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La propagation de l’onde électromagnétique
« Cela n'a aucune espèce d'application. C'est juste une expérience qui permet de prouver que le
maître Maxwell avait raison — nous avons simplement ces ondes électromagnétiques mystérieuses
que nous ne pouvons voir à l'œil nu. Mais elles sont là.»
Heinrich Hertz (1857‐1894)
Depuis le 19ème siècle, et en particulier après la mise en évidence des phénomènes prédits
par les équations de Maxwell, un éclairage tout particulier est apparu sur l’électricité et le
magnétisme : ce sont deux phénomènes indissociables et « couplés », liés par nature et
pouvant faire apparaître des phénomènes de propagation. On parle dans ce cas « d’onde
électromagnétique ».
L’équation générale de propagation sans dissipation à une dimension
De façon générale, les phénomènes ondulatoires sont très répandus et même très tangibles.
Imaginez simplement que vous jetez un caillou dans l’eau d’un lac. Vous visualisez alors
immédiatement des cercles concentriques qui se propagent à partir du point d’impact,
comme le représente la figure 4.1. Analysons alors le phénomène dans une seule des
directions de propagation, un seul rayon représenté également sur la figure par l’axe (0,x).
O
x
temps : 0
d=c.t x
temps : t
x
Figure 4.1 : Propagation des « ronds dans l’eau »
En relevant à un instant la forme de la surface de l’eau le long de l’axe, celle ci apparaît
comme une fonction où représente la distance par rapport au centre des cercles. Un
instant plus tard, au temps , le profil des ondulations se sera déplacé vers l’extérieur, la
forme globale étant conservée. Tout se passe comme si le profil initial avait « glissé » le long
de l’axe des avec le passage du temps.
Dans ce cadre, la fonction représentant l’onde et son déplacement apparaît comme une
fonction de et de qui s’écrira classiquement :
, .
On peut alors se demander pourquoi introduire dans cette fonction un signe moins et un
facteur c... La réponse est facile à identifier : Au temps l’onde paraît être juste translatée
selon l’axe des x d’une certaine distance . Cette distance peut être écrite comme une
« vitesse de propagation » appelée (pour « célérité ») que multiplie la différence de
temps : . . Comme l’onde se déplace dans le sens des croissants, la forme qu’elle
présente à un instant est la même que celle qu’elle présentait à l’instant 0 mais translatée
de la distance : d’où le terme . dans la fonction.
En ce qui concerne l’onde qui se propage dans la direction des 0, un raisonnement
identique conduirait à une fonction s’écrivant :
, .
Ce type de phénomène, où une forme d’onde « progresse » le long d’un axe (ou de
plusieurs) fait ainsi apparaître une « onde progressive » (sens des 0) et une « onde
rétrograde » (sens des 0) qui doivent toutes les deux vérifier des conditions d’existence.
NB : la célérité de l’onde est simplement la vitesse de propagation de l’onde le long de l’axe. Son unité S.I. sera
le m/s.
Comme la propagation de l’onde est un phénomène dynamique, il semble une bonne idée
de s’intéresser aux dérivées spatiales et temporelles de la fonction , qui la décrit. En
appelant . la variable « spatiotemporelle », on peut alors écrire :
,
. .
Ainsi :
² , ² ²
. . ².
² ² ²
Par ailleurs :
,
.
Et :
² , ² ²
.
² ² ²
On remarque alors que :
² , ² ,
².
² ²
Cette équation est très célèbre, elle porte le nom d’ « équation de D’Alembert » et est
particulièrement appréciable car elle est basée sur les hypothèses les plus générales
concernant la propagation d’un phénomène quelconque.
On pourrait alors se demander pourquoi D’Alembert n’a pas retenu la relation portant sur
, ,
les dérivées premières : . comme caractéristique de la propagation … Il
faut alors remarquer que cette dernière n’est pas vérifiée pour l’onde rétrograde décrite
par . . En revanche la relation portant sur les dérivées secondes l’est ! Le type de
solution générale qui la vérifie est alors du type : . . .
Une onde qui se propage peut donc de façon générique être vue comme la superposition
d’une onde progressive et d’une onde rétrograde vérifiant l’équation de D’Alembert.
L’équation générale de propagation sans dissipation à trois dimensions
Intéressons nous au cas particulier d’une onde se déplaçant dans l’espace, dans une
direction portée par le vecteur unitaire (comme ce vecteur est unitaire, on aura bien
sûr : ² ² ² 1).
On se restreindra au cas particulier d’une onde dite « plane », c'est‐à‐dire évoluant dans le
plan normal à , ce qui sera particulièrement utile pour la suite.
NB : Bien d’autres cas existent, mais il est assez pratique de s’intéresser à ce cas particulier d’abord.
O y
x
Figure 4.2 : Propagation d’une onde plane
Le long de l’axe de propagation, comme par exemple dans le plan repéré par le point P,
l’onde peut être décrite par une fonction :
, , , . où . . . .
