Tba550

ARTICLE
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Techniques L’expertise technique et scientifique de référence
de l'Ingénieur
p2645
tba550
Spectrométrie
Les accidents du de masse
travail - Principe pénale
et la responsabilité
et appareillage
Date de publication : 12/09/2014

01/09/2007
Par :
Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Cet article fait partie de la base documentaire :

Mesures - Analyses
Techniques du bâtiment : Organiser son chantier
Dans le pack : Techniques
Mesures - Analyses
du bâtiment : préparer la construction
et dans l’univers : Technolgies de l’information
Construction
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Les accidents du travail

et la responsabilité pénale
I – Introduction ............................................................................................ TBA550 - 2

II – Un accident du travail peut être la source de différents types
de contentieux............................................................................................. — 2
III – La responsabilité pénale...................................................................... — 3
IV – L’engagement de la poursuite pénale................................................ — 4
A. Rôle de l’inspection du travail ........................................................... — 4
B. L’initiative de la poursuite .................................................................. — 4
C. La personne poursuivie ...................................................................... — 5
V – Les conséquences de la poursuite pénale .......................................... — 5
A. La condamnation................................................................................. — 5
B. L’indemnisation de la victime et/ou de ses ayants droit.................. — 5
1. Demande d’indemnisation de la victime ........................................ — 5
a. Interdiction de solliciter une indemnisation complémentaire... — 5
b. Les exceptions au principe de l’interdiction
de solliciter une indemnisation complémentaire ........................... — 7
2. Demande d’indemnisation de la part des ayants droit ................. — 7
ne obligation générale de sécurité pèse sur chaque employeur, ce dernier

U doit prendre en compte les risques d’accident du travail et mettre en
œuvre une démarche de prévention, afin d’en éviter la survenue. Cet article
présente les différents types de contentieux susceptibles d’être rencontrés,
général, technique, administratif et pénal, en cas d’accidents du travail.
La condamnation à verser une indemnisation à la victime en vue de réparer
des dommages subis n’est pas la seule envisageable, une responsabilité
pénale peut être engagée, considérant qu’il y a eu une atteinte involontaire à la
vie et à l’intégrité physique de personne. Sur la base d’exemples concrets,
l’article s’attarde ensuite sur cette responsabilité pénale, en décrivant la
mission des inspecteurs du travail, l’engagement et l’initiative de cette pour-
suite, les diverses condamnations et les conséquences qui peuvent en
découler.
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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
I - INTRODUCTION L’accident du travail est donc un événement soudain, survenu

à une date certaine qui entraîne une lésion corporelle. Cet
événement doit être survenu au temps et au lieu du travail.
Obligation de sécurité au travail – D’après une nouvelle esti-
mation du Bureau international du travail, des accidents du L’article L. 411-2 du Code de la Sécurité sociale dispose :
travail et des maladies professionnelles causent la mort de
« Est également considéré comme accident du travail,
deux millions de personnes chaque année (rapport du BIT en
lorsque la victime ou ses ayants droit apportent la
vue de la Journée mondiale sur la sécurité et la santé au
preuve que l’ensemble des conditions ci-après sont
travail 2005).
remplies ou lorsque l’enquête permet à la caisse de dis-
Il pèse sur chaque employeur une obligation générale de poser sur ce point de présomptions suffisantes,
sécurité. l’accident survenu à un travailleur mentionné par le
présent livre, pendant le trajet d’aller et de retour, entre :
Pour le secteur du bâtiment, la Fédération française du bâtiment 1°) la résidence principale, une résidence secondaire
a établi des statistiques de l’activité salariée du secteur bâtiment présentant un caractère de stabilité ou tout autre lieu où
par rapport à l’ensemble des activités salariées (cf. Tab. 1) : le travailleur se rend de façon habituelle pour des motifs
d’ordre familial et le lieu du travail. Ce trajet peut ne pas
• Taux de fréquence : 59,1 (nombre d’accidents par millions être le plus direct lorsque le détour effectué est rendu
d’heures de travail) ; nécessaire dans le cadre d’un covoiturage régulier ;
2°) le lieu du travail et le restaurant, la cantine ou,
• Taux de gravité : 2,91 (nombre de journées calendaires d’une manière plus générale, le lieu où le travailleur
perdues pour 1 000 heures travaillées). prend habituellement ses repas, et dans la mesure où
le parcours n’a pas été interrompu ou détourné pour
Tab. 1 – Statistiques de l’activité salariée du secteur bâtiment un motif dicté par l’intérêt personnel et étranger aux
(Source : site Internet de la Fédération française du bâtiment) nécessités essentielles de la vie courante ou indépen-
dant de l’emploi. »
En En
nombre pourcentage
Salariés dans le bâtiment 1 098 312 7,10 % II - UN ACCIDENT DU TRAVAIL PEUT ÊTRE LA SOURCE DE
Accidents avec arrêt 118 892 17,28 % DIFFÉRENTS TYPES DE CONTENTIEUX
Accidents avec IPP (rente) 10 254 21,55 %
Le contentieux général – Il concerne la contestation par
Accidents mortels 175 25,14 % l’employeur :
Journées de travail perdues 5 842 486 21,20 %
• des éléments financiers des prestations ;
Prévention – Chaque employeur doit prendre en compte ce • de la matérialité de l’accident ou de la lésion ;
risque d’accident et mettre en œuvre une démarche de pré-
vention afin d’éviter toutes les conséquences d’un accident du
• du caractère professionnel de l’accident ou de la maladie ;

