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Les bactéries de type coque à Gram positif catalase négative constituent un groupe très hétérogène
composé d’au moins 30 genres au sein de plusieurs familles dont les Aerococcaceae, Enterococcaceae,
Lactobacillaceae, Leuconostocaceae, Streptococcaceae. Les espèces les plus fréquemment isolées en
pratique médicale sont examinées dans un autre chapitre. Cependant, il existe d’autres espèces
bactériennes dont le diagnostic différentiel avec les streptocoques-entérocoques n’est pas toujours aisé
d’autant qu’elles sont rarement isolées en pratique médicale et donc, méconnues des biologistes. Aussi il
convient d’examiner en particulier les principaux caractères bactériologiques ainsi que la sensibilité aux
antibiotiques des Aerococcus dont Aerococcus urinae, des leuconostoques dont Leuconostoc
mesenteroides et enfin des Pediococcus dont Pediococcus acidilactici et Pediococcus pentosaceus.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan Tableau 1.
Classification des coques à Gram positif dans l’ordre des Lactobacillales
pour leur intérêt médical.
¶ Introduction 1
¶ Aerococcus 2 Famille Genre Espèces pathogènes
Introduction 2 (homme)
Historique 2 Aerococcaceae Abiotrophia
Habitat-pouvoir pathogène 2 Aerococcus Aerococcus urinae
Principaux caractères bactériologiques 3 Aerococcus
Diagnostic bactériologique 3 urinaehominis
¶ Leuconostoc 5 Aerococcus viridans
Introduction 5 Dolosicoccus
Historique 5 Dolosigranulum
Habitat 5 Facklamia
Pouvoir pathogène chez l’homme 5
Globicatella
Principaux caractères bactériologiques 5
Culture et identification 5 Carnobacteriaceae Alloiococcus
Antibiogramme 6 Granulicatella
¶ Pediococcus 7 Enterococcaceae Enterococcus
Introduction 7 Tetragenococcus
Historique 7 Vagococcus+
Habitat 7
Pouvoir pathogène chez l’homme 7 Lactobacillaceae Pediococcus+ Pediococcus acidilactici
Principaux caractères bactériologiques 8 Pediococcus pentosaceus
Culture et identification 8 Leuconostocaceae Leuconostoc Leuconostoc citreum
Antibiogramme 8 Leuconostoc lactis
L. mesenteroides
L. pseudomesenteroides
■ Introduction Streptococcaceae Streptococcus
Lactococcus
Au sein des bactéries ayant un intérêt médical et dont la
morphologie est de type coques à Gram positif, prédominent les Weissella
staphylocoques, mais aussi les streptocoques dont les pneumo- Peptostreptococcaceae* Helcococcus
coques et enfin les entérocoques sans oublier d’autres germes *Ordre des Clostridiales, donc anaérobies stricts.
apparentés tels les Abiotrophia ou les Gemella. Cependant, au
cours des 15 dernières années sont apparues en liaison avec les
progrès de l’identification de nouvelles bactéries ou dénomina-
tions s’accompagnant d’importants remaniements taxo- Le Tableau 1 précise les principaux genres impliqués en
nomiques [1-5]. bactériologie médicale au sein des coques à Gram positif dont
Biologie clinique 1
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90-05-0120 ¶ Autres coques à Gram positif catalase négative d’intérêt médical : Aerococcus, Leuconostoc, Pediococcus
Tableau 2.
Coques à Gram positif : principaux caractères bactériologiques en fonction du genre.
Genre Aspect CAT OXY VAN GLU PYR LAP NaCl BE Croissance Mobilité Hémolyse
10 °C 45 °C
Abiotrophia A, C, P, T - - S + + + - - - - V A, 0
Aerococcus P, T - + faible S + + - + + - - - A
Alloiococcus P, T - + faible S + + + + + - - - 0
Facklamia A, C, P, T - - S V V V V - - - - A, 0
Gemella C, P - - S + + + - - - - - A, 0
Globicatella C, P - - S + V V + V - V - A
Helcoccus A, C, P, T - - S + V V V - - - - 0
Lactococcus C - - S + + + V + + V - A, 0
Leuconostoc C - - R + gaz - - V V + + - A, 0
Pediococcus CP, T - - R + - + V + - V - A
Streptococcus C - - S + V + V V - V - A, B, 0
Tetragenococcus C - - S + - + + + - + - A
Vagococcus C - - S + V + + V + - V A, 0
Weissella A, C, P, T - - R + gaz + V V - A, 0
Aspect morphologique, A : amas ; C : coques ; P : paire ; T : tétrade ; V : variable ; CAT : catalase ; OXY : oxydase ; VAN : vancomycine ; S : sensible, R : résistant ; GLU :
acidification du glucose ; PYR : pyrrolironyl-arylamidase ; LAP : leucine arylamidase ; NaCl : croissance en présence de 6,5 % de NaCl ; BE : test bile-esculine ; croissance à 10 °C
et/ou à 45°C ; hémolyse sur une gélose au sang de mouton ; A : alpha ; B : bêta ; 0 : pas d’hémolyse.
