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Revue du Rhumatisme 72 (2005) 427–432

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Article original

Prévalence et facteurs associés à la lombalgie commune


chez le personnel hospitalier
Prevalence and factors associated to low back pain among hospital staff e
Ismail Bejia a,*, Mohamed Younes a, Jamila Hadj Belgacem a, Taoufik Khalfallah b, Kamel Ben
Salem c, Mongi Touzi a, Mohamed Akrout a, Naceur Bergaoui a
a
Service de rhumatologie, EPS Monastir, 5000 Monastir, Tunisie
b
Service de médecine de travail, EPS Monastir, 5000 Monastir, Tunisie
c
Département d’épidémiologie et de biostatistique, faculté de médecine de Monastir, 5000 Monastir, Tunisie

Reçu le 24 décembre 2003 ; accepté le 1 juin 2004

Disponible sur internet le 28 juillet 2004

Résumé

Objectifs. – La lombalgie commune constitue un problème de santé publique par sa fréquence et ses conséquences en milieu de travail. Les
objectifs de notre étude sont la détermination de la prévalence de la lombalgie commune chez le personnel hospitalier, l’analyse des consé-
quences médicoprofessionnelles et la recherche de facteurs associés à la lombalgie commune. Méthodes. – Nous avons réalisé une enquête
portant sur 350 employés de l’hôpital universitaire Fattouma-Bourguiba de Monastir. Ces employés ont répondu à un questionnaire pré-établi
comportant 51 items. Résultats. – La prévalence cumulée de la lombalgie était de 57,1 % des cas, la prévalence annuelle était de 50,1 % des
cas, la prévalence de la lombalgie chronique était de 12,8 % des cas. Les soins médicaux étaient nécessaires dans 61,9 % des cas. Les
explorations radiologiques étaient effectuées dans 45 % des cas. L’arrêt de travail était observé dans 26,1 % des cas et un changement de poste
de travail était nécessaire pour deux agents. Les facteurs associés à la lombalgie étaient l’âge (p < 0,01), le sexe féminin (p = 0,024), le BMI
élevé (p = 0,01), le fait d’être marié ou divorcé (p < 0,01), le tabagisme (p = 0,016), les antécédents de lombalgie (p < 0,0001), l’activité
extra-professionnelle (p < 0,01), la migraine (p < 0,001), l’ancienneté dans l’établissement (p = 0,007) ainsi que le port de charges lourdes
(p = 0,008). Le sport constitue plutôt un facteur protecteur de la lombalgie (p = 0,019). Conclusion. – La prévalence de la lombalgie chez les
personnels hospitaliers ainsi que ses répercussions socioprofessionnelles sont importantes. Plusieurs facteurs sont associés à cette lombalgie
incitant à entreprendre des mesures préventives de cette affection.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Objectives. – Because of its frequency and consequences on professional life, low back pain represents a real health care problem. Our
study is aimed at determining the prevalence of low back pain among hospital staff, analyzing the medical and professional consequences as
well as investigating into the factors associated to this health problem. Methods. – We have conducted an inquiry among 350 employees at
Fattouma Bourguiba teaching hospital. The employees have answered a pre-established questionnaire including 51 items. Results. – The
cumulative life-prevalence was 57.7% of the cases. The annual prevalence was 51.1% of the cases. Chronic low back pain prevalence was
12.8% of the cases. Medical care was required in 61.9% of the cases. Radiological explorations were performed in 45% of the cases. Sick
leave was observed in 26.1% of the cases and an occupational change was necessary in two cases. Factors associated to low back pain were age
(P < 0.01), female gender (P = 0.024), high BMI (P = 0.01), the fact of being married or divorced (P < 0.01), smoking (P = 0.016) past medical
low back pain history (P < 0.0001), extra professional activity (P < 0.01), migraine (P < 0.001), years’ service (P = 0.007), as well as heavy
weight lifting (P = 0.008). Exercise is rather protecting factor against low back pain (P = 0.019). Conclusion. – The prevalence of low back

e
Pour citer cet article, utiliser ce titre en anglais et sa référence dans le même volume de Joint Bone Spine.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ismail.bejia@lycos.com (I. Bejia).

© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.


doi:10.1016/j.rhum.2004.06.007
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pain among hospital staff as well as the socio-professional drawbacks is important. Many factors are associated to low back pain urging
medical teams to take some preventive measures to reduce this affliction.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Lombalgie ; Milieu hospitalier ; Prévalence ; Facteurs de risque

Keywords: Low back pain; Hospital environment; Prevalence; Risk factors

1. Introduction vail...), les informations liées à la lombalgie (antécédents


lombalgiques, caractéristiques de la lombalgie : ancienneté,
La lombalgie commune est une affection très fréquente. mode d’installation, intensité et existence ou non d’un fac-
En effet, 80 % de la population générale active en souffre au teur déclenchant), et les conséquences médicoprofessionnel-
moins temporairement [1]. La lombalgie commune constitue les de la lombalgie pendant les 12 derniers mois précédant
un problème majeur de santé en milieu de travail. Elle en- l’enquête (consultation médicale, examens complémentai-
traîne des conséquences socioprofessionnelles importantes res, traitement médicamenteux et physique, arrêt de travail,
et implique un coût élevé pour la société par l’absentéisme et changement de poste, restriction des travaux pénibles, réper-
par la consommation médicale qu’elle entraîne [2]. La lom- cussion sur la performance professionnelle). Dans notre
balgie commune est la première cause des affections limitant étude, nous avons défini la lombalgie commune qui com-
l’activité professionnelle avant 45 ans et la troisième après prend la lombalgie aiguë et la lombalgie chronique, comme
les affections respiratoires et traumatiques entre 45 et 64 ans une douleur mécanique du bas du dos. Une irradiation des
[3]. La nature de l’activité professionnelle et surtout la charge douleurs lombaires à la face postérieure des membres infé-
physique sont mises en cause au cours de la lombalgie com- rieures ne dépassant pas les genoux a été acceptée. La lom-
mune dans environ les 3/4 des cas [4]. La relation lombalgie– balgie chronique a été définie par une lombalgie qui dure plus
travail n’est cependant pas toujours facile à établir, car il est de trois mois. La prévalence cumulée de la lombalgie com-
souvent difficile de séparer les facteurs de risque personnels mune représente le taux des employés ayant présenté des
des facteurs de risque liés au travail. douleurs du bas du dos à un moment donné de leur vie. La
Nous avons réalisé une enquête dans l’hôpital universi- prévalence ou la prévalence annuelle de la lombalgie com-
taire Fattouma-Bourguiba de Monastir pour préciser la pré- mune représente le taux de lombalgie au cours des 12 der-
valence, l’incidence, les conséquences médicoprofessionnel- niers mois précédant l’enquête. Le terme « lombalgiques »
les et les facteurs associés à la lombalgie commune chez les employé dans ce travail comprend l’ensemble des lombalgi-
personnels hospitaliers, afin de mener ultérieurement des ques y compris les lombalgiques chroniques.
actions préventives. Toutes les données collectées ont été saisies par ordinateur
en utilisant le logiciel SPSS version 10.0. Pour la recherche
des facteurs de risque ou des facteurs associés à la lombalgie
2. Matériel et méthodes commune, nous avons réalisé une régression logistique mul-
tiple. Le seuil de signification statistique a été fixée à 0,05.
L’hôpital universitaire Fattouma-Bourguiba de Monastir
compte en dehors du personnel médical 1114 agents répartis
en quatre catégories professionnelles : personnels infirmiers
3. Résultats
et aides-soignants (55,1 %), personnels techniciens (19,5 %),
personnels administratifs (6,3 %) et les ouvriers (19,1 %).
Nous avons réalisé notre enquête auprès de 350 agents 3.1. Prévalence et incidence
choisis au hasard par échantillonnage en grappe (1 tous les 3)
parmi la liste des employés, en respectant la proportion de Les 350 employés se répartissaient en 178 hommes et
chaque catégorie professionnelle. L’enquête s’est déroulée 172 femmes avec un âge moyen de 37,0 ± 7,8 ans (18–60). La
sur une période de deux mois (de septembre à octobre 2002). prévalence cumulée de la lombalgie commune était de
Les personnels choisis au hasard ont été invités à remplir un 57,1 %. La prévalence annuelle était de 50,1 %. L’incidence
questionnaire standardisé de 51 items comportant les infor- de la lombalgie commune au cours des 12 derniers mois
mations personnelles (caractéristiques démographiques de précédant l’enquête était de 3,14 %. La lombalgie était le
