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Le Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, le Ministère de la Culture, la Province de Jerada et
l’Agence de l’Oriental sont convenus par Convention, signée en décembre 2010, de définir un «Programme de l’Aménagement
Global» du site de Jerada-Hassi Blal et d’établir les conditions de sa réhabilitation en un «Parc Muséologique Minier».
Cette Convention entérinait les travaux d’une Commission réunissant toutes les parties, constituée dans l’objectif de définir les
conditions de la faisabilité, les principales composantes du projet, et d’évaluer les investissements nécessaires.
Pour ce faire, un Appel d’Offres international fut lancé, remporté par un groupement marocco-espagnol en janvier 2011.
Les résultats validés de ce travail sont exposés dans le présent numéro spécial de la Revue Oriental.ma, auquel plusieurs
parties prenantes ont joint leur contribution.
Second Life
Jerada
pour
Mohamed MBARKI
S
Directeur Général
Agence de l’Oriental
Second Life est tout à la fois un jeu et un réseau social, un univers virtuel ou
chacun choisi son apparence, son « avatar », les situations qu’il veut vivre et les
objectifs qu’il va atteindre, ainsi que le chemin pour les atteindre. Second Life à
Jerada n’a rien de virtuel, les personnages y sont bien réels, souvent en souffrance
et meurtris jusque dans leur identité : l’objectif de cette « seconde vie » est tout
simplement d’offrir à tous et à chacun une seconde chance. Le chemin pour y
parvenir ne peut que s’appuyer sur l’acquis et celui-ci est totalement lié à la mine,
tous les acteurs en conviennent et les experts convoqués les rejoignent. Ici, l’enjeu
est profondément humain, économique, social autant que sociétal.
Non pas que rien ne fut fait pour accompagner la fermeture de la mine. Un
pilotage de plusieurs années a même accompagné la réduction progressive de
l’effectif, des reconversions furent possibles pour certains et des indemnisations
distribuées. Mais la fermeture d’une mono-industrie conduit tout un territoire au
déclin, au delà même de la seule ville de Jerada. Elle constitue un drame humain
et économique qui dépasse de loin les cadres de réflexion auxquels les acteurs
publics savent et doivent répondre.
Une décennie plus tard, il est clair que le territoire ainsi stigmatisé ne pourra
trouver seul les moyens d’une relance économique et sociale endogène. Jerada
est née de la mine et tout s’y rattache encore, à commencer par les paysages.
Il est donc clair que deux points sont inexorablement acquis : un projet fort,
mobilisateur et fédérateur, est seul de nature à pouvoir répondre à la situation
actuelle. L’ampleur de cette ambition exige de puissants moyens, à la fois
d’investissement et de ressources humaines ; ensuite, un tel projet ne peut
s’ancrer efficacement sur le territoire que s’il se greffe sur le patrimoine minier
omniprésent, à la fois physiquement, culturellement, inscrit au coeur de la
mémoire collective.
Ce qui est aujourd’hui une friche à l’abandon rappelle à chaque habitant et chaque
visiteur, à tout instant et où que porte son regard, la fin de trois quarts de siècle
d’essor économique et la décennie de stagnation qui s’en est suivie, malgré les
investissements publics. Plusieurs sites de par le monde, autrefois empreints de la
mono-activité minière, ont eu à repenser leur avenir.
Nous avons tout naturellement voulu comprendre ce que furent les ressorts de leur
réussite et des experts ont été mobilisés pour dresser un benchmark mondial des
meilleures pratiques.
La ville de
Jerada,
un destin lié à
la mine
Q
Rachid Ouazzani
Architecte Urbaniste
L’évolution
d’éclairage public, etc. équipés (en mauve sur la carte), se
sont développés autour des cités ou-
a permis de
De même, selon les orientations du vrières à partir des années cinquante.
discours royal du 18 mars 2003, la
mobiliser tous
réalisation d’un réseau de voirie qui En 1968, la Centrale thermique s’ins-
désenclave les villes de la région et talle, puis les cités pour les employés
les moyens
assure des accès rapides et sécurisés de l’Office national de l’électricité
entre les villes, la nouvelle station (ONE), figurées en jaune sur la carte.
et les atouts
balnéaire de Saïdia, la requalification En bleu, l’intervention de l’État en
urbaine des villes et l’aménagement matière d’habitat, qui débute en
administratifs.
de l’aéroport d’Oujda-Angad (capa- 1967 avec la cité d’habitat pour finir
cité d’accueil portée à 1 200 000 par l’opération Zerktouni en 1996.
2- Le développement
des infrastructures
Le Parc Muséologique,
projet fédérateur pour le développement de
la Province de Jerada
L
Mohammed ABDELLAOUI
Président
Conseil Provincial de Jerada
Réussir
se sont avérées beaucoup moins soutien des pouvoirs publics
importantes que les prévisions ;
l’entrée dans
• d’autre part, le prix de revient de la Une approche spécifique et originale
tonne de charbon extraite est devenu ainsi que des moyens importants
la modernité
deux fois et demi supérieur au prix sont donc requis pour résoudre les
du charbon importé. multiples problèmes posés, fort com-
avec le
plexes, surtout au plan social. Pour
Dans ces conditions, Charbonnages remédier à cette situation difficile,
bénéfice des
Du Maroc remet la fermeture défini- le Gouvernement a élaboré un plan
tive à l’ordre du jour ; afin d’éviter la d’action visant à reconvertir l’écono-
grands projets
fermeture immédiate et brutale, dont mie de la Province afin d’y créer de
les conséquences sociales auraient l’emploi, notamment pour les jeunes,
inaugurés
été lourdes, ils proposent d’importer par le biais d’un processus d’externa-
l’équivalent de la quantité estimée lisation d’activités liées à la mine.
par Sa
encore dans les réserves en place
- environ 10 millions de tonnes - au Dans cette optique s’inscrit le plan
Majesté le Roi
lieu de l’extraire et d’utiliser le gain de développement économique
ainsi économisé pour indemniser le conçu par les Autorités Provinciales
Mohammed VI.
personnel. La solution est acceptée en coordination avec les élus locaux
par tous. Le départ du personnel de et les pouvoirs publics, pour renforcer
la mine commence le 1er juillet 1998 les infrastructures, stimuler les
et s’effectue progressivement jusqu’à investissements et promouvoir
l’arrêt définitif de la mine le 1er juillet l’emploi.
2001. Les conséquences à moyen
terme de cette fermeture se sont Parmi les projets jugés prioritaires :
conjuguées et ont finalement touché une étude pour la réhabilitation et
25 000 personnes. Les maladies de l’aménagement global de la friche
la mine (silicose, cancer) et le départ industrielle de Jerada-Hassi-Blal en
de nombreux hommes frappés par un Parc Muséologique Minier. L’étude
le chômage (vers d’autres villes du est très avancée, pilotée par l’Agence
Royaume et même l’étranger) ont de l’Oriental en partenariat avec le
laissé un grand nombre de femmes Ministère de l’Energie et des Mines,
seules avec leurs enfants, et sans le Ministère de la Culture et le Conseil
aucune ressource. Provincial de Jerada. Sa finalité est
la création du Parc Muséologique
La problématique de la Province de Minier de Jerada, afin de sauvegarder
Jerada ne se limite donc pas à la notre précieux patrimoine minier, his-
seule reconversion économique : torique, en créant une infrastructure
elle oblige aussi à imaginer comment culturelle et récréative, capable de
restructurer les tissus urbains trop dynamiser la ville et de contribuer à
hétéroclites et peu fonctionnels des ses nouveaux développements socio-
villes de Jerada, Touissit, Boubker économiques.
et Guenfouda, pour évoluer vers un
Le nouveau village de l’artisanat développement global et intégré de L’ampleur et la diversité de ce patri-
à Jerada cet espace de projets aujourd’hui moine appellent un traitement qui
en difficulté, mais qui dispose de doit aller bien au delà de la seule
différents atouts, pour que son entrée dimension muséologique et qui
dans la modernité puisse bénéficier devra intégrer les éléments socio-
des grands projets inaugurés par économiques et écologiques, afin de
Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors contribuer au développement durable
de ses multiples visites dans cette de Jerada et, plus largement, de la
Province. Région de l’Oriental.
