du quotidien, à savoir la baisse des ventes et des recettes
publicitaires.

Monsieur PILLET étant manifestement mécontent du ton sur lequel était présenté son départ du
quotidien la Provence, il a, par l’intermédiaire de son conseil, adressé le 14 septembre 2010 un
courrier par lequel, sur le fondement des dispositions de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881, il
sollicitait l’exercice de son droit de réponse.

Le 24 septembre suivant, les concluants s’exécutaient et publiaient l’intégralité du droit de


réponse de Monsieur PILLET, assorti d’un commentaire introductif.

S’estimant une nouvelle fois mécontent, du fait que son droit de réponse avait été précédé d’un
commentaire, Monsieur PILLET a, une nouvelle fois, par courrier en date du 7 octobre 2010,
sollicité un droit de réponse (au commentaire du droit de réponse).

On fera remarquer à ce stade que Monsieur PILLET, à cette date, ne faisait état d’aucun
problème d’obstacle technique empêchant la lecture du premier droit de réponse.

Estimant cette demande parfaitement abusive, dans la mesure au demeurant où le droit de


réponse de Monsieur Didier PILLET a été intégralement publié le 24 septembre 2010, la société
RAJ Médias n’a pas fait droit à cette demande.

C’est ainsi que, par deux assignations du même jour, Monsieur Didier PILLET a cru bon attraire
par devant la juridiction de céans Monsieur Pierre BOUCAUD et la société RAJ Médias, et
demander à Monsieur le Juge des référés :

- d’ordonner à la société RAJ Médias et à Monsieur Pierre BOUCAUD, sous astreinte


comminatoire de 100 € par jour de retard, de publier le droit de réponse de Monsieur
PILLET « de telle sorte qu’il soit accessible dans les mêmes conditions que l’article publié
le 3 septembre 2010 » ;
- de condamner solidairement la société RAJ Médias et Monsieur Pierre BOUCAUD à lui
payer une somme de 2000 € en réparation du préjudice subi ;
- de condamner solidairement la société RAJ Médias et Monsieur Pierre BOUCAUD à lui
payer une somme de 1500 € au titre des dispositions de l’article 700 du CPC.
On fera ici remarquer qu’alors même que Monsieur PILLET avait tout loisir d’entrer en contact
amiable avec les concluants pour évoquer d’éventuelles problèmes d’ordre techniques, il a jugé
plus pertinent de saisir directement le Tribunal des présentes.

En tout état de cause, ses demandes devront être rejetées comme étant irrecevables, et en tout
état de cause infondées.

II – DISCUSSION

A) A titre principal  : sur l’irrecevabilité des demandes présentées par Monsieur PILLET

Il ressort des termes des deux assignations délivrées à la demande de Monsieur PILLET, que
celui-ci fond son action en demande d’insertion forcées sur les dispositions :

- de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ;

- de l’article 6-IV de la loi n° 2004-575 du 31 juin 2004 pour la confiance dans l’économie
numérique ;

Le demandeur n’ignore pas, pour le citer, qu’un décret d’application n°2007-1527 en date du 24
octobre 2007 relatif aux droit de réponse applicable aux services de communication au public en
ligne, est venu préciser les modalités d’application du droit de réponse prévu à l’article 6-IV de la
loi du 21 juin 2004.

L’article 1er de ce décret est clair :

« La demande d’exercice du droit de réponse mentionné au IV de l’article 6 de la loi du 21 juin


2004 susvisée est adressée par lettre recommandées RAR avec demande d’avis de réception ou
par tout autre moyen garantissant l’identité du demandeur et apportant la preuve de la réception
de la demande.

La procédure prévue par le présent décret ne peut être engagée lorsque les utilisateurs
sont en mesure, du fait de la nature du service de communication au public en ligne, de
formuler directement les observations qu’appelle de leur part un message qui les met en
cause ».

Le Tribunal constatera aisément que les conditions d’application de ces dispositions sont
parfaitement réunies en l’espèce.

En effet, il est aisé (au besoin en se rendant sur le site incriminé) de constater que l’article daté
du 3 septembre 2010, ainsi d’ailleurs que tous les autres, est suivi de tous les commentaires
auxquels il a donné lieu, et surtout, de la rubrique « laisser un commentaire ».

Pour ce faire, il suffit à tout lecteur de saisir un pseudonyme (ou son nom), une adresse mail, de
saisir le texte et de cliquer sur « envoyer ».

C’est d’ailleurs ce que Monsieur BOUCAUD s’était permis d’indiquer dans l’introduction qu’il avait
faite au droit de réponse de Monsieur PILLET, lorsqu’il rappelait dans un style volontairement
pédagogique et familier que :

« la prochaine fois, cher Didier, vous pourrez simplement poster votre réaction à l’article
incriminé en cliquant sur « commentez », et vous pouvez y aller sans crainte, ici on modère
modérément. Vous auriez fait des économies sur les honoraires d’avocat et les frais d’envoi d’un
recommandé ».

