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Français, normes et

variation
Mathieu Goux
<mathieu.goux@unicaen.fr>
Descriptif du cours
• L'objectif de ce cours est de présenter les concepts théoriques
de base autour des notions de norme et variation linguistique
et de les refléter concrètement à partir de l'observation large
du français contemporain. À quels facteurs institutionnels,
sociolinguistiques (variation diastratique), géographiques
(variation diatopique) et situationnels (variation diaphasique)
sont dues l'émergence d'une norme et/ou de ses variations ?
Partant d'exemples concrets du français contemporain, nous
verrons, à partir d'analyses contrastives ou comparatives de
variétés entre elles et de variétés avec leur norme, comment
se manifeste cette variation à différents niveaux linguistiques
(phonologique, morphologique, lexical, syntaxique).
Objectifs du cours

• Introduire, définir et réfléchir sur les notions de normes, de


variation et de variétés linguistiques.
• Observer comment ces notions ont été définies au long de
l’histoire de la langue française et se reflètent dans la langue
contemporaine.
• Déterminer les différents facteurs, historiques, sociologiques,
géographiques… qui conditionnent leur émergence.
• Déterminer les paliers de l’analyse linguistique dans lesquels
ces notions se manifestent.
Bibliographie indicative
• BAVOUX C., PRUDENT L.-B. Et WHARTON, S. (2008). Normes endogènes et plurilinguisme : aires
francophones, aires créoles. Paris : ENS éditions.
• BYBEE, J. (2015). Language change. Cambridge : CUP.
• CALVET, L.-J. (1993). La sociolinguistique. Paris : PUF.
• CAMPBELL, L. (1998). Historical Linguistics: An Introduction. Edinburgh : EUP.
• CHAMBERS, J.K. & SCHILLING, N. (dir.) (2013). The handbook of language variation and change.
Oxford : Blackwell.
• GADET, F. (1996). « Variabilité, variation, variété : le français d'Europe ». Journal of French
Language Studies. Vol 6 (1). p 75-98.
• GADET, F. (1989). Le français ordinaire. Paris : Armand Colin.
• GADET, F. (2007). La variation sociale en français. Paris : Ophrys.
• GUILLOT, C. et al. (dir.) (2012). Le changement en français. Berne : Peter Lang.
• HOCK, H. H. & JOSEPH, B. D. (1996). Language History, Language Change, and Language
Relationship. Berlin : Mouton de Gruyter.
• MARCHELLO-NIZIA C. (2006). Grammaticalisation et changement linguistique. Louvain-la-Neuve : de
Boeck.
• MCMAHON, A. (1994). Understanding Language Change. Cambridge : CUP.
• TRAUGOTT, E. C. & Dasher, R. (2001). Regularity in semantic change. Cambridge : CUP.
• WARDHAUG, R. (1992). An introduction to sociolinguistics. Oxford : Blackwell.
• YAGUELLO, M. (dir.) (2003). Le grand livre de la langue française. Paris: Editions du Seuil.
Informations pratiques

• Enseignant : Mathieu Goux <mathieu.goux@unicaen.fr>


• 12 semaines de cours, 1CM et 1TD couplés.
• Cours disponible sur l’ENT.
• Contrôle continu : chaque partiel compte pour 50% de la note
terminale.
• Les contrôles alterneront entre questions de cours et
développements argumentés.
Plan général du semestre

• Séances 1 à 5 : Normes et variations en France métropolitaine


• Séance 6 : CC1
• Séances 7 à 9 : Normes et variations hors de France
métropolitaine
• Séances 10 et 11 : Perspectives de la langue française
• Séance 12 : CC2
Plan du cours

• I. Le français dans le monde


• II. Normes, variation et variétés
• III. Quelques exemples de variation lexicale
I. Le français dans le monde
• Environ 70 M de personnes jouissant de la nationalité française dans
le monde (dont 68 M en République française).
• 300 M de locuteurs du français (235M l’utilisent quotidiennement,
77 M sont des locuteurs natifs).
• Langue officielle ou co-officielle de 29 pays.
• Langue officielle de nombreuses origanisations internationales (dont
l’UE, le CIO, l’OTAN, Interpol, l’ONU et la Fédération Internationale
d’Escrime).
• Cinquième langue la plus parlée au monde par nombre de locuteurs
(derrière l’Anglais, le Mandarin, l’Hindi et l’Espagnol).

=> Statut administratif complexe, et grande étendue géographique et


sociale. L’ensemble des locuteurices qui emploient le français en usage
quotidien forme la francophonie, monitorée par l’OIF (« Organisation
Internationale de la Francophonie »).
I.1 – Diffusion du français
• Le français est né en France, celui que nous pratiquons est une
variété de langue d’oïl. Son extension a d’abord été
concomittante à l’extension du territoire français, puis sa
diffusion mondiale connaîtra deux mouvements d’importance.

• Le premier à compter au XVIe siècle, notamment pour des raisons


culturelles.
• Le second à compter du XIXe siècle, notamment pour des raisons
politiques et coloniales.