l’agent, état civil, tabagisme, pratique ou non d’une activité plus souvent ancienne, volontiers récidivante (69,3 %), et elle
sportive ou d’une activité extra-professionnelle, profil psy- était déclenchée très souvent par un effort de soulèvement
chologique qui a été évalué sur la présence ou non d’une (44,3 %). L’âge moyen des lombalgiques était de
anxiété, d’une dépression, de troubles du sommeil et de la 38,2 ± 8,2 ans. La prévalence de la lombalgie chronique était
prise ou non des somnifères), les informations professionnel- 12,8 %. L’âge moyen des lombalgiques chroniques était de
les (catégorie professionnelle, trajet effectué, posture au tra- 39,1 ± 8,2 ans.
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3.2. Conséquences de la lombalgie facteurs individuels étaient : l’âge avancé, le sexe féminin, le
BMI élevé, le fait d’être marié ou divorcé, le tabac, le profil
Les conséquences recherchées étaient essentiellement psychologique perturbé, les antécédents lombalgiques, la
d’ordre médical et socioprofessionnel. Le taux des agents pratique d’une activité extra-professionnelle, les grossesses
lombalgiques et des agents lombalgiques chroniques qui ont multiples et la migraine. La pratique du sport était plutôt un
eu recours aux soins médicaux étaient respectivement de facteur protecteur de lombalgie commune (Tableau 3). La
61,9 et de 68,8 %, soit par automédication, soit après consul-
répartition de la prévalence de la lombalgie en fonction de
tation médicale dans uniquement 19,6 % des lombalgiques et
l’âge montrait un taux maximum à partir de 50 ans (Fig. 1).
33,3 % des lombalgiques chroniques. Presque la moitié des
Les facteurs individuels retrouvés associés à la lombalgie
lombalgiques ont eu un traitement médicamenteux et des
chronique étaient le fait d’être marié ou divorcé (p = 0,003),
radiographies standards. L’hospitalisation était nécessaire
le sport (p = 0,01), un profil psychologique perturbé
dans cinq cas. Les infiltrations épidurales de corticostéroïdes
(p = 0,007), et les antécédents lombalgiques (p < 0,001).
étaient pratiquées dans quatre cas. Un traitement chirurgical
L’âge, le sexe féminin, le BMI élevé, le tabac, la migraine et
d’une hernie discale était nécessaire dans un cas (Tableau 1).
les grossesses multiples n’étaient pas associés de façon signi-
Les conséquences professionnelles sont présentées au Ta-
ficative à la lombalgie chronique.
bleau 2. L’arrêt de travail était noté chez 26,1 % des lombal-
Les facteurs professionnels associés à la lombalgie étaient
giques avec une durée moyenne de 4,5 jours. L’étude de la
l’ancienneté dans l’établissement, l’ancienneté dans le même
durée d’arrêt du travail en fonction de la catégorie profes-
poste de travail et le port de charges lourdes. La catégorie
sionnelle n’a pas montré de différence significative
professionnelle, le moyen de transport, le trajet parcouru
(p = 0,786). Une restriction de certains travaux pénibles était
domicile–travail et sa durée, le rythme nycthéméral du tra-
nécessaire chez 9,6 % des lombalgiques dont essentiellement
vail, la posture au travail, la qualité du siège et l’exposition
(15/17 cas) des lombalgiques chroniques. Dans 10,8 % des
aux vibrations n’étaient pas associés à la lombalgie com-
cas, les agents lombalgiques dont (17/19 cas) des lombalgi-
mune (Tableau 4).
ques chroniques avaient déclaré une répercussion de leur
lombalgie sur leur performance au travail. Tableau 3
Facteurs individuels associés à la lombalgie commune
3.3. Les facteurs associés à la lombalgie Lombalgiques Non lombalgiques p
(n = 176) (%) (n = 174) (%)
Les facteurs retrouvés associés à la lombalgie se répartis-
Âge moyen (ans, 38,1 ± 8,21 35,8 ± 7,7 < 0,01
saient en facteurs individuels et facteurs professionnels. Les DS)
Tableau 1 Sexe féminin 55,1 43,1 0,024
Conséquences médicales de la lombalgie (n= 172)
Lombalgiques Lombalgiques BMI (kg/m2) 26,7 ± 4,0 25,6 ± 4,1 0,01
(n = 176) n/(%) chroniques (n = 45) Mariés ou divorcés 85,8 71,8 < 0,01
n/(%) (n= 276)
Radiographies standards 80 (45,5) 16 (35,6) Tabagiques 69,31 56,89 0,016
Scanner 3 (1,7) 0 (n= 221)
IRM 1 1 Psychologie pertur- 42,61 32,18 0,043
Traitement médicamenteux 74 (42) 24 (53,3) bée (n= 131)
Hospitalisation 6 (3,4) 1 ATCD lombalgi- 80,7 28,16 < 0,0001
Infiltration épidurales 4 (2,3) 0 ques (n= 191)
Chirurgie discale 1 0 Sport (n= 118) 27,8 39,6 0,019
Soins thermaux 28 (15,9) 16 (35,6) Activité extra-prof 61,9 47,1 < 0,01
(n= 191)
Kinésithérapie 17 (9,6) 5 (11,1)
Grossesses multiple 51,5 30,6 0,006
Total des soins médicaux 109 (61,9) 31 (68,8)
(n= 73)
n, nombre ; IRM, imagerie par résonance magnétique Migraine (n= 75) 28,9 13,7 < 0,001

