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10e édition
DROIT CIVIL
Philippe MALAURIE • Laurent AYNÈS
Présentation de la collection
La collection de Droit civil réunit, outre Philippe Malaurie et Laurent
Aynès, des auteurs qui ont le souci de renouveler l’exposé du droit
positif et des questions qu’il suscite.
Les ouvrages s’adressent à ceux qui – étudiants, universitaires,
professionnels – ont le désir de comprendre, en suivant une méthode
vivante et rigoureuse, ce qui demeure l’armature du corps social.
Ouvrages parus
Introduction au droit
Droit des personnes – La protection des mineurs et des majeurs
Les biens
Droit des obligations
Les contrats spéciaux
Droit des successions et des libéralités
Droit des sûretés
Droit des régimes matrimoniaux
Droit de la famille
ISBN
SOMMAIRE
Premières vues
PREMIÈRE PARTIE
SURETÉS PERSONNELLES
TITRE I. – CAUTIONNEMENT
Chapitre I. – Caractéristiques du cautionnement
Chapitre II. – Formation du cautionnement
Chapitre III. – Extinction du cautionnement
TITRE II. – GARANTIES NON ACCESSOIRES
Chapitre I. – Garantie autonome
Chapitre II. – Lettre d’intention
DEUXIÈME PARTIE
SÛRETÉS RÉELLES
Chapitre I. – Droit de rétention
TITRE I. – SÛRETÉS RÉELLES CONFÉRANT UN DROIT DE
PRÉFÉRENCE
SOUS-TITRE I. – SÛRETÉS PORTANT SUR
L’ENSEMBLE DU PATRIMOINE
Chapitre I. – Privilèges généraux
SOUS-TITRE II. – SÛRETÉS MOBILIÈRES
Chapitre I. – Gage
Chapitre II. – Nantissement
Chapitre III. – Privilèges mobiliers
SOUS-TITRE III. – SÛRETÉS IMMOBILIÈRES
Chapitre I. – La publicité foncière
Chapitre II. – Hypothèque conventionnelle
Chapitre III. – Sûretés immobilières légales et judiciaire
TITRE II. – SÛRETÉS RÉELLES CONFÉRANT UN DROIT
EXCLUSIF
Chapitre I. – Propriété transmise
Chapitre II. – Propriété réservée
Juridictions
CA = arrêt de la Court of Appeal (Grande-Bretagne)
CA = arrêt d’une cour d’appel
CAA = arrêt d’une cour administrative d’appel
Cass. Ass. plén. = arrêt de l’assemblée plénière de la Cour de cassation
Cass. ch. mixte = arrêt d’une chambre mixte de la Cour de cassation
Cass. ch. réunies = arrêt des chambres réunies de la Cour de cassation
Cass. civ. = arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation
Cass. com. = arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation
Cass. crim. = arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation
Cass. soc. = arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation
CE = arrêt du Conseil d’État
CEDH = arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme
CJCE = arrêt de la Cour de justice des Communautés européennes
Cons. const. = décision du Conseil constitutionnel
Cons. prud’h. = Conseil des prud’hommes
JAF = décision d’un juge aux affaires familiales
J.d.t. = décision d’un juge des tutelles
KB = arrêt du King’s bench (Banc du roi) (Grande-Bretagne)
QB = arrêt du Queen’s Bench (Banc de la reine) (Grande-Bretagne)
Réf. = ordonnance d’un juge des référés
Req. = arrêt de la chambre des requêtes de la Cour de cassation
Sent. arb. = sentence arbitrale
Sol. impl. = solution implicite
TA = jugement d’un tribunal administratif
T. civ. = jugement d’un tribunal civil
T. com. = jugement d’un tribunal de commerce
T. confl. = décision du Tribunal des conflits
T. corr. = jugement d’un tribunal de grande instance, chambre correctionnelle
T.f. = arrêt du Tribunal fédéral (Suisse)
TGI = jugement d’un tribunal de grande instance
TI = jugement d’un tribunal d’instance
TPICE = Tribunal de première instance des communautés européennes
Acronymes
AFNOR = Association française de normalisation
CCI = Chambre de commerce internationale
Ccne = Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
CEE = Communauté économique européenne
DASS = Direction de l’action sanitaire et sociale
DPU = Droit de préemption urbain
IRPI = Institut de recherche en propriété intellectuelle
OHADA = Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
OPE = offre publique d’échange de valeurs mobilières
POS = plan d’occupation des sols
PUAM = Presses universitaires de l’Université d’Aix-Marseille
PUF = Presses universitaires de France
SA = société anonyme
SARL = société à responsabilité limitée
SAS = société anonyme simplifiée
SCI = société civile immobilière
SNC = société en nom collectif
Abréviations usuelles
A. = arrêté
Adde = ajouter
Aff. = affaire
al. = alinéa
Ann. = annales
Appr. = approbative (note)
Arg. = argument
Art. = article
Art. cit. = article cité
Av. gal. = avocat général
cbné = combiné
cf. = se reporter à
chron. = chronique
col. = colonne
comp. = comparer
concl. = conclusions
cons. = consorts
Contra = solution contraire
crit. = critique (note)
DIP = Droit international public/Droit international privé
doctr. = doctrine
éd. = édition
eod. vo = eodem verbo = au même mot
Et. = Mélanges
ib. = ibid. = ibidem = au même endroit
infra = ci-dessous
IR = informations rapides
loc. cit. = loco citato = à l’endroit cité
m. n. /déc. /concl. = même note/ décision/ conclusion
n. = note
n.p.B. = non publié au Bulletin des arrêts de la Cour de cassation (inédit)
op. cit. = opere citato = dans l’ouvrage cité
passim = çà et là
préc. = précité
pub. = publié
rapp. = rapport
Sect. = section
sté = société
som. = sommaires
supra = ci-dessus
TCF DIP = Travaux du Comité français de DIP
th. = thèse
V. = voyez
v = versus = contre
vo = verbo = mot (vis = verbis = mots)
*et** = décisions particulièrement importantes
Sauf indication contraire, les articles cités se réfèrent au Code civil.
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Ch. ALBIGES et M.-P. DUMONT-LEFRAND, Droit des sûretés, Dalloz, coll. Hypercours, 5e éd., 2015.
M. CABRILLAC, Ch. MOULY, S. CABRILLAC et Ph. PETEL, Droit des sûretés, Litec, 10e éd., 2015 (cité :
CABRILLAC-MOULY-PETEL).
M. DAGOT, Les sûretés, Thémis, 1981.
M. FARGE, Les Sûretés, PUG, 2007.
J. FRANÇOIS, Les sûretés personnelles, Economica, 2004.
M.-N. JOBARD-BACHELLIER, M. BOURASSIN et V. BRÉMOND, Droit des sûretés, Sirey, 5e éd., 2016.
D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, Manuel, LGDJ, 10e éd., 2015.
MARTY, RAYNAUD et JESTAZ, Les sûretés, la publicité foncière, 2e éd., Sirey, 1987 (cité : MARTY,
RAYNAUD, JESTAZ).
MAZEAUD-CHABAS, même titre, Montchrestien, 7e éd. par Yves PICOD, 1999 (cité : MAZEAUD, CHABAS).
J. MESTRE, E. PUTMAN et M. BILLIAU, Traité de droit civil – Droit commun des sûretés réelles
(tome 1) et Traité de droit civil – Droit spécial des sûretés réelles (tome 2), LGDJ, 1996.
M. MIGNOT, Droit des sûretés, Montchrestien, 2e éd., 2010.
Y. PICOD, Droit des sûretés, PUF, coll. Thémis, 2e éd., 2011.
S. PIEDELIÈVRE, Droit des sûretés, Ellipses, 2e éd., 2015.
S. PIEDELIÈVRE, La publicité foncière, Defrénois, 2014.
G. PIETTE, Mémento – Droit des sûretés, Gualino, 8e éd., 2014-2015.
T. REVET et F. ZÉNATI-CASTAING, Cours de droit civil – Sûretés personnelles, PUF, 2013.
J.-F. RIFFARD, Droit des sûretés, Bréal, 2010.
J.-B. SEUBE, Droit des sûretés, Dalloz, 8e éd., 2016.
Ph. SIMLER, Cautionnement, garanties autonomes, garanties indemnitaires, LexisNexis, 5e éd.,
2015.
Ph. SIMLER et Ph. DELEBECQUE, Les sûretés, la publicité foncière, précis Dalloz, 6e éd., 2012 (cité :
SIMLER et DELEBECQUE).
Ph. THÉRY, Sûretés et publicité foncière, PUF, Droit fondamental, 2e éd., 1998 (cité : THÉRY).
LAMY, Droit des sûretés, coll. Lamy Droit civil, 2015.
Adde :
L’évolution des sûretés, colloque de Deauville, no spéc., RJ com., février 1982.
Les garanties du crédit, 82e Congrès des Notaires de France, Nice, 1986.
Les sûretés (dans le commerce international), Feduci, LGDJ, 1984.
Les garanties de financement, Association Capitant, Journées portugaises, 1996.
Actualité du droit des sûretés, LPA, 17 juin 1998.
Droit des sûretés, Analyse d’un renouveau, Dr. et patr., juill.-août 2002, no 106.
Rapport Grimaldi : pour une réforme globale des sûretés, Dr. et patr., septembre 2005, p. 49 s.
Commentaire de l’ordonnance du 23 mars 2006 relative aux sûretés, JCP G 2006, supplément au
no 20.
Commentaire de l’ordonnance du 23 mars 2006, relative aux sûretés, Contrats, conc., consom.,
2006, no 11 à 14.
Réforme du droit des sûretés, R. Lamy dr. civil, juillet-août 2006, supplément au no 29.
La réforme du droit des sûretés, D. 2006, p. 1289 s.
Le droit des sûretés à l’épreuve des réformes (sous la dir. de Y. PICOD et P. CROCQ), Éditions
juridiques et techniques, 2006.
Sûretés mobilières : du nouveau, Dr. et patr., no 161, juillet-août 2007, p. 46 s.
La réforme des sûretés après neuf mois de pratique, R. Lamy dr. aff., mars 2007, p. 67 s.
Évolution des sûretés réelles : regards croisés Université-Notariat, Litec, 2007.
Réformes des sûretés : premiers bilans, Dr. et patr., avril 2012, p. 55 s.
PREMIÈRES VUES
I. — Mécanisme
II. — Rôle
III. — Évolution
10. Essor des sûretés réelles. – Le mouvement s’inverse progressivement dès le Moyen Âge, par
la promotion constante des sûretés réelles avec dépossession, puis sans dépossession du
constituant 34. Cependant, l’hypothèque, notamment, n’est devenue une sûreté efficace qu’après qu’une
loi du 11 Brumaire an VII ait organisé un système de publicité obligatoire. Cette évolution s’explique
sans doute par la modification des relations sociales – les liens se distendent – et de la composition
des patrimoines.
15. Facteurs économiques. – Plus importants sont les facteurs économiques. Tous les créanciers
n’ont pas besoin des mêmes sûretés. Tous les débiteurs ne peuvent offrir les mêmes sûretés.
À l’égard des créanciers, une place à part doit être faite aux banques, qui, aujourd’hui exercent un
rôle prépondérant dans le crédit, et aux vendeurs, ou plus exactement aux fournisseurs.
Les banques n’ont que faire d’un droit réel. Ce qui les intéresse, c’est le recouvrement des fonds,
le plus simplement et le plus rapidement possible. Aussi sont-elles surtout attachées aux sûretés
personnelles 39 (cautionnement, contre-garantie autonome), aux sûretés réelles qui portent sur un droit
personnel (nantissement et, surtout, cession fiduciaire de créances) ou toute forme d’engagement d’un
dirigeant d’entreprise (comfort letter). Dans leurs relations avec les particuliers, elles peuvent
prendre des sûretés réelles immobilières, mais qui sont toujours assorties d’une assurance-décès ou
invalidité, laquelle confère un droit personnel. Les banques sont également friandes de cautionnement
mutuel.
Au contraire, les vendeurs, surtout lorsqu’ils sont fournisseurs, sont intéressés par un droit réel
sur l’objet de la vente (réserve de propriété, nantissement du matériel ou de l’outillage), car ils ont
les moyens d’en tirer parti. La sûreté se développe d’autant mieux qu’il y a une relation entre la
créance et le bien donné en garantie ; c’est une des clefs de l’évolution contemporaine du crédit, ainsi
que le confirme la condition de certains débiteurs.
Tous les débiteurs ne peuvent offrir les mêmes sûretés. La situation du consommateur n’est pas la
même, ici comme ailleurs, que celle du professionnel.
Très souvent, le consommateur a pour ressources essentielles les revenus de son travail. Il fait
appel au crédit dans deux sortes d’hypothèses. Afin d’acquérir son logement ; la sûreté portera sur
l’objet même du crédit, un privilège immobilier doublé d’une assurance-vie ou incapacité, voire
même chômage. Aujourd’hui, la sûreté réelle est souvent remplacée par un cautionnement mutuel. Ou
bien afin d’acquérir des biens mobiliers ; la sûreté porte à nouveau sur l’objet même du crédit
(réserve de propriété, location-vente, crédit-bail) ou résulte d’un cautionnement 40.
La sûreté que peut offrir un professionnel tient surtout aux éléments de son exploitation (fonds de
commerce, immeuble social, créances sur la clientèle) et même les produits futurs de cette
exploitation (le bordereau Dailly et, aujourd’hui, le Code civil, permettent de donner en sûreté les
créances futures). La loi « initiative et entreprise individuelle » du 11 février 1994, dite loi
Madelin, rend d’ailleurs cette affectation préférentielle, en obligeant l’établissement de crédit ou la
société de financement 41 qui envisage de consentir un « concours financier » à un entrepreneur
individuel à informer celui-ci de la possibilité de proposer une garantie sur les seuls biens
nécessaires à l’exploitation, avant toute autre sûreté réelle ou personnelle (CMF, art. L. 313-21).
16. Politique législative. – Toute sûreté traduit un choix ; lorsque le débiteur est insolvable, elle
permet à un créancier d’être préféré à un autre ; préférer tout le monde, c’est n’aimer personne. Tout
choix relève d’une politique législative. Qui faut-il préférer ? La famille, l’État, le fournisseur, le
salarié, etc. ? La préférence qui sera donnée à certains créanciers aura nécessairement pour effet de
neutraliser les autres sûretés, notamment dans une procédure collective telle que la « faillite ». Si on
fait passer les salariés, le Trésor et la Sécurité sociale avant les fournisseurs (qui peuvent invoquer
le privilège du vendeur de meubles) et les créanciers nantis, on désavantage ces derniers au profit de
la collectivité.
Afin d’échapper à ces priorités légales, les créanciers cherchent un refuge dans le droit commun
des obligations (sûretés personnelles) et surtout la liberté du transfert de propriété (sûretés fondées
sur la propriété). Le législateur doit-il réagir et traiter celles-ci comme de véritables sûretés, ou
s’incliner devant la supériorité du droit de propriété, quitte à laisser celui-ci subvertir l’ordre légal ?
La France n’a pas véritablement choisi, ce qui crée, surtout dans le domaine des sûretés réelles, une
impression de « pagaille ».
17. Dialectique permanente. – Le droit des sûretés obéit à une dialectique permanente, plus
encore que toute autre institution.
En voici deux manifestations.
D’une part, une dialectique de la simplicité et de la complexité. Toute sûreté est initialement une
technique simple qui tend progressivement à devenir compliquée et à se diversifier jusqu’au moment
où son excès de lourdeur oblige à un retour à la simplicité 42. Le phénomène est particulièrement
saisissant à l’égard du cautionnement, mais se retrouve dans les sûretés réelles.
D’autre part, une dialectique de l’accroissement et de la diminution. En un sens, les sûretés se
multiplient, pour des raisons diverses. Toute création de richesse nouvelle suscite fatalement
l’apparition d’un nouvel instrument de crédit. Surtout, tous les créanciers s’efforcent aujourd’hui
d’obtenir des sûretés ; la sécurité est devenue, là aussi, un besoin contemporain profond. Mais cette
inflation des sûretés produit, au deuxième degré, des effets pervers. L’avantage conféré à un créancier
est supporté par les autres en cas d’insolvabilité du débiteur. Ce qui enlève, d’abord et
progressivement, aux créanciers chirographaires la possibilité d’obtenir une quote-part de leur
créance. Puis, dans un second stade, retire, rang après rang, toute utilité aux sûretés elles-mêmes, au
moins lorsqu’il s’agit de sûretés réelles. Trop de sûretés, pas de sûreté 43.
L’inflation des sûretés porte en elle-même leur disparition, de la même manière que l’inflation des
diplômes ou celle de la monnaie. D’abord, la course aux sûretés reprend, mais d’une autre manière :
c’est à qui aura le premier rang. Puis les sûretés sont abandonnées au profit de l’assurance (salaires,
COFACE, assurance-décès, assurance-crédit) ou de la caution mutuelle : le risque de l’insolvabilité
du débiteur connaît un début de socialisation, de la même manière que dans le droit de la
responsabilité, le risque d’un certain nombre de dommages s’est peu à peu socialisé, d’abord par
l’effet de l’assurance, puis par celui de la Sécurité sociale. L’assureur a un recours contre le débiteur,
ce qui est sans inconvénient pour le créancier, qui obtient ainsi une sécurité supérieure aux sûretés
classiques, même lorsqu’elles sont réelles.
103. Droit romain. – L’histoire du cautionnement – comme celle de beaucoup d’institutions – est
cyclique, balançant entre le renforcement des obligations de la caution – qu’appelle l’efficacité – et
l’allégement de ses obligations – qu’exige un souci de justice.
Le cautionnement trouve son origine dans la solidarité familiale sur laquelle repose l’organisation
sociale, bien avant l’époque classique. Le cautionnement, adpromissio, se distingue mal de la
solidarité, qui permet de faire peser sur tous les membres de la famille l’obligation de satisfaire le
créancier. Il présente un caractère personnel marqué, s’éteint avec la mort de la caution, n’est pas
accessoire à une obligation principale et ne comporte ni bénéfice de discussion, ni bénéfice de
division.
Cette rigueur est atténuée à l’époque classique où plusieurs lois accordent successivement à la
caution un recours contre le débiteur et les autres cautions, le bénéfice de division entre cautions
vivantes au moment de l’exigibilité de la dette, et la péremption du cautionnement au bout d’un
certain temps (deux ans) ; ainsi se trouvait surmontée radicalement une difficulté encore actuelle :
l’oubli, par la caution, de son engagement à terme. Cet adoucissement contraire aux impératifs du
crédit devait provoquer la disparition de l’adpromissio.
Dès la fin de la République se développe un nouveau cautionnement, ou plutôt deux techniques,
dont la fusion est à l’origine du contrat actuel. D’un côté, la fidejussio, contrat formaliste par lequel
la caution garantit l’exécution par le débiteur principal. À la différence de l’ancienne adpromissio –
adjonction d’un débiteur à un autre –, cet engagement présente un caractère accessoire : le fidejussor
n’a qu’une obligation de garantie, qui comporte l’équivalent d’un bénéfice de discussion ; il promet
ce que le débiteur ne pourra pas payer. Le bénéfice de division lui est définitivement reconnu à
l’époque d’Hadrien. De l’autre, le mandat, contrat consensuel : la caution donne mandat au créancier
de faire crédit au débiteur (mandat de crédit). Les relations du créancier et de la caution relèvent des
actions mandati contraria et mandati directa, dans lesquelles on peut voir l’origine de
l’article 2314 du Code civil.
Enfin, à l’époque de Justinien, l’adpromissio disparaît complètement. Fidejussio et mandat de
crédit se confondent, alors qu’est adouci le sort des cautions.
104. Ancien droit. – Les Francs ont connu un cautionnement, également fondé sur les relations de
famille, de parenté ou de vasselage. Comme ensuite à l’époque féodale, ce qui caractérise cette
sûreté est la rigueur : la caution est un véritable otage entre les mains du créancier.
Avec l’adoucissement des mœurs et le recul des sûretés personnelles au profit des sûretés
immobilières, coïncide au XIVe siècle la redécouverte des règles romaines par l’ancien droit ; celui-ci
conserve l’essentiel (caractère accessoire, bénéfices de discussion et de division), et améliore la
technique de transmission à la caution des droits du créancier payé : la subrogation, mieux que le
mandat romain, permet à la caution solvens de disposer contre le débiteur des actions du créancier 88.
Ce sont ces règles qu’a recueillies le Code Napoléon.
SECTION I
ENGAGEMENT DE LA CAUTION
SOUS-SECTION I
Caractère accessoire
121. Structure de l’obligation. – Le lien de droit qui unit un
débiteur au créancier comporte habituellement deux éléments 110. D’une
part, un pouvoir de contrainte donné au créancier, l’obligatio : grâce à
lui, le créancier peut poursuivre le débiteur et obtenir, avec le secours de
l’État, le paiement forcé de la dette. D’autre part, une prestation
promise, l’objet même de la dette, le debitum.
La caution s’engage à payer la dette du débiteur principal. Le
créancier acquiert contre elle un droit de poursuite, qui s’ajoute à celui
dont il bénéficie contre le débiteur principal et s’en distingue ; telle est
sa sûreté : l’obligatio est autonome.
Mais l’objet de la dette, le debitum de la caution, est l’obligation du
débiteur principal. La caution s’engage à se substituer à celui-ci (C. civ.,
art. 2288). Le créancier ne peut rien exiger de la caution qu’il ne puisse
exiger du débiteur principal. Par conséquent, dans son principe et son
étendue, la dette de la caution est placée sous la dépendance de
l’obligation principale. C’est ce qu’exprime le principe de l’accessoire :
le cautionnement est au service de la dette principale.
Les relations du créancier avec la caution sont tributaires de la
combinaison de ces deux principes : la dette de la caution est
subordonnée à celle du débiteur principal (§ 1), mais le droit de
poursuite du créancier contre elle est autonome (§ 2).
§ 1. SUBORDINATION DE LA DETTE
b) Extinction
C. MODALITÉS
D. RÉGIME PROCÉDURAL
SOUS-SECTION II
Cautionnement simple et cautionnement solidaire
§ 1. CAUTIONNEMENT SIMPLE
I. — Bénéfice de discussion
§ 2. CAUTIONNEMENT SOLIDAIRE
I. — Formation
146. Trois types. – On peut concevoir trois types de cautionnements
solidaires :
II. — Effets
SOUS-SECTION III
Garanties fournies par la caution
Devenue débitrice du créancier, la caution peut assortir son
engagement de la fourniture d’une sûreté, qui permettra au créancier
d’échapper au risque de son insolvabilité. Cette sûreté peut être réelle
(§ 1) ou personnelle (§ 2).
§ 1. SÛRETÉ RÉELLE
§ 2. SÛRETÉ PERSONNELLE
SECTION II
RECOURS DE LA CAUTION
SOUS-SECTION IV
Recours contre le débiteur
La caution – simple ou solidaire, peu importe – est tenue pour un
autre, le débiteur principal. Aussi dispose-t-elle contre lui d’un recours
(C. civ., art. 2305 à 2309), en principe après paiement (§ 1),
exceptionnellement avant paiement (§ 2).
Si un tel recours n’existait pas, la caution serait en réalité tenue
comme un codébiteur du débiteur principal, ou même, dans les cas où le
créancier est privé de son action contre le débiteur principal – ce qui est
fréquent en cas de procédure d’insolvabilité –, comme le seul débiteur
principal. Quelle serait alors la justification d’un tel engagement (en
général, la caution ne reçoit aucune contrepartie, à la différence du
débiteur principal) ? Pourtant, en droit positif contemporain se
multiplient les cas dans lesquels la caution, souvent une personne
morale, supporte sans recours la défaillance du débiteur principal, dont
on veut alléger le passif à tous égards. Il est difficile de trouver un lien
logique entre tous ces cas, ce qui crée une impression de désordre,
influencé par des considérations de pure opportunité : un arbitrage en
faveur du créancier, plutôt que de la caution 266. De telles situations
aboutissent à une dénaturation du cautionnement et surprennent les
prévisions de la caution qui n’entend généralement n’être qu’un débiteur
« intermédiaire ».
152. Sous-cautionnement. – Afin de garantir ce recours, la caution peut exiger elle-même du
débiteur qu’il lui fournisse une caution. À la différence du certificateur de caution, caution de la
caution, la sous-caution garantit la dette du débiteur principal, mais seulement à l’égard de la caution
« principale » ; celle-ci est donc le créancier pour la sous-caution 267. Cette combinaison est apparue
récemment, liée au cautionnement professionnel : une banque ou une société de caution mutuelle
« acceptables » par le créancier se portent cautions, à condition d’être contre-garanties par le
cautionnement d’une personne intéressée dans l’affaire. Il s’agit en principe d’un cautionnement
ordinaire, distinct du cautionnement principal. Le créancier n’a pas d’action directe contre la sous-
caution. Quant au point de savoir si la caution principale peut exercer un recours anticipé contre la
sous-caution 268, la Cour de cassation, après l’avoir admis, le lui refuse aujourd’hui 269.
La sous-caution garantit la dette du débiteur principal envers la
caution ; l’extinction de cette dette, qui pouvait avoir lieu en raison du
défaut de déclaration dans la procédure collective ouverte contre le
débiteur bénéficie à la sous-caution 270 ; de même, la sous-caution peut-
elle contester l’existence et l’étendue du recours personnel de la
caution, tant que celles-ci ne sont pas revêtues de l’autorité de la chose
jugée 271. De même encore devrait-elle pouvoir invoquer l’extinction du
recours, dans le cas de l’article 2308 du Code civil 272.
En revanche, la sous-caution ne peut invoquer les exceptions
inhérentes à la dette du débiteur principal envers le créancier ; mais peut
reprocher à la caution de ne pas l’avoir fait elle-même 273.
153. Deux recours. – Le Code civil donne deux recours à la caution qui a payé : un recours
personnel (art. 2305) et un recours subrogatoire (art. 2306). Ces deux recours n’ont pas le même
fondement. Le premier repose sur les relations personnelles du débiteur avec la caution et tire les
conséquences du service rendu par la caution. Le second est une application particulière de la
subrogation légale (art. 1346, anc. 1251, 3o) : ayant payé pour le débiteur, la caution exerce les droits
du créancier contre celui-ci. Les deux actions ne lui permettent pas d’obtenir exactement la même
chose. Cependant, la caution n’est pas obligée de choisir, et peut exercer en même temps les deux
recours 274, ce qu’elle fait le plus souvent 275 et elle y a d'autant plus intérêt que, selon la Cour de
cassation, le fait de ne pas s'être prévalu de l'un des deux recours lors d'une première action en
justice ayant fait l'objet d'une décision de justice passée en force de chose jugée peut rendre
irrecevable une action fondée sur l'autre recours en application du principe de la concentration des
moyens 276. Les deux recours étant différents, la perte de l’un laisse subsister l’autre.
En dépit de ces différences d’objet (II), les deux recours sont soumis à des conditions
communes (I).
I. — Conditions communes
La caution doit avoir payé le créancier. Mais il n’est pas nécessaire qu’elle ait payé la totalité de
la dette : à paiement partiel, recours partiel.
Surtout, la caution ne doit ni avoir renoncé à son recours, ni l’avoir perdu.
154. Renonciation. – La caution peut avoir expressément renoncé à recourir contre le débiteur
principal, ce qui est rare. La renonciation, plus souvent, s’induit des circonstances, notamment des
relations caution-débiteur et de l’intention libérale qu’elles impliquent 277. Dans ce cas, le
cautionnement constitue une donation indirecte.
155. Perte. – L’article 2308 du Code civil prive la caution de ses recours contre le débiteur dans
deux cas, en raison de sa négligence : elle n’a pas averti le débiteur de son paiement et :
– celui-ci a payé une seconde fois la dette,
– ou il avait des exceptions permettant de faire déclarer la dette éteinte (nullité, compensation...) ;
il faut, dans ce dernier cas, que la caution ait payé spontanément, sans être poursuivie 278.
La caution perd alors tout recours contre le débiteur ; mais elle a une action en répétition contre le
créancier.
161. Prévention. – Lorsque la caution n’a pas encore payé, elle n’a
subi aucune perte. Comment admettre qu’elle puisse exercer une action
contre le débiteur ? En réalité, le risque couru par la caution est de
devoir payer sans bénéficier d’un recours utile. Ce risque s’aggrave dans
deux cas : lorsque l’insolvabilité du débiteur est avérée, et lorsque
l’obligation principale dure plus longtemps que prévu par la caution :
plus le temps passe, plus le risque croît. C’est pourquoi, par souci
d’équité, la loi (C. civ., art. 2309 et 2316), permet à la caution de se
prémunir contre le risque d’insolvabilité du débiteur, en exerçant une
action préventive.
Ce recours n’a pas la même nature, ni le même objet que la créance
principale. Il peut être exercé, en même temps que celle-ci l’est par le
créancier 299.
164. Autres cas. – Les autres cas d’ouverture du recours anticipé présentent moins d’intérêt
pratique. Il s’agit de situations dans lesquelles la caution est poursuivie en paiement par le créancier
(art. 2309, 1o) : elle aurait pu, de toute façon, appeler dans la cause le débiteur ; ou bien l’obligation
garantie dure au-delà de ses prévisions, en raison de l’inaction du créancier après l’échéance du
terme (art. 2309, 4o) ou d’une prorogation de terme (art. 2316) ; ou l’obligation, à durée
indéterminée, court depuis plus de dix ans (art. 2309, 5o) ; ou la décharge promise par le débiteur n’a
pas été rapportée dans le délai convenu (art. 2309, 3o).
166. Objet du recours. – Que peut exiger la caution en exerçant un recours anticipé ?
Traditionnellement, on considère que l’objet du recours n’est pas le paiement de la somme garantie,
ce qui serait injuste (prorogation de terme accordée au débiteur) ou absurde (si le débiteur peut payer
la caution, qu’il paie le créancier). La caution peut tout au plus faire pression sur le débiteur. Elle
peut exiger la fourniture d’une sûreté destinée à garantir son recours ultérieur après paiement ; et, en
qualité de créancier éventuel, prendre des mesures conservatoires (saisie-attribution, par
exemple) 305. En revanche, n’étant pas titulaire d’une créance certaine et exigible, elle ne peut
recevoir aucun paiement, ni recourir à l’exécution forcée 306.
Récemment, cette opinion a été contestée par certains auteurs. Le recours anticipé serait une
véritable action en indemnisation contre le risque que fait courir le débiteur à la caution, et aurait
pour objet un paiement. La caution, disposant d’une « créance personnelle d’indemnité » contre le
débiteur, peut agir même si celui-ci est lui-même poursuivi en paiement par le créancier 307. La
caution pourrait donc recourir à l’exécution forcée, recevoir, le cas échéant, un dividende dans la
« faillite » du débiteur, ou être payée par celui-ci. Cette somme lui serait acquise, sauf à être reversée
au débiteur s’il doit ultérieurement payer le créancier ; ou déduite du recours de la caution contre ses
cofidéjusseurs 308.
Cette opinion appelle des réserves : dans certains cas, il est opportun de permettre à la caution de
devenir créancière, de manière anticipée, du débiteur 309. Cette « créance personnelle d’indemnité »
permet à la caution d’exercer une action oblique (C. civ.,art. 1341-1, anc. art. 1166) contre un
débiteur de son débiteur 310 ; c’est l’un de ses principaux intérêts.
Mais on a bien du mal à expliquer que l’indemnisation d’un risque puisse être égale au préjudice
éventuel.
SOUS-SECTION V
Recours contre les cofidéjusseurs
§ 1. OBJET DU RECOURS
§ 2. CONDITIONS
SECTION I
CONSENTEMENT DE LA CAUTION
I. — Règles de forme
A. UN ENGAGEMENT EXPRÈS
203. Exprès, mais non solennel. – Il est assez rare que la loi exige
d’un consentement qu’il soit exprès ; le plus souvent, il peut être déduit
du comportement (consentement implicite). L’exigence s’explique par la
gravité des conséquences du consentement, que la nature des choses
implique nullement : une expression formelle et univoque s’impose. En
matière de cautionnement, la formule redondante de l’article 2292 (« ne
se présume pas », « doit être exprès ») impose la même exigence. Le
silence (volonté tacite) pas plus que le comportement (volonté implicite)
ne valent cautionnement. Une chose est de s’intéresser au sort du
débiteur principal, de vouloir favoriser la confiance du créancier, autre
chose de s’engager envers celui-ci à payer la dette de celui-là. Aussi
l’engagement doit-il être formulé de manière spéciale et univoque 346 ;
non seulement l’engagement lui-même, mais ses données essentielles :
dette principale garantie 347 et étendue de l’engagement de la caution 348.
En pratique, un écrit – authentique ou sous seing privé – signé de la
caution ou émanant d’elle est requis 349.
Cependant, il suffit que l’engagement de la caution résulte clairement
de l’acte qu’elle a signé, peu importent les termes employés 350. Aucune
formule sacramentelle n’est imposée.
B. INTERPRÉTATION STRICTE
A. ÉLÉMENTS À MENTIONNER
D’après l’article 1376 (anc. 1326) du Code civil, doit être mentionnée
« la somme ou la quantité » due par le signataire du contrat. Il ne s’agit
donc pas de tous les éléments déterminant l’obligation ou son régime,
mais seulement du quantum de l’objet dû, lorsqu’il s’exprime par un
nombre ; ce que l’histoire de la formalité explique parfaitement 379. C’est
pourquoi ni le caractère solidaire de l’engagement 380, ni la nature de la
dette principale 381, ni le caractère cumulatif d’engagements successifs 382
n’ont à figurer dans la mention spéciale.
À l’égard des accessoires, l’hésitation était permise : certains d’entre
eux, notamment les intérêts conventionnels produits par la dette
garantie, augmentent le quantum de l’engagement. D’un autre côté, ils
sont dus par la caution, non pas en vertu d’un engagement spécial, mais
en vertu de l’article 2293 du Code civil : la preuve d’un engagement
relatif aux intérêts est inutile. Aussi la chambre commerciale de la Cour
de cassation 383, puis la première chambre civile 384 décident-elles qu’il
importe peu que la mention spéciale soit muette à leur égard.
Une autre difficulté surgit lorsque l’engagement de la caution ne peut
pas être chiffré, parce qu’elle garantit sans limitation des dettes futures
dont le montant est indéterminé (ex. : cautionnement du solde d’un
compte courant). La Cour de cassation a décidé qu’en ce cas la caution
doit apposer une mention « exprimant sous une forme quelconque, mais
de façon explicite et non équivoque, la connaissance qu’elle a de la
nature et de l’étendue de l’obligation souscrite » 385. Mais cette règle a
été posée à un moment où la première chambre civile faisait de la
mention manuscrite un instrument de protection du consentement 386. Il
n’est pas certain qu’elle demeure aujourd’hui, où la mention prescrite
par l’article 1376 (anc. 1326) est redevenue une règle de preuve.
B. SANCTION
§ 2. VICES DU CONSENTEMENT
Les cautions non professionnelles invoquent souvent un vice du
consentement. Poursuivies par le créancier longtemps après la
conclusion du contrat, elles découvrent l’étendue de leur obligation,
qu’elles pensaient incertaine, éventuelle. Deux vices sont souvent
invoqués : l’erreur et le dol. La violence l’est plus rarement 421.
I. — Erreur
214. Erreur sur la solvabilité du débiteur. – Plus souvent, la caution a compris son engagement.
Mais elle invoque une erreur sur la solvabilité du débiteur principal. Celle-ci ne constitue pas,
pourtant, la substance de l’engagement de la caution. Aucun doute pour la solvabilité future du
débiteur. La caution ne peut soutenir avec succès qu’elle s’est obligée dans la certitude de la
solvabilité future du débiteur, car ce serait vider son engagement de tout sens : le risque
d’insolvabilité en est la raison d’être 425.
Les choses sont plus complexes lorsque l’erreur invoquée porte sur la solvabilité actuelle du
débiteur, au moment de l’engagement de la caution. Celle-ci peut avoir une incidence dans deux cas.
La caution d’abord prend en considération la possibilité d’exercer éventuellement un recours contre
le débiteur ; or, il se peut qu’au moment de la conclusion du contrat, la situation de celui-ci ait été
définitivement obérée, à l’insu de la caution (ex. : débiteur en état de cessation des paiements).
L’erreur de la caution aura été déterminante. Elle ne porte pas pour autant sur les qualités
substantielles, mais sur un mobile de son engagement, étranger à l’échange des consentements avec le
créancier. Après avoir admis le contraire 426, la Cour de cassation décidait finalement que cette
erreur est indifférente, sauf si la caution a fait de ce mobile la condition de son engagement 427. Cette
condition peut être tacite 428 : il faudra que le créancier l’ait acceptée, et, s’il connaissait par ailleurs
la situation réelle du débiteur, on est très proche du dol par réticence.
Ensuite, lorsque la caution garantit non pas les dettes futures ou celles qui naissent au moment de
son engagement (cautionnement consenti en même temps que le prêt qu’il garantit), mais des dettes
présentes nées antérieurement, la solvabilité actuelle du débiteur permet de déterminer en fait
l’étendue de l’obligation. Une erreur pourrait en principe conduire à la nullité du contrat 429.
Cet état du droit positif devrait perdurer après la réforme du droit des contrats par l’Ordonnance
du 10 février 2016. Certes, le nouvel article 1132 ne parle plus de substance, mais de « qualités
essentielles de la prestation due ». Mais celle que doit la caution demeure le paiement de la dette
principale ; il est difficile d’imaginer que la caution puisse se tromper sur son obligation de payer ou
sur la dette garantie, et la protection que lui assure le formalisme l’empêche en principe.
L’article 1135 confirme qu’une erreur sur un motif n’est cause de nullité que si les parties en ont fait
un élément déterminant de leur consentement. Quant à l’article 1134, il permet d’invoquer l’erreur sur
les qualités essentielles du cocontractant, ici le créancier, seulement lorsque le contrat est conclu en
considération de sa personne ; seul le cautionnement de dettes futures pourrait donner lieu à ce type
d’erreur, mais la pratique n’en donne pas d’exemple.
II. — Dol
La nullité pour dol (C. civ., anc. art. 1116) est plus souvent prononcée ; ce qu’explique la
nécessité de protéger la caution non professionnelle. Ici encore, les textes issus de l’Ordonnance de
réforme du 10 février 2016 (nouv. art. 1137 à 1139 ) ne devraient pas entraîner une modification du
droit positif.
En principe, le dol n’est une cause de nullité que lorsqu’il émane du cocontractant (nouv.
art. 1137) et a déterminé le consentement de la victime (nouv. art. 1130).
215. Dol du cocontractant. – Les tribunaux admettent sans difficulté le dol émanant du créancier
(généralement, une banque). La manœuvre consiste à laisser croire que le débiteur pourra faire face à
son obligation, donc que la caution disposera d’un recours efficace – ce qui pour elle est déterminant
–, alors que la situation du débiteur est irrémédiablement compromise ou lourdement obérée.
Conformément au droit commun, la manœuvre dolosive peut consister en un acte positif ; assurance
formelle donnée par le banquier, production de faux documents 430. Elle peut surtout résulter du
silence du créancier, qui omet de révéler à la caution la situation du débiteur irrémédiablement
compromise au moment où elle s’engage 431 ou ses intentions quant au maintien des concours
accordés 432. Ce qui revient à faire peser sur le banquier une obligation d’informer la caution,
préalablement à son engagement 433. Sur ces deux points : obligation de contracter de bonne foi (nouv.
art. 1104) et admission du dol par réticence (nouv. art. 1137, al. 2), l’Ordonnance du 10 février 2016
confirme le droit jurisprudentiel antérieur. L’obligation d’information, généralisée par le nouvel
article 1112-1, connaît des limites, qui, cependant, peu à peu s’évanouissent lorsque le créancier est
un professionnel :
– d’une part, le créancier ne peut révéler que ce qu’il connaît 434 ;
– d’autre part, aucune obligation d’informer spontanément des cautions qui, en raison de leurs
liens avec le débiteur principal, peuvent s’informer elles-mêmes 435. Leur ignorance ne serait pas
« légitime » (nouv. art. 1112-1).
On jugeait naguère que le créancier n’a aucun devoir de conseil à l’égard de la caution,
notamment en ce qui concerne l’opportunité, pour celle-ci, de l’acte ; mais les choses changent à cet
égard 436. De plus, la Cour de cassation décide que l’obligation d’informer la caution de la situation
irrémédiablement compromise du débiteur présente un caractère impératif, car elle découle de
l’obligation de contracter de bonne foi ; dès lors qu’il sait, le créancier, le plus souvent un
établissement de crédit ou une société de financement, doit révéler, même si la caution a déclaré
qu’elle n’attachait pas d’importance à la situation du débiteur principal 437, et même si elle a déclaré
avoir pleine connaissance de la situation financière et juridique de celui-ci 438. Le devoir
d’information se transforme insidieusement en un devoir de mise en garde 439.
Lorsque les manœuvres dolosives sont établies, leur caractère
déterminant va de soi : la charge de la preuve pesant sur la caution est
allégée 440. En revanche, s’en tenant à une conception strictement
juridique du dol, la jurisprudence refuse d’annuler le cautionnement
lorsque les manœuvres émanent du débiteur lui-même 441 ou de tiers 442.
Les auteurs critiquent généralement cette jurisprudence. Au moins
devrait-on tenir compte de l’erreur provoquée dont la caution est la
victime.
Il est vrai que si l’erreur porte alors sur la solvabilité du débiteur, elle est déterminante, mais non
« substantielle » ni « essentielle ».
SECTION II
CAPACITÉ ET POUVOIR
§ 2. COMMUNAUTÉ CONJUGALE
219. Gage limité ou cogestion ? – Jusqu’à la loi du 23 décembre 1985, le mari était seul
administrateur de la communauté conjugale (C. civ. anc., art. 1421). Les obligations qu’il contractait
seul engageaient les biens communs, qui constituent souvent le seul patrimoine des époux (C. civ.
anc., art. 1413). Lorsque le mari se portait caution, le créancier pouvait donc poursuivre le paiement
en saisissant les biens communs pendant la durée de la communauté, et les biens indivis après la
dissolution de celle-ci ; de plus, l’épouse ou ses héritiers pouvaient être poursuivis pour la moitié de
la dette, sauf bénéfice d’émolument (C. civ. anc., art. 1483). La situation était souvent dramatique : le
cautionnement n’avait pas toujours été donné dans l’intérêt de la famille ; il pouvait garantir des
sommes devenues écrasantes avec l’écoulement du temps 467, l’ignorance de la femme et l’oubli du
mari 468. Les auteurs dénonçaient cette situation 469. Mais il était difficile d’en éviter les
conséquences. Le cautionnement n’appartient pas à la catégorie des actes soumis, à peine de nullité,
au consentement des deux époux (cogestion) : il ne réalise pas l’aliénation d’un bien et ne relève
donc ni de l’article 215, ni de l’article 1424 (aliénation à titre onéreux de certains biens), ni de
l’article 1422 (disposition à titre gratuit des biens communs) du Code civil 470.
Dans certains cas, cependant, le cautionnement était annulé parce qu’il dissimulait
frauduleusement l’un de ces actes 471 ; mais en principe, il était valable et efficace 472.
La loi du 23 décembre 1985, tout en donnant aux deux époux la
qualité d’administrateurs, a voulu protéger le patrimoine commun contre
les effets du cautionnement, sans entraver leur autonomie. C’est
pourquoi le nouvel article 1415 du Code civil ne soumet pas le
cautionnement au consentement des deux époux à peine de nullité : se
porter caution n’est pas disposer d’un bien ; cette cogestion eût été
pesante, notamment lorsque le cautionnement est nécessaire à l’activité
professionnelle de l’un des époux, laquelle ne tolère pas l’ingérence de
l’autre (C. civ., art. 1421, al. 2 nouv.). Le texte nouveau, qui ne
s’applique qu’aux cautionnements consentis après le 1er juillet 1986 473,
se borne à faire échapper au créancier les biens communs ordinaires
(acquêts de communauté), lorsque le cautionnement est donné par un
époux seul 474.
De deux choses l’une, en effet :
– ou bien le cautionnement donné par l’un des époux est
expressément autorisé par l’autre ; il s’agit alors d’une dette commune
du chef de l’un des époux ; le créancier pourra exercer ses poursuites,
non seulement sur les biens propres de l’époux caution, mais encore sur
les biens communs. Seuls échapperont au créancier les biens propres de
l’époux de la caution, ainsi que ses gains et salaires (C. civ.,
art. 1414) 475 ;
– ou bien le cautionnement est donné par un époux sans le
consentement de l’autre, et le gage du créancier se trouve réduit aux
biens propres de l’époux caution, ainsi qu’aux revenus de celui-ci. Les
acquêts de communauté (et naturellement les biens et revenus de l’autre
époux) sont insaisissables. Il s’ensuit que le créancier, non seulement ne
pourra saisir les acquêts, mais ne pourra bénéficier sur ceux-ci d’aucune
sûreté légale ou mesure conservatoire 476 ; ni, a fortiori, d’une sûreté
conventionnelle 477.
Lorsque le créancier prétend saisir un compte de dépôt, c’est à lui de prouver que le compte ne
reçoit que les revenus de l’époux caution 478, car la présomption est en faveur des acquêts ordinaires
(C. civ., art. 1402) ; et l’article 221 du Code civil ne lui est d’aucun secours, car ce texte règle une
question de pouvoir, et non de nature du bien 479. Il est, de plus, essentiel de distinguer les sommes
figurant sur le compte recevant les revenus, qui, demeurant de la monnaie scripturale, conservent la
qualité de revenus (saisissables), et les produits financiers résultant d’une transformation de cette
monnaie en quasi-monnaie, constitutive d’acquêts (insaisissables) : tels sont les plans d’épargne-
logement ou les comptes-titres 480.
La Cour de cassation a donné à ce dispositif protecteur des acquêts de
communauté un large domaine, appliquant l’article 1415 du Code civil à
l’aval 481, à la garantie à première demande 482 ainsi que dans le régime de
la communauté universelle 483. Des juges du fond l’appliquent à la
garantie autonome 484. De même, après avoir hésité, la Cour de cassation
décide aujourd’hui que lorsque deux époux s’engagent chacun de leur
côté – c’est-à-dire par actes séparés –, en qualité de cautions de la même
dette, les acquêts ne sont pas engagés, car aucun des deux n’a donné son
consentement exprès à l’engagement de l’autre ; comprenons : à
l’engagement des acquêts par l’autre 485. C’est seulement si les époux se
portaient « cocautions » par un seul et même instrumentum qu’il peut
être soutenu que l’engagement pris en contemplation du cautionnement
du conjoint vaut consentement exprès 486.
Le consentement dont il est question à l’article 1415 du Code civil
n’est pas un engagement personnel 487, mais seulement une autorisation,
permettant d’engager les acquêts de communauté. Aussi échappe-t-il aux
règles de preuve de l’engagement, notamment à l’article 1326 du Code
civil 488, ou à l'application des règles protectrices de la caution telles que
l'obligation d'information ou le devoir de mise en garde pouvant peser
sur le créancier 489. Mais il doit être exprès, c’est-à-dire exprimé ; il ne
peut être tacite, ou implicite, sans devoir, pour autant, se couler dans
une formule sacramentelle 490.
La sanction d’un défaut de consentement du conjoint n’est pas la
nullité de l’engagement. Mais les acquêts de communauté ne sont pas
engagés, ce que l’on appelle, parfois, une « inopposabilité » à la
communauté ; la formule est rudimentaire. Chacun des deux époux,
même celui qui s’est porté caution 491, peut invoquer cette limitation du
gage du créancier : car il ne s’agit pas d’invalider son acte, mais de
protéger les acquêts de communauté. Mais seuls les époux le peuvent 492.
Avant la réforme du droit de la prescription, il avait été jugé que l’action
en inopposabilité, qui n’est pas une action en nullité, ne se prescrit pas
par cinq ans 493. La loi du 17 juin 2008 a remis en cause cette solution
dans la mesure où le nouvel article 2224 du Code civil pose désormais
pour principe que les actions personnelles ou mobilières se prescrivent
par cinq ans à compter du jour où le titulaire d’un droit a connu ou
aurait dû connaître les faits lui permettant de l’exercer.
Le dispositif de l’article 1415 est efficace, et il semble que les
créanciers professionnels – les banquiers – se soient faits à cette
mesure 494. Il ne s’applique cependant qu’au cautionnement stricto sensu,
et non aux autres engagements à la dette d’un tiers, tels ceux qui
résultent de la qualité d’associé dans une société de personnes 495.
Quant à la constitution d’une sûreté réelle à la garantie de la dette
d’un tiers, qui ne comporte aucun engagement personnel et n’est donc
pas un cautionnement, elle échappe désormais à l’article 1415 ; mais si
le bien dépend de la communauté, cette constitution est soumise à
cogestion (art. 1422, al. 2, issu de l’ord. du 23 mars 2006) 496.
SECTION III
CAUSE ET QUALIFICATION DU CAUTIONNEMENT
I. — Désignation de la cause
223. Inopposabilité des exceptions. – On peut avancer une autre explication : ce qui conduit la
caution à s’obliger, ce sont ses relations avec le débiteur : affection, amitié, intérêt, rémunération...
Mais ces relations sont étrangères au créancier ; il est un tiers, protégé par le principe de
l’inopposabilité des exceptions sauf si leur maintien est la condition ou le terme de l’engagement. La
règle de l’inopposabilité des exceptions dans une opération à trois personnes voisine, la délégation,
peut s’expliquer de la même manière 503.
En tout cas, la conception classique de la cause – contrepartie attendue du créancier – ne peut
s’appliquer au cautionnement ; la cause se confond toujours plus ou moins avec les motifs dans un
contrat unilatéral 504, car elle est nécessairement extérieure au contrat lui-même.
En réalité, la fonction traditionnelle de la cause – justifier l’obligation du débiteur par le but de
celle-ci – n’était jamais invoquée en matière de cautionnement. C’est un autre rôle qu’on cherchait à
lui faire jouer.
229. Acte à titre onéreux. – Par nature et non par essence gratuit, le
cautionnement peut, tout en restant soumis au même régime, être conclu
à titre onéreux. Ainsi, lorsque la caution fait rémunérer son engagement
par le débiteur (cautionnement bancaire...). D’ailleurs, le cautionnement
consenti par un professionnel à titre onéreux constitue un service
financier rendu à l’emprunteur ; le recours de la caution se prescrit alors
par deux ans, en application de l’article L. 137-2 du Code de la
consommation 519.
SECTION IV
CONTENU DU CAUTIONNEMENT
I. — Intérêt de la distinction
I. — Cautionnement « indéfini »
A. PRINCIPAL
B. ACCESSOIRES
C. FRAIS DE JUSTICE
SECTION I
EXTINCTION PAR VOIE ACCESSOIRE
256. Remise de dette 610. – Aux termes de l’article 1350-2 (anc. 1287,
alinéa 1) du Code civil, la remise de dette accordée au débiteur principal
libère les cautions, même solidaires. Peu importe la cause de la remise,
gratuite ou onéreuse 611.
De la remise de dette, il faut rapprocher la transaction que peut
toujours invoquer la caution 612.
De la remise volontaire de dette, librement consentie par le créancier,
il faut distinguer diverses remises plus ou moins imposées à celui-ci,
lorsque le débiteur fait l’objet d’une procédure collective d’apurement
du passif. Le sort de la caution varie alors en fonction des objectifs
poursuivis par le législateur : si, de manière générale, la caution ne
profite pas de ces remises, parce qu’elles ont été accordées au sein d’une
procédure dont l’ouverture est la conséquence de la défaillance du
débiteur principal et que la finalité du cautionnement est, précisément,
de pallier cette défaillance, il arrive, toutefois, que le législateur afin
d’inciter le dirigeant social, qui est le plus souvent caution des dettes de
l’entreprise qu’il dirige, à demander l’ouverture d’une procédure de
traitement des difficultés de l’entreprise sans attendre la cessation des
paiement, décide qu’exceptionnellement, la caution pourra se prévaloir
des remises ou des délais accordés au débiteur principal. Tel est le cas
dans l’hypothèse de l’ouverture d’une procédure de conciliation ou de
sauvegarde. Tel est également le cas lorsque, dans les quarante-cinq
jours suivant la cessation des paiements de l'entreprise, l'ouverture d'une
procédure de conciliation est demandée par le dirigeant social. En
revanche, tel n’est pas le cas dans l’hypothèse de l’ouverture d’un
redressement judiciaire ou d’une procédure de traitement des difficultés
des particuliers 613.
SECTION II
EXTINCTION PAR VOIE PRINCIPALE
SOUS-SECTION I
Droit commun
§ 2. OBLIGATION DE COUVERTURE
A. RÉSILIATION UNILATÉRALE
269. Information. – Afin de permettre à la caution ou à ses héritiers d’exercer leur faculté de
résiliation, les tribunaux, puis la loi, ont imposé au créancier professionnel une obligation
d’information, encore restreinte : la jurisprudence ne l’impose au créancier – pratiquement, une
banque – qu’en cas de décès de la caution 655. Quant à l’obligation légale, prévue par l’article 48 de
la loi du 1er mars 1984 (CMF, art. L. 313-22) et imposant au créancier de « rappeler la faculté de
révocation à tout moment et les conditions dans lesquelles celle-ci est exercée » 656, elle ne
concerne que les établissements de crédit (auxquels sont assimilées les sociétés de financement à
compter du 1er janvier 2014) et n’est destinée qu’aux cautions dont la fourniture a été l’une des
conditions de l’octroi d’un concours à l’entreprise débitrice principale. Conscient de cet
inconvénient, le législateur l’a étendue d’abord par la loi Madelin du 11 février 1994 à tous les
créanciers en cas de cautionnement à durée indéterminée consenti par une personne physique pour
garantir une dette professionnelle d’un entrepreneur individuel puis à l’occasion de la loi du
29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, en ajoutant à l’ancien article 2016 du
Code civil, devenu aujourd’hui l’article 2293, une phrase énonçant que « Lorsque le cautionnement
est contracté par une personne physique, celle-ci est informée par le créancier de l’évolution du
montant de la créance garantie et de ces (sic) accessoires au moins annuellement à la date
convenue entre les parties ou, à défaut, à la date anniversaire du contrat, sous peine de déchéance
de tous les accessoires de la dette, frais et pénalités », puis dans la loi Dutreil du 1er août 2003, en
insérant dans le Code de consommation les nouveaux articles L. 333-2 et L. 343-6 (anc. art. L. 341-6)
qui reprennent le texte de l’article L. 313-22 du Code monétaire et financier tout en le généralisant
puisque l’obligation d’information concerne désormais tout créancier professionnel et tout type de
cautionnement dès lors que la caution est une personne physique (ce qui rend ce texte applicable dans
les rapports entre une caution professionnelle et sa sous-caution personne physique alors que l’art.
L. 313-22 CMF ne l’est pas).
B. TERME IMPLICITE
a) Décès de la caution
SOUS-SECTION II
Faute du créancier
Plus que celui de tout débiteur, le sort de la caution est entre les
mains du créancier. Son obligation, dépendant de celle d’un autre, met
la caution à la merci des agissements du débiteur et du créancier,
auxquels elle ne peut s’opposer immédiatement. Tenue sans
contrepartie, ses droits consistent pour l’essentiel en un recours contre
le débiteur, dont l’efficacité dépend elle-même du créancier. Celui-ci a
donc à son égard un devoir de loyauté particulier que sanctionne le droit
positif de deux manières. Dans certains cas, la faute du créancier
décharge la caution (§ 1). Certaines déchéances légales sanctionnent
l’inobservation des obligations d’information et de modération (§ 2).
Plus généralement, les règles ordinaires de la responsabilité civile
peuvent être mises en œuvre (§ 3), sans toutefois que la caution puisse
toujours être efficacement protégée en cas de cession de la créance
garantie 694.
280. Justification pratique. – La caution est obligée sans contrepartie. Ses droits consistent dans
le recours qu’elle pourra exercer contre le débiteur. Elle s’est engagée d’autant plus volontiers que le
créancier avait pris ou promis de prendre d’autres sûretés ou disposait de droits préférentiels, dans
lesquels elle avait vocation à être subrogée, si elle était amenée à payer le créancier. Or, le créancier
reste juridiquement seul maître de ces sûretés jusqu’au paiement ; s’il les fait disparaître, il trompe la
confiance de la caution. Celle-ci est alors libérée.
282. Toutes les cautions, seules les cautions. – L’article 2314 est
propre au cautionnement, ce que peut expliquer l’un ou l’autre
fondement possible. La personne qui invoque le bénéfice de subrogation
doit être liée au créancier par un cautionnement, tels la caution
personnelle, ou naguère la « caution réelle » 699, le certificateur de
caution 700 ou la sous-caution 701, et la caution solidaire 702.
En revanche, sont exclues certaines personnes dont la situation est
voisine – elles sont tenues pour une autre et bénéficient de la
subrogation légale – mais qui ne sont pas cautions : le codébiteur
solidaire 703 et le tiers détenteur d’un immeuble hypothéqué 704.
La caution peut invoquer l’article 2314 si deux conditions, qui
rappellent celles de la responsabilité civile, sont réunies : un préjudice
consistant dans la perte d’un droit (I), par le fait du créancier (II).
I. — Obligations d’information
293. 2o) Sur la défaillance du débiteur. – La loi du 1er mars 1984 ne visait pas le cautionnement
consenti en garantie d’un prêt au consommateur mobilier ou immobilier. À l’égard de celui-ci, la loi
du 31 décembre 1989, dite loi Neiertz, a institué une obligation d’information, qui n’a pas le même
objet. Les établissements de crédit doivent informer la caution de la défaillance du débiteur
principal, dès le premier incident susceptible d’être mentionné au fichier des incidents de paiement
créé par cette loi (C. consom., art. L. 314-17). Cette obligation ne s’impose qu’en présence du
cautionnement accessoire à une opération de crédit relevant des lois dites lois Scrivener du
10 janvier 1978 et 13 juillet 1979. Elle doit permettre à la caution, non de mettre un terme à son
engagement, qui est à durée déterminée, mais de prendre des mesures de sauvegarde. La sanction est
analogue à celle que prévoit la loi de 1984 : la privation du droit aux intérêts et pénalités 779 échus
depuis l’incident jusqu’à l’information.
Cette obligation d'information a été, ensuite, étendue au cautionnement du locataire : la loi du
21 juillet 1994 (modifiant l'art. 24 de la loi du 6 juillet 1989) a prévu que le commandement de payer
adressé au locataire doit être signifié à la caution dans un délai de quinze jours à compter de sa
signification au locataire. À défaut, là encore, la caution ne peut être tenue au paiement des pénalités
ou des intérêts de retard.
La loi du 29 juillet 1998 a, ultérieurement, à nouveau étendu cette obligation à tous les créanciers
professionnels envers la caution personne physique, sous la même sanction (C. consom., art. L. 333-1
et L. 343-5 nouv.). Les créanciers même non-professionnels ont la même obligation à l’égard de la
caution personne physique garantissant une dette professionnelle d’un entrepreneur ou d’une société
(art. 47-II, nouv. L. 11. févr. 1994) ; cette obligation s’applique même au bénéfice de la caution
dirigeante de la société débitrice, qui pourtant est bien placée pour connaître la défaillance de celle-
ci 780. Le propre de l’obligation légale d’information est d’être insensible à la connaissance effective
du destinataire.
Enfin, la Commission de surendettement doit prévenir la caution de l’ouverture de la procédure de
surendettement (C. consom., art. R. 723-4 et anc. art. L. 331-3, II, al. 4). Une obligation similaire
pèse sur le mandataire judiciaire en cas d'ouverture d'une procédure de rétablissement professionnel
(C. com., art. R. 645-11).
I. — Faute du créancier
La faute peut être commise par le créancier dans ses rapports avec la
caution, ou dans ses rapports avec le débiteur : la caution est alors
victime en raison de son obligation de garantie. Le plus souvent, il est
reproché au créancier d’avoir manqué de loyauté envers la caution
(devoir de renseignement et de conseil) ou même d’avoir accepté son
engagement ; ou bien aussi d’avoir bradé ses intérêts en soutenant
abusivement le débiteur.
II. — Préjudice
SOUS-SECTION III
Compassion législative à l’égard de la caution
SECTION I
NATURE JURIDIQUE
La garantie à première demande est un contrat sui generis (§ 1),
dominé par l’inopposabilité des exceptions (§ 2), ce qui rend essentielle
la qualification en présence d’un acte obscur (§ 3).
§ 2. ANALYSE
Le garant à première demande ne peut donc invoquer ni les exceptions
tenant à ses relations avec le donneur d’ordre 915, ni celles qui tiennent
aux rapports du donneur d’ordre avec le bénéficiaire, c’est-à-dire à
l’obligation garantie. À la différence du cautionnement, la garantie n’est
pas accessoire.
§ 3. QUALIFICATION
SECTION II
EFFICACITÉ
SECTION III
RECOURS ET TRANSMISSION
INTRODUCTION
Les sûretés réelles 988 sont, le plus souvent, des droits réels accessoires
à une créance (§ 1) ; leur importance varie selon les moments de
l’histoire (§ 2), elles sont nombreuses et diverses, ce qui appelle une
classification (§ 3).
I. — Principaux attributs
402. Droit exclusif. – Les sûretés réelles fondées sur l’octroi d’un
droit de propriété au créancier (propriété réservée par le créancier ou
propriété cédée au créancier à titre de garantie) placent, elles, le
créancier dans une situation d’exclusivité qui le fait échapper à tout
concours avec les autres créanciers de son débiteur, le bien grevé étant
sorti du patrimoine de ce dernier ou bien n’y étant jamais entré.
En conséquence, il ne peut être question ici d’exercice par le
créancier d’un droit de préférence (lequel n’a de sens que dans une
situation de concours entre plusieurs créanciers) ou d’un droit de suite
(le débiteur ne pouvant pas disposer du bien puisqu’il n’en est pas
propriétaire).
Tout conflit n’est pas exclu pour autant : le bénéficiaire d’une sûreté
fondée sur la propriété peut parfaitement se trouver confronté à un autre
créancier prétendant être titulaire d’une sûreté similaire ou à un tiers
prétendant avoir valablement acquis le bien du débiteur.
Mais la résolution de tels conflits obéit alors à une autre logique que
celle du classement de droits préférentiels ou de l’exercice d’un droit de
suite. Elle repose sur une logique d’exclusion fondée sur « prior
tempore, potior jure » : l’emporte celui qui le premier a pu rendre son
droit exclusif sur le bien opposable aux tiers, ce qui, le plus souvent
(mais pas toujours), suppose l’accomplissement d’une formalité !
404. Chose, symbole et droit. – Comme dans le droit des biens, des
obligations et des contrats, il y a aujourd’hui une « dématérialisation »
des sûretés réelles. Très accusée à l’égard du droit de rétention 995 et du
nantissement des créances 996 et des valeurs mobilières 997, elle existe
aussi pour l’hypothèque, de manière moins prononcée 998.
Désormais, il n’est plus toujours nécessaire que la sûreté réelle
s’applique à une chose, elle peut aussi porter sur un symbole,
représentant la chose 999, voire sur un droit que rien ne représente.
Phénomène dont les causes sont nombreuses : développement de
l’activité juridique, notamment intellectuelle, extension de
l’appropriation – notamment les propriétés incorporelles –,
bureaucratisation et informatique. Beaucoup disent que c’est un progrès
irréversible ; mais rien ou presque rien n’est irréversible. Il est possible
que la sécurité de la sûreté amène un jour à revenir à la nécessité de la
mainmise sur la chose : à nouveau, il n’y aurait de sûreté que tangible.
405. Indivisibilité. – Comme les droits réels, toutes les sûretés
réelles sont indivisibles 1000 sauf clause contraire 1001 ; ainsi, le droit de
rétention 1002, le gage 1003 et le nantissement, l’hypothèque 1004, les
privilèges mobiliers et immobiliers, la propriété : le bien grevé de sûreté
est entièrement affecté à l’ensemble des dettes qu’il garantit. Même si la
créance se divise, chacun des créanciers peut saisir la totalité du bien
grevé. Inversement, même si la dette se divise, le bien grevé répond
entièrement de chaque fraction de la dette.
§ 2. ÉVOLUTION
L’évolution des sûretés réelles est dialectique (I) ; elle affecte non
seulement la politique législative, mais aussi la technique juridique (II)
et dépend souvent aujourd’hui des conséquences de la « faillite » (lato
sensu), qui ont profondément changé ces dernières années (III).
I. — Dialectique
II. — Technique
§ 3. CLASSIFICATION
I. — Effets
II. — Sources
III. — Assiette
432. Compensation et exception d’inexécution. – Il existe dans la compensation 1074 une double
idée de réciprocité et de garantie que l’on trouve aussi dans le droit de rétention. Mais il y a des
différences. D’abord, le domaine des deux institutions n’est pas le même : la compensation, tout au
moins lorsqu’elle est légale, suppose qu’il y ait des dettes fongibles, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il
s’agit du droit de rétention. Surtout, la compensation produit un effet définitif, en éteignant les deux
dettes croisées ; au contraire, le droit de rétention a un effet provisoire : il permet seulement d’arrêter
l’action en restitution tant que le débiteur ne s’est pas exécuté.
Ceci rapproche le droit de rétention de l’exception d’inexécution 1075, dont il n’est pas facile de
l’isoler. Certains estiment même qu’il n’existe pas de différences 1076. Cependant, le domaine des
deux institutions ne coïncide pas, mais la doctrine est divisée. Les uns partent de l’exception
d’inexécution, qui serait cantonnée à tous les contrats synallagmatiques 1077 ou à tous les rapports
synallagmatiques 1078 ou à tous les contrats 1079, le droit de rétention s’appliquant au reste. D’autres
caractérisent directement le droit de rétention qui apparaît, soit lorsqu’il y a connexité entre une
créance et la détention d’une chose, soit lorsqu’il y a gage 1080.
En outre, dans ses effets, le droit de rétention est indivisible, comme tous les droits réels : chaque
partie de la créance est garantie par la totalité de la chose ; le paiement partiel, si important soit-il,
autorise le créancier à conserver toute la chose retenue 1081 ; au contraire, l’exception d’inexécution
ne peut jouer en cas d’inexécution partielle de faible gravité. Enfin, le droit de rétention est
opposable à tous, alors que l’exception d’inexécution est dominée par la relativité contractuelle.
SECTION I
DOMAINE
§ 1. CAS
§ 2. CONDITIONS
I. — Créance
442. Exceptions. – Au nom de l’intérêt général, des règles étrangères au droit civil interdisent le
droit de rétention dans certains cas. Par exemple, la déontologie des avocats 1105, à l’égard des pièces
que leurs clients leur ont confiées ; en fait, la règle est peu respectée, et pour illicite qu’elle soit 1106,
la rétention est vivace —. De même, en droit pénal, commet un abus de confiance l’agent d’affaires
qui refuse de restituer le dossier de son client en alléguant le non-paiement de ses honoraires 1107. La
combinaison de ces règles avec le droit civil n’est pas facile.
B. UN POUVOIR EFFECTIF
III. — Connexité
SECTION II
EFFETS ET NATURE DU DROIT DE RETENTION
449-1. « Faillite » et droit de rétention fictif de l’art 2286, 4o, C. civ.. – La possibilité laissée
aux organes de la procédure collective par les articles L. 622-7 et L. 642-20-1 du Code de commerce
de payer le créancier rétenteur est aisée à justifier lorsque le rétenteur dispose d’un pouvoir de
blocage du bien : elle se justifie alors par l’intérêt qu’il peut y avoir à mettre fin à la rétention d’un
bien d’une valeur importante, pour pouvoir le vendre, en payant au rétenteur une créance d’un
montant moindre. Mais une telle justification n’est plus de mise en l’absence d’un tel pouvoir de
blocage et l’on pouvait dès lors douter que ces articles et, plus généralement, les textes reconnaissant
l’efficacité du droit de rétention en cas de liquidation judiciaire puissent être applicables au droit de
rétention fictif de l’art. 2286, 4o, du Code civil.
Ces doutes ont été cependant dissipés par l’ordonnance du 18 décembre 2008 1155 :
– D’une part, le nouvel article L. 622-7, I, alinéa 2, du Code de commerce, issu de l’ordonnance
du 18 décembre 2008, prévoit que le jugement ouvrant la procédure de sauvegarde (ou de
redressement judiciaire selon le renvoi effectué à ce texte par l’article L. 631-14, alinéa 1, du Code
de commerce) « emporte, de plein droit, inopposabilité du droit de rétention conféré par le 4o de
l’article 2286 du Code civil 1156 pendant la période d’observation et l’exécution du plan, sauf si le
bien objet du gage est compris dans une cession d’activité décidée en application de l’article L. 626-
1 », ce qui revient à admettre que lorsque le bien gagé est l’objet d’une cession d’activité décidée en
application de l’article L. 626-1, c’est-à-dire d’une cession soumise par ce dernier texte aux règles
applicables à la réalisation des actifs en cas de liquidation judiciaire, le droit de rétention fictif est
opposable à la liquidation judiciaire ;
– D’autre part, le nouvel article L. 642-12, alinéa 5, du Code de commerce affirme que les
alinéas 1 à 4 de ce texte « n’affectent pas le droit de rétention acquis par un créancier sur des biens
compris dans la cession ». Or, ce texte n’aurait pas grand intérêt s’il ne concernait que le droit de
rétention effectif, la jurisprudence ayant toujours admis que l’adoption d’un plan de cession ne peut
pas porter atteinte au droit de rétention issu d’un gage avec dépossession. Le seul moyen de trouver
un intérêt à ce nouvel alinéa ajouté à l’article L. 642-12 du Code de commerce par l’ordonnance du
18 décembre 2008 consiste à considérer que les rédacteurs de cette ordonnance ont voulu affirmer
que cette opposabilité du droit de rétention effectif en cas de plan de cession est également
applicable dans le cas d’un droit de rétention fictif, ce qui est, d’ailleurs, expressément énoncé dans
le rapport de présentation de l’ordonnance au Président de la République.
§ 2. NATURE JURIDIQUE
453. Vain débat. – Pour persistant qu’il soit, le débat sur la qualification du droit de rétention est
vain. Un problème de qualification n’a d’intérêt que lorsqu’il s’agit de déduire des conséquences
juridiques d’une analyse, non d’induire une analyse théorique à partir de solutions certaines ; d’autant
plus qu’il s’agit d’une situation de fait entrant mal dans les classifications juridiques.
La première question est de savoir si le droit de rétention constitue une sûreté. Selon un auteur, il
ne s’agit pas d’un instrument de crédit ; au contraire, la rétention manifeste le refus du créancier de
consentir des délais au débiteur : il veut être payé sur-le-champ 1161, sauf à l’égard du droit de
rétention attaché au gage. Avant la réforme du droit des sûretés, la Cour de cassation avait déjà
décidé à juste titre qu’il n’est pas une sûreté 1162 ; en effet, le détenteur n’a pas le droit de se faire
attribuer la valeur de la chose retenue ; celle-ci ne lui est pas affectée. La réforme du droit des
sûretés par l’ordonnance du 23 mars 2006 corrobore cette analyse puisque le droit de rétention y a
été placé, certes, au sein du livre IV du Code civil (il était difficile de le placer ailleurs), mais
volontairement en dehors du titre I, consacré aux sûretés personnelles, et du titre II, consacré aux
sûretés réelles, et l’on peut remarquer qu’il n’en est jamais fait état dans les articles 2329 et 2373 du
Code civil qui énumèrent, respectivement, les sûretés sur les meubles et les sûretés sur les
immeubles. Depuis, la Cour de cassation a eu l'occasion de réaffirmer expressément son refus de
reconnaître au droit de rétention la qualification de sûreté 1163.
On se demande surtout s’il s’agit d’un droit réel. Plus que la nature du droit de rétention, c’est la
nature du droit réel qui est en cause, nature qui est relative et souvent une question de plus ou de
moins 1164.
Selon les uns, faute de conférer à son titulaire un droit de suite ou un droit de préférence, le droit
de rétention constitue un simple droit personnel, une modalité de la dette de restitution 1165. Pour
d’autres, il est un véritable droit réel 1166 : effet de la détention, il est opposable à tous et dote le
créancier d’un pouvoir sur la chose, celui d’en conserver la détention matérielle jusqu’à complet
payement 1167. D’autres enfin y voient un droit réel inachevé 1168, ce qui est une jolie formule, qui
n’engage pas beaucoup.
Mais faut-il choisir et surtout n’est-ce pas une erreur que de croire
qu’il n’y aurait qu’une seule forme de droit de rétention ? Il est plus
vraisemblable que la nature juridique du droit de rétention varie en
fonction du lien de connexité qui lui sert de substrat 1169.
Le droit de rétention présente aussi des analogies avec la procédure civile d’exécution, une
contrainte exercée sur le débiteur défaillant en vue de l’amener à exécuter ses obligations (CPCE, art.
L. 111-1), à mi-chemin de la mesure conservatoire et de la mesure d’exécution forcée (saisie). À ce
titre, il pourrait relever de l’article L. 111-7 du Code des procédures civiles d’exécution, notamment
du pouvoir modérateur du juge, s’il est excessif 1170.
SECTION I
CRÉANCES GARANTIES PAR UN DROIT DE PRÉFÉRENCE
GÉNÉRAL
§ 1. FRAIS DE JUSTICE
461. Frais utiles et obligatoires. – Celui qui fait des frais afin
d’obtenir par une procédure quelconque la conservation ou la réalisation
des biens de son débiteur bénéficie d’un privilège parce que son acte à
été utile à tous les créanciers dont le patrimoine du débiteur constitue le
gage commun (C. civ., art. 2331 et 2375). La créance est prélevée sur le
prix provenant des biens du débiteur avant qu’il ne soit distribué aux
autres créanciers.
Comme tout privilège, il est de droit étroit. Il suppose que les frais
aient été utiles et aient une connexité étroite avec la procédure 1175 ou
aient été engagés en vertu d’une obligation légale ou judiciaire.
Le cas le plus important est celui des créances des auxiliaires de
justice qui concourent à la procédure collective. Ces derniers pourront
ou non bénéficier du privilège des frais de justice selon que leurs frais
auront ou non été utiles aux créanciers de l’entreprise en difficulté ;
mais l’évolution du droit des procédures collectives a fait produire des
conséquences variables à cette distinction.
– Sous l’empire de la loi du 13 juillet 1967, l’utilité des frais avait
pour conséquence que les frais des organes de la procédure collective
l’emportaient sur les créances hypothécaires 1176 (et même sur le
superprivilège des salariés 1177) alors qu’à défaut ils subissaient leur
primauté 1178.
– Sous l’empire de la loi du 25 janvier 1985, dans sa rédaction
initiale, l’utilité des frais avait pour conséquence que les créances des
organes de la procédure collective bénéficiaient, au titre du privilège des
frais de justice, du deuxième rang de la primauté de paiement instituée
par l’article 40 de la loi du 25 janvier 1985 1179, ce qui leur permettait de
primer toutes les autres créances (y compris hypothécaires 1180) à
l’exception du superprivilège des salariés et des créances salariales non
avancées par l’Association pour la Garantie des Salariés 1181. À défaut
d’utilité, ces frais ne bénéficiaient, en tant que créance née après le
jugement d’ouverture de la procédure, que du cinquième rang de cette
primauté de paiement, ce qui leur permettait, toutefois, de continuer à
primer les créances hypothécaires 1182.
– Sous l’empire de la loi du 10 juin 1994, la solution précédente a été
modifiée en cas de liquidation judiciaire (plus de 90 % des procédures
collectives). L’utilité des frais a pour conséquence que les frais des
organes de la procédure viennent immédiatement après le superprivilège
des salariés (C. com., art. L. 621-32, al. 2). À défaut d’utilité, ils ne
bénéficient, là encore, que du cinquième rang de la primauté de
paiement instituée par ce texte, ce qui, cette fois, a pour conséquence de
leur faire subir la primauté des créances hypothécaires.
– Cette revalorisation des frais de justice par rapport aux créances
salariales non avancées par l’Association pour la Garantie des Salariés a
été poursuivie par la loi de sauvegarde du 26 juillet 2005. Cette réforme
a, en effet, non seulement repris les règles de classement antérieures
dans le cas de la liquidation judiciaire (C. com., art. L. 641-13) mais elle
les a, en outre, étendues, du moins s’agissant du privilège des frais de
justice, au cas de la sauvegarde et du redressement judiciaire (C. com.,
art. L. 622-17). On peut ici remarquer qu’au sein des anciens
articles L. 622-17 et L. 641-13 du Code de commerce les frais de justice
étaient mentionnés à la fois au II de ces articles, en tant que créances
devant être payées avant les créances privilégiées nées après l’ouverture
de la procédure, et au III, en tant que créances bénéficiant du deuxième
rang au sein des créances bénéficiant du privilège de la procédure et que
le seul moyen de résoudre cette contradiction était alors de considérer
que la première de ces deux mentions ne concernait que les frais de
justice nés avant le jugement d’ouverture et la deuxième mention
uniquement les frais nés après cette date, ce qui impliquait que les frais
de justice antérieurs à l’ouverture de la procédure collective aient la
primauté sur les créances postérieures à cette ouverture 1183 (et cela sans
que la distraction des frais et dépens de la liquidation judiciaire prévue
par l’art. L. 643-8, al. 1, du Code de commerce puisse remettre en cause
ce classement 1184).
– L’ordonnance du 18 décembre 2008 a mis fin à cette primauté des
frais de justice antérieurs à l’ouverture de la procédure collective :
désormais, seuls les « frais de justice nés régulièrement après le
jugement d’ouverture pour les besoins du déroulement de la
procédure » sont visés par les nouveaux articles L. 622-17 et L. 641-13
et ils le sont au II de ces articles ce qui a pour conséquence qu’ils ne
sont plus primés que par le super-privilège des salariés.
§ 2. SALAIRES
Comme tous les autres privilèges, comme toutes les sûretés réelles, le
privilège confère un droit de préférence ; on hésite à lui reconnaître un
droit de suite.
502. Droit comparé et réforme. – Cette diversification du gage existe aussi à l’étranger 1251.
Selon une dialectique habituelle à la matière, elle a suscité par ses excès mêmes une réaction et un
retour à l’unité et à la simplicité initiales. En 1951, les États-Unis ont substitué une sûreté mobilière
unique, l’hypothèque mobilière (security interest), quel que soit l’objet de la garantie ou la créance
garantie, aux diverses sûretés mobilières que, comme nous, ils connaissaient jusqu’alors 1252. De
même, le Québec a adopté en 1994, avec son nouveau Code civil, le système de l’hypothèque
généralisée, qui peut porter sur les meubles, les immeubles et même les universalités. Son inscription
permet l’exercice du droit de suite, au même titre que la dépossession 1253. Le système échappe aux
inconvénients du gage avec dépossession : l’absence d’exploitation du bien remis en gage. La
difficulté, c’est la publicité, sans laquelle l’hypothèque est inconcevable. Puisque le meuble grevé de
l’hypothèque ne peut être localisé, la publicité est personnelle – faite au nom de chaque débiteur —.
Beaucoup de pays paraissent vouloir de ce système. D’autres semblent attirés par la réserve de
propriété, à l’allemande, ou la cession fiduciaire 1254. La question a été débattue avant la réforme,
dans la perspective d’une harmonisation souhaitée par la CNUDCI 1255 et elle l'est à nouveau
aujourd'hui 1256.
Avec l’ordonnance du 23 mars 2006, la France a choisi la souplesse et la diversité : le gage de
droit commun peut être constitué avec ou sans dépossession, et par conséquent comporter ou non un
droit de rétention ; il peut porter sur des choses présentes ou futures et garantir une créance présente
ou future ; le créancier peut choisir différents modes de réalisation de sa sûreté. Mais le gage n’est
pas l’unique manière d’affecter un meuble à la garantie d’un crédit ; a été maintenue la réserve de
propriété et même la fiducie-sûreté généralisée par la loi du 17 février 2007 et l’ordonnance du
30 janvier 2009. Cette diversité s’explique, non seulement par l’histoire, mais par le fait que tous les
créanciers n’ont pas besoin de la même sûreté, tous les débiteurs ne peuvent pas constituer la même
sûreté et surtout le spectre de la faillite du débiteur interdisait de supprimer en l’état les seules
sûretés efficaces : celles qui comportent un droit de rétention ou donnent un droit de propriété.
La loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008 et l’ordonnance de réforme de la
procédure de sauvegarde du 18 décembre 2008 ont malencontreusement modifié l’efficacité du gage
en cas de procédure collective 1257
En suivant le plan issu de l’ordonnance du 23 mars 2006, on étudiera
successivement le droit commun du gage (Section I) et les gages
spéciaux (Section II).
SECTION I
DROIT COMMUN DU GAGE
SOUS-SECTION I
Formation
§ 1. PARTIES ET OBJET
506. Solennité. – Tel qu’il était compris par la jurisprudence, l’ancien article 2074 du Code civil
exigeait la rédaction d’un écrit contenant la détermination de la créance due et celle de la chose
remise en gage (spécialité quant à la créance et à l’objet grevé) ayant une date certaine selon les
conditions posées par l’article 1328.
Ce n’était pas une solennité : le contrat était donc valable entre les parties même s’il était
purement verbal. C’était une règle d’opposabilité aux tiers, afin de prévenir une fraude : le débiteur,
au moment d’une saisie, voudrait conférer à un de ses créanciers chirographaires un rang privilégié
sur un de ses meubles en présentant un acte antidaté. La fraude à l’égalité des créanciers
chirographaires était rendue impossible par l’exigence d’une date certaine.
La règle ne s’appliquait pas lorsque le gage était commercial (C. com., art. L. 110-3). De ce fait,
le gage commercial pouvait être prouvé, entre les parties et à l’égard des tiers, par tous moyens et se
trouvait affranchi de la règle de la spécialité quant à la créance garantie 1301, sous réserve,
naturellement, des règles de constitution propres à tel ou tel gage, indifférentes à son caractère
commercial.
Bien que la jurisprudence défendît fermement l’exigence de la date certaine 1302, celle-ci était en
recul dans certains gages spéciaux : le nantissement des créances professionnelles par bordereau
Dailly 1303 et celui des valeurs mobilières, dématérialisées depuis la loi du 3 janvier 1983 1304.
L’ordonnance du 23 mars 2006 a profondément changé la règle, de
deux manières. D’une part, la rédaction d’un écrit contenant la
désignation de la dette garantie (spécialité quant à la créance) et
l’identification des biens engagés par leur quantité et leur nature (corps
certain) ou leur espèce (chose de genre) est une règle de « perfection »
du gage (art. 2336), c’est-à-dire de formation ; le gage cesse d’être réel,
mais il devient solennel ; en l’absence de cet écrit, il est informe, non
formé, ce qui paraît désigner une inexistence, plus encore qu’une nullité
(ce qui, curieusement, n'a pas empêché la Cour de cassation de
maintenir l'affirmation selon laquelle le gage commercial n'a pas à être
constaté par un écrit 1305). D’autre part, cet écrit n’a pas besoin d’avoir
date certaine. Au tiers qui la conteste de prouver la fausseté de la date de
l’acte ; (par exemple, pour le placer pendant la période suspecte) et plus
souvent de la publicité, ce qui pratiquement n’intéresse que le gage avec
dépossession ; la tendance du droit contemporain à négliger les
exigences de la date certaine se confirme (pour le nantissement des
créances aussi ; v. infra).
Cette nouvelle solennité ne s’applique qu’aux gages constitués après
le 25 mars 2006.
507. Contrat réel ? Pour ou contre la dépossession. – L’ancien article 2076 du Code civil
imposait la remise de la chose au créancier gagiste ou à un tiers convenu. Selon l’analyse classique,
qui remonte au droit romain, il s’agissait d’une condition de validité du contrat, dont la
méconnaissance était donc sanctionnée par la nullité, parce que le gage serait un contrat réel 1306.
La tradition devait être réelle, apparente et caractéristique de la volonté de constituer un
gage 1307 ; et la chose devait demeurer entre les mains du créancier ou du tiers convenu jusqu’à la fin
du contrat. Sa restitution au débiteur privait le contrat de son efficacité.
De nombreux auteurs critiquaient cette conception, en raison de l’hostilité qu’ils portent à la
notion de contrat réel et à cause du développement des gages sans dépossession. La remise de la
chose ne constituerait qu’une condition de publicité dont l’absence entraînerait seulement
l’inopposabilité du contrat aux tiers. Avant remise de la chose, le contrat constituerait une promesse
de contrat, obligatoire entre les parties : le débiteur s’engageant à constituer la sûreté promise 1308.
Pourtant, comme pour le prêt, il était douteux que la promesse d’un gage puisse faire l’objet d’une
exécution forcée (la situation a changé avec l'entrée en vigueur de la réforme du droit des obligations
par l'ordonnance du 10 février 2016) ; son inexécution se résolvait en dommages-intérêts. Le gage
était donc bien un contrat réel 1309.
Le rôle que le droit français faisait jouer à la mise en possession du créancier gagiste,
généralement critiqué, était-il justifié ? Il l’était déjà, d’un point de vue historique : le gage tire sa
force de la remise de la chose entre les mains du créancier, qui supplante la cession fiduciaire ; la
sûreté du créancier tient à la possession qu’il a de la chose (v. aussi la définition de l’art. 2071).
Aujourd’hui, la possession, dans le commerce des meubles corporels, demeure essentielle (C. civ.,
ancien art. 2279 devenu aujourd’hui art. 2276) 1310. En matière de gage, la dépossession du
constituant jouait trois rôles, à l’égard desquels elle n’est pas irremplaçable 1311. Seul un quatrième
rôle pouvait justifier le droit positif actuel. D’une part, elle protège le créancier gagiste contre un
risque de détournement du gage par le constituant. D’autre part, elle assure au créancier gagiste un
privilège opposable aux tiers, c’est-à-dire aux créanciers du constituant, dont les droits pourraient
entrer en conflit avec le sien sur l’objet donné en gage 1312. Il s’agit donc d’avertir les tiers 1313 afin de
résoudre un conflit entre ayants cause à titre particulier. Enfin, la dépossession protège le constituant
et ses autres créanciers, au même titre que le principe de la spécialité de l’hypothèque : elle évite les
gages généraux, grevant un ensemble de biens indifférenciés. Il est vrai que ce rôle est aussi joué par
l’obligation de décrire, dans l’acte constitutif, le meuble donné en gage (ancien art. 2074). Les deux
premiers rôles pourraient être remplis par une publicité. Par conséquent, lorsque la publicité est
possible – elle implique la tenue de registres sur lesquels le bien doit être identifié de manière
incontestable, le respect d’un formalisme destiné à donner toute sécurité, ainsi que l’abandon de
l’ancien article 2279 du Code civil, devenu aujourd’hui l’article 2276 du Code civil à l’égard de
toutes les mutations et constitutions de droits réels sur la chose –, le rôle de la dépossession pouvait
être joué par l’accomplissement d’une formalité de publicité. Tel était le cas dans certains gages
« sans dépossession » portant sur des meubles immatriculés ou localisés, où les formes et l’efficacité
de la publicité sont variées 1314. Au contraire, il semblait qu’à l’égard des meubles corporels
ordinaires, difficiles à identifier et à localiser, il était difficile d’organiser une véritable publicité.
Pour expliquer que la mise en possession du créancier soit une condition non seulement
d’opposabilité aux tiers du gage, mais encore de validité, il fallait lui faire jouer un quatrième rôle :
celui d’une protection du constituant, comme en matière de don manuel. La nécessité d’un
dessaisissement actuel attire son attention sur la gravité de son acte. Elle est l’équivalent de la
solennité de l’hypothèque conventionnelle.
Précisément, l’ordonnance du 23 mars 2006 a remplacé la
dépossession par la solennité de l’écrit.
SOUS-SECTION II
Opposabilité aux tiers
509. Option entre deux modes. – Le Code civil distingue désormais
la constitution du gage dans les rapports entre le constituant et le
créancier, soumise seulement à la solennité de l’écrit et à la double
spécialité (créance garantie et bien donné en gage) ; et l’opposabilité du
gage aux tiers, qui résulte d’une formalité supplémentaire. Cette
distinction rapproche le gage de l’hypothèque 1322.
Les parties ont le choix entre deux formalités (art. 2337) : une
formalité de publicité, l’inscription, et la dépossession entre les mains
du créancier ou d’un tiers convenu (entiercement) 1323.
L’idée que la dépossession du constituant et l’entrée en possession du créancier puissent jouer le
rôle d’une formalité de publicité n’est pas nouvelle : aux yeux de tous, notamment de ses ayants cause
à titre particulier, le constituant n’apparaît plus comme le propriétaire du bien, ils ne peuvent donc
prétendre avoir été victimes d’une apparence trompeuse s’ils traitent avec lui relativement à ce bien.
En revanche, l’entrée en possession du créancier ne permet pas à ses ayants cause de savoir à quel
titre il possède ; à cet égard, c’est une publicité imparfaite. Le gouvernement a cependant maintenu la
possibilité de la dépossession, à égalité avec la publicité, par ce que le constituant peut ne pas
vouloir révéler son endettement et par conséquent fuir la publicité, et surtout par ce que la
dépossession comporte pour le créancier un avantage considérable : le droit de rétention (art. 2286,
1o) qui n’existait pas en principe dans le cas du gage sans dépossession, avant l’adoption de la loi de
modernisation de l’économie no 2008-776 du 4 août 2008 qui a conféré un droit de rétention à tous
les gages sans dépossession.
L’inscription est réalisée sur un registre spécial et ses modalités sont
réglées par un décret no 2006-1804 du 23 décembre 2006 complété par
un arrêté du 1er février 2007.
Il s’agit d’un registre spécial tenu aux greffes des tribunaux de commerce, même pour les non
commerçants. L’inscription se fait au greffe du tribunal de commerce dont dépend le domicile ou le
siège du constituant. Elle est relayée sur un fichier national accessible gratuitement par internet. Cette
centralisation est une des clés du succès ; il serait souhaitable que tous les différents registres
recevant des inscriptions de gage ou de nantissement puissent être ainsi centralisés. Si l’on y ajoutait
la publicité obligatoire de la réserve de propriété, le système français n’aurait rien à envier au
security interest nord-américain.
Afin de rendre pleinement efficace l’inscription, la loi pour la
première fois met à l’écart le jeu de l’ancien article 2279, devenu
aujourd’hui l’art. 2276 C. civ. – ce que n’avait pas fait la loi de 1951 sur
le nantissement du matériel et de l’outillage. Les ayants cause à titre
particuliers du constituant resté par hypothèse en possession (créancier
saisissant, acquéreur, gagiste postérieur...) ne pourront pas invoquer la
possession du constituant avec lequel ils auront traité même de bonne
foi, et devront s’incliner devant les droits du gagiste par inscription.
C’est l’une des clés de la réforme : grâce à elle, l’inscription a presque
les mêmes effets que la dépossession à l’égard des tiers.
En contrepartie, il pourrait s’ensuivre un certain alourdissement des transactions mobilières d’une
certaine importance, puisque désormais l’acquéreur ne sera pas protégé par l’article 2276 ; il devra
se renseigner au fichier national, et, le cas échéant, auprès du greffe indiqué si une inscription est
révélée. S'agissant de biens fongibles, tels que des biens meubles de consommation courante, il
serait, toutefois, possible de protéger le tiers acquéreur de bonne foi en considérant, d'une part, qu'en
pratique l'aliénation de tels biens est le plus souvent autorisée par le créancier et, d'autre part, que le
gage n'est opposable aux tiers que dans la mesure des dispositions contractuelles qu'il comporte,
l'autorisation d'aliéner pouvant être ici considérée comme valant renonciation à l'exercice du droit de
suite à l'encontre des tiers 1324.
SOUS-SECTION III
Effets du gage
§ 1. CONTRAT DE RESTITUTION
§ 2. SÛRETÉ RÉELLE
I. — Réalisation du gage
Le créancier gagiste jouit d’un droit de préférence qui peut 1335 être
exercé, soit par la vente forcée du gage (A), soit par l’attribution de la
chose au créancier (B).
SECTION II
GAGES SPÉCIAUX
517. Qu’est-ce qu’un gage spécial ? – L’apparition de formes nouvelles de richesses, parfois
d’une importance considérable, a produit les deux conséquences habituelles et parallèles de la
patrimonialité : aliénabilité et instrument de crédit. Un actif est dormant s’il ne peut servir de sûreté.
Ces biens nouveaux présentent deux particularités, l’une technique, l’autre économique. D’une
part, ils sont souvent des biens incorporels « dématérialisés », où la possession ne s’exerce pas de la
même manière que pour les biens corporels. D’autre part, ils sont souvent des valeurs productives :
la dépossession en empêcherait la fructification.
Le système traditionnel, lié à la remise de la possession, a donc dû se transformer en deux étapes
successives. D’abord, en se contentant d’une dépossession fictive ; le nantissement respecte
formellement les règles de la dépossession mais lui retire beaucoup de son sens. Puis en substituant
des mesures de publicité à la dépossession ; peu à peu, on s’éloigne du gage pour se rapprocher de
l’hypothèque mobilière.
D’une manière générale, l’évolution du droit du gage depuis le Code
civil s’est faite vers la promotion de gages sans dépossession effective.
Le pas décisif a été accompli par l’ordonnance du 23 mars 2006, qui ne
fait plus de la dépossession l’âme du gage de droit commun et par
conséquent conduit à réviser le caractère « spécial » des gages sans
dépossession. Le partage entre ce qui relève du droit commun et ce qui
est soumis à des règles spéciales est devenu incertain puisque le gage
par inscription est désormais lui-même le droit commun 1378, ce qui
conduit parfois la jurisprudence à interprêter le droit spécial à la lumière
du nouveau droit commun 1379 (mais dans certains cas, le droit commun
gagnerait également à être interprêté à la lumière de solutions adoptées
au sein des gages spéciaux et qui mériteraient d'être généralisées 1380).
Aussi appellera-t-on « gage spécial » celui dont le régime échappe en
tout ou en partie aux articles 2333 à 2350 du Code civil, souvent au
regard des règles de constitution et de publicité. Le Code civil lui-même
en donne un exemple : le gage portant sur un véhicule automobile
(art. 2351 à 2354). Mais il en existe beaucoup d’autres.
Depuis la réforme du Code civil, la question se pose de savoir s’il est légitime, et dans quelle
mesure, de maintenir certains gages à l’écart, au moins en partie, du droit commun. La « spécialité »
d’un gage s’explique souvent par des raisons historiques ; elle empêche une publicité centralisée et
fiable : il faut consulter de multiples registres... C’est une question de politique législative qui
devrait être abordée franchement et résolue dans le sens de la simplification, donc de l’unité, ainsi
que le montre l'exemple belge 1381. Elle ne l’a pas encore été, l’ordonnance ayant même créé un
nouveau gage spécial : celui du stock réservé aux établissements de crédit et aux sociétés de
financement.
Parmi les gages spéciaux, on peut distinguer ceux dont la publicité est
efficace (Sous-Section I), de ceux dont la publicité est imparfaite (Sous-
Section II).
SOUS-SECTION IV
Gages sans dépossession dont la publicité est efficace
519. Privilège et droit de rétention. – Avant l’intervention du législateur, les vendeurs à crédit
d’automobiles avaient essayé de se prémunir contre le risque d’insolvabilité de leur débiteur par
plusieurs moyens qui se révélèrent tous insuffisants. Par exemple, en stipulant une clause de réserve
de propriété : la Cour de cassation décida qu’elle était inopposable à la masse de la faillite. Le
législateur a renversé cette dernière règle (L. 12 mai 1980, dite « loi Dubanchet », qui a modifié
l’art. 65 de la loi du 13 juill. 1967 ; C. com., art. L. 624-16) 1384 et il est possible que la pratique des
ventes à crédit d’automobile revienne à la réserve de propriété.
La loi du 29 décembre 1934, dite « loi Malingre », ultérieurement
remplacée par le décret du 30 septembre 1953, conférait un droit de gage
sans dépossession effective au vendeur à crédit d’automobile et au
prêteur de deniers qui en a permis l’acquisition au comptant. Le
créancier gagiste était réputé avoir conservé le véhicule en sa
possession : à ce gage sans dépossession s’appliquaient toutes les
conséquences de droit commun du gage et du droit de rétention.
D’ailleurs la plupart des grands arrêts relatifs au gage et au droit de
rétention intéressent la vente à crédit d’automobile. À la différence du
nantissement du fonds de commerce, il s’agit d’une sûreté légale
comparable à une hypothèque légale, car elle profite de plein droit au
vendeur à crédit et au prêteur, qui la conservent en la faisant publier sur
un registre spécial tenu à la préfecture du lieu d’immatriculation 1385.
Cette inscription n’était pas seulement destinée à avertir les tiers :
comme l’inscription hypothécaire, elle conditionnait l’opposabilité du
droit du créancier gagiste à l’égard des tiers 1386, même de mauvaise
foi 1387. En revanche, à la différence de la dépossession du gagiste,
l’inscription n’était pas une condition de validité du gage, dans les
rapports du prêteur avec l’emprunteur 1388. Ce gage ressemblait donc à
une hypothèque mobilière : l’inscription était le seul mode légal de
publicité.
Des décisions, un peu curieuses, ont admis la validité du « gage » malgré l’absence de propriété
de l’acquéreur. Lorsque la vente à crédit de l’automobile est nulle, bien que l’acquéreur n’en soit pas
propriétaire, est valable le « gage » qu’il a constitué au profit d’un prêteur de deniers qui ignore
l’irrégularité de la vente. La Cour de cassation se fonde sur l’indépendance du prêt par rapport à la
vente 1389. Peut-être fallait-il aussi tenir compte du caractère légal de la sûreté, comme pour le
privilège du prêteur de deniers.
L’ordonnance du 23 mars 2006 a voulu réduire la spécialité de ce gage
en en faisant une sûreté conventionnelle : désormais, le gage automobile
cesse d’être une sûreté légale réservée au vendeur à crédit ou au prêteur
de deniers pour l’acquisition. Il demeure cependant « spécial » à deux
égards. D’une part, sa constitution ne s’opère pas par inscription sur le
registre visé à l’article 2338, mais par déclaration à l’autorité
administrative dans des conditions à définir par décret (art. 2351).
D’autre part, ce gage comporte un droit de rétention fictif : le gagiste est
réputé avoir conservé l’automobile en sa possession par la délivrance du
reçu de la déclaration (art. 2352) ; ce qui maintient le droit antérieur,
pour des raisons difficiles à comprendre.
§ 2. WARRANTS
SOUS-SECTION V
Gages sans dépossession dont la publicité est imparfaite
SECTION I
NANTISSEMENT DE CRÉANCES
525. Originalité. – Une créance (ou un droit social) peut être donnée
en gage 1421. Par exemple, afin d’obtenir plus facilement un crédit d’un
banquier, une entreprise peut nantir ses créances contre ses clients ; un
bailleur, ses créances de loyers ; un vendeur, sa créance de prix, etc. Le
créancier nanti pourra réclamer le payement à une autre personne que le
débiteur principal : cette sûreté réelle présente donc certains aspects
d’une sûreté personnelle.
Le nantissement est en principe conventionnel. Cependant, la loi du
9 juillet 1991 a créé un nantissement judiciaire (conservatoire) des
actions, parts sociales et valeurs mobilières (C. civ., art. 2355, al. 2),
dont le régime est analogue à celui de l’hypothèque ou du nantissement
conservatoires 1422 (C. civ., art. 2355, al. 3 ; CPCE, art. L. 531-1 et s. et
R. 531-1 et s.).
Le Code civil prévoyait peu de règles spéciales pour ce genre de
nantissement, renvoyant ainsi au droit commun du gage, ce qui était
critiquable. Le bien remis en gage – une créance – a en effet une nature
particulière, à deux égards. D’une part, il est incorporel ; or, la
possession d’une créance ne présente pas les mêmes aspects que celle
d’un bien corporel. D’autre part, la créance est un lien entre deux
personnes ; le nantissement réalise donc une opération à trois
personnes. Le caractère imparfait du régime juridique de ce
nantissement et sa faible adaptation aux besoins de la pratique faisaient
que celle-ci utilisait bien davantage la cession à titre de garantie
consacrée à plusieurs reprises par le législateur depuis 1981 1423.
La réforme du droit des sûretés par l’ordonnance du 23 mars 2006 a,
au contraire, réglementé d’une manière assez détaillée le régime
juridique du nantissement de créance (C. civ., art. 2355 à 2366 en ayant
le souci, à la fois, de simplifier sa constitution et d’améliorer son
efficacité 1424, ce qui a pour corollaire une diminution de l’attrait que
pouvait exercer jusqu’alors la cession de créance à titre de garantie mais
ce qui ne vaut que pour les nantissements constitués à compter du
25 mars 2006, les autres demeurant soumis au droit ancien aussi bien
dans leurs conditions que dans leurs effets.
§ 1. CONDITIONS
§ 2. EFFETS
SECTION II
NANTISSEMENT DE COMPTE-TITRES
SECTION III
NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE
541. Comme l’hypothèque. – Un commerçant peut se procurer du crédit avec son fonds de
commerce, en le nantissant (C. com., art. L. 142-1 s.). Pour pratique qu’elle soit, la sûreté est
fragile 1485 ; la valeur du fonds est en effet liée à la prospérité du commerçant. Par hypothèse, une
sûreté est utile lorsque le débiteur est insolvable – généralement le fonds a alors périclité.
Le régime de ce nantissement est proche de celui de l’hypothèque ; le
débiteur n’est pas dépossédé et peut aliéner ; la sûreté est publiée, à
peine de nullité, sur un registre spécial tenu au greffe du tribunal de
commerce dans un délai de trente jours 1486 à compter de l’acte
constitutif 1487 (art. L. 142-4 C. com.). Les créanciers nantis ont ainsi un
droit de suite, dont l’intérêt apparaît en cas de vente du fonds 1488 : si
l’acheteur paye le vendeur après qu’un créancier a inscrit son
nantissement, il devra payer deux fois. Les créanciers nantis ont
également un droit de préférence sur le prix et sont classés selon l’ordre
d’inscription.
Les créanciers réalisent leur droit au moyen d’une vente forcée qui est
une vente aux enchères ; ils ne peuvent demander l’attribution judiciaire
du fonds, laquelle leur est expressément interdite (C. com., art. L. 142-
1, al. 2), et n’ont pas, non plus, de droit de rétention, ce qui souligne, là
encore, la parenté de ce nantissement avec l’hypothèque 1489.
Cette parenté aurait pu, cependant, être remise en cause en
application de l’article 2355, alinéa 5, du Code civil, qui prévoit que les
nantissements conventionnels de meubles incorporels non soumis à une
réglementation spéciale sont soumis « aux règles prévues pour le gage
de meubles corporels ». En effet, ce texte ne se contente pas de faire un
renvoi aux seuls articles 2333 à 2349 du Code civil mais opère un
renvoi général à toutes les règles applicables au gage de meubles
corporels, ce qui pourrait vouloir dire que le nouvel article 2286, 4º, du
Code civil, conférant un droit de rétention aux gages sans dépossession,
serait également applicable aux nantissements sans dépossession de
biens incorporels autres que des créances et pour lesquels une
réglementation spéciale n’existe pas ou pour lesquels la réglementation
spéciale est muette à propos de l’existence ou de l’absence d’un droit de
rétention, ce qui est le cas du nantissement de fonds de commerce. Une
telle reconnaissance par renvoi de l’existence d’un droit de rétention a,
cependant, été refusée par la Cour de cassation 1490 dans le cas du
nantissement de fonds de commerce, ce qui est opportun, même si la
Haute juridiction ne parvient pas à donner une explication vraiment
convaincante à son refus.
Le nantissement du fonds de commerce est généralement conventionnel. Cependant, il peut être
autorisé par le juge, à titre de mesure conservatoire (L. 9 juill. 1991, art. 77, devenu l’art. L. 531-1,
CPCE, abrogeant l’art. 53 du CPC, qui était le siège de la matière) ; son régime est analogue à celui
de l’hypothèque judiciaire conservatoire : nécessité d’une publicité définitive dans un certain délai à
peine de caducité ; aliénabilité du bien grevé, les droits du créancier se reportant sur le prix 1491.
Le régime juridique du nantissement du fonds de commerce a été étendu, d’abord, au nantissement
de fonds artisanal, par l’article 22 de la loi du 5 juillet 1996, puis au nantissement du fonds
agricole 1492 par l’article 11 de la loi du 5 janvier 2006 (C. rur., art. L. 311-3).
SECTION I
CRÉANCES PRIVILÉGIÉES
A. CRÉANCES PRIVILÉGIÉES
B. ASSIETTE DU PRIVILÈGE
Le privilège porte sur tous les meubles qui « garnissent » les lieux
loués ; il faut donc qu’ils ne s’y trouvent pas accidentellement. Il
s’exerce même sur les meubles qui n’appartiennent pas au locataire : le
privilège repose bien sur l’idée que le bailleur possède les meubles par
l’intermédiaire de son locataire ; la propriété du tiers devient donc
opposable au bailleur si celui-ci en a eu connaissance lors de l’entrée du
meuble dans les lieux loués 1509.
Comment le tiers peut-il prouver que le bailleur avait cette connaissance ? De deux manières : ou
bien, le tiers a expressément avisé le bailleur : par exemple, lorsqu’un luthier loue un piano,
lorsqu’un commerçant loue un appareil de télévision, ils en préviennent le bailleur. Ou bien, les
circonstances font présumer que le bailleur connaissait l’origine des meubles, par exemple du fait de
la profession du preneur 1510.
C. EFFETS DU PRIVILÈGE
Le bailleur a d’abord un droit de préférence qui s’exerce soit sur le
prix de vente forcée des meubles qu’il a saisis, soit sur l’indemnité de
remplacement en cas de destruction des meubles : il y a subrogation
réelle.
Le bailleur a aussi un droit de rétention. Par l’intermédiaire de son
concierge, en fait, il peut s’opposer au déménagement de son locataire
« à la cloche de bois ». Il ne peut le faire s’il reste dans les lieux
suffisamment de meubles pour garantir sa créance. Il ne peut faire
intervenir la police qu’en cas de rixe ou d’atteinte à l’ordre public. Le
bailleur disposait d’un moyen juridique pour empêcher l’enlèvement, la
saisie-gagerie (ACPC, art. 819-825), c’est-à-dire la saisie du gage. Cette
saisie conservatoire particulière a été supprimée par la loi du
9 juillet 1991 ; demeure la saisie conservatoire de droit commun. Le
détournement des objets saisis constitue une infraction pénale (C. pén.,
art. 314-6), ce qui crée une sérieuse dissuasion.
Le bailleur a même un droit de suite lorsque l’enlèvement des
meubles a eu lieu sans son consentement. L’article 2332-1o, alinéa 5, lui
accorde une saisie-revendication. Revendication qui n’a pas pour objet
la propriété, mais sa possession indirecte, afin qu’il puisse exercer son
droit de préférence ; revendication exorbitante du droit commun, car elle
peut être exercée non seulement contre le preneur, mais aussi contre un
tiers acquéreur, fut-il de bonne foi, par dérogation à l’ancien
article 2279 du Code civil, devenu aujourd’hui l’article 2276 du Code
civil.
Afin de ne pas porter trop gravement atteinte à la sécurité des transactions, la revendication doit
être exercée dans un délai très bref de quinze jours s’il s’agit d’immeubles urbains, de quarante jours
s’il s’agit d’immeubles ruraux. En outre, elle est exclue tant qu’il subsiste dans les lieux loués assez
de meubles afin de garantir le bailleur ; elle l’est toujours en ce qui concerne les biens destinés à être
vendus : marchandises d’un commerçant, récoltes d’un fermier. Enfin, si l’acquéreur a acheté le
meuble dans une foire, un marché ou chez un marchand vendant des choses semblables, il a droit au
remboursement du prix, comme s’il s’agissait d’un meuble perdu ou volé (art. 2280, al. 2).
II. — Privilèges fondés sur la conservation ou la mise d’une valeur dans
le patrimoine du débiteur
Les deux hypothèses qui justifient ces privilèges sont les suivantes :
une personne a une créance fondée sur la conservation d’un bien ou la
mise d’un bien nouveau dans le patrimoine de son débiteur 1511. Il paraît
légitime qu’elle ait sur ce bien un privilège, qui lui permettra de se faire
payer par préférence à tout autre créancier. La loi vise de manière
générale la première hypothèse (C. civ., art. 2332-3o) : « Les créances
privilégiées sur certains meubles sont... 3o Les frais faits pour la
conservation de la chose » (A). Au contraire, un privilège n’est accordé
à celui qui a introduit un élément nouveau dans le patrimoine du
débiteur que dans des cas particuliers dont ne sera retenue que la vente
de meubles (B).
SECTION II
EFFETS DES PRIVILÈGES MOBILIERS SPÉCIAUX
§ 1. DROIT DE PRÉFÉRENCE
§ 2. DROIT DE SUITE
630. Reine des sûretés. – La reine des sûretés immobilières est, dit-
on souvent, l’hypothèque 1530. Sans doute existe-t-il d’autres sûretés
immobilières. L’antichrèse (débaptisée en 2009 pour devenir le gage
immobilier) qui est une sûreté immobilière avec dépossession 1531, les
privilèges généraux qui portent sur l’ensemble du patrimoine du
débiteur 1532, ou les privilèges spéciaux immobiliers qui, en réalité,
constituent une variété particulière d’hypothèques : une hypothèque
légale, qui jouit d’un rang privilégié.
L’hypothèque est une sûreté réelle qui, sans déposséder le propriétaire
du bien sur lequel elle porte, permet au créancier, s’il n’est pas payé à
l’échéance, de le saisir en quelques mains qu’il se trouve, afin de se
faire payer sur le prix de vente, par préférence aux autres créanciers.
L’ordonnance du 23 mars 2006 n’a pas modifié les traits essentiels de
l’hypothèque. Elle a voulu en faciliter l’utilisation, en introduisant
notamment l’hypothèque rechargeable et l’hypothèque pour créance
future, et en simplifier la réalisation et la mainlevée. Une réforme des
privilèges immobiliers spéciaux devait accompagner celle de
l’hypothèque, mais le gouvernement n’a pas été habilité à légiférer sur
ce point.
Le droit de préférence et le droit de suite, en l’absence de
dépossession du constituant, n’existent que grâce à la publicité foncière,
aujourd’hui bien organisée ; celle-ci est indispensable au développement
des sûretés immobilières (Chapitre préliminaire).
Sur le modèle de l’hypothèque conventionnelle (Chapitre I), mais
différentes par leur source, les sûretés immobilières légales ou
judiciaires (Chapitre II) présentent une grande importance.
CHAPITRE I
LA PUBLICITÉ FONCIÈRE
SECTION I
FONCTIONNEMENT DE LA PUBLICITÉ FONCIÈRE
§ 1. LES HOMMES
B. LE NOTAIRE
636. Fournisseur et usager. – Historiquement, la publicité foncière est liée au crédit
hypothécaire et aux donations : ce sont deux domaines dans lesquels l’intervention du notaire a
toujours été essentielle. Les liens entre la publicité foncière et l’activité des notaires se sont étendus
et affermis au cours des temps : l’impératif de sécurité des transactions les rend nécessaires. En un
sens, le service de la publicité foncière peut, en France, jouer un rôle effacé, quant à la régularité des
actes, en raison de celui que tient, en la matière le notariat. Celui-ci est le principal « fournisseur » et
le principal usager des renseignements hypothécaires.
D’abord, ne peuvent être publiés au service de la publicité foncière que des actes authentiques
(décr., 4 janv. 1955, art. 4 puis C. civ. art. 710-1). Sans doute, l’acte notarié n’est-il qu’une sorte
d’acte authentique ; un acte d’huissier, un jugement ou certains actes administratifs sont authentiques.
Mais lorsqu’ils peuvent ou doivent être publiés, l’exigence de l’authenticité n’ajoute rien à leur
nature propre. De même, lorsqu’il s’agit d’actes solennels (donation, constitution d’hypothèque), dont
le caractère notarié est prescrit à peine de nullité. En revanche, l’article 4 du décret édicte une règle
propre à la publicité foncière, en ce qu’il oblige à donner une forme notariée à des actes valables en
l’absence de cette forme : vente immobilière, bail de plus de douze ans, promesse de vente...
L’authenticité est alors non seulement une condition de la publication, mais de l’opposabilité
même 1552. La justification de cette règle de forme, récemment renforcée 1553, est simple : la publicité
foncière ne joue véritablement son rôle qu’à la condition d’être sûre. En outre, les formalités de la
publicité ne peuvent, pratiquement, être exécutées, tant elles sont minutieuses, que par un praticien
averti.
À la règle de l’authenticité, il existe quelques exceptions : certaines délibérations d’assemblées
générales de sociétés, en matière d’apport immobilier (décr., 4 janv. 1955, art. 4, al. 2), ainsi que la
demande en justice tendant à obtenir la réalisation ou la réitération d’une promesse de vente sous
seing privé, ou le procès-verbal notarié de refus ou de défaut, ou la déclaration par acte notarié de la
volonté d’obtenir la réitération ou la réalisation de la vente (décr., 4 janv. 1955, art. 37) ne sont pas,
à proprement parler, des actes authentiques ; mais ils sont, soit annexés à un acte de dépôt au rang des
minutes d’un notaire, soit les préliminaires d’un acte authentique (jugement ou acte notarié), si bien
que l’exception est limitée ou temporaire.
Les notaires sont, ensuite, personnellement tenus de
l’accomplissement des formalités de publicité obligatoires dans un délai
déterminé (décr., 4 janv. 1955, art. 33).
Enfin, les notaires sont les principaux usagers de la publicité : ce sont
eux qui, en fait, requièrent les renseignements hypothécaires, avant de
recevoir un contrat relatif à un immeuble.
§ 2. LES REGISTRES
637. Description. – Les trois registres de la publicité sont en fait constitués initialement de
liasses d’actes. Le registre des inscriptions comprend, par ordre chronologique, tous les bordereaux
d’inscription, remis en double exemplaire au service de la publicité foncière, dont l’un est restitué,
après l’accomplissement de la formalité, au requérant. Le registre des publications comprend, reliés
suivant le même procédé, tous les actes (expédition, copies ou extraits littéraux) constatant un droit
soumis à publicité. Quant au registre des saisies immobilières, il comporte les commandements de
saisie immobilière, reliés de la même manière. En réalité, l’inscription ou la publication consistent
aujourd’hui en une réunion matérielle des actes. C’est le cœur de la publicité.
Un quatrième registre, en fait le premier rempli, présente une grande importance : le registre des
dépôts. Le service de la publicité foncière y enregistre le dépôt des actes dont la publicité est
requise, jour après jour (C. civ., art. 2453, al. 1). Cette formalité est essentielle car c’est au jour du
dépôt que l’inscription ou la publication prend date. Il faut donc éviter, d’une part, tout risque
d’antidate ou de post-date, ce à quoi tend l’obligation d’arrêter chaque jour ce registre (C. civ.,
art. 2454) ; d’autre part, tout risque de disparition : une copie du registre est déposée au greffe d’un
autre tribunal.
Le décret de 1955 (art. 1er) a créé un dernier instrument, destiné à faciliter les recherches et la
concordance entre les différentes mentions et le cadastre : le fichier immobilier. Celui-ci reproduit
les renseignements puisés sur les registres, sur trois types de fiches, très minutieusement réglementées
par le décret du 14 octobre 1955 : une fiche personnelle par titulaire d’un droit réel immobilier, une
fiche d’immeubles, pour les immeubles urbains, embryon de publicité réelle, comparable au système
du livre foncier allemand 1554, et une fiche parcellaire, regroupant, dans l’ordre du plan cadastral,
plusieurs parcelles de propriété. Le fichier immobilier n’est qu’un auxiliaire de la publicité
foncière : par recoupements et rapprochements, il assure la cohérence des renseignements
hypothécaires et un accès facile à ceux-ci. À terme, il donnera une image exacte du statut juridique de
tous les immeubles français 1555.
Aujourd’hui et depuis 2003, du fait du développement de l’informatique, tous les enregistrements
et inscriptions effectués auprès des services de la publicité foncière sont saisis dans le système
d’information FIDJI, lequel est relié à l’application utilisée par les services du cadastre, MAJIC 2,
au sein de la base nationale de données patrimoniales (BDNP), et les échanges de données entre les
notaires et les services de la publicité foncière se font, pour certains d’entre eux, par le biais de
l’application Télé@ctes 1556.
SECTION II
RÉGIME JURIDIQUE DE LA PUBLICATION
II. — « ... sont, s’ils n’ont pas été publiés, inopposables aux tiers... »
III. — « ... qui, sur le même immeuble, ont acquis, du même auteur, des
droits concurrents, en vertu d’actes ou de décisionssoumis à la même
obligation de publicité et publiés, ou ont fait inscrire des privilèges ou
des hypothèques »
Les seuls 1582 tiers admis à se prévaloir du défaut de publicité sont ceux
qui présentent cumulativement quatre qualités : ils doivent être, ayants
cause à titre particulier (1o), du même auteur (2o), titulaires d’un droit
concurrent (3o), effectivement publié (4o).
IV. — Exceptions
Dans certains cas, qui s’expliquent par des raisons historiques ou pratiques, l’inopposabilité
instituée par l’article 30 du décret de 1955 ne joue pas dans toute sa rigueur.
653. Donations. – La publicité des donations d’immeubles, ancienne « insinuation » 1601, a depuis
son institution, eu pour finalité la protection de la famille du disposant. Elle conserve cette ancienne
fonction, qui s’ajoute à l’ordinaire. L’article 30, 2o, du décret de 1955 renvoie sur ce point aux
articles 939 et 941 du Code civil : « toute personne ayant intérêt », et pas seulement les tiers, au
sens de l’article 30, 1o, peut invoquer le défaut de publication. Cependant, la jurisprudence s’est
employée à écarter les ayants cause universels du défunt ; en outre, il n’est pas certain que les
créanciers chirographaires puissent invoquer ce texte 1602. Finalement, c’est le droit commun qui
paraît s’appliquer (comp., pour les substitutions, le texte formel de l’article 1070, incluant les
créanciers du grevé).
654. Baux à long terme. – À l’égard des baux de plus de douze ans, et des quittances et cessions
de loyers 1603, l’inopposabilité n’est que partielle (art. 30, 4o) : l’acte n’est inopposable que pour la
période excédant les douze ans, ou les trois ans 1604.
§ 2. AUTRES EFFETS
A. PUBLICITÉ OBLIGATOIRE
SECTION I
CONSTITUTION
§ 1. RÈGLES DE FORME
§ 2. PRINCIPE DE SPÉCIALITÉ
§ 4. CONSTITUANT
I. — Propriété
II. — Capacité
SECTION II
PUBLICITÉ
§ 1. ORGANISATION MATÉRIELLE
I. — Mécanisme
C. PROCÉDURES COLLECTIVES
I. — Péremption et renouvellement
674. Perte de rang. – L’inscription hypothécaire ne produit pas son effet indéfiniment parce que
les recherches seraient alors rendues très difficiles pour le service de la publicité foncière. Aussi, au
bout d’un certain délai, l’inscription est périmée. L’hypothèque n’est pas éteinte, mais perd son
opposabilité ; elle peut être inscrite à nouveau, mais sans avoir alors le rang de l’inscription
primitive : elle prend le rang que lui donne l’inscription nouvelle.
Autrefois, le délai de péremption était de dix ans, sauf à l’égard du crédit foncier, où il était de
trente-cinq ans. Le système avait été jugé excessivement rigide : trop long pour les prêts à court
terme, dont il maintenait les inscriptions pour une durée inutilement longue, trop court pour les prêts à
long terme, où il imposait inutilement les frais qu’entraîne le renouvellement de l’inscription.
En 1967 a été organisée ce que l’on a appelé une péremption volontaire et contrôlée, modifiée par
l’ordonnance du 23 mars 2006. Le créancier fixe lui-même la durée de l’inscription sous réserve
d’un double maximum fixé par la loi (art. 2434) : l’inscription de l’hypothèque prend fin au plus tard
un an après l’échéance de la dette et cinquante ans après l’inscription. Si la date d’exigibilité n’est
pas fixée (ex. : ouverture de crédit en compte courant ; seule la clôture rendra le solde exigible ;
hypothèque rechargeable, prêt viager hypothécaire...), l’inscription dure au maximum cinquante
ans 1679. Si la dette est déjà échue au moment de l’inscription, elle dure au maximum dix ans.
La durée de l’inscription ne doit pas être confondue avec la durée de l’hypothèque. La cessation
des effets de l’inscription fait perdre au créancier son rang initial, mais il peut reprendre inscription à
tout moment. Le terme extinctif de l’hypothèque, quant à lui, fait perdre au créancier tout droit de
suite et de préférence. En principe, l’hypothèque dure aussi longtemps que la dette principale et seule
l’inscription peut être atteinte de péremption ; mais les parties pourraient exceptionnellement fixer un
terme propre à l’hypothèque elle-même : passé un certain temps, la créance principale ne serait plus
garantie, ce qui obligerait le créancier à exercer ses poursuites avant le terme, ce qui suppose que la
créance principale soit devenue exigible ; ou bien encore, les parties considèrent que passé une
certaine date ou une certaine durée, la créance n’a plus besoin d’être garantie. Ce genre de
convention, assez insolite, doit résulter clairement de l’acte 1680. Lorsque la créance principale est
future, la durée de l’hypothèque est au contraire autonome car elle détermine la période de couverture
(art. 2423, al. 3) 1681.
SECTION III
EFFETS
684. Procédures collectives. – Si le débiteur ne paye pas, le créancier hypothécaire exerce son
droit par une saisie, à peu près dans les mêmes conditions qu’un créancier chirographaire. Ce qui
justifie la saisie n’est pas en effet l’hypothèque, mais la qualité de créancier. Une des conséquences
qu’en avait tirée la jurisprudence était qu’en cas de règlement judiciaire ou de liquidation des biens,
le créancier hypothécaire devait, comme tout autre créancier, produire à la masse et surtout, faire
vérifier sa créance par le syndic 1710 (bien que sa créance résulte d’un titre incontestable et
exécutoire). Ce qui avait pour inconvénient de retarder l’exercice de la créance hypothécaire.
De plus, l’admission au passif ne produisait pas l’effet légal et ne dispensait donc pas le
créancier d’observer les règles relatives à la conservation de son hypothèque – par exemple le
renouvellement de l’inscription.
