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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE REPUBLIQUE DU CONGO

*********************** ***********
Union – Travail – Discipline Unité – Travail – Progrès
***************** *****************
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT MINISTERE DU PLAN, DE
SUPERIEUR L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE,
DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE ET
DU NEPAD

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE CENTRE NATIONAL DE LA


DE STATISTIQUE ET D’ECONOMIE STATISTIQUE ET DES
APPLIQUEE ETUDES ECONOMIQUES
(E.N.S.E.A.) (C.N.S.E.E.)

PAUVRETE MONETAIRE ET INEGALITES DE


GENRE EN REPUBLIQUE DU CONGO

MEMOIRE REDIGE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME


D’ INGENIEUR STATISTICIEN ECONOMISTE

PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DE :

M. NGUENDJIO YOMI M. AMBAPOUR Samuel


Aristide Donald Directeur Général du C.N.S.E.E.
Elève Ingénieur Statisticien Economiste

Novembre 2006
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

DEDICACE

A L’Auteur de toute grâce et de toute bénédiction dans ma vie :


Le Fils Unique du Dieu Tout-Puissant, Jésus-Christ de Nazareth.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste i
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

SOMMAIRE
DEDICACE.................................................................................................................................I
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ III
AVANT-PROPOS ................................................................................................................... IV
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ V
LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................ VI

INTRODUCTION...................................................................................................................... 1

CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU PAYS ET DE LA STRUCTURE


D’ACCUEIL .............................................................................................................................. 4
1.1 - Présentation du Congo ................................................................................................... 4
1.1.1 - Aspects géographiques............................................................................................ 4
1.1.2 - Contexte politique et administratif : ....................................................................... 4
1.1.3 - Evolution récente de l’économie ............................................................................ 5
1.2 - Présentation de la structure d’accueil ............................................................................ 8
1.2.1 - Les Missions du CNSEE......................................................................................... 8
1.2.2 - Organisation et fonctionnement du CNSEE ........................................................... 9

CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE ET CADRE DE REFERENCE.................................... 11


2.1 - Problématique .............................................................................................................. 11
2.1.1 Formulation du problème : ...................................................................................... 11
2.1.2 - L’objectif de la recherche ..................................................................................... 12
2.1.3 - Les limites de la recherche.................................................................................... 13
2.2 - cadre de référence ........................................................................................................ 14
2.2.1 - Le concept de pauvreté ......................................................................................... 14
2.2.2 - Le concept de genre .............................................................................................. 22

CHAPITRE 3 : SOURCE DES DONNEES ET METHODOLOGIE ..................................... 40


3.1 - Présentation de l’enquête congolaise auprès des ménages (ECOM) ........................... 40
3.1.1 - Contexte et justification ........................................................................................ 40
3.1.2 - Objectifs de l’enquête ........................................................................................... 41
3.1.3 - Présentation technique de l’enquête...................................................................... 41
3.1.4 - Méthode de détermination du seuil de pauvreté ................................................... 43
3.2 - Présentation de la méthodologie .................................................................................. 47
3.2.1 - Outils de comparaison de la pauvreté : ................................................................. 49
3.2.2 - Analyse de la pauvreté non différenciée selon le sexe du chef de menage : ........ 53
3.2.3 - Analyse de la pauvreté différenciée selon le sexe du chef de ménage : ............... 59

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ........................................................................ 63

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 67
ANNEXES ............................................................................................................................... 69
Annexe 1 : Justification du choix du seuil calorique normatif............................................. 69
Annexe 2 : Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005...................................... 71
Annexe 3 : Aperçu de quelques approches conceptuelles.................................................... 72
Annexe 4 : Résultats des régressions effectuées .................................................................. 76

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste ii
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont :


A nos parents M. et Mme YOMI ;
A nos frère et sœurs Bérile, Coralie, Laure, Raïssa et Hugues YOMI : qu’ils voient
dans ce travail un encouragement dans la poursuite de leurs propres études ;
A notre directeur de stage M. Samuel AMBAPOUR Directeur Général du C.N.S.E.E.
qui a bien voulu distraire de son précieux temps pour superviser nos travaux ;
A MM. Christophe MASSAMBA et Etaki WA DZON Ingénieurs Statisticiens
Economistes en service au C.N.S.E.E. qui ont été les premiers à nous accueillir en
République du Congo ;
A MM. Aimé OUADIKA, Hylod MOUSSANA et Alain MPOUE Ingénieurs
Statisticiens Economistes pour les relectures qu’ils ont bien voulu accordées à ce
document ;
A tout le personnel du secrétariat général du C.N.S.E.E. : Mme Catherine DEBY,
M. Barthélemy NKOUNKA, M. FOUMOU Gilbert, M. ATSOUTSOULA Norbert pour
l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé pendant tout notre stage ;
A l’ensemble du personnel du C.N.S.E.E. qui par sa grande sollicitude a largement
contribué au bon déroulement de notre séjour. Nous pensons en particulier à Mme
Marie NTSIAGNA, à M. Léonard NABASSEMBA, à M. Guecko OBAMBI ;
Nous tenons aussi à remercier tous ceux qui ont contribué à notre formation. En
particulier :
M. Koffi N’GUESSAN Directeur de l’ENSEA ;
M. Hugues KOUADIO Directeur des études du cycle des I.S.E. ;
M. Jean Arnaud KOUAKOU Directeur des études des cycles I.T.S. /A.D. /A.T. ;
M. Ouattara ABOUDOU Directeur des études du cycle D.E.S.S. ;
Tout le personnel enseignant et administratif de l’ENSEA ;

De façon plus générale, nous voulons remercier tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à notre formation tant sur le plan scientifique qu’humain. Nous les prions de
voir dans cette étude le fruit de leur dévouement et de leurs efforts assidus.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste iii
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

AVANT-PROPOS

L’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée d’Abidjan


(E.N.S.E.A.) a pour vocation la formation des cadres des pays francophones d’Afrique sub-
saharienne. Elle constitue dans son domaine un pôle d’excellence et assure depuis 1962 une
formation de haut niveau en statistique et économie appliquée d’étudiants venant de tous les
horizons d’Afrique. Elle couvre, parmi plusieurs autres cycles de formation, celui des
Ingénieurs Statisticiens Economistes.

Les élèves Ingénieurs Statisticiens Economistes reçoivent une formation d’une durée
de trois ans, qui les rend aptes à encadrer des travaux de production statistique et d’analyse
économique là où le besoin se fait sentir. A terme, ils doivent être des agents de
développement affectés auprès d’organismes internationaux, des ministères, des organismes
publics et/ou privés, des grandes entreprises.

A la fin de la deuxième année de la formation et en vue de l’obtention du diplôme


d'Ingénieur Statisticien Economiste, il est prévu un stage pratique d’une durée de trois mois.
Ce stage académique, obligatoire, a pour objet essentiel l'application des enseignements
théoriques reçus durant les deux premières années de formation des Elèves Ingénieurs
Statisticiens Economistes. Il constitue aussi pour l’étudiant l’occasion de s’immerger dans son
futur milieu professionnel.

La présente étude dont le thème est : «Pauvreté monétaire et inégalités de genre en


république du Congo » est le fruit des travaux que nous avons effectué à la Direction Générale
du Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques (C.N.S.E.E.) en République
du Congo. Elle s’inscrit dans le cadre de l’analyse des données de l’Enquête Congolaise
auprès des Ménages pour l’Evaluation de la Pauvreté.

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Elève Ingénieur Statisticien Economiste iv
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFRISTAT Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne


CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CM Chef de Ménage
CNLP Comité National de Lutte contre la Pauvreté
CNSEE Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques
CSP Catégorie Socio Professionnelle
DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
DSRP - I Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Intérimaire
ECOM Enquête Congolaise auprès des Ménages pour l’évaluation de la pauvreté
EDS Enquête Démographique et de Santé
ENSEA Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée
FCFA Franc de la Coopération Financière Africaine
ISE Ingénieur Statisticien Economiste
Kcal Kilocalorie
Kg Kilogramme
Km Kilomètre
Km2 Kilomètre carré
NEPAD Nouveau partenariat économique pour le développement en Afrique
OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG Organisations Non Gouvernementales
P0 Ratio de pauvreté
P1 Gap de pauvreté
P2 Sévérité de la pauvreté
PIB Produit Intérieur Brut
PIPC Programme Intérimaire Post-Conflit
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
QUIBB Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être
ZD Zone de Dénombrement

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Elève Ingénieur Statisticien Economiste v
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition de l'échantillon selon les strates .......................................................... 42


Tableau 2: Résultats du test de khi deux entre la variable "statut de pauvreté" et chacune des
variables explicatives ............................................................................................................... 49
Tableau 3: Indices de pauvreté par strate suivant le sexe du chef de ménage ......................... 50
Tableau 4: Contributions relatives à la pauvreté en fonction du sexe du chef de ménage....... 50
Tableau 5: Récapitulatif des résultats des estimations du modèle pour l’ensemble de
l’échantillon.............................................................................................................................. 54
Tableau 6: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles ........................................ 56
Tableau 7: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu urbain selon le
sexe du chef de ménage............................................................................................................ 59
Tableau 8: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu rural selon le
sexe du chef de ménage............................................................................................................ 61
Tableau 9: Besoins énergétiques moyens de la population et incréments énergétiques
recommandés (Kcal par jour) compte tenu des niveaux d’activité et de la température
ambiante. .................................................................................................................................. 69
Tableau 10: Besoin Energétique utilisé par quelques pays pour le calcul du seuil de pauvreté
.................................................................................................................................................. 70
Tableau 11: Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005 ........................................ 71
Tableau 12: Résultats de la régression pour l’ensemble de l’échantillon ................................ 76
Tableau 13: Résultats de la régression pour le milieu urbain .................................................. 76
Tableau 14: Résultats de la régression pour le milieu rural ..................................................... 77
Tableau 15: Résultats de la régression pour les hommes en milieu urbain.............................. 77
Tableau 16: Résultats de la régression pour les femmes en milieu urbain ............................. 78
Tableau 17: Résultats de la régression pour les hommes en milieu rural ................................ 78
Tableau 18: Résultats de la régression pour les femmes en milieu rural ................................ 79

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Elève Ingénieur Statisticien Economiste vi
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

INTRODUCTION

« Réduire au moins de moitié d’ici à 2015 la proportion de personnes vivant dans une
situation d’extrême pauvreté dans les pays en développement », tel est l’un des points
principaux des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) issus du sommet
mondial sur le développement social de Copenhague de 1996 au Danemark.

A travers cet engagement, la communauté internationale marquait ainsi une ferme


volonté de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Les Nations Unies,
notamment l’UNICEF et le PNUD, qui ont mis en avant les conséquences sociales des
programmes d’ajustement structurel, ont joué un rôle précurseur dans cette prise de
conscience du problème de pauvreté dans les pays en voie de développement. James G
SPAETH, administrateur du PNUD, en préfaçant le Rapport sur le Développement Mondial
de 1997, a montré combien la question de pauvreté est préoccupante : « il y a 160 ans, le
monde s’est lancé avec succès dans une campagne contre l’esclavage. Aujourd’hui, nous
devons tous contribuer à mener une nouvelle campagne dirigée cette fois contre la pauvreté».

CONTEXTE
La République du Congo a connu des troubles socio politiques pendant les années
1993, 1997 et 1998. Ces troubles ont eu pour conséquences d’aggraver une situation
économique et sociale déjà fragile depuis le milieu des années 1980.
Au sortir de ces troubles et dans l’objectif de redresser la situation, l’Etat
Congolais a élaboré et adopté en Juin 2000 le Programme Intérimaire Post Conflit (PIPC)
qui va couvrir la période 2000-2002. Au travers de certains des objectifs de ce
programme, le Congo montrait ainsi une ferme volonté de lutter contre la pauvreté
Parallèlement et dans le cadre de l’Initiative de réduction de la dette des Pays
Pauvres Très Endettés (Initiative PPTE), le pays s’est lancé dans l’élaboration du
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Intérimaire (DSRP-I). En s’attelant à
la rédaction de ce document, le Congo s’engageait en même temps à atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). C’est ainsi que dans ce document
intérimaire sont repris les objectifs suivants :
• réduire de moitié l’incidence de la pauvreté monétaire ;
• diminuer de deux tiers la mortalité infantile et juvénile ;
• réduire de trois quart la mortalité maternelle ;

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

• réaliser la scolarisation universelle au niveau de l’enseignement primaire ;


• éliminer la disparité entre les garçons et les filles dans l’éducation.
Par ailleurs, les mesures en faveur de la lutte contre la pauvreté nécessitent une
connaissance aussi précise que possible des conditions de vie des ménages. C’est ainsi
que dans le cadre de la finalisation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP), une enquête qualitative sur la perception de la pauvreté par les populations et
deux enquêtes classiques, à savoir une enquête démographique et de santé et une enquête
sur l’évaluation de la pauvreté ont été retenues.

C’est dans ce contexte que l’Enquête Congolaise auprès des Ménages pour
l’évaluation de la pauvreté (ECOM 2005) a été réalisée par le Centre National de la
Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE) en 2005. Il s’agit d’une enquête à vocation
nationale qui permet d’avoir l’essentiel des informations sur la vie des ménages. Elle vise à
mettre à la disposition des dirigeants un niveau d’information suffisant afin d’inscrire leurs
actions dans un cadre cohérent et prévisible.

PROBLEMATIQUE

La pauvreté est au cœur de nombreuses analyses économiques. Différentes approches


du concept de pauvreté lui-même ont été envisagées. Ainsi a-t-on envisagé la pauvreté
monétaire, la pauvreté non monétaire et la pauvreté subjective. La mesure même de ce
phénomène n’est pas sans poser de nombreuses difficultés. C’est ainsi qu’ont été élaborées
différentes méthodes afin de déterminer si un ménage est pauvre ou non. Nous pouvons citer
entre autres la méthode du coût des besoins essentiels ou encore celle de la détermination de
la part des dépenses de consommation alimentaire s’appuyant sur la loi d’Engel. Toutes ces
différentes tentatives prouvent que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel et donc
particulièrement difficile à cerner.

Par ailleurs, l’intégration de l’approche genre dans l’analyse de la pauvreté et plus


généralement dans l’analyse du développement s’est faite à partir des années 70 avec Esther
Boserup. Des fortes corrélations ayant été établies entre le genre et le développement, cette
nouvelle approche n’est non seulement plus à négliger mais apparaît comme étant
indispensable dans l’élaboration de politiques de lutte contre la pauvreté.

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Elève Ingénieur Statisticien Economiste 2
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

L’importance de ce point a été souligné dés 1997 par le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) qui dans son Rapport sur le Développement Humain de 1997
établit, pour un ensemble de pays, une corrélation positive entre les inégalités de genre telles
que mesurées par l’ Indice Genre de Développement (en anglais Gender Development Index)
et le niveau général de la pauvreté humaine tel que mesuré par l’indice de pauvreté humaine
(en anglais H.P.I. Human Poverty Index).

Comme le fait remarquer le Comité National de Lutte contre la Pauvreté (CNLP) de la


République du Congo, « l’intégration du Genre dans le DSRP est non seulement une
innovation mais constitue l’approche multidimensionnelle et multisectorielle de l’analyse de
la pauvreté, parce qu’il existe un lien étroit entre l’égalité des sexes, la reconnaissance des
droits de la personne, la réduction de la pauvreté et la croissance économique ».

Dans le cadre de notre étude nous envisageons d’analyser, selon une approche genre,
la pauvreté monétaire en République du Congo. Ce mémoire est structuré suivant les
différentes parties suivantes :

- Le chapitre I consiste en une présentation générale de la République du Congo suivi


de la description de la structure dans laquelle nous avons effectué notre stage, le
Centre National de La Statistique et des Etudes Economiques (C.N.S.E.E.) ;
- Le chapitre II comprend la problématique de notre étude ainsi que le cadre de
référence dans lequel nous situons notre analyse.
- Le chapitre III décrit la source des données que nous exploitons, l’Enquête Congolaise
auprès des Ménages (ECOM 2005). Nous expliciterons ici les objectifs, le cadre
méthodologique et la procédure de détermination du seuil de pauvreté alimentaire.
- Le chapitre IV consiste en la présentation des résultats des analyses effectuées. Ces
résultats nous permettent de suggérer quelques recommandations dans le sens de la
réduction des inégalités sexuées en termes de pauvreté monétaire au Congo.

La présente étude ne prétend pouvoir cerner tous les contours de la dimension


sexospécifique de la pauvreté monétaire au Congo. Néanmoins nous espérons apporter une
contribution dans l’analyse des multiples facettes du phénomène de la pauvreté et dans la
réduction de celui-ci.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS


ET DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL

Dans ce chapitre nous nous emploierons premièrement à décrire de façon brève la


République du Congo dans le contexte qui a justifié l’Enquête Congolaise auprès des
Ménages. Dans un second temps, nous présenterons la structure qui nous a accueilli pendant
notre stage : le Centre National de la Statistique et des Eudes Economiques (C.N.S.E.E.).

1.1 - PRÉSENTATION DU CONGO

1.1.1 - ASPECTS GÉOGRAPHIQUES

Situé en Afrique Centrale, la République du Congo s’étend au sud-ouest sur 11 degrés


de latitude est et 5 degrés de latitude sud, et au nord-est sur 18 degrés de longitude est et 4
degrés de latitude nord.
Le pays couvre une superficie de 342 000 km² et possède une façade maritime de 170 km sur
l’Océan Atlantique. Il est limité au nord par la République du Cameroun et la République
Centrafricaine, au sud par la République Démocratique du Congo et la République d’Angola
(enclave du Cabinda), au sud-ouest par l’Océan Atlantique, à l’est par le fleuve Congo et son
affluent l’Oubangui qui le séparent de la République Démocratique du Congo et à l’ouest par
la république du Gabon.