Patrimonialisation
et développement économique :
cas de Jerada
Q
Abdelmalek Fizazi
Ex-Chef du Service des Musées,
Conseil Culture & Communication
Agence de l’Oriental
Par nature, culture Un nouveau concept Ces notions ont fini par s’imposer et
qui nous vient d’Europe… par faire considérer des lieux comme
et fonction, l’auteur une friche industrielle en tant que pa-
est intervenu aux Le développement économique lié trimoine et lieu de mémoire à sauve-
garder, à l’instar des monuments his-
origines du projet. à la patrimonialisation s’avère une
toriques ou archéologiques hérités de
«nouvelle notion» et une nouvelle
Il rappelle les option apparues au cours du dernier passés lointains. Est en effet apparue
objectifs finaux quart du 20ème siècle en Europe. toute l’importance que revêt un lieu
La notion de «patrimoine» s’y est dans la mémoire collective pour une
traduits dans les société donnée (celle des mineurs
imposée à partir des années 1970-
prescriptions de 1980, avec la réflexion autour des dans le cas présent), sa sauvegarde,
sa protection et son investissement
l’étude lancée par concepts de type «lieux de mémoires
dans un projet culturel producteur de
et héritages culturels» que l’historien
l’Agence de l’Oriental. Pierre Nora a développé entre 1984 valeurs symboliques, artistiques, mais
Le développement, et 1992. : «… par pans entiers, sont également économique et pourvoyeur
entrés dans le domaine patrimonial d’emplois.
voulu économique,
des catégories d’objets, des champs
social, mais aussi esthétiques ou culturels obsolescents Les exemples de ces lieux, d’abord
durable et culturel, que la transformation industrielle et désaffectés et promis à l’oubli et à la
l’aménagement de l’espace mena- disparition en conséquence de crises
en est le maître-mot. çaient de disparition» (Nora, 1992, économiques et d’évolutions techno-
les Lieux de Mémoire, p. 4708). logiques entre autres causes de leur
«abandon», sont très nombreux à tra-
vers le monde. Ce sont d’anciennes
casernes, des halles, des usines… et
des sites miniers.
Un lieu de
mémoire est
reconnu,
consacré,
avant d’être
inscrit sur
les listes du son arsenal juridique et institutionnel Un lieu de mémoire est reconnu,
patrimoine
pour intégrer ces lieux et les inscrire consacré, avant d’être inscrit sur les
au patrimoine régional ou national, listes du patrimoine marocain en
marocain.
afin d’y réaliser des projets culturels tant que spécimen architectural et
viables. entité économique et sociale d’un
grand espace urbain moderne. Une
Au Maroc, le cas s’est posé avec des nouvelle fonction culturelle, multiple,
villes qui ont évolué au point de voir lui est accordée et l’insère dans la
certaines de leurs infrastructures production de valeur culturelle et la
devenir obsolètes, ou alors causant fourniture de services. Il regagne une
des nuisances telles que leur dépla- nouvelle existence et une nouvelle
cement en périphérie était devenu utilité sociale.
impératif. Ce fut le cas à Casablanca Le but de la patrimonialisation du site
avec les abattoirs. Désaffectés, ils minier de Jerada-Hassi Blal s’inscrit
pouvaient constituer une nuisance et dans la même logique.
le patrimoine foncier qu’ils représen-
taient pouvait être convoité pour des
«Patrimoiniser» le site
projets immobiliers…
de Jerada-Hassi Blal :
Le Collectif Casamémoire, association un exemple «pionnier»
pour la protection du patrimoine de
Casablanca née en 1995, en fit un Premier site minier exploité de façon
cheval de bataille pour la sauvegarde moderne et avec les technologies
de quelques monuments embléma- de pointe dans ce domaine, Jerada
tiques que la capitale économique était également l’unique gisement
du Maroc moderne perdait au fil des de charbon (anthracite) du Maroc.
ans. Son action, conjuguée à celle Exploité à partir de 1936 seulement,
de personnalités, artistes et intel- il a bénéficié de l’évolution des
lectuels, permit d’offrir à la ville un techniques et des machines les plus
nouvel espace baptisé «La Fabrique modernes. Cela constitue une raison
Culturelle», où peuvent se produire de plus pour protéger son infrastruc-
des musiciens, où peuvent être ture et ses machines, d’abord comme
organisées des animations pluridisci- patrimoine industriel du Maroc mo-
plinaires… derne mais aussi comme «outils de
L’histoire sociale
de
Jerada
N
Malika Daoudi
Sociologue
Ex-Responsable du Département
Socioculturel des CDM
pris conscience
familles que pour les célibataires dans ces commerces, dont les prix
(grandes pièces, douche, cour, petit étaient moins chers qu’à l’économat
de son rôle
jardin…), des progrès appréciables géré par la mine ; l’achat à crédit
par rapport aux logements de la cité chez les épiciers revêtait une forme
vis-à-vis
indigène. Les familles bénéficiaires sociale mettant les personnes en
de ces nouveaux logements n’ont pas relation et en confiance et ceci sans
des nombreux
manqué de signaler au service social aucune formalité administrative :
de la mine les changements positifs «Les relations de parenté qui nais-
ouvriers de la
survenus dans leur vie quotidienne : saient le plus souvent entre l’épicier
rapports familiaux moins tendus, ré- et tel ouvrier, ou les relations de deux
reconnus une
préférer bien souvent aux ouvriers
Ses commerces et services ce type plus intime de transaction…
mission sociale
le marchand qui a consenti en février
Les premières années de la mine 1953 le plus de crédit à 145 clients
et ont donné à
avaient vu la création, puis le déve- endettés est un ancien ouvrier de la
loppement progressif, d’un écono- mine qui, à la suite d’un accident,
son exécution
mat destiné à résoudre le problème est devenu inapte au travail. Son
majeur du ravitaillement en produits commerce lui vaut certainement des
le caractère
alimentaires et de première néces- bénéfices beaucoup plus sérieux que
sité, avec une offre diversifiée aux ne lui valait un travail à la mine»5.
impératif d’une
familles : achats en gros, stockage,
vente au détail, épicier, marchand de Au delà de la recherche du profit,
obligation.
légumes, boulanger, charcutier, bou- les Charbonnages Du Maroc ont pris
cher, papetier, magasin de vêtements conscience de leur rôle vis-à-vis des
et de chaussures, quincaillier, laitier3. nombreux ouvriers de la mine. Ils se
La boulangerie moderne, mécanisée sont reconnus une mission sociale et
et dotée de grands fours, sortait à ses ont donné à son exécution le carac-
débuts, en 1954, 4 000 kg de pain tère impératif d’une obligation : ainsi
par jour ; c’était l’une des boulange- ont-ils décidé d’assurer à leur person-
ries les plus importantes du Maroc. nel les éléments jugés indispensables
A coté, un four collectif traditionnel à l’amélioration de leur niveau de vie.