travail :
• de l’imputation d’un état de rechute à un précédent accident ;
• hausse de la tarification des cotisations « accidents du
• du bien-fondé d’une prolongation des soins ou arrêt de
travail » (AT) ;
travail ;
• reconnaissance de la faute inexcusable et condamnation à • de la date de consolidation fixée par le médecin traitant ;
verser des dommages civils à la victime et aux ayants droit
(préjudice moral, préjudice physique, préjudice professionnel) ; • de la reconnaissance de la faute inexcusable de la victime.
• cotisations « accident du travail » (AT) complémentaires. Le contentieux technique – Il concerne :
• amendes pénales. • l’état d’inaptitude et taux de cette inaptitude en cas d’accident

du travail ou de maladie professionnelle ;
Définition de l’accident du travail – L’article L. 411-1 du
• des décisions des CRAM fixant le taux de cotisation en
Code de la Sécurité sociale définit l’accident du travail de la
matière d’accident du travail ;
façon suivante :
• des décisions des CRAM concernant l’octroi des ristournes,
« Est considéré comme accident du travail, quelle l’imposition de cotisations supplémentaires ;
qu’en soit la cause, l’accident survenu par le fait ou à
l’occasion du travail à toute personne salariée ou tra- • les juridictions dans ce type de contentieux sont, en première
vaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, instance, le tribunal du contentieux de l’incapacité et en
pour un ou plusieurs employeurs ou chefs appel la Cour nationale de l’incapacité et de la tarification des
d’entreprise. » accidents du travail.

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Le contentieux administratif – C’est un contentieux spéci- f) Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas
fique consistant à critiquer un acte des autorités dangereux ou par ce qui est moins dangereux ;
administratives intervenant dans la procédure de fixation d’un g) Planifier la prévention en y intégrant, dans un
taux d’accident du travail : ensemble cohérent, la technique, l’organisation du tra-
vail, les conditions de travail, les relations sociales et
• avis sur les ristournes de la direction régionale du travail ; l’influence des facteurs ambiants, notamment en ce
qui concerne les risques liés au harcèlement moral, tel
• décisions de la direction régionale du travail statuant sur les
qu’il est défini à l’article L. 122-49 ;
recours d’un employeur contre une injonction préalable à
h) Prendre des mesures de protection collective en
l’imposition d’une cotisation supplémentaire (articles L. 422-4
leur donnant la priorité sur les mesures de protection
et R. 422-5 du CSS) ;
individuelle ;
• contestations des arrêtés ministériels fixant le taux d’accident i) Donner les instructions appropriées aux travailleurs.
du travail. III. - Sans préjudice des autres dispositions du présent
code, le chef d’établissement doit, compte tenu de la
Les juridictions compétentes sont en 1re instance le tribunal nature des activités de l’établissement :
administratif et en appel la cour administrative d’appel. a) Évaluer les risques pour la sécurité et la santé des
travailleurs, y compris dans le choix des procédés de
Le contentieux pénal – En cas de violation d’une règle fabrication, des équipements de travail, des subs-
d’hygiène et de sécurité à l’origine de l’accident du travail, la tances ou préparations chimiques, dans
responsabilité pénale de l’auteur de l’infraction pourra être l’aménagement ou le réaménagement des lieux de
recherchée. travail ou des installations et dans la définition des
postes de travail ; à la suite de cette évaluation et en
tant que de besoin, les actions de prévention ainsi que
les méthodes de travail et de production mises en
III - LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
œuvre par l’employeur doivent garantir un meilleur
niveau de protection de la sécurité et de la santé des
La responsabilité civile a pour objet de réparer les dommages travailleurs et être intégrées dans l’ensemble des acti-
subis par la victime. La responsabilité pénale a pour objectif vités de l’établissement et à tous les niveaux de
de réprimer des infractions. l’encadrement ;
b) Lorsqu’il confie des tâches à un travailleur, prendre
En matière de sécurité et de santé au travail, la responsabilité en considération les capacités de l’intéressé à mettre
pénale peut être engagée sur le fondement du Code du travail en œuvre les précautions nécessaires pour la sécurité
ou sur celui du Code pénal. et la santé ;
Sur le fondement du Code du travail – En cas de violation c) Consulter les travailleurs ou leurs représentants sur
d’une règle d’hygiène et de sécurité inscrite dans le Code du le projet d’introduction et l’introduction de nouvelles
travail, la responsabilité de l’auteur de l’infraction sera recher- technologies mentionnées à l’article L. 432-2, en ce
chée sur le fondement de ce code. qui concerne leurs conséquences sur la sécurité et la
santé des travailleurs.
Les principales règles d’hygiène et de sécurité sont définies IV. - Sans préjudice des autres dispositions du présent
aux articles : code, lorsque dans un même lieu de travail les tra-
vailleurs de plusieurs entreprises sont présents, les
• L. 230-1 à L. 233-7 ; employeurs doivent coopérer à la mise en œuvre des
dispositions relatives à la sécurité, à l’hygiène et à la
• R. 230-1 à R. 233-157 ; santé selon des conditions et des modalités définies
• D. 233-1 à D. 233-9. par décret en Conseil d’État.
En outre, dans les établissements comprenant au
L’article L. 230-2 dispose ainsi : moins une installation nucléaire de base ou une ins-
tallation figurant sur la liste prévue au IV de
« I. - Le chef d’établissement prend les mesures l’article L. 515-8 du Code de l’environnement ou visée
nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la à l’article 3-1 du Code minier, lorsqu’un salarié ou le
santé physique et mentale des travailleurs de l’établis- chef d’une entreprise extérieure ou un travailleur indé-
sement, y compris les travailleurs temporaires. Ces pendant est appelé à réaliser une intervention pouvant
mesures comprennent des actions de prévention des présenter des risques particuliers en raison de sa
risques professionnels, d’information et de formation nature ou de la proximité de cette installation, le chef
ainsi que la mise en place d’une organisation et de d’établissement de l’entreprise utilisatrice et le chef de
moyens adaptés. Il veille à l’adaptation de ces l’entreprise extérieure définissent conjointement les
mesures pour tenir compte du changement des cir- mesures prévues aux I, II et III. Le chef d’établisse-
constances et tendre à l’amélioration des situations ment de l’entreprise utilisatrice veille au respect par
existantes. l’entreprise extérieure des mesures que celle-ci a la
II. - Le chef d’établissement met en œuvre les responsabilité d’appliquer, compte tenu de la spécifi-
mesures prévues au I ci-dessus sur la base des prin- cité de l’établissement, préalablement à l’exécution de
cipes généraux de prévention suivants : l’opération, durant son déroulement et à son issue. »
a) Éviter les risques ;
b) Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ; Exemple
c) Combattre les risques à la source ;
d) Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui Défaut d’installation de protection empêchant l’accès aux
concerne la conception des postes de travail ainsi que zones dangereuses d’une machine (article R. 233-15 du Code
le choix des équipements de travail et des méthodes du travail).
de travail et de production, en vue notamment de
limiter le travail monotone et le travail cadencé et de
réduire les effets de ceux-ci sur la santé ; Le contrôle de l’application de la réglementation en matière
e) Tenir compte de l’état d’évolution de la technique ; d’hygiène et de sécurité dans l’entreprise est confié :