La condition du créancier hypothécaire était également compromise si le débiteur faisait l’objet
d’une suspension provisoire des poursuites et d’un apurement collectif du passif prévus par
l’ordonnance du 23 septembre 1967. L’article 34 de ce texte prévoyait en effet que pendant la
suspension des poursuites, aucun créancier ne pouvait exercer de poursuites ; le but du législateur
était que, pendant ce temps, l’entreprise parvînt à se redresser. Le texte s’appliquait aux créanciers
hypothécaires – leur sûreté ne disparaissait pas, mais leur droit était retardé jusqu’à l’expiration ou à
la résolution du plan.
Dans les nouvelles procédures collectives, les droits des créanciers
hypothécaires ont été plus délibérément sacrifiés 1711 en dépit d’une
amélioration récente et particulièrement nette de la coordination du droit
de la saisie immobilière et du droit des procédures collectives à la suite
de l’ordonnance no 2008-1345 du 18 décembre 2008 et, surtout, du
décret no 2009-160 du 12 février 2009 1712.
Lorsque l’immeuble grevé d’une hypothèque (ou du privilège) est un immeuble commun (acquêt
de communauté), et que l’un des époux fait l’objet d’une procédure de sauvegarde, de redressement
judiciaire ou de liquidation judiciaire, les droits des créanciers hypothécaires de l’autre époux sont
considérablement réduits, parce que l’immeuble est en totalité 1713 le gage des créanciers de l’époux
en « faillite » (C. civ., art. 1413) : leur droit de poursuite individuel est interdit, comme s’ils étaient
créanciers de l’époux en « faillite » 1714 ; ils peuvent participer à la procédure collective à condition
de déclarer leur créance ; et s’ils ne le font pas, ils ne pourront faire valoir leur hypothèque que sur le
solde du prix de l’immeuble après règlement des créanciers admis ; ils sont, en quelque sorte, alors
des sous-chirographaires 1715. Telle est la conséquence, inévitable, semble-t-il, de l’inclusion de
l’immeuble en totalité dans le gage des créanciers communs.
I. — Droit de suite
A. CONDITIONS
II. — Purge
II. — Extinction
701. Hypothèques forcées. – Beaucoup de systèmes étrangers s’en tiennent au régime qui vient
d’être décrit ; ils ajoutent que dans certains cas l’hypothèque peut cependant être imposée par la loi,
ce que l’on appelle une hypothèque forcée, qui demeure soumise au même régime que les autres
hypothèques ; notamment, elle doit être publiée et son rang ne date que de son inscription.
Le droit français a longtemps fait aux créanciers une faveur plus large en leur conférant des
sûretés légales de trois types : les privilèges, les hypothèques légales et les hypothèques judiciaires,
qui avaient pour trait commun d’avoir une efficacité plus grande que l’hypothèque conventionnelle.
Ce particularisme a aujourd’hui diminué, mais n’a pas complètement disparu. Le régime actuel des
sûretés immobilières légales est devenu assez proche des hypothèques forcées, et du même coup des
hypothèques conventionnelles. Pour l’essentiel, leur originalité tient à leur source et non à leur
régime, identique à celui de l’hypothèque conventionnelle.
Les sûretés immobilières légales sont, en premier lieu, les privilèges
immobiliers. Comme les hypothèques, ils sont spéciaux et doivent être
publiés ; cependant il existe deux différences fondamentales. Leur
origine est légale, et surtout leur rang n’est pas exclusivement déterminé
par la date d’inscription mais aussi par la nature de la créance garantie
(Section I).
C’est, en deuxième lieu, les hypothèques légales qui pendant
longtemps étaient occultes et bénéficiaient d’un rang de faveur. Depuis
1955, ce double particularisme a disparu, mais les hypothèques légales
restent générales ; seule leur inscription les rend spéciales (Section II).
C’est, en troisième lieu, l’hypothèque judiciaire. Un temps, on a cru
qu’elle avait pour effet paradoxal et malencontreux de rendre
indisponibles les immeubles qu’elle grève (Section III).
SECTION I
PRIVILÈGES IMMOBILIERS SPÉCIAUX
§ 3. PRIVILÈGE DU COPARTAGEANT
706. Égalité et enrichissement du débiteur. – Il arrive souvent que dans un partage les lots
soient inégaux ; or l’égalité est « l’âme » des partages. Aussi, afin d’assurer l’égalité entre les
copartageants, celui qui a reçu un lot supérieur à sa part normale doit payer une soulte aux autres. Si
le partage avait été un acte translatif, le paiement de la soulte eût été garanti par le privilège du
vendeur d’immeuble ; mais cette sûreté est ici inapplicable, car le partage est déclaratif. Le privilège
du copartageant (C. civ., art. 2374, 3e) a donc deux fondements : d’une part, l’égalité entre les
copartageants et, d’autre part, comme pour le privilège du vendeur, le fait que le créancier a mis une
chose dans le patrimoine du débiteur.
Le privilège naît de tous les partages : partage de succession ou d’une indivision quelconque,
quelle que soit sa forme, amiable ou judiciaire 1794.
Il doit être inscrit dans le délai de deux mois suivant la naissance de la créance qu’il
garantit. L’inscription rétroagit au jour de l’acte – partage ou licitation (art. 2381). Dans les mêmes
conditions et avec les mêmes effets que pour les autres privilèges immobiliers, l’inscription tardive
fait dégénérer le privilège en hypothèque.
Pour déterminer les créances garanties et les biens grevés, il faut distinguer trois hypothèses : la
soulte, la garantie, la licitation.
Si les lots attribués aux divers copartageants n’ont pas la même valeur, la différence est
compensée par une soulte payée aux autres par celui dont le lot est le plus élevé 1795. La soulte est
garantie par le privilège du copartageant, qui porte sur les immeubles successoraux mis dans le lot du
débiteur de la soulte.
Si, après le partage, l’un des copartageants est évincé d’un des biens qui avait été mis dans son
lot, il a, pour rétablir l’égalité rompue, un recours en garantie contre ses copartageants. Ce recours
est assorti du privilège du copartageant qui porte sur tous les immeubles successoraux mis dans les
lots de tous les copartageants non évincés, puisqu’ils sont tous débiteurs de la garantie 1796.
Si l’immeuble faisant partie de la succession est vendu aux enchères – ce que l’on appelle une
licitation –, deux situations peuvent se produire. Ou bien, l’immeuble est acquis par un tiers : la
licitation est alors une vente ordinaire faite par l’ensemble des héritiers au tiers, et le prix est garanti
par le privilège du vendeur. Ou bien, l’immeuble est acquis par un des cohéritiers, la licitation
équivaut à une attribution qui serait faite par partage – on dit alors que licitation vaut partage. Dans
ce cas, le prix de licitation est garanti par le privilège du copartageant, qui porte sur l’immeuble
licite.
SECTION II
HYPOTHÈQUES LÉGALES
709. Mesure de crise. – Dans une moindre mesure, l’importance de l’hypothèque légale conférée
aux personnes en tutelle a également beaucoup décru depuis le décret de 1955 : la sécurité des
opérations immobilières l’a emporté sur la protection des incapables. Là aussi, l’hypothèque
n’apparaît pratiquement qu’en cas de situation de crise (C. civ., art. 2409-2411).
Sans doute, le domaine de l’hypothèque s’est-il également étendu : dans le Code Napoléon, seules
les personnes effectivement en tutelle (orphelins, interdits – c’est-à-dire les majeurs qu’un jugement
avait déclaré incapables en raison de leur aliénation mentale —) bénéficiaient de l’hypothèque sur
les immeubles de leur tuteur. La loi du 14 décembre 1964 – la première grande loi des réformes
contemporaines du droit civil de la famille – a étendu l’hypothèque légale aux mineurs sous le régime
de l’administration légale – c’est-à-dire les mineurs en situation normale ayant un père ou une mère.
Tous les mineurs profitent donc désormais de l’hypothèque légale.
Sans doute aussi, le régime de la protection s’est-il assoupli. L’hypothèque peut être remplacée
par une constitution de gage (C. civ., art. 2409, al. 1 et 2), ce qui est une innovation heureuse, depuis
l’accroissement de la fortune mobilière : l’incapable a ainsi une protection lorsque le tuteur n’a pas
d’immeubles, mais a un patrimoine mobilier important.
Mais depuis le décret de 1955, l’hypothèque doit être inscrite, à la diligence du conseil de famille
ou, à défaut, du juge des tutelles. L’inscription doit fixer le montant de la créance garantie et les
immeubles grevés. En fait, ces inscriptions ne seront prises que si le conseil de famille ou le juge des
tutelles a une défiance particulière à l’encontre du tuteur : l’hypothèque légale est, comme pour les
époux, devenue une mesure de crise en déclin.
§ 3. HYPOTHÈQUE ATTACHÉE AUX JUGEMENTS DE
CONDAMNATION
I. — Conditions
II. — Caractères
III. — Utilité
L’hypothèque attachée aux jugements de condamnation a été critiquée, et certains droits étrangers
(suisse, belge, allemand) l’ignorent. On lui reproche de grever lourdement le crédit du débiteur et
d’avantager certains créanciers – ceux qui ont obtenu un jugement – au détriment des autres. On dit
aussi qu’elle permet au créancier auquel le débiteur a refusé une hypothèque conventionnelle spéciale
d’obtenir une hypothèque générale, avant de saisir son débiteur.
Elle a pour avantage essentiel de conférer une sûreté au créancier qui a obtenu un jugement en sa
faveur, ce qui l’incite à la modération et à attendre avant de poursuivre. Finalement, l’hypothèque
attachée aux jugements de condamnation, comme toute autre sûreté, profite indirectement au débiteur.
D’ailleurs, par quoi propose-t-on de la remplacer ? Par une procédure collective de liquidation
des biens du débiteur, inspirée du droit de la faillite, qui entraînerait un dessaisissement immédiat et
complet du débiteur – ce qui a des effets beaucoup plus gênants pour le débiteur que l’hypothèque.
Les inconvénients de l’hypothèque attachée aux jugements de condamnation tiennent, en réalité, à
la conception que le droit civil se fait du paiement, dominé par le principe selon lequel le paiement
est le prix de la course ; ce qui pousse le créancier à la course afin d’obtenir une condamnation
judiciaire. Il faut choisir entre les inconvénients de la liquidation collective et ceux de la liquidation
individuelle.
L’hypothèque des jugements de condamnation est souvent précédée d’une hypothèque judiciaire
provisoire.
SECTION III
HYPOTHÈQUE JUDICIAIRE CONSERVATOIRE
713. Radiation et réduction. – L’hypothèque judiciaire provisoire peut être radiée soit parce
qu’elle est périmée, soit parce que l’instance n’a pas abouti (rejet, péremption, désistement). La
radiation suscite un important contentieux – très technique –, sans doute parce que les textes sont
insuffisants. Qui peut l’ordonner 1823 ? Quand doit-elle être exécutée 1824 ? Quels en sont les
effets 1825 ?
La réduction de l’inscription relève également, non pas de l’article 2444 du Code civil, mais du
seul article R. 532-9 du Code des procédures civiles d’exécution (naguère, art. 54, al. 7, CPC) 1826 :
ce texte est, au fond, moins exigeant, et surtout, donne compétence au magistrat qui a autorisé
l’inscription. La réduction présente donc la même originalité que la radiation : le particularisme de
l’hypothèque judiciaire conservatoire ne tient pas seulement à sa source, mais aussi au régime de son
inscription.
751. Discussion. – Pendant longtemps, la doctrine française a difficilement conçu que la propriété
puisse constituer une sûreté, tant pour des raisons théoriques que pratiques.
Pour des raisons théoriques : 1o Celle du numerus clausus : « pas de sûreté réelle sans texte » ;
or, aucun texte ne fait de la propriété une sûreté réelle ; l’argument est contestable 1830. 2o Celle de
l’incompatibilité : la propriété est un droit réel principal tandis qu’une sûreté réelle confère un droit
réel accessoire ; ce qu’on peut aussi dire autrement : la propriété est liée à l’exploitation de la chose
– directe ou indirecte –, ce qui n’est pas l’objet d’une garantie. Mais l’utilisation du droit des
obligations permet de laisser au débiteur la jouissance et l’exploitation du bien. 3o Celle de
l’opportunité : l’énergie de la garantie conférée par la propriété sacrifie les intérêts des autres
créanciers (ex. : les salariés) et gaspille d’un seul coup le crédit du débiteur. Mais l’argument n’est
pas déterminant car le débiteur a un droit à se voir attribuer la propriété en cas de paiement qui
pourrait éventuellement être à son tour donné en garantie, à l’exemple de la solution retenue en droit
allemand, ce qui éviterait un tel gaspillage 1831.
Pour des raisons pratiques : 1o La publicité de ce genre de sûreté est rudimentaire ou inexistante ;
or une sûreté réelle occulte porte atteinte au crédit. 2o Le créancier propriétaire risque de disposer du
bien. 3o Surtout, le transfert de la garantie en même temps que la créance paraît, à certains, difficile ;
or, une sûreté doit pouvoir suivre la créance, afin d’en faciliter la mobilisation. 4o Si le créancier est
bien protégé contre les autres créanciers de son débiteur, il ne l’est guère contre le débiteur lui-
même, qui possède la chose, l’exploite et peut la transformer ou même la détruire.
Aucune de ces raisons n’interdit cependant à la propriété de jouer le rôle d’une sûreté.
Aujourd’hui, cette discussion n’a plus lieu d’être. En consacrant le
mécanisme du crédit-bail, en admettant l’opposabilité à la procédure
collective de la réserve de propriété, en créant la cession de créance
professionnelle à titre de garantie et en multipliant les hypothèses dans
lesquelles il est possible de recourir à la cession à titre de garantie,
notamment dans les relations entre établissements financiers 1832, le
législateur français a très clairement admis, à la fin du vingtième siècle,
que la propriété puisse être une sûreté et, même, qu’elle soit la sûreté la
plus efficace qui soit en cas d’ouverture d’une procédure collective.
Il était donc logique que la réforme du droit des sûretés effectuée en
2006, dont l’un des objectifs principaux était d’intégrer dans un
nouveau livre IV du Code civil les principales sûretés du droit français
(dont beaucoup s’étaient « égarées » au sein d’autres codes ou de
législations spéciales), soit l’occasion d’une consécration de la
propriété-sûreté dans le Code civil même.
Certes, on aurait pu douter du bien-fondé d’une telle intégration dans
la mesure où cette réforme avait aussi la volonté de conférer davantage
d’efficacité aux sûretés réelles traditionnelles, telles que le gage, le
nantissement ou l’hypothèque, ce qui ne pouvait que diminuer l’intérêt
pour les créanciers de recourir à la propriété-sûreté. En effet, l’histoire
du droit des sûretés de même que le droit comparé enseignent que le
recours aux propriétés-sûretés et leur développement sont toujours
inversement proportionnels à l’efficacité des sûretés réelles
traditionnelles : la diminution de celles-ci, notamment à raison du droit
des procédures collectives, suscite toujours le développement des
propriétés-sûretés, tandis que la résurgence de cette efficacité conduit, à
l’inverse, à l’abandon des propriétés-sûretés.
Pourtant, dans son rapport, la Commission Grimaldi, à l’origine de la
réforme du droit des sûretés, a fait le choix, à la fois, d’améliorer le
régime juridique des sûretés réelles traditionnelles et de consacrer la
propriété-sûreté. Un tel choix est justifié par au moins trois raisons :
1o En dépit de la réforme, l’efficacité des sûretés réelles traditionnelles
est encore fortement limitée par le droit des procédures collectives (en
ce compris les procédures de traitement du surendettement des
particuliers). 2o La validité de la fiducie-sûreté a été expressément
consacrée par une directive communautaire du 6 juin 2002 ce qui a pour
conséquence qu’en toutes hypothèses, elle n’aurait jamais pu être
supprimée totalement de notre droit. 3o La validité de la propriété-sûreté,
sous ses diverses formes, a été admise dans la plupart des autres pays
européens et la refuser en droit français aurait eu une conséquence pour
le moins paradoxale et économiquement désastreuse puisque les
juridictions françaises auraient dû admettre l’opposabilité de propriétés-
sûretés constituées à l’étranger (en application de la Convention de La
Haye du 1er juillet 1985 relative au trust, si celle-ci était un jour ratifiée,
ou, dans le cas de la réserve de propriété, du règlement communautaire
no 1346-2000 du 29 mai 2000 remplacé à partir du 26 juin 2017 par le
règlement nº 2015/848/UE du 20 mai 2015 1833) alors que ces mêmes
propriétés-sûretés n’auraient pas pu être constituées en France.
La consécration de la propriété-sûreté au sein du Code civil par
l’ordonnance du 23 mars 2006 n’a cependant été que partielle pour des
raisons conjoncturelles. En effet, la Chancellerie a souhaité préparer un
projet de loi réglementant de manière générale la fiducie et concernant
aussi bien la fiducie-sûreté que la fiducie gestion. En conséquence, il a
été décidé que, dans un premier temps, la réforme du droit des sûretés ne
traiterait pas de la fiducie-sûreté et que l’élaboration de la
réglementation de celle-ci serait repoussée pour faire ultérieurement
partie intégrante de ce projet. C’est uniquement pour cette raison et
absolument pas en raison d’une hostilité envers une admission
généralisée de la fiducie-sûreté que, parmi les deux formes possibles de
propriétés-sûretés que sont la propriété transmise (Chapitre I) et la
propriété réservée (Chapitre II), seule la seconde a connu les honneurs
d’une intégration au sein du Code civil lors de la réforme du droit des
sûretés en 2006, l’introduction de la fiducie-sûreté dans le Code civil
n’ayant été effectuée qu’ultérieurement, d’abord d’une manière implicite
par la loi du 19 février 2007, puis d’une manière expresse par
l’ordonnance du 30 janvier 2009.
SECTION I
CESSION DE CRÉANCE PROFESSIONNELLE À TITRE DE
GARANTIE
§ 1. DOMAINE D’APPLICATION
§ 2. CONDITIONS DE FORME
§ 3. EFFETS
Entre les parties, les effets d’une cession Dailly présentent deux
particularités importantes par rapport à la cession de créance de droit
commun. Toutefois, depuis l'entrée en vigueur de la réforme du droit des
obligations par l'ordonnance du 10 février 2016, seul le premier effet
demeure spécifique en raison de l'alignement partiel du régime juridique
de la cession de créance de droit commun sur celui de la cession Dailly.
SECTION II
FIDUCIE-SÛRETÉ
774. Les cessions à titre de garantie ayant pour objet des biens
incorporels. – Les réticences à la généralisation de la cession à titre de
garantie (crainte d’un risque de spoliation du débiteur ou d’un
gaspillage de son crédit notamment) expliquent que celle-ci se soit
développée dans un milieu professionnel particulier, souvent régi par
des usages et règles de place, celui des établissements de crédit et autres
opérateurs financiers, et surtout, qu’elle ait eu pour objet des meubles
incorporels dont la valeur peut être fixée de manière objective et
instantanée (monnaie, instruments financiers cotés, titres de créances
négociables sur un marché réglementé, créances de sommes d’argent...),
ce qui évite un enrichissement du créancier au moment du dénouement
de l’opération.
Une première consécration, d’origine jurisprudentielle, tient au
régime du gage-espèces : la somme d’argent remise sous forme d’espèces
ou de monnaie scripturale au créancier devient la propriété de celui-ci en
raison de sa fongibilité si elle n’est pas demeurée individualisée ou si
elle n’a été inscrite que sur un compte spécial ouvert « pour la seule
commodité des écritures », les parties manifestant expressément la
volonté de laisser au créancier le pouvoir de disposer de la somme
donnée en garantie 1875 ; elle demeure sa propriété définitive à défaut
d’exécution de l’obligation principale.
Différentes autres lois, relatives aux opérations financières sur titres,
ont également consacré la validité de certaines cessions à titre de
garantie spécifiques : loi du 17 juin 1987 (CMF, art. L. 211-22 s.)
relative au prêt de titres ; loi du 31 décembre 1993 (CMF, art. L. 211-
27 s.), relative aux opérations de pension sur titres ; et, plus récemment,
loi du 2 juillet 1996 (CMF, art. L. 211-38 s.) permettant la remise en
propriété « d’instruments financiers, effets, créances, contrats ou
sommes d’argent » en garantie du solde des opérations sur instruments
financiers à terme 1876 (ou des positions prises sur des instruments
financiers à l’occasion d’opérations de marchés 1877), loi du 2 juillet 1998
concernant la garantie des systèmes de paiement interbancaires (CMF,
art. L. 330-2).
Ce développement très important de la cession à titre de garantie a été
consacré par la directive européenne du 6 juin 2002 concernant les
contrats de garantie financière 1878 qui a été transposée en droit
français par l’ordonnance no 2005-171 du 24 février 2005 1879. Le régime
juridique de ces cessions à titre de garantie, énoncé désormais par
l’article L. 211-38 du Code monétaire et financier, est particulièrement
favorable au créancier puisque :
– Leur constitution et leur opposabilité aux tiers ne sont
subordonnées à aucune formalité si ce n’est la rédaction d’un écrit
permettant l’identification des biens et droits en cause et attestant leur
transfert au fiduciaire (CMF, art. L. 211-38, II, 2o CMF).
– L’acte prévoyant leur constitution « peut définir les conditions dans
lesquelles le bénéficiaire de ces sûretés peut utiliser ou aliéner les biens
ou droits en cause, à charge pour lui de restituer au constituant des
biens ou droits équivalents » (CMF, art. L. 211-38, III CMF).
– Leur réalisation « intervient à des conditions normales de marché,
par compensation, appropriation ou vente, sans mise en demeure
préalable, selon les modalités d’évaluation prévues par les parties dès
lors que les obligations financières couvertes sont devenues exigibles »
(CMF, art. L. 211-38, II, 3o CMF) sans que l’application du droit des
procédures collectives puisse y faire obstacle (CMF, art. L. 211-40).
Cependant, ce développement considérable a été récemment en partie
remis en cause. En effet, à la suite de la faillite de Lehman Brothers
International Europe, à qui ses clients avaient cédé des actifs à titre de
garantie d'opérations de marché et qui, ayant cédé à son tour lesdits
actifs en garantie de ses dettes, s'est vue in fine dans l'incapacité de
restituer leurs avoirs à ses clients, l'ordonnance nº 2016-827 du 23 juin
2016 transposant la directive MIF II du 15 mai 2014 et entrant en
vigueur le 3 janvier 2018, a limité les possibilités d'utilisation de la
propriété-sûreté, et ce notamment 1880 en interdisant aux entreprises
d'investissement de recourir à cette garantie en vue de couvrir les
obligations de leurs clients non professionnels 1881.
§ 1. CONSTITUTION DE LA FIDUCIE-SÛRETÉ
B. CONDITIONS DE FORME
§ 2. EFFETS DE LA FIDUCIE-SÛRETÉ
B. RÉALISATION DE LA FIDUCIE-SÛRETÉ ET
PROCÉDURES COLLECTIVES 1901
SECTION I
CLAUSE DE RÉSERVE DE PROPRIÉTÉ
a) Index alphabétique
Adam, dame, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 1re, 14 avril 1971 : 443.
** Caisse Mutuelle de dépôts et de prêts, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 1re,
21 mars 1984 : 283.
** Cauzette-Rey, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
15 mars 1988 : 805.
Charitansky, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
10 novembre 1981 : 175.
Chassagne, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 1re, 12 mai 1982 : 228.
** Chollet-Dumoulin, Code rural, 5 décembre 1907 : 666.
Clément (Dame), 20 décembre 1976 : 135.
** Cofincau, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
13 janvier 1987 : 272.
** Coudray, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 15 mars 1988 :
804, 805.
Crédit Lyonnais, affaire du, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
31 mai 1960 : 514.
Crédit suisse, 22 novembre 1970 : 443.
** Dannemuller, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 6 mars 1979 : 143, 145.
Delfour, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 5 novembre 1968 :
249.
** Descamps, consorts, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
20 janvier 1987 : 275.
Détanger, veuve, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 12 mars 1923 : 430.
Donandy, veuve, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 24 mai 1892 : 665.
Douillet, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 17 juin 1997 : 684.
Duval, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 17 juin 1969 : 430, 450.
Fisse, consorts, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation1re, 2 février 1982 : 166, 173.
Fourrey, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 25 avril 1983 : 159.
** Plisson, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 juin 1973 : 215.
** Rama, épx, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 janvier 1982 : 228.
Société générale, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 3 mars 1998 : 137.
— BCT Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 4 mai 1981 :
514.
** – Champion-second, Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 15 mars 1988 : 217.
** – DIN (affaire) Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
15 janvier 1957 : 446, 510.
** – DIN Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 11 juin 1969 : 446.
— Faraya, Ass. plén., 4 juin 1999 : 124, 319.
— Financière alsacienne, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
25 octobre 1976 : 609.
— Générale : Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 9 juillet 1996 : 213, 215.
** – GOBTP : Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 26 mai 2010 :
536.
— Iso, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 février 1985 :
802.
** – Mobil oil France, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
4 février 1986 : 130.
— Palau et fils et autres, Caen, 12 avril 1973 : 461.
** – SFA, Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 15 janvier 1957 :
445, 512.
— Sittex et autres, Toulouse, 11 février 1977 : 411, 448.
— Sodac, arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
17 novembre 1982 : 130.
— Sofal, arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 juin 1984 :
132.
— Sofresid, arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 juin 1994 :
344.
— Sotradies, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 3 mai 1966 : 441.
** – Suisse d’assurance Winterthur, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 10 mai
1983 : 528.
** – Toit et joie, arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 2 février
1988 : 340.
** – UFB arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 4 mai 1981,
Ass. plén. 26 octobre 1984 : 514.
** – Viuda de José Tolra, arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation,
21 décembre 1987 : 203, 361.
Sotrapo, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 9 mai 1944 : 447.
Vandamme, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 8 février 1977 : 135, 247.
Van Elverdinghe, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 22 mai 1965 : 447.
Verlay, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 26 avril 1977 : 156.
Z
Zelenoff, arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 17 décembre 1928 : 254.
b) Index chronologique
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 7 février 1854, de Barante : 661.
** Arrêt de la chambre des requêtes de la Cour de cassation, 5 novembre 1860, Legras : 661.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 10 janvier 1870, Barthe-Delcasse : 239.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 6 juillet 1896, Malezieux : 160.
** CR, 5 décembre 1907, Chollet-Dumoulin : 668.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 12 mars 1923, veuve Détanger : 430.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 17 décembre 1928, Zelenoff : 253.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 9 mai 1944, Sotrapo : 447.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 15 janvier 1957, affaire de
la sté DIN et affaire de la sté SFA : 446.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 31 mai 1960, affaire du
Crédit Lyonnais : 514.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 23 juin 1964, Lobry : 447.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 22 mai 1965, van Elverdinghe : 447, 448.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 3 mai 1966, sté Sotradies : 441.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 5 novembre 1968, Delfour :
249.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 11 juin 1969, sté DIN :
446.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 17 juin 1969, Duval : 450.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 12 octobre 1970, affaire
Coloco : 410, 682.
* Paris, 22 novembre 1970, Crédit suisse : 443.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 4 avril 1971, dame Adam : 443.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 11 octobre 1972, affaire
Mame : 411, 682.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 8 novembre 1972, épx
Lempereur : 221.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 22 novembre 1972, Bard :
278.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 3e, 23 janvier 1973, épx Maire : 673, 694, 695.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 9 avril 1973, épx Beauvais :
225.
* Caen, 12 avril 1973, sté Palau et fils et autres : 461.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 juin 1973, Plisson : 215.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 3e, 14 novembre 1973, Lignez : 246.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 3e, 23 avril 1974, édition Mezière : 438, 441.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 25 octobre 1976, sté
financière alsacienne : 609.
* Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 20 décembre 1976, dame Clément : 135.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 8 février 1977, Vandamme : 135.
Toulouse, 11 février 1977, sté Sittex et autres : 448.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 26 avril 1977, Verlay : 156.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 27 novembre 1978,
Bombigher : 157.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 6 mars 1979, Dannemuller : 143, 145.
* Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 mai 1979, affaire
Gatinais : 410.
* Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 mars 1980, banque
Vve- Morin Pons : 253.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 24 mars 1980, BNP/Dame
Vachier : 152.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 4 mai 1981, sté UFB et sté
BCT (2 arrêts) : 514.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 10 novembre 1981,
Charitansky : 175.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 janvier 1982, épx Rama : 228.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 2 février 1982, consorts Fisse : 166, 173.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 2 mars 1982, Banque
française commerciale : 214.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 12 mai 1982, Chassagne : 228.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 29 juin 1982, consorts
Ernault : 272.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 octobre 1982, Mecarex,
off. : 805.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 17 novembre 1982, sté
Sodac : 130.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 20 décembre 1982,
Banque de Paris et des Pays-Bas (2 arrêts) : 334.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 25 avril 1983, Fourrey : 159.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 10 mai 1983, sté Suisse d’assurances
Winterthur : 528.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 3e, 2 novembre 1983, Le Blanc-Bellevaux :
712.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 21 mars 1984, caisse Mutuelle de dépôts et
de prêts : 283.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 juin 1984, Sofal : 132.
Ass. plén., 26 octobre 1984, sté UFB : 514.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 février 1985, sté Iso :
802.
* Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation 1er octobre 1985, SARL
Club 110 : 802.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 4 février 1986, sté Mobil
oil France : 130.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 13 janvier 1987,
Cofincau : 272.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 20 janvier 1987, consorts
Descamps : 275.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 20 octobre 1987, épx Moretton : 139.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 21 décembre 1987, sté
Viuda de José Tolra : 203, 361.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 2 décembre 1988, sté Toit
et joie : 340.
** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 15 mars 1988, sté Champion-Second : 217.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 15 mars 1988, Coudray :
804, 805.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 15 mars 1988, Cauzette-Rey :
805.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 30 mai 1989, Bouche : 273.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 juin 1994, Sté Sofresid :
344.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 13 décembre 1994,
Magnetti : 123, 340.
* Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 9 juillet 1996, Sté Générale : 215.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 20 mai 1997, Guérin : 453.
Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 17 juin 1997, Douillet : 684.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 3 mars 1998, sté générale : 137.
Ass. plén., 4 juin 1999, sté Faraya : 124, 319.
* Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 décembre 1999, Joffres :
266, 267.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 15 mai 2001, BNP Paribas/Abihssira : 150.
* Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 29 octobre 2002, épx Lapie : 208.
* Arrêt d’Assemblée plénière de la Cour de cassation, 6 décembre 2004 : 261.
** Arrêt de la chambre commerciale de la Cour de cassation, 12 juillet 2005 : 511, 532.
** Arrêt d’une chambre mixte de la Cour de cassation, 2 décembre 2005 : 150.
** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 26 mai 2010, Société
GOBTP : 536.
c) Index thématique
TITRE I. – CAUTIONNEMENT
Notion.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 13 décembre 1994,
Magnetti : 123.
— Ass. plén., 4 juin 1999, sté Faraya : 124.
Obligation subsistante.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 17 novembre 1982, sté
Sodac : 130.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 4 février 1986, sté
Mobil Oil française : 130.
Extinction par accessoire ; défaut de production par le créancier en temps utile au règlement
judiciaire.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 juin 1984, Sofal :
132.
Déchéance du terme.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 20 décembre 1976, dame Clément : 135.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 8 février 1977, Vandamme : 135.
Plan de surendettement.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 3 mars 1998, Sté générale : 137.
Défaut de pouvoir ; incapacité.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 20 octobre 1987, épx Moretton : 139.
Bénéfice de discussion : « caution réelle ».
— ** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 6 mars 1979, Dannemuller : 143,
145.
— ** Arrêt en chambre mixte de la Cour de cassation, 2 décembre 2005, 150.
Recours contre la sous-caution.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 24 mars 1980, BNP c.
dame Vachier : 152.
Recours après paiement ; intérêts.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 26 avril 1977, Verlay : 156.
Recours contre les codébiteurs.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 27 novembre 1978,
Bombigher : 157.
Recours subrogatoire ; limite.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 25 avril 1983,
Fourrey : 159.
Recours subrogatoire contre les codébiteurs.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 6 juillet 1896, Malézieux : 160.
Recours anticipé.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 2 février 1982, consorts Fisse : 166,
173.
Recours contre les cofidéjusseurs.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 10 novembre 1981,
Charitansky : 175.
Caractère exprès.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 21 décembre 1987, sté
Viuda de José Tolra : 203.
Mention manuscrite ; accessoires (non) :
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 29 octobre, épx Lapie : 208.
Erreur de la caution sur la solvabilité du débiteur ; caractère substantiel (non) ; validité.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 2 mars 1982,
Banque française commerciale : 214.
Dol ; réticence du créancier sur la solvabilité du débiteur principal ; nullité.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 9 juillet 1996, Sté générale : 215.
Dol ; dol du débiteur principal, validité.
— ** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 juin 1973, Plisson : 215.
Cause dans le cautionnement ; relations entre la caution et le débiteur ; modification ; disparition de
la cause ; validité.
Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 15 mars 1988, SCI Champion-Second : 217.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 8 novembre 1972,
épx Lempereur : 221.
Cause dans le cautionnement ; changement de forme de la société débitrice ; validité.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 9 avril 1973, épx
Beauvais : 225.
Qualification : acte à titre gratuit ; donation (non) ; régime de communauté : article 1422 (non).
— ** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 27 janvier 1982, épx Rama : 228.
Qualification ; intention libérale ; renonciation à recours contre le débiteur ; donation (oui).
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 12 mai 1982, Chassagne : 228.
Cautionnement de dettes futures ; validité.
— ** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 10 janvier 1870, Barthe-Delcasse :
239.
Étendue du cautionnement ; indemnité d’occupation après expulsion ; accessoire (non).
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 3e, 14 novembre 1973, Lignez : 246.
— Arrêt de la chambre des requêtes de la Cour de cassation, 20 mars 1922, Raynaud et la
Banque privée : 247.
Étendue du cautionnement ; garantie des loyers ; clause pénale (oui).
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 8 février 1977, Vandamme : 247.
— Arrêt de la chambre des requêtes de la Cour de cassation, 20 mars 1922, Raynaud et la
Banque privée : 247.
Cautionnement limité ; imputation des paiements par le débiteur ; partie non cautionnée de la dette.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 5 novembre 1968,
Delfour : 249.
Inscription d’une créance en compte courant ; effet novatoire ; extinction du cautionnement (oui).
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 19 mars 1980, Banque
vve Morin Pons : 253.
Modification de l’obligation principale ; Novation (non) ; changement de monnaie de paiement ;
libération de la caution (non).
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation, 17 décembre 1928, Zelenoff : 254.
Cession de bail ; vente de l’immeuble loué.
— * Arrêt rendu en Assemblée plénière par la Cour de cassation, 6 décembre 2004 : 261.
Remise de dette et novation à l’égard de l’une des cautions solidaires.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 décembre 1999,
Joffres : 266, 267.
— Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 11 janvier 1984 : 267.
Décès de la caution ; cautionnement de dettes futures ; obligation de couverture ; extinction (oui).
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 29 juin 1982,
consorts Ernault : 272.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 13 janvier 1987,
Cofincau : 272.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 30 mai 1989, Bouche :
273.
Fusion de sociétés ; extinction (oui).
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 20 janvier 1987,
consorts Descamps : 275.
Compte courant ; résiliation du cautionnement ; obligation de règlement ; calcul.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 22 novembre 1972,
Bard : 278.
Bénéfice de subrogation ; perte d’un « droit préférentiel » ; droit de gage général (non).
— ** Arrêt d’une chambre civile de la Cour de cassation 1re, 21 mars 1984, Caisse mutuelle :
283.
Nature ; cautionnement (non) ; garantie autonome (oui) ; contrat sui generis ; non accessoire.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 20 décembre 1982,
2 arrêts, Banque de Paris et des Pays-Bas : 334.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 13 décembre 1994,
Magnetti : 340.
Qualification.
— ** Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 2 février 1988, sté
Toit et joie : 340.
Blocage.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 juin 1994, sté
Sofresid : 344.
Introduction
Chapitre I. – Gage
Privilèges généraux ; Trésor ; sommes versées par un dirigeant social en comblement du passif
social.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 7 mai 1979, affaire
Gatinais : 600.
Privilèges spéciaux et généraux ; rang.
— Arrêt de la chambre commerciale et financière de la Cour de cassation, 25 octobre 1976, sté
financière alsacienne : 609.
Bailleur d'immeuble
— privilège : 602.
Bâle, comité de Bâle sur le contrôle bancaire : 7.
Banquier, responsabilité du
— cautionnement : 295, 297.
Biens communs (hypothèque) : 684.
Bordereau Dailly : 764 s.
Bordereau (inscript. hypoth.) : 671.
Délégation imparfaite
— et cautionnement : 324.
— inopposabilité des exceptions : 323.
« Dématérialisation » sûretés réelles : 404.
— gage : 601.
— hypoth. : 666.
— nantissement créance : 525.
— rétention, droit de : 434, 446.
— valeurs mobilières : 537 s.
Dépôt de garantie : 505.
Dérivés : 124.
Faillite
— Voir conciliation, règlement amiable, redressement judiciaire, règlement judiciaire, liquidation
des biens, sauvegarde, suspension provisoire des poursuites.
Fiducie-sûreté : 20, 774 s.
— acte authentique : 779.
— bien commun : 778, 779.
— convention de mise à disposition : 785.
— décès du fiduciant : 778.
— durée : 780.
— écrit : 779.
— effets : 788 s.
— enregistrement : 779.
— fiduciaire : 777.
— fiduciant : 778.
— fiducie-sûreté rechargeable : 782, 783.
— liquidation judiciaire : 793.
— mentions obligatoires : 780.
— nullités de la période suspecte : 783.
— opposabilité : 784, 786.
— patrimoine d'affectation : 787.
— publicité : 784.
— sauvegarde, redressement judiciaire : 791, 792.
— spécialité : 781.
Fisc, privilège : 446, 463, 600.
Fonds commun de créance : 697.
Fonds de commerce, nantissement, v. nantissement.
Frais de justice, privilège : 412, 461.
Fusion de sociétés (cautionnement) : 261, 275, 276.
Lease-back : 806.
Lettre de confort : 360 et 361.
Lettre d'intention : 360 et 361.
Licitation : 668, 706.
Location (cautionnement) : 101, 205, 208, 212.
Location-vente : 806.
Logiciel (nantissement) : 523.
Loi
— Dailly : 764 s.
— Dubanchet : 406, 408, 519, 800.
— Dutreil : 102, 106, 111, 147, 210, 242, 295, 300.
— Madelin : 17, 143, 147, 202, 249, 296, 415.
— Malingre : 445, 534.
— Méhaignerie : 602.
— Neiertz : 137, 208 s., 295 s., 413.
— Quilliot : 602, 655.
M
P
Pacte commissoire
— gage : 515.
— hypothèque : 687.
— nantissement créance : 536.
— venté à réméré : 762.
Pacte pignoratif : 762.
Parallel Debt : 776.
Parts sociales, nantissement : 529 à 531.
Patrimoine d'affectation : 20, 787.
Porte-fort : 325.
Prêt viager hypothécaire : 672.
Preuve, cautionnement : 204.
Principe de proportionnalité : 18.
Privilège
— auteurs, compositeurs : 462.
— bailleur immeuble : 602.
– crédit-bail : 806.
— conciliation : 411, 412, 466.
— conjoint de commerçant ou d'artisan : 461.
— conservateur : 603.
— copartageant : 706.
— créancier gagiste : 513.
— créanciers postérieurs : 465.
— fisc : 600, 609.
— frais de justice : 412, 461.
— généraux : 460 à 468.
— immobiliers : 702 à 706.
— mobiliers : 600 à 611.
– généraux : 600.
– spéciaux : 602 à 611.
— « new money » : 411, 412, 466.
— prêteur deniers (imm.) : 705.
— salariés : 462 et 463.
— syndicat des copropriétaires : 702.
— Trésor : 600.
— vendeur
– immeuble : 703 et 704.
– meuble : 604 à 606.
Procédures collectives : 132, 137, 410 à 412.
Procuration : 661.
Promesse
— gage : 507.
— hypothèque : 661.
Proportionnalité (principe de) : 18, 150, 295.
Propr. litt. et artist., rétention : 443.
Publicité foncière : 631 à 658.
— actes déclaratifs : 656.
— acte notarié : 636.
— amende : 656.
— ayant cause : 648.
— bail : 643, 654.
— bonne foi : 652.
— crédit-bail immobilier : 643.
— dépôt : 639.
— dépôt (refus de) : 635.
— effets : 640 et s.
— effet relatif : 638.
— état hypothécaire : 639.
— fichier immobilier : 637.
— formalité (rejet) : 635.
— fraude : 652.
— histoire : 633.
— inscription hypothécaire : 670 s.
— institution : 633, 653.
— irrecevabilité : 657.
— legs particulier : 642.
— livre foncier : 634.
— obligation : 640, 655.
— opposabilité : 640 s., 647.
— pacte de préférence : 645.
— prénotation : 646.
— promesse de vente : 645.
— registres : 637.
— rejet : 635.
— restrictions au droit de disposer : 644.
— service de la publicité foncière : 635.
— tiers : 648, 652.
Purge, hypoth. : 693.
Saisie
— gagerie : 602.
— immobilière (hyp.) : 132, 410, 685.
— revendication : 602.
Salariés
— assurance-chômage : 464.
— privilège : 462.
— superprivilège : 412, 463.
Sauvegarde des entreprises : 4, 132, 133, 137, 141, 256, 410, 411, 412, 461, 465, 466.
Security interest : 503.
Séparation des patrimoines, privilège : 702.
Service de la publicité foncière : 635.
— inscription hypoth. : 671.
— radiation hypoth. : 676.
Sociétés (cautionnement) : 217 s.
— objet social : 217.
— intérêt social : 218.
Solidarité : 2, 5.
Sous-cautionnement : 152, 282.
Soutien abusif : 18, 412.
Stipulation pour autrui (cautionnement) : 125, 200.
Stocks (gage) : 503, 504.
Subrogation personnelle
— AGS : 463.
— caution : 158, 168.
— hypothèque : 696.
– tiers acquéreur : 691.
— privilège vendeur : 705.
Subrogation réelle : 403.
— bailleur imm. (privilège) : 602.
— gage : 504, 505, 516.
— hypothèque : 683, 699, 700.
— indivision (hyp.) : 668.
— rétention, droit de : 445, 449.
Successions : 132, 304, 410, 673.
Superprivilège, salariés : 463.
Surendettement : 132, 137, 256, 302, 410, 413.
Sûretés judiciaires : 415, 525, 711.
Sûretés mobilières : 498.
Sûretés négatives : 320.
Sûretés réelles, numerus clausus : 406, 751.
Sûreté réelle pour autrui : 149 et 150.
Suspension provisoire des poursuites
— hypothèque : 684.
— rétention, droit de : 411, 441, 448.
Syndicat des copropriétaires (privilège) : 702.
Warrant : 521.
Les notes de bas de page
(1) Le verbe latin credere : avoir confiance, se fier.
(2) En effet, s’il s’agit d’une obligation de donner (donc de transférer un droit réel), l’inexécution
n’est pas concevable ; il suffira au tribunal de constater le transfert, lorsque les conditions en seront
réunies. Quant à l’obligation de faire ou ne pas faire, ou bien elle est susceptible d’une exécution
forcée en nature, et la garantie réside en la personne du débiteur, ou bien son inexécution se résout en
dommages-intérêts, et nous sommes ramenés à l’obligation de somme d’argent.
(3) Le crédit suppose en effet la monnaie, le temps et la confiance. Cf. RODIÈRE et RIVES-LANGE, Droit
bancaire, Dalloz, 3e éd., no 218 : « Selon l’enseignement classique, le crédit suppose la réunion de
deux facteurs : le temps et la confiance... Il s’agit ici évidemment non pas d’un acte irréfléchi
mais d’une confiance calculée. »
(4) Sur les relations entre la notion de garantie et celle de sûreté, v. P. CROCQ, Propriété et garantie,
th. Paris II, LGDJ, 1995, préf. M. Gobert, nos 264 et s. ; selon cet auteur, la garantie est une notion
fonctionnelle, englobant la seconde, qui est conceptuelle, no 287 ; v. également A. M. TOLEDO, Notion
de sûreté et droit du commerce international, th. Paris I, ronéo, 1997.
(5) Contra, P. CROCQ, op. cit., no 277, pour qui c’est une sûreté.
(6) Les obligations, coll. Droit civil ; v. également A. HONTEBEYRIE, « Régime général de l'obligation
et droit des sûretés », RLDC mars 2014, p. 77 s. Cependant, la solidarité peut parfois être utilisée
comme une sûreté personnelle : v. infra, no 5.
(7) L’obligation in solidum est une conséquence de la pluralité de débiteurs et de l’unité de dette ;
l’action directe, une conséquence de la présence d’un groupe de contrats.
(8) De là l’hésitation à faire entrer dans la catégorie des sûretés certaines garanties inhérentes au
rapport d’obligation : la réserve de propriété, le droit de rétention, le crédit-bail ; sur cette question,
v. P. CROCQ, op. cit., nos 288 et s.
(9) CABRILLAC-MOULY-PETEL, Droit des sûretés, no 2, qui, cependant, avancent deux idées
complémentaires : la sûreté augmente les chances de paiement à l’échéance, en affectant la valeur
d’un bien, ou d’un groupe de biens ; Ph. THÉRY, Sûretés et publicité foncière, 2e éd., no 6, estime
qu’une définition est soit inutile, soit impossible.
(10) P. CROCQ, op. cit., no 282 ; adde, la définition de A. M. TOLEDO, th. préc., supra, note 4. Rappr.
la définition des sûretés adoptée par l'art. 1 du nouvel Acte Uniforme portant organisation des
Sûretés (AUS) au sein de l'OHADA. V. à propos de cette réforme, sous la dir. de P. CROCQ, Le nouvel
Acte Uniforme portant organisation des Sûretés, Lamy, coll. Axe Droit, 2012.
(11) Mais encore faut-il que cette qualité existe, ce qui n'est pas le cas lorsque celui qui prétend
bénéficier d'une sûreté entend garantir non l'exécution d'une obligation personnelle mais le respect
d'un droit réel : v., refusant en conséquence qu'une hypothèque puisse être constituée pour garantir un
usufruit, Cass. 1re civ., 18 déc. 2013, nº 12-18537, RDC déc. 2014, p. 742, nº 110y4, obs. A. Tadros.
(12) Pour les sûretés personnelles, v. infra, nos 100 et s.
(13) Pour les sûretés réelles, v. infra, nos 400 et s.
(14) Ou d’une obligation en nature susceptible de se transformer en dommages-intérêts, c’est-à-dire
en somme d’argent.
(15) Étymologiquement, le terme signifie que la créance est constatée par un acte sous seing privé
(« écrit de la main ») ; ce qui est aujourd’hui encore une cause d’infériorité, non pas en ce qui
concerne le droit de poursuite, mais à l’égard de la preuve et de la force exécutoire.
(16) La loi du 11 juill. 1985 a permis cependant à un débiteur de limiter le droit de gage de ses
créanciers en créant un patrimoine de l’entreprise, distinct du reste de ses biens sous la forme d'une
entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée devenue aujourd'hui la société unipersonnelle à
responsabilité limitée (C. com., art. L. 223-1). Cette innovation a été ultérieurement complétée lors
de la création de la société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) par une loi du 12 juill.
1999 (C. com., art. L. 227-1).
(17) Les obligations, coll. Droit civil.
(18) On emploie le terme de faillite dans un sens général ; juridiquement (C. com., art. L. 610-1 à
L. 680-7) il s’agit de la sauvegarde, du redressement judiciaire, de la liquidation judiciaire des
entreprises et du rétablissement professionnel.
(19) La sûreté augmente les chances de recouvrement de la créance. Parfois même, surtout à l’époque
contemporaine, elle fournit au créancier le paiement lui-même (ex : fiducie-sûreté, pacte
commissoire, attribution judiciaire) : A. AYNÈS, « Le rôle des sûretés dans le recouvrement des
créances », Procédures, août-sept. 2008, p. 44.
(20) Dans la solidarité passive, plusieurs débiteurs sont tenus envers le créancier de la même dette.
La dette leur est commune en totalité ; le codébiteur qui paye la dette commune paye sa propre dette.
Il est vrai que dans les rapports réciproques des codébiteurs, la dette se divise si bien que le
codébiteur solvens dispose d’un double recours (personnel et subrogatoire : C. civ., art. 1251, 3o)
contre les autres codébiteurs, pour ce qui excède sa « part et portion » dans la dette. Certains auteurs
en déduisent que la solidarité constitue, à cet égard, une sûreté : CABRILLAC-MOULY-PETEL, Droit des
sûretés, 9e éd., no 438. Mais on peut observer que la solidarité n’est pas toujours conventionnelle, et
que l’existence du recours apparaît comme une conséquence logique de la pluralité de débiteurs
intéressés à la même dette. Il arrive cependant que l’un des codébiteurs solidaires n’ait aucun intérêt
dans la dette : il se sera donc engagé, en réalité, à payer une dette qui est entièrement celle d’autrui,
et disposera d’un recours intégral contre son codébiteur seul intéressé (C. civ., art. 1216). En ce cas,
la solidarité répond à la définition de la sûreté personnelle. Ce n’est pas un cautionnement, puisque
l’engagement du codébiteur non intéressé n’est pas, aux yeux du créancier, accessoire : D.R. MARTIN,
« L’engagement de codébiteur solidaire adjoint », RTD civ. 1994, 49. La Cour de cassation distingue
bien ces deux sûretés : Cass. civ. 1re, 10 déc. 1991, Bull. civ. I, no 347 ; Cass. civ. 1re, 17 nov. 1993,
Bull. civ. I, no 335. Cependant, un risque de requalification en cautionnement n’est pas à exclure :
CABRILLAC-MOULY-PETEL, op. cit., no 441. La différence entre l’engagement de payer la dette d’autrui à
titre accessoire (cautionnement) et à titre principal (codébiteur solidaire) est ténue. On peut en dire
autant de l’indivisibilité : SIMLER et DELEBECQUE, Les sûretés, La publicité foncière, no 346.
(21) Ce sont les deux critères de la sûreté personnelle : CABRILLAC-MOULY-PETEL, op. cit., nos 23 et s.
(22) Il existe une solution intermédiaire : obtenir un droit de préférence dans le patrimoine d’un tiers.
Ce que permet ce que l’on appelait naguère le « cautionnement réel » et aujourd’hui la sûreté réelle
pour autrui (v. infra, no 149).
(23) CH. GIJSBERS, Sûretés réelles et droit des biens, Economica, 2016 : l’auteur conteste la parenté
entre les droits rééls principaux et les sûretés réelles (adde, du même auteur, « Quel avenir pour les
sûretés réelles ? », in L'avenir du droit des biens, colloque Lille 7 mars 2014, LGDJ, 2016, p. 131).
En réalité, dans le cas des sûretés conférant un simple droit de préférence, il s’agit d’un droit sur la
valeur de la chose et non sur la chose elle-même : cette valeur est affectée au paiement du créancier :
CABRILLAC-MOULY-PÉTEL, op. cit., no 551.
(24) Ce qui a pour conséquence que le bénéfice de la garantie illimitée de l'État constitue, pour une
entreprise, une aide illicite si elle est sans contrepartie, l'octroi d'une telle garantie permettant
d'obtenir un prêt à des conditions financières plus avantageuses que celles qui sont normalement
consenties sur les marchés financiers : v., dans le cas de La Poste, CJUE, 3 avr. 2014, nº C-559/12,
France c/Commission.
(25) A. VERBOOMEN et L. DE BEL, Bâle II et le risque de crédit – Les règles actuelles et leur
évolution sous Bâle III, Larcier, 2011.
(26) Règlement (UE) nº 575/2013 du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 concernant
les exigences prudentielles applicables aux établissement de crédit et aux entreprises
d'investissement, JOUE du 27 juin 2013, L. 176/1 s. Ce texte a été complété par la directive
2013/36/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 concernant l'accès à l'activité des
établissements de crédit et la surveillance prudentielle des établissements de crédit et des entreprises
d'investissement (usuellement appelée « directive CRD IV »), laquelle a été transposée en droit
français par l'ordonnance nº 2014-158 du 20 févr. 2014.
(27) V. à propos des difficultés d'application de cette exigence, G. Affaki, Banque et droit, nº 161,
mai-juin 2015, p. 58.
(28) J. Qian et Ph. E. Strahan, “How Laws and Institutions Shape Financial Contracts : The Case of
Bank Loans”, The Journal of Finance, Vol. LXII, nº 6, déc. 2007, p. 2803 ; M. Safavian, H. Fleisig
and J. Steinbuks, “Unlocking dead capital : how reforming collateral laws improves access to
finance”, Private sector development viewpoint, The World Bank Washington DC, mars 2006,
nº 307.
(29) V. M. Dietsch, H. Fraisse et S. Frappa, « Comment les pondérations de risque diffèrent-elles
parmi les banques ? – Étude comparée sur les portefeuilles “Entreprises” des banques françaises ? »,
Analyses et synthèses, nº 42, mars 2015, ACPR Banque de France.
(30) Souvent, la « faillite » d’un commerçant est prononcée alors qu’il est depuis longtemps en état
de cessation des paiements, certains créanciers importants (banques, Trésor public) ayant permis la
survie artificielle, sans courir aucun risque, en raison de leur sûreté.
(31) Cette idée traditionnelle est combattue par Ph. DUPICHOT : la constitution d’une sûreté réelle en
garantie de sa propre dette ne crée aucun risque d’endettement ; de plus, la perte du bien à
l’échéance, si la dette n’est pas payée, a pour contrepartie le crédit obtenu, qu’elle se borne à payer :
Le pouvoir des volontés individuelles en droit des sûreté, th. Paris II, éd. Panthéon-Assas, 2005,
préf. M. Grimaldi, nos 532 et 570 et s.
(32) Par exemple, dans le droit du crédit au consommateur (loi Neiertz du 31 déc. 1989) ; ou dans le
droit des régimes matrimoniaux (loi du 23 déc. 1985) : dans la communauté légale, le cautionnement
n’engage les biens communs qu’avec le consentement des deux époux (C. civ., art. 1415 nouv.) ; ou à
l’égard d’une caution personne physique (loi Dutreil du 1er août 2003). Dans le cautionnement lui-
même, la jurisprudence a naguère développé un formalisme de protection : v. infra, nos 207 et s.
(33) Surtout, l’hypothèque générale : du fisc, de la femme mariée...
(34) V. LOYSEL : « De pleige, plaid ; de gage, réconfort ; d’argent comptant, paix et accord. »
(35) I.e., depuis la loi du 26 juill. 2005, la sauvegarde, le redressement judiciaire et la liquidation
judiciaire des entreprises ; V. P. CROCQ, « Réforme des procédures collectives et sort des créanciers
munis de sûretés », Dr. et patr. mars 2006, p. 90 et s. et, du même auteur, « L'ordonnance du 18 déc.
2008 et le droit des sûretés », JCP E 2009, no 1313. Adde, traitant des rapports du droit des sûretés et
du droit des procédures civiles, PH. ROUSSEL GALLE (sous la dir. de), Entreprises en difficulté,
LexisNexis, Coll. Droit 360º, 2012, spéc. p. 331 à 431.
(36) Un autre choix législatif serait possible. Ainsi, en droit vietnamien, le Trésor public ne prime
pas les autres créanciers en cas d'ouverture d'une procédure collective à l'encontre du débiteur :
v. D. GIANG, Sûretés conventionnelles sur créances en droit français, anglais et vietnamien, th.
dactyl., Paris II, 2014, nº 497.
(37) Ex. : variété de gage : le gage sans dépossession ; variété du gage sans dépossession : le
nantissement des créances ; variété de nantissement des créances : le nantissement de police
d'assurance-vie.
(38) Ph. DUPICHOT, th. préc. supra note 25, nos 530 et s. Adde, N. BORGA, L'ordre public et les sûretés
conventionnelles, Nouv. Bibl. de thèses, vol. 82, Dalloz, 2009.
(39) Par exemple, on peut observer que les crédit immobiliers aux particuliers sont principalement
garantis par des cautionnements (48,1 % de prêts garantis par des cautionnements sur la période
2001-2012, alors que ceux garantis par des sûretés réelles immobilières ne représentent que 31,2 % :
rapport de l'Observatoire du financement des marchés résidentiels, juin 2014, p. 27).
(40) Ph. DELEBECQUE, « Les garanties du crédit au consommateur », in Le Droit du crédit au
consommateur, Litec, 1982, p. 285-313.
(41) Les sociétés de financement sont des personnes morales, autres que des établissements de crédit,
qui effectuent à titre de profession habituelle et pour leur propre compte des opérations de crédit
dans les conditions et limites définies par leur agrément (CMF, art. L. 511-1-II). Leur existence a été
reconnue par l'ordonnance nº 2013-544 du 27 juin 2013 qui leur a étendu une grande partie des
dispositions législatives antérieurement applicables aux seuls établissements de crédit. Les
dispositions de cette ordonnance sont entrées en vigueur le 1er janv. 2014.
(42) Y. CHARTIER, Rapport de synthèse, Colloque de Deauville sur L’évolution des sûretés, RJ com.
févr. 1982 ; P. CROCQ, L’évolution des garanties du paiement : de la diversité à l’unité, Mélanges
Mouly, t. 2, 1998, p. 317 et s.
(43) L. AYNÈS, Les garanties du financement, Rapport de synthèse au Congrès des notaires 1986,
Defrénois 86, art. 33779.
(44) MESTRE et alii, nos 192 et s., préconisant (no 206) la généralisation d’« un recours en réduction
des sûretés manifestement disproportionnées » qui serait exercé devant le juge du fond ; D. LEGEAIS,
Sûretés et garanties du crédit, no 26.
(45) P. CROCQ, obs. RTD civ. 1998.157.
(46) Ex. : C. civ., art. 2444 ; CPCE, art. R. 532-9, relatif aux sûretés judiciaires conservatoires et,
d’une manière générale, CPCE, art. L. 111-7, relatif aux voies d’exécution et mesures conservatoires.
(47) Ex. : Cass. com., 17 juin 1997, Bull. civ. IV, no 188 ; RTD civ, 1998.157, obs. P. Crocq ;
Defrénois 97, art. 36703, no 158, obs. crit. L. Aynès ; JCP E, 97.II.1007, n. D. Legeais ; D., 98.208,
n. J. Casey : le banquier a manqué à son devoir de bonne foi en demandant à un tiers de garantir une
somme de 20 millions de francs, alors que sa rémunération mensuelle était de 37 000 francs et son
patrimoine inférieur à 4 millions de francs. Mais cette jurisprudence paraît aujourd’hui abandonnée :
infra, no 298 ; la loi Dutreil à son tour applique le principe à toutes les cautions, personnes
physiques : infra, no 294.
(48) Ex. : C. consom., art. L. 314-18, L. 332-1 et L. 343-4 ; ou encore, le principe de subsidiarité des
sûretés ne portant pas sur les instruments d’exploitation, introduit par la loi Madelin (L. 11 févr.
1994, art. 47 devenu l'art. L. 313-21 CMF). Rappr. en droit belge, après l'entrée en vigueur de la loi
du 11 juill. 2013 réformant le droit des sûretés mobilières, l'art. 7, al. 4, du nouveau titre XVII du
Code civil relatif aux sûretés réelles mobilières énonçant que si le constituant du gage est un
consommateur, la valeur du bien gagé ne peut excéder le double du montant de la créance garantie.
(49) La Cour de cassation a fait une application extensive de ce texte en affirmant qu'il s'appliquait à
tous les concours, y compris ceux consentis pour la création ou l'acquisition d'une entreprise :
Cass. com., 3 nov. 2015, nº 14-10274 et 14-18433, Rev. Proc. Coll. 2016, comm. 100, obs.
A. MARTIN-SERF ; Gaz. Pal. 8 mars 2016, p. 70, obs. S. Moreil ; JCP G 2016, 866, no 12, obs.
Ph. Pétel.
(50) V. une illustration in Cass. com., 13 janvier 2015, nº 13-25360.
(51) Cass. com., 27 mars 2012, no 10-20077, D. 2012, p. 1576, obs. P. Crocq ; D. 2012, p. 1455 s.,
n. R. Dammann et A. Rapp ; D. 2012, p. 870, obs. A. Lienhard ; JCP G 2012, note 635,
S. Piedelièvre.
(52) . V. P. CROCQ, « Sûretés et proportionnalité », Mél. Ph. Simler, Litec, 2006, p. 291 et s. ;
J. ETTER et S. GOBIN, " Sûretés consenties en garantie d'un crédit et proportionnalité ", RD bancaire et
financier sept.-oct. 2015, p. 18 ; J. MOURY, « La responsabilité du fournisseur de “concours” dans le
marc de l’art. L. 650-1 du Code de commerce », D. 2006, 1753 ; D. ROBINE, « L'article L. 650-1 du
Code de commerce : un janus à deux visages », in Mél. Le Cannu, Dalloz, LGDJ, IRJS et Thomson
Reuters Transactive, 2014, p. 621 s.
(53) V. : « Rapport Grimaldi » : « Pour une réforme globale des sûretés », Dr. et patr. 2005, no 140,
p. 48 et s.
(54) À ne pas confondre avec la loi sur la sauvegarde des entreprises, également du 26 juill. 2005,
mais portant le no 2005-845.
(55) Colloques et dossiers commentant la réforme : « La réforme du droit des sûretés », D. 2006,
dossier, p. 1289 et s. ; « Commentaire de l’ordonnance du 23 mars 2006 relative aux sûretés »,
JCP 2006, supplément au no 20 ; « Commentaire de l'ordonnance du 23 mars 2006, relative aux
sûretés », dossier publié in Contrats, conc., consom., 2006, no 11 à 14 ; « Réforme du droit des
sûretés », Lamy dr. civil 2006, supplément au no 29 ; La réforme du droit des sûretés, colloque
publié in D. 2006, p. 1289 et s. ; Le droit des sûretés à l'épreuve des réformes (sous la dir.
de Y. Picod et P. Crocq), Éditions juridiques et techniques, 2006 ; « Sûretés mobilières : du
nouveau », dossier publié in Dr. et patr. no 161, juill.-août 2007, p. 46 et s. ; « La réforme des sûretés
après neuf mois de pratique », RLDA mars 2007, p. 67 et s. ; Évolution des sûretés réelles : regards
croisés Université-Notariat, Litec, 2007 ; Ph. DUPICHOT, « Le nouveau droit français des sûretés :
bréviaire à l'attention du juriste étranger », Mél. Jauffret-Spinosi, Dalloz, 2013, p. 277 s.
(56) Ch. GIJSBERS, « L'insuccès du prêt viager hypothécaire », JCP N 2016, 1103. La loi nº 2005-992
du 17 août 2015 relative à la transition énergétique a essayé de lui donner un peu plus d'attrait en
prévoyant la possibilité d'un remboursement périodique des seuls intérêts (art. L. 315-1, al. 2,
C. cons.), ce qui permet de réduire l'augmentation de la dette, liée à la capitalisation des intérêts, qui
devra être payée au décés de l'emprunteur par ses héritiers s'ils veulent échapper à la vente forcée de
l'immeuble hypothéqué. Elle a également créé, sur le modèle du prêt viager hypothécaire, un prêt
avance mutation destiné à financer des travaux de rénovation et dont le remboursement n'est exigible
que lors de la première mutation du bien (art. L. 315-2 C. cons.).
(57) Ce qui conduit à maintenir le droit ancien pour toutes les sûretés constituées antérieurement.
Dans la présente édition, en cas de divergence, l’exposé du droit ancien suivra celui du nouveau
droit.
(58) V. notamment : « 2006-2016 : bilan de la réforme des sûretés », dossier coordonné par
M. JULIENNE, JCP N et I 2016, 1101 ; « L’attractivité du droit français des sûretés réelles, 10 ans
après la réforme », Colloque Lyon 25 mars 2016 (à paraître).
(59) Ces atteintes à l'unité du patrimoine ne sont pas toujours motivées par une volonté de protection
du débiteur. Ainsi, c'est essentiellement pour accélérer les procédures de liquidation judiciaire que
l'ordonnance du 12 mars 2014 a prévu, au sein d'un nouveau IV de l'art. L. 641-9 C. com., que « le
liquidateur ne peut, sauf accord du débiteur, réaliser les biens ou droits acquis au titre d'une
succession ouverte après l'ouverture ou le prononcé de la liquidation judiciaire, ni provoquer le
partage de l'indivision pouvant en résulter ».
(60) Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-13643, JCP G 2014, 925, note J.-J. Barbieri ; RDC déc. 2014,
p. 752, nº 111d7, obs. P. Berlioz ; Defr. 2015, 119w3, p. 492, obs. S. Cabrillac ; RTD civ. 2014,
p. 693, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 13, obs. Ph. Delebecque ; RD bancaire et
financier 2014, comm. 135, obs. D. Legeais ; RD bancaire et financier 2014, 176, obs.
S. Piedelièvre ; Defr. 2015, 119a4, p. 247, obs. F. Vauvillé ; LPA, 22 août 2014 nº 168, p. 8,
note F. Vinckel.
(61) Encore faut-il que la déclaration ait bien été publiée avant l'ouverture de la procédure
collective : Cass. com., 2 juin 2015, nº 14-10383, Rev. Proc. Coll. 2016, comm. 51, obs. F. Reille ;
Gaz. Pal. 18-20 oct. 2015, p. 28, obs. D. Voinot ; Cass. com., 22 mars 2016, nº 14-21267,
Gaz. Pal. 28 juin 2016, p. 64, obs. J. Théron.
(62) Cass. com., 28 juin 2011, no 10-15482 ; D. 2011, p. 1751, obs. A. Lienhard ; Rev. sociétés 2011,
p. 526, obs. Ph. Roussel Galle ; Dr. et patr. nov. 2011, p. 74 s., obs. P. Crocq ; Cass. com., 24 mars
2015, nº 14-10175, D. 2015, p. 1302, note N. Borga et p. 799, obs. A. Lienhard ; Rev. Proc. Coll.
2015, comm. 79, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; Act. proc. coll. 2015, nº 119, obs. V. Legrand. Cet
intérêt de la déclaration d'insaisissabilité se trouve renforcé par le fait que le liquidateur ne pouvant
agir que dans l'intérêt de tous les créanciers et non dans l'intérêt d'une partie seulement d'entre eux, il
se voit, en outre, dénier par la Cour de cassation la qualité pour agir en inopposabilité d'une
déclaration qui n'aurait pas été régulièrement publiée (Cass. com., 13 mars 2012, no 11-15438, D.
2012, p. 1573, obs. P. Crocq ; D. 2012, p. 807, obs. A. Lienhard) ou pour exercer l’action paulienne
(Cass. com., 23 avr. 2013, no 12-16035, D. 2013, p. 1127, obs. A. Lienhard ; D. 2013, p. 2363, obs.
F.-X. Lucas). Il y avait là une porte ouverte à des pratiques frauduleuses qui a été refermée par
l'ordonnance du 12 mars 2014, laquelle crée, au sein du Code de commerce, un nouvel art. L. 632-1-
I, 12º, frappant d'une nullité de droit la déclaration d'insaisissabilité effectuée en période suspecte.
En l'occurrence, la défiance du législateur envers la déclaration d'insaisissabilité est particulièrement
importante puisque, comme pour les actes à titre gratuit, le nouvel art. L. 632-1-II du Code de
commerce prévoit également que le tribunal peut annuler les déclarations d'insaisissabilité effectuées
dans les six mois précédant la date de la cessation des paiements.
(63) V. affirmant que le créancier auquel la déclaration d'insaisissabilité est inopposable peut saisir
le bien en dépit de l'ouverture d'une liquidation judiciaire à l'encontre de son débiteur, Cass. com.,
5 avr. 2016, nº 14-24640, D. 2016, p. 837, obs. A. Lienhard et p. 1296, note N. Borga ;
Gaz. Pal. 28 juin 2016, p. 54, note P.-M. Le Corre ; Rev. Proc. Coll. juill.-août 2016, comm. 119,
obs. F. Marorig-Venier ; Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 88, obs. M.-H. Monsèrié-Bon. Cette faveur
n'est pas dénuée d'inconvénient, car la conséquence en est que l'effet interruptif de prescription
résultant de la déclaration de créance à la procédure collective du débiteur est prorogé seulement
jusqu'à la date de la décision admettant cette créance à la procédure collective et non jusqu'à la
clôture de ladite procédure : Cass. com., 12 juill. 2016, no 15-17321, D. 2016, p. 1558, obs.
A. Lienhard.
(64) V. F. Pérochon, « L'art de mal légiférer : l'insaisissabilité de la résidence principale », BJE,
1er mars 2015, p. 65, 112c2 ; N. BORGA, « L'insaisissabilité des actifs immobiliers » in Le patrimoine
de la personne physique à l'épreuve des procédure collective : quels nouveaux enjeux, Act. de droit
de l'entreprise, tome 31, LexisNexis, 2015, p. 23.
(65) Sa suppression a été, d'ailleurs, déjà envisagée au profit de la création d'un statut juridique
unique pour toutes les entreprises individuelles prévoyant l'octroi d'une personnalité juridique
autonome et d'un patrimoine propre : v. le rapport Grandguillaume remis le 17 déc. 2013, D. 2013,
p. 2768 et D. 2014, p. 7, obs. X. Delpech.
(66) Il s'agit des biens qui, par nature, ne peuvent être utilisés que dans le cadre de l'activité
professionnelle, selon la définition qui en a été donnée par l'art. R. 526-3-1 C. com. issu du décret
nº 2012-122 du 30 janv. 2012.
(67) V. A. AYNÈS, « EIRL : la séparation des patrimoines à l'épreuve du droit des sûretés », RLDC
oct. 2011, p. 28 et s. ; V. LEGRAND, « EIRL et déclaration d'insaisissabilité : quel bilan ? », JCP G
2014, doctr. 287 ; S. PIEDELIÈVRE, « Patrimoine d'affectation, droit des créanciers et droit des
sûretés », in Mél. Le Cannu, Dalloz, LGDJ, IRJS et Thomson Reuters Transactive, 2014, p. 547 s. ;
Ph. THÉRY, « L'EIRL, ou la prise de la Bastille », in Mél. Merle, Dalloz, 2013, p. 693 s.
(68) Cette admission résulte, tout d'abord, de ce que l'ordonnance reconnait qu'un bien figurant dans
un patrimoine puisse néanmoins être également « détenu » dans un autre patrimoine (C. com., nouvel
art. L. 622-6), ensuite, de ce qu'elle interdit à l'entrepreneur de faire au titre de l'un de ses
patrimoines une offre de reprise d'un autre patrimoine (C. com., nouvel art. L. 642-3 qui, a contrario,
implique que si elle n'avait pas été expressément interdite une telle reprise aurait pu être envisagée)
et, enfin et surtout, de ce que l'ordonnance interdit à l'entrepreneur individuel à responsabilité limitée
de participer aux répartitions à concurrence des sommes au versement desquelles il a été condamné
sur le fondement du nouvel art. L. 651-2 C. com. (ce qui n'a de ce sens que si l'on admet au préalable
qu'un patrimoine de l'entrepreneur individuel soit créancier de l'autre patrimoine faisant l'objet de la
procédure collective).
(69) Si une telle possibilité devait un jour être admise, la constitution d'une telle sûreté ne serait
cependant pas sans danger pour l'entrepreneur. En effet, si par la suite le patrimoine garant devait
faire l'objet d'une procédure collective, la faillite personnelle pourrait être prononcée à l'encontre de
l'entrepreneur au motif qu'il a disposé des biens du patrimoine visé par la procédure collective
comme s'ils étaient compris dans un autre de ses patrimoines ou fait des biens ou du crédit de
l'entreprise visée par la procédure un usage contraire à l'intérêt de celle-ci à des fins personnelles ou
pour favoriser une entreprise dans laquelle il est intéressé (C. com., nouvel art. L. 653-3),
(70) Bibliographie : J.-D. PELLIER, Essai d'une théorie des suretés personnelles à la lumière de la
notion d'obligation – contribution à l'étude du concept de coobligation, Bibl. de droit privé,
tome 539, LGDJ, 2012 ; Th. REVET et F. ZÉNATI-CASTAING, Cours de droit civil – Sûretés
personnelles, PUF, coll. Droit fondamental, 2013 ; D. HOUTCIEFF et A.-S. BARTHEZ, Les sûretés
personnelles, LGDJ, 2010 ; J. FRANÇOIS, Les sûretés personnelles, Economica, 2004 ; “Principles of
European Law on Personal Security” prepared by U. DROBNIG, Sellier, 2007.
(71) Certains auteurs présentent une classification tripartite : sûreté accessoire (cautionnement)
sûretés autonomes (garantie à première demande, délégation et constitut) et garanties indemnitaires
(lettres d’intention et promesse de porte-fort d’exécution) : SIMLER et DELEBECQUE, op. cit., no 8. Mais,
par rapport à l’obligation principale, cette dernière catégorie est aussi autonome que la précédente, si
bien que seul paraît s’imposer nettement le clivage : accessoire/autonome.
(72) En ce sens, F. ARBELLOT, Les relations entre la sûreté personnelle et le rapport de base en droit
français, th. Poitiers, ronéo. D. GRIMAUD, Le caractère accessoire du cautionnement, PUAM, 2001,
préf. D. Legeais.
(73) Ph. SIMLER, Cautionnement, garanties autonomes, garanties indemnitaires, Litec, 4e éd., 2008
(cité : SIMLER) ; Lamy Droit des sûretés, coll. Lamy Droit civil ; Le cautionnement, Regards croisés
Université-Notariat, Ve Rencontres de l’ARNU, Nîmes, févr. 2008, Dr. et patr. 2008, no 172, p. 45.
(74) Étymologie : du latin cavere : être sur ses gardes ; d’où cautio : précaution ; par suite, garantie.
L’utilisation du terme caution dans un sens technique ne date que de la fin du Moyen Âge. Les
Romains, qui mettaient l’accent sur le caractère personnel de l’engagement plutôt que sur la garantie
qu’il donnait au créancier, utilisaient les termes : fide promissor puis fidejussor. Dans le langage
courant, et même dans la langue juridique (ex. : C. pr. pén., art. 130-11o), caution et cautionnement
désignent parfois tout autre chose : la somme d’argent versée d’avance à titre de garantie au
créancier. Il s’agit d’un dépôt de garantie, qui constitue un gage ou une fiducie, sûreté réelle, n’ayant
aucun rapport avec le contrat de cautionnement.
(75) Cass. com., 28 avr. 1964, Bull. civ. IV, no 215 : « Celui qui est débiteur d’une obligation à titre
principal ne peut être tenu de la même obligation comme caution ».
(76) Contra, Ph. SIMLER, « EIRL et communauté de biens entre époux », JCP 2011,11.
(77) V. pour la discussion, H. SYNVET et A. GAUDEMET, « EIRL et sûretés », LPA, 28 avr. 2011, p. 32,
sp. nos 28 et s. ; Ph. THERY, « L’accès au crédit de l’EIRL : garantir et exécuter », Defrénois 2011,
569 ; A. AYNÈS, « EIRL : La séparation des patrimoines à l’épreuve du droit des sûreté », RLDC sept.
2011.
(78) Engagement pris par une société mère envers un créancier, généralement une banque, de faire en
sorte que la filiale remplisse ses obligations financières. D’origine anglo-saxonne, ces engagements
soulèvent des difficultés d’interprétation. Infra, titre II, chap. II, no 360.
(79) Infra, no 319.
(80) Infra, nos 152 et s.
(81) Contra, considérant que le cautionnement, simple ou solidaire, est toujours subsidiaire,
A. GOUEZEL, La subsidiarité en droit privé, Economica, 2013, préf. P. Crocq, nos 342 et s.
(82) Le cautionnement solidaire (infra, nos 146 et s.) ou simplement la renonciation au bénéfice de
discussion (infra, no 143) répondent à cette exigence.
(83) V. Rapport de la Cour de cassation 1986, La Documentation française, 1987 ; spécialement :
P. SARGOS, Le cautionnement : dangers, évolution et perspectives de réformes, p. 33-64, sp. p. 64 :
« L’évolution récente de la jurisprudence de la Cour de cassation sur le cautionnement illustre ce
double souci, celui de réalisme afin de ne pas mettre en cause une garantie indispensable à
l’économie, celui de “moralisme juridique” afin d’éviter que les cautions ne soient les victimes de
certains excès du système ». L’auteur ajoute que l’accroissement du contentieux met en péril « ce qui
est de l’essence même du rôle de la Cour de cassation, c’est-à-dire sa mission normative ».
(84) M. VION, « Information et protection des cautions et des emprunteurs en matière de crédit
immobilier, après la loi du 31 déc. 1989 », Defrénois 1990, art. 34746.
(85) L. AYNÈS, « La réforme du cautionnement par la loi Dutreil », Dr. et patr. 2003, no 120, p. 28
et s.
(86) Ex. : Le développement actuel des garanties à première demande, surtout dans le milieu des
affaires, infra, nos 330 et s.
(87) V. notamment, Ph. SIMLER, « Les sûretés personnelles », in Rapport Grimaldi, Dr. et patr. 2005,
no 140, p. 48 et s.
(88) De même, pour réaliser une cession de créance, le droit romain avait eu d’abord recours aux
règles du mandat (procuratio in rem suam). V. Les obligations, coll. Droit civil.
(89) Le droit des régimes matrimoniaux, le droit des obligations... tous les droits « patrimoniaux »...
(90) P. BOUTEILLER, Le cautionnement, aspects généraux et pratiques bancaires, éd. de l’Épargne,
1986, préf. B. Bouloc.
(91) P. SARGOS, op. cit., supra, note 10, p. 60 et s.
(92) Infra, 2e partie : sûretés réelles.
(93) À moins qu’il ne s’agisse d’une caution « réelle », infra, no 149.
(94) V. notamment, A. PIEDELIÈVRE, « L’infléchissement de la notion de personnalité morale par le
cautionnement », Gaz. Pal. 1982, I, doctr. 85 ; Ph. SIMLER, « Patrimoine professionnel, patrimoine
privé et cautionnement », JCP N, 1987, 199, qui suggère l’instauration d’une protection minimum de
la caution.
(95) C’est un contrat de service financier à l’égard de l’emprunteur, ce qui peut avoir des
conséquences sur le recours de la caution lorsque l’emprunteur est un consommateur : v., infra,
nº 229.
(96) Cependant, il a été admis (sur le fondement d'une interprétation large de l'art. L. 511-7 CMF
affirmant que le monopole bancaire ne fait pas obstacle à ce qu'une entreprise puisse dans l'exercice
de son activité professionnelle consentir des avances de paiement) qu'un fournisseur puisse, de
manière habituelle, se porter caution des prêts accordés à ses détaillants : Montpellier, 7 mai 2013,
RD bancaire et financier 2014, nº 89, obs. F.-J. Crédot et Th. Samin.
(97) R. SAINT-ALARY, Regards sur le cautionnement mutuel, Ét. de Juglart, 1986, p. 171-186.
(98) M. BAZEX, Les garanties d’emprunts accordées par les (et aux) personnes publiques, Rapport
au premier colloque de la SFFP, Strasbourg, 24 et 25 mars 1988. L’octroi de la garantie remplace le
financement direct. V. P. LIGNIÈRES, Les cautionnements et garanties d’emprunt donnés par les
collectivités locales, th. Montpellier, 1993.
(99) Ph. SIMLER, « Le juge et la caution : excès de rigueur ou excès d’indulgence », JCP N,
1986.I.169-179.
(100) Ch. MOULY, « Abus de caution ? », in L’évolution du droit des sûretés, colloque de Deauville
juin 1981, RJ com. févr. 1982, p. 13 et s.
(101) Ex. : L’associé d’une SARL qui garantit le paiement des dettes de celle-ci est-il un
professionnel ? Comp. affirmant que « la qualification, en tant que consommateur ou professionnel
[d'une personne] ne saurait déterminer sa qualité dans le cadre du contrat principal de crédit »
CJUE, 3 septembre 2015, Costea c/ Volksbank, aff. C-110/14, § 30.
(102) V. les nombreuses interventions législatives récentes : les lois Scrivener du 10 janv. 1978
(art. 5) et 13 juill. 1979 (art. 5) relatives à la protection du consommateur de crédit étendent la
protection de l’emprunteur à la caution de celui-ci ; la loi du 1er mars 1984 comporte deux
dispositions de protection des cautions (art. 48 et 49 ; v. infra, nos 291 et 296) ; la loi du 23 déc.
1985, réformant les régimes matrimoniaux, limitait le gage du créancier dans certains cas (C. civ.,
art. 1415 nouv. ; v. infra, no 219) ; la loi Neiertz du 31 déc. 1989 protège les cautions des
consommateurs de crédit (v. infra, nos 209, 297 et 300) ; la loi Madelin du 11 févr. 1994, protège la
caution personne physique d’un entrepreneur individuel ; la loi du 21 juill. 1994, relative à l’habitat,
protège la caution d’un locataire ; la loi du 29 juill. 1998 protège les cautions personnes physiques
(v. infra, no 297) ; la loi Dutreil du 1er août 2003 protège toutes les cautions personnes physiques
contre le créancier professionnel...
(103) P. SARGOS, rapp. préc. note 7 ; l’auteur estime d’ailleurs que les organismes professionnels
bancaires doivent prendre le relais de la Cour de cassation pour élaborer un « Code de déontologie
du cautionnement » (p. 60-63).
(104) Infra, nos 209, 215, 280.
(105) J. TERRAY, « Le cautionnement : une institution en danger », JCP G, 1987.I.3295.
(106) V. B. SAINT-ALARY, « L’évolution législative du sort du dirigeant caution », RLDC mars 2009,
supplément au no 58, p. 39.
(107) Ph. SIMLER, art. préc. supra, no 16 ; Ph. DELEBECQUE, n. JCP G, 1987.II. 20726.
(108) Infra, nos 141, 147, 209, 296 et 297, 300. Adde : J. DEVÈZE, « Petites grandeurs et grandes
misères de la sollicitude à l'égard du dirigeant caution personne physique », Mél. Merle, 2012,
p. 165 s.
(109) Déjà, la loi du 29 juill. 1998 avait retenu cette relation, pour instituer une obligation
d’information sur la défaillance du débiteur (C. consom., art. L. 333-1 et L. 343-5 et anc. art. 341-1).
(110) Sur cette analyse, CARBONNIER, t. IV, no 122 ; MARTY et RAYNAUD, Les obligations, t. 1, 2e éd.,
no 2 ; MAZEAUD-CHABAS, Les obligations, no 9. V. Les obligations, coll. Droit civil.
(111) Ph. SIMLER, op. cit., nos 47 et s. ; Ch. MOULY, Les causes d’extinction du cautionnement, nos 22
et s. Contra, D. GRIMAUD, Le caractère accessoire du cautionnement, PUAM, 2001, préf.
D. Legeais, nos 396 et s.
(112) *Cass. com., 5 déc. 1995, Bull. civ. IV, no 277 ; D., 96, som., 268, n. L. Aynès : « le prononcé à
l’encontre de la caution d’un jugement la condamnant à exécuter son engagement ne fait pas
obstacle à ce qu’elle oppose au créancier l’extinction de sa créance pour une cause postérieure
audit jugement, celui-ci serait-il passé en force de chose jugée ». En l’espèce, le créancier n’avait
pas déclaré sa créance au passif du redressement judiciaire ouvert après la condamnation.
(113) Ex. : * Cass. com., 13 déc. 1994, Magnetti, Bull. civ. IV, no 375, D., 95.209, rapport Le
Dauphin, n. L. Aynès : cassation de l’arrêt qui considère comme une garantie autonome un engagement
de payer « à première demande », « alors qu’il était stipulé que Mme Magnetti garantissait à la
banque le “ remboursement de sa créance envers M. Q.” et qu’elle s’engageait à régler “ toutes les
sommes dues par le débiteur comme décrit ci-dessus ”, ce dont il résultait qu’en dépit de l’intitulé
de l’acte et de la mention, même manuscrite, de paiement à première demande, l’engagement
litigieux, ayant pour objet la propre dette du débiteur principal, n’était pas autonome » ;
Cass. com., 8 oct. 2003, JCP 2004.II.10069, n. Gutierrez-Lacour : la garantie de restitution d’avance
est qualifiée de cautionnement, non pas parce qu’elle est « glissante », mais parce qu’elle a pour
objet le versement des sommes dont la société serait débitrice. V. infra, no 336.
(114) Ex. : Cass. com., 11 juin 2002, Bull. civ. IV, no 101, D. 2002, som. 3332, obs. L. Aynès : la
participation aux risques d’une opération de crédit n’est pas l’engagement de payer la dette du
débiteur principal.
(115) Cass. com., 28 janv. 2014, nº 12-28728, RDC sept. 2014, 110v4, p. 405, note A.-S. Barthez ;
D. 2014, p. 1611, obs. P. Crocq ; RD bancaire et financier 2014, comm. 49, obs. D. Legeais.
(116) Cass. com., 25 juin 2002, D. 2002, som. 3333, obs. L. Aynès.
(117) Cass. com., 25 juin, cité supra : les juges du fond ont pu décider que la renonciation ne
s’applique qu’aux bénéfices de division et de discussion « voire à l’impossibilité de contester le
quantum de la réclamation ».
(118) Ph. SIMLER, op. cit., nos 24 et s. ; v. également L’assurance-crédit, Rapports aux Journées
portugaises de l’Association Capitant, 1996.
(119) Cass. Ass. plén., 4 juin 1999, Sté Faraya, BAP, no 4 (garantie financière exigée des agents
immobiliers et administrateurs de biens) ; JCP G, 99.II.10152, n. Behar-Touchais ; JCP G,
2000.I.209, n. Ph. Simler ; RTD civ., 99.665, obs. P. Crocq, Banque et droit, 1999.46,
n. Rontchevsky.
(120) S. CABRILLAC, Les garanties financières professionnelles, Litec, 2000, préf. Ph. Pétel.
(121) A. GAUDEMET, Contribution à l’étude juridique des dérivées, th. Paris II, 2008, Economica,
2009, pref. H. Synvet, no 207-212.
(122) Cass. civ. 1re, 13 nov. 1997, Bull. civ. I, no 305 : dans ses conclusions, la caution a admis s’être
engagée en garantie de la dette d’une société déterminée, dont elle était le directeur technique ; en
outre, il était le concubin de la gérante, et le véhicule financé était destiné à son usage professionnel
(ensemble d’éléments complétant le commencement de preuve par écrit) ; Cass. civ. 1re, 27 févr.
1996, Bull. civ. I, no 110 ; Defrénois 96, art. 36358, no 74, n. L. Aynès : en l’espèce, l’élément
extrinsèque (absence de protestation à réception de deux lettres de la banque rappelant le
cautionnement) est jugé insuffisant ; Cass. civ. 1re, 20 oct. 1993, Bull. civ. I, no 292, JCP G,
94.II.22351, n. Ph. Simler ; Cass. com., 14 mai 1996, Loveco c. Saland, n.p.B. : cautionnement « en
blanc », auquel sont joints deux documents, dont le contrat de location ; cette pièce jointe rendait
déterminables le créancier et le débiteur principal ; Cass. civ. 1re, 23 févr. 1999, JCP G, 99.I.156,
no 2, obs. Simler, n.p.B. ; v. cep. : Cass. com., 14 mai 2002, n.p.B. : « pour être valide, l’engagement
de la caution doit comporter l’indication du débiteur principal et de l’obligation garantie, ou à
tout le moins que ceux-ci soient déterminables. »
(123) Cass. com., 6 juill. 2010, no 09-68778, JCP E, 2010, 1916, n. B. Dondero, D. 2010, 1860, obs.
V. Avena-Robardet : nullité de l'engagement de caution donné par les associés d'une société en
participation (le créancier les ayant ultérieurement poursuivis en leur qualité d'associés sera
néanmoins débouté pour n'avoir pas déclaré sa créance en temps utile : Cass. com., 15 janv. 2015,
nº 13-25.251, Act. proc. coll. 2015, nº 52, obs. M. Thiberge) ; Cass. civ. 1re, 5 mai 1998, Bull. civ. I,
no 159 ; JCP G, 99.I.156, obs. Simler ; LPA, 99, no 124, p. 27, n. Keita : l’association emprunteuse
désignée n’était pas déclarée ; comp. : nullité du cautionnement donné en garantie de la dette d’une
société, alors en cours de constitution, non reprise régulièrement par la société : Cass. civ. 1re, 26 avr.
2000, Bull. civ. I, no 123 ; v. aussi infra, no 203.
(124) Cass. civ. 1re, 1er juin 1999, LPA, 2000, no 12, p. 21, n. Keita : derrière l’enseigne désignée dans
l’acte, c’était en réalité le commerçant que voulait garantir la caution.
(125) Ex. : Cass. com., 23 févr. 1993, Bull. civ. IV, no 69 ; Defrénois 93, art. 35617, no 101,
n. L. Aynès : la caution garantit les dettes de sa société envers les fournisseurs, assurés de la SFAC
(compagnie d’assurance-crédit) ; jugé que, bien que la caution n’ait pas la liste des créanciers lors de
son engagement, ceux-ci étaient déterminables par leur qualité d’assurés. Ph. SIMLER, op. cit., nos 14 et
78. Adde A. AYNÈS, « La garantie des créanciers futurs », Mélanges AEDBF-France, tome VI, RB
Édition, 2013, p. 87 s.
(126) Cass. civ. 3e, 15 déc. 2004, Bull. civ. III, no 242 ; D. 2005, 1154, n. F. Guerchoun ; 18 déc.
2002, Bull. civ. III, no 267 : en matière de sous-traitance, pour l’application des articles 14 et 15 de
la loi du 31 déc. 1975, « la caution personnelle et solidaire garantissant le paiement de toutes les
sommes dues par l’entrepreneur principal au sous-traitant en application du sous-traité, doit
comporter le nom de ce sous-traitant et le montant du marché garanti ». Pour quelle raison ? La loi
ne disait rien de tel. Cette jurisprudence a été en partie brisée, s'agissant de la sous-traitance de
construction de maisons individuelles, par le nouvel art. L. 231-13 CCH issu de la loi du 9 déc.
2004.
(127) Cass. civ. 3e, 20 juin 2012, no 11-18463, Bull. civ. III, no 99. Cet arrêt admet le recours à une
caution-flotte dès lors que l’entreprise principale s’oblige à notifier à la banque le nom de chaque
sous-traitant et l'indication du marché concerné et que la banque fournit à l'entrepreneur principal une
attestation nominative de cautionnement que celui-ci peut transmettre au sous-traitant.
(128) Cass. civ. 1re, 5 mai 1998, Bull. civ. I, no 159, cité supra, no 125.
(129) Infra, no 139.
(130) Cass. ch. mixte, 8 juin 2007, nº 03-15602, Bull. ch. mixte, no 5 ; D. 2007, 2201,
n. D. Houtcieff ; D. 2008, 514, n. L. Andreu ; RLDC sept. 2007, p. 25, n. L. Aynès ; RTD civ. 2008,
331, obs. P. Crocq ; RTD com. 2007, 585, obs. D. Legeais ; JCP 2007.II.101.38, n. Ph. Simler :
« Mais attendu que la caution ne peut opposer les exceptions qui sont purement personnelles au
débiteur principal ; que la cour d’appel, qui n’était pas tenue de procéder à une recherche dont il
n’est pas justifié qu’elle ait été demandée, a, par motifs propres et adoptés, retenu exactement, que
M.V. (la caution) qui n’avait pas été partie au contrat de vente du fonds de commerce, n’était pas
recevable à invoquer la nullité relative tirée du dol affectant le consentement du débiteur
principal et qui, destiné à protéger ce dernier, constituait une exception purement personnelle ».
Le premier motif – irrecevabilité pour défaut de qualité, la caution n’étant pas partie au contrat
principal – n’est guère convaincant puisqu’elle ne demande pas la nullité du contrat principal. Le
second – considérant la nullité pour dol comme une exception purement personnelle au débiteur – ne
l’est pas davantage : outre qu’il est historiquement inexact, il n’explique pas la mise à l’écart de
l’accessoire. En outre, la solution n'est guère cohérente avec l'admission de la possibilité pour la
caution, alors même qu'elle est tiers à un contrat, d'engager la responsabilité d'un des cocontractants
pour manquement à son obligation d'information à l'égard du débiteur principal (v., en sens,
Cass. com., 23 sept. 2014, nº 13-14241, RTD civ. 2015, p. 181, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, Doctr.
1162, nº 4, obs. Ph. Simler).
(131) Ph. SIMLER, note préc. supra.
(132) Action résolutoire : Cass. civ. 1re, 20 déc. 1988, Bull. civ. I, no 368, D., 89.166, n. L. Aynès ;
Defrénois 89, art. 34482, no 25, m.n. ; RTD civ., 89.538, n. J. Mestre ; 598, n. M. Bandrac.
Défaillance d’une condition suspensive : Cass civ. 1re, 29 avr. 1997, Bull. civ. I, no 133 ; Defrénois
97, art. 36703, no 160, obs. L. Aynès ; JCP G, 97.II.22893, n. Billiau.
(133) Cass. com., 5 nov. 2013, nº 11-25111, D. 2014, p. 1611, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, doctr.
635, nº 4, obs. Ph. Simler.
(134) Cass. com., 18 mars 2014, nº 12-29583, D. 2014, p. 1611, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, doctr.
635, nº 4, obs. Ph. Simler.
(135) Cass. com., 17 nov. 1982, Sté Sodac, Bull. civ. IV, no 357 ; D., 83, 527, n. M. Contamine-
Raynaud ; JCP G, 84.II.20216, n. Ch. Mouly et Ph. Delebecque : « Tant que les parties n’ont pas été
remises en l’état antérieur à la conclusion de leur convention annulée, l’obligation de restituer
inhérente au contrat de prêt demeure valable ; dès lors, le cautionnement, en considération duquel
le prêt a été consenti, subsiste tant que cette obligation valable n’est pas éteinte » ; Cass. com.,
18 avr. 1985, Bull. civ. IV, no 114 ; 13 juin 1989, Bull. civ. IV, no 183, Defrénois 90, art. 34761, no 23,
n. L. Aynès ; dans le même sens, CA Versailles, 30 avr. 1986, D., 87, som., 451, n. L. Aynès ;
Cass. civ. 1re, 25 mai 1992, Bull. civ. I, no 154, RTD civ. 1992, 799, n. crit. M. Bandrac ;
Cass. civ. 1re, 1er juill. 1997, Bull. civ. I, no 224, D., 98.32, n. L. Aynès : la validité de l’obligation de
restituer, en dépit de la nullité du contrat de prêt, s’explique par sa cause : non pas l’échange des
consentements, mais la remise initiale, que la nullité ne peut faire disparaître (contrat réel).
(136) Ch. MOULY et Ph. DELEBECQUE, n. pr. supra, note 22.
(137) En l’espèce, à deux égards : c’est une obligation de restitution, de nature contractuelle ou quasi
contractuelle ; v. la même règle en matière hypothécaire, infra, no 677.
(138) Cass. com., 4 févr. 1986, Sté Mobil oil Française, Bull. civ. IV, no 1 ; D., 87.451, n. L. Aynès :
« selon l’art. 2012, si le cautionnement ne peut exister que sur une obligation valable, en cas
d’annulation d’un contrat successif, seule la disparition des obligations nées de ce contrat peut
entraîner la disparition du cautionnement, lequel conserve son efficacité à l’égard des obligations
subsistantes » ; 18 avr. 1989, Defrénois 90, art. 34761, no 23, n. L. Aynès, n.p.B. ; Cass. com.,
12 févr. 1991, Bull. civ. IV, no 61 ; JCP G, 1991.II.21754, n. P. Delebecque ; D. 1991, som., 387,
n. L. Aynès.
(139) Infra, nos 251 et s. ; v. cep. Cass. civ. 1re, 8 oct. 1996, Bull. civ. I, no 340, Defrénois 97,
art. 36526, no 39, où la Cour de cassation juge que la caution solidaire ne peut invoquer la forclusion
du créancier dans son action contre le consommateur, confondant bénéfice de discussion et
opposabilité des exceptions.
(140) Cass. civ. 1re, 28 oct. 1981, Bull. civ. I, no 265 ; Defrénois 1992, art. 35303, obs. L. Aynès : la
caution d’un débiteur en « faillite » est condamnée à payer un arriéré de loyers, et s’exécute
partiellement. Ultérieurement, le créancier acquiert du débiteur, représenté par le syndic, un terrain,
et renonce à sa créance contre celui-ci. Cassation de l’arrêt qui refuse de libérer la caution, au motif
que le créancier n’aurait pas renoncé à ses droits contre celle-ci. C’est une question d’accessoire, et
non de renonciation.
(141) Cass. civ. 1re, 19 janv. 1994, Bull. civ. I, no 28, Defrénois 1994, art. 35897, no 136, n. L. Aynès.
Inversement, les règles légales d’imputation des paiements faits par le débiteur principal s’imposent
à la caution : Cass. com., 11 juin 1996, Bull. civ. IV, no 164, D. Aff. 1996, p. 950 (la caution, obligée
au seul capital, ne peut prétendre que le paiement des intérêts effectués par le débiteur s’impute sur le
capital). Infra, no 249.
(142) Infra, no 161.
(143) Cass. com., 19 juin 1984, Bull. civ. IV, no 198 ; D., 85.140, n. A. Honorat ; JCP G, 86.II.20569,
n. M. Storck ; D., 86, IR, 7, obs. crit. F. Derrida ; Banque 1985, 507, n. Rives-Lange : « la créance
de la société Sofal était éteinte à l’égard des époux I... par application de l’art. 41, al. 2, de la loi
du 13 juill. 1967... ; conformément à l’art. 2036 du Code civil, la caution peut opposer toutes les
exceptions qui appartiennent au débiteur principal et qui sont inhérentes à la dette ».
(144) DERRIDA, GODÉ, SORTAIS, préc., no 433 ; RIPERT et ROBLOT, t. 2, 10e éd., no 2975 ; RIVES-LANGE et
CONTAMINE-RAYNAUD, Droit bancaire, no 578.
(145) V. Cass. civ. 1re, 4 nov. 1987, Bull. civ. I, no 278 : la caution peut invoquer la suspension des
poursuites prévue par l’art. 7 de la loi du 6 janv. 1982, relative à la réinstallation des rapatriés : « le
droit de demander une suspension des poursuites en application des art. 7 et 9 de la loi du 7 janv.
1982 n’est pas purement personnel, au sens de l’art. 2036 du Code civil... Ce droit est inhérent à
la nature même de la dette du débiteur principal rapatrié... dette qui doit être directement liée à
son exploitation »... Il s’agit pourtant de prêts ordinaires dont la particularité tient au fait qu’ils ont
été accordés à des rapatriés (la question ne se pose plus aujourd'hui car l'inconstitutionalité de ce
régime de protection des rapatriés a été affirmée par C. const., 27 janv. 2012, décision no 2011-213
QPC).
(146) Infra, no 139. M. Derrida cite, en sens contraire : Cass. com., 21 mars 1989, D., 89.473
(n. F. Derrida), selon lequel « l’inopposabilité au débiteur ou à la masse de la créance non
produite, en matière de liquidation de biens, ne pouvait, du fait de son caractère purement
personnel, être invoquée par la caution ». Mais dans ce cas, la créance n’est pas éteinte ; elle
demeure, mais n’entre pas dans la procédure collective. Par définition, seule la masse des créanciers
est protégée et peut invoquer cette circonstance.
(147) V. en ce sens, Ch. MOULY, J.-Cl. com., préc. nos 22 et 38 : l’auteur estime que la caution doit
être libérée principalement en raison du caractère conservatoire de la démarche du créancier.
(148) P. CROCQ, « Le droit des procédures collectives et le caractère accessoire du cautionnement »,
Mél. Ph. Malaurie, Defrénois, 2005, p. 171 et s., nos 11 et s.
(149) Cass. com., 17 juill. 1990, 3 arrêts, Bull. civ. IV, nos 214 et 215 ; D., 1990.494, n. A. Honorat ;
D. 1991, som. 12, obs. F. Derrida ; JCP E, 1991.II.101, n. Amlon ; RD banc., 1990.246, obs.
Campana et Calendini. Peu importe que l’extinction se produise après que la caution a été condamnée
définitivement : supra, no 122. Engage sa responsabilité envers la caution, l’administrateur qui
propose l’admission d’une créance, bien que sa déclaration ait été tardive et que le délai pour agir en
relevé de forclusion ait été expiré, car il paralyse par sa faute l’application de l’extinction de la
créance : Cass. com., 7 janv. 2003, Bull. civ. IV, no 1. Mais le relevé de forclusion obtenu par le
créancier empêche la caution de se prévaloir de l’extinction, bien qu’elle n’ait pas été partie à
l’instance ; en effet, cette décision ne tranche aucun litige relatif à la créance, mais apprécie l’attitude
du créancier après le jugement déclaratif : Cass. com., 20 mai 1997, Bull. civ. IV, no 146.
(149a) Ce texte fait l'objet de questions prioritaires de constitutionnalité qui ont été transmises au
Conseil constitutionnel par Cass. 1re civ., 6 juillet 2016 (quatre arrêts), no 16-40217, 16-40218, 16-
40219 et 16-40221.
(150) V., infra, nos 279 et s.
(151) Ce règlement est remplacé, à compter du 26 juin 2017, par le règlement 2015/848 du Parlement
et du Conseil du 20 mai 2015, J.O.U.E. 5 juin 2015, L. 141/19.
(152) On aurait pu croire qu'il fallait faire ici une différence entre l'ensemble des procédures
collectives ouvertes à compter du 1er janv. 2006, à propos desquelles la sanction du défaut de
déclaration en temps utile consiste seulement en une interdiction faite au créancier de participer aux
répartitions et dividendes au sein de la procédure collective (C. com., art. L. 622-26, al. 1er) et les
procédures de sauvegarde ou de redressement judiciaire ouvertes à compter du 15 févr. 2009, à
propos desquelles le législateur a prévu expressément et plus généralement une inopposabilité de la
créance à la procédure collective (C. com., nouvel art. L. 622-26, al. 2 issu de l’ordonnance du
18 déc. 2008). Telle n'a pas été l'opinion de la jurisprudence qui a assimilé l'impossibilité de
participer aux répartitions et aux dividendes à une inopposabilité de la créance (Cass. com., 3 nov.
2010, no 09-70312, D. 2010, p. 2645, obs. A. Lienhard ; JCP G 2011, doctr. 360, no 10, obs.
M. Cabrillac).
(153) V., en ce sens, Cass. com., 12 juill. 2011, no 09-71113, RLDC oct. 2011, p. 32 s., obs. J.-
J. Ansault ; RD bancaire et financier sept.-oct. 2011, p. 37, obs. A. Cerles ; RTD civ. 2011, p. 782 s.,
obs. P. Crocq ; JCP G 2011, note 901, N. Dissaux ; Banque et droit, no 139, sept.-oct. 2011, p. 42 s.,
obs. F. Jacob ; D. 2011, p. 1894, obs. A. Lienhard ; JCP G 2012, doctr. 117, no 3, Ph. Pétel (adde
N. PICOD, « Le sort de la caution en cas de défaut de déclaration de la créance au passif de
l'entreprise en difficulté : retour sur l'avènement d'une jurisprudence annoncée », RLDA janv. 2012,
p. 71 s.). V. également, déja en ce sens dans le cas d'une procédure collective belge et d'une action en
paiement dirigée contre une caution française, Cass. com., 16 oct. 2007, no 06-14681, Bull. civ. IV,
no 218 ; RTD civ. 2008, p. 335, obs. P. Crocq ; D. 2007, p. 2734 et s., obs. A. Lienhard ; RLDC déc.
2007, p. 28, obs. G. Marraud des Grottes.
(154) V., infra, nos 279 et s. Il faut ici préciser que, selon certains des auteurs l'ayant commenté,
l'arrêt précité rendu le 12 juill. 2012 pourrait, peut-être, être interprêté comme ayant admis
l'application de l'article 2314 C. civ. du seul fait de l'absence de déclaration de la créance sans qu'il
soit nécessaire que le créancier ait ainsi fait perdre à la caution le bénéfice d'un droit préférentiel ou
exclusif. L'arrêt ne le disait cependant pas expressément et il a fallu attendre une autre décision de la
Cour de cassation à ce propos pour que cette interprétation soit confirmée (v. obs. P. Crocq in
RTD civ. 2011, p. 782 s.).
(155) B. SOINNE, art. préc. ; Ph. DELEBECQUE, Rép. com. Dalloz, vo Cautionnement commercial,
no 106.
(156) Cass. com., 1er juill. 1997, Bull. civ. IV, no 208.
(157) Ex. : Cass. civ. 1re, 9 févr. 1988, Bull. civ. I, no 34 ; D., 88, IR, 57 : une convention de compte
ne mentionnait pas par écrit le taux des intérêts produits par le solde débiteur ; le taux conventionnel
était donc réputé non écrit (art. 1907). Mais un acte spécial passé avec la caution mentionnait le taux
conventionnel : peu importe ; cassation de l’arrêt qui condamne la caution à payer des intérêts que le
débiteur ne doit pas ; Cass. com., 11 juin 1991, Bull. civ. IV, no 216.
(158) Et non à titre principal : la règle de l'arrêt du cours des intérêts ne s'applique pas à la caution
faisant l'objet d'une procédure collective (Cass. com., 8 sept. 2015, nº 14-14175 et 14-14188,
Gaz. Pal. 19 janv. 2016, p. 72, obs. E. Le Corre Broly.
(159) Cass. com., 13 nov. 1990, Bull. civ. IV, no 277 ; D. 1991, Somm. p. 387, obs. L. Aynès.
(160) Cass. com., 17 mars 1992, Bull. civ. IV, no 114 ; Defrénois 1992, art. 35408, no 151,
n. L. Aynès.
(161) Cass. com., 3 janv. 1995, Bull. civ. I, no 1, JCP G, 95.I.3851, no 8, obs. Simler ; Cass. civ. 1re,
24 janv. 1990, Bull. civ. I, no 20 ; Defrénois 90, art. 34809, no 72, n. L. Aynès : cassation de l’arrêt
qui refuse à la caution le droit de se prévaloir du défaut de clôture du compte courant, au prétendu
motif qu’il s’agissait d’une exception personnelle au débiteur principal ; Cass. com., ; 14 nov. 1989,
Bull. civ. IV, no 285 ; 2 mars 1993, Bull. civ. IV, no 79 ; Defrénois 93, art. 35616, no 93, n. L. Aynès ;
JCP G, 93.I.3680, no 5, n. Simler et Delebecque : viole l’art. 2013, C. civ., la cour d’appel qui
condamne la caution à payer un prêt dû par un débiteur principal en redressement judiciaire, alors
que celui-ci n’était pas exigible, en raison de l’art. 56 de la loi du 25 janv. 1985.
(162) Cass. Req., 30 janv. 1890, DP, 91.I.5, n. Planiol ; * Cass. civ. 1re, 20 déc. 1976, dame Clément,
Bull. civ. I, no 415 ; JCP G, 77.II.18611, concl. Gulphe ; Cass. com., 5 oct. 1983, Bull. civ. IV, no 254.
V. cep. : Cass. com., 10 juill. 1962, Bull. civ. III, no 350.
(163) Ex. : Cass. civ. 1re, 13 mai 1998, Bull. civ. I, no 172 ; Cass. civ. 1re, 30 oct. 1984, Bull. civ. I,
no 290 : « la déchéance du terme encourue par le débiteur principal défaillant ne s’étend pas en
principe à la caution solidaire poursuivie en paiement sauf si celle-ci a étendu contractuellement
son engagement au cas de déchéance du terme » ; Cass. com., 4 nov. 2014, nº 12-35357, RLDC
janv. 2015, p. 34, obs. J.-J. Ansault ; RD bancaire et financier 2015, comm. 9, obs. D. Legeais ;
Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 15, obs. M.-P. Dumont-Lefrand.
(164) Cass. civ. 1re, 8 févr. 1977, Vandamme, Bull. civ. I, no 71 ; JCP G, 79.II.19095, n. Jacquemont :
la caution d’un locataire (crédit-bail) est tenue de payer la clause pénale égale aux 4/5 du loyer
restant à courir ; mais v. Lyon, 25 sept. 1992, Les annonces 1993, no 12.
(165) Pour l’efficacité : DERRIDA, GODÉ, SORTAIS, préc., no 705 ; CABRILLAC et MOULY, no 210-1.
Contra : J.-L. RIVES-LANGE et M. CONTAMINE-RAYNAUD, Droit bancaire, 4e éd., no 577 ;
Ph. DELEBECQUE, Rép. com., vo Cautionnement, no 99 ; SIMLER, no 446.
(166) Cass. com., 2 mars 1993, cité supra : « la déchéance du terme n’étant pas encourue par le
débiteur principal ne pouvait être invoquée contre la caution. ».
(167) Cass. civ. 1re, 24 janv. 1995, Bull. civ. I, no 51, Defrénois 95, art. 36040, no 34, n. L. Aynès,
JCP G, 95.I.3841, no 18, obs. Cabrillac et Pétel ; 3851, no 6, obs. Simler : la clause de déchéance du
terme à l’égard de la caution est réputée non écrite.
(168) Sauf peut-être s’il s’agit d’un cautionnement solidaire (infra, no 148) car les règles de la
solidarité pourraient l’emporter.
(169) Infra, no 161.
(170) Cass. civ. 1re, 1er déc. 1993, Bull. civ. I, no 353 : une cour d’appel, appréciant souverainement
l’intention des parties, a pu estimer que le créancier, qui n’a tenté aucun recouvrement du prêt à
l’échéance, n’est pas intervenu auprès des débiteurs principaux pour obtenir le remboursement et n’a
procédé à aucun acte de poursuite, a accordé une prorogation tacite de délais ; la caution est
déchargée.
(171) Cass. com., 11 févr. 1997, Bull. civ. IV, no 46 ; RTD civ., 98.150, obs. M. Bandrac ; JCP G,
97.I.4033, no 3, n. Simler et Delebecque ; Cass. civ. 3e, 4 nov. 1980, Bull. civ. IV, no 167 ; Defrénois
81, art. 32797, no 125, p. 1646, obs. J.-L. Aubert ; adde Cass. com., 11 févr. 1997, nº 95-15130 et
Cass. com., 26 mars 2013, nº 11-24190, JCP G 2013, doctr. 1256, nº 7, obs. Ph. Simler (libération
de la caution en cas de renouvellement d'une ouverture de crédit) ; MOULY, th. préc., supra, note 2,
no 266 ; v. C. civ., art. 1740, à propos de la « prolongation » du bail. Le problème peut se poser à
l’égard des renouvellements obligatoires de certains baux (bail rural, commercial, d’habitation,
v. Les contrats spéciaux, coll. Droit civil : s’ils peuvent être prévus par la caution, qui n’est pas
censée ignorer la loi, celle-ci n’a pas, pour autant, voulu étendre son obligation de garantie ; tout ce
qui est prévisible n’est pas nécessairement garanti par la caution (v. infra, no 245, à propos des
accessoires) : l’art. 2015 du Code civil impose un engagement « exprès ». Tout est donc affaire
d’analyse de la volonté ; Paris, 17 févr. 1988, Defrénois 88, art. 34275, no 62, n. L. Aynès ; D., 88,
som., 277, même note : la caution d’un locataire « dont l’engagement se réfère expressément à un
bail conclu pour une durée de trois ans mais qui a été renouvelé par application des dispositions
de la loi du 22 juin 1982, intervenue postérieurement, et qui ne pouvait donc prévoir lors de son
engagement que l’occupation du débiteur cautionné se poursuivrait après l’expiration du bail
initial ne peut être condamnée au paiement de sommes échues postérieurement à la fin du bail
susvisé » ; Cass. 3e civ., 23 mai 2013, nº 11-17071, JCP G 2013, doctr. 1256, nº 5, obs. Ph. Simler :
« attendu qu'ayant relevé que l'acte de cautionnement visait en caractères gras le bail du
9 décembre 2002 et les cessions éventuelles de ce bail avec l'accord de la bailleresse ainsi que le
renouvellement exprès ou tacite dudit bail et les conventions d'occupation qui lui succéderaient,
la cour d'appel, par une interprétation de cet acte exclusive de dénaturation et abstraction faite
de motifs surabondants, a pu déduire du défaut de mention expresse de ce que le cautionnement
s'étendait au bail commercial susceptible de faire suite au bail dérogatoire au statut et du fait que
les cautions, non professionnelles du droit, n'étaient pas nécessairement informées de ce qu'à
l'issue du bail du 9 décembre 2002 un bail commercial d'une durée de neuf ans se substituait au
bail dérogatoire en cas de maintien dans les lieux du preneur sans opposition de la bailleresse,
sans possibilité donc d'un nouveau bail de courte durée, l'absence de volonté claire et non
équivoque des cautions d'étendre leurs engagements à ce bail commercial de neuf ans » ; même si
elle avait pu prévoir, encore eût-il fallu qu’elle ait voulu donner sa garantie ; Paris, 5 juin 1997, LPA,
1998, no 41, n. Kane.
(172) Cass. com., 9 avr. 2013, no 12-18019, Dr. et patr. juill. 2013, obs. A. Aynès ; JCP G 2013,
doctr. 1256, nº 5, obs. Ph. Simler.
(173) Cass. civ. 3e, 13 juill. 2005, Bull. civ. III, no 157 ; Defrénois 2005, p. 1994, obs. R. Libchaber ;
LPA, mars 2006, p. 9, obs. L. Gaudin.
(174) Cass. com., 23 nov. 2004, no 03-17235, Bull. civ. IV, no 203 ; JCP G 2005, I, 147, no 5, obs.
M. Cabrillac ; RTD civ. 2005, p. 429 et s., obs. P. Crocq ; D. 2005, p. 653 et s., n. C. Lisanti ; Banque
et droit, no 99, janv.-févr. 2005, p. 60 et s., obs. N. Rontchevsky ; JCP G 2005, I, 135, no 9, obs.
Ph. Simler.
(175) Cass. com., 18 nov. 2014, nº 14-16264.
(176) Décision nº 2014-447 QPC du 6 févr. 2015, D. 2015, p. 898, note Ch. Juillet ; RD bancaire et
financier 2015, comm. 38, obs. D. Legeais ; RLDC avr. 2015, p. 36, obs. E. Pouliquen ; adde
P. Crocq, « La constitutionnalité de l'inégalité des effets du plan de continuation à l'égard des cautions
simples et des cautions solidaires », RLDC mai 2015, p. 34.
(177) V. supra, no 133.
(178) Sous l'empire de la loi du 26 juill. 2005, seul l'accord de conciliation homologué par le
tribunal pouvait profiter à la caution. Cette disposition législative n'étant que la reprise d'une solution
jurisprudentielle antérieure, rendue à propos de l'ancienne procédure de règlement amiable des
entreprises issue de la loi du 1er mars 1984 et que l'on pouvait déjà justifier par la volonté de
favoriser l'ouverture d'un règlement amiable (Cass. com., 5 mai 2004, no 01-03873, Bull. civ. IV,
no 84 ; RTD civ. 2004, p. 534 et s., obs. P. Crocq), cette solution aurait dû logiquement être également
appliquée dans l'hypothèse où l'accord de conciliation était seulement constaté par le président du
tribunal : v., en ce sens, P.-M. LE CORRE, « Premiers regards sur la loi de sauvegarde des entreprises
(loi no 2005-845 du 26 juill. 2005) », D. 2005, p. 2299 et s., spéc. no 17 ; N. RONTCHEVSKY, « Les
sûretés personnelles à l'épreuve de la loi de sauvegarde des entreprises », Banque et droit, no 105,
janv.-févr. 2006, p. 17 et s., spéc. no 9 ; Ph. ROUSSEL-GALLE, Réforme du droit des entreprises en
difficulté par la loi de sauvegarde des entreprises du 26 juill. 2005, Litec, 2005, no 151). C'est ce
qui a été affirmé ultérieurement par l'ordonnance du 18 déc. 2008 au sein du nouvel art. L. 611-10-2
C. com.
(179) P.-M. Le Corre, « Le plan et les cautions », Rev. Proc. Coll. 2015, Étude 40.
(180) V., dans le cas d'un avaliste, Cass. com., 14 oct. 2014, nº 13-17638, BJE janv. 2015, 111w9,
obs. R. Bonhomme.
(181) Selon l'art. L. 732-4 C. consom. (anc. art. L. 331-6-II C. consom.), tel qu’il est issu de la loi du
26 juill. 2013 de séparation et de régulation des activités bancaires.
(182) La limite était de huit ans avant l'entrée en vigueur de la loi Hamon du 17 mars 2014.
(183) Cass. 1re civ., 3 mars 1998, Bull. civ. I, no 82 ; RTD civ. 1998, p. 422, n. P. Crocq ;
Cass. 1re civ., 18 janv. 2000, Contrats, conc., consom., 2000, no 103, n. G. Raymond ; Cass. 1re civ.,
26 avr. 2000, Bull. civ. I, no 122.
(184) On remarquera, ici, que, depuis la loi no 2010-737 du 1er juill. 2010, cette exception ne
concerne plus que les personnes physiques exposant ainsi les cautions personnes morales à devoir
payer le créancier sans possibilité de recours contre le débiteur principal, ce qui porte atteinte à un
élément essentiel du cautionnement. La justification d'une telle atteinte est purement factuelle et se
trouve exprimée à la page 36 du rapport du Comité de suivi de l'application des dispositions
relatives au surendettement de la loi nº 2003-717 du 1er août 2003 (rapport remis le 30 nov. 2005 et
disponible sur le site internet de la Cour de cassation) : « l’on constate en pratique que des
établissements financiers prêteurs conditionnent l’octroi d’un crédit à un cautionnement du
débiteur par leurs filiales et parviennent, par ce subterfuge, à contourner l’effacement des
créances inhérent à la procédure de rétablissement personnel. Cette pratique, contraire à l’esprit
de la réforme, invite à réfléchir sur l’utilité de prévoir, de lege ferenda, que seules les cautions
personnes physiques conservent leur recours contre le débiteur ».
(185) Cass. civ. 1re, 13 nov. 1996, Bull. civ. I, no 401 ; D., 97.141, concl. Sainte- Rose, n. Moussa ;
JCP G, 97.II.22780, n. Mury ; JCP E, 97.II.903, n. Legeais ; RTD civ., 97.190, n. Crocq ; E. BROCARD,
« Cautionnement et surendettement », D. Aff., 98.318 ; MARIE, même titre, Contrats conc., consom.
1997, chron. 7 ; Defrénois 97.36515, n. crit. L. Aynès ; * Cass. civ. 1re, 3 mars 1998, Société
générale, Bull. civ. I, no 82 ; D., 98.421, concl. J. Sainte-Rose ; RTD civ., 98.422, n. P. Crocq, JCP G,
98.II.10117, n. Piedelièvre : « la caution ne peut se prévaloir, pour se soustraire à son engagement,
des mesures arrêtées par le juge en faveur du débiteur surendetté » ; 26 avr. 2000, Bull. civ. I,
no 122.
(186) Là aussi, la restriction du domaine d'application de ce texte aux seules personnes physiques est
une innovation de la loi no 2010-737 du 1er juill. 2010.
(187) Ce qui est admis en droit local alsacien-mosellan dans le cas de la faillite civile : v. J.-
J. Taisne, « Le paiement des créances éteintes », Dr. et patr. déc. 2014, p. 51, citant en ce sens
Colmar, 3e ch. civ., 21 avr. 1999, RJE 1/2000, p. 19.
(188) V., supra, no 132.
(189) V., affirmant, en cas de liquidation judiciaire, que « l'article L. 643-11, II du Code de
commerce, qui autorise la caution qui a payé à la place du débiteur principal à le poursuivre,
malgré la clôture de la liquidation judiciaire de celui-ci pour insuffisance d'actif, ne distingue pas
selon que ce paiement est antérieur ou postérieur à l'ouverture de la procédure collective, ni
suivant la nature, subrogatoire ou personnelle, du recours exercé par la caution », Cass. com.,
28 juin 2016, nº 14-21810.
(190) V. N. Leblond, « L'expérience du surendettement des particuliers », Dr. et patr. déc. 2014,
p. 71.
(191) Comp., pensant au contraire que l'effacement de la dette a vocation à rejaillir sur l'engagement
accessoire de la caution, Ph. PÉTEL, « Entreprises en difficulté : encore une réforme ! », JCP G 2014,
doctr. 667, spéc. nº 23. Adde, nettement plus hésitant, P.-M. LE CORRE, « Le rétablissement
professionnel », Gaz. Pal. 28 juin 2016, p. 67, spéc. p. 77.
(192) Cass. com., 17 mars 1992, Bull. civ. IV, no 113 : « Il ne peut y avoir de cautionnement que si
l’obligation du débiteur principal est établie... ». Cassation de l’arrêt qui condamne des cautions
sans trancher, à leur égard, la contestation de la créance principale.
(193) J.-B. RACINE, « Arbitrage et cautionnement », Cahiers Arb. 2010-2, 351 ; M. BARBA, « Le
cautionnement international devant l’arbitre : la clause compromissoire », RLDC mai 2016,
21 ; D. COHEN, Arbitrage et sociétés, th. Paris II, 1991, LGDJ, nos 517-519 ; Contra : Cass. com.,
22 nov. 1977, Rev. arb. 1978, 461, n. Ph. Fouchard ; E. LOQUIN, « Arbitrage et cautionnement », Rev.
arb. 1994, 235-252.
(194) Cass. civ. 1re, 20 oct. 1987, Époux Moretton, Bull. civ. I, no 269 ; Defrénois 88, art. 34275,
no 59, n. L. Aynès, D., 88, som., 276, même note : « le défaut de pouvoir du directeur (...) ne
constituait pas une exception purement personnelle à la société », au sens de l’art. 2012 du Code
civil.
(195) Supra, no 129.
(196) V. P. CROCQ, « Le droit des procédures collectives et le caractère accessoire du
cautionnement », Mél. Ph. Malaurie, Defrénois, 2005, p. 171 et s., no 11 et s. et Lamy Droit des
sûretés, Étude 172 « Cautionnement et droit des entreprises en difficulté ».