1.1.2 - CONTEXTE POLITIQUE ET ADMINISTRATIF :

Ancienne colonie française, la République du Congo est un état souverain,


indépendant depuis le 15 Août 1960. Une dizaine d’années après son accession à la
souveraineté nationale, la République du Congo a été appelée « République Populaire du
Congo » par le régime du parti unique, le Parti Congolais du Travail (PCT), qui a dirigé le
pays jusqu’à l’instauration de la démocratie pluraliste en 1992. Le retour au multipartisme,
qui a restauré le nom de la « République du Congo », s’est accompagné de troubles, en 1993
puis entre 1997-1999, qui ont occasionné des préjudices au sein de la population et la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

destruction d’une partie du tissu économique du pays. Toutefois, grâce aux efforts du
Gouvernement et de la République et au soutien multiforme des partenaires nationaux et
internationaux, la paix et la sécurité sont restaurées dans la quasi-totalité du territoire national.

Le découpage administratif du Congo subdivise le pays en douze départements à


savoir : Kouilou, Niari, Bouenza, Lékoumou, Pool, Plateaux, Cuvette, Cuvette-Ouest, Sangha,
Likouala, Brazzaville et Pointe-Noire.

Le pays compte six communes qui sont les principales villes du pays. Il s’agit de :
Brazzaville (capitale politique), Pointe-Noire (capitale économique), Dolisie, Nkayi,
Mossendjo et Ouesso.

Le Congo est membre des institutions sous-régionales, régionales et internationales


suivantes : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), l’Union Africaine
(UA), l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Observatoire Economique et Statistique
d’Afrique Subsaharienne (AFRISTAT), l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires (OHADA).

1.1.3 - EVOLUTION RÉCENTE DE L’ÉCONOMIE


Au sortir des conflits armés de la période 1997-1999, le gouvernement du Congo s’est
investi dans la mise en place des bases de la relance effective de l’économie nationale en
s’inscrivant dans la double dynamique :
i) du sommet de Copenhague (1996) visant la réduction de moitié de la pauvreté
d’ici à l’an 2015, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et
ii) de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

En 2005, le Gouvernement de la République a créé les conditions nécessaires à


l’accession du point au point de décision conformément aux exigences du programme appuyé
par la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) signé en décembre
2004 avec les Institutions de Bretton Woods. L’objectif fondamental demeure l’atteinte du
point d’achèvement en 2007 grâce au Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

(DSRP) en cours d’élaboration, qui circonscrit parfaitement les politiques de consolidation du


cadre macroéconomique et de relance des secteurs clés de l’économie nationale.

C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2005, la situation macroéconomique, telle que résumée par le
Programme Triennal du Congo, s’est caractérisée par :

a) la consolidation de la croissance économique (6,8% contre 4,2% en 2004) grâce à la


forte montée de la production pétrolière. Le PIB à prix courants a enregistré une
hausse de 64,9% en 2005 contre 20,9% l’année précédente, passant de 2307,8
milliards de FCFA en 2004 à 3157,8 milliards de FCFA en 2005 ;

b) Le redressement des comptes extérieurs symbolisé notamment par un excédent de 216,


2 milliards du solde global de la balance des paiements, grâce au réaménagement de la
dette extérieure de 126,2 milliards dans le cadre des allègements obtenus après la
signature du programme appuyé par la FRPC.

c) La baisse des prix à la consommation comme le montre la variation du niveau général


des prix pour l’ensemble des deux seules villes (Pointe-Noire et Brazzaville) dans
lesquelles les prix ont été observés : le taux d’inflation est de 2,1% en 2005 contre
3,5% l’année précédente.

La carte administrative du Congo est donnée à la page suivante :

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CARTE ADMINISTRATIVE DU CONGO

Source : CNSEE, DIGBD.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

1.2 - PRÉSENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL

Le Centre National de la Statistique et des Études Économiques (CNSEE) est la


structure dans laquelle nous avons réalisé notre stage académique, qui est sanctionné par la
rédaction de cette présente étude. C’est pourquoi il nous paraît utile de consacrer ce premier
chapitre de notre mémoire à sa présentation. Nous nous proposons, pour cette présentation,
de traiter notamment des missions du CNSEE dans une première section ; puis de son
organisation et de son fonctionnement qui feront l’objet d’une seconde section. Nous nous
référons ici au décret présidentiel N°_2003-133 du 31 Juillet 2003 portant attributions et
organisation de la Direction Générale du Centre National de la Statistique et des Études
Économiques.

1.2.1 - LES MISSIONS DU CNSEE

L’article premier du titre 1 du décret ci-dessus mentionné traitant des attributions du


CNSEE décrit cette institution comme l’organe technique qui assiste le ministère dont il
dépend, en l’occurrence le Ministère du Plan, de l’Aménagement du Territoire, de
l’Intégration Économique et du NEPAD, dans l’exercice de ses attributions en matières de
statistiques et d’études économiques. Les missions suivantes ont à ce titre été assignées au
CNSEE :
• promouvoir la science statistique ;
• veiller à l’application de la loi sur la statistique au niveau national ;
• produire, de concert avec les services spécialisés du Ministère en charge de
l'Economie et des Finances, des comptes nationaux ;
• produire et suivre, de concert avec le ministère en charge de l’économie, des
finances et du budget, les indicateurs macro-économiques;
• produire les statistiques démographiques et sociales ;
• réaliser les travaux statistiques relatifs à l’état et au mouvement de la population, à
la production et à la commercialisation des biens et des services;
• conduire les enquêtes statistiques sur l’emploi, le chômage, le secteur informel,
l’habitat et l’environnement ;
• publier les indicateurs économiques, sociaux et culturels d’intérêt national;
Etc.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

1.2.2 - ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU CNSEE


Le CNSEE est placé sous le contrôle d’une Direction Générale comprenant un
secrétariat de direction, un service de la communication et de la diffusion, un service des
méthodes et mécanismes de suivi du développement humain, cinq directions centrales
dirigées et animées par des directeurs, et des directions départementales dirigées par des
directeurs départementaux. D’autres services spécialisés, placés sous la responsabilité des
chefs des services, dépendent de chacune de ces directions centrales pour l’exercice des
missions bien spécifiques.

1.2.2.1 - Les services de la Direction Générale.


Il s’agit des trois services ci-dessous mentionnés :

Le secrétariat de direction
Le service de la communication et de la diffusion
Le service des méthodes et des mécanismes de suivi du développement humain

1.2.2.2 - Les directions centrales

Placée sous l’autorité d’un Directeur Général, la Direction Générale du CNSEE


comprend les cinq directions centrales suivantes ainsi que les directions départementales :

La Direction des Statistiques Économiques (DES)

La Direction des Statistiques Démographiques et Sociales (DSDS)

La Direction de la Coordination et de l’Harmonisation Statistiques (DCHS)

La Direction de l’Informatique et de la Gestion des Bases de Données (DIGBD)

La Direction Administrative et Financière (DAF)

Les Directions Départementales (DD)

C’est à la Direction Générale du CNSEE que nous avons effectué notre stage.
L’organisation complète du CNSEE est donnée par l’organigramme ci-dessous :

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

ORGANIGRAMME DU CENTRE NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ECONOMIQUES

Source : CNSEE, DIGBD.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

CHAPITRE 2 : PROBLÉMATIQUE ET CADRE DE


RÉFÉRENCE

Ce chapitre consiste en la définition de la problématique qui sous tend notre étude. Il


se poursuit ensuite par la présentation du cadre de référence qui rassemble les éléments
théoriques qui appuient notre analyse.

2.1 - PROBLÉMATIQUE

2.1.1 FORMULATION DU PROBLÈME :

Les premières stratégies de lutte contre la pauvreté ne faisaient aucune mention du genre.
Cela n'a rien d'étonnant puisque, en général, elles ne considéraient même pas le « facteur
humain » comme une dimension significative du développement. Dans les années 1970,
cependant, les études et les politiques accordent une importance croissante aux besoins
essentiels, à la productivité rurale et au secteur informel, elles commencent aussi à s'intéresser
de plus près à la place des femmes dans le développement. Cette réorientation des
préoccupations prend essentiellement deux formes : d'une part, les plaidoyers en faveur de
l'équité économique se multiplient; d'autre part, les femmes sont désormais considérées
comme les « pauvres d'entre les pauvres ». Ces deux axes reposent sur une même hypothèse :
les femmes sont des acteurs économiques de premier plan. Ils s'intéressent toutefois à des
dimensions très différentes de leur vie et de leurs rôles, et ils font appel à des approches
analytiques bien distinctes.
L’importance de l’approche de genre dans l’étude de la pauvreté et du développement va
être mise en exergue par le PNUD. Dans son rapport sur le développement humain de 1997, le
PNUD établit, pour un ensemble de pays, une corrélation positive entre les inégalités de genre
telles que mesurées par le GDI (Gender Development Index) et le niveau général de la
pauvreté humaine tel que mesuré par l’indice de pauvreté humaine (en anglais HPI Human
Poverty Index).Ainsi la question de la réduction des inégalités de genre ne se pose plus
seulement en termes d’équité sociale mais elle apparaît comme un élément essentiel dans la
lutte contre la pauvreté (Nilüfer Cagatay, 1998, working paper series UNDP).

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 11
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

L’intégration de la dimension genre dans l’analyse de la pauvreté et plus généralement


dans l’analyse du développement s’est faite à partir des années 70 avec Esther Boserup. Des
fortes corrélations ayant été établies entre le genre et le développement, cette nouvelle
approche n’est non seulement plus à négliger mais apparaît comme étant indispensable dans
l’élaboration de politiques de lutte contre la pauvreté (DSRP).
Pendant de très nombreuses années, à l’instar des institutions de Bretton Woods,
l’approche de la pauvreté est surtout restée monétaire et se basait essentiellement sur le critère
du revenu : était pauvre celui qui avait un revenu inférieur à un dollar US par jour (en valeur
de 1985). Si cette approximation peut avoir une certaine utilité, notamment pour des
comparaisons internationales, elle s’avérait toutefois trop réductrice pour capter les multiples
dimensions de la réalité des vies des êtres humains concernés.
Avec le Rapport Mondial sur le Développement Humain du PNUD en 1990, le
concept de développement humain a eu très rapidement des répercussions sur l’approche de la
pauvreté. Celle-ci se caractérise non plus uniquement par le faible niveau de revenu ou de
consommation, mais également par un faible niveau d’instruction, par une santé précaire et un
vieillissement précoce. L’édition de 1997 de ce rapport introduit en outre le concept de
"pauvreté humaine", tout en soulignant que l’indice élaboré à cette occasion ne saisit pas la
totalité des aspects de ce concept. La pauvreté y est alors désormais considérée comme "la
négation des opportunités et des possibilités de choix les plus essentielles au développement
humain – longévité, santé, créativité, mais aussi conditions de vie décentes, dignité, respect de
soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie" (PNUD, 1998).
Cette complexité du concept de pauvreté a été confirmée par la Banque Mondiale et
destinée à montrer la pauvreté telle que la ressentent les plus démunis. Les statistiques
obtenues expriment ainsi des facettes multiples de la pauvreté ayant surtout trait à des formes
d’impuissance et de mal-être. Un des aspects évoqués par les femmes concerne par exemple
les relations conflictuelles et inégales avec l’autre sexe.

2.1.2 - L’OBJECTIF DE LA RECHERCHE

Dans le cadre de la présente étude, nous envisageons d’étudier la pauvreté au Congo


suivant l’approche genre. Pour cela nous utilisons les données issues de l’Enquête Congolaise
auprès des Ménages (ECOM 2005). Cette enquête a permis d’établir le profil de pauvreté au
Congo.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 12
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

La présente étude vise en particulier à répondre aux préoccupations soulevées par le


Secrétariat technique permanent du Comité National de Lutte contre la Pauvreté dans le
document de travail « Intégration du genre dans le DSRP : une approche multisectorielle et
multidimensionnelle de la lutte contre la pauvreté » :
¾ Quels sont les facteurs explicatifs de la pauvreté monétaire au Congo ?
¾ La pauvreté monétaire affecte –t-elle différemment les hommes et les femmes ?
¾ Quels sont les déterminants de la pauvreté sur lesquels agir en vue de réduire les
inégalités sexuées en terme de pauvreté ?
Notre analyse porte essentiellement sur la pauvreté monétaire des hommes et femmes
chefs de ménages selon leur milieu de résidence.

2.1.3 - LES LIMITES DE LA RECHERCHE

L’intégration du Genre est non seulement une innovation mais constitue une approche
multidimensionnelle et multisectorielle de l’analyse de la pauvreté. A ce titre, la présente
étude ne saurait cerner tous les éléments de la dimension sexospécifique de la pauvreté.
Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi de nous limiter à l’analyse de la
pauvreté monétaire. Bien que cet aspect est considéré comme le plus important, même par les
auteurs des théories multidimensionnelles de la pauvreté tels Amartya Sen (1970, 1973), il ne
saurait rendre compte à lui tout seul de l’influence du genre dans ce phénomène.
Au-delà de ces considérations, Mukhopadhyay et Ghatak dans une note
méthodologique sur l’analyse des liens entre genre et pauvreté, remarquent que les études sur
le sujet utilisent le plus souvent des enquêtes où l’individu statistique est le ménage. Ainsi la
pauvreté des femmes est souvent confondue avec pauvreté des femmes chefs de ménage.
Cette hypothèse forte ne manque pas d’introduire des biais dans l’analyse. Il faudrait donc
disposer de données au niveau des individus et non seulement au niveau des ménages ce qui
n’est pas sans poser de nombreuses difficultés pratiques.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 13
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

2.2 - CADRE DE RÉFÉRENCE

2.2.1 - LE CONCEPT DE PAUVRETÉ

2.2.1.1 - Les différentes approches et définitions de la pauvreté

Malgré le fait que nous pouvons recenser de nombreuses définitions de la pauvreté dans la
littérature, le concept de pauvreté lui-même a été développé suivant trois principales
approches :
- L’école welfarist ;
- L’école des besoins de base ;
- L’école des capacités ou des capabilities.

2.2.1.1.1- L’école welfarist

Un exemple de définition donnée par l’approche welfarist est :


Un individu est dit pauvre dans une société donnée lorsqu’il n’atteint pas un certain niveau de
bien-être économique jugé comme étant le niveau minimum par les standards de cette société.

Les welfarists ramènent le concept de bien-être soit directement au concept d’utilité


commun en économie, soit indirectement via le terme bien-être économique compris comme
l’utilité générée par la consommation totale. L’utilité elle-même est conçue comme un état
mental, tel que le bonheur, le plaisir ou la satisfaction du désir procuré à une personne par la
consommation (ou la possession) de biens et services. Le terme “niveau de vie” est un autre
terme quelques fois utilisé pour référer au bien-être économique. Ce concept de pauvreté tire
principalement ses origines dans la théorie microéconomique moderne et découle de
l’hypothèse que les individus maximisent leur bien-être.

En pratique cependant, le bien-être économique des individus n’est pas directement


observable. Parce que les préférences varient de plus d’une personne à l’autre, cette approche
est amenée à formuler un premier principe: celui que les individus sont les seuls à savoir ce
qui est véritablement dans leurs intérêts. Par l’analyse classique de la “main invisible”
formalisée dans l’étude moderne du bien-être et des équilibres, un second principe découle du

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 14
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

premier : celui que l'Etat ne doit pas trop intervenir dans l'économie. C'est-à-dire que ce qui
doit être produit, comment et pour qui il doit l'être, doit être déterminé par les préférences
inconnues des individus. Cette approche préconise donc des politiques axées sur
l'augmentation de la productivité, de l’emploi, etc., et donc du revenu, pour alléger la
pauvreté. En conséquence l’approche welfarist est associée à ce qui est appelé “l’approche
revenu de la pauvreté”.
L’école welfarist est actuellement l’approche dominante et était vue jusqu’à
récemment comme l’unique façon de faire. La Banque Mondiale, l’un des leaders parmi les
organismes de développement, promeut fortement le concept welfarist de la pauvreté.

2.2.1.1.2 - L’école des besoins de base

Cette école identifie un petit sous-ensemble de biens et services spécifiques identifiés


et perçus comme rencontrant les biens de base de tous les être humains. Ils sont dits “de base”
car leur satisfaction est considérée comme un préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de
vie. Ils ne sont pas perçus comme contribuant nécessairement au bien-être.
Au lieu d’être sur l’utilité, l’accent est mis sur les besoins individuels relativement à des
commodités de base.
Dans l’approche traditionnelle des besoins de base, les commodités de base
comprennent :
- de la nourriture,
- de l’eau potable,
- des aménagements sanitaires,
- un logement,
- des services de santé et d’éducation de base,
- un service de transport public.
Comme nous le voyons, ces besoins vont au-delà des besoins nécessaires à l'existence,
généralement appelés les besoins minimaux, qui n'incluent qu'une nutrition adéquate, un
logement et un habillement décents.

Avant même d’aborder la question de ce qui est “suffisant”, le sous-ensemble de


commodités de base est compris comme variant avec l’âge et le sexe : les enfants et les
femmes requièrent des services de santé particuliers, l’éducation de base pour un enfant de 7

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 15
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

ans peut signifier d’aller à l’école primaire, alors qu’elle peut signifier l’alphabétisme
fonctionnel pour un adulte, etc. Un exemple de définition de la pauvreté suggérée par cette
approche est : l’incapacité d’une famille à faire face à ses besoins de base pour sa survie
(nourriture, santé, vêtements), sa sécurité (revenu, logement) et pour l’amélioration de ses
habiletés (éducation de base, alphabétisme fonctionnel, participation à la vie politique).

