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Il s’agit ici de retracer l’apparition, le développement et la diffusion de l’enseignement mutuel au début du XIXe siècle en Europe et au-delà.

Fondé sur
la co-instruction entre enfants, ce mode d’enseignement trouve son origine en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle et se propage sur le continent
européen dès 1814. L’Écossais Andrew Bell et l’Anglais Joseph Lancaster développent la mutual tuiton et le monitorial system afin de généraliser et
massifier l’enseignement élémentaire. Il s’agit de réunir dans une même salle un seul maître et des enfants de tous âges et de tous niveaux et de les
regrouper en fonction de leurs capacités. Par un système de commandements, des moniteurs sont désignés pour relayer à leurs camarades les
connaissances à acquérir. Cette approche marque un vrai changement par rapport aux modes d’enseignement individuel et simultané pratiqués alors.

L’enseignement mutuel se propage rapidement au début du XIXe siècle en Europe et dans le monde mais il disparaît progressivement vers 1840. En
faisant appel à la co-instruction des élèves, l’enseignement mutuel a suscité un engouement notoire autant dans les sociétés philanthropiques
qu’auprès des instances scolaires alors même que les démocraties naissantes se donnaient pour mission de généraliser l’instruction publique. Bien que
les États aient adhéré différemment au mutualisme, celui-ci a souvent répondu à deux de leurs préoccupations : celle de massifier l’enseignement
élémentaire en rendant publique l’instruction et cela, à moindre coût. En effet, compte-tenu notamment de leur situation économique précaire, les
États européens peinent à étendre l’instruction, former et salarier correctement les maîtres.

Origine de la méthode
Bien que l’enseignement par les pairs trouve son origine des siècles auparavant, l’Écossais Andrew Bell (1753-1832) déclare avoir découvert le mode
mutuel vers 1789 à Egmore en Inde alors qu’il était en charge de la direction du Military Male Orphan Asylum près de Madras. En observant l’élève
John Friskin lisant un texte à des camarades, Bell aurait mis en place le mutual tuiton (un élève fait office de tuteur pour un camarade). À son retour
en Angleterre en 1795, Bell poursuit ses expériences éducatives et rédige An Experiment in Education, made at the Male Asylum at Madras,
suggesting a System by which a School or Family may teach itself under the Superintendence of the Master or Parent (1797). Deux ouvrages suivent,
suscitant l’intérêt du public et de l’intendant de St-Botolph’s Aldgate, école anglicane de Londres, qui décide d’expérimenter le mutualisme auprès de
ses élèves. À la même époque, un jeune instituteur anglais et quaker, Joseph Lancaster (1778-1838), ouvre une école élémentaire à Borough Road,
dans le faubourg de Southwark, un quartier pauvre de Londres, et met en œuvre la méthode en y introduisant progressivement le monitorial
system (des élèves sont choisis pour superviser des groupes de camarades). La paternité de la méthode fait dès lors débat : partisans et détracteurs,
anglicans et quakers s’affrontent sur la question de l’enseignement religieux. Lancaster décrit dans Improvements in Education (1804) son expérience
et ses pratiques avec les sept cents à mille élèves que compte sa classe. En 1808, The Society for Promoting the Lancasterian System for the
Education of the Poor est créée, assurant alors la gestion des écoles lancastériennes de Londres et laissant leur fondateur s’occuper de la promotion de
sa méthode. Peu à peu, les divergences entre les propositions pédagogiques de Bell et de Lancaster s’annihilent. Le mutual tuiton et le monitorial
system se complètent pour donner naissance à la « méthode d’enseignement mutuel ».

La méthode
L’enseignement mutuel est fondé sur la réciprocité et sur une organisation hiérarchique. Les écoliers sont répartis en rangs dans une même salle en
fonction de leur niveau de compétences et forment ainsi huit classes. Le maître choisit des moniteurs parmi les élèves avancés afin qu’ils encadrent
leurs camarades ayant moins de compétences. Il les forme puis, par un système codifié de gestes et de commandements, il transmet ce qu’ils vont
relayer aux autres élèves. Il n’enseigne qu’à la huitième classe, la première étant celle des débutants. Chaque classe correspond à un niveau en lecture,
en écriture, en arithmétique, en religion, etc. Dans les écoles mutuelles, la journée est découpée en séquences successives de quatre à cinq minutes
durant lesquelles les élèves effectuent simultanément un exercice de la même matière, correspondant à leur niveau et suivi d’une correction par leur
moniteur. Le mode mutuel nécessite également une grande salle et du matériel spécifique : une estrade pour le maître et une pour le moniteur
principal, une pendule, des longues tables bancs accueillant une dizaine d’élèves, des ardoises pour effectuer les exercices et pour en faciliter la
correction par les moniteurs, des panneaux en bois suspendus sur les murs de la salle et sur lesquels la matière est organisée progressivement, des
poteaux (les télégraphes) placés à l’extrémité des rangs qui indiquent au recto le niveau des élèves et au verso la syllabe « EX » signifiant que les
élèves ont été « examinés » et qu’ils sont prêts pour passer à la classe supérieure. Parfois, le long des murs, existent également des demi-cercles tracés
au sol ou sous la forme de fins arceaux en métal qui font face aux panneaux didactiques. Ceux-ci permettent aux élèves de se regrouper pour les
exercices de lecture. Les tables des premiers rangs comportent une rainure emplie de sable pour s’approprier l’écriture. Ainsi, classe après classe,
l’élève apprend les rudiments en lecture, écriture, etc. La huitième classe terminée, il peut quitter l’école.