cuisait chaque jour le pain préparé
par les familles à domicile. Son centre artisanal
Le centre de Jerada a d’abord attiré Dès que les ouvriers se sont stabili-
les commerçants des environs. Au fil sés avec leurs familles à Jerada, la
de l’arrivée d’ouvriers venus d’autres mine avait pensé à créer un atelier
régions, des commerçants de leur d’apprentissage où les filles d’ouvriers
région d’origine les ont suivis : «La apprenaient les rudiments du tricot,
Mine a favorisé ce mouvement en de la broderie et de la tapisserie.
installant elle-même diverses bou- Ce centre visait à donner aux filles
tiques dans les kissariats ; l’ouvrier rebelles à l’enseignement théorique,
trouve là des boutiques alliant le un métier qui les aiderait à accroître
pittoresque traditionnel local à un les ressources de leur famille. à sa
modernisme plein d’allant : épiceries, création, une maîtresse européenne
bazars, boutiques de tissu, coiffeurs, était assistée de monitrices maro-
tailleurs et cyclistes s’alignant sous caines pour y dispenser les différents
les arcades de la grande place, à points de broderie et les tissages
Jerada comme à Hassi Blal»4. propres à chaque région du Maroc
établissements
des objet modernes. Vue la réussite Nationale a progressivement bâti des
progressive de cette action sociale, établissements des cycles primaire et
affichaient
les CDM ont construit, en 1982, au secondaire. Avant leur ouverture, les
centre ville, un véritable centre artisa- enfants du personnel devaient suivre
des résultats
nal pouvant accueillir 200 apprenties. l’enseignement secondaire à Oujda.
Les filles tricotaient des layettes qui Les écoles maternelle et primaire des
scolaires parmi
leur étaient payées puis distribuées CDM (ex-mission française) comp-
gratuitement à la maternité à chaque taient 1 500 élèves en 1985, enfants
les meilleurs
naissance dans les familles ouvrières. de cadres, agents et ouvriers (Ecoles
Les articles de broderie et de tapisse- de Jerada et Hassi Blal), encadrés
de la Région de
rie étaient confectionnés par des filles par un effectif pédagogique et social
plus grandes, selon les standards de de 60 personnes.
l’Oriental.
l’artisanat marocain adaptés au goût Les fournitures scolaires étaient
moderne, puis exposés et vendus. gratuites. Les parents payaient une
Ces travaux avaient donc, en outre, cotisation symbolique durant la scola-
l’intérêt d’être rémunérés. rité de leurs enfants. Chaque année,
ces établissements affichaient des
Ses écoles résultats scolaires parmi les meilleurs
de la Région de l’Oriental.
La mine a tenu à favoriser l’instruc-
tion publique à Jerada. L’enseigne- Son Centre Culturel
ment du premier degré y était assuré
dès le début de l’existence de la ville. Créé en 1978 après la transformation
Ainsi, deux écoles coexistaient à Je- et l’extension de l’ancienne église de
rada : «la mission française» pour les Jerada, le Centre Culturel proposait
enfants des européens, et une école des activités éducatives et culturelles
franco-marocaine pour les enfants à tous les habitants de la ville. Ses
marocains, qui prétendait délivrer un activités étaient diversifiées :
enseignement adapté aux besoins de
Des élèves de l’école professionnelle la population. Il s’agissait donc d’une • Bibliothèque, avec grandes salles
dite “ franco-musulmane “ de Jerada instruction générale avec des leçons de lecture et environ 5 000 ouvrages,
(mai 1955) de Coran, des rudiments de langue plusieurs séries d’encyclopédies, jeux
en arabe et français, avec une insis- de société, jeux éducatifs, etc. ;
tance sur l’orientation professionnelle • Education musicale, avec trois
et le préapprentissage. professeurs assurant aux adhérents
La scolarisation des filles, au début, de la section des cours de solfège,
n’était pas aussi bien admise dans luth, piano, violon (parmi ces adhé-
les mentalités que celle des garçons ; rents, un orchestre a été constitué
pour convaincre les parents sans pour assurer l’animation des soirées
bousculer les mœurs, l’école devait culturelles en différentes occasions) ;
assurer une instruction donnant une • Art dramatique (séances d’initiation
grande place à l’enseignement mé- au théâtre données aux amateurs) ;
nager. Peu à peu, la scolarisation des • Arts plastiques ;
filles est entrée dans les mœurs. • Cinémathèque, avec la projection
de films et de documentaires variés.
D’une autre coté, l’Administration
faisait valoir que l’enseignement Des bourses mensuelles étaient oc-
technique était de première nécessité troyées aux élèves sérieux et assidus
dans un pays en plein essor écono- des différentes disciplines. Des prix
mique. Un centre de formation pro- annuels importants étaient décernés
fessionnelle a été mis en place pour aux meilleurs élèves de chaque sec-
le dispenser aux jeunes marocains. tion. Le Centre Culturel jouait aussi
Avec l’accroissement de la population un rôle important dans l’animation
l’ouvrier à été
des craintes existaient encore envers médecins de la mine. Puis, les CDM
les soins, le médecin, l’hôpital. La ont pris également à leur charge les
l’une des
méconnaissance des mœurs et de la soins médicaux aux familles. L’effectif
langue des familles ouvrières ne per- à traiter est passé en 1972 de 4 500
préoccupations
mettait pas aux efforts du médecin, à 30 000 personnes. «L’état sanitaire
de l’assistante sociale ou de la sage- de la population minière de Jerada
majeures de
femme (tous européens à l’époque) est en amélioration par rapport au
de porter leurs fruits. Peu à peu, la passé. Ceci prouve un mieux être de
la mine.
consultation médicale est entrée dans nos mineurs et ceci est du d’une part
les mœurs, la vaccination s’est répan- à une amélioration des conditions de
due et a permis de lutter avec succès travail et de vie et d’autre part à une
contre les maladies contagieuses. infrastructure médicale» (Dr Ouvrard,
à la Médecine du Travail, avec visites rapport médecine du travail 1972).
d’aptitude à l’embauche et contrôle
radio systématique et périodique La Médecine du travail
des ouvriers travaillant au fond de la
mine, s’ajoutait la médecine de soins Au dispensaire réservé à ce service,
(consultation, radios, examens de les médecins s’occupaient :
laboratoire, soins divers).
Une Maternité équipée, créée dès les • des accidentés du travail évacués
premières années de la mine, éten- en urgence au dispensaire ou suivis
dait son activité médicale au domaine pour soins réguliers ;
de l’assistance familiale. • des visites systématiques du per-
sonnel, visite d’embauche, explora-
Avec l’accroissement de l’effectif de tion fonctionnelle, déclaration de la
la mine et l’installation des familles à maladie professionnelle, etc.
Jerada, les CDM ont développé l’in- Les victimes des accidents de travail,
frastructure sanitaire, et disposaient étaient accueillies par le service
ainsi, dans les années 1969-70, de des urgences. 95% des cas étaient
4 centres autonomes, dont 1 réservé soignés à Jerada et ceux nécessi-
à la Médecine du Travail et 3 à la tant une prise en charge spécialisée L’Hôpital Provincial
médecine de soins. étaient orientés à Oujda ou Rabat de Jerada (2011)
pour bénéficier des soins nécessaires Les CDM prônaient les accouche-
dans les institutions spécialisées ; ments à la maternité de la mine pour
le transport par ambulance équipée éviter les complications post-natales
était assuré en cas de besoin. pouvant survenir après un accouche-
ment à domicile : une prime et une
La Médecine de soins layette étaient réservés aux accou-
Le Service Médical chements à la maternité de la mine.
des Charbonnages Du Maroc La Médecine de soins constituait une Pour assurer une meilleure prise en
activité très importante du Service charge médicale, les CDM se sont
• Service des urgences ; Médical des Charbonnages Du Ma- attachés le concours de médecins
• Service de radiologie ; roc. En moyenne chaque jour, 100 conventionnés dans certains do-
• Service d’exploration à 150 ouvriers ou agents et 300 à maines : pneumologie, chirurgie,
fonctionnelle respiratoire ; 340 femmes ou enfants d’ouvriers ou traumatologie, pédiatrie.
