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GROUPE-ISM

GRADUATE PROGRAM

Sujet :
L’IMPACT DES ONG A CARACTERE HUMANITAIRE
EN TEMPS DE CONFLITS ARMES EN AFRIQUE :
CAS DU CICR

Prénom : Bile Marie-Rolande Louise


Nom: ANET
Diplôme : Master in Business Administration (MBA)
Spécialisation : Sciences politiques, relations internationales et géostratégie
Nom de l’encadreur : Samuel Joseph FAYE
Session et année de soutenance : Décembre 2019

1
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

GROUPE-ISM

Sujet :
L’IMPACT DES ONG A CARACTERE HUMANITAIRE
EN TEMPS DE CONFLITS ARMES EN AFRIQUE :
CAS DU CICR

Présenté par : Bile Marie Rolande Louise ANET


Sous la direction de : Samuel Joseph FAYE

2
DEDICACE

Je dédie ce mémoire à :

Ma mère

Maman aucune dédicace, aucun mot ne saurait exprimer le merci de mon cœur, mon respect,
mon amour éternel et ma considération pour les sacrifices que tu as consenti pour mon
instruction et mon bien être.
Que ce modeste travail soit l’exaucement de tes prières et le témoignage du fruit de tes
innombrables sacrifices.
Merci Maman pour tout.

3
REMERCIEMENTS

Mes remerciements s’adressent :

À mon père ANET Kamelan Jean Jacques que je remercie du fond du cœur pour ses conseils
et encouragements.
À ma mère KOFFI Amenan Marie Yolande pour son amour, son soutien indéfectible.
À ma sœur ANET Raïssa pour son soutien et ses prières.
À mon Fiancé ABO Kouassi Parfait qui n’a cessé de m’encourager, et de m’aider afin que je
termine cette formation.

Je tiens aussi à exprimer ma profonde reconnaissance à ma défunte belle maman Pinto marie
Louise qui a toujours cru en moi et qui m’a montré la voie à suivre.

J’adresse un très particulier remerciement à mon encadreur Samuel Joseph FAYE pour ses
orientations éclairées et son aide.

Je remercie également l’ensemble du corps professoral de l’Institut Supérieur de Management


pour les précieux enseignements dispensés avec rigueur et professionnalisme.

Pour finir, je remercie toutes les personnes m’ayant apporté de près ou de loin une aide à
l’établissement de ce mémoire, de quelque nature qu’elle soit.

A vous tous, merci du fond du cœur.

4
SIGLES ET ABREVIATIONS

ASAH : Association au service de l’action humanitaire

CICR : Comité International de la Croix-Rouge

CPI : Cour Pénale Internationale

CRID : Centre de recherche et d’information pour le développement

DIH : Droit international humanitaire

GRET : Organisation non gouvernementale à Dakar

MSF : Médecin sans frontières

OMS : Organisation mondiale de la santé

ONG : Organisation non Gouvernementale

ONU : Organisation des nations unies

OSI : Organisations de Solidarité internationale

OXFAM : Oxford Committee for Famine Relief

RDC : République Démocratique du Congo

SN : Société nationale

5
SOMMAIRE

INTRODUCTION .......................................................................................................... page 7

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ....... page 12

DEUXIEME PARTIE : CADRE ORGANISATIONNEL ET CONCEPTUEL .... page 29

TROISIEME PARTIE : CADRE ANALYTIQUE ................................................... page 80

RECOMMANDTIONS .............................................................................................. page 106

CONCLUSION ........................................................................................................... page 116

6
INTRODUCTION

7
Ces dernières décennies ont été marquées par une multiplication des conflits internes dans le
monde. Si depuis la chute du mur de Berlin les zones de conflits armés sont très vastes il y a
nécessité de penser les nouveaux conflits et ceux-ci sont spécialement importants en Afrique.

En effet, depuis la fin de la guerre froide en 1989, plus de 60 conflits armés ont fait des centaines
de milliers de morts et 17 millions de réfugiés. On estime que pour 11 pays en conflits durant
les années 90 (Soudan, Ethiopie, Ouganda, Mozambique, Angola, Liberia, Sierra Leone,
Burundi, Rwanda, Congo) le nombre de morts serait de 3,8 à 6,8 millions soit 2,4 à 3,8 % de
leur population (155 millions d’habitants).1 La baisse du nombre des conflits majeurs en
Afrique entre 1990 et 1997 a fait place à une reprise entre 1998 et 2000 (11 conflits par an) puis
à une réduction en 2001 (5 conflits par an en moyenne). Aujourd’hui si l’Afrique connait une
baisse de la conflictualité, elle demeure le continent où le nombre de victimes, du fait des
conflits armés est le plus élevé.

