Le droit administratif est une branche de droit public composée d’un ensemble de
règles juridiques relatives à l’organisation de l’administration et à son activité ou son
action. Toutes les règles juridiques ayant trait soit à cette organisation soit à cette activité revêtent le caractère juridique et rentrent dans la sphère de cette notion assez large qu’on appelle le droit administratif. L’action administrative est une action assurée par l’administration pour donner satisfaction à un besoin d’intérêt d’ordre général. Pour se faire, l’administration dispose de moyens humains, matériaux, financiers ou juridiques. Ces derniers qui nous intéressent prennent deux formes : l’acte administratif unilatéral qui est le résultat de la volonté unique de l’autorité administrative et le contrat qui est quant à lui un acte bilatéral fruit d’un accord entre l’autorité administrative et un tiers. L’acte administratif unilatéral provient d’une seule volonté. Il n’y a pas l’accord ou le désaccord du destinataire de l’acte, à l’inverse du contrat qui exige l’accord de deux volontés. Il est un privilège dans les mains de l’autorité administrative. C’est la principale prérogative dont dispose l’administration. C’est le mode principal de son action ; il est caractérisé par le fait qu’il s’impose à ses destinataires sans leur consentement préalable, il importe ainsi de définir l’acte administratif unilatéral. La définition de l’acte administratif unilatéral est très importante dans la mesure où seules les autorités administratives sont habilitées à prendre tel acte. Les personnes privées ne peuvent pas prendre ce genre d’acte, ils ne peuvent intervenir dans la matière que dans le cas où ils sont investis d’une mission de service public. L’acte administratif unilatéral peut faire l’objet d’un recours en annulation pour excès de pouvoir devant le juge administratif alors que cela ne peut arriver en principe ni pour un contrat ni pour un acte privé. L’administration ou l’autorité administrative est tenu d’édicter l’acte dans le respect du principe de la légalité. L’acte administratif unilatéral est un acte juridique adopté unilatéralement par une autorité administrative portant sur l’ordonnancement juridique et affectant les droits et les obligations des tiers sans leur consentement. Il s’avère d’après cette définition que l’acte administratif soit : Un acte juridique : une manifestation ou une déclaration de volonté destinée à provoquer une modification dans l’ordonnancement juridique et à produire des effets de droit. En cela l’acte administratif unilatéral se distingue à la fois de l’acte matériel et du fait juridique. Le premier est un acte volontaire qui ne produit aucun effet juridique, c’est un simple agissement matériel alors que le deuxième n’implique aucun comportement volontaire normatif mais produit des effets juridiques (accident, décès…). Un acte unilatéral : cette caractéristique différencie l’acte administratif unilatéral du contrat administratif qui est bilatéral. C’est un acte qui résulte de la seule volonté de l’autorité administrative. Cette dernière peut émaner d’une seule personne ou de plusieurs ou encore d’un organe ou d’une assemblée comportant plusieurs membres sans pour autant cesser de revêtir le caractère unilatéral. Il existe deux critères permettant l’identification de l’unilatéralité de l’acte : quantitatif : selon « le petit Robert » est unilatéral ce qui ne se fait que d’un côté (ex : les lois sont des actes unilatéraux juridiques mais pas d’ordre administratif), qui n’engage qu’une seule partie en droit ; qui provient d’un seul, n’intéresse qu’un seul, décision unilatérale prise sans consulter les particuliers. Cette définition se fonde sur un élément quantitatif qui est « l’unicité ». L’acte unilatéral provient d’un seul auteur. C’est également à cette appréciation quantitative que se réfère la quasi-majorité de la doctrine lorsqu’elle étudie le caractère unilatéral de l’acte administratif. Ce critère a été vivement critiqué laissant place au critère Qualitatif : il se fonde sur la relation inégalitaire entre l’auteur de l’acte et son destinataire par rapport au contenu de cet acte. « Dans l’acte unilatéral à l’inverse du contrat, il n’y a aucune intervention du sujet dans l’édiction de l’acte » (Maryvonne Hecquard Théron). Dans le premier cas ; la relation auteur-sujet est très nettement inégalitaire, dans le deuxième, elle est essentiellement égalitaire. L’acte est unilatéral si l’auteur et le sujet sont distincts. Emane d’une autorité administrative : l’acte est suivi de l’adjectif administratif car il est une mesure prise par une personne publique qui est l’administration et plus précisément l’autorité administrative. Les autorités administratives qui peuvent édicter des actes administratifs