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L’Université : un milieu de liberté à protéger

La présente fait suite à la lettre d’opinion intitulée Financement offert par GNL : les
universités doivent refuser. Celle-ci fait référence à l’octroi d’une chaire interuniversitaire
financée en partie par GNL et qui porte sur la production de gaz naturel renouvelable à
partir de la biomasse forestière résiduelle. À titre de membres de la direction de
l’UQAC, nous trouvons la situation actuelle et la polarisation au sein du débat
suffisamment important pour prendre la parole.

Les auteurs de la lettre du 6 février critiquent le principe de la recherche partenariale et


du financement privé, allant même jusqu’à mettre en doute la crédibilité et la réputation
de ces chercheurs et des institutions universitaires. Nous nous inscrivons en faux contre
cette assertion. Nous réaffirmons toute la confiance que nous avons envers les
professeures et professeurs qui participent librement à des projets de recherche
partenariale avec les organisations publiques, parapubliques, communautaires et avec
l’industrie. Ces professeurs jouent leur rôle au sein de nos établissements universitaires
et on ne saurait tolérer des atteintes à leur éthique professionnelle et à leur intégrité.

À l’UQAC, la recherche en partenariat, notamment avec l’industrie, fait partie de l’ADN


de notre institution qui depuis sa création a pour mission de contribuer au
développement culturel, social et économique de notre région. Déterminer les meilleures
façons de faire l’aménagement forestier, définir des procédés d’électrolyse novateurs
pour l’aluminium ou comprendre comment se forment les gisements de métaux et de
minéraux industriels, voilà autant de domaines parmi de nombreux autres dans lesquels
les chercheurs collaborent au quotidien avec le personnel scientifique des entreprises.

Associer la recherche en partenariat avec l’industrie au simple bénéfice d’une


entreprise, et affirmer que cette collaboration brime le principe de l’indépendance de la
recherche universitaire est un raccourci tendancieux. Lorsque des professeures et
professeurs sont impliqués dans des projets à cofinancement public-privé, dont ceux
des programmes du Conseil de recherche en science naturelle et génie du Canada,
comme dans l’exemple qui nous concerne, ils sont évalués par les pairs et les
chercheurs ont impérativement le devoir et l’obligation d’en publier les résultats au
bénéfice de la société. Nous sommes loin ici d’une commande pour avoir un avis
complaisant.

La recherche partenariale permet non seulement de former des étudiantes et étudiants


de maîtrise et de doctorat qui occupent par la suite des emplois dans différentes
entreprises ou organisations, mais aussi d’améliorer l’utilisation des ressources,
diminuer des impacts environnementaux et d’innover sur les plans technologiques, mais
aussi culturels et sociétaux, car il se fait de la recherche partenariale également avec
des OBNL, des ministères, des commissions scolaires, etc.

Liberté académique ou d’expression?


Le mélange entre la science et les débats de société est complexe. Les professeures et
professeurs d’une institution universitaire ont le privilège d’une liberté académique leur
permettant de définir leurs objets de recherche, d’intervenir dans des enjeux à titre
d’expert et de choisir les partenaires pertinents des milieux gouvernementaux,
socioéconomiques et industriels avec lesquels ils veulent collaborer. Bien sûr, cette
collaboration peut être une source de financement substantielle pour réaliser des
recherches de pointe et contribuer à la formation des étudiants. Par des méthodes
éprouvées, la science favorise la compréhension de phénomènes, l’interprétation la plus
juste des données en présence, et ces interprétations ou modèles sont soumis à
l’évaluation, la validation ou la contredémonstration par les pairs.

Les débats de société font partie d’une démocratisation des pouvoirs représentant en
soi un exercice sain et vital permettant d’arriver aux nécessaires compromis sur des
enjeux opposant des visions, des schèmes de pensée et des valeurs propres à chacun.
Les professeures et professeurs qui s’expriment sur un enjeu de société dans leur
champ d’expertise le font à titre d’experts et de spécialistes. Ils ont besoin de jouir de la
liberté académique pour ne pas être l’objet d’une quelconque instrumentalisation. Il
s’agit d’un principe qu’il faut protéger, car il permet aux universités d’accomplir leur
mission dans un espace libre. Par ailleurs, lorsque des professeures et professeurs
s’expriment sur un sujet pour lequel ils ne sont pas des experts par leur formation, leurs
activités de recherche reconnues, et leurs publications révisées par des pairs, ils
prennent la parole à titre de citoyens. Ils en ont le droit, et leur prise de position est à
considérer au même titre que celle de tout citoyen.

Le milieu universitaire, par sa nature, accueille et encourage la diversité de points de


vue et les échanges entre les groupes d’opinions sur une base ouverte et respectueuse.
Il s’agit d’une valeur importante, c’est un devoir pour nous de la préserver. Et l’Université
a aussi le devoir de préciser à quel titre son personnel s’inscrit dans un débat de
société.

Le comité de gouvernance de l’UQAC

Nicole Bouchard, rectrice


Réal Daigneault, vice-recteur à l’enseignement, à la recherche et à la création par
intérim
Dominique Biron, vice-rectrice aux affaires administratives
Alexandre Cloutier, vice-recteur aux partenariats

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