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LE MANAGEMENT EN QUESTION S
Le management est un art qu’il convient de repenser continuellement face à l’évolution incessante du
contexte économique et social. Depuis les années 80, de nombreux modèles de management se sont
succédés en apportant des vagues continues de nouvelles règles et de nouvelles théories aussi
séduisantes les unes que les autres. Des cercles de qualité à la pyramide inversée, du management
participatif au re-engineering, du benchmarking aux «best pratices», du «think global, act local» à la
corporate governance, de l’avantage concurrentiel à l’actuelle création de valeur, les méthodes
managériales sont pléthores.
Offrant toutes un schéma de référence à suivre dans un contexte précis, elles ont le mérite d’apporter
une plus grande sagacité dans les réflexions et les décisions stratégiques des grandes comme des
petites et moyennes entreprises. Toutefois le ralentissement de l’économie mondiale, l’explosion de la
bulle spéculative Internet, le naufrage inattendu de nombreuses et prometteuses start-up bâtis sur de
nouvelles formes d’organisation avec disparition du modèle hiérarchique traditionnel, ainsi que la
dérégulation financière, la globalisation de la concurrence et la révolution des techniques de
communication induisent l’obligation d’une conduite permanente du changement.
Parallèlement, la remise en cause de la Valeur Travail accentue encore davantage cette nécessité
d’ancrer le changement dans les mentalités avant que de l’imposer dans les actions.
Il est vrai que l’ensemble des événements cités contribuent actuellement à alimenter chez les
dirigeants un nouveau questionnement sur les bonnes
techniques de management à adopter. D’après Hervé Serieyx, auteur et consultant spécialiste du
management, il est étonnant «d’observer l’écart grandissant entre les discours des dirigeants, ce qu’ils
font sur le terrain et le ressenti des gens». Pour lui, le management n’est pas une science mais une
pratique : «Rien n’est pire que de l’apprendre à l’école comme on apprend la gestion ou la
comptabilité et de croire que cela suffit pour devenir un bon manager». Il poursuit en soulignant qu’en
tant que pratique «le management évolue avec le contexte économique. Ors nous vivons une période
où ce dernier se transforme de manière radicale. Avant, la stabilité était la règle et l’incertitude
l’exception. Aujourd’hui, c’est l’inverse».
LE MYTHE DU CHANGEMENT
Pour de nombreux dirigeants, la véritable conduite du changement dépasse largement les notions
d’organisation, de productivité et de compétitivité face à une situation donnée. Elle commence par la
constance de la qualité du leadership exercé en interne sur les troupes et se termine par la maîtrise
optimale des ressources humaines et du capital humaine et intellectuel disponible en chaque
collaborateur. Elle doit pouvoir garantir la pérennité de l’entreprise sur son marché tout en améliorant
constamment son efficience globale en interne comme en externe.
Pour Hervé Serieyx, il convient de s’orienter vers un management qui reconnaisse enfin les personnes
en transformant notamment les modes de récompense (sanction, responsabilisation, promotion).
Selon lui, il faut promouvoir ceux qui innovent et rétrograder ceux qui ne jouent pas le jeu. «Si on
continue à demander aux cadres de travailler selon les méthodes de demain (en réseau, par projet…)
en appliquant un système de récompense et de management d’hier, où seuls grimpent ceux qui sont
dociles et ne font pas de vagues, on restera à hier !».
Dès lors, avant d’envisager tel type d’action, il convient de revenir aux préalables intangibles de
l’entreprise qui sont certes d’atteindre la performance commerciale et financière par la pérennisation
de son outil de travail et de son portefeuille clients, mais en le faisant dans un souci de création de
valeur à partir d’un cadre de travail épanouissant pour chacun des collaborateurs. Cette règle de base
étant posée, il devient alors possible d’asseoir la bonne méthode aux bonnes personnes au bon
moment !
Si les entreprises veulent survivre, elles doivent d’abord impérativement miser sur la révolution du
comportement des managers. C’est l’opinion développée par Hervé Serieyx dans l’un de ses derniers
ouvrages «Est-ce que la manage-ment ?» considérant que «les salariés ne continueront pas
longtemps à accepter les cadences qu’on leur impose. Nous sommes à la limite de l’acceptable».
Pour ce consultant également PdG d’entreprise, «l’une des principales tâches du manager vis-à-vis de
ses collaborateurs, c’est l’éducation, au sens que lui prête le professeur Albert Jacquard qui explique
qu’éduquer vient de 2 verbes latins : educare, transmettre et exducere, conduire dehors, c’est à dire
libérer l’autre de moi-même». Pour pratiquer un bon management, il convient donc de «transmettre à
son collaborateur les normes, les règles du jeu, les procédures… et l’aider à devenir lui-même, à
s’émanciper de moi pour qu’il puisse innover, prendre des initiatives».