sont en principe le chef du gouvernement, les ministres, chefs des collectivités territoriales, services déconcentrés, responsables des établissements publics. Les agents d’autorité sont : le gouverneur, les walis, chefs d’arrondissement…Aucune définition légale n’est donnée à la notion d’autorité administrative, il reste que l’autorité administrative soit un organe qui exerce le pouvoir administratif. Le pouvoir législatif et judiciaire ne peut en tant que tel prendre des actes administratifs unilatéraux. En effet les lois adoptées par le parlement ne constituent pas des actes car le parlement n’est pas une autorité administrative. Cependant, les actes pris par l’administration du parlement sont appelées des actes parlementaires. Elles concernent le personnel des assemblées et revêtent bel et bien le caractère administratif. Il en est ainsi de la décision prise par le président de l’assemblée nationale de passer un marché public pour la fourniture d’équipements audiovisuels. Les actes pris par le gouvernement soit sur habilitation législative selon l’article 70 et 81 de la constitution pendant l’intervalle des sessions ordinaires parlementaires et avec l’accord des commissions concernées des deux chambres du parlement sont des actes administratifs unilatéraux, mais une fois ratifiés par celui-ci ils changent de nature et deviennent de ce fait de vraies lois insusceptibles de recours devant le juge administratif. Ils ne sont plus édictés par le gouvernement en tant qu’autorité administrative. Les instances juridictionnelles ne prennent pas d’actes administratifs, elles rendent des jugements ou des arrêts. Les actes pris par la juridiction en matière de son administration interne constituent des actes administratifs susceptibles de recours devant le juge administratif. Certains actes de l’autorité administrative ne revêtent pas le caractère administratif au sens contentieux du terme. Il en est ainsi des actes de gouvernement et des actes relatifs au droit privé. Les actes de gouvernement : pris par le gouvernement dans sa relation avec le parlement et avec le monde extérieur (Etats ou organisations internationales) n’ont pas le caractère administratif. Les actes de droit privé : l’autorité administrative est habilitée à prendre des actes relevant du droit privé qui sont du ressort du juge ordinaire et ce dans deux cas : La gestion de son domaine privé : l’autorité administrative le gère de la même façon que les personnes privées dans la gestion de leur propriétés privées. Dans ce cas aucune différence n’est établie entre la personne privée et la personne publique. Les actes non-réglementaires : pris dans la gestion des services publics industriels et commerciaux qui sont exploités selon le mode de la gestion privée (on parle d’actes non réglementaires et établissements publics d’ordre administratif). La règle est que l’autorité administrative est la seule qui peut prendre des actes administratifs unilatéraux. Ce principe connaît une exception qui dit qu’une personne privée peut prendre un acte administratif unilatéral mais selon certaines conditions. Les personnes privées sont concernées par les actes administratifs tant que citoyens et en tant qu’administrés, mais peuvent sous certaines conditions prendre la qualité d’autorité administrative et émettre des actes administratifs en bonne et due forme. Comme les personnes publiques peuvent prendre des actes privés, les personnes privées peuvent adopter des actes administratifs. 1-La théorie du fonctionnaire de fait : c’est la conséquence normale de la continuité des services publics. En vertu de cette théorie, le conseil d’Etat français va attribuer le caractère administratif à l’acte émanant d’une personne imposée par le fait et non pas par le droit du fait qu’elle n’a pas été chargée d’une mission de services publics par les autorités publics et n’ayant aucun pouvoir administratif. Cette qualification est fondée aussi bien sur la nécessité ou l’urgence que sur l’apparence. Le conseil d’Etat français a mis en œuvre la théorie des circonstances exceptionnelles dans le fameux arrêt « Marion » rendu le 05/03/1948. Il s’agit d’un comité qui se forma en Mai 1940 à Valéry-sur-somme après la fuite de la municipalité et du maire suite à une attaque des Allemands. Ils assurèrent l’administration de la ville et le ravitaillement de la population. La jurisprudence française a appliqué à plusieurs reprises la théorie des apparences. Elle s’applique en période normale lorsque l’acte est édicté par une personne qui semblait investie de la compétence exercée (une décision prise par un maire dont l’élection a ensuite été annulée ou une décision prise par le préfet de police en vertu d’une délégation de signature après sa mise à la retraite). Dans ce cas, l’acte en cause reste toujours administratif. 