TBA550 - 3
• à l’inspection du travail ; Les sanctions – Les suites du contrôle ont pour consé-
quences les sanctions suivantes :
• aux contrôleurs de sécurité ;
• une fois que l’infraction est constatée, les inspecteurs du
• aux ingénieurs-conseils des caisses régionales d’assurance travail ont une gamme variée de moyens de contraintes à
maladie. l’encontre de l’employeur ;
Les infractions en matière d’hygiène et sécurité sont des délits. • l’inspecteur peut choisir de donner des avertissements ou des
conseils au lieu d’intenter ou de recommander des poursuites ;
Sur le fondement du Code pénal – Le Code pénal réprime
les atteintes involontaires à la vie et à l’intégrité physiques. • il constate les infractions par des procès-verbaux, concurrem-
ment avec les agents et officiers de la police judiciaire. L’infrac-
tion n’a pas à être relevée nécessairement au lieu même où elle
Exemples
a été commise.
• Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions Les procès-verbaux – Les procès-verbaux sont dressés en
prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inatten- double exemplaire dont l’un est déposé au préfet du départe-
tion, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ment (rare en pratique) et l’autre est déposé au parquet. Ils
ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort font foi jusqu’à preuve du contraire.
d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans
d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. En matière d’hygiène et de sécurité, l’inspecteur doit mettre
en demeure l’employeur d’effectuer les travaux nécessaires.
• En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation Dans le cas où il existe un danger grave pour l’intégrité phy-
particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le sique des salariés, l’inspecteur peut directement dresser un
règlement, les peines encourues sont portées à cinq ans procès-verbal (articles L. 231-4 et L. 231-5 du Code du travail).
d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende (article 221-6
du Code pénal). La mise en demeure – Elle doit être écrite et notifiée et
remise en main propre contre décharge ou par lettre recom-
• Le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mandée avec demande d’avis de réception, soit par une
mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une formulation claire sur le registre des observations et des mises
infirmité permanente par la violation manifestement délibérée en demeure.
d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée
par la loi ou le règlement est puni d’un an d’emprisonnement et Dans les cas de risques sérieux d’atteinte à l’intégrité physique
de 15 000 euros d’amende (article 223-1 du Code pénal). d’un travailleur, l’inspecteur du travail peut saisir le juge des
référés pour qu’il ordonne la suspension de l’activité
dangereuse.
Face à une infraction constatée à la législation du travail, il
existe des barrières à une éventuelle sanction pénale :
IV - L’ENGAGEMENT DE LA POURSUITE PÉNALE
• liberté de l’inspecteur de dresser ou non un procès-verbal ;
• le parquet est libre de poursuivre ou non.
A. Rôle de l’inspection du travail
Obligation pour l’entreprise de se soumettre au contrôle – B. L’initiative de la poursuite