Il est donc établi que le requérant avait donc la possibilité de « formuler directement les
observations » qu’appelait de sa part l’article du 3 septembre 2010.

Par conséquent, et en application des dispositions précitées de l’alinéa 2 de l’article 1 er du décret


du 24 octobre 2007, il conviendra de déclarer les demandes de Monsieur PILLET irrecevables, la
procédure prévue par ce décret étant inapplicable en l’espèce.

B) A titre subsidiaire  : sur le rejet des demandes de Monsieur PILLET

Si par extraordinaire le Tribunal considérait les demandes de Monsieur PILLET comme


recevables, il devrait en tout état de cause les rejeter, celles-ci ne résistant pas un seul instant à
l’analyse.

En substance, il est fait grief aux concluants de ne pas avoir assuré la publication du droit de
réponse de Monsieur PILLET « dans les mêmes conditions » que celles qui encadrent l’accès de
l’article incriminé, au motif que « seuls les internautes équipés du logiciel Flash player peuvent
l’afficher ».

Ce faisant, la société RAJ médias et Monsieur Pierre BOUCAUD auraient volontairement mis un
« obstacle technologique à la lecture du droit de réponse, alors que l’article qui l’a provoqué et
les commentaires qui l’accompagnent sont librement accessibles », ce qui constituerait une
violation manifeste de la loi.

Cette violation causant un préjudice grave à Monsieur PILLET, celui-ci serait par ailleurs bien
fondé à en demander la réparation.

Une telle argumentation, qui révèle malheureusement la plus parfaite mauvaise foi du requérant,
ne pourra qu’être écartée.

1) Sur l’absence de toute manœuvre imputable à la société RAJ Médias

En effet, et d’une part, on indiquera que la plupart des sites d’information utilisent, pour la
diffusion des droits de réponse (ou d’autres types de documents d’ailleurs), un format nécessitant
le logiciel Flash Player.

Ainsi, des sites tout à fait sérieux comme Médiapart, ou Rue89, utilisent-ils régulièrement un tel
procédé.

Et ce, pour une raison simple : la plupart des ordinateurs possèdent ce logiciel, qui est d’ailleurs
gratuitement téléchargeable.

Par conséquent, l’immense majorité des lecteurs du site marsactu.fr, qui le consultent
occasionnellement ou en site favori, ont accès aux droits de réponse.

Il n’y a donc eu aucun obstacle technologique à la lecture du droit de réponse de Monsieur


PILLET.

Au pire, les utilisateurs ne disposant pas de ce logiciel et qui cliquent sur le droit de réponse de
Monsieur PILLET, ont-ils vu s’afficher un message en anglais leur suggérant de télécharger la
dernière version du logiciel Adobe Flash Player.
Le seul obstacle éventuel qui existe donc, est la compréhension de l’anglais, ce qui, le Tribunal
en conviendra, n’a rien de technologique.

Force est donc de constater que les concluants n’ont aucunement œuvré pour que le droit de
réponse de Monsieur PILLET soit rendu illisible pour certains lecteurs, mais ont au contraire
utilisé les logiciels communs à l’ensemble des professionnels de l’information.

A cet égard, Monsieur PILLET croit utile de rappeler que « le principe fondamental est que le
lecteur ou l’internaute qui a eu accès à l’article objet du droit de réponse doit pouvoir, dans les
mêmes conditions, avoir accès au droit de réponse de celui qui l’exerce ».

Il suffit de se reporter aux textes régissant la matière pour constater que le requérant aboutit un
peu rapidement à une telle synthèse.

Ainsi l’article 6-IV dernier alinéa de la loi du 21 juin 2004 dispose :

« Les conditions d'insertion de la réponse sont celles prévues par l'article 13 de la loi du 29
juillet 1881 précitée. La réponse sera toujours gratuite.
Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent IV ».

L’article 13 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1881 dispose pour sa part :

« Cette insertion devra être faite à la même place et en mêmes caractères que l'article qui
l'aura provoquée, et sans aucune intercalation ».

Enfin, il résulte des dispositions de l’article 4 du décret du 27 octobre 2007 que :

« La réponse est mise à la disposition du public par le directeur de publication dans des
conditions similaires à celles du message en cause et présentée comme résultant de l'exercice
du droit de réponse. Elle est soit publiée à la suite du message en cause, soit accessible à partir
de celui-ci. Lorsque le message n'est plus mis à la disposition du public, la réponse est
accompagnée d'une référence à celui-ci et d'un rappel de la date et de la durée de sa mise à
disposition du public ».