• Le français s’est diffusé de quatre grandes façons : (i) par


tradition, (ii) par importation, (iii) par implantation, (iv) par
superposition.
I.2 – Mécanismes de la
diffusion
• Certaines zones géographiques sont francophones par
tradition. Ce peut-être :
• Une tradition géographique, par le phénomène de contact
linguistique : les locuteurices des zones frontalières développent
naturellement des compétences de diglossie (notamment les
commerçant.e.s), comme en Belgique, en Suisse ou au nord-
ouest de l’Italie (val d’Aoste).
• Une tradition culturelle, par l’extension religieuse et notamment
protestante (au regard du catholicisme de tradition latine
jusqu’au concile Vatican II de 1965), et par l’établissement de
l’instruction primaire obligatoire à compter de l’époque moderne.

=> La norme française s’est alors progressivement imposée au regard


des langues locales.
• D’autres zones sont devenues francophones par importation.
• Les locuteurices se sont installé.e.s sur des territoires « vierges »,
notamment lors de la vague des Grandes Découvertes : Amérique
du Nord, Océan Indien, Québec, Louisiane…
• La langue française s’est imposée soit parce qu’il n’y avait aucune
autre population, soit parce que les habitant.e.s ne formaient pas
une puissance politique supérieure ou équivalente aux colons.
• L’histoire politique a étendu la francophonie par implantation.
• La colonisation du Maghreb, notamment, ou de l’Indochine, a
implanté la langue française avec les délires expansionnistes de la
République française.
• La langue française, trop coupée des réalités locales, a eu du mal
à s’imposer. Selon les régions, elle s’est soit imposée sous la
forme d’un français endogène, soit a été remplacée, soit a co-
existé avec une autre langue.
• Enfin, certaines zones francophones le sont par superposition.
• Le français est alors employé dans des cadres de communication
formelle ou dans la langue administrative, alors qu’une langue
locale est employée dans un cadre domestique.
• On retrouve donc une opposition du type langue véhiculaire /
langue vernaculaire, comme l’a été jadis le latin ou comme l’est
aujourd’hui l’anglais.
• C’est notamment le cas dans les anciennes colonies africaines, où
le français a conservé un statut important malgré l’émancipation
des anciennes colonies.
II. Normes, variation et variétés
• Préambule nécessaire : les langues étant le fait du genre
humain, elles évoluent avec lui. Les langues évoluent dans le
temps (variation diachronique), dans l’espace (variation
diatopique), selon le milieu social (variation diastratique),
selon le contexte situationnel (variation diaphasique), selon
leurs contacts avec d’autres langues…
• Compte tenu de l’histoire de la langue française et de sa
grande diffusion, il est donc naturel d’observer beaucoup de
variation en français.
II.1 - Terminologie
• Un point terminologique :
• Le terme de variation, qui ne s’emploie qu’au singulier, désigne le
changement continu des langues selon les paramètres donnés
précédemment.
• Le terme de variété renvoie à l’usage d’une langue selon un ou
plusieurs paramètres diasystémiques. Le français classique est
une variété diachronique du français ; le français du Midi est une
variété diatopique du français ; etc.
• Le terme de variable renvoie à un élément du système
linguistique susceptible de se réaliser sous différentes variantes.
Par exemple, le phonène /r/ est une variable, soit un élément
susceptible de varier dans sa réalisation concrète, par exemple en
[r] roulé, en [R] grasseyé, etc.
• Le terme de norme renvoie à un ensemble de règles censées
assurer l’intercompréhension de la langue entre tou.te.s ses
locuteurices.
II.2 – Établissement de la
norme française
• Au regard des autres langues du monde, le français a une
histoire conflictuelle avec sa dimension normative.
• Il est possible d’envisager le concept de norme de deux
façons.
• Du point de vue linguistique, l’élection d’une norme (ou « usage
dominant ») par une communauté de locuteurices est un
phénomène endogène et parfaitement naturel. Toutes les
langues ont une grammaire plus ou moins stabilisée, et quand
bien même y aurait-il beaucoup de variables, il est une
stabilisation qui finit par s’opérer.
• Du point de vue politique, l’élection d’une norme peut s’opérer
par une certaine frange de la communauté linguistique selon des
critères subjectifs, esthétiques et/ou sociaux et elle devient
synonyme de « Bon Usage », une variété de la langue considérée
comme « supérieure » au regard des autres.
• Nous explorerons l’histoire de la norme la semaine prochaine.
Retenons cependant que le « Bon usage » français, soit la
norme politique, se fonde sur des règles :
• Arbitraires : l’élection d’une variable au profit d’une ou de
plusieurs autres ne se fonde pas sur des critères linguistiques,
endogènes au système de la langue, mais sur des critères extra-
linguistiques, exogènes au système de la langue.
• Officielles : les règles du Bon Usage sont assurées par les
institutions administratives et régaliennes, dont le système
scolaire et les services de l’état, ainsi que par les ouvrages de
grammaire, les dictionnaires, etc.
• Du point de vue sociolinguistique, la norme, fût-elle immanente au
système linguistique ou élue historiquement, est considérée comme
la « variété légitime » d’une langue, ou encore la « langue
standard ».
• Elle est considérée être le patron autour duquel toutes les autres
variantes se positionneront et se répartiront. Des termes comme
langue savante, populaire, jardon, argot, élevée, basse… se
définissent en relation à cette langue standard. Cette répartition est
arbitraire, et ce qui fait partie, ou non, de tel ou tel niveau de langue
a subi de nombreux changements.
• Elle est généralement associée à l’écrit, et bien qu’elle se définisse
selon un certain nombre de préceptes et de prescriptions touchant
tous les paliers de l’analyse linguistique, il s’agit davantage d’une
sorte de « toise élastique » qui a beaucoup évolué dans le temps.
II.3 – Aspects de la variation
• La variation est particulièrement étudiée par le champ de la
sociolinguistique et de la linguistique diachronique, et elle
s’oppose à une vision plus structuraliste, « saussurienne », de
la langue, pour laquelle il n’y a jamais qu’une seule façon de
dire ce que l’on veut dire.
• La variation se manifeste à tous les niveaux du système de la
langue (phonique, morphologique, syntaxique, lexicale,
pragmatique…). Comme toujours, ces paliers sont en
interaction constante les uns avec les autres.
• On peut envisager la variation (i) du point de vue des usagers,
(ii) du point de vue de l’usage.
• La variation selon les usagers renvoie à la langue parlée des
locuteurices selon un paramètre :
• Diachronique (variétés temporelles : moyen français, français
classique, moderne, contemporain…).
• Diatopique (variétés spatiales ou régionales : opposition France /
Canada, Paris / Marseille…) : on parlera de dialectes ou de
régiolectes.
• Diastratique (variétés sociales et / ou démographiques :
opposition personnes jeunes / âgées, ruraux / urbains, selon leurs
professions, le niveau d’études…). On parlera de sociolectes ou de
technolectes (ou encore de « jargon »).
• La variation selon l’usage renvoie à la langue parlée selon des
paramètres :
• Diaphasiques (variante situationnelle ou stylistique). Notre
compétence active évolue, quelle que soit notre origine sociale,
notre profession, notre âge… selon la situation communicationnelle,
et notamment l’identité de nos interlocuteurices (variation tu / vous
en fr. mod.) et le support (oral ou écrit).
• De registres. On a tendance à identifier des registres :
• Soutenu (soigné, recherché, châtié, tenu…)
• Standard (non marqué, courant, commun, usuel…)
• Familier (relâché, spontané, ordinaire…)
• Vulgaire.
• …