Tableau 2 n, nombre ; DS, déviation standard


Conséquences professionnelles de la lombalgie
Lombalgiques Lombalgiques
(n = 176) n/(%) chroniques (n = 45)
n/(%)
Arrêt de travail 46 (26,1) 9 (20)
Arrêt de travail en jour (extrêmes) 4,5 (1–90) 6,6 (1–90)
Changement de poste de travail 2 1
Restriction temporaire de travaux 17 (9,6) 15 (33,3)
pénibles
Répercussion sur les activités pro- 19 (10,8) 17 (37,7)
fessionnelles
Fig. 1. Prévalence de la lombalgie et de la lombalgie chronique en fonction
Reclassement professionnel 0 0
de l’âge.
430 I. Bejia et al. / Revue du Rhumatisme 72 (2005) 427–432

Tableau 4 4. Discussion
Facteurs professionnels associés à la lombalgie commune
Lombalgiques Non p La prévalence cumulée de la lombalgie rapportée dans la
n = 176 (%) lombalgiques littérature varie de 32 à 74 % [5–9].
n = 174
(%)
La prévalence annuelle de la lombalgie chez les person-
Catégories professionnelles nels hospitaliers varie de 6 à 62,4 % [1,10]. En effet, De
• infirmiers (n = 193) 51,7 58,6 Gaudemaris et al. en 1986 [1] ont trouvé une prévalence
• ouvriers (n = 135)
• administratifs (n = 22)
Ancienneté dans l’établisse-
41
7,4
14 ± 9
36,2
5,2
12 ± 8
} NS