Dans le cadre du contrôle, la réglementation et le Code du
travail octroient certains pouvoirs et droits aux inspecteurs du
L’article 1 du Code de procédure pénale dispose :
travail, auxquels doit se soumettre l’entreprise.
« L’action publique pour l’application des peines est
Missions des inspecteurs – Les inspecteurs du travail sont mise en mouvement et exercée par les magistrats ou
autorisés : par les fonctionnaires auxquels elle est confiée par la loi.
• à pénétrer librement, sans avertissement préalable dans les Cette action peut aussi être mise en mouvement par
établissements soumis à leur contrôle, à toute heure du jour et la partie lésée, dans les conditions déterminées par le
de la nuit ; présent code. »
• à pénétrer de jour dans les locaux qu’ils peuvent avoir un motif Le parquet – C’est le ministère public qui a le pouvoir
raisonnable de supposer être assujettis au contrôle de l’inspec- d’enclencher des poursuites et d’exercer l’action publique.
tion. Le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénon-
ciations et apprécie la suite à leur donner conformément aux
Cependant, ils doivent informer l’employeur de leur présence,
dispositions de l’article 40-1 (article 40 du CPP).
à moins qu’ils n’estiment qu’un tel avis risque de porter préju-
dice à l’efficacité du contrôle. Le ministère public est donc libre d’engager ou non les pour-
suites. Le choix de ne pas poursuivre se traduit par ce que
Tout refus de l’employeur constitue un délit d’entrave. Il appar-
l’on appelle communément le « classement sans suite ».
tient au chef d’entreprise d’informer lui-même les
représentants du personnel afin que ces derniers présentent Le rôle de la partie civile – Toute personne, morale ou phy-
leurs observations. sique, qui est lésée par une infraction, peut exercer l’action
civile pour obtenir l’indemnisation de son préjudice.
À ce titre, les inspecteurs sont autorisés à procéder à tous
examens, contrôles ou enquêtes jugés nécessaires pour La partie lésée dispose également, en vertu de l’alinéa 2 de
s’assurer que les dispositions légales sont observées. l’article 1er, du droit de mettre elle-même en mouvement
l’action publique.
Ils peuvent ainsi, soit seuls, soit en présence de témoins, inter-
roger l’employeur ou le personnel sur toutes les matières Lorsque des poursuites ont été engagées par le ministère
relatives à l’application des règles légales. public, la victime n’a pas à se soucier de la mise en mouvement

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de l’action publique, il lui suffit de se constituer partie civile par • la délégation doit être certaine, exempte d’ambiguïté, précise,
voie d’intervention, soit devant le juge d’instruction (article 87 du partielle et limitée ;
CPP), soit devant le juge pénal de première instance
(articles 418 et ss. du CPP). • le délégataire doit être précisément informé des consé-
quences de la délégation qui lui est confiée ; à cet égard, il doit
Si le ministère public n’a pas engagé de poursuites, il revient être informé du contenu de la réglementation qu’il doit faire
à la victime de mettre elle-même en mouvement l’action respecter.
publique :
• soit par citation directe de l’auteur présumé pour les délits et

les contraventions (articles 388, 392 et 531 du CPP) ; V - LES CONSÉQUENCES DE LA POURSUITE PÉNALE
• soit par le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile

devant le juge d’instruction pour les crimes et délits (articles 85 A. La condamnation
et 88 du CPP).
Le tribunal saisi peut prendre, sur le fond du dossier, plusieurs
Il ne faut pas assimiler le droit d’engager des poursuites
types de décisions.
reconnu à la victime et son droit de demander réparation de
son ou de ses préjudices. La relaxe – La personne poursuivie est « renvoyée de la pour-
suite sans peine, amende, ni dépens ».
La constitution de partie civile a pour objet essentiel la mise
en mouvement de l’action publique en vue d’établir la culpa- La dispense de peine – La personne poursuivie est reconnue
bilité de l’auteur présumé d’une infraction. coupable des faits qui lui sont reprochés, mais aucune peine
n’est prononcée à son encontre. Trois conditions sont
La victime d’une infraction, même si elle n’entend pas nécessaires :
demander réparation d’un préjudice peut malgré tout se cons-
tituer partie civile devant le juge d’instruction afin de • l’infraction doit avoir cessé ;
« corroborer l’action publique » et de « faire établir l’existence
• le dommage causé doit avoir été réparé ;
d’une infraction.
• le reclassement de la personne poursuivie doit être acquis.
Pour qu’une constitution de partie civile soit recevable devant
la juridiction d’instruction, il suffit que les circonstances sur les- La condamnation – Le tribunal fixe la peine à appliquer à la
quelles elle s’appuie permettent au juge d’admettre comme personne poursuivie. Le tribunal peut prononcer une peine
possibles l’existence du préjudice allégué et la relation directe principale à laquelle peuvent s’ajouter des peines complémen-
de celui-ci avec une infraction à la loi pénale. taires. Si la peine prononcée est une peine d’emprisonnement,
elle peut être affectée du sursis.
Devant la juridiction de jugement, la partie civile doit démontrer
l’existence d’un préjudice direct et certain. La décision de condamnation, une fois devenue définitive,
peut être invoquée devant le juge civil, notamment afin de faire
reconnaître par le TASS une faute inexcusable de l’employeur.
C. La personne poursuivie
B. L’indemnisation de la victime et/ou de ses
L’employeur – C’est l’employeur qui doit personnellement
veiller au respect des règles relatives à la sécurité au sein de ayants droit
son entreprise.
1. Demande d’indemnisation de la victime
Cela implique qu’il soit donc matériellement en mesure de
s’assurer quotidiennement du respect de ces règles. Or, cela a) Interdiction de solliciter une indemnisation complémentaire
est très souvent impossible. C’est pourquoi, si l’employeur
estime qu’il n’est pas en mesure d’assumer cette responsabi- Principe de l’interdiction – L’article L. 451-1 du CSS pose
lité, il peut déléguer une partie de ses pouvoirs à un salarié. le principe d’une interdiction pour la victime et ses ayants droit
d’exercer un recours de droit commun contre l’employeur et