L'un des principaux problèmes auquel se confronte cette approche, est la détermination
même des besoins de base. Ce sont généralement les nutritionnistes, les physiologistes et
autres spécialistes qui sont appelés à déterminer les besoins de base. Or ceux-ci ne s'entendent
pas toujours. Cette école est la deuxième en importance après l’école welfarist. Ses origines
remontent au début des années 1990 avec les études de Rowntree (1990).
Quoiqu’elle reconnaisse le bien fondé des politiques de lutte contre la pauvreté
orientées vers l’accroissement des revenus, cette approche privilégie plutôt des politiques
ayant pour objectif plus particulier la satisfaction des besoins de base. Cette hypothèse repose
elle-même sur deux prémisses. Premièrement, que les inefficiences des mécanismes de
marché ne permettent pas aux pauvres de bénéficier de la croissance ; les principaux
bénéficiaires demeurant les mieux nantis (Streteen et al. 1981).
Deuxièmement, que l’accroissement du revenu des ménages pauvres n’est pas la
meilleure façon d’accroître la satisfaction des besoins de base. Quelques-unes des raisons
invoquées sont les suivantes:
- les besoins de base en éducation, santé, eau et en hygiène sont plus facilement
satisfaits par des services publics que par des revenus accrus;
- les individus n’utilisent pas toujours leurs augmentations de revenu pour accroître
leur nutrition et leur santé,
- il y a souvent une distribution inéquitable des ressources à l’intérieur des ménages.

2.2.1.1.3 - L’école des capacités (capabilities)

Pour cette école, l’accent n’est mis ni sur l’utilité ni sur la satisfaction de besoins de base,
mais sur les habiletés ou les capacités humaines. Cette approche qui a pris naissance dans les
années quatre-vingt et dont le principal maître d'oeuvre est Amartya Sen, n'a pas été
développée initialement dans l'optique de s'appliquer à la pauvreté. La visée de Sen était bien
plus vaste : développer une nouvelle conception de ce qui a de la valeur pour l'humain.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

La valeur de la vie d’une personne dépend en fait d’un ensemble de façons d’être (being)
et de faire (doing), qu’il regroupe sous le terme général de “fonctionnements” (functionings).
Les fonctionnements sont donc des accomplissements alors que les capacités réfèrent à la
liberté de choisir parmi les divers fonctionnements.
La valeur de la vie d’une personne est mieux conçue en termes de capacités que de
fonctionnements.

L’école des capacités considère donc comme pauvre, une personne qui n'a pas les
capacités d'atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements. En conséquence, pour
cette école, ce qui manque n’est pas de l’utilité ou des besoins de base satisfaits, mais
certaines capacités considérées comme raisonnablement minimales. La considération des
capacités et des fonctionnements plutôt que des commodités, oblige à prendre en compte les
caractéristiques personnelles des individus.

Puisque cette approche est assez récente, et se positionne au-dessus de toutes les autres
pour élaborer un nouveau concept du bien-être, ses applications à la pauvreté sont peu
nombreuses. Le développement de certains indices par le PNUD en est une tentative.

Quel que soit le cadre d’analyse dans lequel nous nous situons, nous pouvons
néanmoins définir un indicateur de niveau de vie. Ainsi une personne sera déclarée pauvre si
l’évaluation de l’indicateur de niveau de vie pour cet individu est inférieure à un certain seuil.
Nous allons maintenant nous intéresser à différents indices et mesures de pauvreté.

2.2.1.2 - Les principaux indices et mesures de la pauvreté


Lorsque le seuil de pauvreté a été identifié, différents indices synthétiques peuvent être
proposés pour agréger les situations individuelles en mesure synthétique.

2.2.1.2.1 - L’incidence de la pauvreté

C’est le pourcentage de pauvres dans la population totale. C’est l’indice le plus intuitif et
le plus utilisé dans la pratique. Sa mesure est :
q
H=
n

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Où n désigne le nombre d’individus dans la population totale et q le nombre total de pauvres.


La faiblesse de cet indice réside dans le fait qu’il ne suit que les passages de la ligne de
pauvreté. En effet sa valeur ne change pas si un pauvre devient encore plus pauvre.

2.2.1.2.2 - L’intensité de la pauvreté

C’est un indice qui prend en compte l’écart moyen qui sépare les pauvres du seuil de
pauvreté.
Sa mesure est donnée par la formule :

∑z− y i
μp
I= i =1
=− +1
qz z

où μ p est le revenu moyen des pauvres,

y désigne les dépenses des ménages,


z le seuil de pauvreté.

Cette mesure est parfois appelée déficit de pauvreté. En effet, le montant nécessaire
pour éliminer la pauvreté est qzI si on suppose les coûts de transactions nuls.
Ravallion (1996) fait remarquer qu’elle ne peut servir à elle seule d’indice de la pauvreté,
car elle peut augmenter lorsqu’un pauvre échappe à la pauvreté, puisque dans ce cas le revenu
moyen des pauvres diminue.

2.2.1.2.3 - L’inégalité de revenu parmi les pauvres

C’est le troisième indice élémentaire et se définit comme le produit des deux premiers :

∑z− y i
qμ p q
P= i =1
=− +
nz nz n

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Il permet de calculer le montant des dépenses totales qu’il faudrait consacrer à la


réduction totale de la pauvreté soit qzI = nzP . Il présente les mêmes avantages que les deux
premiers indices sans avoir leurs inconvénients.

2.2.1.2.4 - La mesure de Sen

Elle est donnée par la relation :

⎡ q ⎤ 2 q
S = H ⎢I + (1 − I )G p ⎥ = ∑ (q + 1 − i ) gi
⎣ q +1 ⎦ q(q + 1)nz i =1

Où Gp est le coefficient de Gini de la distribution des revenus des pauvres et gi = z-yi.

Cet indice introduit un indice d’inégalité de revenu à l’intérieur de la population


pauvre, et permet ainsi de rendre compte des effets de redistribution à l’intérieur de la
catégorie des pauvres.
Toutefois l’indice de Sen baisse lorsqu’on effectue un transfert de revenu d’un individu
pauvre vers un autre moins pauvre. De même il enregistre un saut dans la mesure de la
pauvreté à la suite d’une faible variation du seuil de pauvreté.

2.2.1.2.5 - La mesure de Shorrocks (1995)

Elle est donnée par :


1 q
SH = ∑ (2n − 2i + 1) gi
n 2 z i =1

Cette mesure présente l’avantage de posséder la propriété de continuité que ne vérifie pas
l’indice de Sen.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

2.2.1.2.6 - Les mesures de Foster, Greer et Thorbecke (FGT)

Cette famille d’indices, désignées par Pα, sont en pratiques les plus utilisées dans
l’analyse de la pauvreté du fait de leurs diverses propriétés (Ponty, 1998). Elles trouvent leur
force dans leur complémentarité. Elles vérifient en effet toutes les propriétés des mesures de
pauvreté.
Elles sont données par :
1 q z − yi α
Pα = ∑ ( )
n i =1 z
Où α ≥ 0 désigne l’aversion pour la pauvreté.
P0 = Incidence de la pauvreté ; P1 = Intensité de la pauvreté ; P2 = Sévérité de la pauvreté

La sévérité de la pauvreté mesure la répartition des ménages pauvres autour de leur


niveau de dépenses moyennes : plus la proportion des ménages très pauvres est grande, plus la
sévérité est forte.
Les indices FGT présentent une propriété intéressante qui est la « décomposabilité ». En
effet, considérons une partition de la population en m catégories j=1,…,m. Chacune de ces
catégories ayant un poids k j (avec la somme des k j égales à l’unité), la mesure Pα de

l’ensemble de la population est simplement la moyenne pondérée des mesures Pjα de

l’ensemble des sous-groupes, c'est-à-dire :


Pα = ∑ k j Pj ,α
j

On peut donc calculer la contribution de chacun des sous groupes à la pauvreté; elle est égale
à:
k *P
C j = j j ,α

Ces contributions donnent une idée des groupes où se concentre la pauvreté et peuvent donc
être utilisées pour le ciblage des politiques. On peut réaliser cet exercice pour les groupes
socio-économiques, les régions, etc.

2.2.1.2.7 - Les indices synthétiques

Ils ont trait au développement humain et ont été construits par le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD) à la suite des travaux de Sen.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

¾ L’indice de développement humain (I.D.H.)

Il permet de mesurer le niveau de développement humain atteint par un pays ou une


région donnée. Son calcul repose sur trois types d’indices de bien-être avec des valeurs
minimales et maximales fixées :
- L’espérance de vie à la naissance (de 25 à 85 ans) ;
- Le niveau d’instruction, combinaison du taux d’alphabétisation des adultes (2/3) et du taux
de scolarisation (1/3) ; les valeur extrêmes sont 0% et 100% ;
- Le niveau de vie mesuré par le PIB réel par habitant (exprimé en parité de pouvoir d’achat)
(de 100$ à 40 000$).
Pour chacune des variables on calcule un indice par la formule suivante :
valeurnationale − valeur min
I=
valeur max − valeur min
.
Notons que l’indice du revenu se calcule en logarithme.
Soit Io, Ii, Ir respectivement les indices de l’espérance de vie, de l’éducation et du revenu.
L’IDH se calcule de la façon suivante :
1
IDH = ( I 0 + I i + I r )
3

¾ L’indice de pauvreté humaine (I.P.H)

L’indice de pauvreté humaine prend en compte :


- les déficits en terme de longévité mesurés par le pourcentage de personnes risquant de
mourir avant 40 ans (P1)
- les manques dans le domaine de l’instruction mesurés par le taux d’analphabétisme (P2)
- les déficits en termes de conditions de vie identifiés par le pourcentage d’individus privés
d’accès à l’eau potable (P31) ; le pourcentage de personnes privées d’accès aux services de
santé (P32) et celui des enfant de moins de cinq ans souffrant de malnutrition (P33)
Sa formule de calcul est :
1
1
IPH = ( P1 + P2 + P3 ) 3
3
1
Où P3 = ( P31 + P32 + P33 )
3

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 21
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

2.2.2 - LE CONCEPT DE GENRE

Le « genre » d'une personne est défini par les règles, normes, coutumes et pratiques
qui expriment les différences biologiques entre les deux sexes sous la forme de différences
socialement construites entre hommes et femmes (et entre garçons et filles). Les deux genres
ainsi définis ne sont pas valorisés de la même façon et ne bénéficient pas de possibilités
égales d'évolution et d'action. (Kabeer, 2003).
Le genre est tout d’abord une notion de sociologie et son intégration dans le domaine
de l’économie s’est faite de façon très progressive depuis les années 1970 jusqu’en 2006.

2.2.2.1 - Les cadres de références des politiques et stratégies de genre

L'importance accordée aux questions de genre tant au niveau international qu'au


niveau national a donné lieu à plusieurs initiatives pouvant constituer des cadres de références
pour l'élaboration des stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre. C'est
pourquoi, ne pouvant pas être exhaustif dans ce travail, nous allons retenir uniquement les
plus important au niveau international et au niveau national.

2.2.2.1.1 - Les cadres de références au niveau international

Au niveau international, deux cadres de références de grande importance peuvent être


mentionnés. Il s'agit des conférences des Nations Unies sur les femmes qui ont eu lieu entre
1975 et 1995 et qui retracent l'histoire de la lutte pour l'égalité des sexes et les Objectifs du
Millénaire pour le Développement qui donnent une place de choix aux problèmes des
femmes.

2.2.2.1.1.1 - Les conférences des Nations Unies sur les femmes

Les conférences mondiales sur les femmes organisées par les Nations Unies ont été le
moyen de placer la question de l'égalité entre les sexes au cœur de l'agenda mondial. Elles ont
permis de grouper la communauté internationale autour d'un ensemble d'objectifs communs,
assorti d'un plan d'action effectif pour la promotion générale des femmes, dans toutes les
sphères de la vie publique et privée.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 22
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Lors de la création des Nations Unies, en 1945, la lutte pour l'égalité entre les sexes
était encore balbutiante. Seuls trente, des cinquante - et - un premiers Etats Membres de
l'Organisation, accordaient aux femmes les mêmes droits de vote qu'aux hommes ou les
autorisaient à travailler dans l'administration publique. Néanmoins, les rédacteurs de la Charte
des Nations Unies, prévoyants, firent délibérément mention de «l'égalité des droits entre les
hommes et les femmes» alors qu'ils déclaraient «la foi [de l'Organisation] en les droits de
l'homme» ainsi que «la dignité et la valeur de la personne humaine». Aucun document légal
international n'avait auparavant affirmé avec une telle vigueur l'égalité de tous les êtres
humains ou n'avait considéré la différence de sexe comme possible motif de discrimination. Il
devint alors évident que les droits des femmes seraient au cœur des travaux futurs de
l'Organisation.

Au cours des trois décennies qui suivirent, le travail des Nations Unies relatif aux
femmes fut principalement consacré à la codification de leurs droits juridiques et civils ainsi
qu'à la collecte d'informations sur leur statut dans le monde. Avec le temps, il devint toutefois
de plus en plus évident que les lois, en elles-mêmes et comme telles, ne suffisaient pas à
garantir aux femmes des droits égaux à ceux des hommes.

Le second stade de la lutte en faveur de l'égalité entre les sexes commença avec
l'organisation, par les Nations Unies, de quatre conférences mondiales destinées à développer
des stratégies et des plans d'action pour la promotion des femmes. Les efforts déployés
connurent plusieurs phases et transformations. Après avoir considéré les femmes presque
exclusivement en fonction de leurs besoins en matière de développement, on reconnut les
contributions essentielles qu'elles apportaient à tout le processus de développement et l'on
chercha à leur donner davantage de pouvoir ainsi qu'à promouvoir leurs droits à participer
pleinement aux activités humaines, sur tous les plans.

a. La première conférence : Mexico 1975

La première conférence mondiale sur le statut des femmes se réunit à Mexico en 1975,
coïncidant de la sorte avec l'Année internationale de la femme, célébrée afin de rappeler à la
communauté internationale que le problème de la discrimination à l'égard des femmes
persistait presque partout dans le monde. De concert avec la Décennie des Nations Unies pour
la femme (1976-1985), proclamée par l'Assemblée générale cinq mois après que la

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 23
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Conférence en avait fait la demande express, celle-ci ouvrit une nouvelle phase dans les
efforts mondiaux relatifs à la promotion des femmes, en initiant un dialogue de portée
internationale sur l'égalité entre les sexes. Un processus venait d'être déclenché – un processus
d'apprentissage – qui impliquerait des délibérations, des négociations, la mise en place
d'objectifs, l'identification des obstacles et l'évaluation des progrès accomplis.

La Conférence de Mexico fut organisée à la demande de l'Assemblée générale des Nations


Unies pour attirer l'attention internationale sur le besoin de développer des objectifs futur
précis, des stratégies efficaces et des plans d'action en faveur de la promotion des femmes. A
cette fin, l'Assemblée générale identifia trois objectifs clés qui devaient servir de base au
travail des Nations Unies relatif aux femmes :
• Une égalité complète entre les hommes et les femmes et l'élimination de la
discrimination fondée sur le sexe;
• L'intégration et la pleine participation des femmes au développement; et
• Une contribution de plus en plus importante des femmes au renforcement de la paix
internationale.
La Conférence réagit en adoptant un Programme mondial d'action, document qui
proposait des directives aux gouvernements et à la communauté internationale pour mettre en
oeuvre, au cours des dix années à venir, les trois objectifs prioritaires déterminés par
l'Assemblée générale. Le Programme d'action établissait les résultats minimums devant être
atteints avant 1980 et qui permettraient de garantir un accès égal aux femmes dans des
domaines tels que l'éducation, les opportunités d'emploi, la participation à la vie politique, les
services de santé, le logement, la nutrition et le planning familial.

Cette approche marqua un tournant, déjà amorcé au début des années 70, dans la façon
dont les femmes étaient perçues. Alors que les femmes étaient considérées auparavant comme
des individus recevant passivement aide et soutien, elles devenaient dès lors les véritables
partenaires des hommes, possédant les mêmes droits d'accès aux ressources et aux
opportunités. Une transformation similaire était en train de s'opérer dans la conception du
développement. Il ne devait dès lors plus servir à la promotion des femmes et on reconnaissait
qu'il n'y avait de développement possible sans la pleine participation des femmes.

La Conférence demanda aux gouvernements d'établir des stratégies nationales et


d'identifier des objectifs et des priorités pour orienter leurs efforts de promotion d'une

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

participation égale des femmes. A la fin de la Décennie des Nations Unies pour la femme, 127
Etats Membres avaient répondu à cette demande, en mettant en place des mécanismes
nationaux, des institutions s'occupant de la promotion des politiques, des recherches et des
programmes visant à promouvoir les femmes et à les faire participer au développement.

Au sein du système des Nations Unies, en plus de l'Agence (aujourd'hui Division) de la


promotion de la femme, la Conférence permit la création de l'Institut international de
recherche et de formation des Nations Unies pour la promotion de la femme (INSTRAW) et
le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) fournissant un cadre
institutionnel pour la recherche, la formation et les activités opérationnelles dans le domaine
des femmes et du développement.

Un aspect important de la réunion de Mexico réside dans le fait que les femmes jouèrent
elles-mêmes un rôle directeur dans les discussions. Parmi les délégations des 133 Etats
Membres rassemblées, 113 étaient menées par des femmes. Les femmes organisèrent
également, en parallèle de la Conférence, un forum des organisations non gouvernementales,
la tribune annuelle internationale des femmes, qui rassemblait environ 4 000 participants.