(197) V. en application de la Convention de Rome : Cass.1er civ. 16 sept.2015, nº 14-10373, D. 2015,
p. 2356, note L. Abadie et J. Lasserre Capdeville ; Dr. et Patr. 2016, nº 253, p. 74, obs. M.-
E. Ancel ; nº 258, p. 119, obs .A. Aynès ; JCP G 2015, 1188, P. Berlioz ; Rev. crit. DIP, 2016, p. 132,
obs. D. Bureau et H. Muir Watt ; RLDC déc. 2015, p. 26, note J. Clavel-Thoraval ; RD bancaire et
financier nov.-déc. 2015, comm. 191, obs. D. Legeais ; Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 36, obs.
J. Morel-Maroger ; RD bancaire et financier janv.-fév. 2016, comm. 39, obs. D. Robine ; Banque et
droit, nº 163, sept.-oct. 2015, p. 77, obs. N. Rontchevsky ; Banque et droit, nº 164, nov.-déc. 2015,
p. 47, obs. J. Stoufflet ; adde Cl. Ferry, " Forme du cautionnement international et lois de police ",
RD bancaire et financier janv.-fév. 2016, p. 18.
(198) Sur la relativité de la distinction entre la substance de la dette (debitum) et le droit de
poursuite (obligation), v. Ph. THÉRY, obs. crit. sous : Cass. com., 22 mai 2007, RTD civ. 2007, 805.
(199) Cass. com., 22 mai 2007, Bull. civ. IV, no 136 ; D. 2007, 1999, n. O. Deshayes ; JCP 2007
I. 212, no 8, obs. Ph. Simler ; RTD civ. 2008, p. 333, obs. P. Crocq ; 2007, 805, n. crit. Théry, préc. :
« Vu l’article 1134 du Code civil... Attendu qu’en statuant ainsi (libération de la caution), alors
que, la renonciation par le créancier au droit d’agir en paiement contre le débiteur principal
n’emporte pas extinction de l’obligation principale ni du recours de la caution contre ce débiteur,
de sorte que la clause préc. ne fait pas obstacle aux poursuites du créancier contre la caution
solidaire, la Cour d’appel a violé le texte susvisé ». Adde, à propos d'un aspect spécifique de cette
question, M. ZUIN et I. RHILANE, « Le conflit entre le bénéficiaire d'une clause de limitation de recours
et la caution dans les opérations de financements structurés », RD bancaire et financier janv.-fév.
2016, p. 14.
(200) Cass. com., 13 oct. 2015, nº 14-19734 , Dr. et Patr. 2016, nº 258, p. 120, obs. A. Aynès ;
RTD civ. 2015, p. 917, obs. P. Crocq ; Banque et droit, nº 167, mai-juin 2016, p. 20, obs.
G. Helleringer ; Banque et droit, nº 164, nov.-déc. 2015, p. 64, obs. F. Jacob ; RD bancaire et
financier janv.-fév. 2016, comm. 16, obs. D. Legeais ; RLDC janv. 2016, p. 28, note M. Mignot ;
Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 27, obs. P. Pailler : « La fin de non-recevoir tirée du défaut de mise en
œuvre d’une clause contractuelle qui institue une procédure de conciliation, obligatoire et
préalable à la saisine du juge, ne concerne, lorsqu’une telle clause figure dans un contrat de prêt,
que les modalités d’exercice de l’action du créancier contre le débiteur principal et non la dette
de remboursement elle-même dont la caution est également tenue, de sorte qu’elle ne constitue pas
une exception inhérente à la dette que la caution peut opposer ».
(201) Cass. com., 3 juin 2009, no 08-13613, Bull. civ. IV, no 72, RLDC 2009, no 3500.
(202) Cass. civ. 1re, 15 déc. 1998, Bull. civ. I, no 365 : le point de départ du délai de 2 ans, qu’il
s’agisse d’une action ou d’une exception, est la date de conclusion du cautionnement.
(203) Infra, no 156.
(204) V. toutefois, Cass. civ. 1re, 13 mars 1996, Bull. civ. I, no 133, D., 96, som. 267, obs. L. Aynès :
la suspension des poursuites accordée par la loi aux rapatriés d’Algérie (avant que cette protection
ne soit déclarée inconstitutionnelle) bénéficie à la caution ; il s’agit en fait d’une mesure d’attente
d’un prêt de consolidation, si bien que la dette principale est en instance d’être modifiée.
(205) Cass. com., 16 févr. 1993, Bull. civ. IV, no 58 ; Defrénois 93, art. 35617, no 95, n. L. Aynès :
« le redressement judiciaire du débiteur n’a pas pour effet de suspendre les poursuites dirigées
contre la caution solidaire ». Mais le tribunal pourrait souverainement décider un sursis, jusqu’à ce
que la créance principale soit vérifiée, s’il existe un risque de rejet.
(206) Cass. civ. 2e, 17 janv. 2007 et Cass. com., 13 mars 2007, D. 2008, 576, obs. P-M. Le Corre.
(207) Cass. com., 8 juin 1993, RTD com., 93.583 ; Bull. Joly, 93.913, obs. M. Jeantin ; JCP G,
93.I.3717, no 6, obs. Simler. Solution consacrée par la loi du 10 juin 1994 (art. 169 nouv. ; C. com.,
art. L. 622-32) mais remise en cause dans le cas des cautions personnes morales et de la procédure
de rétablissement personnel par la loi no 2010-737 du 1er juill. 2010.
(208) V. supra, no 137.
(209) Le fait que le créancier puisse prendre une mesure conservatoire tout en se voyant interdire
d'agir au fond contre la caution pose un problème de cohérence entre l'art. L. 622-28 C. com. et
l'art. R. 511-7 CPCE. qui exige du créancier, qui a été autorisé à prendre une mesure conservatoire
alors qu'il ne disposait pas d'un titre exécutoire, qu'il introduise une action au fond dans un délai d'un
mois afin d'obtenir un tel titre. Après quelques hésitations jurisprudentielles (v., infra, nº 711), ce
problème a été résolu par la Cour de cassation en affirmant que « le créancier qui a été autorisé à
pratiquer une mesure conservatoire contre une caution personnelle, personne physique, doit, dans
le mois qui suit l'exécution de cette mesure, à peine de caducité, introduire une procédure ou
accomplir les formalités nécessaires à l'obtention d'un titre exécutoire, même si le débiteur
principal a fait l'objet d'un jugement de redressement judiciaire » et que « dans ce cas, l'instance
ainsi engagée est suspendue jusqu'au jugement arrêtant le plan de redressement ou prononçant la
liquidation judiciaire du débiteur principal » (Cass. com., 24 mai 2005, nº 00-19721 et 03-21043 ;
Bull. civ. IV, nº 116 et 117 ; D. 2005, pan. p. 2084 s., obs. P. Crocq ; Defrénois 2005, art. 38287,
nº 12, p. 1937 s., obs. D. Gibirila ; Banque et droit, nº 102, juill.-août 2005, p. 60 s., obs. F. Jacob ;
D. 2005, p. 1632, obs. A. Lienhard ; JCP G 2005, I, 174, nº 5, obs. Ph. Pétel ; JCP G 2005, I, 185,
nº 3, obs. Ph. Simler). En conséquence, lorsque le créancier assigne en paiement la caution, après
l'adoption d'un plan de sauvegarde, pour obtenir un titre exécutoire, il ne peut être débouté de son
action (Cass. com., 10 janv. 2012, nº 11-11482, Bull. civ. IV, nº 5 ; Act. proc. coll. 2012, nº 46, obs.
P. Cagnoli ; D. 2012, p. 215, obs. A. Lienhard ; JCP E 2012, 1227, nº 4, obs. Ph. Pétel ; RLDC mars
2012, p. 34, obs. G. Marraud des Grottes ; Dr. et proc. avr. 2012, cahier Droit du recouvrement,
p. 9 s., obs. O. Salati) et le défaut d'exigibilité de sa créance à l'encontre de la caution ne peut pas lui
être opposé (Cass. 2e civ., 1er mars 2016, nº 14-20553, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 42, obs.
Cl. Brenner ; Act. proc. coll. 2016, nº 91, obs. P. Cagnoli ; RD bancaire et financier juill.-août 2016,
comm. 175, p. 81, obs. C. Houin-Bressanc). De la même manière, il ne peut être reproché au
créancier d'exercer une telle action pour protéger ses droits contre la caution quelques jours avant
l'arrêté du plan constatant les remises ou les délais qu'il a pu accorder au débiteur principal. (v., dans
le cas d'un plan de continuation, Cass. com., 3 nov. 2015, nº 14-19191, Rev. Proc. Coll. 2016, comm.
97, obs. A. Martin-Serf). En revanche, « l'exécution du titre exécutoire ainsi obtenue est suspendue
pendant la durée du plan » (Cass. com., 27 mai 2014, nº 13-18018, Act. proc. coll. 2014, obs.
P. Cagnoli ; Dr. et patr. nov. 2014, p. 97, obs. P. Crocq ; RD bancaire et financier 2014, comm. 133,
obs. A. Cerles ; Act. proc. coll. 2014, nº 160, obs. J.-J. Fraimout ; D. 2014, p. 1197, obs.
A. Lienhard ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 107, obs. F. Macorig-Venier ; JCP E 2014, 1447, nº 2,
obs. Ph. Pétel) et tant que ce plan est respecté (Cass. com., 2 juin 2015, nº 14-10673, D. 2015,
p. 1270, obs. A. Lienhard et p. 1975 s., obs. P.-M. Le Corre ; Gaz. Pal. 18-20 oct. 2015, p. 34, obs.
E. Le Corre-Broly ; JCP G 2016, 633, nº 8, obs. Ph. Pétel ; Banque et droit, nº 162, juill.-août 2015,
p. 79, obs. N. Rontchevsky ; Act. proc. coll. 2015, 176, obs. J. Vallansan), ce qui implique que le
non-respect d'une seule échéance par le débiteur principal puisse permettre l'exécution du titre
provisoire contre la caution, sans qu'il soit besoin que la résolution du plan soit constatée
(contrairement à ce que laissait initialement entendre Cass. com., 27 mai 2014, préc.). En toute
hypothèse, la suspension de l'exécution du titre exécutoire ne s'applique que dans le cas où le
débiteur fait l'objet d'une procédure de sauvegarde et non lorsqu'un redressement judiciaire a été
ouvert.
(210) Ce faisant, ce texte « édicte, dans le seul intérêt de la caution, une fin de non-recevoir dont
(la caution) ne peut se prévaloir pour la première fois devant la Cour de cassation » selon Cass. ch.
mixte, 16 nov. 2007, no 03-14409, Bull. civ., no 11 ; RD bancaire et financier janv.-févr. 2008, p. 39,
obs. D. Legeais ; D. 2007, p. 3009 et s., obs. A. Lienhard ; RLDC janv. 2008, p. 35, obs. G. Marraud
des Grottes ; Dr. et proc. mars-avr. 2008, p. 79 s., obs. E. Putman ; adde : D. BAUGARD, « Précisions
sur la nature processuelle de la suspension des poursuites contre les cautions en cas de procédure
collective », RLDC, no 46, févr. 2008, p. 25 et s.
(211) Cass. com., 22 juin 1999, Bull. civ. IV, no 134.
(212) Cass. com., 22 juin 2010, no 09-15972.
(213) Cass. com., 18 janv. 2000, 2 arrêts, Bull. civ. IV, nos 11 et 12 : « s’il est vrai que la décision du
juge de la procédure collective rendue dans les rapports entre le créancier et le débiteur principal
s’impose à la caution, il n’en demeure pas moins que le créancier peut poursuivre et obtenir la
condamnation de la caution devant le juge du cautionnement avant toute déclaration de créance
ou, si la déclaration a été faite, avant toute admission, en établissant l’existence et le montant de
sa créance selon les règles du droit commun » (2e arrêt) ; tant que la décision du juge de la
procédure collective n’est pas intervenue, et sauf la faculté de surseoir à statuer, « le juge du
cautionnement est juge de l’exception... et, par suite, tenu de statuer sur toutes les exceptions
inhérentes à la dette invoquée par la caution, sa décision ne s’imposant que dans les rapports
entre le créancier et la caution » (1er arrêt).
(214) Cass. com., 26 janvier 2016, nº 14-23285, Bull. civ. I, à paraître ; Dr.et Patr. 2016, nº 258,
p. 120, obs. A. Aynès ; JCP G 2016, 365, N. Balat ; Act. proc. coll. 2016, nº 53, obs. P. Cagnoli ; D.
2016, p.682, note J. François ; JCP G 2016, 553, nº 8, obs. Ph. Simler ; Cass. 2ºciv., 14 oct. 1987,
Bull. civ. II, nº 195 ; RTD civ. 1988, p.753, obs. J. Mestre ; Cass. com., 27 mars 2012, nº 11-10103.
(215) Donc, pas en cause d’appel pour la première fois : Cass. civ. 1re, 15 juill. 1999, Bull. civ. I,
no 236.
(216) V. une illustration in Cass. civ. 2e, 23 oct. 2008, no 07-20035, Bull. civ. II, no 224.
(217) Infra, nos 146 et s. Cette renonciation n’est valable que si le cautionnement est limité à un
montant global, lorsque, consenti par une personne physique, il a pour objet une dette contractuelle
professionnelle d’un entrepreneur individuel : loi Madelin du 11 févr. 1994, art. 47.II.
(218) L’obligation de la caution peut, en effet, être elle-même cautionnée par un certificateur de
caution : la caution principale joue alors le rôle de débiteur principal à l’égard de cette caution (sur
la différence par rapport au sous-cautionnement, infra, no 151). En principe, le certificateur, en
qualité de caution, a le bénéfice de discussion des biens de la caution principale et même de ceux du
débiteur principal. L’article 2043 est une exception (schéma, infra, no 151).
(219) Sur lesquelles, v. Ph. SIMLER, nos 505 et s.
(220) Infra, no 150.
(221) Cass. civ. 1re, 21 juin 1978, Bull. civ. I, no 236 ; Cass. civ. 1re, 6 mars 1979, Dannemuller, ibid.,
no 78 ; JCP G, 79.II.19140, concl. Gulphe : « Le bénéfice de discussion et le bénéfice de division ne
sont pas accordés à la caution réelle en l’absence de stipulation contraire ».
(222) Si plusieurs cautions garantissent des dettes distinctes (ex. : l’une, le principal ; l’autre les
intérêts) ou des fractions distinctes de la même dette, la question du bénéfice de division (sous-
entendu : de la même dette) ne se pose pas ; et lorsqu’elles sont solidaires du débiteur, la solidarité
ne change rien en ce cas, infra, no 146, C.
(223) Ex. : 3 cautions indéfinies, pour une dette de 150. Chacune peut exiger de n’être poursuivie que
pour 50.
(224) Ex. : ibid., mais l’une des cautions est insolvable : chacune des 2 cautions pourra être
poursuivie pour 75, mais disposera d’un recours – illusoire – contre la troisième.
(225) Infra, nos 170 et s. Ex. : dette de 150. L’une des cautions a souscrit un engagement indéfini, et
l’autre, limité à 50.
(226) La Cour de cassation (** Cass. civ. 1re, 6 mars 1979, Dannemuller, cité supra, note 92) a
décidé que la « caution réelle » ne bénéficiait pas de la division (pas plus que de la discussion :
supra, no 143), en l’absence de stipulation contraire.
(227) V. infra, nº 148.
(228) Tel est le cas lorsque deux époux se sont obligés solidairement par un même acte pour un
montant limité. Ils ne sont alors débiteurs solidiaires que de cette somme, ce qui implique que le
créancier payé dans cette limite par une des cautions ne puisse pas ensuite obtenir la condamnation
de l'autre caution au paiement de ladite somme : Cass. com., 11 févr. 2014, nº 12-16632 et 12-26356,
Gaz. Pal. 19-20 mars 2014, p. 20, obs. Ch. Albiges et M.-P. Dumont-Lefrand ; Defr. 2015, 119w9,
p. 491, obs. S. Cabrillac ; JCP G 2014, chron. 635, note 3, obs. Ph. Simler.
(229) Cass. com., 22 févr. 1977, Bull. civ. IV, no 59 ; 2 févr. 1981, Bull. civ. IV, no 55 ; Cass. civ. 1re,
18 juill. 1984, Bull. civ. I, no 238 : par deux actes séparés, deux époux se portent caution à hauteur de
1 000 000 F d’une société ; cassation, pour dénaturation des termes clairs et précis des actes de
cautionnement, de l’arrêt qui les condamne solidairement au paiement de 2 000 000 F. Cass. civ. 1re,
23 juin 1992, Bull. civ. I, no 192 ; Defrénois 1992, art. 35408, no 152, n. L. Aynès : en ce cas, la
libération de l’une des cautions n’a pas d’effet sur les autres.
(230) Mais pas nécessairement ; ex. : Versailles, 14e ch., 16 oct. 1992, Waill c/BNP : engagements
séparés souscrits le même jour par des gérants et cogérants de la société cautionnée.
(231) Cass. civ. 1re, 27 juin 1984, Bull. civ. I, no 213 ; JCP G, 86.II.20689, n. Dumortier : « Lorsque
plusieurs personnes se sont rendues cautions solidaires d’un même débiteur pour une même dette,
elles ne peuvent, sauf convention contraire, opposer au créancier qui les poursuit solidairement en
paiement, le bénéfice de division. ». En l’espèce, deux cautions s’engagent solidairement avec le
débiteur, dans le même acte, à hauteur d’une somme totale de 120 000 ; cassation de l’arrêt qui les
condamne au paiement de 60 000 chacune. La solution est sans doute justifiée, en fait, par une
interprétation de l’acte. Mais l’arrêt est contestable, en ce qu’il énonce un principe juridique, pour
deux raisons : 1) La solidarité avec le débiteur n’engage pas plus à payer le tout que le cautionnement
illimité lui-même ; et pourtant, en ce cas, la loi donne le bénéfice de division lorsqu’il y a plusieurs
cautions. L’argument tiré de l’engagement au tout fondé sur la solidarité (Dumortier, n. préc.) est sans
valeur. 2) L’arrêt aboutit à poser une présomption de renonciation au bénéfice de division « sauf
convention contraire », ce qui est directement contraire à l’art. 2026 du Code civil ; la renonciation
ne se présume pas ; v. en faveur de l’existence du bénéfice de division : SIMLER, no 516.
(232) Sur la distinction entre cautionnement civil et commercial, infra, no 230.
(233) Ph. SIMLER, op. cit., no 364.
(234) V. infra, no 210.
(235) Cass. com., 6 juill. 2010, no 08-21760, Rapport de la Cour de cassation 2010, D. 2010, 1781 et
2129, n. S. Piedelièvre ; JCP G 2010, 789, obs. J.-F. Barbieri ; JCP E 2010, 1764, obs. D. Legeais ;
RTD civ. 2010, 593, obs. P. Crocq ; RLDC 2010/75, no 3966, obs. J.-J. Ansault ; RDC 2010, 1349,
obs. D. Houtcieff.
(236) Cass. com., 6 juill. 2010, supra, note précédente : exclusion de l’exigence d’une mention
manuscrite imposée par les articles L. 331-2 et L. 343-2 (anc. art. L. 341-3), C. consom. (en l’espèce
l’acte authentique consistait en une décision judiciaire) ; v. aussi : Cass. civ. 1re, avis, 8 avr. 2010, D.
2010, 1068, obs.V. Avena-Robardet.
(237) Cass. com., 8 mars 2011, no 10-10699, RTD civ. 2011, 375, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. 2011,
no 205, p. 106, obs. L. Aynès ; Cass. 1re civ., 5 avr. 2012, no 11-12515, D. 2012, 1004, obs.V. Avena-
Robardet ; Cass. com., 10 mai 2012, no 11-17671.
(238) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(239) Dans la limite éventuelle de l’engagement de la caution.
(240) V. SIMLER, op. cit., no 465. V. cep., lorsque la prorogation résulte du plan imposé par le tribunal
en cas de redressement de l’entreprise, supra, no 139.
(241) Ex. : admission de la créance en cas de « faillite » : « l’état des créances... n’avait pas fait
l’objet de réclamation ; la cour d’appel en a déduit exactement... que (la caution) ne pouvait
remettre en cause l’existence et le montant de l’obligation principale », Cass. com., 18 oct. 1982,
Bull. civ. IV, no 316. La caution solidaire subit, en effet, l'autorité de chose jugée du jugement arrêtant
le montant de la créance à l'égard du débiteur principal (Cass. com., 22 avr. 1997, Bull. civ. IV, nº 96)
ou à l'égard d'une autre caution solidaire (Cass. 1re civ., 20 janv. 1993, nº 91-13012, Bull. civ. I,
nº 24). En conséquence, « la caution solidaire peut (également) se prévaloir, dès lors qu’il est
définitif, du rejet de la créance garantie prononcé dans la procédure collective de son
cofidéjusseur, à moins qu’il ne soit dû à une cause personnelle à celui-ci » (Cass. com., 18 nov.
2014, nº 13-23976, Act. proc. coll. 2014, nº 350, obs. P. Cagnoli ; RD bancaire et financier 2015,
comm. 7, obs. D. Legeais ; Gaz. Pal. 18-20 janv. 2015, p. 33, obs. E. Le Corre-Broly ; RTD com.,
2015, p. 152, obs. A. Martin-Serf), une telle cause personnelle pouvant, par exemple, résulter de ce
que la liquidation judiciaire du cofidéjusseur a fait l'objet d'une clôture pour insuffisance d'actif
(Cass. com. 13 déc. 2005, nº 03-18010).
(242) Plus généralement, on observera que si un accord entre le créancier et une caution solidaire
peut profiter à l'autre caution, même si elle n'y a pas été partie, il ne peut, en revanche, lui nuire : v.,
en ce sens, Cass. com., 1er oct. 2013, nº 12-23975, Bull. civ. IV, nº 142 ; Gaz. Pal. 4-5 déc. 2013,
p. 17, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RD bancaire et financier 2013, comm. 193, obs. D. Legeais ;
Banque et droit nov.-déc. 2013, p. 45, obs. F. Jacob ; RLDC janv. 2014, p. 29 s., n. P. Pailler ; JCP G
2014, Doctr. 635, nº 5, obs. Ph. Simler.
(243) Cass. com., 4 oct. 1983, Bull. civ. IV, no 245 ; JCP G, 85.II.20374, n. D. VEAUX : « les cautions
solidaires sont recevables dans leur tierce opposition dans la mesure où elles sont en droit
d’invoquer des moyens qui leur soient personnels, c’est-à-dire que les débiteurs principaux
n’auraient pu invoquer eux-mêmes ».
(244) Cass. com., 5 mai 2015, nº 14-16644, D. 2015, p. 1814, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2015,
p. 84, obs. Ph. Dupichot ; RD bancaire et financier juillet-août 2015, comm. nº 122, obs.
D. Legeais ; JCP G 2015, 877, no 6, obs. J. Ortscheidt ; Banque et droit, nº 161, mai-juin 2015, p. 87,
obs. N. Rontchevsky ; JCP G 2015, 1222, nº 5, obs. Ph. Simler. Rappr., affirmant qu’un engagement
de caution même intégré à un protocole transactionnel ne confère pas à la caution la qualité de partie
à la transaction, ce qui a pour conséquence que la transaction homologuée ne constitue pas un titre
exécutoire à l'encontre de la caution, Cass. 2e civ., 8 janv. 2015, nº 13-27377, D. 2015, p. 1034, note
P. Barban ; RTD civ. 2015, p. 376, obs. H. Barbier ; JCP G 2015, 400, note J.-B. Perrier ; Dr. et
proc. févr. 2015, p. 37, obs. N. Fricero et avr. 2015, p. 74, obs. O. Salati ; RD bancaire et financier
2015, comm. 54, obs. S. Piedelièvre.
(245) Cass. com., 18 nov. 2014, préc.
(246) V. infra, no 150.
(247) Cass. civ. 1re, 9 nov. 2004, Bull. civ. I, no 253, Defrénois 2006, art. 38317, no 1, obs.
Ph. Théry ; 7 févr. 2006, Bull. civ. I, no 54, JCP 2006.IV.1458 (sous-cautionnement à la fois réel et
personnel) ; Cass. com., 21 mars 2006, Bull. civ. IV, no 72.
(248) V. supra, no 101. La constitution d’une sûreté réelle ne soulève pas de difficulté d’identité de la
personne du débiteur et de celle du constituant, car on peut évidemment constituer une sûreté réelle
pour sa propre dette, à la différence des sûretés personnelles. En revanche, demeure la question
d’une renonciation doublement partielle (quant au créancier bénéficiaire et au bien) à la séparation
de patrimoines et celle du caractère impératif de l’art. L. 526-12, C. com.
(249) Cass. civ., 15 mai 2002, Bull. civ. I, no 127 et 129.
(250) Cass. ch. mixte, 2 déc. 2005, Bull. ch. mixte no 7 ; D. 2006, 729, avis J. Sainte-Rose,
n. L. Aynès ; JCP 2005, II, 10183, n. Ph. Simler ; LPA 2006, no 16, p. 7, n. D. Houtcieff : « une sûreté
réelle consentie pour garantir la dette d’un tiers n’impliquant aucun engagement à satisfaire à
l’obligation d’autrui et n’étant pas dès lors un cautionnement, lequel ne se présume pas, la cour
d’appel a exactement retenu que l’art. 1415 du Code civil n’était pas applicable au nantissement
donné par M.B. ».
(251) En conséquence, le « cautionnement réel », à la différence du cautionnement personnel présente
la particularité d'être nécessairement proportionné aux facultés contributives de celui qui le consent :
Cass. civ. 1re, 7 mai 2008, no 07-11692, Bull. civ. I, no 125 ; RDC 2008, no 4, p. 1285, obs. A. Aynès ;
Dr. et patr. oct. 2008, p. 95, obs. L. Aynès et Ph. Dupichot ; RTD civ. 2008, p. 700, obs. P. Crocq ;
JCP G 2008, I, 211, no 16, obs. Ph. Delebecque ; Banque et droit, no 120, juill.-août 2008, p. 41 et s.,
obs. F. Jacob ; D. 2008, p. 2036 et s., n. S. Piedelièvre ; Cass. com., 24 mars 2009, no 08-13034, D.
2009, p. 943 et s., obs. V. Avena-Robardet ; RLDC mai 2009, p. 33, obs. G. Marraud des Grottes ;
JCP G 2009, I, 150, no 6, obs. Ph. Simler : « cette sûreté réelle consentie pour garantir la dette
d’un tiers n’impliquant aucun engagement personnel à satisfaire l’obligation d’autrui n’est pas un
cautionnement et (...) limitée au bien hypothéqué, elle est nécessairement proportionnée aux
facultés contributives de son souscripteur ».
(252) Biblio. : A. AYNÈS, « Quelques aspects du régime juridique des sûretés réelles pour autrui »,
Liber amicorum Christian Larroumet, nov. 2010, p. 1.
(253) Cass. civ. 3e, 15 févr. 2006, Bull. civ. III, no 35 : il y a lieu de respecter les règles de forme
propres à la sûreté consentie.
(254) Cass. civ. 1re, 7 févr. 2006, Bull. civ. I, no 53 ; JCP 2006, IV, 1469 ; Cass. com., 7 mars 2006,
Bull. civ. IV, no 59 : l’art. L. 313-22 CMF est inapplicable (obligation d’information annuelle de la
caution).
(255) V., réaffirmant cette solution, Cass. 1re civ., 25 nov. 2015, nº 14-21332, Bull. civ. I,
Gaz. Pal. 16 fév. 2016, p. 29, obs. Ch. Albiges ; Dr. et patr. 2016, nº 258, p. 121, obs. A. Aynès ;
RLDC mars 2016, p. 29, note Ch. Juillet.
(256) Cass. com., 21 févr. 2006, Bull. civ. IV, no 42 : cassation pour violation de l’art. 2015 (auj.
2292) de l’arrêt qui prononce une condamnation du constituant dans la limite de la valeur du bien
hypothéqué.
(257) Cass. civ. 1re, 7 mai 2008, no 07-11692 (cité supra).
(258) Cass. com., 24 mars 2009, no 08-13034, Bull. civ. IV, no 43 : « (...) s’agissant d’une
hypothèque sur un bien, elle est limitée à ce bien et nécesairement adaptée aux capacités
financières du constituant et aux risques de l’endettement né de l’octroi du crédit ; (...) la banque
qui fait souscrire une telle sûreté n’est dès lors pas tenue d’un devoir de mise en garde à l’égard
du constituant, que celui-ci soit ou non averti ».
(259) Ce qui fait dire à Ph. SIMLER que le cautionnement réel est « aussi réellement un
cautionnement » : JCP 2001, I, 367 ; et n. préc., JCP 2005, II, 10183. À vrai dire, il n’est pas
nécessaire de passer par la qualification de cautionnement pour expliquer l’application de ces
règles ; on les retrouve pour l’essentiel dans la garantie autonome ou la délégation-sûreté, L. Aynès,
n. préc., D. 2006, 733. Comp. expliquant le régime juridique du cautionnement réel par la distinction
d’une obligation personnelle de couverture et d’une obligation réelle de règlement, J.-J. ANSAULT, Le
cautionnement réel, Defrénois, Coll. Doctorat et notariat, tome 40, 2009.
(260) Infra, nos 279 et s. ; en ce sens, A. AYNÈS, op. cit., supra, no 10 et avant l’arrêt de 2005 :
Cass. Req., 27 avr. 1942, S., 42.I.114 ; Cass. civ. 1re, 23 nov. 1954, Bull. civ. I, no 331 ; Contra :
Versailles, ch. 12, sect. 2, 2 déc. 2010, RG no 09/06472 : l’arrêt se borne à affirmer que la sûreté
constituée en garantie de la dette d’un tiers n’est pas un cautionnement.
(261) Cass. civ. 1re, 6 mars 1979, Bull. civ. I, no 78 ; JCP G, 79.II.19140, concl. Gulphe. À la
différence du tiers détenteur d’un bien grevé d’une sûreté, par exemple le tiers détenteur d’un
immeuble hypothéqué (C. civ., art. 2465), le constituant a volontairement affecté son bien : il est donc
privé, sauf convention contraire, du bénéfice de discussion : v. supra, no 143.
(262) Infra, no 176.
(263) Ph. SIMLER, op. cit., nos 115-117.
(264) Infra, no 152.
(265) Pour un panorama de l’état actuel de ces recours en droit positif, v. G. MÉGRET, « Les recours
du garant » préf. Ph. Stoffel-Munck, P.U. Aix-Marselle, 2011 ; M. RANOUIL, « Les recours entre
coobligés », préf. P. Jourdain, Bibl. de l'IRJS – André Tunc, tome 56, IRJS Éditions, 2014 ;
N. MARTIAL-BRAZ, « Les recours de la caution au cœur de la tempête », D. 2013, p. 935.
(266) Ex. : Cass. civ. 3e, 3 déc. 2008, no 07-20931, D. 2008, 3087, obs. A. Vincent ; 2009, 1231,
n. L. Nési ; JCP 2009, I, 150, no 15, obs. crit. Ph. Simler ; RLDC 2009, 35, obs. G. Marraud des
Grottes : jugé que le garant de livraison imposée par l’art. L. 231-6 CCH, et qui prend la forme d’un
« cautionnement solidaire » consenti par une banque ou une entreprise d’assurance, remplissant « une
obligation qui lui est personnelle est tenu, dans ses rapports avec le constructeur, de la charge
définitive de la dette qu’il a acquittée à la suite de la défaillance de celui-ci » ; le garant n’est donc
même pas traité comme un codébiteur in solidum ou un assureur-crédit, lesquels disposent d’un
recours ; la solution est inexplicable juridiquement.
(267) O. GOUT, « Réflexions sur la nature juridique du sous-cautionnement », RLDC déc. 2008,
p. 27 et s. ; Ph. COLLET, « Les spécificités du sous-cautionnement », RLDC mars 2015, 5759, p. 25.
(268) Spécialement, en cas de « faillite » du débiteur principal, un des cas d’ouverture du recours
anticipé (C. civ., art. 2032), infra, no 163.
(269) Cass. com., 24 mars 1980, BNP/dame Vachier, Bull. civ. IV, no 141 : « la caution ne peut agir
avant paiement, sur le fondement de l’art. 2032 du Code civil, que contre le débiteur par elle
cautionné et non contre la caution solidaire de celui-ci » ; Ch. MOULY, « Les recours anticipés de la
caution contre sa sous-caution », JCP G, 1980.I.2985.
(270) Cass. civ. 1re, 7 mai 2002, Bull. civ. I, no 123, D., 2002.1902, n. Lienhard ; JCP G, 2002.I.162,
no 12, obs. Simler. ; Cass. com., 30 mars 2005, D. 2005, AJ 1151, obs. A. Lienhard ; Panorama,
p. 2078, obs. P. Crocq.
(271) Cass. com., 17 sept. 2002, Bull. civ. IV, no 123, D., 2002.3336, obs. L. Aynès.
(272) Contra : Cass. civ. 1re, 26 févr. 2001, Bull. civ. I, no 67 ; D., 2002.2863, n. Djoudi ; JCP G,
2002.I.162, no 11, obs. crit. P. Simler ; D. 2003, chron. 892, C. Farge.
(273) Cass. com., 27 mai 2008, no 06-19075, D. 2008, 1546, n. Avena-Robardet ; RTD com. 2008,
611, n. D. Legeais ; JCP 2008, I, 211, no 8, obs. Simler.
(274) Cass. com., 9 déc. 2008, no 07-19708, JCP G, 2009, I, 136, no 11, obs. M. Cabrillac ; RTD civ.
2009, p. 553, obs. P. Crocq.
(275) Sauf si l’un des recours est impossible : ex. : le recours personnel, en l’absence de déclaration
dans la « faillite » du débiteur, si seul le créancier a produit. La caution ne peut pas, naturellement,
cumuler le produit des deux actions.
(276) Cass. com., 26 janv. 2016, nº 12-21285, non pub. au Bull.
(277) Infra, no 227.
(278) V. Cass. 1re civ., 1er oct. 2014, nº 13-20.457, RLDC déc. 2014, p. 37, obs. J.-J. Ansault. Si elle
a payé poursuivie par le créancier, l’art. 2308 est inapplicable à moins que la caution ait payé alors
qu'elle savait que la créance était contestée par le débiteur principal (Cass. com., 28 janv. 2014,
nº 12-28728, RDC sept. 2014, 110v4, p. 405, note A.-S. Barthez ; D. 2014, p. 1611, obs. P. Crocq ;
RD bancaire et financier 2014, comm. 49, obs. D. Legeais).
(279) Ex. : Cass. com., 9 déc. 2008, no 07-19708, JCP, 2009, I, 136, no 11, obs. M. Cabrillac.
(280) Afin d’éviter cette conséquence, lorsque le débiteur principal est un consommateur, exposé au
recours personnel de sa caution pendant 5 ans (30 ans avant la réforme du droit de la prescription par
la loi du 17 juin 2008), une loi de 1989 a modifié l’art. 2 de la loi du 10 janv. 1978, afin de soumettre
le régime du cautionnement, spécialement le recours de la caution, à celui des opérations de crédit :
dans le domaine de cette loi, ce recours, personnel ou subrogatoire, est soumis à l’art. L. 311-52 du
Code de la consommation (2 ans et tribunal d’instance) : Cass. civ. 1re, 17 nov. 1993, 2 arrêts,
Bull. civ. I, nos 333 et 334. Le point de départ du délai de 2 ans est la date à laquelle la caution a payé
le créancier : Cass. civ. 1re, 9 déc. 1997, Bull. civ. I, no 366 ; D. Aff., 1998.239 ; RTD civ., 98.156,
n. P. Crocq. Ces dispositions ne s’appliquent qu’aux incidents de paiement postérieurs à la loi de
1989 : Versailles, 1re ch., 9 juill. 1992, Creserfi c. Lenglet.
(281) Cass. civ. 1re, 15 juill. 1999, Bull. civ. I, no 248, JCP G, 99.II.10196, n. Piedelièvre : « la
mesure de réduction prévue par [l’art. L. 331-7, al. 1o et 4o du Code de la consommation] ne
s’applique pas à la créance de la caution qui a payé la dette principale ». Finalement, la mesure
risque donc d’être un coup d’épée dans l’eau. Il en va, en revanche, différemment, en cas de
sauvegarde ou de redressement judiciaire d'une entreprise où, en raison de l'effet erga omnes du plan
de continuation ou de redressement et du fait que la Cour de cassation a jugé que le recours personnel
prend naissance à la date de l'engagement de la caution, les dispositions de ce plan peuvent être
opposées par le débiteur principal à la caution.
(282) Cass. civ. 1re, 26 avr. 1977, Verlay, Bull. civ. I, no 187 ; Cass. civ. 1re, 22 mai 2002, D.,
2002.1899 ; JCP G, 2003.I.124, no 9, obs. Simler.
(283) Ex. : honoraires d’avocats, ou frais de la discussion des biens du débiteur, que la caution doit
avancer (frais de saisie et de vente).
(284) Ex. : mise en « faillite » de la caution ; « débours, soucis, tracas et frais irrépétibles », causés
par la mauvaise foi du débiteur : Cass. civ. 1re, 18 déc. 1978, Bull. civ. I, no 391.
(285) Cass. com., 1er mars 2005, D. 2005, 1365, n. crit. P.-M. Le Corre ; v. aussi, sur l’arrêt
précédent, rendu en matière de recours contre les cofidéjusseurs : Cass. com., 16 juin 2004, D. 2004,
AJ 2046 ; JCP E 2005, chron. 31, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 2004, 758, obs. P. Crocq ; I. DESPRES,
« De l’inexistence du recours avant paiement entre cofidéjusseurs », Rev. Lamy Dr. civ. 2004, nos 10,
23 et s. Rappr., Cass. com., 30 juin 2004, nº 01-14086, Bull. civ. IV, nº 142 (dans le cas du recours
exercé par le codébiteur d'une obligation solidaire), Cass. com., 19 décembre 2006, nº 05-13461
(dans le cas du recours exercé par un garant autonome) et Cass. com., 13 octobre 2015, nº 14-10664,
D. 2016, p. 2125, obs. A. Lienhard ; Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 85, obs. M.-H. Monsèrié-Bon ;
Act. proc. coll. 2015, nº 292, obs. C. Saint-Alary-Houin (dans le cas du recours exercé par le
codébiteur d'une obligation in solidum).
(286) V. notamment : P. CROCQ, « L’ordonnance du 18 déc. 2008 et le droit des sûretés », JCP E,
2009, 1313.
(287) Car s’ils sont conjoints, tout se passe comme s’il y avait autant de dettes.
(288) * Cass. com., 27 nov. 1978, Bombigher, Bull. civ. IV, no 277 ; Defrénois 79, p. 1230, n.
Aubert : « la caution ne peut agir avant paiement, en venu de son droit propre issu de l’art. 2032,
qu’à l’encontre du débiteur par elle cautionné, et non point contre le codébiteur solidaire de
celui-ci, à l’égard duquel elle ne peut recourir qu’après avoir payé par la voie des actions de
subrogation ou de gestions d’affaires ».
(289) Cass. com., 12 mai 2009, no 08-13430, Bull. civ. IV, no 67 ; RTD civ. 2009, p. 554, obs.
P. Crocq ; JCP 2009, no 29-30, no 135, p. 23, n. Ph. Simler : en l’espèce, le recours personnel était
éteint ; seul demeurait la possibilité d’un recours subrogatoire, qu’admet la Cour de cassation. De
même, il a été jugé, sous l'empire du droit des procédures collectives antérieur à la réforme du
26 juill. 2005, que la clôture de la procédure collective pour extinction du passif et l'ordonnance
constatant l'extinction de la créance du fait du paiement adressé au créancier par la caution
n'empêchent pas la caution d'exercer ultérieurement un recours subrogatoire contre le débiteur
principal en bénéficiant de la déclaration de créance effectuée par le créancier : Cass. com., 17 déc.
2013, nº 12-29822.
(290) Cass. civ. 1re, 18 mars 2003, D., 2003.1092 ; Cass. civ. 1re, 29 oct. 2002, Bull. civ. I, no 257,
JCP G, 2003.I.124, no 9, obs. Simler.
(291) Cass. civ. 1re, 7 déc. 1983, Bull. civ. I, no 291 ; RTD civ., 84.718, n. Mestre ; Defrénois 85, 378,
n. Aubert : « le subrogé dispose de toutes les actions qui appartenaient au créancier, et qui se
rattachaient à cette créance immédiatement avant le paiement » (en l’espèce, actions en
responsabilité du créancier contre un tiers).
(292) Ex. : Dette garantie par un cautionnement et une hypothèque : la caution qui a payé bénéficie de
l’hypothèque. Sur la transmission de la réserve de propriété, infra, no 761.
(293) Ex. : Les autres cautions de la même dette. Mais même si ces cautions sont solidaires, la
caution subrogée devra diviser son recours, pour éviter des recours en chaîne, infra, no 170.
(294) Cass. com., 9 févr. 1971, Bull. civ. IV, no 39, droit de poursuite individuelle en dépit de la
« faillite » du contribuable : « le droit donné par l’art. 1908 du CGI, au Trésor en cas de faillite ou
de règlement judiciaire du redevable, d’exercer des poursuites individuelles, malgré la suspension
d’ordre public de celles-ci, pour le recouvrement des créances d’impôt, assorties d’un privilège
général, constitue une prérogative de la puissance publique qui n’est pas transférée au créancier
qui lui est subrogé ». Pour une autre prérogative personnelle : Cass. com., 12 nov. 1985, Bull. civ. IV,
no 269 ; RTD civ., 86, 351, n. J. Mestre.
(295) * Cass. com., 25 avr. 1983, Fourrey, Bull. civ. IV, no 124 ; D., 84.417, n. Ph. Delebecque.
L’arrêt est maladroitement rédigé : « la subrogation obtenue par les cautions en payant la dette de
la société G. n’avait effet que contre celle-ci ». C’est inexact. Mais en l’espèce, la caution ne
pouvait invoquer l’engagement de reprendre la matériel en cas de résiliation du crédit-bail pris par
un fournisseur exclusivement envers le créancier (crédit-bailleur).
(296) Solution constante depuis * Cass. civ., 6 juill. 1896, Malézieux, DP, 96.I.455 ; S., 97.I.5, n.
Ch. Lyon-Caen : « Aux termes (de l’art. 2029) la caution qui a payé la dette est subrogée à tous les
droits qu’avait le créancier contre le débiteur ; cette disposition s’applique, par sa généralité, au
cas où la caution d’une dette solidaire n’a cautionné qu’un seul des débiteurs comme au cas où
elle les a cautionnés tous. »
(297) Infra, nos 167 et s.
(298) * Cass. civ., 6 juill. 1896, Malézieux, préc. supra note no 129 : même si l’un des codébiteurs a
renoncé à tout recours contre l’autre, la caution du premier peut agir contre le second, car cette
renonciation est étrangère aux rapports créancier-codébiteurs.
(299) Cass. com., 2 mars 1993, Bull. civ. IV, no 80 ; Defrénois 93, art. 35617, no 96, n. L. Aynès : D.,
93, S., 310, m. n. ; RTD civ., 93.859, n. M. Bandrac : « l’action engagée avant paiement par la
caution contre le débiteur principal, dans l’un des cas prévus à l’art. 2032 du Code civil se fonde
sur une créance personnelle d’indemnité distincte de celle qui appartient au créancier contre le
débiteur principal. »
(300) C’est pourquoi on propose de permettre à la caution d’agir de manière anticipée contre la sous-
caution, ce que le droit positif n’admet pas actuellement : Ch. MOULY, « Les recours anticipés de la
caution contre sa sous-caution », JCP G, 1983.I.2985.
(301) Cass. com., 3 févr. 2009, no 06-20070, Bull. civ. IV, no 11 ; JCP 2009, I, 136, no 10, obs.
Cabrillac ; I, 150, no 11, obs. Simler.
(302) * Cass. com., 27 nov. 1978, Bombigher, cité, supra, note 151. Au contraire, un recours après
paiement pourrait être dirigé contre eux. Supra, no 157.
(303) Cass. com., 3 mars 1981, Bull. civ. IV, no 117 : « l’action d’une caution dès lors qu’elle
s’exerçait avant paiement ne pouvait être dirigée contre les cofidéjusseurs..., la caution des dettes
de la société (en faillite) ne pouvait agir avant paiement sur le fondement de l’art. 2032, 2o, à
l’encontre des associés qui n’étaient pas des débiteurs « en faillite ou en déconfiture ».
(304) * Cass. com., 24 mars 1980, BNP, Bull. civ. IV, no 141 (préc., supra, note 133). Si l’on admet
que le recours anticipé a pour objet le paiement par le débiteur principal de la somme garantie, la
sous-caution doit garantir ce paiement, dès lors que le débiteur principal est devenu débiteur présent
de la caution : Ch. MOULY, art. préc., no 21. L’action contre la sous-caution est alors une conséquence
du recours anticipé contre le débiteur principal.
(305) Cass. com., 1er févr. 1977, Bull. civ. IV, no 33.
(306) Cass. com., 3 mars 1998, Bull. civ. IV, no 90 ; D. Aff., 98.536 : une banque, caution du débiteur
en faillite, ne pourrait donc inscrire en compte courant (compensation) le montant de son recours.
(307) Cass. com., 21 janv. 2003, Bull. civ. IV, no 8.
(308) Paris, 2 mars 1971, Gaz. Pal., 71.II.824 ; FRUGIER, « Le recours anticipé de la caution lui
permet-il de percevoir du débiteur principal le montant de la créance cautionnée à titre
d’indemnité ? », Gaz. Pal., 1971.II. doctr. 602. V. aussi, Cass. com., 2 mars 1993, cité supra note
no 132 ; Ph. SIMLER, op. cit., no 583 ; v. cep. * Cass. civ. 1re, 2 févr. 1982, consorts Fisse, Bull. civ. I,
no 55 ; JCP G, 82.II.19825, n. Simler ; Defrénois 82, art. 32972, no 98, n. J.-L. Aubert : « la caution
qui a versé au créancier les sommes reçues du débiteur à la suite de ce recours préventif se trouve
avoir exécuté son obligation de garantie envers le créancier, dans la mesure de ce paiement, qui
doit donc venir en déduction du montant de son engagement de caution ».
(309) V. Ch. MOULY, art. préc., no 22 : l’auteur propose de retenir l’un ou l’autre objet (garantie ou
paiement) selon l’intensité du risque d’insolvabilité du débiteur principal.
(310) Cass. civ. 1re, 25 mai 2005, Bull. civ. I, no 225 ; v. C. CORGAS-BERNARD, « Recours avant
paiement de la caution et action oblique : une combinaison délicate », Rev. Lamy Dr. civ. 2006, no 25,
p. 24 et s.
(311) Du latin fidejussor, nom donné en droit romain à la caution, supra, no 103 ; J. MESTRE, « Les
cofidéjusseurs », Dr. et patr. 1998, p. 66 et s. ; « La pluralité d’obligés accessoires », RTD civ. 1981,
p. 1 et s.
(312) Ph. SIMLER, op. cit., no 653.
(313) Il s’agit alors d’une caution hypothécaire : supra, no 150.
(314) Cette caution, qui garantit le recours du créancier contre la caution, est un certificateur de
caution. L’obligation qu’il garantit n’est pas l’obligation principale, mais celle de la caution envers le
créancier : supra, no 151.
(315) Cass. civ. 1re, 29 oct. 2002, Bull. civ. I, no 257 ; JCP G, 2003.I.124, no 9, obs. Simler.
(316) Le plus souvent, la caution exerce l’un et l’autre en même temps.
(317) Seule peut être réclamée au défendeur sa part dans la dette, à défaut de stipulation contraire :
Cass. civ. 1re, 10 janv. 1995, Bull. civ. I, no 25.
(318) Cass. com., 11 juin 1991, Bull. civ. V, no 215, D. 1991, som. 386, n. L. Aynès : « s’il résulte
des art. 1214 et 2033 du Code civil qu’en cas de pluralité de cautions, la caution qui a acquitté sa
dette, et qui a recours contre les autres cautions, doit le faire pour la part et portion de chacune,
la clause selon laquelle la charge de cette dette envers le créancier est répartie différemment entre
les cautions n’est pas illicite ». En l’espèce, un prêt consenti à une société était garantie par le
cautionnement hypothécaire d’une SCI et par celui du président de la société et de son épouse. Les
cautions étaient convenues entre elles que la SCI ne serait poursuivie qu’en dernier lieu et que, si elle
l’était, elle serait entièrement remboursée par les époux. La Cour de cassation décide qu’il ne
s’agissait pas d’un sous-cautionnement (v. supra, no 152), parce que cette convention ne liait pas le
créancier et que la SCI disposait d’un recours intégral.
(319) Le problème et la solution sont identiques pour le bénéfice de division : les poursuites du
créancier n’ont alors pour objet que la part de chacune des cautions dans la dette (supra, no 144).
(320) Ex. : trois cautions illimitées d’une dette de 120. L’une des cautions a payé 120. Elle peut
réclamer 40 à chacun de ses cofidéjusseurs. Autre ex. : trois cautions limitées à 30, qui ne s’ajoutent
pas (même fraction de la dette, ce qui est une question d’interprétation. La dette est de 120. La
caution qui a payé 30 peut exiger des deux autres 10.
(321) J. MESTRE, art. préc., RTD civ. 1981, p. 1 et s., no 41.
(322) Ex. : cautionnement illimité d’une société par ses trois associés. La répartition de la dette
dépendrait de leurs parts dans le capital.
(323) Ph. SIMLER, op. cit., no 617 : la pesée des intérêts respectifs est imprécise et incertaine. Le
principe même est discutable : si elles n’ont pas limité leurs engagements, les cautions ont abandonné
toute référence à leurs intérêts dans la dette.
(324) Cass. com., 28 juin 1994, Bull. civ. IV, no 236 ; Defrénois 94, art. 35897, no 129, n. L. Aynès.
(325) Ex. : trois cautionnements limités à 25, 50 et 80. On suppose que ces cautionnements
garantissent une fraction commune de la dette (infra, no 248). S’ils s’ajoutaient, tout se passerait
comme si chacune des cautions avait garanti une dette différente ; il n’y aurait pas de recours.
(326) Ex. : trois cautionnements : l’un, illimité ; l’autre, limité à 25 ; le troisième, limité à 50.
(327) * Cass. civ. 1re, 2 févr. 1982, consorts Fisse, cité, supra, note 171.
(328) Orléans, 22 janv. 1976, JCP G, 77.IV.42 ; Riom, 29 janv. 1979, JCP G, 80.II.19302, n.
Ph. Simler (cassé par * Cass. civ. 1re, 2 févr. 1982, consorts Fisse, préc., supra, no 166).
(329) Ex. : une dette de 150 garantie par une caution (A) illimitée, une caution (B) limitée à 25 et une
caution (C) limitée à 50. On répartira 25 entre trois cautions (chacune 8,3) ; 25 entre deux cautions
(chacune 12,5) et le reste (100) à la charge d’une seule caution. La dette sera donc répartie de la
manière suivante : A : 8,3 + 12,5 + 100 = 120,8 ; B : 8,3 ; C : 8,3 + 12,5 = 20,8. Si A a payé 150 au
créancier, il peut exiger 8,3 de B et 20,8 de C.
(330) Dans l’exemple, C est engagé deux fois plus que B ; pourtant sa part dans la dette est beaucoup
plus que le double de celle de B. De plus, la division de la dette en tranches ignore son unité.
(331) Ph. SIMLER, op. cit., nos 648 et s.
(332) Reprenons l’exemple ci-dessus. Le total des engagements s’élève à : 25 (B) + 50 (C) + 150
(A : illimité, donc égal à la dette principale) = 225. (A) Supportera donc 150/225 de la dette
(150) = 100 ; (B) 25/225 de 150 = 16,67 ; (C) 50/225 x 150 = 33,33. Ce système est plus exact.
Souhaitons qu’il soit adopté par la jurisprudence.
(333) Tout se passe donc comme si l’insolvable n’existait pas (v. Toulouse, 8 oct. 2013, Gaz. Pal. 4-
5 déc. 2013, p. 17, obs. Ch. Albiges). Ex. : Dette de 90. Trois cautions : l’une de 45, l’autre de 90 et
la troisième de 30. Celle-ci est insolvable. Les deux premières supporteront respectivement : 4515 e
et 45135 e de la dette.
(334) E. AGOSTINI, n. sous * Cass. com., 10 nov. 1981, Charitansky, Bull. civ. IV, no 388 ; D., 82.417.
Cet arrêt ne tranche pas la difficulté. Il décide seulement que le créancier n’est pas obligé de
poursuivre les cautions réelles (postérieures) avant la caution personnelle (antérieure).
(335) En ce sens, Cass. civ. 1re, 3 oct. 1995, Bull. civ. I, no 338 ; Defrénois 95, art. 36214, no 164,
n. L. Aynès ; J. MESTRE, art. préc., no 54 ; Ph. SIMLER, op. cit., no 433.
(336) Supra, no 150.
(337) Supra, no 150. C’était le raisonnement tenu par la caution personnelle, sans succès, dans *
Cass. com., 10 nov. 1981, Charitansky, préc., supra no 175 ; elle voulait en déduire une priorité dans
l’ordre des poursuites (la caution réelle d’abord), ce que refuse la jurisprudence.
(338) Supra, no 161.
(339) * Cass. com., 24 mars 1980, BNP/dame Vachier, préc., supra, no 152, note 133. À l’égard de
la sous-caution v. supra, no 152.
(340) Cass. com., 5 févr. 2002, D., 2003.892, chron. C. Farge ; JCP G, 2002.I.162, no 10, obs.
Simler.
(341) Ph. SIMLER, no 640. Ex. : TGI Dunkerque, 17 févr. 1988, D. 88, som. 278, obs. L. Aynès : trois
cautions solidaires ; la dette est de 250 000 F ; l’une des cautions paie 166 000 F. Son recours est
égal à la différence entre 83 333 (sa part dans la dette) et ce qu’elle a payé, soit 82 667 F, qu’elle
doit diviser en deux ; et non aux 2/3 de ce qu’elle a payé. Naturellement, elle dispose contre le
débiteur d’un recours pour tout ce qu’elle a payé ; comp. : Paris, 6 janv. 1998, D. Aff., 98.247,
excluant, de manière contestable, tout recours tant que la caution solvens n’a pas payé la totalité de la
dette.
(342) Cass. civ. 1re, 15 juin 2004, D. 2004, 1972 ; Banque et droit 2004, no 97, obs. F. Jacob ;
I. DESPRES, « De l’inexistence du recours avant paiement entre cofidéjusseurs », Rev. Lamy Dr. civ.
2004, no 10, p. 23 et s.
(343) Cass. com., 16 juin 2004, Banque et droit 2004, no 97, obs. F. Jacob ; D. 2004, 2046 ; RTD civ.
2004, 758, obs. P. Crocq.
(344) Ex. : C. civ., art. 601 (usufruitier), 1613 et 1653 (vente), 1799-1 (maître de l’ouvrage ne
recourant pas à un crédit) ; de très nombreux textes plus récents imposent à des professionnels
appelés à manier les fonds de leurs clients la fourniture d’un cautionnement (agents immobiliers,
agents de voyage...). V. de plus, le cautionnement fiscal, destiné à obtenir des délais pour le paiement
d’impôts.
(345) La plupart des contrats unilatéraux sont solennels (ex. : la donation) ou réels (ex. : le gage, le
dépôt, ou le don manuel).
(346) Ex. : Cass. civ. 1re, 24 avr. 1968, Bull. civ. I, no 116 ; D., 68.358, n. Voulet : la preuve du
cautionnement ne peut résulter de présomptions ; Cass. civ. 1re, 22 juill. 1987, Delaunay/Legathe :
cassation de l’arrêt qui condamne une personne en qualité de caution à payer le solde d’un loyer,
alors qu’elle était seulement mentionnée dans la fiche de renseignements, laquelle n’indique pas le
montant du loyer ; peu importe qu’elle ait acquitté précédemment la plus grande partie des loyers ;
Cass. com., 16 déc. 1981, Bull. civ. IV, no 477 : le silence à réception d’une lettre visant son
engagement ne vaut pas consentement exprès ; pas plus que les assurances données au créancier :
Cass. soc., 18 févr. 1970, Bull. civ. IV, no 125 ; la réponse à un questionnaire du créancier sur son état
de fortune (Paris, 20 mars 1986, D., 87, som. 441, obs. Aynès), pas plus que la signature du contrat
constatant l’obligation ne valent cautionnement (sur la signature du gérant de la société :
Cass. civ. 1re, 21 janv. 1976, Bull. civ. I, no 28 ; Cass. com., 11 juill. 1995, JCP G, 97.I.3991, no 1,
obs. Simler et Delebecque).
(347) Supra, no 125.
(348) Cass. civ. 1re, 24 janv. 1990, Bull. civ. I, no 19 ; Defrénois 90, art. 34809, no 71, obs. Aynès ;
Cass. com., 8 déc. 1992, Bull. civ. IV, no 394 ; Cass. com., 7 juill. 1992, Bull. civ. IV, no 260.
(349) Cass. civ. 1re, 2 juill. 1996, Bull. civ. I, no 281 ; RTD civ. 1996, 663, n. M. Bandrac.
(350) Ex. : Une lettre d’intention (infra, no 360) pourra valoir cautionnement, si le signataire s’oblige
à se substituer au débiteur : ** Cass. com., 21 déc. 1987, Sté Viuda de José Tolra, Bull. civ. IV,
no 281, cité infra, no 361.
(351) Infra, no 243.
(352) Comp. dans un cas où la société était débitrice principale, et où le cautionnement ne pouvait
donc émaner que du représentant, en dépit de l’unicité de signature : Cass. com., 18 mai 1999,
JCP G, 99.I, no 156, obs. Simler ; D. 2001, som. 690, obs. L. Aynès.
(353) Ex. : Le cautionnement d’une association non déclarée, donc inexistante, ne s’étend pas aux
engagements de son organe : Cass. civ. 1re, 5 mai 1998, Bull. civ. I, no 159 ; celui d’un prêt consenti à
une société en formation ne garantit pas la dette personnelle du représentant, lorsque la société n’a
pas repris le prêt : Cass. civ. 1re, 2 oct. 2002, Bull. civ. I, no 227 ; le cautionnement des dettes d’une
société mère ne s’étend pas à celles de ses filiales, même sous procédure collective commune :
Cass. com., 25 nov. 1997, Bull. civ. IV, no 300.
(354) Ex. : Le cautionnement des dettes contractuelles ne s’étend pas aux dettes délictuelles :
Cass. com., 26 juin 2001, Bull. civ. IV, no 125 ; Cass. com., 12 mai 1992, JCP G, 1992.IV.1946 ; ni au
recours cambiaire : Cass. com., 9 juill. 2002, no 98-21370 ; lorsque les « effets impayés » sont
garantis, les créances cédées par bordereau Dailly ne le sont pas : Cass. com., 15 déc. 1992,
Bull. civ. IV, no 408 ; celui des dettes contractuelles ne couvre pas la répétition de l’indu consécutive
à un paiement fait par erreur par le créancier : Cass. civ. 1re, 7 avr. 1999, Bull. civ. I, no 121. V. cep.,
en cas de nullité du prêt : supra, no 130.
(355) Ex. : Majoration d’intérêts consécutive au retard de l’emprunteur : Cass. civ. 1re, 6 janv. 1998,
Bull. civ. I, no 2 ; indemnité d’occupation due par le locataire-gérant qui se maintient indûment dans
les lieux : Cass. com., 3 avr. 1990, Bull. civ. IV, no 106 ; Cass. civ. 3e, 14 nov. 1973, Gaz. Pal. 74, I,
275.
(356) Ex. : L’indemnité d’occupation due par le preneur est garantie par la caution qui couvre
« toutes les sommes » dont le preneur peut être débiteur : Cass. civ. 1re, 31 mars 1998, Bull. civ. I,
no 135 ; Defrénois 98, 36903, no 23, obs. Bénabent.
(357) Sur la notion d’accessoires, v. infra, no 246.
(358) V. Cass. com., 24 juin 2014, nº 13-21074, Banque et droit, nº 157, sept.-oct. 2014, p. 45, obs.
F. Jacob, arrêt affirmant, d'une part, que la connaissance que peut avoir la caution, en sa qualité de
dirigeante de la société débitrice principale, de la modification de la dette garantie ne suffit pas à
caractériser cette acceptation et, d'autre part, que l'absence de contestation par ce dirigeant du
montant de la créance garantie ne caractérise pas, de sa part, un aveu judiciaire de ce qu'il en garantit
personnellement le paiement en qualité de caution.
(359) Infra, nos 253 et 268 et s.
(360) En cas de cession de créance, ou de fusion-absorption, la caution demeure tenue envers le
nouveau créancier de l’obligation née antérieurement (C. civ., art. 1692 ; Cass. com., 17 juill. 2001,
Bull. civ. IV, no 139 ; Cass. com., 17 juill. 1990, Bull. civ. IV, no 216 ; v. aussi infra, no 261).
(361) En cas de changement de débiteur par fusion-absorption, la caution demeure tenue des
obligations antérieures (infra, no 276). Le simple changement dans l’état du débiteur n’a pas
d’effet sur le cautionnement (décès, ouverture d’une procédure collective, changement de forme) :
infra, no 276. En cas de cession d’un contrat successif, les « limites » de la dette sont modifiées,
puisque le nouveau débiteur n’a pas les mêmes qualités que l’ancien ; c’est pourquoi la jurisprudence
a tendance à appliquer les règles relatives à l’extinction d’une obligation de couverture : Cass. com.,
12 oct. 1993, Bull. civ. IV, no 333 ; Cass. com., 21 nov. 1995, Bull. civ. IV, no 267 (distinction des
dettes antérieures et postérieures à la cession).
(362) Ex. : la déchéance du terme ne s’étend pas à la caution (Cass. civ. 1re, 20 déc. 1976, JCP G,
77.II.18611, concl. Gulphe ; Cass. com., 5 oct. 1983, Bull. civ. IV, no 254), sauf convention contraire.
La modification de l’objet ne s’impose pas à elle (Cass. civ., 17 déc. 1928, DH 29, ch. P. 49). La
prorogation du terme lui ouvre une option (supra, no 136).
(363) Désormais, la mention spéciale de l’article 1326 peut être dactylographiée comme le reste de
l’intrumentum, pourvu qu’elle puisse être rapportée au signataire de l’acte (Cass. civ. 1re, 13 mars
2008, JCP 2008, II, 10081, n. E. Putman ; Dr. et patr. 2008, no 170, p. 96, obs. L. Aynès) ce qui
implique qu'elle résulte « selon la nature du support, d’un des procédés d’identification conforme
aux règles qui gouvernent la signature électronique ou de tout autre procédé permettant de
s’assurer que le signataire est le scripteur de ladite mention » (Cass. 1re civ., 28 oct. 2015, nº 14-
23110, Bull. civ. I).
(364) Ex. : Cass. civ. 1re, 30 juin 1987, Bull. civ. I, no 210 : « Il résulte de la combinaison des
art. 1326 et 2015 du Code civil que les exigences relatives à la mention manuscrite ne constituent
pas de simples règles de preuve mais ont pour finalité la protection de la caution » ; Cass. civ. 1re,
31 mai 1988, Bull. civ. I, no 163.
(365) Cass. civ. 1re, 20 oct. 1992, Bull. civ. I, no 259 ; Defrénois 93, art. 35617, no 97, obs. Aynès ;
Cass. civ. 1re, 29 févr. 2000, Bull. civ. I, no 68.
(366) Cass. civ. 1re, 29 oct. 2002, Bull. civ. I, nos 247, 248 et 250, D., 2002.3071, n. Djoudi ; JCP G,
2002.II.10187, n. D. Legeais ; D. 2002, som. 3334, obs. Aynès, JCP G, 2003.I.124, no 1, obs.
Ph. Simler. Ces arrêts intéressent la garantie des accessoires de la dette.
(367) Infra, no 249.
(368) Sur la notion de cautionnement commercial, infra, nos 230 et s.
(369) Infra, no 209.
(370) Sur la preuve de l’acte juridique, v. Les obligations, coll. Droit civil.
(371) Exceptionnellement le cautionnement peut résulter d’un engagement pris devant un tribunal et
constaté par celui-ci ; il a alors un caractère authentique : Cass. com., 11 févr. 2004, Bull. civ. IV,
no 26.
(372) L. 25 Ventôse an XI et décr. du 26 nov. 1971.
(373) Cass. com., 20 mars 1990, Bull. civ. IV, no 19 ; Defrénois 90, art. 34809, obs. L. Aynès ;
Cass. civ. 1re, 13 févr. 1996, Bull. civ. I., no 79.
(374) Cass. civ. 1re, 2 juill. 1996, Bull. civ. I, no 282 ; Defrénois 97, art. 36526, no 50, obs. Bénabent.
(375) Cass. civ. 1re, 7 nov. 2000, D. 2001, som. 690, obs. L. Aynès.
(376) Cass. civ. 1re, 4 juin 2002, Bull. civ. I, no 158.
(377) À défaut de signature, la caution n’est pas obligée : Cass. com., 17 sept. 2002, no 00-11731,
n.p.B. ; Cass. civ. 1re, 13 nov. 2002, no 99-15299, Bull. civ. I, no 264.
(378) Cette exigence traditionnelle, dont les traits ont varié au fil du temps (« bon pour... » en 1804 ;
mention écrite par la caution elle-même, depuis la loi du 13 mars 2000) s’explique de la manière
suivante : comme tous les contrats unilatéraux, le cautionnement ne fait naître de créance qu’au profit
d’une partie, qui seule a besoin d’un original, afin d’exercer ses poursuites. L’acte n’est donc dressé
qu’en un seul original remis au créancier. Afin d’empêcher celui-ci de modifier frauduleusement le
montant de l’obligation, celui-ci doit être écrit en lettres par le débiteur (la caution) ; car il est
difficile de falsifier une écriture ; et celle-ci peut être vérifiée. La mention spéciale joue le même
rôle que le double original d’un contrat synallagmatique. Elle est bien une règle de preuve, qui n’est
utile qu’en cas de contestation, portant sur l’étendue du cautionnement, rare en pratique.
(379) V. note précédente.
(380) Cass. civ. 1re, 31 janv. 1989, Bull. civ. I, no 45.
(381) Cass. civ. 1re, 9 mai 1996, D., 96, som. 263, obs. Aynès ; Cass. com., 17 juill. 2001,
Bull. civ. IV, no 141.
(382) Cass. com., 3 janv. 1989, Bull. civ. IV, no 2.
(383) Cass. com., 16 mars 1999, Bull. civ. IV, no 59 ; JCP G, 99.I.156, no 1, obs. Simler ; JCP E,
1999, p. 1055, n. D. Legeais ; 3 avr. 2002, Bull. civ. IV, no 64.
(384) Cass. civ. 1re, 29 oct. 2002, Époux Lapie, Bull. civ. I, no 250, JCP G, 2003.I.124, obs.
Ph. Simler : « Vu les art. 2016 et 1326 du Code civil ; Attendu qu’aux termes du premier de ces
textes, le cautionnement indéfini d’une obligation principale s’étend à tous les accessoires de la
dette ; que le second d’entre eux limite l’exigence de la mention manuscrite à la somme ou à la
quantité due, sans l’étendre à la nature de la dette, à ses accessoires ou à ses composantes » ; dans
le même sens, du même jour, Bull. civ. I, no 247 (le taux de l’intérêt n’a pas à être mentionné) et
Bull. civ. I, no 248, D. 2002.3071, n. Djoudi ; D. 2002, som. 3334, obs. Aynès ; JCP G,
2002.II.10187, n. D. Legeais ; Cass. com., 4 févr. 2003, Bull. civ. IV, no 13.
(385) Cass. civ. 1re, 4 févr. 1986, Bull. civ. I, no 5 ; 4 mars 1986, Bull. civ. I, no 49, D., 87.342,
n. L. Aynès.
(386) Supra, no 208.
(387) Ex. : La somme n’est mentionnée qu’en chiffres et non en lettres. Ou l’inverse : la Cour de
cassation décide maintenant que si la somme n’est exprimée qu’en lettres, l’acte ne constitue qu’un
commencement de preuve : Cass. civ. 1re, 25 mai 2005, Bull. civ. I, no 228.
(388) Cass. civ. 1re, 10 mai 2000, Bull. civ. I, no 138 ; D. 2001, som. 691, obs. Aynès.
(389) L’élément extrinsèque peut donc être postérieur à l’engagement, pourvu qu’il révèle la volonté
de la caution au moment où celle-ci s’est engagée : Cass. civ. 1re, 29 oct. 2002, Bull. civ. I, no 251
(aveu extra-judiciaire postérieur : tout dépend de son contenu).
(390) Cass. com., 3 avr. 2002, Bull. civ. IV, no 64 ; 23 mai 2000, Bull. civ. IV, no 107, D. 2001, som.
690, obs. Aynès ; Contrats conc., consom. 2000, no 138, obs. Leveneur.
(391) Cass. civ. 1re, 26 avr. 2000, Bull. civ. I, no 121 ; 9 déc. 1997, Bull. civ. I, no 360 ; * 29 oct.
2002, Époux Lapie, Bull. civ. I, no 250.
(392) Cass. civ. 1re, 15 janv. 2002, Bull. civ. I, no 13 ; JCP G, 2002.I.162, obs. Simler ; JCP E,
2002.592, n. D. Legeais ; Cass. com., 1er oct. 2002, Bull. civ. I, no 132 ; D. 2002, som. 3333, obs.
Aynès.
(393) Cass. civ. 1re, 10 mai 2000, Bull. civ. I, no 138 ; D. 2001, som. 691, obs. Aynès ; Cass. civ. 1re,
9 déc. 1992, Bull. civ. I, no 306 ; Cass. civ. 1re, 3 oct. 1995, Bull. civ. I, no 339 ; Defrénois 95,
art. 36214, no 163, obs. Aynès.
(394) Cass. civ. 1re, 27 févr. 1996, Bull. civ. I, no 110 (absence de protestation à réception d’une lettre
de la banque) ; Cass. civ. 1re, 4 oct. 2000, JCP G, 2001.I.315, obs. Simler (plus discutable :
exécution volontaire du cautionnement).
(395) L’immeuble doit être à usage d’habitation ou professionnel et d’habitation, à défaut de quoi le
formalisme de l’art. L. 314-15 (anc. art. L. 313-7) ne s’applique pas : Cass. com., 11 juin 2014,
nº 13-14848, RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 33, obs. A. Cerles.
(396) Bien que la loi ne le prévoie pas, la Cour de cassation décide justement que l'art. L. 314-16
(anc. art. L. 313-8) C. consom., comme l'art. L. 314-15 (anc. art. L. 313-7), est seulement applicable
aux cautionnements consentis par acte sous seing privé : Cass. civ. 1re, 24 févr. 2004, Bull. civ. I,
no 60.
(397) Cependant, l’omission d’une conjonction de coordination dans la formule recopiée ne
condamne pas le cautionnement à la nullité : Cass. civ., 9 nov. 2004, RDC 2005, p. 403, obs.
D. Houtcieff ; Defrénois 2005, art. 38181, obs. S. Piedelièvre. En revanche, le remplacement d'un
conjonction de coordination par une autre peut affecter la validité du cautionnement : v. Cass. com.,
26 janv. 2016, nº 14-20868, n.p.B.affirmant « qu’après avoir constaté que la formule écrite de la
main de la caution prévoyait que celle-ci s’engageait sur ses revenus ou ses biens et non sur ses
revenus et ses biens, conformément à la mention manuscrite légale, c’est exactement que la cour
d’appel a retenu qu’elle en modifiait le sens et la portée quant à l’assiette du gage du créancier ».
(398) Le plafond chiffré est absolu : Cass. civ. 1re, 7 juill. 1998, Bull. civ. I, no 241.
(399) Si le Code de la consommation ne précise pas la manière selon laquelle cette durée doit être
exprimée dans la mention manuscrite, il n'en demeure pas moins que cette indication doit être
immédiatement compréhensible sans qu'il soit nécessaire de se reporter aux clauses imprimées de
l'acte : v., à propos de l'art. L. 331-1 (anc. art. L. 341-2) C. cons., Cass. civ. 1re, 9 juill. 2015, no 14-
24287 ; Dr. et patr. mai 2016,118, obs. A. Aynès ; RTD civ. 2015, p. 916, obs. P. Crocq ; Banque et
droit, nº 163, sept.-oct. 2015, p. 79, obs. F. Jacob ; RLDC nov. 2015, p. 25, note C. Le Gallou ;
Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 24, obs. P. Pailler ; JCP G 2015, 1069, J.-D. Pellier. La mention
manuscrite doit, en outre, indiquer une durée et non un montant, ce qui a pour conséquence que
l'indication suivant laquelle la caution s'engage « pour la durée de cent huit mensualités » (et non de
cent huit mois) entraîne la nullité du cautionnement selon Cass. com., 26 janv. 2016, nº 14-20202,
n.p.B.
(400) V. infra, no 147.
(401) Leur effet est cependant limité dans les relations contractuelles comportant un élément
d'extranéité dans la mesure où la Cour de cassation a jugé que les dispositions des art. L. 331-1,
L. 331-2 et L. 343-2 (anc. art. L. 341-2 et L. 341-3) C. cons. ne sont pas des lois de police
(Cass. 1re civ., 16 sept. 2015, nº 14-10373, cité, supra, nº 140) et qu'elles édictent « des normes dont
la méconnaissance, à la supposer établie, n’est pas contraire à l’ordre public international »
(Cass. 1re civ., 2 déc. 2015, nº 14-25147, Bull. civ. I).
(402) V. D. HOUTCIEFF, « Les dispositions applicables au cautionnement issues de la loi pour
l’initiative économique », JCP 2003, I, 161 ; L. AYNÈS, « La réforme du cautionnement par la loi
Dutreil », Dr. et patr. 2003, no 120, p. 28 et s.
(403) Cass. civ. 1re, 9 juill. 2009, no 08-15910. Bull. civ. I, no 173 ; Cass. 1re civ., 1er oct. 2014, nº 13-
16273, Dr. et patr. oct. 2015, p. 86, obs. Ph. Dupichot ; Contrats, conc., consom., 2015, nº 19, obs.
G. Raymond. Cette définition large se trouve implicitement consacrée par la définition du
professionnel donnée par le nouvel article liminaire du Code de la consommation issu de
l'ordonnance nº 2016-301 du 14 mars 2016 et selon lequel la qualification de professionnel
s'applique à « toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui agit à des fins entrant
dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, y compris
lorsqu'elle agit au nom et pour le compte d'un autre professionnel » Mais cette définition n’a pas
empêché la Cour de cassation d’exclure la sous-caution du bénéfice des art. L. 331-1, L. 331-2 et
L. 343-2 (anc. art. L. 341-2 et L. 341-3) C. cons. au motif (sans doute trop général) que le formalisme
de ces articles « s’impose uniquement au professionnel titulaire d’une créance envers un débiteur
dont l’obligation est garantie par un cautionnement » et que la caution n’est « pas un créancier
professionnel au sens des articles précités » (Cass. 1re civ., 11 mars 2014, no 12-29.195, Gaz. Pal. 4-
5 juin 2014, p. 17, obs. C. Albiges ; RDC sept. 2014, 110v8, p. 410, note A.-S. Barthez). Comp.,
appliquant au contraire l'exigence de proportionnalité formulée par l'ancien art. L. 341-4 C. cons.
dans les rapports entre une caution professionnelle et une sous-caution, Nancy, 26 fév. 2015, et Paris
21 mai 2015, JCP G 2015, 1222, nº 10, obs. Ph. Simler
(404) Cass. 1re civ., 10 sept. 2014, nº 13-19426, Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 16, obs. Ch. Albiges ;
Defr. 2015, 119w2, p. 488, obs. S. Cabrillac ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 3, obs. Ph. Simler. Mais
encore faut-il que les juges du fond aient bien précisé en quoi la créance garantie se rattachait à
l'activité professionnelle du créancier, à peine de voir leur décision cassée pour défaut de base
légale : Cass. com., 15 oct. 2014, nº 13-20.919, RLDC déc. 2014, p. 36, obs. J.-J. Ansault ; Gaz. Pal.
3-4 déc. 2014, p. 16, obs. Ch. Albiges ; Contrats, conc., consom., 2015, nº 19, obs. G. Raymond ;
JCP G 2015, 604, nº 3, obs. Ph. Simler.
(405) Cass. com., 10 janv. 2012, no 10-26630, D. 2012, p. 276, obs. V. Avena-Robardet ; D. 2012,
p. 1577, obs. P. Crocq ; Cass. civ. 1re, 8 mars 2012, no 09-12246, D. 2012, 1102, n. L. Thibierge.
(406) Si la caution nie avoir écrit elle-même la mention manuscrite, le juge doit opérer une
vérification d'écriture : v. Cass. 1re civ., 26 nov. 2014, nº 13-21295, RLDC févr. 2015, p. 32, obs.
E. Pouliquen. Lorsque la caution ne sait ni lire ni écrire, elle ne peut s’engager que par acte
authentique : Cass. 1re civ. 9 juill. 2015, nº 14-21763, Dr. et patr. mai 2016, 117, obs. A. Aynès ;
RLDC nov. 2015, p. 25, note C. Le Gallou ; RTD civ. 2015, p. 915, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 9-
10 déc. 2015, p. 12, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; Banque et droit, nº 164, nov.-déc. 2015, p. 26, obs.
G. Helleringer ; JCP G 2015, 1069, J.-D. Pellier ; Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 24, obs. P. Pailler ;
Banque et droit, nº 163, sept.-oct. 2015, p. 77, obs. N. Rontchevsky ; JCP G 2015, 1222, nº 2, obs.
Ph. Simler.
(407) Cass. com., 5 avr. 2011, no 09-14358, Bull. civ. IV, no 55, Dr. et patr. 2011, no 205, obs.
L. Aynès : « la nullité [...] est encourue du seul fait que la mention manuscrite portée sur
l’engagement de caution n’est pas identique aux mentions prescrites par les [anciens]
articles L. 341-2 et L. 341-3 du Code de la consommation, à l’exception de l’hypothèse dans
laquelle ce défaut d’identité résulterait d’erreur matérielle ». Adde : Cass. civ. 1re, 16 mai 2012,
no 11-17411, Dr. et patr. févr. 2013, 79. obs. Ph. Dupichot : annulation du cautionnement parce que la
mention manuscrite « n’était pas conforme aux exigences légales ».
(408) Cass. com., 8 juill. 2014, nº 13-20621, D. 2015, p. 1815, obs. P. Crocq ; Cass. 1re civ., 27 nov.
2013, nº 12-21393, D. 2014, p. 1615, obs. P. Crocq ; JCP E 2013, 1010, n. D. Legeais ; Cass. com.,
27 janv. 2015, nº 13-24778, Gaz. Pal. 18-19 mars 2015, p. 12, obs. M.-P. Dumont-Lefrand. Cet arrêt
indique également que la référence, dans la mention manuscrite, à l'ancien art. 2021 C. civ. au lieu du
nouvel art. 2298 C. civ. ne remet pas en cause la validité du cautionnement (v. aussi, Cass. 1re civ.,
10 sept. 2014, JCP G 2015, 604, nº 2, obs. Ph. Simler ; on remarquera ici qu'une solution similaire a
été énoncée, à propos de l'avertissement devant être donné à un créancier titulaire d'une sûreté
publiée, par Cass. com., 17 févr. 2015, nº 13-24403, Act. proc. coll. 2015, nº 68, obs. P. Cagnoli ;
D. 2015, p. 1815, obs. P. Crocq ; JCP G 2015, 1222, nº 23, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 1er-5 mai
2015, p. 33, 223x1, obs. P.-M. Le Corre).
(409) Cass. civ. 1re, 10 avr. 2013, no 12-18544, Bull. civ. I, nº 74, Dr. et patr. juill. 2013, obs.
A. Aynès ; D. 2013, p. 1707, obs. P. Crocq et p. 1460, n. J. Lasserre-Capdeville et G. Piette ;
RD bancaire et financier 2013, comm. 85, obs. D. Legeais ; Banque et droit, no 149, mai-juin 2013,
p. 43, obs. E. Netter ; Cass. com., 16 oct. 2012, no 11-23623, Dr. et patr. févr. 2013, 77, obs.
Ph. Dupichot ; Banque et droit, no 146, nov.-déc. 2012, p. 56, obs. E. Netter ; Cass. 1re civ., 27 nov.
2013, préc. ; Cass. 1re civ., 22 janv. 2014, nº 12-29177, RLDC mars 2014, p. 33, obs. J. Clavel-
Thoraval. Ces assouplissements jurisprudentiels sont d'autant plus nécessaires que l'exigence de
mention manuscrite s'impose parfois dans des hypothèses où il n'est pas possible de recopier mot
pour mot la formule prévue par la loi. Ainsi, cette formule légale fait expressément référence à la
qualité de « préteur » du créancier alors que la Cour de cassation a jugé que l'exigence de mention
manuscrite s'applique dans le cas du cautionnement des dettes d'un locataire et donc en l'absence de
tout contrat de prêt : Cass. 1re civ., 15 oct. 2014, nº 13-21.605, RLDC déc. 2014, p. 35, obs. J.-
J. Ansault ; D. 2015, p. 1815, obs. P. Crocq ; Contrats, conc., consom., 2015, nº 20, obs.
G. Raymond ; JCP G 2015, 604, nº 1, obs. Ph. Simler.
(410) Cass. com., 4 nov. 2014, nº 13-23130, D. 2015, p. 1815, obs. P. Crocq ; RD bancaire et
financier 2015, comm. 6, obs. A. Cerles ; Cass. com., 27 janv. 2015, nº 13-28502, Gaz. Pal. 18-
19 mars 2015, p. 12, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RD bancaire et financier 2015, comm. 39, obs.
D. Legeais. L'emploi d'un mot à la place d'un autre peut parfois rendre la mention manuscrite
inintelligible : v. Cass. com., 22 sept. 2015, nº 14-15645, RD bancaire et financier nov.-déc. 2015,
comm. 192, obs. D. Legeais.
(411) V., affirmant que l'omission des termes « mes biens » au sein de la mention manuscrite
n'entraîne pas la nullité du cautionnement mais a pour seule conséquence de limiter le gage du
créancier aux seuls revenus de la caution, Cass. com., 1er oct. 2013, nº 12-20278, D. 2332, obs.
V. Avena-Robardet ; RD bancaire et financier 2013, comm. 190, obs. A. Cerles ; RLDC déc. 2013,
p. 31, obs. J. Clavel-Thoraval ; D. 2014, p. 1615, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 4-5 déc. 2013, p. 13, obs.
M.-P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 58, obs. Ph. Dupichot ; D. 2013, p. 2556, obs.
H. Guillou ; D. 2014, p. 127, n. M. Julienne et L. Andreu ; JCP E 2013, 1624, n. D. Legeais ; Banque
et droit nov.-déc. 2013, p. 43, obs. E. Netter ; JCP G 2014, 207, n. J.-D. Pellier (adde G. Ansaloni et
F. Julien, « Cautionnement, mention manuscrite et limitation des recours », Banque et droit, nº 158,
nov.-déc. 2014, p. 4) ; Cass. com., 27 mai 2014, nº 13-16989, RD bancaire et financier 2014, comm.
130, obs. D. Legeais ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 1, obs. crit. Ph. Simler. Adde D. LEGEAIS,
« Cautionnement et mention manuscrite, suite ... », RD bancaire et financier 2013, Étude 24. De la
même manière, il a été jugé que l'omission du mots « intérêts » au sein de la mention manuscrite
« n'avait pour conséquence que de limiter l'étendue du cautionnement au principal de la dette
sans en affecter la validité » : Cass. com., 4 nov. 2014, nº 13-24706, Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 15,
obs. Ch. Albiges ; RLDC janv. 2015, p. 33, obs. J.-J. Ansault ; Defr. 2015, 119w6, p. 490, obs.
S. Cabrillac ; RTD civ. 2015, p. 182, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 88, obs. Ph. Dupichot ;
Banque et droit, nº 159, janv.-févr. 2015, p. 75, obs. E. Netter ; Gaz. Pal. 22 janv. 2015, p. 9, obs.
M. Mignot ; Gaz. Pal. 15-17 mars 2015, p. 26, 216v9, obs. P. Pailler ; JCP G 2015, 604, nº 1, obs.
Ph. Simler.
(412) Cass. com., 5 avr. 2011, no 10-16426, Bull. civ. IV, nº 54 : « l’apposition d’une virgule entre
la formule caractérisant l’engagement de caution et celle relative à la solidarité n’affecte pas la
portée des mentions manuscrites conformes aux dispositions légales » ; Cass. 1re civ., 11 sept.
2013, nº 12-19094, D. 2013, p. 2164, obs. V. Avena-Robardet ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 58, obs.
Ph. Dupichot ; JCP G 2013, 1074, n. J. Lasserre Capdeville ; RLDC nov. 2013, p. 37, obs.
G. Marraud des Grottes ; Banque et droit, nº 152, nov.-déc. 2013, p. 41, obs. E. Netter. Rappr.,
affirmant que l'absence de ponctuation n'affecte pas l'engagement de la caution, Cass. com., 14 juin
2016, nº 15-11106.
(413) La signature doit, à peine de nullité, suivre la mention manuscrite et non la précéder
(Cass. com., 22 janv. 2013, no 11-22831, D. 2013, p. 1708, obs. P. Crocq ; Cass. com., 17 sept. 2013,
nº 12-13577, D. 2013, p. 2220, obs. V. Avena-Robardet ; RD bancaire et financier 2013, comm. 194,
obs. A. Cerles ; RLDC nov. 2013, p. 33 s., n. J. Clavel-Thoraval ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 59, obs.
Ph. Dupichot ; JCP G 2013, doctr. 1256, nº 1, obs. Ph. Simler ; Cass. com., 1er avr. 2014, nº 13-
15735, Gaz. Pal. 4-5 juin 2014, p. 15, obs. C. Albiges et M.-P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. nov.
2014, p. 104, obs. A. Aynès). En revanche, il n’est pas nécessaire que chacune des mentions
manuscrites exigées par les art. L. 331-1, L. 331-2 et L. 343-2 (anc. art. L. 341-2 et L. 341-3)
C. consom. soit suivie d’une signature spécifique : une seule signature apposée à la suite de ces deux
mentions suffit (Cass. com., 2 oct. 2012, no 11-24460, Gaz. Pal. 12-13 déc. 2012, p. 11, obs.
Ch. Albiges ; RLDC nov. 2012, p. 30, obs. G. Marraud des Grottes) à la condition, toutefois,
qu’aucune « adjonction ou clause préimprimée émanant du créancier » ne vienne séparer la ou les
mention(s) manuscrite(s) de la signature de la caution (Cass. com., 22 janv. 2013, no 11-25887).
(414) Cass. com., 5 févr. 2013, no 12-11720, Bull. civ. I, nº 20 ; Dr. et patr. juin 2013, p. 68, obs.
approb. L. Aynès ; RDC 2013, p. 1450, obs. A.-S. Barthez ; Dr. et patr. juill.-août. 2013, p. 90, obs.
A. Aynès ; Defrénois 2014, p. 432, obs. S. Cabrillac ; D. 2013, 1113, n. crit. R. Libchaber ; Dr. et
patr. juill. 2013, obs. A. Aynès ; D. 2013, p. 1708, obs. P. Crocq ; Banque et droit, no 149, mai-
juin 2013, p. 42, obs. F. Jacob : « le formalisme des [anciens] articles L. 341-2 et L. 341-3 du Code
de la consommation, qui a pour finalité la protection des intérêts de la caution, est sanctionné par
une nullité relative, à laquelle elle peut renoncer par une exécution volontaire de son engagement
irrégulier, en connaissance du vice l’affectant » (rappr. dans le cas d'une caution illettrée,
Grenoble, 12 févr. 2015, JCP G 2015, 482, obs. J.-Ch. Bonneau ; JCP G 2015, 604, nº 4, obs.
Ph. Simler).
(415) Cass. com., 13 mars 2012, no 10-27814, Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès. Adde, affirmant
dans le cas d'une caution illettrée que « la personne physique qui ne se trouve pas en mesure de faire
précéder sa signature des mentions manuscrites exigées par les articles L. 331-1, L. 331-2 et L. 343-2
(anc. art. L. 341-2 et L. 341-3) du Code de la consommation destinées à assurer sa protection et son
consentement éclairé, ne peut valablement s'engager que par acte authentique en qualité de caution
envers un créancier professionnel », Cass. civ. 1re, 9 juill. 2015, no 14-21763.
(416) V., en ce sens, dans une hypothèse où la mention manuscrite indiquait que la caution s'engageait
pour une durée de trois ans alors qu'une durée d'un an seulement était mentionnée dans le corps de
l'acte, Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-18118, RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 33, obs.
A. Cerles.
(417) Cette loi a modifié l'art. 22-1 la loi du 6 juill. 1989, lequel prévoit aujourd'hui (après plusieurs
autres modifications législatives), d'une part, que le cautionnement ne peut pas être demandé par un
bailleur qui a souscrit une assurance ou toute autre forme de garantie (à l'exception du dépôt de
garantie) garantissant les obligations locatives du locataire (à moins que le logement soit loué à un
étudiant ou à un apprenti) et, d'autre part, que si le bailleur est une personne morale autre qu'une
société civile constituée exclusivement entre parents et alliés jusqu'au quatrième degré inclus, le
cautionnement ne peut être demandé que s'il est apporté par un des organismes prévus par un décret
en Conseil d'État (v. l'art. 1 du décret no 2009-1659 du 28 déc. 2009) ou si le logement est loué à un
étudiant ne bénéficiant pas d'une bourse de l'enseignement supérieur.
(418) À la différence de la loi Neiertz, la loi de 1994 ne vise pas uniquement les cautions personnes
physiques, ni les cautionnements sous seing privé. Cependant, on peut soutenir que seule une
personne physique est à même de porter une mention « manuscrite » (la main de l’organe n’est pas
celle de la personne morale (!), dont la décision – le consentement – relève de son fonctionnement
interne). Quant à l’acte notarié, il protège, grâce aux conseils du notaire, mieux que la mention
manuscrite ; sans doute s’agit-il d’une inadvertance du législateur. C'est donc à juste titre que la Cour
de cassation a décidé que cette mention manuscrite n'est pas exigée si le cautionnement est donné par
acte authentique : Cass. civ. 3e, 9 juill. 2008, no 07-10926, Bull. civ. III, no 124, RTD civ. 2008,
p. 698, obs. P. Crocq ; RLDC oct. 2008, p. 34 et s., obs. G. Marraud des Grottes ; D. 2008, p. 2079,
obs. Y. Rouquet ; 2008, Defrénois, art. 38838, p. 1989 et s., obs. E. Savaux.
(419) Cass. civ. 3e, 8 mars 2006, Bull. civ. III, no 59 : « les formalités édictées par l’art. 22-1 de la
loi du 6 juill. 1989 sont prescrites à peine de nullité du cautionnement sans qu’il soit nécessaire
d’établir l’existence d’un grief » (en l’espèce, défaut de remise d’un exemplaire du contrat de
location à la caution) ; et ceci, même si la formule légale n’est pas adaptée au cautionnement (durée
déterminée) : Cass. civ. 3e, 14 sept. 2010, no 09-14001, JCP G 2010, 226, no 4, obs. Ph. Simler.
Rappr. refusant de soumettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité
au motif que « le formalisme imposé par l’article 22-1 de la loi du 6 juillet 1989 se justifie par le
motif d’intérêt général de protection de la caution et que la sanction applicable en cas de non-
respect de ces dispositions n’apparaît pas, quelle que soit la qualité du bailleur, disproportionnée
à la finalité de la loi qui tend, en contrepartie de la faculté accordée au bailleur d’exiger un
cautionnement et de son régime dérogatoire au droit commun, à protéger la caution en privant
d’effet un acte qui ne respecte pas les conditions de forme permettant de s’assurer du caractère
éclairé de son consentement » Cass. 3e civ., 3 déc. 2015, nº 15-18194, Bull. civ. III.
(420) Cass. com., 16 nov. 2010, no 09-67585, JCP G, 2011, 226, no 3, obs. Ph. Simler.
(421) V. cep., Cass. com., 28 mai 1991, Bull. civ. IV, no 180, D., 91, som. 385, n. L. Aynès : menaces
d’une voie de droit ayant conduit une caution (épouse) à s’obliger ; Pau, 21 mai 2013, RD bancaire
et financier 2013, comm. 195, obs. A. Cerles ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 57, obs. Ph. Dupichot :
banque ayant conditionné le virement des sommes nécessaires au paiement des salariés à l'octroi d'un
cautionnement par le président de la société. Comp. Cass. com., 28 janv. 2014, nº 13-10292, RDC
sept. 2014, 110v7, p. 409, note A.-S. Barthez.
(422) Les obligations, coll. Droit civil.
(423) Ex. : Erreur de l’illettré, qui croit contracter un engagement purement moral : « l’erreur avait
porté non sur les conséquences, mais sur la substance même de l’engagement » : Cass. civ. 1re,
25 mai 1964, Bull. civ. I, 269. Erreur d’une caution âgée, aux modestes ressources et sans
connaissance de la terminologie juridique, révélée par la disproportion entre ses moyens et son
engagement : Paris, 18 janv. 1978, JCP G, 80.II.19318, n. Simler, et sur pourvoi, Cass. civ. 1re,
4 juill. 1979, D., 79, IR, 536 ; n.p.B. ; adde : Paris, 27 mars 1987 et 27 janv. 1987, D., 87, som., 446,
n. L. Aynès : la disproportion entre les ressources de la caution et l’étendue de l’obligation garantie
peut être révélatrice d’une erreur, à condition qu’elle s’accompagne d’autres indices (ignorance des
affaires...). Plus subtilement, Cass. com., 11 févr. 1986, D., 87, som. 446, n. L. Aynès ; n.p.B. ; Paris,
6 juin 1989, Defrénois 89, art. 34633, no 130, n. L. Aynès : la caution s’engage en vue du maintien du
crédit, que le créancier n’a pas, en réalité, l’intention de maintenir ; l’erreur porte sur la finalité du
cautionnement, sa cause, dans l’analyse la plus répandue ; Cass. com., 29 oct. 2002, no 99-11988 : la
banque n’avait pas l’intention d’accorder un crédit nouveau, contrairement à ce qu’avait en vue la
caution ; comp., sur le terrain du dol, * Cass. civ. 1re, 9 juill. 1996, cité infra, nº 215.
(424) Cass. civ. 1re, 1er juill. 1997, Bull. civ. I, no 219 ; Defrénois 97, art. 36703, no 159, obs. crit.
L. Aynès, D., 99.181, n. V. Brémond ; Cass. civ. 1re, 2 mai 1989, Bull. civ. I, no 175, Defrénois 89,
art. 34633, no 130, n. L. Aynès ; Cass. com., 9 juill. 2002, no 00-14551 ; Cass. com., 18 mars 2014,
nº 13-11733, Gaz. Pal. 4-5 juin 2014, p. 16, obs. C. Albiges ; RDC sept. 2014, 110v6, p. 407, note
A.-S. Barthez ; Cass. com., 22 sept. 2015, nº 14-17671, Gaz. Pal. 9-10 déc. 2015, p. 14, obs.
Ch. Albiges (il s'agissait en l'espèce d'une erreur sur le caractère subsidiaire de la garantie de la
société OSEO devenue aujourd'hui la Banque publique d'investissement France financement : v. à
propos de la spécificité de cette garantie, N. Malherbe, « Garantie BPI France : une nature originale
à la portée mal comprise et génératrice de contentieux », Banque et droit, nº 166, mars-avril 2016,
p. 8, et pour une illustration de cette spécificité, Cass. com., 10 fév. 2015, nº 13-24724).
(425) Ex. : Cass. civ., 13 nov. 1990, Bull. civ. I, no 242, RTD civ. 1991.149, n. M. Bandrac ; D. 1991,
som. 385, n. L. Aynès : « l’erreur d’appréciation commise par la caution sur les possibilités de
croissance du fonds de commerce exploité par le débiteur ne porte pas sur la substance de son
engagement de caution ».
(426) Cass. civ. 1re, 1er mars 1972, Bull. civ. I, no 70 ; D., 73.733, n. Ph. Malaurie : la faillite du
débiteur était consommée, à l’insu de la caution. Il s’agissait d’une « erreur sur le motif principal et
déterminant ».
(427) Cass. civ. 1re, 25 oct. 1977, Bull. civ. I, no 388 ; ** Cass. com., 2 mars 1982, Banque française
commerciale, Bull. civ. IV, no 79, D., 83.62 ; Cass. civ. 1re, 9 mars 1985, Bull. civ. I, no 98 : « les
cautions personnelles ne peuvent être déliées de leur obligation contractuelle de payer la somme
réclamée, pour erreur sur la solvabilité du débiteur principal, au jour de leur engagement, que si
elles démontrent qu’elles avaient fait de cette circonstance la condition de leur engagement » ;
Cass. civ. 1re, 11 févr. 1986, Bull. civ. I, no 22 ; D., 87, som. 446, n. L. Aynès. Pour une application :
Cass. com., 1er oct. 2002, Bull. civ. IV, no 131, Defrénois 2002, art. 37691, no 21, obs. Ph. Théry ;
JCP G, 2003.I.124, no 3, obs. Ph. Simler : « la caution avait fait de la solvabilité du débiteur une
condition tacite de sa garantie » : la société débitrice avait été mise en redressement judiciaire peu
de temps après le cautionnement, et la caution poursuivie par la banque quatre mois après son
engagement, la banque ne pouvant ignorer sa situation alors irrémédiablement compromise : on était à
la limite du dol par réticence (v. infra, no 215).
(428) Pour une condition tacite : supra, Cass. com., 1er oct. 2002, préc. ; Cass. com., 19 mai 2015,
nº 14-10860, RDC 2016, p. 55, obs. A.-S. Barthez ; JCP G 2015, 1222, nº 3, obs. Ph. Simler.
(429) Ex. : L’épouse et les beaux-parents d’un notaire se portent cautions « à raison de toutes les
réclamations dont celui-ci pourrait être l’objet à l’occasion de la gestion de son office notarial »
au moment où le notaire démissionne. L’existence d’un passif actuel est ignorée, qui se révèle par la
suite et s’élève à plus de 3 600 000 F. Le cautionnement est annulé pour erreur. La décision n’est pas
seulement fondée sur cette erreur, mais aussi sur une erreur sur la cause. Comment justifier un
cautionnement qui exclurait l’existence d’une dette principale ? S’agit-il d’un arrêt d’espèce justifié
par les circonstances particulières ? La Cour de cassation hasarde une distinction qui paraît bien
subtile entre l’ignorance de l’étendue du cautionnement, indifférente, et l’ignorance de la situation
réelle du débiteur : Bordeaux, 6 déc. 1977, JCP G, 80.II.19318, n. Simler, maintenu par Cass. civ. 1re,
17 juill. 1979, n.p.B. comp., Cass. civ. 1re, 26 nov. 1991, Bull. civ. I, no 331, Defrénois 1992,
art. 35303, no 71, obs. L. Aynès : une banque obtient le cautionnement de deux époux, en garantie de
leur fils, à concurrence de 250 000 F. Or, le compte de celui-ci présente à ce moment un solde
débiteur de 211 748 F, que la banque ne révèle pas. Jugé que la cour d’appel devait rechercher si les
cautions n’avaient pas été victimes d’un dol, même si celles-ci invoquaient seulement leur erreur.
(430) Cass. com., 7 févr. 1983, Bull. civ. IV, no 50 ; Defrénois 84.295, n. J.-L. Aubert : le solde du
compte bancaire était gravement débiteur au moment de l’engagement de la caution ; un chef de
bureau de la banque avait pourtant certifié que la situation du débiteur était saine et qu’il n’y avait
aucun risque pour la caution.
(431) Ex. : Cass. civ. 1re, 1er déc. 1998, n.p.B. : « en se gardant d’informer les époux P. (cautions),
la banque n’avait songé qu’à se ménager la garantie d’un débiteur solvable ».
(432) Cass. com., 23 sept. 2014, nº 13-20766, Banque et droit, nº 160, mars-avr. 2015, p. 31, obs.
G. Helleringer : « la banque, qui avait réduit des quatre cinquièmes le montant de l'autorisation de
découvert après la libération du prêt, avait sciemment surpris (le) consentement (des cautions) en
s'abstenant de les informer, préalablement, de ses intentions ; que de ces constatations et
appréciations, la cour d'appel ... a pu déduire l'existence d'une réticence dolosive de la banque ».
(433) * Cass. civ. 1re, 9 juill. 1996, Société Générale, n.p.B., D. Aff., 1996, 1164 : le dol de la
banque entraîne une erreur sur la cause de l’engagement : « la banque savait que la situation
financière de M. J.P. était irrémédiablement compromise et qu’elle n’en avait pas informé les
époux P. au moment de la signature des actes de cautionnement, en sorte que ceux-ci, en
cautionnant une facilité de caisse, avaient pu légitimement penser que la banque allait accorder à
son débiteur un crédit de 300 000 F, ce qui n’était pas le cas, puisque, dès le 8 févr. suivant, elle
refusait les chèques payés par lui pour défaut de provision ; [que] de ces énonciations et
constatations, la Cour d’appel a déduit que cette banque avait obtenu les cautionnements non
pour bénéficier d’une garantie pour l’avenir, mais pour disposer, à la suite de la défaillance
inéluctable de M. J.P., de deux coobligés solvables ; sa décision [nullité pour dol] est ainsi
légalement justifiée » ; Cass. com., 21 janv. 1981, Bull. civ. IV, no 25 : « l’arrêt attaqué a pu retenir
l’existence d’un dol, dès lors que, par réticence, la banque avait manqué à son obligation de
contracter de bonne foi » ; Cass. com., 8 nov. 1983, Bull. civ. IV, no 298.
(434) Cass. civ. 1re, 11 févr. 1986, Bull. civ. I, no 22 : des faux bilans avaient été produits à la banque.
Plus contestable : Cass. com., 8 déc. 1987, Bull. civ. IV, no 263 : au moment de l’octroi du prêt et du
cautionnement, la banque n’avait pu avoir connaissance du bilan de l’année précédente ni du refus de
délivrance du certificat de régularité des comptes ; mais il y avait déjà eu onze protêts !
(435) Cass. civ. 1re, 19 mars 1985, Bull. civ. I, no 98 : « Il appartenait aux enfants L., à supposer
qu’ils aient ignoré les obligations de leur père, de s’entourer, en raison de l’importance de leur
engagement de tous les renseignements que les liens étroits de parenté les unissant au débiteur
principal les mettaient en mesure de connaître » ; seul un refus de renseignement aurait été fautif de
la part de la banque. Cass. civ. 1re, 10 juin 1987, D., 87.445, obs. L. Aynès ; n.p.B. : la caution qui a
entrepris de devenir le principal actionnaire et le dirigeant de l’entreprise ne pouvait ignorer la
situation financière de celle-ci ; v. cep. : Cass. com., 23 juin 1998 : cassation de l’arrêt qui se borne
à relever que les cautions (associées d’une société) n’étaient pas étrangères à la société, sans
rechercher si elles avaient une connaissance (effective ?) de la situation de la société ; autrement dit,
la seule qualité d’associé (et non de dirigeant) n’exclut pas le devoir d’information du banquier.
(436) Comp. Cass. civ. 1re, 13 févr. 1996, Bull. civ. I, no 78 ; D., 96, som., 265, n. L. Aynès, et
Cass. com., 23 juin 1998, Bull. civ. IV, no 208 ; v. infra, no 294.
(437) Cass. civ. 1re, 13 mai 2003, Bull. civ. I, no 114 : « manque à son obligation de contracter de
bonne foi et commet ainsi un dol par réticence la banque qui, sachant que la situation de son
débiteur est irrémédiablement compromise ou à tout le moins lourdement obérée, omet de porter
cette information à la connaissance de la caution l’incitant ainsi à s’engager ; ... la cour d’appel
a justement déduit que (la banque) ne pouvait se prévaloir de la clause du contrat de
cautionnement énonçant que « la caution ne fait pas de la situation du cautionné la condition
déterminante de son engagement » dès lors que la banque l’avait stipulée en connaissance des
difficultés financières du débiteur principal ».
(438) Cass. civ. 1re, 14 mai 2009, no 07-17568, n.p.B., RLDC 2009, no 3499 : une clause de l’acte de
cautionnement énonce : « Je reconnais contracter mon engagement de caution en pleine
connaissance de la situation financière et juridique du débiteur principal... » ; jugé qu’il incombait
à la banque d’informer la caution de la situation obérée du débiteur qu’elle connaissait, obligation
dont cette clause ne pouvait la dispenser.
(439) Infra, no 297.
(440) Cass. civ. 1re, 10 mai 1989, Bull. civ. I, no 187, Defrénois 89, art. 34633, no 131, n. L. Aynès :
le Crédit Agricole n’avait pas pris l’initiative de faire connaître aux cautions que la dette du débiteur
principal était déjà élevée ; la cour d’appel « ne pouvait exclure le caractère dolosif de la réticence
par eux retenue... sans relever aucun élément propre à établir qu’en l’espèce ladite réticence
n’était pas de nature à inciter les intéressés à consentir le cautionnement litigieux ».
(441) ** Cass. civ. 1re, 27 juin 1973, Plisson, Bull. civ. I, no 219 ; D., 73.733, n. Ph. Malaurie ;
Defrénois 73, art. 1327, obs. Aubert ; RTD civ., 74.143, obs. Loussouarn ; 26 janv. 1977, Bull. civ. I,
no 52 ; 28 juin 1978, Bull. civ. I, no 246.
(442) Cass. com., 13 nov. 2002, D. 2003, 684, n. B. Roman ; Cass. com., 22 juill. 1986, Bull. civ. IV,
no 163 ; D., 87, som., 445, n. L. Aynès.
(443) En ce sens, Cass. civ. 1re, 2 déc. 1997, Bull. civ. I, no 343 ; JCP G, 98.I.149, no 1, obs. approb.
Simler ; D., 98.469, n. crit. Hauser (cautionnement hypothécaire valable).
(444) Ch. MOULY, « Le cautionnement donné par une personne mariée », Defrénois 1988, art. 34163,
no 5.
(445) Supra, no 110.
(446) J. HONORAT, « Société et cautionnement », Defrénois 1982, art. 32970, no 2 ; P. BOUTEILLER,
Le cautionnement..., préc., p. 125-150. H. HOVASSE, n. sous Cass. com., 26 janv. 1993, Defrénois 93,
art. 35674, no 1.
(447) V., toutefois, les doutes exprimés à ce propos par P. MOUSSERON, « Le nouveau régime de la
capacité contractuelle des sociétés : la boussole de l'intérêt social », D. 2016, p. 906 et s., spéc.
p. 909.
(448) Cass. com., 12 juill. 2011, no 10-16118, Dr. et patr. 2012, no 211, obs. Ph. Dupichot :
« Attendu que s’agissant d’une garantie relative non à des engagements pris par des tiers mais
d’une garantie afférente à ses propres engagements, l’autorisation du conseil d’administration
prévue par l’article L. 225-35 du Code de commerce n’est pas requise de la société » ; une garantie
de passif consentie par la société cédante même par un document séparé ne donne pas lieu à
autorisation.
(449) Il s’agit, semble-t-il, d’une inopposabilité : v. Cass. com., 8 nov. 1988, JCP G, 89.II.21230,
n. J.-J. Barbieri ; il ne peut faire l’objet d’une confirmation tacite, même en connaissance de cause :
Cass. com., 11 juill. 1988, Bull. civ. IV, no 246 ; 8 oct. 1991 et 15 oct. 1991, JCP G, 1991.II.21877, n.
crit., J.-J. Barbieri. V. du même auteur, « Cautionnement et société », Cah. dr. entr., 1992, no 2. En
outre, le fait que la sûreté soit ainsi inopposable à la société a pour conséquence que sa constitution
ne peut pas constituer une source de responsabilité pour elle (Cass. com., 15 janv. 2013, no 11-27648,
Dr. et patr. juill.-août. 2013, p. 88, obs. A. Aynès ; RDC 2013, p. 1451, obs. A.-S. Barthez ; RD
bancaire et financier mars-avr. 2013, p. 50, comm. 50, obs. A. Cerles ; D. 2013, p. 1711, obs.
P. Crocq ; RLDC mars 2013, p. 34, obs. Ch. Gijsbers ; D. 2013, p. 242, obs. A. Lienhard ; JCP
G 2013, 585, no 5, obs. Ph. Simler). Ceci conduit de nombreux auteurs à souhaiter une modification
de la sanction du défaut d'autorisation : v., notamment, J.-J. ANSAULT, « L'autorisation des garanties
octroyées par les sociétés anonymes : un dispositif à rafraîchir », RLDC juin 2013, p. 29 s.
(450) Cass. com., 29 janv. 1980, Bull. civ. IV, no 47 ; Rev. sociétés, 1981.83, n. Guyon ; 6 mai 1986,
Bull. civ. IV, no 86, Rev. sociétés, 87.257, n. P. Didier : en l’espèce, l’acte de cautionnement visait une
délibération fictive du conseil d’administration ; jugé pourtant que le créancier ne peut invoquer
l’apparence : « C’est dans l’exercice de son pouvoir souverain que la cour d’appel a déclaré que
le cautionnement litigieux n’avait pas fait l’objet de l’autorisation prévue par la loi, puis retenu
que la société S. [créancière] ne pouvait ignorer les limites légales des pouvoirs du président de la
société M. [caution].. en l’état de ces énonciations et constatations, elle a pu déclarer qu’il
appartenait à la société S. de vérifier la réalité de l’autorisation alléguée et décider que la
société M. n’était pas tenue envers la société S. en vertu du cautionnement souscrit en son nom
par M. V. » ; 24 févr. 1987, Bull. civ. IV, no 56, Rev. sociétés, 87.407, n. Y. Guyon.
(451) Cass. com., 20 oct. 1998, Bull. civ. IV, no 254 ; JCP E, 1998.2025, n. Couret ; Defrénois 99,
art. 36942, no 2, n. P. Le Cannu ; JCP G, 99.I.116, no 3, n. Ph. Simler, souhaitant l’abrogation des
anciens art. 98 et 128 C. com., D., 99.639, n. De Laender.
(452) J. HONORAT, op. cit., no 20.
(453) Infra, no 218.
(454) « Vu l'article L. 223-18 du Code de commerce ; Attendu qu'il résulte de ces dispositions,
lesquelles doivent être mises en œuvre à la lumière de celles de l'article 10 de la directive
209/101/CE du Parlement européen et du Conseil, du 16 septembre 2009, ayant codifié la première
directive 68/151/CEE du Conseil, du 9 mars 1968, que, serait-elle établie, la contrariété à l'intérêt
social ne constitue pas, par elle-même, une cause de nullité des engagements souscrits par le
gérant d'une société à responsabilité limitée à l'égard des tiers » Cass. com., 12 mai 2015, nº 13-
28504 et 14-11028, RDC 2016, p. 56, obs. A.-S. Barthez ; RTD civ. 2015, p. 663 et D. 2015, p. 1815,
obs. P. Crocq ; RLDC oct. 2015, p. 24, note R. Dalmau ; JCP G 2016, 174, nº 5, obs. F. Deboissy et
G. Wicker ; JCP G 2015, 1222, nº 14, obs. Ph. Delebecque ; D. 2015, p. 1096, obs. A. Lienhard,
p. 2408, obs. J. Cl. Hallouin et p. 2427, note D. Robine ; Dr. et patr. juin 2016, p. 80, obs.
D. Poracchia ; Banque et droit, nº 164, nov.-déc. 2015, p. 70, obs. N. Rontchevsky.
(455) Cass. com., 28 mars 2000, Bull. civ. IV, no 69 ; D. Aff., 2000.253, n. Boizard ; Cass. civ. 3e,
4 févr. 1971, JCP G, 72.II.16980, n. Dagot et Spitéri ; Rev. sociétés, 1971.595, n. Guilberteau ;
Cass. civ. 1re, 19 mai 1987, Bull. civ. I, no 158 ; D., 87, som., 445, n. L. Aynès.
(456) ** Cass. civ. 1re, 15 mars 1988, SCI Champion-Second, Bull. civ. I, no 75 ; Defrénois 1988,
art. 34275, no 58, n. L. Aynès ; D., 88, som., 273, m. n. ; Rev. sociétés, 1988.415, n. Y. Guyon ;
Cass. civ. 1re, 1er févr. 2000, Bull. civ. I, no 34 ; la SCI a donné à bail son immeuble à une société dont
elle se porte caution ; les associés des deux sociétés sont identiques, ou appartiennent à la même
famille : « si le cautionnement donné par une société n’entre pas directement dans son
objet social, le cautionnement est néanmoins valable lorsqu’il existe une communauté d’intérêts
entre cette société et la société cautionnée » ; a contrario : le cautionnement de la dette du gérant,
qui n’entre pas directement dans l’objet social et n’a pas été décidé par l’assemblée générale, en
l’absence d’une communauté d’intérêts, est nul : Cass. civ. 1re, 8 nov. 2007, Bull. civ. I, no 345 ;
Cass. com., 13 nov. 2007, n.p.B., JCP 2008, I, 152, no 3, obs. Ph. Simler ; Dr. et patr. oct. 2008, obs.
L. Aynès et Ph. Dupichot.
(457) Mais l’existence d’un groupe de sociétés peut au contraire créer un intérêt à se porter caution
de la société administratrice ; la loi réserve donc l’interdiction aux personnes physiques dirigeant une
SA.
(458) Cass. ch. mixte, 10 juill. 1981, BCM, no 7 ; D., 81.637. concl. Cabannes ; Rev. sociétés, 82.84,
n. Ch. Mouly.
(459) Cass. com., 13 nov. 2007, JCP 2008, I, 147, no 3, obs. Caussain, Deboissy et Nicker ;
3 juin 2008, no 07-11785, Dr. et patr. oct. 2008, obs. L. Aynès et P. Dupichot ; Colmar, 18 nov. 1987,
D., 89, som. 293, n. L. Aynès.
(460) Cass. civ. 3e, 12 sept. 2012, no 11-17948, Bull. civ. III, no 121, RTD civ. 2012, 755, obs.
P. Crocq ; Dr. soc. nov. 2012, 178, obs. R. Mortier ; Dr. et patr. févr. 2013, 86, obs. Ph. Dupichot ;
RLDC 2013, 4941, obs. Ch. Juillet : « en statuant ainsi sans rechercher, ainsi qu’il le lui était
demandé, si la garantie consentie par la SCI n’était pas contraire à son intérêt social, dès lors que
la valeur de son unique bien immobilier évaluée à 133 000 euros était inférieure au montant de
son engagement et qu’en cas de mise en jeu de la garantie, son entier patrimoine devrait être
réalisé, ce qui était de nature à compromettre son existence même » la cour d’appel n’a pas donné
de base légale à sa décision, au regard de l’article 1849 C. civ. ; dans cet arrêt, la Cour de cassation
rappelle aussi que « le cautionnement même accordé par le consentement unanime des associés
n’est pas valide s’il est contraire à l’intérêt social » ; Cass. com., 8 nov. 2011, no 10-24438, D.
2012, 415, n. E. Schlumberger ; Dr. et patr. 2012, no 211, 87, obs. Ph. Dupichot : « Mais attendu que
la sûreté donnée par une société doit, pour être valable, non seulement résulter du consentement
unanime des associés, mais également être conforme à son intérêt social ; qu’après avoir constaté
que l’opération juridique avait été autorisée par une délibération de l’ensemble des associés,
l’arrêt relève que la SCI soutenait, sans être contredite et sans que la caisse offrît la preuve
contraire, que l’immeuble donné en garantie était son seul bien immobilier, que l’opération ne lui
rapportait aucune ressource, mais grevait très lourdement son patrimoine, exposé à une
disparition totale sans aucune contrepartie pour elle, au risque donc de l’existence même de la
société garante ; que de ses constatations et appréciations, la cour d’appel a pu déduire que la
souscription de cette sûreté était contraire à l’intérêt social de la SCI » ; la solution est identique
lorsque la possibilité de consentir un cautionnement a été expressément intégrée à l'objet social de la
SCI (Cass. com., 23 sept. 2014, nº 13-17347, RLDC nov. 2014, p. 34, obs. J.-J. Ansault ; RDC 2015,
111y3, p. 281, obs. A.-S. Barthez ; RD bancaire et financier 2014, nº 197, obs. A. Cerles ; JCP G
2015, Doctr. 138, nº 5, obs. F. Deboissy et G. Wicker ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 12, obs.
Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 19, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. oct. 2015,
p. 93, obs. Ph. Dupichot ; D. 2015, p. 999, obs. Th. Gautier ; JCP G 2014, 1254, obs. E. Martinier ;
Dr. et patr. Mars 2015, p. 88, obs. J.-P. Mattout et A. Prüm ; RTD com., 2015, p. 123, obs. M.-
H. Monsérié-Bon ; Dr. et patr. mai 2015, p. 60, obs. D. Poracchia ; D. 2015, p. 140, obs. D. Robine ;
Banque et droit, nº 158, nov.-déc. 2014, p. 57, obs. M. Storck ; Rev. Sociétés 2014, p. 714, obs.
A. Viandier) et la nullité de l'engagement de caution de la SCI est opposable au créancier sans que ce
dernier puisse se prévaloir de l'application de l'art. 1844-16 du Code civil, aux termes duquel « ni la
société, ni les associés ne peuvent se prévaloir d'une nullité à l'égard des tiers de bonne foi »
(Cass. 3e civ., 9 déc. 2014, nº 13-25219, Dr. et patr. mai 2015, p. 22, obs. D. Poracchia).
(461) Cass. com. 10 févr. 2015, nº 14-11760, Dr. et patr. oct. 2015, p. 97, obs. Ph. Dupichot : la SCI
a consenti une hypothèque sur son seul immeuble (sous la forme particulièrement originale d'une
« garantie solidaire hypothécaire à première demande »), mais elle avait un intérêt indirect à
l’avance consentie à l’une des sociétés du groupe auquel elle appartenait ; v. aussi : CCH, art.
L. 212-7 : les sociétés civiles de construction-attribution peuvent donner une caution hypothécaire
pour la garantie des emprunts contractés... « par les associés, pour leur permettre de satisfaire aux
appels de fonds de la société nécessaires à la réalisation de l’objet social ; par les cessionnaires
de parts sociales, pour leur permettre de payer leur prix de cession. »
(462) Cass. civ. 1re, 19 mai 1987, préc. supra, note 96 : une société civile se porte caution du
remboursement d’un emprunt contracté par le mari de la gérante ; le cautionnement entre dans
l’objet social ; cassation de l’arrêt qui l’a annulé : « la cour d’appel, qui n’a pas relevé de collusion
frauduleuse contre les créanciers de la société, n’a pas tiré les conséquences légales de ses
propres constatations et violé les art. (1835 et 1836, C. civ.) ».
(463) 82e Congrès des Notaires de France, Les garanties du financement, mai 1986, 1re commission,
vœu no 2, Defrénois 1986, act. not., 109.
(464) Cass. com., 26 janv. 1993, Bull. civ. IV, no 34 ; Rev. sociétés, 93.396, n. J.-F. Barbieri ;
Bull. Joly, 93.482, n. P. Le Cannu ; Defrénois 93, art. 35673, no 1, n. H. Hovasse : une SNC avait
donné en nantissement son fonds de commerce, en garantie de l’emprunt contracté par l’un des deux
coassociés pour l’acquisition des parts de cette société ; jugé que le représentant des créanciers de la
SNC en liquidation judiciaire a contesté à juste titre la production de la banque prêteuse : la dette
garantie « ne correspondait pas à une dette sociale mais à une dette personnelle d’un associé, d’où
il résultait que la garantie litigieuse ne constituait pas un acte entrant dans l’objet social ».
(465) Cass. com., 18 mars 2003, Bull. civ. IV, no 46, D. 2003, 975, obs. A. Lienhard : cassation de
l’arrêt qui rejette les créances de la banque contre une SNC caution, au motif que la dette garantie ne
correspond pas à une dette sociale mais à une dette personnelle des associés... « alors que l’arrêt
constate que les cautionnements en cause avaient été donnés avec l’accord unanime de tous les
associés lors d’une assemblée générale extraordinaire et dès lors qu’il n’était pas allégué que ces
garanties étaient contraires à l’intérêt social... » ; Cass. com., 28 mars 2000, cité supra, note 96 :
cautionnement de la dette d’un tiers (une société dont les associés étaient partiellement identiques) ;
la SCI avait donné tous pouvoirs à la gérante à l’unanimité par AGE ; dès lors qu’il n’était pas
allégué que le cautionnement était contraire à l’intérêt social, il était valable.
(466) V. M. GERMAIN, « Sur une jurisprudence de l'intérêt social », in Mél. Le Cannu, Dalloz, LGDJ,
IRJS et Thomson Reuters Transactive, 2014, p. 289 s.
(467) . Ex. : Le mari s’était porté caution de la société familiale dont il avait héritée, auprès du
dispensateur de crédit ; la société avait été florissante, puis avait décliné, pour disparaître enfin en
état de cessation des paiements, sa dette à l’égard de la banque n’ayant cessé d’augmenter.
(468) Sur l’oubli, par la caution, de son engagement, et les moyens d’y remédier, infra, no 296.
(469) V. notamment, J.-M. OLIVIER, « La caution et sa famille », LPA, 1986, no 50, p. 23-31.
(470) Sur la nature du cautionnement, infra, no 226.
(471) Ex. : Cass. civ. 1re, 21 juin 1978, Bull. civ. I, no 237 ; D., 79.479, 1re esp., n. Y. Chartier ;
Defrénois 79, art. 31936, no 18, 1re esp., n. G. Champenois et no 13, n. J.-L. Aubert ; le seul bien des
époux était le logement familial, d’une valeur sensiblement égale à la créance cautionnée ; le
créancier n’avait consenti le prêt qu’en considération de ce bien ; cela revenait, pour le mari, à avoir
disposé seul du logement familial, contrairement à l’art. 215 du Code civil ; v. aussi, la
requalification du cautionnement en donation indirecte, infra, no 227.
(472) V. Les régimes matrimoniaux, coll. Droit civil.
(473) Cass. civ. 1re, 14 mai 1991, Bull. civ. I, no 152 ; JCP N, 1992.II.101, n. Le Guidec ; RTD civ.