LA SOLUTION À 70%
La marine américaine est réputée pour ses capacités de leadership, ainsi que pour la préparation mentale
de ses commandants. Elle leur dispense notamment 5 enseignements majeurs :
. Une solution acceptée par 70% des hommes est préférable à un consensus à 100%.
. L’indécision doit être évitée à tout prix ; c’est une erreur fatale beaucoup plus grave qu’une mauvaise décision.
. Les objectifs poursuivis lorsqu’une décision est prise doivent être clairement expliqués. Il faut ensuite laisser les
subordonnés gérer les points de détails.
. Les erreurs doivent être tolérées, voire encouragées lorsqu’elles se traduisent la fois suivante par une
amélioration des résultats.
. Chacun, si nécessaire, y compris les personnes en première ligne, doit être préparé à prendre la direction des
opérations.
Parmi les autres recommandations pragmatiques de cet auteur, «le manager n’a pas pour rôle d’être
gentil mais d’améliorer la performance. Quand on gère une équipe, on peut faire ce que l’on veut chez
soi. Ce principe est également valable pour le middle management qui ne doit pas s’avouer prisonnier
du mode de management de son propre patron. Un bon chef doit être capable d’être un peu hypocrite
et de parler à sa hiérarchie le langage de la hiérarchie, tout en continuant à appliquer ses propres
critères au sein de son équipe».
Chaque jour, le manager doit s’obliger à 3 devoirs dans l’animation de son équipe :
Les 7 principales attentes récurrentes du salarié vis à vis de son manager direct en vue
d’améliorer sa fidélité et sa productivité sont :
Dans un emploi, la motivation varie selon une courbe immuable articulée selon 4 phases successives, dont la
durée (n) dépend naturellement de la personnalité du sujet :
Le second enseignement tiré de l’exploitation du gigantesque travail réalisé par Gallup recouvre 4
règles essentielles du management. Il apparaîtrait que les «grands» managers, en terme de
performance économique et de développement de leurs équipes, ont des constantes communes dans
leurs pratiques en sachant miser sur les points forts de gens.
À FAIRE :
. Etre transparent et cohérent pour tout ce qui concerne l’information
. Identifier les poches de résistances
. Commencer par une nouveauté facile à réaliser pour montrer que cela marche
. Identifier les leaders : vieille loi sociologique qui consiste à convaincre d’abord les relais
. Proposer de la formation à ceux qui doutent de leurs capacités d’adaptation
À NE PAS FAIRE :
. Prêcher «il faut changer» sans donner l’exemple par un engagement personnel
. Donner de l’illusion sur le court terme en faisant de fausses promesses
. Manager par la terreur, le harcèlement moral ou la contrainte
. Manipuler par paternalisme ou copinage
. Vouloir tout faire passer en douceur en évitant d’oser la confrontation
La qualité d’un bon management doit également se juger sur des critères simples et invariants. Selon
Dominique G. Mars, chairman de Mars & Co, le chef d’entreprise doit s’astreindre à respecter certains
principes cardinaux. D’après lui, la plupart des échecs retentissant dans la nouvelle économie comme
dans l’économie traditionnel s’expliquent par leur non observation.
LA CONDUITE DU CHANGEMENT S
LE «CHANGE MANAGEMENT»
Tout changement annoncé par le manager suscite toujours une réponse graduelle en 5 phases chez chaque
salarié :
3 CONTRAINTES MAJEURES
La contrainte du changement est un passage obligé dans le processus managérial moderne. Il est
clair que 2 grandes tendances président toujours à la nécessité de la mise en place du «change
management» : un environnement mouvant et complexe ; l’application de stratégies plus souples.
Dans les 2 cas, il s’agit de faire face correctement à 3 types de contraintes majeures :
l’environnement institutionnel, l’environnement technologique, l’environnement concurrentiel :
. L’environnement institutionnel
Passage à l’euro, 35 heures, RTT… les lois sociales et économiques imposent en permanence la
mise en place de nouvelles règles, l’implantation de nouvelles organisations, de nouvelles méthodes
et de nouveaux outils. Ces changements lourds nécessitent de s’intégrer dans des projets à la fois à
court terme, moyen et long terme en modifiant profondément les relations internes au sein de
l’entreprise.