Des différences notables qui reflétaient les réalités politiques et économiques de l'époque
apparurent au sein des femmes présentes au Forum. Les femmes des pays du bloc de l'est, par
exemple, se montrèrent plus intéressées par la question de la paix, alors que les femmes de
l'Ouest insistèrent sur celle de l'égalité entre les sexes et que celles des pays en développement
mirent l'accent sur le développement. Néanmoins, le Forum joua un rôle important, dans la
mesure où il rassembla des hommes et des femmes de cultures et d'origines différentes qui
allaient partager des informations et mettre en marche un processus qui aiderait à unifier le
mouvement féminin, devenu véritablement international à la fin de la Décennie pour la
femme. Le Forum permit également aux Nations Unies de s'ouvrir aux ONG qui favorisèrent
la prise en compte de l'opinion des femmes dans le processus de développement des politiques
de l'Organisation.

b. La deuxième conférence : Copenhague 1980

Lors de la réunion de représentants de 145 Etats Membres à Copenhague en 1980 qui


visait à revoir et examiner le Programme mondial d'action, à l'occasion de la seconde

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

conférence sur les femmes, on reconnut de façon unanime que des progrès significatifs
avaient été réalisés. Les gouvernements et la communauté internationale avançaient à grands
pas vers les objectifs fixés, cinq ans plus tôt, à Mexico.

Une étape importante avait été l'adoption, par l'Assemblée générale en décembre 1979,
de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des
femmes, l'un des instruments les plus puissants pour assurer l'égalité entre les hommes et les
femmes. La Convention, dénommée «déclaration des droits de la femme», lie aujourd'hui
légalement 165 Etats, devenus Etats partis, et les oblige à présenter dans l'année suivant la
ratification et par la suite tous les quatre ans les mesures qu'ils ont prises pour éliminer les
obstacles rencontrés dans l'application de la Convention. Un Protocole facultatif, permettant
aux femmes victimes de discrimination fondée sur la différence des sexes de porter plainte
devant une instance internationale, ouvert à la ratification à l'occasion de la Journée des droits
de l'homme, le 10 décembre 1999. Après son entrée en vigueur, le Protocole placera la
Convention sur un pied d'égalité avec d'autres instruments internationaux relatifs aux droits de
l'homme et qui comprennent des procédures de plaintes individuelles.

Malgré les progrès réalisés, la Conférence de Copenhague releva l'émergence de


disparités entre les droits théoriquement garantis et la capacité des femmes à exercer
effectivement ces droits. Afin d'examiner ce problème, la Conférence isola trois domaines
dans lesquels une action spécifique et extrêmement ciblée était essentielle si l'on souhaitait
atteindre les objectifs d'égalité, de développement et de paix identifiés par la Conférence de
Mexico. Un accès similaire à celui des hommes à l'éducation, aux opportunités d'emploi et à
des services de soins médicaux appropriés, tels étaient ces trois domaines.

Les délibérations de la Conférence de Copenhague furent assombries par des tensions


politiques dont certaines dataient de la Conférence de Mexico. Toutefois la Conférence
parvint à adopter, mais pas par consensus, un programme d'action qui identifiait divers
facteurs responsables de la divergence entre les droits légaux et la capacité des femmes à les
exercer. Ceux-ci incluaient :
• Le manque d'engagement suffisant de la part des hommes pour améliorer le rôle de la
femme dans la société;
• Une volonté politique insuffisante;
• Le manque de reconnaissance de la valeur des contributions des femmes à la société;

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

• Le manque d'attention portée aux besoins particuliers des femmes au niveau de la


planification;
• La rareté des femmes aux postes de décision;
• L'insuffisance de services tels que les coopératives, les centres de soins journaliers et
les organismes de prêts destinés à soutenir le rôle de la femme dans la vie nationale;
• Un manque général de ressources financières; et
• Une faible prise de conscience des femmes en ce qui concerne les opportunités
disponibles.
Pour que l'on remédie à ces problèmes, le Programme d'action de Copenhague appela à la
mise en place de mesures nationales plus importantes pour garantir aux femmes la propriété et
le contrôle foncier, de même qu'une amélioration des droits des femmes en matière de
succession, de garde parentale et de perte de nationalité. C'est également à la Conférence que
les représentants demandèrent instamment que soit mis fin aux comportements stéréotypés à
l'égard des femmes.

c. La troisième conférence : Nairobi 1985

Le mouvement pour l'égalité entre les sexes avait vraiment acquis une reconnaissance
internationale, au moment où s'organisait, en 1985 à Nairobi, la troisième conférence
mondiale sur les femmes, la Conférence mondiale pour le suivi et l'examen des réalisations de
la Décennie des Nations Unies pour la femme : égalité, développement et paix. Avec 15 000
représentants d'organisations non gouvernementales présents au forum des ONG, organisé
parallèlement à cet événement, nombreux furent ceux qui estimèrent bientôt que la
Conférence avait permis la «naissance du féminisme mondial». Le mouvement des femmes,
divisé à la Conférence de Mexico en raison des réalités politiques et économiques mondiales
de l'époque, était alors devenu une force internationale unifiée sous la bannière de l'égalité, du
développement et de la paix. Derrière cette étape historique, se cachaient dix années de
travail. Beaucoup d'informations, de connaissances et d'expériences avaient été rassemblées
par le biais du processus de discussion, de négociation et de révision.

Au même moment, les représentants se trouvèrent confrontés à des rapports choquants.


Les renseignements recueillis par les Nations Unies révélaient que seule une petite minorité
de femmes avaient tiré parti des améliorations du statut des femmes et des efforts pour réduire
la discrimination à leur égard. Dans les pays en développement, l'amélioration de leur

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 27
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

situation n'avait été qu'un processus marginal, dans les meilleurs cas. En bref, les objectifs de
la seconde partie de la Décennie des Nations Unies pour la femme n'avaient pas été atteints.

Cette constatation appelait à l'adoption d'une nouvelle approche. La Conférence de


Nairobi fut mandatée pour rechercher de nouvelles voies qui permettraient de surmonter les
obstacles à la réalisation des objectifs de la Décennie : égalité, développement et paix.

Les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour l'an 2000, stratégies développées
et adoptées par consensus par les 157 gouvernements participants, constituaient un plan de
travail remis à jour et concernant l'avenir des femmes jusqu'à la fin du siècle. Sa nouveauté
résidait dans le fait qu'il déclarait que tous les problèmes humains étaient aussi les problèmes
des femmes. La participation des femmes au processus de décision et à la gestion de toutes les
affaires humaines reconnue non seulement comme un droit légitime, mais aussi comme une
nécessité politique et sociale dont le respect devait être incorporé dans toutes les institutions
de la société.

Une série de mesures visant à permettre l'égalité entre les hommes et les femmes au
niveau national se trouvait au centre de ce document. Les gouvernements se devaient de
définir leurs propres priorités en fonction de leurs politiques de développement et des
ressources à leur disposition.

Trois catégories élémentaires de mesures furent établies :


• Mesures légales et constitutionnelles;
• Égalité avec les hommes au niveau de la participation sociale; et
• Égalité avec les hommes dans la vie politique et les processus de prise de décisions.
S'inspirant de l'idée que tout problème est aussi un problème de femme, les mesures
recommandaient que les Stratégies prospectives de Nairobi incluent un large éventail de sujets
allant de l'emploi à la santé jusqu'aux services sociaux, à l'industrie, à la science, aux
communications et à l'environnement. A cette occasion, des directives pour la mise en place
de mesures nationales, concernant la promotion de la participation des femmes dans les
efforts de paix et l'assistance aux femmes en situations de détresse particulières, furent
également proposées.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

De la même façon, la Conférence de Nairobi exhorta les gouvernements à déléguer les


responsabilités relatives aux questions de la femme à tous les bureaux et programmes
institutionnels. De plus, suite à la Conférence, l'Assemblée générale demanda aux Nations
Unies d'inclure, si cela ne l'était déjà, la question des femmes à tous les domaines d'activité de
l'Organisation.

La Conférence de Nairobi avait donc permis d'envisager la question de la promotion


de la femme de manière plus large. Il était maintenant admis que l'égalité entre les femmes et
les hommes, loin d'être un problème isolé, touchait tous les domaines de l'activité humaine.
De ce fait, la participation active et à long terme des femmes pour résoudre les problèmes de
la société, et pas seulement les problèmes de femmes, était essentielle pour pouvoir atteindre
les buts et objectifs de la Décennie de la femme.

d. La quatrième conférence : Beijing 1995

Alors que les efforts déployés au cours des deux décennies précédentes, depuis la
Conférence de Mexico en 1975, avaient aidé à améliorer la condition de la femme et son
accès aux ressources, ils n'avaient cependant pas été permis de modifier les formes
élémentaires d'inégalité existant au sein des relations hommes-femmes. Les décisions qui
affectaient la vie de la plupart des individus continuaient d'être prises par des hommes. Il
fallait donc élaborer les moyens de donner plus de pouvoir aux femmes afin qu'elles puissent,
en tant que partenaires équivalents des hommes, insérer leurs priorités et valeurs propres dans
les processus de prise de décisions, à tous les niveaux.

La reconnaissance de ce besoin d'impliquer les femmes dans la prise de décisions avait


commencé à se manifester au cours d'une série de conférences mondiales organisées par les
Nations Unies au début des années 90, qui traitaient des divers aspects du développement :
l'environnement, les droits de l'homme, la population et le développement social. Toutes ces
conférences avaient souligné l'importance de la pleine participation des femmes à la prise de
décision; leurs points de vue formèrent une partie intégrante des délibérations et des
documents alors adoptés.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Néanmoins, ce ne fût qu'à la conférence suivante, la quatrième Conférence mondiale


sur les femmes, organisée à Beijing en 1995, que l'on assista véritablement à l'ouverture d'un
nouveau chapitre dans la lutte pour l'égalité entre les sexes.

La transformation fondamentale qui eut lieu à Beijing fut la reconnaissance du besoin


de déplacer l'attention focalisée sur les femmes vers un concept plus large, celui de genre,
pour montrer ainsi que la structure de la société, dans son ensemble, de même que les
relations entre les hommes et les femmes qui la composent devaient être réévaluées. Ce n'est
que par une restructuration aussi profonde de la société et de ses institutions que les femmes
pouvaient acquérir suffisamment de pouvoir pour occuper la place qui leur revenaient, en tant
qu'égales des hommes, dans tous les aspects de la vie. Par ce changement, on avait réaffirmé
énergiquement que les droits des femmes faisaient partie intégrante des droits de l'homme et
que l'égalité entre les sexes était une question universelle dont la prise en compte bénéficiait à
tous.

Le legs de la Conférence de Beijing résidait dans le fait que celle-ci avait provoqué un
renouveau des engagements mondiaux pour l'attribution de pouvoirs accrus aux femmes
partout dans le monde et qu'elle attira une attention internationale sans précédent. La
Conférence adopta de manière unanime la Déclaration de Beijing et le Programme d'action
conçu comme un ordre du jour en faveur du renforcement de la position de la femme et
comme la pierre angulaire de la promotion de la femme au XXIe siècle. Le Programme
d'action définissait douze domaines critiques, estimés être représentatifs des obstacles
principaux à la promotion de la femme et pour lesquels une action concrète des
gouvernements et de la société civile était nécessaire :
• Les femmes et la pauvreté;
• L'éducation et la formation des femmes;
• Les femmes et la santé;
• La violence à l'égard des femmes;
• Les femmes et les conflits armés;
• Les femmes et l'économie;
• Les femmes, le pouvoir et la prise de décision;
• Les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes;
• Les droits humains des femmes;
• Les femmes et les médias;

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

• Les femmes et l'environnement; et


• Les fillettes.
En adoptant le Programme d'action de Beijing, les gouvernements s'engagèrent à inclure
effectivement la dimension séxospécifique dans toutes leurs institutions, politiques, de
planification et de prise de décisions. Cela signifiait concrètement qu'avant que des décisions
ne soient prises ou que des programmes ne soient mis en place une analyse de leurs effets sur
les hommes et les femmes, ainsi que des besoins de ceux ci, devait toujours être conduite. Au
lieu de s'astreindre, par exemple, à faire en sorte qu'un système éducatif soit de plus en plus
ouvert aux femmes, cette valorisation de l'aspect sexospécifique imposerait une
restructuration du système afin qu'il épouse uniformément les besoins des femmes comme
ceux des hommes.

Introduire l'aspect sexospécifique impliquait un réexamen de toute la société et de


l'inégalité de ses structures de base. L'attention n'était donc plus limitée aux femmes et à leur
statut dans la société, mais englobait la restructuration des institutions et des processus de
prise de décisions politiques et économiques au sein d'une société envisagée dans son
ensemble.

En approuvant le Programme d'action, l'Assemblée générale des Nations Unies demanda à


tous les Etats, au système des Nations Unies et aux autres organisations internationales,
comme aux ONG et au secteur privé, de prendre des mesures pour appliquer les
recommandations y figurant. Parmi les Etats Membres, les mécanismes qui avaient été établis
pour promouvoir le statut de la femme furent réassignés comme unité centrale de coordination
des politiques sur l'ensemble des institutions et programmes. Au sein du système des Nations
Unies, le Secrétaire général désigna un fonctionnaire de haut rang pour servir de conseiller
spécial sur les questions sexospécifiques, ayant pour rôle de garantir une application large des
perspectives sexospécifiques à tous les niveaux du champ de travail des Nations Unies.
L'Organisation se vit également confier un rôle central, celui de superviser le Programme.

La Conférence de Beijing apparut comme un succès majeur, à la fois en raison de son ampleur
et de ses résultats. Avec 17 000 participants dont 189 gouvernements, elle constituait la
réunion la plus importante de représentants de gouvernements et d'ONG jamais organisée. Le
Forum ONG, organisé parallèlement à la Conférence battit tous les records en accueillant 35
000 personnes, portant ainsi le nombre général de participants à 47 000.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

La présence et l'influence des ONG, l'un des fers de lance de la recherche de l'égalité
entre les sexes, avaient énormément augmenté depuis la Conférence de Mexico, en 1975. A
Beijing, les ONG influencèrent directement le contenu du Programme d'action. Elles allaient
de même jouer un rôle important en rendant leurs dirigeants nationaux responsables des
engagements qu'ils avaient acceptés de mettre en oeuvre.

2.2.2.1.1.2. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

Les OMD sont l'aboutissement d'un long processus qui remonte aux grandes
conférences internationales organisées dans les années 1990. Il s'agit du sommet mondial pour
les enfants (1990 – 2002); de la Conférence Internationale de Pays en Développement (1994);
de la Conférence Mondiale sur les femmes à Beijing en Chine (1995); du Sommet Mondial
pour le Développement Social à Copenhague (1995); du Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique NEPAD (2000) et du Sommet du Millénaire pour le
Développement (2000)

La République du Congo, s'est engagée à élaborer et à mettre en œuvre des politiques


conformes aux OMD. Ces derniers au nombre de huit (8) ont été fixés avec une douzaine (12)
de cibles. Le premier objectif est l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim. Cet objectif
comprend deux cibles à savoir :
(i) la réduction de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population
dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et
(ii) la réduction de moitié, toujours entre 1990 et 2015, la proportion de la
population qui souffre de faim. Le deuxième objectif qui consiste à assurer
une éducation primaire pour tous a pour cible d'ici 2015, de donner à tous
les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever
un cycle complet d'études primaires.

Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes constitue le troisième


objectif qui a pour cible l'élimination des disparités entre les sexes dans l'enseignement
primaire et secondaire d'ici 2015 si possible et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015
au plus tard. L'objectif 4 est de réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans. La cible ici
est de réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

ans. L'objectif 5 est d'améliorer la santé maternelle avec pour cible la réduction de trois
quarts, entre 1990 et 2015, du taux de mortalité maternelle.

Combattre le VIH / SIDA, le paludisme et d'autres maladies constitue le sixième


objectif des OMD. Cet objectif comprend deux cibles qui sont :
(i) d'ici 2015, avoir stoppé la propagation du VIH / SIDA et commencé à
inverser la tendance actuelle et
(ii) d'ici 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d'autres maladies et avoir
commencer à inverser la tendance actuelle.
Le septième objectif consiste à assurer un environnement durable. Cet objectif s'articule
autour de trois cibles à savoir :
(i) intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales et
inverser la tendance actuelle de la déperdition des ressources environnementales;
(ii) réduire de moitié, d'ici 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de
façon durable à un approvisionnement à une eau potable;
(iii) réussir, d'ici 2010, à améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions
d'habitants de taudis.
Enfin le dernier objectif consiste à mettre en place un partenariat mondial pour le
développement. Il a pour cible le traitement global du problème de la dette des pays en
développement, par des mesures d'ordre national et international propres à rendre leur
endettement viable à long terme.

2.2.2.1.2 - Les cadres de références au niveau national

Sur le plan national, quatre cadres de référence peuvent être mentionnés. Il s'agit de la
constitution de 20 janvier 2002, du statut général de la fonction publique, du code de travail
en vigueur dans le secteur privé qui a été révisé en 1982 et du code de la famille rentré en
vigueur le 17 octobre 1984.

En effet, la constitution de 20 janvier 2002 consacre deux articles à la situation des


inégalités. Le premier stipule : " … toute discrimination fondée sur l'origine ethnique ou
régionale, l'idéologie, la religion, la philosophie, le sexe et l'état physique est interdite …". Le
second dispose que "la femme a les mêmes droits que l'homme dans tous les domaines de la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

vie politique et sociale" et que "pour un travail égal, la femme a les mêmes droits que
l'homme". Au niveau du statut général de la fonction publique, il s'agit de la loi n°021/89 du
14 novembre 1989. Cette loi fixe le statut des agents de l'Etat fonctionnaires ou non titulaires.
Dans l'article 129, il assure une égalité entre l'homme et la femme sous réserve des
dispositions relatives au congé de maternité.