Les conflits armés peuvent se définir de façon sommaire comme des hostilités armées,
c’est-à-dire des combats entre parties belligérantes, il convient de préciser qu’il existe deux
types de conflits armés : les conflits armés internationaux et les conflits armés non
internationaux.2
La majeure partie de ces conflits est liée aux ressources naturelles, déjà parce qu’elles sont
d’une grande importance mais aussi parce qu’elles représentent des enjeux géopolitiques
énormes qui attisent des velléités de contrôle par la violence.

Le contrôle des ressources naturelles et leur utilisation est également un facteur clé de violences,
voir de tensions entre groupes.
On peut dire que les relations entre guerres et ressources naturelles ont conduit à une
systématisation de la guerre qu’il s’agisse de ressources naturelles du sous-sol qui séduisent au
vu de leur abondance (comme le diamant, l’or), ou de ressources naturelles du sol (comme l’eau
et la terre), qui peuvent aviver les tensions au vu de leur rareté.

1
Philippe HUGON dans Revue INTERNATIONALE ET STRATEGIQUE 2001/3 (n°43)
pages 52 à 69
2
Gérard AIVO, Docteur en droit international des Universités Jean Moulin Lyon 3 et de Genève
qualifié aux fonctions de maitre de conférences dans son ouvrage le Statut de Combattant dans
les Conflits armés non internationaux
8
Par ailleurs, d’autres éléments peuvent être sources de conflits dont les acteurs sont multiples
les acteurs publics (armées nationales ou coalitions internationales), des acteurs privés
(organisations terroristes, milices, mercenaires, mouvements de libération nationale), des
acteurs communautaires (sectes religieuses, guerriers de clans ou tribus) 3 et tous ces facteurs
sources de conflits deviennent le terreau des hostilités dont les populations sont les principales
victimes.

A ce propos, on peut dire que les conflits africains sont à la fois un enchevêtrement de différents
facteurs et acteurs, ils sont rattachés à des réalités postmodernes (implantation dans une
économie mondiale criminelle) qui sont trop souvent occultées malgré leur impact sur la
stabilité des différents Etats en Afrique.

Ces conflits sont infranationaux, transfrontaliers et internationaux (trafics d’armes, rôle des
états et diasporas sponsors, entrelacs d’intermédiaires au sein des filières avec des ramifications
régionales et internationales). Ces conflits s’insèrent au niveau national dans des réseaux de
pouvoir politique liés à des mafias et réseaux criminels.4

Ce genre de conflits qui deviennent alarmants du fait de nombreuses crises politiques mais
résultent également de l’incapacité ou du disfonctionnement des organes politiques à gérer la
situation. Exemple des « Failed states »5.

Cependant il faut noter que quelques soient leurs origines (idéologique, ethnique ...) ces conflits
ne remettent pas en cause les frontières internationales.
Il existe aussi une autre forme de conflit armé assez atypique, qui ne prend en compte aucune
frontière dénommée : le terrorisme.

Comme le disait Montesquieu6 « la véritable liberté publique ne peut avoir lieu que lorsque la
sécurité des personnes est assurée ». Ces différentes instabilités ont suscité l’intervention de

3
Philippe HUGON, Revue HERODOTE 2009 /3 (N°134)
4
Philippe HUGON, Revue HERODOTE 2009 /3 (N°134)
5
Notion d’Etat en déliquescence, Etat défaillant, Etat déstructuré ou Etat en échec (Failed states
en anglais)
6
Charles Louis de Secondat, Baron de La Brède et de Montesquieu, est un penseur politique,
précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières
9
plusieurs organisations en vue d’apporter des solutions adéquates aux conséquences
désastreuses de ces conflits armés sur les populations.

Parmi ces organisations figurent les « organisations non gouvernementales humanitaires » qui
sont de nos jours considérées comme des acteurs majeurs, fondamentaux dans le cadre des
conflits armés.

Ayant une conscience humanitaire et dans le but d’apporter réconfort et assistance les ONG
décident de faire face aux menaces qui pèsent sur les personnes civiles et aux conséquences
négatives qui en affectent gravement les victimes. On entend par personnes civiles, les
personnes qui n’appartiennent pas aux différentes catégories de combattants. Alors parler
d’impact des ONG sur ces personnes civiles en période de conflits armés revient à parler des
effets produits par leurs différentes actions sur celles-ci.