1992, 442, n. Lucet et Vareille : seule compte la date de conclusion du contrat de cautionnement,
même s’il s’agit de dettes futures.
(474) V. Les régimes matrimoniaux, coll. Droit civil.
(475) V. notamment, Y. FLOUR, « Le cautionnement et le patrimoine des couples », Dr. et patr. avr.
2001, p. 82.
(476) Hypothèque judiciaire provisoire : Cass. civ. 1re, 11 mars 2003, Bull. civ. I, no 66 ; 15 mai
2002, Bull. civ. I, no 128 ; hypothèque légale : Cass. civ. 1re, 2 juill. 1991, Bull. civ. I, no 225 ;
Defrénois 1991, art. 35152, n. G. Champenois ; JCP G, 92.II.21830, n. Le Guidec. Peu importe que
l’inscription soit prise pendant l’indivision post-communautaire, dès lors que l’immeuble dépendait
de la communauté au moment de l’engagement de l’un des époux : Cass. civ. 1re, 22 nov. 2005,
Bull. civ. I, no 427.
(477) Cass. civ. 1re, 11 avr. 1995, Bull. civ. I, no 165 ; Cass. civ. 1re, 26 mai 1999, JCP G 99.I.156,
no 5, obs. Ph. Simler. S’agissant de sûretés conventionnelles garantissant le cautionnement personnel,
la solution est justifiée : échappant au gage général du créancier, les acquêts de communauté ne
peuvent être affectés volontairement par le débiteur. Mais lorsqu’un acquêt est affecté au créancier,
sans que l’époux se porte personnellement caution (hypothèse du cautionnement réel), l’application
de l’art. 1415 ne peut être justifiée que par une analyse – aujourd'hui refusée par la Cour de cassation
– du cautionnement réel, qui y décèle un engagement personnel (v. infra, no 150).
(478) Cass. civ. 1re, 17 janv. 2006, Bull. civ. I, no 13 ; Cass. civ. 1re, 18 févr. 2003, Bull. civ. I, no 48 :
la cour d’appel aurait dû rechercher « si le compte sur lequel les prélèvements avaient été effectués
était un compte courant ou de dépôt alimenté par les seuls revenus du mari » ; peu importe que
l’époux caution soit seul titulaire du compte ; v. aussi : Cass. civ. 1re, 3 avr. 2001, JCP G, 2002.I.103,
no 13, obs. Simler ; et 2002.II.10080, n. C. Bourdaire ; Defrénois 2001, art. 37406, no 78, obs.
Champenois.
(479) Y. FLOUR, op. cit. ; v. égal. Cass. civ. 1re, 18 févr. 2003, cité note précédente.
(480) Cass. civ. 1re, 14 janv. 2003, Bull. civ. I, no 2 ; JCP G, 2003.II.10019, concl. Sainte-Rose : les
revenus de la caution alimentaient un compte-chèque, un plan épargne-logement et un compte-titres ;
jugé que le créancier ne pouvait saisir que le premier, et non les deux autres, qui constituent des
acquêts (v. égal. les critiques de P. Simler, en ce qui concerne le PEL : JCP G, 2003.I.124, no 4).
(481) Cass. com., 4 févr. 1997, Bull. civ. IV, no 39 ; JCP G, 97.II.22922, n. Beignier.
(482) Cass. civ. 1re, 20 juin 2006, Bull. civ. I, no 00 ; RTD civ. 2006, obs. P. Crocq, p. 593.
(483) Cass. civ. 1re, 3 mai 2000, Bull. civ. I, no 125 ; Defrénois 2000, art. 37242, no 82, obs.
Champenois.
(484) Par analogie, car la garantie autonome n’est pas un cautionnement : Paris, 3 nov. 1994, D., 95,
som. 326, n. Grimaldi ; Versailles, 19 mai 1994, JCP G, 96.I.3908, no 17, obs. Simler.
(485) Cass. civ. 1re, 8 mars 2005, Bull. civ. I, no 115 ; Cass. civ. 1re, 15 mai 2002, Bull. civ. I, no 129 ;
D., 2002, 1780, n. Barberot ; D., 2002, som. 3338, obs. Aynès ; dans le même sens, Reims, 11 déc.
1996, D., 97, som. 163 ; Contra auparavant : Cass. civ. 1re, 13 oct. 1999, Bull. civ. I, no 273 ; JCP G,
2000.II.10307, n. Casey ; Contrats conc., consom. 2000, no 20, obs. Leveneur : cet arrêt écartait
l’art. 1415, sans distinguer : acte unique ou actes séparés ?
(486) Cass. civ. 1re, 14 nov. 2012, no 11-24341 ; Cass. com., 5 févr. 2013, no 11-18644, D. 2013,
p. 429, obs. V. Avena-Robardet et p. 1709, obs. P. Crocq ; Defrénois 2014, p. 435, obs. S. Cabrillac ;
Defrénois 2013, p. 1149, obs. G. Champenois ; Banque et droit, no 148, mars-avr. 2013, p. 48, obs.
F. Jacob ; RD bancaire et financier mars-avr. 2013, p. 51, comm. 53, obs. D. Legeais ; RLDC avr.
2013, p. 32, obs. G. Marraud des Grottes ; D. 2013, p. 1253, n. A. Molière ; JCP G 2013, 585, no 4,
obs. Ph. Simler.
(487) L'époux qui le donne ne devenant pas débiteur, le jugement de condamnation, qui permet la
saisie d'un bien commun par le créancier bénéficiaire du cautionnement n'a pas à lui être signifié :
Cass. 2e civ., 15 oct. 2015, nº 14-22684.
(488) Cass. civ. 1re, 13 nov. 1996, Bull. civ. I, no 392 ; Defrénois 97, p. 812, n. Champenois ; RTD
civ. 97.729, n. B. Vareille ; D., 97, som. 163, obs. Aynès.
(489) Cass. com., 9 fév. 2016, nº 14-20304, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 28, obs. Ch. Albiges ; Dr. et
patr. mai 2016, 118, obs. A. Aynès ; Banque et droit, nº 167, mai-juin 2016, p. 23, obs. Th. Bonneau,
et p. 68, obs. E. Netter ; Petites affiches 9 juin 2016, n. D. Gantschnig ; RD bancaire et financier
mars-avr. 2016, comm. 68, obs. D. Legeais ; JCP G 2016, 553, nº 6, obs. Ph. Simler.
(490) Cass. civ. 1re, 17 févr. 1998, Bull. civ. I, no 63 ; Cass. civ. 1re, 4 juin 1996, Bull. civ. I, no 235 ;
D., 97, som. 163, obs. L. Aynès. Ainsi, la preuve du consentement exprès donné par un époux au
cautionnement contracté par son conjoint n'est pas subordonnée à la signature manuscrite par le
premier de l'engagement souscrit par le second mais peut résulter d'autres éléments de preuve
(Cass. 1re civ., 9 juill. 2014, nº 13-16070, Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 18, obs. Ch. Albiges ;
RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 32, obs. A. Cerles ; RLDC oct. 2014, p. 36, obs.
J. Clavel-Thoraval). Inversement, la seule apposition de la signature d'un époux sur un acte de vente
contenant le cautionnement de son conjoint ne prouve pas son consentement en l'absence d'une autre
mention de nature à exprimer son consentement exprès à la garantie consentie (Cass. 3e civ., 16 déc.
2014, nº 13-10551, Gaz. Pal. 18-19 mars 2015, p. 16, 216v2, obs. Ch. Albiges ; D. 2015, p. 1813,
obs. P. Crocq). De même, le fait qu'un époux ait consenti à l'affectation hypothécaire d'un immeuble
commun en garantie d'une ouverture de crédit au sein d'un acte authentique qui contenait également un
engagement personnel de caution donné par son conjoint n'implique pas que cet époux ait consenti au
cautionnement donné par son conjoint, ce dont il résulte que la banque ne peut pas inscrire une
hypothèque provisoire sur un autre immeuble commun (Cass. civ. 1re, 4 mars 2015, nº 14-11567,
Gaz. Pal. 24-28 mai 2015, p. 22, 226a3, obs. Ch. Albiges ; D. 2015, p. 1814, obs. P. Crocq ; JCP G
2015, 1222, nº 4, obs. Ph. Simler).
(491) Cass. civ. 1re, 15 mai 2002, Bull. civ. I, no 127 et 128 ; JCP G, 2002.II.10109, concl. C. Petit,
n. S. Piedelièvre ; D., 2002, som. 3337, obs. Aynès ; Cass. civ. 1re, 11 mars 2003, cité supra.
(492) Cass. civ. 1re, 14 janv. 2003, JCP G, 2003.I.124, no 5, obs. Ph. Simler : l’acquéreur d’un
immeuble commun sur lequel le créancier a fait inscrire une hypothèque provisoire ne peut invoquer
l’art. 1415 et l’absence de consentement du conjoint de l’époux caution.
(493) Cass. civ. 1re, 9 nov. 2004, Bull. civ. I, no 255 ; D. 2005, 723, n. Ahouandogbo.
(494) V. B. SAINT-ALARY, « Régimes matrimoniaux et gestion du recueil du consentement du
conjoint », Dr. et patr. avr. 2001, p. 84.
(495) Cass. civ. 1re, 17 janv. 2005, Bull. civ. I, no 14 (associé dans une SNC) et 15 (associé dans une
SCI).
(496) Supra, no 150.
(497) V. notamment, M. REMOND-GOUILLOUD, « L’influence du rapport caution-débiteur sur le contrat
de cautionnement », JCP G, 1977.I.2850.
(498) Ex. : classique : j’achète une maison à Aix-en-Provence, parce que j’ai l’espoir d’y être
nommé. La cause de mon engagement (de payer le prix) est l’obligation du vendeur et le droit de
propriété qu’il me transmet. Le mobile, l’espoir de la nomination. Si celle-ci n’intervient pas, la
vente est valable, sauf si j’ai fait de ma nomination une condition. V. Les obligations, coll. Droit
civil.
(499) L’obligation, exceptionnellement, vaudrait indépendamment de sa cause, par le seul effet du
consentement, ce qui est contraire aux art. 1108 et 1131. La jurisprudence ne l’a jamais admis pour le
cautionnement.
(500) ** Cass. com., 8 nov. 1972, époux Lempereur, Bull. civ. IV, no 278 ; D., 73.753, n.
Ph. Malaurie.
(501) Mêmes solutions : Cass. com., 16 févr. 1977, JCP G, 79.II.19154, n. Ph. Simler ; n.p.B. ;
17 juill. 1978, Bull. civ. IV, no 200 : « l’engagement de caution pris par le dirigeant social dans
l’intérêt de la société demeure quels que soient les motifs ayant déterminé sa naissance et s’ajoute
à celui de cette société... ; si B. (la caution) voulait que le motif de son engagement soit introduit
dans le champ contractuel et devienne ainsi une cause ou une condition du cautionnement par lui
fourni, il lui appartenait de l’indiquer expressément dans l’engagement, ce qu’il n’a pas fait » ;
dans ces deux affaires, la caution d’une société soutenait qu’elle ne s’était engagée qu’en qualité de
dirigeant de la société et que son obligation était privée de cause dès lors qu’elle avait perdu cette
direction ; sans succès. Mais dans le cas où un ancien dirigeant d’une société a cédé ses parts
sociales à un nouveau dirigeant, il appartient au rédacteur de l’acte, à peine d'engager sa
responsabilité, d'informer l’ancien dirigeant social de ce que la perte de ses fonctions est sans
influence sur sa qualité de caution : Cass. com., 4 déc. 2012, no 11-27454, RLDC févr. 2013, p. 33,
obs. Ch. Gijsbers. En outre, même si la jurisprudence considère qu'en principe le créancier n'est tenu
ni d'une obligation d'information, ni d'un devoir de conseil à l'égard de la caution dirigeant social qui
cesse ses fonctions et cède ses parts sociales (Cass. com., 29 janvier 2002, Bull. civ. IV, nº 21 ; JCP
G 2002, I, 184, nº 19 s., obs. A.-S. Barthez ; RTD civ. 2003, p. 124 s., obs. P. Crocq ; D. 2002,
p. 716 s., obs. A. Lienhard ; RD bancaire et financier 2002, p. 72 s., obs. D. Legeais ; Cass. com.,
8 janvier 2008, nº 05-13.735, D. 2008, p. 474, obs. V. Avena-Robardet ; RLDC nº 46, février 2008,
p. 30, obs. G. Marraud des Grottes), il peut arriver, exceptionnellement, qu'une telle obligation
d'information soit admise (v., reprochant à une cour d'appel de ne pas avoir recherché si « les lettres
intitulées “mainlevée de caution” par lesquelles la Caisse, le 2 février 2004, avait informé les
cautions qu'elle les libérait de leurs engagements de caution personnel et solidaire donnés en
garantie des prêts consentis à la société, sans pour autant faire état de ce qu'elles demeuraient
tenues des engagements à durée indéterminée qu'elles avaient également souscrits, ni rechercher
si, ce faisant, et dès lors que les cautions étaient déjà privées de l'information annuelle, la Caisse
ne les avait pas induit en erreur en les trompant sur l'étendue de leurs engagements à son égard »,
Cass. com., 22 mars 2016, nº 14-24791).
(502) Cass. com., 16 févr. 1977, préc. supra, note 138.
(503) V. L. AYNÈS, La cession de contrat, Economica, 1984, préf. Ph. Malaurie, nos 61 et s. V. Paris,
6 mai 1987, D., 88, som. 452, n. L. Aynès : cautionnement par les dirigeants sociaux, des redevances
d’un crédit-bail ; les trois cautions « n’ayant pas lié leurs obligations à leurs fonctions de
mandataire social, l’irrévocabilité de leur engagement est exclusive de toute libération au cas où
l’une d’elles perdrait sa qualité de dirigeant social ». Mais s’il s’était agi d’une dette future, on
aurait pu admettre que ce terme était implicitement « entré dans le champ contractuel », v. infra,
no 271.
(504) Ph. JESTAZ, Rép. civ. Dalloz, vo Cautionnement, no 75.
(505) Bordeaux, 6 déc. 1977, JCP G, 80.II.19318, n. Ph. Simler, maintenu par Cass. civ. 1re, 17 juill.
1979 : le cautionnement avait été donné pour empêcher l’exercice de poursuites pénales contre le
débiteur, ce qui était impossible.
(506) ** Cass. com., 8 nov. 1972, époux Lempereur, préc., supra, note 137.
(507) Cass. com., 16 févr. 1977 et 17 juill. 1978, préc., supra, note 138.
(508) Cass. com., 24 juin 1969, JCP G, 70.II.16221, n. Prieur ; n.p.B.
(509) Cass. com., 8 nov. 1972, époux Lempereur, préc., supra, note 137.
(510) Même raisonnement pour le changement de forme de la société cautionnée : * Cass. com.,
9 avr. 1973, époux Beauvais, D., 73.753, n. Ph. Malaurie, n.p.B.
(511) La loi du 1er mars 1984 facilite la libération de la caution en obligeant certains créanciers – les
plus importants – à l’informer de ces possibilités ; v. infra, no 296.
(512) Infra, no 271.
(513) Ce qui montre que la cause de l’engagement se trouve plutôt dans ces rapports, supra, no 221.
(514) Contra, Ch. MOULY, « Le cautionnement donné par une personne mariée », préc., supra, note
87, pour qui le cautionnement est toujours un acte à titre onéreux car à l’égard du créancier, la caution
n’est animée d’aucune intention libérale. À l’égard de celui-ci, le cautionnement constitue plutôt un
acte neutre. La qualification d’une opération à trois personnes ne peut résulter d’un seul rapport
bilatéral. De plus, la qualification n’intéresse pas le créancier.
(515) V. affirmant que le cautionnement donné par une société fille pour garantir la dette d'une société
mère est un cautionnement intéressé ayant une contrepartie (le fait que la société mère ainsi financée
pourra participer à son propre développement) et qu'il ne constitue donc pas un acte à titre gratuit au
sens de l'art. L. 632-1-I-1º C. com., Cass. com., 19 nov. 2013, nº 12-23020, RD bancaire et financier
2014, comm. 9, obs. A. Cerles ; RLDC févr. 2014, p. 39, obs. J. Clavel-Thoraval ; Dr. et proc. avr.
2015, cah. Droit des entr. en diff., nº 31, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 63, obs.
Ph. Dupichot ; D. 2013, p. 2766, obs. A. Lienhard ; RTD com., 2014, p. 697, obs. A. Martin-Serf ;
Banque et droit, nº 153, janv.-févr. 2014, p. 42, obs. N. Rontchevsky.
(516) Ex. : ** Cass. civ. 1re, 27 janv. 1982, époux Rama, Bull. civ. I, no 46 : « Un cautionnement,
même s’il constitue un contrat de bienfaisance, ne peut être assimilé à un acte de disposition à
titre gratuit pour lequel le consentement de l’époux est exigé ; en effet, le cautionnement, qui ne
comporte pas de dessaisissement immédiat et définitif d’un bien patrimonial, ne confère pas à
l’engagement qu’il exprime le caractère d’une libéralité... ». Il arrive cependant aux tribunaux
d’annuler le cautionnement d’un époux, mais pour une autre raison : sous couvert de cautionnement,
l’un des époux a, en fait, disposé d’un immeuble commun, ou du logement de la famille, ce qu’il ne
peut faire seul (art. 215 et 1424).
(517) F.-X. TESTU, « Le cautionnement-libéralité », JCP G, 89.I.3377.
(518) * Cass. civ. 1re, 12 mai 1982, Chassagne, Bull. civ. I, no 173, D., 83.320, n. J. Mestre ;
Cass. civ. 1re, 17 nov. 1987, Bull. civ. I, no 297 ; Defrénois 88, art. 34275, no 63, n. crit. L. Aynès : la
débitrice était la maîtresse de la caution ; après la rupture du concubinage, celle-ci, qui a dû payer le
créancier, ne peut exercer de recours contre elle. La perte du recours est ici déduite de la
qualification de donation indirecte, qui repose uniquement sur l’intention de la caution au moment de
son engagement ; curieuse inversion de l’effet et de la cause !
(519) Cass. 1re civ., 17 mars 2016, nº 15-12494, Bull. civ. I ; Gaz. Pal. 7 juin 2016, p. 69, obs.
M. Bourassin ; JCP G 2016, 553, nº 11, obs. Ph. Simler : « le cautionnement litigieux était un
service financier fourni aux emprunteurs par un professionnel en vue de garantir le
remboursement d’un crédit immobilier accordé à ceux-ci par un établissement bancaire » ; la
prescription de deux ans était applicable au recours personnel de la caution contre l’emprunteur.
(520) Cass. com., 16 sept. 2014, nº 13-18940, Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 13, obs. M.-P. Dumont-
Lefrand ; RD bancaire et financier 2015, comm. 8, obs. D. Legeais.
(521) Cass. civ., 25 oct. 1921, DP, 25.1.95 : « Le cautionnement a eu pour cause l’engagement pris
par le Crédit Lyonnais (la caution) d’effectuer une ouverture de crédit... ; il y avait là
incontestablement pour le Crédit Lyonnais un acte de commerce. ».
(522) Ex. : cautionnement donné par un fournisseur (brasseur, compagnie pétrolière) pour permettre
au fournisseur d’obtenir du crédit. Le cautionnement est un des éléments du contrat, complexe, de
fourniture.
(523) JP et doctrine constantes. Ex. : Cass. com., 25 oct. 1994, Bull. civ. IV, no 312 ; JCP G,
95.I.3851, no 2, n. Ph. Simler ; Cass. com., 28 oct. 1952, Bull. civ. III, no 234 ; JCP G, 53.II.7588,
obs. Lescot.
(524) V., affirmant que « l'aval d'un effet de commerce irrégulier en raison d'un vice de forme est
lui-même nul et ne vaut pas promesse de porte fort », Cass. com., 8 sept. 2015, nº 14-14208,
Banque et droit, nº 165, janv.-fév. 2016, p. 40, obs. Th. Bonneau ; RD bancaire et financier nov.-
déc. 2015, comm. 187, obs. A. Cerles ; Gaz. Pal. 9-10 déc. 2015, p. 11, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ;
JCP G 2015, 1169, note D. Legeais ; Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 23, obs. S. Moreil ; Banque et
droit, nº 164, nov.-déc. 2015, p. 67, obs. E. Netter.
(525) Cass. com., 1er avr. 2014, nº 13-16902, D. 2014, p. 1616, obs. P. Crocq, p. 1013, obs.
H. Guillou, p. 1253, n. A.-Cl. Rouaud et p. 1256, n. A. Boujeka ; Banque et droit, nº 155, mai-juin
2014, p. 59, obs. F. Jacob.
(526) Cass. com., 19 mai 2015, nº 14-17401, Banque et droit, nº 162, juill.-août 2015, p. 78, obs.
F. Jacob ; RD bancaire et financier juillet-août 2015, comm. nº 131, obs. S. Piedelièvre.
(527) Infra, no 292 ; Cass. com., 16 juin 2009, no 08-14532, Bull. civ. IV, no 79 ; D. 2009, 1755, obs.
X. Delpech.
(528) Cass. com. 30 oct. 2012, no 11-23519, Bull. civ. IV, no 195 ; D. 2013, p. 1710, obs. P. Crocq ;
Dr. et patr. févr. 2103, 83, obs. crit. Ph. Dupichot ; Banque et droit, no 146, nov.-déc. 2012, p. 54,
obs. crit. F. Jacob ; Cass. 1re civ., 19 déc. 2013, nº 12-25888, D. 2014, p. 76, obs. V. Avena-
Robardet ; RD bancaire et financier 2014, com. 41, obs. A. Cerles ; RLDC févr. 2014, p. 39, obs.
J. Clavel-Thoraval ; D. 2014, p. 1616, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 60, obs.
Ph. Dupichot ; Banque et droit janv.-févr. 2014, p. 46, obs. E. Netter ; D. 2014, p. 518, n. G. Piette et
J. Lasserre Capdeville ; JCP G 2014, doctr. 635, nº 10, obs. crit. Ph. Simler.
(529) Cass. com., 1er juin 1999, no 96-18466.
(530) Cass. Req., 17 déc. 1934, S., 36.I.287 ; Cass. com., 28 oct. 1968, Bull. civ. IV, no 291 ; JCP G,
69.II.15884, n. Prieur ; 18 janv. 1982, Bull. civ. IV, no 17 ; 26 janv. 1982, Bull. civ. IV, no 27 ; 4 oct.
1982, Bull. civ. IV, no 289 ; 19 avr. 1983, Bull. civ. IV, no 119. Paris, 28 avr. 1987 (dirigeant de fait de
la société) et Versailles, 21 mai 1986, D., 87, som. 443, obs. L. Aynès ; Cass. com., 24 oct. 1989,
Bull. Joly, 996 et 997 ; comp. Cass. com., 23 févr. 1988, Bull. civ. IV, no 78 : le fait que la dette
principale soit commerciale, et la caution personnellement engagée, président d’une société
commerciale, ne rend pas commercial son engagement, s’il n’est pas établi qu’elle avait un intérêt
personnel dans l’opération. V. sur le cas des époux : Cass. com., 9 déc. 1992, Bull. civ. IV, no 306 : le
seul fait que la caution soit mariée sous le régime de la communauté avec le dirigeant de la société
cautionnée ne caractérise pas un intérêt personnel ; mais si la caution est associée aux affaires de son
conjoint l’engagement est commercial : Versailles, 12e ch., 15 oct. 1992, Grosvalet c. BNP, la caution
avait une procuration générale sur le compte de la société gérée par son mari.
(531) Ce qui peut conduire à des excès : un salarié donne un cautionnement commercial, lorsqu’il a
intérêt à éviter la faillite de son employeur qui lui ferait perdre son emploi : Lyon, 27 juin 1931, DH
31, 531.
(532) Paris, 24 oct. 1986, D., 87, som., 443, obs. L. Aynès ; Y. CHARTIER, « La preuve commerciale
après la loi du 12 juill. 1980 », Ét. de Juglart, 1986, p. 95, no 26.
(533) Supra, no 209.
(534) M. BAZEX, Les garanties d’emprunt accordées par les (et aux) personnes publiques, rapport
cité supra, no 110, note no 23. Une commune ou un département peuvent accorder à une personne de
droit privé leur garantie, mais leur engagement financier est seulement plafonné, en vertu des art. 6 et
49 de la loi du 2 mars 1982, modifiés par la loi du 5 janv. 1988. V. ég. P. LIGNIÈRES, Les
cautionnements et garanties d’emprunt donnés par les collectivités locales, th. Montpellier 1993,
Litec, 1994, préf. Ch. Mouly.
(535) Cass. civ. 1re, 8 avr. 1986, Bull. civ. I, no 79 ; D., 87, som., 447, n. L. Aynès.
(536) T. confl., 12 janv. 1987, D., 87.205, concl. J. Massot ; D., 87, som., 447, n. L. Aynès.
(537) Cass. civ. 1re, 28 mai 2002, Bull. civ. I, no 151 ; LPA, 8 oct. 2002, p. 7, obs. Houtcieff ;
Cass. civ. 1re, 9 févr. 1988, D., 88, IR, 52, sur renvoi du T. confl., cité supra, note 165.
(538) Supra, no 122.
(539) Cass. com., 21 janv. 2003, Bull. civ. IV, no 9 : « le remboursement du prêt constituait une
obligation à terme souscrite par la société E. avant sa dissolution, peu important que la dette n’ait
pas été exigible à cette date » ; la caution demeure tenue du remboursement, en dépit de la
dissolution (absorption) de la société emprunteuse ; Cass. civ. 1re, 10 déc. 2002, Bull. civ. I, no 303 :
la révocation du cautionnement de dettes futures est sans effet sur l’obligation de garantir un prêt
consenti avant la révocation ; Cass. civ. 1re, 10 juin 1997, Bull. civ. I, no 194 ; Cass. civ. 1re, 20 juill.
1994, Bull. civ. I, no 258 ; Contrats, conc. consom., 1994, no 245, n. L. Leveneur : les héritiers de la
caution garantissant un prêt remboursable en douze années sont tenus du paiement des échéances
impayées par l’emprunteur, après le décès de la caution ; s’il s’était agi du cautionnement d’une dette
future, les héritiers de la caution auraient été libérés : v. infra, no 272.
(540) C’est pourquoi l’art. 22-1, al. 1 de la loi du 6 juill. 1989, relative aux baux d’habitation et
mixtes permet à la caution de résilier son engagement, lorsque l’acte ne mentionne pas la durée du
contrat de location ; supra, no 211.
(541) Cass. civ. 3e, 25 avr. 1990, Bull. civ. III, no 101.
(542) V. cep. Cass. com., 26 oct. 1999, cité infra, no 273, qui applique au cautionnement d’un bail à
durée déterminée un raisonnement propre au cautionnement de dette future ; cet arrêt est injustifiable.
(543) Supra, no 136. Ex. : Cass. com., 7 juill. 1992, Bull. civ. IV, no 262 : « le cautionnement avait
été donné en garantie d’un prêt dont le terme était stipulé ; ... l’obligation de couverture
contractée par la caution était donc elle-même limitée dans le temps, quand bien même
l’obligation de paiement en l’absence d’un complet amortissement du prêt, eût subsisté au-delà du
terme ; il s’ensuit que la cour d’appel a décidé à bon droit que la volonté de résiliation
unilatérale exprimée par la caution était sans effet » ; la notion d’obligation de couverture est
inutile, s’agissant d’une dette présente : infra, no 239.
(544) Ex. : cautionnement du solde d’un compte bancaire ; la caution garantit le résultat des
opérations (au crédit ou au débit) qui interviendront entre le débiteur principal et la banque. Limiter
la période de garantie (ex. : un an, ou tant que la caution sera président de la société, ou jusqu’à ce
qu’elle révoque) revient à délimiter le quantum de la dette.
(545) C’est-à-dire les dettes nées pendant la période de garantie.
(546) ** Cass. civ., 10 janv. 1870, Barthe-Delcasse, DP, 70.I.160 (2e esp.) : « La chose qui fait
l’objet du cautionnement contenu dans l’acte sous seing privé est déterminée quant à son espèce,
puisque ce cautionnement s’applique aux obligations que le cautionné avait souscrites ou
souscrirait au profit de la maison C. ; si la chose qui fait l’objet de ce cautionnement est
incertaine quant à sa quotité, cette quotité peut être déterminée par celles des obligations
principales auxquelles s’applique l’obligation accessoire de la caution ». Cass. com., 11 mai 1993,
JCP G, 94.II.22188, n. Ph. Delebecque ; 22 févr. 1994, Bull. civ. IV, no 68 : « un tel engagement
n’est pas nul pour indétermination de son objet, quand bien même le montant de ces obligations
n’aurait pas été chiffré à la date de sa souscription » ; Cass. com., 22 janv. 1994, Bull. civ. IV,
no 68 ; Defrénois 94, art. 35897, obs. L. Aynès. Cass. civ. 1re, 10 déc. 2002, Bull. civ. I, no 303 :
« n’est pas nul pour indétermination de son objet l’engagement de caution, limité dans son
montant, qui garantit le remboursement de dettes futures dès lors qu’y est identifié le débiteur de
celles-ci ». L’arrêt ne permet pas de savoir si la limitation en montant est une condition de validité.
En pratique, les banques s’interdisent de recevoir un tel cautionnement illimité.
(547) C’était l’opinion de Pothier ; v. ég. PLANIOL et RIPERT, 2e éd., t. XI par R. SAVATIER, no 1516.
(548) Ch. MOULY, Les causes d’extinction du cautionnement, Litec, 1981, préf. M. Cabrillac, no 253
et s.
(549) Ch. MOULY, op. cit., no 256.
(550) Op. cit., no 260.
(551) Op. cit., no 261.
(552) V. MAZEAUD, L’obligation de couverture, IRJS Éditions, 2010, propose une analyse différente :
le cautionnement de dette présente donnerait naissance à une obligation de couverture, le
cautionnement de dette future se bornant à créer le cadre de l’engagement de la caution.
(553) Ex. : « Je m’engage pour dix ans », ou « jusqu’au 13 avr. 2099 ». V. Cass. com., 22 nov. 2011,
no 10-20874, Dr. et patr. 2012, no 211, 85, obs. Ph. Dupichot : la stipulation d’un terme certain à
l’engagement de la caution (par exemple : le cautionnement est valable jusqu’au 15 janv. 2000) peut
susciter une difficulté d’interprétation : s’agit-il de l’extinction de la période de couverture ou de
celle du droit de poursuite (forclusion conventionnelle, laquelle n'est pas soumise au droit de la
prescription extinctive selon Cass. com., 15 oct. 2013, nº 12-21704, RD bancaire et financier 2014,
comm. 12, obs. A. Cerles ; RTD civ. 2014, p. 155, obs. P. Crocq ; Banque et droit, nº 152, nov.-déc.
2013, p. 44, obs. N. Rontchevsky) ; la Cour de cassation estime cependant qu’il s’agit d’une clause
dont le sens est clair et précis : limiter la garantie de la caution au temps convenu par les parties et
non imposer au créancier d’engager contre elle ses poursuites dans le même délai. En somme, la
forclusion conventionnelle réclame une expression sans ambiguité.
(554) Ex. : « Je m’engage pour la durée de mes fonctions au sein de la société », ou « jusqu’à ce
que je cède ma participation »...
(555) Infra, no 268.
(556) Infra, no 271.
(557) Infra, no 277.
(558) Supra, no 133.
(559) Supra, no 204.
(560) V. D. COM, L’étendue du cautionnement, PUAM, 1999, préf. J. Mestre, qui adopte cette
distinction (p. 31-96), qu’elle estime plus conforme aux nécessités modernes.
(561) Ex. : cautionnement d’une dette future incertaine, par exemple, le solde d’un compte courant.
(562) Ex. : le paiement du loyer ou le solde débiteur de tel compte.
(563) Ex. : cautionnement donné à une banque par le dirigeant de la société ou l’associé majoritaire,
qui couvre « toutes les sommes qui pourront être dues par la société à quelque titre que ce soit, en
principal, accessoires et frais ». Sur la validité de principe d’un tel engagement : Dijon, 3 oct. 1985,
JCP G, 87.II.20726, n. appr. Ph. Delebecque. En pratique, les banques s’interdisent en général de
recevoir un cautionnement omnibus illimité en montant.
(564) Infra, l’extinction du cautionnement par accessoire, nos 252 et s.
(565) Supra, no 134.
(566) Cass. civ. 1re, 14 févr. 1990, JCP G, 90.IV.139 : « Il résulte du principe fraus omnia corrumpit
et des art. 1208 et 1351 du Code civil que la caution solidaire peut, nonobstant l’autorité de la
chose jugée, opposer au créancier les faits de fraude ou de collusion entre celui-ci et le débiteur
principal » ; en l’espèce, le créancier avait omis d’indiquer au tribunal le prix de la cession,
convenue avec le débiteur, de biens nantis attribués au créancier, et venant en déduction de la
créance.
(567) Cass. com., 25 janv. 1984, Bull. civ. IV, no 40 ; jurisprudence constante.
(568) Lorsque le juge-commissaire rejette la créance : Cass. com., 10 mai 1966, Bull. civ. IV, no 237 ;
18 mars 1970, Bull. civ. IV, no 107.
(569) Sur la question de savoir si la caution poursuivie par le créancier peut exiger le sursis à statuer
jusqu’à ce que la créance soit vérifiée : Cass. com., 30 juin 1987, Bull. civ. IV, no 162 ; D., 87, som.
450, n. L. Aynès et supra, no 141.
(570) Supra, nos 135-136.
(571) M. CABRILLAC, « Les accessoires de la créance », Ét. A. Weill, Dalloz, 1983, p. 107 et s.
(572) D. COM, op. cit., p. 66 et s.
(573) Ex. : la caution d’un preneur à bail garantit les indemnités pour abus de jouissance, sauf clause
contraire.
(574) * Cass. civ. 3e, 14 nov. 1973, Lignez, Bull. civ. III, no 579 ; Gaz. Pal., 74.I.275 ; RTD civ.,
74.633, n. Cornu.
(575) Supra, no 208.
(576) C’est, en tout cas, la solution retenue par la chambre commerciale : Cass. com., 16 mars 1999,
cité supra, note 39. La 1re chambre civile décidait que s’ils n’étaient pas expressément visés, les
accessoires, même sous le plafond chiffré, n’étaient pas dus. Cette jurisprudence, liée à une
conception formaliste de la mention manuscrite, est sans doute abandonnée (supra, no 208).
(577) Si la mention spéciale prescrite par l’art. 1326 ne se réfère qu’au principal (ex. : « bon pour
caution à hauteur de 100 000 F en principal »), l’hésitation n’est plus permise : si le corps de l’acte
mentionne les intérêts et accessoires, « il importe peu que cette mention ne fasse pas état des
intérêts et accessoires » : Cass. com., 4 févr. 2003, Bull. civ. IV, no 13.
(578) Pour la couverture par la caution : * Cass. civ. 1re, 8 févr. 1977, Vandamme, préc., supra,
no 135 ; * Cass. Req., 20 mars 1922, Raynaud et la Banque privée, DP, 23.I.21 ; Contra,
Cass. civ. 1re, 21 juill. 1970, Bull. civ. I, no 245 ; D., 70.671.
(579) Cass. com., 23 nov. 1999, Bull. civ. IV, no 203 : « l’arrêt retient exactement que la caution est
tenue au paiement de l’indemnité conventionnelle de résiliation, dès lors que la mention
manuscrite se réfère aux accessoires du contrat de crédit-bail et que celui-ci prévoit une
indemnité de résiliation et une peine contractuelle dont il fixe les montants » ; Cass. com., 15 juill.
1986, Bull. civ. IV, no 155 ; D., 87.449, n. L. Aynès ; Defrénois 87, art. 34056, no 77, mêmes obs. :
« en condamnant [la caution] au paiement de l’indemnité stipulée, la cour d’appel n’a fait
qu’appliquer l’engagement de caution après avoir appliqué la convention de crédit-bail » ;
Cass. com., 11 mai 1993, D., 93, IR, 151 : la caution doit le paiement de l’indemnité de résiliation
« déterminée comme il est contractuellement prévu » (en ajoutant la TVA).
(580) Cass. civ. 1re, 2 avr. 1997, Bull. civ. I, no 114 ; Cass. civ. 1re, 27 mars 1990, Defrénois 1990,
art. 34809, no 71, n. L. Aynès.
(581) Cass. civ. 1re, 24 juill. 1978, Bull. civ. I, no 280.
(582) Supra, nos 237 et 240.
(583) Cette interprétation peut être guidée non seulement par les termes employés, mais par des
éléments extrinsèques, notamment d’autres cautionnements accordés par des tiers au même créancier :
Cass. com., 8 déc. 1987, Bull. civ. IV, no 262.
(584) Ex. : « Bon pour caution à concurrence de 100 000 €. »
(585) Ex. : Cautionnement d’un prêt de 200 000 € ; la caution limite son engagement à concurrence de
100 000 €. Cette limitation à un « montant global expressément et contractuellement déterminé,
incluant le principal, les intérêts, les frais et accessoires » est devenue une condition de validité de
la stipulation de solidarité ou de renonciation au bénéfice de discussion, lorsqu’un crédit est accordé
à un entrepreneur individuel (Loi Madelin du 11 févr. 1994, art. 47.II) : supra, nos 143, 147.
(586) Supra, no 246.
(587) Cass. com., 4 févr. 2003, Bull. civ. IV, no 13 : la mention visait « la somme de 400 000 francs
en principal » ; jugé qu’il n’y a pas de contradiction avec le corps de l’acte visant expressément les
intérêts et accessoires, qui sont dus. En revanche, si la mention manuscrite fait état d’un plafond (« la
somme de 400 000 francs »), celui-ci ne peut pas être dépassé, en dépit des termes de l’acte : la
mention l’emporte.
(588) 1er ex. : C s’engage à concurrence de 100 000 ; C` à concurrence de 100 000 ; C" à concurrence
de 50 000. La dette est de 250 000. Est-elle couverte, à concurrence de 50 000 par trois cautions, à
concurrence de 100 000 par deux cautions, et non couverte pour 150 000 ; ou, au contraire, est-elle
entièrement couverte ? 2e ex. : deux cautionnements limités sont successivement donnés par la même
personne ; jugé que le second « nove » le premier, qui disparaît, en raison de circonstances
particulières : Cass. com., 12 mai 1992, JCP G, 1992.IV, no 1947.
(589) Lorsque deux cautions, l’une limitée, l’autre illimitée garantissent la même dette, le créancier
peut obtenir leur condamnation in solidum pour le montant limité : Cass. com., 18 oct. 1983,
Bull. civ. IV, no 266.
(590) * Cass. com., 5 nov. 1968, Delfour, Bull. civ. IV, no 306 ; D., 69.314 ; Cass. com., 28 janv.
1997, Defrénois 97, art. 36256, no 41, obs. Aynès. Au contraire, s’il s’agit de deux dettes dont l’une
seulement est cautionnée, l’imputation se fait, sauf volonté contraire, d’abord sur la dette cautionnée,
réputée plus onéreuse en raison du recours de la caution : Cass. civ. 1re, 29 oct. 1963, Bull. civ. I,
no 462 ; D., 64.39 ; Cass. 3e civ., 12 juin 2014, nº 13-18595, RD bancaire et financier sept.-oct.
2014, p. 34, obs. A. Cerles ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 11, obs. Ph. Delebecque ; Banque et droit,
nº 156, juill.-août 2014, p. 39, obs. N. Rontchevsky.
(591) Ex. : la construction d’un immeuble : la caution pense à son recours éventuel. Autre ex. :
Cass. civ. 1re, 19 mai 1987, Bull. civ. I, no 154 ; D., 87, som. 446, n. L. Aynès : la caution s’engage à
garantir le remboursement d’un prêt dont la destination (achat d’un portefeuille d’assurance) est
précisée dans l’acte : « Compte tenu des termes de l’acte authentique et de l’intention des parties,
[la cour d’appel] a retenu que les fonds prêtés étaient affectés à un emploi déterminé... et que cette
affectation contractuelle était la condition même de leur [les cautions] engagement » ; Versailles,
16 déc. 1987, Antoniazzi/société des moulins de Nemours Bourassin (inédit) : prêt destiné à
l’acquisition d’un fonds de commerce, détourné de son affectation ; jugé que la caution est libérée.
(592) Mais la jurisprudence n’admet pas facilement ce type de condition, lorsqu’elle doit être
réalisée au moment où la caution s’engage : l’événement n’a rien de futur ou d’incertain ; la caution
pouvait le vérifier ; v. à propos d’une assurance-décès que devait souscrire l’emprunteur ;
Cass. civ. 1re, 7 juill. 1987, D., 87.446, n. L. Aynès ; n.p.B. ; v. pour un nantissement non inscrit, le
curieux recours à l’erreur : Paris, 15 avr.1989, D., 89, IR, 95.
(593) V. à propos de la surveillance par le banquier de l’emploi des fonds, Cass. civ. 1re, 25 mai
1987, Bull. civ. I, no 163 ; D., 87.446, n. L. Aynès ; 12 nov. 1987, Baronie/CRCAM (inédit) : « les
juges du second degré ont relevé que si les contrats mentionnaient la destination des prêts, ils
n’imposaient pas au créancier le contrôle de cette destination »...
(594) Ch. MOULY, Les causes d’extinction du cautionnement, Bibl. de droit de l’entreprise, 1980,
préf. M. Cabrillac.
(595) Op. cit., no 10.
(596) Loc. cit.
(597) Supra, no 139.
(598) Au sens de ce texte (al. 2), comme au sens de l’art. 2313, l’exception « purement
personnelle » est l’incapacité du débiteur.
(599) Supra, no 131.
(600) Les obligations, coll. Droit civil.
(601) L’inscription d’une obligation en compte courant, longtemps considérée comme une novation,
produit un effet identique : l’obligation disparaît dans son individualité ; et avec elle le
cautionnement qui la garantissait. Pour être maintenu, celui-ci doit être expressément reporté sur le
solde : *Cass. com., 19 mars 1980, Banque veuve Morin Pons, Bull. civ. IV, no 135 ; déjà :
Cass. com., 10 juin 1949, JCP G, 49.II.5106, n. Cabrillac.
(602) * Cass. civ., 17 déc. 1928, Zelenoff, DH, 29.49 : « la convention modificatrice du premier
contrat (changement de la monnaie de paiement) n’a pas eu pour but de changer l’objet de la dette,
lequel est demeuré le remboursement de la somme prêtée le 23 sept. 1924 ; elle a eu seulement
pour dessein d’assurer au créancier, dans ses relations avec le débiteur principal, un avantage
dans la modalité du paiement ; si elle n’a pas pu avoir pour effet, ainsi que l’arrêt le décide avec
raison, de faire perdre à la caution, qui y est restée étrangère, la faculté de se libérer dans la
limite de la somme mentionnée au premier contrat, elle ne l’a point, par contre, déchargée d’un
engagement qui, dans cette limite, ne peut s’éteindre qu’avec la dette principale elle-même ».
(603) Supra, no 136.
(604) A. GHOZI, La modification de l’obligation par la volonté des parties, LGDJ, 1980, préf.
D. Tallon, nos 520 et s.
(605) En ce sens, Ch. MOULY, op. cit., no 304 ; v. Les obligations, coll. Droit civil.
(606) Cass. com., 13 avr. 1999, Bull. civ. IV, no 87 ; D. Aff., 99.801, n. A. L. ; Defrénois 99,
art. 37023, no 9, n. Sénéchal.
(607) V., traitant notamment de l'effet de la cession de dette sur les sûretés garantissant son paiement,
M. JULIENNE, « La cession de dette : une théorie inachevée », Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 56, spéc.
p. 62 ; Ph. Simler, Contrats, conc., consom., mai 2016, Dossier 8, spéc. nº 11. Pour une comparaison
avec le droit allemand, v. V. LASSERRE, « La cession de dette consacrée par le Code civil à la lumière
du droit allemand », D. 2016, p. 1578, spéc. no 14 s.
(608) V. C. BERGER, « Le sort de la caution en cas de cession de contrat dans le cadre d’une
procédure collective », D. 2003, p. 1682 ; Cass. com., 12 oct. 1993, Bull. civ. IV, no 333 ; JCP G,
1994.I.3759, no 2, n. Cabrillac et Pétel : la cession judiciaire d’un contrat, en vertu de l’art. 86 de la
loi du 25 janv. 1985, n’étant pas une novation, le débiteur en « faillite » « n’est pas déchargé du
passif contractuel afférent à sa propre gestion... La caution demeure tenue au titre des créances
nées du chef du débiteur antérieurement à la cession ». A fortiori, en va-t-il de même lorsque la
cession judiciaire du contrat n'est pas possible, parce que le contrat n'est pas un contrat en cours, ce
qui est le cas d'un prêt, et que le cessionnaire se contente de prendre l'engagement de « reprendre le
prêt » sans que le créancier accepte de libérer l'emprunteur initial ; en l'absence de novation par
changement de débiteur, cet engagement ne libère ni ce dernier, ni sa caution : Cass. com., 9 fév.
2016, nº 14-23219, RD bancaire et financier mars-avr. 2016, comm. 88, obs. C. Houin-Bressand ;
Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 33, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RD bancaire et financier mars-avr. 2016,
comm. 67, obs. D. Legeais; D. 2016, p. 423, obs. A. Lienhard ; Gaz. Pal. 12 avr. 2016, p. 72, obs.
E. Le Corre Broly ; Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 8è, obs. F. Macorig-Venier.
(609) Cass. com., 21 nov. 1995, Bull. civ. IV, no 267 ; Defrénois 96.258, obs. Sénéchal : cession
judiciaire d’un crédit-bail, en vertu de l’art. 86 de la loi du 25 janv. 1985 : « si la caution reste
garante des loyers échus antérieurement à la cession, nés du chef du débiteur cédé [cédant ?], elle
ne garantit pas les loyers postérieurs dus par le cessionnaire, dont elle n’a pas garanti les
obligations, à moins que par un nouvel engagement, elle ait donné sa garantie au cessionnaire
pour le paiement de ces loyers ». Rappr., faisant de l’accord de la caution une condition du transfert
de l’obligation garantie à un nouveau débiteur, le nouvel art. 26-8 de la loi du 10 juill. 1965, issu de
la loi du 22 mars 2012, selon lequel « lors d’une mutation entre vifs du lot d'un copropriétaire
bénéficiant de l'emprunt mentionné à l'article 26-4, même si cette mutation est réalisée par voie
d'apport en société, les sommes restant dues par le copropriétaire au titre du remboursement de
l'emprunt ainsi que du paiement des accessoires deviennent immédiatement exigibles. Toutefois, en
cas d'accord du prêteur et de la caution, l'obligation de payer ces sommes peut être transmise au
nouveau copropriétaire avec son accord. Le notaire informe le syndic de ces accords ».
(610) N. PICOD, La remise de dette en droit privé, Dalloz, Nouv. Bibl. de thèses, t. 128, 2013, préf.
C. Saint-Alary-Houin.
(611) Doctrine et jurisprudence admettent aujourd’hui l’inefficacité de la réserve par le créancier de
ses droits contre la caution, même solidaire (MOULY, op. cit., nos 144 et s. ; SIMLER, op. cit., nos 485
et s.), en raison du principe de l’accessoire, ou de l’impossibilité pour le créancier de priver la
caution de son recours contre le débiteur.
(612) P. Pailler, « L'opposabilité de la transaction aux tiers », RLDC mai 2015, p. 59.
(613) V. supra, no 137.
(614) Cass. civ. 1re, 1er juin 1983, Bull. civ. I, no 165 : « la caution peut opposer au créancier toutes
les exceptions qui appartiennent au débiteur principal et qui sont inhérentes à la dette, et
notamment la compensation de ce que le créancier doit au débiteur principal ». Cass. com.,
19 janv. 1993, Bull. civ. IV, no 15 ; Defrénois 93, art. 35671, no 94, n. L. Aynès : un sursis à statuer sur
la poursuite dirigée contre la caution peut être ordonné, afin de permettre à celle-ci de faire jouer une
éventuelle compensation de la dette principale.
(615) Cass. com., 26 oct. 1999, Bull. civ. IV, no 181 : « Vu les art. 1294, al. 1, et 2036 du Code
civil ; il résulte de ces textes que la caution, même solidaire, peut opposer au créancier la
compensation de ce que le créancier doit au débiteur principal, même si ce dernier renonce à
l’invoquer. » Comp., toutefois, Cass. com., 24 mars 2015, nº 13-16076, D. 2015, p. 797, obs.
V. Avena-Robardet ; Act. proc. coll. 2015, nº 139, obs. Th. Douville, arrêt affirmant, dans le cas d'une
rupture abusive de crédit, que la caution ne peut bénéficier d'une compensation entre sa dette à
l'égard du créancier et la réparation du préjudice subi par le débiteur principal au motif que le
préjudice ainsi réparé n'est pas le sien et que le débiteur principal, lui, n'en avait pas demandé
réparation.
(616) V. L. BOUGEROL, « La réforme de la solidarité passive : illusions perdues et incertitudes »,
RD bancaire et financier mars-avril 2016, p. 20.
(617) Cass. com., 19 nov. 1996, Bull. civ. IV, no 276 ; Defrénois 97, art. 36526, no 39, obs. Aynès ;
MOULY, op. cit., no 169.
(618) Supra, no 130.
(619) MOULY, op. cit., no 87.
(620) Et non la nullité de la dation.
(621) Supra, nos 237 et s.
(622) Car la caution n’est obligée de payer que si le débiteur ne le fait pas.
(623) V. supra, nº 141.
(624) Cass. civ. 2e, 16 déc. 2004, Bull. civ. II, no 536, non-pub. sur le second moyen :
« conformément à l’art. 1692 du Code civil, la cession de créance avait entraîné de plein droit la
cession du cautionnement » ; Cass. com., 14 janv. 2003, no C03-22082 ; Cass. civ. 1re, 4 mars 2003,
D. 2003, Bull. civ. I, no 61 : mais quel est le rôle de la signification ?
(625) Cass. com., 8 nov. 2005, Bull. civ. IV, no 218 ; JCP 2005.II.10170, n. D. Houtcieff ; Cass. com.,
4 juin 2002 ; JCP G, 2003.I.124, no 8, obs. Simler.
(626) *Cass. Ass. plén., 6 déc. 2004, Bull. Ass. plén., no 14 ; D. 2005, 227, n. L. Aynès ; 2078,
Panorama, obs. P. Crocq ; RDC 2005, 406, obs. D. Houtcieff ; RTD com. 2005, 51, obs. J. Monéger,
404, obs. D. Legeais ; Defrénois 2005, art. 38142, no 20, obs. E. Savaux : « En cas de vente de
l’immeuble donné à bail, le cautionnement garantissant le paiement des loyers est, sauf
stipulation contraire, transmis de plein droit au nouveau propriétaire en tant qu’accessoire de la
créance de loyers cédée à l’acquéreur par l’effet combiné de l’art. 1743 et des art. 1692, 2013 et
2015 du Code civil... ».
(626a) Cass. com., 12 juill. 2016, no 14-26174.
(627) V. notamment, en cas de fusion par absorption de la société débitrice, le maintien du
cautionnement des dettes nées avant la fusion : Cass. com., 8 nov. 2005, Bull. civ. IV, no 219 ;
JCP 2005.II.10170, n. D. Houtcieff ; Cass. com., 21 janv. 2003, cité infra, no 276.
(628) Ex. : à propos de la novation, Cass. civ., 18 juill. 1866, DP, 66.I.326 : « Si, par la novation
faite entre le créancier et l’un des débiteurs solidaires, les autres codébiteurs solidaires sont
libérés, il ne peut en être de même quand la novation n’a été opérée qu’à l’égard d’une caution ;
en effet, le cautionnement, n’étant qu’un accessoire de la dette principale, peut s’éteindre sans
que cette dette cesse d’exister ; il n’importe, d’ailleurs, que ce cautionnement soit solidaire,
puisque cette solidarité ne change pas sa nature et qu’elle modifie seulement ses effets » ; v. cep.
sur l’effet de la novation à l’égard des autres cautions solidaires, infra, no 267.
(629) Cass. civ. 1re, 20 mai 2009, no 08-12922, Bull. civ. I, no 102, RLDC 2009, no 3501 : remise de
trois points d’intérêts accordée à la caution si elle paye en une seule fois ; cette remise ne bénéficie
pas au débiteur.
(630) Situation aujourd’hui fréquente, par exemple lorsque le créancier engage sa responsabilité
envers la caution comme dispensateur excessif de crédit au débiteur principal, ou pour violation de
son devoir de mise en garde (infra, nos 294 et s.)
(631) Ch. MOULY, op. cit., no 115.
(632) Ce principe connaît une exception lorsque la caution invoque à l’encontre du créancier une
créance de dommages-intérêts née d'un manquement de ce dernier à ses obligations envers la
caution : v., infra, no 300.
(633) La caution pourrait donc réclamer au débiteur une somme qu’elle n’a payée qu’au moyen de sa
créance de responsabilité, ce qui lui permettrait de s’enrichir. En réalité, divers procédés permettent
de l’éviter (MOULY, op. cit., no 114).
(634) Cass. civ. 1re, 18 mai 1978, Bull. civ. I, no 195 : cet arrêt admet incidemment, à propos de la
remise de dette, la licéité d’une telle convention créant une étroite dépendance entre tous les
cautionnements.
(635) Cass. com., 28 janv. 1997, Bull. civ. IV, no 27 ; D., 97, som. 167, obs. Aynès ; JCP G,
97.II.22946, n. Dagorne-Labbé : l’extinction du droit du créancier pour non-déclaration dans la
« faillite » de l’une des cautions (L. 1985, art. 53) ne profite pas aux autres cautions. Sur l’ensemble
de la question, J. MESTRE, « Les cofidéjusseurs », Dr. et patr. 1998, p. 66 et s.
(636) Cass. civ. 1re, 18 mai 1978, Bull. civ. I, no 195 : « Lorsque le créancier a accordé une remise
conventionnelle à l’une des cautions solidaires, les cofidéjusseurs qui restent tenus ne peuvent
être poursuivis que déduction faite de la part de la caution bénéficiaire de la remise » ; la solution
était incertaine, car l’art. 1285 ne vise que les codébiteurs solidaires. Ex. : En 1966, A, B et C se
sont portés cautions solidaires à concurrence de 900 000 des dettes que la société civile du Château
Lapompe a envers le Crédit Lyonnais ; en 1970, le Crédit Lyonnais consent à C, à titre gratuit, une
remise conventionnelle de ses obligations de caution. En 1988, la société civile du Château Lapompe
doit au CL 900 000. A et B ne sont cautions que pour 600 000.
(637) V., en matière de novation, Cass. com., 7 déc. 1999, Joffres, Bull. civ. IV, no 219 ; D., 2000.41,
obs. J. F. ; LPA, 6 mars 2000, p. 15, obs. Keita.
(638) . Auxquels il faut assimiler les cautions ayant renoncé au bénéfice de division.
(639) Cass. com., 3 nov. 2010, no 09-16173, JCP G 2011, 226, no 6, obs. Ph. Simler.
(640) Supra, no 263.
(641) Supra, no 263.
(642) Ch. MOULY (op. cit., no 308) applique l’ancien art. 1301, al. 2, et constate que la caution
« confondue » n’était débitrice d’aucune portion dans la dette. Les cofidéjusseurs solidaires ne
bénéficieraient donc d’aucune déduction.
(643) SIMLER, op. cit., no 800.
(644) Cass. com., 17 févr. 2009, D. 2009, p. 2207 s., n. Y. Dagorne-Labbé.
(645) Cass. civ. 1re, 11 janv. 1984, Bull. civ. I, no 11 ; JCP G, 86.II.20687, n. Dumortier : « Il résulte
de l’art. 2021 du Code civil que l’engagement d’une caution solidaire à l’égard du créancier se
règle par les principes établis pour les dettes solidaires ; d’après l’art. 1281 du même code, la
novation, faite entre le créancier et l’un des débiteurs solidaires a pour effet de libérer les
codébiteurs ; il s’ensuit, en l’absence de convention contraire, que la novation opérée à l’égard
des cautions C. et F. libère leur cofidéjusseur B. » (novation par changement de débiteur :
substitution d’une nouvelle caution).
(646) * Cass. com., 7 déc. 1999, Joffres, Bull. civ. IV, no 219, cité supra : « la novation opérée à
l’égard de l’une des cautions n’a pas pour effet de libérer le débiteur principal et, par suite, pas
davantage les autres cautions solidaires, sauf convention contraire... Chacune des cautions s’était
engagée sans faire de l’engagement des quatre autres une condition de son propre engagement,
acceptant en conséquence l’éventualité d’une diminution de leurs droits dans leurs rapports entre
elles ».
(647) Supra, no 237.
(648) . MOULY, op. cit., nos 279 et s. ; SIMLER, op. cit., no 779.
(649) Ex. : Cass. civ. 1re, 27 avr. 1976, Bull. civ. I, no 141.
(650) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(651) Cass. com., 10 oct. 1956, Bull. civ. III, no 231 ; 13 nov. 1972, Bull. civ. IV, no 285.
(652) Cass. civ. 1re, 7 mars 2006, Bull. civ. I, no 132 : la nullité d’une clause excluant cette faculté est
cependant partielle.
(653) Cass. civ. 1re, 2 juin 2004, Bull. civ. I, no 157 ; JCP 2005, II, 10004, n. O. Rivoal : la clause
prévoyait que demeureraient couvertes les obligations principales ayant leur origine à une date
antérieure à la prise d’effet de la résiliation (90 jours après réception de la lettre de résiliation) ;
cassation de l’arrêt qui refuse de l’appliquer « méconnaissant la distinction entre obligations de
règlement et de couverture ».
(654) Cass. civ. 1re, 7 déc. 1999, Bull. civ. I, no 335 ; JCP G, 2000.II.10268, concl. J. Sainte-Rose.
(655) Infra, no 294.
(656) Comme lorsque le cautionnement est à durée déterminée, l’information est annuelle (avant le
31 mars), a pour objet le montant de la dette principale au 31 déc. précédent et est sanctionnée par la
déchéance du droit aux intérêts (infra, no 295).
(657) Ch. MOULY, op. cit., nos 292 et s.
(658) Ch. MOULY, op. cit., nos 324 et s.
(659) Cass. com., 14 nov. 1966, Bull. civ. III, no 427 ; RTD civ., 1967.627, obs. Chevallier ;
Cass. civ. 1re, 16 déc. 1969, Bull. civ. I, no 396 ; RTD com., 1970.459, obs. Cabrillac et Rives-
Lange : « l’art. 2017, aux termes duquel les engagements des cautions passent à leurs héritiers,
requiert seulement pour son application que l’engagement fut tel que la caution y fût obligée, mais
non que l’obligation de la caution fût exigible lors du décès de celle-ci ».
(660) ** Cass. com., 29 juin 1982, consorts Ernault, Bull. civ. IV, no 258 ; D., 83.360, n. Mouly ;
RTD civ., 83.354, obs. Rémy ; Les grands arrêts..., no 190, obs. Terré et Lequette ; Rev. sociétés,
1982.86, n. Cabrillac.
(661) Même solution : Cass. civ. 1re, 3 juin 1986, Bull. civ. I, no 147 ; Defrénois 1987, art. 33845,
n. Piedelièvre ; Cass. com., 13 janv. 1987, cité infra, note 64.
(662) Ch. MOULY, op. cit., nos 350 et s.
(663) ** Cass. com., 13 janv. 1987, Cofincau ; Bull. civ. IV, no 9 ; D., 87, som. 453, n. L. Aynès ;
Defrénois 87, art. 34120, no 109, m. n. ; JCP G, 88.II.20954, n. S. de la Marnierre : « C’est à bon
droit qu’une cour d’appel retient que, par application des dispositions de l’art. 2017, les héritiers
d’une caution ne peuvent être tenus des dettes du bénéficiaire du cautionnement nées
postérieurement au décès de leur auteur... ; toute clause contraire aux dispositions de l’art. 2017
du Code civil, ayant pour résultat de mettre à la charge des héritiers une obligation née après le
décès de leur auteur et dont celui-ci n’était pas tenu de son vivant, constituerait un pacte sur
succession future prohibé ».
(664) V. MAZEAUD, L'obligation de couverture, préf. P. Jourdain, Bibl. André Tunc, tome 27, IRJS
éditions, 2010, nº 404, p. 560.
(665) Cass. com., 7 janv. 2014, nº 12-20204, Rev. soc., mai 2014, p. 291 s., note J.-J. Ansault ; Dr. et
patr. nov. 2014, p. 106, obs. A. Aynès ; RDC déc. 2014, p. 654, 111a5, obs. A.-S. Barthez ;
RD bancaire et financier 2014, com. 45, obs. A. Cerles ; RLDC mars 2014, p. 35, obs. J. Clavel-
Thoraval ; RTD civ. 2014, p. 156 s., obs. P. Crocq ; JCP G 2014, 236, obs. H. Hovasse ; JCP E
2014, 1033, n. D. Legeais ; D. 2014, p. 77, obs. A. Lienhard, p. 1012, obs. H. Guillou et p. 1024,
n. N. Martial-Braz ; D. 2014, p. 2442, obs. J.-C. Hallouin ; Dr. et patr. sept. 2014, p. 110, obs. J.-
P. Mattout et A. Prüm ; Gaz. Pal. 29-30 janv. 2014, p. 13, obs. M. Mignot ; Dr. et patr. mai 2015,
p. 61, obs. D. Poracchia ; Banque et droit, nº 154, mars-avr. 2014, p. 40, obs. N. Rontchevsky ; JCP
G 2014, doctr. 435, étude Ph. Simler. Adde M. JULIENNE, « Sous-cautionnement, fusion et obligation
de couverture », RLDC juin 2014, p. 35 s.
(666) Supra, no 225 ; Cass. com., 6 déc. 1988, Defrénois 89, art. 34482, n. L. Aynès.
(667) Cass. com., 3 nov. 1988, Bull. civ. IV, no 283, Defrénois 89, art. 34482, n. L. Aynès ;
* Cass. com., 30 mai 1989, Bouche, Bull. civ. IV, no 166 : « Le dirigeant d’une société qui se porte
caution des dettes que celle-ci viendrait à contracter, continue d’être tenu des dettes nées après la
cessation de ses fonctions, à moins qu’il n’ait stipulé expressément que le cautionnement était lié
à l’exercice de ces fonctions et cesserait de plein droit de produire effet lorsqu’il y serait mis fin
ou que la caution n’ait alors résilié son engagement » ; en l’espèce, pourtant, la caution s’était
expressément engagée en qualité de gérant de la société ; Cass. com., 24 avr. 1990, Bull. civ. IV,
no 117, D., 91.177, n. Morvan : une telle limitation doit être « précisée dans l’acte de
cautionnement », et la banque créancière n’a pas à prendre l’initiative d’avertir le dirigeant qu’il
peut résilier son engagement. Lorsqu’un terme exprès est stipulé, le cautionnement s’éteint au moment
de la notification de la cessation des fonctions, à défaut de convention particulière sur ce point :
Cass. com., 28 févr. 1995, n.p.B., JCP G, 95.I.3851, no 5, obs. Dimer.
(668) Cass. com., 29 janv. 2002, Bull. civ. IV, no 21 ; RTD civ. 2003, 124, obs. P. Crocq ; D. 2002,
som. 3335, obs. L. Aynès.
(669) Cass. com., 8 janv. 2008, RTD civ. 2008, p. 329, obs. P. Crocq.
(670) Supra, no 261.
(671) Cass. com. 19 févr. 2013, no 11-27666, Gaz. Pal. 20-21 mars 2013, p. 22, obs. Ch. Albiges ;
Dr. et patr. juill. 2013, obs. A. Aynès ; D. 2013, p. 1715, obs. P. Crocq : cautionnement d’une
convention d’escompte ; la banque apporte son fonds de commerce : « la caution ne pouvait être
tenue au titre de la garantie donnée au profit de la banque (apporteuse) que des créances cédées à
cette banque avant l’apport de son fonds de commerce à la banque (bénéficiaire de l’apport) ».
(672) ** Cass. com., 20 janv. 1987, consorts Descamps, Bull. civ. IV, no 20 ; JCP G, 87.II.20844,
n. M. Germain ; D., 87, som. 453, n. L. Aynès : « En cas de fusion de sociétés donnant lieu à la
formation d’une personne morale nouvelle, l’obligation de la caution qui s’était engagée envers
l’une des sociétés fusionnées n’est maintenue pour la garantie des dettes postérieures à la fusion
que dans le cas d’une manifestation expresse de la caution de s’engager envers la nouvelle
personne morale » : fusion de deux banques, devenues la BNP ; Cass. civ. 1re, 28 sept. 2004,
Bull. civ. I, no 214 ; Cass. com., 16 sept. 2014, nº 13-17779, RLDC nov. 2014, p. 37, obs. J.-
J. Ansault ; RTD civ. 2014, p. 892, obs. H. Barbier ; Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 20, obs. M.-
P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 85, obs. Ph. Dupichot ; RDC 2015, 111s7, p. 282, obs.
M. Julienne ; RD bancaire et financier 2014, nº 195, obs. D. Legeais ; Dr. et patr. mars 2015, p. 87,
obs. J.-P. Mattout et A. Prüm ; Banque et droit, nº 158, nov.-déc. 2014, p. 46, obs. N. Rontchevsky ;
adde P. Pailler, « De l'effet extinctif de la fusion-absorption sur l'engagement de la caution et sur ses
accessoires », RLDC févr. 2015, p. 29. V. déjà en cas d’absorption de la société créancière : la règle
est fondée sur la dissolution (sans liquidation) de la société créancière : Cass. com., 25 nov. 1997,
D. Aff., 98.168 ; Cass. com., 6 mars 1987, Bull. civ. IV, no 79 ; D., 79, IR, 138, n. M. Vasseur ; en sens
contraire, par interprétation de volonté : Cass. com., 18 déc. 1984, Bull. civ. IV, no 351 ; en cas de
scission par rapport à une société nouvelle : Cass. com., 22 janv. 1985, Bull. civ. IV, no 30 ; JCP G,
86.II.20591, n. Ph. Simler ; en cas d’apport partiel d’actif : Paris, 3e ch., Bull. civ., 24 sept. 1992,
B.P. Côte d’Azur c. Rousselle (la caution était pourtant dirigeant et associé).
(673) M. GERMAIN, n. préc., supra, note 70. L’extinction du cautionnement est la conséquence d’un
changement dans les conditions de naissance de la dette garantie, non accepté par la caution ; mais la
création d’une personne morale nouvelle n’est ni suffisante, ni même parfois nécessaire pour changer
ces conditions. Une société peut changer profondément en en absorbant une autre ; inversement,
l’entreprise peut demeurer identique, malgré la disparition de sa personnalité morale, fondue en une
autre.
(674) Cass. com., 23 mars 1999, Bull. civ. IV, no 69 ; JCP E, 1999.1012, n. A. Couret.
(675) Cass. com., 20 févr. 2001, Bull. civ. IV, no 38 ; ** Cass. com., 8 nov. 1972, époux Lempereur et
9 avr. 1973, époux Beauvais, D., 73, 753, n. Ph. Malaurie.
(676) Cass. civ. 1re, 3 mars 1976, Bull. civ. I, no 93.
(677) V. cep. Cass. com., 8 mars 1971, Bull. civ. IV, no 268 ; D., 72.262, n. Clairouin-Touchard
(cautionnement d’un compte courant, qui s’étend à un autre compte, afférent à une activité différente) ;
Ch. MOULY, op. cit., no 327.
(678) Cass. com., 6 juin 1989, Bull. civ. IV, no 177, Defrénois 89, art. 34633, no 132, n. L. Aynès :
continuation d’un bail par le syndic ; Cass. civ. 1re, 4 oct. 1989, Bull. civ. I, no 303, Defrénois 89,
ibid. : continuation d’un bail par les héritiers du preneur.
(679) C. BERGER, « Le sort de la caution en cas de cession de contrat dans le cadre d’une procédure
collective », D. 2003, p. 1682. En cas de fusion : Cass. com., 21 janv. 2003, Bull. civ. IV, no 9, a
contrario : « en cas de dissolution d’une société par voie de fusion avec une autre société,
l’engagement de la caution garantissant le remboursement du prêt consenti à la première société
demeure pour les obligations nées avant la dissolution de celle-ci » ; si les dettes n’étaient pas
encore nées, la caution serait libérée de son obligation de couverture.
(680) Cass. com., 25 oct. 1983, Bull. civ. IV, no 274 : la cour d’appel aurait dû rechercher « si la
société absorbante nouvelle a été spécialement constituée pour recevoir des apports-fusion des
sociétés fusionnées », auquel cas l’art. 381, al. 1 de la loi du 24 juill. 1966 (C. com., art. L. 236-14),
substituant l’absorbante à l’absorbée sans novation, n’aurait pas été applicable, la société issue de la
fusion étant, à l’égard de la caution, une débitrice nouvelle. Cass. com., 21 nov. 1995 et Cass. com.,
12 oct. 1993, cités, supra, no 255 : en cas de cession judiciaire de contrat (C. com., art. L. 642-7),
« la caution n’a pas à garantir les créances nouvelles nées du chef du repreneur depuis la
cession ».
(681) Supra, no 260.
(682) Cass. com., 1er avr. 2008, no 07-11003 : « La caution qui s’est engagée à garantir, sans
détermination d’objet ni de durée, les obligations contractées ou qui viendraient à l’être... doit la
garantie de toutes les obligations à durée déterminée convenues antérieurement à la résiliation
unilatérale du cautionnement quand bien même l’exécution de ces obligations se poursuivrait, en
vertu des stipulations contractuelles, après la date de cette résiliation » ; Cass. civ. 1re, 28 oct.
1997, Bull. civ. I, no 296 ; D. Aff., 97.1461 ; JCP G, 98.I.103, n. Ph. Simler ; Cass. com., 11 mai
1993, JCP G, 94.II.22188, n. Ph. Delebecque : après la résiliation de son engagement, la caution
continue à garantir les loyers échus et impayés postérieurement à la résiliation. Le bail à durée
déterminée (location d’un véhicule pour soixante mois) est ici traité comme un contrat à exécution
échelonnée.
(683) Cette clause évite à la caution la surprise d’être poursuivie longtemps après l’extinction de sa
garantie ; mais elle est rare. Ex. : Cass. civ. 2e, 14 oct. 1987, Bull. civ. II, no 195 : le contrat stipulait
que la procédure contre les cautions devait être engagée dans les cinq ans qui suivraient la clôture du
compte courant dont le solde était garanti ; celui-ci est clos par la liquidation de biens du débiteur ; la
caution paie des acomptes, mais n’est saisie que sept ans après la clôture ; le créancier est débouté,
car le délai convenu est de forclusion et non de prescription : il n’est pas soumis aux causes de
suspension et d’interruption prévues par les articles 2233 et s., sous réserve des exceptions prévues
par ces articles.
(684) Supra, no 219.
(685) Ex. : Cass. civ. 1re, 16 déc. 1986, Bull. civ. I, no 299 ; Defrénois 87, art. 33933, no 30,
n. G. Champenois : cautionnement d’une dette présente (redevances de crédit-bail), consenti pendant
la communauté ; la dette de la caution engage la communauté, même si l’obligation garantie n’est pas
exigible au moment de sa dissolution.
(686) Cass. civ. 1re, 17 juin 1986, Bull. civ. I, no 169 ; Defrénois 87, art. 34004, no 46, n. L. Aynès ;
JCP N, 86.II.242, n. Ph. Simler. V. Les régimes matrimoniaux, coll. Droit civil.
(687) Ex. : Cass. com., 16 oct. 1984, Bull. civ. IV, no 262 : « en statuant ainsi, sans rechercher si le
solde provisoire du compte courant, à la date de résiliation de l’engagement de caution, avait été
déterminé en tenant compte des opérations antérieures à cette résiliation, la cour d’appel n’a pas
mis en mesure la Cour de cassation d’exercer son contrôle ». Cass. com., 6 nov. 1990, Bull. civ. IV,
no 260, D. 1991, som. 388, n. L. Aynès.
(688) J. P. constante depuis : * Cass. com., 22 nov. 1972, Bard, Bull. civ. IV, no 298 ; v. :
Cass. civ. 1re, 17 mai 1983, Bull. civ. I, no 146 : la cour d’appel « devait rechercher non seulement si
le solde provisoire n’avait pas été réduit par des remises subséquentes des débiteurs, mais encore
si le solde définitif ne résultait pas en tout ou en partie d’avances accordées par la banque
postérieures à la révocation du cautionnement ».
(689) Cass. com., 12 mai 1998, Bull. civ. IV, no 151 : « toute remise au crédit d’un compte courant
s’impute sur le montant de l’engagement de la caution, fût-elle postérieure à la date d’expiration
de l’engagement de celle-ci » ; Cass. com., 20 févr. 1985, Bull. civ. IV, no 75 ; Cass. com., 28 oct.
1997, cité supra, note 80.
(690) 1er ex. : Solde débiteur provisoire au jour de la révocation (1984) : 10 000. Solde débiteur
définitif au jour de la clôture (1988) : 100 000. Entre 1984 et 1988, le débiteur a fait des remises en
compte pour un montant de 10 000. La caution est libérée. 2e ex. : Solde débiteur provisoire :
100 000. Solde débiteur définitif : 10 000. La caution ne devra jamais plus de 10 000 (art. 2013).
Elle peut ne rien devoir si les remises du débiteur se sont élevées à 100 000, le solde résultant alors
d’avances postérieures.
(691) Pour la validité d’une telle stipulation : Cass. com., 10 déc. 2002, Bull. civ. IV, no 190, JCP G,
2003.I.124, no 7, obs. Ph. Simler : la clause était la suivante : « au cas où la date ultime de validité
du cautionnement interviendrait avant la clôture du compte courant, les obligations de la caution
au titre de ce compte seraient déterminées par le solde que dégagera ce dernier au moment de sa
clôture, sans pouvoir excéder le montant de sa balance débitrice à la date d’effet de la
révocation » ; jugé qu’une telle clause était licite ; Cass. com., 12 févr. 1991, Bull. civ. IV, no 62 ;
JCP G, 91.II.21740, n. G. Amlon ; D. 1991, som. 387, n. L. Aynès : « cette clause ayant pour effet
de restreindre la portée de la révocation de l’engagement de caution intervenant avant la clôture
du compte courant en laissant subsister à la charge de la caution une obligation ne pouvant
excéder le montant réel de la dette garantie au moment de cette révocation, traduit en réalité la
transformation d’un cautionnement sans limitation de montant en un cautionnement d’un montant
déterminé par l’état du compte courant au moment de la révocation... Aussi insolite qu’elle puisse
paraître, elle n’est contraire ni à l’ordre public, ni au principe d’indivisibilité du compte courant,
ni au caractère accessoire du cautionnement » ; Cass. com., 9 juin 1992, Courtin c. Banque Vernes,
Bull. civ. IV, no 227 ; Cass. com., 6 juill. 1983, Bull. civ. IV, no 203, Contra : Ph. SIMLER, no 765 ;
Ph. THÉRY, no 83.
(692) CABRILLAC et MOULY, no 195 ; Ph. SIMLER et DELEBECQUE, nos 127 et 145.
(693) Cass. com., 3 avr. 1978, Bull. civ. IV, no 106 ; JCP G, 80.II.19325, n. Ph. Simler (2e espèce).
(694) En effet, la Cour de cassation a jugé « que la cession de créance ne transfère au cessionnaire
que les droits et actions appartenant au cédant et attachés à la créance cédée ; qu'il s'ensuit que
le cessionnaire d'une créance ne peut être tenu d'une dette née d'un manquement du cédant,
antérieur à la cession, sauf connexité avec la créance cédée ; que tel n'est pas le cas d'une
créance de dommages-intérêts fondée sur une faute commise par le cédant à l'encontre de la
caution garantissant le paiement de la créance cédée » : Cass. com., 2 juill. 2013, nº 12-18413, D.
2013, p. 2255, n. L. Bougerol-Prud'homme ; RD bancaire et financier 2013, comm. 156, obs.
A. Cerles ; D. 2014, p. 1616, obs. P. Crocq ; RLDC oct. 2013, p. 32, obs. Ch. Gijsbers ; Dr. et patr.
mars 2014, p. 66, obs. J.-P. Mattout et A. Prüm ; Banque et droit, nº 151, sept.-oct. 2013, p. 49, obs.
E. Netter.
(695) V. D. HOUTCIEFF, « Contribution à une théorie du bénéfice de subrogation de la caution », RTD
civ. 2006, 191 et s. ; Ph. SIMLER, op. cit., nos 799 et s. ; MOULY, op. cit., nos 418 et s.
(696) Ch. MOULY, op. cit.
(697) Ph. SIMLER, op. cit., no 563.
(698) Ch. MOULY, op. cit., no 245.
(699) Supra, no 150 ; Cass. Req., 27 avr. 1942, S., 42.I.144 ; Cass. civ. 1re, 23 nov. 1954, Bull. civ. I,
no 331.
(700) Cass. Req., 16 nov. 1938, DH, 39.37.
(701) La caution principale joue le rôle de créancier à l’égard de la sous-caution. On suppose donc
que la caution a laissé perdre des droits préférentiels dont elle bénéficiait personnellement contre le
débiteur ou qu’elle aurait acquis par subrogation dans les droits du créancier.
(702) Solution constante depuis : Cass. civ., 17 août 1836, DP, 41.I.282 ; S., 41.I.465. V. Cass. com.,
9 avr. 2013, no 12-14596, Dr. et patr. juill. 2013, p. 92, obs. A. Aynès : la caution solidaire a perdu
son recours subrogatoire contre son cofidéjusseur par la faute du créancier ; elle peut invoquer
l’article 2314.
(703) Solution constante depuis : Cass. Req., 12 mai 1835, DP, 35.I.259, mais qui ne fait pas
l’unanimité des auteurs. Adde : Paris, 28 oct. 1998, D. Aff., 99.114 : le cédant d’un bail, garant
solidaire du cessionnaire, ne peut invoquer l’ancien art. 2037.
(704) Solution constante depuis : Cass. civ., 2 déc. 1846, DP, 47.I.5 ; S., 47.I.86.
(705) Jurisprudence constante ; récemment : ** Cass. civ. 1re, 21 mars 1984, Caisse mutuelle de
dépôts et de prêts, Bull. civ. I, no 111 : l’art. 2037 « n’est applicable qu’en présence de droits qui
comportent un droit préférentiel conférant au créancier un avantage particulier pour le
recouvrement de sa créance, ce qui n’est pas le cas du droit de gage général institué par
l’art. 2092 ».
(706) Cass. com., 20 févr. 2001, Bull. civ. IV, no 40.
(707) Cass. com., 6 févr. 1996, Bull. civ. IV, no 33.
(708) La compensation confère au créancier un véritable privilège, qui lui permet d’échapper au
concours des autres créanciers. V. Les obligations, coll. Droit civil.
(709) Le créancier pourra obtenir restitution en qualité de propriétaire, ce qui lui donne un avantage
sur les autres créanciers. Ex. : Cass. civ. 1re, 17 févr. 1993, Bull. civ. I, no 75, JCP G, 93.IV, no 988 :
le bailleur n’exerce pas en temps utile l’action résolutoire, laquelle est perdue par suite du
redressement judiciaire du preneur ; la caution est libérée.
(710) Cass. com., 25 nov. 1997, Bull. civ. IV, no 301 ; D., 98.232, n. J. François ; Banque et droit
janv.-févr. 1999, 49, obs. Jacob.
(711) 1er ex. : droit de propriété que conserve le crédit-bailleur : Cass. com., 14 févr. 1995,
Bull. civ. IV, no 41 : le crédit-bailleur a négligé de revendiquer les matériels dans la « faillite » du
crédit-preneur, « ce qui a eu pour résultat de priver la caution d’être subrogée dans un droit
pouvant lui profiter » ; Cass. com., 24 févr. 1979, Bull. civ. IV, no 80 ; D., 80, IR, 52, n. M. Vasseur :
le crédit-bailleur a reloué les matériels à un tiers sans l’accord de la caution, privant celle-ci de la
subrogation dans son droit de reprise de ces matériels qui lui appartiennent ; Cass. civ. 1re, 24 févr.
1987, Bull. civ. I, no 64 ; D., 87, som. 451, n. L. Aynès : le crédit-preneur a revendu le véhicule dont
le crédit-bailleur a négligé de vérifier qu’il était immatriculé à son nom ; l’action en revendication
qui devait être transmise à la caution en cas de paiement, est devenue inefficace ; la caution est
libérée ; comp. Paris, 24 févr. 1988, D., 88, IR, 91 : le droit de revente, conséquence du droit de
propriété réservé, ne constituerait pas un droit préférentiel au sens de l’art. 2037. 2e ex. : clause de
réserve de propriété : Paris, 1er juill. 1986, D., 87, som. 452, maintenu par Cass. com., 11 juill. 1988,
Bull. civ. IV, no 327 : le créancier a omis de revendiquer la marchandise dans les quatre mois de la
publication du jugement ouvrant une procédure collective (L. 13 juill. 1967, art. 59 ; dans la loi du
25 janv. 1985, ce délai est de trois mois), ce qui lui fait perdre sa propriété réservée ; la caution est
libérée ; l’arrêt implique que la caution eût été subrogée dans la propriété réservée.
(712) Cass. com., 3 mai 2006, Bull. civ. IV, no 104, D. 2006, 1693, n. D. Houtcieff : en l’espèce, le
créancier avait négligé d’exercer une cession de loyers et préféré poursuivre la vente de l’immeuble
loué.
(713) Cass. civ. 1re, 17 mars 1998, Bull. civ. I, no 114 ; Defrénois 98, art. 36827, n. J.-L. Aubert :
« en dehors des cas visés par l’art. 2037 du Code civil, la faute du créancier ne peut donner lieu
qu’à l’allocation de dommages-intérêts à la mesure du préjudice subi » : cassation de l’arrêt qui
libère des cautions au motif que le créancier a artificiellement soutenu le débiteur sans même les en
avertir. Sur les conditions de la responsabilité civile du créancier, v. infra, no 297.
(714) Ex. : Cass. com., 3 mai 1967, Bull. civ. III, no 178 ; 19 mars 1968, JCP G, 68.IV.79 ; n.p.B.
(715) Infra, no 287.
(716) Cass. com., 19 févr. 2013, no 11-28423, Dr. et patr. juill. 2013, obs. A. Aynès ; RDC 2013,
p. 1454, obs. A.-S. Barthez ; RTD civ. 2013, p. 416, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 20-21 mars 2013,
p. 20, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; LEDC, 2 avr. 2013, no 4, p. 2, obs. N. Leblond ; D. 2013, p. 565,
obs. A. Lienhard ; RLDC avr. 2013, p. 34, obs. G. Marraud des Grottes ; Banque et droit, no 149,
mai-juin 2013, p. 44, obs. E. Netter ; JCP E 2013, 1216, no 7, obs. Ph. Pétel : « il résulte de la
combinaison de ces textes (art 2314 et L. 626-26 C. com.) que, lorsque le créancier a omis de
déclarer sa créance, peu important la nature de celle-ci, la caution est déchargée de son
obligation si cette dernière avait pu tirer un avantage effectif du droit d’être admise dans les
répartitions et dividendes, susceptible de lui être transmis par subrogation ». Cass. 1re civ., 3 juill.
2013, nº 12-21126, D. 2014, p. 1617, obs. P. Crocq ; Act. proc. coll. 2013, nº 212, obs. M.-
P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 62, obs. Ph. Dupichot ; RLDC oct. 2013, p. 33, obs.
Ch. Gijsbers ; Banque et droit, nº 151, sept.-oct. 2013, p. 51, obs. F. Jacob ; JCP G 2013, doctr.
1256, nº 6, obs. Ph. Simler (arrêt affirmant curieusement que « le droit de participer aux
répartitions et dividendes constitue un droit préférentiel »). Cass. com., 12 juill. 2011, no 09-71113,
RLDC oct. 2011, p. 32, obs. J.-J. Ansault ; Defrenois 2012, art. 40390, obs. S. Cabrillac ; D., 2011,
1894, obs. A. Lienhard ; JCP 2011, note 901, N. Dissaux ; Dr. et patr. 2012, no 211, p. 84,
obs. Ph. Dupichot ; RTD civ., 2011, p. 782, obs. P. Crocq : « ... si la caution est déchargée de son
obligation lorsque la subrogation dans un droit préférentiel conférant un avantage particulier au
créancier pour le recouvrement de sa créance ne peut plus, par le fait de celui-ci, s’opérer en
faveur de la caution, pareil effet ne se produit que si cette dernière avait pu tirer un avantage
effectif du droit d’être admise dans les répartitions et dividendes, susceptible de lui être transmis
par subrogation » ; en l’espèce, les créanciers chirographaires n’avaient pas été réglés ; les cautions
n’auraient pas été désintéressées ; elles n’avaient donc rien perdu et ne pouvaient donc être
déchargées de leur obligation sur le fondement de l'art. 2314 C. civ. (mais pour obtenir ce résultat
« il appartient au créancier de rapporter la preuve que cette perte n'a causé aucun préjudice à la
caution » selon Cass. 1re civ., 3 juill. 2013, préc. ; Cass. com., 8 avr. 2015, nº 13-22969, Gaz. Pal.
24-28 mai 2015, p. 20, 226a4, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RLDC juin 2015, p. 35, obs.
E. Pouliquen).
(717) Ceci est donc incohérent par rapport à l’exigence jurisprudentielle de ce que le préjudice subi
par la caution soit exclusivement dû à la faute du créancier : v., infra, no 290.
(718) Il reste à en déterminer la valeur : sur les difficultés d'application de l'art. 2334 C. civ. en une
pareille hypothèse et en cas de sauvegarde ou de redressement judiciaire, v. P. Crocq, Lamy Droit
des sûretés, Étude 172, spéc. nº 172-34. Adde P.-M. Le Corre, « Coordination des règles du
cautionnement avec le droit des entreprises en difficulté », Rev. Proc. Coll. juill. 2013, Dossier 26,
spéc. nº 16 et 17.
(719) P. CROCQ, obs. RTD civ., préc. ; contra : Ph. SIMLER, Cautionnement, Garanties autonomes,
Garanties indemnitaires, préc., no 721.
(720) Cass. com., 25 janv. 1994, Bull. civ. IV, no 30, RTD civ., 94.905, obs. M. Bandrac ; 17 oct.
1995, Bull. civ. IV, no 366 ; D., 96, som. 268, obs. L. Aynès : « par application de l’art. 2037 du
Code civil, la caution n’est libérée lorsque la subrogation aux droits, privilèges et hypothèques du
créancier ne peut plus s’opérer en sa faveur, que si ces garanties existaient antérieurement au
contrat de cautionnement ou si le créancier s’était engagé à les prendre » ; Cass. civ. 1re,
13 mai 1997, Bull. civ. I, no 155 ; RTD civ., 97.971, obs. M. Bandrac : en l’absence de stipulation
dans le contrat de cautionnement, le créancier n’est pas obligé d’inscrire le gage automobile. De
même, une simple promesse d’hypothèque, en l’absence d’engagement pris par le créancier de la
faire inscrire, n’est pas un droit certain : Cass. civ. 1re, 12 mars 2002, Bull. civ. I, no 87.
(721) Cass. com., 15 févr. 2000, Bull. civ. IV, no 28 : cautionnement d’un prêt pour l’acquisition d’un
fonds de commerce, les actes de prêt et de cautionnement ne mentionnent pas le nantissement et « rien
ne permettait aux cautions de prétendre qu’elles avaient légitimement pu croire que la banque
inscrirait un nantissement » ; Cass. civ. 1re, 29 févr. 2000, Bull. civ. I, no 70 : « la seule référence à
la nature d’un prêt est insusceptible, en l’absence d’une mention figurant dans l’acte de
cautionnement, ou dans un acte antérieur ou concomitant afférent à l’opération de crédit, de
caractériser la croyance légitime dans le fait que le créancier prendrait d’autres garanties ».
(722) Ex. : Cass. civ. 1re, 16 nov. 1977, Bull. civ. I, no 425 : « il résulte de l’art. 2037 que les
cautions ne sont déchargées lorsque la subrogation aux droits, hypothèques et privilèges du
créancier ne peut plus s’opérer en leur faveur que si ces garanties existaient antérieurement au
contrat de cautionnement ou que le créancier s’étaient engagé à les prendre ». Cass. com., 25 janv.
1994 et 17 oct. 1995 ; Cass. civ. 1re, 13 mai 1997, cités supra, note 115 : prêt pour l’acquisition d’un
véhicule postérieur au cautionnement ; bien que celui-ci couvre des dettes futures, la caution ne peut
se plaindre de l’omission d’inscription de gage sur ce véhicule.
(723) Cass. civ. 1re, 22 mai 2002, Bull. civ. I, no 133 ; D. 2002, som. 3336, obs. Aynès : le recours
contre l’assureur de l’immeuble (C. assur., art. L. 121-13) suppose que la créance du prêteur soit
certaine liquide, et surtout exigible ; jugé que le créancier n’avait pas l’obligation de la rendre
exigible (en invoquant la déchéance du terme) en cas d’incendie de l’immeuble hypothéqué. Contra :
Cass. com., 13 mai 2003, Bull. civ. IV, no 73 : « si l’attribution judiciaire du gage prévue par
l’art. 159, al. 3, de la loi du 25 janv. 1985, devenu l’art. L. 622-1, alinéa 3 du Code de commerce
ne constitue qu’une faculté pour le créancier, ce dernier, lorsqu’il est par ailleurs garanti par un
cautionnement commet une faute au sens de l’art. 2037 du Code civil si en s’abstenant de
demander cette attribution, il prive la caution d’un droit qui pouvait lui profiter ».
(724) Cass. ch. mixte, 10 juin 2005, Bull. ch. mixte, no 5, RDC 2005, p. 1136, obs. D. Houtcieff ;
RTD com. 2005, 582, obs. D. Legeais ; JCP 2005.II.10130, n. Ph. Simler ; D. 2005, 1773, obs.
X. Delpech ; 2020, n. S. Piedelièvre : « en retenant que la banque avait renoncé au bénéfice du
gage, la cour d’appel en a exactement déduit que la caution était déchargée de son obligation ».
(725) Maintenue par : Cass. com., 3 mai 2006, cité supra, note 109.
(726) Cass. com., 2 juin 2004, Bull. civ. IV no 106, Rev. Lamy Dr. civ. 2005, 21,
n. D. Pardoel : « sauf fraude ou abus, le créancier qui bénéficie d’une pluralité de sûretés ne
commet pas de faute en choisissant le moyen d’obtenir le paiement de sa créance » ; en l’espèce, le
banquier avait préféré agir contre la caution et laisser se périmer des garantie autonomes.
(727) L'application des règles de la responsabilité civile a été également, mais exceptionnellement,
admise dans une telle hypothèse : v., infra, nº 299.
(728) Cass. Ch. mixte, 17 nov. 2006, Bull. ch. mixte, no 10 ; D. 2006, 2907, obs. V. Avena-Robardet ;
RTD civ. 2007, 157, obs. P. Crocq : le créancier avait le même jour conclu le cautionnement et pris
une inscription provisoire de nantissement sur le fonds de commerce du débiteur, qu’il n’avait pas,
par la suite confirmée par une publicité définitive ; jugé que « le créancier qui, dans le même temps,
se garantit par un cautionnement et constitue une sûreté provisoire s’oblige envers la caution à
rendre cette sûreté définitive ».
(729) Cass. civ. 1re, 19 nov. 2009, Bull. civ. I, no 228, RLDC 2010/68, obs. J.-J. Ansault ; Dr. et patr.
2010, no 195, p. 85, obs. Ph. Dupichot (promesse d’hypothèque).
(730) Cass. civ. 1re, 3 avr. 2007, Bull. civ. I, no 138 ; D. 2007.1572, n. D. Houtcieff ; JCP 2007.I.158,
no 13, obs. Ph. Simler ; RTD civ. 2007, 595, obs. P. Crocq : jugé que le prêteur de deniers pour
l’acquisition d’un immeuble s’oblige envers la caution à inscrire son privilège : « attendu que le
prêteur de deniers, bénéficiaire du privilège institué par l’article 2374 du Code civil, qui se
garantit par un cautionnement, s’oblige envers la caution à inscrire son privilège ». La règle est
posée en termes généraux : c’est une obligation découlant du cautionnement.
(731) Ex. : à l’occasion de l’adoption du plan de cession de l’entreprise en liquidation, le créancier
renonce à la transmission au cessionnaire de la charge des sûretés garantissant le financement d’un
bien compris dans la cesssion (C. com. art. L. 642-12). Cependant, si le créancier se borne à
accepter la réduction des échéances postérieures à la cession, la Cour de cassation décide que la
caution ne peut invoquer l’art. 2314, ce qui paraît contestable : Cass. com., 19 oct. 2010, D. 2011,
408, obs. P. Crocq. En outre, il est fréquent, en pratique, que les circonstances de la renonciation
soient telles que les conditions d'application de l'art. 2314 C. civ. ne sont pas réunies : v., par
exemple, Cass. com., 19 nov. 2013, nº 12-26539, Rev. Proc. Coll. 2014, Comm. nº 26, obs. J.-
J. Fraimout ; RTD com., 2014, p. 689, obs. A. Martin-Serf (« attendu qu'ayant relevé qu'il ressortait
du courrier adressé par l'administrateur judiciaire à la banque que la reprise des actifs incluant
la poursuite des treize contrats de travail était subordonnée à l'abandon par celle-ci du
nantissement inscrit sur le fonds de commerce, les prix proposés ne permettant pas d'envisager la
distribution d'une quelconque somme à la banque ou la prise en charge du crédit en cours par le
repreneur, l'arrêt retient que la banque n'avait conclu aucun accord à ce sujet avec le repreneur et
que la perte du nantissement résultait aussi des impératifs de bonne fin de la procédure collective
avec maintien de tout ou partie de l'activité et des emplois et apurement du passif ; qu'ayant ainsi
fait ressortir que la perte du nantissement résultant du jugement arrêtant le plan de cession n'était
ni imputable exclusivement au créancier ni fautif, et n'avait causé aucun préjudice à la caution, la
cour d'appel a légalement justifié sa décision »).
(732) Cass. com., 3 févr. 1998, D., 98.583, n. Chazal : après la cession d’un prêt garanti par un
nantissement de matériel et d’outillage, le créancier omet de procéder à une inscription de son
privilège sur le compte de l’entreprise cessionnaire. Cette solution a été cependant ultérieurement
abandonnée, dans le cas d’un nantissement de fonds de commerce, au motif que « la cession du fonds
de commerce grevé d’un nantissement garantissant le remboursement d’un crédit consenti à
l’entreprise pour en permettre le financement, ordonnée par le jugement ayant arrêté le plan de
cession, opère transmission de plein droit au cessionnaire de la charge de la sûreté qui n’est pas
perdue et le privilège du créancier gagiste suit le fonds de commerce en quelques mains qu’il
passe » : Cass. com., 7 juill. 2009, no 08-17275, Bull. civ. IV, no 100.
(733) Ex. : Cass. com., 3 nov. 1975, Bull. civ. IV, no 247 ; JCP G, 78.II.18891, n. crit. Ph. Simler : le
créancier bénéficiait d’un nantissement du fonds de commerce, mais il a laissé dépérir le bail
commercial, élément essentiel ; il avait un nantissement sur l’outillage, qu’il a laissé déménager et
perdre totalement sa valeur : Cass. civ. 3e, 12 nov. 1974 et Pau, 31 oct. 1974, JCP G, 75.II.18182,
n. Simler ; le créancier néglige de poursuivre le débiteur, l’accumulation de passif rend illusoire la
sûreté : Cass. civ. 1re, 23 janv. 1980, D., 80, IR, 408 ; n.p.B. Adde : la caution est subrogée dans le
droit de propriété, mais la revendication est impossible en raison de l’ancien article 2279 du Code
civil, devenu aujourd’hui l’article 2276 : Cass. com., 24 févr. 1987, Bull. civ. I, no 64 ; D., 87, som.
451, obs. L. Aynès ; RD banc. 1988, 27, obs. Contamine-Raynaud. Le créancier omet de demander au
représentant des créanciers d’interjeter appel d’un plan de redressement qui le classe parmi les
chirographaires, alors qu’il est privilégié : Cass. com., 16 avr. 1991, JCP G, 1991.II.21716,
n. P. Boukiller.
(734) Jurisprudence constante depuis : Cass. Req., 8 mai 1850, DP, 50.I.158 ; S., 50.I.297.
(735) Ex. : réalisation du gage dans de bonnes conditions, car sa dette est diminuée d’autant.
(736) Ex. : mainlevée d’une sûreté, alors qu’il en reste d’autres, suffisantes.
(737) Cass. ch. mixte, 27 févr. 2015, nº 13-13709, D. 2015, p. 564, obs. V. Avena-Robardet ; D.
2015, p. 840, note M.-O. Barbaud ; RDC 2016, p. 59, obs. A.-S. Barthez ; RD bancaire et financier
mai-juin 2015, com. 76, obs. A. Cerles ; RTD civ. 2015, p. 433, obs. P. Crocq ; Banque et droit,
nº 160, mars-avr. 2015, p. 68, obs. F. Jacob ; JCP E 2015, 1149, obs. D. Legeais ; JCP G 2015, 505,
note Ph. Simler ; adde, Ch. ALBIGES, « Incidences d'un cautionnement disproportionné entre
cofidéjusseurs », RLDA mai 2015, p. 26 ; L. BOUGEROL et G. MÉGRET, « La disproportion de
l'engagement de la caution doit-elle nuire aux cofidéjusseurs ? », RD bancaire et financier mai-
juin 2015, p. 26 ; S. CABRILLAC, « Double peine pour le cofidéjusseur : sanction de la disproportion et
exclusion du bénéfice de subrogation », Dr. et patr. mai 2015, p. 22 ; A. DUMÉRY, « Disproportion de
l'engagement de caution : le sort peu enviable du cofidéjusseur » RLDC juin 2015, p. 30, et peu avant
cet arrêt, M.-O. BARBAUD, « Le cautionnement disproportionné et les cofidéjusseurs », RLDC déc.
2014, p. 29.
(738) Cass. com., 13 mai 2003, cité supra, note 118 ; Cass. civ. 3e, 4 déc. 2002, Bull. civ. III, no 245 ;
Cass. com., 27 févr. 1996, Bull. civ. IV, no 68 ; Defrénois 96, art. 36358, n. L. Aynès ; D., 96, som.
269, m. n.
(739) Cass. civ. 1re, 26 janv. 1999, Bull. civ. I, no 27, JCP G, 99.II.10041, concl. J. Sainte-Rose.
(740) Cass. com., 19 oct. 2010, nos 09-69951, 09-69623, 09-72944 ; Cass. civ. 1re, 15 déc. 1998,
Bull. civ. I, no 361 : cassation de l’arrêt qui libère totalement la caution, alors que celle-ci « n’est
déchargée qu’à concurrence de la valeur des droits pouvant lui être transmis par subrogation et
dont elle a été privée par le fait du créancier ».
(741) Cass. com., 5 juill. 2005, Bull. civ. IV, no 150 ; Cass. civ. 1re, 12 févr. 2002, Bull. civ. I, no 51 ;
D., 2002, som. 3336, obs. L. Aynès, JCP G, 2002.I.162, no 9, obs. P. Simler : la cour d’appel aurait
dû rechercher « quelle aurait été la valeur de la sûreté, si elle avait été prise, à la date de sa mise
en œuvre » ; Cass. com., 24 févr. 1987, préc. supra, note 127 : la caution est libérée à proportion de
la valeur du véhicule, que la négligence du créancier l’empêche de revendiquer. Cette valeur doit être
appréciée au jour où la subrogation aurait pu s’opérer, c’est-à-dire au jour où le paiement aurait pu
être exigé ; en l’espèce, au jour de la défaillance du crédit-preneur ; et non au moment où le crédit-
bailleur a exercé ses poursuites ou résilié le contrat de crédit-bail, date qui « résulte de l’initiative
du créancier » ; Cass. com., 11 févr. 2014, nº 12-29670 : cassation d'un arrêt qui refuse de libérer la
caution au motif que la valeur du fonds de commerce, sur lequel le créancier aurait pu faire valoir ses
droits s'il n'avait pas été négligent, avait été cristallisée au jour de la vente du fonds et que le prix de
vente avait été absorbé par le montant des droits des créanciers de premier rang.
(742) Cass. com., 17 févr. 2009, no 07-20458, Bull. civ. IV, no 22 ; JCP 2009, I, 136, no 10, obs.
M. Cabrillac ; I, 150, no 14, obs. Ph. Simler.
(743) En revanche, la nécessité d’une faute s’explique plus difficilement si l’on retient la théorie de
la cause ou de la condition. Supra, no 281.
(744) Ex. : absence de vérification de la valeur ou de la consistance du gage.
(745) Ex. : absence d’inscription d’une sûreté réelle ou de renouvellement de l’inscription.
Cass. civ. 1re, 9 mai 1994, D., 94, IR, 137 : le prêteur n’a pas accompli les démarches nécessaires
pour inscrire le nantissement sur le fonds de commerce, et en particulier n’a rien fait pour obtenir le
consentement du débiteur auquel il n’a délivré aucune sommation.
(746) Ex. : mainlevée donnée au propriétaire du bien grevé, libération de l’un des codébiteurs. Mais
si la mainlevée a dû être donnée parce que le débiteur principal avait payé sa dette à la suite de
l'exécution d'un plan de continuation prévoyant une remise de cette dette, la perte de la sûreté ne
résulte pas du fait exclusif du créancier, et la caution ne peut donc pas se prévaloir de l'application
de l'art. 2314 C. civ. : Cass. com., 13 oct. 2015, nº 14-16264, Gaz. Pal. 9-10 déc. 2015, p. 19, obs.
M.-P. Dumont-Lefrand.
(747) Cass. Req., 9 janv. 1849, DP, 52.I.103 ; S., 49.I.278, tête d’une longue série jurisprudentielle.
(748) V. en dernier lieu, Cass. com., 16 févr. 1983, Bull. civ. IV, no 68 : « la banque (le créancier) qui
pouvait poursuivre D. (la caution) pour la totalité de la dette n’était pas tenue pour conserver ses
droits contre la caution de produire au passif du règlement judiciaire de S. (le débiteur) ».
(749) Supra, no 132.
(750) Cass. civ. 1re, 6 oct. 1971, Bull. civ. I, no 253 ; D., 73, 316, n. Ivainer ; Cass. civ. 3e, 12 nov.
1974 et Pau, 31 oct. 1974, JCP G, 75.II.18182, n. Simler ; Cass. civ. 1re, 23 janv. 1980, D., 80, IR,
408 ; n.p.B.
(751) Supra, no 136.
(752) Infra, no 298 ; v. entre autres motifs, Cass. com., 3 mai 2006, cité supra, note 109 : « en
s’abstenant d’exercer le droit dont il bénéficiait, le prêteur a obligé les cautions à payer une dette
provoquée par son inaction deux cent fois supérieure à celle existant au jour de la réalisation de
la condition suspensive, tandis que le bénéfice de la subrogation était perdu par le fait exclusif du
créancier ».
(753) Cass. Req., 22 juin 1886, DP, 87.I.387 ; S., 88.I.53.
(754) Ex. : saisie conservatoire effectuée par un créancier, empêchant la réalisation du gage :
Cass. civ. 1re, 3 févr. 1998, Bull. civ. I, no 42 ; D. Aff., 98.374 ; pressions du syndic de faillite sur le
créancier afin qu’il donne mainlevée : Cass. com., 15 nov. 1965, Bull. civ. III, no 573. Mais il faut que
le créancier se trouve dans l’impossibilité de s’opposer à la perte du gage : Cass. com., 17 mars
1992, Bull. civ. IV, no 115.
(755) Ex. : le créancier n’était titulaire que d’une promesse de nantissement ; le nantissement
nécessitait le concours du débiteur : Cass. civ. 1re, 3 mars 1998, Bull. civ. I, no 88 ; D. Aff., 98.575 ; le
débiteur ne paie pas les loyers, le bail commercial est résilié, le nantissement du fonds dépérit ; mais
l’abstention du créancier, qui n’avait d’ailleurs pas l’obligation de payer le loyer, n’est que l’une des
causes de ce dépérissement : Cass. com., 2 avr. 1996, Bull. civ. IV, no 100 ; D., 96, som. 268,
n. L. Aynès ; impossibilité de revendiquer une marchandise qui ne peut plus être identifiée :
Cass. com., 26 mai 1999, Bull. civ. IV, no 108 ; défaut de présentation du véhicule gagé imputable au
débiteur : Cass. civ. 2e, 30 avr. 2002 ; non-apposition des plaques sur le matériel nanti, alors que
celui-ci a été détourné par le gérant de la société débitrice : Cass. civ. 1re, 7 déc. 2004, LPA 2005,
no 61-62, obs. D. Houtcieff.
(756) Ex. : la caution néglige de poursuivre le débiteur, alors qu’elle a été avertie de la prorogation
du terme : Cass. civ., 8 mai 1861, S., 61.I.582 ; Cass. com., 23 nov. 1999, Bull. civ. IV, no 209 : « tout
l’actif financé par la banque avait été vendu à l’initiative d’un autre associé que les cautions,
sans opposition de ces dernières ».
(757) Cass. civ. 1re, 14 nov. 2001, Bull. civ. I, no 275.
(758) Les renonciations convenues avant l’entrée en vigueur de cette loi demeurent efficaces : Paris,
24 févr. 1988, préc. ; 2 mars 1988, D., 88, IR, 97 ; Cass. com., 10 janv. 1989, Bull. civ. IV, no 10.
Mais si le créancier commet une faute lourde assimilable au dol – ce que les tribunaux admettent
facilement –, la renonciation à l’art. 2037, à l’instar d’une clause limitative de responsabilité, est
inefficace : Cass. com., 21 janv. 1992, Bull. civ. IV, no 22 ; JCP G, 1992.I.3583, n. Ph. Simler ;
Defrénois 92, art. 35303, n. L. Aynès.
(759) Biblio. : M. SEJEAN, La bilatéralisation du cautionnement ?, Bibl. de droit privé, tome 528,
LGDJ, 2011 : l’auteur analyse ces devoirs comme des incombances sanctionnées par des déchéance,
mais qui ne modifient pas le caractère unilatéral du cautionnement.
(760) V., en ce sens, Cass. com., 8 avr. 2015, nº 13-14447, RDC 2016, p. 58, obs. A.-S. Barthez ;
RTD civ. 2015, p. 432, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 24-28 mai 2015, p. 16, 226a7, obs. M.-P. Dumont-
Lefrand ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 82, obs. Ph. Dupichot ; Banque et droit, nº 161, mai-juin 2015,
p. 86, obs. F. Jacob ; RLDC juill. 2015, p. 28, note Ch. Juillet ; RD bancaire et financier mai-
juin 2015, com. 75, obs. D. Legeais ; JCP G 2015, 652, note M. Séjean ; JCP G 2015, 808, nº 9, obs.
Y.-M. Sérinet ; JCP G 2015, 1222, nº 6, obs. Ph. Simler (arrêt affirmant que le respect par le
créancier de son obligation annuelle d'information de la caution ne constitue pas une exécution du
contrat empêchant la caution de se prévaloir de l’application de la maxime « quae temporalia sunt
ad agendum perpetua sunt ad excipiendum »).
(761) Supra, no 215 et infra, no 297.
(762) L’accumulation des textes n’empêche pas des lacunes dans la protection : ainsi la sous-caution
personne physique engagée envers une banque caution principale des dettes d’une entreprise avant
l’entrée en vigueur de la loi Dutreil n’a-t-elle pas à être informée : Cass. com., 13 févr. 2007, RTD
civ. 2007, 370, obs. P. Crocq.
(763) Cela suppose que les intérêts puissent être clairement séparés du principal, ce qui n’est pas le
cas d’une ouverture de crédit en compte-courant en cours ; dans ce cas, l’information annuelle doit
être adaptée : Cass. com., 10 janv. 2012, no 10-25586, Banque et Droit, mars-avr. 2012, 21, obs.
Th. Bonneau ; JCP 2012, note 327, Ph. Simler ; D., 2012, Panorama sûretés, p. 1578 s., obs.
P. Crocq.
(764) Cette obligation s’applique aux cautionnements antérieurs à son entrée en vigueur (2 mars
1985) : Cass. com., 9 déc. 1997, Bull. civ. IV, no 323 : « la loi du 1er mars 1984 est applicable à
compter du 2 mars 1985 et saisit immédiatement les situations juridiques en cours » ; mais la
déchéance du droit aux intérêts n’a pu être encourue qu’après celle-ci : Cass. civ. 1re, 10 juin 1992,
Bull. civ. I, no 175.
(765) Le contrat de crédit-bail ne constitue pas un « concours financier », au sens de cette loi :
Cass. com., 30 nov. 1993, Bull. civ. IV, no 435 ; Defrénois 94, art. 35897, no 135, n. L. Aynès ; la cour
relève que le crédit-preneur « s’acquitte de loyers » (adde dans le même sens dans le cas d'une
location avec option d'achat, Cass. com., 28 janv. 2014, nº 12-24592, Dr. et patr. nov. 2014, p. 103,
obs. A. Aynès ; D. 2014, p. 1013, obs. H. Guillou ; RD bancaire et financier 2014, com. 46, obs.
D. Legeais ; JCP G 2014, 301, n. J. Lasserre Capdeville). Cette interprétation stricte est peut-être
justifiée par la fusion du capital et des intérêts dans le loyer, et l’impossibilité de faire jouer la
sanction de l’art. 48 ; sur l’ambiguïté du crédit-bail, v. infra, nos 806 et s. Le cautionnement – crédit
par signature – n’est pas davantage visé par ce texte, surtout parce que l’établissement de crédit
caution n’est pas nécessairement à même de le respecter : Cass. com., 13 févr. 2007, cité supra. De
même enfin, l’aval d’un titre cambiaire n’est pas le cautionnement d’un « concours financier » au sens
de ce texte : Cass. com., 16 juin 2009, cité supra, no 232.
(766) Cass. civ. 1re, 12 mars 2002, 3 arrêts, Bull. civ. I, no 86 : association employant du personnel,
société civile immobilière, achat d’un portefeuille d’assurance ; Cass. civ. 1re, 4 févr. 2003,
Bull. civ. I, no 34 : prêt destiné à l’achat de murs professionnels en vue de l’exploitation d’un débit de
boissons ; mais une SCI qui se borne à acquérir un immeuble déjà loué, et emprunte à cet effet, n’a
pas d’activité économique : Paris, 2 mai 2002 ; Paris, 7 juin 2002, RJDA 2003, no 319.
(767) Il s’agit des intérêts produits par l’obligation principale et non de l’intérêt au taux légal, que
doit à titre personnel la caution à compter de la première mise en demeure (art. 1153, al. 3) :
Cass. com., 9 déc. 1997 ; D. Aff., 98.148 ; Cass. com., 2 nov. 1993, Bull. civ. IV, no 370 ; adde
adoptant la même solution sur le fondement des art. L. 333-2 et L. 343-6 (anc. art. L. 341-6) C. cons.,
Cass. civ. 1re, 9 avr. 2015, nº 14-10975, Gaz. Pal. 24-28 mai 2015, p. 19, 226a2, obs. Ch. Albiges.
Ceci peut s’avérer profitable si le taux d'intérêt légal est supérieur au taux conventionnel, ce qui a
conduit à la remise en cause de l'automacité d'une telle sanction par la Cour de justice de l'Union
européenne dans le cas d'un emprunteur dont la solvabilité n'avait pas été vérifiée avant l'octroi du
crédit, ainsi que l'exige le Code de la consommation (CJUE, 27 mars 2014, aff. nº C-565/12,
D. 2014, p. 821, obs. V. Avena-Robardet et p. 1307, note G. Poissonnier ; Droit et proc. janv. 2015,
Cah. Droit de la consommation p. 17, obs. V. Valette-Ercole). Cet arrêt de la Cour de justice pourrait
conduire la Cour de cassation à modifier sa jurisprudence relative à la sanction du défaut
d'information de la caution (v., en ce sens, G. Raymond, obs. sous Cass. 1re civ., 9 avril 2015,
Contrats, conc., consom., 2015, comm. 185).
(768) Avant la loi du 25 juin 1999, la Cour de cassation décidait, très logiquement, que l’imputation
convenue des paiements faits par le débiteur s’imposait à la caution (supra, no 131) ; la caution
pouvait subir les conséquences d’une imputation prioritaire sur les intérêts, laissant entier le capital,
donc la dette garantie ; l’art. 48 risquait d’être un coup d’épée dans l’eau. Mais la règle nouvelle n’a
aucun caractère interprétatif ; elle s’applique à compter du 1er juill. 1999 aux manquements
postérieurs : Cass. civ. 1re, 18 mars 2003, 3 arrêts, Bull. civ. I, no 80. De même si les intérêts ont été
payés par inscription en compte, ils doivent être déduits du solde garanti par la caution : Cass. com.,
25 mai 1993, Bull. civ. IV, no 203 ; D., 94.177, n. Ngafaounain.
(769) V., notamment, la critique formulée par Ch. GOLDIE-GENICON in Contribution à l'étude des
rapports entre le droit commun et le droit spécial des contrats, préf. Y. Lequette, Bibl. de droit
privé, t. 509, LGDJ, 2009, nos 440 et s.
(770) Cass. com., 25 avr. 2001, Bull. civ. IV, no 75 ; D., 2002, S, 637, n. H. Synvet ; RTD civ., 2001,
922, obs. crit. P. Crocq ; RTD com., 2001, 751, obs. M. Cabrillac) ; 11 juin 2002, D., 2002, S., 3335,
obs. L. Aynès ; RTD civ. 2003, obs. P. Crocq ; Cass. civ. 1re, 6 nov. 2001, Bull. civ. I, no 264 ;
Defrénois 2002, art. 37591, no 52, obs. Ph. Théry ; JCP E, 2002, 679, n. D. Legeais ; 10 déc. 2002,
Bull. civ. I, no 303 ; 4 févr. 2003, Contrats, conc., consom. 2003, no 83, n. L. Leveneur. Auparavant,
la Cour de cassation avait admis le cumul de la déchéance et de la responsabilité de droit commun :
Cass. com., 20 oct. 1992, Bull. civ. IV, no 311 ; JCP E, 1993.II.390, n. D. Legeais.
(771) Cass. civ. 1re, 27 févr. 1996, Bull. civ. I, no 109 ; Cass. com., 25 mai 1993, Bull. civ. IV, no 203 ;
JCP G, 93.II.22147, n. H. Croze ; D., 94.177, n. Ngafaounain ; RD banc., 93.255, n. M. Contamine-
Raynaud : l’obligation d’information s’applique « même lorsque le cautionnement a été souscrit par
un dirigeant de la société cautionnée en connaissant exactement la situation ».
(772) Cass. civ. 1re, 30 mars 1994, Bull. civ. I, no 123 ; Defrénois 94, art. 35897, no 134, n. L. Aynès.
(773) Ce qui implique la preuve, non seulement qu’une information a été envoyée (la simple
contrepassation des frais d'envoi au débit du compte de la caution étant ici insuffisante : Saint-Denis
de la Réunion, 27 mars 2015, JCP G 2015, 671, obs. J.-B. Seube ; Cass. com., 15 déc. 2015, nº 14-
10675, n.p.b., Gaz. Pal. 16 fév. 2016, p. 27, obs. Ch. Albiges), mais encore que celle-ci était
complète ; d’où l’hésitation à admettre un listing informatique : v. P. CROCQ, obs. RTD civ., 98.154, et
les références. En revanche, l'information pourrait figurer au sein des conclusions notifiées par le
créancier à la caution lors d'un procès : Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-18064, Banque et droit,
nº 157, sept.-oct. 2014, p. 22, obs. Th. Bonneau.
(774) Cependant, ces frais n'étant pas une condition d'octroi du crédit, ils n'ont pas à être pris en
compte dans le calcul du taux effectif global : Cass. 1re civ., 15 oct. 2014, nº 13-19241, RD bancaire
et financier janv.-févr. 2015, p. 22, nº 4, obs. F. J. Crédot et Th. Samin ; Gaz. Pal. 15-17 mars 2015,
p. 16, 216w8, obs. M Roussille. On aurait également pu justifier cette exclusion par le fait que ces
frais futurs ne sont pas déterminables au jour de l'octroi du crédit (rappr., affirmant que le caractère
éventuel d'une simple promesse d'affectation hypothécaire n'impose pas l'intégration de son coût, non
encore déterminable, dans le calcul du taux effectif global, Cass. 1re civ., 24 nov. 2014, nº 13-25845,
RD imm., 2015, p. 72, obs. H. Heugas-Darraspen).
(775) Cass. civ. 1re, 2 oct. 2002, Bull. civ. I, no 225 ; Contrats, conc., consom. 2003, no 21, obs.
crit. Leveneur : « il incombe seulement à l’établissement de crédit de prouver qu’il a effectivement
adressé à la caution l’information requise et non d’établir au surplus que la caution l’a
effectivement reçue » ; Cass. com., 17 oct. 2000, Bull. civ. IV, no 154 ; D., 2001, som. 698, obs.
Aynès ; Cass. civ. 1re, 25 nov. 1997, Bull. civ. I, no 326, RTD civ., 98.154, obs. P. Crocq. RTD com.,
1998, 185, obs. M. Cabrillac.
(776) Ce qui est possible car le principe suivant lequel « nul ne peut se constituer de preuve à soi-
même » n'est pas applicable à la preuve d'un fait juridique : Cass. 1re civ., 13 févr. 2007, Bull. civ. I,
nº 60 ; Cass. 3e civ., 3 mars 2010, Bull. civ. III, nº 52 ; Cass. 2e civ., 6 mars 2014, nº 13-14295 et
Cass. soc., 19 mars 2014, nº 12-28411, JCP G 2014, 679, n. P. Lemay.
(777) Cass. com., 28 oct. 2008, no 06-17145, D. 2008, 2931, obs. V. Avena-Robardet ; RLDC déc.
2008, 26, obs. Marraud des Grottes (adde, sur le terrain des art. L. 333-2 et L. 343-6 (anc. art.
L. 341-6) C. cons., refusant également de se contenter de la production d'une copie d'une lettre
d'information : Cass. com., 9 février 2016, nº 14-22179, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 32, obs.
Ch. Albiges ; Banque et droit, nº 166, mars-avril 2016, p. 87, obs. F. Jacob).
(778) Cass. com., 14 déc. 1993, Bull. civ. IV, no 467.
(779) V., sur la notion de pénalités, Cass. 1re civ., 19 juin 2013, nº 12-18478, D. 2013, p. 1615, obs.
V. Avena-Robardet ; RTD civ. 2013, p. 653, obs. P. Crocq ; Banque et droit, nº 151, sept.-oct. 2013,
p. 48, obs. N. Rontchevsky.
(780) Cass. com., 27 nov. 2007, Bull. civ. IV, no 253 ; RTD civ. 2008, 330, obs. P. Crocq.
(781) Loi du 31 déc. 1989, « relative à la prévention et au règlement des difficultés liées au
surendettement des particuliers et des familles », v. supra, nos 127, 129, 171, 177, 255, 295.
(782) La loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008 a étendu cette interdiction aux
associations sans but lucratif et aux fondations reconnues d'utilité publique accordant sur ressources
propres et sur emprunts contractés auprès d'établissements de crédit, ou d'institutions ou services
mentionnés à l'article L. 518-1 CMF, des prêts pour la création et le développement d'entreprises
dont l'effectif salarié n'excède pas un nombre fixé par décret ou pour la réalisation de projets
d'insertion par des personnes physiques.
(783) Si la disproportion du cautionnement par rapport aux biens et aux revenus de la caution est
établie au jour de la conclusion du contrat (la charge de la preuve incombant ici à la caution :
Cass. com., 24 mars 2015, nº 14-11936, RLDC mai 2015, p. 39, obs. E. Pouliquen), il n'est pas
nécessaire ensuite à la caution de prouver que cette disproportion existe encore au jour de la mise en
œuvre du cautionnement. Dans ce cas, en effet, c'est sur le créancier que la Cour de cassation fait
peser la charge « d'établir qu'au moment où il appelle (la caution), le patrimoine de celle-ci lui
permet de faire face à son obligation ». Cass. com., 1er avr. 2014, nº 13-11313, Gaz. Pal. 4-
5 juin 2014, p. 18, obs. C. Albiges ; Dr. et patr. nov. 2014, p. 105 et D. 2014, p. 2481, obs.
A. Aynès ; D. 2014, p. 1617, obs. P. Crocq ; D. 2014, p. 1014, obs. H. Guillou ; Banque et droit,
nº 155, mai-juin 2014, p. 60, obs. E. Netter ; Dr. et patr. sept. 2014, p. 110, obs. J.-P. Mattout et
A. Prüm ; Cass. 1re civ., 10 sept. 2014, nº 12-28977, RLDC nov. 2014, p. 35, obs. J.-J. Ansault ; D.
2014, p. 1820, obs. V. Avena-Robardet et p. 2283, note J. Malet-Vigneaux ; RD imm., 2014, p. 556,
obs. H. Heugas-Darraspen ; Banque et droit, nº 158, nov.-déc. 2014, p. 43, obs. crit. E. Netter.
(784) Cass. civ. 1re, 22 oct. 1996, Bull. civ. I, no 362 ; D., 97.515, n. Wacongne ; JCP G, 97.II.22826,
n. Piedelièvre ; Defrénois 97, art. 36526, no 43, n. Aynès ; Contrats, conc., consom., 97, no 11,
n. G. Raymond : le juge doit comparer le montant de la dette aux revenus de chacune des cautions
solidaires, puisque chacune d’elles est tenue au tout (comp. la solution opposée retenue dans le cas
de l'appréciation de l'endettement de deux coemprunteurs solidaires par Cass. com., 18 nov. 2014,
nº 13-23182 et nº 13-22495, et Cass. civ. 1re, 10 septembre 2015, nº 14-18851, D. 2015, p. 1836,
obs. V. Avena-Robardet). Cette solution s'applique logiquement dans le cas de deux cautions mariées
sous le régime de la séparation de biens (Cass. 1re civ., 25 nov. 2015, nº 14-24800, Gaz. Pal. 16 fév.