Dans le secteur privé, la loi n°45/75 instituant le code du travail révisé en 1982,
dispose en son article 30 : "à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et
de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs quelles que soient leur origine, leur
sexe, leur âge et leur statut. Enfin, la loi n°073/84 du 17 octobre 1984 portant code de la
famille congolaise affirme également le principe de l'égalité des droits dans tous les domaines
de la vie privée, politique et sociale. Au terme de l'article 308 de ce code, les coutumes
cessent d'avoir force de loi. La capacité juridique de la femme est connue et son consentement
est exigé pour le mariage. Cependant, le mari demeure le chef de famille (article 168) et sa
femme ne le remplace qu'en cas d'indisponibilité ou d'incapacité (PNUD, 2002).

2.2.2.2 - Les stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre


antérieur et en cours en République du Congo depuis la décennie 1990

La situation de la femme congolaise est à plusieurs égards aussi défavorable que celle
des femmes des autres pays en développement. Bien que la république du Congo ait ratifié
’essentiel des conventions internationales prônant le respect des droits de la femme, la
condition de celle ci est encore caractérisée par des nombreuses violations.
Les crises que le pays a connues ont accentué cette situation avec les violences
sexuelles sur les femmes, les filles, l’aggravation des difficultés financières liées a la prise en
charge de la famille en l’absence du mari, l’inégalité de longue date entre l’homme et la
femme en matière de santé, du niveau d’instruction, de qualification personnelle, de la
participation de la femme à la prise de décision et à l’accès aux possibilités économiques.

2.2.2.2.1 - Les stratégies et politiques de genre entre 1980 et 2003

La création d’un mécanisme institutionnel chargé des questions de la femme intégrait la


démarche des institutions internationales soucieuses de l’égalité entre les sexes dans la

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 34
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

législation, les politiques et les programmes du gouvernement. C’est ainsi, les activités et les
projets spécifiques des femmes jusque là gérés par l’Union Révolutionnaire des Femmes du
Congo (URFC) et la Direction Générale des Affaires Sociales (DGAS) vont au cours des
années 1980 s’aligner sur les orientations du contexte international dominé par l’approche
Intégration de la Femme au Développement (I.F.D.).
Dans cette optique, en 1989, le système des Nations Unis à travers le projet « Appui à
l’Intégration de la Femme au développement » aida le gouvernement à mettre en place un
cadre cohérent pour la coordination des projets d’assistance. Le projet fut implanté à la
Direction Générale du Plan au sein du ministère des Finances, de l’Economie et du Plan.

En 1990, la cellule du projet fut érigée en Direction de l’Intégration de la Femme au


développement (DIFD) sous tutelle de la Direction Générale du Plan elle élabora un
programme axé essentiellement sur les études socio-économiques, le renforcement des
capacités locales et nationales et la coordination nationale des activités du développement.
Au cours de cette même période marquée par les revendications syndicales, les femmes
commencèrent à se regrouper sur la base de leurs intérêts.
Naquirent ainsi les associations scientifiques, de développement et humanitaires notamment
l’Association Congolaise des femmes Chercheurs (ACFC), l’Association des Femmes Juristes
du Congo (AFJC), l’Union Africaine des Femmes Managers (UAFM), le Comité
International des Femmes Africaines pour le Développement (CIFAD), etc. Par ailleurs, les
partis politiques de création récente créèrent des ailes féminines..

La tenue de la Conférence Nationale Souveraine en 1991, suscita un second sursaut


des femmes qui tenaient à participer à cet événement. A l’unisson, les 50 participantes sur
1200 conférenciers élevèrent une fois de plus leurs voix pour revendiquer leur présence aux
sphères de prise de décisions et aussi la création d’un ministère de la femme. Ainsi, le
Gouvernement de la République, conscient de l'importance d'intégrer la dimension genre dans
toutes les sphères de la vie économique et sociale, a crée en 1992 un ministère chargé de
l’intégration de la femme au développement.

Ce ministère s’emploie à mettre en œuvre une stratégie qui permette aux femmes :
9 de s’assurer des moyens d’existence,
9 d’alléger leurs lourdes responsabilités domestiques,
9 d’éliminer les obstacles socio-culturels à sa participation à la vie active,

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

9 De sensibiliser davantage la société à son sort, à la faveur des programmes


d’éducation et d’information.

Il avait comme objectifs :


¾ D’alléger le fardeau de la pauvreté qui pèse sur les femmes.
¾ De supprimer les inégalités d’accès à la formation et à l’éducation.
¾ De mettre fin aux inégalités de sexe dans le partage du pouvoir et la prise de
décision dans tous les domaines.
¾ D’arrêter la violence contre les femmes.
¾ De mettre en place des mécanismes chargés de favoriser la promotion de la
femme.
¾ De faire respecter les droits fondamentaux des femmes.
¾ D’améliorer la condition de la jeune fille, en supprimant la discrimination et
autres atteintes à ses droits fondamentaux.
¾ De faire disparaître les stéréotypes appliqués aux femmes ainsi que l’inégalité
d’accès et de participation des femmes aux systèmes de communication,
particulièrement les médias.
¾ De prendre en compte et intégrer la dimension féminine dans des politiques et
programmes de développement national ainsi que dans des réformes
administratives et juridiques.
Depuis lors, (1992), le ministère en charge de la femme est toujours présent dans
chaque équipe gouvernementale.

Le Forum National de la femme de 1993 fit une analyse critique des douze (12) thèmes
identifiés par la commission préparatoire de la quatrième Conférence Mondiale des Femmes.

En 2002, la Conférence Générale des Femmes avait fait une évaluation mi-parcours de la
plate forme de Beijing d’une part et l’état des lieux sur leur implication dans les différents
secteurs de développement d’autre part.

L'actuel ministère en charge de la promotion de la femme dispose depuis le 15 septembre


1999, d'une politique nationale de la promotion de la femme assortie d'un plan d'action (2000-
2002) adopté par le Gouvernement. Cette politique nationale de la femme s'articule autour de
quatre objectifs à savoir :

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

a. développer le potentiel économique de la femme;


b. améliorer les conditions et le cadre de vie de la femme;
c. promouvoir et protéger les droits de la femme et de la jeune fille;
d. améliorer les capacités d’intervention et de management des mécanismes charges
de la promotion de la femme.

La politique en matière de la promotion de la femme se base sur les fondements et les


principes énoncés au niveau national, régional et international.

- Au niveau national

La politique trouve son fondement dans l’Acte Fondamental du 24 octobre 1997, le


Programme d’Action de Relance Économique, les recommandations du Forum National sur
les femmes de décembre 1993, le rapport de la Conférence Internationale sur la Population et
le Développement de septembre 1993 ainsi que les engagements pris par le Congo lors de la
Conférence Mondiale sur les femmes de Beijing.

- Au niveau régional

Elle prend appui sur la plate- forme d’action africaine qui vise à fournir aux Africains
une position commune pour l’amélioration de la situation de la femme ainsi qu’un cadre
d’engagements et d’actions concertés pour une application accélérée des stratégies de Nairobi.

- Au niveau international

Elle s’appuie sur les conclusions et recommandations des quatre conférences mondiales
sur la femme organisées par les Nations Unies. Qu’il s’agisse de la promotion de la paix, de la
protection de l’environnement, du développement durable, des droits de l’Homme, de la
population, de la santé, de l’éducation…, ces conférences ont précisé qu’aucun progrès n’est
possible sans la pleine participation de l’homme et de la femme.

Il sied de souligner qu’en république du Congo, le processus d’élaboration d’une politique


nationale Genre est en cours. Cependant le gouvernement a adopté en 1999, une politique
nationale de la promotion de la femme assortie d’un plan d’action 2000-2002, sur la base

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

duquel le département chargé de la promotion de la femme a mené des actions, en vue


d’assurer la promotion de l’égalité entre les sexes et la démarginalisation des femmes.

Ce plan d’action mettant en application cette politique en matière de la promotion de la


femme (2000-2002) comprenait quatre sous programmes :

a. droit de la femme et de la jeune fille : accès a la prise de décision;


b. lutte contre la violence à l’égard des femmes;
c. accès des femmes au revenu;
d. femme, santé et environnement

En quatorze ans d’activités (1989-2003), il n’est pas ambitieux de reconnaître que ces
mécanismes ont créé auprès des décideurs politiques, de l’opinion publique et des femmes
elles même, une prise de conscience sur la question de la promotion de la femme. Bien que la
légitimité de ces mécanismes institutionnels n’est plus contestée, la conception que l’État et
les bénéficiaires se font la promotion de la femme reste problématique.

Pour l’État, la question de la femme est résolue par la création du ministère en charge de
la femme et de ce fait, le problème de sa promotion reste marginal par rapport aux grandes
questions nationales traitées par les ministères des finances, des hydrocarbures, de
l’industrie…la plupart des grands projets à composante femme tombe en désuétude quelques
mois après l’appui des partenaires de développement. La faiblesse des ressources allouées au
ministère en charge de la femme ne permet pas à celui-ci de prendre la relève des activités
amorcées par les organismes de développement.

2.2.2.2.2 - Les stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre


depuis 2004

L'amélioration des conditions de vie des populations est l'une des préoccupations majeures
du Gouvernement de la République du Congo qui a pris l'engagement de faire de la lutte
contre la pauvreté sa priorité dans le cadre des grandes orientations de sa politique de
développement en rapport avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 38
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté a été rédigé. Ce document


est actuellement l'unique cadre de référence des interventions en matière de développement.

Ce document prend en compte la dimension genre dans le troisième axe stratégique


consacré à l'accès aux services sociaux de base et la protection sociale. Il ressort de ce
document que l'objectif principal visé est d’améliorer le statut social, culturel économique et
politique de la femme. Ainsi la stratégie globale s'appuie sur:

• Le renforcement de l'accès égal du genre à l'éducation;


• L'élaboration, l’adoption et la mise en œuvre d'une politique nationale du genre;
• Le lancement de plaidoyers auprès des décideurs et la sensibilisation des populations
sur les questions du genre ;
• Le renforcement des capacités du Département de la promotion de la femme ainsi que
des ONG et des associations oeuvrant pour la promotion du genre.

Les actions suivantes sont envisagées:

• La création d'un système d'information sur les questions du genre;


• Le développement de l'équité homme - femme au niveau de l'emploi et des services;
• La promotion de la santé maternelle et infantile

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

CHAPITRE 3 : SOURCE DES DONNÉES ET


MÉTHODOLOGIE

3.1 - PRÉSENTATION DE L’ENQUÊTE CONGOLAISE


AUPRÈS DES MÉNAGES (ECOM)

3.1.1 - CONTEXTE ET JUSTIFICATION

La République du Congo a connu des troubles socio politiques pendant les années
1993, 1997 et 1998 qui ont contribué à détériorer la situation économique et sociale
devenue précaire depuis le milieu des années 1980.
Au sortir de ces troubles, l’Etat Congolais a élaboré et adopté en Juin 2000 le
Programme Intérimaire Post Conflit (P.I.P.C.) qui va couvrir la période 2000-2002. Ce
programme visait, parmi d’autres objectifs, l’amorce d’une politique volontariste de lutte
contre la pauvreté.
Parallèlement le pays s’est lancé dans l’élaboration du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté Intérimaire (DSRP-I). Ce nouveau document s’inscrit dans la
logique du PIPC et en prend le relais dès 2003. En s’attelant à l’exercice d’élaboration du
DSRP, le Congo s’engageait en même temps à atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD).
L’élaboration du DSRP-I a mis en exergue un déficit important en informations
sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté. C’est ainsi que dans le cadre de la
finalisation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), une enquête
qualitative sur la perception de la pauvreté par les populations et deux enquêtes
classiques, à savoir une enquête démographique et de santé et une enquête sur
l’évaluation de la pauvreté ont été retenues dans le cadre de la finalisation du DSRP.
C’est dans ce contexte que l’Enquête Congolaise auprès des Ménages pour
l’évaluation de la pauvreté (ECOM 2005) a été réalisée par le Centre National de la
Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE) en 2005 sur l’ensemble du territoire
national.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

3.1.2 - OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE

L’enquête ECOM été conçue pour servir de référence dans le cadre de la


connaissance de la pauvreté en république du Congo.
L’objectif général de l’ECOM est de permettre de disposer de données actuelles
sur les conditions de vie des ménages en vue de finaliser le DSRP en vue de suivre la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Les objectifs spécifiques sont les suivants :
- construire une ligne de pauvreté monétaire ;
- produire un profil de pauvreté monétaire ;
- produire un certain nombre d’indicateurs retenus dans le DSRP-I pour le suivi
des OMD ;
- réaliser certaines études sectorielles en vue de la finalisation du DSRP
- fournir des statistiques de base pour l’élaboration des comptes nationaux
(consommation des ménages au niveau fin pour la réalisation des équilibres
ressources emplois etc.) ;
- fournir des pondérations pour le calcul d’un nouvel indice des prix à la
consommation finale des ménages dans le cadre du projet d’harmonisation des
prix CEMAC.

3.1.3 - PRÉSENTATION TECHNIQUE DE L’ENQUÊTE

L’Enquête Congolaise auprès des Ménages (ECOM) a couvert l’ensemble des dix
départements que compte le pays et les deux principales villes : Brazzaville et Pointe-Noire.
C’est une enquête par sondage qui a été réalisée auprès des ménages ordinaires résidant sur le
territoire national. Les ménages collectifs (internats, casernes, malades de longue durée dans
les hôpitaux, etc.) ont été exclus du champ de l’enquête, de même que les ménages ordinaires
extra territoriaux (diplomates et assimilés). Par contre, les ménages des congolais travaillant
dans les ambassades et les organisations internationales accréditées au Congo ont fait partie
du champ de l’enquête.
La stratification du pays s’est basée sur deux critères :
- le pouvoir économique des zones considérant les principales activités
économiques ;

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

- le classement des milieux selon le poids démographique et le degré


d’urbanisation.
Ces critères ont conduit à retenir cinq (5) strates dont la composition est résumée dans le
tableau ci-après :

Tableau 1: Répartition de l'échantillon selon les strates

Nombre de ménages Nombre de Ménages Taux de réponse en


Strates
sélectionnés Enquêtés %
Brazzaville 1 188 1 165 98,1
Pointe-Noire 1 008 999 99,1
Autres Communes 1 1 008 995 98,7
Milieu semi urbain 2 972 918 94,4
Milieu rural 3 1 080 1 069 99,0
Ensemble 5 256 5 146 97,9
Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

Les milieux semi urbain et rural se définissent de la façon suivante :


Milieu semi urbain : localités d’au moins 10 000 habitants qui ne sont pas des communes;
Milieu rural : localités de moins de 10 000 habitants ;

Le tirage de l’échantillon s’est effectué suivant les modalités suivantes :


Pour les strates urbaines (Brazzaville, Pointe-Noire et les autres communes), un tirage à deux
degrés a été effectué :
• au premier degré les zones de dénombrement proportionnellement à leurs effectifs de
ménages (tirage à probabilités inégales) ;
• au second degré, à l’intérieur de chaque zone de dénombrement (ZD) douze (12) ménages
(tirage à probabilités égales).
Pour les strates rurales (milieux semi urbain et rural), un tirage à trois degrés a été effectué :
• au premier degré, concernant la strate semi urbaine 10 centres semi urbains ont été
tirés proportionnellement à leur taille exprimée en nombre de ménages ; Quant à la

1
Dolisie, Mossendjo, Nkayi, Ouesso
2
Loudima, Madingou, Loutété, Sibiti, Mindouli, Kinkala, Gamboma, Makoua, Etoumbi, Impfondo
3
Kakamoeka, Louvakou, Mfouati, Zanaga, Mbandza-Ndounga, Ignié, Ngo, Abala, Oyo, Bétou

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strate rurale, 10 districts ont été sélectionnés proportionnellement aux effectifs des
ménages ;
• 108 ZD et 120 ZD ont été tirées proportionnellement à leurs effectifs de ménages
respectivement dans les strates Semi urbaine et rurale au second degré ;
• le troisième degré a consisté à tirer au hasard 9 ménages dans chaque zone de
dénombrement échantillon (tirage à probabilités égales).

3.1.4 - MÉTHODE DE DÉTERMINATION DU SEUIL DE


PAUVRETÉ

Dans le cadre de la méthodologie de l’enquête ECOM, l’indicateur de niveau de vie a


été approché par les dépenses annuelles de consommation finale des ménages.
Le seuil de pauvreté a été déterminé par la méthode du coût des besoins essentiels sur
la base d’un seuil normatif de 2450 Kcal par jour et par équivalent adulte.
Le seuil de pauvreté se décompose en un seuil de pauvreté alimentaire auquel s’ajoute
un montant correspondant aux besoins non alimentaires de base :
• le seuil de pauvreté alimentaire a été estimé au niveau de dépenses alimentaires de
203 853 FCFA par an et par équivalent adulte, soit 558 FCFA par jour et par
équivalent adulte ;
• le seuil de pauvreté non alimentaire a été estimé à un montant de 102 548 FCFA par
an, soit 281 FCFA par jour ;
Le seuil de pauvreté total s’élève donc à 306 400 FCFA par an et par équivalent
adulte, soit 839 FCFA par jour et par équivalent adulte.

3.1.4.1 - Méthode de calcul du seuil de pauvreté alimentaire

Le calcul du seuil de pauvreté alimentaire consiste en l’évaluation aux prix courants


du marché d’un panier de biens alimentaires censé couvrir les besoins énergétiques. Cette
méthode pose principalement deux difficultés : celle des variations de prix pouvant exister
entre les différentes strates et celle de la détermination du seuil calorique normatif.

