Вы находитесь на странице: 1из 3

Anesth Reanim.

2020; 6: 4–6

en ligne sur / on line on


www.em-consulte.com/revue/anrea
www.sciencedirect.com
Éditorial

Lésions pulmonaires liées à l'usage des


dispositifs de vaporisation et la cigarette
électronique : de l'imbroglio chimique
à la période périopératoire

Anne Stoebner 1, Caroline Userovici 2,3, Anne-Laurence Le Faou 4, Marie-Eve Huteau 1,


Yann Gricourt 4, Philippe Cuvillon 5

Disponible sur internet le : 1. Institut Cancer Montpellier ICM, département des soins de support, service
3 décembre 2019 addictologie, avenue des Apothicaires, 34000 Montpellier, France
2. CHU de Rouen, anesthésie-réanimation, 37 boulevard Gambetta, 76000 Rouen,
France
3. Groupe Jeunes de la SFAR, 74, rue Raynouard, 75016 Paris, France
4. AP–HP, hôpital européen Georges-Pompidou, service d'addictologie, 75015 Paris,
France
5. Centre hospitalo-universitaire Carémeau, département d'anesthésie, place
Professeur-Debré, 30000 Nîmes, France

Correspondance :
Philippe Cuvillon, Centre hospitalo-universitaire Carémeau, département
d'anesthésie, place Professeur-Debré, 30000 Nîmes, France.
philippe.cuvillon@chu-nimes.fr

Electronic cigarette and vaping-related lung injury: Health issues that go


beyond the anaesthetic and surgical perioperative procedure

E n août 2019, les États-Unis ont émis une alerte sanitaire de grande envergure concernant les
risques liés à l'usage de l'ensemble des dispositifs de vapotage, comprenant aussi le dispositif « e-
cigarette » appelé en France « cigarette électronique ». En date du 5 novembre 2019, les États-Unis
ont annoncé que 2051 consommateurs américains ont été hospitalisés pour lésions pulmonaires
sévères et que 39 patients étaient décédés. Pour tous ces cas, les autorités américaines rapportent
un point commun : l'usage d'un dispositif de vapotage dans les 3 mois précédents l'apparition de la
maladie. Depuis les premières alertes, le nombre de nouveaux cas déclarés chaque semaine est en
constante augmentation sur le site internet du Centre for Disease Control (CDC). Devant cette crise
sanitaire inattendue, les autorités américaines (CDC, Food and Drug Administration [FDA], dépar-
tements de santé locaux et régionaux, et autres partenaires sanitaires privés et publics) ont décidé
d'alerter les consommateurs et d'enquêter sur l'émergence de ces lésions pulmonaires associées
à l'utilisation de cigarettes électroniques ou de vapoteuses. À ce jour, aucune lésion pulmonaire
spécifique n'a été mise en évidence. Les patients présentent des tableaux cliniques et paracliniques
4

tome 6 > n81 > janvier 2020


https://doi.org/10.1016/j.anrea.2019.11.021
© 2019 Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Lésions pulmonaires liées à l'usage des dispositifs de vaporisation et la cigarette électronique : de l'imbroglio
chimique à la période périopératoire