Le transfert de ses pouvoirs entraîne le transfert corrélatif de ses préposés :
sa responsabilité pénale.
« Sous réserve des dispositions prévues aux articles
La délégation de pouvoirs – La délégation de pouvoirs permet L. 452-1 à L. 452-5, L. 454-1, L. 455-1, L .455-1-1 et
au chef d’entreprise de s’exonérer de sa responsabilité pénale L. 455-2 aucune action en réparation des accidents et
en rapportant la preuve qu’il a délégué ses pouvoirs à un pré- maladies mentionnés par le présent livre ne peut être
posé. L’employeur doit donc identifier le salarié le plus à même exercée conformément au droit commun, par la
d’assumer les responsabilités attachées à la délégation de pou- victime ou ses ayants droit. »
voir. Il n’existe pas de formalisme attaché à la mise en place
d’une délégation de pouvoir. Il est bien entendu vivement con- Sur le plan pénal, la règle posée par l’article L. 451-1 du CSS
seillé à l’employeur de rédiger cette délégation par écrit. signifie que si la victime de l’infraction a la possibilité de se
constituer partie civile, elle n’aura pas la possibilité de solliciter
Plusieurs conditions sont nécessaires pour qu’une délégation des dommages et intérêts. A contrario, cela signifie que :
soit correcte :
« les dispositions propres à l’indemnisation des vic-
• un salarié ne peut recevoir la délégation que s’il est à la fois times d’infractions sont applicables, selon l’article
pourvu de la compétence, de l’autorité et des moyens néces- L. 451- 1 du Code de la Sécurité sociale, aux victimes
saires pour veiller à la bonne application des dispositions d’un accident du travail imputable à une personne
légales et réglementaires ; autre que l’employeur ou ses préposés » (Cass. civ.
2e, 29 avril 2004, n° 02-13.050) :
• le délégataire peut subdéléguer à la condition que le subdélé- Attendu, selon l’arrêt attaqué (Versailles, 25 janvier
gant dispose des mêmes qualités ; 2002), qu’ayant été victime, au cours de son travail,