. L’environnement technologique
E-business, Internet, réseau, nomadisme électronique… sont autant d’évolutions qui entraînent des
modifications de comportement parmi les acteurs de première ligne de l’entreprise (clients,
commerciaux…). Les rapports avec la clientèle ont tendance à évoluer inexorablement vers une plus
grande proximité et personnalisation, mais aussi vers une plus forte infidélité, ce qui suppose d’utiliser
de nouveaux moyens marketing (CRM, Net, techniques de fidélisation…) dans une fuite en avant
permanente.
. L’environnement concurrentiel
Rapprochement, alliance, fusion, changement de métier, restructuration de marché, décision
capitalistique imposent une adaptation permanente, afin de ne pas se laisser distancer sur son
marché ou perdre une opportunité.
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MANAGEMENT DE PROJET : 10 CONSEILS POUR ÉVITER LE «BLUES DE LA 2 ANNÉE»
e
«Crise de maturité» ou «blues de la 2 année», les spécialistes du management d’équipe parlent tous de l’usure
qui gagne peu à peu toute organisation humaine associée à un projet. Ils sont unanimes pour constater qu’au
bout de 1 à 2 ans après le lancement d’un projet associant une équipe, le soufflet retombe sous forme de perte
de motivation, d’éparpillement et de baisse d’efficacité.
. Faire du soutien à l’équipe une priorité en maintenant l’enthousiasme par tous les moyens ;
. Se tenir au courant de l’avancement du projet en devenant «l’attaché de presse» de l’équipe auprès de la
direction ;
. Encourager l’acquisition de connaissances nouvelles et la formation ;
. Réévaluer périodiquement les objectifs de la mission à la lumière des changements de priorité affectant
l’entreprise ;
. Rappeler les règles du jeu lorsque la réunion dérape ou se dégrade, en revenant aux directives initiales et/ou à
la définition de nouvelles ;
. Développer une culture qui favorise le travail en équipe et surtout l’autonomie de décision de chacun ;
. Assurer dans le groupe un roulement des fonctions, par tirage au sort, dans le but de rompre à la longue la
monotonie des tâches ;
. Récompenser les salariés lorsque l’objectif est atteint, surtout si les résultats de la mission ont une incidence
financière notable ;
. Penser à informer régulièrement les collaborateurs des projets, initiatives et autres nouveaux défis de
l’entreprise ;
. Ne pas hésiter à faire appel à des intervenants extérieurs pour stimuler la réflexion et revitaliser le groupe.
ANTHROPOLOGIE DU MANAGEMENT S
Pour nombre de chercheurs en sciences humaines, le parallélisme avec l’exotisme de certaines tribus
est courant dans le milieu de l’entreprise. Les dernières recherches en matière de théorie de la
décision des dirigeants d’entreprises confirment que ceux-ci restent largement tributaire d’une certaine
météorologie des événements, souvent éloignée de la sacro-sainte rationalité économique. Une
évidence que confirme Andreu Solé, professeur à HEC, dans son livre «Créateur du monde, nos
possibles et nos impossible» paru aux Editions du Rocher en expliquant, que «loin des thèses
rationalistes traditionnelles, les dirigeants se laissent conduire par leurs «possibles et impossibles»,
des décisions en réalité non conscientes. Le détour anthropologique qui confronte à des mondes
primitifs peut aider à comprendre cette dimension du processus de décision».
L’ORGANISATION KOGIS
Pour mieux asseoir une vision globale, anticiper les déséquilibres ou favoriser la complémentarité des
fonctions face à des modèles de management rapidement périssables, certains consultants en sont
venus à se référer à l’anthropologie et au fonctionnement pérenne et harmonieux de certaines
sociétés primitives. Parmi les exemples cités, la préférence va à une tribu primitive d’indiens de
Colombie, les kogis. La principale particularité de cette organisation tribale est de fonctionner sans
chef, obligeant ses membres à développer un sens aigu de la négociation. Ainsi par exemple, la prise
de décision définitive est toujours précédée de longues réunions dans le noir, de façon à ce que
chacun se sente libre de s’exprimer et puisse accepter facilement la contradiction, sans le parasitage
d’émotions inutiles et/ou de formes d’agressivité habituelles en face à face.
En terme d’enseignement pour le management participatif, cette aptitude à «l’intelligence collective»
est une qualité particulièrement recherchée par les chefs d’entreprise qui souhaitent faire partager leur
vision à l’ensemble de leurs collaborateurs.
D’après Jean Michel Mousset, président du Groupe de Transport Mousset, «la recherche des causes
en cas de conflit, la part des discussions et d’humain dans les projets des Kogis en font des modèles
tout à fait pertinent. Le fait pour nous d’impliquer l’orateur de base dans les décisions de l’entreprise à
travers des groupes de qualité est finalement assez proche de la démarche des Kogis».