=> On identifie un locuteur expert dans sa faculté à identifier


intuitivement ces différentes variations (compétence
épilinguistique, ou « métalinguistique inconsciente » pour
Culioli).
III. Quelques exemples de
variation lexicale

• La variation lexicale est sans doute le meilleur endroit pour


s’apercevoir de la force variationnelle de la langue.
• On retiendra en préambule que quelque variation considérée,
on y retrouvera toujours les mécanismes fondamentaux
régissant les variables de la langue. La variation fait partie du
système endogène de la langue, elle ne lui est pas étrangère.
• Nous verrons ici les créations relevant de l’argot, que l’on
définit comme une variante diastratique employée par une
communauté constituant un milieu fermé, que ce soit au
niveau professionnel, générationnel, géographique…
• L’argot, par exemple, se constitue au niveau lexical par des
mécanismes :
• D’emprunt : bled (emprunt à l’arabe, ‫ بلد‬balad, « contrée,
village »), gadjo (emprunt au romani, gadjo : « non-tsigane »).
• D’adaptation : flipper, « avoir peur » (adaptation du substantif
flipper, construit en anglais sur flip, « nageoire », par rapport aux
leviers de la machine. Il y a eu métonymie à partir du
tremblement de la machine suite à un tilt).
• De verlanisation : meuf (femme => fa + me => me + f[a]).
• De troncation (ou apocope) : prof (prof[esseur]).
• Ces mécanismes sont présents depuis toujours en langue
française :
• De nombreux emprunts ont émaillé notre histoire lexicale : zéro,
amiral, chiffre… sont des emprunts à l’arabe.
• Smoking est une adaptation de l’anglais.
• Le verjus est une verlanisation du jus vert.
• L’apocope est présente dès le latin populaire et a été très
productive en français (cinématographe => cinéma, transport
métropolitain => métropolitain => métro…).
Conclusions
• Les langues sont en constante évolution, et cette évolution
touche tous les aspects du système linguistique.
• On distinguera la variation selon les usagers, et la variation
selon les usages.
• La langue française est un exemple intéressant à analyser de
ce point de vue, compte tenu :
• De la riche documentation à notre disposition depuis le moyen-
âge.
• Par la densité de ses discussions normatives et grammaticales
depuis la Renaissance.
• Par l’histoire politique de son état.
• Par sa diffusion culturelle et son importance contemporaine.

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