2016, p. 25, obs. Ch. Albiges ; JCP G 2016, 553, nº 7, obs. Ph. Simler). En revanche, dans le cas de
deux époux mariés sous le régime de la communauté légale, « les engagements des cautions
s'apprécient tant au regard de leurs biens et revenus propres que de ceux de la communauté »
(Cass. com., 5 février 2013, nº 11-18644, préc. supra nº 219), mais, faut-il ajouter, en tenant compte
de l'application de l'art. 1415 C. civ., et ce en dépit d'une jurisprudence quelque peu disparate des
juges du fond (v. Ph. Simler, JCP G 2015, 1222, nº 7). La sanction de l’excès est la déchéance, et non
la nullité ; RTD civ. 2012, 556, obs. P. Crocq.
(785) Cass. com., 10 juill. 2012, no 11-16355, Dr. et patr. févr. 2012, 83, obs. Ph. Dupichot : « le
caractère averti de la caution est indifférent pour l’application de ce texte (art. L. 332-1 et L. 343-
4 ; anc. art. L. 341-4) » ; Cass. civ. 1re, 12 juill. 2012, no 11-20192, Contrats, conc., consom., 2012,
no 264, obs. G. Raymond ; Cass. com., 13 avr. 2010, no 09-66309 ; Cass. com., 19 oct. 2010, no 09-
69203, D. 2011, 156, obs. V. Avena-Robardet, 407, obs. P. Crocq ; RLDC 2010/77, 33, obs. J.-
J. Ansault.
(786) Cette comparaison entre l'engagement pris par la caution et le montant de son patrimoine
implique également de prendre en compte le passif de la caution déjà existant au jour de cet
engagement. Il faut donc tenir compte, le cas échéant, de l'existence d'un cautionnement
antérieurement consenti par la caution (Cass. com., 9 avr. 2013, no 12-17891 ; Cass. 1re civ., 15 janv.
2015, nº 13-23489, Gaz. Pal. 18-19 mars 2015, p. 14, obs. Ch. Albiges ; D. 2015, p. 204, obs.
V. Avena-Robardet ; RTD civ. 2015, p. 183, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 15-17 mars 2015, p. 27, 216v6,
obs. P. Pailler), le caractère éventuel de la dette étant ici indifférent (Cass. com., 22 mai 2013, no 11-
24812, Defrénois 2014, p. 434, obs. S. Cabrillac ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 61, obs. Ph. Dupichot),
de même, ce qui est nettement plus discutable, que l'inefficacité de ce cautionnement antérieur en
raison de son propre caractère disproportionné judiciairement constaté (Cass. com., 29 sept. 2015,
nº 13-24568, RD bancaire et financier nov.-déc. 2015, comm. 188, obs. D. Legeais ; JCP G 2015,
1222, nº 8, obs. Ph. Simler). Inversement, il n'y a pas lieu de tenir compte des cautionnements qui
auraient été consentis après celui dont la proportionnalité est examinée (Cass. com., 12 mars 2013,
no 11-29030 ; Cass. com., 3 nov. 2015, nº 14-26051 et 15-21769, Bull. civ. IV ; Gaz. Pal. 9-10 déc.
2015, p. 18, obs. Ch. Albiges ; D. 2015, p. 2316, obs. V. Avena-Robardet), et ce même si l'existence
future du cautionnement ultérieur était déjà prévisible au jour où le premier cautionnement a été
donné (Cass. com., 22 septembre 2015, nº 14-17100). L'aggravation ultérieure du passif ne remet pas
en cause une proportionnalité initialement existante alors que l'augmentation postérieure de l'actif
doit, elle, être prise en considération si elle permet à la caution de revenir à meilleure fortune et de
faire face à son engagement initial : v., implicitement en ce sens, Cass. com., 27 mai 2014, nº 13-
15.038, JCP G 2014, 899, note Ch. Albiges ; Defr. 2015, 119w4, p. 490, obs. S. Cabrillac.
(787) Selon Cass. com., 14 déc. 2010, nº 09-69807 « le créancier, en l'absence d'anomalies
apparentes, n'a pas à vérifier l'exactitude (des déclarations de la caution) ». Comp., à propos de
l'appréciation de la solvabilité du débiteur, CJUE, 4e ch., 18 déc. 2014, aff. C-449/13, Contrats,
conc., consom., 2015, nº 75, obs. G. Raymond, arrêt affirmant que « l’article 8, paragraphe 1, de la
directive 2008/48 doit être interprété en ce sens, d’une part, qu’il ne s’oppose pas à ce que
l’évaluation de la solvabilité du consommateur soit effectuée à partir des seules informations
fournies par ce dernier, à condition que ces informations soient en nombre suffisant et que de
simples déclarations de celui-ci soient accompagnées de pièces justificatives, et, d’autre part,
qu’il n’impose pas au prêteur de procéder à des contrôles systématiques des informations fournies
par le consommateur ». Cette possibilité offerte au créancier de s’en tenir aux déclarations de la
caution pourrait peut-être expliquer le fait que de nombreux arrêts d'appel apprécient la
proportionnalité de l'engagement de la caution non seulement au regard de ses revenus et de ses biens
propres, mais aussi en prenant en compte les biens communs, alors même que le cautionnement avait
pourtant été donné sans l'accord du conjoint (v. les arrêts cités in JCP G 2015, 709, nº 9).
(788) V., en ce sens, P. CROCQ, obs. sous Cass. com., 4 juin 2013, cité infra ; Y. Picod,
« Cautionnement et droit de la consommation : le régime se précise », Droit et proc. janv. 2015,
Cahier Droit de la consommation, p. 2.
(789) Cass. com., 6 févr. 2007, nº 04-15362, RTD civ. 2007, p. 372 s., obs. P. Crocq ; Cass. com.,
4 juin 2013, nº 12-18216 et 12-15518, D. 2014, p. 1618, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 61,
obs. Ph. Dupichot ; Cass. com., 27 janv. 2015, nº 13-27625 et 13-25202, RD bancaire et financier
2015, comm. 42, obs. D. Legeais.
(790) En faveur d'une prise en compte des revenus escomptés de l'opération garantie : Cass. civ. 1re,
4 mai 2012, no 11-11461, Bull. civ. I, nº 97 ; Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès ; RTD civ. 2012,
556, obs. P. Crocq ; Chambéry, 18 mars 2014, D. 2014, p. 1037, obs. B. de Boysson.
(791) Cass. 1re civ., 3 juin 2015, nº 14-13126, D. 2015, p. 1268, obs. V. Avena-Robardet, p. 1816,
obs. P. Crocq et p. 2044, note Ch. Juillet ; RDC 2016, p. 54, obs. A.-S. Barthez ; Banque et droit,
nº 163, sept.-oct. 2015, p. 80, obs. E. Netter (JP constante depuis cet arrêt).
(792) Cass. com., 26 janv. 2016, nº 13-28378, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 31, obs. M.-P. Dumont-
Lefrand ; JCP G 2016, 553, nº 9, obs. Ph. Simler.
(793) En ce sens, Caen, 10 juin 2004, D. 2004, 2437, obs. V. Avena-Robardet ; RTD civ., 2004, 757,
obs. P. Crocq ; Contra : Rennes, 19 déc. 2003, JCP 2004.I.141, no 2, obs. Ph. Simler ; RD bancaire
et financier 2004, no 115, p. 182, obs. D. Legeais ; Paris, 15e ch., 2 déc. 2005, D. 2006, Act. J. p.,
p. 295 : application de la loi nouvelle parce que l’instance a été engagée après l’entrée en vigueur de
la loi Dutreil : mais le texte ne donne pas une action nouvelle.
(794) Cass. ch. mixte, 22 sept. 2006, Bull. ch. mixte, no 7 ; RTD civ. 2006, 799, obs. P. Crocq.
(795) V., admettant qu’une caution puisse opposer la disproportion de son engagement à un
cofidéjusseur qui agit contre elle en contribution, Cass. ch. mixte, 27 févr. 2015, nº 13-13.709, préc.
nº 286.
(796) V., supra, nº 286.
(797) Cass. civ. 1re, 7 mai 2008, no 07-11692 ; Bull. civ. I, no 125, supra, no 150.
(798) Cass. 1re civ., 19 déc. 2013, nº 12-25888, préc. nº 232.
(799) Mais encore faut-il pour cela que l'application des art. L. 332-1 et L. 343-4 C. cons. ait bien
été invoquée par la caution, le juge n'ayant pas l'obligation de relever ce moyen d'office : Cass. com.,
8 avr. 2015, nº 13-26734, Gaz. Pal. 24-28 mai 2015, p. 18, 226a0, obs. Ch. Albiges.
(800) Cass. com., 22 juin 2010, no 09-67814, Bull. civ. IV, no 112, D. 2010, 1985, n. D. Houtcieff ;
RTD civ. 2010, 593, obs. P. Crocq ; Banque et droit, no 133, 2010, 59, obs. F. Jacob.
(801) L'appréciation du retour à meilleure fortune s'effectue en principe au jour où la caution est
assignée en paiement par le créancier. Toutefois, lorsque le débiteur principal bénéficie à cette date
d'un plan de sauvegarde, l'appréciation du retour à meilleure fortune doit être différée au jour où ce
plan cesse d'être correctement exécuté, car ce n'est qu'à cette date que l'obligation de caution devient
exigible : Cass. com., 1er mars 2016, nº 14-16402, D. 2016, p. 598, obs. V. Avena-Robardet ;
Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 30, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ;Gaz. Pal. 28 juin 2016, p. 69, obs. E. Le
Corre-Broly ; JCP G 2016, 553, nº 10, obs. Ph. Simler ; Act. proc. coll. 2016, nº 90, obs.
Th. Douville.
(802) Cass. ch. mixte, 21 févr. 2003, Bull. ch. mixte, no 3 ; D., 2003, 829, n. V. Avena-Robardet : la
caution fait opposition au commandement de payer ; la cour d’appel rejette cette opposition au motif
que la caution ne peut agir en responsabilité pour faute contre la banquier que par voie de demande
reconventionnelle ; cassation : « en statuant ainsi, alors que les demandes reconventionnelles et les
moyens de défense sont formés de la même manière à l’encontre des parties à l’instance, la cour
d’appel, qui devait répondre à la demande de Mme X... quelle qu’en fût la qualification
procédurale, a violé » les art. 4, 64, 68 et 71 CPC ; Cass. com., 26 oct. 1999, Bull. civ. IV, no 182 ;
JCP G, 2000.II.10262, n. D. Legeais ; I.209, no 4, n. Ph. Simler ; Cass. com., 26 avr. 2000,
Bull. civ. IV, no 80. V. au contraire, auparavant : Cass. civ. 1re, 17 mars 1998, Bull. civ. I, no 114 ;
D. Aff., 98.668 : « en dehors des cas visés par l’art. 2037 du Code civil, la faute du créancier ne
peut donner lieu qu’à l’allocation de dommages-intérêts à la mesure du préjudice subi ».
(803) Cass. com., 12 mai 2004, 2 arrêts, Bull. civ. IV, no 92 et 93, Defrénois 2005, art. 38166, no 13,
obs. J. Honorat.
(804) Cass. civ. 2e, 1er févr. 2006, Bull. civ. II, no 31.
(805) Ex. : Cass. civ. 1re, 17 mars 1998, cité supra.
(806) Le créancier peut cependant prendre des engagements spéciaux envers la caution, sources
d’une responsabilité certainement contractuelle : ex. : obligation d’informer régulièrement la caution
sur la situation du débiteur, de ne pas accorder au débiteur une prorogation sans l’accord de la
caution.
(807) Ch. MOULY, op. cit., nos 371 et s. ; SIMLER, op. cit., no 277.
(808) Cass. com., 7 avr. 1992, Bull. Joly, 1992.679, n. Delebecque ; Rev. Banque 1992, 178,
n. Guillot, JCP G, 1993.II.22009, n. Y. Picod.
(809) Cass. civ. 1re, 13 févr. 1996, Bull. civ. I, no 78 ; D., 96, som. 265, n. L. Aynès : Cassation d’un
arrêt qui a prononcé la nullité d’un cautionnement au motif que la banque n’avait pas attiré l’attention
de la caution, « qui n’avait aucune raison logique de garantir ses acheteurs » sur le caractère
insolite de son engagement « sans rechercher si le défaut d’information imputé à la banque avait
pour objet de tromper [la caution] et de la déterminer à se rendre caution ».
(810) Cass. com., 29 janv. 2002, Bull. civ. IV, no 21 ; D., 2002, som. 3335, obs. Aynès ; JCP G,
2002.I.184, no 19, obs. A.-S. Barthez ; RTD civ., 2003.124, obs. Crocq.
(811) Cass. civ. 1re, 4 déc. 2001, no 99-12497 ; Cass. com., 1er mars 2016, nº 14-19886, Banque et
droit, nº 167, mai-juin 2016, p. 23, obs. Th. Bonneau. Mais si le contrat de prêt prévoit que chacune
des cautions adhère à une assurance groupe souscrite par le prêteur, celui-ci est « tenu de s’assurer
de la suite réservée par l’assureur à la demande d’adhésion des cautions et de rapporter la preuve
qu’il les avait informées des risques encourus en cas de décès (de la caution) du fait de
l’ajournement de la prise en charge de cette dernière » : Cass. civ. 2e, 15 déc. 2005, Bull. civ. II,
no 325.
(812) Cass. civ. 1re, 7 mai 2002, Bull. civ. I, no 122.
(813) Cass. com., 23 juin 1998, Bull. civ. IV, no 208 : financement d’un hôtel par un crédit-bailleur
professionnel, garanti par le dirigeant de la société crédit-preneuse, alors que, compte tenu des
charges de loyer (43 % du CA), celle-ci était dès l’origine en état de cessation de paiement. Le
crédit-bailleur « a incité les cautions à se méprendre sur les risques réels de leur engagement » ;
même principe, mais solution inverse lorsque les perspectives de rentabilité ne sont pas irréalistes :
Cass. com., 22 mars 2005, Bull. civ. IV, no 68.
(814) Une telle clause a été qualifiée d'abusive dans le cas d'un emprunteur : v. N. MALHERBE,
« Contrat de crédit : quand le fond l'emporte sur la forme – À propos de l'avis nº 13/01 de la
Commission des clauses abusives », RD bancaire et financier 2014, étude 16.
(815) Cass. com., 13 nov. 2007, no 06-12284, Bull. civ. IV, no 236 : le devoir de mise en garde ne
s’applique pas au créancier non professionnel.
(816) Pour un panorama, v. Ph. DUPICHOT, obs. Dr. et patr. févr. 2013, p. 79 et s. ; Ph. SIMLER,
JCP 2013, 585, no 6 ; adde : Cass. com., 31 janv. 2012, no 10-24694 ; 21 févr. 2012, no 11-11270 ;
13 mars 2012, no 10-30923 ; 11 avr. 2012, no 10-25904 ; JCP 2012, chron. 626, obs. Ph. Simler ;
Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès.
(817) Ex. : Cass.com., 22 mars 2016, nº 14-20216, Bull.civ. IV ; Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 28, obs.
Ch. Albiges ; RD bancaire et financier mai-juin 2016, comm. 121, obs. A. Cerles ; Gaz. Pal. 7 juin
2016, p. 70, obs. M. Bourassin ; JCP G 2016, 553, nº 5, obs. Ph. Simler : cassation de l’arrêt qui
déduit de sa seule qualité de dirigeant et associée de la société débitrice que la caution était avertie.
Mais la pertinence d'une telle affirmation est douteuse, car, à tout le moins, la qualité de dirigeant
social devrait être un élément faisant présumer la qualité de caution avertie !
(818) En l'absence de disproportion entre l'engagement de la caution et ses capacités financières, le
créancier n'est débiteur d'aucun devoir de mise en garde à l'égard de la caution même non avertie :
Cass. com., 13 janv. 2015, nº 13-24875, Gaz. Pal. 18-19 mars 2015, p. 13, 216u5, obs. Ch. Albiges ;
Cass. com., 3 nov. 2015, nº 14-17727, Gaz. Pal. 8 mars 2016, p. 73, obs. M. Bourassin. La première
chambre civile considère, toutefois et à l'opposé, que le créancier est tenu « à l'égard des cautions
considérées comme non averties, d'un devoir de mise en garde à raison de leurs capacités
financières et de risques de l'endettement né de l'octroi du prêt et que cette obligation n'est donc
pas limitée au caractère disproportionné de leur engagement au regard de leurs biens et
ressources », Cass. 1re civ., 14 oct. 2015, nº 14-14531, Gaz. Pal. 9-10 déc. 2015, p. 15, obs.
Ch. Albiges.
(819) Cass. com., 20 oct. 2009, no 08-20274, Bull. civ. IV, no 127, D. 2009, 2971, n. D. Houtcieff ;
2010. 989, obs. M. Douchy-Oudot ; Banque et droit, no 129, 2010. 20, obs. Th. Bonneau ; JCP G
2009, 422, n. L. Dumoulin ; 482, n. S. Piedelièvre ; JCP E 2009, 2053, n. D. Legeais ; Banque et
droit, no 128, 2009, 62, obs. N. Rontchevsky ; Dr. et patr. 2010, no 195, p. 89, obs. Ph. Dupichot « le
préjudice né du manquement par un établissement de crédit de son obligation de mise en garde
s’analyse en la perte d’une chance de ne pas contracter ».
(820) Cass. com., 26 janv. 2010, no 08-18354, D. 2010, 578, obs. V. Avena-Robardet, 934,
n. J. Lasserre Capdeville (point de départ de la prescription extinctive).
(821) .V. Cass. com., 8 nov. 2011, no 10-23662, RD bancaire et financier, 2012, comm. 13, obs.
D. Legeais ; JCP 2012, chron. 626, obs. Ph. Simler : la dette principale est de 283 157,95 euros ; le
préjudice subi par la caution est évalué à 283 157,95 euros : la réparation de la perte de chance n’a
pas été égale à l’avantage qu’aurait procuré cette chance si elle s’était réalisée, puisque la caution
garde à sa charge 1 euro !
(822) L'identité des finalités entraîne d'ailleurs l'application du principe de concentration des
moyens. Il appartient donc à la caution de présenter dès l'instance intiale l'ensemble des moyens
tendant à sa libération, en ce compris le manquement à un devoir de mise en garde : Cass. com.,
22 mars 2016, nº 14-23167, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 31, obs. Ch. Albiges.
(823) V. infra, no 300.
(824) Supra, no 294.
(825) Cass. civ. 1re, 17 oct. 1979, D., 80, IR, 198 ; n.p.B., rejetant le pourvoi contre Paris,
23 juin 1977, D., 80, IR, 10, n. M. Vasseur.
(826) Paris, 28 avr. 1980, D., 81, IR, 15, n. M. Vasseur ; Gaz. Pal., 80.II.604, n. Piédelièvre.
(827) Cass. com., 17 juin 1997, Bull. civ. IV, no 188 ; D., 98.208, n. appr. J. Casey ; Defrénois 97
art. 36703, no 158, n. crit. L. Aynès ; RTD civ., 1998.157, obs. appr. P. Crocq ; JCP E, 97.II.1007,
n. D. Legeais ; S. PIEDELIÈVRE, « Le cautionnement excessif », Defrénois 98, art. 36836 ; RTD civ.,
98.421, obs. P. Crocq.
(828) et non plus, cette fois, d'une déchéance du droit d'agir en paiement du créancier : Cass. com.,
26 janvier 2016, nº 14-20478, non pub. au Bull.
(829) Paris, 27 nov. 1998, JCP G, 99.II.10092, n. crit. Casey : le préjudice subi par la caution est
considéré comme égal au montant de la condamnation prononcée contre celle-ci, ce qui, par
compensation, la libère ; Aix-en-Provence, 8 oct. 1998, CEPME c/ SARL Café Abayo : la Cour
évalue directement, eu égard aux capacités financières de la caution, à 100 000 F la somme que
celle-ci devra payer ; v. cep., Versailles, 31 oct. 1997, RTD civ., 98.421, n. crit. P. Crocq.
(830) Le mystère peut s'éclaircir si l'on veut bien considérer qu'en droit des sûretés, le principe de
proportionnalité possède deux aspects différents (mais qui peuvent se rejoindre) : d'une part, la
recherche d'une adéquation objective entre le crédit accordé et la sûreté consentie et, d'autre part,
l'exigence subjective de modération dans la constitution des sûretés personnelles ou dans la
réalisation des sûretés réelles : v. P. CROCQ, « Sûretés et proportionnalité », Mél. Ph. Simler, Litec,
2006, p. 291.
(831) V. spécialement D. LEGEAIS, n. préc. ; et « Principe de proportionnalité : le cas du contrat de
crédit avec constitution de garantie », LPA, 30 sept. 1998, 38 et s. ; J. RAYNAUD, « La solvabilité de la
caution », LPA, 21 janv. 2000, p. 12 et s.
(832) * Cass. com., 8 oct. 2002, Nahoum, Bull. civ. IV, no 136 ; JCP G, 2003.II.10017, n. Y. Picod ;
JCP E, 2002, 1730, n. D. Legeais ; Contrats, conc., consom. 2003, no 20, n. Leveneur ; D., 2003,
414, n. C. Koering ; Defrénois 2002, art. 37691, no 22, obs. Ph. Théry ; RTD civ. 2003, 125, obs.
P. Crocq ; JCP G, 2003.I.124, no 6, obs. Ph. Simler ; V. une application, dans un cas où des
circonstances spéciales rendaient douteuse la connaissance par la caution des risques de
l’entreprise : Cass. com., 20 sept. 2005, Bull. civ. IV, no 176 ; D. 2005, 2588, obs. X. Delpech ; et
dans le cas contraire, « les intéressés détenant toutes les informations utiles pour leur permettre
d’apprécier la portée des engagements qu’ils souscrivaient » : Cass. com., 3 mai 2006,
Bull. civ. IV, no 103.
(833) Cass. com., 13 nov. 2007, Bull. civ. IV, no 236 ; Banque et droit 2008, 52, obs.
N. Rontchevsky ; RTD civ. 2008, 328, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2008, obs. L. Aynès et
P. Dupichot : deux époux vendeurs d’un fonds de commerce dont le prix est payable à terme reçoivent
le cautionnement de deux personnes physiques ; jugé qu’il ne peuvent se voir reprocher le caractère
excessif du cautionnement : « .. ayant relevé que M. et Mme D. (les vendeurs) n’avaient pas la
qualité de créanciers professionnels, la cour d’appel en déduit à bon droit que ceux-ci n’avaient
pas commis de faute en faisant souscrire l’engagement litigieux ».
(834) V., en ce sens, Cass. com., 25 mars 2003, RD bancaire et financier 2003, p. 207, obs.
D. Legeais ; JCP G 2003, I, 176, no 4, obs. Ph. Simler ; Cass. com., 11 juin 2003, D. 2003, p. 2094 ;
Banque et droit, no 90, juill.-août 2003, p. 61 et s., obs. F. Jacob ; JCP G 2003, I, 176, no 4, obs.
Ph. Simler ; Cass. 1re civ., 9 juill. 2003, D. 2003, p. 2434 ; RD bancaire et financier 2003,
p. 286 et s., obs. D. Legeais ; JCP G 2003, I, 176, no 4, obs. Ph. Simler ; Cass. com., 17 déc. 2003,
Bull. civ. IV, no 206.
(835) V., supra, no 294.
(836) Supra, no 294.
(837) Supra, no 297 ; D. HOUTCIEFF, obs. RDC 2011, p. 914.
(838) Comp., en faveur d'une complémentarité entre la déchéance légale et la mise en jeu de la
responsabilité civile du créancier sur le terrain du devoir de mise en garde, D. LEGEAIS,
« Proportionnalité et cautionnement ou l'histoire de deux parallèles qui se croisent », Mélanges
AEDBF-France, tome VI, RB Édition, 2013, p. 349 s.
(839) Ex. : Cass. com., 22 avr. 1980, Bull. civ. IV, no 163 ; D., 81, IR, 22, M. Vasseur ; Cass. com.,
18 mars 2014, nº 12-29583, JCP G 2014, doctr. 635, nº 4, obs. Ph. Simler : responsabilité de la
banque à l'égard de la caution pour défaut de notification préalable au débiteur principal de sa
décision de mettre fin au crédit.
(840) Ex. : Cass. com., 26 juin 1978, Bull. civ. IV, no 178 ; D., 79, IR, 142, n. M. Vasseur ;
Cass. civ. 1re, 17 mars 1998, Defrénois 98, art. 36827, n. J.-L. Aubert.
(841) Cass. com., 28 janv. 2014, nº 12-27703, D. 2014, p. 1013, obs. H. Guillou ; RD bancaire et
financier 2014, com. 43, obs. D. Legeais ; RLDC avr. 2014, p. 36, obs. G. Marraud des Grottes ;
Banque et droit, nº 154, mars-avr. 2014, p. 46, obs. E. Netter.
(842) Ex. : erreur dans le paiement d’un chèque, le rejet d’une traite, la contrepassation d’une
écriture, à condition qu’elle ait causé à la caution un préjudice ; Versailles, 4 nov. 1987, D., 88.133,
n. Estoup : contrairement à l’usage, la banque paie des traites domiciliées, sans obtenir
préalablement l’accord de son client, le tiré ; elle commet une faute ; mais la cour rejette, faute de
préjudice, l’action en responsabilité exercée par la caution, P.-D.G. de la société tirée.
(843) Cass. com., 9 juin 1987, Bull. civ. IV, no 137 ; D., 87, som. 451, n. L. Aynès : « La cour d’appel
a constaté qu’il n’était pas établi que cette opération ait appauvri [le débiteur] et a pu décider
qu’aucune irrégularité n’avait été commise par la banque ; ... la cour d’appel n’avait pas à
procéder davantage aux recherches qu’elle était invitée à faire, alors que les faits allégués devant
elle ne sont pas des causes d’extinction du cautionnement » ; Cass. com., 16 mars 1993, D., 93, IR,
93 : la responsabilité éventuelle de la banque envers le débiteur n’est pas, pour la caution, une
exception ou un moyen de défense. C’est l’objet d’une demande spéciale.
(844) Cass. com., 14 janvier 2014, nº 12-21389, Dr. et patr. oct. 2015, p. 82, obs. Ph. Dupichot.
(845) Cass. civ. 1re, 12 juill. 2005, Bull. civ. I, no 327 ; D. 2006, 3094, n. B. Parance ;
JCP 2005.II.10140, n. A. Gourio ; Banque et droit, nov. déc. 2005, 80 obs. T. Bonneau ;
JCP E 2005.1359, n. D. Legeais ; 21 févr. 2006, Bull. civ. I, no 91 ; D. 2006, 1618, n. J. François.
(846) Cass. com., 3 mai 2006, Bull. civ. IV, no 101 ; D. 2006, 1445, obs. X. Delpech ; 1618,
n. J. François ; JCP 2006.II.10122, n. A. Gourio.
(847) Supra, no 297.
(848) Cass. com., 30 mars 2010, no 09-14287 : rupture brutale du crédit ; cassation de l’arrêt qui
condamne la caution au paiement : « En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme elle y était
invitée, si la rupture brutale du crédit n’avait pas compromis les chances de poursuite de la
société débitrice et fait perdre une chance à la caution de ne pas être appelée dans le cadre de son
engagement, fût-il limité, la cour d’appel a privé sa décision de base légale. »
(849) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(850) Cass. com., 13 mars 2012, no 10-28635, JCP 2012, note 616, Ph. Simler ; D., 2012, Panorama
sûretés, p. 1579 s., obs. P. Crocq ; Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès ; D. 2012, 1043,
n. A. Dadoun : « la compensation opérée entre une créance de dommages-intérêts résultant du
comportement fautif du créancier à l’égard de la caution lors de la souscription de son
engagement, et celle due par cette dernière, au titre de sa garantie envers ce même créancier,
n’éteint pas la dette principale garantie mais, à due concurrence, l’obligation de la caution ».
Adde F. BOUCARD, « La réparation du préjudice causé à la caution – État des lieux et perspectives
d'avenir », Mélanges AEDBF-France, tome VI, RB Édition, 2013, p. 151 s.
(851) Supra, no 291.
(852) Cass. civ. 1re, 31 mars 1992, no 91-04011 ; Bull. civ. I, no 107 ; RTD com., 1992, p. 457, obs.
G. Paisant ; Cass. civ. 2e, 13 mars 2008, no 06-20456, Act. proc. coll. 2008, no 141, obs. O. Salvat.
(853) Cass. civ. 2e, 27 sept. 2012, no 11-23285, RLDC nov. 2012, p. 31, obs. G. Marraud des Grottes.
Cette réforme doit être appliquée par le juge de l'exécution dès lors qu'il statue après son entrée en
vigueur et ce, même si la commission de traitement du surendettement avait été saisie avant celle-ci :
Cass. civ. 2e, 2 déc. 2010, no 09-67503.
(854) R. CABRILLAC, « Le nouvel art. 1387-1 du Code civil », RLDC supplément au no 25, mars 2006,
p. 35 et s. ; F. JACOB, Banque et droit, no 103, sept.-oct. 2005, p. 62 et s. ; S. PIEDELIÈVRE, « Le nouvel
article 1387-1 du Code civil (ou de l'utilisation du pavé par un ours) », D. 2005, p. 2138.
(855) A. KARM, « Régimes matrimoniaux et sûretés », Mél. Jacques Foyer, Economica, 2008, p. 582
et s., spéc. no 11.
(856) P. CROCQ, « Les bons sentiments ne font pas les bons textes », D. 2005, p. 2025 ; V. LARRIBAU-
TERNEYRE, Droit de la famille, oct. 2005, étude 21.
(857) P.-F. CUIF, « Le nouvel article 1387-1 du Code civil : sens et devenir d'un texte contesté »,
RLDC déc. 2005, p. 23 et s. ; Th. REVET, Dr. et patr. nov. 2005, p. 90 et s. ; F. VAUVILLÉ,
« L'institutrice et l'artisan (à propos du nouvel article 1387-1 du Code civil) », RJPF 2005 11/20,
p. 14.
(858) Le même objectif a conduit le 107e congrès des notaires réuni à Cannes le 7 juin 2011 à
formuler (à nouveau) le vœu de la création d'un fichier des cautionnements donnés par acte
authentique.
(859) En droit français et comparé : v. Les garanties du financement, Problèmes actuels des sûretés
personnelles, Travaux de l’Association Capitant, Journées portugaises, 1996. P. ANCEL, Les sûretés
personnelles non accessoires en droit français et en droit comparé, th. dactyl., Dijon, 1981 ;
« Nouvelles sûretés pour créanciers échaudés », Cah. dr. entr., 5-1989 ; Ph. SIMLER, « Les solutions
de substitution au cautionnement », JCP, 1990.I.3427.
(860) Le constitut est l’engagement de payer comme débiteur principal la dette d’autrui : F. JACOB, Le
constitut, ou l’engagement de payer la dette d’autrui à titre de garantie, th. Strasbourg, 1995,
LGDJ, 1998, préf. Ph. Simler ; SIMLER et DELEBECQUE, op. cit., no 10. Cet engagement n’est pas
inconcevable, mais on n’en voit guère l’utilité, entre la garantie autonome et la délégation imparfaite ;
v. cependant, peut-être une application du constitut : Cass. com., 7 oct. 1997, Bull. civ. IV, no 242 :
engagement de payer la dette d’autrui, qui ne constituait pas nécessairement un cautionnement.
(861) Infra, no 325.
(862) Supra, no 122.
(863) V. L. AYNÈS, Problèmes actuels des sûretés personnelles, rapport français au Congrès de
l’Association Capitant, 1996.
(864) Cass. civ. 3e, 12 mars 1997, Bull. civ. III, no 53 ; JCP G, 98.I.103, no 17, n. Ph. Simler ;
Cass. civ. 3e, 14 janv. 1998, Bull. civ. III, no 10 ; JCP G, 98.I.149, no 7, n. crit. Simler : la garantie
n’est pas éteinte, malgré l’extinction de la dette principale pour défaut de déclaration dans la
procédure collective ; v. CABRILLAC et MOULY, no 366.
(865) V. CMF, art. L. 313-22-1 et C. ass., art. L. 433-1, isssus de la loi Lagarde du 1er juill. 2010,
brisant la jurisprudence de la Cour de cassation qui refusait, curieusement tout recours ; Ph. SIMLER,
« La loi rétablit le recours du garant contre le constructeur que la Cour de cassation a cru devoir lui
refuser », JCP G 2011, 130. Le caractère interprétatif de l'art. L. 313-22-1 CMF et de l'art. L. 433-1
C. ass. a été reconnu par Cass. 3e civ., 12 sept. 2012, nº 11-13309, Bull. civ. III, nº 118 ; RDI 2012,
p. 627, obs. D. Tomassin et par Cass. 3e civ., 19 mars 2013, nº 11-27851, RDI 2013, p. 313, obs.
H. Heugas-Darraspen.
(866) Cass. 3e civ., 26 nov. 2014, nº 13-25.534. Adde la note critique de J.-M. Berly, « Quelles
obligations pour la caution garante de l'achèvement dans la VEFA », RD imm., 2015, p. 114.
(867) Ass. plén., 4 juin 1999, sté Faraya, supra, no 124.
(868) Cass. com., 15 févr. 2011, no 10-10056, D. 2011, p. 590, obs. A. Lienhard et p. 988 et s.,
n. D. Martin ; RTD civ. 2011, p. 376, obs. P. Crocq.
(869) Y. CHAPUT, Les sûretés négatives, Ann. Univ. Clermont-Ferrand, 1974, 165-194 ; du même
auteur : Les clauses relatives aux garanties, colloque IDA, Aix-en-Provence, mai 1990.
(870) Y. GUYON, « Le droit de regard du créancier sur le patrimoine et l’activité de son débiteur
considéré comme sûreté », in Colloque de Deauville, p. 121 et s.
(871) V. notamment, Ch. MOULY, « Procédures collectives : assainir le régime des sûretés », Ét.
Roblot, p. 529-564, sp. no 49.
(872) Souvent, il s’agit d’un contrat d’entreprise à l’exportation. Ex. : un État étranger maître
d’ouvrage exige, pour traiter avec une entreprise française, qui elle-même sous-traitera l’ouvrage à
des entrepreneurs de différentes nationalités, une garantie (d’achèvement, p. ex.) qui lui évite, en cas
de malfaçons, d’avoir préalablement à établir, par des expertises, des contre-expertises... la
responsabilité du maître d’œuvre.
(873) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(874) Cass. com., 15 janv. 2013, no 11-28173, Dr. et patr. juill.-août. 2013, p. 90, obs. A. Aynès ;
RDC mars 2014, p. 68, obs. A.-S. Barthez ; D. 2013, p. 1710, obs. P. Crocq ; D. 2013, 1183,
n. A. Hontebeyrie ; Dr. et patr. juill. 2013, obs. A. Aynès ; RLDC mars 2013, no 5013,
obs. Ch. Gijsbers : la délégation imparfaite de ce type n’est pas, pour la société déléguée, une
garantie au sens de l’article L. 225-35 du Code de commerce, parce qu’elle n’est qu’un mode
d’extinction de sa propre dette (comp., énonçant une analyse différente, J.-D. PELLIER, « La nature de
la délégation imparfaite », D. 2014, p. 92 s.). Sur les critères de la sûreté, v. supra, no 5.
(875) Par conséquent, la créance du délégant sur le délégué n’est plus saisissable par ses créanciers,
à compter de la conclusion de la convention de délégation (acceptation du délégataire) : Cass. com.,
16 avr. 1996, Bull. civ. IV, no 120 ; D., 96, som., 333, n. L. Aynès. La défaillance du délégué la fait
renaître, sous la forme du recours que le délégant peut exercer, s’il est poursuivi par le délégataire.
Cette solution qui avait été temporairement abandonnée par la Cour de cassation (Cass. com., 29 avr.
2002, Bull. civ. IV, no 72 ; D. 2002, AJ p. 1835, obs. F. B. ; JCP G 2004.II.10154, n. A.-S. Barthez ;
RD bancaire et financier 2002, p. 189, obs. A. Cerles ; D. 2002, p. 2673 et s., n. D. Houtcieff ;
Defrénois, 2002, art. 37607, no 63, p. 1239 et s., obs. R. Libchaber : Act. proc. coll. 2002, no 12, obs.
H. Monsèrié-Bon) a été nettement réaffirmée depuis (Cass. com., 14 févr. 2006, no 03-17457, Dr. et
patr., no 150, juill.-août 2006, p. 95 et s., obs. P. Crocq).
(876) V. M. VASSEUR, Les garanties indirectes du banquier, op. cit., nos 17 et s.
(877) Cass. com., 7 déc. 2004, Bull. civ. IV, no 214 : l’extinction de la créance du délégataire contre
le délégant laisse subsister l’obligation distincte du délégué.
(878) Contra, M. BILLIAU, La délégation de créance, LGDJ, 1989, préf. J. Ghestin, qui estime qu’il
ne s’agit pas d’une délégation. La plupart des auteurs, et surtout la Cour de cassation sont d’un avis
contraire : Cass. com., 21 juin 1994, Bull. civ. IV, no 225 ; Defrénois 94, art. 35945, no 163,
n. D. Mazeaud ; D., 95, som., 91, n. L. Aynès.
(879) À moins qu’il ait entendu consentir au délégant une donation indirecte ; cf. la même situation en
matière de cautionnement, supra, no 228.
(880) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(881) Sur la règle et son fondement, v. L. AYNÈS, La cession de contrat, nos 63 et s.
(882) V. cep. plus nuancé, C. LACHIÉZE, « La délégation-sûreté », D. 2006, chron. 234. Contra :
I. Sérandour, « La cause dans la délégation », préf. Th. Revet, Bibl. de l'IRJS – André Tunc,
tome 55, IRJS Éditions, 2014, spéc. n 130.
(883) V. Les obligations, coll. Droit civil. Adde L. Thibierge, « Délégation : l'inopposabilité des
exceptions en question(s) », Dr. et patr. déc. 2014, p. 30.
(884) Ex. : l’extinction par prescription : Cass. civ. 1re, 17 mars 1992, Bull. civ. I, no 84 ; D., 92.481,
n. L. Aynès ; JCP G, 92.II.21922. V., toutefois, refusant l'opposabilité des exceptions dans un cas de
délégation incertaine, Cass. com., 7 déc. 2004, no 03-13595, Bull. civ. IV, no 214 ; D. 2005,
p. 1427 et s., obs. A. Boujeka ; D. 2004, p. 79 et s., obs. A. Lienhard ; JCP G 2005, I, 147, no 12,
obs. Ph. Pétel.
(885) V. E. NETTER, Les garanties indemnitaires, préf. N. Rontchevsky, PUAM, 2014 ; adde, du
même auteur, « Le porte-fort, contrat de couverture de risque », RLDC juill.-août 2014, p. 30 s.
(886) De là l’expression de « garanties indemnitaires » : v. notamment, Ph. Simler, note
JCP 2006.II.10021.
(887) Cass. com., 13 déc. 2005, Bull. civ. IV no 256 ; JCP 2006.II.10021, n. crit. Ph. Simler ; D.
2006, 298, n. Delpech : « celui qui se porte fort pour un tiers en promettant la ratification par ce
dernier d’un engagement est tenu d’une obligation autonome dont il se trouve déchargé dès la
ratification par le tiers, tandis que celui qui se porte fort de l’exécution d’un engagement par un
tiers s’engage accessoirement à l’engagement principal souscrit par le tiers à y satisfaire si le
tiers ne l’exécute pas lui-même » Adde : Cass. com., 18 déc. 2007, no 05-14328, n.p.B,
JCP 2008.I.152, no 13, obs. crit. Ph. Simler : « Mais attendu que celui qui se porte fort de
l’exécution d’un engagement par un tiers s’engage accessoirement à l’engagement principal
souscrit par le tiers à y satisfaire si le tiers ne l’exécute pas lui-même » ; une cour d’appel en a
donc exactement déduit que le porte-fort devait être condamné au paiement de la dette du tiers :
persistance d’une position qui confond cautionnement et porte-fort ; volonté de tordre le cou au porte-
fort d’exécution ? Mais pourquoi donc ?
(888) Cass. com., 18 juin 2013, no 12-18890, RDC mars 2014, p. 66, obs. A.-S. Barthez ; RTD civ.
2013, p. 653, obs. crit. P. Crocq ; Gaz. Pal. 4-5 déc. 2013, p. 20, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; Dr. et
patr. févr. 2014, p. 65, obs. Ph. Dupichot ; D. 2013, p. 1621, obs. X. Delpech ; D. 2013, p. 2553, obs.
H. Guillou ; RD bancaire et financier 2013, comm. 155, obs. D. Legeais ; RLDC sept. 2013, p. 35,
obs. Ch. Gijsbers ; D. 2013, p. 2561, n. J.-D. Pellier ; Banque et droit, nº 150, juill.-août 2013,
p. 40, obs. N. Rontchevsky : « l’engagement de porte-fort constitue un engagement de faire de
sorte que (l’article 1326 du Code civil) ne lui est pas applicable » ; Cass. com., 8 juill. 2014, nº 13-
14777, Rev. Sociétés 2015, p. 89, obs. Th. Massart ; adde : I. RIASSETTO, « Porte-fort d'exécution : un
engagement de faire dépourvu de formalisme », RLDC oct. 2013, p. 30 s.
(889) Cass. civ. 1re, 25 janv. 2005, Bull. civ. I, no 43 ; Dr. et patr. oct. 2005, p. 104, n. Ph. Stoffel-
Munck ; JCP 2006.II.10021, n. Ph. Simler.
(890) Contra, Ph. Simler, qui en tire des conclusions pour le porte-fort d’exécution, n. citée supra.
(891) Cass. com., 1er avr. 2014, nº 13-10629, D. 2014, p. 1616, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, 752,
note Y. Dagorne-Labbe ; D.. 2014, p. 1185, note B. Dondero ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 98, obs.
Ph. Dupichot ; RDC sept. 2014, 110r8, p. 347, note Th. Génicon ; RDC déc. 2014, p. 625, 111z8, note
J. Klein ; Contrats, conc., consom., 2014, com. 150, obs. L. Leveneur ; Rev. Sociétés 2014, p. 558,
obs. Th. Massart ; RTD com., 2014, p. 309, obs. B. Saintourens ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 9, obs.
Ph. Simler.
(892) Comp. : Cass. com., 9 mars 2010, no 09-11807, RDC 2011, 193, obs. A.-S. Barthez : le porte-
fort avait pris l’engagement d’imposer le respect du contrat par un tiers et de demeurer responsable
de la bonne exécution de celui-ci ; c’était un engagement indépendant de celui du tiers ; peu importe
que celui-ci ne se soit pas engagé.
(893) Biblio. : A. PRÜM, Les garanties à première demande, Litec, 1994, préf. B. Teyssié. Il existe
plusieurs appellations différentes : garantie autonome (générique), lettre de garantie, garantie
indépendante ; Ch. GAVALDA et J. STOUFFLET, « La lettre de garantie internationale », RTD com., 1980,
p. 1 et s. ; Les garanties bancaires dans les contrats internationaux, Actes du colloque de la
FEDUCI, juin 1980, Éd. Le Moniteur, 1981 ; Y. POULET, « Les garanties contractuelles dans le
commerce international », Dr. prat. com. int., 1979, 387-443 ; Travaux de l’Association Capitant,
1984 : Les engagements abstraits pris par le banquier, p. 215-387, sp. rapport français par J.-
L. RIVES-LANGE ; M. CONTAMINE-RAYNAUD, « Les rapports entre la garantie à première demande et le
contrat de base en droit français », Ét. Roblot, LGDJ, 1984, p. 426 et s. ; M. VASSEUR, Rép. com.
Dalloz, vo Garantie indépendante, 1984.
(894) Allemagne, Suisse, pays anglo-saxons... ; en anglais : bond ; ex. : performance bond : garantie
de bonne fin ; bid bond : garantie de soumission (appel d’offres)...
(895) V. les nouvelles « Règles uniformes relatives aux garanties sur demande » (RUGD 758)
adoptées en 2010 et révisant les « Règles uniformes pour les garanties contractuelles » émanant de la
chambre de commerce internationale, codifiant les usages internationaux en la matière (1978, pub.
no 325) déjà modifiées en 1991 (pub. no 458) ; v., à ce propos, G. AFFAKI et J. STOUFFLET, Banque et
droit, no 130, mars-avr. 2010, p. 37 et s. ; A. CERLES, RD bancaire et financier nov.-déc. 2010,
no 218 ; J.-P. MATTOUT, « La révision des Règles uniformes de la Chambre de commerce
internationale relatives aux garanties sur demande », D. 2010, p. 1296 et s. ; S. PIEDELIÈVRE, « Les
nouvelles règles de la CCI relatives aux garanties à première demande », RTD com. 2010, p. 513
et s. Adde antérieurement : Ph. SIMLER, « Les règles uniformes de la CCI relatives aux garanties à
première demande », LPA, mai 1992 ; v. également la Convention des Nations unies (CNUDCI) sur
les garanties indépendantes et les lettres de crédit stand-by, du 6 nov. 1995 ; A. PRÜM, « Pratiques et
réglementations internationales des garanties à première demande », in L’actualité des garanties à
première demande, Journées d’études du 14 nov. 1996, Bruylant, 1997.233.
(896) Ex. : art. 144 du Code des marchés de l’État (français), qui prévoit que la caution du maître
d’œuvre « ne peut différer le paiement ou soulever de contestation pour quelque cause que ce
soit ». Dans ces arrêts, la garantie autonome intervient dans des relations internes : Cass. com.,
13 déc. 1983, infra, no 334 ; Cass. com., 8 déc. 1987, Cass. com., 2 févr. 1988, infra, no 340.
(897) V. aussi, sur le développement à l’étranger des garanties autonomes lorsque le cautionnement
est trop strictement réglementé, Ch. MOULY, Pour la liberté des garanties personnelles, Banque
1987, 1166.
(898) V. M. VASSEUR, passim ; J.-L. RIVES-LANGE et M. CONTAMINE-RAYNAUD, Droit bancaire, 4e éd.,
no 661.
(899) Au sens d’« automatique », c’est-à-dire assorti de l’inopposabilité des exceptions. Il ne s’agit
pas d’un acte abstrait : infra, no 336.
(900) Un banquier, sur l’ordre de son client importateur, ouvre à l’exportateur un crédit représenté
par une lettre de crédit commerciale (accréditif) ; cette lettre énumère différents documents – relatifs
au marché – au vu desquels le banquier paiera l’exportateur. Seul compte l’examen des documents, et
non la réalité, la bonne exécution ou les vices du marché. Le banquier dispose, après paiement, d’un
recours contre son client ou contre une autre banque intervenante. V. sur ce rapprochement, BONTOUX,
Les garanties bancaires dans le commerce international, Banque, 1982, 171.
(901) Infra, no 338.
(902) V. les très nombreuses décisions publiées et commentées. Ex. : D., 1981.336.390.482, n.
Vasseur ; JCP G, 1982.II.19876, n. Stoufflet ; D., 1982.504.296 ; IR, 496, n. Vasseur ; D.,
1983.365.437 ; IR, 484.304, n. Vasseur ; D., 1984.420, IR, 202, n. Vasseur ; D., 1985, IR, 238, n.
Vasseur ; D., 90, som. com., 195-214, n. M. Vasseur ; D., 92, som. com., 233-245, n. M. Vasseur.
(903) Ex. : aff. Delbard/BFCE : Riom, 14 mai 1980, D., 81.336, n. Vasseur. La société Delbard avait
passé avec le ministère de l’agriculture iranien un marché de fourniture d’arbres fruitiers en garantie
duquel fut exigé un « cautionnement » à première demande contre-garantie par la BFCE. L’exécution
du contrat se déroula mal. Craignant un appel abusif de la garantie, la soc. Delbard sollicita et obtint
en référé qu’il soit fait défense à la BFCE de payer. L’ordonnance fut ensuite rapportée, ce que
confirme la cour d’appel, qui relève au détour d’un attendu, que l’exécution du marché était garantie
par la COFACE (v. infra).
(904) Comme le souligne M. Vasseur, l’enjeu de ces débats n’est pas seulement juridique. Une trop
grande protection des donneurs d’ordre français entrave l’exportation. De plus, lorsque le contrat
principal est mal exécuté ou rompu pour des raisons indépendantes de la volonté de l’exportateur
(ex. : risque politique), l’intérêt de la COFACE est d’empêcher le paiement à première demande :
assurant l’exportateur, elle risque, dans le cas contraire, de devoir le couvrir.
(905) GAVALDA et STOUFFLET, op. cit. ; STOUFFLET, « La lettre de garantie internationale », in Colloque
de Deauville, RJ com., 1982, p. 76 et s., sp. p. 79 : « Il suffit d’admettre que par un arrangement,
d’ordre probatoire, le bénéficiaire de la garantie est dispensé d’établir que les conditions de mise
en œuvre de cette garantie sont réunies » ; JCP G, 1985.II.20436 ; JCP G, 1987.20764.
(906) En ce sens, pour les cautionnements à première demande internes (marchés publics),
Ch. MOULY, op. cit., no 22.
(907) De la même manière, le prix est de l’essence de la vente. Une vente sans prix est soit nulle, soit
autre chose qu’une vente (ex. : une donation...), suivant la volonté des parties.
(908) * Cass. com., 20 déc. 1982, Banque de Paris et des Pays-Bas, Bull. civ. IV, no 417 ; D.,
83.365, n. M. Vasseur.
(909) Cass. com., 13 déc. 1983, D., 84.420, n. M. Vasseur ; n.p.B.
(910) Car dans les arrêts de 1982, la Cour de cassation avait décidé que la banque ne pouvait se
prévaloir « en l’état » des exceptions, ce qui était ambigu.
(911) Dans le même sens : Cass. com., 27 nov. 1984, D., 85.269, n. M. Vasseur ; n.p.B. : « la contre-
garantie donnée par la banque est une obligation autonome tant par rapport à la garantie de
premier rang... que par rapport au contrat de base » ; Cass. com., 12 déc. 1984, Bull. civ. IV,
no 344 ; D., 85.269, n. M. Vasseur ; JCP G, 85.II.20436, n. J. Stoufflet ; Cass. com., 20 nov. 1985,
Bull. civ. IV, no 277 ; D., 86.213, n. M. Vasseur : les contre-garanties étaient plus étendues que les
garanties ; Cass. com., 27 févr. 1990, D., 90, som. com., 213, n. M. Vasseur ; Cass. com., 8 nov. 1994,
Bull. civ. IV, no 322 : le garant peut appeler la contre-garantie quand bien même son engagement
propre envers le bénéficiaire ne serait plus valable, faute d’avoir été prorogé au-delà de la date
initialement prévue.
(912) Cass. com., 17 oct. 1984, Bull. civ. IV, no 265 ; D., 85.269, n. Vasseur ; JCP G, 85.II.20436, n.
Stoufflet : cassation d’un arrêt qui « tout en énonçant que la BUE a entendu donner une garantie à
première demande, autonome par rapport au contrat pour l’exercice duquel elle est accordée, pour
débouter [la bénéficiaire] de son action, retient l’inexécution fautive par celle-ci de ses
obligations » ; Cass. com., 20 févr. 1985, Bull. civ. IV, no 74 ; Cass. com., 21 mai 1985, Bull. civ. IV,
no 160 ; D., 86.213, n. M. Vasseur ; Banque, 1986, p. 87, obs. J.-L. Rives-Langes ; JCP G, 86.I.3265,
Chronique de droit bancaire no 118, obs. crit. Gavalda et Stoufflet : « le fait, même apparemment
établi, que la société F. ait rempli toutes ses obligations à l’égard de la société S. n’était pas de
nature à dispenser la BFCE de l’exécution d’un accord dont les termes l’obligeaient à payer les
sommes garanties... à première demande, sans aucune justification du motif allégué pour l’appel
de cette garantie » ; en l’espèce, il s’agissait d’une contrepartie.
(913) Infra, no 344.
(914) Ex. : la garantie a pour objet l’exécution du contrat A conclu entre Pierre et Paul ; elle ne peut
être invoquée pour l’exécution du contrat B, même s’il est conclu entre les mêmes parties : Réf.
T. com., Paris, 1er août 1984, JCP G, 86.II.20526, n. M. Azencot. Adde affirmant que la garantie à
première demande, susceptible d'être substituée à la retenue légale de garantie, vise à garantir
l'exécution des travaux de levée des réserves et non la bonne fin du chantier, Cass. 3e civ., 4 fév.
2016, nº 14-29836, Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 34, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; JCP G 2016, 553,
nº 13, obs. Ph. Simler.
(915) La règle est la même dans le cautionnement : supra, no 221.
(916) M. VASSEUR, n. préc. ; J.-L. RIVES-LANGE et M. CONTAMINE-RAYNAUD, Droit bancaire, préc.,
no 670 : « l’engagement bancaire se trouve contractuellement isolé des autres rapports de droit »
qui lui servent de cause ; mais, no 671 : « il faut rechercher la cause de l’engagement pris par le
banquier, non plus au sein du groupe de contrats, mais dans l’engagement lui-même ». Dire que
l’engagement est « coupé » de sa cause et que celle-ci se trouve dans l’engagement lui-même
n’explique rien.
(917) Supra, sur la cause du cautionnement, no 221. C’est bien la cause efficiente : le garant s’oblige
parce qu’il existe une obligation principale. Mais celle-ci n’est pas le but qu’il se donne en
s’obligeant.
(918) Comp. A. PRÜM, op. cit., supra, note 1 ; MARTY, RAYNAUD et JESTAZ, no 639 : ces auteurs
estiment également que l’originalité de la garantie tient à son objet, mais recourent à la notion de
droit éventuel pour expliquer tout à la fois l’indépendance de la garantie et son lien avec l’obligation
principale. De même, en droit romain, un délégué pouvait s’engager à payer au créancier « ce que lui
doit tel débiteur » (delegatio incerta) ou au contraire, « telle somme » (delegatio certa). Sur ce
point, Les obligations, coll. Droit civil ; v. cep., Cass. com., 12 déc. 1984, cité supra, note 19 :
« L’engagement du Crédit agricole (contre-garant) ne constituait pas plus un cautionnement
qu’une délégation, mais une obligation autonome tant par rapport à la garantie de premier rang...
que par rapport au contrat de base. » En l’espèce, l’application de la délégation proposée par le
donneur d’ordre était compliquée et inexacte (v. n. Vasseur, préc.).
(919) Ch. MOULY, « L’avenir de la garantie indépendante en droit interne français », Mélanges Breton
et Derrida, Dalloz, 1991, p. 267 et s. ; CABRILLAC-MOULY-PETEL, op. cit., no 483.
(920) Infra, no 340.
(921) Dans un arrêt rendu le 19 avr. 2005, la chambre commerciale de la Cour de cassation a énoncé
que « l'engagement d'un garant à première demande est causé, dès lors que le donneur d'ordre a
un intérêt économique à la conclusion du contrat de base, peu important qu'il n'y soit pas partie »
(Cass. com., 19 avr. 2005, no 02-17600, D. 2005, p. 1285 ; RLDC 2005/17, no 693, obs. A. Blouet-
Ressot ; D. 2005, Pan. p. 2086, obs. P. Crocq ; Banque et droit, no 101, mai-juin 2005, p. 63 et s.,
obs. F. Jacob ; RTD com., 2005, p. 582 et s., obs. D. Legeais ; JCP G 2005.II.10075,
n. S. Piedelièvre ; JCP E 2005.916, n. J. Stoufflet), affirmation reprise ultérieurement par Cass. com.,
3 juin 2014, nº 13-17643, Dr. et patr. nov. 2014, p. 106, obs. A. Aynès ; RLDC oct. 2014, p. 31, note
E. Garaud ; Banque et droit, nº 158, nov.-déc. 2014, p. 48, obs. F. Jacob ; JCP G 2014, Doctr. 1162,
nº 8, obs. Ph. Simler. De manière particulièrement originale, la Cour de cassation énonce dans ces
arrêts que la cause de l'engagement du garant ne se trouve pas dans un intérêt qui lui est propre mais
dans l'intérêt d'autrui, celui du donneur d'ordre, à la conclusion du contrat de base.
(922) Ex. : Cass. com., 5 oct. 2010, cité infra, note 42 ; Cass. com., 3 nov. 1992, cité infra, note 42 ;
Cass. com., 19 févr. 1991, Banque, 429, obs. Rives-Lange ; RTD com., 91.627, obs. Cabrillac et
Teyssié ; Paris, 24 janv. 1984, D., 84, IR, 203, obs. crit. Vasseur ; TGI Paris, 26 janv. 1983, D., 83,
IR, 297. Il suffit que les documents prévus dans la lettre de garantie soient produits, même s’il existe
une contestation sur le contrat principal. T. com. Bruxelles, 13 mars et 26 juin 1984, D., 85, IR 239,
n. Vasseur : défense de payer faite au garant, lorsque les documents convenus ne sont pas produits.
Cass. com., 20 févr. 1985, Bull. civ. IV, no 74 ; D., 86, IR, 153, obs. Vasseur, 24 nov. 1981, D.,
82.296, n. M. Vasseur ; JCP G, 82.II.19876, n. J. Stoufflet. Sur le sens élargi du terme
« documentaire », V. M. Vasseur, obs. D., 1992, som. com., 242.
(923) Ex.Cass.com., 13 janv.2015, nº 13-14686, Dr. et patr. 2015, nº 251, p.95, obs. A. Aynès et
Ph. Dupichot ; RDC 2016, p. 266, obs. A.-S. Barthez ; JCP G 2015, 604 nº 7, obs.Ph. Simler.
(924) Comp. en droit de l'OHADA (droit commercial uniforme africain) l'art. 29 de l'ancien Acte
uniforme du 17 avr. 1997 portant organisation des sûretés (AUS) : « Les lettres de garantie et de
contregarantie ne peuvent être souscrites sous peine de nullité par les personnes physiques ».
Cette interdiction existe toujours aujourd'hui puisque l'art. 40, al. 1, du nouvel AUS, qui a été adopté
à Lomé le 15 déc. 2010 et est entré en vigueur le 16 mai 2011, prévoit que « les garanties et contre-
garanties autonomes ne peuvent être souscrites par des personnes physiques sous peine de
nullité ».
(925) Ex. : Paris, 5e ch. C, 12 févr. 1993, D., 93, IR, 97 ; Paris, 5e ch. A., 5 avr. 1994, D., 94, IR, 136.
(926) Cass. com., 8 juin 1993, Bull. civ. IV, no 225 ; Defrénois 93, art. 35617, no 102, n. L. Aynès :
contradiction entre le texte de l’engagement, « à première demande » et la mention manuscrite :
« Bon pour caution solidaire »... ; la cour d’appel a pu décider qu’il s’agissait d’un cautionnement ;
Ch. MOULY, sur la qualification, v. infra, no 340.
(927) D. HOUTCIEFF, « La garantie autonome souscrite par une personne physique : une sûreté en quête
d’identité », R. Lamy dr. civil, 2006, no 29, p. 31 et s.
(928) Il n'y avait, à cela, qu'une seule exception, s'agissant de l'art. L. 643-11-II, C. com., tel qu'il
était issu de la loi du 26 juill. 2005, qui ne prévoyait le maintien du droit de poursuite individuelle en
dépit de la clôture de la liquidation judiciaire pour insuffisance d'actif qu'au profit de la caution qui a
payé le créancier et non au profit du garant à première demande, ce que l'on avait bien du mal à
comprendre. Cet oubli a été corrigé par l'ordonnance du 12 mars 2014 puisque le nouvel art. L. 643-
11-II C. com. prévoit désormais que « les coobligés et les personnes ayant consenti une sûreté
personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie peuvent poursuivre le débiteur s’ils ont
payé à la place de celui-ci » (v. J.-D. PELLIER, « La poursuite de la construction d'un régime des
sûretés pour autrui – À propos de la modification de l'article L. 643-11 du code de commerce par
l'ordonnance du 12 mars 2014 », D. 2014, p. 1054).
(929) Ex. : Cass. com., 20 déc. 1982, préc., supra, note 16 ; Paris, 24 nov. 1981, préc., supra, note
30 ; 27 oct. 1981, JCP G, 81.II.19702, n. Bouloc.
(930) Ex. : Cass. com., 15 juin 1999, Bull. civ. IV, no 126 ; Paris, 27 sept. 1983, D., 84, IR, 201, n.
crit. Vasseur, cassé, sans que la qualification ait été débattue, par Cass. com., 20 févr. 1985,
Bull. civ. IV, no 74 ; Paris, 2 juin 1982, D., 83, 437 concl. Flipo, n. crit. Vasseur, cassé, dans les
mêmes conditions, par Cass. com., 5 févr. 1985, Bull. civ. IV, no 45 ; D., 85.269, n. Vasseur ; il
s’agissait d’une contre-garantie, plus automatique.
(931) Cass. com., 8 déc. 1987, Bull. civ. IV, no 261 ; Defrénois 1988, art. 34275, no 61, n. L. Aynès ;
D., 1988, som., 274, m. n. : « La cour d’appel, ayant relevé que le terme de “caution” utilisé dans
les actes ne devait pas faire illusion et que la banque, par une disposition expresse, s’était
engagée à rembourser à première demande et inconditionnellement à la société S. toutes sommes
dues par la société A. au titre de la restitution de l’avance et au titre de la bonne fin des travaux,
en a déduit exactement que la banque avait contracté envers la société S. non un simple
cautionnement, fût-il solidaire, mais une véritable garantie autonome. » Ex. : de « cautionnements
à première demande » : Cass. com., 22 mai 1991, D. 1992, som., 234, n. M. Vasseur ; Riom,
14 mai 1980, D., 81.336, n. Vasseur ; TGI Paris, 26 janv. 1983, D., 83, IR, 297, obs. Vasseur ; Paris,
1er juill. 1986, D., 87, som., 448, n. L. Aynès.
(932) * Cass. com., 2 févr. 1988, sté Toit et Joie, Bull. civ. IV, no 55 ; Defrénois 1988, art. 34275,
no 61, n. L. Aynès ; D., 88, som., 274, . m. n. : Cassation de l’arrêt qui estime qu’est ambigu et doit
être interprété en faveur du garant un acte comportant les mots « caution personnelle et solidaire » et
la référence à l’obligation du débiteur principal, mais aussi l’engagement de payer « sans pouvoir
différer le paiement ni soulever de contestations pour quelque motif que ce soit » : « en statuant
ainsi, sans reconnaître le caractère autonome de la garantie donnée par la banque, alors que, en
dépit de la présence des mots “cautionnement”, “caution personnelle” et “débiteur”, ce caractère
résultait de la clause par laquelle l’établissement financier s’engageait à ne pas différer le
paiement lorsqu’il recevrait l’ordre d’y procéder et à ne soulever aucune contestation pour
quelque motif que ce soit, la cour d’appel a violé le texte susvisé (C. civ., art. 1134) » ; Cass. com.,
5 déc. 1989, 2 arrêts, D., 90, som., com., 207, n. M. Vasseur, n.p.B. : malgré l’existence d’une clause
de réduction en fonction de l’avancement du marché principal non automatique, la garantie peut être
autonome ; Paris, 1er mars 1989, D., 90, ibid. 196, n. M. Vasseur ; comp., Paris, 3e ch. A, 3 avr. 1989,
S.A.E. c. B.T.P. : « en dépit donc de l’ambiguïté introduite par l’emploi des mots “à première
demande”, les deux engagements souscrits, au regard et à cause du contrat de sous-traitance dont
ils sont l’accessoire, leur mise en œuvre dépendant de son exécution, constituent de simples
cautionnements » ; Paris, 3 avr. 1990, D., 90, ibid. n. M. Vasseur.
(933) * Cass. com., 13 déc. 1994, Magnetti, Bull. civ. IV, no 375 ; D., 95.209, rapport Le Dauphin,
n. L. Aynès ; JCP G, 95.I.3851, no 11, n. Simler, cité supra, no 123 ; jugé qu’il s’agissait d’un
cautionnement, malgré les formules employées ; l’engagement « à première demande » n’agissait
probablement que sur la charge de la preuve. Cass. com., 10 mai 1994, Bull. civ. IV, no 171 ; D., 95,
som., 12, obs. Vasseur : l’engagement est pris par une banque et il comporte la formule : « à première
demande du créancier » ; jugé qu’il s’agit pourtant d’un cautionnement, dès lors qu’il n’est pas
convenu « que la garantie litigieuse devait être autonome par rapport au contrat de vente ».
Cass. com., 9 déc. 1997, D. Aff., 98.199 : engagement de payer sans contestation les « sommes dues
par le débiteur » au titre du contrat : le garant s’est obligé à acquitter « non pas une obligation
nouvelle, distincte de celle incombant au débiteur garanti, mais la propre dette » de celui-ci ;
l’engagement n’est pas autonome ; Cass. com., 11 mars 1997, Bull. civ. IV, no 67 ; Cass. civ. 1re,
23 févr. 1999, Bull. civ. I, no 64 ; JCP G, 99.II.10189, n. Ginestet ; Contrats conc., consom. 1999.69,
obs. Leveneur : garantie de « toutes sommes dues par le preneur » : l’engagement n’est pas
autonome ; Cass. com., 29 sept. 2015, nº 13-26897, RDC 2016, 266, obs. A.-S.Barthez.
(934) Cass. com., 2 oct. 2012, no 11-23401, Dr. et patr. févr. 2013, 87, obs. Ph. Dupichot ;
Cass. com., 18 mai 1999, Bull. civ. IV, no 102 ; JCP G, 99.II.10199, n. Stoufflet ; Contrats, conc.,
consom. 1999.155, obs. Leveneur : « de telles garanties ne sont pas privées d’autonomie par de
simples références au contrat de base, n’impliquant pas appréciation des modalités d’exécution de
celui-ci pour l’évaluation des montants garantis ou pour la détermination des durées de validité ».
Adde Ph. DUPICHOT, « Regards sur la garantie glissante – À propos d'un arrêt rendu le 2 oct. 2012 par
la chambre commerciale », Mélanges AEDBF-France, tome VI, RB Édition, 2013, p. 231 s.
(935) Supra, no 337. Ex. : Cass. com., 5 oct. 2010, no 09-14673, JCP G 2010, 226, no 9, obs.
Ph. Simler ; RLDC 2010/77, p. 35, obs. J.-J. Ansault ; D. 2010, 409, obs. P. Crocq : l’appel de la
garantie devait être accompagné d’une déclaration du bénéficiaire attestant que la somme demandée
était due par le débiteur ; c’était un appel « motivé » par l’inexécution par le débiteur de ses
obligations, mais le garant n’a la possibilité ni de contester ni de contrôler l’exactitude de la
déclaration ; c’est donc une garantie autonome ; Cass. com. ; 31 mai 2011, no 10-14979, Dr. et patr.
2012, no 211, p. 90, obs. Ph. Dupichot ; Cass. com., 7 oct. 1997, Bull. civ. IV, no 242 ; D. Aff.,
97.1323, JCP G, 98.I.149, no 8, n. Ph. Simler : l’engagement de payer au bénéficiaire « ce qu’il
affirmait avoir réglé », à concurrence de 2 500 000 francs, sans élever d’objection ni d’exceptions,
est une garantie autonome ; l’objet de l’engagement est déterminable, sans égard pour la dette du
donneur d’ordre. Cass. com., 3 nov. 1992, JCP G, 93.II.22082, n. Ph. Delebecque ; D., 93, som. 96,
obs. Vasseur : n’est pas un cautionnement un acte intitulé « caution », par lequel une banque s’engage
à payer « à première demande (...) motivée par la mauvaise exécution (...) » du contrat principal une
somme déterminée : « l’obligation de “motiver” la demande n’imposait au bénéficiaire, en
l’absence de toute autre stipulation, que de fournir un exposé descriptif de ses griefs, sans avoir à
apporter la preuve de leur bien-fondé ».
(936) Cass. com., 10 janv. 1995, Bull. civ. IV, no 13 ; D., 95.201, n. L. Aynès ; JCP G, 95.I.3851,
no 12, n. Simler ; II, n. Billiau : « la preuve d’un engagement serait-il autonome, qualité qui n’est
pas contestée par le moyen, peut résulter de la souscription d’un acte écrit, même imparfait au
regard des exigences de l’art. 1326 du Code civil, dès lors qu’en tant que commencement de
preuve par écrit il est complété par un élément extrinsèque établissant que la personne engagée
avait une exacte conscience de la nature et de la portée de l’obligation » ; pour le cautionnement,
v. supra, nos 205 et s.
(937) V. en ce sens, Cass. 1re civ., 20 juin 2006, no 04-11037, D. 2006, p. 1815, obs. V. Avena-
Robardet ; RTD civ. 2006, p. 593, obs. P. Crocq.
(938) M. Grimaldi note sous Versailles, 19 mai 1994, D. 1995, Somm. p. 326.
(939) Réf. T. com. Paris, 1er août 1984, préc. note no 22 : « le motif réel de l’appel de ces garanties
ne correspond pas à l’objet pour lequel elles ont été émises ».
(940) Supra, no 338 Cass. com., 5 oct. 2010, cité supra, note 42 ; Cass. civ., 20 juin 1989, D., 90,
som. com., 195, n. M. Vasseur, n.p.B. ; T. com., Paris, 29 nov. 1988, ibid., 205.
(941) La prorogation de la garantie peut ouvrir le contentieux de la rupture brutale par le garant des
négociations ; ex. : Cass. com., 18 mai 2016, nº 14-28867, non. publ. Bull.
(942) Cass. com., 24 janv. 1989, JCP G, 90.II.21425, n. Mattout et Prüm : jugé que l’appel de la
contre-garantie n’est pas intervenu en temps utile, alors que la banque garante de premier rang
écrivait la contre-garante : « nous vous demandons l’autorisation d’une prorogation jusqu’au
31 juill. 1984 ou le paiement des sommes » ; le garant n’avait pas reçu lui-même une demande ferme
de paiement. La cour d’appel a pu estimer, par interprétation souveraine, qu’il ne s’agissait pas d’un
appel « ferme et non équivoque ».
(943) V. faisant sienne une affirmation de la Cour d’appel de Paris énonçant « que le strict respect
des conditions de forme et de rédaction de l'appel de la garantie, telles que prévues par la lettre
de garantie et les Règles Uniformes de garanties sur demande, publication CCI nº 458, est la
contrepartie de l'autonomie de la garantie, que le bénéficiaire doit les respecter pour mettre en jeu
celle-ci et que le garant doit vérifier l'apparente régularité de la demande qui lui est adressée
avant de payer », Cass. com., 10 févr. 2015, nº 12-26580, RDC 2016, p. 266, obs. A.-S. Barthez ;
Gaz. Pal. 24-28 mai 2015, p. 21, 226a5, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RLDC avr. 2015, p. 35, obs.
E. Pouliquen ; Banque et droit, nº 160, mars-avr. 2015, p. 70, obs. N. Rontchevsky ; JCP G 2015,
604, nº 7, obs. Ph. Simler.
(944) Cass. com., 13 sept. 2011, no 10-19384.
(945) Cass. com., 30 mars 2010, D. 2010, 2274, n. C. Houin-Bressand ; RTD com. 2010, 593, obs.
D. Legeais ; RDC 2010, 1345, obs. A.-S. Barthez ; Banque et droit, no 131, mai-juin 2010, p. 42, obs.
N. Rontchevsky ; adde, à propos de cet arrêt, E. NETTER, « Les recours du donneur d'ordre solvens
contre le garant ou le contre-garant autonome », RLDC sept. 2010, p. 31 et s.
(946) Cass. com., 14 oct. 1981, Bull. civ. IV, no 357 ; D., 82.301, n. approb. Vasseur ; JCP G,
82.II.19815, n. réservée Gavalda et Stoufflet : « la banque avait reçu les documents conformes du
vendeur et s’était engagée directement et irrévocablement à son égard » ; l’arrêt concerne le crédit
documentaire ; sa parenté avec la garantie à première demande permet d’en étendre la solution.
(947) Paris, 27 oct. 1981, JCP G, 81.II.19702 ; 25 mars 1982, D., 82, IR, 497, obs. Vasseur.
(948) T. com., Paris, 29 oct. 1982 ; Paris, 29 nov. 1982, D., 83, IR, 301 et 302, n. Vasseur.
(949) Paris, 2 juin 1982, D., 83.437, n. Vasseur, cassé par Cass. com., 5 févr. 1985, préc., supra,
note 37.
(950) * Cass. com., 7 juin 1994, sté Sofresid, Bull. civ. IV, no 203 ; JCP G, 94.II.22312,
n. J. Stoufflet : la garantie est donnée à un acheteur par un fournisseur ; le premier l’appelle, en
prétendant que le matériel n’est pas conforme ; la cour d’appel ordonne le blocage, au motif que le
matériel fourni est conforme. Cassation : « en se déterminant par de tels motifs, la cour d’appel, qui
n’a pas caractérisé l’existence d’une fraude ou d’un abus manifeste de l’appel de la garantie
autonome, n’a pas légalement justifié sa décision ».
(951) A. PRÜM, op. cit., supra, note 1, nos 429 et s.
(952) Les obligations, coll. Droit civil.
(953) Ex. : la « certitude judiciairement constatée » que la prétention du bénéficiaire est infondée au
moment de l’appel de la garantie : Cass. com., 7 oct. 1997, cité supra, note 42. Un document,
émanant du bénéficiaire lui-même, établit que le donneur d’ordre a achevé l’exécution du contrat, de
manière satisfaisante : Cass. com., 10 juin 1986, cité infra, note 62.
(954) Ex. : appel d’une garantie de soumission par suite du refus du donneur d’ordre de conclure un
marché dont les conditions nouvelles, avancées tardivement, sont très différentes de celles prévues à
l’appel d’offre « et évidemment inacceptables pour la société soumissionnaire » ; la garantie est
détournée de sa finalité : Cass. com., 2 déc. 1997, Bull. civ. IV, no 312 ; JCP G, 98.II.10165, n.
Hanna ; Contrats, conc., consom. 1998, no 41, obs. Leveneur (dans cette affaire, il est reproché au
garant de ne pas avoir soulevé le caractère manifestement abusif de l’appel ; il est donc privé de son
recours contre le donneur d’ordre).
(955) Cass. com., 21 mai 1985, préc., supra, note 20 ; cependant, cet arrêt prend soin de préciser que
l’exécution du contrat principal « même apparemment » établie, ne dispense pas le garant de payer :
l’absence de droit du bénéficiaire n’était qu’apparente ; le juge des référés ne pouvait vérifier, sans
examiner les relations des parties au contrat de base, ce qui lui est interdit : en ce sens, M. VASSEUR,
n. sous l’arrêt ; v. une autre application : Cass. com., 11 déc. 1985, Bull. civ. IV, no 292 ; JCP G,
86.II.20593, n. J. Stoufflet ; D., 86, 213, n. M. Vasseur : « C’est à bon droit que la cour d’appel a
retenu, abstraction faite de tous autres motifs surabondants, que cette collusion frauduleuse
faisait échec au principe de l’autonomie en manière de garanties et de contre-garanties à première
demande ». En l’espèce, il s’agissait d’une « affaire iranienne », où le bénéficiaire avait tenté
d’utiliser la garantie à première demande pour financer une société substituée autoritairement au
donneur d’ordre français.
(956) Cass. com., 20 janv. 1987, Bull. civ. IV, no 19 ; JCP G, 87.II.20764, n. approb. J. Stoufflet :
l’arrêt qui refuse le blocage de la garantie, en relevant que « le caractère même manifestement
abusif, comme en l’espèce, de l’appel des garanties, ne peut être assimilé à une fraude de nature à
paralyser le jeu des garanties », alors que « s’agissant de l’appel de la contre-garantie, elle en
avait retenu le caractère manifestement abusif » n’a pas tiré les conséquences de ses propres
constatations ; 3 mai 1988, Bull. civ. IV, no 149 : cassation d’un arrêt qui avait ordonné le sursis au
paiement « sans relever l’existence d’une fraude ou d’un abus manifeste qui seuls auraient été de
nature à faire obstacle à l’exécution des engagements à première demande ». Cass. com., 12 janv.
1993, JCP G, 93.I.3680, no 14, obs. Ph. Simler.
(957) Cass. com., 10 juin 1986, Bull. civ. IV, no 117 ; D., 87.17, n. M. Vasseur ; JCP G, 86.I.3265,
chron., no 120, obs. Gavalda et Stoufflet ; Banque 1986, 711, no 1. J.-L. Rives-Lange : le bénéficiaire
avait établi des certificats de terminaison de travaux à 100 %, approuvé des certificats de paiement
du donneur d’ordre, laissé impayée une facture de travaux complémentaires ; comp. Cass. com.,
10 janv. 1989, Bull. civ. IV, no 9 : pouvoir souverain des juges du fond pour apprécier si la fraude
alléguée est établie.
(958) Cass. com., 12 déc. 1995, Bull. civ. IV, no 289 : cassation d’un arrêt qui rejette la demande de
paiement du garant contre le contre-garant au motif que l’appel de la garantie avait été manifestement
abusif, « par un motif impropre à caractériser la connaissance qu’avait la [banque garante de
premier rang] du caractère manifestement abusif de l’appel de la garantie ». Cass. com.,
19 mai 1992, Bull. civ. IV, no 187 ; D., 93, som. 103, obs. Vasseur ; Cass. com., 10 janv. 1989, cité
supra, note précédente ; n. M. Vasseur, D., 1986.213 ; Cass. com., 12 déc. 1984, cité supra, note 19 ;
comp., J.-L. RIVES-LANGE, obs. préc. ; GAVALDA et STOUFFLET, préc. Cependant, les arrêts ne relèvent
pas toujours spécialement une collusion frauduleuse.
(959) Cass.com., 3 mai 2016, nº 14-28962, Bull. civ. IV ; Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 35, obs. M.-
P. Dumont-Lefrand ; Banque et droit, no 168, juill.-août 2016, p. 65, obs. F. Jacob ; RLDC juillet-août
2016, p. 21, note P. Pailler ; JCP G 2016, 721, note Ph. Simler : le caractère manifestement abusif de
l’appel de la contre-garantie ne peut résulter du seul caractère manifestement abusif de l’appel de la
garantie de premier rang.
(960) V. supra, no 156.
(961) Cass. com., 9 mai 1990, Bull. civ. IV, no 146 ; Cass. civ. 1re, 7 nov. 1995, Bull. civ. I, no 397 ;
Defrénois 96, art. 36354, no 60, n. D. Mazeaud ; V. Les obligations, coll. Droit civil.
(962) En ce sens, CABRILLAC, MOULY-PETEL, op. cit., no 524 ; SIMLER et DELEBECQUE, op. cit., no 232.
(963) Cass. com., 2 déc. 1997, cité supra, no 344.
(964) Cass. com., 31 mai 2016, nº 13-25509, Bull. civ. IV, nº 857 ; JCP G 2016, note J.-J. Ansault ;
Act. proc. coll. 2016, nº 167, obs. Th. Douville ; Banque et droit, no 168, juill.-août 2016, p. 66, obs.
N. Rontchevsky : « si, après la mise en œuvre d’une garantie à première demande, le donneur
d’ordre réclame au bénéficiaire de celle-ci le montant versé par le garant qu’il estime ne pas être
dû, ce litige, eu égard à l’autonomie de la garantie à première demande, ne porte que sur
l’exécution ou l’inexécution des obligations nées du contrat de base, de sorte qu’il incombe à
chaque partie à ce contrat de prouver cette exécution ou inexécution conformément aux règles de
preuve de droit commun » (en l'occurrence, dans le cas particulier d'une garantie à première
demande donnée à l'occasion d'une garantie de passif, il a été jugé que la charge de la preuve
incombait au bénéficiaire de cette dernière) ; Cass. com., 7 juin 1994, Bull. civ. IV, no 202 ; Contrats,
conc., consom. 1994, no 193, n. L. LEVENEUR : « le donneur d’ordre d’une garantie à première
demande est recevable à demander la restitution de son montant au bénéficiaire, à charge pour lui
d’établir que le bénéficiaire en a reçu indûment le paiement, par la preuve de l’exécution de ses
propres obligations contractuelles, ou par celle de l’imputabilité de l’inexécution du contrat à la
faute du cocontractant bénéficiaire de la garantie ou par la nullité du contrat de base, et ce sans
avoir à justifier d’une fraude ou d’un abus manifeste, comme en cas d’opération préventive à
l’exécution de la garantie par le garant ; [qu’] ainsi, la cour d’appel a décidé, à bon droit, en
conséquence de l’annulation du contrat conclu entre les sociétés Matra transport et Borie SAE et
de l’absence d’obligation contractuelle pesant sur cette dernière, que la garantie prise pour le cas
d’inexécution contractuelle à elle imputable ne pouvait avoir été irréversiblement mise en jeu ».
(965) Sur la notion d’accessoires de la créance, v. M. CABRILLAC, « Les accessoires de la créance »,
in Mélanges Weil, 107.
(966) Sur les arguments pour et contre, v. SIMLER, no 887.
(967) Comp. fondant l'intransmissibilité sur une application stricte des termes de l'engagement du
garant, H. WESTENDORF, Le transfert de sûretés, préf. P. Crocq et A. Prüm, Coll de thèses, tome 54,
Defrénois, 2015, nº 664.
(968) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(969) V. notamment, M. ELLAND-GOLDSMITH, « La pratique des lettres de confort et le droit anglais »,
Rev. Dr. Aff. Internat. 1994, p. 527.
(970) Sur les différentes formules, J. TERRAY, « La lettre de confort », Banque 1980, p. 329 et s. ; Les
lettres de patronage, FEDUCI et Fac. droit de Namur, LGDJ, 1984, p. 151 et s. ; J.- P. BERTREL, « Les
lettres d’intention », Banque 1986.895 ; M. DE VITA, « La jurisprudence en matière de lettres
d’intention », Gaz. Pal., 23-24 oct. 1987, doctr. 5.
(971) B. OPPETIT, « L’engagement d’honneur », D., 1979, chron. 107 et s., sp. no 8. C’était aussi l’avis
des banques : en ce sens, le parère délivré par le président de l’association professionnelle des
banques, rapporté par M. Oppetit.
(972) J. TERRAY, op. cit.
(973) ** Cass. com., 21 déc. 1987, Sté Viuda de José Tolra, préc. supra, no 203, note no 7, maintenant
sur ce point : Montpellier, 10 janv. 1985, D., 85, IR 340, n. M. VASSEUR : « Malgré son caractère
unilatéral, une lettre d’intention peut, selon ses termes, lorsqu’elle a été acceptée par son
destinataire et eu égard à la commune intention des parties, constituer à la charge de celui qui l’a
souscrite un engagement contractuel de faire ou de ne pas faire pouvant aller jusqu’à l’obligation
d’assurer un résultat si même elle ne constitue pas un cautionnement » ; en l’espèce, la société
mère s’était engagée à « soutenir sa filiale et à se substituer à elle pour faire face à tous les
engagements qu’elle pourrait prendre envers » le créancier ; la Cour de cassation substitue la
qualification de cautionnement à celle d’obligation de résultat qu’avait retenue la cour d’appel.
(974) Ex. : Cass. com., 18 avr. 2000, Bull. civ. IV, no 78 ; D., 2000.258, obs. Faddoul : la société
« n’avait pris aucun engagement de se substituer purement et simplement à ceux de sa filiale à
l’égard des banques pour le cas où celle-ci serait défaillante » ; les banques devaient donc établir
le défaut de soutien de la société mère, ce qu’elles n’ont pas fait ; v. aussi : Cass. com., 26 janv.
1999, cité infra ; Cass. com., 4 oct. 1994, Bull. civ. IV, no 276 : la société mère s’engage à « faire
tout son possible » pour qu’une filiale poursuive son activité de façon qu’elle puisse notamment tenir
ses engagements vis-à-vis de la banque ; Cass. com., 15 janv. 1991, Bull. civ. IV, no 28 : en l’espèce,
la société mère avait écrit à la banque qu’elle « assurait la couverture des besoins financiers de sa
filiale » ; cassation de l’arrêt qui la condamne à payer la dette de celle-ci mise en faillite, « sans
rechercher en quoi consistait l’obligation de “tout mettre en œuvre” et par là même, sans définir la
faute imputée » à la société mère ; Cass. com., 19 mars 1991, Bull. civ. IV, no 110 : l’obligation de
veiller très étroitement à ce que les engagements pris par la filiale envers la banque soient respectés
est une obligation de moyens ; en l’espèce, la société mère a commis une faute en se désengageant
brutalement du capital de la filiale ; Paris, 3 juin 1997, D., 98.5, n. crit. Najjar.
(975) Cass. com., 18 avr. 2000, Bull. civ. IV, no 78 ; Rev. sociétés 2000, 520, n. A. Constantin ; D.
2000, 258, obs. Faddoul.
(976) Cass. com., 17 mai 2011, no 09-16186, Dr. et patr. juill. 2011, obs. L. Aynès : la société-mère
s’est engagée envers la banque à « faire en sorte » que la situation financière de sa filiale lui permette
de remplir ses engagements à tout moment et à mettre à disposition de sa filiale les fonds pour faire
face à son emprunt et à veiller à ce qu’ils soient utilisés à cette fin ; Cass. com., 19 avr. 2005, Dr. et
patr. févr. 2006, no 145, p. 131, obs. Ph. Dupichot ; Cass. com., 26 févr. 2002, Bull. civ. IV, no 43 ; D.,
2002, 1273, obs. Lienhard ; som. 3331, obs. L. Aynès ; Bull. Joly 2002, p. 607, n. J.-F. Barbieri ;
JCP E, 2002.1003, n. D. Legeais ; Banque et droit 2002, 42, n. Rontchevsky ; JCP G, 2002.I.162,
no 13, n. Simler.
(977) Cass. com., 9 juill. 2002, Bull. civ. IV, no 117 ; D., 2003, 545, n. B. Dondero ; D., 2002, som.
3332, obs. L. Aynès.
(978) Cass. com., 26 janv. 1999, Bull. civ. IV, no 31 ; D., 1999, 577, n. L. Aynès ; Bull. Joly 1999,
540, n. J.-J. Barbieri ; JCP E, 1999.674, n. D. Legeais ; Defrénois 1999, art. 37008, no 38, obs.
D. Mazeaud.
(979) Cass. com., 26 févr. 2002, cité supra, note 9.
(980) Cass. com., 9 juill. 2002, cité supra, note 10 ; dans cette affaire, en outre, la lettre de confort
avait été émise contre mainlevée d’une hypothèque.
(981) Ex. Cass. com., 18 mai 2005, Dr. et patr. 2006, no 145, p. 131, obs. Ph. Dupichot.
(982) V., à propos des conséquences pratiques de la réforme du droit des sûretés, A. CERLES et
M. SEJEAN, « Les lettres d'intention dans le livre IV et hors le livre IV du Code civil », Mélanges
AEDBF-France, tome VI, RB Édition, 2013, p. 167 s.
(983) Supra, no 217.
(984) Cass. com., 23 oct. 1990, Bull. civ. IV, no 256 ; JCP G, 91.II.21684, n. Ch. Larroumet ; 17 nov.
1992, Bull. civ. IV, no 364 ; 8 nov. 1994, Bull. civ. IV, no 330 ; JCP E, 95.II.654, n. Barbieri ; JCP G,
1995.I.3851, no 10, obs. Simler.
(985) Cité supra, note 11.
(986) Cass. com., 17 mai 2011, cité supra, note 9.
(987) Cass. com., 25 oct. 2011, no 10-25607, RLDC 2011/88, no 4460, obs. J.-J. Ansault ; Dr. et patr.
2012, no 211, 89, obs. Ph. Dupichot : les signataires s’engageaient à apporter en compte-courant
d’associés les sommes nécessaires à l’effet de combler les déficits de trésorerie de la société afin
que cette dernière puisse faire face aux échéances du prêt ; « cet acte contient un engagement
contractuel de faire et non de payer, auquel ne sont pas applicables les dispositions de
l’article 1326 du Code civil ».
(988) Biblio. : Outre les ouvrages sur les sûretés en général, J. MESTRE, E. PUTMAN, M. BILLIAU, Droit
commun des sûretés réelles ; Droit spécial des sûretés réelles, LGDJ, 1996 (cité : MESTRE et alii).
(989) Sur les rapports entre les droits réels principaux et les sûretés réelles, v. Ch. GIJSBERS, Sûretés
réelles et droit des biens, Economica, 2016 : l’auteur soutient que les sûretés réelles, en ce compris
la propriété-sûreté, confèrent des droit de nature différente des droits réels principaux, parce qu’elles
sont principalement orientées contre les tiers.
(990) Image : tous les créanciers privilégiés sont également gentilshommes, et surclassent ces
manants que sont les créanciers chirographaires.
(991) Suite de l’image : il y aura les princes de la préférence suivis des marquis, comtes, barons,
chevaliers. Dans ces querelles entre grands, le manant continue, bien entendu, à être surclassé.
(992) V. infra, no 498.
(993) Ex. : l’hypothèque qui grève un immeuble A, ultérieurement vendu, ne se reporte pas sur
l’immeuble B acquis au moyen du prix résultant de la vente de l’immeuble A.
(994) On préfèrera opposer ici à la vente forcée le concept de vente volontaire par le débiteur, plutôt
que celui de vente amiable, car l'évolution récente des procédures d'exécution forcée laisse en leur
sein une place de plus en plus importante à la vente amiable, ce qui fait que des ventes peuvent
parfaitement aujourd'hui être à la fois forcées et amiables.
(995) Infra, no 444.
(996) Infra, no 528.
(997) Infra, no 537.
(998) Infra, no 664.
(999) Infra, no 521.
(1000) V., à ce propos, J. SOUHAMI, « Retour sur le principe d'indivisibilité des sûretés réelles », RTD
civ. 2008, p. 27 et s.
(1001) Mais il n'est pas toujours facile de savoir si une telle clause contraire existe ou non : v., pour
une illustration en matière de gage, Cass. com., 10 juill. 2012, no 11-22846, Dr. et patr. févr. 2013,
p. 92, obs. Ph. Dupichot ; RLDC nov. 2012, p. 27 et s., n. Ch. Juillet.
(1002) Infra, no 448.
(1003) Infra, no 516.
(1004) Infra, no 680.
(1005) MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, no 11 ; RIPERT et BOULANGER, no 11 ; Rep. civ. Dalloz vo Sûreté, no 9 ;
moins nettement AUBRY et RAU, III § 256, no 79 ; WEILL, no 4 ; Contra : C. MOULY, « Procédures
collectives, assainir le régime des sûretés », Ét. Roblot, 1984, p. 529 et s., sp., no 31 ; comp. F. GRUA,
« Le cautionnement réel », JCP G, 84.I.3167, pour lequel la seule construction originale que la
volonté privée ait imaginée à partir des sûretés du code est le cautionnement réel, ce qui est excessif ;
il suffit de penser à la fiducie. La pratique est créatrice, moins que dans le droit des contrats ou des
sûretés personnelles. Mais il est exact que les techniques juridiques ne se réinventent guère.
(1006) V. sur cette question, Ph. DUPICHOT, Le pouvoir des volontés individuelles en droit des
sûretés, préc., nos 774 et s.
(1007) G. KHAIRALLAH, Les sûretés mobilières en droit international privé, th. Paris II, Economica,
1984, préf. H. Batiffol, nos 231-232.
(1008) M. PEDAMON, « La réserve de propriété en droit français et en droit allemand », RJ com. 1982,
57-66.
(1009) V. notamment, M. ELLAND-GOLDSMITH, « Les sûretés réelles mobilières du droit anglais », Rev.
dr. aff. internat. 1995, nos 2, 145 et s. Un des exemples les plus connus est la floating charge (charge
flottante) : une société affecte ses biens présents et futurs à la garantie d’un crédit. Tant que le droit
du créancier n’est pas exigible ou n’est pas menacé (ex. : saisie par un tiers), le débiteur peut aliéner
ses biens, qui ne sont pas grevés de la charge. Tout change à l’échéance de la dette (ou de la saisie) :
la sûreté se « cristallise » et porte sur tous les biens de la société (H. BEALE, M. BRIDGE, L. GULLIFER
and E. LOMNICKA, The Law of Personal Property Security, Oxford, 2007, § 4.42-4.69 ; adde A.-
M. TOLEDO-WOLFSOHN, « La réforme du droit anglais des sûretés », RLDC nov. 2014, p. 31). Adde
défendant la possibilité consécration en droit français d'une « sûreté globale », Y. Blandin, Sûretés et
bien circulant, thèse Paris II, préf. A. Ghozi, LGDJ, 2016.
(1010) Ch. MOULY, loc. cit.
(1011) Infra, no 750 et s. Selon un auteur, P. CROCQ, Propriété et garantie, th. Paris II, 1992, LGDJ,
1995, préf. M. Gobert, no 235, le principe du numerus clausus résulte des art. 2284 et 2285, C. civ. :
il est interdit à un débiteur de conférer à un créancier un droit de préférence sur son patrimoine non
prévu par la loi. La propriété-sûreté ne fait pas échec au principe, car elle ne constitue pas un
nouveau démembrement emportant droit de préférence au profit du créancier. Rappr., montrant que le
numerus clausus ne concerne que les sûretés réelles traditionnelles conférant un droit de préférence
au créancier, M. MIGNOT, « Le numerus clausus des sûretés réelles », in « Liberté contractuelle et
droits réels », ss la dir. de L. ANDREU, Institut Universitaire Varenne, 2015, p. 195 et s.
(1012) L’égalité des créanciers compromise par la multiplication des privilèges, Gaz. Pal., 1978,
II, doctr. 607. Le Trésor serait même dans l’incapacité de dresser la liste de ses privilèges :
Rép. min., JO déb. An., 25 janv. 1953, p. 359.
(1013) J.-Ph. LÉVY, « Coup d’œil historique d’ensemble sur les sûretés réelles », Rev. d’histoire du
droit (néerlandaise), 1987, 231. M. CABRILLAC, « Les sûretés réelles entre vins nouveaux et vieilles
outres », in Mélanges Catala, Litec, 2001, p. 709 et s.
(1014) Fiducie : du latin fiducia = confiance. En transférant la propriété de son bien au créancier, le
débiteur fait un acte de confiance. Il croit que le créancier, après avoir été payé, le lui restituera.
(1015) . LÉVY, art. préc., supra, note 24, no 6 : on a réussi à laisser au débiteur l’usus et le fructus
jusqu’à l’échéance de la dette, par quatre procédés successifs : 1o Remise du bien par le créancier au
débiteur à titre de précaire ou de location, le loyer représentant le montant des intérêts ; 2o Transfert
purement fictif du bien au créancier, qui implique l’existence de modes symboliques de transfert ; on
n’est pas loin de la publicité ; 3o Création d’une simple indisponibilité du bien, affecté à la dette ;
4o Enfin, création d’une sûreté différente du gage, l’hypothèque. Il a été plus difficile de laisser au
débiteur l’abusus du bien grevé ; seuls les Romains ont admis que le débiteur pouvait aliéner le bien
hypothéqué et même remis à titre fiduciaire.
(1016) G. PIETTE, « La possession en droit des sûretés », Dr. et patr. nov. 2013, p. 58 s.
(1017) Infra, no 762.
(1018) Infra, no 764.
(1019) Infra, no 800.
(1020) Infra, no 806.
(1021) Cela a été dit, d’une part de la clause de réserve de propriété (J. GHESTIN, « Réflexions d’un
civiliste sur la clause de réserve de propriété », D. 1981, chron. 1 et s.), d’autre part, de la cession
fiduciaire de créance (D. LEGEAIS, Les garanties conventionnelles sur créances, Economica, 1986,
no 415) ; v. infra, nos 750-751.
(1022) V. infra, no 805.
(1023) C. MOULY, « Procédures collectives, assainir le régime des sûretés », Ét. Roblot, LGDJ, 1984,
p. 529-564 ; F. DERRIDA, « Le crédit et le droit des procédures collectives », Ét. Rodière, Dalloz,
1981, p. 67-84 ; J.-P. SORTAIS, « La situation des créanciers titulaires de sûretés et de privilèges dans
les procédures collectives », RTD com. 1976.269.
(1024) L. MARTIN, « Sûretés traquées, crédit détraqué », Banque 1975.1138.
(1025) Sur la dégradation de la situation des créanciers titulaires d’une sûreté réelle traditionnelle,
v. P. CROCQ, Propriété et garantie, th. Paris II, LGDJ, 1995, préf. M. Gobert, p. 306 et s.
(1026) * Cass. com., 12 oct. 1970, aff. Coloco ; * 11 oct. 1972, aff. Mame ; infra, no 682. La règle ne
s’applique pas au droit de rétention : * Toulouse, 11 févr. 1977, sté Sittex et autres, infra, no 448.
(1027) * Cass. Ass. plén., 13 févr. 1976, Sogegaz, infra, no 681.
(1028) Cass. com., 7 mai 1979, aff. Gatinais, infra, no 600.
(1029) V., 6e journées franco-nordiques de la Soc. legisl. comparée, oct. 1984, sp., B. CROMARD,
« L’institution de la faillite en droit civil et en droit procédural danois », RID comp. 1984, 403-422.
(1030) 15 000 € selon le décret no 2009-197 du 18 févr. 2009.
(1031) V. notamment, F. MACORIG-VENIER, Les sûretés sans dépossession dans le redressement et la
liquidation judiciaires des entreprises, th. Toulouse 1992, ronéo. M. VASSEUR, « Le crédit menacé.
Brèves réflexions sur la nouvelle législation relative aux entreprises en difficultés », JCP G,
1985.I.3201.
(1032) Ph. DELEBECQUE, « Les sûretés dans les nouvelles procédures collectives », JCP N,
1986.I.185 ; Ch. MOULY, « La situation des créanciers antérieurs », rapport au colloque de Deauville,
1986, RJ com. 1987, 147, pour qui l’objectif du législateur est d’obtenir l’extinction du passif et non
son règlement ; DERRIDA, GODE, SORTAIS, Redressement et liquidation judiciaires des entreprises,
préc., no 495 ; M. JEANTIN, Droit commercial, instruments de paiement et de crédit, Entreprises en
difficulté, précis Dalloz, 4e éd., 1995, no 562 : « Apurer le passif n’est pas le payer... Le législateur
a donc préféré la continuation de l’entreprise assurée grâce au sacrifice des créanciers ».
(1033) DERRIDA, GODE, SORTAIS, no 396, pour qui cette suppression serait l’erreur technique la plus
grave commise par le législateur en 1985.
(1034) M. VASSEUR, chron. préc., no 7.
(1035) L'ordonnance du 12 mars 2014 a également prévu que les accords de subordination et
l'existence de conventions ayant pour objet le paiement de la créance par un tiers, et donc notamment
de sûretés personnelles, doivent être portés à la connaissance de l'administrateur afin que celui
puisse déterminer le calcul des voix correspondant à la créance et permettant d'exprimer un vote au
sein d'un comité de créanciers (art. L. 626-30-2, 4º, C. com.). Cette nouvelle règle est d'autant plus
mystérieuse que le texte n'énonce pas les critères permettant de déterminer les droits de vote devant
ainsi être attribués aux créanciers en fonction des qualités de leur créance : v., à ce propos,
R. DAMMANN et G. PODEUR, « Le rééquilibrage des pouvoirs au profit des créanciers résultant de
l'ordonnance du 12 mars 2014 », D. 2014, p. 752 s. ; P. PAILLER, « Le sort des sûretés dans la
nouvelle ordonnance du réforme du droit des procédures collectives du 12 mars 2014 »,
RLDC mai 2014, p. 30 s.
(1036) Il ne s'agit que d'une inspiration car la sauvegarde accélérée issue de l'ordonnance du 12 mars
2014 présente des différences notables aussi bien avec la sauvegarde financière accélérée qu'avec la
procédure de sauvegarde : v. F. REILLE, « La sauvegarde accélérée issue de l'ordonnance du 12 mars
2014 », Gaz. Pal. 6-8 avr. 2014, p. 10 s.
(1037) Depuis l'ordonnance du 18 déc. 2008, il n'est plus nécessaire que cette prestation ait été
fournie au débiteur pour les besoins de son activité professionnelle.
(1038) Dans ce cas, c'est l'avertissement qui fait courir le délai de deux mois imposé au créancier
pour déclarer sa créance (Cass. com., 26 nov. 2002, D. 2003, p. 66, obs. A. Lienhard ; JCP G 2003,
I, 144, no 10, obs. Ph. Pétel), mais cet avertissement ne peut pas aboutir à raccourcir le délai laissé au
créancier pour déclarer sa créance par rapport à ce que serait sa situation s'il ne bénéficiait pas d'une
sûreté ou d'un contrat publié. Dans une affaire où un liquidateur avait été particulièrement diligent et
avait averti un créancier titulaire d'une sûreté publiée bien avant que le jugement d'ouverture de la
procédure ne soit publié au BODACC, la Cour de cassation a jugé que le délai de deux mois laissé
au créancier pour déclarer courrait néanmoins à compter la publication du jugement d'ouverture et
non à compter de la réception de l'avertissement (Cass. com., 30 oct. 2012, no 11-22836, D. 2013,
p. 2371, obs. P.-M. Le Corre ; JCP G 2012, 1428, no 13, obs. Ph. Pétel).
(1039) V. P. Cagnoli, « Le sort des créanciers munis de sûretés réelles », Rev. Proc. Coll. 2015,
Étude 39.
(1040) V. F. MACORIG-VENIER, « Les créanciers et leurs garanties », Rev. Proc. Coll. nov.-déc. 2015,
p. 53.
(1041) Cette définition de la quote-part a été énoncée par l'ordonnance du 12 mars 2014 mais, ce
faisant, cette réforme n'a fait que consacrer une pratique qui souvent existait déjà même si l'ancien
art. L. 641-12 C. com. n'indiquait pas, avant cette réforme, les critères selon lesquels la ventilation
du prix de cession devait être effectuée, ce qui laissait le tribunal totalement libre de son
appréciation (celui-ci n'étant notamment pas tenu d'adopter la répartition du prix proposée par le
repreneur).
(1042) Encore faut-il que la sûreté ait été valablement constituée : v. une illustration, dans le cas d'un
gage d'outillage et de matériel d'équipement non inscrit au registre du commerce, in Cass. com.,
1er oct. 2013, nº 12-24558, Rev. Proc. Coll. 2014, Comm. nº 25, obs. J.-J. Fraimout.
(1043) Dans ce cas, le repreneur initial n'est plus tenu vis-à-vis du créancier titulaire de la sûreté,
selon la Cour de cassation (Cass. com., 16 sept. 2014, nº 13-17189, JCP G 2015, 456, nº 3, obs.
Ph. Pétel). On aurait pourtant pu fonder l'existence d'une garantie du repreneur initial sur le droit
commun de la cession de contrat (v., en ce sens, Ph. Pétel préc.).
(1044) L'effacement ne concerne donc pas toutes les dettes du débiteur : Ph. ROUSSEL GALLE, « Le
rétablissement professionnel : de l'effacement des dettes au rebond », Gaz. Pal. 6-8 avr. 2014,
p. 32 s., spéc. nº 24.
(1045) Ce qui a pour conséquence, dans le cas d'une créance hypothécaire, que le jugement de clôture
pour insuffisance d'actif n'implique pas la mainlevée de l'inscription, la créance garantie continuant à
exister : Cass. com., 19 nov. 2013, nº 12-24652.
(1046) En ce sens, F. MACORIG-VENIER, th. citée, supra, note 41.
(1047) DERRIDA, GODE, SORTAIS, no 495 : les immeubles pourraient encore servir de garantie efficace
lorsqu'’ils appartiennent à une société civile qui se porte caution, mais l'évolution jurisprudentielle
relative à l'intérêt social fait que l'on peut en douter ; v. supra, no 217-218.
(1048) MOULY, « Procédures collectives... », préc. supra, note 16, no 49 ; v. supra, no 320.
(1049) M. CABRILLAC et Ph. PETEL, « juin 1994, le printemps des sûretés réelles ? », D., 94, chron.
243 ; F. DERRIDA et J.-P. SORTAIS, « La réforme du droit des entreprises en difficulté », D., 94, chron.
267 ; Y. CHAPUT, « La réforme de la prévention et du traitement des entreprises en difficulté », JCP E,
1994. chron. 381 ; F. PEROCHON, « La revendication favorisée », D., 94, chron. 251.
(1050) V. P. CROCQ, « La réforme des procédures collectives et le droit des sûretés », D. 2006,
p. 1306 et s. et, du même auteur, « L'ordonnance du 18 déc. 2008 et le droit des sûretés », Rev. proc.
coll. janv.-févr. 2009, p. 75 et s. ; « Les incidences de la réforme du droit des procédures
collectives sur le droit des sûretés », RLDC, suppl. au nº 121, déc. 2014, p. 20. Adde Ph. Roussel
Galle, « Les sûretés réelles et le droit des entreprises en difficulté », RD bancaire et financier sept.-
oct. 2014, p. 74.
(1051) V., supra, no 141.
(1052) V. P. CROCQ, « Sûretés et proportionnalité », in Mél. Ph. Simler, Litec, 2006, p. 291 ;
J. MOURY, « La responsabilité du fournisseur de “concours” dans le marc de l'article L. 650-1 du
Code de commerce », D. 2006, p. 1743 et s.
(1053) M. GUILLONNEAU, J.-Ph. HAEHL et B. MUNOZ PEREZ, « La sauvegarde, le redressement judiciaire
et la liquidation judiciaire devant les juridictions commerciales de 2006 à 2012 »
(http://www.justice.gouv.fr/art_pix/etude_procedurescollectives.pdf).
(1054) V. Infostat Justice, sept. 2014, nº 130.
(1055) Cass. 2e civ., 23 sept. 2004, Bull. civ. II, no 430.
(1056) Mais ces mesures peuvent excéder cette durée de sept ans lorsqu'elles concernent le
remboursement de prêts contractés pour l'achat d'un bien immobilier constituant la résidence
principale du débiteur dont elles permettent d'éviter la cession ou lorsqu'elles permettent au débiteur
de rembourser la totalité de ses dettes tout en évitant la cession du bien immobilier constituant sa
résidence principale (C. consom., art. L. 732-3 et L. 733-3 ; anc. art. L. 331-7, al. 8, et L. 332-10).
(1057) V. l'art. 14 de la loi nº 2014-617du 13 juin 2014.
(1058) Cet effacement, toutefois, ne peut pas concerner une dette dont le montant a été payé « aux
lieu et place du débiteur par la caution ou le coobligé » (C. consom., art. L. 733-7, 2º, et anc. art.
L. 331-7-1, 2o) mais la loi du 1er juill. 2010 portant réforme du crédit à la consommation a réservé
cette protection à la seule caution personne physique, ce qui revient à priver la caution personne
morale de tout recours après paiement et à confondre le cautionnement avec une forme d'assurance-
dommage ou de libéralité.
(1059) Cass. avis, 10 janv. 2005, no 05-00.01, Bull. civ., no 1.
(1060) La Cour de cassation a, en effet, jugé que « les dettes nées après le jugement d'ouverture ne
sont pas effacées par la procédure de rétablissement personnel » : Cass. 2e civ., 6 juin 2013, nº 12-
19155, Act. proc. coll. 2013, nº 178, obs. P. Cagnoli et Th. Le Bars ; Rev. proc. coll. 2014, nº 47,
obs. S. Gjidara-Decaix. Cette solution jurisprudentielle a été ensuite consacrée par l’ajout, par la loi
ALUR du 24 mars 2014 et au sein de l’art. L. 332-9 C. cons., des mots « arrêtées à la date du
jugement d’ouverture ».
(1061) M. DAGOT, « La notion de privilège », in Mélanges Mouly, t. 2, 1998, p. 335 et s.
(1062) En revanche, l’antichrèse, devenue aujourd'hui le « gage immobilier », demeure un contrat
réel : G. PIETTE, « La nature de l’antichrèse après l’ordonnance du 23 mars 2006 », D. 2006, 1688.
(1063) Supra, no 212.
(1064) V. les travaux préparatoires, en faveur de l’inefficacité de la sûreté ; Contra, MOULY, JCP G,
94, nos 13-14, Actualités.
(1065) Cass. com., 3 juin 2009, cité supra, no 140.
(1066) M. Bourassin, « Sûretés mobilières et sûretés immobilières, une véritable summa divisio ? »,
RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 59.
(1067) V., supra, nos 401 et 402.
(1068) V., toutefois, nuançant le propos et montrant que du fait de l'existence de sûretés « mixtes »
pouvant conférer un droit de préférence ou une situation d'exclusivité, la summa divisio opère
davantage une distinction entre des techniques d'affectation en garantie (droits exclusifs ou droits
préférentiels) qu'entre des sûretés, L. Bougerol, « Sûretés préférentielles et sûretés exclusives, une
autre summa divisio ? », RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 67.
(1069) Biblio. : A. AYNÈS, Le droit de rétention : unité ou pluralité, th. Paris II, préf. Ch. Larroumet,
Economica, 2005 ; Lamy Droit des sûretés, 2009, Vo Droit de rétention, ét. 217, par A. Aynès ;
F. DERRIDA, Recherches sur le droit de rétention, th. Alger, 1940.
(1070) * Cass. civ., 12 mars 1923, veuve Détanger, DP, 26.I.32, « le droit de retenir la chose
déposée, accordé par cet article (1948) au dépositaire, ne peut garantir que le payement de ce qui
lui est dû, à raison du dépôt ».
(1071) * Cass. civ. 1re, 17 juin 1969, Duval, Bull. civ. I, no 233 ; JCP G, 70.II.16162, n. N. Catala :
« Vu les principes relatifs au droit de rétention ; le créancier rétenteur a le droit, sauf disposition
législative contraire, de refuser de se dessaisir des objets ou documents légitimement détenus
jusqu’à complet payement du prix. »
(1072) * Cass. com., 23 juin 1964, Lobry, Bull. civ. III, no 325 ; D., 65.79, n. R. Rodière.
(1073) Cass. com., 20 mai 1997, cité infra, no 453 : « Le droit de rétention n’est pas une sûreté et
n’est pas assimilable au gage » (bien que le gage ordinaire comporte un droit de rétention : infra,
no 512) ; le rétenteur n’a donc pas à faire état de son droit dans la procédure collective, et il bénéficie
de l’art. 159 de la loi de 1985 (paiement immédiat en cas de vente par le liquidateur) même si son
droit de rétention n’a pas pour origine un gage ; Cass. com., 9 juin 1998, Bull. civ. IV, no 181 ; JCP G,
I.103, no 19, obs. Cabrillac ; cité infra, no 451 : « le droit de rétention qui n’est pas une sûreté et
qui n’est pas assimilable au gage ne permet pas l’attribution en pleine propriété de la chose
retenue ».
(1074) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1075) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1076) AUBRY et RAU, III, § 256bis ; RIPERT et BOULANGER, III, no 40 ; R. HOUIN, La distinction des
contrats synallagmatiques et des contrats unilatéraux, th. Paris, 1937, p. 352.
(1077) H. CAPITANT, De la cause, 2e éd., 1924 ; comp., N. CATALA, « De la nature juridique du droit
de rétention », RTD civ. 1967, no 1, p. 9.
(1078) R. CASSIN, L’exception de l’inexécution dans les contrats synallagmatiques, th. Paris, 1914.
(1079) R. RODIÈRE, n. D., 1965, 58 et 79.
(1080) F. DERRIDA, op. cit. ; PILLEBOUT, Recherches sur l’exception d’inexécution, th. Paris, LGDJ,
1969, nos 41-47.
(1081) V., rejetant un moyen qui invoquait l'argument selon lequel « lorsque le lien de connexité
entre la créance garantie et la chose détenue est juridique parce qu'elles se rattachent à un même
rapport d'obligation, le refus de délivrer le bien doit être proportionné à l'inexécution et, partant,
divisible », Cass. com., 16 juin 2015, nº 13-23097 et 13-23911, RD bancaire et financier sept.-oct.
2015, comm. nº 157, obs. D. Legeais.
(1082) A. AYNÈS, thèse préc.
(1083) V., infra, no 447.
(1084) A. AYNÈS, « La consécration légale des droit de rétention », D. 2006, p. 1301 et s.
(1085) F. DERRIDA, « La dématérialisation du droit de rétention », Ét. Voirin, LGDJ, 1967, p. 177-
208.
(1086) Ex. : infra, no 437.
(1087) Infra, no 448.
(1088) V. toutefois infra, no 450.
(1089) Comp., se prononçant en faveur d'une suppression du droit de rétention, D. Legeais,
RD bancaire et financier 2014, p. 88.
(1090) Ex. : no 1, supra, no 430.
(1091) Sur le particularisme du droit de rétention quand il s’exerce sur la propriété littéraire et
artistique, infra, no 443.
(1092) Ex. : lorsque le vendeur retient la chose qu’il devait délivrer, il cause un préjudice à
l’acquéreur ; mais le fait que celui-ci n’ait pas payé le prix cause un préjudice au vendeur.
(1093) * Cass. civ. 3e, 23 avr. 1974, Mézière, Bull. civ. III, no 164 ; JCP G, 75.II.18170, n. Thuillier ;
RTD civ., 76.164, n. Giverdon. Mais celui qui s’est emparé de la chose d’autrui de manière illicite
(violence, vol) n’a pas de droit de rétention. La solution s’explique par l’absence de connexité entre
sa détention et la créance qu’il invoque, plutôt que par une exigence de bonne foi : MARTY, RAYNAUD,
JESTAZ, no 36.
(1094) Cass. civ., 14 nov. 1881, DP, 82.I.168 : « Si l’article 2175 accorde au tiers détenteur le
droit de répéter la plus-value de ses améliorations, ce droit de répétition qui ne constitue qu’un
simple droit de créance ne peut entraver l’exercice de l’action hypothécaire et ne peut s’exercer
que par voie de distraction sur le prix d’adjudication qui est en même temps un des éléments
nécessaires pour fixer le montant de cette plus-value. »
(1095) Supra, nos 101 et s.
(1096) Infra, no 504. Mais si l'on admet que le droit de rétention puisse reposer sur une connexité
purement conventionnelle et constituer alors un diminutif du gage, la logique voudrait que ces qualités
de la créance, comme en matière de gage, ne soient pas exigées s'agissant d'un tel droit de rétention
pour lequel un principe de créance pourrait suffire : A. AYNÈS, th. préc., no 335.
(1097) Infra, no 653.
(1098) F. PEROCHON, « Le droit de rétention, accessoire de la créance », in Mélanges M. Cabrillac,
1999.379 ; v. pour l’application de l’ancien art. 2037 (devenu C. civ., art. 2314) : Cass. com.,
25 nov. 1997, Bull. civ. IV, no 301.
(1099) Ex. : * Cass. civ., 3 mai 1966, sté Sotradies, Bull. civ. I, no 261 ; D., 66.649, n., J. Mazeaud :
le droit de rétention est refusé au garagiste qui a fait des réparations importantes sur un véhicule avec
le simple accord de principe du client, mais sans entente sur le prix ; rappr. Cass. com., 26 mars
2013, no 12-12204 ; cf. aussi la jurisprudence sur les agents d’affaires citée, infra, no 442.
(1100) * Cass. civ. 3e, 23 avr. 1974, Mézière, préc., supra, note 23 : « les principes régissant le
droit de rétention ne font pas obstacle à ce qu’une décision de justice confère ce droit au titulaire
d’une créance certaine, qu’elle rend liquide et exigible, dès lors que ladite créance a pris
naissance à l’occasion de la chose retenue ».
(1101) Cass. com., 8 juill. 1997, Bull. civ. IV, no 221 ; D., 98, som., 103, n. Piedelièvre ; JCP G,
98.I.103, obs. Delebecque : le créancier qui accepte la remise de lettres de change en vue de son
paiement ne peut retenir la chose jusqu’au paiement des effets. Mais encore faut-il, pour que le droit
de rétention ne puisse être opposé, que l'étalement de la dette ait bien été accepté par le créancier :
Cass. com., 18 juin 2013, nº 12-16446, JCP G 2013, doctr. 1256, nº 14, obs. Ph. Delebecque.
(1102) Cass. Req., 20 déc. 1939, DH, 40.114 : « le vendeur est dispensé de l’obligation de livrer,
lorsqu’à défaut d’une déclaration judiciaire de faillite, il est établi que les circonstances
caractéristiques de l’état de cessation de payement sont réunies ».
(1103) C.c.s., art. 897, al. 1 : « lorsque le débiteur est insolvable, le créancier peut exercer son
droit de rétention même pour la garantie d’une créance non exigible ».
(1104) Cass. com., 13 nov. 2001, nº 98-20207, JCP G 2002, I, 120, nº 7, obs. Ph. Delebecque ;
Riom, 12 nov. 2014, JCP G 2015, 604, nº 15, obs. Ph. Delebecque.
(1105) En revanche, un droit de rétention a été expressément reconnu aux commissaires-priseurs
judiciaires, aux huissiers de justice et aux notaires par l'art. R. 444-15 C. com. issu du décret
nº 2016-230 du 26 février 2016.
(1106) V., par exemple, Cass. civ. 2e, 9 oct. 2008, no 07-12174, Bull. civ. II, no 205 ; JCP G 2009, I,
150, no 20, obs. Ph. Delebecque.
(1107) Cass. crim., 20 déc. 1943, JCP G, 44.II.2621, n. Garraud ; RTD civ., 44.186,
n. J. Carbonnier ; 14 déc. 1967, Bull. crim., no 330 ; 17 nov. 1970, D., 71, 97 ; JCP G, 71.II.16692, n.
de Lestang : « Constitue un détournement le fait pour un mandataire de retenir de mauvaise foi et
contre la volonté du mandant des effets, deniers, marchandises, billets, quittances ou tous autres
écrits contenant ou opérant obligation ou décharge qui ne sont détenus qu’à titre de mandat et qui
ne sont restitués que sous la contrainte de poursuites judiciaires » ; 5 avr. 1973, D., 73, som., 81.
On peut tenter d’expliquer ces arrêts d’une autre manière : ou la créance n’était pas certaine, ou il n’y
avait pas de connexité, ou le rétenteur n’était pas de bonne foi (mais la bonne foi est-elle encore une
condition du droit de rétention ?) ; v. C. SCAPEL, « Le droit de rétention en droit positif », RTD civ.
1981.539 et s., sp. p. 559, no 39.
(1108) Paris, 22 nov. 1970, Crédit suisse, D., 74.93, n. Malaurie ; cf. aussi Cass. civ., 25 janv. 1904,
DP, 04.1.601, n. Glasson : on peut exercer le droit de rétention sur une forêt (bien corporel), non sur
le droit de l’exploiter (bien incorporel) : « le droit d’exploiter une forêt est une chose incorporelle,
la forêt sur laquelle porte ce droit est une chose corporelle qui, comme telle, est susceptible de
détention matérielle ».
(1109) * Cass. civ. 1re, 14 avr. 1971, dame Adam et autres, Bull. civ. I, no 178 ; D., 71.489, concl.
Lindon ; JCP G, 71.II.16913, n. Durand et Le Tourneau ; RTD civ., 72.121, n. Nerson ; RTD com.,
72.97, n. Desbois, « la rétention, lorsqu’elle porte sur une œuvre d’art ne peut... en elle-même
constituer une atteinte au respect dû à cette œuvre ». Rien ne s’oppose donc à ce que les cartons
confiés par un artiste à un lissier pour l’exécution d’une tapisserie fassent l’objet du droit de
rétention, dès lors que l’œuvre a été au moins une fois diffusée.
(1110) Cass. com., 8 févr. 1994, Bull. civ. IV, no 56, D., 95, som., 91, n. R. Libchaber.
(1111) Cass. com., 31 mai 1994, Bull. civ. IV, no 196 ; 25 nov. 1997, Bull. civ. IV, no 301 ;
E. LE CORRE-BROLY, « Le droit de rétention sur documents d’immatriculation », D. Aff., 98.1802. Ce
droit de rétention sur les documents administratifs ne s’étendant pas au véhicule, il ne peut conférer
au créancier un droit de se faire remettre le véhicule concerné (Cass. com., 11 juill. 2001,
Bull. civ. IV, no 142 ; JCP G, 2001.I.298, no 15, obs. M. Cabrillac ; RD banc. 2001, p. 17 et s., obs.
D. Legeais) ou le produit de la vente de ce véhicule (Cass. com., 23 avr. 2013, no 12-13690, JCP G
2013, doctr. 1256, nº 13, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 12-13 juin 2013, p. 21, obs. M.-P. Dumont-
Lefrand ; Act. proc. coll. 2013, 129, obs. D. Legeais).
(1112) V. infra, no 538 ; sur la nature corporelle des droits scripturaux (constatés par une inscription
en compte) : D. R. MARTIN, « De la nature corporelle des valeurs mobilières (et autres droits
scripturaux) », D. 1996, chron. 47, affirmant « la substantification de tels actifs dans les écritures
qui les constatent » ; adde : « De l’inscription en compte d’actifs scripturaux », D., 98, chron. 15.
(1113) Ex. : pas de droit de rétention pour... l’entrepreneur de pompes funèbres sur le corps du défunt
(Seine, 20 nov. 1923, S., 23.II.44)... le relieur sur les minutes du notaire (Toulouse, 20 déc. 1913, S,
15.II.22)... le dentiste sur une prothèse, même non posée : Cass. civ. 1re, 9 oct. 1985, Bull. civ. I,
no 251 ; JCP G, 85.IV.161 ; Contra : Douai, 14 oct. 1983, JCP G, 85.II.20365, n. crit. Labbe ; RTD
civ., 85.454, n. crit. R. Perrot ; pour le commissionnaire de transport sur des marchandises
contrefaites : Cass. com., 26 oct. 1999, Bull. civ. IV, no 185 ; D. 2000.365, n. Marotte ; JCP G,
2000.I.209, no 14, obs. Ph. Delebecque ; D. 2000, som. p. 388, obs. S. Piedelièvre : « l’arrêt retient
à bon droit que la société Ferrari Technotrans ne peut invoquer son droit de rétention sur les
marchandises contrefaites (en l’espèce, des montres), dès lors que leur caractère illicite interdit
leur commercialisation ».
(1114) Cass. Req., 19 juill. 1904, DP, 06.1.9, n. Glasson : « la remise de pièces justificatives aux
mains d’un expert commis par la justice ne constitue pas un dessaisissement au profit de la partie
adverse et de nature à compromettre le droit de rétention » ; de même, Cass. Req., 5 nov. 1923, DP,
24.I.11 : en même temps qu’ils ordonnent le dessaisissement du créancier, les juges obligent le
débiteur à consigner une somme en garantie de ce qui est dû au rétenteur, v. infra, no 450.