• Centre de rééducation d’agents passaient pour consultation Il est important de signaler que tous
fonctionnelle ; au Service Médical. les frais occasionnés par les presta-
• Laboratoire d’analyses médicales ; Les médecins généralistes de la tions médicales, à Jerada ou ailleurs,
• Salle d’hospitalisation (15 lits) ; mine assuraient des consultations de étaient pris en charge par les CDM,
• Cabinet dentaire ; médecine générale. Autant que de à raison de 100% des frais engagés
• Pharmacie ; nécessaire, le malade était adressé pour l’ouvrier ou l’agent et de 80%
• Maternité. à des médecins spécialistes d’Oujda pour son épouse et ses enfants.
ou de Rabat, en coordination avec le
Service Social de la mine. Pour les 1- Les coquelicots de l’Oriental - BRIK
consultations et les soins au person- 2- Rapport de stage - P. Potier, 1950
nel et aux familles, le Service Médi- 3 et 4- Bulletin économique et Social,
Vue générale du centre-ville cal disposait d’un équipement très 03/02/1955
de Jerada aujourd’hui complet. 5- L’ouvrier mineur au Maroc
patrimoine industriel
S
Ahmed Ghazali
Ingénieur Phd, au Maroc
Président Directeur Général
de K.NOUR S.A.
Un bâtiment aussi immense que la des fonctions qui favorisent le déve- L’Oriental
s’installe
Salle des Douches-Vestiaires au site loppement socio-économique, tout en
du Puits 2 ne peut être entièrement restant en cohérence avec le projet
au Maroc
réhabilité pour ne montrer que cette du Parc Muséologique.
partie de la vie des mineurs. Comme Par exemple, le siège des CDM, avec
comme le foyer
d’autres, il peut abriter d’autres types sa belle esplanade, est un lieu idéal
de contenus, ce qui permettra d’as- pour abriter un hôtel qui répondra
des grands
socier de nouveaux partenaires au aux besoins que va créer l’ouverture
projet et d’attirer plus de public. au public du Parc Muséologique.
projets
Deux thèmes semblent prometteurs : Une résidence pour artistes sera une
utilisation efficace et harmonieuse
innovateurs
• la Région de l’Oriental ; pour des édifices comme l’ancienne
• l’Energie. Réception, l’ancien Service Géolo-
pour les
gique ou même le Demi-tonneau !
Le Musée de la Région de la Ruhr en
énergies
Allemagne, initialement situé dans Le grand parc du Puits 2, aménagé
la capitale régionale Essen, a été en un espace vert, peut être équipé
renouvelables.
transféré au site minier de Zollverein. de sentiers de randonnée, de pistes
L’opération visait un double objectif : cyclables, d’un amphithéâtre à ciel
d’un côté le Musée régional bénéficie ouvert, etc. Il pourra accueillir des
de la valeur hautement symbolique spectacles et évènements festifs.
des édifices de la mine, de l’autre,
le site minier voit sa valeur augmen- Quant au Grand Terril, sa reconver-
ter car il héberge un contenu aussi sion en parc urbain et touristique
important que le Musée régional. est souhaitable. Aménagé avec la
construction d’un belvédère (offrant
Cette démarche paraît appropriée à une vue panoramique sur l’ensemble
Jerada. Ville centrale dans l’Oriental, de la friche) et d’un point d’observa-
à mi-chemin entre la côte et les oasis, tion astronomique, avec des facilités
desservie par la route et le chemin de pour diverses activités sportives, cet
fer, et abritant un site minier d’une élément structurant du patrimoine
haute valeur historique et symbolique pourra contribuer au bien-être ainsi Piscine publique
à l’échelle mondiale, Jerada a tous qu’au développement économique. au Parc de Zollverein
les atouts pour abriter le futur Musée
Régional de l’Oriental.
L’Oriental s’installe progressivement
au Maroc comme le foyer des grands
projets innovateurs pour les énergies
renouvelables. Un Musée traitant la
question énergétique, depuis le dé-
but, avec le charbon puis la Centrale
thermique, jusqu’aux projets présents
et futurs d’énergies renouvelables,
aura sa place dans le site du Puits 2.
Le site Web
de l’ERIH
de Jerada-Hassi Blal
I
José Ramon Fernandez MOLINA
Architecte Expert
International en Récupération
de Patrimoine Minier
L’enceinte du Puits 1
Cette zone correspond à l’espace
d’exploitation du Puits 1, dont le gros
des activités s’est déroulé entre 1930
et 1950. La topographie du site, en
légère pente Nord-Sud a conditionné
la composition et l’organisation spa-
tiale de l’ensemble selon trois niveaux
qui correspondent aux trois fonctions
de base :
L’enceinte du Puits 2
La zone du Puits 2 Vue de la Mine Image
L’épuisement du Puits 1 a conduit à
réaliser une nouvelle installation pour
exploiter les couches plus profondes De grandes dimensions, les salles
de la zone ouest de la faille. Le Puits d’attelage ainsi que les vestiaires-
2 et son installation industrielle ont douches pouvaient proposer leurs
ainsi été réalisés dans les années 50. services à 3 000 mineurs.
Cette nouvelle installation, de plus
grande échelle que la précédente, La qualité architecturale de ces
située au milieu d’une grande plaine bâtiments ainsi que leur état tout
à environ 5 km à l’ouest du Puits 1, à fait acceptable de conservation,
a permis un rapide déploiement de les qualifient pour faire l’objet d’une
l’activité minière répondant à des «muséalisation» d’un grand intérêt.
nécessités logistiques majeures à
cause de la profondeur des couches Plus au nord, entre le chemin de
La descenderie du Puits 2
exploitées : plus de 1 100 m. fer et la route, le Lavoir traverse et
surplomble tout le site.
D’autre part, l’approvisionnement en
eau a permis le montage d’une instal- À l’ouest du Lavoir se situe le parc de
lation de lavage et triage de charbon charbon de la mine, d’une topogra-
de grande envergure, adaptée au phie irrégulière.
grand volume d’anthracite produit : A l’est, le parc de charbon de la cen-
c’est le Lavoir du Puits 2, qui repré- trale thermique, ainsi qu’un secteur
sente aujourd’hui une composante abandonné formé par une série de
iconographique d’intérêt majeur de bassins de décantation, de composi-
l’ensemble patrimonial de la friche. tion longitudinale et d’intérêt archéo-
logico-industriel.
Vers l’Ouest se situe l’une des entrées Au Sud-Ouest de l’ancien site minier
au site du Puits 2 qui donne accès à se trouvent les édifices de l’ancienne
La Salle d’attelage du Puits 2 son enclave logistique où s’ordonnent direction des CDM au Puits 2, cédés
les édifices des installations selon au Ministère de l’agriculture.
une trame orthogonale : bâtiments
des compresseurs, de la machine
d’extraction, des transformateurs, etc.
