nouvelle
critique
PARTI OUVRIER
ET
MONDE MODERNE
Y a-t-il un sens de l'histoire?
Lo closse ouvrière existe-t-elle?
Faut-il encore parti communiste?
un
ACTUALITES
Philosophie, Arts, Littérature,
Cinéma, Thatre, Idées.
revue mensuelle
novembre 1959-11 e arm& 110
la nouvelle critique
revue du marxisme militant
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LA NOUVELLE CRITIQUE
vex4 ollix.
DE LA GRANDE MUSIQUE
1. - MOZART : L'enlévement ou sérail. Air de Belmont et d'Osmin. Orchestre
d'Etat de Berlin (Dir. Von Zallinger).
2. - MOZART : L'enlévement au sérail. Air de Blondine. Duo de Blondine
et d'Osmin. Orchestre d'Etat de Berlin (Dir. Von Zallinger).
3. - MOZART : Titus (ouverture). Cosi fan tutte (ouverture). Ensemble
d'Etat de Berlin (Dir. Von Zollinger).
4. - Albert LORTZING : Der Wildsschutz (ouverture). Zar und Zimmermann
(ouverture). Orchestre rodio-symphonique de Leipzig (Dir. Otto Dobridt).
5. - Franz SCHUBERT : Impromptu en lo bémol (op. 90). Moment musical
en fa mineur (op. 94) (au piano : Seigfreid Stockigt).
6. - Jean-Marie LECLAIR : Sonare en ré majeur pour violon et piano
(violon : D. Oistrkh; piano : N. Walter).
7. - Robert SCHUMANN : Phontaesiestuecke (op. 28). L'oiseou prophète
(op. 82) (au piano : Dietern Zechlin).
8. - PROKOFIEF : Fugitiva (op. 22). — DEBUSSY : Arpeggio (n. 11)
(au piano : Emile Guillels).
9. - BEETHOVEN : Sonate pour piano en mi bémol majeur (op. 812).
JAll
10. - Hommage ò Sydney BECHET : Les oignons, Petite fleur, Si tu vom s
ma mire, Dann les rues d'Antibes, por l'orchestre Michel Attenoux.
FLAMENCO
11. - Malaguena et Soleares (guitore) par Pepe de Almeria.
vom' )Ionnonm
guerre imperialisto (« Allons, gieníeraux, nous
des Imminer, donmez-nous des vietoires I » s'ie criait Rennudel);
et le chentin suivi par la de 1920 au 13 mai 1958,
ne justifie que trop l'appreciation de Tanguy-Prigent,
pant avec lo parti de Guy Mollet : la a tralti la
« mission doctrinalo et Itistorique » d'un « parti de combat
social ».
1.(enine
Qui se pendle sur les anlit.e es 1900, sur l'aetivitt". de
cette imoque, pourrait eroire (Pubord qu'il s'agit de
Neon
querelles aprie s tont secondaires. Ponr qui juge de
livresque, lit diffíe renee eett-elle St grande entre 1,i. nine
et
Marto•, 1,i•nine et Plalianov Y Mais, ü PIteure oft les dielt%
ehangent de raint), (41 la sui 1 oriiirtte dem pays soeinlistes s'af-
firme au point grimmtser un nouveau eours ìt Iltistoire
n'est pam possilde d'enfermer le gimite g le
dans dem querelles grg'eolte . Ce gute Lenitte lefetolitil on
le vil en oetohre 1917, on le volt inieux i•neore en
oetoltre
1959 —, ee n't". tait pes son « eouvte nt », l'avenir de la
classe ouvrii: re internationale. Luttant, anz antit'. em difficiles
de la ríT n• ssion tsariste, pour tnettre enfin debont 1111
veri-
table l'arti ri'volutionnaire, fidele it l'inspiration du hlanileste,
1,;• nine se pltuzait tris exartetneilt au ¡wird de jonetion entre
le passt': et l'avenir, sur la mute muivie par l'Itistoire. tia
lutte pour un parli ennahle, sehnt les enseignetnents de Marx,
de leg'e nlister rtittitA de l'esprit seientifique ei le l'esprit
rg'• vo-
lutionnitire Wilna pari d'utt dortrinaire ohstim', tnais (ruft
hortune aeltarruç ä tirer la leçon dem fitits. Le rt'e gitne intt'erieur
du part i, les prineipes qui doivent rg'•gler sott organisation
tels qu'il les dainit notaminent dangt (In pas en onant,
dnux pas en arrire (1904) , taut eela proeímlitii d'une longurt
exp(erienee qui s'ateit poursuivie sur le (Ios g les lt. avalflennt I
Les plus eonseienis savaient A q s'en tenir ihe normteis sur
les « avantages » de IVindividualistin: liourgeois quand ii fair
e on lit dann le zuoliveinen' otivrier lIs avaient appris ü litt rs
diipens les verlos du u pltilistinistuc nivolutionitaire propre
au systinue des cerele» ».