(1115) Cass. civ. 1re, 7 nov. 2006, nº 12.429, RTD civ. 2007, p. 159, obs. P. Crocq.
(1116) Une telle conception pourrait revevoir une consécration législative dans le futur art. 2010-4
du Code civil mauricien énonçant que « le créancier a l'obligation de conserver le bien retenu en
bon état. Il peut procéder ou faire procéder, sur autorisation du Juge en Chambre, à la vente de ce
bien si l'état ou la nature périssable de ce dernier le justifie ou si les frais occasionnés par sa
garde sont hors de proportion avec sa valeur. Dans ce cas, le droit de rétention se reporte sur le
prix de vente qui doit être consigné » : v. G. PIETTE et G. GEORGIJEVIC, « La réforme du droit
mauricien des sûretés », RIDC 2014, p. 1071, spéc. nº 28. Rappr. § 9-611 (d) UCC.
(1117) Infra, no 519.
(1118) Infra, no 600.
(1119) ** Cass. com., 15 janv. 1957, aff. sté DIN, Bull. civ. III, no 20 ; D., 57.267, n. J. Hemard,
1re esp. ; JCP G, 57.II.10006, n. J. Becqué ; RTD civ., 57.556, n. H. Solus, « Dès lors qu’elle a
satisfait aux prescriptions de la loi (L. 29 déc. 1934, qui a précédé le décr., 30 sept. 1953), la
société DIN, en tant que créancier gagiste de la société Pressevot (l’acheteur à crédit, mis en
faillite) jouissait jusqu’à complet règlement, malgré le caractère fictif de sa possession, d’un droit
de rétention sur l’automobile vendue à crédit, dont elle pouvait exciper à l’encontre de
l’administration, du fait que celle-ci avait engagé des poursuites, à fin de vente du véhicule ».
(1120) ** Cass. com., 15 janv. 1957, aff. sté SFA, Bull. civ. III, no 21 et mêmes références qu’à la note
précédente : « Si, après l’accomplissement des formalités légales, le vendeur à crédit est par une
fiction légale, réputé, à raison du gage qui lui est conféré, avoir jusqu’à complet payement du
prix, conservé le véhicule en sa possession, et jouit par suite d’un droit de rétention sur un
véhicule, il perd la faculté d’exciper dudit droit lorsqu’avant qu’il ait été entièrement désintéressé
du montant de sa créance, la voiture a fait l’objet d’une revente, à sa demande », v. infra, no 451.
(1121) Infra, no 519.
(1122) ** Cass. com., 11 juin 1969, aff. sté DIN, Bull. civ. IV, no 221 ; D., 70.244, n. Bihr : « Le droit
de rétention qu’invoquait la société DIN en sa qualité de gagiste et comme étant « réputé », en
vertu de l’article 2, al. 3, du décret du 30 sept. 1953, avoir conservé la voiture en sa possession, ne
pouvait prévaloir contre celui de Di Scala qui avait la détention matérielle du véhicule. »
(1123) En effet, la loi du 4 août 2008 ne comportant aucune disposition transitoire jusitifée par
l'intérêt général et la création du droit de rétention fictif n'étant pas fondée sur une considération
d'ordre public de protection ou de direction, il y a lieu ici de faire application du principe de survie
de la loi ancienne et de considérer que les gages sans dépossession antérieurs à cette entrée en
vigueur ne confèrent pas un tel droit de rétention : v., en ce sens, Versailles, 20 janv. 2011,
no 09/07588, Bull. Joly Entreprises en difficulté, no 2, mai-juin 2011, p. 120, obs. F. Macorig-Venier.
(1124) Il en va curieusement différemment en cas d'ouverture d'une procédure collective à l'encontre
du débiteur : v., infra, no 449-1.
(1125) Ex. : * Cass. civ., 9 mai 1944, Sotrapo, S., 45.I.22 ; JCP G, 44.II.2728, n. P. L. P. : le
commissionnaire qui organise le transport de marchandises peut retenir celles-ci tant qu’il n’est pas
payé de ce qui lui est dû en vertu du contrat : « l’exercice du droit de rétention par un créancier est
reconnu dès que la détention des marchandises appartenant au débiteur se rattache à la
convention qui a donné naissance à la créance ». De même : Cass. soc., 9 janv. 1958, Bull. civ. IV,
no 56 ; D., 58.270 : une ouvrière à domicile peut, afin de garantir le payement de ses salaires, retenir
les machines que son employeur lui a confiées pour l’accomplissement de ses travaux. La connexité
est alors purement juridique, et non matérielle ; celle-ci n’aurait eu lieu qu’entre les salaires et les
vêtements confectionnés par l’ouvrière.
(1126) Ex. : les impenses faites le possesseur (supra, no 437). De même : * Cass. civ., 22 mai 1962,
van Elverdinghe, Bull. civ. I, no 258 ; D., 65.58, n. Rodière ; Gaz. Pal., 62.II.130 : salaires d’un
dépôt salarié alors même que le disposant n’est pas propriétaire : « le droit de rétention peut être
exercé dans tous les cas où, la créance ayant pris naissance à l’occasion de la chose retenue, il
existe entre cette créance et cette chose un lien de connexité matérielle. »
(1127) Ex. : remise de certificats d’immatriculation au prêteur qui finance l’achat par un
concessionnaire de véhicules. Cette remise ne constitue pas un gage mais génère, cependant, un droit
de rétention : Cass. com., 31 mai 1994, Bull. civ. IV, no 196. adde, reprenant cette affirmation et
admettant la validité d'une clause de substitution des documents par d'autres au fur et à mesure des
ventes et achats des véhicules, Cass. com., 22 mars 2005, no 02-12881, JCP G 2005.I.135, no 17, obs.
Ph. Delebecque.
(1128) A. AYNÈS, th. préc., no 257 et s.
(1129) Cass. com., 7 juill. 1998, JCP G, 98.II.10206, n. O. Salvat : le simple fait de laisser en dépôt
la marchandise achetée ne constitue pas la dépossession nécessaire au gage ; dès lors, le droit de
rétention contractuel, en l’absence de connexité, est inefficace. Comp. admettant la création d’un
droit de rétention conventionnel dans une hypothèse où un lien de connexité existait, Paris,
3 mai 2002, JCP G, 2002.I.162, no 15, obs Ph. Delebecque.
(1130) Ex. : Le dépositaire ne peut retenir la chose déposée parce qu’il a nourri le déposant sans
avoir été payé (ex. no 2, supra, no 430). De même : Cass. com., 11 juill. 1983, D., 84, IR, 82,
n. Vasseur ; n.p.B. : sur les bons de caisse qu’une personne dépose à la banque qui lui prête de
l’argent, celle-ci n’a pas de droit de rétention, sauf si une convention de nantissement avait été
conclue, qui est très courante ; mais ce serait alors le droit du gage qui s’appliquerait.
(1131) * Cass. com., 23 juin 1964, Lobry, cité, supra, no 430 ; 29 janv. 1974, D., 74.245 ;
n.p.B. Rap., affirmant que le commissionnaire de transport ne peut valablement exercer son droit de
rétention sur des marchandises confiées après le jugement d’ouverture (de la procédure collective de
son débiteur) pour obtenir le paiement des créances antérieures, Cass. com., 13 nov. 2001,
Bull. civ. IV, no 179 ; JCP G, 2002.I.120, no 7, obs. Ph. Delebecque ; JCP G, 2002.I.144, no 16, obs.
M. Cabrillac ; Banque et droit, no 81, janv.-févr. 2002, p. 42, obs. N. Rontchevsky. La solution
énoncée pourrait paraître toutefois critiquable en ce qu’elle méconnaît l’art. L. 132-2, C. com. selon
lequel « le commissionnaire a privilège sur la valeur des marchandises (...) et sur les documents
qui s’y rapportent pour toutes ses créances de commission sur son commettant, même nées à
l’occasion d’opérations antérieures ». (v. M. Cabrillac, obs. préc.). Elle suppose que la chambre
commerciale de la Cour de cassation considère que le droit de rétention du commissionnaire n’est
pas attaché à son privilège mais naît de sa détention des marchandises transportées
(v. Ph. Delebecque, obs. préc.). Or la Haute juridiction n’a pas procédé à une telle dissociation
s’agissant du problème de la survie du droit de rétention en cas d’absence de la déclaration de son
privilège par le commissionnaire de transport (v. Cass. com., 8 juin 1999, cité infra). Mais il est vrai
que ce dernier arrêt était lui-même bien critiquable car le droit de rétention procède d’une situation
de fait qui peut être dissociée du privilège du commissionnaire. V. en ce sens : A. GHOZI, « Sur la
dualité du droit de rétention », Mélanges Catala, Litec, 2001, p. 719 et s. ; C. POURQUIER, « La
rétention du gagiste ou la supériorité du fait sur le droit », RTD com. 2000, p. 569 et s.
(1132) Cass. com., 29 nov. 1967, D., 68., som., 22 ; n.p.B.
(1133) Cass. com., 8 juin 1999, Bull. civ. IV, no 125 ; JCP G, 99.II.10121, rapp. Rémery, JCP G,
2000.I.209, no 18, n. crit. Delebecque : JCP G, 2000.I.233, no 13, obs. crit. M. Cabrillac ; D., 2000,
som. p. 388, obs. crit. S. Piedelièvre. Le commissionnaire de transport, dont le privilège est éteint
faute de déclaration dans la procédure collective, perd aussi le droit de rétention qui, au moins avant
la réforme de 1998, était lié à ce privilège. V. supra, la critique de cet arrêt. Adde, continuant
cependant à lier, à propos d'une déclaration de créance, l'existence du droit de rétention et l'existence
du privilège du transporteur, Cass. com., 3 juill. 2007, no 05-21136, Banque et droit, no 116, nov.-
déc. 2007, p. 64 et s., obs. F. Jacob.
(1134) Supra, no 432.
(1135) V. infra, no 509.
(1136) Une telle exception existe, par exemple, dans le cas du conflit entre un gage avec
dépossession et un gage sans dépossession antérieurement publié (art. 2340, al. 2, C. civ.). De même,
l’article I, 2º, de la Convention de Genève du 18 juin 1948 relative à la reconnaissance internationale
des droits sur les aéronefs, limite l'efficacité du droit de rétention, lorsqu'il est confronté à une sûreté
publiée constituée sur un aéronef, en prévoyant que « aucun droit préférable à ceux énumérés au
paragraphe 1 du présent article ne doit être admis ou reconnu par les États contractants ».
(1137) Cass. civ. 3e, 16 déc. 1998, Bull. civ. III, no 253 ; RDI 1999.293, obs. Théry : « l’opposabilité
du droit de rétention n’étant pas subordonnée à la publicité foncière... » ; en l’espèce, le
bénéficiaire d’une promesse de vente exerce son droit de rétention sur l’immeuble, contre un
créancier hypothécaire, afin d’obtenir restitution du prix payé d’avance. L’arrêt signifie-t-il que, pour
la 3e chambre civile, le droit de rétention n’est pas un droit réel ?
(1138) * Toulouse, 11 févr. 1977, sté Sittex et autres, D., 78.206, n. crit. J. Mestre ; JCP G,
78.II.18892, n. Verschaeve ; Gaz. Pal., 13 juin : « le droit de rétention ne confère ni droit de suite,
ni droit de préférence ; il n’est pas un privilège véritable mais une sûreté de fait à laquelle n’est
pas applicable l’article 16 de l’ordonnance du 23 sept. 1967... ; les délais prévus par l’article 27
de l’ordonnance préc., qui sont des délais de grâce, ne suspendent pas l’exigibilité de la dette et
leur effet suspensif ne s’étend pas au droit de rétention ». En l’espèce, une entreprise de filature
avait confié dix tonnes de fil à un façonnier sous-traitant, afin qu’il en fasse des tissages. Le façonnier
n’est pas payé de ses premières livraisons ; il a le droit de retenir les cinq tonnes de fil qui lui restent
tant que le payement n’est pas effectué, bien que son contractant bénéficie d’une suspension
provisoire des poursuites. La solution compromet les chances de redressement de l’entreprise de
filature si elle est en difficultés ; la solution contraire aurait transporté la ruine de l’entrepreneur au
sous-traitant (le façonnier). C’est le problème permanent de la « faillite » : est-il juste d’habiller Paul
en déshabillant Jacques ?
(1139) V. cep. infra, no 449.
(1140) Ex. : Cass. com., 14 avr. 1992, Bull. civ. IV, no 164 : le vendeur impayé d’un camion peut
refuser de délivrer au sous-acquéreur, qui a pourtant payé le revendeur, les pièces administratives
relatives à ce véhicule.
(1141) La solution ne fait pas de doute lorsque le droit de rétention est fondé sur un lien de connexité
matérielle car, dans cette hypothèse, le propriétaire du bien retenu ne peut pas être considéré comme
étant totalement étranger à la dette : la créance étant née à l'occasion de la conservation ou de
l'amélioration de la chose retenue, il est alors logique que cette chose réponde de cette créance et que
la rétention soit opposable au propriétaire du bien retenu : * Cass. civ. 1re, 22 mai 1962, van
Elverdinghe, préc., supra, note 52. Il en va de même lorsqu'un lien de connexité à la fois matériel et
juridique peut être constaté : Cass. civ. 1re, 7 janv. 1992, Bull. civ. I, no 4, RTD civ., 92.586, n. crit. P.-
Y. Gautier (qui considère que le rétenteur – un garagiste – n’était pas de bonne foi ; mais la bonne foi
n’est pas une véritable condition du droit de rétention) ; JCP G, 92.I.3583, no 16, obs.
Ph. Delebecque. En revanche, lorsque le droit de rétention est fondé sur une connexité purement
juridique et s'apparente alors à une exception d'inexécution, il ne peut pas être invoqué à l'encontre
du propriétaire du bien non débiteur de la dette : CE, 2 juill. 2003, AJDA 2003, p. 1780, concl.
Bachelier ; RTD civ. 2004, p. 324 et s., obs. crit. P. Crocq ; JCP G 2003.II.10180, n. J. Martin et P.-
Y. Nauleau ; JCP A 2003, p. 1225, n. J. Moreau ; JCP G 2004.I.125, no 1, obs. H. Périnet-Marquet. Il
en va, toutefois, différemment si le droit de propriété est né après la détention du créancier, ce qui
sera, par exemple, le cas du tiers ayant acheté le bien retenu au débiteur. L'opposabilité du droit de
rétention à ce tiers acquéreur ne fait guère de doute car, ainsi que l'écrivaient Baudry-Lacantinerie et
de Loynes, « cette garantie deviendrait illusoire, si le droit de rétention n'était pas opposable aux
tiers. Il suffirait au propriétaire d'aliéner... pour que le droit de rétention s'évanouit » (« Traité
théorique et pratique de droit civil – Du nantissement des privilèges et hypothèques », 3e éd, 1906,
no 227). Elle est, d'ailleurs, admise par une jurisprudence constante (v. Cass. civ., 8 déc. 1868,
D.P. 1869, I, 76 ; Cass. com., 14 avr. 1992, Bull. civ. IV, no 164 ; D. 1993, som. p. 298, obs.
F. Pérochon ; Cass. com., 31 mai 1994, Bull. civ. IV, no 195 ; JCP G 1994.I.3807, no 21, obs.
Ph. Delebecque ; JCP G 1996.II.22622, n. Ch. Jubault ; Cass. 1re civ., 24 sept. 2009, no 08-10152,
Bull. civ. I, no 178 ; JCP G, 2009, no 44, 380, n. A. Aynès ; D. 2010, p. 302, n. N. Borga ;
JCP G 2010, no 40, 100, no 7, obs. M. Cabrillac ; JCP G, no 48, 23 nov. 2009, 492, no 17, obs.
Ph. Delebecque ; Dr. et patr. no 195, sept. 2010, p. 91, obs. Ph. Dupichot ; Banque et droit, no 128,
nov.-déc. 2009, p. 64 et s., obs. N. Rontchevsky).
(1142) Cass. com., 3 oct. 1989 ; Bull. civ. IV, no 244, JCP G, 90.21454, n. Behar-Touchais : conflit
entre un créancier gagiste (commissionnaire de transport) et le vendeur qui s’est réservé la
propriété ; le premier l’emporte, s’il est de bonne foi ; Cass. com., 11 juin 1968, Bull. civ. IV, no 189 ;
v. ég. infra, no 805. La solution repose sur l’ancien article 2279 du C. civ., devenu aujourd’hui
l’art. 2276, C. civ., appliqué au gagiste. Il n’est pas sûr qu’elle vaudrait lorsque le rétenteur ne peut
invoquer ce texte ; v. cep. les arrêts cités à la note précédente.
(1143) Cass. civ. 3e, 23 juin 1999, Bull. civ. III, no 150 ; JCP G, 2000.I.209, no 10, obs.
Ph. Delebecque ; RDI 2000, p. 85, obs. Ph. Théry D., 2000, som. com., 22, n. M. N. Jobard-
Bachelier ; RTD civ. 2000.142, n. P. Crocq ; JCP G, 2000.II.10333, n. Vicente. Adde : S. PIEDELIÈVRE,
« Remarques sur le rôle perturbateur du droit de rétention dans le droit des sûretés immobilières »,
Dr. et patr. avr. 2000, p. 42 et s. ; D. BOULANGER, « L’entrepreneur immobilier et le droit de
rétention », JCP N, 2000, p. 363.
(1144) P. CROCQ, n. préc.
(1145) M. N. JOBARD-BACHELIER, n. préc.
(1146) V., dans le même esprit : Cass. civ., 14 nov. 1881, cité supra, no 438.
(1147) Cass. civ. 3e, 23 oct. 2002, Bull. civ. III, no 209 ; JCP G, 2003.I.124, no 13, obs.
Ph. Delebecque ; JCP G, 2003.I.113, no 7, obs. M. Cabrillac.
(1148) Cass. com., 3 nov. 2010, no 09-70312, D. 2010, p. 2645, obs. A. Lienhard ; JCP G 2011,
doctr. 360, no 10, obs. M. Cabrillac
(1149) Cass. com., 4 juill. 2000, Bull. civ. IV, no 136, JCP G, 2001.I.315, no 15, obs. Ph. Delebecque,
Banque et droit, no 75, janv.-févr. 2001, p. 44 et s., obs. F. Jacob.
(1150) La violation par les organes de la procédure collective des droits du créancier rétenteur à
cette occasion constitue un excès de pouvoir qui ouvre à ce dernier la voie d'un recours-nullité :
Cass. com., 22 mai 2012, nº 11-12015, Act. proc. coll. 2012, nº 171, obs. J. Vallansan.
(1151) Cass. com., 20 mai 1997, Bull. civ. IV, no 151 ; RTD civ., 97.708, obs. P. Crocq ; D., 98, som.
102, n. Piedelièvre : en l’espèce, le créancier gagiste avec dépossession (entiercement) n’a pas été
obligé de se contenter d’une quote-part du prix de cession. Son droit de rétention l’emporte sur son
privilège de gagiste.
(1152) En ce sens, DELEBECQUE, cité supra, note 41 ; M. CABRILLAC, « L’article 40 de la loi du 25 janv.
1985 et ses difficultés d’application », Banque 1986, 115, no 24 ; C. SAINT-ALARY-HOUIN,
« L’efficacité des sûretés garantissant les créances salariales », Dr. social, no spécial, déc. 1987,
no 41, p. 848 ; P.-M. LE CORRE, « L’invincibilité du droit de rétention dans les procédures
collectives », D., 2001, chron. p. 2815 et s.
(1153) Cass. com., 15 oct. 1991, Bull. civ. IV, no 288.
(1154) Supra, no 411.
(1155) V. P. CROCQ, « Le gage, avec ou sans dépossession, après la loi du 4 août 2008 et
l'ordonnance du 18 déc. 2008 », Cah. dr. entr., no 4, juill.-août 2009, chron. no 21.
(1156) Seul ce droit de rétention fictif étant expressément visé par ce texte, cette inopposabilité ne
peut pas être invoquée dans le cas des autres droits de retention fictifs prévus par des textes spéciaux.
V., également ce sens, P.-M. LE CORRE, « La vente de biens grevés de sûretés en période
d'observation », Gaz. Pal. 12 avr. 2016, p. 80 s., spéc. p. 85.
(1157) * Cass. civ. 1re, 17 juin 1969, Duval, préc., supra, no 430 ; Cass. Req., 5 nov. 1923, DP,
24.I.10 ; Versailles, 10 mars 2015, JCP G 2015, 604, nº 15, obs. Ph. Delebecque (arrêt refusant
d'admettre un abus du droit rétention alors que les marchandises retenues valaient 724 468 € et que le
montant de la créance garantie était seulement de 24 748 €). Contra : Rennes, 4 oct. 2013,
RD bancaire et financier 2014, comm. 13, obs. D. Legeais.
(1158) Cass. com., 19 nov. 2002, Bull. civ. IV, no 172 ; JCP G, 2003.I.124, no 17, obs.
Ph. Delebecque, arrêt affirmant que même dans cette hypothèse « le créancier gagiste peut refuser
de se dessaisir de son gage s’il n’obtient pas préalablement paiement de sa créance à concurrence
de la valeur de celui-ci » (cette dérogation à la règle de l'indivisibilité s'expliquant, en l'espèce, par
le fait qu'elle avait été expressément prévue par la convention constitutive du gage).
(1159) Cass. com., 13 mai 2014, nº 13-11296, JCP G 2014, 1162, nº 15, obs. Ph. Delebecque, arrêt
considérant qu'eu égard aux circonstances de l'espèce, un transporteur n'a pas commis de faute en
préférant l'exercice de son droit de rétention à la mise en œuvre de son privilège.
(1160) Cass. com., 9 juin 1998, cité supra, no 431.
(1161) DERRIDA, art. préc., in Ét. Voirin, no 27.
(1162) * Cass. com., 20 mai 1997, Guérin, Bull. civ. IV, no 141 ; RTD civ., 97.707, obs. P. Crocq ; D.,
98, som. 102, n. Piedelièvre ; Defrénois 97, p. 1427, obs. Aynès : « le droit de rétention n’est pas
une sûreté et n’est pas assimilable au gage » : le rétenteur n’a donc pas à faire état de son droit lors
de la déclaration de sa créance ; adde : Cass. com., 9 juin 1998, D. Aff., 1998.1104.
(1163) Cass. com., 16 juin 2015, nº 13-27736, JCP G 2016, 553, nº 18, obs. Ph. Delebecque.
(1164) Pour CABRILLAC-MOULY-PÉTEL, op. cit., no 591, ce n’est ni un droit réel (le rétenteur n’a aucun
pouvoir sur la chose, ni sur la valeur de la chose), ni une sûreté réelle, parce que la valeur de la
chose retenue n’est pas affectée au paiement du rétenteur. Il s’agirait plutôt d’un droit, de nature
personnelle, consistant en un terme suspensif de l’obligation de restitution. Mais l’origine de ce terme
demeure obscure ; comp. MESTRE et alii, nos 72 et s., qui, finalement, le qualifient de droit réel.
(1165) AUBRY et RAU, III, 7e éd., par P. ESMEIN et A. PONSARD, 1968, § 256 bis ; N. CATALA, « De la
nature juridique du droit de rétention », RTD civ., 1967, p. 12, no 2 et p. 42, no 20.
(1166) En ce sens, s’agissant d’un dépositaire, Cass. civ. 1re, 7 janv. 1992, cité supra, no 448 : « le
droit de rétention d’une chose, conséquence de sa détention, est un droit réel, opposable à tous, et
même aux tiers non tenus de la dette ».
(1167) R. RODIÈRE, D., 1965.60, col. 1 ; DERRIDA, Rép. civ. Dalloz, vo Rétention, 1975, no 139 ;
RIPERT et BOULANGER, III, 1958, no 45.
(1168) MAZEAUD-CHABAS, no 129.
(1169) V. supra, no 433.
(1170) V. toutefois, supra, no 450 et la référence faite par Cass. com., 19 nov. 2002 à la valeur du
bien retenu comme limite de l’exercice du droit de rétention.
(1171) En affirmant que le bénéficiaire d’un privilège général publié devait être averti
personnellement de la nécessité de déclarer sa créance à la procédure collective de son débiteur
(C. com., art. L. 621-43, al. 1, et art. L. 621-46, al. 2), la Cour de cassation a expressément reconnu
aux privilèges généraux la qualité de sûretés : Cass. com., 4 juill. 2000, Bull. civ. IV, no 137 ; JCP G,
2001.I.298, no 11, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 2001, p. 399 et s., obs. P. Crocq ; Cass. com., 9 janv.
2001, Bull. civ. IV, no 6 ; RTD civ. 2001, p. 399 et s., obs. P. Crocq.
(1172) Biblio. : A. FOURNIER, Rép. civ. vo Privilèges généraux, 2009.
(1173) Infra, no 600.
(1174) Infra, no 707.
(1175) Ex. : frais de scellés ; mais non travaux d’expertise comptable entrepris avant la procédure :
* Caen, 17 avr. 1973, Sté Palau et fils et autres, D. 1974, p. 493, n. Sigalas. Comp., refusant à tort de
faire bénéficier du privilège les honoraires d’un commissaire aux comptes ayant déclenché une
procédure d’alerte, Paris, 18 mai 1999, D. 2000, som. p. 387 et s., obs. S. Piedelièvre. Adde le
curieux refus de la qualité de frais de justice aux honoraires de l'avocat ayant élaboré le projet de
distribution amiable du prix de vente d'un immeuble ayant fait l'objet d'une saisie immobilière :
Cass. avis, 18 oct. 2010, Dr. et procéd., janv.-févr. 2011, p. 48 et s., obs. A. Leborgne.
(1176) TGI Dunkerque, 11 janv. 1984, D. 1985, IR, p. 119, 16e esp., n. F. Derrida ; Gaz. Pal. 1984, II,
13, n. Y. Chartier.
(1177) Cass. com., 13 nov. 1984, D. 1985, IR, p. 119, 15e esp., n. F. Derrida. La solution repose en
fait sur des considérations de politique juridique : inciter le syndic à liquider le patrimoine du
débiteur.
(1178) Cass. com., 19 oct. 1970, Gaz. Pal. 1971.1.72 ; Cass. com., 5 déc. 1995, Bull. civ. IV, no 285 ;
RTD civ. 1996, p. 433 et s., obs. P. Crocq.
(1179) V. infra, no 465.
(1180) Cass. com., 22 févr. 1994, Bull. civ. IV, no 77.
(1181) V. infra, no 465.
(1182) Cass. com., 31 mars 1998, Bull. civ. IV, no 120 ; JCP G 1998.I.149, no 24, obs.
Ph. Delebecque.
(1183) Cass. com., 21 sept. 2010, no 09-68604, JCP G 2011, doctr. 360, no 12, obs. M. Cabrillac ;
RLDC nov. 2010, p. 34, obs. G. Marraud des Grottes ; Bull. Joly Entreprises en difficulté, mars-avr.
2011, p. 22, obs. F. Macorig-Venier ; Dr. et procéd., déc. 2010, p. 21, obs. Ph. Roussel Galle.
(1184) Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-17997 et 13-18112, Rev. Proc. Coll. mars-avr. 2015, nº 26,
p. 25, obs. G. Berthelot et sept.-oct. 2014, nº 130, p. 67, obs. L. Fin-Langer ; Act. proc. coll. 2014,
nº 238, obs. P. Cagnoli et L. Fin-Langer ; RTD civ. 2014, p. 696, obs. P. Crocq ; D. 2014, p. 1270,
obs. A. Lienhard ; JCP G 2014, Doctr. 999, nº 9, obs. Ph. Pétel.
(1185) Ph. LANGLOIS, « Le sort des créances des salariés, ou les innovations de la loi sur le
redressement judiciaire des entreprises », RTD com., no spécial, 1987, t. 2, p. 11-25 ; « Les créances
salariales et la dynamique du redressement judiciaire », Dr. social, déc. 1987, 799 ; C. SAINT-ALARY-
HOUIN, art. préc., supra, no 449, note no 67 ; Ph. LAFARGE, « La situation des salariés et l’AGS », RJ
com., no spécial, 1987, 178 et s.
(1186) Cass. civ. 1re, 24 mars 1993, sur lequel : L. AYNÈS et P.-Y. GAUTIER, « De l’application stricte
des privilèges », D. 1994, chron. 13.
(1187) V. cep. TGI Le Puy, 21 nov. 1986, JCP G, 87.II.20756, n. appr. J.-P. Le Gall ; D. 88, som., 74,
n. crit. F. Derrida : l’hypothèque aérienne, aux termes de l’article L. 6122-19 du Code des transports
(ancien art. L. 122-17 du C. de l’aviation civile), l’emporte sur tous les privilèges autres que ceux
qui sont énumérés à l’article L. 6122-16 de ce code (ancien art. L. 122-14 C. de l'aviation civile) ;
jugé qu’ils l’emportent sur le superprivilège des salariés (Contra : T. com. Pointe-à-Pitre, 20 févr.
1981, JCP G, 81.II.19598, n. crit. J.-P. Le Gall). La solution pourrait s’expliquer par l’origine
internationale de la règle (conv. de Genève du 19 juin 1948) et surtout le principe suivant lequel
l’avion, comme le navire (infra, no 533), constitue une sorte de « patrimoine affecté soumis à une loi
spéciale » (J.-P. Le Gall). D’ailleurs, l’article L. 6122-19 du Code des transports est un texte spécial,
par rapport à l’art. L. 625-8, C. com. ; v. cep., plus nuancé, à propos de l’hypothèque maritime ;
Ph. DELEBECQUE, J-Classeur formulaire analytique de procédure, vo Hypothèques maritimes, no 49,
qui estime qu’il s’agit d’un conflit entre textes spéciaux.
(1188) Cet avantage ne s’applique pas aux cotisations sociales dues par un professionnel libéral. En
effet, le fait qu’elles bénéficient d'un rang concurrent à celui du superprivilège des salaires n'en fait
pas, pour autant, des créances salariales ce qui a conduit la Cour de cassation à juger que « le
privilège garantissant le paiement de cotisations d’assurance sociale, majorations et pénalités de
retard édicté à l'article L. 234-4 du Code de la sécurité sociale prend rang concurremment avec celui
des gens de service et celui des salariés établis respectivement par l’article 2331 du Code civil et les
articles L. 625-7 et L. 625-8 du Code de commerce (mais) ne confère pas le droit d’être payé par
priorité sur les premières rentrées de fonds » : Cass. com., 18 juin 2013, no 12-14493, D. 2013,
p. 1617 ; JCP G 2013, doctr. 1256, nº 18, obs. Ph. Delebecque.
(1189) Cass. com., 26 avr. 1979, Bull. civ. IV, no 130 ; JCP G, 82.19724, n. A. Martin-Serf ; D., 80,
IR, 7, n. DERRIDA : « Le juge-commissaire, en autorisant un prélèvement en faveur des salariés, n’a
fait qu’appliquer les dispositions de l’article 51 de la loi du 13 juill. 1967 concernant les sommes
à verser sur les premiers fonds disponibles ».
(1190) Infra, no 464.
(1191) Douai, 14 juin 1984, D., 85.43, n. appr. F. Derrida ; moins net : Cass. com., 5 mars 1985,
Bull. civ. IV, no 87 : cassation d’un arrêt qui admet le caractère superprivilégié et privilégié de la
créance de salaires sans distinguer entre les salaires antérieurs et postérieurs au jugement déclaratif.
(1192) Salaires à proprement parler, suivant la lettre des art. L. 622-17 et L. 641-13, C. com. (en ce
sens, DERRIDA, GODE, SORTAIS, no 317), ou toutes les créances salariales issues du contrat de travail
(en ce sens, CABRILLAC, art. préc., p. 121 ; JEANTIN, no 677) ? La seconde interprétation paraît plus
conforme à l’esprit du texte et elle a été consacrée par la jurisprudence chaque fois que le fait
générateur de la créance est postérieur à la date d'ouverture de la procédure collective : v., dans le
cas d'une indemnité due à la suite d'un licenciement prononcé après cette date, Cass. soc., 2 oct.
2001, Bull. civ. V, no 290.
(1193) Un auteur estime que la grande réforme de la faillite n’a pas été la loi de 1967, mais celle de
1973 : l’AGS « est, en effet, devenue le premier banquier des entreprises en difficulté susceptibles
de survivre »... « Tout orientée vers le redressement des entreprises, la loi du 25 janv. 1985 est
ainsi plus fille de la loi de 1973 que des autres textes » : LANGLOIS, art. préc., supra, note 13.
(1194) Cass. soc., 21 janv. 2014, nº 12-18421, D. 2014, p. 270, obs. A. Lienhard ; Act. proc. coll.
2014, nº 45, obs. L. Fin-Langer ; JCP G 2014, doctr. 636, nº 8, obs. Ph. Pétel. Cet arrêt affirme que
les créances salariales nées pendant une procédure de sauvegarde mais avant la conversion de cette
procédure en un redressement judiciaire doivent être garanties par l'AGS au motif qu'il n'y a pas lieu
de distinguer entre les différentes causes d'ouverture d'un redressement judiciaire, alors
qu'auparavant la doctrine s'était prononcée en sens inverse en considérant qu'un jugement de
conversion n'emporte pas ouverture d'une nouvelle procédure et n'a pas les mêmes effets que le
jugement d'ouverture initial (adde, dans le même sens, en cas résiliation d'un plan de sauvegarde et
d'ouverture d'une liquidation judiciaire, Cass. soc., 22 sept. 2015, nº 14-17837, Act. proc. coll. 2015,
nº 273, obs. L. Fin-Langer).
(1195) V. déjà, sous l’empire de la loi de 1967, Cass. com., 22 nov. 1982, Bull. civ. IV, no 360 ; D.,
83.38, n. F. Derrida, considérant que les indemnités de licenciement, lorsque celui-ci a été prononcé
après le jugement d’ouverture, donnent naissance à des créances dans la masse, si la continuation de
l’exploitation n’a pas été autorisée.
(1196) Mais, en cas de sauvegarde, l'AGS ne garantit que les créances nées de la rupture des contrats
de travail pendant la période d'observation et celles qui sont prévues par le plan.
(1197) On remarquera ici que, par erreur, l'art. L. 3253-16 du Code du travail fait une référence au
« 3º de l'article L. 3253-8 », alors qu'il devrait faire référence au 5º de cet article.
(1198) V. C. SAINT-ALARY-HOUIN, « Les avatars de l'article 40 », Rev. Proc. Coll. janv.-fév. 2016,
p. 63, montrant que la véritable sécurité accordée aux créanciers postérieurs à l'ouverture de la
procédure collective réside plus dans le droit au paiement à l'échéance que dans le droit de
préférence qui leur est accordé.
(1199) DERRIDA, GODE, SORTAIS, no 311 ; C. SAINT-ALARY-HOUIN, La situation des créanciers
postérieurs à l’ouverture de la procédure collective, Ann. univ. sc. soc. Toulouse, 1986, p. 211 ;
MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, no 137 ter.
(1200) Encore faut-il savoir à quelle date est née la créance, ce qui suscite un contentieux abondant et
une jurisprudence souvent variable. Ainsi, par exemple, il a été jugé que les créances de dépens
naissent au jour du prononcé de la décision qui les accorde (Cass. com., 11 juin 2002 et Cass. civ. 3e,
12 juin 2002, JCP G, 2003.I.113, no 13, obs. M. Cabrillac et Ph. Pétel ; D., 2002, som. p. 2642, obs.
N. Fricero ; D. 2002, AJ p. 2121, obs. A. Liénhard ; D banc. 2002, no 145, obs. F.-X. Lucas) alors
qu’il avait été jugé auparavant que ces créances trouvaient leur origine lors de l’introduction de
l’instance (Cass. soc., 18 juill. 2000, Act. proc. coll. 2000, no 204). En revanche, le fait générateur
d'une créance d'honoraire de résultat se trouve non pas dans l'obtention du résultat mais dans
l'accomplissement de la prestation caractéristique ayant permis cette obtention (Cass. com., 27 sept.
2011, nº 10-21277, RLDC déc. 2011, p. 37 s., obs. J.-J. Ansault ; D. 2011, p. 2398, obs. A. Lienhard ;
JCP G 2012, doctr. 117, nº 14, Ph. Pétel ; Cass. com., 24 mars 2015, nº 14-15139, D. 2015, p. 800,
obs. A. Lienhard ; Act. proc. coll. 2015, nº 116, obs. V. Martineau-Bourgninaud ; Rev. Proc. Coll.
2015, comm. 116, obs. C. Saint-Alary-Houin).
(1201) Cass. com., 13 mai 2003, no 98-22741, Bull. civ. IV, no 72.
(1201a) L'actuel projet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle prévoit, en effet, de créer
au profit des producteurs agricoles, dans un futur art. 2332-4 C. civ., un nouveau privilège qui ne
pourrait être mis en œuvre qu'en cas d'ouverture d'une procédure collective et qui serait d'un rang
supérieur à celui de toutes les autres sûretés à l'exception du superprivilège des salariés. Ce
privilège pourrait être invoqué pour obtenir le paiement des « sommes dues aux producteurs
agricoles par leurs acheteurs (...) à due concurrence du montant total des produits livrés par le
producteur agricole au cours des quatre-vingt-dix jours précédant l'ouverture de la procédure ».
(1202) Sur le conflit avec un droit de rétention v. supra, no 449.
(1203) V. supra, no 412.
(1204) Dans sa rédaction initiale, l'art. L. 641-13-II C. com. prévoyait que les créances bénéficiant
du privilège général de la procédure collective devaient être payées avant toutes les autres créances
mais après les créances salariales superprivilégiés, les frais de justice postérieurs à l'ouverture de la
procédure, les créanciers bénéficiant du privilège de conciliation et les créances « garanties par des
sûretés immobilières ou par des sûretés mobilières spéciales assorties d'un droit de rétention ou
constituées en application du chapitre V du titre II du livre V (c’est-à-dire garanties par un
nantissement d'outillage ou de matériel d'équipement) ». La référence ainsi effectuée aux sûretés
mobilières assorties d'un droit de rétention n'avait guère de sens car, par définition, le droit de
rétention crée une situation d'exclusivité qui implique que son bénéficiaire soit seul payé en
échappant à tout classement. Cette malfaçon est réparée par l'ordonnance du 12 mars 2014 puisque le
nouvel art. L. 641-13-II C. com. prévoit désormais un classement se faisant « sans préjudice des
droits de rétention opposables à la procédure collective », c’est-à-dire non seulement des droits de
rétention effectifs reposant sur une dépossession du constituant mais aussi des droits de rétention
fictifs créés par la loi (y compris en cas de liquidation judiciaire, le droit de rétention purement fictif
octroyé par le 4º de l'art. 2286 C. civ. à tous les gages sans dépossession). Cette dernière catégorie
comprend le droit de rétention fictif attaché au nantissement d'outillage et de matériel d'équipement
lequel n'est, dès lors, plus spécifiquement mentionné au sein du nouvel art. L. 641-13-II C. com.
(1205) Cette exception ne s’applique qu’aux seules créances antérieures à la procédure collective et
non aux créances postérieures même assorties d’une cause de préférence lesquelles ne viennent qu’au
5e rang de l’ancien art. L. 621-32 ou du nouvel art. L. 641-13, C. com. (v., en ce sens, dans le cas du
privilège du syndicat de copropriété, Cass. avis, 21 janv. 2002, Bull. civ., no 1 ; JCP G, 2002.I.174,
no 14, obs. M. Cabrillac ; RD. banc., 2002, no 90, obs. D. Legeais ; ceci peut avoir pour conséquence,
en cas de liquidation judiciaire, une primauté de l'hypothèque sur le privilège du syndicat de
copropriété selon Caen, 7 avr. 2015, Act. proc. coll. 2015, nº 142, obs. P. Cagnoli).
(1206) Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-17997 et 13-18112, Rev. Proc. Coll. sept.-oct. 2014, nº 130,
p. 67, obs. L. Fin-Langer ; RTD civ. 2014, p. 696, obs. P. Crocq ; D. 2014, p. 1270, obs.
A. Lienhard ; JCP G 2014, Doctr. 999, nº 9, obs. Ph. Pétel : la cour d'appel de Paris, dans un arrêt
rendu le 7 mars 2013 à l'occasion d'une liquidation judiciaire, avait accordé la préférence à un
créancier hypothécaire par rapport à l'AGS au motif que les créances salariales nées après la date
d'ouverture de la procédure sont primées par les créances hypothécaires et qu'en l'occurrence l'AGS
ne prouvait pas que ses avances correspondaient au paiement de créances antérieures à cette date. La
Chambre commerciale casse au motif qu'en application de l'art. L. 3253-16, 2º, C. trav., l'AGS est
assimilée à un créancier antérieur à la procédure (v. supra nº 464) et subrogée dans le bénéfice du
privilège des salaires, lequel l'emporte sur une hypothèque en application de l'art. 2376 C. civ. Ceci
est exact, mais l'affirmation effectuée par cet arrêt est trop générale car il aurait fallu réserver le cas
des créances salariales nées de la poursuite de l'exploitation et dont le montant a été avancé par
l’AGS en vertu de l’article L. 3253-8-5o du Code de travail, lesquelles sont primées par les créances
hypothécaires en application de l'art. L. 641-13 du C. com.
(1207) La priorité des créanciers de l’art. L. 641-13 s’exercera donc seulement à l’encontre des
créanciers antérieurs titulaires d’un privilège mobilier – ce qui confirme le déclin de ce type de
sûreté —ou d’un nantissement sans dépossession.
(1208) Supra, no 463.
(1209) Sous l'empire de l'ancien art. L. 621-32, C. com., seuls les prêts consentis par des
établissements de crédit étaient ici visés. Cette restriction a été supprimée par la loi de sauvegarde
du 26 juill. 2005.
(1210) Ces indemnités et pénalités sont exclues de l’ensemble du bénéfice de la priorité de paiement
instituée par les art. L. 622-17 et L. 641-13 du C. com. et non seulement de leur troisième rang (v., en
ce sens, Cass. com., 15 oct. 2002, Bull. civ. IV, no 145 ; JCP G, 2003.I.113, no 1, obs. M. Cabrillac ;
RD. banc. 2003, no 35, obs. F.-X. Lucas).
(1211) Supra, no 464.
(1212) . Ex. : le Trésor public, pour les impôts postérieurs au jugement d’ouverture d'une procédure
de sauvegarde, passe après l’établissement de crédit, qui a consenti sans garantie une avance mais
avant le fournisseur (sauf s’il s’agit de l’exécution d’un contrat poursuivi ; la créance relève de l’art.
L. 622-17-III, 3o).
(1213) MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, no 137 ter ; comp. CABRILLAC et MOULY, dans sa 7e édition, no 601.
(1214) Cass. com., 5 févr. 2002, Bull. civ. IV, no 27 ; JCP G, 2002.I.144, no 15, obs. crit.
M. Cabrillac et Ph. Pétel ; JCP G, 2002.I.162, no 19, obs. Ph. Delebecque ; RTD civ. 2002,
p. 337 et s., obs. P. Crocq ; D. 2002, p. 805 et s., obs. A. Liénhard ; RTD com. 2002, p. 542 et s., obs.
A. Martin-Serf ; Act. proc. coll., 10 mai 2002, no 100, obs. S. Piedelièvre.
(1215) V. M. CABRILLAC, « L’article 40 de la loi du 25 janv. 1985 et ses difficultés d’application »,
Banque, no 458, févr. 1986, p. 115 et s., spéc. no 22.
(1216) La jurisprudence avait jugé qu'en cas de résolution d’un plan de continuation et d’ouverture
d’une seconde procédure collective à l’encontre du débiteur, les créanciers qui avaient bénéficié de
l’application de l’ancien art. L. 621-32 du C. com. dans la première procédure n’en bénéficiaient
plus dans la seconde (Cass. com., 28 juin 1994, Bull. civ. IV, no 244 ; JCP G, 1995.I.3815, no 5, obs.
M. Cabrillac et Ph. Pétel ; RTD com. 1995, p. 486, obs. A. Martin-Serf ; Rev. proc. coll. 1995,
p. 297, obs. C. Saint-Alary-Houin ; Cass. com., 12 juill. 1994, Bull. civ. IV, no 264 ; D. 1995, som.,
p. 9, obs. F. Derrida ; RTD com. 1995, p. 486, obs. A. Martin-Serf ; Rev. proc. coll. 1995, p. 297,
no 1, obs. C. Saint-Alary-Houin). Cette solution jurisprudentielle a été remise en cause par la
transformation de la priorité de paiement en un véritable privilège après la réforme du 26 juill. 2005.
Aujourd'hui, ces créanciers, s'ils bénéficient d'une dispense de déclaration dans la nouvelle
procédure collective (art. L. 626-27, III, C. com. modifié par l'ordonnance du 12 mars 2014), n'en
demeurent pas moins des créanciers privilégiés antérieurs à la nouvelle procédure collective, ce qui
rend difficile le classement de leur créance (v. F. Pérochon, « Entreprises en difficulté », LGDJ,
10e éd., 2014, nº 1065).
(1217) L'ordonnance du 18 déc. 2008, en supprimant des art. L. 622-17-I et L. 641-13-I C. com. la
référence au fait que la prestation soit fournie au débiteur « pour son activité professionnelle », a
étendu le domaine d'application du privilège général de la procédure à toutes les créances nées de la
fourniture d'une prestation au débiteur pendant le maintien de son activité et notamment aux créances
dites « de la vie courante ». Il demeure, toutefois, la nécessité de ce que ces créances de la vie
courante soient bien nées en contrepartie de la fourniture d'une prestation au débiteur. On observera
toutefois que cette nécessité n'existe plus, depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 12 mars
2014, en cas de liquidation judiciaire puisque le nouvel art. L. 641-13-1 C. com. privilégie toutes les
créances nées pour les besoins de la vie courante du débiteur personne physique sans exiger qu'elles
soient nées en contrepartie de la fourniture d'une prestation ce qui étend, par exemple, le domaine
d'application du privilège général de la procédure aux créances de taxe d'habitation (v., P.-M. LE
CORRE, « Premiers regards sur l'ordonnance du 12 mars 2014 réformant le droit des entreprises en
difficulté », D. 2014, p. 733 s., nº 64 ; comp. dans le cas d'une taxe foncière et d'un débiteur personne
morale, Cass. com., 14 oct. 2014, nº 13-24555, RLDC déc. 2014, p. 38, obs. J.-J. Ansault ; Gaz. Pal.
18-20 janv. 2015, p. 20, obs. D. Boustani ; Dr. et proc. avr. 2015, cah. Droit des entr. en diff., nº 32,
obs. P. Crocq ; Act. proc. coll. 2014, nº 325, obs. P.-M. Le Corre ; D. 2014, p. 2109, obs. A. Lienhard
et 2015, p. 1973, obs. F.-X. Lucas ; RTD com., 2015, p. 157, obs. A. Martin-Serf ; JCP E 2014,
1637, nº 11, obs. Ph. Pétel ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 42, obs. Fl. Reille ; Rev. Sociétés 2014,
p. 755, obs. Ph. Roussel Galle ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 17, obs. R. Vabres, arrêt appliquant la
règle qui se dégage implicitement de la jurisprudence et selon laquelle une créance n'est privilégiée
que si elle est inhérente à l'activité du débiteur ou si elle est intrinséquement liée au déroulement de
la procédure collective, ce qui suppose qu'elle ne puisse pas exister en son absence). On peut alors
se demander pourquoi cette nécessité d'une contrepartie demeure pour les créances nées des besoins
de la vie courante en cas de sauvegarde ou de redressement judiciaire, l'art. L. 622-17, I, C. com.
n'ayant, lui, pas été modifié sur ce point.
(1218) L'emploi du terme « besoins » n'implique pas que la créance ait été nécessaire ; il suffit
qu'elle ait été utile (v. dans le cas d'une créance de dépens jugée utile, Cass. com., 15 oct. 2013,
nº 12-23830, D. 2013, p. 2461, obs. A. Lienhard ; Act. proc. coll. 2013, nº 266, obs. J. Vallansan ;
Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 113, obs. C. Saint-Alary-Houin ; comp. affirmant le défaut d'utilité
d'une créance de frais irrépétibles, Cass. com., 2 déc. 2014, nº 13-20311, RTD com., 2015, p. 155,
obs. A. Martin-Serf). Cette utilité fait l'objet d'une interprétation assez souple de la Cour de cassation
(v., admettant que puisse être utile aux besoins de la procédure la créance d'honoraires de l'avocat
assistant le débiteur dans l'exercice de ses droits propres, Cass. com., 1er déc. 2015, nº 14-20668,
D. 2015, p. 2558, obs. A. Lienhard ; Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 87, obs. M.-H. Monsèrié-Bon ;
JCP G 2016, 866, no 11, obs. Ph. Pétel.
(1219) Ce dernier critère pourrait, par exemple, permettre de donner un caractère privilégié à une
créance de pénalités de retard née d'un contrat de construction dont l'exécution a été poursuivie après
l'ouverture de la liquidation judiciaire, alors que tel ne pourrait être le cas si l'on se référait
seulement à l'existence d'une contrepartie (Cass. com., 18 juin 2013, nº 12-18420, D. 2013, p. 2363,
obs. P.-M. Le Corre ; RTD com 2013, p. 813, obs A. Martin-Serf ; JCP E 2013, 1434, nº 13, obs.
Ph. Pétel ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 117, obs. C. Saint-Alary-Houin).
(1220) Ainsi, une créance de restitution née de l'infirmation d'une décision de justice n'est pas
privilégiée car elle est n'est pas née en contrepartie d'une prestation fournie au débiteur en difficulté,
ce qui fait courir un risque important en cas d'exécution provisoire au profit d'une entreprise faisant
l'objet d'une procédure collective (Cass. com., 17 déc. 2013, nº 12-28158, RTD com., 2014, p. 691,
obs. A. Martin-Serf ; JCP G 2014, doctr. 636, nº 9, obs. Ph. Pétel). De même, il a été jugé qu'une
créance d'indemnités de rupture d'un contrat ne peut bénéficier de ce privilège car elle n'est ni née
pour les besoins du déroulement de la procédure (ce qui n'était pourtant pas évident car on pourrait
soutenir que lorsque la rupture d'un contrat est utile à la survie de l'entreprise, les indemnités de
rupture devraient alors être considérées comme utiles au déroulement de la procédure), ni née en
contrepartie d'une prestation fournie au débiteur : Cass. com., 5 oct. 2010, no 09-70249, D. 2010,
p. 2428, obs. A. Lienhard. En revanche, les créances résultant d'une obligation légale et qui sont
inhérentes à l'activité de l'entreprise sont considérées comme nées pour les besoin du déroulement de
la procédure : Cass. com., 15 juin 2011, no 10-18276, D. 2011, p. 2691, obs. H. Guillou ; D. 2011,
p. 1677, obs. A. Lienhard ; JCP E 2011, 1596, no 12, obs. Ph. Pétel. L'application de ces critères par
la jurisprudence manque, cependant, parfois de clarté : ainsi a-t-il été jugé, à la fois, qu'une créance
correspondant au coût de travaux de reprise de malfaçons et à des pénalités de retard dues en
application d'un contrat exécuté par le débiteur après le jugement d'ouverture n'est pas née en
contrepartie d'une prestation fournie au débiteur (Cass. com., 18 juin 2013, préc.) et que la créance
du bailleur relative aux travaux de remise en état est la contrepartie d'une prestation fournie au
débiteur pendant la période d'observation si les dégradations qui lui sont reprochées ont été
commises pendant cette période Cass. com., 2 déc. 2014, nº 13-11.059, JCP E 2015, 1204, nº 11,
obs. Ph. Pétel ; Act. proc. coll. 2015, comm. 9, obs. F. Petit.
(1221) V. P. CROCQ, « Le projet de loi sur la sauvegarde des entreprises et le respect des concepts du
droit des sûretés », Dr. et patr., no 133, janv. 2005, p. 43 et s.
(1222) Une déclaration à mauvais escient de la créance ferait courir au créancier le risque qu'elle
soit admise irrévocablement à titre chirographaire au passif de la procédure collective, ce qui aurait
alors pour conséquence la perte du bénéfice de ce privilège : v., en ce sens, Cass. com., 3 mai 2011,
no 10-18031, Dr. et proc., déc. 2011, cahier Droit des entreprises en difficulté, p. 21, obs. P. Crocq ;
JCP G 2011, doctr. 1004, no 7, obs. Ph. Pétel. L'ordonnance du 12 mars 2014 prévoit que, dans le cas
où une telle déclaration serait due à l'initiative du débiteur (ce qui est désormais possible en
application du nouvel art. L. 622-24, al. 3, C. com.), le fait que le créancier informe les organes de la
procédure de l'existence de sa créance privilégiée rend caduque la déclaration effectuée par le
débiteur à la condition, du moins, que le juge n'ait pas déjà statué sur l'admission de la créance
(nouvel art. L. 641-13-IV C. com.). Cette dernière précision n'a guère d'intérêt car il était déjà établi
que le piège ne se referme sur le créancier que dans l'hypothèse où le juge a statué sur l'admission de
la créance.
(1223) Cass. com., 28 juin 2016, nº 14-21668.
(1224) Cette formulation a été utilisée par l'ordonnance du 12 mars 2014 afin d'élargir le domaine
d'application de ce privilège. En effet, dans sa version initiale, l'art. L. 611-11 C. com. ne
s'appliquait qu'aux seuls créanciers ayant fourni un nouveau bien ou service ou consenti un nouvel
apport « dans l'accord homologué », ce qui était trop restrictif puisque cela excluait notamment les
créanciers ayant effectué un tel effort au cours de la procédure mais avant que l'accord ne soit
homologué.
(1225) Mais quid des apports en compte courant réalisés par un associé ? N'étant pas expressément
visés par l'exclusion prévue par ce texte, ils devraient être privilégiés : P.-M. LE CORRE, préc.,
no 144.53 ; A. LIÉNHARD, préc., no 330 ; Ph. ROUSSEL GALLE, préc. no 137.
(1226) V. « Argent frais : paiement hors plan ou selon le plan ? », controverse entre F.-X. Lucas et
F. Pérochon, BJE, sept.-oct. 2012, p. 341 s.
(1227) L'acceptation de délais ou de remises ne pouvant ici qu'être expresse selon l'art. R. 626-33-1
C. com., issu du décret nº 2014-736 du 30 juin 2014, qui déroge ainsi à la règle suivant laquelle le
défaut de réponse du créancier, dans un délai de trente jours, à la lettre du mandataire judiciaire
proposant un délai ou une remise vaut acceptation (art. L. 626-5, al. 2, C. com.).
(1228) V., sur cette question, une nouvelle controverse entre F.-X. Lucas et F. Pérochon, « Créanciers
de la new money, le retour », BJE, 1er mai 2015, p. 192, 112f6.
(1229) L’art. 2376, C. civ. s’applique aux créanciers « énoncés en l’article précédent », c’est-à-dire
aux créanciers de frais de justice et de salaires. Il ne vise pas globalement les créanciers des art.
L. 622-17 et L. 641-13, C. com. Ceux-ci ne sont pas privilégiés en vertu de l’art. 2375, mais de ces
articles du C. com. ; d’ailleurs, ces textes bouleversent le classement des frais de justice, par rapport
aux salaires.
(1230) Infra, no 608.
(1231) En droit comparé, v. R. SERICK, Les sûretés réelles mobilières en droit allemand, LGDJ,
1990 ; Cl. WITZ, « Le droit des sûretés réelles mobilières en République fédérale d’Allemagne »,
RID comp. 1985, 27-68, supra, no 341 ; Ph. SUMEIRE, L’étude comparative, instrument de réforme du
droit français des sûretés réelles, th. Aix-en-Provence, déc. 1987, ronéo ; L'évolution des garanties
mobilières dans les droits français et latino-américains, colloque Ass. Andrés Bello, Santiago du
Chili, 3 et 4 sept. 2014, Éditions Panthéon-Assas, 2016.
(1232) Infra, no 502.
(1233) Le rapport d'activité du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce fait état,
pour l'année 2014, d'environ un million d'inscriptions de sûretés mobilières.
(1234) V. I. Ashchian, C. Christ, S. Croci Downes, S. Daadouche, N. Jiang, M. Konidari et Y. Zand.
“Getting credit : the importance of registries ” in “Doing Business 2015”, Rapport de la Banque
Mondiale, p. 67. Comp. critiquant le dogme de la nécessité d'une publicité généralisée, L. D'AVOUT,
« La publicité des sûretés réelles », in Le Code civil autrichien (ABGB) – Un autre bicentenaire
(1811-2011), Éditions Panthéon-Assas, 2015, p. 139.
(1235) Une telle distinction n'existe pas en droit belge où, avant comme après la réforme du droit des
sûretés réelles par une loi du 11 juill. 2013, le gage a pour objet aussi bien des meubles corporels
que des meubles incorporels, même s'il existe parfois des règles spécifiques pour ces derniers :
v. M. JULIENNE, « La réforme des sûretés réelles en Belgique », RDC déc. 2014, p. 656, 111a8, spéc.
nº 3 ; M. GRÉGOIRE, « Droit belge : perspectives de droit des sûretés – vers une nouvelle maîtrise du
risque », RD bancaire et financier mars-avr. 2016, p. 82.
(1236) V. infra, nos 750 et s.
(1237) V., soulignant le caractère démagogique et inopportun de cette modification, P. CROCQ, « Des
chrysanthèmes pour l'antichrèse ? », RLDC no 55, déc. 2008, p. 65 et s.
(1238) Biblio. : Ch. MOULY, J.-Cl. civil, art. 2085 à 2091, 1992 ; P. CROCQ, Lamy Droit des sûretés,
Étude 224 ; S. PIEDELIEVRE, Rép. civ. vo Antichrèse, 2005 ; Ph. DUPICHOT, « L'antichrèse », JCP G
suppl. au no 20 du 17 mai 2006, no 7, p. 26 et s. ; G. PIETTE, « La nature de l'antichrèse, après
l'ordonnance no 2006-346 du 23 mars 2006 », D. 2006, p. 1688 et s. Antichrèse signifie : « usage à
la place des intérêts ou du capital » ; les fruits, perçus par le créancier, s’imputent sur la créance.
(1239) F. LEJEUNE, Une sûreté nouvelle : l’antichrèse-bail, Jour. not. 1986, art. 58565. L'antichrèse
a, au demeurant, un intérêt limité en pratique, ce qui a conduit la loi du 11 juill. 2013, réformant le
droit belge des sûretés mobilières, à en décider l'abrogation à compter du 1er janv. 2017 : v. E. Dirix,
« La réforme des sûretés mobilières », Kluwer, 2013, p. 137.
(1240) Ch. MOULY, op. cit., supra, no 1, nos 41 et s. ; MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, nos 106-120.
(1241) Avant l'entrée en vigueur de cette réforme du droit des sûretés, un écrit était également exigé
par l'ancien art. 2085, C. civ., mais il ne s'agissait que d'une condition de preuve et d'opposabilité de
l'antichrèse.
(1242) Cass. com., 6 oct. 2009, no 08-19458, JCP E 1036, obs. Ph. Delebecque ; Dr. et patr. sept.
2010, p. 91, obs. Ph. Dupichot.
(1243) Supra, no 449.
(1244) V. supra, no 448.
(1245) V., montrant que l'antichrèse pouvait être initialement analysée comme un transfert fiduciaire,
à titre de garantie, d'un droit réel de jouissance de l'immeuble, assorti d'un droit de rétention, avant
que la doctrine l'assimile à un gage et que cette évolution soit ensuite entérinée, en 2006, par la
réforme du droit des sûretés, M. MIGNOT, « La nature juridique du gage immobilier », LPA, 4 déc.
2014, nº 242, p. 7.
(1246) Cass. civ. 3e, 18 déc. 2002, Bull. civ. III, no 261 ; D. 2003, AJ p. 491 et s., obs. V. Avena-
Robardet ; RTD civ. 2003, p. 327 et s., obs. P. Crocq ; JCP G, 2003.II.10024, avis O. Guérin ; D.
2003, p. 963 et s., n. Ph. Delebecque ; JCP G, 2003.I.124, no 12, obs. Ph. Delebecque ; Banque et
droit, no 88, mars-avr. 2003, p. 54 et s., obs. N. Rontchevsky. La Cour de cassation a même énoncé,
dans cet arrêt, qu’en cas de défaut de paiement de ses loyers par le débiteur, ce dernier n’en continue
pas moins à posséder pour le compte du créancier et que, de ce fait, l’exigence de dépossession
caractéristique de l’antichrèse demeure satisfaite.
(1247) Le régime juridique des prêts sur gage effectués par les caisses de crédit municipal est
actuellement déterminé par les art. D. 514-1 et s. CMF issus du décret no 2008-1404 du 19 déc. 2008.
(1248) P. SALVAGE-GEREST et P. SALVAGE, Droit pénal et sûretés, Mélanges Larguier, PUG, 1993.
Adde, affirmant que l’indisponibilité du bien gagé et la sanction pénale qui en est le corollaire
s’appliquent au repreneur de l’entreprise ayant constitué le gage, Cass. crim., 16 mai 2001,
Bull. crim. no 125 ; JCP G 2001.I.356, no 17, obs. Ph. Delebecque.
(1249) Ph. SUMEIRE, L’étude comparative, instrument de réforme du droit français des sûretés
réelles, th. Aix, déc. 1987, ronéo ; J.-F. RIFFARD, th. citée, supra, no 498, note 1.
(1250) Sur la réforme, V. : D. LEGEAIS, « Le gage des meubles corporels », JCP 2006, suppl. no 20,
p. 12 et s. ; R. DAMMANN, « La réforme des sûretés mobilières : une occasion manquée », D. 2006,
1298 (plutôt critique) ; P. BOUTEILLER, « Le nouveau droit des sûretés mobilières établi par
l’ordonnance no 2006-346 du 23 mars 2006 », Rev. Lamy Dr. Affaires, juin 2006, 39.
(1251) Pour la Grande-Bretagne, v. M. ELLAND-GOLDSMITH, « Les sûretés réelles mobilières du droit
anglais », Rev. dr. aff. internat., 1995, nos 2, 145 et s.
(1252) C. com. uniforme, art. 9 : Le security interest « est tout droit constitué sur un bien meuble
ou sur un immeuble par destination afin de garantir le payement ou l’exécution d’une obligation.
La réserve de propriété par le vendeur n’a que les effets d’un security interest ». Biblio. : J.-
F. RIFFARD, Le « security interest » ou l’approche fonctionnelle et unitaire du droit des sûretés
mobilières, PU Clermont-Ferrand et LGDJ, 1997 ; Ph. REYMOND, Les sûretés mobilières aux États-
Unis et en Suisse. Étude de droit international privé, th. Lausanne 1983 ; D. LEGEAIS, Les garanties
conventionnelles sur créances, th. Poitiers, Economica, 1986, préf. Ph. Rémy, nos 530 et s. ; 589-
596 ; Ph. SUMEIRE, th. citée, supra, no 8, p. 539 et s.
(1253) V. notamment, D. PRATTE, Rapport canadien aux Journées portugaises de l’Association
Capitant, Les garanties du financement, 1996.
(1254) J. BAERMAN et alii, Les garanties du crédit en droit allemand, La Documentation française,
1978, préf. D. Tallon ; Cl. WITZ, article préc., supra, titre II, no 1 ; Ph. SUMEIRE, th. préc., supra, no 8.
V. cep. le cas des Pays-Bas dont le nouveau Code civil (1992) interdit l’aliénation fiduciaire à titre
de garantie : M. T. STRUYCKEN, Rapport néerlandais aux Journées portugaises de l’Association
Capitant, Les garanties du financement, 1996.
(1255) V. notamment, Repenser le droit des sûretés mobilières, ouvrage collectif sous la direction
de M.-E. ANCEL, LGDJ, Bibl. de l’Institut André Tunc, avr. 2005 ; sur les travaux de la CNUDCI,
v. la loi modèle sur les opérations garanties adoptée à Vienne le 3 juillet 2016 (à paraître) ; adde
Guide législatif de la CNUDCI sur les opérations garanties, Nations unies, New-York, 2011 ; adde
J.-F. RIFFARD, Colloque de Perpignan, juin 2006, Dr. et procéd., oct. 2006 et, du même auteur, « La
loi type de la CNUDCI sur les opérations garanties », RLDC sept. 2014, p. 32. Comp., proposant les
règles d'un nouveau droit européen des sûretés réelles mobilières, “Proprietary Security in Movable
Assets” prepared by U. DROBNIG and O. BÖGER, Sellier, 2015.
(1256) Tel était le thème du colloque « Réforme des sûretés » organisé par le CEDAG de
l'Université Paris Descartes les 11 et 12 juin 2015 et publié in RD bancaire et financier janv.-fév.
2016, p. 85 s. et mars-avr. 2016, comm. p. 81 s.
(1257) P. CROCQ, « Le gage, avec ou sans dépossession, après la loi de modernisation de l’économie
du 4 août 2008 et l’ordonnance du 18 déc. 2008 », Cahiers de droit de l’entreprise no 4, juill.-août
2009, chron. no 21.
(1258) Biblio. : P. CROCQ in Rép. civ. Dalloz, vo Gage ; Y. PICOD in Rép. com. Dalloz,
vo Nantissement.
(1259) M. CABRILLAC, J.-Cl. com., fasc. 370, 1993. Le gage commercial, Colloque de Droit et
commerce, Deauville, 10-11 juin 1994, RJ com., no spécial, nov. 1994.
(1260) M. CABRILLAC, op. cit., supra, nos 6-9 ; Cass. com., 23 oct. 1984, Bull. civ. IV, no 278 : « le
nantissement même consenti par un non-commerçant se constate conformément aux dispositions
de l’article 109 du Code de commerce, dès lors que, comme en l’espèce, il a été constitué en
garantie des engagements d’un commerçant envers un autre commerçant » : s’agissant d’un
« cautionnement réel », en l’espèce, l’article 1326 du Code civil, est écarté. Adde : Cass. com., 2 oct.
2001, n.p.B. ; JCP G 2002.I.120, no 8, obs. Ph. Delebecque ; Cass. com., 9 mai 2001, n.p.B. ; JCP G
2001.I.356, no 16, obs. Ph. Delebecque.
(1261) En pratique, une telle exigence ne pose pas de difficulté car un écrit sous seing privé est
toujours dressé.
(1262) V. affirmant que « l'article L. 521-1, alinéa 1er, du Code de commerce, qui n'a pas été
modifié par l'ordonnance nº 2006-346 du 23 mars 2006, permettant de constater par tous moyens
le gage commercial, rend inapplicable à ce dernier les dispositions de l'article 2336 du Code civil
qui subordonne la validité du gage à la rédaction d'un écrit », Cass. com., 17 févr. 2015, nº 13-
27080, D. 2015, p. 787, note N. Borga ; Act. proc. coll. 2015, nº 96, obs. G. Raoul-Cormeil ;
RTD civ. 2015, p. 437, obs. P. Crocq ; JCP G 2015, 604, nº 16, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 18-
19 mars 2015, p. 18, 216v5, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 99, obs.
Ph. Dupichot ; RDC 2015, p. 880, note M. Julienne, arrêt rejetant le pourvoi formé contre Orléans,
19 sept. 2013, RG nº 12/03536, Act. proc. coll. 2013, nº 234.
(1263) L. AYNÈS, « Le nouveau droit du gage », Dr. et patr. juill.-août 2007, p. 48 et s., spéc. p. 52.
Une réponse ministérielle rendue à propos du gage de véhicules automobiles ne semblait, cependant,
pas aller en ce sens puisqu'elle affirmait que la réglementation du droit commun du gage n'a vocation
à s'appliquer qu'à l'exclusion d'une réglementation spéciale, ce qui paraissait impliquer que les
parties ne puissent pas avoir le choix entre le gage de biens fongibles du Code civil et le gage de
stocks du Code de commerce (Rép. min., JOAN, 9 oct. 2007, p. 6172, Banque et droit, no 116, nov.-
déc. 2007, p. 62 et s., obs. F. Jacob ; RLDC nov. 2007, p. 31, obs. G. Marraud des Grottes). Une telle
déduction n'avait cependant rien d'évident car, replacée dans son contexte, cette réponse ministérielle
était justifiée par le fait que l'application de la règle spéciale permettait alors de conférer au
créancier un droit de rétention fictif qui, à l'époque, ne lui était pas octroyé en application du droit
commun du gage. Or, dans le cas du gage de stocks, c'est l'application de la réglementation spéciale
qui est défavorable au créancier et non l'inverse.
(1264) Paris, pôle 5, ch. 8, 3 mai 2011, RG 10/13656 ; RTD civ. 2011, 785, obs. P. Crocq.
(1265) Cass. com., 19 févr. 2013, no 11-21763, Dr. et patr. juill.-août. 2013, p. 96, obs. A. Aynès ;
JCP G 2013, 299, obs. A. Cerles ; RTD civ. 2013, p. 418, obs. P. Crocq ; D. 2013, p. 493, obs.
R. Dammann et G. Podeur ; JCP G 2013, 585, no 16, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 20-21 mars
2013, p. 22, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; D. 2013, p. 1176, obs. H. Guillou ; Act. proc. coll. 2013,
no 71, obs. E. Le Corre – Broly ; RD bancaire et financier mars-avr. 2013, comm. 59, obs.
D. Legeais ; RLDC avr. 2013, p. 35, obs. G. Marraud des Grottes ; D. 2014, p. 2143, obs.
D. R. Martin ; JCP G 2013, 539, n. N. Martial-Braz ; Gaz. Pal. 12-13 avr. 2013, p. 29, obs.
P. Pailler ; Banque et droit, no 148, mars-avr. 2013, p. 52, obs. N. Rontchevsky ; adde, à propos de
cet arrêt, L. D'AVOUT et F. DANOS, « Collisions de régimes juridiques en matière de sûretés réelles »,
Dr. et patr. juill.-août. 2013, p. 24 s. ; Ch. GIJSBERS, « L’exclusion du droit commun du gage par le
régime spécial du gage des stocks », RLDC avr. 2013, p. 26 ; V. LASBORDES-DE VIRVILLE, « L'avenir
incertain du gage de stocks du Code de commerce après l'arrêt du 19 févr. 2013 : à propos de
l'interdiction d'une soumission conventionnelle au gage du Code civil », Rev. proc. coll. juill.-août
2013, Étude 20.
(1266) La justification de cet arrêt imposant la réglementation spéciale du gage de stocks, en dépit de
ses multiples imperfections, se trouve dans les conclusions de Madame l'Avocat général Régine
Bonhomme qui explique ce choix par le fait que la prohibition du pacte commissoire (qui est la
principale caractéristique de ce régime spécial) présente une utilité lorsque le débiteur n'est pas
encore en procédure collective, cette utilité consistant à empêcher qu'une entreprise qui connaît ses
premières difficultés financières, sans être déjà en état de cessation des paiements, ne soit pas trop
facilement dépossédée de son stock par son créancier. L'argument n'est cependant pas totalement
convaincant, d'une part, parce que la solution inverse permettant le jeu du pacte commissoire aurait
eu l'avantage d'inciter fortement le débiteur à demander l'ouverture d'une procédure de sauvegarde
pour en paralyser l'effet, ce qui serait aller dans le sens de la volonté législative de faire en sorte que
les procédures collectives soient ouvertes le plus tôt possible et, d'autre part, parce que l'avantage
ainsi obtenu a peu de poids au regard des inconvénients résultant pour la pratique de l'impossibilité
de recourir au gage de droit commun dont la réglementation est beaucoup plus souple.
(1267) Paris, Pôle 5, Chambre 9, 27 févr. 2014, RG 13/03840, Dr. et patr. nov. 2014, p. 108, obs.
A. Aynès ; RLDC juill.-août 2014, p. 38, obs. J. Clavel-Thoraval ; D. 2014, p. 1613, obs. P. Crocq ;
JCP G 2014, doctr. 635, nº 19, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 4-5 juin 2014, p. 20, obs. M.-
M. Dumont-Lefrand ; D. 2014, p. 924, obs. Ch. Gijsbers ; Banque et droit, nº 155, mai-juin 2014,
p. 58, obs. N. Rontchevsky. Adde J.-F. ADELLE et E. GENTIL, « Gage de stock de droit commun en
faveur des banques », Banque et droit, nº 156, juill.-août 2014, p. 9 ; Y. BECKERS, « Quel gage pour
les établissements de crédit ? Gage de droit commun sans dépossession ou gage de stocks ? »,
RD bancaire et financier mai-juin 2014, p. 111 ; P. CROCQ, « Liberté contractuelle et constitution d'un
gage de stocks », RLDC suppl. nº 132, déc. 2015, p. 51. Comp., appliquant jusqu'à l'absurde la règle
suivant laquelle le fait d'être dans le domaine d'application potentiel d'une sûreté spéciale interdirait
de constituer une sûreté sur le terrain du droit commun et refusant la validité d'un gage de stock de
droit commun avec dépossession et entiercement, Amiens, 26 sept. 2013, RG 12/05024, JCP G 2014,
doctr. 635, nº 19, obs. Ph. Delebecque, arrêt qui, heureusement, a été cassé par Cass. com., 1er mars
2016, nº 14-14401, Gaz. Pal. 7 juin 2016, p. 72, obs. M. Bourassin ; RTD civ. 2016, p. 422, obs.
P. Crocq ; Gaz. Pal. 21 juin 2016, p. 36, obs. M.-P. Dumont-Lefrand.
(1268) Cass. Ass. plén., 7 décembre 2015, nº 14-18435, JCP G 2016, 57, note J.-J. Ansault et
Ch. Gijsbers ; RTD civ. 2016, p. 416, obs. P. Crocq ; Gaz. Pal. 16 février 2016, p. 30, 257q3, obs.
M.-P. Dumont-Lefrand ; RDC 2016, obs. M. Julienne ; Gaz. Pal. 12 janvier 2016, p. 22, 254q4, note
S. Piedelièvre ; Banque et droit, nº 165, janvier-février 2016, p. 84, obs. N. Rontchevsky ; adde :
P. PAILLER, « L'Assemblée plénière confirme l'absence d'option en faveur du gage de droit commun
pour l'établissement de crédit qui souscrit un gage de stocks », RLDC février 2016, nº 6115, p. 28.
(1269) Ord. nº 2016-56 du 29 janvier 2016 relative au gage des stocks, JO 30 janvier 2016 ; Dr. et
patr. mai 2016, p. 122, obs. A. Aynès ; RTD civ. 2016, p. 419, obs. P. Crocq ; RD bancaire et
financier mars-avr. 2016, comm. 71, obs. D. Legeais ; RLDC mars 2016, nº 6156, p. 32, obs.
G. Marraud des Grottes ; Banque et droit, nº 166, mars-avril 2016, p. 88, obs. N. Rontchevsky ;
adde : M. Béraud et A. Reygrobellet, « Des attraits, s'il en est, du nouveau gage des stocks du Code
de commerce », RLDC avr. 2016, p. 32 ; Y. BLANDIN, « La réforme du gage des stocks par
l'ordonnance no 2016-56 du 29 janvier 2016 », RD bancaire et financier juill.-août 2016, Étude 20,
p. 33 ; M. BOURASSIN, « Réforme du gage des stocks : de l'attraction à l'attractivité », Gaz. Pal. 8 mars
2016, p. 53, 259m9 ; J. CLAVEL-THORAVAL, « Ordonnance nº 2016-56 du 29 janvier 2016 relative au
gage des stocks : le régime spécial assure-t-il le financement par le stock sans compromettre la survie
de l'entreprise ? », RLDA, mars 2016, p. 8 ; Ch. JUILLET, « La réforme du gage de stocks », D. 2016,
p. 561 ; S. PIEDELIÈVRE, « La réforme du gage des stocks », Gaz. Pal. 16 février 2016, p. 11, 257y4 ;
J.-F. RIFFARD, « Bis repetita (non) placet », RD bancaire et financier mai-juin 2016, p. 26. Cette
ordonnance a été ratifiée par l'art. 51 sexies du projet de loi de modernisation de la Justice du
XXIe siècle, adopté en dernière lecture par l'Assemblée nationale le 12 juillet 2016, lequel en profite
pour réparer une erreur commise lors de la rédaction de l'ordonnance du 29 janvier 2016 et qui
aboutissait à ce que l'opposabilité du gage de stocks avec dépossession soit soumise, non seulement à
la dépossession du constituant, mais aussi, ce qui n'avait guère de sens, au fait que le tiers concerné
ait eu connaissance de cette dépossession (anc. art. L. 527-4 C. com.). Cette dernière exigence est
désormais supprimée.
(1270) Cass. com., 30 sept. 2008, no 07-12768, RTD civ. 2008, 701, obs. P. Crocq ; I. RIASSETTO,
« Constitution d’une sûreté portant sur un bien indisponible », RLDC juin 2009,3461 : « Mais
attendu... que l’indisponibilité d’une valeur mobilière, quand elle est simplement temporaire, ne
fait pas obstacle à son affectation en nantissement ». Comp. le raisonnement assez proche effectué
par la Cour de cassation pour admettre que des fonds souverains, inaliénables et insaisissables,
puissent, tout en conservant leur nature, faire l'objet d'un nantissement au motif que l'État concerné, en
consentant ce nantissement, n'a renoncé qu'en faveur du seul créancier nanti à se prévaloir de
l'immunité d'exécution attachée en principe à ces fonds : Cass. 1re civ., 5 mars 2014, nº 12-22406,
JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 17, obs. Ph. Delebecque.
(1271) V. l'art. L. 341-2, al. 2, C. rural (dans le cas du warrant agricole), l'art. L. 523-1 C. com. (dans
le cas du warrant hôtelier) et l'art. 1920-1 CGI (dans le cas du privilège du Trésor public).
(1272) Cass civ., 27 juin 1944, DC 1944. 93, note A. C. ; Cass. crim. 26 oct. 1960, Bull. crim.,
no 479.
(1273) V. sur cette question, A. HONTEBEYRIE, « Le gage sans dépossession etl 'immeuble par
destination », JCP N 2016, 1108.
(1274) V. l'art. L. 525-8, al. 2 C. com. dans le cas du gage d'outillage et de matériel d'équipement.
Adde, en ce sens, dans le cas du privilège de vendeur de meuble, Cass req., 9 juin 1847, DP 1847, 1,
248.
(1275) M. JULIENNE, « Les gages spéciaux : modèles pour le droit commun ? », D. 2016, p. 1266.
(1276) Solution retenue dans le cas des warrants agricoles et hôteliers (art. 2425, al. 7 C. civ., art.
L. 342-12 C. rural et art. L. 523-2, al. 7, C. com.)
(1277) Solution retenue dans le cas du privilège du Trésor public (art. 1920-1 C.G.I.) et du privilège
de vendeur de meuble (Cass. Req., 11 janvier 1887, DP 1887. 1. 394 ; S. 1887. 1 154, note
Demangeat).
(1278) Solution retenue dans le cas du gage d'outillage et de matériel d'équipement (art. L. 525-9, II,
C. com.).
(1279) V., en ce sens, Cass. com., 17 févr. 2015, nº 13-27080, préc., supra, nº 503. En effet, cet arrêt,
en dépit de ce qu'il affirme, à tort selon nous, que l'exigence d'un écrit n'est pas applicable dans le
cas d'un gage commercial, énonce également que « le bordereau d'inscription publié le 21 août 2009
au greffe du tribunal de commerce visait l'intégralité de la production des boîtes fromagères et des
matériaux nécessaires à leur production » et que la Cour d'appel « a pu en déduire que, ces
éléments renseignant utilement et valablement les tiers sur la nature, la qualité et la quantité
considérées, le gage était opposable aux tiers ». Or, s'il a pu être ainsi jugé que la référence à
l'intégralité d'une production est suffisante pour respecter l'exigence de la mention d'une quantité lors
de la publication d'un gage et pour en assurer l'opposabilité, il n'y a pas de raison pour qu'il en aille
différemment lorsque la mention d'une quantité est exigée ad validitatem.
(1280) Rappr. § 9-108 UCC : "A description of collateral as ‘all the debtor's assets’ or ‘all the
debtor's personal property’ or using words of similar import does not reasonably identify the
collateral."
(1281) Infra, no 505.
(1282) Cass. com., 26 mai 2010, no 09-65812, Bull. civ. IV, no 98 ; JCP E 2010, 1601, n. D. Legeais ;
Dr. et patr. sept. 2010, p. 94, obs. Ph. Dupichot ; RDC 2010, 1341, obs. A. Aynès ; RTD civ. 2010,
595, obs. P. Crocq ; JCP G 2011, 226, no 17, obs. Ph. Delebecque : « la substitution de nouvelles
marchandises de nature et de qualité différentes de celles initialement gagées ne peut résulter que
de l’exécution d’une clause de substtitution conventionnelle, résultant d’un accord de volontés des
parties, disposant que les biens gagés seront remplacés par le débiteur constituant par la même
quantité de choses équivalents ; [qu’] ayant relevé que la clause de substitution caractérisant le
“gage tournant” de la banque était valable, dès lors qu’elle s’appliquait à des marchandises
fongibles et qu’il ressortait, en outre, d’un accord antérieur aux livraisons revendiquées par la
société T. [vendeur sous réserve de propriété], entre le gagiste et sa débitrice, que les deux produits
litigieux, à savoir les noix de jambon livrées comme produits finis et les jambons livrés à affiner
pouvaient être assimilés pourvu que la valeur de chaque pièce soit identique, la cour d’appel... en
a exactement déduit que l’action en revendication intentée par la société T. se heurtait au principe
énoncé à l’article 2279 du code civil autorisant le créancier gagiste, possesseur présumé de bonne
foi, à invoquer son droit de rétention à l’égard du vendeur avec réserve de propriété ».
(1283) Mais la nullité du gage d’un bien appartenant à autrui est couverte lorsque le constituant du
gage est devenu propriétaire de ce bien avant l’exercice de l’action en nullité : v., dans le cas d’un
nantissement de fonds de commerce, Cass. com., 5 nov. 2002, Bull. civ. IV, no 159 ; JCP G
2003.I.124, no 18, obs. Ph. Delebecque.
(1284) Ex. : Cass. civ., 19 juin 1928, DP, 29.I.45 : « Le créancier gagiste a sur les choses
mobilières remises en gage un droit réel qui lui permet d’invoquer la maxime de l’article 2779,
al. 1, quand il est de bonne foi et que son nantissement est régulier ». En l’espèce, le débiteur avait
acquis par escroquerie les choses remises en gage ; le créancier gagiste voit son droit l’emporter sur
celui du propriétaire.
(1285) Cass. com., 14 nov. 1989, Bull. civ. IV, no 290 : le banquier gagiste bénéficiait de la
présomption édictée par l’ancien art. 2279 du C. civ. (devenu art. 2276), et « n’avait pas à effectuer
des vérifications ou des recherches que ni la loi ni les usages du commerce ne lui imposaient ».
Adde, dans le même sens, Cass. com., 26 sept. 2006, no 05-12177, JCP G 2006.I.195, no 16, obs.
Ph. Delebecque.
(1286) Cass. com., 28 nov. 1989, Bull. civ. IV, no 300, Defrénois 90, art. 34809, no 73, n. L. Aynès :
des graines, vendues avec réserve de propriété, avaient été entreposées dans un silo géré par un
tiers ; elles furent ensuite données en gage au Crédit Lyonnais, mais continuaient à être détenues, pour
le compte du Crédit Lyonnais, par l’entrepositaire. Jugé que le Crédit Lyonnais l’emporte sur le
vendeur propriétaire, car la dépossession par remise à un tiers a été suffisamment apparente et que la
preuve de la mauvaise foi de la banque n’était pas rapportée. Contre-épreuve : Cass. com., 13 févr.
1990, Bull. civ. IV, no 45, Defrénois 90, art. 34809, no 73, n. L. Aynès : l’entrepositaire n’a jamais été
payé par le gagiste, il a continué à détenir pour l’acheteur, si bien que le gagiste n’est pas entré en
possession. Adde : Cass. com., 5 avr. 1994, Bull. civ. IV, no 146 : le vendeur avec réserve de
propriété l’emporte sur le gagiste sans dépossession.
(1287) Cass. civ., 11 mai 1898, DP, 98.I.504 : « La disposition exceptionnelle édictée par
l’article 2280 est restreinte par les termes mêmes de cet article à l’acheteur ; elle ne saurait, dès
lors, être étendue au créancier gagiste ».
(1288) V. faisant application de l'art. 2276 C. civ. au profit d'un créancier gagiste en conflit avec le
bénéficiaire d'une réserve de propriété et affirmant « qu'aucune obligation ne pèse sur les banques,
en leur qualité de créancier gagiste, de vérifier, lors de la constitution du gage, que les
marchandises litigieuses ne sont pas grevées d'une clause de réserve de propriété » : Cass. com.,
11 sept. 2012, no 11-22240, RTD civ. 2012, p. 755, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. févr. 2013, p. 92, obs.
Ph. Dupichot.
(1289) V. implicitement en ce sens Rép. min. no 16491, JOAN Q, 29 avr. 2008, p. 3667.
(1290) V., déjà en ce sens, avant la réforme du droit des sûretés, et affirmant que « la nullité
résultant de ce que le gage n'a pas été consenti par le véritable propriétaire du bien est une nullité
relative, dont seul peut se prévaloir le créancier gagiste », Paris, 2 oct. 1987, Banque, no 478, déc.
1987, p. 1208 et s. Adde, également en ce sens après la réforme du droit des sûretés et dans le cas
d'un conflit entre un créancier gagiste et un vendeur se prévalant de l'application d'une clause de
réserve de propriété, Poitiers, 11 janv. 2011, RG nº 09/02106, Act. proc. coll. 2011, nº 305.
(1291) V., infra, nº 663. Rappr. le nouvel art. 11, al. 2 et 3, du nouveau chapitre du Code civil belge
relatif au gage, issu de la loi du 11 juill. 2013 et dont l'entrée en vigueur est fixée au 1er janv. 2017 :
« Si la convention est conclue pour une durée indéterminée, le constituant du gage peut y mettre
fin moyennant un préavis de minimum trois mois et maximum six mois. Sauf convention contraire,
lorsque la convention de gage prend fin par l’expiration de la durée ou par un préavis, le gage
s’étend uniquement à la garantie des créances qui existent au moment où le contrat prend fin. »
(1292) V. Les biens, coll. Droit civil ; G. CUNIBERTI, « Le gage-espèces (de l’accession en matière
monétaire) », LPA, 5 nov. 1999, no 221, p. 4.
(1293) Ce dépôt de garantie étant une sûreté, son bénéfice doit se transmettre automatiquement avec
la créance qu'il garantit en cas de cession de bail, ce qui implique que l'obligation de restitution du
dépôt de garantie en fin de bail pèse sur le nouveau propriétaire du bien loué. La jurisprudence avait
initialement affirmé le contraire en matière de bail d'habitation (Cass. 3e civ., 25 févr. 2004 nº 02-
16589), mais elle a été brisée en 2009 par une réforme législative (nouv. art. 22, al. 6 L. 6 juill. 1989
affirmant que l'obligation de restitution pèse sur le nouveau bailleur). La Cour de cassation est depuis
allée dans le sens de la transmission du dépôt de garantie en affirmant que le nouveau propriétaire ne
peut exiger du preneur qu'il le reconstitue à son profit alors même que l'acte de vente ne contenait
aucune disposition relative au sort du dépôt de garantie, ce qui sous-entend que ce dépôt a dû, ou à
tout le moins aurait dû, lui être transmis (Cass. 3e civ., 26 mars 2014, nº 13-10698, RDC sept. 2014,
110t8, p. 400, note R. Boffa ; D. 2014, p. 1612, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 16, obs.
Ph. Delebecque ; RDC déc. 2014, 111a7, p. 663 note M. Julienne ; JCP E 2014, 1351, nº 11, obs. J.-
B. Seube). Lorsque c'est le droit au bail qui est transmis à un repreneur de l'entreprise du preneur à
bail en liquidation judiciaire, le bailleur peut se prévaloir de la compensation des dettes connexes
pour obtenir le paiement des loyers impayés à concurrence du dépôt de garantie et ce dernier doit
ensuite être reconstitué par le repreneur entre les mains du bailleur : TGI Paris, 18e ch., 1re sect.,
20 janv. 2015, RTD com., 2015, p. 47, obs. F. Kendérian.
(1294) Cass. com., 3 juin 1997, Bull. civ. IV, no 165 ; D., 98.61, n. J. François ; JCP G, 97.II.22891,
rapp.Rémery : la Cour de cassation décide : 1) que les actes constitutifs de la sûreté (somme
productive d’intérêts remise par le client à sa banque) dispensaient la banque en cas de non-paiement
à l’échéance, de son obligation de restituer ; 2) que les sommes d’argent étaient devenues la propriété
de la banque à titre de garantie ; 3) que la créance de la banque s’est trouvée éteinte, dès avant
l’ouverture de la procédure collective du débiteur, par voie d’une compensation conventionnelle. En
l’espèce, la compensation conventionnelle avait été expressément prévue par les parties mais la
solution aurait été identique en l’absence d’une telle stipulation expresse car la compensation est le
mode normal de réalisation des fiducies-sûretés ; Cass. com., 17 mai 1994, Bull. civ. IV, no 178 ; D.,
95.124, n. Ch. LARROUMET : « dès l’instant de leur remise à la COGEMCO (bailleur) ou à son
syndic, les sommes déposées à titre de garantie de l’exécution de ses obligations par le locataire-
gérant sont devenues, en raison de leur nature fongible, la propriété de la COGENCO à l’égard de
laquelle M. B. (locataire) ne disposait plus que d’un droit de créance »... M. CABRILLAC, « Les
sûretés conventionnelles sur l’argent », Mélanges Derruppé, Litec, 1991, p. 333 et s. : l’auteur
critique justement la notion traditionnelle de « gage irrégulier », faussement analogue à celle de dépôt
irrégulier (v. Les contrats spéciaux, coll. Droit civil) ; P. CROCQ, Propriété et garantie, nos 305 et
306, th. citée, supra, no 406.
(1295) En conséquence, il a pu être jugé que ce gage était soumis à l'obligation d'enregistrement
énoncée par l'ancien art. 2074 C. civ. : Cass. com., 23 avr. 2003, RD bancaire et financier 2003,
p. 291, obs. A. Cerles ; JCP G 2003.I.176, no 19, obs. Ph. Delebecque ; JCP G 2003.II.10140,
n. D. Schmidt et M. Delespaul.
(1296) Dans ce cas, il s'agit d'un véritable transfert de propriété à titre de sûreté de la somme donnée
en garantie selon Cass. com., 6 févr. 2007, no 05-16649, RTD civ. 2007, p. 373, obs. P. Crocq ; RDC
2008, p. 425, obs. A. Aynès.
(1297) Cass. com., 9 avr. 1996, Bull. civ. IV, no 116 ; D. 1996.399, n. Ch. Larroumet ; RTD civ.
1996.669, n. P. Crocq : « n’est pas prohibé par l’article 2078 du Code civil la stipulation
d’attribution d’un gage constitué en espèces par le créancier, à due concurrence du défaut de
paiement à échéance » ; rejetant le pourvoi contre : Paris, 4 mai 1993, Bull. Joly, 1993.864 : « par
sa nature, le gage constitué en espèces ne soulève aucune difficulté quant à la fixation du juste
prix et rend donc inutiles les deux modes classiques de réalisation du gage... ; les dangers du
pacte commissoire étant en l’espèce inexistants... » ; Cass. com., 9 mai 2001, n.p.B. ; JCP G
2001.I.356, no 16, obs. Ph. Delebecque ; T. com., Paris, 8 oct. 1990, RD banc. 1991.97, no II, obs.
Credot et Gérard ; v. infra, no 516.
(1298) V. CABRILLAC-MOULY-PÉTEL, no 772.
(1299) En ce sens, A. AYNÈS, chron. RDC 2008-1.
(1300) D. DOISE, « Nantissement de monnaie, de comptes et de valeurs mobilières », in Le gage
commercial, Colloque, préc., supra, no 503, note no 17. M. CABRILLAC, article préc., no 13 ; infra,
no 525.
(1301) V. supra, no 503 ; M. CABRILLAC, op. cit., supra, note 21, no 25.
(1302) Cass. com., 8 déc. 1987, Défrénois 88, art. 34223, no 27, p. 480, n. L. Aynès ; n.p.B. : « Le
privilège du créancier gagiste en matière civile n’a lieu qu’à l’égard du tiers qu’autant qu’il y a,
d’une part, un acte authentique ou un acte sous seing privé dûment enregistré et, d’autre part,
mise en possession du créancier, celle-ci s’opérant, en ce qui concerne les titres nominatifs, par le
transfert sur les registres de la société... ; la réalisation de cette seconde condition n’a pas pour
effet de dispenser de l’exigence de la première » ; en l’espèce, le nantissement des actions avait fait
l’objet d’un transfert, mais l’acte sous seing privé n’avait pas été enregistré ; il est déclaré
inopposable aux tiers. La solution est aujourd’hui dépassée, en ce qui concerne les actions
nominatives, qui ont été dématérialisées (infra, no 520). Mais elle conserve sa force à l’égard des
autres gages.
(1303) La date portée sur le bordereau s’impose sauf contestation, auquel cas l’établissement de
crédit doit prouver par tous moyens l’exactitude de celle-ci.
(1304) Infra, no 537.
(1305) V., supra, nº 503.
(1306) Cass. civ., 18 mai 1898, DP, 00.I.481 ; S., 98.I.433, n. Ch. LYON-CAEN : « En droit, le contrat
de gage étant un contrat réel, il est de l’essence même de ce contrat que la chose donnée en gage
soit mise en la possession du créancier ou d’un tiers convenu ; l’accomplissement de cette
condition est nécessaire entre les parties elles-mêmes pour que le créancier puisse se prévaloir
des effets du contrat à l’encontre de son débiteur ». Cf. aussi Cass. civ., 21 mars 1938, DH,
38.257 ; Cass. com., 12 nov. 1958, Bull. civ. III, no 387 ; Cass. civ. 1re, 6 janv. 1994, Bull. civ. I, no 4 ;
Defrénois 1994, art. 35897, no 137, n. L. Aynès.
(1307) Cass. com., 7 juill. 1998, JCP G, 98.II.10206, n. D. Salvat : le fait pour l’acheteur de vins
primeurs de laisser la marchandise entre les mains du vendeur, « ne démontre pas que [l’acheteur] a
entendu constituer un gage, le simple fait de ne pas procéder au retrait du vin à la date convenue
étant impuissant à établir sa volonté de l’affecter en garantie ».
(1308) MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, no 79 bis ; MAZEAUD-CHABAS, no 66.
(1309) M. N. JOBARD-BACHELIER, « Existe-t-il encore des contrats réels en droit français ? », RTD civ.
1985, p. 1-62, sp. no 45.
(1310) V. Les biens, coll. Droit civil.
(1311) PLANIOL et RIPERT, XII, 2e éd., 1953, LGDJ, par Becqué, no 86.
(1312) Ex. : Les créanciers saisissant cet objet, ou les créanciers en cas de « faillite » (saisie
collective), ou un acquéreur...
(1313) Cass. Req., 29 déc. 1875, DP, 76.I.219 ; S., 76.I.109 : « Il est de l’essence (du gage) que la
mise en possession du créancier soit un fait apparent, d’une notoriété suffisante pour avertir les
tiers que le débiteur est dessaisi et que l’objet engagé ne fait plus partie de son actif libre » ; cf.
aussi Cass. com., 5 févr. 1979, Bull. civ. IV, no 49 ; D., 80, IR, 55, n. Vasseur.
(1314) Infra, nos 518 et s.
(1315) Infra, no 509.
(1316) Sur les différents modes de dépossession, v. M. CABRILLAC, J.-Cl. com., fasc. 370, 1993,
nos 42-48.
(1317) En pratique, le constituant loue tout ou partie du local où se trouvent les biens gagés au tiers
détenteur afin de pouvoir lui conférer la possession de ces biens sans les déplacer et cette forme de
dépossession permet de rendre le gage avec entiercement opposable aux tiers selon la jurisprudence.
Il peut, toutefois, en aller différemment dans le cas où le constituant n'est pas propriétaire de ce local
et qu'il n'en est que le locataire. Dans ce cas, si son contrat de bail contient une clause interdisant la
sous-location, la Cour de cassation considère que le gage avec entiercement a été constitué en fraude
des droits du bailleur et qu'il ne peut donc pas être opposé à une saisie des biens gagés par le
bailleur : Cass. com., 23 sept. 2014, nº 12-26203, JCP G 2015, 604, nº 17, obs. Ph. Delebecque ;
Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 23, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; RD bancaire et financier 2015, comm
nº 11, obs. D. Legeais.
(1318) Cass. com., 12 janv. 2010, Dr. et patr. sept. 2010, p. 94, obs. Ph. Dupichot ; RDC 2010, 1336,
obs. A. Aynès ; D. 2011, 410, obs. P. Crocq.
(1319) « Mais attendu que l'arrêt relève, pour les marchandises entreposées dans les locaux des
sociétés STEF et LFE, qu'aucune mention relative à des droits particuliers sur les marchandises
n'était affichée ni sur la porte d'accès, ni à l'intérieur de ces locaux et que l'accès à la chambre
froide et la manipulation des marchandises sur les racks ne faisaient l'objet d'aucune restriction,
ni d'aucun système de sécurité ; qu'il relève ensuite, pour les marchandises entreposées dans les
locaux de la société Sovaleg, qu'elles étaient stockées dans une chambre froide accessible à tout le
personnel, sans système de sécurité, que six racks métalliques à l'intérieur de l'entrepôt portaient
le panneau “Magasin prêté à usage Auxiga” mais que leur manipulation restait matériellement
possible puisque la chaîne censée en interdire l'accès n'était pas fixée par un cadenas et
qu'aucune autre mention relative à des droits particuliers sur des marchandises n'était affichée, ni
sur la porte d'accès à la chambre froide, ni à l'intérieur et que la procédure prévoyant que deux
employés de la société Sovaleg avaient qualité pour intervenir sur les racks A à F après
déclaration ou demande d'autorisation à la société Auxiga, à la supposer respectée, ne suffisait
pas pour matérialiser la dépossession puisque la société débitrice gardait la maîtrise des
marchandises dès lors qu'une simple déclaration au tiers était considérée comme suffisante ; qu'il
en déduit que rien ne permettait d'identifier et d'isoler, de manière non équivoque, les
marchandises effectivement remises en gage et d'assurer la publicité de leur dépossession, de
sorte que le gage obtenu par les banques, dont la dépossession ne s'était pas manifestée de
manière non équivoque, ne primait pas le droit du vendeur avec réserve de propriété » Cass. com.,
8 avr. 2015, nº 14-13787, RTD civ. 2015, p. 665, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 101, obs.
Ph. Dupichot ; RLDC juin 2015, p. 36, obs. E. Pouliquen, et sept. 2015, p. 31, note J.-J. Ansault. Sur
la notion de dépossession en matière de gage avec entiercement, v. J.-F. QUIEVY, « De la dépossession
entre les mains du créancier gagiste », Mél. Didier R. Martin, LGDJ, 2015, p. 527.
(1320) Si le débiteur disposait du bien sans respecter les conditions prévues dans l'acte constitutif du
gage, et notamment en ne requérant pas l'autorisation préalable du créancier pouvant être exigée par
l'acte constitutif, il se rendrait coupable du délit de détournement de gage : Cass. crim., 19 nov. 2014,
nº 13-84841, Rev. Sc. crim. 2015, p. 97, obs. H. Matsopoulo.
(1321) Ce droit de rétention l’emporte sur le conservateur, même si la créance de celui-ci est
antérieure au nantissement : Cass. com., 26 févr. 1991, Bull. civ. IV, no 88.
(1322) Infra, no 678.
(1323) Supra, no 508.
(1324) Une solution similaire a été retenue par le nouveau droit belge du gage, issu de la loi du
11 juill. 2013 entrant en vigueur le 1er janv. 2017, qui prévoit, d'une part, que « sauf convention
contraire, le constituant du gage peut librement disposer du bien dans le cours normal de ses
affaires » et, d'autre part, que le droit de suite du créancier gagiste n'est pas opposable aux tiers si le
constituant était ainsi habilité à disposer du bien gagé ou si le tiers-acquéreur est un consommateur
(art. 21, 24 et 25 du nouveau titre XVII du Code civil relatif aux sûretés réelles mobilières). Rappr.
l'art. 34 de la loi modèle sur les opérations garanties adoptée par la CNUDCI à Vienne le 3 juillet
2016 qui, s'inspirant des § 9-315 (réservant le cas où le créancier a autorisé le constituant à disposer
du bien) et 9-320 UCC (relatif au "buyer in ordinary course of business" et au "buyer of consumer
goods"), énonce dans son al. 2 que « une sûreté réelle mobilière cesse de grever un bien que le
constituant vend ou dont il dispose d’une autre manière, si le créancier garanti autorise cette
vente ou cet autre acte de disposition du bien libre de la sûreté » et dans son alinéa 4 que
« l’acheteur d’un bien meuble corporel vendu dans le cours normal des affaires du vendeur prend
le bien libre de la sûreté réelle mobilière, à condition qu’au moment de la conclusion du contrat
de vente, il ne sache pas que celle-ci viole les droits du créancier garanti découlant de la
convention constitutive de sûreté ». Rappr. également, car procédant d'un raisonnement similaire,
l'admission par la Cour de cassation de ce que le bailleur ne soit pas appelé à concourir à un acte de
sous-location lorsque cette sous-location constitue l'objet même de l'activité du locataire
(Cass. 3e civ., 15 avr. 2015, nº 14-15976).
(1325) Cass. com., 3 juin 2008, no 07-12017 et 07-15228, Bull. civ. IV, no 114 ; RTD civ. 2008,
p. 701, obs. P. Crocq ; RDC 2009-1, obs. A. Aynès : « l’attribution judiciaire du bien donné en
nantissement est indépendante de l’ordre dans lequel les différents privilèges s’exercent sur le
prix en cas de vente de ce bien » ; en l’espèce, les nantissements successifs portaient sur des parts
de société civile et ne comportaient donc pas de droit de rétention.
(1326) Ceci fait naître une créance de restitution au bénéfice du constituant du gage laquelle peut
faire l’objet d’une saisie dans le cas d’un gage-espèces : Paris, 4 sept. et 27 nov. 2001, JCP G
2002.I.120, no 10, obs. Ph. Delebecque.
(1327) Cass. com., 3 déc. 1957, Bull. civ. III, nº 331.
(1328) V. en matière de nantissement d’une assurance-vie exprimée en unités de compte nécessitant
des arbitrages : ** Cass. com., 12 juill. 2005, Bull. civ. IV, no 175 ; Rapport Cour Cassation 2005,
p. 325 ; D. 2005, 2142, obs. X. Delpech ; JCP 2005.I.185, no 17, obs. Ph. Delebecque : « la
dépossession, qui fait perdre au constituant une partie de ses prérogatives sur la chose donnée en
gage, ne les confère pas pour autant au créancier nanti, qui dispose, en sa qualité de dépositaire
de cette chose jusqu’à sa restitution, du seul pouvoir de la garder et conserver sans acquérir celui
d’en user ni de l’administrer ; » ; jugé qu’en l’absence de clause restrictive des pouvoirs du
constituant ou d’une clause expresse l’y autorisant, le créancier commet une faute s’il s’oppose à
l’exécution des ordres donnés par le constituant souscripteur.
(1329) V. par exemple le transfert de la faculté d’exercer le rachat attachée au contrat d’assurance-
vie ; la clause est licite et ne constitue pas un pacte commissoire : Cass. civ. 1re, 28 févr. 2006,
Bull. civ. I, no 102 ; 4 déc. 2001, RGDA 2002, 164.
(1330) Supra, no 504.
(1331) Infra, no 537 ; sur la nature de cette possibilité rapprochée du quasi-usufruit, Ph. STOFFEL-
MUNCK, R. PAROLAI, et F. ARMAND, « Les sûretés en matière financière projetées dans une ère nouvelle
par la directive Collateral ; L’introduction du droit d’utilisation : le re-use à la française, une “quasi-
propriété” ? », Banque et droit, no 104, nov.-déc. 2005, p. 3. Comp. P.-G. MARLY, « De quelques
avatars du gage de compte d'instruments financiers », Banque et droit, no 103, sept.-oct. 2005,
p. 32 et s. ; I. RIASSETTO, « Le droit d'utilisation du créancier bénéficiaire d'une garantie financière »,
JTL no 7, 1/2010, p. 16 et s., nos 44 et s. L'objectif poursuivi par la consécration du re-use a été
d'améliorer la liquidité des marchés financiers (considérant 19 de la directive 2002/47/CE du
6 juin 2002), la réutilisation des mêmes actifs remis en garantie pour réaliser plusieurs gages
successifs permettant d'éviter leur immobilisation au service du remboursement d'une seule créance
et donc de diminuer le coût global des garanties financières. Un tel mécanisme (réglementé par les
art. R. 214-19, II, R. 214-85, III, et R. 214-189 CMF ainsi que par les art. 411-32 et 411-33 RG
AMF) est notamment utilisé dans le cas du financement de l'activité d'un organisme de placement
collectif par une banque d'investissement agissant à titre de prime broker (J. L'HOMME et CH. CAFFARD,
« Garanties financières et gestion collective », RD bancaire et financier janv.-févr. 2007, p. 96 et s.).
Ce droit de réutilisation doit être suffisamment encadré par le législateur car il fait naître un risque
systémique (§ 7.3 du Livre vert de la Commission européenne en date du 19 mars 2012 relatif au
système bancaire parallèle). En effet, « l’exercice de ce droit fait courir au constituant un risque,
celui de la défaillance du créancier gagiste dans son obligation de restitution, défaillance elle-
même due peut-être à celle du tiers contractant. Et plus longue est la chaîne d’utilisation des
avoirs, plus grand est le risque », I. RIASSETTO, préc., no 3). Un tel risque s'est notamment manifesté
lors de l'ouverture d'une procédure collective à l'encontre de Lehman Brothers International Europe
qui avait une activité importante de Prime Brokerage (S. PRAICHEUX, vo Sûretés financières,
Rép. sociétés Dalloz, 2010, no 101).
(1332) Le nouveau droit belge du gage, issu de la loi du 11 juill. 2013 entrant en vigueur le 1er janv.
2017, règlemente d'une manière beaucoup plus détaillée les conséquences d'une modification du bien
par le constituant en prévoyant que le gage grève le bien issu d'une transformation autorisée du bien
gagé (sous réserve d'une application des règles de l'accession mobilière lorsque des biens
appartenant à des tiers ont été utilisés à l'occasion de cette transformation), que l'immobilisation d'un
bien gagé n'affecte pas le droit du créancier d'être payé par préférence sur le produit de ces biens et
que la confusion de biens fongibles gagés n'affecte pas le gage qui s'exerce alors sur l'ensemble des
biens confondus (art. 18 à 20 du nouveau titre XVII du Code civil relatif aux sûretés réelles
mobilières).
(1333) V., sur cette question et à propos des exceptions apportées à ce principe dans le cas des gages
spéciaux qui pourraient inspirer une réforme du gage de droit commun, M. JULIENNE, « Les gages
spéciaux : modèles pour le droit commun ? », D. 2016, p. 1266, spéc. nº 11.
(1334) Le droit français n'interdit pas de prévoir dans une pareille hypothèse une « clause de
dépossession conservatoire » permettant au créancier d'exiger que le bien lui soit remis, alors que le
nouveau droit belge du gage, lui, l'interdit expressément (art. 22 du nouveau titre XVII du Code civil
relatif aux sûretés réelles mobilières).
(1335) Il ne s’agit que d’une faculté et non d’une obligation : le créancier n’est obligé ni de demander
l’attribution judiciaire du gage (Cass. com., 3 nov. 1983, JCP G 1984.II.20234, n. J. Mestre), ni d’en
demander la réalisation par une vente forcée (Cass. com., 10 oct. 2000, Bull. civ. IV, no 151 ;
JCP G 2001.I.315, no 18, obs. Ph. Delebecque ; RD banc. 2000, no 224, obs. J. Legeais).
(1336) Le nouveau droit belge du gage, issu de la loi du 11 juill. 2013, a retenu une solution
différente en autorisant le créancier gagiste à vendre le bien de gré à gré à la condition, toutefois, que
le constituant du gage ne soit pas un consommateur, que la réalisation du bien soit « effectuée de
bonne foi et de manière économiquement justifiée », que la réalisation du gage et ses modalités
soient notifiées au moins dix jours à l'avance au constituant du gage ainsi qu'à un éventuel autre
créancier gagiste ou saisissant, que le vente soit réalisée sous le contrôle d'un huissier et que le
créancier gagiste ne soit pas acquéreur du bien (art. 47 à 56 du nouveau titre XVII du Code civil
relatif aux sûretés réelles mobilières).
(1337) L’obligation de recourir à une expertise avait été atténuée par la jurisprudence : elle était
écartée lorsque le créancier ne l’avait pas demandée immédiatement, admettant « implicitement mais
nécessairement » la valeur nominative du bien (en l’espèce, des actions : Cass. com., 15 nov. 2005,
Bull. civ. IV, no 228.
(1338) Ph. DELEBECQUE, « L’attribution du bien, l’originalité du gage commercial », in Colloque
de Deauville, cité, supra, no 503, note no 14 ; Cass. com., 3 nov. 1983, JCP G, 84.II.20234,
n. J. Mestre ; n.p.B. : « le créancier gagiste n’est pas tenu de demander l’attribution judiciaire du
gage ».
(1339) Cass. com., 6 mars 1990, Bull. civ. IV, no 67 ; D., 90.311, n. Derrida, JCP E, II.15815,
n. Amlon ; RD banc., 1990.173, obs. Campana et Calendini ; V., sous l’empire de la loi de 1967,
Cass. com., 12 févr. 1979, Bull. civ. IV, no 58 ; D., 79.354, n. crit. F. Derrida ; JCP G, 80.II.19316, n.
app. Chartier ; Rev. jur. cons. 79.298, n. J. Mestre ; * 4 mai 1981, sté UFB, Bull. civ. IV, no 199 ; D.,
81.489, n. crit. Derrida, 1re esp. ; 31 janv. 1983, Bull. civ. IV, no 43 ; Defrénois 83, article 33144,
no 97, p. 1220, n. Aubert. Certains juges du fond avaient résisté à cette jurisprudence, notamment
Lyon, 4 nov. 1982, D., 83.199, n. crit. F. D. ; Defrénois 83, article 33093, no 59, p. 839, n. Aubert sur
renvoi de Cass. com., 4 mai 1981, préc. Mais l’Assemblée plénière a cassé l’arrêt de la cour
de Lyon : ** Ass. plén., 26 oct. 1984, sté UFB, Bull. cass. Ass. plén., no 6 ; D., 85.33, concl.
J. Cabannes, n. crit. F. Derrida ; JCP G, 85.II.20342, rapp. Viennois, n. Corlay.
(1340) Cass. com., 6 mars 1990, cité supra ; sur le jeu de l'ancien art. L. 621-32 du C. com. en cas de
liquidation de biens, v. supra, no 465.
(1341) Cass. com., 6 janv. 1998, Bull. civ. IV, no 9 : « la cour d’appel a exactement retenu que tout
créancier nanti peut demander l’attribution judiciaire du gage même non assorti d’un droit de
rétention et que le superprivilège des salaires ne peut faire obstacle à cette attribution ».
(1342) * Cass. com., 31 mars 1960, aff. du Crédit Lyonnais, Bull. civ. III, no 211 ; D., 60.601, n.
Guyon ; JCP G, 60.II.11676, n. Nectoux ; RTD civ., 60.502, n. Solus. « L’article 93, C. com. [devenu
aujourd’hui l’art. L. 521-3], laisse au créancier gagiste la faculté de faire ordonner en justice
conformément aux dispositions de l’article 2078 du Code civil, que le gage lui demeurera acquis
en payement jusqu’à due concurrence d’après une estimation faite par experts. »
(1343) Arrêts cités, supra, à propos de la faculté d’attribution judiciaire en cas de « faillite » du
constituant du gage ; l’arrêt préc. du 4 mai 1981 précise : « l’attribution du gage n’est pas
subordonnée à l’existence d’un droit de rétention » ; cf. aussi dans la même affaire, l’arrêt de
l’Assemblée plénière du 26 oct. 1984 : « À défaut de disposition contraire, l’attribution judiciaire
du gage est offerte au créancier titulaire d’un nantissement sur outillage et matériel d’équipement
qui ne poursuit pas la réalisation du bien grevé » ; cf. Y. CHARTIER, JCP G, 1980.II.19316, nos 18-
21 ; Contra, F. DERRIDA, D. 1979.354 ; D. 1985.33.
(1344) Cass. com., 6 janv. 1998, Bull. civ. IV, no 9 : attribution judiciaire d’un fonds de garantie ;
Cass. com., 5 mars 1985, Bull. civ. IV, no 86 : « Le créancier gagiste pouvant, à défaut de paiement,
faire ordonner en justice que le bien grevé lui soit attribué jusqu’à due concurrence, c’est à bon
droit que la cour d’appel a décidé qu’à défaut de disposition contraire, l’attribution judiciaire
était offerte au créancier titulaire d’un nantissement sur marché de travaux privés ». Cass. com.,
28 avr. 1987, Bull. civ. IV, no 96 ; D., 88, som., 5.73, n. crit. Derrida.
(1345) Supra, no 510.
(1346) * Cass. com., 4 mai 1981, sté BCT, Bull. civ. IV, no 202 ; D., 81.489, 2e esp., n. crit.
F. Derrida : « l’opposition par laquelle est revendiqué l’un des privilèges énumérés par
l’article 190 (du Code des marchés publics) expose le créancier nanti, tant qu’il n’a pas encaissé
le prix des marchés, à subir le droit de préférence des créanciers titulaires d’un privilège
préférable au sien et l’empêche par conséquent d’invoquer l’application de l’article 2078 » ;
cf. D. MARTIN, « Les droits du créancier bénéficiaire de marché public », RTD com. 1977.43 et s. Le
nantissement de marchés publics est aujourd’hui régi par les articles 106 et s. du CMF.
(1347) DERRIDA, GODÉ, SORTAIS, no 346 ; DELEBECQUE, article préc., supra, no 412, no 40, no 8 ;
Cass. com., 6 mars 1990, cité supra.
(1348) Cass. com., 14 oct. 1997, Bull. civ. IV, no 265 ; D., 98, som., 105, n. Piedelièvre.
(1349) DERRIDA, GODÉ, SORTAIS, no 446 ; RIPERT et ROBLOT, no 3262 ; DELEBECQUE, no 24.
(1350) Cette intention est obscure. D’abord, nulle part l’ancien article 2078 du C. civ., n'a été écarté
par la loi de 1985 ; seules les règles de l’arrêt des poursuites conduisent à cette solution. Ensuite,
rien n’empêche de lire l’art. L. 642-20-1, al. 2, C. com., en faisant abstraction des autres alinéas ;
rien n’interdit non plus de considérer qu’il applique, dans le cas précis d’un gage avec dépossession
pour lequel le liquidateur dispose d’une option (retrait ou vente), la règle du droit commun ; en
l’absence de cet al. 2, aurait-on admis l’attribution judiciaire ? De plus, l'art. L. 642-20-1, dans ses
versions précédentes, était mal rédigé : s’il s’appliquait au seul droit de rétention, pourquoi viser
« les biens constitués en gage par le débiteur ou la chose retenue » (ancien al. 1) ?
(1351) Cass. com., 6 mars 1990, 2 arrêts, cité supra : « à défaut de disposition contraire,
l’attribution judiciaire du gage est offerte au créancier titulaire d’un nantissement sur l’outillage
et le matériel d’équipement qui ne poursuit pas la réalisation du bien grevé ». Dans l’un des deux
arrêts, le liquidateur invoquait également, en vain, la priorité reconnue aux créanciers de l’art.
L. 621-32 : l’attribution judiciaire n’est pas un paiement prioritaire.
(1352) Cass. com., 5 avr. 1994, Bull. civ. IV, no 146.
(1353) Cass. com., 28 janv. 1997, Bull. civ. IV, no 32 ; Defrénois 97, art. 36703, no 162, obs. Aynès.
(1354) G. WIEDERKEHR, « Pacte commissoire et sûretés conventionnelles », Ét. Jauffret, LGDJ, 1974,
662-674. Ph. DELEBECQUE, rapp. cité, supra, note 72.
(1355) Mais la nullité est relative : Cass. com., 5 oct. 2004, Bull. civ. IV, no 176 et partielle ; v. cep.
Cass. civ. 1re, 16 mars 1983, Bull. civ. I, no 100.
(1356) Infra, no 750 et s.
(1357) Infra, no 687.
(1358) Cass. civ. 1re, 17 nov. 1959, Bull. civ. I, no 480 ; D., 60, som., 37 ; Gaz. Pal., 60.I.62 : « Il n’y
a pacte commissoire prohibé par l’article 2078 que si c’est au moment où le nantissement est
constitué pour la garantie d’un prêt qu’une clause du contrat autorise le créancier à s’approprier
le gage ou à en disposer sans les formalités légales » ; en l’espèce, le pacte commissoire avait été
stipulé lors d’un renouvellement du prêt ; il fut déclaré licite.
(1359) Cass. civ. 1re, 26 déc. 1961, Bull. civ. I, no 622 : l’article 2088 « qui interdit à peine de
nullité de stipuler qu’à défaut de payement de la dette au terme convenu, le créancier deviendra
propriétaire de l’immeuble remis en antichrèse ne peut être étendu hors de ses limites » ; des cours
d’appel avaient, antérieurement, décidé le contraire : Nancy, 13 nov. 1952, D., 53.12 ; Paris, 22 mars
1955, JCP G, 55, éd. N., no 8681, n. Gougelot.
(1360) Infra, no 527.
(1361) V. à propos des gages-espèces, Cass. com., 9 avr. 1996, cité supra, no 505.
(1362) Cass. com., 13 janv. 1965, Bull. civ. III, no 41 ; D., 65, som., 78 ; JCP G, 65.II.14469, n.
RDM ; Banque 1965.423, n. X. Marin : « il est interdit au créancier gagiste de se faire reconnaître
par le débiteur, lors de la constitution du nantissement, la propriété des valeurs remises en
gages » (nullité de la convention prévoyant le transfert de la propriété au gagiste d’actions
nominatives, en garantie de remboursement d’un prêt).
(1363) Infra, no 538.
(1364) En ce sens, peut-être : Cass. com., 16 déc. 2008, no 08-13814 : le moyen soutenant que le
contrat de nantissement ne donnait au créancier qu’une simple faculté de demander la réalisation du
gage est jugé mélangé de fait et de droit ; ce n’est donc pas une conséquence nécessaire de la loi ; de
plus, l’arrêt consacre un transfert automatique à la date précise de l’expiration du délai de mise en
demeure. Contra : plusieurs auteurs, dont : CABRILLAC, MOULY et PÉTEL, no 1050, qui parlent d’une
« option en faveur de l’attribution en propriété devant être indiquée au créancier » (?), et, plus
argumenté : F. PÉROCHON, in « La réforme du droit des entreprises en difficulté », D. 2009, Dossier,
p. 653, no 10 ; cependant les arguments avancés : le transfert automatique interdirait tout report
d’échéance ; il risquerait de se produire à un moment inopportun pour le créancier ; il impliquerait
une renonciation du créancier à l’exécution forcée, ne sont pas décisifs. On peut en sens inverse
souligner qu’un transfert de propriété déclenché par un acte unilatéral de volonté du créancier serait
contraire aux intérêts du constituant et des autres créanciers. Si le créancier garanti craint les
inconvénients décrits, il peut se contenter du droit d’obtenir l’attribution judiciaire, ou encore se
réserver de renoncer au pacte commissoire.
(1365) V. A. DADOUN, « La date du transfert de propriété en exécution du pacte commissoire », Dr. et
patr. 2009.
(1366) Infra, no 540.
(1367) Rappr. le futur art. 2084, al. 2, du Code civil mauricien issu du projet de réforme du droit
mauricien des sûretés et selon lequel « Le transfert de propriété se produit automatiquement si, au
bout de sept jours, la mise en demeure du débiteur défaillant et, le cas échéant, du constituant
reste infructueuse. Toute clause contraire est réputée non écrite ».
(1368) L. AYNÈS, « Le nouveau droit du gage », Dr. et patr. juill.-août 2007, p. 48 et s., spéc. p. 53.
(1369) P. CROCQ, Rép. civ., vo Gage, no 137.
(1369a) Decreto legge 3 maggio 2016, n. 59, G.U. n. 102 del 3-5-2016 ; Banque et droit, no 168,
juill.-août 2016, p. 47, obs. G. Affaki. Ce décret a été converti en loi par une loi du 30 juin 2016
(Legge 30 giugno 2016, n. 119, G.U. n. 153 del 2-7-2016).
(1370) Cass. Ass. plén., 6 nov. 2009, no 08-17095, RLDC janv. 2010, p. 35 et s., obs. J.-J. Ansault ;
D. 2009, p. 2803, obs. V. Avena-Robardet ; RTD civ. 2010, p. 358, obs. P. Crocq ; Banque et droit,
no 129, janv.-févr. 2010, p. 46 et s., obs. F. Jacob ; RD bancaire et financier janv.-févr. 2010, p. 42,
obs. D. Legeais ; JCP G 2010, no 1-2, p. 20 et s., n. S. Piedelièvre ; Annales des loyers, no 11/2009,
obs. O. Salati.
(1371) V., à propos d'un privilège garantissant partiellement une créance, Cass. com., 17 mai 2011,
no 10-14787, D. 2011, p. 1476, obs. V. Avena-Robardet.
(1372) Pour le Trésor : ** Cass. com., 15 janv. 1957, aff. sté DIN, préc. supra, no 446. V., pour un
conflit avec un conservateur, pourtant antérieur : Cass. com., 26 févr. 1991, Bull. civ. IV, no 88.
(1373) Supra, no 448.
(1374) Ex. : Trésor : Cass. com., 26 oct. 1971, D., 72.61, n. F. Derrida ; JCP G, 72.II.17058 ; n.p.B.
(1375) V. infra, no 538, et supra, no 430.