Il résulte de la combinaison de ces dispositions que la parution du droit de réponse doit se faire
dans des conditions similaires, et non pas identiques comme le soutient faussement le requérant,
à celles de la parution de l’article qui y donne lieu.

Nul doute que si le législateur avait entendu que le droit de réponse devait être publié dans le
même format que l’article initial, il l’aurait précisé, surtout s’agissant d’une loi (moderne) sur
l’économie numérique.

En l’espèce, la parution du droit de réponse de Monsieur PILLET a été assurée dans des
conditions similaires, dans la mesure où il était inséré tel quel, immédiatement à la suite de
l’article incriminé, et surtout facilement accessible (en un clic).

Il est manifeste que le requérant fait une interprétation un peu complaisante des textes qui
régissent le droit de réponse, et son argumentation devra être écartée.
2) Sur l’absence de préjudice

En second lieu le requérant insiste, notamment pour caractériser son préjudice, sur le fait qu’en
raison d’un différend entre la société Apple et la société Adobe, Flash player ne fonctionne pas
sur les produits Iphone, Ipad et Ipod.

Ainsi, et selon lui, les lecteurs (dont on comprend en lisant Monsieur PILLET qu’ils sont très
nombreux) disposant de ces appareils, ont été privés de l’accès à son droit de réponse.

A ce stade, le Tribunal prendra connaissance des statistiques de fréquentation du site


marsactu.fr pour la période courant du 24 septembre 2010 (date de publication du droit de
réponse) au 23 octobre 2010.

Il apparaît ainsi que, sur 100 000 visites environ, le total cumulé des visites du site via des
mobiles (dont blackberry, Iphone, Ipad et Ipod), s’élève à 333, soit une proportion de 0,33 %.

Ce chiffre suffit à l’évidence à établir que les visiteurs du site via les appareils de marque apple
ont été plus que rares.

Ici on indiquera, pour la parfaite information du Tribunal, que le site marsactu.fr n’a pas
développé de versions spécifiques à IPAD et Iphone ; en effet, pour qu’un site soit effectivement
compatible avec ces appareils, il faut développer des applications spécifiques.

Si les utilisateurs de ces appareils peuvent lire marsactu.fr, ils ont alors accès à une version
appauvrie (sans par exemple les vidéos), et marsactu.fr est diffusé par défaut sur ces mobiles,
l’éditeur ne maitrisant pas cette diffusion « appauvrie ».

Il est économiquement très compliqué pour un modeste éditeur local de développer des
applications de son site compatibles pour tous les terminaux du marché, Apple mais aussi tous
les autres.

Le Tribunal prendra également connaissance du temps moyen de connexion de ces utilisateurs


(entre 1mn 52 et 15s…), et conclura sans difficulté que ce temps est tout à fait insuffisant pour
prendre connaissance ne serait-ce que d’un seul article écrit sur le sujet incriminé.

A l’évidence, et même si par extraordinaire le Tribunal considérait que c’est du fait d’un
« obstacle technologique » que ces lecteurs n’ont pas pu prendre connaissance du droit de
réponse de Monsieur PILLET, il conviendra néanmoins de retenir que cette impossibilité, limitée
à 333 lecteurs (sur 100 000), qui ont en moyenne passé moins d’une minute sur le site, ne peut
avoir causé un quelconque préjudice à Monsieur PILLET.

Monsieur PILLET est donc particulièrement mal venu à solliciter l’allocation d’un préjudice
totalement fictif du fait du nombre infime de lecteurs qui se seraient vus priver de la possibilité de
consulter son droit de réponse.

Pour l’ensemble de ces raisons, il conviendra donc de débouter Monsieur PILLET de l’ensemble
de ses demandes.

Enfin, et au regard de la particulière mauvaise foi de celui-ci, il serait particulièrement inéquitable


de laisser à la charge des concluants les frais qu’ils ont du exposer dans le cadre de la présente
procédure.
,

PAR CES MOTIFS

A titre principal

DIRE ET JUGER que les demandes de Monsieur PILLET son irrecevables en application de
l’article 1er du décret du 24 octobre 2007

En conséquence

DEBOUTER Monsieur PILLET de l’ensemble de ses demandes

A titre subsidiaire

DIRE ET JUGER que la Société RAJ Médias et Monsieur Pierre BOUCAUD se sont conformés
en tous points aux dispositions de la loi du 21 juin 2004 et de son décret d’application relatives au
droit de réponse

DIRE ET JUGER qu’aucun préjudice ne peut être invoqué par Monsieur PILLET

En conséquence

DEBOUTER Monsieur PILLET de l’ensemble de ses demandes

En tout état de cause

CONDAMNER Monsieur PILLET à verser à la société RAJ Médias et Monsieur Pierre


BOUCAUD la somme de 2000 € au titre des dispositions de l’article 700 du CPC

SOUS TOUTES RESERVES

Вам также может понравиться