Opposant exigenees de la discipline Wevolutionnaire
aux praentions de l'anarehinine grand-seigneur, leititue se
rHi. re expreen'tnent ä la mitnation eiletlive du proll.. taire datts
yindustrie moderne : « te ri'diteteur de la Noundle Iskro°
in 'accuse de coneevoir le Parti comme une « enst: la liri-
5. DE LA NAUSEE A LA COLERE
Rembrandt, mort dan g sa cave ; Gauguin, pourriseant 4 Tahiti;
Van Gogh, mutilé et suicia ; Cézanne et tous leo autres...
Conibien de peines, de misPres, den/anta mona, de nuits blanches,
de jours qlacés pour que M. Raymond Cogniat, inspecteur des Beaux.Arts,
commissaire Iranecris d la Biennale de Venise, créateur done Biennale
d Paris, promoteur done anti-biennale, MM. Cassou, Dorival, conservateurs
de musées, faßerent de ces musées, interdits en leur temps (Jux plus orando,
un dépotoir d palissades... a Et taut en haut du musée, «la salle des
Informels a, dont le e clou e eet une palissade couverte da/fiches achiréeß. a
A.M., Le Figaro, 2 octobre 1959.
Qu'en die-tu, homme ? Si tu acceptes que lautes ces peines, ces souf-
frances, ces !armes soient jetées 4 rdgout, ahmt, créve
Lorjou, peintre - Despard, compositeur - Mottet, peintre Lye, peintre -
Makoveki. cmaste.
6. Arthéme Fayard.
ANTOINE WATTEAU
LE PRECURSEUR ENTRAVE
pira des années durant, dont on retrouve les traits dans cent
dessins. Elle s'était mariée pendant son sejour à Londres,
mais pousse le dévouement amical jusqu'à venir s'installer
au village avec son man i pour le soigner. Watteau peint
Pour complaire au curé, l'abbé Carreau.
il serait malseant d'en
aimablement un Christ en croix, mais
deduire qu'il fut croyant. C'est un tableau de complaisance,
tout comme la Sainte famille (de tradition), peu religieux
avec sa vierge des plus laiques et son samt Josephpenibles.
formel,
est une toile de commande. Les derniers jours sont
Il est tombe au point de devoir vendre « ses effets pour avoir
de l'argent »°. L'influence de l'abbé Carreau se fait sentir et,
à sa regnete, il lui fait brüler des dessins juges trop libres.
Admirable abbe qui nous prive ainsi de précieux Watteau!
Un critique mal intentionné mais peut-etre clairvoyant
insinue que, voyant mourir Watteau, Gersaint n'oublia pas
ses interets, fit venir le jeune Pater, Pancien élève, puis
reconcilia intentionnellem ent les deux hommes, faisant finir
au jeune les toiles inachevées du maitre sur les indications
de celui-ci et vendant, peut-étre, pendant des années des
Watteau à demi-faux. Il n'y a là rien d'impossible. Le
18 juillet 1721, le peintre meurt à peu près dans la misère.
Son ami de Jullienne acheta toutes ses dernières toiles
et il eut également en mama quatre mille de sesildessins.
