Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Personne ne sait combien peut durer une seconde de souffrance ? Graham Greene
Madame L. habite au centre de Bruxelles ville, dans le même quartier depuis vingt
ans.
Chaque matin de la semaine, elle arpente le même trottoir pour se rendre à son
travail, et ce sans encombre. Jusqu’au jour où à 6h, une personne, un homme,
jeune, apparemment sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants, est venu lui
demander l’heure. Distraite par le mouvement pour consulter sa montre, elle quitte
l’individu du regard. Ce dernier en profita pour lui porter un coup au visage,
l’insulter, la menacer et la pousser à terre. Il lui vole son sac et part en courant, la
laissant pétrifiée et en sang.
Monsieur R. est conducteur de tram. Il mène depuis dix-huit ans une carrière
parsemée de reconnaissance et de satisfaction avec toutefois quelques heurts et
froissements de tôles sans gravité. Un mercredi matin du mois de juin, aux
commandes de son tram qu’il mène à vitesse réduite, il aperçoit un enfant qui
court. Celui-ci change de direction et passe brusquement devant le tram. Monsieur
R. ne peut freiner que trop tard. De son poste, il n’aperçoit plus l’enfant et
l’imagine mort. Finalement à l’arrêt, les jambes tremblantes, il descend et
distingue les jambes et les petites baskets blanches de l’enfant qui dépassent sous
le tram à l’avant des roues. Sa vie bascule.
Madame F. travaille en tant que vendeuse dans un magasin de chaussures. Le
matin à 7 heures, elle est seule dans le magasin pour effectuer le rangement et les
préparatifs d’ouverture, aujourd’hui elle attend une importante livraison. Plongée
dans la routine d’un métier qu’elle connaît depuis cinq ans, elle aperçoit trois
personnes qui s’approchent de la devanture du commerce. Elle ne distingue pas
directement leur cagoule noire jusqu’au moment où l’un d’eux plaque son visage
masqué sur la vitre tout en faisant entendre le bruit métallique du canon d’une
arme sur le carreau. D’abord tétanisée, elle finit mécaniquement par ouvrir la
porte.ils se projettent à l’intérieur, l’arme au poing et l’amène jusqu’au coffre.
Ensuite ils prennent l’argent, la menottent, la menacent et s’en vont.
Trois histoires différentes qui vont avoir des conséquences relativement similaires
pour nos trois protagonistes, ils ont vécu un traumatisme, une rupture brusque et
violente dans une réalité quotidienne : un stress aigu.
Prévalence des évènements traumatiques dans la population en générale
Nature de l’évènement %
Agression 38
Combat militaire 6
Agression sexuelle 6
Battu sévèrement 11
Désastre naturel 17
Symptômes
Symptômes dissociatifs (déni ou prise de distance par rapport au traumatisme)
Reviviscences (sous formes d’images, pensées, mots,…)
Evitements des stimuli associés au trauma (le tram pour notre conducteur ou un
magasin pour notre commerçante et la rue pour Madame L.)
Présence d’agitations neurovégétatives (troubles du sommeil, colère, nervosité,
anxiété)
Détresse importante
Durée de moins d’un mois
Pas dû aux effets d’une substance.
Durée de moins d’un mois - Stress post-traumatique
Durée de plus d’un mois - Stress post-traumatique
Durée de plus de trois mois - Stress post-traumatique chronique
Au final, il est important de se rendre compte que toutes les blessures ne sont pas
visibles. L’état de stress aigu ou l’état de stress post-traumatique peuvent être
considérés comme de véritables plaies psychiques. Ces pathologies peuvent
toucher les victimes d’accidents, d’agressions,… mais également des sauveteurs
qui peuvent être violemment mis face à l’horreur de certaines situations
d’intervention…
Ces états nécessitent une prise en charge psychologique : un accompagnement à
chaud (débriefing de crises) et/ou un suivi psychothérapeutique
Au bout, de plus d’un mois, si les différents symptômes persistent, on peut parler
de stress post-traumatique.
Dans la littérature on peut trouver plusieurs modèles, parmi d’autres, qui tentent
d’expliquer les réactions, les comportements consécutifs à un trauma et qui
pourraient expliquer leur maintien dans le temps :
Le modèle d’HOROWITZ
Le modèle de Mowrer, toujours selon Brillon et al.,(1996), s’appuie sur les notions
d’apprentissage par conditionnement classique pavlovien et d’apprentissage par
conditionnement opérant skinnerien. Ce modèle associe stress post-traumatique et
phobie à cause des comportements d’aversion qu’ils suscitent. Le traitement
consiste simplement en une désensibilisation, un « contre-apprentissage » de
l’apprentissage traumatisant.
Le modèle de traitement émotionnel de Foa et al. (1989)
Madame F. se définit comme forte de caractère, elle est capable de faire face, elle
ne comprend pas ce qui lui arrive et se force à réagir comme à l’accoutumée, sans
résultats, elle est en détresse et accentue le mouvement qui renforce le cercle
vicieux : elle a de moins en moins de confiance, d’espoir et d’énergie,… Elle se
sent faible et ridicule.
L’effet paradoxal de l’arrêt de travail : bien que parfois nécessaire, il doit être
cadré dans le temps car il pourrait participer aux tentatives d’évitement
intrinsèque au Stress post-traumatique. Il importe de réincorporer avec un
accompagnement adéquat et parfois quelques aménagements temporaires la
structure de travail en respectant le rythme de chacun.
Conclusion
Plusieurs modèles expliquent partiellement les réactions et surtout les causes de leur
maintien. Ils permettent dès lors au thérapeute et au patient de mieux comprendre ce
qui se trame en deçà du visible et mettre en place une intervention visant à une
modification du processus en marche. Il importe d’offrir dans ce contexte un suivi
humain, empathique, professionnel.
Quelque soit sa nature il doit permettre au patient d’être accompagné dans son
évolution et éclairer dans ce qu’il vit.
« Il n’y a point de nuit suffisamment longue qu’on ne voit poindre le jour suivant ».