Si elles sont souvent assimilables à des « institutions de bienfaisance » force est de reconnaitre
que ces organisations ont conçu cette notion de droit d’ingérence humanitaire qu’elles essaient
de faire avaliser par les Etats. La plupart du temps elles sont guidées par des sentiments nobles
et soucieuses d’instaurer un climat d’apaisement.
Et elles demeurent incontournables dans la résolution des conflits armés au vu de leur réponse
concrète aux besoins des populations concernées par ces conflits.

C’est ainsi que, certaines organisations bien qu’étant une minorité ont continué à porter ces
valeurs qui caractérisent l’assistance humanitaire conformément aux règles de droit
humanitaire.
Tels que le CICR, Green Peace, médecins sans frontières, OXFAM, Human Rights Watch etc.

Parmi ces organisations une s’est illustrée au fil du temps de par la portée de ses actions et ses
interventions aussi ambitieuses qu'efficaces en période de conflits armés ; cette organisation est
le CICR.

Le CICR est l’organisation humanitaire par excellence depuis sa création et demeure


aujourd’hui un médiateur à l'impact unique au sein des zones de conflit armé. Son aide apportée
sur le terrain a fait d’elle, une incontournable dans le domaine humanitaire, c’est donc à juste
titre que le CICR a reçu le Prix Nobel de la paix en 1944, 1963 et 1977 pour son action au cours
10
de différents conflits armés7. Cette organisation n’est ni politique, ni militaire mais impartiale
et indépendante et c’est justement à ces conditions qu’elle accède librement aux zones de
conflits en cherchant à établir un état de paix.
Il nous semblait donc évident de se pencher principalement sur cette organisation humanitaire
qui intervient dans plusieurs pays d’Afrique en période de conflits armés.

C’est donc dans le but de réaliser au mieux l’analyse de notre sujet et dans le besoin d’atteindre
nos objectifs que nous aborderons tout d’abord les cadres théorique et méthodologique (Partie
1), avant d’envisager les cadres organisationnel et conceptuel (Partie 2) dans le but de mieux
examiner enfin le cadre analytique (Partie 3).

7 www.icrc.org Découvrez le CICR


11
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE

12
Il convient, à l'entame de cet examen minutieux de la notion d'ONG à caractère humanitaire,
de poser les bases adéquates à un tel exercice en abordant tout d'abord le cadre théorique de
notre étude (Chapitre 1), afin de mieux appréhender ensuite le canevas méthodologique qui
sera employé (Chapitre 2) tout au long de notre travail.

Chapitre 1 : Cadre théorique

Nous intéresser à l'aspect théorique revient à préciser la problématique que nous avons
déterminée dans le but de donner le plus de pertinence à ce sujet (Section 1), mais également à
présenter nos objectifs de recherche (Section 2). Nous pourrons ensuite évoquer les différentes
hypothèses de recherche (Section 3) qui ont guidé notre argumentation, avant de faire la lumière
sur les éléments qui fondent la pertinence d'un tel sujet (Section 4). Enfin, nous nous
intéresserons aux différents points de vue doctrinaux au travers d’une revue critique de la
littérature (Section 5).

Section 1 : Problématique

Pendant longtemps l’Afrique a été le centre de nombreux conflits et crises ; certaines crises
dues à des tensions d’ordre intérieur ont abouti à des conflits armés troublant l’évolution d’un
nombre important de pays africains (Somalie, Kenya, Soudan, RDC, Burundi, Angola, Sierra
Leone, Rwanda, Cameroun, Nigéria etc.). Entre 1970 et 2002, on enregistrait 35 guerres sur le
continent africain dont une grande majorité étaient des conflits internes. En l’an 2003, 20 %de
la population africaine et 15 pays étaient concernés par les conflits armés. On estimait le nombre
de réfugiés à plus de 8 millions et celui des déplacés à 10 millions.8

