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Éléments pour l’introduction.

L’essai de Fontenelle Histoire des Oracles évoque les oracles de l’Antiquité (manifestations
divines face à certaines questions posées par les hommes). Au Moyen Âge, les catholiques
reconnaissent ces phénomènes mais considèrent qu’ils sont en réalité l’intervention de démons.
Fontenelle, partisan de la méthode rationaliste (héritée de la philosophie de Descartes1), ne se
satisfait pas de ces explications découlant de la méthode scolastique (philosophie médiévale2
encore influente au XVIIème siècle). Fontenelle dénonce dans son essai la superstition et les
discours providentialistes3. Dans cet extrait, il invite les lecteurs à vérifier si les événements
miraculeux sont véritablement surnaturels et illustre l’importance de cette méthode par un apologue
plaisant.

Problématique : En quoi la stratégie argumentative de Fontenelle est-elle efficace pour critiquer la


superstition ?

I. Le prologue
1er mouvement identifiable par sa nature : argumentation directe → l’auteur parle en son nom
propre et exprime clairement ses idées, il utilise les temps du discours (présent de vérité génrale).
- 1ère phrase : Morale de l’apologue (que le récit va ensuite illustrer) ou thèse de l’auteur.
Il s’agit d’une prescription, d’un conseil, comme le montre le recours à la modalité
injonctive (le verbe est à l’impératif), adressée à l’ensemble des lecteurs et des hommes,
auxquels l’auteur s’inclût grâce au pronom personnel « nous ».
Il oppose deux termes, « fait » et « cause », chacun en fin de proposition dans une phrase
binaire composée d’une proposition principale et d’une proposition subordonnée.
La construction syntaxique illustre la prescription, puisqu’elle suit l’ordre des étapes
naturelles d’une investigation : d’abord vérifier les faits (principale), puis chercher les causes
(subordonnée circonstancielle temporelle).
- 2ème phrase : Développement, l’auteur explique pourquoi cette prescription est bonne, en
deux temps.
1. Concession ironique :
La méthode prescrite est qualifiée de « bien lente pour la plupart des gens », ce qui donne
de façon absurde la priorité à la rapidité de l’explication.
Le verbe courir et la locution verbale passer par-dessus, qui sont des verbes de mouvement,
introduisent une image très concrète de la précipitation de certains. Cela produit un effet
comique qui renforce l’ironie.
2. Objection satirique à la concession (introduite par le terme adversatif « mais ») :
Le terme péjoratif « ridicule » résume le comportement des « gens » évoqués dans la
concession et révèle l’intention de l’auteur de s’en moquer.

1 Il cherche à atteindre le vrai de manière sûre, en utilisant une méthode rigoureuse fondée notamment sur l’observation
et la déduction.
2 Elle mêle étroitement la philosophie et la théologie, et propose des principes ayant un fondement essentiellement

religieux (donc de l’ordre de la croyance et non de la raison).


3 Ces discours expliquent tout phénomène par la volonté de Dieu.
II. L’apologue
2 mouvement identifiable par sa nature : argumentation indirecte → l’auteur raconte une
ème

histoire, il utilise les temps du récit (imparfait et passé simple).


- 1ère phrase : Présentation du récit qui cherche à susciter l’intérêt du lecteur.
L’oxymore « Ce malheur arriva si plaisamment » annonce un récit déroutant dont la tonalité
comique est déjà révélée au lecteur.
La structure corrélative « si… que », reposant sur l’adverbe d’intensité « si », vient justifier
l’apparition du récit dans le texte.
Le terme mélioratif « plaisamment » et l’utilisation du pronom personnel « je » montre que
l’auteur exprime sa subjectivité, afin de susciter l’adhésion du lecteur.
- 2ème phrase : Début du récit à proprement parler.
L’ancrage spatio-temporel, déjà évoqué dans la phrase précédente (« sur la fin du siècle
passé à quelques savants d’Allemagne), est précisé grâce à une date, « 1593 », et au
toponyme « Silésie ». Cet ancrage, précis et réaliste, met néanmoins en place un éloignement
géographique et historique : l’histoire se déroule dans un passé révolu, et dans une région
relativement lointaine (Europe centrale, entre la Pologne, la République tchèque et
l’Allemagne). Cet éloignement est à même d’incarner l’obscurantisme4 que critique
Fontenelle.
L’expression « Le bruit courut que » présente les faits comme une rumeur, ce qui accentue
le ridicule des savants qui sont évoqués ensuite.
- Les 5 phrases suivantes : Évocation ironique et satirique des savants s’intéressant au
phénomène.
Fontenelle se moque ouvertement des supposés savants en leur donnant à tous un nom se
terminant par –us, terminaison à consonance latine qui suggère un certain pédantisme. À
cela s’ajoute la difficile prononciation de certains d’entre eux, soit que le patronyme
contienne trop de consonne (« Horstius »), soit qu’il contienne trop de syllabes
(« Ingolsteterus »). Ces choix rendent donc ces savants ridicules.
Les motivations de chacun d’entre eux sont de moins en moins sérieuses. Horstius, dont le
titre de « professeur en médecine à l’université de Helmstad » semble lui accorder un certain
crédit, s’intéresse à la dent pour en déterminer le caractère « nature[l] » ou « miraculeu[x] ».
Cependant, la subordonnée circonstancielle finale « afin que cette dent d’or ne manquât
pas d’historiens » et l’utilisation de l’adverbe « encore » trahissent l’ironie de Fontenelle au
sujet des motivations du second savant, Rullandus : il suggère alors que ce dernier, loin
d’apporter un quelconque nouveau regard sur la dent, propose de répéter ce qui a déjà été
dit. Si le savant suivant introduit un débat d’idée, et donc une possible nouveauté, la raison
du désaccord entre Rullandus et Ingolsteterus n’est pas donnée. Enfin Libavius se contente
d’un travail de compilation, évoqué par le verbe d’action péjoratif ramasser. L’expression
« grand homme » prend alors la valeur d’une antiphrase.
Les propos tenus par les savants sont également ridiculisés. La thèse de Horstius est
ridiculisée par la phrase injonctive « Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de
cette dent aux chrétiens, et aux Turcs ». L’auteur sollicite directement le lecteur et l’invite à
constater l’absurdité de cette thèse, qui accorde de façon très arbitraire une valeur religieuse