C'était un homme immensément riehe. A sa mort, possède
une collection de 1.700 pièces, dont 84 tableaux des écoles
italiennes et espagnoles, 123 des écoles flamandes, 113 de
l'école française, 700 dessins et quelque 250 eaux-fortes de
Rembrandt (ou de son école) ! Il n'y a sans doute pas de
collection contemporain e particulière qui lui soit compa-
rable. Qu'il ait tiré profit de Watteau, ce qui est dans la
bonne logique, ou non, le fait est qu'il consacra quatre cent
mille livres à faire reproduire rceuvre gravé de son ami en
quatre volumes in-folio. C'est un des ouvrages les plus impor-
tants consacrés à un seul artiste qui aient jamais été édités.
fit appel était
L'un des graveurs auxquels de Jullienne
un tout jeune homme du nom de François Boucher.
9. Héléne Adhérnar.
ANTOINE W ATTEAU 117
DANGER : CARREFOUR
0., R., X. et 0., R., Y ..... sont des officiers de réserve. X... est, sans
doute, représentant de cornmerce. II, sont venus au Carrefour 59 des
Officiers de Réserve organisé par PU.N.O.R.', dans les locaux de
l'O.T.A.N., au Palais de Chaillot, les 25, 26 et 27 septemhre 1959.
Dix carrefours régionaux pendant le printemps et l'été ont pré•
paré le rassemblement de Chaillot. L'opération « Carrefour a bénéficie
du soutien matériel et officiel de l'autorité militaire qui envoie aux
participants des convocations sous les drapeaux 2. Sept cents jeunes
offieiers étaient présents.
Le grand thème traité ä ces carrefours : la lutte con g re la
subversion communiste. Les orateurs se fondent sur trois données
théoriques
de la
1. L'ordonnance du 7 janvier 1959 portant réorganisation
en perma-
Défense qui a pour objet essentiel de préparer la nation,
nence, à la e guerre subversive idéologique ».
2. La doctrine des spécialistes de l'action psychologique
Den»
3. Une certaine coneeption de la Patrie et de l'histoire.
idées maitresses appuient cette conception : la patrie francaise renait;
appartient au corps des officiers de réserve d'assurer rette renais-
sance Aujourd'hui toutes les aventures sont permises ä la France,
paree que la France est redevenue un payo jeune.
4 assignée
Tout ce qui va ä l'encontre de la e grande politique
aus officiers de réserve, est communiste ou sert les communistes4.
La première activité demandée aux officiers de réserve est alors
de propager o la vérité », a gaguee les esprits et les cceurs par les
voies humaines de la persuasion » 4 . Des Centres d'Informations mili-
taires pourvus des techniques les plus modernes de l'image et du son,
seront confiés aux O.R., sous la direction, souple, sernble-t-il, des
spécialistes du 5. Bureau (Arme psyehologique).
La deuxième activité serait une a présence dynamique sur le
chantier, ä l'usine, dans la cité et ses organisations municipales ».
Formulation vague ou pudique ? Qu'on en juge d'après les notes d'un
offieier de réserve participant 1 la commission A 2.
8. C'est.ä.dire l'U.N.O.R.
ACTUALITES 123
PROGRES OU MYSTIFICATION ?
(A propos d'un discou. du Procureur Aydalot)
que par ses qualités propres, iii sant avant tout subjectives, et fades
en grande partie de ce qu'ont fait de sa conscience l'enseignement
familial, l'enseignement universitaire, rinformation juridique et politique,
en une mot les données de son milieu, de sa classe par rapportlaaux-
quelles se situe son échelle des valeurs. Assouplissez le cadre de Ion,
vous mettez
augmentez le pouvoir d'appréciation personnelle du juge, et
qua
le justiciable è la merci des vertus du juge, bien mieux : quelle
mit la sincérité de ses conceptions.