2-Les actes pris par des personnes privées et gérant un service administratif public ou économique : les personnes privées chargées d’une mission de services publics à caractère administratif sont habilités à émettre des actes administratifs unilatéraux d’ordre réglementaire ou non-réglementaire. La jurisprudence française a admis et ce depuis les arrêts de « Montpeurt » du 31 Juillet 1942 et « Magnier » du 13 Janvier 1961 la possibilité pour les personnes privées chargées d’une mission de services publics de prendre des actes administratifs unilatéraux lorsqu’ils traduisent la mise en œuvre d’une prérogative de puissance publique. Les actes pris par des personnes privées gérant un service public industriel et commercial ne revêtent le caractère administratif que s’ils sont de nature réglementaire et ont trait à l’organisation des services publics. En dehors de cela, ce sont des actes de droit privé (tribunal des conflits épouses barbies). Affectant l’ordonnancement juridique : Pierre Devolvé le définit comme étant l’ensemble des règles juridiques qui déterminent la situation des sujets de droits et qui leur confèrent des droits et des obligations et il ajoute que l’acte administratif affecte cet ordonnancement et provoque un effet sur lui. Un acte peut affecter l’ordonnancement juridique de deux manières : positive : en le modifiant par la création de droits et obligations supplémentaires. Négative : en prenant une position sur l’ordonnancement existant et donc sur les droits et obligations qu’il comporte mais sans pour autant y ajouter ou y retrancher. Il en est ainsi dans le cas d’un rejet d’une demande ou d’une autorisation. Il existe des actes émanant de la seule volonté de l’autorité administrative mais qui n’ont pas de vocation à affecter l’ordonnancement juridique. Il en est ainsi pour les mesures d’ordre intérieur tel que les circulaires et les directives. Circulaire : acte pris par une autorité administrative, qui n’affecte pas l’ordonnancement juridique, vient pour interpréter les dispositions réglementaires et les expliquer. Elle ne peut être regardée comme un acte unilatéral. Elles prennent la forme d’une instruction ou note de service. Elles sont adressées par le chef des administrations publics et agents placés sous leur autorité (le chef du gouvernement peut prendre des circulaires). Elle a pour but essentiel l’explication et l’interprétation des textes législatifs et réglementaires en vigueur et la détermination de la façon dont l’administration entend les mettre en œuvre. Ce ne sont pas des décisions exécutoires. La jurisprudence distingue entre deux types de circulaires : réglementaires : contenant des règles faisant grief aux administrés. Elles sont considérées comme des actes de portée générale et impersonnelle. Ces circulaires n’ayant que la forme, leur intitulé est soumis au régime juridique des actes administratifs unilatéraux et par voie de conséquence sont susceptibles de recours devant le juge administratif. Interprétatives : dans lesquelles le chef hiérarchique (chef du gouvernement et ministres) fait connaître, rappelle, commente interprète un texte antérieur ou indique la manière de procéder. Elles ne sont pas considérées comme des actes administratifs unilatéraux puisqu’elles ne modifient pas l’ordonnancement juridique. La loi française du 17/07/1978 relative à l’accès aux documents administratifs prévoit leur publication alors qu’aucun texte au Maroc ne prévoit leur publication. Les directives : sont des instructions et orientations générales adressées par les supérieurs hiérarchiques à leurs subordonnés dans un domaine où ils disposent d’un pouvoir réglementaire et d’une marge d’appréciation et de discrétion pour leur tracer une ligne de conduite ou leur indiquer le contenu des décisions qu’ils devront prendre et la démarche à suivre dans l’accomplissement de leurs tâches. Ce ne sont pas des actes administratifs unilatéraux et de ce fait insusceptibles de recours devant le juge administratif. La classification des actes administratifs unilatéraux/ Généralement, on distingue entre deux catégories d’actes : les actes administratifs réglementaires et non réglementaire. Notons bien que cette distinction matérielle se base sur le contenu de l’acte. Les actes réglementaires : ce sont des actes qui ont une portée générale et impersonnelle puisqu’ils s’adressent à une pluralité de personnes non désignées par leur nom ou à une ou plusieurs personnes désignées par leur situation, leur statut ou leur fonction mais d’une façon abstraite. (La portée impersonnelle). Les actes non réglementaires : on distingue dans cette catégorie d’actes, les actes individuels et les actes collectifs. Actes individuels : concernent une personne physique ou morale