4Tout mode de pensée qui restreint la diffusion de la vérité et du savoir, comme l’est dans une certaine mesure la
scolastique. L’obscurantisme est généralement associé au Moyen Âge et à la religion catholique.
à la dent mais surtout qui fait référence à des événements historiques qui remontent au
Moyen-Âge (les Croisades). De même, le débat entre Rullandus et Ingolsteterus est
ridiculisé par l’antiphrase « belle et docte réplique », dans laquelle le mot « réplique »
appartient au champ lexical du théâtre. Enfin, la répétition du mot « sentiment » suggère
que les discours des supposés savants ne sont que des impressions, toute subjectives, ne
découlant donc aucunement d’une quelconque rigueur scientifique.
- Les deux dernières phrases : La chute du récit.
La chute est particulièrement brève, et rompt avec le long défilé des savants, mis en valeur
par l’accumulation et les nombreux indices temporels précisant une chronologie étendue
sur plusieurs années : « en 1595 », « En la même année », « Deux ans après ».
La structure corrélative de l’avant-dernière phrase, qui repose sur le pronom « autre chose »,
retarde la chute. La subordonnée circonstancielle exprimant l’exception « sinon qu’il fût
vrai que la dent était d’or » vient donner une valeur d’antiphrase à l’expression « tant de
beaux ouvrages ».
La subordonnée circonstancielle temporelle « Quand un orfèvre l’eût examinée » semble
intervenir bien tard, après tous ces discours de savant. Or, l’intervention de l’orfèvre, simple
artisan anonyme et dépourvu de titre, est la seule qui permette d’établir la vérité au sujet de
cette dent.
La dernière phrase reprend en miroir la morale du prologue, et forme avec elle un chiasme
sémantique : « mais on commença par faire des livres » correspond à la recherche de la
« cause », et « puis on consulta l’orfèvre » correspond à la vérification du fait. Cette structure
en miroir boucle le récit et confirme son rôle d’illustration de la morale.
III. L’épilogue
Dernier mouvement de même nature que le premier (argumentation directe), avec lequel il encadre
le récit. La structure est donc travaillée et très méthodique.
- 1ère phrase : L’auteur étend la portée de son apologue au fonctionnement de l’esprit humain
dans une formule au présent de vérité générale : « Rien n’est plus naturel que d’en faire
autant sur toutes sortes de matières ». La subordonnée circonstancielle comparative,
reposant sur une structure corrélative, présente de manière hyperbolique (« Rien n’est plus
naturel que… ») la nature humaine comme aisément trompée par l’imagination.
- 2ème phrase : L’auteur présente sa propre conception de l’ignorance : l’ignorance de
l’homme est moins grave que la croyance en de fausses vérités. Le parallélisme syntaxique
et le jeu des oppositions met en valeur cette idée : « choses qui sont » s’oppose à « celles
qui ne sont point » grâce à la négation syntaxique et « dont nous trouvons la raison »
s’oppose à « raison […] inconnue » grâce à la négation lexicale (préfixe in-).
- 3ème phrase : Expolition5 avec construction similaire (parallélisme et jeu d’opposition). La
phrase présente une structure binaire articulée autour des connecteurs « non seulement » et
« mais ». La proposition négative « nous n’avons pas les principe » s’oppose à « nous en
avons d’autres », et les mots « vrai » et « faux » forment une antithèse. La capacité à trouver
des causes à ce qui n’est pas est donc présenté comme le comble de l’ignorance selon
Fontenelle.

5 Expolition : Répétition de la même idée sous une forme différente pour insister sur son importance.
Conclusion :
La stratégie argumentative de Fontenelle est efficace car il propose un apologue qui respecte
le principe horatien du docere et placere. D’un côté, la composition du passage est rigoureuse,
distinguant trois parties, trois étapes d’un raisonnement savamment orchestré : la thèse, le récit qui
l’illustre et enfin la conclusion générale. Cette rigueur correspond justement à celle que Fontenelle
préconise dans son récit. D’un autre côté, le récit proposé par Fontenelle est rendu plaisant par son
réalisme, par la satire des faux-savants et par la tonalité ironique. Cette efficacité argumentative, et
cette volonté de combattre l’obscurantisme annonce le siècle suivant et la philosophie des Lumières
qui, comme Fontenelle, lutteront pour la diffusion du savoir et promouvront la raison, notamment
avec la publication de l’Encyclopédie dirigée par Diderot et d’Alembert.

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