Des logements ouvriers on trouve encore des exemples des commerciaux et sociaux, toujours en
autres types de logements les plus service d’une façon très semblable au
anciens, comme un bâtiment de l’ex- passé.
cité des cadres, en arrière de la Mai- Ainsi, les kissariats, le marché, la
son du Mineur. Ces rares logements mosquée, les bains, la boulangerie,
restants méritent d’être conservés et quelques installations sportives et
protégés comme témoins de premier autres équipements, existent encore
ordre de la vie des mineurs. Les dans leur architecture originelle in-
logements des cités minières plus ré- tacte. D’autres équipements sociaux
centes subsistent pratiquement tous sont préservés hors de ce centre,
et sont encore habités. Une étude plus proches du Puits 1 ou de Hassi
Les logements dits «demi-tonneaux» comparative des typologies de ces Blal, comme l’hôpital, le centre cultu-
logements et de leur évolution dans le rel, l’église, les écoles, etc.
temps serait intéressante.
Ces équipements, témoins de la vie
Les équipements sociale riche des mineurs, sont un
sociaux et commerciaux élément important du patrimoine de
Jerada et méritent une étude plus
La démolition de la cité ouvrière n’a approfondie qui les intègrerait dans
L’ancien hôpital pas affecté le centre ou la place de l’ensemble de la friche à protéger.
dans la zone du Puits 1 la cité qui abritait les équipements
Un édifice particulièrement important
entretient une relation spéciale avec
l’activité minière : l’ancien hôpital,
qui se présente comme un complexe
de plusieurs bâtiments dédiés aux
différents services de santé.
Récapitulatif
du diagnostic
1908 Le géologue français Louis Gentil envoyé en prospection dé- Jerada - sauterelle en arabe - dé-
couvre les premiers signes du bassin houiller de Jerada. signait à l’époque le sommet du col
situé actuellement au branchement
de la Route Secondaire n° 406 sur la
Route Principale de Oujda à Figuig.
1927 En décembre 1927, le géologue belge André Brichand se rend Le village de Jerada n’existait pas en-
à El Aouinet à 4 km de Jerada : traversant à cheval l’oued Sidi core et le lieu était couvert de la forêt
Brahim, où affleure le Westphalien B du carbonifère, il découvre nommé Feddane Jmal (champ du
la couche Z1, dite aussi couche MOKA. Les analyses, en janvier chameau).
1928, montrent qu’il s’agit d’un charbon anthracite de pouvoir
calorifique élevé (7 000 kcal / kg) et de faible teneur en soufre
(1%). Le même mois, les belges entament la prospection.
1936 Visite du Roi Feu Sa Majesté Le début de son exploitation systématique, utilisant les moyens Les premiers mineurs sont venus des
Mohammed V. techniques modernes nécessaires après le creusement et différentes tribus habitant dans le voi-
l’aménagement du premier Puits, se fait à partir de 1936. Etant sinage ; certains passaient une partie
Dans le domaine minier Sa Majesté donnée l’existence de la voie de chemin de fer entre Oujda de l’année à la mine et l’autre dans
s’était intéressé de très près à la re- et Bouarfa passant par Guenfouda (à 25 km de Jerada), où leur tribu. Les premiers logements
fonte du règlement minier étant donné existe aussi une nappe d’ eau qui manquait au site minier, des mineurs étaient des tentes.
que la législation minière de l’époque l’installation d’un téléférique Jerada–Guenfonda est réalisée
était caractérisée par un libéralisme et l’exploitation débute en 1936 par la Société Chérifienne de La première ville ouvrière du Maroc
excessif et un manque de dispositions Charbonnages de Jerada (Société Maroco–Belge). est née, dite “Cité Indigène”, où l’es-
rigoureuses en matière de sécurité et pace commercial s’organisait autour
de droit du travail. Des concessions minières d’une durée de 99 ans sont affectées d’une Kissariat séparée de l’espace
à la Société Chérifienne, ainsi que des permis mineurs de re- résidentiel des mineurs, eux-mêmes
cherches renouvelables tous les 3 ans. séparés entre la zone des mariés et la
La première préoccupation avait été la construction de voies zone des célibataires. La communau-
de communication reliant le centre minier à l’extérieur. Dès les té européenne (encadrement et maî-
premières années d’exploitation, les travaux sont lancés pour trise) habitait une cité à part, avec ses
la construction d’une route reliant Jerada à la ville d’Oujda. Le pavillons et ses immeubles aux toits à
charbon produit a été longtemps transporté par le téléférique doubles pentes de tuiles rouges, rap-
reliant le puits d’extraction au village de Guenfouda, où il était pelant l’architecture et l’urbanisme
trié et lavé avant sa mise sur wagon. des villages d’Europe.
Années De 1948 à 1951, Feu Sa Majesté Mo- Au début des années 40, la Société est cédée à la société
40 hammed V intervient personnellement Franco–Marocaine Charbonnages Nord-africains (CNA) : 51%
afin que le règlement soit élaboré pour le gouvernement français et 49% pour l’état marocain.
dans le sens le plus conforme possible Durant les premières années de l’exploitation de la mine, une
à l’intérêt national. Il demande notam- grande partie de la production était exportée vers les pays
ment : un renforcement de la fiscalité étrangers (France, Belgique, Italie, Algérie, Tunisie,etc.).
minière, une participation du Mekh- A Guenfouda une usine d’agglomérés fournissait des briques
zen dans la délivrance des permis et au chemin de fer marocain et algérien et des boulets (mélange
une amélioration des conditions des de l’anthracite avec les houilles du bassin de Kenadza et du
travailleurs marocains dans les mines. goudron sud-africain) à usage domestique (chauffage).
La capacité du téléférique, bien qu’elle ait été portée en 1948
de 80 à 100 tonnes par heure ne pouvait suffire à évacuer la
production de 600 000 tonnes qu’on prévoyait pour 1953.
Fin Découverte d’ une nappe d’eau à Aïn Bni Mathar (appelée Ber- Suite aux besoins croissants en eau
années guent autrefois) et installation du Lavoir à Hassi Blal (1952) et du dus à la fois à l’expansion de CNA
40 chemin de fer Guenfouda-Jerada. et à l’accroissement du tissu urbain
/ début Creusement du Puits 2 de 450 m de profondeur. Jerada-Hassi Blal, et vu les résultats
années Avec le développement de l’industrie nationale, les charbonnages de des prospections sur la nappe de Ta-
50 Jerada ont commencé à approvisionner les industries nationales nais- bouda, CNA, en collaboration avec
santes : centrales thermiques, cimenteries, sucreries, etc. la Direction des Travaux Publics, ont
procédé à partir de 1950 à la réalisa-
tion d’un réseau complet d’eau basé
sur une conduite en fonte de 400 mm
de diamètre, allant de Ain Tabouda à
la station Rocher sur 12 km.
Nouvelles cités créées à Hassi Blal.
1963 La très faible commercialisation des fines a créé des difficultés fi- Création d’une cité pour les construc-
nancières : en 1968, les travaux préparatoires furent suspendus teurs russes de la Centrale Thermique
quelques mois pour étudier un arrêt éventuel de la mine. Vu l’effectif entre Jerada et Hassi-Blal, et de nou-
important de la Société, le projet d’une centrale thermique a vu le velles cités depuis pour les travailleurs
jour et la livraison de fines 0/10 mm d’anthracite a débuté dès 1971. de la Centrale, au Nord du Lavoir.