TBA550 - 5
d’une agression commise par un tiers à l’entreprise, • le Fonds de garantie règle l’indemnité à réception de la déci-
Mme X. a saisi une commission d’indemnisation des sion d’homologation.
victimes d’infractions pour obtenir la réparation de son
préjudice corporel de caractère personnel et a notam- La procédure d’indemnisation d’infractions devient judiciaire
ment demandé, à ce titre, des sommes correspondant, dans les conditions suivantes :
d’une part, aux troubles dans les conditions d’exis- • le silence de la victime à l’expiration d’un délai de deux mois
tence durant sa période d’incapacité temporaire de à compter de la présentation de l’offre vaut désaccord ;
travail, d’autre part au préjudice fonctionnel d’agré-
ment (…). • le refus d’indemnisation par le Fonds de garantie doit être
Mais attendu que les dispositions propres à l’indemni- motivé.
sation des victimes d’infractions sont applicables,
selon l’article L. 454-1 du Code de la Sécurité sociale, Conditions d’indemnisation en cas de décès – L’indemni-
aux victimes d’un accident du travail imputable à une sation de la victime ou de ses ayants droit en cas de décès
personne autre que l’employeur ou ses préposés ; » est subordonnée à certaines conditions déterminées par la loi
concernant :
En pratique, la voie traditionnellement suivie par les victimes
d’un AT résultant de faits présentant le caractère matériel • le délai de saisine de la commission ;
d’une infraction pour obtenir une indemnisation complémen- • les éléments relatifs au fond de l’affaire (faits générateurs des
taire est celle d’une demande d’indemnisation présentée dommages, lieu de l’infraction et nationalité de la personne
directement à la CIVI (Commission d’indemnisation des vic- lésée, éventuelle faute de la victime, nature et gravité du préju-
times d’infractions) et non celle d’une demande de dommages dice subi).
et intérêts dans le cadre de l’instance pénale.
La requête présentée à la CIVI doit contenir un certain nombre
Si la victime ou ses ayants droit se constituent partie civile de renseignements et être accompagnée des pièces justifica-
devant la juridiction répressive ou engagent une action contre tives correspondantes.
les personnes responsables du dommage, ils doivent indiquer,
en tout état de la procédure, s’ils ont saisi la CIVI et si, le cas Rompant avec sa jurisprudence initiée par l’arrêt du 18 juin
échéant, celle-ci leur a accordé une indemnité (article 706-12 1997 (Cass. civ. 2 juin 1997, n° 95-11.223, Juris-Data n° 1997-
du CPP). 002896, Bull. n°191) qui avait énoncé que l’article 706-3 du
Code de procédure pénale n’interdit pas aux victimes d’un
Saisine de la CIVI – En principe, toute personne ayant subi accident du travail de présenter une demande d’indemnisation
un préjudice grave résultant d’une infraction peut, sous cer- du préjudice résultant de faits présentant le caractère matériel
taines conditions, en obtenir l’indemnisation de la part du d’une infraction, la deuxième chambre, réunie en sa formation
Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et plénière, avait, par arrêt du 7 mai 2003 (Bull. n° 138), au visa
autres infractions (FGTI), en s’adressant à la commission des des articles L. 451-1 du Code de la Sécurité sociale et 706-3
victimes d’infractions siégeant dans le ressort de chaque tri- du Code de procédure pénale, considéré que :
bunal de grande instance (articles 706-3 à 706-15 du CPP).
« les dispositions légales d’ordre public sur la répara-
tion des accidents du travail excluent les dispositions
Précision importante
propres à l’indemnisation des victimes d’infractions 1). »
« Les dispositions des articles 706-3 et 706-9 du Code
de procédure pénale n’imposent pas à la victime d’une Continuant sur cette même voie, la Cour de cassation, par une
infraction de tenter d’obtenir l’indemnisation de son décision datée du 3 mai 2006, a jugé que :
préjudice de la part des personnes responsables du « les dispositions propres à l’indemnisation des vic-
dommage causé par l’infraction ou tenues à un titre times d’infraction ne sont pas applicables aux victimes
quelconque d’en assurer la réparation préalablement d’un accident du travail imputable à l’employeur ou ses
à la saisine d’une commission d’indemnisation des vic- préposés ainsi qu’à leurs ayants droit. »
times d’infraction. »
(Cass. civ. 2e, 3 mai 2006, Juris-Data n° 2006-033306 ; Cass.
(Cass. civ., 6 novembre 1996, nos 94-17.970, 1058 et 94- civ. 2e, 19 octobre 2006, Juris-Data n° 2006-035426).
17.971).
Dans chacun de ces cas d’espèce, l’infraction était imputable
Procédure d’indemnisation transactionnelle ou judiciaire – à l’employeur ou l’un de ses préposés.
Lorsque la procédure d’indemnisation des victimes d’infractions
est transactionnelle : Lorsque le responsable de l’AT est étranger à l’entreprise –
Par un arrêt en date du 21 décembre 2006, la Cour de cassation
• la personne lésée doit adresser à la CIVI une demande élargit l’interdiction pour la victime de solliciter une indemnisation
d’indemnité (il existe une CIVI auprès de chaque tribunal de complémentaire dans l’hypothèse où c’est un tiers étranger à
grande instance) ; l’entreprise qui est responsable de l’AT :
• la commission envoie sans délai au Fonds de garantie la « Attendu que les consorts X. font grief à l’arrêt d’avoir
demande accompagnée des pièces justificatives ; déclaré irrecevables leurs demandes alors, selon le
moyen, que les dispositions propres à l’indemnisation
• dans un délai de 2 mois à compter de la réception du dossier des victimes d’infractions sont applicables aux victimes
complet, le Fonds de garantie est tenu de présenter à la victime d’un accident du travail imputable à une personne autre
une offre d’indemnisation. que l’employeur ou ses préposés ; qu’après avoir cons-
taté que l’accident du travail dont a été victime M. X.
En cas d’acceptation de l’offre d’indemnisation : résultait de faits présentant le caractère matériel d’une
infraction imputable à une personne autre que son
• le Fonds de garantie transmet le constat d’accord au prési- employeur ou ses préposés, la cour d’appel a néan-
dent de la CIVI aux fins d’homologation ;
• la décision est notifiée sans délai au demandeur et au Fonds

de garantie ; 1) Rapport de M. Lesueur de Givry, conseiller rapporteur à la Cour de cassation.