0,007
annuelle de la lombalgie de 62,4 % chez les aides-soignantes.
Alors que, Burgmier et al. en 1988 [10] ont rapporté à partir
d’une enquête transversale auprès de 5491 agents hospita-
ment(ans, DS) liers au CHU de Strasbourg une prévalence annuelle de la
Ancienneté dans le poste 11,9 ± 8,3 9,6 ± 7,9 0,011
lombalgie de 6 % seulement. En 1995, Smedley [9] après une
(ans DS)
Port de charges lourdes 35,7 28,7 0,008
étude concernant 2405 personnels infirmiers, a trouvé une
(n = 221) prévalence annuelle de 45 %. En 2000, Ando et al. [11] ont
Moyen de transport révélé dans une population de 314 personnels hospitaliers au
• à pied (n = 71) 19,9 20,7 japon, une prévalence annuelle de la lombalgie de 54,7 %.
• à roux (n = 97)
• automobile (n = 108)
• transport commun (n = 124)
Rythme de travail
13,6
27,3
39,2
13,2
34,5
31,6
} NS Cette divergence des taux de prévalence rapportés dans la
littérature s’explique par la grande hétérogénéité méthodolo-
gique utilisée pour l’évaluation de la lombalgie commune, la
variabilité du sexe et des tranches d’âge concernées. Les
• jour (n = 200) 57,9 56,3
• nuit (n = 58)
• jour/nuit (n = 92)
La posture au travail
15,3
26,7
17,8
25,8
} NS
résultats trouvés dans notre étude de la prévalence cumulée
de la lombalgie (57,1 %) et de la prévalence annuelle
(50,1 %) sont superposables aux données de la littérature.
• assise (n = 48) 13,1 14,4 L’incidence de la lombalgie dans notre enquête est de
• debout (n = 174)
• penchée en avant (n = 31)
• variée (n = 97)
La qualité de siège
49,4
10,2
27,3
50
7,5
28,1
} NS
3,14 %. Elle varie dans la littérature de 1 à 32 % [10,12–15].
À côté de sa forte prévalence, la lombalgie commune chez
les personnels hospitaliers entraîne des conséquences médi-
cales et professionnelles importantes. Le taux de personnels
• bonne (n = 27) 4,2 6,2
• moyenne (n = 100)
• médiocre (n = 50)
• non jugée (n = 173)
Exposition vibrations
6,3
57,3
32,3
36,9
14,8
55,6
23,5
27,5
} NS