Ainsi, on peut formuler la fonction qui décrit l’onde comme :
, , , . . . .
Il est alors possible de suivre la même démarche que précédemment pour établir les
dérivées secondes de la fonction suivant toutes les variables :
, , ,
. .
Et :
² , , , ² ²
. . ². 1
² ² ²
De la même manière, on aura :
² , , , ² ² , , , ²
². 2 et ². 3
² ² ² ²
Enfin :
, , ,
. .
Ainsi :
² , , , ² ²
. . ². 4
² ² ²
En ajoutant terme à terme les équations (1), (2) et (3) on obtient :
² ² ² ²
.
² ² ² ²
Comme ² ² ² 1, on identifie facilement l’équation de propagation :
² ² ² 1 ²
.
² ² ² ² ²
Le terme de gauche de cette équation ressemble à une « extension en trois dimensions » de
la dérivée partielle qui apparaît dans l’équation de D’Alembert en une dimension. Dans le
cadre d’un « champ scalaire » , , , représentant la propagation de variations d’une
valeur simple (une température, une pression, …) ce terme s’appelle « le Laplacien » et est
² ² ²
noté Δ .
² ² ²
NB : Il ne faut pas confondre son symbole avec celui de l’opérateur nabla ( ) et il faut remarquer qu’il constitue
lui aussi un champ scalaire obtenu qu’il est possible d’exprimer sous la forme . .
Cette dernière expression est alors parfois notée : ² .
On retiendra ainsi l’équation de D’Alembert en plusieurs dimensions comme :
1 ²
Δ .
² ²
Si l’onde est décrite par un champ vectoriel, comme ce serait le cas pour un champ de force,
ou encore le champ électromagnétique, les développements précédents peuvent être
conduits de la même manière sur les trois coordonnées du vecteur en tout point, et
²
l’équation obtenue s’écrit : Δ .
² ²
Dans cette expression Δ est le « Laplacien vecteur » ou « Laplacien vectoriel » et
² ² ²
Δ ² ² ²
² ² ²
représente le vecteur : Δ Δ
² ² ²
Δ ² ² ²
² ² ²
Bien sûr, c’est un plus compliqué et confus exprimé comme ca, c’est pour ca que la notation
Δ est utilisée de manière à identifier de la même manière des relations de propagation
portant sur des grandeurs scalaires ou vectorielles.
On montre enfin, et c’est bien pratique pour certains développements que les opérateurs
Laplacien peuvent être écrits comme ceci :
Δ (ce qui est quasiment trivial)
Δ (ce qui est un peu moins trivial)
L’onde électromagnétique dans le vide
Reprenons un instant les superbes équations de Maxwell établies dans le cours n°3 :
0
. .
Si le cas particulier d’un espace vide de charges électriques (et donc de courants) nous
intéresse, il suffit de considérer qu’alors les densités ρ et sont nulles, ce qui donne le jeu
d’équations suivant :
0 0
. .
La symétrie très forte qui règne sur ces équations apparaît alors fortement, il la tentation est
grande de les combiner pour n’exprimer qu’un seul champ dans une même relation. Par
exemple avec le champ électrique on peut former le Laplacien vectoriel en écrivant :
Δ
Comme 0 : Δ .
En « sortant » la dérivée du rotationnel on obtient alors :
²
Δ . .
²
Le tour est joué !
En faisant pareil avec le champ magnétique, il apparaît clairement (une fois que tout le
formalisme mathématique a été mis en place) que les deux champs vérifient deux équations
de D’Alembert :
²
Δ .
²
²
Δ .
²
Dans ces deux expressions, on constate que seuls des champs variables (dans le temps)
peuvent se propager et que leurs vitesses de propagation sont identiques. On relève par
identification :
1
.
²
La vitesse de la lumière dans le vide vérifie donc cette relation reprise dans le cours n°2.
L’onde électromagnétique dans un matériau diélectrique et l’indice de réfraction
Comme la vitesse de l’onde électromagnétique apparaît corrélée à la perméabilité
magnétique et à la susceptibilité électrique de l’espace traversé, on peut s’intéresser à ce qui
se passe si une onde évolue dans un milieu non magnétique (perméabilité comme dans le
vide) mais diélectrique et présentant une permittivité électrique . où 1 est la
permittivité relative.
En l’absence de charges libres, le jeu d’équations décrivant l’onde serait le même que
précédemment à la différence que . remplacerait .
Il apparaît alors « lumineusement » (c’est le cas de le dire) que l’onde présenterait une
vitesse telle que :
1
. .
²
On pourrait alors écrire :
1
.
√
En parlant de « lumière » plutôt que « d’onde électromagnétique », on peut identifier dans
cette expression le terme comme « l’indice de réfraction », c'est‐à‐dire comme le quotient
de la vitesse dans le vide par celle dans le matériau :
Ce résultat est très intéressant car il nous instruit sur le fait que les matériaux transparents,
où la lumière de propage à une vitesse inférieure à celle dans le vide sont aussi des
matériaux diélectriques, isolants et capables de se polariser électriquement. Ces deux
phénomènes apparemment indépendants sont bel et bien couplés… ou même identiques.