Ainsi le souci progressiste d'humaniser la justice peut-il aisément
passer, ftit-ce involontairement, au service de la liquidation de la léga-
sufí it au
lité; servir de laissez-passer démocratique à l'arbitraire... 11
la
gouveruement de s'assurer de la conception du juge. Teile est bien
direction prim voici un an, par le gouvernement, en promouvant une
réforme judiciaire dont la suppression ou l'assouplissement de certainea
du juge,
règles formalistes, au profit de l'augmentation des pouvoirs
ne sollt pas le moindre aspect; en créant, abra que déjà la nouvelle
Constitution replaee les juges sous l'autorité disciplinaire effective du
gouvernement et du chef de l'Etat, un a Centre d'Etudes Judiciaires »
qui aura de:sormais le monopole de la formation des futurs magistrats.
Certes, la note apportée par la formule a magistrats-ouvriers
(reprise incontestablement de celle des a prètres-ouvriers ») devrait
nous rassurer, si nous nous référons à la démonstration fait par l'expé-
rience des prétres-ouvriers qu'i) son eontact la classe ouvrière n'est jamais
perdante. Mais est-ce bien de cela qu'il peut sérieusement s'agir, ne
serait-ce que dans le cadre du régime on nous vivons ?
Est-ce bien cela qu'avait en vue le Procureur Général, lorsque,
par-dessus la tete des anciens, dont le conservatisme risquerait de ne pas
le comprendre, ii s'adressait (et en quels termes !) aux jeunes, à ceux
précisément que le régime promet au Centre National d'Etudes Judi-
ciaires, chargé de leur donner rette formation administrative, politique,
sociologique, et cette spécialisation dont l'auteur du discours regrette
que leurs ainés soient à ce point dépourvusl.
Solange LEVRALTLT.
DE LA DEMOCRATIE
dass ce moment difficile... susciter de toutes nos forces cette grande pulsa-
tion populaire, cet Clan du pays tout entier se dressant pour renverser
l'obstacle. »
Pour conclure... Mais qu'y a-t-il à conclure ? II n'existe aucune contra-
diction entre nos remarques et les critiques it Pierre Mendès-France que
l'on peut lire dans d'autres pages de cette revue. Tout simplement pour
nous, marxistes, ces réformes mendèsistes ne peuvent donner le socialisme.
Mais le Parti communiste, tenant compte de la situation du pays, propose
pour l'immédiat, l'établissement dune démocratie rénovée, non socialiste.
Et, dosis sa conception dialectique du mouvement et de l'interaction de
tous les phénomènes, il estime que la lutte pour la démocratie et pour
son progrès continu est partie intégrante de la lutte pour le socialisme
et le communisme.
Les convergences constatées peuvent et doivent itre alors le point
de déport de ce grand rassemblement, de cette « pulsation » des masses
qui fera finir, en France, l'ancien régime. Qu'on autorise ici une dernière
citation : Les régimes, nous savons ce que c'est : ce sollt des
choses qui passest, mais les peuples ne passent pas. »
C'est de Charles de Gaulle, à Dunkerque, le 26 septembre 1959.
Pierre JUQUIN.
Jean-Marc AUCUY.
THEATRE
Le hasard a fait que l'on peilt voir ce mois-ci à Paris deux pièces
de Maxime Gorki, Les Petits Bourgeois et Vassa Geleznova. La première
— qui est aussi sa première pièce — fut écrite et jouée, après bien
des tracasseries policières, en 1902 au Theätre Artistique de Moscou
dirigé par Stanislavski et Némiroviteh. Dantchenko; la secunde, terminée
en 1936, fut representée en U.R.S.S. quelques mois après la mort de
Gorki. L'une et l'autre sont traduites et jouées depuis longtemps dans
tous les pays d'Europe, mais le public français ne connaissait jusqu'à
présent, de tute l'ceuvre theätrale de Gorki, que Les Bas-Fonds j.
Gorki ne s'est jamais considére lui-meme comme un grand auteur
dramatique — ii s'obstinait à appeler simplement o seenes o tules ses
pièces, excepté Vassa Geleznova. Et de feit, ii ne semble pas ä première
vise que son theätre contienne un chef-d'ceuvre comparable à La Afese.
On pourrait meme dice que ce révolutionnaire s'est borné ä exprimer des
idées nouvelles sous une forme ancienne. Ce qui serait faux, car les
o idées nouvelles o qu'exprime Gorki entrainent nécessairement une
forme d'art nouvelle, et cela meme si l'artiste n'a pas prétendu innover
sur le plan de la forme.