déterminée par son nom. Exemple : une autorisation de construire donnée à un particulier ou à une société. Actes collectifs : intéressent plusieurs personnes nommément désignés. Exemple : l’acte d’avancement de grade concernant plusieurs fonctionnaires, l’acte de nomination des membres d’un conseil administratif, d’un établissement public ou d’un comité donné. La distinction entre les deux revêt une importance capitale/ Si toutes les autorités administratives prennent des actes réglementaires dans la limite bien entendu de leurs compétences, seules certaines d’entre elles possèdent le pouvoir réglementaire, c’est-à-dire le pouvoir d’édicter des règlements. Il en est ainsi pour le chef du gouvernement et les collectivités territoriales qui détiennent ce pouvoir directement de la constitution, les autres autorités même les ministres ne peuvent l’exercer que sur habilitation législative ou décrétale. L’acte réglementaire peut à tout moment être abrogé ou modifié car il ne crée pas des droits acquis alors que l’acte non réglementaire lorsqu’il crée des droits acquis ne peut être ni abrogé ni modifié. (Abrogation) L’acte réglementaire peut être contesté devant le juge administratif soit directement par voie d’action dans un délai de deux mois après sa publication soit indirectement par voie d’exception. Les actes non réglementaires ne peuvent être pris par voie d’exception. (Soumission au juge) L’acte réglementaire à la différence de l’acte non réglementaire peut faire l’objet d’une interprétation par les juridictions ordinaires. (Interprétation) La publication est le mode normal de la publicité de l’acte réglementaire pour qu’il soit opposable aux administrés, celui de l’acte non réglementaire est la notification ou tout moyen approprié. (Publication et notification) L’acte réglementaire à la différence de l’acte non réglementaire a en principe un caractère permanent parce qu’il a un caractère législatif. Les tribunaux répressifs (pénaux) peuvent apprécier la légalité d’un acte réglementaire mais non pas celle d’un acte non réglementaire. (Légalité) Les décrets réglementaires font l’objet d’une délibération au sein du conseil du gouvernement alors que les décrets non réglementaires peuvent être édictés par le chef du gouvernement sans délibération de ce conseil. Les décrets et les actes réglementaires ne peuvent faire l’objet d’une délégation ni de signature ni de VISAS de la part des ministres et des secrétaires d’Etat au profit de leur fonctionnaires ou agents ou du Wali ou du gouverneur. L’élaboration de l’acte administratif unilatéral/ Il est pris par une autorité administrative compétente tout en observant des règles de forme et de procédure. La compétence en matière d’acte administratif unilatéral : c’est l’aptitude propre à la fonction et indépendante de la personne conférée par la constitution, les lois, les règlements ou encore à la rigueur par le juge, à certains agents publics à accomplir certains actes juridiques sur un territoire donnée à un moment donné. Les règles de la compétence à raison de la matière sont d’ordre public. L’incompétence peut être soulevée par les parties à tout stade de la procédure contentieuse et relevée d’office par la juridiction saisie. (Article 12 de la loi n°41-90 instituant les tribunaux administratifs). Les règles de la compétence n’attribuent pas seulement à l’autorité administrative le pouvoir d’agir et d’édicter des actes juridiques mais lui imposent l’obligation d’agir et d’exercer la compétence. La délimitation de la compétence/ Les éléments de détermination de la compétence sont la matière, le territoire, le temps, le personnel. L’élément relatif à la matière est la compétence matérielle. Chaque autorité administrative a sa propre sphère de compétence qui est bien déterminée par le législateur (le ministre doit respecter la compétence du chef du gouvernement ainsi qu’il doit respecter la compétence conférée aux collectivités territoriales). L’élément relatif au territoire est la compétence territoriale ou spatiale. Il définit le champ géographique de la compétence et est facile à déterminer. Il y a des autorités administratives qui exercent leurs compétences sur l’ensemble du territoire national tel que le chef du gouvernement, les ministres, d’autres l’exercent sur une seule région ou une seule préfecture ou province tel que les Walis ou gouverneurs. L’élément relatif au temps s’intéresse à la date de la prise de l’acte administratif unilatéral. En principe, la compétence des autorités administratives se situe entre leur investiture (nomination) et leur désinvestiture. Cependant, il peut arriver qu’une autorité désinvestie continue à exercer la compétence dans le cadre de la théorie de l’expédition des affaires courantes pour assurer une continuité des services