D’après Lorenzo Brutti, ethnologue au CNRS, il existe déjà de nombreux parallélisme entre les tribus
primitives et les entreprises modernes. Par exemple «en Mélanésie, dans les tribus Oksapmin et
Baruya, le pouvoir n’est pas héréditaire et on devient un «big man» en se distinguant des autres.
Guerrier ou chaman on gagne son pouvoir, un peu comme un manager. De même en Nouvelle-
Guinée, on est passé d’un état de guerre entre plusieurs sociétés à quelque chose de plus
symbolique, qu’on nomme «l’échange cérémoniel compétitif» et qui peut, d’une certaine manière,
s’apparenter à de la compétition économique : on échange des cochons contre des terres, le but étant
de négocier au mieux avec son voisin, et de s’enrichir. Enfin, dans la tribu des Hewa, qui est une
société régie par la sorcellerie, rien n’arrive par hasard. Ce qui nous apparaît comme un événement
isolé, est pour le Hewa une suite tout à fait logique d’événements. Mais n’y a-t-il pas aussi en
économie une certaine irrationalité, voire sorcellerie, à suivre aveuglément certaines règles ou
croyances du marché ?».
VALEUR DU TRAVAIL S
La relation entre valeur attachée au travail et management est indissociable. Elle conditionne la
qualité d’implication à la tâche des salariés et l’efficience du dirigeant à mobiliser le meilleur des
ressources disponibles face au changement.
Pour Michel Lallement du Cnam, «La nouvelle rationalisation du travail sera au XXIe siècle ce que
l’usine a été au XIXe siècle». Ce propos tend à confirmer à la fois le changement du rapport au travail
vécu par les salariés d’aujourd’hui et par extension, la nécessité d’adopter de nouvelles formes de
management en adéquation avec état de fait. Force est de constater l’important recul de la Valeur
Travail dans les pays nantis. En France, comme dans de nombreux pays européens, seulement 1/3
de la population active pensent que le «travail doit toujours passer en premier».
D’après Jean Viard, sociologue à l’IEP Paris, «de même qu’on est passé du devoir conjugal au plaisir
sexuel, on est passé du devoir de travailler au plaisir de la réalisation». Aujourd’hui, les gens ne
veulent plus consacrer tout leur temps et toute leur vie au travail. Cette évolution sociologique signifie
que la Valeur Travail (hors métiers artisanaux, libéraux et de production qualifiée) ne se transmet plus
par le travail lui-même qui est dorénavant devenu largement abstrait, dématérialisé et délocalisé
(informatique, bureautique, administration…) mais directement par les loisirs vécus dans la sphère
privé (bricolage, jardinage…).
«Autrefois, les gens construisaient leur projet personnel à l’intérieur du cadre professionnel.
Aujourd’hui, ils définissent celui-ci à l’intérieur de leur projet privé» expliquent en commun Armand
Braun et Maxime Legris de l’Institut de l’entreprise. Pour eux, il est par conséquent normal de voir
comment se creuse et se dégrade chaque jour l’écart entre des méthodes et des comportements
issus du management traditionnel et les aspirations profondes (et révoltes) des salariés de l’ère post-
industrielle.
Aujourd’hui, les grands dirigeants ne parlent même plus de Travail au sens industriel du terme, mais
plutôt de culture «technique», «managériale», «entrepreneuriale», de «service», de «terrain» ou
encore de «client», de «leadership», de «participation» ou de «solidarité» !
Il est vrai que rien n’a jamais été constant dans la considération de la valeur du Travail à travers les
âges. Déjà dans l’antiquité, le travail était considéré comme une activité ignoble. Selon Aristote dans
La Politique : «On ne doit point compter au nombre des citoyens, les personnes engagées dans les
professions mécaniques ou dans le commerce, ce genre de vie étant ignoble et contraire à la vertu».
A l’époque de la Réforme, un auteur comme Calvin dans Institution de la religion chrétienne énonçait,
au contraire, que «Tous ceux que le Seigneur a adoptés et reçus en la compagnie de ses enfants se
doivent préparer à une vie dure, laborieuse, pleine de travail et d’infinis genres de maux». Il faut
attendre Les Lumières avec Diderot et d’Alembert pour que le travail soit considéré à la fois comme
une contrainte et une libération «Le travail, c’est l’occupation journalière à laquelle l’homme est
condamné par son besoin, et à laquelle il doit en même temps sa santé, sa subsistance, sa sérénité,
son bon sens, et sa vertu peut-être».