Depuis 2006 le spectre des conflits continue de hanter la république démocratique du Congo
(RDC), le Nigeria, le Mali, la Centrafrique, l’Erythrée, l’Éthiopie ainsi que le Darfour avec une
extension au Tchad voisin etc. Cependant les conséquences désastreuses de ces conflits armés
ont fait prendre conscience des horreurs que pouvaient générer les conflits au plan national
comme international.9 Dès lors, dans le but d’apporter des solutions aux conséquences néfastes
de ses conflits sur la population. Plusieurs acteurs ont décidé d’intervenir et parmi ces acteurs
figurent les ONG humanitaires. Il faut dire qu’à la base les ONG étaient essentiellement dédiées
à apporter une aide d’urgence, mais leur champ d’action s’est étendu au fil des années vers le

8 Philippe HUGON, Revue HERODOTE


9 Ibid
13
développement, le maintien de la paix et la prévention des conflits.

Ces nouveaux attributs dans leur champ d’action ont donné une seconde direction à leurs
activités faisant d’elles également des acteurs de la paix, douées pour garder une certaine
proximité bénéfique avec les populations lors des conflits armés.

Néanmoins si tous partagent la même indignation face aux violations des droits humains où
aux crimes commis dans certains pays, les milieux humanitaires sont divisés sur la question de
savoir : que faire après s’être indignés ?

C’est ainsi que la mission des ONG peut souvent prêter à confusion dans le cadre des actions
qu’elles dirigent pour mener à bien leurs tâches les plus habituelles.

Toutefois, le besoin de faire intervenir des acteurs neutres afin d’apporter une aide d’urgence
aux populations ne pouvant plus être ignoré, certaines organisations à caractère humanitaire ont
vu leur influence croitre parallèlement. C’est dans cette mesure que la neutralité du CICR dans
ses différentes interventions en zone de conflits armés accréditée par la communauté
internationale a fait d’elle l’organisation adéquate pour agir en période de conflits armés.

Le CICR est l’organisme de référence de l’action humanitaire, organisation suisse créée en


1863 par Henry Dunant le CICR demeure à ce jour l’ONG la plus représentée à travers le monde
car presque tous les pays sont signataires de l’accord de Genève qui les engage à respecter les
termes du droit international humanitaire et les principes fondamentaux du CICR et 95% des
nations signataires disposent d’une société nationale de la croix rouge et du croissant rouge10

De plus si on se réfère au fait que le CICR a pour point de départ la guerre de Solferino
l’intervention dans les conflits armés reste alors la principale activité de cette ONG.

L’identité de cette institution et son mandat premier : agir au cœur des conflits armés et en
fonction des besoins et non des préoccupations politiques ont fait du CICR un acteur majeur
dans la protection et l’assistance des victimes de guerre.11 Pour les raisons susmentionnées, le
CICR est présent en Afrique et est investi d’un mandat international humanitaire qui découle
de la convention de 1949 et des différents protocoles additionnels de 1977. Depuis le CICR a
effectué ses opérations d’aide et assistance en temps de conflit armé dans plusieurs pays

10
J-L FERRE, L’action Humanitaire p5.
11
Ghislaine DOUCET conseiller juridique a la délégation du CICR à Paris chapitre IV La
spécificité du CICR dans l’action humanitaire
14
d’Afrique. (Angola, Burundi, Somalie, Cameroun, Côte D’ivoire, RDC, Nigéria etc. …)

C’est au regard de toutes ces interventions dans ces différents pays en temps de conflits armés
que nous nous sommes interrogés sur la portée des actions du CICR en faveur des populations
en tant que ONG humanitaire en période de conflits armés.

Ainsi la question principale qui se dégage de notre recherche est :

Quelle est l’efficacité de l’action du CICR en matière d’aide humanitaire lors des conflits
armés en Afrique aux personnes civiles ?

De cette question fondamentale, découlent d’autres questions secondaires qui vont guider notre
étude telles que :

Quelles sont les méthodes et moyens dont disposent le CICR pour intervenir en cas de conflits
armés ?

En situation conflictuelle l’intervention du CICR impacte-t-elle réellement les conditions de


survie des populations ?

Quelles sont les limites liées à leurs actions ?

Les réponses argumentées aux interrogations précitées constitueront l’ossature de notre


démarche de recherche durant laquelle il sera question d’apporter notre pierre à l’évolution de
la notion d’ONG à caractère humanitaire.

Ainsi les réponses apportées aux interrogations, tout en approfondissant nos connaissances du
droit international public et des relations entre les différents acteurs de la communauté
internationale nous permettront à l’issue de notre démarche d’atteindre des objectifs
spécifiques, de mieux poser la pertinence de notre sujet et d’établir des hypothèses de recherche.
Après avoir examiné la problématique, nous pouvons alors nous intéresser aux objectifs de
recherche.