On voit ici un bon exemple de la « puissance » des équations de Maxwell et du formalisme
utilisé qui, sous une apparence un peu rebutante a priori permet d’identifier de façon très
claire et générale des phénomènes complexes mettant en jeu des grandeurs vectorielles et
variables…
Les caractéristiques du champ électromagnétique
Intéressons encore au cas d’une onde plane, mais choisissons une configuration qui va un
peu nous simplifier la vie : Prenons la direction de propagation comme l’axe (O,x) (voir
figure 4.3) et supposons que l’onde est telle que les vecteurs et présentent une valeur
identique dans tout le plan normal à (O,x), en d’autres termes : ces deux vecteurs ne vont
dépendre que du temps et de la coordonnée et on pourra écrire : . et
. .
y
.
.
O x
z
P
Figure 4.3 : Propagation d’une onde plane suivant l’axe (O,x)
Dans ce cadre particulier, les équations de Maxwell vont se simplifier considérablement.
Profitons‐en pour détailler l’expression du rotationnel du champ électrique :
.
0
.
Par identification des coordonnées, on écrit donc :
. et .
En introduisant . , on peut identifier les dérivées :
. . . . et de même : . .
Ainsi : . . et . .
Formons alors le produit scalaire . :
0
. . . . . . . . . . 0
. .
Le produit scalaire étant nul, on en déduit que les deux vecteurs sont orthogonaux !
De plus, il est habituel de faire reconnaître dans . l’induction et on remarque alors
dans les expressions précédentes que . .
En conclusion, dans le cas particulier de cette onde plane, qui est une solution particulière
de l’équation de propagation :
On montrerait également que ( , , forme un trièdre direct.
.
NB : Cette dernière relation a l’air d’indiquer que le champ électrique est « bien plus intense » que l’induction
magnétique. Mais il faut revenir aux expressions des forces fondamentales . . où on constate
que la force due au magnétisme est multipliée par la vitesse des charges qui peut être très élevée dans certains
cas et rendre l’effet correspondant tout à fait prépondérant... Attention donc aux conclusions hâtives.
La notion de polarisation
L’onde plane que nous venons d’étudier vérifie l’équation de propagation en respectant les
caractéristiques qui viennent d’être résumées. Mais rien ne dit dans cela que les vecteurs
et ne doivent pas « bouger » dans le plan de l’onde. L’attention particulière qu’on porte
aux directions de ces vecteurs dans le plan de l’onde s’appelle alors la « polarisation » de
l’onde.
Si les deux vecteurs restent parallèles à une certaine direction dans le trajet de l’onde
selon l’axe (O,x) et le temps, on parle de « polarisation rectiligne ». Dans ce cas là, si
l’onde traverse un matériau qui favorise ou au contraire gêne un des deux champs
dans une direction donnée, le résultat sera spectaculaire car on pourra «laisser
l’onde passer » ou au contraire « l’atténuer fortement » quand le matériau sera
incliné dans un certain sens, ou pas. Les lunettes polarisées permettant de filtrer
certains reflets ou encore de profiter des films en 3D fonctionnent sur ce principe, ce
qui sous entend que les lumières observées sont des ondes planes à polarisation
rectiligne.
Si les extrémités des deux vecteurs décrivent un cercle dans le plan de l’onde, on
parle de « polarisation circulaire » et lors du déplacement le long de l’axe et au fil du
temps les extrémités des vecteurs décrivent une spirale qui « s’enroule » autour de
l’axe de propagation.
Si les extrémités des vecteurs décrivent une ellipse, on parle de « polarisation
elliptique ».
La figure 4.4 illustre l’évolution spatiotemporelle d’une onde plane à polarisation rectiligne
et celle d’une onde plane à polarisation circulaire.
source de cette image : wikipedia
Figure 4.4 : Onde plane à polarisation rectiligne et circulaire
NB : le lecteur aura remarqué qu’au fil des développements précédents, les notions de propagation, de
polarisation etc. rappellent fortement les attributs des phénomènes lumineux ... Eh bien disons que la lumière
est une « onde électromagnétique comme les autres » !
NB : Dans ce cours, toute la partie sur la propagation de l’onde plane en 3D et sur les caractéristiques de l’onde
EM a été fortement inspirée par mon cours de physique de classe préparatoire qui est pour moi le seul vestige
de cette époque que j’ai gardé. Ce cours magnifique m’avait été dispensé par un professeur extraordinaire : Mr
Guy Lavabre, dont j’ai gardé un souvenir très clair et très respectueux. Je le remercie pour tout ce qu’il nous a
transmis à l’époque et plus de 20 ans plus tard ca a été un plaisir pour moi de me replonger dans sons cours et
d’y retrouver la limpidité de ses explications. Je le remercie de tout cœur.