Pour Marx dans les Manuscrits de 1844 : «L’aliénation de l’ouvrier dans son produit signifie seulement
que son travail devient un objet (…) mais que son travail existe en dehors de lui (…) et devient une
puissance autonome vis-à-vis de lui, que la vie qu’il a prêtée à l’objet s’oppose à lui, hostile et
étrangère».
Après l’ignominie du travail (Aristote), la peine de toute une vie (Calvin), une contrainte et une
libération (Diderot) et une aliénation (Marx), il faut attendre les «Trente Glorieuses» (1950 à Fin 70) et
une partie des «Vingt Piteuses» (années 80 à 2000) pour que la productivité du travail devienne reine
avec son cortège de louanges et de vertus. Actuellement, se produit une courbure significative vers la
société dite de loisirs. Un nouveau saut dans l’inconnu qui fait dire à Hannah Arendt, que nous
formons «une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait
plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner
cette liberté !».
B TO E S
LE CAPITAL HUMAIN AU CŒUR DU MANAGEMENT
Selon le cabinet Gartner «vers 2004, les stratégies liées au capital humain seront le premier
différenciateur de performances dans les entreprises à forte intensité de savoir-faire et de main-
d’œuvre». Dans cette logique, les directions générales mettent de plus en plus la gestion des
ressources humaines au cœur de leurs principes de management en vue de réaliser leurs objectifs de
croissance. L’association inéluctable entre nouvelle économie, technologies du Net et Ressources
Humaines conduit progressivement les entreprises et les salariés vers une e-culture professionnelle à
la fois plus globale et plus personnalisée destinée à attirer, développer et retenir les talents et les
compétences.
Cette évolution s’inscrit dans l’arrivée plus globale et encore informelle d’un nouveau modèle
historique d’organisation industrielle consistant à «wébiser» peu à peu l’entreprise du futur, en vue de
répartir le travail à l’intérieur de communautés de réseaux.
Dans cette perspective, le e-HR, c’est-à-dire l’exploitation des technologies du Net (e) au service des
Ressources humaines (Humans Resources) est semble-t-il un nouveau levier managérial pour créer
davantage de valeur ajoutée dans le travail quotidien de l’employé. A partir de n’importe quel poste
informatique, d’un portail unique «maison» et d’une homepage traditionnelle facilement lisible et
accessible, l’idée est d’offrir aux salariés de l’entreprise un large éventail de services personnalisés
utiles à l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes, comme à un travail collaboratif entre
collègues et services.
. Information du personnel
. Management de la connaissance (Knowledge management)
. Information et opportunités d’emplois
. Annuaire société
. Communication société
. Œuvres sociales
. Travail collaboratif
. Rémunération et avantages sociaux
. Formation et développement
. Information boursière
. Groupe de travail
. Banques de données
Source : PricewaterhouseCoopers
QUEL PORTAIL B TO E ?
Comme dans toute conduite du changement, l’e-culture et le B2E supposent de bien identifier les
freins psychologiques, politiques, techniques et managériaux existants dans l’entreprise.
. La culture actuelle d’entreprise permet-elle un réel partage de l’information, alors que le pouvoir
repose encore largement sur sa rétention ?
. Peut-on promouvoir une véritable e-culture lorsque les dirigeants et managers conversent encore
trop souvent par fax ou par courrier et utilisent peu leur ordinateur ?
. L’actuelle organisation matricielle fonctions-métiers se prête-t-elle à une vision globale et en ligne de
l’entreprise, alors que les actuels réseaux d’information dans l’entreprise s’avouent fortement
captifs ?
. La sécurité informatique ne va-t-elle pas limiter les possibilités d’échanges et de connexion ?
. Est-ce que l’actuelle direction informatique est un point objectif de blocage «Ça ne va pas être
possible !» ou au contraire, un précieux allié facteur de simplification dans la mise en œuvre ?
. Est-il possible de mettre en place, de manière simple et ergonomique, une infrastructure informatique
et technologique complexe (mise en réseau, différents modes d’accès, interfaces Web, applications
fonctionnelles internes et externes, recours à des bases de données…) ?
. Quel est le degré nécessaire de formation, d’information et d’apprentissage pour chaque employé
afin de les rendre rapidement performant ?
A titre de simulation, lever virtuellement les freins à l’arrivée de l’e-culture est le signe effectif d’une
véritable évolution des mentalités au sein de l’entreprise. Dans cette perspective, il permet d’entrevoir
positivement toute forme de conduite du changement de grande ampleur, même sur des bases plus
traditionnelles.