publics (article 47 alinéa 7). « Le gouvernement dont il a été mis fin aux fonctions expédie les affaires courantes jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement ». Les altérations de la compétence/ Les règles de compétence peuvent être altérées pour qu’une autorité puisse exercer la compétence relevant d’une autre autorité et ce dans le cas d’une délégation ou d’un remplacement. Les délégations de compétence : on traitera successivement les sortes de délégation de compétence et ses conditions. Les modes de délégation de compétence : la délégation de pouvoir : bouleverse l’ordre de la compétence. Elle opère un transfert des attributions d’une autorité délégante à une autre délégataire. Elle réalise donc un déplacement de compétence au profit de la seconde dans la mesure où l’autorité délégante devient incompétente pour décider dans les matières déléguées sauf si la délégation a été retirée par la suite. En vertu de l’article 90 de la constitution, le chef du gouvernement exerce le pouvoir réglementaire et peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. La délégation de pouvoir est impersonnelle, n’est pas affectée par un changement de l’autorité délégante ou de l’autorité délégataire (on a affaire à une autorité avec une autre). Le délégataire dans ce cas ne peut procéder à une subdélégation de pouvoir, en revanche il peut déléguer sa signature. La délégation de signature : ne bouleverse pas la répartition de la compétence car elle ne dessaisie pas totalement l’autorité délégante de sa compétence. Elle demeure compétente pour décider en la matière qui fait l’objet de cette délégation. Elle est accordée par une autorité administrative supérieure à une autre inférieure nommément désignée. Le délégataire jouissant d’une délégation de signature ne peut pas procéder à une subdélégation de sa signature car il ne fait qu’agir à la place du délégant et sous sa responsabilité. Les conditions de délégation de la compétence : elles ne sont légales que si elles sont prévues par un texte d’ordre constitutionnel, législatif ou réglementaire sachant bien que ce texte doit être de même rang que celui qu’a établi la compétence ; publiée car la compétence relève de l’ordre public ; partielle : l’autorité administrative ne peut pas déléguer la totalité de sa compétence, précise : les matières faisant l’objet de la délégation doivent être précises ; émaner du titulaire de la compétence. Les remplacements : dans le cas où une autorité administrative ne peut pour une raison ou une autre exercer sa compétence elle peut être remplacée immédiatement par une autre. Ce remplacement est justifié par le principe de la continuité des services publics. Le remplacement doit être prévu par le même texte qui a conféré la compétence à son titulaire principal. On distingue la suppléance, l’intérim et la substitution comme trois modes différents réalisant le remplacement d’une autorité par une autre. La suppléance : réalise le remplacement d’une autorité par une autre, lorsque la première est absente ou empêchée par quelconque empêchement. L’autorité compétente est toujours en fonction mais ne peut rien accomplir car elle est absente ou a un empêchement quelconque. Elle est prévue par un texte, ainsi en vertu de l’article 109 de la loi organique relative aux communes « en cas d’absence ou d’empêchement de longue durée pouvant porter préjudice au fonctionnement et aux intérêts de la commune, le président est provisoirement remplacé dans la plénitude de ses fonctions par un vice-président ». L’intérim : se présente lorsque l’autorité compétente n’existe plus et dans l’attente de la désignation d’une nouvelle autorité, une autre personne est chargée d’assurer l’exercice de ses fonctions pour faire face à cette indisponibilité. Il peut ne pas être prévu par un texte. La loi organique relative à l’organisation et à la conduite des travaux : « en cas d’absence du chef du gouvernement ou lorsque les circonstances l’exigent pour quelque cause que ce soit, le chef du gouvernement propose au Roi de charger l’un des membres du gouvernement d’assurer son intérim pendant un délai limité et pour l’exercice des fonctions déterminées. Il est mis fin d’office à l’intérim dès que le chef du gouvernement reprend l’exercice de ses fonctions ». La substitution : une forme de remplacement qui permet au remplaçant d’exercer les compétences du titulaire mais cette forme en pratique ne concerne que la relation des autorités décentralisées aux autorités de tutelle (les collectivités territoriales au gouvernement), lorsque les premières refusent ou s’abstiennent d’exercer certaines compétences qui leur sont imparties. Les infractions aux règles de compétence : sont les faits soit d’une usurpation de fonction, usurpation de pouvoir ou