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3.1.4.1.1 – Harmonisation spatiale des dépenses des ménages

Il s’agit ici de prendre en compte les différenciations du coût de la vie d’une strate à une
autre. Des indices de parité de pouvoir d’achat ont été ainsi calculés à partir des
informations sur les prix et les dépenses fournis directement par l’enquête. Deux indices
de prix ont été calculés dans chaque strate du pays : un indice de Laspeyres des prix et un
indice de Paasche des prix. Pointe-Noire a été retenue comme localité de référence car elle
bénéficie d’une stabilité des prix comparativement à Brazzaville où les prix sont plus
sensibles.
Les expressions analytiques de ces indices sont :

Pour l’indice de Laspeyres :


⎛ Pr ixi ,Strate ⎞
∑ Pond ⎜
i,Pointe Noire
⎝ Pr ix ⎟

LStrate (Prix ) = i i, Pointe Noire

∑ i,Pointe Noire
Pond
i

Pour l’indice de Paasche :

∑ Pond i,Strate
PStrate (Prix ) = i
⎛ Pr ixi,Pointe Noire ⎞
∑ Pond
i
i,Strate ⎜
⎝ Pr ixi , Strate

Où Pr ixi,Pointe Noire est le prix du bien alimentaire i à Pointe-Noire ;

Pr ixi , Strate est le prix du bien alimentaire i dans la strate considérée ;

Pond i,Pointe-Noire est la pondération du bien alimentaire i dans la structure de consommation de

la strate Pointe-Noire ;
Pond i,Strate est la pondération du bien alimentaire i dans la structure de consommation de la

strate considérée.

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3.1.4.1.2 - Détermination du seuil normatif calorique


Le choix de ce seuil calorique, conformément aux indications de l’annexe 1, tient compte
des besoins énergétiques journaliers moyens nécessaires pour bien vivre (2070 Kcal) auxquels
s’ajoutent les besoins caloriques moyens d’un niveau d’activité modérée (+360 Kcal) dans un
pays dont la température journalière moyenne est supérieure à 20°Celsius (+0 Kcal). Sur la
base de ces considérations, l’apport calorique total moyen a été estimé à 2 430 Kcal par jour
et par individu. Mais pour des raisons de commodité, ce seuil a été arrondi à 2 450 Kcal par
jour et par personne au Congo.
Le calcul du seuil de pauvreté alimentaire peut se décomposer de la façon suivante :
1) Tout d’abord il s’agit de déterminer le panier des biens alimentaires couramment
consommés dans tout le pays. Le panier de biens retenu est représentatif des dépenses
totales des 51 produits alimentaires les plus souvent consommés.
2) Une fois le panier de biens alimentaires défini, on détermine les quantités de produits
consommées par jour en unité standard (principalement en kg ou en litre) par
équivalent adulte.
3) On procède ensuite pour chacun des produits identifiés à la conversion en calories à
partir des données disponibles dans la table de correspondance des produits en calories
et des quantités journalières de nutriments (en unités standards- kg/litre) ;
4) On ajuste selon les cas (à la hausse ou la baisse) les valeurs caloriques obtenues pour
le panier de sorte à obtenir le seuil des 2450 Kcal ;
5) On calcule à l’aide des prix relevés, le montant des dépenses dans ces produits
permettant d’atteindre le seuil ajusté des 2450 Kcal.
Le seuil alimentaire journalier ( Z A _ Jour ) au seuil normatif de 2450 Kcal est déterminé par la

formule :
n

∑ Q × Prixmoy
i i,Pointe- Noire
Z A_Jour = 245 × i=1
n

∑Q ×C
i =1
i i

Où Prixmoyi, Pointe - Noire est le prix moyen du produit i à Pointe-Noire ;

Qi est la quantité moyenne journalière consommée en produit i ;

Ci est la valeur calorique (pour 100g ou 100 ml) correspondante au produit i consommé ;

Le seuil alimentaire ( Z A ) annuel est estimé comme suit :


Z A = Z A, Jour × 365

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3.1.4.1.3 - Méthode de détermination du seuil de pauvreté non alimentaire

Le calcul de ce seuil s’inspire des travaux de Ravallion (1996). Ce dernier définit le


bien essentiel non alimentaire comme étant le bien non alimentaire dont l’obtention nécessite
de renoncer à satisfaire à un besoin alimentaire de base.
La détermination du seuil de pauvreté non alimentaire se fait à partir de l’équation de
régression suivante :
Si = a + βLn(Yi/Za) + ui (1)
Si correspondant à la part des dépenses alimentaires dans la dépense totale Yi,
a, l’ordonnée à l’origine, représente une estimation de la part de la consommation alimentaire
moyenne des ménages pour lesquels la dépense totale (Yi) est égale au seuil de pauvreté
alimentaire
a et β sont des paramètres qui ont été estimés à partir d’un modèle économétrique sur la base
des informations sur les dépenses des ménages.
Pour un ménage qui a la possibilité de satisfaire tout juste ses besoins nutritionnels Za,
son niveau de dépenses non alimentaires est Dna. Pour ce type de ménage, la valeur de Dna
est estimée comme suit, dans l’équation (1) une fois la valeur de Za connue :
Dna =Za - aZa = (1-a)Za (2)
On détermine ainsi un seuil de pauvreté inférieur Zinf comme la somme du seuil alimentaire
et du seuil
Zinf = Za + Dna = Za + (1-a)Za = (2 –a)Za (3).

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

3.2 - PRÉSENTATION DE LA MÉTHODOLOGIE

La recherche des facteurs déterminants de la pauvreté permet de faire ressortir les


éléments essentiels sur lesquels les stratégies de lutte contre la pauvreté devraient agir.
Dans l’objectif de mettre en exergue les inégalités de genre, nous étudierons de façon
séparée :
• les déterminants de la pauvreté dans une analyse non différenciée selon le sexe du chef
de ménage.
• les déterminants de la pauvreté selon le sexe du chef de ménage.

La méthode d’analyse des déterminants : le modèle Logit

L’analyse empirique des déterminants de la pauvreté sera faite à partir d’une


estimation économétrique à l’aide du modèle Logit. Cette méthode d’analyse est préférée
au modèle de régression linéaire du niveau des dépenses de consommation finale en raison
de sa meilleure capacité de prédiction comme le soulignent Coudouel et al (2002).

Le modèle Logit est un modèle de régression où la variable à expliquer, notons yi, est
une variable qualitative dichotomique. Il s’agit ici d’estimer la probabilité d’apparition de
l’événement yi =1 selon le modèle suivant :
Pr( yi = 1) = F (∑ xik β k ) ; i=1,…, n.
k

Les coefficients β k sont les paramètres du modèle à estimer.

Les variables xik décrivent l’ensemble des caractéristiques de l’individu i.

F est la fonction de répartition de la loi logistique : F ( x) = 1


1 + e−x

Comme le signale Keho (2001), la seule information vraiment directement


interprétable est le signe des coefficients, il indiquera si la variable associée influence la
probabilité de l’événement à la hausse ou à la baisse.

1
En posant Z i = ∑ xik β k et pi = Pr( yi = 1) , nous avons : pi =
k 1 + e − Zi

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Par conséquent, l’effet marginal de x ik sur la probabilité pi est égal à :

∂F ( Z i )
Em( xik ) = = f ( Z i ) β k = pi (1 − pi ) β k
∂xik

Nous étudierons tour à tour les facteurs explicatifs de la pauvreté urbaine et de la


pauvreté rurale. Les modèles d’analyse en milieux urbain et rural se feront pour les deux
sexes. Nous effectuerons ensuite une analyse non différenciée selon le sexe du chef de
ménage pour les deux milieux de résidence.La variable à expliquer est le « statut de
pauvreté ». Elle prend les deux modalités : « pauvre » et « non pauvre ».

Comme le note Essama-Nssah (2000), les variables explicatives retenues dans un modèle
d’analyse de la pauvreté peuvent être classées en deux grandes catégories :
- les facteurs internes se rapportant aux attributs intrinsèques de l’individu tels
que le sexe, l’âge ou le niveau d’éducation ;
- les facteurs externes qui ont trait à l’environnement dans lequel évolue
l’individu tels que le milieu de résidence.

Pour la sélection des variables du modèle, nous nous inspirons des travaux de Attanasso
(2005) et Badji et Boccanfuso (2006) qui étudient respectivement la pauvreté monétaire des
femmes chefs de ménage au Bénin et au Sénégal. Ainsi dans le cadre de notre étude, nous
retenons les variables explicatives suivantes :
- Le sexe du chef de ménage
- Le groupe d’âge du chef de ménage
- Le niveau d’instruction du chef de ménage
- La taille du ménage
- La branche d’activité du chef de ménage
- L’effectif des rémunérés dans le ménage
- Le milieu de résidence du ménage

Nous effectuons tout d’abord les tests d’association du khi deux entre les variables
explicatives et la variable « statut de pauvreté ». Les résultats de ces tests sont présentés
dans le tableau ci-après.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Tableau 2: Résultats du test de khi deux entre la variable "statut de pauvreté" et chacune des
variables explicatives

Nom Libellé Chi2 de Pearson P value


Genderec Sexe du CM chi2 (1) = 7.5623 P = 0.006
Gagerec Groupe d’âge du CM chi2 (3) = 81.3436 P = 0.000
Nivscol Niveau scolaire chi2 (3) = 228.0693 P = 0.000
Taille Taille du ménage chi2 (4) = 405.1181 P= 0.000
Bran4rec Branche d’activité chi2 (4) = 172.2457 P= 0.000
Z2 Effectif de rémunérés chi2 (9) = 143.7697 P= 0.000
Milieu Milieu de résidence chi2 (1) = 87.1693 P= 0.000
Source : Enquête ECOM 2005, nos calculs.

Au seuil de significativité de 5% (et même de 1%), il y a assez d’évidence pour rejeter


l’hypothèse nulle d’indépendance entre la variable « statut de pauvreté » et les variables
explicatives que nous avons retenues : ces variables sont donc susceptibles d’expliquer la
pauvreté monétaire.

3.2.1 - OUTILS DE COMPARAISON DE LA PAUVRETÉ :

Il s’agira ici de comparer les distributions des dépenses de consommation finale dans
les deux populations des ménages dirigés respectivement par les hommes et par les femmes.
Pour cela nous utiliserons les indices de pauvreté P0, P1 et P2 de la famille FGT calculés pour
chaque strate retenue dans l’enquête ECOM.
Puis nous évaluerons la robustesse des résultats obtenus en examinant le test de dominance
stochastique.

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3.2.1.1 - Etude des indices de pauvreté P0, P1 et P2 de la famille FGT

Tableau 3: Indices de pauvreté par strate suivant le sexe du chef de ménage

Brazzaville Pointe-Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural Ensemble


Homm Homm Homm Femm
Homme Femme Homme Femme Homme Femme e Femme e Femme e e
P0 43,9 41,1 22,9 25,9 41,3 41,9 51,4 63,5 49,1 49,7 41,5 45,2
P1 15,1 19,6 5,4 7,6 13,1 15,2 22,4 30,0 15,6 17,0 13,4 17,4
P2 7,7 11,0 2,2 4,0 6,7 8,3 13,3 19,3 7,9 9,1 6,8 9,8
Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM), 2005.

Ce tableau montre clairement que les ménages dirigés par les femmes sont plus
affectés par la pauvreté que ceux dirigés par les hommes. Cette inégalité est perçue aussi bien
au niveau du ratio et du gap de pauvreté qu’au niveau de la sévérité de la pauvreté.
De plus elle se remarque dans toutes les strates de l’enquête ECOM : on peut donc dire que la
« féminisation de la pauvreté » est un phénomène réel en République du Congo.

Pour nous rendre compte de l’ampleur de ce phénomène, nous allons maintenant examiner les
contributions relatives des ménages dirigés respectivement par les hommes et par les femmes.

Tableau 4: Contributions relatives à la pauvreté en fonction du sexe du chef de ménage

Indices de pauvreté FGT Contribution (%) à la


Sexe (%) pauvreté
P0 P1 P2 P0 P1 P2
Homme 41,5 13,4 6,8 75,8 72,8 70,5
Femme 45,2 17,4 9,8 24,2 27,2 29,5

Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

On constate que bien que les ménages dirigés par les femmes apparaissent, au regard
de tous les indices de pauvreté (P0, P1, P2) comme étant les plus affectés par la pauvreté, cet
ordre est inversé par les valeurs des contributions relatives à la pauvreté.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Ceci s’explique par le fait que la contribution relative à la pauvreté prend en compte la
proportion de l’effectif des sous populations étudiées. En particulier, dans le cas du Congo,
les ménages dirigés par les hommes sont les plus nombreux (77,4% contre 22,6%).

3.2.1.2 - Le test de dominance stochastique de premier ordre

Comme le soulignent Coudouel et al (2002), lorsqu'on procède à des comparaisons de


mesures de la pauvreté entre plusieurs périodes ou entre différents groupes, il est important de
tester la résistance des changements observés dans les indices de la pauvreté. En effet, ces
changements peuvent dépendre de la ligne de pauvreté choisie, au point que l'utilisation de
deux lignes de pauvreté différentes peut indiquer des changements en sens contraire. La
comparaison des mesures à l'aide de techniques de dominance stochastique peut aider à
estimer la résistance de classements ordinaux de la pauvreté.

Une dominance statistique de premier ordre implique la comparaison des fonctions de


distribution cumulative de l'indicateur de bien-être (dans le cadre de l’ECOM, le niveau des
dépenses de consommation finale), pour chacune des années de l'enquête ou pour les
différents groupes de ménages. Une distribution « domine » une autre si la fonction de
distribution des dépenses de consommation pour l'année ou le groupe de ménages considérés
se situe au-dessus de celle qui correspond à l'autre année ou à l'autre groupe à tous les niveaux
de consommation. S'il s'avère que la dominance de premier ordre se confirme pour deux
années ou deux groupes différents, il s'ensuit que toutes les mesures de la pauvreté de la
classe FGT, à savoir le ratio de pauvreté, le gap de pauvreté et la sévérité de la pauvreté, de la
première année ou du premier groupe sont plus élevés que celles de l'autre année ou de l'autre
groupe pour toutes les lignes de pauvreté.

Les tests de dominance de deuxième ordre reposent sur l'analyse de courbes dites de «
déficit ». Ce sont des intégrales des fonctions de la distribution cumulative de la
consommation. Elles permettent de déterminer si la pauvreté a reculé ou avancé avec le temps
pour toutes les mesures de la pauvreté de l'ordre du gap de pauvreté ou d'un ordre supérieur
(sévérité de la pauvreté). Des niveaux de dominance encore plus élevés peuvent être définis.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Dans le cadre de la présente étude, nous nous limiterons à l’étude de la courbe de


dominance du premier ordre qui établit une comparaison de pauvreté entre la population des
ménages dirigés par les hommes et celle des ménages dirigés par les femmes.

La robustesse des conclusions relatives à l’analyse des inégalités de la distribution des


dépenses de consommation est appréciée par rapport à l’examen de la courbe de dominance
stochastique du premier ordre. Cette courbe a été établie pour la variable « sexe du chef de
ménage ».
La situation par rapport au sexe du chef de ménage montre qu’en tout point de la
distribution la courbe des hommes domine celle des femmes. Autrement dit, en moyenne, les
ménages gérés par des hommes auraient un niveau de vie plus élevé que ceux dirigés par des
femmes. Cependant, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, l’écart entre les sexes
se réduit

Graphique: Courbe de dominance stochastique de premier ordre selon le sexe du chef de ménage
Homme Femme
100,0

90,0

80,0

70,0

60,0

50,0

40,0

30,0

20,0

10,0

0,0
0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1400000

Revenus (F CFA )

Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

Comme l’affirme Essama-Nssah (2000), la relation de dominance stochastique du


premier ordre entre deux distributions nous permet de conclure sans ambiguïté à une inégalité.
En effet lorsque cette dominance est vérifiée, tous les indicateurs de la famille FGT seront en
défaveur de la sous population dominée en l’occurrence ici celle des ménages dirigés par les
femmes.

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3.2.2 - ANALYSE DE LA PAUVRETÉ NON DIFFÉRENCIÉE


SELON LE SEXE DU CHEF DE MENAGE :

L’estimation des modèles dans cette partie est faite tout d’abord à partir des variables
explicatives retenues : sexe, classe d’âge, niveau d’instruction, branche d’activité des chefs de
ménage, taille, effectif des rémunérés, milieu de résidence du ménage.
Puis, nous reprenons les régressions cette fois en considérant les ménages des milieux urbain
et rural séparément.
Le seuil de significativité que nous retiendrons est celui de 10%. Les résultats de ces
différentes régressions sont récapitulés dans les tableaux présentés à partir de la page
suivante.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

3.2.2.1 - Au niveau de l’ensemble de l’échantillon


Tableau 5: Récapitulatif des résultats des estimations du modèle pour l’ensemble de l’échantillon

Variable Statut de pauvreté


dépendante
Nombre 5002
d’observations
Prob > chi2 0,00

Variables Cœf. Odds ratio Effet marginal Significativité


explicatives
constante -0,35 _ _ 0,08

caractéristiques
démographiques
sexe
Homme -0,14 0,86 -0,03 0,07
Femme (réf.) _ _ _ _
Groupe d’âge
Moins de 25 ans _ _ _ _
(réf.)
25 à 44 ans -0,04 0,95 -0,01 0,80
45 à 59 ans -0,12 0,88 -0,02 0,52
60 ans et plus -0,17 0,83 -0,04 0,37
Niveau
d’instruction
Aucun (réf.) _ _ _ _
Primaire -0,18 0,82 -0,04 0,07
Secondaire -0,72 0,48 -0,17 0,00
Supérieur -1,41 0,24 -0,28 0,00
Taille du ménage
1 à 3 personnes _ _ _ _
(réf.)
4 à 6 personnes 0,94 2,58 0,22 0,00
7 à 9 personnes 1,55 4 ,72 0,36 0,00
10 personnes et 2,00 7,39 0,44 0,00
plus
Milieu de
résidence
Rural (réf.) - - - -
Urbain -0,39 0,67 -0,09 0,00
Caractéristiques
économiques
Branche
d’activité
Agriculture (réf.) _ _ _ _
Mines, BTP, 0,50 1,66 0,12 0,00
industrie
commerce -0,10 0,89 -0,02 0,34
services -0,25 0,77 -0,06 0,00
Sans emploi 0,22 1,24 0,05 0,05
Effectif des 0,05 1,06 0,01 0,11
rémunérés
Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Influence du sexe du chef de ménage :


Au seuil de 10%, la variable « sexe du chef de ménage » est statistiquement significative. Le
signe négatif du coefficient associé nous renseigne sur le fait que les ménages dirigés par les
femmes ont plus de chance d’être pauvre.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :


Au seuil de 10%, toutes les modalités du niveau scolaire achevé du chef de ménage sont
significatives. Relativement aux ménages dirigés par des chefs sans instruction, les ménages
dont le chef justifie d’un niveau primaire, secondaire ou supérieur sont moins sujets à la
pauvreté.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :


Les régressions que nous avons effectuées nous amènent à conclure à la non significativité de
la variable « classe d’âge du chef de ménage ». Ainsi l’âge du chef de ménage semble n’avoir
aucune influence sur le statut de pauvreté.