Une alternative aux écoles mutuelles de Bell et Lancaster est proposée par le père Grégoire Girard (1765-1850) de Fribourg (Suisse). Dans ses
« Girardines », il pratique dès 1816 une méthode mixte dans laquelle le maître introduit les nouvelles notions en collectif. Les moniteurs n’y sont plus
de simples répétiteurs, mais sont formés pour être des « maîtres assistants ». Ainsi, durant la même période, des élèves peuvent faire simultanément
de la lecture, alors que d’autres font de l’écriture ou d’autres encore de l’arithmétique.

Propagation et disparition progressive de


l’enseignement mutuel
Après la chute de Napoléon Ier, la méthode mutuelle est adoptée dans presque tous les pays de l’Europe de l’Ouest et dans la plupart d’entre eux avec
succès. En effet, une fois que le blocus continental a été levé en 1814, la méthode se répand d’abord en France sous l’impulsion des membres de la
Société pour l’instruction élémentaire fondée en 1815. Après Paris, le mutualisme s’étend dans l’Oise, la Seine-et-Marne, le Midi puis dans d’autres
départements. Dès 1816, il se propage en Suisse romande, puis à la fin de la décennie en Suisse italienne et dans le nord de l’Italie et de l’Europe. En
une dizaine d’années, il traverse les frontières et les océans pour se développer sur le continent ainsi que dans les colonies britanniques et
européennes. Lancaster se rend même aux États-Unis et en Amérique du Sud pour promulguer sa méthode et ouvrir des écoles. Néanmoins, il faut
relativiser l’importance de l’implantation du mode mutuel. En effet, en 1834, seules 1 985 écoles l’ont adopté en France, alors que 24 310 écoles
privilégient le mode simultané et 18 814 conservent le mode individuel. Des critiques se font également entendre dans de nombreux pays européens
dès 1820 : la méthode n’est pas généralisable dans les classes de moins de soixante élèves ; les élèves ne sont pas aptes à remplacer le maître ; la
religion n’y est pas enseignée correctement ; l’autorité du maître est amoindrie par le système ; la méthode est étrangère, trop militaire et permet aux
maîtres de paresser ; le tutorat et le monitorat encouragent la désobéissance, etc.
Si, au début du XIXe siècle, l’enseignement mutuel a séduit grâce à sa massification de l’école populaire à moindre coût, son déclin est également dû
au fait que les systèmes scolaires se structurent et se dotent progressivement de bâtiments, de matériel et de maîtres formés. Force est de constater
qu’il disparaîtra totalement dans la seconde moitié du siècle remplacé par une instruction publique rendue peu à peu gratuite, obligatoire qui, dès lors,
regroupe les élèves par âge et par degré et qui privilégie un enseignement simultané.
Simultané (enseignement)

L'enseignement, dans sa forme la plus générale, peut être individuel, mutuel, ou simultané. De là
trois modes qui se sont partagé et qui, à divers degrés, se partagent encore les écoles : le
mode individuel, le mode mutuel et le mode simultané, auxquels les pédagogues ajoutent le
mode mixte, qui est une sorte de moyen terme, de compromis entre les deux derniers. C'est de
l'enseignement simultané que nous avons à parler ici.

Ainsi que l'indique la dénomination qui lui est donnée, l'enseignement simultané consiste,
comme mode, à ordonner l'école de manière que tous les élèves ou du moins une partie notable
des élèves puissent recevoir ensemble l'enseignement sur les diverses parties du programme ;
comme méthode, à appliquer à chacune de ces matières la marche et les procédés que commande
le mode adopté et qui en sont la conséquence. Il diffère de l'enseignement individuel en ce que la
leçon est faite à plusieurs au lieu de n'être faite qu'à un seul ; il diffère de l'enseignement mutuel
en ce que les élèves le reçoivent directement du maître au lieu de le recevoir par l'intermédiaire de
condisciples désignés et préparés à cet effet. On peut dire qu'il est aussi ancien que le monde :
dès qu'un homme prit la parole pour éclairer ou persuader ses semblables, il les groupa autour de
lui et s'adressa à la fois à tous ceux dont il pouvait être entendu.