empiétement de fonction. Usurpation de fonction : lorsque l’acte en cause est édicté par une autorité n’ayant reçu aucune habilitation en matière administrative ou par une autorité dont l’investiture a expirée (soit du fait de la mise à la retraite, d’une démission, d’une révocation ou du fait de l’arrivée à terme du mandat). Usurpation de pouvoir : se préserve lorsque l’autorité administrative empiète sur les attributions du pouvoir législatif ou du pouvoir judiciaire. Empiètement de fonction : une autorité administrative empiète sur les attributions d’une autre autorité administrative. A cet égard, on envisage trois cas : empiétement d’un subordonné sur les attributions de son supérieur/ empiètement de deux autorités égales/ empiètement d’un supérieur hiérarchique sur les attributions d’un subordonné). Les règles de forme et de procédure de l’acte administratif unilatéral/ L’élaboration de l’acte administratif unilatéral est soumise à un certain nombre de règles de fond et de procédure. Les règles de fond concernent l’acte administratif en tant que negotium c’est-à-dire sa présentation, alors que les règles de procédure ou de formalité se rapportent à l’instrumentum c’est-à-dire aux étapes que l’acte doit franchir. Les règes de forme : les AA sont tenues dans l’édiction de leurs actes administratifs de respecter les règles de forme prescrites par la constitution, les textes législatifs et réglementaires. Ces règles concernent aussi bien la rédaction de l’acte que ses mentions. La rédaction de l’acte administratif unilatéral : il peut être écrit ou non écrit. La forme écrite de l’acte : les actes des AA prennent souvent la forme écrite et de ce fait ils expriment de façon nette et expresse leur volonté. La forme écrite de l’acte administratif est la forme la plus fréquente dans son édiction, caractérisant notamment les textes réglementaires. L’acte administratif écrit traduit la volonté expresse et explicite de l’autorité administrative, néanmoins ces actes peuvent être pris en dehors de toute forme. La forme non écrite de l’acte : se présente dans deux cas : verbalement ou tacitement. L’acte verbal peut être une forme de l’acte administratif. Par exemple un ordre adressé par un agent de police chargé de la circulation à un automobiliste. L’acte tacite : le silence de l’autorité administrative pendant un certain temps (deux mois) peut être interprété selon le cas comme une décision implicite d’acceptation (en matière de permis de construire ou d’un rejet). Force est de rappeler que la loi n°41-90 instituant des tribunaux administratifs dispose dans son article 23 que le silence conservé pendant un une période qui dépasse 60 jours est à la suite d’une demande est considéré comme un rejet. L’intéressé peut alors introduire un recours devant le tribunal administratif dans le délai de 60 jours à compter de l’expiration de la période de 60 jours ci-dessus spécifiée. Les mentions de l’acte administratif : il comporte les Visas, les motifs, la date, le lieu, la signature et le cas échéant le contreseing. Les visas indiquent les textes dont l’acte fait application et les éléments de procédure qui ont précédé son édiction. Les Visas permettent au destinataire de l’acte de prendre connaissance de l’assise juridique des mesures prises. L’absence totale ou partielle des Visas dans un acte administratif est sans conséquence sur sa régularité, le même jugement vaut pour une erreur dans les Visas. Les motifs des AA : ce sont les raisons de fait et de droit qui justifient la prise de la décision. Pendant longtemps, l’administration n’était pas obligée de motiver ses décisions mais la loi du 23/07/2002 est venue pour limiter le principe de la non motivation des AAU. Cette obligation est imposée à peine d’illégalité de la décision, ainsi elle oblige l’administration de motiver les décisions administratives non réglementaires défavorables émanant des administrations de l’Etat, des collectivités territoriales, établissements publics, personnes privées chargées de la gestion d’un service public. La motivation doit être écrite et doit comporter les énonciations de fait et de droit qui donnent un fondement légal à la décision. Les décisions concernées par l’obligation de motivation sont : les décisions liées à l’exercice des libertés publiques ou celles présentant un caractère de police administrative/ les décisions administratives qui infligent des sanctions administratives ou disciplinaires/ les décisions administratives qui subordonnent à des conditions restrictives particulières l’octroi d’une autorisation, une attestation, de tout autre document administratif ou imposer des suggestions non prévues par la loi ou le règlement/ les décisions administratives qui retirent, abrogent une décision créatrice de droits/ les décisions