On a beaucoup perle, propos des Petits Bourgeois, de l'influence
de Tchekhov. On sait qu'en effet, Gorki a été amené cette première
tentative théätrale par la découverte de Tebekhov, et notamment de
L'Oncle Vania; on sait aussi que Tchekhov l'aida de ses conseils pour
ecrire Les Petits Bourgeois. Et il est vrai que la construction de la pièce
est apparemment a tchekhovienne o: pendant tont un acte, les person-
nages apparaissent, disparaissent, se rencontrent, se separent, sans que
Pon puisse discerner une ligne dramatique precise; les situations s'éclairent
peu ä peu, les conflits se nouent, Untat au premier plan, umtat en
retrait, sans que jamais un personnage se voie accorder de prépondérance
definitive. Mais si l'on se bornait ä voir dans Les Petits Bourgeois une
pièce o ä la Tehekhov o, on comprendrait mal que le public parisien de
1959, familiarisé avec les chefs-d'ceuvre de Tchekhov, ne manifeste aucune
déception devant cette imitation imparfaite. Car Gorki est bin datteindre
la virtuosité de Tchekhov dans l'utilisation du temps et de l'espace
seeniques. Sa réussite est ailleurs; elle est dans le fait que chaque
personnage des Petits Bourgeois, tout en gardant son opacité psycho-
1. Notoria cependant que deux autres piäees de Gorki ont été puhilke
en franeais : Les Ennemis (Théätre Populaire, 1905 27 et 28, trad. Arthur
Adamov) et leger Botilytchoe et quelques autres (Europe, na 67-68, trad.
Jean Perus).
ACTUALITES 139
La Nouvelle Critique n'a pas cru devoir se limiter pour Les séquestrés
d'Altona à sa chronique théätrale mensuelle. Les séquestrés d'Altona, pièce
d'un philosophe, pose des questions qui vont au dela d'elle-méme et
du théätre. Ces questions pourraient se résurner ainsi
l o Le théätre progressiste n'est-il pas essentiellement le théätre
de la lucidité ? Et bien qu'il gagne en efficacité 1 ne pas donner la
solution tonte faite, peut-on dice qu'après avoir vu Les séquestre's d'Altona
le spectateur ait compris fair rauteur voulait le conduire ?
2° Le but dernier de ce tlaéätre doit-il étre de nous rendre, somme
toute, plus compréhensifs pour nos ennemis? Est-il profitable à la
conseience démocratique de concevoir un tragique du capitalisme ?
3° Un théätre progressiste peut-il ne pas étre à quelque titre réaliste ?
Les personnages et les situations imaginés par Sartre ont-ils l'épaisseur
de la vie et de l'histoire réelles, ou n'ont-ils pas dans une certaine
mesure le schématisme des abstractions intemporelles ?
4 5 Les séquestris d'Altona sont-ils un événement thécitral ? Peut-on
vraiment ibranler le public en coulant une philosophie n de gauche
dans une dramaturgie très traditionnellement bourgeoise ?
5° Par ailleurs, les attaques ou les incompréhensions de la critique
de droite font-elles nécessairement une obligation de solidarité 1 celle
de gauche ? Sartre a-t-il progressé depuis six ans dans sa facon de poser
les prohlèmes, et sinon, est-il bon de le lui taire ?
La Nouvelle Critique essaiera, dans son prochain numéro, de répondre
ces questions o de méthode ». Elles ont trait, on le voit, tant à la
valeur dramatique de la pièce qu'à son contenu d'idées; mais plus
qu'avec Sartre homme de théätre, c'est avec le Sartre philosophe que
la Nouvelle Critique voudrait 1 eette oecasion reprendre un dialogue
depuis quelque temps interrompu.
A. G.
LES LIVRES
SUR MONTESQUIEU
Michel VERRET.
a LE LIEU DU SUPPLICE
2. Nous nous aimerons demain, Les Editeure Français Ré111:119, 320 fr.
3. Jabato mon jeu, Aragon, Les Editeurs Franceis Réunis, 700 fr.
148 ANDRE LIBERATI
Pozner aura de plus contribué par son ceuvre ä ce que, la paix venue, se
nouent, entre le peuple algérien et le nütre, de solides et utiles liens
d'amitié.