une majorité de bactéries (catalase négative) a été examinée responsable d’infections de la sphère urinaire ou encore de
dans le chapitre de la famille des Streptococcaceae. Aerococcus viridans plus souvent isolée d’hémocultures (endocar-
Nous évoquons dans ce chapitre, certaines autres bactéries dites) mais aussi d’infections urinaires.
lactiques qui se définissent comme des bactéries à Gram positif
aéro-anaérobies utilisant les hydrates de carbone comme
principale source d’énergie avec production d’acides dont l’acide Historique
lactique. Ces bactéries comprennent plusieurs genres tels les
genres Aerococcus, Pediococcus et Leuconostoc. Celles-ci sont Le genre Aerococcus dont l’espèce Aerococcus viridans a été
largement répandues dans l’environnement, présentes essentiel- proposée dès 1953 pour classer des coques à Gram positif,
lement sur les végétaux dont le raisin, les matériaux d’origine catalase négative, aéroanaérobies, se différencie surtout des
végétale et les aliments. Certaines sont des commensaux des streptocoques par le mode de groupement [8]. Les travaux de
muqueuses orodigestives et génitales (vagin) [6]. Cependant Bosley de 1990 réalisant des hybridations ADN-ADN sur une
diverses espèces sont très connues, car largement utilisées dans dizaine de souches de A. viridans ont montré leur éventuelle
l’industrie alimentaire (vinification, par exemple), alors que séparation en deux groupes (genomospecies probables). Mais les
d’autres peuvent, au contraire, modifier la qualité des aliments homologies de séquences (ARNr 16S) montrèrent un pourcen-
ou des boissons. Les Pediococcus sont ainsi utilisés comme tage d’homologie élevé, de l’ordre de 99 % entre les souches des
probiotiques chez l’animal, et plus récemment chez l’homme groupes.
comme alicament [7]. Enfin, ces bactéries peu virulentes sont Finalement Aerococcus viridans, dénomné aussi Gaffkya homari,
quelquefois reconnues comme étant des agents de colonisation, ou encore Pediococcus homari appartient bien au genre Aerococ-
voire des pathogènes opportunistes rares chez des malades cus. D’autres espèces ont été décrites par la suite dont A.
fragilisés ayant reçu certains agents antibactériens dont les christensenii, A. sanguinicola, A. urinae, A. urinaeequi et enfin A.
glycopeptides. Car les souches de Leuconostoc et Pediococcus urinaehominis qui a été validée en 2005 pour reclasser Pediococ-
expriment naturellement une résistance à certains glycopeptides cus urinaeequi. Cette dernière espèce est d’ailleurs sensible aux
dont la vancomycine et la teicoplanine. Elles sont notamment glycopeptides comme les espèces du genre Aerococcus (8, http :
responsables de bactériémies s’accompagnant ou non d’une //www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/aerococcus.html).
endocardite, d’abcès pouvant être polymicrobiens ou encore
d’infections urinaires. Le Tableau 2 précise les principaux
caractères bactériologiques des Aerococcus, Leuconostoc et Habitat-pouvoir pathogène
Pediococcus au sein des coques à Gram positif ayant un intérêt
médical [3, 8]. A. urinae a été rattaché au genre Aerococcus après sa mise en
Cependant en raison de leur rareté et donc d’une méconnais- évidence au Danemark dès 1989 dans des prélèvements urinai-
sance des biologistes, les approches génomiques récentes res ou des infections à point de départ urinaire [3, 8]. Son habitat
comme le séquençage du gène codant pour l’ARN ribosomal normal chez l’homme n’est pas connu avec certitude. En
16S ou plus rarement celui de la superoxide dismutase revanche, en médecine vétérinaire, est plutôt impliquée une
Mn-dépendante (SodA) peuvent constituer un recours efficace autre espèce, Aerococcus viridans, isolée de homards atteints de
pour une meilleure approche diagnostique [9-12]. gaffkiose. Cette espèce est le plus souvent considérée comme un
contaminant de l’air, par ailleurs présente dans divers prélève-
ments : eau douce, eau de mer, sol, sédiments marins, végétaux,
■ Aerococcus Cependant A. viridans peut se comporter comme un pathogène
opportuniste de l’homme [3].