administratives qui opposent une prescription, une forclusion ou une déchéance de droit/ les décisions administratives qui refusent un avantage dont l’attribution constitue un droit pour les personnes qui remplissent les conditions légales pour l’obtenir/ les décisions administratives relatives à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ne font pas l’objet d’une motivation. L’énumération faite par la loi n°03-01 présente un caractère limitatif, les décisions individuelles défavorables autres que celles précitées demeurent soumises au principe de non-motivation. La date et le lieu : la mention de la date d’un acte ne constitue pas une condition de la légalité de celui-ci mais il est extrêmement utile car la légalité de l’acte s’apprécie en fonction des règles en vigueur au jour de son adoption. En particulier, elle permet de déterminer si l’auteur de l’acte était toujours en fonction lorsqu’il l’a adopté ou si le délai n’a pas expiré. Pas plus que celle de la date, la mention du lieu n’est pas une condition de la légalité de l’acte, elle a d’ailleurs moins d’importance qu’elle car sauf exceptions, la légalité d’un acte n’est pas conditionnée par le lieu où il a été adopté. La signature : pas uniquement une mention figurante dans l’acte, elle est le plus souvent une condition de l’existence de celui-ci et détermine son auteur. Tant que l’acte n’est pas signé, il n’a aucune existence juridique, il ne constitue qu’un projet. Le contreseing : des Dahirs (article 42) et des actes réglementaires du chef du gouvernement (article 90). Les règles de procédure : sont nombreuses, seules les plus importantes seront prises en considération. La proposition : l’autorité soumet à une autre un projet d’acte afin qu’elle l’adopte. Il peut y avoir des propositions facultatives qui ne lient en aucune manière l’auteur de l’acte mais il existe aussi des propositions obligatoires sans lesquelles l’auteur de la décision ne peut prendre celle-ci et des propositions contraignantes qui sont à la fois contraignantes et conformes. La consultation : est destinée à rassembler des avis qui éclairent l’administration sur sa décision en lui permettant de connaître le point de vue de l’organisme compétent ou intéressé en la matière. Il y a trois catégories d’avis : la consultation facultative : n’est imposée par aucun texte, l’autorité administrative peut solliciter avant de prendre la décision mais n’est pas tenue de suivre ; la consultation obligatoire : doit être prévue par un texte, dans ce cas l’autorité administrative est certes, obligée de demander l’avis mais elle n’est nullement obligée de le suivre. La consultation conforme : elle doit être prévue par un texte et quand c’est le cas l’autorité administrative se trouve dans l’obligation de solliciter l’avis et de s’y conformer. L’avis conforme lie l’autorité dont la décision ne peut lui être contraire. La contradiction : certaines décisions ne peuvent être prises sans que les personnes qui en font l’objet ne soient mises à même de faire valoir préalablement leurs observations, il s’agit là d’un cas d’application du principe du droit à la défense. La procédure contradictoire doit être observée dans tous les cas où une mesure soit être prise en considération de la personne qu’elle vise. Il en va ainsi pour les sanctions destinées à réprimer un manquement à une obligation. Tel est le cas pour celles infligées à des fonctionnaires comme le rappelle le statut général de la fonction publique dans son article 67. L’entrée en vigueur de l’acte administratif unilatéral/ Les actes administratifs deviennent opposables aux tiers du moment où ils sont portés à leur connaissance. A cette condition de publicité s’ajoute une autre, celle de la non-rétroactivité des actes administratifs. Publication et notification : en principe, les actes réglementaires sont portés à la connaissance du public par un mode de publicité impersonnel. La publication : les décrets et les arrêtés émanant des ministres sont publiées au bulletin officiel alors que les décisions individuelles doivent être portées à la connaissance des intéressés par un mode de publicité personnel ( notification). L’acte administratif non publié est un acte valide, seulement le défaut de publicité le rend inopposable aux tiers. La non-rétroactivité des AAU : la règle de a non rétroactivité a un fondement constitutionnel mais celle de la non rétroactivité des actes administratifs est considérée par la jurisprudence comme un principe général de droit. Cette règle signifie qu’un acte administratif ne peut légalement produire d’effet à une date antérieur à celle de son entrée en vigueur, c’est-à-dire à celle de sa publication s’il s’agit d’un acte réglementaire et à celle de sa notification s’agissant des actes non réglementaires.