NS
lombalgiques qui ont eu recours au traitement médicamen-
teux varie de 42,1 à 79 % [12,16]. Dans notre série, le
traitement médicamenteux était utilisé par 42 % des lombal-
giques. Les soins thermaux et la kinésithérapie dans notre
(n = 113) étude étaient utilisés dans respectivement 15,9 et 9,6 % des
n, nombre ; NS, non significatif ; DS, déviation standard cas et dans 6,5 et 11,5 % dans la série de Lallahom et al. [12].
Un seul agent lombalgique dans notre série a été opéré pour
une hernie discale. Fanello et al. [4] ont rapporté un taux de
Les facteurs professionnels retrouvés associés à la lom- 1,2 % de cas opérés. Aucun agent n’a été opéré dans l’étude
balgie chronique étaient l’ancienneté dans l’établissement de Lallahom et al. [12].
(p = 0,029), et l’exposition aux vibrations (p = 0,006). L’an- Les conséquences professionnelles de la lombalgie sont
cienneté dans le même poste de travail, la catégorie profes- généralement évaluées en terme d’arrêt de travail. Le chiffre
sionnelle, le port de charges lourdes, le moyen de transport, trouvé dans notre étude de 26,1 % des agents lombalgiques
le trajet parcouru domicile–travail et sa durée, le rythme ayant eu un arrêt de travail est comparable à ceux trouvés par
nycthéméral du travail, la posture au travail et la qualité du Lallahom et al. [12] et Caillard et al. [16] qui sont respecti-
siège n’étaient pas associés à la lombalgie chronique. vement de 25 et de 24,1 %. Des chiffres plus élevés de l’ordre
de 93 % ont été rapportés [17]. Dans notre enquête, la durée
L’analyse multivariée a permis de dégager deux facteurs
moyenne d’arrêt de travail était de 4,5 jours. Elle était de
associés à la lombalgie commune : les antécédents lombalgi-
15 jours pour Lallahom et al. [12]. Cette durée d’arrêt de
ques avec un odds ratio (OR) de 18,6 et un intervalle de
travail varie selon le sexe. En effet, d’après Boshuizen et al
confiance à 95 %(IC) = [2,92–35,04] et le tabac avec OR de
[18], 72 % des femmes lombalgiques ont arrêté leur activité
1,69 et IC = [1,03–3,07].
professionnelle pendant une durée de plus de huit jours alors
Nous avons retenu après analyse multivariée trois facteurs que 47 % des hommes ont arrêté leur travail de un à huit
associés à la lombalgie chronique : le fait d’être marié ou jours. Dans notre étude, 10,8 % des lombalgiques avaient
divorcé avec OR de 4,79 et IC = [1,56–22,57], les antécé- signalé une répercussion de la lombalgie commune sur leurs
dents lombalgiques avec OR de 6,46 et IC = [1,86–17,52] et activités professionnelles, et 9,6 % avaient une réduction ou
le profil psychologique avec OR de 1,93 et IC = [1,01–3,90]. une restriction temporaire de certains travaux pénibles. Dans
l’enquête de Furber et al. [14], 38 % des employés lombalgi-
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ques ont déclaré des retentissements sur leurs activités pro- Cependant, plusieurs études [15,32,33] ont montré que les
fessionnelles. Dans notre série, un changement de poste a été catégories professionnelles les plus touchées par la lombal-
nécessaire chez deux agents lombalgiques (0,6 %). Burgmier gie étaient les personnels administratifs et les ouvriers, alors
et al. [19] ont trouvé un chiffre de 12,8 %. Aucun de nos que les personnels infirmiers étaient les moins touchés. Pour
employés lombalgiques n’a bénéficié d’un reclassement pro- les premiers, cette prévalence importante de la lombalgie est
fessionnel. Troussier et al. [15] ont trouvé un chiffre de 12 %. expliquée par la position assise et la nature sédentaire de
Plusieurs facteurs de risque interviennent dans la préva- leurs activités [32] et pour les seconds par les conditions de
lence de la lombalgie commune. Comme c’est le cas dans travail, en particulier la manutention des charges lourdes
notre série, l’association âge avancé et lombalgie a été cons- [16,33]. Comme dans notre série, l’ancienneté dans l’établis-
tatée par plusieurs auteurs [3,20,21]. Ceci peut être expliqué sement hospitalier et dans le même poste du travail a été
par l’association de processus dégénératifs rachidiens et par retrouvée comme un facteur de risque de la lombalgie
la diminution des résistances au travail dynamique à cet âge [12,34]. Troussier et al. [15] ont trouvé que 10,6 % des agents
[12]. Dans notre étude, le sexe féminin a été retrouvé comme lombalgiques ont une ancienneté de moins de cinq ans et
un facteur de risque de la lombalgie (p = 0,024), ceci 37,9 % ont une ancienneté de plus de 15 ans. Dans notre