La Centrale Thermique est mise en service et devient le principal Infrastructures de la cité : route gou-
1971 client de la mine. Cette importante centrale thermique fournissait en dronnée, alimentation en eau et en
1971 environ le tiers de la consommation nationale d’énergie élec- électricité, et infrastructures sociales
trique. En 1972, elle a consommé, à elle seule, plus de la moitié de et de santé (centre artisanal, centre
la production de la mine. culturel, infrastructure sportive, com-
La Société Charbonnages Nord-africains devient les Charbonnages plexe médical avec dispensaires, hô-
du Maroc (CDM) au capital appartenant à 100% au BRPM (Bureau pital, service de radiologie, laboratoire
de Recherches et, de Participations Minières). et pharmacie). Nouvelle cité El Mas-
sira (1 000 logements).
Population totale : plus de 60 000.
Plus de 3 600 logements construits.
1996 En 1996, l’avenir paraît compromis pour deux raisons : les réserves Démolition de la Cité Ouvrière
exploitables de la partie Nord-Ouest du gisement se sont avérées de Jerada.
beaucoup moins importantes que prévu et le prix de revient du char-
bon extrait est devenu 2,5 fois supérieur à celui du charbon importé.
1998- Fermeture de la mine
2001
L
Antonio Ruiz CASTELL
Ingénieur des Mines,
Expert en décontamination
de sites miniers
Plan Général • De petites décharges dispersées • ils sont pour la plupart très proches
des terrils et décharges dénommées : T9, T10, T11, T12, des tissus urbains ainsi que de la
T13, T14, T15, T16, T17 et T18 route principale ;
Constituées surtout de stériles et • certains terrils, comme le Grand
à faible contenu en charbon, elles Terril, ont une forte signification histo-
occupent une superficie totale de rique car ils sont liés à des systèmes
30 000 m2 pour environ 10 000 m3. ou unités de production du complexe
industriel minier ;
Décontamination • ils constituent de fortes sources de
et réhabilitation contamination et ce qui fut un moteur
de développement pour la région est
Tout programme de réhabilitation de aujourd’hui devenu la cause d’une
la friche et de sa mise en valeur doit dégradation très sensible de son
obligatoirement compter avec la dé- environnement.
contamination et la réhabilitation des
terrils pour diverses raisons : Les aspects de cette contamination
par les terrils sont multiples :
• les terrils sont devenus des traits
permanents du paysage de la friche, • il y a d’abord la pollution visuelle
exerçant un fort impact visuel sur son gênante due au fort impact négatif
paysage ; des terrils sur le paysage ;
Le Grand Terril se démarque par sa Les autres terrils devront faire l’objet
situation, à proximité du tissu urbain, de réutilisations dans le but de
sa grande hauteur et ses dimensions promouvoir le développement socio-
imposantes. Il est partie intégrante économique, tant local que régional.
du patrimoine minier de Jerada-Hassi
Blal, et il est destiné à être aménagé
en un parc urbain et sportif. Sa
hauteur offre une vue panoramique
exceptionnelle sur l’ensemble de la
friche minière. Situé entre les sites des
Puits 1 et Puits 2, et entre les villes
de Jerada et Hassi Blal, il représente
en quelque sorte la jonction et un
point unificateur de toute la friche.
Expériences internationales
des musées de mines de charbon :
un benchmark pour le Parc
Muséologique de Jerada
P
Jordi VIVES Arumi
Ingénieur Muséographe
Consultant-Expert
International
La préservation
• la dimension de l’interaction entre on peut visiter la lampisterie et voir
le lieu de production et son environ- un puits d’extraction en activité,
du patrimoine
nement (exploitation des ressources ainsi que le circuit de roulage et de
naturelles, pollution des abords, de culbutage des berlines.
industriel est
l’eau ou de l’air, transformation du La salle des machines abrite la
paysage, etc.) ; machinerie d’extraction, des mo-
devenue une
• la dimension urbaine, dans le teurs, des pompes, et toute l’instal-
cas du patrimoine minier des villes lation électrique avec une machine
source
minières. Gramme de 1885.
de nouvelles
Les grands centres miniers ont été Le Bassin Houiller des Asturies
les moteurs de la création ou de
expériences.
la croissance de villes proches ou Le Bassin Central Houiller dans les
directement conçues comme des Asturies est l’espace minier espagnol
composantes indispensables du site par excellence. Plus de 160 éléments
minier, constituant le cadre de vie de patrimoniaux très proches les uns
sa main d’oeuvre. des autres en témoignent.
Musée de Sabero :
les répliques des machines et installations
ont été réalisées afin de pallier la perte
des équipements originaux
une grande fidélité aux modèles veaux projets de Musées est devenue
originaux et chaque réplique est un enjeu critique. L’orientation de
accompagnée d’une maquette en départ, presque exclusivement tech-
volume, de caractère didactique. nologique, voire son élargissement en
Les machines sont installées dans une vision plus sociale et historique,
leurs lieux d’origine et disposées ne suffit plus à garantir une perspec-
en accord avec les ensembles ou tive d’avenir à ces anciens sites.
systèmes fonctionnels auxquels elles
appartiennent. Le PASS
Une grande maquette de la vallée
complète l’exposition et représente de Modernisé avec une architecture de
façon réaliste et interactive l’implan- Jean Nouvel, le PASS a opté pour la
tation des sites de production minière transformation des espaces de l’an-
dans différents endroits, introduisant cienne mine de Mons en un Musée
ainsi la dimension territoriale dans la interactif des sciences, combiné à
présentation de ce patrimoine ancien. un puissant centre d’activités avec la
collaboration d’entreprises belges.
Les nouvelles orientations Les sites miniers disposant
d’espaces extérieurs étendus
Chevalement et bâtiments annexes 40 ans après Ironbridge, la percep- se voient réhabilités en parcs
du Pass tion des nouvelles générations pour urbains qui juxtaposent divers
le travail industriel et l’industrialisa- équipements : nouvelles industries,
tion a beaucoup changé. Dans les espaces de loisirs, espaces muséali-
anciennes sociétés industrialisées, sés et ateliers artistiques, l’ensemble
direct avec
le travail
industriel.
Le système mNACTEC
Le patrimoine industriel d’une région Duisburg Parc Nord Ferropolis, site industriel,
se présente souvent sous la forme de culturel et de loisirs
nombreux équipements dispersés sur Dans la ville de Duisburg, le site
un grand territoire. de l’usine Thyssen a été transformé
La création de réseaux est une en un parc de 200 hectares. Pour
ressource pour gérer et coordonner en conserver le caractère industriel,
ce patrimoine. Le système mNAC- marque identitaire de la région, le
TEC (Museu Nacional de la Ciència projet minimise les interventions sur
i la Tècnica de Catalunya), avec 25 le lieu en mettant en relief les restes
musées pour connaître et interpréter conservés de l’ancienne usine et en
le patrimoine industriel catalan, est valorisant la végétation qui a envahi
l’une des expériences pionnières en la zone. Conçu comme un Parc de
ce domaine. Le Musée de la Science parcs, l’espace incluant restes et
et de la Technique de la Catalogne objets industriels s’est transformé en
considère comme l’un de ses objec- conglomérat de zones d’activités, à
tifs majeurs la préservation du patri- commencer par des usages sportifs
Reconversion
du site de Jerada-Hassi Blal :
approche muséologique
et muséographique
I
Jordi VIVES Arumi
Ingénieur Muséographe
Consultant-Expert
International
Délivrer de
façon créative
et ludique des
informations
sur la mine,
les mineurs
et les cités
minières.
4) la zone d’extension
du Magasin Général
Libérée pour d’autres usages.