L’existence d’autres espèces, quelquefois isolées chez
Introduction l’homme, pose le problème du diagnostic différentiel d’espèce
telles A. christensenii isolée du vagin de la femme ou de A.
Le genre Aerococcus présente peu d’intérêt en médecine sanguinicola isolée d’urocultures ou d’hémocultures chez
humaine, à l’exception de Aerococcus urinae, espèce émergente l’homme [1-3, 5, 8]. A. urinae a été retrouvé, dès 1989, dans des
2 Biologie clinique
Tableau 3.
Aerocococcus : caractères d’identification en espèces.
Acidification Hydrolyse
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
A. christensenii - - - - - - - - - V
A. sanguinicola - + - - + + + + + + + +
A. urinae - - + V + - + - + - + -
A. urinaeequi V + V + + -
A urinaehominis - + - + + - + - - - + +
A. viridans + + V V + + V + - - + V
1 : lactose ; 2 : maltose ; 3 : mannitol ; 4 : ribose ; 5 : saccharose ; 6 : tréhalose ; 7 ; bêtaglucuronidase ; 8 : acide pyroglutamique arylamidase (PYR) : 9 : leucine arylamidase
(LAP) ; 10 : arginine dihydrolase (ADH) ; 11 : hippurate ; 12 : esculine.
faible [3].
Biologie clinique 3
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90-05-0120 ¶ Autres coques à Gram positif catalase négative d’intérêt médical : Aerococcus, Leuconostoc, Pediococcus
Vagococcus fessus
Abiotrophia para-adjacens
Abiotrophia adjacens
Abiotrophia elegans
Granulicatella elegans
Granulicatella balaenoptera
Atopobacter phocae
Aerococcus urinae
Aerococcus urinae
Souche à identifier ?
Aerococcus urinae
Aerococcus urinae
Aerococcus christensenii
Aerococcus rochesterensis
Aerococcus sp.
Pediococcus urinaeequi
Aerococcus viridans
Aerococcus urinaehominis
0,01
Figure 2. E. urinae : culture sur CPS® après 48 h en atmosphère am- Figure 5. E. urinae : identification d’une souche après séquençage du
biante à 37 °C. gène codant pour l’ARN 16S et analyse sur le site BIBI [10].
Caractères génomiques
L’amplification génique (PCR) suivie d’un séquençage du
gène codant pour l’ARNr 16S est l’approche la plus classique et
peut permettre rapidement et sûrement un diagnostic de
certitude, en particulier pour un biologiste peu familiarisé avec
cette espèce (Fig. 5).
Figure 3. E. urinae : culture sur URI4® après 48 h en atmosphère
ambiante à 37 °C. Sensibilité aux antibiotiques - Traitement
Les méthodes de détermination de la sensibilité aux antibio-
tiques ne sont pas standardisées pour ce type de bactéries (cf.
les galeries API Rapid ID 32 STREP® qui permettent une excel- recommandations du CA-SFM - 2007) [24]. Différents milieux de
lente identification, en particulier avec l’usage du logiciel culture et conditions d’incubation ont été utilisés, dont la
intégrant la base de données (Fig. 4). diffusion en gélose et la technique du E-test. En pratique, le
Enfin, l’identification est aisée si l’on dispose de divers milieu de Mueller-Hinton supplémenté par 5 % de sang de
automates d’identification comme Vitek-2®, Vitek-2 Compact® mouton est choisi avec une incubation de 36 heures en air
ou encore Phoenix® pouvant identifier certaines espèces. enrichi à 5 % de CO2.