Un livre exemplaire.
André LIBERATI.
gnage n'aurait pu étre inventé. Plus que jamas on peut penser que tont
individu qui agit sans se vouloir responsable perd sa valeur d'are
humain.
N.B. Les droits d'auteur de ce hure vont ä l'association des Déportés
d'Auschwitz.
D. W.
La Nouvelle Critique
offre à ses lecteurs, pour taut abonnement
de un an (ou réabonnement méme anticipé)
UN MICROSILLON 45 TOURS
et
(par tirage au sort)
L'ACTION CLERICALE
Octobre 54. — La famille G..., dont j'ai déjà le fils Daniel chez
moi, retire so filie Jacqueline de l'école privée pour me la confier.
Motif : ä l'école privée on ne s'occupe pas d'elle sinon pour lui réser-
ver les corvées, sous prétexte que son freie va it l'école publique.
LP fillette en question, souvent en a queue a de classe ä l'Ecole privée
Wirrere chez moi une exeellente élève. Elle est aujourd'hui egée de 16 ans
et l'une des meilleures élèves du collège de Jeunes Filles de Cholet.
Ataques en cours. — L'Association Familiale, groupement confes-
sionnel ‚'il en fui, vient de me faire demander par Pintermédiaire du
Maire, si je pourrais lui e preter a un local scolaire pour faire garde-
rie pendant les grandes vacances. Une faeon comme une entre de
mehre les pieds à Fecole publique.
La mere d'un de mes élèves, Mme C... a été eritiquee par un conseil-
ler municipal (M. B...) paree qu'elle effeetue le balayage de l'école
publique 1
Un exemple d'attaque du clergé Iui.méme. — En 57 (j'ignore le
dimanehe exact et c'est demnzuge) le eure lors de son préche a indiqué
qu'il n'admettait pas que le chauffage des Ecoles publiques soit ä la
charge de la Commune eines que les siennes n'étaient pas aidées.
Attitude de la municipalité. — Budget communal : environ 30 mil-
Bons. Subvention ir la caisse des écoles publiques : 8.000 fr. Aide
l'enseignernent privé par centaines de milliers de francs sous formes de
subventions indirectes : cantines, enseignement post-seolaire, aide sociale,
équipes sportives...
A B.., le 1‘' juin 1959.
L'Institutrice.
Ches la famille C..., ii s'est déplacé cinq bis, mais les parents
u'ont pas cédé : ¡ui en les enjants.
Ennuis provoqués par les cléricaux. — Fei A é attaquée le 27 février
1957 le soir à 20 h. 30, mais cette tentative a échoué.
Entre le 26 et le 28 aoüt 1958, on a pénétré chez moi et on m'a volé
55.000 frs.
Malgre' les ennuis el les pressions, je resterai toujours ii I...
L'Institutrice.
LE NIVEAU DE L'ENSEIGNEMENT
De Mme D. W... — Que le niveau intelllectuel de nos élèves baisse
dans des proportions catastrophiques pour l'avenir du pays, c'est
fait, que les enseignants connaissent et déplorent, mais dont les non-
enseignants s'étonnent parfois.
Le 6 juin 1959, une émission télévisée commémorait le débarquement
en interrogeant trois jeunes gens ( deux garçons et une filie), nés le
6 juin 1944. Aucun de ces jeunes gens de 15 ans na su dire ce qui s'était
passé le jour de sa naissance. Lene ignorance concemant les faits histo-
riques — qui nous paraissent essentiels pour comprendre la situation
actuelle — a scandalisé nombre de téléspectateurs; quelques-uns ont
mème cru qu'on avait choisi les jeunes interviewés parmi les cancres.