Parcours et contenus
muséographiques
Parcours muséographique
dans le Parc du Puits 1
Traitement muséographique
Image virtuelle de la
Mine Image réhabilitée
1- la Descenderie ou le Chevalement
comme point de départ ;
2- le bâtiment de départ du Lavoir ;
3- le bâtiment intermédiaire du La-
voir, dédié au concassage et au triage
du charbon ;
4- les bassins de décantation pour le
traitement des fines ;
5- le bâtiment d’arrivée du Lavoir
dédié au pesage ;
6- le système de chargement dans
les wagons et le transport jusqu’à la
Centrale thermique ;
7- le bâtiment dédié à l’analyse
chimique.
Image virtuelle • La crise de la fermeture de la mine.
de la Place de la Mine • Les Salles d’attelage, la descenderie. Le Circuit du Mineur
du Puits 2 réhabilitée • La Salle des compresseurs et des Il montre la circulation des mineurs
extracteurs, le Chevalement. depuis les vestiaires jusqu’au point
• Les stériles générés, les terrils, les d’extraction. Le circuit se présente en
technologies de décontamination. deux variantes.
La première aboutit à la Descenderie
Par ailleurs, les dimensions du site et passe par les stations suivantes :
du Puits 2 et la disponibilité de plu-
sieurs espaces et édifices, imposent 1- les Vestiaires-douches ;
de dépasser la seule dimension de la 2- la Salle d’attelage ;
mine et d’étendre le contenu muséo- 3- le Couloir des mineurs ;
graphique à des thématiques plus 4- la Descenderie.
générales telles que :
La seconde mène au Chevalement et
• la Région de l’Oriental (son histoire, passe par les stations suivantes :
sa géographie, ses traditions, sa
faune et sa flore, ses projets, etc.) ; 1- les Vestiaires-douches ;
• l’Energie (à partir de la thématique 2- la Salle d’attelage ;
de l’énergie historiquement produite 3- la Salle d’attente en arrière du
à partir du charbon, mise en valeur chevalement ;
de la révolution énergétique dans la 4- le Chevalement et ses cages.
Région par les multiples projets mobi-
lisant les énergies renouvelables). Les salles de machinerie (avec les
compresseurs et machines d’extrac-
Parcours et contenus tion) sont traitées indépendamment
muséographiques de ces deux parcours.
Elles contiennent les seules machines
Les équipements du Puits 2 offrent qui ont pu être préservées, même si
une excellente matière pour deux elles se présentent aujourd’hui dans
longs circuits perpendiculaires. un état de grand délabrement : moteurs
et tuyauteries arrachés, usure, rouille,
Le Circuit du Charbon etc.
Il explicite le processus du traitement Uniques témoins des processus
de l’anthracite et vient compléter le miniers, ces machines méritent d’être
Traitement muséographique
Extensions potentielles
de la visite Image virtuelle de la Salle des Compresseurs réhabilitée
à préserver.
friche minière de Jerada-Hassi Blal ;
• Parc Muséologique Minier • une exposition muséographique
• Musée de la Région sur la formation des terrils ainsi que
• Musée de l’Énergie sur les technologies récentes de leur
• Amphithéâtre à ciel ouvert décontamination et consolidation ;
• Festivals, Spectacles,... • des aménagement et facilités pour
activités sportives (randonnées, esca-
lades, cyclisme, etc.) ;
Le Grand Terril
• un site d’observation astronomique ;
• des espaces de récréation pour les
Icône de l’histoire minière de Jerada-
enfants et les familles ;
Hassi Blal et marque identitaire de
• des zones boisées ;
son paysage, le Grand Terril est un
• des éclairages durant la nuit.
Aménagement patrimoine à préserver en opérant sa
du Grand Terril reconversion en un parc urbain et
Jerada,
impacts du Parc Muséologique
dans la dynamique
de la ville
L
Rachid EL Ouazzani
Architecte Urbaniste
Hier, la mine fut La dynamique «ville-mine» Les raisons qui font du site minier
de Jerada-Hassi Blal un patrimoine
la raison d’être de industriel et social à la fois singulier
La friche industrielle minière de
la ville. Aujourd’hui, Jerada-Hassi Blal est un ensemble et prometteur sont multiples :
elle reste son espoir ville-mine dont les composantes
minières (puits, installations de • Jerada est la seule mine de char-
mais concentre traitement du charbon, installations bon d’anthracite d’Afrique du Nord ;
aussi sa peine. industrielles et logistiques, terrils, • de découverte relativement récente
cités ouvrières, voies de chemin de par rapport aux mines de charbon
Demain, elle pourrait d’Europe, cette mine a été équipée
fer, centrale thermique, etc.) font
redevenir sa raison partie intégrante du tissu urbain. des installations industrielles
de vivre. Le passé d’extraction et de traitement les plus
récentes, technologiquement les plus
est toujours vivant avancées ;
mais l’avenir tarde • Jerada fut le premier pôle indus-
triel minier du Maroc et, longtemps,
à naître. Dynamique la principale source de production
d’un entre-deux. d’énergie électrique du Royaume ;
• très étendu et diversifié, le site offre
un grand potentiel d’attraits muséo-
La ville dans graphiques, comme la mine image,
les années 1950
centre de formation à l’extraction du
minerai simulant les galeries, destiné
aux nouvelles recrues sans formation,
élément rare dans les villes minières ;
• la mine de Jerada a généré une
ville de 60 000 habitants qui vivaient
presque exclusivement de cette
activité (le site est à l’origine de la
première ville ouvrière du Maroc).
Comprendre le fonctionnement de
l’activité minière n’est donc possible
qu’à travers une approche globale
de la friche et de l’ensemble de son
territoire d’influence. Par conséquent,
il est important d’identifier le territoire
environnant de la mine, façonné par
l’activité minière et ses exigences
Mine et ville
constituent un ensemble insécable. été vendue ou a disparu, et les ma-
De même, les voies de communica- chines trouvées sur place (quelques
constituent
tion, pour une ville située dans un compresseurs) sont dans un état
contexte isolé et loin du tissu écono- délabré (moteurs et tuyauteries arra-
un ensemble
mique et industriel de la Région, sont chés, usure, rouille, etc.) ;
un aspect vital. L’impact des activités • bien que la majorité des installa-
insécable.
minières sur le territoire est appré- tions soient encore en place, leur
ciable sous plusieurs angles : degré de détérioration, surtout de la
partie extérieure, est très important ;
• la relation fonctionnelle avec le site • les bâtiments présentent un degré
logistique du Lavoir de Guenfouda, de conservation variable, mais de-
à travers le Téléphérique (25 km) et meurent la partie la mieux conservée
plus tard le chemin de fer (45 km) ; de l’ensemble ;
• la relation avec Oujda (60 km) et • les terrains industriels du Puits 1
les ports de la Méditerranée via le et du Puits 2 sont contaminés par le
transport de charbon par voie ferrée ; charbon accumulé et par les matières
• la relation avec Aïn Bni Mathar nocives (huiles, hydrocarbures, etc.)
(30 km) pour l’approvisionnement en de l’activité industrielle et ces terrains
eau du Lavoir du Puits 2 et de la ville. n’ont jamais été traités ;
• la majorité des édifices du secteur
D’autres composantes s’imposent, du Puits 1 ont été mis à la disposition
comme les terrils, les cités minières, d’entreprises privées constituées suite
ainsi que la centrale thermique : aux accords d’externalisation entre
les Charbonnages du Maroc (CDM)
• le Puits 2 contient un grand nombre et d’anciens cadres de la mine.
de terrils de différentes tailles, dont
certains éloignés du centre de Jerada ; Bâtiments, bureaux et ateliers in-
• les cités de logements, les services dustriels sont aujourd’hui réaffectés,
de santé, l’éducation des enfants, certains en service, d’autres fermés
les loisirs et autres aspects doivent par manque d’esprit d’entreprise.