Les savants et populaires professeurs qui, au moyen âge, sur la Montagne Sainte-Geneviève, se
voyaient entourés de nombreux disciples, firent de l'enseignement simultané ; ceux qui leur
succédèrent dans les chaires des collèges de l'université en firent à leur tour. Seuls, les maîtres
des petites écoles s'écartèrent de ces traditions. En présence d'un auditoire restreint, avec des
enfants qui différaient notablement par l'âge, par le degré de développement intellectuel, par la
position sociale, ces maîtres se crurent obligés de donner à chaque enfant séparément
l'enseignement qui pouvait lui convenir. Ils prirent l'habitude de se tenir à leur bureau et d'y
appeler leurs élèves à tour de rôle pour les faire lire, pour contrôler leur page d'écriture, de calcul,
etc. Mais lorsque vint la généreuse pensée d'instruire les masses, de donner même aux enfants les
plus pauvres la somme de connaissances jugée nécessaire à tous, et cela avec un nombre restreint
de maîtres, il fallut songer à grouper les auditeurs et à les mettre à même de recevoir en commun
des enseignements au moins à la portée du grand nombre. C'est ainsi que procéda J.-B. de La
Salle. II confia à chacun de ses maîtres une classe tout entière, divisée au plus en trois groupes
(les faibles, les médiocres, les forts), qu'ils devaient exercer successivement sur les matières
inscrites dans leur programme.

L'application du mode simultané aux petites écoles, -aux écoles primaires, comme nous disons
aujourd'hui, — malgré l'économie de temps et de forces qui en résultait, ne parut pas répondre
suffisamment aux besoins. Au commencement du dix-neuvième siècle, les amis de l'enseignement
populaire lui associèrent le mode mutuel. Nous disons « lui associèrent », car, au fond, le mode
mutuel n'est qu'une forme, qu'un procédé du mode simultané ; les maîtres improvisés que l'on
appelle des moniteurs sont, eux aussi, placés à la tète d'un groupe d'enfants qu'ils
enseignent simulta nément. On pouvait alléguer leur insuffisance, mais leur emploi ne modifiait
point radicalement le système inauguré par J.-B. de La Salle dans ses écoles. Cependant, ces
dernières prétendirent être les seules qui eussent conservé le véritable enseignement simultané.
Dans tous les cas, elles en demeurèrent le type, et c'est à leur organisation que durent revenir peu
à peu toutes les autres, au fur et à mesure que les ressources augmentèrent et que les maîtres se
multi plièrent. Toutefois, pendant que le mode mutuel se soutenait dans les villes, le mode
individuel persistait dans les campagnes. A une date qui n'est pas encore bien éloignée (1842), on
pouvait écrire : « Les écoles communales sont encore dirigées presque partout par le mode
individuel, comme nous avons eu l'occasion de nous en convaincre ; seulement, pour se conformer
aux circulaires de MM. les recteurs, les instituteurs déclarent adopter le mode simultané, mais ils
ne le connaissent pas ; ils ne Comprennent même pas la signification du mot simultané ». Un
inspecteur (M. Lamotte) demandant à un maître d'école de village s'il avait adopté la méthode
simultanée : « Oui, répondait naïvement celui-ci, j'enseigne simultanément chaque écolier l'un
après l'autre ». Ce n'est que lorsque le plus grand nombre des écoles se trouvèrent aux mains de
maîtres sortis des écoles normales, que l'enseignement simultané se généralisa et triompha des
anciens errements.

L'enseignement simultané l'emporte de beaucoup et à tous les points de vue sur l'enseignement
individuel et sur l'enseignement mutuel. Elèves et maîtres y trouvent de grands avantages. Pour
les uns comme pour les autres, il est un puissant l'acteur : il crée du temps ; il rapproche de
l'unité un diviseur qui, autrement, serait égal à l'effectif de la classe, et le quotient s'en trouve
augmenté d'autant. Par lui, trente, quarante, cinquante enfants, et quelquefois plus, jouissent
sans perte du temps consacré à l'enseignement, si bien que

Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier.