Personnellement, je n'avais jamais pensé que mes élèves fussent des
aigles; mais je dois dire que je me faisais encore des illusions. Leur
ayant posé, 1 la suite de cette émission, ä peu près les mimes questions,
j'ai obtenu les réponses dont je vous fais part in i (il s'agit d'une classe
d'Ecole Normale d'institutrices — 30 élèves ägées de 17 1 22 ans (cer.
taines électrices) possédant toutes la première partie du baccalauréat).
ACTU AMTES 157
ATTENTION, CHANGEMENT I
NOS CORRESPONDANTS
De M. B. N., Pantin (Seine) : a Abonné déjà anejen de la Nouvelle
Critique, retour d'Algerie ä l'issue du service militaire, j'ai pu faire
apprécier autour de moi Pintérét de la revue partieulikernent dans
les circonstanees actuelles. Je pourrai done, dans les conditions fixées
par votre numéro 109, diffuser réguliérement 5 exemplaires de
la Nouvelle Critique.»
Qui peut itre correspondant 1 la N.C.? Tout lecteur qui veut ainsi
nous apporter son aide.
1° A la sortie de chaque numéro, le correspondant reeoit le nombre
d'exemplaires demandés (au rninimum 2 exemplaires).
2° Huit jours avant la sortie du numéro, il a recti le sommaire,
afin qu'il puisse, le cas échéant, modifier sa commande en fonction du
contenu.
3° Des spécimens gratuita d'anciens numéros peuvent, soit lui ätre
envoyés, soit kre expédiés par la revue aux adresses qu'il nous indique.
4° Le correspondant recoit trimestriellement, un relevé des sommes
dues par lui. Les exemplaires lui sont facturés 200 francs (au lieu de
250 francs — pour couvrir ses frais de correspondances et autres).
La revue reprend les invendus.
On dénote un intérät aceru pour le marxisme. Ce mouvement ira
se développant. Mais dans ce domaine, nous n'en sommes pas encore
au temps du a self-service a ! II est nécessaire de mettre la Nouvelle
Critique à la portée de ceux qui s'interrogent.
J'ai commencé à faire un peu de prospection parmi mes collégues,
écrit M. Mario Rossi, de Marseille. Il y a des possibilités. Nous allons
examiner avec quelques camarades comment, pour commencer, avoir
un diffuseur par établissement.
Pouvez.vous nous faire parvenir 6 numéros de novembre et des
sommaires ? Je vous adresse trois abonnements. Par ailleurs, nous
serions taut disposés 1 vous adresser des notes de lechare; en tout cas
collaborer sous une forme 1 déterminer.
La reime pourrait-elle fournir 1 ses correspondants des questionnaires
qui pourraient kre remis ä leurs clients e afin q-u'ils donnent leur
point de vise critique sur la revue ?
FRIEDRICH ENGELS
Cet ouvroge nous apporte sur les conditions dans l esquelles ont
vécu et milité Marx et Engels, des détails précieux qui, pour
incomplets et fragmentaires qu'ils soient, éclairent cependant
la personnalité des deux grands philosophes et aident ò inieux
comprendre leur oeuvre.
Relié, 418 poges, illustre 400 fr. — Franco de port 580 fr.
LIBRAIRIE DU GLOBE
21, rue des Germes, Paris-5°
C.C.P. A.L.A.P. Paris 9694-67
ACTU ALITES
S.M. : Danger, Carrefour ! 119
Solange LEVRAULT : Progrès « judiciaire a ou mystification ? 124
Pierre JUQUIN : De la démocratie 127
Jean-Mare AUCUY : L'affaire des « Liaisons e 132
Jacqueline AUTRUSSEAU : Gorki, auteur moderne 138
A.G. : « Les séquestrés d'Altona o 141
Michel VERRET : Sur Montesquieu 142
André LIBERATI : «Le heu du supplice o 146
Notes de lecture 149
Lettres a la revue 154
La vie de la revue : Un cadeau à tous nos lecteurs 159
RECHERCHES INTERNATIONALES
la lumière du marxisme
bimestriel - N° 14 - 15 octobre 1959
imprimerie RICHARD,
24, rue Stéphenson, Paris (XVIII.).
Le Ddrecteur-Gérunt : Jean ETENDARD.
250 fr.
Étranger : 300 fr.