Influence de la taille du ménage :


La variable taille du ménage est significative. Au vu des signes des coefficients pour chaque
catégorie, la pauvreté d’être pauvre pour un ménage augmente avec sa taille.
Influence de l’effectif des rémunérés :
Cette variable est aussi significative au seuil de 10%. Paradoxalement, nous remarquons que
la probabilité d’être pauvre augmente avec l’effectif des rémunérés. Ce résultat peut
s’expliquer par le fait que le ménage influe négativement sur le statut de pauvreté :
l’augmentation du nombre de rémunérés, bien que génératrice de nouveaux revenus, est
contrecarré par l’effet d’augmentation de la taille du ménage.

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :


La catégorie de référence ici est la branche « agriculture ». La seule modalité non significative
au seuil de 10% est la branche « commerce ». Ainsi par rapport au secteur agricole, le secteur
« service » semble moins exposé à la pauvreté au contraire du secteur « industrie, mines et
btp » qui apparaît comme défavorisé par rapport à l’agriculture.
Sans surprise, les « sans emploi » sont relativement plus touchés par la pauvreté.

Influence du milieu de résidence :

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

A ce niveau encore, la variable est significative. Le signe du coefficient permet de dire que les
ménages du milieu urbain sont moins vulnérables à la pauvreté que les ménages du milieu
rural.
3.2.2.2 - Au niveau des milieux de résidence
Tableau 6: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles selon le milieu de résidence

Milieu de Milieu urbain Milieu rural


résidence
Variable Statut de pauvreté Statut de pauvreté
dépendante

Nombre 3015 1240


d’observations
Prob > chi2 0,00 0,00
Variables Cœf Odds Effet significativité Cœf Odds Effet significativité
explicatives ratio marginal ratio marginal
constante -0,7 _ _ 0,03 -0,01 _ _ 0,96
caractéristiques
démographiques
sexe
Homme -0,04 0,95 -0,009 0,7 -0,27 0,76 -0,06 0,09
Femme (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Groupe d’âge
Moins de 25 ans _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
25 à 44 ans 0,20 1,22 0,04 0,48 -0,44 0,64 -0,11 0,16
45 à 59 ans 0,07 1,07 0,01 0,81 -0,52 0,59 -0,13 0,11
60 ans et plus -0,12 0,88 -0,02 0,69 -0,43 0,64 -0,10 0,21
Niveau
d’instruction
Aucun (référence) _ _ _ _ _ _ _ _
Primaire -0,34 0,71 -0,07 0,02 -0,09 0,90 -0,02 0,60
Secondaire -0,83 0,43 -0,18 0,00 -0,69 0,49 -0,17 0,00
supérieur -1,56 0,20 -0,28 0,00 -1,81 0,16 -0,38 0,00
Taille du ménage
1 à 3 personnes _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
4 à 6 personnes 1,03 2,82 0,23 0,00 1,16 3,20 0,27 0,00
7 à 9 personnes 1,76 5,8 0,41 0,00 1,61 5,04 0,35 0,00
10 personnes et 2,27 9,7 0,5 0,00 2,13 8,49 0,40 0,00
plus
Caractéristiques
économiques
Branche
d’activité
Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Mines, BTP, -0,32 0,72 -0,07 0,05 1,17 3,22 0,27 0,00
industrie
commerce -0,40 0,66 -0,08 0,00 -0,48 0,61 -0,11 0,05
services -0,64 0,52 -0,14 0,00 -0,31 0,72 -0,07 0,10
Sans emploi -0,09 0,90 -0,02 0,53 0,36 1,43 0,08 0,20
Effectif des 0,08 1,08 0,01 0,03 0,02 1,02 0,006 0,72
rémunérés
Source : ECOM 2005, nos calculs

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¾ Au niveau du milieu urbain

Influence du sexe du chef de ménage :


Au seuil de 10%, il y a assez d’évidence pour dire que le sexe du chef de ménage n’a aucune
influence sur le statut de pauvreté. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les niveaux de
vie sont relativement plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural et que le graphique de
dominance stochastique du premier ordre montre que l’écart se réduit dans les derniers déciles
de dépenses de consommation finale.
Ce résultat nous permet donc de dire que les inégalités de genre en terme de pauvreté
monétaire sont moins accentuées dans le milieu urbain.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :


La variable niveau d’instruction demeure très significative. Les ménages dirigés par des chefs
justifiant d’un niveau d’instruction sont relativement moins exposés à la pauvreté par à ceux
où le chef n’a aucun niveau.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :


Ici encore il y assez d’évidence pour dire que la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune
influence sur le statut de pauvreté.

Influence de la taille du ménage :


Toutes les modalités de la variable « taille du ménage » sont significatives même au seuil de
1%. Une fois encore nous constatons que la probabilité d’être pauvre augmente avec la taille
du ménage

Influence de l’effectif des rémunérés :


Il y a assez d’évidence pour dire que le nombre de rémunérés influe sur le statut de pauvreté.
Une fois de plus, le statut de pauvreté se détériore avec l’augmentation du nombre de
rémunérés dans le ménage.

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :


Ici la seule modalité non significative est celle des « sans emploi ». La modalité référence
demeure la branche « agriculture ». Ici nous remarquons que les ménages dont le chef

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travaille dans les secteurs « industrie, mines et btp », « commerce » et « service » sont
relativement favorisés par rapport à ceux du secteur « agriculture ».

¾ Au niveau du milieu rural


Le tableau ci-dessus nous permet de dégager les résultats suivants :
Influence du sexe du chef de ménage
Il y a assez d’évidence pour conclure à la significativité de la variable « sexe du chef de
ménage ». De plus nous constatons que les ménages dirigés par les femmes sont plus
vulnérables à la pauvreté que ceux dirigés par les hommes.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :


La classe d’âge du chef de ménage est une variable non significative.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :


Les modalités significatives ici sont « secondaire » et « supérieur ». Les ménages dont les
chefs appartiennent à ces modalités semblent moins exposés à la pauvreté par rapport à ceux
dont le chef n’a aucun niveau d’instruction.
Nous notons ici la non significativité de la modalité « primaire ». Ainsi un niveau d’éducation
se limitant au primaire ne semble pas contribuer significativement à l’amélioration des
conditions de vie en milieu rural

Influence de la taille du ménage :


Toutes les modalités de cette variable sont significatives. Nous constatons que, toutes choses
étant égales par ailleurs, la probabilité d’être pauvre augmente avec la taille du ménage.

Influence de l’effectif des rémunérés :


Il y assez d’évidence pour conclure à la non significativité de cette variable

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :


Seules les « industrie, mines et BTP » et « commerce » sont significatives. Relativement au
secteur « agriculture », la branche « commerce » présente une probabilité de pauvreté plus
élevée, toutes choses égales par ailleurs. La branche « industrie, mines et BTP » présente à
elle une probabilité de pauvreté moins élevée relativement au secteur « agriculture ».

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3.2.3 - ANALYSE DE LA PAUVRETÉ DIFFÉRENCIÉE SELON LE


SEXE DU CHEF DE MÉNAGE :
Cette analyse distingue les hommes des femmes au sein de chaque milieu. Elle évite
ainsi toute interférence des caractéristiques d’un groupe sur l’autre.
3.2.3.1 - Cas du milieu urbain
Tableau 7: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu urbain selon le sexe du chef
de ménage

Sexe du chef de Masculin Féminin


ménage
Variable Statut de pauvreté Statut de pauvreté
dépendante

Nombre 2319 728


d’observations
Prob > chi2 0,00 0,00
Variables Cœf Odds Effet significativité Cœf Odds Effet significativité
explicatives ratio marginal ratio marginal
constante -1,07 _ _ 0,01 -0,01 _ _ 0,87
caractéristiques
démographiques
Groupe d’âge
Moins de 25 ans _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
25 à 44 ans 0,38 1,46 0,08 0,29 -0,44 1,06 0,01 0,89
45 à 59 ans 0,35 1,43 0,08 0,33 -0,52 0,68 -0,08 0,46
60 ans et plus -0,03 0,96 -0,008 0,92 -0,43 0,74 -0,06 0,59
Niveau
d’instruction
Aucun (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Primaire -0,04 0,95 -0,01 0,82 -0,09 0,43 -0,17 0,00
Secondaire -0,70 0,49 -0,15 0,00 -0,69 0,43 -0,19 0,00
supérieur -1,42 0,23 -0,26 0,00 -1,81 0,27 -0,24 0,00
Taille du ménage
1 à 3 personnes _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
4 à 6 personnes 0,90 2,46 0,20 0,00 1,16 2,71 0,23 0,00
7 à 9 personnes 1,55 4,71 0,36 0,00 1,61 7,30 0,45 0,00
10 personnes et 2,06 7,89 0,47 0,00 2,13 6,72 0,43 0,00
plus
Caractéristiques
économiques
Branche
d’activité
Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Mines, BTP, -0,22 0,79 -0,04 0,25 1,17 0,60 0,07 0,15
industrie
commerce -0,52 0,59 -0,10 0,01 -0,48 0,69 0,05 0,13
services -0,50 0,60 -0,11 0,00 -0,31 0,282 0,05 0,00
Sans emploi 0,11 1,12 0,02 0,56 0,36 0,53 0,05 0,02
Effectif des 0,09 1,10 0,02 0,06 0,02 0,99 -0,00 0,98
rémunérés
Source : ECOM 2005, nos calculs

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Les résultats de ces régressions nous montrent que, en milieu urbain, pour les ménages
dirigés par les hommes comme pour ceux dirigés par les femmes :
- la probabilité d’être pauvre croit avec la taille du ménage,
- la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune influence sur le statut de pauvreté,
Les différentes se présentent au niveau du niveau d’instruction, de l’effectif des rémunérés et
de la branche d’activité.
Au niveau de l’éducation, tandis que la modalité « primaire » est non significative chez les
hommes, chez les femmes chefs de ménage elle présente une significativité même au seuil de
1%. Ainsi les femmes justifiant d’un niveau de scolarisation primaire sont moins exposées à
la pauvreté que les femmes n’ayant aucun niveau de scolarisation : la propension est
d’environ 67% moindre.
Au niveau de l’effectif des rémunérés : cette variable est significative chez les hommes
tandis qu’elle ne l’est pas chez les femmes.
Les ménages dirigés par les hommes semblent donc beaucoup plus sensibles à une
augmentation de leur effectif puisque leur probabilité d’être pauvre augmente avec ce dernier.
Par contre, l’effectif ne semble pas influer sur la probabilité de pauvreté des ménages dirigés
par les femmes.
Au niveau de la branche d’activité, les différences se situent au niveau de la modalité
« sans emploi » et « commerce » :
La modalité « sans emploi » est non significative pour les hommes tandis qu’elle est
significative chez les femmes. Ainsi, relativement aux ménages du secteur de l’agriculture, les
ménages dirigés par une femme « sans emploi » se voient défavorisés tandis qu’il n’existe pas
de différence pour ceux dirigés par les hommes « sans emploi ».
La modalité « commerce » est non significative chez les femmes tandis qu’elle est
significative chez les hommes. Relativement aux ménages dirigés par les femmes du secteur
agricole, les ménages dirigés par les femmes du secteur du commerce ne voient pas leur
situation s’améliorer. Par contre, la probabilité de pauvreté pour les hommes du secteur du
commerce diminue relativement à celle des hommes du secteur agricole.

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3.2.3.2 - Cas du milieu rural

Les deux modèles spécifiés dans le cas du milieu rural nous apportent les informations
suivantes :
Tableau 8: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu rural selon le sexe du chef de
ménage

Sexe du chef de Masculin Féminin


ménage
Variable Statut de pauvreté Statut de pauvreté
dépendante

Nombre 1522 433


d’observations
Prob > chi2 0,00 0,00
Variables Cœf Odds Effet significativité Cœf Odds Effet significativité
explicatives ratio marginal ratio marginal
constante -0,29 _ _ 0,36 -0,71 _ _ 0,16
caractéristiques
démographiques
Groupe d’âge
Moins de 25 ans _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
25 à 44 ans -0,32 0,72 -0,08 0,26 -0,44 -0,04 -0,01 0,92
45 à 59 ans -0,41 0,66 -0,10 0,17 -0,52 -0,16 -0,03 0,75
60 ans et plus -0,44 0,64 -0,10 0,15 -0,43 0,15 0,03 0,78
Niveau
d’instruction
Aucun (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Primaire -0,05 0,94 -0,01 0,74 -0,09 -0,14 -0,03 0,65
Secondaire -0,64 0,52 -0,15 0,00 -0,69 -0,57 -0,14 0,08
supérieur -1,39 0,24 -0,30 0,00 -1,81 -1,40 -0,32 0,24
Taille du ménage
1 à 3 personnes _ _ _ _ _ _ _ _
(réf.)
4 à 6 personnes 0,95 2,61 0,23 0,00 1,16 1,32 0,30 0,00
7 à 9 personnes 1,35 3,87 0,31 0,00 1,61 2,13 0,39 0,00
10 personnes et 1,70 5,52 0,36 0,00 2,13 2,45 0,39 0,00
plus
Caractéristiques
économiques
Branche
d’activité
Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _
Mines, BTP, 0,78 2,19 0,19 0,00 1,17 1,92 0,39 0,00
industrie
commerce -0,32 0,72 -0,08 0,19 -0,48 0,00 0,00 1,00
services -0,29 0,74 -0,07 0,07 -0,31 -0,03 -0,00 0,95
Sans emploi 0,12 1,13 0,03 0,63 0,36 1,46 0,89 0,00
Effectif des 0,06 1,06 0,01 0,33 0,02 -0,15 -0,03 0,16
rémunérés
Source : ECOM 2005, nos calculs

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Les résultats de ces régressions nous montrent que, en milieu rural, pour les ménages
dirigés par les hommes comme pour ceux dirigés par les femmes :
- la probabilité d’être pauvre croit avec la taille du ménage,
- la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune influence sur le statut de pauvreté,
- l’effectif des rémunérés n’influe pas sur la probabilité de pauvreté.
Les différentes se présentent au niveau du niveau d’instruction et de la branche d’activité.
Au niveau de l’éducation, tandis que la modalité « supérieur » est non significative chez
les femmes, chez les hommes chefs de ménage elle présente une significativité même au seuil
de 1%. Ainsi les hommes justifiant d’un niveau d’éducation du supérieur sont moins exposés
à la pauvreté que leurs hommes n’ayant aucun niveau de scolarisation : la propension est
d’environ 76% moindre.
Cette différence ne s’observe pas dans le cas des ménages dirigés par les femmes.

Au niveau de la branche d’activité, les différences se situent au niveau de la modalité


« sans emploi » et « services » :
La modalité « sans emploi » est non significative pour les hommes tandis qu’elle est
significative chez les femmes. Ainsi relativement aux ménages du secteur de l’agriculture, les
ménages dirigés par une femme « sans emploi » se voient défavorisés tandis qu’il n’existe pas
de différence pour ceux dirigés par les hommes « sans emploi ».
La modalité « services » est non significative chez les femmes tandis qu’elle est significative
chez les hommes. Relativement aux ménages dirigés par les femmes du secteur agricole, les
ménages dirigés par les femmes du secteur des services ne voient pas leur situation
s’améliorer. Par contre, la probabilité de pauvreté pour les hommes du secteur des services
diminue relativement à celle des hommes du secteur agricole.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Au vu des différents résultats caractérisés précédemment, il ressort que les principaux


traits de la pauvreté se déclinent comme suit :
ƒ la pauvreté monétaire touche 42,3% des ménages congolais, représentant une
population totale de 1 779 300 personnes, soit 50,1% de la population totale du pays.
ƒ Ces ménages pauvres se retrouvent le plus souvent dans les milieux semi urbain, rural
et à Brazzaville.
ƒ L’âge moyen des chefs de ménages pauvres est de 48 ans (47 ans chez les hommes et
50 ans chez les femmes).
ƒ Les ménages gérés par des femmes comportent relativement plus de pauvres que ceux
dirigés par des hommes.
ƒ Les ménages de grande taille (monoparental élargi, famille élargie, monoparental
nucléaire et couples avec enfants) se distinguent avec des niveaux de pauvreté les plus
élevés.
ƒ Le niveau d’instruction permet de faire la distinction entre les pauvres et les non
pauvres et le ratio de pauvreté baisse avec l’augmentation du niveau d’instruction.
ƒ L’examen du niveau d’instruction permet de constater que les pauvres sortent en
général assez tôt du système éducatif et ne dépassent que rarement le niveau d’études
primaires. La principale raison de cette situation est financière. En conséquence, on
dénombre parmi les pauvres une part plus importante d’individus de 15 ans et plus qui
ne sont pas alphabétisés.
ƒ La situation dans l’activité montre que les inactifs sont la catégorie de la population la
plus exposée à la pauvreté.
ƒ Dans le groupe des actifs occupés, les chefs de ménages travaillant dans les secteurs
de l’agriculture, du BTP, des mines et des industries de transformation sont le plus
confrontés à des conditions de vie difficiles. Cette situation est aggravée lorsqu’ils
opèrent dans des activités non formelles. Les pauvres sont en particulier identifiés
comme travailleurs pour compte propre opérant principalement dans des activités
agricoles ou exerçant des petits métiers dans le secteur informel.
ƒ On constate que le tissu économique des actifs occupés de 15 ans et plus est plus ou
moins homogène, ventilé entre des activités agricoles majoritaires (35%), des activités

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

de transformation/BTP/mines (21%), des activités commerciales (21%) et des activités


de services(23%).
ƒ Le chômage est particulièrement préoccupant au Congo puisqu’il touche 19,4% des
individus de 15 ans et plus, mais se situe à plus de 31% à Brazzaville et à Pointe-
Noire. Le chômage touche plus souvent les femmes (20,6%) que les hommes (18,1%)
et affecte surtout les jeunes de moins de 30 ans.