4 Biologie clinique
Habitat
Si les Leuconostoc interviennent dans la vinification comme
responsables de la fermentation malolactique des vins, ces
bactéries peuvent être isolées dans les produits laitiers, les
végétaux fermentables ou encore les solutions sucrées. Ils
peuvent aussi être impliqués dans la fabrication de produits
comme choucroute, charcuterie, fromages...
Figure 6. E. urinae : antibiogramme sur une gélose de Mueller-Hinton
au sang frais après une incubation de 36 h en air enrichi à 5 % de CO2.
Liste des antibiotiques testés : P, benzylpénicilline ; OX, oxacilline ; K, Pouvoir pathogène chez l’homme
kanamycine ; GM, gentamicine ; TM, tobramycine ; NET, nétilmicine ; TE,
tétracycline ; MNO, minocycline ; PEF, péfloxacine ; FA, acide fusidique ; Leur rôle en pathologie infectieuse reste très limité. Divers
VA, vancomycine ; FOS, fosfomycine ; MOX, latamoxef ; TMP, trimétho- types d’infections ont été rapportés dès les années 1990 telles
prime ; SSS, sulfamides ; FOX, céfoxitine. infection cutanée, urinaire, abcès, méningite, bactériémie,
septicémie, endocardite, ostéomyélite ou encore infection sur
cathéter [9, 26-40] . Selon des données du Center for Disease
Le profil de sensibilité de A. urinae sur la gélose de Mueller- Control (99 prélèvements), plus de 85 % des souches isolées
Hinton au sang frais est similaire à celui d’une souche de proviennent d’hémocultures, le diagnostic clinique initial ayant
streptococcus viridans comme la sensibilité aux b-lactamines dont été une bactériémie ou sepsis (28 cas), une méningite (4 cas),
la pénicilline G, l’amoxicilline, celle aux macrolides telle une endocardite lente (4 cas), puis diverses infections... [22]. Si
l’érythromycine ou encore aux glycopeptides (vancomycine, par L. mesenteroides est l’espèce la plus impliquée, d’autres espèces
exemple) (Fig. 6, Tableau 4) [22, 25, 26]. ont été isolées telles L. cremoris et L. lactis. Selon d’autres
En revanche, il existe une résistance naturelle de bas niveau données du CDC (échantillon de 101 souches), la répartition
aux aminosides. La sensibilité est inconstante pour les fluoro- selon l’espèce avait été la suivante : L. mesenteroides (35 sou-
quinolones [25, 26]. ches), L. pseudomesenteroides (13 souches), L. cremoris (24 sou-
Le traitement des infections urinaires peut faire appel aux ches) et L. lactis (27 souches) [22]. Les Leuconostoc sont des
b-lactamines telle l’amoxicilline ou l’ampicilline. Pour le germes opportunistes dont le facteur d’émergence majeur reste
traitement des endocardites, le schéma thérapeutique est celui celui de la résistance naturelle à certains antibiotiques dont les
des endocardites à streptocoques, c’est-à-dire la prescription glycopeptides, telle la vancomycine, expliquant leur implication
d’une association b-lactamine (amoxicilline) et d’un aminoside dans certains contextes cliniques précis tels que malades
telle la gentamicine. Lors d’allergie aux b-lactamines, l’alterna- immunodéprimés en hématologie ou cancérologie ayant reçu
tive est un glycopeptide telle la vancomycine. plusieurs cures d’antibiotiques incluant un glycopeptide.
Biologie clinique 5
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90-05-0120 ¶ Autres coques à Gram positif catalase négative d’intérêt médical : Aerococcus, Leuconostoc, Pediococcus
Tableau 4. L. mesenteroides
A. urinae : CMI moyennes (mg/l).
Pénicilline G 0,06 Souche à identifier ?
Amoxicilline 0,06
Pipéracilline 0,25
L. lactis
Ceftriaxone 0,5
Gentamicine 32-64 L. citreum
Nétilmicine 32-64
L. inhae
Amikacine 32-256 Genre Leuconostoc
Érythromycine 0,5 L. gelidum
Rifampicine 0,03
Ciprofloxacine 1 L. gasicomitatum
Sparfloxacine 0,25-0,5 L. carnosum
Oxytétracycline 1-2
L. pseudoficulneum
Vancomycine 0,5
L. ficulneum
L. durionis
constituent un groupe de bactéries « difficiles » pour l’identifi- L. fructosum
cation dans un laboratoire médical en raison de leur rareté,
donc souvent de leur méconnaissance. La détection de la L. fallax
résistance à la vancomycine rapproche cependant vite de
l’identification correcte, d’où l’intérêt taxonomique de l’anti- L. fallax 0,01
biogramme. L’aspect des colonies sur la gélose au sang frais Figure 7. E. urinae : Identification d’une souche après séquençage du
oriente vers un « streptocoque alphahémolytique ou non gène codant pour l’ARN16S et analyse sur le site BIBI [10].