TBA550 - 6
moins déclaré les demandes des consorts X. partie civile dans le cadre de la procédure pénale engagée
irrecevables devant la commission d’indemnisation des contre l’employeur ou les personnes qu’il s’est substituées,
victimes d’infraction ; qu’en statuant ainsi, la cour pour obtenir des dommages et intérêts.
d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses
constatations, et, partant, a violé l’article. 454-1 du
Exemple
Code de la Sécurité sociale ;
Mais attendu que les dispositions propres à l’indemni- Il résulte des dispositions d’ordre public de l’article L. 452-5
sation des victimes d’infraction ne sont pas du Code de la Sécurité sociale que si l’accident du travail est
applicables aux victimes d’un accident du travail impu- dû à la faute intentionnelle de l’employeur ou d’un préposé, la
table à un préposé d’un autre employeur que celui de victime conserve contre l’auteur de l’accident le droit de
la victime travaillant sur le même chantier ; » demander la réparation du préjudice personnel conformément
aux règles de droit commun sous réserve que ce préjudice ne
En résumé, que l’AT soit imputable à l’employeur ou à l’un de
soit pas réparé par application des dispositions du même
ses copréposés ou bien encore à un tiers étranger à l’entre-
code. Les coups portés par le supérieur hiérarchique aux lieu
prise, la victime ou ses ayants droit ne peuvent solliciter une
et temps de travail sont bien constitutifs d’une infraction dès
indemnisation complémentaire de leur préjudice en saisissant
lors qu’il s’agit de faits de violence intentionnelle.
la CIVI alors même que les textes applicables, c’est-à-dire les
articles L. 451-1 et L. 454-1 du Code de la Sécurité sociale et En conséquence, si la victime a été indemnisée de son inca-
l’article 706-3 du CPP ne s’opposent nullement à cette indem- pacité temporaire et des frais médicaux et pharmaceutiques
nisation (voir sur cette question l’avis précité de Monsieur selon les dispositions du Code de la Sécurité sociale, cette
Lesueur de Givry). indemnisation du préjudice n’est que partielle. La victime
pouvant demander réparation de ses préjudices personnels
selon les règles de droit commun, elle est recevable à saisir
b) Les exceptions au principe de l’interdiction de solliciter une
indemnisation complémentaire la CIVI et à bénéficier de la procédure indemnitaire des articles
706-3 et suivants du Code de procédure pénale dans la stricte
L’article L. 451-1 du CSS prévoit un certain nombre de cas limite de ces préjudices (Cour d’appel de Rouen, Chambre
qui permettent à la victime et à ses ayants droit d’obtenir une sociale, 31 janvier 2007, Juris-Data n° 2007-331898) :
indemnisation complémentaire en engageant un recours direc- « Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces
tement contre l’employeur ou ceux qu’il s’est substitués. de la procédure que M. X., gérant de la société S., a
Faute inexcusable de l’employeur – Lorsque l’accident est été définitivement condamné pour avoir commis des
dû à la faute inexcusable de l’employeur ou de ceux qu’il s’est violences contraventionnelles dans les locaux de
substitués dans la direction, la victime ou ses ayants droit ont l’entreprise, sur la personne de son salarié D. ; qu’il a
droit à une indemnisation complémentaire dans les conditions été déclaré entièrement responsable des consé-
définies aux articles suivants (article L. 452-1 du CSS), quences dommageables de cette infraction. Attendu
l’indemnisation complémentaire versée à la victime prend que, pour évaluer la durée de l’incapacité totale de
alors la forme d’une majoration de l’indemnité en capital ou travail subie par la victime et évaluer à 900 euros le
d’une majoration de la rente versée à la victime (article L. 452- montant de l’indemnisation due au titre des souf-
2 du CSS). frances endurées, (…) la cour d’appel n’a fait qu’user
de son pouvoir souverain, dans la limite des conclu-
Indépendamment de la majoration de rente qu’elle reçoit en sions des parties, l’importance du préjudice éprouvé
vertu de l’article L. 452-2, la victime a le droit de demander à par la victime. »
l’employeur devant la juridiction de Sécurité sociale la répara-
tion du préjudice causé par les souffrances physiques et (Cour de cassation, Chambre criminelle, 27 juin 2006, Juris-
morales par elle endurées, de ses préjudices esthétiques et Data n° 2006-034837).
d’agrément ainsi que celle du préjudice résultant de la perte
ou de la diminution de ses possibilités de promotion profes-
sionnelle. Si la victime est atteinte d’un taux d’incapacité 2. Demande d’indemnisation de la part des ayants droit
permanente de 100 %, il lui est alloué, en outre, une indemnité
forfaitaire égale au montant du salaire minimum légal en Interdiction de principe pour les ayants droit – Comme
vigueur à la date de consolidation.
nous l’avons vu plus haut, l’article L. 451-1 du CSS pose le

principe d’une interdiction pour la victime et ses ayants droit
Dans cette hypothèse, si la victime décide de se constituer d’exercer un recours de droit commun contre l’employeur et
partie civile devant la juridiction pénale, elle ne pourra solliciter ses préposés :
de dommages et intérêts pour obtenir une indemnisation com-
plémentaire de son préjudice. « Sous réserve des dispositions prévues aux articles
L. 452-1 à L. 452-5, L. 454-1, L. 455-1, L .455-1-1 et
De même, en cas d’accident suivi de mort, les ayants droit de L. 455-2 aucune action en réparation des accidents et
la victime mentionnés aux articles L. 434-7 et suivants ainsi maladies mentionnés par le présent livre ne peut être
que les ascendants et descendants qui n’ont pas droit à une exercée conformément au droit commun, par la
rente en vertu desdits articles, peuvent demander à victime ou ses ayants droit. »
l’employeur réparation du préjudice moral devant la juridiction
précitée (article L. 452-3 du CSS). Sur le plan pénal, la règle posée par l’article L. 451-1 du CSS
signifie que, si les ayants droit de la victime de l’infraction ont
Faute intentionnelle de l’employeur – Si l’accident est dû à la possibilité de se constituer partie civile pour intervenir au
la faute intentionnelle de l’employeur ou de l’un de ses pré- soutien de l’action publique, ils ne pourront pas, en revanche,
posés, la victime ou ses ayants droit conserve contre l’auteur solliciter des dommages et intérêts.
de l’accident le droit de demander la réparation du préjudice
causé, conformément aux règles du droit commun, dans la Définition de la notion d’ayant droit – La question s’est alors
mesure où ce préjudice n’est pas réparé par application du posée de savoir quelle définition il convenait de retenir pour
présent livre (article L. 452-5 du CSS). la notion « d’ayant droit ».
Donc, en cas de faute intentionnelle de l’employeur, le salarié Il existe en effet deux définitions dont les champs d’application
victime de l’AT, ou ses ayants droit, peuvent se constituer ne se recouvrent pas totalement.