AXES DE RECOMMANDATION POUR LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LA


PAUVRETE
Les principaux résultats dégagés précédemment nous permettent de formuler les
recommandations suivantes :

Dans le domaine de l’éducation


ƒ Accroître le nombre de classes et/ou d’établissements scolaires primaires dans le
milieu urbain afin de remédier au phénomène des effectifs pléthoriques ;
ƒ Encourager les parents d’élèves, surtout les plus pauvres à laisser plus longtemps leurs
enfants dans le cursus scolaire en améliorant la qualité de l’offre d’éducation
(disponibilité et facilité d’acquisition des livres et des fournitures scolaires, meilleure
gestion des effectifs scolaires, meilleur entretien des établissements scolaires,
mobilisation des enseignants du milieu rural à leur poste, etc.) et en réexaminant à la
baisse les coûts des services d’éducation ;
ƒ Améliorer les conditions de travail des enseignants et augmenter leurs effectifs ;
ƒ Investir dans le renforcement des capacités des enseignants par le biais des formations
qualifiantes et autres formations assimilées ;
ƒ Contribuer à rapprocher et/ou à accroître l’effectif des structures publiques
d’éducation du lieu de résidence des ménages dans les milieux ruraux où une bonne
frange de ces derniers a accès à ces structures en plus d’une heure ;
ƒ Développer des programmes alternatifs d’éducation pour les enfants exclus très tôt du
système éducatif mais aussi pour les adultes en activité n’ayant jamais été à l’école ;

Dans le domaine de la santé


ƒ Renforcer les campagnes de sensibilisation en matière de planning familial,
notamment dans les zones rurales. En effet, si aucune mesure n’est prise rapidement,

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

la croissance démographique risque sérieusement de compromettre le développement


du pays ;

Dans le domaine de l’emploi


ƒ Un intérêt particulier devra également être accordé à la situation des femmes, qu’elles
proviennent des milieux urbains ou des milieux ruraux pour leur garantir des moyens
d’existence durables ;
ƒ Contribuer à une meilleure identification des activités informelles ainsi que leurs
caractéristiques ;
ƒ Promouvoir le développement des activités agricoles qui sont encore très faiblement
valorisées dans le pays. En effet, à peine 35% des actifs occupés de 15 ans et plus
exercent dans le secteur agricole, seulement 22% exploitent des terres qui ne leurs
appartiennent pas, 1,5% pratiquent la pisciculture, 4,2% la pêche et 5,5%
l’exploitation forestière. L’élevage du gros bétail est quasiment absent et seulement
26% des ménages élèvent de la volaille ;
ƒ Tirer un meilleur profit des opportunités dont bénéficie le pays. En effet, le pays
dispose d’importantes ressources naturelles (agricoles, halieutiques, hydrauliques ou
minières) mais qui sont très faiblement exploitées. En jouant sur la diversification «
naturelle » des activités économiques par branche constatée dans le pays, il est
possible, moyennant des mesures appropriées d’accompagnement, de promouvoir un
entrepreneuriat privé dynamique dans des secteurs autres que pétroliers et de
l’exploitation forestière ;
ƒ Accroître le développement des activités agricoles en adoptant des mesures
réglementaires favorables au développement de la production nationale ;
ƒ Contribuer à la maîtrise des prix des produits de première nécessité afin d’encourager
la consommation et réduire l’autoconsommation qui freine la croissance économique ;
ƒ Promouvoir le développement des petites entreprises individuelles non agricoles qui
sont le plus souvent des activités à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), surtout
dans le milieu rural où plus de 50% des ménages s’y investissent.

CONCLUSION
Comme le note KAMITEWOKO (2006), la réduction du phénomène de pauvreté
passe par l’adoption d’une démarche globale qui intègre le changement de comportement et
l’utilisation de l’approche genre à tous les niveaux.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 65
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

Cette approche induirait assurément l’amélioration des conditions de vie des femmes
et par conséquent celle de la famille pour un développement équitable et durable.
L’élimination à tous les niveaux des inégalités de toutes natures implique que l’approche
genre fasse effectivement partie intégrante des paramètres de réduction de la pauvreté en
raison de son influence sur les rapports sociaux et que le changement institutionnel s’opère
progressivement en faveur de l’utilisation de l’intégration de l’approche genre dans les
politiques et programmes.

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006


Elève Ingénieur Statisticien Economiste 66
Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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ANNEXES

ANNEXE 1 : JUSTIFICATION DU CHOIX DU SEUIL


CALORIQUE NORMATIF

Tableau 9: Besoins énergétiques moyens de la population et incréments énergétiques recommandés (Kcal


par jour) compte tenu des niveaux d’activité et de la température ambiante.

Valeurs
(Kcal)

1. Besoins énergétiques moyens 2070

2. Ajustement des besoins en fonction du niveau d’activité physique


d’un adulte (18 ans et plus)
Activité modérée
Hommes + 360
Femmes + 100
Population entière (adultes et enfants) + 140

Activité intense
Hommes + 850
Femmes + 330
Population entière (adultes et enfants) + 350

3. Ajustement des besoins en fonction de la température journalière


moyenne (°C)
20° -
15° + 100
10° + 200
5° + 300
0° + 400
Source : PAM

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Tableau 10: Besoin Energétique utilisé par quelques pays pour le calcul du seuil de pauvreté

Pays Besoin énergétique


1 990 Kcal
TOGO 2 000 Kcal
2 080 Kcal
BENIN 2 400 Kcal
BURKINAFASO 2 283 Kcal
BURUNDI 2 400 Kcal
CAMEROUN 2 900 Kcal
COMORES 2 160 Kcal
CONGO 2 450 Kcal
GABON 2 100 Kcal
GUINEE 2 100 Kcal
SENEGAL 2 400 Kcal
MALI 2 450 Kcal
Source : PAM

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ANNEXE 2 : DÉPENSES TOTALES ET STRUCTURE DU


PANIER - ECOM 2005
Tableau 11: Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005

Dépenses
Valeur
alimentaires % dans les Quantité
Effectif Calorique de la
Codes Annuelles dépenses Journalière
Rang Produits Population Consommation
produits totales totales des Par jour
(équivalent Adulte) journalière
(Milliards ménages (équivalent Adulte)
(équivalent adulte)
de F CFA)
1 011125 Farine de manioc 42,4 8,0 1 968 004 0,19 203,9
2 011737 Manioc cuit 37,0 15,0 1 958 991 0,28 124,6
3 011115 Riz 27,6 20,1 1 754 931 0,10 110,5
4 011522 Huile d’arachide 20,6 24,0 2 222 091 0,04 95,2
5 011326 Autres poissons salés et séchés (Congre) 20,3 27,8 1 370 397 0,02 15,9
6 011320 Hareng fumé 18,4 31,3 1 170 768 0,04 41,4
7 011325 Autres poissons d’eau douce fumé (Silure) 18,0 34,7 853 158 0,02 19,2
8 011310 Chinchard frais 17,1 37,9 986 824 0,04 18,0
9 011212 Viande de bœuf fraîche 17,0 41,1 813 464 0,02 16,7
10 011313 Autres poissons de mer frais (Massoundji ) 16,9 44,3 754 047 0,08 24,3
11 011314 Autres poissons d’eau douce frais (Carpe) 14,8 47,1 722 343 0,04 11,3
12 011242 Poulet congelé 14,7 49,8 705 628 0,04 25,1
13 011143 Pain de blé industriel en baguette (boma ngai) 12,9 52,3 1 214 351 0,04 37,6
14 011715 Mfumbu/coco (gnetum ≈ Feuille de manioc) 12,1 54,5 1 949 988 0,01 0,9
15 011311 Hareng frais 11,6 56,7 702 126 0,06 17,5
16 011245 Morceaux de poulets (cuisses) 9,2 58,5 574 294 0,03 21,0
17 011712 Oignons/Ciboule (oignons) 9,1 60,2 2 145 775 0,01 1,4
18 011521 Huile de palme 9,1 61,9 1 235 258 0,04 109,7
19 011719 Autres légumes frais (Bari ≈ Amarante de couleur verte) 8,3 63,4 1 447 220 0,05 5,4
20 011412 Lait en poudre 8,1 65,0 1 246 848 0,19 278,4
21 011711 Feuille de manioc 7,9 66,5 1 121 957 0,11 28,8
22 011721 Haricot sec (blanc) 7,2 67,8 884 009 0,02 20,9
23 011531 Pâte d’arachide locale 7,1 69,2 1 604 237 0,01 23,2
24 011726 Noix de palme 7,0 70,5 1 196 701 0,12 198,0
25 011812 Sucre en poudre 6,6 71,7 1 131 305 0,03 32,3
26 011142 Pain de blé industriel en baguette (petit pain) 6,3 72,9 595 801 0,04 34,7
27 011714 Tomate fraîche 5,9 74,0 1 441 903 0,02 1,0
28 011252 Gibier frais (Sanglier) 5,9 75,1 352 487 0,01 5,2
29 011718 Concentré de tomate 5,8 76,2 1 500 918 0,01 1,9
30 011214 Abats et tripes de bœuf (estomac) 5,7 77,3 456 132 0,29 73,4
31 011154 Beignet à base de farine de blé 5,5 78,3 938 399 0,03 27,6
32 011732 Manioc (tubercule) 5,4 79,3 310 811 0,25 109,5
33 011324 Autres poissons de mer fumés (Chinchard) 5,1 80,3 381 479 0,04 21,8
34 011141 Pain de blé local artisanal 4,8 81,2 451 862 0,05 43,2
35 011903 Cube (maggi) 4,3 82,0 1 640 003 0,00 0,8
36 011902 Sel 4,0 82,8 1 393 118 0,02 0,0
37 011731 Banane plantain 3,8 83,5 300 406 0,12 47,2
38 011717 Endive 3,6 84,2 665 463 0,08 7,5
39 011811 Sucre en morceaux 3,5 84,8 752 260 0,02 18,5
40 011312 Silure frais 2,6 85,3 156 251 0,02 5,2
41 011321 Nzombo fumé (Lotte fumée) 2,5 85,8 195 323 0,01 2,4
42 011730 Cossettes de manioc 2,3 86,2 119 456 0,41 425,2
43 011254 Gibier fumé (Gazelle) 2,3 86,7 171 302 0,01 5,1
44 011713 Epinard 2,3 87,1 586 735 0,03 3,3
45 011234 Abats et tripes de porc (pieds) 2,2 87,5 179 039 0,03 37,7
46 011710 Oseille 2,1 87,9 780 601 0,02 2,4
47 011323 Thon salé et séché 2,1 88,3 220 692 0,01 8,9
48 011724 Arachide décortiquée 2,1 88,7 468 171 0,02 32,4
49 011327 Conserves de poissons (sardines) 2,0 89,1 272 949 0,06 37,7
50 011431 Œufs frais de poule 2,0 89,4 303 439 0,01 3,7
51 012101 Café (Nescafé) 1,9 89,8 501 375 0,11 12,5
Total 477,3 - - - 2450,0

Source : Enquête Congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

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ANNEXE 3 : APERÇU DE QUELQUES APPROCHES


CONCEPTUELLES

1.1 Ménage et chef de ménage (CM)

L'ECOM définit le ménage comme étant un ensemble de personnes apparentées ou non, qui
mettent en commun leurs ressources et satisfont ensemble à l’essentiel de leurs besoins
alimentaires et autres besoins vitaux et qui reconnaissent l’autorité d’un même individu
appelé chef de ménage. Elles habitent généralement sous le même toit.

1.2 Groupes socio-économiques du chef de ménage

Le groupe socio-économique du chef de ménage se définit essentiellement par rapport à


l’activité principale du chef de ménage. Dans la présente étude, les groupes suivants ont été
retenus :

• Salariés du public

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est salarié du service public ou para -
public.

• Salariés du privé

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est salarié du secteur privé structuré ou
non.

• Employeurs

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est employeur dans un secteur d’activité
non agricole.

• Travailleurs pour Compte Propre non agricoles (TCP-non agricoles)

Groupe socio-économique dont le chef de ménage travaille pour son propre compte dans un
secteur d’activité non agricole.

• Travailleurs pour Compte Propre agricoles (TCP-agricoles)

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Groupe socio-économique dont le chef de ménage travaille pour son propre compte dans un
secteur agricole.

• Autres employés

Groupe socio-économique dont le chef de ménage occupe un emploi autre que les cinq
emplois cités auparavant.

• Sans emploi

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est soit chômeur, soit inactif.

Indicateurs sur l’emploi

La population active : regroupe la population ayant un emploi (actif occupé) et les


chômeurs.

Le taux d’activité Rapport de l’effectif de la population active à l’effectif de la population en


âge de travailler (population de 15 ans et plus dans le cadre de la présente édition de
l’ECOM).

Les chômeurs : personnes (en âge de travailler) n’ayant pas travaillé (ne serait-ce qu’une
heure) pendant la semaine de référence (7 derniers jours précédant l’enquête), ayant recherché
un emploi au cours du mois précédant l’enquête et disponibles immédiatement pour travailler.
La population inactive, les élèves/étudiants (principalement) et les retraités ne sont pas
considérés comme des chômeurs.

Le taux de chômage : Rapport du nombre des chômeurs à l’effectif de la population active.

Taux de dépendance : Rapport de l’effectif total des inactifs et des chômeurs à l’effectif de
la population active occupée. Il mesure le nombre moyen d’inoccupés à la charge d’un actif
occupé.

Le taux de sous-emploi visible : Rapport du nombre d’actifs occupés ayant travaillé moins
de 35 heures au cours de la semaine de référence à l’effectif de la population active occupée.

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Taux de sous-emploi invisible : Rapport du nombre d’actifs occupés gagnant moins que le
salaire minimum horaire à l’effectif de la population active occupée.

Taux de sous-emploi global : Rapport de l’effectif total des actifs occupés en situation de
sous emploi (visible ou invisible) et des chômeurs à l’effectif de la population active occupée.

Principaux indicateurs d’éducation

Le taux d’alphabétisation des adultes Rapport de l’effectif des individus de 15 ans et plus
sachant lire et écrire à la population totale des individus de 15 ans et plus.

Le taux d’alphabétisation juvénile taux d’alphabétisation estimé dans le groupe des


individus âgés de 15 à 24 ans.

Ecole primaire

Les estimations concernant l’école primaire se rapportent aux enfants âgés de 6 à 11 ans.

¾ L'accès est défini pour les enfants vivant dans des ménages situés à moins de 30
minutes de marche d'une école primaire (CP1 à CM2),
¾ Le taux net de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants de 6-
11 ans inscrits au primaire sur l’effectif total des enfants de 6-11 ans.
¾ Le taux brut de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants
inscrits à un niveau d’études primaires (indépendamment de leurs âge) sur
l’effectif total des enfants de 6-11 ans.
¾ La satisfaction concerne les enfants actuellement à l'école primaire et qui n'ont
cité aucune cause d'insatisfaction par rapport à l'école où ils sont inscrits.

Ecole secondaire

Les estimations concernant la scolarisation au secondaire se rapportent aux enfants âgés de 12


à 18 ans.

¾ L'accès est défini pour les enfants vivant dans des ménages situés à moins de
30 minutes de marche d'une école secondaire (6ème à la Terminale),
¾ Le taux net de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants
de 12-18 ans inscrits au secondaire sur l’effectif total des enfants de 12-18 ans.

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¾ Le taux brut de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants
inscrits à un niveau d’études secondaires (indépendamment de leurs âge) sur
l’effectif total des enfants de 12-18 ans.
¾ La satisfaction concerne les enfants actuellement à l'école secondaire et qui
n'ont cité aucun problème.

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ANNEXE 4 : RÉSULTATS DES RÉGRESSIONS


EFFECTUÉES
Analyse non différenciée selon le sexe du chef de ménage

Tableau 12: Résultats de la régression pour l’ensemble de l’échantillon

Source : ECOM 2005, nos calculs.

Tableau 13: Résultats de la régression pour le milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 14: Résultats de la régression pour le milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs.

Analyse différenciée selon le sexe du chef de ménage

Tableau 15: Résultats de la régression pour les hommes en milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 16: Résultats de la régression pour les femmes en milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs.

Tableau 17: Résultats de la régression pour les hommes en milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 18: Résultats de la régression pour les femmes en milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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