hémolytique » ou un entérocoque d’autant qu’un tiers des
souches de Leuconostoc présente une réaction positive avec un
immunsérum anti-D.
la détermination des CMI par dilution en gélose avec une
Les caractères d’identification des principales espèces de
incubation en air enrichi par 5 % de CO2. Le milieu cœur-
Leuconostoc poussant à 37 °C sont indiqués dans le Tableau 5 [3,
5, 8].
cervelle a été retenu, il permettait une meilleure culture et ne
majorait les résultats que d’une dilution en moyenne. Il est
En pratique courante, les souches peuvent être identifiées
donc possible que certaines souches cultivent mal sur le milieu
avec les systèmes commerciaux d’identification manuelle de
de Mueller-Hinton enrichi par 5 % de sang de mouton et que
type Rapid ID 32 Strep® ou automatique de type Phoenix® ou
certaines souches nécessitent une atmosphère d’incubation
Vitek-2® dont le Vitek2-Compact®. On note l’intérêt limité des
différente, microaérobiose, voire anaérobiose. La dilution en
galeries API STREP® qui peuvent orienter vers un Lactococcus.
gélose est la méthode de référence pour la détermination des
L’identification au niveau de l’espèce de cette souche peut être
CMI. La méthode E-test semble donner des résultats compara-
confirmée par une approche moléculaire. Depuis quelques
bles avec une incertitude en ce qui concerne les aminosides (cf.
années, l’amplification génique (PCR) du gène codant pour
infra).
l’ARNr16S suivie d’un séquençage peut permettre un diagnostic
Vis-à-vis des b-lactamines, la pénicilline G, l’ampicilline, la
plus rapide (Fig. 7).
pipéracilline et l’imipénème ont une activité in vitro modérée
et sont dénuées d’activité bactéricide (Tableau 6). De plus, les
Antibiogramme céphalosporines sont peu actives mais peuvent donner des
diamètres d’inhibition de grande taille à l’antibiogramme par
Les méthodes d’étude de la sensibilité aux antibiotiques ne diffusion. Ceci s’explique surtout par le déséquilibre entre la
sont pas encore standardisées (cf. dernières recommandations vitesse de diffusion en gélose de l’antibiotique et la lenteur de
du CA-SFM) [24]. Ainsi différents milieux de culture et condi- croissance de ces bactéries [41, 42]. La gentamicine et la nétilmi-
tions d’incubation ont été utilisées pour étudier la sensibilité cine ont une activité modérée mais nettement meilleure que
aux antibiotiques soit par diffusion en gélose, soit par E-test [41]. celles sur le groupe des streptocoques et entérocoques. Les
Le milieu de Mueller-Hinton supplémenté par 5 % de sang de autres aminosides (streptomycine, kanamycine, tobramycine,
mouton a été testé avec une incubation de 36 heures en air amikacine) sont moins actifs. Les CMI des macrolides et des
enrichi de 5 % de CO2. D’autres auteurs ont conclu que le lincosamides sont faibles, celles des kétolides et notamment de
milieu de Mueller-Hinton additionné de 5 % de sang de cheval la télithromycine encore plus. Il existe une résistance naturelle
lysé permettait une culture optimale [41-43]. Dans une autre au facteur A de la pristinamycine, mais la synergie entre les
étude, le milieu cœur-cervelle (BHI) et celui de Mueller-Hinton deux facteurs est conservée, d’où une sensibilité modérée à la
supplémenté par 5 % de sang de mouton ont été comparés pour pristinamycine. La quinupristine-dalfopristine a également une
Tableau 5.
Leuconostoc : caractères d’identification en espèce.