TBA550 - 7
Il y a tout d’abord les ayants droit au sens de la législation sur « Attendu que les dispositions propres à l’indemnisa-
les AT/MP, c’est-à-dire les personnes qui se voient recon- tion des victimes d’infractions ne sont pas applicables
naître le droit à une rente en cas de décès de la victime de aux victimes d’un accident du travail imputable à
l’AT/MP (articles L. 434-7 à L. 434-14 du CSS). l’employeur ou ses préposés ainsi qu’à leurs ayants
droit ; que la notion d’ayant droit à prendre en consi-
Mais, la notion « d’ayant droit » peut aussi être entendue au dération est celle de l’article 706-12 du Code de
sens plus large retenu par le droit commun de la responsabilité procédure pénale ;
civile, c’est-à-dire toute personne qui a subi un préjudice direct Attendu, selon l’arrêt infirmatif attaqué, qu’Hervé X.
certain et réparable du fait de l’AT/MP. victime d’un accident du travail résultant d’une infrac-
tion imputable à son employeur, est décédé ; que sa
L’enjeu de cette question liée à la définition à donnée à la sœur, Mme Christine X., a saisi la commission
notion « d’ayant droit » était de savoir quel ayant droit d’indemnisation des victimes d’infractions (la CIVI) aux
pouvait éventuellement obtenir une indemnisation complé- fins d’obtenir réparation de ses préjudices moral et
mentaire sur le fondement du droit commun, c’est-à-dire quel économique ;
ayant droit échappait à l’interdiction de principe posée par Attendu que déclarer Mme X. recevable en sa
l’article L. 451-1 du CSS. demande d’indemnisation, l’arrêt énonce que l’article
L. 451-1 du Code de la Sécurité sociale interdit sauf
Sur cette question d’importance, la jurisprudence a considéra- exceptions aux ayants droit de la victime d’un accident
blement évolué. du travail d’agir en réparation de leur préjudice "con-
formément au droit commun" ; qu’il ne résulte pas des
Elle a dans un premier temps décidé que seuls les ayants droit articles L. 434-7 à L. 434-14 dudit code que Mme X.
au sens du CSS entraient dans le champ d’application de ait la qualité d’ayant droit d’Hervé X. ; que celle-ci est
l’article L. 451-1 du CSS : donc recevable à saisir la CIVI d’une demande
d’indemnisation. »
« Mais attendu que l’expression d’ayants droit figurant
dans l’article L. 451-1 du Code de la Sécurité sociale (Cass. civ. 2e, 25 janvier 2007, Juris-Data n° 2007-037076).
vise uniquement les personnes énumérées aux arti- Il faut ajouter à cette décision un précédent arrêt de la Cour
cles L. 434-7 à L. 434-14 du même code, qui de cassation daté du 21 décembre 2006 par lequel la Cour de
perçoivent des prestations en cas de décès accidentel cassation a jugé la demande des ayants droit irrecevable au
de leur auteur ; que le conjoint de la victime d’un acci- motif que les dispositions propres à l’indemnisation des vic-
dent du travail, lorsque cette victime a survécu, n’a times d’infraction ne sont pas applicables aux victimes d’un
pas la qualité d’ayant droit, au sens de l’article L. 451- accident du travail imputable à un préposé d’un autre
1 précité, et peut, dès lors, être indemnisé de son pré- employeur que celui de la victime travaillant sur le même
judice personnel, selon les règles du droit commun. » chantier (Cass. civ. 2e, 21 décembre 2006, Juris-Data n° 2006-
036629).
(Cass. Ass. plén., 2 février 1990, Juris-Data n° 1990-000499 ;
voir aussi Cass. crim., 28 mars 2006, Juris-Data n° 2006- Par cette définition de la notion d’ayant droit, la Cour de cas-
033184). sation a donc décidé qu’aucun ayant droit d’une victime d’un
AT ne pouvait obtenir une indemnisation de son préjudice per-
Mais, par une décision en date du 25 janvier 2007, la Cour de sonnel selon les règles du droit commun et ce, que l’AT soit
cassation s’est référée à la définition de la notion d’ayant droit imputable à l’employeur ou l’un de ses copréposés ou à un
telle que visée à l’article 706-12 du CPP : tiers étranger à l’employeur.

TBA550 - 8
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Les accidents du travail

I – Introduction ............................................................................................ TBA550 - 2

ne obligation générale de sécurité pèse sur chaque employeur, ce dernier

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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

I - INTRODUCTION L’accident du travail est donc un événement soudain, survenu

• du caractère professionnel de l’accident ou de la maladie ;

• cotisations « accident du travail » (AT) complémentaires. Le contentieux technique – Il concerne :

• amendes pénales. • l’état d’inaptitude et taux de cette inaptitude en cas d’accident

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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

Obligation pour l’entreprise de se soumettre au contrôle – B. L’initiative de la poursuite

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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

• soit par citation directe de l’auteur présumé pour les délits et

• soit par le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile

d’exercer un recours de droit commun contre l’employeur et

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LES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET LA RESPONSABILITÉ PÉNALE

• la décision est notifiée sans délai au demandeur et au Fonds

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nous l’avons vu plus haut, l’article L. 451-1 du CSS pose le

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