également être pris en compte car la L’état actuel des archives des CDM
vie du mineur ne se réduit pas à son ne permet pas d’effectuer un travail
travail à l’intérieur de la mine ; systématique et approfondi pour re-
• la centrale thermique a été un construire dans le détail l’histoire des
élément essentiel durant les 25 70 années d’activité de la mine, ni
dernières années de fonctionnement de récupérer l’information complète
de la mine, car elle a partagé avec la sur la machinerie disparue ou les
mine le parc de charbon qui existe installations endommagées.
encore (la centrale et son parc de
charbon sont des composantes Désordonnées, dispersées dans
incontournables du fait de l’enjeu plusieurs bâtiments, ces archives ne
environnemental qu’ils induisent) ; sont pas exploitables dans leur état
• les infrastructures et équipements actuel ; leur réorganisation et leur
miniers ont subi une détérioration traitement par une équipe pluridisci-
très avancée dans certains endroits. plinaire (documentalistes, mineurs,
géologues, architectes, etc.) fera
Le processus de liquidation qui a certainement ressortir un contenu
Vue de la ordonné la vente d’un grand nombre muséologique de grande qualité et
Mine Image d’équipements, le vandalisme qui a de forte utilité.
sévi sur le site du Puits 2, ainsi que Ce travail semble aussi nécessaire
l’état d’abandon général où ont été pour établir et préserver la mémoire
laissés les sites et leurs équipements, historique, que pour élaborer les
ont provoqué des dégâts profonds : contenus muséologiques.
Les impacts
du Parc Muséologique
La réhabilitation et l’aménagement
global de la friche industrielle du site
minier de Jerada-Hassi Blal en un
Parc muséologique minier vise
la sauvegarde de ce patrimoine
historique industriel, ainsi que la
création d’une infrastructure
culturelle propre à dynamiser la ville
et contribuer ainsi à son développe-
ment socio-économique et culturel.
Les installations industrielles, les
multiples terrils éparpillés générés par
l’activité minière, les divers types de
logements de l’ancienne Cité ouvrière
ou encore la centrale thermique et
le réseau ferré local, sont autant de
composantes qui vont déterminer La friche minière de Jerada-Hassi Le Chevalement
le contenu de cette infrastructure Blal est conçue comme patrimoine du Puits 1
culturelle d’un type inédit au Maroc. historico-industriel de niveau mon-
En effet : dial, dont le devenir est tracé pour
rivaliser avec de grands sites et itiné-
• l’identification et le diagnostic de raires dans le cadre d’organisations
tous les terrils générés par l’activité internationales comme : International
minière ont été menés dans le but Committee for the Conservation of
d’explorer les possibilités de les the Industrial Heritage (TICCIH) et
réutiliser (exceptés le grand terril et European Route of Industrial Heritage
le terril du Puits 1 destinés à devenir (ERIH). Ce patrimoine a souffert de
des parcs urbains, le reste des terrils pertes et dégâts considérables ; fort
doit permettre de générer du finance- heureusement, ses forces ne tiennent
ment pour le futur parc et de l’emploi pas seulement à ses machineries,
pour la population de Jerada) ; mais aussi à ses édifices, places et
• la pollution par les poussières du installations industrielles qui, par
parc à charbon de la centrale ther- leurs dimensions et leur robustesse,
mique, située dans la zone du Puits 2, ont pu résister à une détérioration
impacte le site du futur parc muséo- irréversible. Notre proposition muséo-
graphique et il faudra donc concevoir graphique s’adapte à cette situation
une solution pour l’éliminer ; et vise à compenser les pertes par la
• les logements des mineurs et mise en valeur de ses forces :
les équipements sociaux des cités
ouvrières, par la qualité spécifique • dans le site du Puits 1, la muséo-
de leur architecture, pourraient être graphie se fonde sur trois principes :
inscrits dans l’offre touristique de - le traitement en parc urbain de
Jerada. l’ensemble Mine Image / Place du
Chevalement / Terril ;
Pour dynamiser Jerada-Hassi Blal - les édifices les mieux adaptés
et la sortir de son marasme socio- pour loger le Musée de la mine et
économique, il faut tenir compte de ses services sont sans aucun doute
l’ensemble des enjeux ci-après. ceux disposés autour de la Place du
Chevalement (néanmoins comme ils
Un enjeu culturel : sont pour le moment occupés, nous
sauver un patrimoine universel proposons d’installer le Musée dans
il y a la
• la présence du chemin de fer, sociaux de la Cité ouvrière, de lancer
infrastructure de transport, et celle de la promotion d’un festival local à
conviction
la centrale thermique, infrastructure tenir dans le décor spectaculaire du
de production d’énergie, offrent les Puits 2, d’organiser des excursions et
profonde que
deux conditions nécessaires pour randonnées dans l’arrière-pays de Je-
favoriser l’implantation sur place rada-Hassi Blal, d’organiser le circuit
le projet du PMJ
d’une activité industrielle lourde ; des sites miniers de l’Oriental, etc.
• la présence à Jerada-Hassi Blal
ne pourra
d’une main d’œuvre de tradition Une planification stratégique :
ouvrière jeune et bien formée, est un concilier ambition et pragmatisme
réussir dans
autre atout considérable ;
• l’hypothèse de la vente des stériles Le PMJ ne prendra tout son sens et
sa version
comme matériaux (pour briqueterie, ne produira les effets positifs es-
cimenteries, travaux routiers etc.) est comptés sur la ville et la Région que
intégrale que
une option non négligeable, à même s’il est réalisé dans sa version inté-
de générer en partie les ressources grale ; ceci va nécessiter un investis-
par l’émergence
intérêt pour acheter ces stériles et, pour quatre phases étalées sur 8 ans. Un
concrétiser cette option, des études tel découpage du projet tient compte
d’activités
de laboratoire sont à engager pour des impératifs suivants :
analyser la composition géochimique
industrielles
et granulométrique des stériles et dé- • le budget de chacune des phases
terminer leur meilleure destination) ; doit être raisonnable et équilibré ;
et économiques.
• dans le périmètre urbain de Jerada- • chaque phase doit être autonome
Hassi Blal, plusieurs parcelles de et mettre en service et en exploitation
terrains ont pu être identifiées pour des ouvrages de la phase ;
implanter des activités génératrices • seuls les sites et édifices où la
d’emplois, telles que : sécurité peut être assurée seront
- la création d’un parc industriel accessibles aux visiteurs (ainsi,
intégré (P2I) par extension sur les ter- l’ouverture de la première tranche du
rains libres limitrophes de la zone des Puits 2 ouvrira l’accès à la descen-
ateliers du Puits 1 et par la moderni- derie, mais pas au lavoir ni au parc
sation des installations existantes ; du site, pas encore assainis à cette
- la création d’une zone d’activités phase ; une rampe sera aménagée
industrielles dans le secteur du Puits aux abords de la descenderie pour
2, accessible par chemin de fer et permettre au visiteur de jouir de la
proche de la centrale thermique ; vue d’ensemble sur le lavoir) ;
- des opérations d’habitat social sur • dans les deux sites, les travaux
des parcelles des terrils, vidées des d’aménagement du PMJ seront
stériles et décontaminées ; menés en parallèle, car les options
- la création d’un hôtel type 3 étoiles muséologiques des Puits 1 et 2 sont
dans l’ancien siège des CDM. différentes, mais complémentaires.