Acidification
Espèce NaCl Lait Esculine RAF MEL ARA TRE Dextranes
L. mesenteroides + - + + + + + V
L. pseudomesenteroides - V + + + V + V
L. citreum V - + - - + + +
L. lactis V V - + + V V -
L. paramesenteroides + V + + - + + -
NaCl : croissance en présence de 6,5 % de NaCl ; Lait : acidification et coagulation ; Esculine : hydrolyse de l’esculine.
Acidification de sucres: RAF : raffinose ; MEL : mélibiose ; ARA : arabinose ; TRE : tréhalose ; Dextranes : productions
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Tableau 8. mais reste limité (CMI de 0,25 à 2 mg/l). Parmi les autres
Pediococcus : CMI moyennes (mg/l). antibiotiques, la daptomycine et le linézolide présentent une
Famille/groupe Antibiotique CMI bonne activité. On conseille aussi de tester la novobiocine pour
différencier P. acidilactici (sensible) de P. pentosaceus (résis-
Pénicillines Pénicilline G 0,5-1
tant) [41]. Enfin, la résistance naturelle de haut niveau aux
Ampicilline 2-4 glycopeptides telles vancomycine et téicoplanine a été liée à la
Pipéracilline 2 présence d’un précurseur du peptidoglycane (I’UDP-N-acétyl-
Céphalosporines Céfalotine 4 muramylpentapeptide) n’ayant que très peu d’affinité pour les
Céfaclor 32-64 glycopeptides. La résistance acquise est encore peu fréquente
Céfamandole 16 mais quelques souches ayant des CMI élevées de la pénicilline G
Céfotaxime 4-8
(> 16 m/l) et de l’imipénème (> 8 mg/l) ont été rapportées. Pour
la résistance acquise aux aminosides, seule une souche a été
Ceftriaxone 16
rapportée pour la streptomycine avec une CMI à 2000 mg/l. La
Carbapénème Imipénème 0,12 résistance aux macrolides-lincosamides (MLS) a été indiquée par
Aminosides Streptomycine 16 la plupart des auteurs, mais avec une fréquence faible. Pour une
Kanamycine 32 souche de P. acidilactici avec une résistance inductible aux MLS,
Gentamicine 1-2 le déterminant a été localisé sur un plasmide de 46 kb homo-
Tobramycine 4
logue au gène ermAM [41]. Compte tenu de nos connaissances
actuelles, il apparaît que les antibiotiques suivants doivent être
Nétilmicine 0,5
testés en première intention : pénicilline G, ampicilline (ou
Amikacine 4-8
amoxicilline), imipénème, gentamicine, érythromycine, et enfin
Macrolides Érythromycine 0,03-0,12 vancomycine (intérêt taxonomique). D’autres antibiotiques
Roxithromycine 0,12-0,06 peuvent être évalués en deuxième intention : lincomycine (ou
Josamycine 0,25 clindamycine), pristinamycine (ou quinupristine-dalfopristine),
Spiramycine 0,5 télithromycine, chloramphénicol, tétracycline, linézolide,
Clarithromycine 0,06 rifampicine, moxifloxacine ou aussi daptomycine [42].
Azithromycine 0,12
Lincosamides Lincomycine 0,5
Clindamycine 0,015
Télithromycine 0,007 ■ Références
Streptogramines Pristinamycine 0,25 [1] Christensen JJ, Whitney AM, Teixeira LM, Steigerwalt AG,
Quinupristine- - Facklam RR, Korner B, et al. Aerococcus urinae: intraspecies genetic
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entérocoques. Les autres aminosides (streptomycine, kanamy- [11] Lu JJ, Perng CL, Chiueh TS, Lee SY, Chen CH, Chang FY, et al.
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macrolides et des lincosamides sont basses, de même celles des from clinical and nosocomial surveillance specimens by multiplex
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Faculté de médecine Descartes, Université Paris Descartes, 15, rue de l’École-de-Médecine, 75270 Paris cedex 06, France.
C. Poyart.
Service de bactériologie et Centre national de référence des streptocoques, groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Assistance Publique-Hôpitaux
de Paris ; Institut Cochin - INSERM U567-UMR CNRS 810, Faculté de médecine Descartes, Université Paris Descartes, 24, rue du Faubourg-Saint-Jacques,
75014 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Philippon A., Poyart C. Autres coques à Gram positif catalase négative d’intérêt médical : Aerococcus,
Leuconostoc, Pediococcus. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Biologie clinique, 90-05-0120, 2008.
Biologie clinique 11
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