(1376) V. supra, no 449-1. Adde P. ARROYO et E. TAŸ-PAMART, « Gage sans dépossession : quelle
efficacité en cas de procédure collective ? », Banque et droit, no 149, mai-juin 2013, p. 18.
(1377) Comp. les critiques de Y. CHARTIER : n. JCP G, 1980.II.19316, no 9.
(1378) Rappr. montrant l'hégémonie du gage de droit commun par rapport aux gages spéciaux, J.-
J. Ansault, « Le gage du Code civil : gage de droit commun ou droit commun du gage ? »,
RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 77.
(1379) V., infra, nº 521, dans le cas du warrant agricole sur récolte future.
(1380) M. JULIENNE, « Les gages spéciaux : modèles pour le droit commun ? », D. 2016, p. 1266.
(1381) La réforme du droit commun du gage par la loi du 11 juill. 2013, dont l'entrée en vigueur a été
fixée au 1er janv. 2017, a été accompagnée de l'abrogation d'un bon nombre de gages spéciaux, tels
que les warrants (art. 103 de cette loi).
(1382) V. J.-P. LE GALL, « Les sûretés sur aéronefs », J.-Cl. civil, art. 2119-2120 ; Ph. DELEBECQUE, J.-
Cl. Formulaire analytique de procédure, Vis Hypothèques maritimes et Hypothèques fluviales. Ces
sûretés présentent plusieurs particularités : leur régime est souvent tributaire de conventions
internationales, car ces meubles franchissent facilement les frontières ; elles ont souvent pour origine
la notion de « patrimoine affecté », ce qui explique le classement particulier des créanciers,
notamment des superprivilégiés, v. supra, no 463. Mais en l’absence d’un texte spécial, le privilège
général mobilier du Trésor l’emporte sur l’hypothèque fluviale ; alors qu’il serait primé par les
hypothèques et privilèges sur navires et aéronefs : Cass. com., 3 févr. 1998, Bull. civ. IV, no 59,
D. Aff., 98.416. La solution est contestable, car, en l’absence de texte, la priorité du privilège,
pourtant général, du Trésor, ne va pas de soi.
(1383) C. transports, art. L. 4122-1 et s. dans le cas de l'hypothèque fluviale ; C. transports, art.
L. 5114-6 et s. ainsi que C. douanes, art. 241 et s., L. no 67-5 du 3 janv. 1967, art. 43 et s. et D. no 67-
967 du 27 oct. 1967, art. 13 et s. dans le cas de l'hypothèque maritime ; C. transports, art. L. 6122-
1 et s. dans le cas de l'hypothèque aérienne.
(1384) Infra, no 800.
(1385) Cass. civ. 1re, 20 mars 1990, D., 90, IR, 99 : le droit du gagiste, spécialement celui de se faire
attribuer le gage, est opposable à tout détenteur du véhicule, dès lors qu’il a été inscrit dans le délai
de trois mois à la préfecture du lieu d’immatriculation.
(1386) V., toutefois, ayant admis de manière fort critiquable qu'un gage de véhicule automobile puisse
être opposable à un tiers ayant acquis un véhicule avant que le gage ne soit publié : Cass. civ. 1re,
13 janv. 2013, no 12-22226, Gaz. Pal. 20-21 mars 2013, p. 22, obs. Ch. Albiges ; D. 2013, p. 1713,
obs. P. Crocq ; JCP G 2013, 585, no 17, obs. Ph. Delebecque ; RLDC mars 2013, p. 37, obs.
Ch. Gijsbers.
(1387) Cass. civ. 1re, 3 juill. 1996, Bull. civ. I, no 298 ; Defrénois 97, art. 36526, no 44, obs.
L. Aynès : « le droit du créancier gagiste n’est opposable aux tiers qu’à dater de l’inscription du
gage » ; peu importe que l’acquéreur du véhicule ait connu l’existence du crédit ; Cass. com., 12 déc.
1995, Bull. civ. IV, no 295 : cassation d’un arrêt qui condamne l’acquéreur du véhicule envers le
banquier prêteur, au motif qu’il n’ignorait pas l’existence du gage : « sans rechercher... si, au regard
des dispositions réglementaires susvisées [art. 2 et 5 du décr., 30 sept. 1953], la banque était
toujours en possession du gage à la date de la vente litigieuse et si, dès lors, le privilège subsistait
à l’égard des tiers sur le véhicule dont il s’agit » ; la possession dont il est ici question est celle,
fictive, qui résulte de l’inscription ; il eût mieux valu parler de publicité.
(1388) Cass. civ. 1re, 10 juill. 1996, Bull. civ. I, no 312 ; RTD civ., 96.955, obs. P. Crocq ; Defrénois
97, art. 36526, no 44, obs. L. Aynès.
(1389) Cass. com., 21 mars 1972, Bull. civ. IV, no 97 ; JCP G, 73.II.17400, n. Sayag : « Le contrat de
prêt en vue de financer l’acquisition d’un véhicule automobile est distinct du contrat de vente » ;
cf. aussi Cass. com., 21 nov. 1970, Bull. civ. IV, no 309.
(1390) Supra, no 516 ; le droit de rétention se reporte sur le prix de vente du véhicule, même lorsque
celui-ci est confisqué par les douanes, alors que le propriétaire ne pourrait pas le revendiquer, dans
les mêmes conditions : Cass. com., 13 janv. 1987, Bull. civ. IV, no 10 ; D., 88, som. 73, n. F. Derrida.
(1391) Supra, no 446.
(1392) Ex. : Versailles, 17 nov. 1986, D., 88.95, n. J. Prévault.
(1393) Supra, no 514.
(1394) En ce sens, Avis Cour de cassation, Cass. com., 5 mai 1995, Bull. civ. IV, no 4 ; RTD civ.,
96.203, n. P. Crocq.
(1395) Cass. civ. 1re, 24 nov. 1993, Bull. civ. I, no 348, RTD civ., 94.174, n. R. Perrot.
(1396) De l’anglais warranty : garantie. Biblio. : M. CABRILLAC, J.-Cl. com., fasc. 385, 1990.
(1397) Tel n’est pas le cas s’agissant du warrant agricole : V. affirmant que le bénéficiaire d’un
warrant agricole ne peut excercer son droit de suite contre un tiers, acquéreur de bonne foi entré en
possession de la récolte warrantée : Cass. civ. 1re, 18 déc. 2001, Bull. civ. I, no 326 ; JCP G,
2002.I.120, no 11, obs. Ph. Delebecque ; RD banc. 2002, no 53, obs. D. Legeais ; Defrénois 2002,
art. 37591, no 54, p. 1090, obs. Ph. Théry. Adde, affirmant dans la même hypothèse que la perte de sa
possession par le créancier lui fait perdre également son gage et donc son droit de préférence,
Cass. civ. 1re, 18 janv. 2000, Bull. civ. I, no 17 ; D., 2000, p. 785, n. I. Couturier ; JCP G, 2000.I.259,
no 19, obs. Ph. Delebecque ; D. 2000, som. p. 391, obs. S. Piedelièvre. L’ancienne affirmation selon
laquelle la publicité du warrant confère au créancier l’équivalent d’une possession réelle (v., en ce
sens, Cass. civ., 23 avr. 1918, DP, 1919.I.33, n. Capitant) n’est plus d’actualité.
(1398) La Cour de cassation a admis qu'un warrant agricole puisse avoir pour objet des récoltes
futures au motif que le droit commun du gage autorise la constitution d'une telle sûreté sur des biens
futurs et que cette possibilité n'est pas expressément exclue par la réglementation spéciale applicable
au warrant agricole : Cass. 1re civ., 12 nov. 2015, nº 14-23106, RTD civ. 2016, p. 415, obs. P. Crocq ;
D. 2016, p. 178, note Ch. Juillet ; Gaz. Pal. 16 février 2016, p. 31, 257p8, obs. Ch. Albiges ; JCP G
2016, 553, nº 23, obs. Ph. Delebecque ; RDC 2016, obs. M. Julienne ; RD bancaire et financier
janvier-février 2016, comm. 23, p. 50, obs. D. Legeais ; Gaz. Pal. 8 mars 2016, p. 69, 259m2, obs.
S. Moreil.
(1399) Cass. civ. 1re, 27 févr. 1985, Bull. civ. I, no 83 ; JCP G, 86.II.20604, n. A. M. Sohm-
Bourgeois. En l’absence de disposition particulière dans la loi de 1906, application du droit
commun : la publicité du warrant au greffe du tribunal d’instance n’est qu’une condition
d’opposabilité du nantissement aux tiers : « Sa validité est indépendante de toute formalité de
transcription. »
(1400) Cass. com., 26 janv. 2010, no 08-21340, JCP G 2010, 708, no 18, obs. Ph. Delebecque ; D.
2011, 412, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. sept. 2010, 89, obs. Ph. Dupichot : ce droit de rétention permet
au créancier warranté d’être payé par priorité sur le prix de vente des biens grevés en cas de
liquidation judiciaire (C. com., art. L. 642-20-1, al. 3, ancien L. 622-21, al. 4). À la différence de
celui de l’art. 2286, 4o, du Code civil, il devrait être opposable à la procédure de sauvegarde ou de
redressement judiciaire, l'inopposabilité du droit de rétention fictif n'étant affirmée dans cette
hypothèse par l'art. L. 622-7, I, al. 2, C. com. qu'à propos « du droit de rétention conféré par le 4o de
l'article 2286 du Code civil ».
(1401) « Le warrant agricole diffère de l'engagement de garantie, dénommé warrant simplifié, en
ce qui concerne la qualité de l'emprunteur habilité à concéder la sûreté, le premier étant réservé
aux agriculteurs, notamment aux viticulteurs, tandis que le second est mis à la disposition des
producteurs de vin, dont l'activité, qui est plus large que celle de viticulteur, doit notamment
s'étendre au négociant manipulant, comme la société CD, qui élabore le vin de champagne avant
de le commercialiser », Cass. com., 26 janv. 2016, nº 14-23390, Rev. Proc. Coll. 2016, comm. 77,
obs. Ch. Lebel.
(1402) Infra, no 602.
(1403) P. SCHOLER, « Le régime juridique du warrant », RJ com. 1980, 121-127 ; R. ROBLOT, in RIPERT
et ROBLOT, 11e éd., nos 2119-2126 ; 2606-2612.
(1404) C. WITZ, La fiducie en droit privé français, th. Strasbourg, Economica, 1981, préf.
D. Schmidt, no 214, infra, no 750 et s.
(1405) Cass. com., 9 mai 1990, D. 1990, IR, 143 : le sous-acquéreur d’une grue connaissait
l’existence du nantissement ; jugé que le créancier nanti peut en obtenir la restitution et l’attribution
judiciaire, même en l’absence de plaque apposée sur le bien.
(1406) Montpellier, 21 mai 1975, JCP G, 76.II.18356 et sur pourvoi * Cass. com., 18 juill. 1977,
Union française de banques, cité, supra, no 514, note no 64.
(1407) * Cass. com., 4 mai 1981, sté UFB, Bull. civ. IV no 199 ; D. 1981.489, n. crit. F. Derrida,
1re esp. ; 31 janv. 1983, Bull. civ. IV, no 43 ; Defrenois 83, art. 33144, no 97, n. Aubert et **Cass.
Ass. plén., 26 oct. 1984, sté UFB, Bull. Ass. plén.. no 6 ; D. 85.33, concl. J. Cabannes, n. crit.
F. Derrida ; JCP G 85.II.20342, rap. Viennois, n. Corlay.
(1408) Supra, no 514.
(1409) Infra, no 800 et s.
(1410) Le créancier doit alors, à peine de nullité, procéder à une inscription modificative, afin de
mentionner le nom du cessionnaire, devenu débiteur : Cass. com., 3 févr. 1998, Bull. civ. IV, no 57 :
décharge de la caution (C. civ., art. 2037), faute pour le créancier d’avoir procédé à l’inscription
modificative postérieure à la cession du bien nanti.
(1411) En ce sens, M. CABRILLAC, n. sous Montpellier, 22 mars 1984, JCP G, 1984.II.20320.
(1412) V., toutefois, l’étude synthétique effectuée par C. LISANTI-KALCZYNSKI, Les sûretés
conventionnelles sur meubles incorporels, préf. F. Pérochon, Bibl. dr. entr., t. 55, Litec, 2001.
(1413) G. SALVAGE-GEREST, « Le gage sur brevet d’invention », JCP G, CI, 1978, 12781. J.-
P. STENGER, « Le gage des droits de propriété intellectuelle », RD prop. intell. 1995, 12.
(1414) La loi du 10 mai 1994 (C. propr. intell., art. L. 132-34) et le décret du 2 févr. 1996 permettent
le nantissement du « droit d’exploitation du logiciel », par inscription sur des registres tenus par
l’INPI : V. H. CROZE, « Le nantissement du droit d’exploitation des logiciels », JCP G, 96, Actualités,
no 13.
(1415) Code du cinéma et de l'image animée, art. L. 124-1 à L. 124-4 (issu de l'ordonnance no 2009-
901 du 24 juill. 2009).
(1416) Cass. com., 25 févr. 1975, Bull. civ. IV, no 61 ; JCP G, 75.II.18133 bis : « la mise en gage de
titres au porteur obéit aux mêmes règles que celles des meubles corporels ».
(1417) Cass. com., 8 déc. 1987, préc.
(1418) CMF, art. L. 313-42, CMF ; v. ég. CMF, art. L. 313-36 à 313-41.
(1419) CMF, art. L. 313-23 s. issus de la loi Dailly du 2 janv. 1981 ; le nantissement des créances est
rarement pratiqué, en raison de la concurrence que lui fait la cession fiduciaire : à la différence de
celle-ci, il était inefficace en cas de « faillite » du constituant. V., toutefois, un exemple de
nantissement de créance professionnelle par bordereau Dailly in Cass. com., 16 mai 2000,
Bull. civ. IV, no 106 ; JCP G, 2000.I.259, no 18, obs. Ph. DELEBECQUE ; D. 2000, som., p. 392, obs.
S. Piedelièvre (arrêt affirmant qu’un tel nantissement peut être constitué à titre temporaire, ce qui est
également vrai pour le nantissement de créance de droit commun : art. 2358, al. 1, C. civ.).
(1420) M. JULIENNE, « Le régime du gage : droit commun du nantissement ? », RD bancaire et
financier sept.-oct. 2014, p. 82.
(1421) M. JULIENNE, Le nantissement de créance, th. Paris I, nov. 2011, Economica, 2012, préf.
L. Aynès et du même auteur, « la nature juridique du nantissement de créance », Mél. D. R. Martin,
LGDJ, 2015, p. 315 ; Ch. ALBIGES et Y. PICOD, in Rép. com. Dalloz, 2008 ; vo Nantissement de
créances ; P. CROCQ, in Rép. civ. Dalloz, vo Nantissement ; D. LEGEAIS, Les garanties
conventionnelles sur créances, th. Poitiers, Economica, 1986, préf. Ph. Rémy.
(1422) V. R. PERROT et Ph. THÉRY, Procédures civiles d’exécution, Dalloz, 2e éd., 2005, nos 881 et s.
(1423) V., infra, nos 764 s.
(1424) V. P. CROCQ, RLDC 2006, suppl. au no 29, no 2167 p. 13 et s. ; H. SYNVET, « Le nantissement
des meubles incorporels », Dr. et patr., no 140, sept. 2005, p. 64 et s. ; J. STOUFFLET, « Le
nantissement de meubles incorporels », JCP G 2006, suppl. au no 20, no 5.
(1425) Le nouvel art. 2358, al. 2, C. civ. prévoit expressément que le nantissement peut avoir objet
une fraction de créance, à moins que la créance ne soit indivisible (cette faculté de nantir seulement
une fraction de créance pouvant être utile, par exemple, dans le cas du nantissement d'une police
d'assurance à propos duquel le nouvel art. L. 132-10, C. assur. effectue désormais un renvoi aux
nouveaux art. 2355 à 2366, C. civ.).
(1426) Cette qualification est contestée par un auteur : D. MARTIN, « De la garantie monétaire »,
RD bancaire et financier mars-avr. 2006, p. 43 et s.
(1427) En revanche, ce nantissement ayant pour objet, de manière générale, un compte que les parties
ont choisi de laisser en mouvement, sa notification ne peut conférer à son bénéficiaire qu'un droit au
paiement exclusif d'un solde futur, existant au jour de la réalisation de la sûreté, et, donc, dont le
montant est susceptible de fluctuer du fait de l'exercice du pouvoir de disposition des avoirs
monétaires inscrits en compte qui a été laissé au constituant de la sûreté. Il est cependant possible aux
parties d'accroître la protection du créancier en prévoyant dans l'acte constitutif du nantissement que
le créancier aura la faculté de bloquer le compte nanti en cas de survenance de certains événements
(sans toutefois que ce blocage puisse être prévu en cas de désignation d'un mandataire ad hoc, de
demande d'ouverture d'une procédure de conciliation ou d'ouverture d'une procédure régie par le
livre VI du Code de commerce : C. com., art. L. 611-16 ; Cass. com., 14 janv. 2014, nº 12-22909, D.
2014, p. 206, obs. A. Lienhard ; JCP G 2014, doctr. 636, nº 7, obs. Ph. Pétel ; Act. proc. coll. 2014,
nº 53 et Rev. Proc. Coll. 2014, 157, obs. Ph. Roussel Galle) et en portant cette faculté de blocage à la
connaissance de l'établissement teneur de compte (v., à ce propos, A. ARSAC et M. ROUSSILLE,
« Blocage d'un compte bancaire nanti », RD bancaire et financier 2014, Étude 10 ; Ch. GIJSBERS et
M. JULIENNE, « La clause de blocage conservatoire du compte nanti », RLDC janv. 2015, p. 28).
(1428) Cette exigence a été allégée par la Cour de cassation en admettant, d’une part, que la
signification puisse être effectuée jusqu’à l’attribution judiciaire de la créance et, d’autre part, que le
juge n’est pas tenu de relever d’office l’absence de signification : v. en ce sens, Cass. com.,
9 mai 2007, no 06-10679, JCP G 2007.I.212, no 22, obs. Ph. Delebecque ; RD bancaire et financier
juill.-août 2007, no 154, obs. D. Legeais ; D. 2007, p. 1497, obs. X. Delpech : RLDC juill.-août
2007, p. 34 et s., obs. G. Marraud des Grottes.
(1429) Cette similitude a pour conséquence que les solutions énoncées par l'abondante jurisprudence
relative aux conflits entre le bénéficiaire d'une cession Dailly et les tiers auront souvent vocation à
être transposées au nouveau nantissement de créance.
(1430) Les termes de l’article 1690 évoquent cette équivalence : « le cessionnaire n’est saisi à
l’égard des tiers... » : « saisi », n’est-ce pas mis en possession ? En ce sens, Cass. civ. 1re, 6 janv.
1994, Bull. civ. I, no 4 ; Defrénois 1994, art. 35897, no 137, n. L. Aynès : le nantissement d’une police
d’assurance non signifié par exploit d’huissier « ne constituait qu’une promesse de gage qui n’avait
pas été régularisée par la suite ». Cass. com., 23 janv. 2001, Bull. civ. IV, no 20, JCP G, 2001.I.315,
no 17, et 356, no 15, obs. Ph. Delebecque, Defrénois 2001, art. 37390, no 55 p. 942, obs. Ph. Théry :
« le gage qui porte sur des meubles incorporels ne confère de droit réel au créancier gagiste
qu’autant que l’acte conclu entre les parties a été enregistré puis signifié au débiteur de la
créance gagée ou acceptée par lui dans un acte authentique ». Le nantissement de créance qui n’a
été signifiée au débiteur de la créance nantie qu’après l’ouverture de la liquidation judiciaire du
constituant n’est donc pas valable. Paris, 3e ch., 10 oct. 1964, D., 65.126 : la mise en gage, acceptée
par le débiteur de la créance dans un acte sous seing privé, est jugée inefficace à l’égard des
créanciers du constituant en redressement judiciaire. La Cour décidait que « ces formalités sont une
condition substantielle de la naissance du droit du créancier gagiste », ce qui dépasse la simple
inopposabilité. Toutes ces solutions jurisprudentielles sont vouées à l'abandon sous l'empire du
nouveau régime juridique du nantissement de créance. En effet, à la différence d'un nantissement non
signifié, un nantissement non notifié ne constitue plus désormais seulement une simple promesse de
nantissement. Il est déjà un nantissement valablement constitué ce qui a, notamment, pour
conséquence, en cas d'ouverture d'une procédure collective à l'encontre du constituant, que si l'acte
de nantissement a été conclu avant la date de la cessation des paiements pour garantir une dette
antérieurement contractée, il échappera aux nullités de la période suspecte même si ce nantissement
n'a été notifié qu'après cette date alors que, sous l'empire du droit antérieur à la réforme du 23 mars
2006, le contraire avait été jugé dans le cas d'un nantissement conclu avant la cessation des paiements
et signifié après : Cass. com., 28 janv. 1997, Bull. civ. IV, no 35 ; Dalloz Affaires, 1997, p. 382 ; RTD
civ. 1998, p. 705 et s., obs. P. Crocq ; JCP G 1997.I.4033, no 19, obs. Ph. Delebecque.
(1431) L’arrêt de principe est : Cass. Req., 11 juin 1846, DP, 46.I.252 : « le contrat de
nantissement, même lorsqu’il a pour objet une créance, n’est parfait que par la remise de la chose
faite par le débiteur à une époque où il a capacité pour en disposer ; la signification ne peut
suppléer à la remise du titre ».
(1432) Cass. civ. 1re, 10 mai 1983, Sté suisse d’assurances Winterturh, Bull. civ. I, no 141 ; D.,
84.433, n. Légier ; Defrénois 83, art. 33161, p. 1394, n. Piédelièvre ; D., 84, IR, 82, n. Vasseur. En
l’espèce, les juges relèvent que la remise du titre était impossible, parce que d’une part, la dette
n’était pas liquide (ce qui n’aurait pourtant pas empêché le créancier d’avoir un titre) et que d’autre
part la mise en gage ne portait que sur une partie de la créance (cette fois, il y a, non pas vraiment
impossibilité, mais de graves inconvénients à obliger le cédant à se priver du titre dont il peut avoir
besoin pour se faire payer la fraction de la créance qui n’a pas été cédée) : « si le privilège ne
subsiste sur la chose donnée en gage qu’autant que celle-ci a été mise et est restée en possession
du créancier conformément à l’article 2076, cette mise en possession est suffisamment réalisée au
cas où le gage porte sur une créance et où la tradition est matériellement impossible par la
signification au débiteur de la créance donnée en gage prévue par l’article 1690 ». Le revirement
par rapport à l’arrêt de 1846 est clair.
(1433) On remarquera que l’arrêt Cass. com., 23 janv. 2001, cité supra no 527, ne fait pas état de la
remise du titre dans ses conditions de validité du nantissement de créance.
(1434) J. CHASSERY, « Le nantissement de parts sociales », RTD com. 1977, 435.
(1435) L’article 1866 exclut le seul enregistrement de l’acte sous seing privé. La signification ou
l’acceptation dans un acte authentique, lesquels ont l’un et l’autre date certaine, sont imposés. En quoi
« l’entrée en jeu » de la société ajoute-t-elle quelque chose au seul enregistrement ? Pourquoi exclure
celle-ci lorsque l’acte de nantissement est authentique ?
(1436) L’équivalence entre la dépossession et la publicité est soulignée par les termes de
l’article 1866, al. 2 nouveau : « le privilège du créancier gagiste subsiste sur les droits sociaux
nantis, par le seul fait de la publication du nantissement », qui reprennent presque intégralement
ceux de l’ancien article 2076, en substituant la publicité à la dépossession : ... « le privilège ne
subsiste sur le gage qu’autant que ce gage a été mis et est resté en la possession du créancier... ».
(1437) Cass. 2e civ., 22 oct. 2009, nº 08-16.682 ; Cass. 2e civ., 8 mars 2012, nº 10-27650. Adde, à ce
propos, N. Leblond, « Les droits du créancier nanti sur un contrat d'assurance-vie », RD bancaire et
financier janv.-févr. 2015, Dossier nº 19, spéc. nº 4 s.
(1438) V. dans le cas d'un souscripteur effectuant successivement des arbitrages plus catastrophiques
les uns que les autres, ** Cass. com., 12 juill. 2005, Bull. civ. IV, no 175 ; Rapport de la Cour de
cassation 2005, p. 325 ; D. 2005.2142, obs. X. Delpech ; JCP G 2005.I.185, no 17, obs.
Ph. Delebecque.
(1439) Sous l'empire du droit antérieur à cette loi, une solution similaire pouvait se déduire de
l'affirmation effectuée par la Cour de cassation selon laquelle « lorsque le droit de rachat du
souscripteur est prévu dans un contrat d'assurance vie mixte, le bénéficiaire qui a accepté sa
désignation n'est pas fondé à s'opposer à la demande de rachat du contrat en l'absence de
renonciation expresse du souscripteur à son droit » Cass. ch. mixte, 22 févr. 2008, no 06-11934, D.
2008, p. 691, obs. J. Speroni. La similitude de la jurisprudence rendue sous l’empire du droit
antérieur et de la loi nouvelle n’est cependant que partielle car dans un autre arrêt la Cour de
cassation a jugé que le transfert de l’exercice du droit de rachat anticipé nécessitait une clause
expresse du contrat de nantissement (Cass. com., 26 mars 2008, no 06-15003, RD bancaire et
financier mai-juin 2008, p. 36, obs. D. Legeais) alors que, sous l’empire de la loi du 17 déc. 2007,
le principe est désormais inverse, le droit au rachat étant automatiquement transféré au créancier sauf
clause contraire selon le nouvel art. L. 132-10 C. ass.
(1440) V., à ce propos, N. LEBLOND, « Le nantissement d'assurance-vie réformé en catimini », Resp.
civ. ass. mars 2008, chron. no 3.
(1441) On réservera, toutefois, l'hypothèse du prononcé d'une confiscation pénale à l'encontre du
constituant puisque celle-ci, depuis l'entrée en vigueur de l'art. 22 de la loi nº 2013-1117 du 6 déc.
2013, emporte résolution judiciaire du contrat et transfert des fonds au profit de l'État, ce qui entraîne
la disparition rétroactive de l'objet du nantissement.
(1442) La Cour de cassation renforce cette efficacité indirectement à l’égard des contrats non soumis
à la loi nouvelle en décidant que l’acceptation du bénéficiaire ne prive pas le souscripteur de la
faculté de rachat, en l’absence de renonciation expresse de celui-ci à son droit : Cass. ch. mixte,
22 févr. 2008, no 06-11934, ce qui profite au créancier nanti bénéficiant du droit de rachat.
(1443) Ph. SIMLER et Ph. DELEBECQUE, Les sûretés – la publicité foncière, Précis Dalloz, 3e éd., 2000,
no 538. Dans l'édition suivante leur ouvrage, ces auteurs ont précisé que cette clause ne pourrait jouer
que dans la limite de la créance garantie : Ph. SIMLER et Ph. DELEBECQUE, Les sûretés – la publicité
foncière, Précis Dalloz, 4e éd., 2004, no 626.
(1444) Une telle clause ne ferait que reconstituer l’ancien mort-gage apparu au Moyen Âge pour
éluder la prohibition de l’usure et déjà condamné par deux décrétales du Pape Alexandre III, dès le
XIIe siècle, puis par le droit coutumier (BEAUMANOIR, Les coutumes des Beauvaisis, no 1931 ; rapp.
DOMAT, Les lois civiles dans leur ordre naturel, liv. III, tit. I, Sect. IV, V, 2e éd., 1696, qui, tout en
réservant la possibilité d’une compensation forfaitaire, fait de l’imputation des fruits sur les intérêts
dus par le débiteur une condition de validité de l’antichrèse).
(1445) Supra, no 511.
(1446) La Cour de cassation a, toutefois, refusé aux créanciers nantis d’un marché public le droit de
se faire attribuer à titre de payement les sommes dues par le maître de l’ouvrage, * Cass. com.,
4 mai 1981, sté BCT, cité, supra, no 514 : mais l’arrêt se fonde sur la réglementation spéciale des
nantissements de marchés publics ; il n’a pas une portée générale ; v. Cass. com., 5 mars 1985, préc.,
supra, no 514 (nantissement de marché privé).
(1447) Est licite la clause donnant au créancier mandat de recouvrer la créance engagée en imputant
les sommes perçues sur sa propre créance : Cass. civ., 10 mai 1947, S., 47.I.41 : « n’est pas
prohibée, au sens de l’article 2078, la clause qui permet au créancier de recevoir le montant de la
créance engagée, lorsqu’elle s’applique non au droit de créance lui-même, mais aux deniers
provenant de son payement extinctif » ; CABRILLAC-MOULY-PÉTEL, no 767. De même, la Cour de
cassation a admis la validité de la délégation du droit de rachat attaché à un contrat d’assurance-vie
consentie au profit du créancier titulaire d’un nantissement sur la police : Cass. civ. 1re, 4 déc. 2001,
Bull. civ. I, no 300 ; JCP G, 2002.I.120, no 9, obs. Ph. Delebecque. Au contraire, D. LEGEAIS, Les
garanties conventionnelles sur créances, th. Poitiers, Economica, 1986, préf. Ph. Rémy, nos 160-
165, défend le maintien de la prohibition.
(1448) Ex. : dans le conflit entre un créancier nanti sur un marché privé et le sous-traitant exerçant
l’action directe que lui donne la loi du 31 déc. 1975 contre le maître de l’ouvrage, Cass. com.,
19 mai 1980, Bull. civ. IV, no 203 ; D., 80.443, n. A. Bénabent : « le sous-traitant a, de par la loi, en
cas de défaillance de l’entrepreneur principal, une action directe contre le maître de l’ouvrage et
peut, dès lors exciper de l’inopposabilité à son égard des privilèges résultant des nantissements
consentis sur la créance de l’entrepreneur principal contre le maître de l’ouvrage ». Comp. en cas
de nantissement de marché public, Cass. com., 9 mars 1977, Bull. civ. IV, no 81 ; JCP G, 78.II.18822,
n. G. Flécheux.
(1449) V., en ce sens, mais en raison d’une rédaction maladroite de la clause permettant le paiement,
Cass. com., 15 oct. 1991, Bull. civ. IV, no 293, JCP G, 1992.I.3583, n. Ph. Delebecque.
(1450) V., en ce sens, D. LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, LGDJ, 8e éd., 2011, no 518 ; Contra,
Cl. BRENNER, L’acte conservatoire, préf. P. CATALA, Bibl. de droit privé, t. 323, LGDJ, 1999, no 745,
et invoquant la protection de droits concurrents éventuels, M. CABRILLAC et Ch. MOULY, Droit des
sûretés, Litec, 6e éd., 2002, no 687.
(1451) Initialement, le texte se réfèrait, à cause d'une erreur de plume, au débiteur de la créance
nantie ce qui, en l'espèce, n'avait pas de sens. Cette erreur a été réparée par la loi du 20 févr. 2007
ratifiant l'ordonnance du 23 mars 2006.
(1452) M. JULIENNE, th. préc., no 244-257.
(1453) M. JULIENNE, th. préc., pour qui il s’agit tout simplement du droit pour le gagiste de somme
d’argent d’entrer en possession du gage ; comp. A. AYNÈS, « La consécration légale des droits de
rétention », D. 2006, p. 1301 et s. ; comp. en sens inverse, Ph. Théry, n. sous Cass. com., 19 déc.
2006, Defrénois 2008, art. 38726, no 2, spéc. p. 416 et s.
(1454) Sous l’empire du droit antérieur à l’ordonnance de 2006 : ** Cass. com., 26 mai 2010,
Société GOBTP, no 09-13388, Bull. civ. IV, no 94 ; RTD civ. 2010, p. 597, obs. P. Crocq ; RDC 2010,
p. 1338, obs. A. Aynès ; Dr. et patr. sept. 2010, p. 96, obs. Ph. Dupichot ; JCP G 2011, 226, no 19,
obs. Ph. Delebecque. On notera tout particulièrement le fait que le résumé de cet arrêt au Bulletin de
la Cour de cassation qualifie ce droit exclusif au paiement résultant de la signification de « droit de
rétention ».
(1455) M. JULIENNE, th. préc., no 198-260.
(1456) V., infra, no 764.
(1457) Cass. com., 4 juill. 1995, Bull. civ. IV, no 203 ; RTD com. 1995, p. 822, obs. M. Cabrillac ;
RD bancaire et bourse 1995, p. 143, obs. F. J. Crédot et Y. Gérard ; RTD civ. 1995, p. 934 et s., obs.
P. Crocq ; RTD civ. 1996, p. 192 et s., obs. P.-Y. Gautier ; Banque, sept. 1995, no 562, p. 91, obs. J.-
L. Guillot ; JCP G 1995.II.22553, n. D. Legeais ; D. 1995, p. 488, n. D. Martin et H. Synvet ; JCP E,
1995.II.738, n. J. Stoufflet.
(1458) V., en ce sens, Cass. com., 30 janv. 2001, Bull. civ. IV, no 26 ; D. 2001, AJ, p. 1238 et s., obs.
X. Delpech.
(1459) Cass. com., 16 mai 1995, Bull. civ. IV, no 141 ; RTD civ. 1995, p. 937 et s., obs. P. Crocq.
Adde, dans le même sens, dans le cas du conflit opposant une banque bénéficiant d'une première
cession Dailly d'une créance et une autre banque bénéficiant d'une seconde cession de la même
créance et recevant le paiement de celle-ci, Paris, 4 janv. 1990 (arrêt publié en annexe à la chronique
de M. LARROUMET, Le conflit entre cessionnaires successifs d'une créance transmise par bordereau,
JCP E 1990.II.15877, et, dans un cas similaire opposant le bénéficiaire d'une cession Dailly et une
société d'affacturage bénéficiant d'une subrogation ultérieure sur la même créance et recevant le
paiement de celle-ci, Cass. com., 19 mai 1992, Bull. civ. IV, no 190 ; RTD com. 1992, p. 655, obs.
M. Cabrillac et B. Teyssié.
(1460) Dans l'hypothèse où la créance aurait également fait l'objet d'un nantissement au profit d'un
créancier de rang inférieur à celui ayant reçu le paiement et où ce nantissement aurait été notifié, le
reliquat devrait alors être remis à ce créancier second en rang : v., en ce sens, M. JULIENNE, « La
nature juridique du nantissement de créance », Mél. D. R. Martin, LGDJ, 2015, p. 315, spéc. nº 38 s.
(1461) V., infra, no 766.
(1462) Sur le processus, v. notamment D. SCHMIDT, « Le régime actuel des valeurs mobilières »,
RD banc., 1987.42 ; D. SCHMIDT et Th. BONNEAU, « La diversification des valeurs mobilières : ses
implications en droit des sociétés », RTD com. 1988.535.
(1463) À l'exception des parts de SCPI ou de sociétés d'épargne forestière selon le nouvel
art. D. 211-14, CMF issu du décret no 2009-297 du 16 mars 2009.
(1464) Certains instruments financiers ne sont même pas susceptibles d’une inscription (instruments à
terme...).
(1465) V. notamment H. DE VAUPLANE et S. MOUY, « Gage sur titres : une réforme innovante », Banque
1996.54 ; J.-J. DAIGRE, Dr. sociétés 1997, chron. 9 ; D. LEGEAIS, « Gage de compte d’instruments
financiers », RD banc. 1997.225 et s. ; MESTRE et alii, Sûretés réelles, no 945 ; D.-R. MARTIN, « Du
gage d’actifs scripturaux », D. 1996, chron. 263.
(1466) R. LIBCHABER, « Le portefeuille de valeurs mobilières : bien unique ou pluralité de biens »,
Defrénois 1997, art. 36464 ; Contra, D. R. MARTIN, op. cit., D. LEGEAIS, op. cit.
(1467) Supra, no 504, et infra.
(1468) En ce sens, D.-R. MARTIN, op. cit., « De la nature corporelle des valeurs mobilières (et autres
droits scripturaux) », D. 1996, chron. 47 ; « De l’inscription en compte d’actifs scripturaux », D., 98,
chron. 15 ; v. Ch. LASSALAS, L’inscription en comptes des valeurs : la notion de propriété
scripturale, th. PUF Clermont-Ferrand, LGDJ, 1997 ; A. RAYNOUARD, La dématérialisation des titres,
étude sur la forme scripturale, th. ronéo, 1998 ; F. NIZARD, « Les titres négociables », Revue Banque
et Economica, 2003.
(1469) V. en ce sens, D. MARTIN, « Du gage d'actifs scripturaux », D. 1996, chron. p. 263.
(1470) Cf. Cass. com., 7 mars 1995, Bull. civ. IV, no 73, Defrénois 95, art. 36091, no 2, n. Hovasse :
sous l’empire de l’article 29 dans sa version initiale, jugé que les formalités n’étaient pas des
conditions de validité du contrat de nantissement ; seul importe le fait que des valeurs mobilières
aient été « entiercées » ; Contra : D. LEGEAIS, op. cit., no 22.
(1471) V. supra, no 444.
(1472) D. LEGEAIS, art. préc., nos 5 et 7 ; MESTRE et alii, op. cit.
(1473) Ex. : C. civ., art 2352 (gage automobile) : le droit de rétention fictif vient de ce que le
créancier « est réputé avoir conservé la marchandise en sa possession ».
(1474) Ex. : Cass. civ., 23 avr. 1918, DP, 1919.I.33, n. Capitant (warrant agricole) : le droit de
rétention résulte de la possession fictive que confère la publicité du warrant.
(1475) V. Ph. THÉRY, op. cit., no 255, pour qui tout gage ne doit pas nécessairement comporter un droit
de rétention, celui-ci impliquant une détention réelle (et, exceptionnellement, fictive) par le créancier
ou un tiers convenu.
(1476) Supra, no 508.
(1477) H. LE NABASQUE, J.-M. GAILLARD et M. BAFFREAU, « L’assiette du nantissement de compte
d’instruments financiers », RD banc. 1998, 81 et s.
(1478) La subrogation est exclue lorsque les nouvelles actions n’ont pas leur origine « juridique »
dans les anciennes ; ex. : en cas de « coup d’accordéon » : Cass. com., 10 janv. 1995, D., 95.203,
n. A. Couret.
(1479) Mais ce faisant, l'ordonnance du 24 févr. 2005 n'a pas nécessairement résolu tous les
problèmes. Par exemple, dans le cas où le teneur de compte est l'émetteur des instruments financiers
et où le nantissement a pour objet des obligations émises par une filiale et remboursables en actions
de la société mère, chaque société tenant ses propres registres, le nantissement ne peut pas se
reporter de plein droit des obligations sur les actions dans la mesure où le remboursement des
obligations implique un changement dans la personne du teneur de compte : V. H. SYNVET, « L'objet du
gage de compte d'instruments financiers », in Mél. Béguin, Litec, 2005, p. 719 et s.
(1480) V., à ce propos, S. PRAICHEUX, Les sûretés sur les marchés financiers, th. Paris II, préf.
A. Ghozi, Revue Banque 2004, no 499 et s.
(1481) Cette nullité n'est pas subordonnée à la preuve d'un grief causé par l'omission d'une mention :
Cass. com., 28 mars 2006, no 04-19181, RD bancaire et financier mai-juin 2006, no 106, obs.
D. Legeais.
(1482) Cass. com., 18 nov. 2008, no 07-21975 Bull. civ. IV, no 196 : « Attendu que le défaut de mise
en demeure, par le créancier gagiste d’un compte d’instruments financiers, du débiteur fait
obstacle à la réalisation du gage, de sorte que le premier doit restituer au second l’intégralité du
portefeuille de titres indûment réalisé ».
(1483) L’art. L. 211-20-V, CMF renvoie à l’article L. 521-3, C. com.
(1484) Cass. com., 18 nov. 2014, nº 13-26294 et 13-20162 (deux arrêts). On remarquera ici que
l'affectation du compte-titres à la garantie d'une créance de la banque sur son client suppose
nécessairement que les parties aient admis l'existence d'une fongibilité conventionnelle du solde du
compte-titres et de la créance garantie alors qu'une telle fongibilité n'existe pas naturellement entre
les articles de ces comptes, ce qui explique qu'une simple clause d'unité de comptes ne puisse leur
être applicable (v., affirmant que « l’absence de fongibilité de leurs articles exclut l’unité de
comptes entre un compte courant et un compte-titres », Cass. com., 16 déc. 2014, nº 13-17046,
Banque et droit, nº 160, mars-avr. 2015, p. 29, obs. Th. Bonneau ; RD bancaire et financier 2015,
comm. 28, obs. F.-J. Credot et Th. Samin ; Act. proc. coll. 2015, comm. 38, obs. Th. Douville ;
Gaz. Pal. 15-17 mars 2015, p. 12, 216x1, obs. C. Houin-Bressand).
(1485) Elle l'est d'autant plus que la jurisprudence refuse que le nantissement puisse se reporter par
subrogation réelle sur l'indemnité de résiliation du bail commercial : Cass. 3e civ., 6 avr. 2005, no 03-
11159, Bull. civ. III, no 87 ; JCP G, 2005.I.185, no 20, obs. Ph. Delebecque ; D. 2005, p. 1367, obs.
S. Piedelièvre.
(1486) Ce délai était de quinze jours avant le 8 août 2015. Il a été porté à trente jours par la loi, dite
« Macron », nº 2015-990 du 6 août 2015. Le même délai s'applique à l'inscription du privilège du
vendeur du fonds de commerce.
(1487) Si l’acte constitutif ne mentionne aucune date, le délai de quinze jours court à compter
l’enregistrement de l’acte : Cass. com., 17 sept. 2002, Bull. civ. IV, no 127, JCP G, 2003.I.124, no 19,
obs. Ph. Delebecque ; D. 2002, som. p. 3338, obs. L. Aynès ; Banque et Droit, no 86, nov.-déc. 2002,
p. 481, obs. N. Rontchevsky.
(1488) En revanche, les créanciers nantis ne sont pas protégés par la loi à l'encontre de la vente d'un
élément du fonds et notamment en cas de cession du droit au bail : v. à ce propos S. Davy, « Le
créancier (pas si) nanti dans la cession de droit au bail », Defr. 2014, nº 117v8, p. 1086.
(1489) Supra, no 443 ; ex. : Cass. com., 26 oct. 1971, D., 72.61, n. F. Derrida ; JCP G, 72.II.17058 ;
n.p.B.
(1490) Cass. com., 26 nov. 2013, nº 12-27390, RD bancaire et financier 2014, comm. 51, obs.
A. Cerles ; RTD civ. 2014 p. 158 s., obs. P. Crocq ; JCP G 2014, doctr. 635, nº 20, obs.
Ph. Delebecque ; BJE mai-juin 2014, 111e0, obs. F. Macorig-Venier. Adde M. JULIENNE, « Le régime
du gage : droit commun du nantissement ? », RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 82, spéc.
nº 8 et 12.
(1491) V. R. PERROT et Ph. THÉRY, Procédures civiles d’exécution, Dalloz, 2000, nos 868 et s.
(1492) V. I. PÉTEL-TEYSSIÉ, « Une nouvelle sûreté : le nantissement du fonds agricole », Rev. dr. rural,
févr. 2006, p. 25 et s.
(1493) Supra, no 461.
(1494) Ce privilège a perdu une grande partie de son utilité à la suite de l'entrée en vigueur de la loi
de séparation et de régulation des activités bancaires du 26 juill. 2013 qui a créé un nouvel art.
L. 312-1-4-I C. mon. fin. énonçant que « La personne qui a qualité pour pourvoir aux funérailles du
défunt peut obtenir, sur présentation de la facture des obsèques, le débit sur les comptes de
paiement du défunt dans la limite du solde créditeur de ces comptes, des sommes nécessaires au
paiement de tout ou partie des frais funéraires, auprès des banques teneuses desdits comptes, dans
la limite d’un montant fixé par arrêté du ministre chargé de l’économie ». Ce texte a été complété
par quinze alinéas supplémentaires, facilitant les dépenses urgentes et permettant la clôture du compte
si la succession est d'un faible montant, par l'art. 4 de la loi nº 2015-177 du 16 févr. 2015
(v. J. Lasserre-Capdeville, « Paiement des dépenses urgentes d'un client défunt et clôture de ses
comptes bancaires : évolutions consécutives à la loi du 16 févr. 2015 », Gaz. Pal. 12 mars 2015,
nº 71, p. 11).
(1495) Supra, no 462.
(1496) Supra, no 465.
(1497) * Cass. com., 7 mai 1979, aff. Gatinais, D., 79.431, n. crit. F. Derrida et J.-P. Sortais ; n.p.B. ;
du même jour, une autre affaire, identique, Bull. civ. IV, no 141.
(1498) Cass. com., 26 oct. 1971, D., 72.61, n. F. Derrida ; JCP G, 72.II.17058 ; n.p.B.
(1499) C. MOULY, Procédures collectives ; assainir le régime des sûretés, Ét Roblot, LGDJ, 1985,
p. 529 et s., nos 22-26.
(1500) Cass. 2e civ., 13 févr. 2014, nº 13-12211, JCP G 2014, doctr. 635, nº 19, obs.
Ph. Delebecque.
(1501) Cass. com., 4 juill. 2000, Bull. civ. IV, no 137 ; JCP G, 2001.I.315, no 22, obs.
Ph. Delebecque ; JCP G, 2001.I.298, no 11, obs. Ph. Pétel.
(1502) V. cep., dans le même esprit, art. 2332-5o : l’aubergiste a un privilège sur les bagages du
voyageur transportés dans son hôtel, pour le paiement des fournitures d’hôtellerie.
(1503) Depuis l'entrée en vigueur de la loi nº 2008-111 du 8 févr. 2008, le dépôt de garantie ne peut
être supérieur à un mois de loyer en principal dans le cas des baux d'habitation (nouv. art. 22 de la loi
du 6 juill. 1989). Dans le cas des locations meublées et depuis l'entrée en vigueur de la loi ALUR
nº 2014-366 du 24 mars 2014, cette limite est de deux mois de loyers en principal (art. 25-6 de la loi
du 6 juill. 1989). Cettre dernière réfome a également profondément modifié le régime de la restitution
du dépôt de garantie dans un sens favorable au locataire (nouv. art. 22 préc.).
(1504) V. supra nº 211.
(1505) MAZEAUD-CHABAS, no 164.
(1506) THUILLIER, in Rep. civ. Dalloz, 1974, vo Privilèges mobiliers, no 19.
(1507) Cass. com., 9 avr. 1991, Bull. civ. IV, no 124 ; RTD civ. 1992.152, n. crit. M. Bandrac ; RDI
1991.371, obs. Delebecque et Simler. V. dans le même sens, pour l’exclusion du statut des baux
commerciaux, Cass. civ. 3e, 10 juin 1980, Bull. civ. III, no 114 ; D., 80.566 n. app. Guyon ; JCP G,
80.II.19655, n. E.-M. Bey ; Banque 80.1430, obs. Martin : « le crédit-bail immobilier... est une
opération qui a pour objet l’acquisition d’un immeuble ». L’arrêt doit être approuvé ; Contra,
E. M. BEY, in Colloque de Deauville, préc., p. 82-85.
(1508) V., appliquant également cette solution en cas de procédure collective alors que, pourtant,
l'art. L. 622-16, C. com. réduit le privilège du bailleur d'immeuble aux deux dernières années de
loyers antérieures au jugement d'ouverture de la procédure sans viser l'indemnité d'occupation,
Cass. com., 25 oct. 2011, no 10-25257, RLDC déc. 2011, p. 36 s., obs. J.-J. Ansault ; Banque et droit,
no 140, nov.-déc. 2011, p. 53, obs. F. Jacob ; D. 2011, p. 2653, obs. A. Lienhard ; JCP G 2012, doctr.
117, no 13, Ph. Pétel.
(1509) Cass. com., 16 nov. 2010, no 09-70765, Bull. civ. IV, no 178 ; JCP G 2011, 226, no 21, obs.
Ph. Delebecque : conflit avec le vendeur sous réserve de propriété : « le privilège du bailleur
d’immeuble porte sur tous les meubles garnissant le local loué, même s’ils appartiennent à un
tiers, sauf s’il est établi que le bailleur connaissait l’origine de ces meubles lorsqu’ils ont été
introduits dans le local » ; Cass. civ. 3e, 24 juin 2009, Bull. civ. III, no 154.
(1510) Ex. : le bailleur doit savoir que les automobiles garées chez un garagiste, les montres
détenues par un horloger n’appartiennent pas à son locataire. De même, il faut présumer qu’une
galerie de peintures n’est pas propriétaire des tableaux pendus à ses cimaises, mais cette
présomption ne vaut pas pour les commodes anciennes qui ornent les galeries (Cass. civ. 1re, 12 mars
1969, Bull. civ. I, no 176 ; D., 70.43, n. Malinvaud).
(1511) Un privilège repose à la fois sur la conservation et la mise d’une valeur dans le patrimoine du
débiteur : le privilège pour frais de récolte (art. 2332-1o, al. 4), garantissant le paiement des
semences, engrais, amendements, produits de traitement... sur le prix de la récolte de l’année ; et les
frais de matériel, sur le prix des ustensiles, le tout « par préférence au propriétaire » (bailleur).
(1512) Cass. com., 27 oct. 1965, Bull. civ. III, no 535 ; D., 66.38, n. Ph. Bourdon : le sous-traitant n’a
pas le privilège du conservateur sur les sommes que l’entrepreneur principal reçoit du maître de
l’ouvrage (mais il a une action directe contre le maître ; infra, no 609).
(1513) Cass. com., 8 mars 1961, Bull. civ. III, no 195 ; D., 62.2, n. R. Rodière : pose de radios sur un
chalutier.
(1514) Cass. com., 16 mai 1966, Bull. civ. III, no 254 ; D., 67.139, n. Ph. Bourdon : remplacement de
pièces cassées ou usagées sur une automobile, alors que la réparation n’était ni urgente ni nécessaire.
Au contraire, le remplacement du moteur d’un camion donne naissance au privilège, parce qu’il est
indispensable : Cass. com., 12 janv. 1988, Bull. civ. IV, no 23.
(1515) Infra, no 764.
(1516) Supra, no 445.
(1517) Ex. : il y a transformation si le blé est moulu en farine ou cuit en pain, si le houblon est brassé
en bière. Il n’y a pas transformation si le bloc de marbre a été utilisé pour faire une statue. La
distinction est subtile.
(1518) Ex. : Cass. com., 21 avr. 1977, Bull. civ. IV, no 100 ; D., 77, IR, 298, n. A. Honorat : contrat de
fourniture d’eau ; mise en règlement judiciaire de l’acheteur ; le syndic décide la poursuite du
contrat ; les consommations antérieures au jugement doivent être payées en monnaie de faillite : les
consommations postérieures seront payées intégralement : « le règlement de la créance de la société
des eaux en raison de la fourniture d’eau antérieure au règlement judiciaire, ne peut incomber,
malgré la décision prise par le syndic de continuer le contrat, à la masse des créanciers du
centre ».
(1519) V. notamment C. LESPIAU, « La réforme des obligations foncières opérée par la loi du
25 juin 1991 », D. Aff., 1999.1314 ; SMALLHOOVER et CANO, « Les obligations foncières : un nouvel
acteur dans le marché français du refinancement », JCP E, 1999.1426.
(1520) Infra, no 764.
(1521) Le privilège et le superprivilège bénéficient aussi aux frais annexes, définis par le décret du
3 août 1999, ainsi qu’aux établissements de crédit chargés de la gestion et du recouvrement des prêts
(CMF, art. L. 515-19, al. 5).
(1522) De là, l’hésitation à admettre que des obligations émises, non pour financer l’acquisition d’un
prêt, mais pour refinancer une précédente émission bénéficient du privilège. Faut-il appliquer
strictement le privilège, ou se contenter du ratio de l’art. L. 515-20 du CMF et de la mention du
privilège dans le contrat d’émission, ce qui serait opportun ?
(1523) La partie des règles de classement a été limitée, en pratique, par un arrêt de la Cour de
cassation ayant jugé, à tort, que « le paiement fait par erreur sur l’ordre des privilèges n’ouvre pas
droit à répétition dès lors que l’accipiens n’a reçu que ce que lui devait son débiteur »
(Cass. com., 30 oct. 2000, Bull. civ. IV, no 169 ; JCP G, 2001.I.315, no 20, obs. crit. Ph. Delebecque ;
D. Aff. 2000, p. 430, n. P. Pisoni, Defrénois 2001, p. 364, obs. crit. J.-P. Sénéchal).
(1524) * Cass. com., 25 oct. 1976, Sté financière alsacienne, Bull. civ. IV, no 267 ; D., 77.380, n.
Taisne : le privilège spécial mobilier résultant du nantissement du fonds de commerce prime le
privilège général de la Sécurité sociale.
(1525) Sauf la perturbation que crée le droit de rétention du gagiste, lequel l’emporte sur toute autre
créance, privilégiée ou non : Cass. com., 26 févr. 1991, Bull. civ. IV, no 88.
(1526) Ex. : Cass. com., 9 mars 1977, JCP G, 78.II.18822, n. G. Flécheux : le sous-traitant, s’il ne
dispose pas de l’action directe, passe après le créancier nanti sur le marché principal.
(1527) Cass. civ., 19 févr. 1894, DP, 94.I.413 ; S., 95.I.457, n. Wahl : « Le privilège conféré par
l’article 2102 au vendeur d’effets mobiliers non payés lui donne le droit de se faire payer par
préférence sur le prix en provenant, lorsqu’il peut les saisir en la possession de son débiteur ou en
arrêter le prix entre les mains des tiers, mais ne l’autorise pas à poursuivre le payement de sa
créance contre les tiers acquéreurs de ces effets » (en l’espèce, le sous-acquéreur ne pouvait
invoquer l’ancien article 2279, al. 1 devenu l’art. 2276 al. 1, parce qu’il était de mauvaise foi ;
néanmoins, le vendeur initial n’a pas pu lui réclamer le prix).
(1528) Supra, no 602.
(1529) Supra, no 605.
(1530) Du grec uppotiwhmi : poser dessous. L’immeuble est « soumis » à la sûreté, « grevé » de
l’hypothèque.
(1531) Supra, no 499.
(1532) Supra, no 460.
(1533) L’histoire montre que l’hypothèque implique une organisation de la publicité des constitutions
et mutations de droits réels immobiliers. L’Égypte hellénistique et plusieurs cités grecques ont connu
une telle organisation, rudimentaire (les horoi, bornes plantées en terre ou écriteaux gravés sur les
murs d’une maison), puis plus élaborée (Bibliothèque des acquisitions, véritable service public de
l’enregistrement des mutations). Au contraire, les Romains n’ont connu aucun système de publicité
foncière ; l’hypothèque n’est pas inconnue, mais son régime est très imparfait : J.-Ph. LEVY, « Coup
d’œil historique d’ensemble sur les sûretés réelles », RHD (néerlandaise), 1987, p. 257-266.
(1534) À la clandestinité de l’hypothèque s’ajoutait surtout son insécurité, du fait que les transferts de
droits immobiliers n’étaient pas davantage publiés : le créancier n’était jamais sûr de traiter avec le
propriétaire.
(1535) Biblio. : M. DAGOT, La publicité foncière, PUF, coll. Thémis, 1981 ; J. LAFOND et B. STEMMER,
Dictionnaire de la publicité foncière, Litec, 1984, 4 vol. ; A. FOURNIER, Publicité foncière, Rép. civ.
Dalloz, 2007 ; du même auteur « Privilèges et Hypothèques – Modes de l'inscription. Formalités de
la prise d'inscription », J.-Cl. civil, art. 2426 à 2439, fasc. 20, 2007 ; J.-Cl. civil, Annexes,
vo Publicité foncière, par M. DAGOT et F. MAGNIN ; S. PIEDELIÈVRE, La publicité foncière, LGDJ,
1999 ; M. GOBERT, « La publicité foncière, cette mal-aimée », Ét. Flour, Defrénois, 1979, p. 207 ;
P. CROCQ, Lamy Droit des sûretés, Étude 218, Inscription des sûretés immobilières, 2009.
(1536) Infra, no 633.
(1537) Les obligations, coll. Droit civil.
(1538) Les biens, coll. Droit civil.
(1539) Supra, no 631, note 1.
(1540) Infra, no 707.
(1541) Infra, nos 648-652.
(1542) Il en va de même à Mayotte selon le décret no 2008-1086 du 23 oct. 2008.
(1543) D. no 2012-1462 et 2012-1463 du 26 déc. 2012, J.O. 28 déc. 2012.
(1544) Infra, no 676.
(1545) Infra, no 638.
(1546) Ex. : Après le refus de dépôt d’une hypothèque, un autre acquéreur publie une vente du même
bien : l’hypothèque est inopposable à l’acquéreur.
(1547) Le refus du dépôt, comme le rejet de la formalité, ne peut avoir lieu que dans les cas
limitativement prévus par la loi (Cass. civ. 3e, 14 mars 1968, Bull. civ. III, no 61 ; RTD civ. 1968,
p. 563, obs. J.-D. Bredin ; D. 1968, p. 425 et s., note J. Mazeaud)
(1548) Selon l'art. 74, 1º, du décret du 14 octobre 1955, la notification doit être effectuée dans un
délai de quinze jours à compter de la remise des documents (ce délai est toutefois d'un mois
s'agissant des publications par voie de mention en marge), mais aucune sanction n'est spécifiquement
prévue si le service de la publicité foncière n'effectue pas cette notification. Or, ce défaut de
notification peut s'avérer particulièrement dangereux pour le créancier, car la Cour de cassation a
jugé qu'une demande tardive d'inscription devait être refusée par le service de la publicité foncière
sans tenir compte du fait que ce même service n'avait pas répondu à une précédente demande
effectuée dans le délai imparti et de ce que le défaut de notification du refus de dépôt ou du rejet de
la formalité avait empêché la précédente demande d'être régularisée ou réitérée en temps utile
(Cass. 3e civ., 10 déc. 2015, nº 14-26895).
(1549) Cass. civ. 3e, 30 mai 1978, Bull. civ. III, no 225 ; Defrénois 78, art. 31859, n. E. Frank ;
Versailles, 30 juin 1989, Defrénois 89, art. 34633, no 133, n. L. Aynès.
(1550) Cass. 3e civ., 10 juill. 2013, nº 12-16193, Defrénois 2014, p. 12, obs. S. Piedelièvre (la
rédaction des faits au sein de cet arrêt est pour le moins obscure puisque les hauts magistrats
semblent bien y confondre refus de dépôt et rejet de la formalité).
(1551) S. Piedelièvre, obs. préc.
(1552) Cass. civ. 1re, 20 juill. 1965, Bull. civ. I, no 493 ; D., 65.757, n. J. Mazeaud : « les
conventions, ou dispositions contenues dans un acte sous seing privé ne peuvent être portées à la
connaissance des tiers ou leur devenir opposables par leur publicité que si elles sont constatées
par un acte authentique ».
(1553) Autrefois, cette règle connaissait un assouplissement dans la mesure où un acte sous seings
privés déposé au rang des minutes du notaire avec reconnaissance d’écriture et de signature par les
parties pouvait être publié (décret du 14 oct. 1955, art. 68 ; v. sur ce point les critiques de MAZEAUD-
CHABAS-PICOD, no 686). Cet assouplissement a été supprimé par le nouvel art. 710-1 C. civ. issu de la
loi nº 2011-331 du 28 mars 2011.
(1554) Supra, no 634.
(1555) À terme, car la création d’une fiche implique la publicité d’un acte ; or, certains immeubles
n’ont fait, depuis 1955, l’objet d’aucun acte publié.
(1556) Rapport annuel de la Cour des comptes, févr. 2008, p. 445 et s.
(1557) En application de cette règle, le service de la publicité foncière doit refuser l’inscription ou
la publication d’un acte concernant un ancien propriétaire du bien visé à peine d’engager sa
responsabilité à l’égard de l’actuel propriétaire : Cass. civ. 3e, 12 juin 1996, Bull. civ. III, no 145 ; D.
1997, som. p. 257, obs. S. Piedelièvre ; RDI 1997, p. 114 obs. Ph. Simler et Ph. Delebecque.
(1558) Supra, no 635.
(1559) Les biens, coll. Droit civil.
(1560) Ibid.
(1561) Ibid.
(1562) V. infra, no 671.
(1563) Supra, no 635.
(1564) Supra, no 635.
(1565) Infra, nos 670 et s.
(1566) Ex. : art. 37 du décret du 4 janv. 1955.
(1567) Supra, no 633.
(1568) Infra, nos 688-689.
(1569) Bien que l’article 28 exclue les privilèges et hypothèques, ceux-ci sont évidemment, et au
premier chef, soumis au même principe de publicité à peine d’inopposabilité : infra, no 670.
(1570) Sur la situation particulière de ce légataire, en cas de révocation du legs, v. SIMLER et
DELEBECQUE, no 856.
(1571) V. infra, no 657.
(1572) Si le bail a une durée inférieure ou égale à douze ans, il n'est pas soumis à publicité et il suffit
donc que son antériorité par rapport à la naissance du droit du tiers soit établie pour qu'il soit
opposable à ce dernier : Cass. 2e civ., 6 juin 2013, nº 12-19116, Defrénois 2014, p. 7, obs.
S. Piedelièvre.
(1573) Les contrats spéciaux, coll. Droit civil.
(1574) V. infra, nos 648 et s.
(1575) Cass. com., 15 mai 2001, Bull. civ. IV, no 89 ; D. 2001, p. 1873, obs. A. Liénhard ; Defrénois
2002, art. 37565, no 43, p. 836, obs. S. Piedelièvre.
(1576) Un tel acte n’est pas inimaginable, de la part d’un débiteur conférant à son créancier une
sûreté négative : supra, no 320.
(1577) Les contrats spéciaux, coll. Droit civil.
(1578) Cass. civ. 3e, 4 mars 1971, Bull. civ. III, no 161, D., 71.358, n. Franck ; JCP G, 72.II.16983,
n. M. Dagot, Defrénois 71, art. 29914, n. J.-L. Aubert ; 5 déc. 1978, D., 79, IR, 200.
(1579) Cass. civ. 3e, 13 mars 1979, Bull. civ. III, no 63, D., 79.746, n. Frank, JCP N, 79.II.1253,
n. Stemmer : « le pacte de préférence, simple promesse unilatérale conditionnelle, dont la violation
se résout en dommages-intérêts, ne saurait constituer une restriction au droit de disposer dont la
publication serait obligatoire en vertu des dispositions de l’art. 28-2o du décret du 4 janv. 1955 » ;
16 mars 1994, Bull. civ. III, no 58, Defrénois 94, art. 35897, no 128, n. L. Aynès ; J.-L. AUBERT,
« Brèves remarques sur l’éventualité d’un revirement de jurisprudence en matière de publicité des
pactes de préférence », D., 80, chron. 41 ; Contra : SIMLER et DELEBECQUE, no 862.
(1580) Ce texte est souvent utilisé, afin de vaincre la résistance du promettant, qui, après la levée de
l’option, refuse de concourir à l’acte authentique de vente. Le bénéficiaire, acquéreur, est ainsi
protégé contre les actes d’aliénation que pourrait accomplir le vendeur pendant la durée du procès.
(1581) Les biens, coll. Droit civil.
(1582) Ainsi, les organes de la procédure collective ouverte à l'encontre du propriétaire d'un
immeuble, objet d'un acte non publié, ne sont pas des tiers au sens de l'art. 28 du décret du 4 janv.
1955 et ne peuvent donc pas se prévaloir de l'inopposabilité de cet acte ; v. dans le cas d'un acte
portant renonciation au bénéfice de l'accession foncière, Cass. civ. 3e, 29 mars 2006, no 04-18088.
(1583) Les obligations, coll. Droit civil.
(1584) V. une illustration in Cass. civ. 1re, 29 janv. 2002, Bull. civ. I, no 27 ; Defrénois 2002,
art. 37591, no 59, p. 1096, obs. Ph. Théry, arrêt affirmant que l’inopposabilité d’un acte publié une
fois prononcée (à la suite d’une action paulienne) confère au créancier la liberté de poursuivre la
vente de l’immeuble libre des droits nés de cet acte.
(1585) Pour une application de cette règle, en cas d’échange de parcelles : Cass. civ. 3e,
11 juin 1997, Defrénois 1997, art. 36703, no 164, n. L. Aynès ; D., 98, S., 108, obs. S. Piedelièvre.
(1586) Cass. civ. 3e, 4 févr. 1987, Bull. civ. III, 20, RDI, 83.333, n. Ph. Simler ; M. JOBARD-
BACHELLIER, « Servitude et grandeur de la publicité foncière en droit français », D., 1988, chron. 247.
(1587) Infra, no 689.
(1588) Ex. : le mandataire du premier acquéreur, qui achète ensuite le même bien pour son compte
personnel.
(1589) J. MAZEAUD, « L’adage “fraus omnia corrumpit” et son application dans le domaine de la
publicité foncière », Defrénois 1962, art. 28265, p. 481.
(1590) Cass. civ. 3e, 22 mars 1968, Bull. civ. III, no 129 ; D., 68.412, n. J. Mazeaud ; JCP G,
68.II.15587, n. Plancqueel ; RTD civ., 68.564, n. Bredin ; 30 janv. 1974, Bull. civ. III, no 50 ; D.,
75.427, n. J. Penneau ; Defrénois 74, art. 30631, n. G. Goubeaux : « Vu l’art. 1382, C. civ. ; attendu
que l’acquisition d’un immeuble en connaissance de sa précédente cession à un tiers est
constitutive d’une faute qui ne permet pas au second acquéreur d’invoquer à son profit les règles
de la publicité foncière » ; Cassation de l’arrêt qui estime « qu’il n’y a pas lieu, en l’absence de
manœuvres dolosives, de s’arrêter à une simple question de bonne ou de mauvaise foi » et que
l’acquéreur n’avait commis aucune faute « en profitant d’un avantage offert par la loi elle-même à
l’acquéreur le plus diligent ».
(1591) Les obligations, coll. Droit civil.
(1592) MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, no 767 ; Ph. THÉRY, no 387 ; Contra, approbateurs, SIMLER et
DELEBECQUE, no 876.
(1593) I. TAKIZAWA, « Les problèmes jurisprudentiels de la publicité foncière française », in Mél.
Simler, Dalloz-Litec, 2006, p. 829 et s.
(1594) V. infra, no 670.
(1595) V. affirmant que, faute d’avoir été publiée, la cession d’un bail emphytéotique et d’un bail à
construction est inopposable au tiers qui a inscrit une hypothèque sur les mêmes droits, la
circonstance que le créancier ait eu personnellement connaissance de la cession ne pouvant suppléer
au seul mode légal de publicité en la matière, Cass. civ. 2e, 11 juill. 2002, Bull. civ. II, no 170 ;
RD banc. 2002, no 232, obs. D. Legeais ; comp., toutefois, en sens inverse, Cass. civ. 3e, 26 nov.
2003, no 02-15492 (n.p.B.). Adde, soulignant l'incohérence de la jurisprudence en ce domaine,
B. de BERTIER-LESTRADE, Les conflits d'actes juridiques en droit privé, préf. L. Rozés, P.U. d'Aix-
Marseille, 2003, p. 482 et s.
(1596) Cass. civ. 3e, 12 janv. 2011, no 10-10667, D. 2011, 851, n. L. Aynès ; Defrénois 2011,
art. 39211, n. C. Grimaldi ; RTD civ. 2011, 158, obs. P. Crocq ; Cass. civ. 3e, 19 juin 2012, no 11-
17105, Defrénois 2012, art. 40607, obs. S. Piedelièvre.
(1597) F. DANOS, « Publicité foncière et transfert de propriété », Dr. et patr. 2012 : la publicité
foncière s’analyse comme un mode de possession juridique de l’immeuble cédé. Il ne s’agit donc pas
seulement de révéler aux tiers une information, qu’ils pourraient avoir par ailleurs ; mais la
publication est un acte de prise de possession juridique.
(1598) Cass. 1re civ., 20 déc. 2012, nº 11-19682, Bull. civ. I, nº 273 ; D. 2013, p. 391, obs.
S. Amrani-Mekki et M. Mekki ; Cass. 1re civ., 11 sept. 2013, nº 12-23357, Bull. civ. I, nº 169 ;
RTD civ. 2014, p. 125, obs. P. Jourdain ; Defrénois 2015, 118w3, p. 195, obs. M. Latina ; Defrénois
2014, p. 8, obs. S. Piedelièvre.
(1599) Sur un rapprochement avec la fraude paulienne, v. F. DANOS, art. préc.
(1600) V. en ce sens, S. ZINTY, « La constitution du droit réel par l'effet de la tradition », PUAM,
2015, nº 526. Adde, réfutant déjà, en la matière, la recevabilité des preuves testimoniales et des
présomptions du fait de l'homme, G. BOISSONADE, « Explication nouvelle de la théorie de la
transcription à l'occasion de la mauvaise foi en matière de transcription et d'inscription
hypothécaires », Rev. prat. de droit français, t. 30, 1870, p. 337 s., nº 40.
(1601) Supra, no 633.
(1602) Pour l’exclusion du fermier, titulaire d’un simple droit personnel : Cass. civ. 3e, 17 juin 1980,
Bull. civ. III, no 118 ; JCP G, 81.II.19584, n. Dagot : « la publicité étant faite pour la sauvegarde
des intérêts des tiers titulaires d’un droit réel sur l’immeuble, Rigouin (le fermier) ne pouvait se
prévaloir à l’égard des donataires, du défaut de publicité de la donation ».
(1603) Supra, no 643.
(1604) Sur le mode de calcul, SIMLER et DELEBECQUE, no 878 ; Ph. THÉRY, no 386.
(1605) Supra, no 638.
(1606) Ainsi, l'acte portant reprise par une société de l'acquisition d'un immeuble réalisée par les
fondateurs de cette société pour le compte de celle-ci lorsqu'elle était en formation est un acte
déclaratif qui est opposable aux tiers indépendamment de sa publication. Ceci a pour conséquence,
en raison de l'effet rétroactif de l'acte de reprise, que l'acquisition est censée avoir toujours été
effectuée par la société et que les sûretés qui ont pu être inscrites sur cet immeuble du chef de l'un de
ses fondateurs seront éteintes même si l'acte de reprise n'est pas publié : Cass. civ. 3e, 9 juill. 2003,
Bull. civ. III, no 159 ; Banque et droit, no 93, janv.-févr. 2004, p. 45 et s., obs. M. Storck.
(1607) La demande s’entend d’une assignation tout autant que de conclusions additionnelles
(Cass. civ. 3e, 18 mars 1998, Bull. civ. III, no 70), reconventionnelles (Cass. civ. 1re, 7 janv. 1992,
Defrénois, 1992, art. 35303, no 76, n. L. Aynès), ou subsidiaires (Cass. civ. 3e, 19 mars 1997,
Bull. civ. III, no 67 ; D. 1997, som. 259, obs. S. Piedelièvre ; Defrénois 1997, art. 36703.163,
n. L. Aynès : même si la demande initiale en nullité a été publiée, la demande subsidiaire ultérieure
en résolution doit faire l’objet d’une publicité distincte). V. par exemple, dans le cas d'une action
tendant à faire annuler une hypothèque constituée en période suspecte pour garantir une dette
antérieurement contractée : Cass. com., 12 avr. 2005, no 03-18606, Bull. civ. IV, no 89 ; JCP G
2005.I.174, no 11, obs. M. Cabrillac ; Act. proc. coll. 2005, no 10, p. 122, obs. Th. Le Bars ; D. 2005,
p. 1151, obs. A. Liénhard ; Rép. Defrénois 2006, art. 38356, no 20, p. 522 et s., obs. S. Piedelièvre.
(1608) L'action en résolution d'un acte ayant fait l'objet d'une publication alors que la publicité n'est
que facultative n'est donc pas soumise à publication : Cass. 3e civ., 16 janv. 2013, nº 11-25262,
Defrénois 2014, p. 10, obs. S. Piedelièvre.
(1609) La requalification de la demande en cours d'instance ne remet pas en question les effets de la
publication si la demande initiale et la demande requalifiée ont les mêmes effets : Cass. 3e civ.,
17 sept. 2014, nº 13-16.651, JCP G 2014, 1174, note J.-J. Barbieri.
(1610) Mais la demande de résiliation d’un crédit-bail lui-même publié (bail de plus de douze ans)
n’a pas à être publiée, au motif (contestable) qu’elle ne produit pas d’effet rétroactif : Cass. civ. 3e,
21 févr. 1996, Bull. civ. III, no 55 ; Defrénois 1997, art. 36256, no 47, n. L. Aynès ; Cass. civ. 3e,
27 mai 1998, Bull. civ. III, no 114.
(1611) Cass. civ. 1re, 7 juin 1988, Bull. civ. I, no 181 ; Cass. civ. 3e, 12 févr. 1985, Bull. civ. III, no 32.
(1612) Supra, no 646.
(1613) Mais la réitération devant un notaire français d’une hypothèque constituée à l’étranger sur un
immeuble situé en France est efficace : Cass. civ. 1re, 12 juin 2003, no 12-15467, Defrénois 2014,
p. 436, obs. S. Cabrillac ; RD bancaire et financier 2013, comm. 157, obs. A. Cerles ; JCP G 2013,
doctr. 1256, nº 10, obs. Ph. Delebecque ; D. 2013, p. 1540, obs. T. Ravel d’Esclapon ; RLDC sept.
2013, p. 37, obs. Ch. Gijsbers.
(1614) * Cass. civ., 7 févr. 1854, de Barante, DP, 54.1.49 ; S., 54.1.322 : « si le débiteur stipule par
un mandataire, la procuration doit participer de l’authenticité du contrat même ». Les contrats
spéciaux, coll. Droit civil. La procuration dressée par un notary public australien ne remplit pas les
conditions de l’authenticité, dès lors que la forme suivie n’était pas équivalente à celle du droit
français (le notary public ne parlait que l’anglais et n’avait donc pas lu efficacement l’acte au
constituant français) ; l’hypothèque est nulle : Cass.1re civ., 14 avril 2016, nº 15-18157, Bull. civ. I,
(en l'occurrence, il aurait été préférable de faire établir la procuration par le Consulat de France, les
services consulaires étant compétents pour exercer des attributions notariales hors de l'Union
européenne ; décret no 91-152 du 7 février 1991).
(1615) * Cass. Req., 5 nov. 1860, Legras, DP, 61.1.300 : « un débiteur peut s’engager par (un acte
sous seing privé) à conférer une hypothèque ».
(1616) Cass. civ. 3e, 7 avr. 1993, Bull. civ. III, no 55 ; Defrénois 13, art. 35617, no 104, n. L. Aynès :
« l’acte constitutif d’hypothèque ne peut être passé que devant un notaire et... en cas d’inexécution
de la promesse d’hypothèque, le créancier ne peut obtenir que des dommages-intérêts » (cf. aussi,
Cass. com., 3 mai 1988, Bull. civ. IV, no 145, Defrénois 89, art. 34482, no 23, n. L. Aynès : la
constitution d’une hypothèque pendant la période suspecte est inopposable (aujourd’hui nulle), même
si elle constitue l’exécution d’une promesse d’hypothèque valable ; Cass. com., 12 nov. 1997, D., 98,
som. 106, n. Piedelièvre). Il est également possible de prévoir que le prêt garanti fera l'objet d'une
déchéance du terme du prêt si l'hypothèque promise n'est pas constituée, mais encore faudra-t-il alors
que la clause de déchéance du terme soit mise en œuvre de bonne foi par le créancier :
v. Cass. 1re civ., 1er juin 2016, no 15-14914.
(1617) Cass. civ. 3e, 29 mai 2002, Bull. civ. III, no 118 ; RD banc. 2002, no 180, p. 256 et s., obs.
D. Legeais.
(1618) M. LATINA et J.-F. SAGAUT, « La responsabilité du notaire en matière de sûretés »,
Defrénois, mai 2011, p. 976.
(1619) Mais, sauf mandat exprès, il n’est pas tenu de renouveler les inscriptions (Lyon, 9 déc. 1981 ;
Cass. civ. 1re, 25 mai 1982, Bull. civ. I, no 190 ; Defrénois 82, art. 32972, no 91, p. 1619, n. Aubert ;
25 juin 1984, Bull. civ. I, no 209).
(1620) V., en ce sens, dans le cas de l'inscription d'un nantissement et excluant de ce fait un partage
de responsabilité entre le notaire et le créancier, Cass. 1re civ., 16 oct. 2008, no 07-14695 et 07-
16270, Bull. civ. I, no 226.
(1621) Cass. civ. 1re, 3 mars 2011, no 09-16091, Bull. civ. I, à paraître, Dr. et patr. juill. 2011, obs.
L. Aynès ; RLDC 2011/82, no 4241, obs.J.-J. Ansault : « les actes versés aux débats ne laissaient
aucun doute sur l’intention de la banque de voir ses créances garanties par une hypothèque de
premier rang... et il n’était pas douteux... que la banque entendait confier au notaire le soin de
procéder aux formalités de radiation des hypothèques comme en témoignait le versement de
provisions à cet effet, ce dont il résultait l’obligation pour le notaire d’effectuer toute les
diligences nécessaires, y compris l’affectation des fonds qu’il avait reçus pour un montant
suffisant à l’apurement des créances antérieures garanties, à l’inscription des hypothèques dont il
avait été chargé... ».
(1622) Si l'on veut bien admette que les notaires sont « professionnellement compétents
et suffisamment indépendants du processus de souscription du crédit pour fournir une évaluation
impartiale et objective », ils peuvent avoir la qualité d'évaluateurs au sens de l'art. 19, al. 2 de la
directive 2014/17/UE du 4 févr. 2014 sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs à des
biens immobiliers à usage résidentiel, laquelle impose aux États de mettre en place des normes
d'évaluation des immeubles hypothéqués (art. 19, al. 1) et aux préteurs de procéder à une évaluation
rigoureuse de la solvabilité du consommateur « qui ne s'appuie pas essentiellement sur le fait que
la valeur du bien immobilier à usage résidentiel est supérieure au montant de crédit ou sur
l'hypothèse que le bien immobilier à usage résidentiel verra sa valeur augmenter, à moins que le
contrat de crédit ne soit destiné à la construction ou à la rénovation du bien immobilier à usage
résidentiel » (art. 18, al. 1 et 3).
(1623) Cass. civ. 1re, 21 avr. 1971, Bull. civ. I, no 125 ; D., 71.565 ; Defrénois 72, art. 30094, no 13,
n. Aubert. En l’espèce, le notaire a été déclaré responsable, bien qu’il ait informé le mandataire du
prêteur de la situation catastrophique dans laquelle se trouvait l’emprunteur. Lorsque le notaire se
borne à authentifier un acte de prêt conclu antérieurement, il a été jugé que son devoir de conseil
subsiste, si les fonds n’ont pas encore été remis à l’emprunteur, car le prêt, contrat réel, n’est pas
encore formé : Cass. civ. 1re, 15 janv. 1985, D., 85.233, n. J.-L. Aubert ; n.p.B. : « les fonds prêtés
n’avaient pas été remis aux emprunteurs avant l’établissement de l’acte authentique, de sorte que
la faute du notaire, qui n’avait pas vérifié l’état hypothécaire des immeubles donnés en garantie,
était en rapport de causalité avec le préjudice résultant du non-remboursement du prêt ».
L’évolution de la jurisprudence à propos du caractère réel du contrat de prêt (v. Les obligations,
coll. Droit civil) a entraîné une remise en cause de la justification de cette solution mais non de la
solution elle-même. V. Cass. 1re civ., 28 mai 2009, nos 07-14075 et 07-14644, Bull. civ. I, no 109,
affirmant que « s'il n'est pas tenu d'une obligation de conseil et de mise en garde concernant
l'opportunité économique d'une opération en l'absence d'éléments d'appréciation qu'il n'a pas à
rechercher, le notaire est, en revanche, tenu d'une telle obligation pour que les droits et
obligations réciproques légalement contractés par les parties répondent aux finalités révélées de
leur engagement, soient adaptés à leurs capacités ou facultés respectives et soient assortis des
stipulations propres à leur conférer leur efficacité, quand bien même leur engagement procéderait
d'un accord antérieur, dès lors qu'au moment de l'authentification cet accord n'a pas produit tous
ses effets ou ne revêt pas un caractère immuable » et en déduisant que « le notaire, que l'indication
claire de la valeur de l'immeuble hypothéqué ne dispensait pas d'attirer l'attention sur sa
disproportion avec le montant du prêt garanti qui ajoutait aux risques de l'opération globale,
avait méconnu son obligation de conseil et de mise en garde ».
(1624) Cass. civ. 1re, 2 févr. 1970, Bull. civ. I, no 43 ; D., 70, som. 71.
(1625) P. CROCQ, « Le principe de la spécialité des sûretés réelles : chronique d'un déclin annoncé »,
Dr. et patr. no 92, avr. 2001, p. 60 et s.
(1626) Infra, no 672.
(1627) Cass. civ., 21 nov. 1849, Lippmann et Clausse.
(1628) Infra, no 674
(1629) Supra, no 237.
(1630) L'avenant transformant la dernière hypothèque conventionnelle inscrite sur un bien avant la
publication de l'ordonnance du 23 mars 2006 en une hypothèque rechargeable doit faire l'objet d'une
inscription dont les modalités sont similaires à celles de l'inscription d'une hypothèque
conventionnelle à ceci près que chaque bordereau doit contenir les mentions obligatoires énoncées
par l'art. 57-3 du décret du 14 oct. 1955 créé par le décret no 2007-404 du 22 mars 2007 (Adde, à ce
propos, l'instruction 10 D-2-06, BODGI no 197 du 1er déc. 2006, § 25, p. 4 et s.). Cette transformation
a pu parfois être effectuée à des conditions fiscalement avantageuses puisque l'art. 7 de la loi de
finances pour 2007 du 21 déc. 2006 avait prévu que cet avenant soit exonéré du droit
d'enregistrement et de la taxe de publicité foncière s'il était conclu par une personne physique et
inscrit avant le 1er janv. 2009.
(1631) La publicité de l'acte notarié constatant la transformation du privilège en une hypothèque
rechargeable est régie par le nouvel art. 57-4 ajouté au décret du 14 oct. 1955 par le décret no 2008-
466 du 19 mai 2008.
(1632) V. notamment, M. GRIMALDI, « L’hypothèque rechargeable et le prêt viager hypothécaire »,
D. 2006, 1295, no 4 ; E. FREMEAUX et G. DAUBLON, « La réforme du droit des sûretés », Defrénois
2006, art. 38420, p. 1095. Cette possibilité était expressément prévue à l’ancien art. L. 313-14-1
C. consom. Elle comportait deux limites en fait : la valeur de l’immeuble et le coût de constitution,
qui dépendait du montant garanti dans l’acte de constitution.
(1633) En cas de vente de l’immeuble avec une hypothèque rechargeable non épuisée, il peut être
intéressant pour l’acquéreur de conserver l’hypothèque qu'il n’est jamais obligé de purger et de
bénéficier à son tour de la faculté de recharge, ce qui le dispense de constituer une nouvelle
hypothèque. Rien ne paraît s’y opposer. La faculté de recharge est un avantage que le constituant
initial peut transmettre à l’acquéreur ; la seule question est de savoir si cette transmission est
automatique par accessoire ou si elle nécessite une cession expresse.
(1634) V., dans le même sens, Ph. THÉRY, « L'hypothèque rechargeable », Dr. et patr. mai 2007, p. 42
et s., spéc. p. 45 et 46. Selon cet auteur, le fait de recharger l'hypothèque constitue un acte de
disposition puisque cela alourdit la charge hypothécaire supportée par l'immeuble (laquelle peut par
exemple être nulle, bien que l'immeuble soit grevé d'une hypothèque rechargeable, lorsque la créance
garantie initialement par l'hypothèque a été totalement payée).
(1635) Cette publication est effectuée par le dépôt de deux expéditions, certifiées conformes à la
minute par le notaire, de la convention notariée de rechargement (laquelle doit pour cela comporter
un certain nombre de mentions exigées par une instruction de la Direction Générale des Impôts
(instruction no 10 D-2-06, BODGI no 197 du 1er déc. 2006, § 18, p. 3 et s.).
(1636) V. infra, no 696.
(1637) Sous réserve d'une éventuelle cession d'antériorité : v., infra, nº 698.
(1638) M. GRIMALDI, op. cit., no 7.
(1639) M. GRIMALDI, op. cit., no 9, E. FREMEAUX et G. DAUBLON, op. cit., p. 1096.
(1640) V. en ce sens, A. GOURIO, « L'hypothèque rechargeable », RD bancaire et financier sept.-oct.
2006, p. 39 et s.
(1641) V. Ch. GIJSBERS, « Requiem pour l'hypothèque rechargeable », RLDC mars 2014, p. 28 s. ;
H. HEUGAS-DARRASPEN, « La loi du 17 mars 2014 modifiée relative à la consommation et le
renforcement de la protection du consommateur immobilier », RD imm., déc. 2014, p. 608 et s., spéc.
p. 615.
(1642) Rapport nº 1156 rédigé par M. Hamadi et de Mme Le Loch au nom de la Commission des
affaires économiques de l'Assemblée nationale sur le projet de loi relative à la consommation, spéc.
p. 28.
(1643) Ainsi que cela avait, d'ailleurs, été souligné dans le rapport nº 809 rédigé par MM. Bourquin
et Fauconnier au nom de la Commission des affaires économiques du Sénat, p. 128.
(1644) V. le rapport enregistré à la Présidence du Sénat le 29 oct. 2014 et fait par M. André
Reichardt au nom de la commission des lois du Sénat (Sénat, session ordinaire 2014-2015, Rapport
nº 59, p. 82).
(1645) V. L. ANDREU, « L'hypothèque rechargeable ressuscitée », JCP G 2015, nº 78 ; Ch. GIJSBERS,
« Hypothèque rechargeable : rétablissement pour les professionnels par la loi du 20 déc. 2014 », D.
2015, p. 69 ; E. FRÉMEAUX, « Pour l'hypothèque rechargeable », JCP N 2016, 1102 ; H. HEUGAS-
DARRASPEN et J. SALVANDY, « L'hydre de l'hypothèque rechargeable ? », RD imm., 2015, p. 341 ;
C. LE GALLOU, « L'hypothèque rechargeable : un jeu de cache-cache ou de qui perd quoi ? », RLDC
avr. 2015, p. 30 ; G. PIETTE, « La résurrection de l'hypothèque rechargeable », RLDA févr. 2015,
5456.
(1646) Mais encore faut-il que cette qualification soit bien admise, ce qui peut parfois poser des
difficultés, notamment lors du financement de panneaux photo-voltaïques ou d'éoliennes. V., à ce
propos, A. REYGROBELLET, Ch. BARTHÉLÉMY, J.-É CROS et J. L. TIXIER, « De la nature juridique des
éoliennes au regard de la distinction meuble/immeuble », RD imm., 2015, p. 567.
(1647) Supra, no 518.
(1648) O. DE DAVID BEAUREGARD-BERTHIER, « Domaine public et droits réels », JCP G, 1995.I.3812 ;
Y. GAUDEMET, « Hypothèque et domaine des personnes publiques », D. Aff. 1996, 33.
(1649) Cass. civ. 1re, 23 févr. 2012, no 09-13113, RTD civ. 2012, p. 346, obs. crit. P. Crocq ; Banque
et droit, no 142, p. 41, obs. N. Rontchevsky ; Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès ; RLDC oct. 2012,
p. 29 et s., n. crit. J.-J. Ansault. La Cour de cassation a, en revanche, admis la possibilité d’inscrire
une hypothèque judiciaire en dépit d'une clause d'inaliénabilité (Cass. civ. 1re, 9 oct. 1985, nº 84-
13306, Bull. civ. I, no 252) ou d'une déclaration d'insaisissabilité (Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-
13643, JCP G 2014, 925, note J.-J. Barbieri ; RDC déc. 2014, p. 752, nº 111d7, obs. P. Berlioz ;
Defr. 2015, 119w3, p. 492, obs. S. Cabrillac ; RTD civ. 2014, p. 693, obs. P. Crocq ; JCP G 2014,
Doctr. 1162, nº 13, obs. Ph. Delebecque ; RD bancaire et financier 2014, comm. 135, obs.
D. Legeais ; RD bancaire et financier 2014, 176, obs. S. Piedelièvre ; Defr. 2015, 119a4, p. 247,
obs. F. Vauvillé ; LPA, 22 août 2014 nº 168, p. 8, note F. Vinckel). La solution paraît contraire à
l’arrêt rendu en matière de nantissement d’instruments financiers (supra, no 504) ; en réalité, dans
cette affaire, ce qui était temporairement interdit au propriétaire des instruments financiers était la
« cession » de ceux-ci, or le nantissement n’est pas une cession. Adde Ph. DELEBECQUE, « La
constitution d'une sûreté sur un bien frappé d'une indisponibilité conventionnelle », Dr. et patr. janv.
2014, p. 45 et s.
(1650) Une telle hypothèque a un caractère temporaire dans la mesure où elle disparaît à l'expiration
de ce bail et ne se reporte pas sur le nouveau bail en cas de renouvellement du premier :
Cass. civ. 3e, 7 oct. 2009, no 08-14962, JCP G, no 48, 23 nov. 2009, 492, no 15, obs. Ph. Delebecque ;
RLDC mars 2011, p. 62, obs. V. Perruchot-Triboulet.
(1651) Cass. com., 13 mars 2012, no 11-10289, Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès ; RTD civ.
2012, 556, obs. P. Crocq.
(1652) Cass. civ. 3e, 7 janv. 1987, Bull. civ. III, no 4 ; Defrénois 87, art. 34120, no 112, n.
crit. L. Aynès.
(1653) MARTY, RAYNAUD, JESTAZ, III, no 184 ; avec des regrets, MAZEAUD-CHABAS, no 273.
(1654) V. supra, no 150.
(1655) Cass. civ., 24 mai 1892, veuve Donandy, DP, 92.1.327 : « l’existence dans la personne de
celui qui constitue une hypothèque, d’un droit actuel de propriété sur l’immeuble, au moment où il
est grevé d’affectation hypothécaire, est la condition même de la possibilité de cette affectation ;
cette condition est substantielle ; à son défaut, le contrat d’hypothèque est entaché d’une nullité
absolue comme manquant d’objet ; il s’ensuit que l’hypothèque, nulle dans son principe même, ne
peut être validée par le fait que le constituant deviendrait ultérieurement propriétaire ; autrement,
on pourrait arriver par une voie détournée à frauder la loi et à consentir l’hypothèque des biens à
venir, qu’elle interdit expressément, sauf dans le cas de l’exception unique dont les termes sont
rigoureusement précisés par l’art. 2130 ».
(1656) Cass. com., 22 mars 2016, nº 14-14218.
(1657) Encore faut-il que l'apparence existe vraiment : v., refusant l'application de cette théorie dans
le cas où l'immeuble hypothéqué avait été acquis par un associé fondateur pour le compte d'une
société en formation, Cass. civ. 3e, 9 juill. 2003, cité supra, no 656. Mais si cette apparence existe, le
créancier, même s'il est professionnel, n'a pas à effectuer de vérifications complémentaires :
Cass. civ. 3e, 17 déc. 2014, nº 13-10779.
(1658) Cass. com., 20 juin 1995, Bull. civ. IV, no 183 ; D., 97.1, rapp. Remery ; JCP G, 96.I.3896,
obs. Cabrillac ; comp., pour un immeuble dépendant de la communauté conjugale : Cass. com.,
20 mai 1997, D., 98, som. 134, n. J. Revel ; D., 98, som. 107, n. S. Piedelièvre : les biens communs
sont pour le tout affectés au paiement des dettes communes (art. 1413), si bien qu’ils sont pour le tout
englobés dans la procédure collective de l’époux en « faillite » et soumis à l’interdiction des voies
d’exécution et inscriptions (C. com., art. L. 621-50) postérieures au jugement déclaratif ; sur les
droits du créancier hypothécaire de l’époux in bonis, v. infra, no 684.
(1659) Ce qui est d'autant plus heureux que le caractère indivis peut apparaître de manière
rétroactive après la constitution de l'hypothèque : v., dans le cas de l'exercice d'un droit de retour
conventionnel, Cass. 1re civ., 10 juill. 2013, nº 12-20885, Defrénois 2014, p. 437, obs. S. Cabrillac ;
JCP G 2013, doctr. 1256, nº 11, obs. Ph. Delebecque ; RLDC oct. 2013, p. 34, obs. Ch. Gijsbers ; D.
2013, p. 2156, n. F. Julienne.
(1660) P. CATALA, « L’indivision », Defrénois 1981, art. 32597, nos 128-129 ; M. DAGOT,
« L’hypothèque de l’immeuble indivis après la loi du 31 déc. 1976 », JCP G, 1980.I.2994 ;
Ph. THÉRY, Sûretés, publicité foncière, no 156.
(1661) Lorsque l’immeuble est licité à un tiers, le sort de l’hypothèque dépend de l’attribution du
prix par le partage – ce qui est une application de la subrogation réelle – : ** Ch. réunies, 5 déc.
1907, Chollet-Dumoulin, DP, 08.I.113, n. Colin ; S., 08.I.5, concl. Baudouin ; Defrénois 08,
art. 15556 : « si l’adjudication sur licitation d’un immeuble dépendant d’une hérédité doit, au
regard de l’adjudicataire, quand il est un tiers étranger à l’indivision, être considérée comme une
vente, elle constitue, dans les relations des cohéritiers entre eux, une opération préliminaire du
partage ; ... la créance du prix entre dans l’actif à partager, pour y être soumise, comme l’aurait
été l’immeuble même qu’elle remplace, aux règles ordinaires du partage ; ... si, à la suite d’un
prélèvement, la créance du prix est, dans le partage, attribuée tout entière à un de ses cohéritiers,
[l’héritier] sera réputé rétroactivement n’avoir eu sur ce prix aucun droit... et ainsi la créance
remplaçant l’immeuble dans la masse successorale devient elle-même, quoique n’étant pas née en
la personne du défunt, un “effet de succession” auquel l’art. 883 s’applique ». Ex. : 3 cohéritiers,
A, B, C. ; A hypothèque un immeuble indivis, ultérieurement licité à D, tiers à l’indivision. 1re hyp. :
le prix est attribué à A ; l’hypothèque est entièrement valable ; 2e hyp. : le prix est attribué à B ;
l’hypothèque est entièrement inefficace ; c’était le cas dans l’affaire Chollet-Dumoulin ; 3e hyp. : le
prix est attribué pour moitié à A ; l’hypothèque est valable pour moitié.
(1662) Cass. Req., 16 avr. 1888, DP, 88.I.289 ; S., 88.I.216 ; Cass. civ. 1re, 26 oct. 1976, Bull. civ. I,
no 307 ; Defrénois 77, art. 31467, n. Champenois.
(1663) Cass. civ. 3e, 29 nov. 1989, Bull. civ. III, no 221, Defrénois 90, art. 34761, no 24, n. L. Aynès :
l’hypothèque consentie par un indivisaire seul est valable, au regard des règles de l’indivision, parce
qu’elle comporte nécessairement la condition suspensive de l’attribution de l’immeuble au
constituant.
(1664) Une société fictive étant une société nulle, et non inexistante, et la nullité opérant sans
rétroactivité (art. 1844-15), l’hypothèque (maritime, en l’espèce) constituée avant la déclaration de
fictivité demeure valable et opposable aux créanciers chirographaires : Cass. com., 22 juin 1999,
Bull. civ. IV, no 136 ; JCP G, 2000.II.10266, n. Menjucq ; RTD com., 99.903, obs. Y. Reinhard.
(1665) Cass. civ., 11 juin 1817, S, 18.I.41 : « Le système de la publicité des privilèges et
hypothèques, consacré par les art. 2134 et 2135 du C. Nap., est la base de notre législation sur le
régime hypothécaire » ; cf. aussi Cass. Req., 19 déc. 1809, S., 10.I.101 ; ce qui n’a pas empêché les
hypothèques légales des mineurs et femmes mariées d’avoir été pendant longtemps occultes ; infra,
no 707.
(1666) Cass. civ. 3e, 17 juill. 1986, Bull. civ. III, no 118, Defrénois 87, art. 34056, no 78, p. 1178,
n. L. AYNÈS : « la circonstance, à la supposer établie, que [les tiers acquéreurs] aient eu une
connaissance personnelle des prêts consentis par la banque et des sûretés les ayant garantis ne
pouvait suppléer à l’inscription, seul mode légal de publicité ».
(1667) V supra, no 664.
(1668) V. supra, no 638.
(1669) Ex. : prêt en multidevises, l’emprunteur disposant d’une option de change, qui crée une
indétermination du montant exact de la dette (la possibilité d'un tel prêt est strictement encadrée
aujourd'hui dans le cas des personnes physiques, par l'art. L. 313-64 C. cons., et dans le cas des
collectivités territoriales, par l'art. L. 1611-3-1 CGCT).
(1670) Ex. : prêt indexé, ou dette de valeur.
(1671) Ceci a pour conséquence, en cas d'ouverture au bénéfice de l'emprunteur d'une procédure de
traitement du surendettement des particuliers, qu'à défaut d'aliénation de l'immeuble hypothéqué, la
dette née de ce prêt ne peut être incluse dans un plan de redressenent : Cass. 2e civ., 4 sept. 2014,
nº 13-18882, Gaz. Pal. 3-4 déc. 2014, p. 15, obs. Ch. Albiges ; Defr. 2015, 119w8, p. 493, obs.
S. Cabrillac ; JCP G 2015, 604, nº 9, obs. Ph. Delebecque ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 137, obs.
S. Gjidara-Decaix ; RD imm., 2014, p. 554, obs. H. Heugas-Darraspen ; Act. proc. coll. 2014, 281,
obs. V. Legrand ; RD bancaire et financier 2014, nº 209, obs. S. Piedelièvre ; Droit et proc. janv.
2015, Cah. Droit de la consommation p. 18, obs. V. Valette-Ercole.
(1672) Encore faut-il qu'il s'agisse bien d'une inscription totalement nouvelle. Ainsi, un événement
arrêtant le cours des inscriptions n'empêche pas le renouvellement d'une inscription antérieure non
encore périmée ou la prise d'une inscription définitive à la suite d'une inscription provisoire
antérieure à cet événement.
(1673) Comp. les critiques de M. DAGOT, « L’arrêt du cours des inscriptions (art. 2147) ; portée de la
règle », JCP G, 1979.I.2924.
(1674) Infra, no 676.
(1675) V. supra, no 638.
(1676) Infra, no 685.
(1677) En revanche, l'ouverture d'une procédure collective n'empêche pas l'inscription d'une
hypothèque garantissant une créance née après le jugement d'ouverture : Cass. com., 4 nov. 2014,
nº 13-24561 ; RLDC janv. 2015, p. 35, obs. J.-J. Ansault ; Rev. Proc. Coll. 2015, comm. 108, obs.
F. Macorig-Venier.
(1678) La péremption n'entraîne pas une extinction de l'hypothèque mais seulement une cessation de
son opposabilité aux tiers. En conséquence, une hypothèque périmée peut parfaitement être réinscrite
(Cass. 3e civ., 25 avr. 2007, no 06-11524, D. 2007, p. 1498 ; JCP G 2007.I.212, no 18, obs.
Ph. Delebecque ; RD bancaire et financier juill.-août 2007, no 156, obs. D. Legeais ; RLDC juin
2007, p. 29 et s., obs. G. Marraud des Grottes ; Banque et droit, no 114, juill.-août 2007, p. 50 et s.,
obs. N. Rontchevsky ; Defrénois 2008, art. 38726, p. 420 et s., obs. Ph. Théry) mais elle ne
bénéficiera plus alors de son rang initial.
(1679) Sous le régime antérieur à la réforme : Cass. civ. 3e, 21 janv. 1998, Bull. civ. III, no 16.
(1680) Cass. civ. 1re, 12 janv. 2012, no 10-18669, JCP 2012, note 274, J.-J. Ansault ; D. 2012, 1163,
n. T. Potaszkin ; RD bancaire et financier mars-avr. 2012, 48, obs. D. Legeais ; RTD civ. 2012,
p. 348, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. juill. 2012, obs. L. Aynès ; JCP G 2012, 274, n. J.-J. Ansault ;
Defrénois 2012, art. 40613, obs. S. Piedelièvre : cassation de l’arrêt qui interprète une clause fixant
un terme à l’inscription comme fixant un terme à l’« engagement » hypothécaire (il s’agissait en
l’espèce d’une hypothèque en garantie de la dette d’autrui) sans avoir recherché quelle avait été
exactement l'intention des parties. La Chambre commerciale de la Cour de cassation considère, elle,
que la fixation de la durée de l'inscription, dans le cas d'une sûreté garantissant la dette d'autrui,
implique nécessairement que les parties aient eu la volonté de limiter dans le temps l'existence même
de la sûreté (v., en ce sens, Cass. com., 12 mai 1998, nº 96-17.026, Bull. civ. IV, nº 151 ; Cass. com.,
7 juin 2005, nº 04-13303, Bull. civ. IV, nº 125). Quant à la troisième chambre civile de la Cour de
cassation, sa jurisprudence varie puisque tantôt elle adopte la même solution que la chambre
commerciale (Cass. 3e civ., 27 mai 2010, nº 09-15.064), tantôt elle considère, à l'inverse, que la
durée ainsi fixée n'affecte que l'inscription de la sûreté et non son existence (Cass. 3e civ., 21 févr.
2001, nº 99-17.732, Bull. civ. III, nº 19 ; Cass. 3e civ., 22 oct. 2014, nº 13-28477, RLDC janv. 2015,
p. 36, obs. J.-J. Ansault ; RTD civ. 2015, p. 184, obs. P. Crocq ; JCP G 2015, 604, nº 12, obs.
Ph. Delebecque).
(1681) Supra, no 663.
(1682) L’hypothèque n’est pas une fin en soi. Elle a pour but ce que l’on appelle l’effet légal de
l’hypothèque : de permettre au créancier d’exercer son droit de préférence sur le prix ; lorsque l’effet
légal se produit, l’hypothèque est transformée en un droit sur le prix, ce qui du même coup libère
l’immeuble (cf. * Cass. civ. 3e, 23 janv. 1973, époux Maire, cité, infra, no 698 : « l’hypothèque est
éteinte lorsqu’elle a produit son effet légal et que d’un droit sur la chose elle a été transformée en
un droit sur le prix »). On verra (infra, no 688) à quelles conditions assez strictes cet effet se
produit. L’effet légal a aussi une autre conséquence, accessoire : il détermine le moment à partir
duquel sont calculées les trois dernières années d’intérêts de la créance garanties par l’hypothèque
(infra, no 678). L’expression d’« effet légal » est bizarre. En voici deux explications, proches l’une
de l’autre : 1o) Jusqu’au moment où s’exerce le droit de préférence, l’hypothèque ne produit guère
d’effets ; le propriétaire conserve la majeure partie de ses prérogatives, le créancier n’a pas de
pouvoirs sur l’immeuble ; l’hypothèque n’a d’effets caractéristiques que par l’exercice du droit de
préférence. 2o) L’effet « premier » et « naturel » de l’hypothèque n’apparaît que lorsque le droit du
créancier est transféré de l’immeuble sur le prix, parce que l’hypothèque ne grève pas tellement
l’immeuble que sa valeur, et donc le prix, qui en est la matérialisation financière (MOULY, in J.-Cl.
civil, art. 2114-2117, no 224 ; cf. supra, no 652).
(1683) L’affectation d’une quote-part du prix prévue par l’art. L. 621-96, C. com. est assimilée par la
jurisprudence à une consignation dispensant du renouvellement de l’inscription : Cass. com., 1er févr.
2000, Bull. civ. IV, no 25 ; JCP G, 2000.I.259, no 15, obs. Ph. Delebecque, D. 2000, som. p. 331, obs.
A. Honorat ; JCP G, 2000.II.10288, n. J.-P. Remery ; D. 2000, som. p. 397, obs. S. Piedelièvre. En
revanche, en l'absence d'une telle affectation au profit des créanciers, le simple dépôt du prix de
vente d'un bien grevé d'une sûreté à la Caisse des dépôts et consignations par un organe de la
procédure collective ne vaut pas consignation et ne dispense pas du renouvellement de l'inscription
(Cass. com., 16 juin 2004, nº 03-11.167 ; Cass. 3e civ., 28 janv. 2015, nº 13-24040, Rev. Proc. Coll.
2016, comm. 11, obs. G. Berthelot ; JCP G 2015, 604, nº 10, obs. Ph. Delebecque ; RLDC avr. 2015,
p. 37, obs. E. Pouliquen ; Gaz. Pal. 1er-5 mai 2015, p. 31, 224e0, obs. Ph. Roussel Galle).
(1684) Cass. civ. 2e, 25 mai 1987, Defrénois 87, art. 34120, no 113, p. 1492, n. L. Aynès :
« Nonobstant la publication d’un jugement d’adjudication, le créancier hypothécaire n’est pas
tenu de donner mainlevée de son inscription tant qu’il n’y a pas eu paiement ou consignation » et
le renouvellement de l’inscription, après le jugement de l’adjudication, est obligatoire pour lui
jusqu’à la date du paiement ou de la publication à peine de ne plus pouvoir se prévaloir de cette
inscription (Cass. civ. 3e, 20 nov. 2002, Bull. civ. III, no 233 ; RD banc. 2003, no 22, p. 24, obs.
D. Legeais). Pourtant, la publication du jugement d’adjudication à l'époque de l'arrêt (ACPC,
art. 717, al. 3), comme les notifications à fin de purge en cas de vente amiable (C. civ., art. 2481)
faisait produire à l’hypothèque son effet légal antérieurement (infra, no 693). Ultérieurement, la Cour
de cassation est revenue sur sa position en affirmant que le renouvellement de l'inscription était
requis jusqu'à la publication du jugement d'adjudication (Cass. 3e civ., 13 sept. 2006, no 05-13849,
Bull. civ. III, no 177 ; D. 2006, p 2392, obs. V. Avena-Robardet ; JCP G 2007.I.158, no 19, obs.
Ph. Delebecque ; Defrénois 2007, art. 38530, no 2, p. 225 et s., obs. S. Piedelièvre) mais cette
solution devrait à nouveau être modifiée puisque le nouvel art. 2213 C. civ., issu de l'ordonnance du
21 avr. 2006, énonce que « la consignation du prix et le paiement des frais de la vente purgent de
plein droit l'immeuble de toute hypothèque et de tout privilège du chef du débiteur ».
(1685) Cass. civ. 3e, 29 juin 1983, Bull. civ. III, no 150 ; Defrénois 84, art. 33310, n. Frank ;
Defrénois 84, art. 33342, no 58, p. 864, n. Aubert : « cette consignation, quoique partielle, avait
libéré l’adjudicataire a due concurrence et tenait lieu à son égard de paiement » ; Cass. civ. 3e,
11 mars 1987, Bull. civ. III, no 47 ; Defrénois 87, art. 34120, no 113, p. 1492, n. L. Aynès : « la
consignation partielle du prix, faite antérieurement à la date de préemption de l’hypothèque,
dispense le créancier, à due concurrence, de renouveler son inscription ».
(1686) Cass. civ. 3e, 4 févr. 1998, Bull. civ. III, no 24, D. Aff., 98.335 : « le tiers acquéreur d’un
immeuble grevé d’une inscription hypothécaire, dont le titre a été transcrit entre la radiation de
cette inscription et la décision qui annule l’ordonnance ayant prononcé cette radiation, ne peut se
voir opposer les effets de l’inscription rétablie ».
(1687) Supra, no 661.
(1688) Soit qu’il procède à une radiation, alors que le créancier était incapable, soit, au contraire,
ainsi que l’a décidé la Cour de cassation, qu’il refuse de procéder à une radiation, alors que le
créancier était capable : Cass. civ. 3e, 10 juill. 1985, Bull. civ. III, no 109.
(1689) Cass. civ. 3e, 16 juill. 1975, Bull. civ. III, no 257 ; D., 75.593, n. Frank ; Defrénois 75,
art. 31000, même note : « l’al. 2 ajouté à l’art. 2158 par le décret du 4 janv. 1955..., qui a pour seul
effet de remplacer la représentation des pièces justificatives par une analyse certifiée du notaire,
ne dispense pas le conservateur d’exercer son pouvoir de contrôle, qui ne se limite pas à la
régularité formelle de la mainlevée, mais s’étend à sa validité au fond ».
(1690) Les mentions obligatoires de l'acte notarié visé par ce texte ont été énoncées par l'instruction
10 D-3-06 no 215 du 28 déc. 2006 prise par la Direction Générale des Impôts.
(1691) Cass. civ. 3e, 9 févr. 1994, Bull. civ. III, no 19 ; Defrénois 94, art. 35768, n. L. Aynès.
(1692) Cass. civ. 1re, 9 mars 1977, Bull. civ. I, no 128 ; JCP G, 78.II.18977, n. Goubeaux ; Defrénois
77, art. 31522, no 88, n. Aubert ; D., 77, IR, 271.
(1693) Selon l'art. 2444, al. 2, C. civ., l'inscription est excessive lorsque la valeur du ou des
immeubles grevés excède une somme égale au double plus un tiers (soit 233 %) du montant de la
créance garantie. L'estimation de la valeur du ou des immeubles grevés doit alors tenir compte de
l'existence éventuelle d'autres sûretés de rang préférable le ou les grevant car seule doit être ici prise
en compte la valeur du bien grevé effectivement disponible pour le bénéficiaire de l'hypothèque
légale (v. * Cass. civ. 3e, 7 juill. 2004, no 03-13533, Bull. civ. III, no 149).
(1694) Cass. civ. 3e, 19 oct. 1988, Bull. civ. III, no 143, Defrénois 89, art. 34482, no 22, n. L. Aynès.
(1695) Supra, no 675 et infra, no 688. Les échéances impayées pendant les trois dernières années,
lorsqu’elles comportent des intérêts (ex. : prêt amortissable par mensualités), ne produisent pas
elles-mêmes des intérêts garantis, ce qui reviendrait à les capitaliser ; il faut toujours dissocier
intérêts et capital : Cass. civ. 3e, 1er juin 1994, Bull. civ. III, no 115. Mais les intérêts échus
postérieurement à l’effet légal, jusqu’au paiement ou à la consignation, sont également garantis au
même rang que le principal : Cass. civ. 2e, 5 déc. 1984, Bull. civ. II, no 186 ; Defrénois 85,
art. 33636, no 124, p. 1457, n. J.-L. Aubert.
(1696) La Cour de cassation avait déjà décidé que l’hypothèque survit à la nullité du prêt, laquelle
laisse subsister l’obligation de restituer Cass. civ. 1re, 20 déc. 2012, no 11-22815, JCP 2013, 585,
obs. Ph. Delebecque ; Cass. com., 2 nov. 1994, Bull. civ. IV, no 321, JCP G, 95.I.3851, no 13, n.
Delebecque ; Defrénois 95, art. 36040, no 38, n. L. Aynès : « les garanties en considération
desquelles le prêt a été consenti subsistent tant que cette obligation [l’obligation de restituer
inhérente au prêt] n’est pas éteinte » ; v. aussi, dans le même sens, Cass. civ. 3e, 5 nov. 2008, no 07-
17 357, Bull. civ. III, no 167, RTD civ. 2009, p. 148, obs. P. Crocq ; RDC 2009, p. 205, obs.
D. Houtcieff ; Banque et droit, no 122, nov.-déc. 2008, p. 50 et s., obs. F. Jacob et N. Rontchevsky ;
v. aussi, implicitement, Cass. 3e civ., 17 déc. 2014, nº 13-20515, Defr. 2015, 121p5, p. 1236, obs.
S. Piedelièvre ; Adde C. Sévely-Fournié, « Survie de l'hypothèque à l'annulation du prêt pour lequel
elle a été consentie », RLDC juill.-août 2009, p. 25 et s. ; comp. la solution identique en matière de
cautionnement, supra, no 130. L’exception au principe de l'accessoire n’est qu’apparente, parce que
la nullité laisse subsister l’obligation de restituer garantie ; seul le régime de l’obligation (exigibilité,
intérêts...) se trouve modifié. Mais la caution bénéficie du maintien du terme convenu. La seule
question est de savoir si ce bénéfice profite à celui qui a affecté son immeuble à la garantie de la
dette d’autrui (sûreté réelle pour autrui), alors que l’article 1352-9 vise la « caution ». Centrée sur la
nature particulière de l’obligation de restituer inhérente au prêt, la règle ne semblait pas pouvoir être
étendue aux restitutions consécutives à l’annulation d’un autre contrat ; mais l’Ordonnance du
10 février 2016 a franchi le pas en introduisant un mécanisme de « report » : subrogation réelle
légale ?
(1697) * Cass. civ., 21 nov. 1849, Lippmann et Clausse, DP, 49.I.275 : « L’hypothèque est un droit
réel sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une obligation, elle est permise pour toutes les
obligations autorisées par la loi ; ... celui qui accepte une ouverture de crédit contracte
immédiatement l’obligation de rembourser les sommes qui lui seront délivrées ; cette obligation
est autorisée par l’art. 1130, C. civ. ; ... ce n’est point là une obligation potestative dans le sens
l’art. 1174, C. civ., mais seulement une obligation conditionnelle autorisée par l’art. 1168,
C. civ... ».
(1698) Supra, no 663.
(1699) Supra, no 664.
(1700) De même, si la dette s’éteint à l’égard de l’un des codébiteurs solidaires (par exemple, parce
que le créancier n’a pas déclaré sa créance dans la procédure collective ouverte contre l’un d’eux),
l’hypothèque continue à grever la totalité de l’immeuble, en garantie de la dette de l’autre :
Cass. com., 14 mai 1996, Bull. civ. IV, no 129, D. Aff., 1996, p. 811 ; RTD civ. 1996, p. 666,
n. P. Crocq.
(1701) Cass. civ. 3e, 6 mars 1996, Bull. civ. III, no 63, JCP G, 96.I.3942, no 6, obs. Simler et
Delebecque ; Defrénois 97, art. 36526, n. L. Aynès : l’existence d’une hypothèque n’est donc pas un
obstacle au partage en nature des immeubles.
(1702) L’action paulienne est généralement inutile, s’il s’agit d’attaquer l’aliénation de l’immeuble,
car le créancier dispose du droit de suite ; à moins que la fraude soit précisément destinée à diminuer
son droit de suite, par le biais d’une procédure de purge (v. infra, no 693), où le prix offert serait
dérisoire : Cass. civ. 3e, 22 janv. 1997, Bull. civ. III, no 16 ; JCP G, 97.I.4033, obs. Ph. Delebecque.
Elle est surtout utile contre les actes qui diminuent la valeur de l’immeuble : ex. : Cass. civ. 1re,
18 juill. 1995, Bull. civ. I, no 324 (bail rural de douze ans) ; Cass. civ. 3e, 20 mars 1996, Bull. civ. III,
no 71 : « l’inopposabilité d’un bail à long terme au créancier hypothécaire une fois prononcée lui
confère le droit de poursuivre la vente forcée de l’immeuble libre de tout bail à long terme... » ;
Cass. 3e civ., 31 mai 2016, nº 14-25604 (bail commercial).
(1703) Encore faut-il qu’il s’agisse du prix de la vente de produits ou d’une indemnité subrogée à des
produits (ex. : indemnité d’assurance). V. à propos de la prime d’arrachage de ceps de vigne,
Cass. civ. 3e, 12 oct. 1994, Bull. civ. III, no 180, Defrénois 95, art. 36040, no 39, n. L. Aynès ; Contra,
CA Bordeaux, 19 juin 1986, Cahiers de jurisprudence d’Aquitaine, 1987, p. 134, n. D. Denis :
« l’arrachage des ceps de vigne qui diminue très notablement la valeur des terrains agricoles où
ils étaient plantés et dont l’aliénation rémunérée interdit, en outre, le renouvellement, doit être
considéré comme l’aliénation de produits ; dès lors, la CRCAM de la Charente, titulaire du
privilège de prêteur de deniers sur l’immeuble porteur de ces produits aliénés... conserve son droit
de préférence sur la créance représentative de leur valeur »... Encore faut-il que cette prime
« représente » les ceps arrachés, ce qui n’est pas le cas.
(1704) Cass. civ., 2 juin 1934, veuve Anduze, DP, 35.I.65, n. M. Fréjaville : « Si un propriétaire
peut nonobstant l’hypothèque, et jusqu’à la transcription de la saisie, vendre sur pied des arbres
de haute futaie à couper à intervalles réguliers, zone par zone selon un aménagement qui assure la
conservation, par renouvellement incessant, de la forêt hypothéquée, le créancier hypothécaire est
fondé à s’opposer à l’exécution du contrat par lequel ledit propriétaire conférerait à l’acheteur, le
droit d’abattre en une fois, ou dans des conditions de temps non réglées, soit la totalité des arbres
de la forêt, soit une quantité d’arbres, telle que l’opération, non assimilable à une récolte de
fruits, aurait pour conséquence forcée la diminution de valeur de l’immeuble hypothéqué ; en ce
dernier cas, le droit du créancier hypothécaire ne pourrait être paralysé que par le jeu de
l’art. 2279, si l’acheteur était déjà entré de bonne foi en possession des arbres coupés. »
(1705) Infra, no 694.
(1706) Ex. : un immeuble rural sur lequel se trouve un cheptel ; l’hypothèque grevant l’immeuble
s’étend au cheptel (qui est un immeuble par destination). Si le débiteur vend ce cheptel, quels sont les
droits des créanciers hypothécaires ?
(1707) Infra, no 700.
(1708) C. expr., art. L. 222-3. Supra, no 675.
(1709) Ex. : le débiteur de l’immeuble hypothéqué A le vend pour le prix de 10 000 ; avec le prix il
achète un autre immeuble B. L’hypothèque continue à grever l’immeuble A et ne porte pas sur
l’immeuble B.
(1710) Cass. Ass. plén., 13 févr. 1976, Bull. cass. Ass. plén., no 3 ; D., 76.237, concl. Schmelk ; n.
app. F. Derrida ; JCP G, 77.II.18518, n. C. Gavalda : « Tant que leurs créances n’ont pas été
admises, les créanciers munis d’une sûreté spéciale ne peuvent exercer le droit de poursuite
individuelle qui leur est reconnu par l’art. 35 de la loi du 13 juill. 1967 ». La chambre
commerciale, dans la même affaire, avait donné la même solution : Cass. com., 24 janv. 1973,
Bull. civ. IV, no 42 ; D., 73.169.
(1711) Supra, nos 410-411. V. également P. Crocq, « Saisie immobilière et procédures collectives »,
R. Lamy dr. aff., no 27, mai 2008, p. 53 et s.
(1712) V. P. CROCQ, « Saisie immobilière et liquidation judiciaire : l'harmonie retrouvée », Dict.
perm. droit des affaires, 2009, no spécial 302-1, p. 4197 et s.
(1713) Au contraire, s’il s’agit d’un immeuble indivis, même entre époux, le droit commun se
combine avec les règles de la procédure collective : Cass. com., 22 avr. 1997, Bull. civ. IV, no 99 ;
Defrénois 97.36703, no 165, obs. Aynès ; D., 98, S., 106, obs. Piedelièvre ; Cass. civ. 1re,
14 juin 2000, Bull. civ. I, no 182 ; D. Aff., 2000, AJ 318, obs. Lienhard : « l’engagement de M. B.
(caution) étant garanti par une hypothèque consentie par l’ensemble des indivisaires, la société A
(créancier) pouvait, du chef exclusif de la dette de la caution, se payer intégralement sur le prix de
vente du bien indivis, sans que le redressement judiciaire du débiteur principal puisse faire
obstacle à l’exercice de ce droit ». La réalisation de l’hypothèque se fait alors en application des
règles du droit commun.
(1714) ** Cass. com., 17 juin 1997, Douillet, RTD civ., 97.709, obs. P. Crocq ; D., 98, S., 107, obs.
Piedelièvre : « en raison de l’interdiction des voies d’exécution visées à l’art. 47 de la loi du
25 janv. 1985, consécutive à l’ouverture du redressement judiciaire du mari et au prononcé de la
liquidation judiciaire, le prêteur de deniers ne peut exercer des poursuites sur les biens communs,
en sa qualité de créancier privilégié de l’épouse, en dehors des cas où les créanciers du mari
peuvent eux-mêmes agir ». Cet arrêt reprend la solution d’un arrêt antérieur, en la motivant autrement
(non plus le dessaisissement, mais l’interdiction des poursuites, ce qui élargit l’emprise de la
procédure collective) : Cass. Ass. plén., 23 déc. 1994, Bull. cass. Ass. plén., no 7 ; D., 95.145, rapp.
Chartier, n. Derrida ; JCP G, 95.II.22401, n. Randoux ; Defrénois 95.444, obs. Champenois ; JCP G,
95.I.3869, no 8, obs. Simler ; sur l’ensemble de la question : SIMLER, Régimes matrimoniaux et
procédures collectives, Colloque 1998, « Actualité des sûretés », LPA, juin 1998. La soumission à un
même régime des créanciers exerçant leurs poursuites sur un bien commun peut s’avérer profitable
pour le créancier hypothécaire dans le cas particulier où il n’a pas déclaré en temps voulu sa créance
à la procédure collective de l’un des conjoints et où cette procédure est étendue à l’autre conjoint :
l’extension fait alors courir un nouveau délai qui lui permet de déclarer sa créance hypothécaire
contre le second conjoint et de revenir ainsi pleinement dans la procédure si les deux conjoints
étaient ses codébiteurs solidaires : Cass. com., 11 déc. 2001, Bull. civ. IV, no 198 ; JCP G,
2002.I.144, no 9, obs. Ph. Pétel ; Defrénois 2002, art. 37591, no 55, p. 1091, obs. Ph. Théry.
(1715) Cass. com., 14 oct. 1997, Bull. civ. IV, no 260 ; D., 98, som. 134, n. J. Revel ; 14 mai 1996,
Bull. civ. IV, no 129 ; D., 96.460, n. Derrida ; RTD civ., 96.666, n. P. Crocq ; Defrénois 96,
art. 36394, obs. Derrida et 97, art. 36497, no 2, obs. J.-P. Sénéchal : « les banques, si elles étaient
privées, en l’absence de déclaration de leur créance, de tout droit à participer aux répartitions
faites dans le cadre de la liquidation judiciaire, conservaient cependant, après paiement de tous
les créanciers admis, le droit de faire valoir leur hypothèque sur le solde pouvant subsister sur le
prix de l’immeuble grevé » ; Cass. com., 16 mars 1999, Defrénois 99, art. 37023, no 8, n. Sénéchal.