Éditorial
avec des opacités pulmonaires diffuses, des symptômes systémi- En Europe, la situation est paradoxalement moins critique.
ques associés ou non à des taux élevés des marqueurs inflamma- L'Union européenne (UE) n'a pas encore émis d'interdiction
toires. Les opacités parenchymateuses pulmonaires des patients quant à l'utilisation de ces produits. La réglementation concer-
hospitalisés sont diffuses (tomodensitométrie thoracique), sans nant la cigarette électronique varie selon les états et peut être
présenter d'hypodensité compatible avec une pneumonie lipoïde considérée comme un produit pharmaceutique, un produit
classique. Antérieurement, des cas de laryngites et de bronchiolites tabagique, ou comme un simple produit de consommation.
avaient déjà été rapportés à de nombreuses reprises, mais sans La réglementation européenne est plus contraignante pour la
entraîner un nombre élevé de décès. production des liquides manufacturés que sur d'autres conti-
Les investigations menées par les autorités de santé américai- nents, l'UE ayant établi des mesures en termes de qualité,
nes semblent mettre en cause, non pas le dispositif de vapo- d'information et de sécurité. Ainsi, le taux seuil de nicotine
risation, mais la composition des liquides utilisés par les maximal ne doit pas excéder les 20 mg/mL, les recharges
vapoteurs. Le principal composé incriminé est le tétrahydrocan- doivent avoir avec un capuchon de sécurité et les constituants
nabinol (THC), retrouvé en teneur excessive dans la majorité des des liquides doivent être transmis aux autorités publiques. Tout
échantillons testés par la FDA. La majorité des patients ont nouveau produit doit être notifié aux États Membres six mois
déclaré une prise de produits contenant du THC. Sur les avant son lancement. Si la réglementation est commune, par
849 patients chez qui la consommation détaillée a pu être contre, l'utilisation des cigarettes électroniques varie considé-
recueillie, 78 % utilisaient un vaporisateur contenant du THC rablement d'un pays à l'autre. En Angleterre, la cigarette élec-
associé à une autre substance liquide (nicotine, huile cannabi- tronique est promue par les autorités sanitaires en tant qu'outil
noïde CBD. . .), 31 % contenaient du THC seul, et dans 10 % de la de santé public et d'aide au sevrage tabagique, ce qui en fait le
nicotine y était associée. Les résultats d'analyse suggèrent aussi premier pays consommateur en Europe (environ 5 % de la
que les produits les plus souvent incriminés étaient ceux qui population). En France et en Belgique, 4 % de la population
avaient été récupérés dans la rue ou de manière informelle âgée de plus de 15 ans vapote. Dans la majorité des autres pays
(famille, dealer. . .), contrairement aux produits manufacturés européens, la consommation est moins prononcée, avec une
par les industriels. La qualité des liquides reconditionnés plus ou incidence de 2 % utilisant régulièrement une vapoteuse. Dans
moins illégalement, sans conformité vis-à-vis des normes de ces conditions d'usage, les pays européens n'ont pas vu appa-
fabrication recommandées par la FDA semblent donc directe- raître une flambée de complications respiratoires, à l'inverse
ment en cause. Le 8 novembre 2019, le CDC rapportait sur son des États-Unis.
site internet que les prélèvements pulmonaires de 29 patients Concernant l'attitude des autorités françaises face à cette crise
atteints de pathologie pulmonaire dans 10 états américains américaine, le ministre de la Solidarité et de la Santé, en
différents contenaient de la vitamine E acétate à des taux collaboration avec la Santé Publique de France, les agences
anormalement élevés. Ce composé est une huile entrant dans sanitaires, le réseau de partenaires exerçant dans la préven-
la fabrication de crèmes à usage dermique et ne fait habituel- tion des addictions et les sociétés savantes de médecine
lement pas partie de la fabrication des liquides vapotés. Elle d'urgence, de soins intensifs et de pneumologie ont mis en
aurait pu être ajoutée secondairement pour faciliter la vaporisa- place un système d'alerte et d'enquête chez les utilisateurs de
tion du THC. Ceci est une première découverte dans cet imbro- dispositifs. Les consommateurs et les professionnels de santé
glio chimique. Le CDC évoque aussi la possibilité d'addition sont invités à reporter les cas de complications respiratoires
d'autres huiles ou composés qui, une fois vaporisés, sont nocifs sur le système de signalement intranet : https://www.
pour les alvéoles et le parenchyme pulmonaire. Devant ces signalement.social-sante.gouv.fr. De plus, la Santé Publique
conditions multiples d'incertitude, les autorités américaines France (SPF) détaille sur son site internet le système de
ont émis des recommandations fortes visant à interdire l'usage surveillance active des lésions pulmonaires sévères liées
du vapotage, allant même jusqu'à remettre en cause l'usage de aux vapoteuses.
la cigarette électronique. Le CDC recommande en particulier : Initialement, le vapotage a été encouragé pour diminuer la
 de ne pas utiliser de cigarette électronique ni de vapoteuse toxicité liée à la consommation de tabac. La cigarette électro-
contenant du THC ; nique qui n'expose pas au monoxyde de carbone est toujours
 de ne pas acheter de cigarette électronique ni de vapoteuse considérée comme un outil simple et efficace de réduction du
(particulièrement celles contenant du THC) dans la rue ; de ne risque. Dans ce sens, la Société française de tabacologie rappelle
pas modifier ni rajouter de substances aux cigarettes électro- que la cigarette électronique utilisée à une température recom-
niques, et de ne pas vapoter des produits proposés par d'autres mandée avec des produits conformes aux normes françaises et
personnes ou institutions que les fabricants officiels, y compris enregistrés au sein de l'Agence nationale de sécurité sanitaire
ceux fournis lors de la vente au détail. de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES)
À ce stade, l'interdiction totale aux États-Unis par la FDA des pourrait aider à l'arrêt de tabac dans des conditions de sécurité
dispositifs de vapotage est proche. . . acceptables.
5

tome 6 > n81 > janvier 2020


A. Stoebner, C. Userovici, A-L Le Faou, M-E Huteau, Y. Gricourt, P. Cuvillon
Éditorial

Concernant la période périopératoire, l'utilisation de la « e- préopératoire » comme pour le tabac pourrait être posée,
cigarette » reste une problématique, compte tenu de en particulier pour les chirurgies à haut risque de complica-
l'absence de recommandation et d'étude clinique sur le tions respiratoires.
risque ventilatoire avec ces dispositifs. Une étude En conclusion, vapoter pourrait être une pratique à risque selon
observationnelle multicentrique française portant sur les autorités américaines, qui envisagent son interdiction aux
1600 patients opérés en 2017 ne rapporte que 4 % des États-Unis selon le CDC et la FDA. À ce jour, l'Europe semble
patients vapoteurs contre 25 % de patients fumeurs. Parmi moins touchée par ces complications respiratoires graves, pro-
ces 4 %, la moitié d'entre eux avaient vapoté jusqu'à la veille bablement en raison de la plus grande sécurité des liquides
de l'intervention et 0,1 % avait vapoté le matin même de commercialisés. De nombreux pays continuent de promouvoir
l'intervention. Lorsque ces patients étaient interrogés sur leur ce dispositif comme aide au sevrage du tabac. Actuellement, et
pratique du vapotage, tous rapportaient l'absence totale dans l'attente des investigations en cours, aucune recomman-
d'information donnée par les professionnels de santé (anes- dation ne peut être émise concernant la période périopératoire.
thésiste, chirurgien, infirmier. . .) sur la conduite à tenir en
préopératoire. Compte tenu des complications respiratoires Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
rapportées aux États-Unis, la question d'une « interdiction liens d'intérêts.
6

tome 6 > n81 > janvier 2020

Вам также может понравиться