Il met l'enfant en commerce continu avec son maître, c'est-à-dire avec un homme fait, solidement
instruit, ayant une autorité morale et un prestige auxquels ne saurait prétendre un condisciple ;
capable d'ailleurs de donner, comme dit Gréard, non pas seulement la lettre, mais l'esprit même
de l'enseignement ; en un mot, préparé de longue main à la délicate mission d'instruire et
d'élever, et ayant toute la compétence désirable pour la remplir. Avec ce mode, il y a émulation.
La comparaison avec soi-même produit sans doute une émulation bonne et saine, la meilleure, la
plus saine de toutes, et que J.-J. Rousseau a raison de préconiser. Mais l'émulation qui naît de la
comparaison de nous-mêmes avec les autres est bonne aussi, du moment qu'elle est renfermée
dans de justes limites, qu'elle ne dégénère pas (ce que l'on n'a guère à craindre à l'école) en un
sot orgueil, et qu'elle ne tourne pas à l'envie. Elle est, avec l'entraînement du nombre, l'un des
plus sûrs moyens que nous ayons de triompher de l'indolence et du dégoût du travail si naturel à
l'enfant. De ce chef, on pourrait mettre à son actif, à l'actif de l'enseignement simultané par
conséquent, tous les avantages que l'on fait valoir en faveur de l'éducation publique.

Mais l'enseignement simultané ne peut produire tous les résultats qu'on est en droit d'en attendre
qu'à une condition, c'est qu'il ne s'adresse qu'à une division ou à un groupe d'enfants en état de le
recevoir. On a vu des maîtres qui, exagérant l'emploi de la méthode, entreprenaient de faire à
toute leur classe des leçons communes. En dépit de leurs efforts et même d'un véritable talent,
leur enseignement tantôt passait par-dessus les intelligences, tantôt restait au-dessous et fatiguait
par des redites ou des retours inopportuns. L'idéal, dans la circonstance, serait qu'un maître n'eût
devant lui que des élèves de force égale. Cet idéal n'est point atteint dans l'enseignement
secondaire ; à plus forte raison ne l'est-il point à l'école primaire. Mais on peut s'en rapprocher en
évitant deux excès : les divisions trop nombreuses, par suite composées d'éléments tout à fait
disparates, et les divisions trop multipliées qui, amenant l'éparpillement des élèves et
l'endettement du temps, feraient reparaître les inconvénients du mode individuel. L'agencement
des écoles, tel qu'il résulte aujourd'hui de l'organisation pédagogique universellement adoptée,
garantit les maîtres contre cette double exagération. D'un côté, l’effectif de toute école est partagé
en trois cours, ce qui oblige déjà à un classement basé sur les âges et les forces ; ces cours sont
susceptibles, là où le nombre des salles et des maîtres le permet, de se décomposer en groupes ou
classes suivant le même programme, mais à la distance que réclame une faiblesse relative. De
l'autre, il est de principe qu'aucune division ou subdivision ne doit se rencontrer entre des élèves
d'un même cours, soit dans la classe unique, soit dans les classes multiples d'une grande école.
S'il est admis des exceptions, ce n'est que dans le cours élémentaire ou dans la classe inférieure
de ce cours, ou il y a nécessité d'établir, au moins dès le début, plusieurs sections de lecture, de
calcul, etc.

Dans ce dernier cas, le mode simultané fait quelques emprunts au mode mutuel. Mais il ne les fait
que pour la partie mécanique ou routinière, qui se rencontre, quoi qu'on fasse, dans tout
enseignement. La simultanéité des leçons implique la simultanéité des exercices de travail
personnel. Or, pendant que, dans une classe unique ou dans une petite classe, les divisions
supérieures sont livrées à un de ces exercices, sont par exemple occupées à une rédaction, à la
solution d'un problème, etc., le maître trouve quelques instants de répit, qui lui permettent de se
rendre auprès des petits pour leur donner cet enseignement intelligent et approprié qui ne saurait
être le fait d'un aide ou d'un moniteur. C'est là, du reste, encore un des avantages du mode
simultané : si l'emploi du temps est ordonné d'une manière rationnelle, à quelque moment que
l'on entre dans une classe on trouve tous les élèves occupés, soit seuls, soit avec le maître ; on ne
rencontre plus, notamment, comme jadis, de pauvres petits enfants se morfondant, sous prétexte
d'étude, devant un livre, c'est-à-dire perdant un temps précieux, sans aucun profit, tant s'en faut,
pour leur développement physique. Tel est le mode simultané. Telles sont les phases par lesquelles
il a passé ; tels sont aussi les avantages qu'il présente et qui, avec d'autres circonstances, l'ont fait
triompher à la fois du mode individuel et du mode mutuel. Après l'avoir longtemps délaissé,
presque dédaigné, on est revenu à lui sans bruit et sans éclat, comme d'engouements passagers
pour des nouveautés plus brillantes que solides on revient tout doucement à la nature, ramené
qu'on est par l'expérience et par les déceptions.

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