concorde avec les données de la littérature [6,16,19]. Burg- étude on a trouvé des taux respectifs de 15,3 et de 42,3 %. Le
mier et al. [10] ont montré que la surcharge pondérale cons- port de charges lourdes a été noté dans 69,9 % dans notre
titue un facteur de risque de la lombalgie comme c’est le cas enquête et dans 56,2 % dans l’étude de Caillard et al. [15].
dans notre étude. Les interruptions de travail et le retentisse- Certains auteurs [12,35] ont trouvé une association significa-
ment sur la vie quotidienne ont été plus importants chez les tive entre le port de charges lourdes et la prévalence de la
personnels de forte corpulence [7]. La lombalgie et la lom- lombalgie, ceci concorde avec notre étude. D’après notre
balgie chronique ont été plus fréquentes chez nos employés enquête, ni le moyen du transport, ni la durée du trajet
mariés ou divorcés que chez les célibataires. Certaines études n’étaient associés à la lombalgie, s’opposant ainsi aux résul-
[12,19] ont montré que la prévalence de la lombalgie aug- tats de la littérature [4,14]. Aussi, nous n’avons pas trouvé
mente avec la dimension de la famille et particulièrement d’association significative entre la posture au travail et la
avec le nombre d’enfants en bas âge. Dans notre étude le prévalence de la lombalgie. Cependant, les postures contrai-
tabac a été un facteur associé à la lombalgie (p = 0,016) gnantes en particulier la position debout et penchée en avant
confirmant la littérature qui a montré que le tabac est signifi- sont fréquemment rapportées dans la littérature, comme as-
cativement associé à la lombalgie et à la hernie discale sociées au mal du dos [4,16,32]. La qualité du siège inter-
[10,22,23]. Il a été bien démontré qu’un profil psychologique vient dans l’apparition de la lombalgie chez les personnels
perturbé est un facteur de risque de la lombalgie commune en administratifs [10,32], ceci a été constaté dans notre enquête
particulier dans sa forme chronique [24–26], comme c’est le mais sans association significative du fait peut-être du faible
cas dans notre enquête. L’existence d’un antécédent lombal- effectif de cette catégorie professionnelle administrative qui
gique dans notre série était fortement associée à la survenue ne représente que 6,3 % de notre échantillon. L’exposition
ultérieure de la lombalgie (p < 0,001). Cette association a été aux vibrations qui est plus étudiée en milieu industriel a été
trouvée par plusieurs auteurs [12,16,27]. Quant à l’activité rapportée comme un facteur de risque de la lombalgie dans la
sportive qui était retrouvée comme un facteur protecteur de la littérature [36], comme c’était le cas dans notre enquête pour
lombalgie et comme un facteur de risque de la lombalgie la lombalgie chronique.
chronique dans notre étude, les résultats trouvés dans la
littérature sont contradictoires. Pour Demblans-Dechans et
al. [28], l’activité sportive a été considérée comme un facteur 5. Conclusion
de risque des lombalgies. Par ailleurs, Fanello et al. [13] ont
trouvé chez les médecins que parmi ceux qui pratiquaient le La lombalgie commune est fréquente chez les personnels
sport régulièrement, la prévalence de la lombalgie était net- hospitaliers. Ses conséquences médicales et socioprofession-
tement moindre. Plusieurs facteurs semblent intervenir dont nelles sont importantes. Les facteurs de risque individuels
le niveau de compétition, la nature de l’activité sportive et la ainsi que professionnels trouvés dans notre étude sont pour la
survenue de traumatisme rachidien [28,29]. Comme c’est le plupart concordants avec la littérature. La forte prévalence de
cas dans notre étude, l’activité extra-professionnelle a été la lombalgie d’une part et ses conséquences socio-
signalée par plusieurs auteurs comme facteur aggravant la économiques importantes d’autre part, incitent à entrepren-
lombalgie [30,31]. L’association entre migraine et lombalgie dre des mesures préventives de cette affection afin de réduire
ainsi que grossesse en particulier multiple et lombalgie a été ses conséquences économiques et socioprofessionnelles.
démontrée par certains auteurs [6]. Ce résultat est retrouvé
également dans notre enquête.
Références
À côté de ces facteurs individuels, plusieurs facteurs de
risque professionnels peuvent influencer la prévalence de la [1] De Gaudemaris R, Blatier JF, Quinton B, Piazza E, Gallin-Mar-
lombalgie. Dans notre étude, nous n’avons pas trouvé de tel C, et al. Analyse du risque lombalgique en milieu professionnel.
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