(1716) Cass. civ. 1re, 11 mars 1986, Bull. civ. I, no 67 : nullité d’une promesse de vente accompagnant
une constitution d’hypothèque, en raison de l’indétermination du prix ; celui-ci consistait dans le
« montant restant dû » au créancier à l’échéance, « sans qu’il y ait lieu de faire les comptes entre les
parties » ; la Cour de cassation substitue l’indétermination du prix au motif erroné retenu par la cour
d’appel : précisément, la violation de l’art. 742, ACPC.
(1717) Supra, no 514.
(1718) Comp. Ph. DELEBECQUE, « Le régime des hypothèques », JCP 2006, suppl. no 20, no 17.
(1719) Comp., affirmant dans le cas d'une cession amiable ayant lieu dans le cadre d'une liquidation
judiciaire que « l'exercice du droit de préemption par la SAFER ne peut avoir pour objet de
modifier les conditions de la vente autorisée par le juge-commissaire », Cass. civ. 3e, 19 sept.
2012, no 10-21858, Defrénois 2012, art. 40639, n. J.-J. Barbieri et F. Delorme.
(1720) V., admettant expressément, dans le cas d'un nantissement de parts de société civile que
l'attribution judiciaire puisse avoir lieu au profit d'un créancier de second rang, Cass. com.,
3 juin 2008, nos 07-12 017 et 07-15 228, Bull. civ. IV, no 114, RDC 2009, p. 209 et s., obs. A. Aynès ;
RTD civ. 2008, p. 701 et s., obs. P. Crocq ; JCP G 2008, I, 211, no 20, obs. Ph. Delebecque ;
RD bancaire et financier juill.-août 2008, p. 55, obs. D. Legeais ; D. 2008. 1691, obs. A. Lienhard ;
RLDC sept. 2008, p. 31, obs. G. Marraud des Grottes.
(1721) Cela est-il cohérent, alors que la vente amiable autorisée en justice dans la nouvelle saisie
immobilière emporte purge (CPCE, art. L. 322-14) ? Dans les deux cas, la valeur de l’immeuble est
seulement contrôlée judiciairement.
(1722) V. P. Crocq, obs. préc. sous Cass. com., 3 juin 2008.
(1723) V. toutefois, en sens inverse, Rép. min. Question no 9227, JOAN Q, 30 avr. 2013, p. 4796,
RTD civ. 2013, p. 656, obs. crit. P. Crocq ; JCP G 2013, doctr. 1256, nº 12, obs. appr.
Ph. Delebecque ; Dr. et patr. févr. 2014, p. 69, obs. appr. Ph. Dupichot ; Rép. min. Question
nº 28608, JOAN Q. 1er avr. 2014, p. 3052.
(1724) Ce qui suppose une occupation pendant au moins huit mois par an selon l'art. 2 de la loi du
6 juillet 1989 portant statut des baux d'habitation, selon l'art. D. 542-1 C. séc. soc., selon
l'art. R. 511-51 C. urb. et selon l'annexe à l'art. R. 443-9-4 C. constr. hab.
(1725) V., en matière de surendettement des particuliers, Cass. 2e civ., 14 mai 2009, no 07-21 599,
Bull. civ. II, à paraître ; D. 2009, p. 1533, obs. V. Avena-Robardet ; Act. proc. coll. 2009, no 183, obs.
Th. Le Bars (comp., antérieurement en sens inverse, Cass. civ. 1re, 19 mai 1999, no 97-04 149,
Bull. civ. I, no 168).
(1726) Cass. civ. 3e, 4 févr. 2009, no 07-20980, RDC 2009, p. 1112, obs. C. Grimaldi.
(1727) T. com. Saint-Pierre, 1er mars 2016, D. 2016, p. 1185, note D. Boustani ; Gaz. Pal. 12 avr.
2016, p. 55, note P.-M. Le Corre ; Dr. et patr. juill.-août 2016, p. 90, et Rev. Proc. Coll. juill.-août
2016, comm. 119, obs. F. Macorig-Venier.
(1728) V., supra, nº 448.
(1729) Supra, no 515.
(1730) Ph. DELEBECQUE, op. cit. supra, nos 21 et s. ; J.-M. HOCQUARD, « Le pacte commissoire : une
fausse bonne idée », Dr. et patr. nov. 2005, p. 80. Contra, Ch. Jacomin et B. Lacourte, « De l’intérêt
du pacte commissoire dans les sûretés réelles », RLDC déc. 2012, 4894.
(1731) V. supra, no 515, la discussion, en termes identiques en matière de gage, sur le caractère
automatique du transfert de propriété et le jeu d’une convention contraire.
(1732) Sur lesquelles, v. Ph. DELEBECQUE, art. préc. supra.
(1733) Selon une instruction ministérielle en date du 3 oct. 2008 (BOI 10 D-1-08), ce texte n'est
applicable qu'aux seuls bordereaux déposés à dater du 22 mai 2008 mais cette affirmation est loin de
résoudre tous les problèmes d'application dans le temps de ce décret nettement plus complexes :
v. Lamy Sûretés, no 218-39.
(1734) En cas d'ouverture d'une procédure collective, du fait de l'autorité de chose jugée attachée à
l'ordonnance ayant arrêté l'état des créances, cela implique que le prix de vente de l'immeuble grevé
soit distribué à proportion des créances admises et non à proportion du montant des inscriptions
(Cass. com., 5 mai 2015, nº 14-17941, JCP G 2015, 1222, nº 16, obs. Ph. Delebecque ; Defr. 2015,
121p3, p. 1233, obs. S. Piedelièvre ; Act. proc. coll. 2015, 179, obs. O. Salvat).
(1735) Supra, no 675, note no 40.
(1736) « La publication du jugement d’adjudication purge les hypothèques... et les créanciers
n’ont plus d’action que sur le prix ».
(1737) Infra, no 693. V. aussi C. expr., art. L. 222-2 (ancien art. L. 12-2) : l’ordonnance
d’expropriation pour cause d’utilité publique produit le même effet.
(1738) Cass. civ. 3e, 27 janv. 1999, Bull. civ. III, no 26 ; D., 99, som. com. 303, obs. S. Piedelièvre :
le créancier hypothécaire ne peut s’opposer à l’attribution du prix de vente amiable à un créancier
saisissant, dès lors qu’il n’a pas mis en œuvre le droit de suite : « ayant constaté (...) que la vente
amiable de l’immeuble par la SCI avait eu lieu le 3 déc. 1990, la cour d’appel a exactement retenu
que le droit de suite sur le bien venant conditionner l’exercice du droit de préférence, la banque...
ne pouvait plus exercer son droit de préférence qu’après avoir fait saisir et vendre l’immeuble ».
(1739) Le créancier hypothécaire n’est pas le créancier du tiers acquéreur. En conséquence,
l’exercice de son droit de suite à l’encontre d’un tiers acquéreur en redressement ou en liquidation
judiciaires ne peut pas impliquer de sa part une déclaration de créance : Cass. com., 11 juin 2002,
Bull. civ. IV, no 103, JCP G, 2003.I.113, no 6, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 2003, p. 328 et s., obs.
P. Crocq ; JCP G, 2002.II.10116, n. J.-P. Rémery ; Defrénois 2003, art. 37691, no 24, p. 417, obs.
Ph. Théry.
(1740) Lorsque l’hypothèque consentie par l’acquéreur de l’immeuble est anéantie par suite de la
résolution de la vente, le vendeur qui retrouve la propriété n’a évidemment pas la qualité de tiers
détenteur ; d’une part, il n’est pas un acquéreur de l’immeuble ; d’autre part, l’hypothèque est nulle
par accessoire : Cass. 3e civ., 7 janvier 2016, nº 14-18360, Bull. civ. III ; Gaz. Pal. 16 fév. 2016,
p. 32, obs. Ch. Albiges ; JCP N 2016, nº 11, 1096, obs. M. Mekki ; Dr. et patr. 2016, nº 258, p. 125,
obs. A. Aynès ; JCP G 2016, 553, nº 14, obs. Ph. Delebecque
(1741) Cass. 2e civ., 19 févr. 2015, nº 13-27691, JCP N 2015, 1149, note crit. Cl. Brenner ; JCP G
2015, 496, obs. crit. V. Brémond ; D. 2015, p. 1818, obs. P. Crocq ; JCP G 2015, 604, nº 11, obs.
crit. Ph. Delebecque ; D. 2015, p. 964, note crit. Ph. Théry et p. 1346, obs. crit. A. Leborgne ;
Gaz. Pal. 16 juin 2015, p. 36, 228q5, obs. L. Lauvergnat.
(1742) Cass. com., 5 avr. 2016, nº 14-20467, 14-20468 et 14-20470 à 14-20472, Bull. civ. IV ;
Gaz. Pal. 28 juin 2016, p. 67, obs. P.-M. Le Corre.
(1743) V. Les contrats spéciaux, coll. Droit civil.
(1744) V., admettant qu'un notaire et son assureur, condamnés à indemniser le tiers acquéreur,
puissent exercer un recours subrogatoire contre le vendeur sur le fondement de la garantie d'éviction,
Cass. 1re civ., 28 oct. 2015, nº 14-15114, n.p.b., Gaz. Pal. 22 mars 2016, p. 60, obs. D. Noguero.
(1745) Ex. : Sur un immeuble, deux hypothèques : l’une pour A, de 10 000 ; l’autre pour B, de 8 000.
L’immeuble est vendu à C pour le prix de 10 000, que C paye à A, dans les droits duquel il est donc
subrogé. Si B saisit l’immeuble, il ne recevra quelque chose que si le prix d’adjudication est
supérieur à 10 000.
(1746) Cependant, la purge ne fut inventée qu’au XIVe siècle, en même temps qu’était organisé l’ordre
entre les créanciers. La procédure était lente et coûteuse. Elle ne fut simplifiée que par un édit de
1771, qui supprima la nécessité d’une saisie fictive par l’acquéreur.
(1746a) Il leur reste, toutefois, en cas de liquidation judiciaire, la possibilité d'exercer le recours
prévu par les art. L. 642-19-1 et R. 642-37-1 C. com., lequel est ouvert aux tiers intéressés et
notamment aux créanciers titulaires d'une sûreté grevant le bien cédé : Cass. com., 18 mai 2016,
no 14-19622. Adde F. Arbellot, « Le recours formé devant la cour d'appel en matière de réalisation
des actifs du débiteur en liquidation judiciaire », Dr. et proc. juin 2016, p. 85.
(1747) Supra, no 675.
(1748) Au moyen d’une « réquisition d’état », le notaire chargé d’établir l’acte de vente demande au
service de la publicité foncière des renseignements sur la situation juridique de l’immeuble – c’est-à-
dire s’il est dans le patrimoine du vendeur, l’objet d’une saisie ou de droits réels et quelles
hypothèques le grèvent —. Les renseignements ne valent qu’à la date à laquelle ils sont donnés, car,
quelques instants après la délivrance de l’état, le propriétaire de l’immeuble peut aliéner l’immeuble
à un tiers ou le grever de droits réels.
(1749) V. La vente volontaire d’immeuble, 77e Congrès des notaires de France, 1981, sp. p. 529
et s. ; dans le cas contraire, J. LAFOND et J.-P. SÉNÉCHAL, « La vente d’un immeuble grevé
d’inscriptions au-delà de son prix », JCP N 1986, p. 193-207.
(1750) Ex. : la créance hypothécaire restant due est de 3 000 ; le prix convenu est de 10 000 ;
l’acquéreur versera 7 000 au vendeur et prendra la charge de la dette de 3 000.
(1751) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1752) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1753) Supra, no 690.
(1754) V. Les obligations, coll. Droit civil. Cette indication de paiement dans l’acte de vente du bien
grevé peut venir à la suite d’une clause prévoyant dans la convention de crédit, sous la forme d’une
stipulation pour autrui, que le créancier s’engage à ne pas exercer son droit de suite à l’encontre des
acquéreurs du bien financé justifiant avoir payé le prix de l’immeuble conformément à l’indication de
paiement énoncée dans leur acte d’acquisition : Cass. civ. 3e, 10 nov. 1999, Bull. civ. III, no 214 ;
JCP G 2000.I.259, no 14, obs. Ph. Delebecque ; D. 2000, som. p. 397, obs. S. Piedelièvre.
(1754a) V. LASSERRE, « La cession de dette consacrée par le Code civil à la lumière du droit
allemand », D. 2016, p. 1578, spéc. no 5.
(1755) D’autant plus qu’aujourd’hui il entend souvent employer immédiatement le prix dans une autre
acquisition ; ce que l’on appelle les ventes en chaîne, qui sont de pratique courante. Pour plus de la
moitié des ventes d’appartements, le vendeur aliène son appartement afin d’en acquérir un autre
convenant mieux à ses besoins familiaux : il a donc immédiatement besoin de l’argent provenant de la
vente. Or, même si le notaire ne commet pas de faute en remettant rapidement l'argent au vendeur
lorsqu'il n'a pas connaissance, lors de la vente, de l'inscription d'une hypothèque antérieure
(Rép. min. nº 26995, JO AN Q 8 avr. 2014, p. 3241, Defr. 2015, 119w0, p. 493, obs. S. Cabrillac), il
pourra, néanmoins, voir sa responsabilité engagée lorsque des indices auraient dû lui faire envisager
le risque d'inscription d'une hypothèque intercalaire, c'est-à-dire d'une hypothèque inscrite entre l'état
hors formalité levé par le notaire avant l'acte définitif de vente et l'état sur la formalité résultant de la
publication de la vente (v. F. VAUVILLÉ, « Responsabilité du notaire et hypothèque intercalaire :
mauvaise réponse à une bonne question », JCP N 2014, 1256) et la jurisprudence est parfois
particulièrement sévère à l'égard du notaire (v., affirmant « qu'il incombait au notaire, tenu d'une
obligation de prudence et de diligence, dès lors qu'il remettait le prix de vente au vendeur le jour
de la signature de l'acte, d'accomplir, dans les meilleurs délais, les formalités en vue de la
publication de celui-ci afin d'assurer son opposabilité aux tiers », Cass. 1re civ., 15 mai 2015,
nº 14-14988 et 14-19724, Defr. 2015, 121p2, p. 1232, obs. S. Piedelièvre.
(1756) Supra, no 508.
(1757) Cass. civ. 3e, 17 janv. 1978, Bull. civ. III, no 38 ; D., 78.605, n. Souleau ; Defrénois 78,
art. 31763 : « Le syndic de copropriété, n’ayant pas fait inscrire l’hypothèque légale instituée par
l’art. 19 de la loi [de 1965], se trouve, bien qu’ayant fait opposition, primé par les créanciers
hypothécaires régulièrement inscrits. » Cass. civ. 3e, 27 févr. 1979, JCP N, 80.II.9, n. Stemmer ;
Defrénois 79, art. 32128, n. G. Morin ; n.p.B. : « Le syndic, qui n’avait pas inscrit une hypothèque
légale dans les termes de l’art. 19 de la loi du 10 juill. 1965, ne pouvait se prévaloir d’aucun
privilège et M. Y... n’avait commis aucune faute en payant la Sté S. qui... avait inscrit son privilège
de vendeur » ; Adde, moins net, Cass. civ. 3e, 8 janv. 1980, Bull. civ. III, no 7 ; D., 80.368,
n. E. Frank ; Adde : Cass. civ. 2e, 15 janv. 1992, Bull. civ. II, no 18 : « la saisie-arrêt pratiquée sur
les fonds provenant de la vente de l’immeuble et consignés entre les mains du notaire, n’interdisait
pas à celui-ci de procéder au règlement des créances régulièrement inscrites ».
(1758) G. MORIN, préc. ; B. STEMMER, préc. ; Ch. MOULY, in J.-Cl. civil, art. 2114-2117, no 75-3 ; plus
prudent, I. FADLALLAH, « La vente volontaire d’immeubles », Defrénois 1982, art. 32798, no 20, estime
que le fondement de cette jurisprudence est incertain et qu’il ne « faut pas se laisser prendre par le
chant des sirènes ».
(1759) V., critiquant cette exigence d'unanimité des créanciers au motif qu'elle réduit sans véritable
justification la protection de l'acquéreur, ce qui fait que la clause de séquestre conserve son utilité,
J.-P. SÉNÉCHAL, « L'acquéreur de l'immeuble hypothéqué », in Mél. Le Cannu, Dalloz, LGDJ, IRJS et
Thomson Reuters Transactive, 2014, p. 577 s.
(1760) Supra, no 678.
(1761) B. MAUBRU, La transmissibilité de l’hypothèque, th. Toulouse, 1974, ronéo ; H. WESTENDORF,
« Le transfert de sûretés », préf. P. Crocq et A. Prüm, Coll de thèses, tome 54, Defrénois, 2015,
nº 465 s.
(1762) A contrario, la délégation n’étant pas un mécanisme translatif de la créance du délégant sur le
délégué, elle ne peut entraîner la transmission au délégataire des sûretés constituées par le délégué au
profit du délégant. V. dans le cas d’une hypothèque conventionnelle, Paris, 20 févr. 2001,
JCP G 2001.I.356, no 13, obs. Ph. Delebecque.
(1763) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1764) Cass. 1re civ., 29 oct. 2002, Bull. civ. I, no 257 ; JCP G 2003, I, 124, obs. Ph. Simler ; Adde,
critiquant cette jurisprudence et proposant une modification législative pour y mettre fin :
M. Grimaldi et E. Frémeaux, « La garantie hypothécaire des intérêts dus au créancier subrogé »,
Defrénois 30 mai 2011, p. 959 et s. La réforme du droit des obligations par l'ordonnance du
10 février 2016 a finalement consacré cette jurisprudence en affirmant dans le nouvel art. 1346-4,
al. 2, C. civ. que « le subrogé n'a droit qu'à l'intérêt légal à compter d'une mise en demeure », mais
ce texte réserve, ensuite, la possibilité pour le débiteur de convenir d'un nouvel intérêt avec le
subrogé et prévoit alors que « ces intérêts [c'est-à-dire l'intérêt légal ou le nouvel intérêt
conventionnel] sont garantis par les sûretés attachées à la créance, dans les limites, lorsqu'elles
ont été constituées par des tiers, de leurs engagements initiaux s'ils ne consentent à s'obliger au-
delà » (cette dernière réserve ayant pour objet de protéger la caution réelle).
(1765) Cass. civ., 5 févr. 1941, JCP G 41.II.1637 ; Cass. civ. 3e, 5 nov. 1970, Bull. civ. III, no 175 ;
D., 71.86, n. E. Frank ; 18 mars 1974, Bull. civ. III, no 126 ; Defrénois 74, art. 30675, n. E. Frank ;
2 févr. 1982, Bull. civ. III, no 32 ; Defrénois 82, art. 32886, n. E. Frank. Contra : Cass. com., 7 déc.
1981, Bull. civ. IV, no 427.
(1766) Cass. civ. 3e, 16 juill. 1987, Bull. civ. III, no 145 ; Defrénois 87, art. 34120, no 111, p. 1488,
n. L. Aynès : cassation d’un arrêt qui déclare inopposable aux tiers la subrogation aux hypothèques
non mentionnée en marge, « alors que les subrogations dont se prévalait le créancier, qui
comportaient modification dans la personne du titulaire de l’inscription sans aggraver la
situation du débiteur, avaient pour effet d’investir le subrogé de la créance primitive avec tous ses
avantages et accessoires » ; Cass. civ. 3e, 20 déc. 1989, Bull. civ. III, no 246 ; Defrénois 90,
art. 34761, no 24, n. L. Aynès. Comp., soulignant l'intérêt résiduel de la mention en marge, A.-
X. BRIATTE, « Circulation des créances et pratique notariale de la mention en marge », RD bancaire et
financier sept.-oct. 2014, p. 21.
(1767) Cass. civ. 3e, 17 nov. 2010, no 09-70452, JCP G 2011, 226, no 13, obs. Ph. Delebecque :
apport partiel d’actif soumis au régime des scissions.
(1768) M. DAGOT, « La transmission des créances hypothécaires », JCP G, 1976.I.2820 ; M. VION,
« La suppression des grosses au porteur et le régime des copies exécutoires à ordre », Defrénois
1976, art. 31203. « L’endossement d’une copie exécutoire à ordre est opposable aux tiers sans
qu’il soit besoin d’autre formalité que les notifications légales », notamment la mention en marge :
Cass. civ. 3e, 17 juin 1987, Bull. civ. III, no 127.
(1769) Les biens, coll. Droit civil.
(1770) La possibilité d'une cession d'antériorité en matière d'hypothèque rechargeable a été
expressément admise par le nouvel art. 2422, al. 6, C. civ. issu de la loi nº 2014-1545 du 20 déc.
2014.
(1771) Ex. : Le propriétaire d’un terrain sur lequel il a déjà constitué une hypothèque, pour financer
une construction qu’il veut faire, doit emprunter : sa banque n’accepte de lui prêter que si elle a une
hypothèque de premier rang. À la demande du débiteur, le premier créancier hypothécaire peut
accepter de céder à la banque son rang, ce qui ne lui nuit pas, dans la mesure où la construction
nouvelle accroît la valeur de son gage.
(1772) A a une hypothèque de premier rang de 100 000 ; B a une hypothèque de second rang de
200 000 ; C a une hypothèque de troisième rang de 1 000 000. A cède son rang à C ; C ne peut
opposer son rang à B que pour 100 000 : * Cass. civ. 3e, 23 janv. 1973, époux Maire, Bull. civ. III,
no 69 ; D., 73.427, n. Frank ; JCP G, 75.II.18032, n. Bez ; Defrénois 73, art. 30442, no 47, p. 1165, n.
Aubert : « La cession d’antériorité, convenue entre créanciers hypothécaires, n’agit qu’entre eux,
sans pouvoir modifier les droits ou les obligations des autres créanciers, ni du débiteur ou de ses
coobligés ; elle n’opère donc que dans la limite de la plus faible des créances. »
(1773) V., également en ce sens, Ch. JUILLET, Les accessoires de la créance, préf. Ch. Larroumet,
coll. de thèses, t. 37, Defrénois, 2009, no 605, note 1645.
(1774) L’article 2180 « énumère limitativement les cas dans lesquels s’éteignent les
hypothèques... ; ne figurent pas dans cette énumération les fautes commises par le créancier au
profit de qui l’hypothèque a été constituée » : Cass. com., 2 juin 1980, Bull. civ. IV, no 229 ;
Defrénois 81, art. 32686, no 67, p. 930, n. Aubert. En l’espèce, la banque avait mal géré les comptes
de son débiteur ; cette faute ne peut la priver de son hypothèque.
(1775) « L’hypothèque est éteinte lorsqu’elle a produit son effet légal et que d’un droit sur la
chose elle a été transformée en un droit sur le prix ; il en est ainsi notamment lorsque la créance
qu’elle garantit est payée » : * Cass. civ. 3e, 23 janv. 1973, époux Maire, préc. au nº 698.
(1776) Supra, no 664.
(1777) Supra, no 663.
(1778) G. DURRY, « Hypothèque et assurance », RJ com. 1982, p. 27-36 ; cf. supra, no 658.
(1779) N. LEBLOND, « La banque et l'assurance du bien financé », RD bancaire et financier janv.-févr.
2015, Dossier nº 6, spéc. nº 6.
(1780) Ex : Cass. civ., 4 déc. 1946, D., 47.25, n. PLP : l’assureur, à compter du sinistre, ne peut
opposer aux créanciers hypothécaires le défaut de payement des primes par l’assuré ; la solution est
rigoureuse.
(1781) Cass. civ. 1re, 29 févr. 2000, Bull. civ. I, no 63 ; JCP G, 2000.I.259, no 13, obs.
Ph. Delebecque : « l’opposabilité du droit propre au paiement de l’indemnité d’assurance, institué
par l’art. L. 121-13 du Code des assurances au profit des créanciers privilégiés ou hypothécaires,
est subordonnée à une demande en paiement à ce titre adressée à l’assureur par le créancier
intéressé » ; arrêt reprenant à propos d’une hypothèque le principe posé dans le cas du gage du
vendeur à crédit de véhicule automobile par : Cass. civ. 1re, 17 juin 1969, Bull. civ. I, no 232 ; RGAT,
1969, p. 493 ; Les grands arrêts du droit de l’assurance, p. 237, n. Berr et Groutel.
(1782) Ex. : un acquéreur C achète un immeuble moins de 2 mois après que son auteur B l’ait acquis
sans avoir payé le prix ; C court le risque de voir exercer contre lui le droit de suite du vendeur
initial A, alors qu’au moment de la deuxième vente aucune inscription du privilège de A n’avait été
prise. Sans doute, ce privilège sera publié, mais s’il est inscrit dans le délai prévu par la loi (en
l’espèce, deux mois après la vente), il prendra rang rétroactivement au jour de la vente initiale. Le
même inconvénient n’apparaîtrait pas à l’égard d’une hypothèque conventionnelle consentie par B.
(1783) Le privilège s’exerçant à l’occasion de la vente d’un lot ne peut garantir que les charges dues
à raison de ce lot et non d’un autre lot même si ce dernier appartient également au vendeur du premier
lot : Cass. civ. 3e, 15 mai 2002, Bull. civ. III, no 103 ; JCP G, 2003.I.124, no 16, obs. Ph. Delebecque ;
Defrénois 2003, art. 37691, no 25, p. 418, obs. Ph. Théry. Sur la difficulté de concilier l'exercice de
ce privilège avec l'application du droit des procédures collectives au vendeur du lot de copriété,
v. M. CAZAJUS, « Le sort de la créance du syndicat des copropriétaires en liquidation judiciaire », Dr
et patr., juill.-août 2015, nº 249, p. 18 s.
(1784) . Alors que ce privilège ne garantissait initialement que le paiement des charges et des travaux
dus en application des art. 10 et 30 de la loi nº 65-557 du 10 juill. 1965, son domaine d'application a
été étendu par la loi ALUR nº 2014-366 du 24 mars 2014 puisque, à compter du 1er janv. 2017, il
garantira également « les cotisations au fonds de travaux mentionné à l’article 14-2, les créances
afférentes aux travaux de restauration immobilière réalisés en application du c du II de
l’article 24, les dommages et intérêts alloués par les juridictions au syndicat des copropriétaires,
ainsi que le remboursement des dépens ».
(1785) Ces quatre derniers privilèges ne sont pas ici exposés. Le privilège de séparation des
patrimoines (art. 2374, 6o) relève du droit des successions : il permet aux créanciers du défunt et aux
légataires d’être payés par priorité sur les immeubles de la succession, et d’éviter ainsi la confusion
avec les créanciers des héritiers. Le privilège des architectes et entrepreneurs, et des prêteurs pour le
paiement des architectes et entrepreneurs (art. 2374, 4o et 5o) repose sur la même idée que les
privilèges mobiliers (supra, no 601). Mais d’une part, il ne garantit le paiement des locateurs
d’ouvrages qu’à concurrence de la plus-value procurée à l’immeuble par les travaux, constatée lors
de la vente forcée de celui-ci ; d’autre part, son exercice est si compliqué (double constat – initial et
final – de la valeur de l’immeuble, publié au service de la publicité foncière) qu’il est rarement
invoqué. Le privilège de l’accédant (art. 2374, 7o), créé par la loi du 12 juill. 1984 sur la location-
accession, s’apparente au privilège du vendeur d’immeuble ; mais il est plus cantonné : les sommes
garanties ne doivent pas dépasser la moitié de la valeur de l’immeuble, il ne doit exister aucun
privilège ou hypothèque sur l’immeuble lors du contrat. Le privilège des autorités publiques ayant
exécuté d'office des travaux dans des immeubles insalubres (art. 2374, 8o) a été créé par l'ordonnance
no 2007-42 du 11 janv. 2007 et il vient se substituer à l'hypothèque légale qui était antérieurement
prévue au profit de l'État et des communes ayant réalisé des travaux pour remédier à l'insalubrité d'un
immeuble.
(1786) Dans une opinion, seuls seraient garantis des intérêts légaux, alors que le privilège du prêteur
(infra, no 705) garantit les intérêts conventionnels (C.-A. THIBIERGE, Defrénois 1971, art. 30007,
no 11). Les textes ne justifient pas une telle différence. On admet aujourd’hui que le privilège du
vendeur peut garantir les intérêts conventionnels.
(1787) V. Les obligations, coll. Droit civil.
(1788) C.-A. THIBIERGE, « L’autonomie du privilège de prêteur de deniers et les prêts à l’acquisition
immobilière », Defrénois 1971, art. 30007.
(1789) Cass. civ. 3e, 18 févr. 1987, Bull. civ. III, no 31 ; Defrénois 1987, art. 34120, no 110, p. 1487,
n. L. Aynès : « les formalités prescrites par l’art. 2103-2o du Code civil tendent seulement à
certifier l’origine des deniers vis-à-vis des tiers ». En l’espèce, le créancier lui-même invoquait,
sans succès, le défaut d’authenticité de la quittance. Sur le point de savoir si le privilège de prêteur
peut naître par un paiement postérieur à la vente, M. DAGOT, « Naissance du privilège de prêteur de
deniers », JCP G, 1987.I.3296.
(1790) Sur les difficultés liées à l’acquisition de l’immeuble par plusieurs emprunteurs : Ph. THÉRY,
« Du recours au privilège de prêteur de deniers en cas d’acquisitions par deux personnes »,
Defrénois 1990, art. 34812.
(1791) Comp., affirmant que l'hypothèque légale inscrite par un syndicat de copropriété du chef de
l'acquéreur d'un lot de copropriété n'ayant pas payé ses charges se trouve anéantie par l'effet
rétroactif de la résolution de la vente, Cass. 3e civ., 7 janv. 2016, nº 14-18360, cité supra nº 690.
(1792) TGI Paris, 19 avr. 1982, Gaz. Pal., 82.I, som. 181 ; RDI, 83.488, n. crit. Dagot (adde,
implicitement, Cass. 3e civ., 17 déc. 2014, nº 13-20515, Defr. 2015, 121p5, p. 1236, obs.
S. Piedelièvre). A vend son immeuble à B, qui emprunte le montant du prix à C, qui inscrit son
privilège ; B ne paye pas A ; A obtient la résolution de la vente ; C peut lui opposer son privilège.
Plutôt que sur l’autonomie du privilège, la solution peut être fondée sur l’acceptation donnée par le
vendeur, qui a participé à l’acte de vente et bénéficié du versement par le prêteur (comp. CABRILLAC-
MOULY-PÉTEL, op. cit., no 845). Une autre solution consisterait, comme le font certains tribunaux, à
ordonner la mise en cause du prêteur, afin qu’il puisse faire valoir ses droits sur le prix restitué par le
vendeur à l’emprunteur.
(1793) Supra, no 519.
(1794) Ce privilège a été étendu aux titulaires d'une action en retranchement (art. 1527, al. 3, C. civ.)
par la loi du 23 juin 2006 réformant le droit des successions.
(1795) Ex. : La succession comprend trois héritiers (A, B, C) et est composée de trois immeubles (1,
2, 3). L’immeuble 1 vaut 1 000 et est attribué à A ; l’immeuble 2 vaut 550 et est attribué à B ;
l’immeuble 3 vaut 550 et est attribué à C. A doit à B une soulte de 150, ainsi qu’à C.
(1796) Dans l’exemple donné, si C est évincé, il a un recours contre A et B, qui porte sur les
immeubles 1 et 2.
(1797) MARTY, RAYNAUD et JESTAZ, III, no 232.
(1798) Les régimes matrimoniaux, coll. Droit civil.
(1799) J. FLOUR, Cours de droit civil, 1965-1966, coll. Les Cours de droit, ronéo, p. 653 et 654.
(1800) L’hypothèque légale des époux, comme presque toutes les sûretés immobilières, doit faire
l’objet d’une inscription spécifique et la simple publication au service de la publicité foncière du
jugement de divorce des époux n’équivaut pas à une telle inscription : Cass. civ. 3e, 16 déc. 2000,
Bull. civ. III, no 189 ; JCP G, 2001.I.315, no 12, obs. Ph. Delebecque ; Defrénois 2001, art. 37390,
no 57, p. 945, obs. Ph. Théry.
(1801) Cass. civ. 1re, 31 janv. 1984, Bull. civ. I, no 39 ; Defrénois 84, art. 33352, n. A. Piedelièvre :
« la disposition de l’art. 2137 qui permet à l’époux qui a introduit une demande en justice pour
faire constater une créance contre son conjoint ou les héritiers de celui-ci de requérir, sans
appréciation judiciaire, une inscription provisoire de son hypothèque légale, ne fait pas obstacle à
ce que, quand les conditions en sont remplies, ce même époux recoure à une inscription
conservatoire d’hypothèque ».
(1802) Cass. civ. 2e, 16 oct. 1985, Bull. civ. II, no 155 ; Cass. civ. 2e, 4 mars 1999, D., 99, som. com.
302, n. S. Piedelièvre : assignation en divorce, comportant révocation d’une donation en argent
consentie à l’épouse ; l’inscription provisoire est possible.
(1803) Sur la distinction entre ces deux hypothèques, notamment au regard de l’obligation de
procéder à l’inscription définitive dans les deux mois du jugement de condamnation passé en force de
chose jugée, qui ne s’applique qu’à l’hypothèque judiciaire conservatoire (v. infra, no 711) :
Cass. civ. 1re, 14 mars 2012, no 10-28143, RTD civ. 2012, 345, obs. P. Crocq ; D., 2012, 804, obs.
V. Avena-Robardet.
(1804) V. une illustration in Cass. civ. 3e, 13 déc. 2002, Bull. civ. III, no 190 ; JCP G, 2001.I.315,
no 12, obs. Ph. Delebecque, RD banc. 2001, no 77, p. 96, obs. J.-M. Delleci. Cet arrêt présente aussi
l’intérêt de clairement distinguer l’hypothèque légale attachée aux jugements de condamnation (ou aux
contraintes) de l’hypothèque judiciaire qui est une mesure conservatoire (V. P. Crocq, RTD civ. 2001,
p. 403) ; v. note précédente.
(1805) Cass.1re civ, 27 janv.2016, nº 15-12840, Bull. civ. I ; Dr. et patr. 2016, nº 258, p. 126, obs.
A. Aynès ; JCP G 2016, 553, nº 17, obs. Ph. Delebecque.
(1806) Cass. civ. 3e, 26 sept. 2001, Bull. civ. III, no 107 ; Banque et Droit, no 80, nov.-déc. 2001,
p. 42 et s., obs. F. Jacob.
(1807) Cass.3e civ., 21 janvier 2016, nº 14-24795, Bull. civ. III ; Dr. et patr. 2016, nº 258, p. 125,
obs. A. Aynès ; Dr. et proc. fév.-mars 2016, p. 44, obs. L. Lauvergnat ; JCP G 2016, 553, nº 17, obs.
Ph. Delebecque.
(1808) Cass. 1re civ., 28 oct. 2015, nº 14-15114, n.p.b., JCP G 2016, 553, nº 16, obs.
Ph. Delebecque.
(1809) R. PERROT et Ph. THÉRY, Procédures civiles d’exécution, Dalloz, 2000, nos 868 et s. ; J.-
L. MEUNIER, « L’inscription provisoire d’hypothèque après la réforme des procédures d’exécution »,
Defrénois 1994, art. 35688 ; E. PUTMAN, « Sûretés judiciaires », J.-Cl. Formulaire de procédure,
fasc. 10, 1994.
(1810) Lorsque l'inscription d'une hypothèque conservatoire est sollicitée à l'encontre d'une caution,
l'existence de ces circonstances nouvelles menaçant le recouvrement de la créance doit être
appréciée en prenant en compte uniquement la situation de la caution et non celle du débiteur
principal : Cass. com., 23 juin 2016, nº 15-18638.
(1811) CPCE, art. L. 511-2 ; Cass. civ. 3e, 20 févr. 1979, Bull. civ. III, no 38 ; Defrénois 79,
art. 32037, n. E. Frank ; 22 mai 1990, D., 90, IR, 148.
(1812) Encore faut-il, toutefois, que la créance faisant l'objet du titre exécutoire invoqué existe bien
encore au jour de l'inscription de l'hypothèque conservatoire et tel n'est pas le cas lorsque cette
créance a perdu son autonomie du fait de son inscription en compte courant. Ainsi, l'inscription par
une banque du solde d'un prêt, constaté par acte authentique, au solde débiteur du compte courant de
son débiteur a pour conséquence de faire perdre à cette banque la possibilité de se prévaloir de cet
acte pour inscrire, sans autorisation préalable, une hypothèque conservatoire : Cass. 2e civ., 13 nov.
2014, nº 13-25193, Gaz. Pal. 15-17 mars 2015, p. 28, 216u2, obs. A. Bolze JCP G 2015, 156, note
L. Lauvergnat ; RD bancaire et financier 2015, comm nº 16, obs. S. Piedelièvre et comm. 28, obs. F.-
J. Credot et Th. Samin ; JCP G 2015, 604, nº 13, obs. Ph. Delebecque ; Gaz. Pal. 15-17 mars 2015,
p. 21, 216v4, obs. P. Pailler.
(1813) Cette exigence pose problème lorsqu’un créancier veut inscrire une hypothèque conservatoire
à l’encontre de la caution, personne physique, d’un débiteur placé en sauvegarde ou en redressement
judiciaire pendant la période d’observation. Apparemment, ceci semble possible car si
l’article L. 622-28, al. 2, C. com., prévoit que « Le jugement d’ouverture du redressement judiciaire
suspend jusqu’au jugement arrêtant le plan ou prononçant la liquidation toute action contre les
personnes physiques coobligées ou ayant consenti une sûreté personnelle... », l’alinéa 3 de ce
même texte énonce que « les créanciers bénéficiaires de ces garanties peuvent prendre des mesures
conservatoires ». Toutefois, si le créancier inscrit son hypothèque conservatoire, l’alinéa 2 de ce
même texte lui interdit de former ensuite une demande au fond pour obtenir un titre exécutoire tant que
le tribunal n’a pas statué sur le sort de l’entreprise en difficulté alors que l'art. R. 511-7 CPCE exige
qu’une telle demande soit effectuée dans le mois qui suit l’exécution de la mesure conservatoire.
Faisant application des deux textes à la fois, la deuxième chambre civile de la Cour de cassation en a
déduit que cette impossibilité d’agir entraînait nécessairement la caducité de l’inscription provisoire
(Cass. civ. 2e, 30 avr. 2002, Bull. civ. II, no 85 ; D., 2002, AJ p. 2260 ; RD banc. et financier 2002,
no 198, p. 268, obs. J.-M. Delleci ; RTD com. 2003, p. 163 et s., obs. A. Martin-Serf ; JCP G,
2002.I.174, no 3, et Act. proc. coll. 2002, no 140, obs. Ph. Pétel) ce qui, en pratique, ôte tout intérêt à
l’inscription d’une hypothèque conservatoire dans une pareille hypothèse. Cette interprétation
critiquable, car elle remettait totalement en cause l'efficacité des mesures conservatoires dont la loi a
pourtant prévu la possibilité, n'a, heureusement, pas été adoptée par la chambre commerciale de la
Cour de cassation. Dans deux arrêts rendus le 24 mai 2005, les magistrats de cette chambre ont, en
effet, expressément affirmé que « le créancier qui a été autorisé à pratiquer une mesure
conservatoire contre une caution personnelle, personne physique, doit, dans le mois qui suit
l'exécution de cette mesure, à peine de caducité, introduire une procédure ou accomplir les
formalités nécessaires à l'obtention d'un titre exécutoire, même si le débiteur principal a fait
l'objet d'un jugement de redressement judiciaire ; que, dans ce cas, l'instance ainsi engagée est
suspendue jusqu'au jugement arrêtant le plan de redressement ou prononçant la liquidation
judiciaire du débiteur principal ». Cass. com., 24 mai 2005, no 00-19721 et 03-21043, Bull. civ. IV,
no 116 et 117 ; D. 2005, Pan. p. 2084 s., obs. P. Crocq ; Rép. Defrénois 2005, art. 38287, no 12,
p. 1937 s., obs. D. Gibirila ; Banque et droit, no 102, juill.-août 2005, p. 60 s., obs. F. Jacob ; D.
2005, p. 1632, obs. A. Lienhard ; JCP G 2005, I, 174, no 5, obs. Ph. Pétel ; JCP G 2005, I, 185, no 3,
obs. Ph. Simler. Adde à ce propos, supra, nº 141.
(1814) V., en ce sens, Cass. civ. 2e, 9 avr. 2009, no 08-15 672, n.p.B., RLDC mai 2009, p. 33, obs.
G. Marraud des Grottes, arrêt présentant l'intérêt de bien distinguer, dans une hypothèse où une
hypothèque conventionnelle avait été déjà prise sur un premier immeuble, la prise d'une hypothèque
judiciaire complémentaire sur un autre bien, qui interrompt la prescription, du renouvellement de
l'inscription d'une hypothèque préexistante qui, lui, n'a pas d'effet interruptif (Cass. ch. mixte,
26 mai 2006, no 03-16 800, Bull. civ. ch. mixte, no 3).
(1815) La mainlevée ou la réduction de l'inscription provisoire doit être demandée, à peine
d'irrecevabilité, avant l'inscription définitive (Cass. 2e civ., 25 juin 2015, nº 14-18924, Bull. civ. II ;
JCP G 2015, 1222, nº 15, obs. Ph. Delebecque ; Dr. et proc. sept. 2015, p. 163, obs. L. Lauvergnat ;
Defr. 2015, 121p4, p. 1235, obs. S. Piedelièvre).
(1816) L’inscription définitive n’est pas possible si le jugement de condamnation est frappé d’appel
ou si un appel est encore possible, à la différence de l’hypothèque légale du jugement de
condamnation, parce que cette inscription rétroagit et qu’en attendant le créancier bénéficie de
l’inscription provisoire : Cass.3e civ., 19 mai 2016, nº 15-16425. Lorsque plusieurs parties sont en
cause, il n'est pas nécessaire que le délai d'appel soit expiré à l'égard de toutes les parties. Il suffit
que la force de chose jugée soit acquise dans les rapports entre le créancier et le débiteur concerné
par l'inscription provisoire, pour que la publicité définitive puisse être effectuée : Cass. 3e civ.,
20 oct. 2004, nº 01-02845, n.p.B. ; Cass. 3e civ., 21 janv. 2016, nº 14-29337, Bull. civ. III, D. 2016,
p. 1032, obs. V. Georget.
(1817) Cass. com., 12 mai 2009, no 08-11421, Bull. civ. IV, no 68, D. 2009, p. 1414 ; RLDC juin
2009, p. 32, obs. G. Marraud des Grottes ; Act. proc. coll. 2009, no 180, obs. C. Regnaut-Moutier.
(1818) Cass. com., 3 mai 2016, nº 14-21556, Bull. civ. IV ; Rev. Proc. Coll. juill.-août 2016,
comm. 122, obs. F. Marorig-Venier ; Act. proc. coll. 2016, nº 136, obs. A. Pedemons ; RD bancaire
et financier juill.-août 2016, comm. 170, p. 78, obs. S. Piedelièvre ; Cass. civ. 2e, 15 janv. 1992,
Bull. civ. II, no 18 ; Cass. civ. 1re, 11 févr. 1992, Defrénois 92, art. 35303, no 74, n. L. Aynès.
(1819) Cass. com., 17 nov. 1992, Bull. civ. IV, no 358 ; D., 93.96, n. Derrida ; JCP G, 93.I.3672,
no 20, obs. Cabrillac.
(1820) Cass. civ. 3e, 17 juin 1992, Bull. civ. III, no 211.
(1821) ** Cass. civ. 3e, 2 nov. 1983, Le Blanc-Bellevaux, Bull. civ. III, no 212, JCP G, 85.II.20354 ;
Defrénois 1985, art. 33450, n. Ph. Théry ; Defrénois 1984, art. 33379, no 90, p. 1072, n. Aubert :
RTD civ., 84.174, n. Perrot : « l’inscription provisoire d’hypothèque judiciaire n’a plus pour effet
de créer, entre les mains du propriétaire du bien grevé, une indisponibilité de celui-ci, qui... ne
résulte que de la saisie ».
(1822) Cass. civ. 1re, 9 oct. 1985, Bull. civ. I, no 252 ; Defrénois 87, art. 33918, no 23, p. 499, obs.
L. Aynès : « l’inscription d’hypothèque judiciaire ne tient pas en échec une clause d’inaliénabilité
en ce sens qu’elle ne permet pas la saisie tant que cette clause est en vigueur » ; v. supra no 20 à
propos d’une déclaration d’insaisissabilité. Elle ne constitue pas davantage un acte de disposition,
puisqu’elle est imposée au propriétaire de l’immeuble ; v. déjà, à propos d’une hypothèque légale :
Cass. civ., 24 avr. 1894, DP, 94.I.91 ; 20 déc. 1976, RTD civ., 77.359, obs. R. Savatier.
(1823) Malgré l’article 2440, même le juge des référés (Cass. civ. 3e, 21 nov. 1978, Bull. civ. III,
no 351 ; JCP G, 79.II.19150, n. Fremont ; Contra, n.Goubeaux, JCP G, 1978.II.18977) ; aujourd’hui,
le juge de l’exécution (CPCE, art. R. 533-6) ; la règle est différente pour l’hypothèque
conventionnelle, supra, no 676.
(1824) Malgré l’art. 2440, dès que la décision est rendue, nonobstant appel (Cass. civ. 3e, 21 nov.
1978, cité à la note précédente) ; ce qui crée une grave insécurité, en cas d’infirmation en appel :
Cass. com., 4 févr. 1998, cité supra, no 676 ; la règle est différente pour l’hypothèque conventionnelle
(supra, no 676).
(1825) « La radiation d’une inscription provisoire d’hypothèque judiciaire... fait obstacle à
l’inscription définitive » : Cass. civ. 2e, 17 mars 1983, Bull. civ. II, no 82 ; Defrénois 84, art. 33251,
no 29, p. 373, n. Aubert.
(1826) Cass. civ. 2e, 21 mars 2013, no 12-15071, RD bancaire et financier 2013, comm. 95, obs.
A. Cerles ; JCP 2013, 585, obs. Ph. Delebecque ; Cass. civ. 1re, 4 mars 1986, Bull. civ. I, no 53,
Defrénois 1987 ; art. 34004, no 48, p. 863, obs. L. Aynès. Cass. civ. 2e, 12 janv. 1994, Bull. civ. II,
no 22.
(1827) Supra, nos 409-412.
(1828) Supra, no 107.
(1829) Biblio. : P. CROCQ, Propriété et garantie, préf. M. Gobert, Bibl. de droit privé, t. 248, LGDJ,
1995 ; L. BOUGEROL-PRUD'HOMME, Exclusivité et garanties de paiement, LGDJ, Bibl. de droit privé,
t. 538, préf. P. Crocq, 2012 ; Ch. MOULY, « Procédures collectives : assainir le régime des sûretés »,
in Ét. Roblot, LGDJ, 1984, p. 529-564, sp. nos 28-44 : l’auteur estime que les propriétés-sûretés
devraient être traitées comme les autres sûretés réelles en cas de « faillite ». La loi du 25 janv. 1985
n’a pas consacré cette opinion.
(1830) Supra, no 406 ; P. CROCQ, th. préc., no 251 et s. Cet auteur combat vigoureusement l’idée d’un
nouveau démembrement du droit de propriété et montre que la fonction de garantie n’a pas
d’influence substantielle sur le droit de propriété (p. 70-282).
(1831) P. CROCQ, th. préc., no 483.
(1832) La cession à titre de garantie peut aussi être utilisée pour garantir le financement d'une œuvre
cinématographique : v. une illustration in Cass. com., 23 oct. 2012, no 11-23599, Dr. et patr. févr.
2013, p. 92, obs. Ph. Dupichot.
(1833) Règlement UE 2015/848 du Parlement et du Conseil du 20 mai 2015, JOUE. 5 juin 2015,
L. 141/19.
(1834) Du latin redimere = racheter. Ex. : A vend à B un bien pour 10 000, en se réservant la faculté
de le reprendre au bout de cinq ans, en payant le prix de 10 000.
(1835) T. com. Seine, 8 déc. 1948, Gaz. Pal., 49.I.134 ; RTD civ., 50.197, n. Carbonnier. Ex. : A
vend à B un bien pour 10 000 ; un mois après, B promet de vendre à A le même bien pour le prix de
10 000 (ou de 12 000), l’option devant être levée dans les six ans suivant la promesse.
(1836) A promet de vendre un bien à B pour le prix de 10 000 ; dans le même acte B promet que s’il
lève l’option, il promettra de revendre à A pour le prix de 10 000 (ou de 12 000), la seconde option
pouvant être levée dans les six ans suivant la levée de la première option.
(1837) J.-B. HEINRICH, « La vente à réméré d’obligations », JCP N, 1985.I.279.
(1838) Dans les exemples donnés aux notes précédentes, B a prêté 10 000 à A, et, en garantie, est
devenu propriétaire du bien de A.
(1839) RIPERT et BOULANGER, III, no 1402. Une telle requalification peut aujourd'hui avoir des
conséquences pénales importantes lorsque l'acheteur n'est pas un établissement de crédit ou une
société de financement. En effet, la vente avec faculté de rachat ainsi requalifiée devient une
opération de crédit au sens de l'art. L. 313-1 C. mon. fin. et sa pratique habituelle relève du monopole
bancaire en application de l'art. L. 311-1 C. mon. fin.
(1840) Supra, no 515. L'inconvénient n'a cependant pas totalement disparu : il apparaît nettement
lorsque la vente a pour objet la résidence principale du vendeur (l'utilisation de la vente avec faculté
de rachat constituant alors une tentative de contourner l'application de l'art. 2459 C. civ.) et lorsque
le prix de vente n'est pas égal à la valeur du bien estimée par un expert (l'utilisation de la vente avec
faculté de rachat constituant alors une tentative de contourner la réglementation relative à la
réalisation du pacte commissoire). La Cour de cassation a cependant refusé de requalifier la vente
avec faculté de rachat d'une résidence principale en un contrat pignoratif prohibé dans une espèce où
« le prêt consenti (...) était remboursable sans intérêt », où « n'était pas démontrée la fréquence
des achats effectués par (le créancier) », où « il n'était prouvé ni que le prix de rachat du bien
serait éloigné des valeurs du marché immobilier, ni que l'opération prévoyait que le vendeur reste
dans les lieux ou que le bien lui serait reloué » et où « la majoration du prix de vente augmenté
des frais et travaux nécessaires, qui correspondait à une avance des fonds pendant dix-huit mois,
n'apparaissait pas usuraire » (Cass. 3e civ., 21 mai 2014, nº 12-23607, JCP G 2014, Doctr. 1162,
nº 14, obs. Ph. Delebecque et 1195, nº 12, obs. G. Virassamy ; JCP G 2014, 942, note F. Dournaux ;
Dr. et patr. oct. 2015, p. 104, obs. Ph. Dupichot ; RDC 2015, 111q5, p. 288, obs. M. Julienne (adde
M. MIGNOT, « La vente à réméré utilisée à des fins de sûreté », Defr. 2014, nº 117v5, p. 1079).
(1841) Ex. : Cass. com., 24 oct. 1956, Bull. civ. III, no 257 ; Gaz. Pal., 57.I.128.
(1842) P. CROCQ, op. cit., no 23.
(1843) Cl. WITZ, La fiducie en droit privé français, th. Strasbourg, Economica, 1981, préf.
D. Schmidt ; du même auteur, « La fiducie – sûreté en droit français », in L’évolution du droit des
sûretés, colloque de Deauville, RJ com. 1982, 67-75. La qualification d'aliénation fiduciaire doit
donc être exclue dans l'hypothèse d'un transfert définitif de propriété, et cela même si celui-ci a une
finalité de garantie, ce qui est, par exemple, le cas s'agissant des cotisations imposées aux
copropriétaires pour la constitution d'un « fonds de travaux » garantissant aux entreprises le paiement
des travaux effectués pour le compte du syndicat de copropriété (v. le nouvel art. 14-2-II de la loi du
10 juill. 1965 issu de la loi ALUR du 24 mars 2014 affirmant que « Les sommes versées au titre du
fonds de travaux sont attachées aux lots et définitivement acquises au syndicat des
copropriétaires. Elles ne donnent pas lieu à un remboursement par le syndicat à l’occasion de la
cession d’un lot ».
(1844) J. DERRUPPÉ, « De la fiducie au crédit-bail », in Ét. Ellul, PUF, 1983, 449-457.
(1845) Notamment en droit allemand : Cl. WITZ, « Le droit des sûretés réelles mobilières en
République fédérale d’Allemagne », RID comp., 1985, 27-68, sp. nos 10-36 : le développement de
ces garanties a été cependant légèrement limité par la réforme du droit allemand de la « faillite ».
R. SERICK, Les sûretés réelles mobilières en droit allemand, LGDJ, 1990.
(1846) Cette rétrocession est automatique et son opposabilité au débiteur cédé ne requiert
l'accomplissement d'aucune formalité selon Cass. 1re civ., 19 sept. 2007, no 04-18372, Banque et
droit, no 116, nov.-déc. 2007, p. 30, obs. Th. Bonneau ; D. 2007, p. 2533, obs. X. Delpech ; RLDC
nov. 2007, p. 31 et s., obs. G. Marraud des Grottes ; RDC 2008, p. 853, obs. A. Aynès.
(1847) V., expressément en ce sens, dans la célèbre affaire Cœur Défense, CA Versailles, 13e ch.,
28 févr. 2013, RG no 12/06573, D. 2013, p. 829, obs. R. Dammann et G. Podeur et p. 1716, obs.
P. Crocq ; Dr. et patr. juill.-août 2013, p. 96, obs. A. Aynès. Cet arrêt reprend une solution qui avait
été déjà, implicitement mais nécessairement, admise par la Chambre commerciale de la Cour de
cassation dans un arrêt en date du 16 oct. 2007 (Cass. com., 16 oct. 2007, no 06-13122, Gaz. Pal.
24 janv. 2008, no 24, p. 57, note R. Bonhomme ; JCP E 2008, 1104, note F. Gangi ; RTDF 2007, no 4,
p. 124, obs. X. de Kergommeaux, E. Barres et A. Bordenave ; RTD com., 2008, p. 415, obs.
A. Martin-Serf).
(1848) Une exception existe, toutefois, s'agissant des cessions effectuées par des sociétés de crédit
foncier (CMF, art. L. 515-13-III) ce qui leur permet de mobiliser l'ensemble de leurs créances, quelle
que soit leur nature.
(1849) Il est, toutefois, possible que la faculté de céder la créance soit restreinte par une clause du
contrat lui ayant donné naissance (Cass. com., 22 oct. 2002, no 99-14793, RTD civ. 2003, p. 129 et s.,
obs. P. Crocq) mais une telle clause se heurtera le plus souvent à l'application de l'art. L. 442-6,
C. com. selon lequel « Sont nuls les clauses ou contrats prévoyant pour un producteur, un
commerçant, un industriel ou une personne immatriculée au répertoire des métiers, la
possibilité (...) d'interdire au cocontractant la cession à des tiers des créances qu'il détient sur
lui ».
(1850) La jurisprudence avait un temps affirmé le contraire (Cass. com., 26 avr. 2000, Bull. civ. IV,
no 84 ; RTD com. 2000, p. 994, obs. M. Cabrillac ; D. 2000, p. 717, note Ch. Larroumet ; JCP E
2000, no 28, p. 1134, note D. Legeais ; JCP G 2000, I, 269, no 2, obs. Ph. Pétel) mais cette solution a
été condamnée par loi de sécurité financière du 1er août 2003, qui a ajouté à l'art. L. 313-27 CMF
l'affirmation expresse selon laquelle la cession Dailly est opposable aux tiers « quelle que soit la
date de naissance, d'échéance ou d'exigibilité des créances », et elle a été ultérieurement
abandonnée par la Cour de cassation (v., en ce sens, Cass. com., 7 déc. 2004, no 02-20732,
Bull. civ. IV, no 213 ; Banque et droit, no 100, mars-avr. 2005, p. 50 et s., obs. Th. Bonneau ;
RTD com., 2005, p. 155 et s., obs. M. Cabrillac ; Dr. et proc., mars-avr. 2005, p. 91 et s., obs.
P. Crocq ; D. 2005, p. 230 et s., note Ch. Larroumet Ch. et p. 77 et s., obs. A. Liénhard, et surtout
** Cass. com., 22 nov. 2005, no 03-15669, Bull. civ. IV, no 230 ; JCP G 2006.I.139, no 12, obs.
M. Cabrillac ; D. 2005, p. 3081 et s., obs. X. Delpech) qui a reconnu qu'une cession de créances nées
d'un contrat à exécution successive n'est pas affectée par l'ouverture d'une procédure collective à
l'encontre du cédant après cette cession. Adde, également en ce sens, CA Versailles, 13e ch., 28 févr.
2013, RG no 12/06573, D. 2013, p. 829, obs. R. Dammann et G. Podeur et p. 1716, obs. P. Crocq ;
Dr. et patr. juill.-août 2013, p. 96, obs. A. Aynès. Adde A. LIENHARD, « Le sort de la cession de
créance de loyers », in Mél. Le Cannu, Dalloz, LGDJ, IRJS et Thomson Reuters Transactive, 2014,
p. 547 s. Cette solution a été ultérieurement reprise par le législateur, d'une part, dans le cas des
cessions de créances qui sont effectuées en matière de titrisation (CMF, art. L. 214-43 issu de
l'ordonnance no 2008-556 du 13 juin 2008) et, d'autre part, à propos des cessions de créances à titre
de garantie qui sont consenties par des établissements de crédit en difficulté pour garantir les prêts
que peut leur accorder l'État par l'intermédiaire d'une société de refinancement (v. l'art. 6, II, A de la
loi no 2008-1061 du 16 oct. 2008 modifié par l'art. 27 de la loi de finances rectificatives no 2009-431
du 20 avr. 2009).
(1851) P. Crocq, th. préc., no 153 et s. et 252 et s.
(1852) V. les espèces ayant donné lieu à Cass. com., 4 oct. 2005, Bull. civ. IV, no 198 ; JCP G
2006.I.130, no 11, obs. M. Cabrillac, et à Cass. com., 3 mai 2006, D. 2006, p. 1364 et s., obs.
V. Avena-Robardet ; RD bancaire et financier 2006, no 94, obs. D. Legeais. Adde, antérieurement,
Cass. civ. 1re, 20 mars 2001, no 99-14982, Bull. civ. I, no 76 ; D. 2001, p. 3110 et s., note L. Aynès.
(1853) Cass. com., 19 déc. 2006, no 05-16395, RLDC mars 2007, no 35, p. 38, obs. J.-J. Ansault ;
JCP G 2007.II.10067, rapp. M. Cohen-Branche et note D. Legeais ; RTD civ. 2007, p. 160, obs.
P. Crocq ; RLDC 2007, no 36, p. 29, note D. Houtcieff ; Banque et droit, no 112, mars-avr. 2007,
p. 61 et s., obs. F. Jacob ; D. 2007, p. 344 et s., note Ch. Larroumet ; Defrénois 2008, art. 38726,
p. 414 et s., obs. Ph. Théry ; Adde : J.-F. ADELLE, « L'adoption de la fiducie a-t-elle remédié à la
prohibition des cessions de créance en garantie de droit commun », RD bancaire et financier 2007,
p. 48 et s. ; F. AUCKENTHALER, « Cession de créance en garantie innomée et compétitivité du droit
français », Mélanges AEDBF-France, tome VI, RB Édition, 2013, p. 57 s. ; L. AYNÈS, « La cession
de créance à titre de garantie : quel avenir ? », Dr. et patr. avr. 2007, p. 28 et s.
(1854) ** Cass. com., 26 mai 2010, cité supra no 536.
(1855) Cette nullité ne peut pas être couverte par une acceptation ultérieure de la cession par le
débiteur cédé (v., en ce sens, Cass. com., 16 oct. 2007, no 06-14675, Banque et droit, no 117, janv.-
févr. 2008, p. 25, obs. Th. Bonneau).
(1856) Cette condition suscite un contentieux particulièrement important en pratique car la cession est
nulle faute de désignation suffisante des créances cédées (Cass. com., 13 oct. 1992, no 90-21077,
Bull. civ. IV, no 301 ; RTDC 1993, p. 144, no 11, obs. M. Cabrillac et B. Teyssié ; JCP E 1993, II,
395, note J. Stoufflet), sans que ce vice puisse être couvert ultérieurement par une désignation de ces
créances lors de la notification de la cession (Cass. com., 9 avr. 1991, Bull. civ. IV, no 121), et il a été
notamment jugé à ce propos que « si la transmission des créances professionnelles cédées peut être
effectuée par un procédé informatique tel qu'un listing joint au bordereau, permettant de les
individualiser, le bordereau de cession n'en doit pas moins être lui-même revêtu de toutes les
mentions exigées par la loi en ce cas, c’est-à-dire, outre l'indication du moyen par lequel les
créances sont transmises, le nombre et le montant global des cessions » (Cass. com., 20 févr. 2007,
no 05-20562, Banque et droit, no 113, mai-juin 2007, p. 40 et s., obs. Th. Bonneau ; JCP G 2007, I,
190, no 7, obs. M. Cabrillac).
(1857) En revanche, le défaut de pouvoir du signataire du bordereau est sanctionné par une
inopposabilité qui ne peut être invoquée que par le cédant, Cass. com., 21 sept. 2010, no 09-11707,
RLDC nov. 2019, p. 34, obs. G. Marraud des Grottes.
(1858) À défaut de mention de cette date, la cession ne peut produire aucun effet selon Cass. com.,
14 juin 2000, Bull. civ. IV, no 121 ; RTD com. 2000, p. 992 et s., obs. M. Cabrillac.
(1859) Si la cession a été effectuée en période suspecte pour garantir un crédit antérieurement
accordé, elle échappera néanmoins aux nullités obligatoires de la période suspecte dans la mesure où
la cession dailly ne fait pas partie des sûretés limitativement énumérées au sein de l'art. L. 632-1, 6o,
C. com. (Cass. com., 28 mai 1996, no 94-10361, Bull. civ. IV, no 151 ; RTD com. 1996, p. 508, obs.
M. Cabrillac ; RTD civ. 1996, p. 671, obs. P. Crocq). Elle échappera également aux nullités
facultatives de l'art. L. 632-2 C. com. chaque fois qu'elle aura été conclue en exécution d'une
convention-cadre antérieure à la cessation des paiements (Cass. com., 20 févr. 1996, Bull. civ. IV,
no 56 ; RTD com. 1996, p. 309, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 1996, p. 674, obs. P. Crocq). Si la
nullité de la cession était néanmoins prononcée, celle-ci profiterait non seulement aux autres
créanciers mais aussi au débiteur cédé car la Cour de cassation considère qu'il est en droit de se
prévaloir de la nullité de la cession, après le prononcé de celle-ci, pour refuser de payer le
cessionnaire (Cass. com., 3 juin 1997, Dalloz Affaires, 1997, p. 860). En revanche, le débiteur cédé
ne peut opposer une exception de nullité de la cession si les organes de la procédure collective n'ont
pas exercé une action tendant à la faire constater (Cass. com., 4 juill. 2000, no 97-21528).
(1860) Cass. com., 1er févr. 2011, no 09-73000, D. 2011, p. 509, obs. X. Delpech.
(1861) Si la cession n'a pas été notifiée au débiteur cédé, le cessionnaire peut agir en paiement contre
le cédant « sans avoir à justifier préalablement d'une poursuite judiciaire à l'encontre du débiteur
cédé ou même de sa mise en demeure » (Cass. com., 14 mars 2000, no 96-14034, Bull. civ. IV, no 55)
ni même « d'une demande amiable adressée à ce débiteur ou de la survenance d'un événement
rendant impossible le paiement » (Cass. com., 22 mars 2016, nº 14-24755, Banque et droit, nº 167,
mai-juin 2016, p. 21, obs. Th. Bonneau ; Gaz. Pal. 7 juin 2016, p. 67, obs. S. Moreil) ; si la cession a
été notifiée, le cessionnaire ne peut agir contre le cédant qu'à la condition d'avoir justifié « d'une
demande amiable adressée à ce débiteur ou de la survenance d'un événement rendant impossible
le paiement » (Cass. com., 18 sept. 2007, no 06-13736, Banque et droit, no 117, janv.-févr. 2008,
p. 23, obs. Th. Bonneau et p. 53, obs. F. Jacob ; Adde, à ce propos, J. ORENGO et L. PRUD'HOMME,
« Précisions sur le dénouement de la cession de créance professionnelle », RLDC, no 45, janv. 2008,
p. 27 et s.) à moins que le cessionnaire soit déchargé de cette obligation par la convention passée
entre lui et le cédant (Cass. com., 5 juin 2012, no 11-18210, D. 2012, p. 1604, obs. X. Delpech et
p. 1860, note A. Landais ; Banque et droit, no 145, sept.-oct. 2012, p. 17 et s., obs. Th. Bonneau ;
RLDC sept. 2012, p. 31, obs. G. Marraud des Grottes). L'intérêt d'un tel recours contre le cédant est
manifeste lorsque le cessionnaire n'a pas déclaré en temps utile sa créance à la procédure collective
du débiteur cédé : Cass. com., 20 oct. 2009, no 08-18233, D. 2009, p. 2611 ; RLDC janv. 2010, p. 36
et s., obs. J.-J. Ansault ; Banque et droit, no 129, janv.-févr. 2010, p. 18, obs. Th. Bonneau.
(1862) Cette notification doit être faite par écrit et comporter les mentions obligatoires énoncées par
l'art. R. 313-15 CMF. Elle ne peut être effectuée qu'après que la cession a eu lieu (Cass. com., 8 févr.
2000, Bull. civ. IV, no 27 ; RTD com. 2000, p. 425, obs. M. Cabrillac ; D. 2000, p. 567 et s., note J.-
P. Chazal ; RTD civ. 2000, p. 877 et s., obs. P. Crocq).
(1863) Pour autant, sauf convention expresse en ce sens, ce mandat ne constitue pas un mandat
spécial permettant au cédant d'engager en justice, pour le compte du cessionnaire, une action en
paiement à l'encontre du débiteur cédé : Cass. com., 27 mai 2014, nº 13-16673, Banque et droit,
nº 157, sept.-oct. 2014, p. 18, obs. Th. Bonneau ; RD bancaire et financier 2014, nº 193, obs. F.-
J. Crédot et Th. Samin ; Cass. com., 18 nov. 2014, nº 13-13336, cité infra.
(1864) La simple connaissance de l'existence de la cession ne peut pas avoir un tel effet selon la
jurisprudence (Cass. com., 7 janv. 1997, RTD com., 1997, p. 300, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 1997,
p. 474 et s., obs. P. Crocq), ce qui est justifié car le débiteur cédé, même s'il sait que la créance a été
cédée, peut légitimement croire que le cédant conserve, en vertu du mandat d'encaissement, le
pouvoir d'en recevoir le paiement.
(1865) CA Versailles, 13e ch., 28 févr. 2013, RG no 12/06573, D. 2013, p. 829, obs. R. Dammann et
G. Podeur et p. 1716, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. juill.-août 2013, p. 96, obs. A. Aynès. Rappr.,
affirmant qu'une saisie-attribution de la créance cédée intervenue après la cession Dailly ne peut pas
avoir pour effet d'interdire au cessionnaire de notifier ultérieurement la cession au débiteur cédé,
Cass. com., 26 nov. 2003, no 01-03685.
(1866) Cass. com., 11 juin 2014, nº 13-15562 et 13-21554, Banque et droit, nº 158, nov.-déc. 2014,
p. 21, obs. Th. Bonneau, arrêt retenant la responsabilité de l'administrateur judiciaire du cédant pour
avoir exigé du débiteur cédé le paiement de la créance cédée alors pourtant que cet administrateur
avait connaissance de la cession (mais il aurait été plus exact ici de se référer à une connaissance de
la notification de cette cession).
(1867) Paris, 4 janv. 1990 (arrêt publié en annexe à la chronique de Ch. LARROUMET, « Le conflit entre
cessionnaires successifs d'une créance transmise par bordereau », JCP E 1990.II.15877. Adde, dans
le même sens, dans le cas similaire d'un conflit opposant une banque bénéficiant d'une cession Dailly
et une société d'affacturage, Cass. com., 19 mai 1992, Bull. civ. IV, no 190 ; RTD com. 1992, p. 655,
obs. M. Cabrillac et B. Teyssié. Peu importe ici que le second cessionnaire ait ignoré l'existence de
la première cession car la bonne foi de l'enrichi n'est pas un obstacle à l'action de in rem verso
(Cass. 1re civ., 11 mars 2014, nº 12-29304, RDC déc. 2014, p. 622, 111c0, note R. Libchaber).
(1868) Le cessionnaire peut-il obtenir la totalité du paiement de la créance cédée lorsque le montant
de celle-ci est supérieur au montant de la créance garantie ? La Cour de cassation l'a, un temps,
refusé au motif que « la cession de créance effectuée à titre de garantie prend fin sans formalité
particulière pour les sommes excédant la créance qui reste due à la banque cessionnaire par le
cédant » (Cass. com., 9 févr. 2010, no 09-10119, RLDC avr. 2010, p. 37, obs. J.-J. Ansault ; RTD civ.
2010, p. 360, obs. P. Crocq ; Banque et droit, no 130, mars-avr. 2010, p. 66, obs. F. Jacob). Ceci
n'était guère convaincant, d'une part, parce que la motivation employée n'est exacte que dans
l'hypothèse où la créance garantie est payée, ce qui n'était pas le cas en l'occurrence, et, d'autre part,
parce que la solution énoncée contrevient manifestement au principe de l'indivisibilité des sûretés
réelles. Cette solution jurisprudentielle est aujourd'hui clairement abandonnée : v. Cass. com.,
18 nov. 2014, nº 13-13336, RD bancaire et financier 2015, comm. 33, obs. F.-J. Credot et
Th. Samin ; RTD civ. 2015, p. 181, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 82, obs. Ph. Dupichot ;
RDC 2015, p. 516, note M. Julienne ; Gaz. Pal. 15-17 mars 2015, p. 23, 216r9, obs. S. Moreil, arrêt
affirmant que « seul le cessionnaire peut réclamer au débiteur le paiement total de la créance
cédée, même lorsque son montant excède celui de la créance garantie, le cédant ne retrouvant ses
droits à agir qu’après le remboursement intégral de la dette garantie ou la renonciation du
cessionnaire à tout ou partie de la créance cédée » (ce revirement avait été antérieurement amorcé
par Cass. com., 3 nov. 2010 no 09-69870, JCP G 2011, n. 112, A. Aynès ; Bull. Joly Entreprises en
difficulté, no 2, mai-juin 2011, p. 124, obs. R. Bonhomme ; RTD civ. 2011, p. 156, obs. P. Crocq).
Dans cette logique, la Cour de cassation a affirmé que le jugement arrêtant le montant de la créance
du cessionnaire admise à la procédure collective du cédant ne peut déduire de celui-ci les paiement
effectués au profit du cessionnaire par le débiteur cédé, et ce au motif que « les règlements effectués
avant l'ouverture de la procédure collective du cédant par le débiteur cédé entre les mains du
cessionnaire restent acquis à ce dernier tant que les créances garanties par cette cession ne sont
pas payées, l'excédent éventuel n'étant restitué qu'après ce paiement » (Cass. com., 30 juin 2015,
nº 14-13784, Banque et droit, nº 164, nov.-déc. 2015, p. 25, obs. Th. Bonneau ; JCP G 2015, 1095,
C. Coupet ; RD bancaire et financier nov.-déc. 2015, comm. 184, obs. F.-J. Crédot et Th. Samin ;
RTD civ. 2015, p. 666, obs. P. Crocq ; Dr. et patr. oct. 2015, p. 106, obs. Ph. Dupichot ; RD bancaire
et financier nov.-déc. 2015, comm. 197, obs. C. Houin-Bressand ; RDC 2016, p. 261, obs.
M. Julienne ; Act. proc. coll. 2015, nº 216, obs. D. Legeais ; Gaz. Pal. 8-10 nov. 2015, p. 27, obs.
S. Moreil ; JCP G 2016, 633, nº 6, obs. Ph. Pétel).
(1869) Pour une étude complète des différentes hypothèses de conflit, v. P. CROCQ, Lamy Droit des
sûretés, Étude 262.
(1870) Ainsi, la cour de cassation considère qu'une exception de compensation sera, ou non,
opposable au cessionnaire selon que ses conditions auront été réunies avant ou après la notification
de la cession (Cass. com., 14 déc. 1993, D. 1994, p. 269, note crit. Ch. Larroumet) alors qu'il aurait
été plus logique qu'elle prenne pour référence la date de la cession puisque c'est elle qui détermine
l'opposabilité aux tiers de la cession Dailly, la notification n'étant pas nécessaire à cette opposabilité
même dans le cas du débiteur cédé puisque son effet est limité à la révocation du mandat du cédant.
(1871) Cass. com., 9 févr. 1993 Bull. civ. IV, no 51.
(1872) Cass. com., 15 juin 1993, D. 1993, p. 495 et s., note Ch. Larroumet.
(1873) Prenant en compte le fait qu'il s'agit d'un acte particulièrement grave pour le débiteur cédé, la
jurisprudence considère, d'une part, qu'un écrit reconnaissant le bien fondé de la créance cédée ne
vaut pas acceptation si cet écrit n'a pas été rédigé dans les termes exigés par l'art. L. 313-29 CMF
(Cass. com., 29 oct. 2003, no 01-02512, Banque et droit, no 94, mars-avr. 2004, p. 60, obs.
Th. Bonneau ; RTD com. 2004, p. 117 et s., obs. M. Cabrillac) et, d'autre part, que l'acceptation ne
peut pas être antérieure à la cession (Cass. com., 8 févr. 2000, cité supra, no 770 ; adde affirmant
qu'une acceptation anticipée ne peut être confirmée ultérieurement que par un acte d'acceptation
répondant aux conditions de l'art. L. 313-29 C.M.F. et signé postérieurement à la date figurant sur le
bordereau de cession, Cass. com., 3 novembre 2015, nº 14-14373, Dr. et patr. mai 2016, p. 123, obs.
A. Aynès ; Banque et droit, nº 166, mars-avril 2016, p. 37, obs. Th. Bonneau ; RD bancaire et
financier janv.-fév. 2016, comm. 24, obs. A. Cerles ; RD bancaire et financier mars-avr. 2016,
comm. 55, obs. F.-J. Credot et Th. Samin ; Gaz. Pal. 8 mars 2016, p. 68, obs. S. Moreil).
(1874) V. à ce propos, R. NOGUELLOU, « Cession de créances et partenariats public-privé », Dr. et
patr. oct. 2005, p. 44 et s.
(1875) Supra, no 505.
(1876) V. notamment G. KOLIFRATH, « L’annexe AFB Remise en garantie, un outil de gestion des
instruments financiers à terme », RD banc., 1997.143.
(1877) V., à propos du renvoi effectué, depuis la loi nº 2013-672 du 26 juill. 2013, par l'art. L. 440-7
CMF à l'art. L. 211-38 CMF, D. ROBINE, « La réforme des couvertures par la loi de séparation et de
régulation des activités bancaires », D. 2013, p. 2281.
(1878) V., à ce propos, D. ROBINE et S. PRAICHEUX, Les garanties financières, Joly éditions, 2009.
(1879) Directive 2002/47/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 juin 2002 concernant les
contrats de garantie financière (JOCE du 27 juin 2002, L. 168/43 s.). Ainsi que l’énonce son
considérant no 13, cette directive, « vise à protéger la validité des contrats de garantie financière
fondée sur le transfert en pleine propriété des espèces ou des instruments remis à titre de garantie,
notamment en supprimant la “requalification” de ces contrats de garantie financière (y compris
les opérations de mise en pension) en nantissements ». Sur cette directive, v. notamment :
S. PRAICHEUX, Les sûretés sur les marchés financiers, Rev. Banque éditions, 2004, préf. A. Ghozi,
no 371 et s.
(1880) V., à propos des autres limitations du recours à la propriété-sûreté évoquées dans la directive
2014/65/EU du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 concernant les marchés
d'instruments financiers (JOUE 12 juin 2014, I, 173/349), ainsi que dans le nouvel art. L. 533-10, II,
7º, C. mon. fin. et précisées dans un document consultatif du 22 mai 2014 de l'ESMA (Autorité
européenne des marchés financiers), S. PRAICHEUX, « Le renforcement de la protection des avoirs des
clients dans la directive MIF II », Banque et droit, nº 165, janv.-fév. 2016, p. 11. La possibilité d'une
réutilisation par des organismes de placement collectif des instruments financiers cédés à titres de
garantie a été également encadrée par l'art. 15 du règlement (UE) 2015/2365 du 25 novembre 2015
relatif à la transparence des opérations de financement sur titres et de la réutilisation, entré en vigueur
le 13 juillet 2016 (Banque et droit, no 165, janv.-fév. 2016, p. 82, obs. F. Bussière). Ce texte exige
que la réutilisation soit soumise au consentement de la contrepartie ayant fourni les titres et qu'elle
soit comptabilisée dans le compte de cette contrepartie.
(1881) Art. L. 533-10, II, C. mon. fin. issu de l'ordonnance du 23 juin 2016 et transposant l'art. 16
(10) de la directive 2014/65/EU du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 : « Les
prestataires de service d'investissement autres que les sociétés de gestion de portefeuille [...] ne
concluent pas de contrats de garantie financière avec transfert de propriété avec des clients non
professionnels en vue de garantir leurs obligations présentes ou futures, réelles, conditionnelles
ou potentielles, ou de les couvrir d’une autre manière ".
(1882) V. notamment, J. DE GUILLENCHMIDT, « Présentation de l’avant-projet de loi relatif à la
fiducie », in La fiducie – Pour quoi faire ?, RD banc. 1990, no 19 ; M. GRIMALDI, « La fiducie :
réflexions sur l’institution et sur l’avant-projet de loi qui la consacre », Defrénois 1991, art. 35085 et
35094 ; P. CROCQ, Propriété et garantie, préf. M. Gobert, Bibl. de droit privé, t. 248, LGDJ, 1995,
nos 45 et s. ; Les biens, coll. Droit civil.
(1883) V., notamment, à propos de cette loi, L. AYNÈS, « Fiducie : analyse et applications pratiques
de la loi », RLDC, suppl. au no 46, févr. 2008, p. 5 ; F. BARRIÈRE, « La loi instituant la fiducie : entre
équilibre et incohérence », JCP E 2007.2053 ; A. CERLES, « La fiducie, nouvelle reine des
sûretés ? », JCP E 2007.2054 ; P. CROCQ, « Lacunes et limites de la loi au regard du droit des
sûretés », D. 2007, p. 1354 et s. ; Ph. DUPICHOT, « Opération fiducie sur le sol français », JCP G
2007.I.121 ; Ch. LARROUMET, « La loi du 19 févr. 2007 sur la fiducie. Propos critiques », D. 2007,
p. 1350 et s. ; R. LIBCHABER, « Les aspects civils de la fiducie dans la loi du 19 févr. 2007 »,
Defrénois 2007, art. 38631, p. 1094 et s. et p. 1194 et s.
(1884) V., notamment, à propos de ces nouveaux textes, J.-J. ANSAULT, « La fiducie-sûreté
ressuscitée », Journal des sociétés, no 65, mai 2009, p. 18 et s. ; A. AYNÈS, « L'introduction de la
fiducie en droit français », RLDC mars 2009, p. 63 ; N. BORGA, « Regard sur les sûretés dans
l'ordonnance du 18 déc. 2008 », RD bancaire et financier mai-juin 2009, p. 9 et s. ; P. CROCQ,
« L'ordonnance du 18 déc. 2008 et le droit des sûretés », Rev. proc. coll., janv.-févr. 2009, p. 75 et s.,
et « La nouvelle fiducie-sûreté : une porte ouverte sur une prochaine crise des subprimes en
France ? », D. 2009, p. 716 ; Ph. DUPICHOT, « La fiducie-sûreté en pleine lumière. À propos de
l'ordonnance du 30 janv. 2009 », JCP G 2009, I, 132 ; M. GRIMALDI et R. DAMMANN, « La fiducie sur
ordonnances », D. 2009, p. 670 ; A. RAYNOUARD, « Ultimes modifications de la fiducie », JCP N
2009, 439 ; N. RONTCHEVSKY, « Sûretés personnelles, fiducie et gages sans dépossession dans la
réforme du droit des entreprises en difficulté », RLDA, juin 2009, p. 8. Adde le dossier « La fiducie,
un nouvel instrument performant de gestion et de garantie », RLDC mai 2009, p. 63 et s. ; La fiducie
dans tous ses états, Journée nationale de l'Ass. Henri Capitant, tome XV, Dalloz, coll. thèmes et
commentaires, 2011 ; La fiducie-sûreté, coll. de l'AFF du 8 oct. 2013, LGDJ, 2015 ; A. ARSAC, La
propriété fiduciaire : nature et régime, LGDJ, 2015.
(1885) V. S. DE SILGUY, « La fiducie, une réussite ? », RLDC mai 2013, p. 59 et s. ; Y.-M. RAVET et
M. ANDREANI, « La fiducie : sûreté d'élite ou produit de masse ? », Dr. et patr. sept. 2013, p. 38 et s.
Adde : V. SAVAGE, « La fiducie sur parts et actions de sociétés », Larcier, 2015 ; Fiducie et
restructuration, coll. de l'AFF du 25 sept. 2014, LGDJ, 2015 ; Fiducie sur titres : les nouvelles
perspectives, coll. de l'AFF du 22 sept. 2015, (à paraître) ; C. BERGER-TARARE, « La fiducie-
titrisation : c'est possible ! », RD bancaire et financier mai-juin 2016, p. 22. V. également, montrant
les avantages de la fiducie-sûreté sur le mécanisme de la double Lux Co pour sécuriser des
financements de LBO, X. COUDERC-FANI et Ph. THOMAS, « Incertaine efficacité et alternatives aux
doubles Lux Co », RD bancaire et financier juillet-août 2015, p. 20.
(1886) V., à propos de l'art. 71 de la loi de finances rectificative nº 2014-1655 du 29 déc. 2014,
Ph. DEROUIN, A.-S. KERFANT et Bl. Ph. CHAUMONT, « Adaptation des conditions d'application du
régime des sociétés mères et de l'intégration fiscale en cas de transfert de titres en fiducie », JCP N
2015, 1030.
(1887) A. AYNÈS, « Fiducie immobilière : la belle endormie », JCP N 2016, 1106.
(1888) V. A. AYNÈS, « La fiducie-sûreté par et hors les textes », RD bancaire et financier sept.-oct.
2014, p. 85.
(1889) S. LAVAL, « Pour une réforme de l'agent des sûretés », Dr. et patr. avr. 2016, p. 28.
(1890) Comp. le régime juridique de l'agent des sûretés qui a été inséré dans le droit de l'OHADA au
sein des art. 5 à 11 du nouvel Acte uniforme portant organisation des sûretés adopté le 15 déc. 2010
et entré en vigueur le 16 mai 2011.
(1891) Cass. com., 13 sept. 2011, no 10-25533, RLDC nov. 2011, p. 38, obs. J.-J. Ansault ; Dr. et
patr. déc. 2011, p. 95, obs. M.-E. Ancel ; D. 2011, p. 2272 ; D. 2011, p. 2518, note L. d'Avout et
N. Borga ; Dr. et patr. févr. 2012, p. 77 s., obs. Ph. Dupichot ; Dr. et patr. mars 2012, p. 89, obs.
A. Prüm et J.-P. Mattout. Adde E. FISZELSON, « L'arrêt Belvédère et la gestion des sûretés en droit
français », RLDC déc. 2012, p. 51 et s. ; M. BAUER, « La solidarité active, parallel debt à la
française, ou les vertus de la simplicité », Banque et droit, nº 163, oct.-nov. 2015, p. 15.
(1892) Cette extension a entraîné une réforme de la réglementation professionnelle des avocats par
les articles. 8 et 9 de l'ordonnance du 30 janv. 2009, ainsi qu'une modification des règles
déontologiques qui leur sont applicables par une décision du Conseil national des Barreaux en date
du 24 avr. 2009 modifiant le règlement intérieur national de la profession d'avocat.
(1893) Cl. GRARE-DIDIER, « Les sûretés réelles et le droit de la famille – l'exemple de la communauté
de biens entre époux », RD bancaire et financier sept.-oct. 2014, p. 71.
(1894) V. M. GRIMALDI et R. DAMMANN, « La fiducie sur ordonnances », D. 2009, p. 670 et s., spéc.
no 10.
(1895) V. supra, no 768.
(1896) V. Cass. civ. 3e, 10 juin 1980, Bull. civ. III, no 113 et 114, ainsi que l'art. L. 144-13, C. com.
issu de l'art. 13-1 de la loi du 6 janv. 1986.
(1897) V. P. CROCQ, « Réformes du droit français et harmonisation des droits européens en matière de
propriétés-sûretés », in Mél. Jacques Foyer, Economica, 2008, p. 253 et s. Adde C. BERGER-TARARE,
« Le fiduciaire défaillant », thèse Lyon, préf. B. Mallet-Bricout, LGDJ, 2015 ; R. IBARRA GARZA, « La
protection du patrimoine fiduciaire – Trust fund », thèse Paris II, préf. Ch. Larroumet, LGDJ, 2014.
(1898) M. GRIMALDI et R. DAMMANN, « La fiducie sur ordonnances », D. 2009, p. 670 et s., spéc.
note 18.
(1899) V., supra, nos 515 et 687.
(1900) V., supra, no 515.
(1901) V. S. FARHI, La fiducie-sûreté et le droit des entreprises en difficulté, th. Nice, préf. P.-M. Le
Corre, LGDJ, 2016.
(1902) V. P. CROCQ, « L'ordonnance du 18 déc. 2008 et le droit des sûretés », JCP E 2009, 1313,
no 35.
(1903) Le fait les biens faisant l'objet de la fiducie-sûreté n'appartiennent pas au débiteur en
difficulté a également pour conséquence que ces biens se trouvent nécessairement exclus du plan de
cession : Paris, pôle 5, 9e ch., 4 nov. 2010, nº 2010-025412, RD bancaire et financier 2011, comm.
134, obs. A. Cerles. Adde à ce propos : M. RUITZ, « Situation du bénéficiaire de la fiducie en cas de
procédure collective du constituant : périmètre du plan de cession », JCP G 2011, nº 4, p. 71.
(1904) Biblio. : La clause de réserve de propriété, ouvr. collectif, Librairies techniques, 1980 ;
E. DU PONTAVICE, « Intérêts et limites de la clause de réserve de propriété depuis la loi du
12 mai 1980 », Banque ; M. PEDAMON, « La réserve de propriété en droit allemand et en droit
français », RJ com., févr. 1982, no spécial, p. 62 et s. ; E. MEZGER, « La protection du vendeur par la
réserve de propriété en Allemagne et en France », in Les créanciers et le droit de la faillite,
Bruylant, 1983, p. 235 et s. ; F. PÉROCHON, La réserve de propriété dans la vente de meubles
corporels, th. Montpellier, 1987, Bibl. dr. entreprise, t. 21, préf. J.-M. Mousseron et Dict. perm.
Recouvrement de créances et procédures d’exécution, vo « Clause de réserve de propriété et
revendications » ; Th. M. MARGELLOS, La protection du vendeur à crédit d’objets mobiliers
corporels à travers la clause de réserve de propriété (étude de droit comparé), th. Strasbourg,
1983, LGDJ, 1989, préf. J.-M. Bischoff ; P. CROCQ, Propriété et garantie, préf. M. Gobert, Bibl. de
droit privé, t. 248, LGDJ, 1995 et J.-Cl. proc. coll., fasc. no 2545 ; M. Laroche, Revendication et
propriété, préf. Ph. Théry, Defrénois, 2007.
(1905) Cass. com., 29 mai 2001, RTD civ. 2001, p. 930 et s., obs. P. Crocq ; Cass. com., 19 nov.
2003, no 01-01137, Bull. civ. IV, no 174 ; JCP G 2004.I.153, no 13, obs. M. Cabrillac ; JCP G
2004.I.113, no 1, obs. Ch. Caron ; D. 2003, p. 3049, obs ; A. Liénhard.
(1906) Le nouvel art. L. 213-14 C. urb., issu de la loi ALUR du 24 mars 2014, prévoit que « en cas
d’acquisition d’un bien par voie de préemption ou dans les conditions définies à l’article L. 211-5,
le transfert de propriété intervient à la plus tardive des dates auxquelles seront intervenus le
paiement et l’acte authentique ».
(1907) F. DERRIDA, P. GODE et J.-P. SORTAIS, Redressement et liquidation judiciaires des entreprises,
3e éd., no 349. Adde, plus récemment, L. ANDREU, « Les attraits de la clause de réserve de propriété
immobilière », JCP N 2016, 1105.
(1908) La réforme de 1980 s’explique à la fois par la volonté d’aligner le droit français sur la
plupart de ses voisins européens et une raison économique : transférer la charge du crédit sur
l’acquéreur et l’inciter à payer plus rapidement (pour pouvoir revendre, il faut en principe payer),
tout en limitant les effets d’une « faillite » de l’acquéreur.
(1909) V. les critiques de F. DERRIDA, P. GODE et J.-P. SORTAIS, op. cit., supra, note 3, no 251, qui
estiment que cette clause permettra de vider l’entreprise de nombreux éléments d’exploitation et en
compromettra le redressement.
(1910) F. DERRIDA, P. GODE, J.-P. SORTAIS, « La loi du 25 janv. 1985... II. Les effets du jugement de
redressement judiciaire à l’égard de l’entreprise », Defrénois 1985.33627, p. 1329 et s., no 13 ;
cependant, comme l’ouverture de la procédure n’entraîne plus déchéance du terme, on peut se
demander si la revendication est possible, lorsque le prix est dû à terme (note 35).
(1911) * Cass. com., 19 févr. 1985. Sté Iso, Bull. civ. IV, no 68 : « L’opposabilité à la masse d’une
clause de réserve de propriété n’est pas subordonnée à l’existence d’un accord écrit par
l’acheteur. »
(1912) Cass. com., 11 mai 1984, Bull. civ. IV, no 154 ; D., 85. IR, 1, 17e esp., n. Derrida ; 12 déc.
1984, Bull. civ. IV, no 347 ; D., 85. IR, 255, 3e esp., n. Derrida : « après avoir relevé que chaque
bordereau de livraison adressé par le vendeur à l’acheteur portait en caractères très clairs et
apparents la clause de réserve de propriété et que l’acheteur a accepté les livraisons ainsi
effectuées sans protester contre le transfert de propriété subordonné au paiement intégral du prix,
c’est à bon droit que la cour d’appel a décidé que la clause litigieuse remplissait les conditions
requises pour être opposable à la masse... ».
(1913) Cass. com., 19 févr. 1985, Bull. civ. IV, no 67 : n’est pas acceptée par l’acheteur la clause de
réserve de propriété qui « était présentée parmi d’autres stipulations, au verso des accusés de
commande ou des factures délivrées par [le vendeur à l’acheteur] ».
(1914) Cass. com., 9 janv. 1985, Bull. civ. IV, no 21, JCP G, 85.IV.43 : « Si cette correspondance
ambiguë témoigne de l’existence d’un accord sur le principe de ventes ultérieures avec réserve de
propriété selon certaines modalités, [le vendeur] ne démontre pas avoir, pour chacune des ventes
intervenues, adressé à [l’acheteur], conformément à ses propres prévisions insérées dans la lettre
du [tant.], un document contenant la clause de réserve de propriété, de sorte que la preuve de
l’acceptation de cette clause n’est pas rapportée. »
(1915) V. obs. crit. P. CROCQ, RTD civ. 1996, 675.
(1916) Ce refus ne peut être fautif dans la mesure où l'acquiescement à la demande est une simple
faculté laissée à la discrétion des organes de la procédure (Cass. com., 5 avril 2016, nº 14-13247 et
nº 14-22733). Il n'est pas nécessaire que les organes de la procédure contestent l'existence de la
réserve de propriété ou le bien fondé de la demande pour qu'il y ait refus. Un simple désaccord quant
à la valeur des biens susceptibles d'être restitués suffit et oblige alors le bénéficiaire de la réserve de
propriété à saisir le juge-commissaire d'une action en revendication dans le délai prévu par
l'art. R. 624-13 C. com. : Cass. com., 3 mai 2016, nº 14-24586, Act. proc. coll. 2016, nº 135, obs.
F. Petit.
(1917) En revanche, ce défaut de respect des délais est sans effet sur l'existence du droit de propriété
ce qui a pour conséquence que le créancier peut toujours faire valoir son droit de propriété soit à
l'encontre d'un autre créancier saisissant (Cass. com., 26 nov. 2002, Act. proc. coll. 2003, no 7), soit à
l'encontre du débiteur après l'adoption du jugement arrêtant le plan de continuation du débiteur dès
lors que le bien revendiqué n'a pas été inclus dans ce plan (Cass. com., 30 oct. 2007, no 06-18328),
soit en cas d'ouverture ultérieure d'une seconde procédure collective contre le même débiteur
laquelle fait alors courir un nouveau délai pour agir en revendication (rappr., Cass. com.,
20 juin 1995, Rev. proc. coll. 1995, p. 482, obs. B. Soinne ; Cass. com., 20 mai 1997, Dalloz
Affaires, 1997, p. 860 et s.), soit contre un tiers acquéreur de mauvaise foi (Cass. com., 15 déc. 2015,
nº 15-25566, RD bancaire et financier mars-avr. 2016, comm. 87, obs. C. Houin-Bressand ;
Gaz. Pal. 12 avr. 2016, p. 69, obs. E. Le Corre Broly ; JCP G 2016, 866, no 9, obs. Ph. Pétel. Adde
sur cette question E. LE CORRE-BROLY, « La sanction du défaut de revendication », Gaz. Pal. 12 avr.
2016, p. 51. On remarquera ici que la Cour de cassation a refusé la possibilité de poser une question
prioritaire de constitutionnalité à propos du délai pour agir en revendication au motif, notamment, que
cette exigence n'a pas pour effet d'entraîner la privation du droit de propriété ou d'en dénaturer la
portée, ce qui était pourtant loin d'être évident (Cass. com., 15 mars 2011, no 10-40073, RLDC mai
2011, p. 37, obs. J.-J. Ansault ; D. 2011, p. 815, obs. A. Lienhard). Adde affirmant que la restriction
au droit de propriété est proportionnée car justifiée par un motif d'intérêt général, Cass. com., 1er avr.
2014, nº 13-13574, Act. proc. coll. 2014, nº 159, obs. P. Cagnoli ; D. 2014, p. 870, obs. A. Lienhard
et p. 1015, obs. H. Guillou ; RTD com., 2014, p. 692, obs. A. Martin-Serf.
(1918) * Cass. com., 1er oct. 1985, SARL Club 110, Bull. civ. IV, no 222, commenté sur ce point par
A. GHOZI, « Nature juridique et transmissibilité de la clause de réserve de propriété », D. 1986,
chron. 317 : « l’action en revendication de marchandises exercée par la SPS ne constituait pas une
action en résolution de la vente de celles-ci et ladite société conservant la faculté de produire au
passif de la procédure collective pour être remplie de l’intégralité de ses droits ».
(1919) Sur cette publicité, v. infra, no 762. Sur la distinction entre cette publicité et l'enregistrement
du contrat, v. Cass. com., 5 nov. 2013, nº 12-25765, D. 2013, p. 2638, obs. A. Lienhard ; RTD com.,
2014, p. 694, obs. A. Martin-Serf.
(1920) P.-M. LE CORRE, « Premiers regards sur l'ordonnance du 12 mars 2014 », D. 2014, p. 733,
spéc. nº 22 ; P. PAILLER, « Le sort des sûretés dans la nouvelle ordonnance du réforme du droit des
procédures collectives du 12 mars 2014 », RLDC mai 2014, p. 30 s.
(1921) P.-M. Le Corre, préc.
(1922) C. com., art. L. 624-16 : « Peuvent également être revendiqués, s'ils se retrouvent en nature
au moment de l'ouverture de la procédure, les biens vendus avec une clause de réserve de
propriété... ». La transformation des biens rend donc impossible la revendication (mais la
jurisprudence interprète parfois l'exigence d'existence en nature d'une manière libérale : v., dans le
cas de raisin transformé en vin, Cass. com., 11 juill. 2006, no 05-13103, Bull. civ. IV, no 181). En
revanche, l’incorporation d'un bien meuble à un autre meuble ou à un immeuble n'en empêche pas
nécessairement la revendication. Consacrant la jurisprudence antérieure, le nouvel art. 2370 C. civ.
issu de l'ordonnance du 23 mars 2006 énonce, en effet, que « l'incorporation d'un meuble faisant
l'objet d'une réserve de propriété à un autre bien ne fait pas obstacle aux droits du créancier
lorsque ces biens peuvent être séparés sans subir de dommage ». Les modalités de l'action en
revendication prévues par le législateur dans le cas particulier de la réserve de propriété, et
notamment la condition d'existence en nature, forment ainsi une législation spéciale dérogeant à ce
droit commun des conditions de la revendication que constituent implicitement les dispositions du
Code civil en matière d'accession (v. affirmant que « le champ d'application de la revendication en
cas de procédure collective est défini par l'article L. 624-16 du code de commerce, qui ne se réfère
pas à la notion d'immobilisation par destination », Cass. com., 10 mars 2015, nº 13-23424,
RTD civ. 2015, p. 443, obs. P. Crocq ; D. 2015, p. 677, obs. A. Lienhard ; Act. proc. coll. 2015,
nº 100, obs. J. Vallansan).
(1923) Sous l'empire de la loi du 13 juill. 1967, cet inventaire était obligatoire et la jurisprudence en
avait déduit que la charge de la preuve de l'inexistence en nature, au jour de l'ouverture de la
procédure collective, du bien objet de la revendication incombait au syndic (Cass. com., 29 mars
1989, Bull. civ. IV, no 105). Sous l'empire de la loi du 25 janv. 1985, cet inventaire est devenu
facultatif et la jurisprudence a, alors, énoncé une solution inverse en affirmant que la preuve de
l'existence en nature pesait sur le créancier revendiquant (Cass. com., 9 avr. 1991, Bull. civ. IV,
no 130). Depuis la réforme du 10 juin 1994 l'inventaire est redevenu obligatoire et la Cour de
cassation a repris la solution inialement énoncée sous l'empire de la loi du 13 juill. 1967
(Cass. com., 1er déc. 2009, no 08-13187, RLDC févr. 2010, p. 32 et s., obs. J.-J. Ansault ; RTD civ.
2010, p. 361, obs. P. Crocq ; D. 2010, p. 12, obs. A. Lienhard).
(1924) Cette action soulève plusieurs difficultés : – 1o) La revendication du prix dû par le sous-
acquéreur n’est possible qu’aux mêmes conditions que la revendication du bien lui-même ; celui-ci
ne doit pas avoir été transformé avant la revente, car la créance de prix est subrogée à la chose
vendue au moment de la revente : Cass. com., 27 mai 1986, Bull. civ. IV, no 102 ; D., 88, som. 63,
n. Derrida, cassant : Toulouse, 27 nov. 1984, D., 85.185, n. J. Mestre ; mais elle n’implique
évidemment pas que les biens soient en la possession du débiteur au moment du jugement d’ouverture
de la procédure collective, car elle perdrait alors l’essentiel de son intérêt : Cass. com., 8 mars
1988, Bull. civ. IV, no 99 : cassation de l’arrêt qui refuse la revendication de la créance au motif que
les biens n’étaient plus en la possession de l’acheteur « alors que par suite de la revente par la
société R. de matériels demeurés en leur état initial et qui ne lui avaient jamais appartenu, le prix
encore dû à celle-ci se trouvait subrogé aux biens dont la société C. était demeurée propriétaire » ;
v. égal. F. PÉROCHON, op. cit., supra note 1, nos 448 et s. ; F. DERRIDA, obs. D., 1988, som. 64. –
2o) Lorsque le matériel a été remis à un sous-acquéreur, non pas en vertu d’une vente, mais d’un
contrat d’entreprise (le sous-acquéreur est donc un maître de l’ouvrage), la Cour de cassation décide
que la revendication du « prix » impayé est possible : Cass. com., 17 mars 1998, Bull. civ. IV,
no 108 ; D. Aff., 98.803 : « la cour d’appel, qui a constaté que la sté M. était sous-acquéreur du
matériel vendu... en exécution d’un contrat d’entreprise, a légalement justifié sa décision » :
faveur à la réserve de propriété et extension de la subrogation réelle.
(1925) Cass. com., 1er oct. 1985, préc., D., 86.246, n. appr. M. Cabrillac ; 6 juill. 1993, JCP G,
93.II.22153, n. Ch. Larroumet.
(1926) V. supra, no 700 ; ce rapprochement avec l’hypothèque accentue le caractère de sûreté de la
réserve de propriété : en ce sens, M. Cabrillac, note précédente.
(1927) Le fait qu’il soit prouvé que les biens fongibles de même espèce et de même qualité retrouvés
dans le stock ne puissent pas être ceux qui avaient été vendus par le créancier revendiquant est
indifférent, ce qui permet, par exemple, d’admettre la revendication de produits pharmaceutiques en
dépit de la rapidité de rotation de leur stock. En effet, le législateur a énoncé dans l’art. L. 624-16,
al. 3, C. com. « une règle de fond attribuant au revendiquant la propriété des biens fongibles qui
se trouvent entre les mains de l’acheteur dès lors que ceux-ci sont de même espèce et de même
qualité que ceux qu’il a livrés » (Cass. com., 5 mars 2002, no 98-17585, Bull. civ. IV, no 48 ; JCP G,
2002.I.174, no 12, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 2002, p. 339, obs. P. Crocq ; D. 2002, p. 1139 et s.,
obs. A. Liénhard ; Act. proc. coll., 24 mai 2002, no 115, obs. D. Mainguy ; RTD com. 2002, p. 542
et s., obs. A. Martin-Serf ; RTD civ. 2002, p. 327 et s., obs. Th. Revet). Il est ainsi permis au
créancier de revendiquer ce qui ne lui a jamais appartenu, phénomène pour le moins étrange dont
l’explication suscite la controverse doctrinale : une grande partie des auteurs considère que la
solution législative est justifiée par la nature spécifique des biens concernés, la fongibilité faisant
exception à l’exigence d’un droit réel ayant un objet individuellement déterminé (v. en ce sens, P.-
G. MARLY, Fongibilité et volonté individuelle – Étude sur la qualification juridique des biens,
LGDJ, Bibl. de l'Institut André Tunc, t. 4, 2004, no 306 et s. ; Ph. PÉTEL, « Retour sur la revendication
de choses fongibles », Mél. Tricot, LexisNexis, Dalloz, 2011, p. 571 ; Th. REVET, obs. préc. ;
S. TORCK, Essai d’une théorie générale des droits réels sur choses fongibles, th. Paris II, 2001,
no 377 et s.) mais il est aussi possible de rapprocher la disposition législative de la jurisprudence
faisant une application extensive de la subrogation réelle en matière de réserve de propriété et de
considérer que la solution trouve sa justification non pas dans la spécificité du bien faisant l’objet de
la garantie mais dans une mutation progressive de la nature juridique de la propriété réservée qui est
de plus en plus traitée par le législateur et la jurisprudence comme si elle était une sûreté réelle sur la
chose d’autrui, ici sur le stock de biens fongibles de l’acheteur (v. P. CROCQ, « Dix ans après :
l’évolution des propriétés-garanties », in Mélanges Gobert, Economica, 2004, p. 347 et s.).
(1928) ** Cass. com., 15 mars 1988, Coudray, Bull. civ. IV, no 106, 1re esp. ; D., 88.330,
n. F. Pérochon, Defrénois 88, p. 1190, n. L. Aynès ; RTD civ., 88.791, n. M. Bandrac : « Cette
revendication, portant sur un corps certain de sorte que l’obligation de restitution n’était pas
susceptible d’exécution partielle, c’est encore à bon droit que la cour d’appel a ordonné la
restitution des véhicules litigieux ».
(1929) M. CABRILLAC, « Les accessoires de la créance », Mélanges Weill, 1983, p. 107 et s., no 32 ;
F. PÉROCHON, th. préc., supra, note 1, nos 252-254, envisageant l’existence d’une indivision entre
créanciers bénéficiaires de la réserve de propriété.
(1930) * Aff. Mecarex, 1er arrêt : Cass. com., 29 nov. 1979, Bull. civ. IV, no 300 ; D., 80, IR, 571,
n. B. Audit ; JCP G, 81.II.19615, n. J. Ghestin ; et, sur renvoi, Metz, 29 oct. 1980, D., 81.140,
n. Y. Guyon ; JCP G, 81.II.19615, préc.
(1931) Les obligations, coll. Droit civil.
(1932) * Aff. Mecarex, 2e arrêt : Cass. com., 19 oct. 1982, Bull. civ. IV, no 321 ; RTD civ., 84.515,
n. J. Huet.
(1933) La Cour de cassation a cependant admis cette qualification : Cass. com., 9 mai 1995, RTD civ.
1996, p. 441, obs. P. Crocq ; Cass. com., 23 janv. 2001, Bull. civ. IV, no 23 ; JCP G, 2001.I.321,
no 13, obs. M. Cabrillac ; RTD civ. 2001, p. 399 et s., obs. P. Crocq. Adde, affirmant que « si la
clause de réserve de propriété constitue une sûreté réelle, elle ne confère à son bénéficiaire aucun
droit de préférence », Cass. com., 15 oct. 2013, nº 12-14944 et 13-10463, Gaz. Pal. 4-5 déc. 2013,
p. 13, obs. M.-P. Dumont-Lefrand ; JCP G 2013, doctr. 1256, nº 17, obs. Ph. Delebecque ; Dr. et patr.
févr. 2014, p. 70, obs. Ph. Dupichot ; D. 2013, p. 2462, obs. A. Lienhard ; Dr. et patr. sept. 2014,
p. 98, obs. C. Saint-Alary-Houin.
(1934) M. CABRILLAC, art. préc., supra, nos 20 et s. ; F. PÉROCHON, th. préc., supra, nos 243 et s. ;
P. CROCQ, th. préc., supra, no 125 et s.
(1935) M. PÉDAMON, op. cit., supra, p. 63 ; B. SOINNE, « La transmission de la réserve de propriété »,
Gaz. Pal., 85.I.287 ; CH. MOULY, op. cit., supra no 750, note 3 ; M. CABRILLAC, op. cit., supra nos 16-
18 ; F. PÉROCHON, th. préc., supra, nos 230-258 ; Contra : A. GHOZI, chron. préc., supra : le
raisonnement de cet auteur repose sur l’affirmation – contestable – que la vente ferait naître une
obligation de transférer la propriété affectée de la condition suspensive de paiement du prix par
l’acquéreur ; cette condition serait donc une modalité de l’obligation du vendeur, intransmissible
avec la créance de celui-ci ; J. GHESTIN, « Réflexions d’un civiliste... », D. 1981, chron., 1, nos 32-45.
(1936) En cas de subrogation, Aix, 15 mars 1985, D., 85, IR, 255, no 22, no appr. Derrida ; RJ com.,
85.175, no appr. J. Mestre ; RTD civ., 85.578, no appr. J. Mestre ; JCP G, CI 1985.I.14908, no 16,
obs. M. Cabrillac et M. Vivant ; Paris, 28 nov. 1985, D., 86, IR, 169, 9e esp., n. F. Derrida ; Paris,
1er juill. 1986, D., 87, som. 452, n. L. Aynès.
(1937) ** Cass. com., 15 mars 1988, 1er arrêt, Coudray, préc., supra note no 44 : « pour
l’application d’une clause de réserve de propriété lorsque l’acheteur a été soumis à une procédure
collective, il n’y a pas lieu de distinguer selon que la revendication est exercée par le vendeur ou
par un tiers subrogé dans ses droits ; ... si le paiement avec subrogation a pour effet d’éteindre la
créance à l’égard du créancier, il la laisse subsister au profit du subrogé qui dispose de toutes les
actions qui appartenaient au créancier et qui se rattachaient à cette créance avant le paiement » ;
** Cass. com., 15 mars 1988, 2e arrêt, Cauzette-Rey, Bull. civ. IV, no 106 ; D., 88.330,
n. F. Pérochon : « la subrogation personnelle a pour effet d’investir le subrogé, non seulement de
la créance primitive, mais aussi de tous les avantages et accessoires de celle-ci ; il en est ainsi de
la réserve de propriété assortissant la créance du prix de vente et affectée à son service exclusif
pour en garantir le paiement » ; 11 juill. 1988, Bull. civ. IV, no 241.
(1938) Cass. com., 9 janv. 1996, Bull. civ. IV, no 8 ; Defrénois 96, art. 36276, n. F. Derrida ; RTD civ.
1996, p. 436 et s., obs. P. Crocq ; Cass. com., 11 mars 1997, Bull. civ. IV, no 70.
(1939) Cass. com., 1er avr. 2008, no 07-11726, D. 2008, p. 1142 et Pan. p. 2104, obs. P. Crocq ; Act.
proc. coll. 2008, no 140, obs. G. Blanc ; JCP G 2008, I, 198, no 12, obs. M. Cabrillac, considérant
que pour savoir si le créancier ayant obtenu la restitution du bien revendiqué doit, ou non, une soulte
au débiteur, il convient de comparer la valeur du bien repris avec le montant restant dû de la créance
en dépit du défaut de déclaration de celle-ci à la procédure collective du débiteur.
(1940) Cass. 2e civ., 27 févr. 2014, nº 13-10891, Bull. civ. II, nº 59 ; Dr. et patr. nov. 2014, p. 108,
obs. A. Aynès ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 19, obs. Ph. Delebecque ; Rev. Proc. Coll. sept.-oct.
2014, nº 112, p. 54, obs. S. Gjidara-Decaix ; RDC sept. 2014, 110t2, p. 393, note J. Klein ; D. 2014,
p. 1081, note D. Martin ; BJE juill.-août 2014, 111m0, obs. F. Pérochon et 111j9, obs. F. Macorig-
Venier ; Banque et droit, nº 156, juill.-août 2014, p. 38, obs. E. Netter ; adde la pertinente critique de
cet arrêt effectuée par J. E. DEGENHARDT in « La détermination de l’actif du débiteur sollicitant un
rétablissement professionnel : Faut-il prendre en compte des biens acquis sous réserve de propriété
et le patrimoine affecté de l’EIRL ? – Défense et illustration d’une approche comptable », BJE sept.
2014, p. 335.
(1941) Cass. com., 20 juin 1989, Bull. civ. IV, no 196 ; D. 1989, p. 431, note F. Pérochon.
(1942) Cass. com., 14 déc. 2010, no 09-71767, RTD civ. 2011, p. 157, obs. P. Crocq ; D. 2011, p. 8,
obs. A. Lienhard.
(1943) Cass. com., 3 janv. 1995, Bull. civ. IV, no 3 ; JCP G 1995 I, 3841, no 13, obs. M. Cabrillac et
Ph. Pétel ; D. 1996, Somm. p. 219, obs. F. Pérochon ; Cass. com., 5 juin 2007, no 05-21349,
Bull. civ. IV, no 152 ; JCP G 2008, I, 117, no 11, obs. M. Cabrillac et Ph. Pétel ; Cass. com., 18 janv.
2011, no 07-14181, D. 2011, p. 368, obs. A. Lienhard ; RLDC mars 2011, p. 33 et s., obs. J.-
J. Ansault ; RTD civ. 2011, p. 378, obs. P. Crocq.
(1944) Le fait que la vente effectuée au profit du tiers acquéreur soit également une vente avec
réserve de propriété ne prive pas le tiers acquéreur de la qualité de possesseur du bien et donc du
bénéfice de l'application de l'art. 2276 C. civ. : Cass. com., 3 nov. 2015, nº 13-26811, Dr. et patr.
mai 2016, p. 124, obs. A. Aynès ; Act. proc. coll. 2015, nº 307, obs. M. Laroche ; Gaz. Pal. 19 janv.
2016, p. 72, obs. E. Le Corre Broly ; JCP G 2016, 866, no 10, obs. Ph. Pétel.
(1945) Supra, no 504. Au contraire, le vendeur avec réserve de propriété l’emporte sur le gagiste
sans dépossession : Cass. com., 5 avr. 1994, cité supra, no 504.
(1946) CABRILLAC-MOULY-PETEL, op. cit., no 587, qui avouent le désaccord des deux auteurs
originaires de cet ouvrage sur le point de savoir si le crédit-bail est une sûreté.
(1947) Supra, no 750.
(1948) V. Les contrats spéciaux, coll. Droit civil. Ex. : le « bailleur » ne peut exercer son privilège
de bailleur d’immeuble : Cass. com., 9 avr. 1991, cité supra, no 602.
(1949) Spécialement en cas de lease-back : le propriétaire d’un bien le vend au prêteur (société de
crédit-bail) qui le lui rétrocède par un crédit-bail. À la fin de la location, le crédit-preneur dispose
de l’option traditionnelle. J. DERRUPPÉ, art. préc., supra.
(1950) Cass. com., 13 janv. 1998, Bull. civ. IV, no 15 ; D. Aff., 98.299. Une erreur commise lors de
l'accomplissement de la formalité de publicité est indifférente si elle n'empêche pas l'identification
des parties et du bien concerné (Cass. com., 16 mai 1995, nos 93-15.041 et 93-15.042, Rev. proc.
coll. 1995, p. 467, obs. B. Soinne ; Cass. com., 8 juill. 2014, nº 13-18.471).
(1951) Cass. com., 14 oct. 1997, Bull. civ. IV, no 257 ; Contrats conc., consom., 1998, no 1, obs.
Leveneur ; D.-R. MARTIN, Location et possession : du bien loué et revendu, JCP G, 98.I.1121.
(1952) Cass. com., 25 mars 1997, Bull. civ. IV, no 81. Toutefois, si le crédit-preneur fait l’objet d’une
procédure collective, l’opposabilité à la procédure du contrat de crédit-bail suppose que le crédit-
bailleur établisse que chacun des créanciers avait eu connaissance de ses droits (Cass. com., 16 mars
1993, Bull. civ. IV, no 106 ; Cass. com., 29 avr. 1997, Bull. civ. IV, no 112), ce qui est impossible en
pratique. En conséquence, le crédit-bailleur ne peut plus se prévaloir de son droit de propriété à
l'égard de la procédure collective, sans toutefois que cela affecte ses droits sur les mensualités
perçues avant l'ouverture de la procédure (Cass. com., 29 avr. 2014, nº 13-12528, Banque et droit,
nº 157, sept.-oct. 2014, p. 18, obs. Th. Bonneau ; Dr. et proc. avr. 2015, cah. Droit des entr. en diff.,
nº 33, obs. P. Crocq ; JCP G 2014, Doctr. 1162, nº 18, obs. Ph. Delebecque ; RD bancaire et
financier sept.-oct. 2014, p. 44, obs. C. Houin-Bressand ; RTD com., 2015, p. 158, obs. A. Martin-
Serf).
(1953) V., en ce sens, Cass. com., 15 mai 2001, Bull. civ. IV, no 89 ; JCP G 2001, I, 360, no 14, obs.
M. Cabrillac ; RTD civ. 2001, p. 634 et s., obs. P. Crocq ; D. 2001, AJ p. 1873 et s., obs.
A. Lienhard.
(1954) L'actuel Gouvernement a même, un temps, envisagé de réduire cette obligation faite à
l'administrateur. En effet, l'art. 44 du projet de loi relatif à la justice commerciale rendu public le
13 nov. 2014 par la Chancellerie prévoyait que « Lorsque l’administrateur exige l’exécution d’un
contrat en cours mentionné à l’article L. 313-7 du Code monétaire et financier, la prestation due
au créancier en contrepartie de cette exécution postérieure à l’ouverture de la procédure
collective ne peut excéder le montant de la somme qui aurait été due au titre d’une indemnité de
jouissance ou d’occupation. La différence entre cette somme et le montant du loyer contractuel est
déclarée conformément au sixième alinéa de l’article L. 622-24 ».
(1955) Cass. com., 15 oct. 1991, Bull. civ. IV, no 291.
(1956) Cass. com., 20 oct. 1992, Bull. civ. IV, no 316.
(1957) Cass. com., 6 déc. 1994, 2 arrêts, Bull. civ. IV, nos 365 et 367 ; L. LEVENEUR, « Crédit-bail : du
baume au cœur pour les crédits-bailleurs », Contrats conc., consom., 1995, chron. 4.
(1958) Cass. com., 25 juin 1996, RTD civ. 1996, p. 956 et s., obs. P. Crocq.
(1959) Depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 18 déc. 2008, qui a unifié le point de départ de
l'action en revendication en abrogeant l'ancien alinéa 2 de l'art. L. 624-9 C. com., la continuation d'un
contrat en cours ne dispense plus un cocontractant de la nécessité de revendiquer dans le délai de
trois mois prévu par l'art. L. 624-9 C. com. : Cass. com., 16 sept. 2014, nº 13-20173, Gaz. Pal. 18-
20 janv. 2015, p. 28, obs. E. Le Corre-Broly ; Cass. com., 12 janv. 2016, nº 14-11943 et nº 14-16310
(deux arrêts), D. 2016, p. 198, obs. A. Lienhard ; RD bancaire et financier mars-avr. 2016, comm.
86, obs. C. Houin-Bressand ; JCP G 2016, 866, no 8, obs. Ph. Pétel ; Act. proc. coll. 2016, nº 20, obs.
J. Vallansan.
(1960) La Cour de cassation est, cependant, venue au secours du crédit-bailleur en affirmant, dans un
arrêt rendu le 23 nov. 2004, que le plafonnement à la valeur du bien ne s'applique qu'aux sommes
demeurées impayées du chef du précédent crédit-preneur et non aux sommes incombant
personnellement au cessionnaire au titre du contrat cédé. En conséquence, le cessionnaire s'il veut
lever l'option d'achat, devra payer au crédit-bailleur, d'une part, la totalité des loyers postérieurs à la
cession ainsi que le montant de la somme résiduelle prévue en cas de levée de l'option et, d'autre
part, le montant des loyers impayés antérieurs à la cession, ceux-ci, et ceux-ci seulement, ne pouvant
être supérieurs à la valeur du bien objet du crédit-bail (Cass. com., 23 nov. 2004, no 03-13035,
Bull. civ. IV, no 205 ; D. 2005, p. 78 et s., obs. A. Liénhard et p. 294 et s., obs. P.-M. Le Corre).
(1961) Aucune limite autre que celle résultant du montant restant dû au crédit-bailleur, sous réserve
des remises acceptées par lui, n’existait, en revanche, en cas d’adoption d’un plan de sauvegarde ou
de redressement puisque l’ancien art. L. 626-18, al. 4, du Code de commerce prévoyait que l’option
ne pouvait être levée si, sous déduction des remises acceptées (par le crédit-bailleur), l’intégralité
des sommes dues en vertu du contrat n’avait pas été réglée. Tel n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui
puisque le nouvel art. L. 626-18, al. 7, C. com., issu de l'ordonnance du 12 mars 2014, prévoit
désormais que le crédit-preneur doit payer l'intégralité des sommes dues « dans la limite de la
réduction dont elles font l'objet dans le plan sous forme de remises ou de délais » (sans toutefois
que la levée d'option puisse intervenir avant le terme prévu au contrat : v., à propos de l'application
de l'art. L. 641-3, al. 2, C. com., Cass. com., 18 mars 2014, nº 12-27297, D. 2014, p. 773, obs.
A. Lienhard ; JCP E 2014, 1447, nº 1, obs. Ph. Pétel ; Act. proc. coll. 2014, 157, obs. F. Petit). Le
législateur, en 1994, n’avait, en revanche, pas envisagé le cas où le crédit-bail viendrait à son terme
pendant la période d’observation, ce qui faisait courir au crédit-bailleur le risque que les organes de
la procédure collective lèvent l’option en payant seulement les loyers échus après l’ouverture de la
procédure collective. La jurisprudence a, cependant, permis d'éviter ce risque en admettant que le
crédit-bailleur puisse, dans le contrat de crédit-bail, « subordonner l’exercice par le preneur de
l’option d’achat au règlement intégral des sommes dues, y compris les loyers antérieurs au
jugement d’ouverture » (Cass. com., 26 nov. 2002, JCP G, 2003.I.144, no 11, obs. M. Cabrillac ;
Dr. et proc. 2003, p. 1611, obs. P. Crocq ; D. 2003, p. 122 et s., n. P.-M. Le Corre). Cette
jurisprudence a été implicitement consacrée par l'ordonnance du 18 déc. 2008 au sein du nouvel art.
L. 622-7-II dont le deuxième alinéa a, alors, affirmé que le juge-commissaire peut autoriser le
débiteur à payer des créances antérieures au jugement « pour lever l'option d'achat d'un contrat de
crédit-bail, lorsque cette levée d'option est justifiée par la poursuite de l'activité et que le
paiement à intervenir est d'un montant inférieur à la valeur vénale du bien » et cette protection du
crédit-bailleur a été, ensuite, accrue par l'ordonnance du 12 mars 2014 puisque celle-ci supprime
cette limitation du paiement au fait qu'il soit inférieur à la valeur vénale du bien. Le paiement pourra
donc être supérieur à la valeur vénale du bien lorsque la levée de l'option intervient pendant la
période d'observation et il en va de même lorsque la levée de l'option est effectuée par le liquidateur
(art. L. 641-3, al. 2, C. com.). En revanche, l'art. L. 642-7 C. com. n'ayant pas été modifié sur ce
point, il demeure que lorsque la levée de l'option a lieu après l'adoption d'un plan de cession le
paiement ne peut être supérieur à la « valeur du bien fixée d'un commun accord entre les parties ou,
à défaut, par le tribunal à la date de la cession ».
(1962) Sur la combinaison d’une clause de réserve de propriété avec un crédit-bail, EL MOKTAR BEY,
« La réserve de propriété et le crédit-bail », in La clause de réserve de propriété, ouv. collectif
préc., supra.
(1963) Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe, non aux pages.
(1964) Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe, non aux pages.
(1965) Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe, non aux pages. Ceux qui sont en gras
indiquent le siège principal de la matière.