Section 2 : Objectifs de recherche

Cette section se subdivise en deux sous parties à savoir l’objectif général et les objectifs
spécifiques. Ces objectifs sont d’une importance capitale en ce sens qu’ils constituent une ligne
directrice dans la poursuite de notre étude.
15
• Objectif général :

L’objectif se présente comme le but, la finalité que l’on vise à atteindre dans le cadre d’une
action ou d’un projet. Evoquer donc l’objectif général revient à faire la lumière sur ce que nous
entendons atteindre comme finalité par le biais de cette étude.

Notre finalité principale sera donc d’analyser l’effectivité des actions du CICR dans le cadre de
ses interventions en zone de conflit armé, particulièrement en Afrique. En d’autres termes
déterminer si de manière concrète, les actions du CICR impactent ou pas la situation des
populations qui sont au cœur des conflits armés et en subissent plus que quiconque les affres.

Dans cette approche il sera question en premier lieu de scinder notre analyse en sous objectifs
spécifiques.

• Objectifs spécifiques :

De manière plus détaillée, les objectifs spécifiques sont les suivants :

- Présenter les différentes actions du CICR dans les pays en conflits armés du continent
africain en particulier ceux choisis dans le cadre de notre étude.
- Mettre en exergue les apports du CICR dans Ces pays en conflits
- Analyser et étudier leur champ d’action et leurs limites

Les objectifs de recherche que nous venons d'examiner nous permettent de dégager les
hypothèses de recherche qui nous intéresseront tout au long de ce travail.

Section 3 : Hypothèses de recherche :

Cette section de notre travail se compose d’hypothèses générale et secondaires. Il sera alors
question d’apporter des réponses provisoires à l’ensemble des questionnements évoqués par la
problématique. Ces hypothèses seront dans la suite du mémoire confirmées ou infirmées.

• Hypothèse générale :

L’hypothèse soutenue est celle selon laquelle l’aide apportée par le CICR dans le cadre des
conflits armés peut être en réalité moins favorables aux bénéficiaires et être faite juste pour
servir des intérêts nationaux des pays donateurs.

16
Au vu de la question qui fait l’objet de notre étude, et des différentes interrogations qui en
ressortent nous avons jugé utile d’émettre certaines hypothèses qui seront vérifiées lors de notre
étude. Ainsi comme hypothèses nous avons :

- Les ONG à caractère humanitaire constituent une aide d’urgence indéniable en matière
de gestion et de résolution des conflits armés en Afrique (CICR)

- Les Rapports que le CICR entretient avec les différents gouvernements sont à l’origine
de ses interventions humanitaires

- Malgré les droits reconnus aux ONG par les conventions internationales lors des
interventions, de nombreux facteurs complexifient leurs actions sur le terrain

- Leurs actions et réalisations font face à plusieurs contraintes : risques liés à leurs actions,
leurs limites concernant le DIH et les intérêts de leurs différents donateurs

Les hypothèses qui peuvent être ainsi énoncées nous renseignent sur la pertinence d’un tel sujet
et confortent notre démarche d’investigation. Alors, qu'en est-il de la pertinence de ce sujet ?

Section 4 : Pertinence du sujet :

Le choix porté sur le présent sujet relève d’un questionnement sur le rôle du CICR en temps de
conflits armés en Afrique.

En effet, La recrudescence des guerres et des conflits en Afrique a des conséquences


humanitaires désastreuses et les plus grandes victimes sont les couches les plus vulnérables de
la société : femmes, enfants, minorités religieuses ou culturelles et ethniques. Ces différentes
tensions occasionnent malheureusement des mouvements de plus en plus nombreux de déplacés
et réfugiés et ça a été le cas du (Nigéria, Burundi, Angola, Rwanda, République démocratique
du Congo, Sierra Léone, et la Cote d’ivoire).

Force est de constater que ces différents conflits se caractérisent par certains points communs :

- Le lien entre certains groupes armés et des éléments qui troublent l’ordre public
(banditisme) par certaines actions néfastes (trafic d’armes et de drogue, fausse monnaie,
contrefaçon, trafic humain).

17
- Les causes ethniques et religieuses
- La rébellion créée par des groupes armées et qui occasionne une décomposition des
mouvements de l’état et la crise de l’autorité étatique
- La prolifération des achats anarchiques d’armes, munitions et équipements militaires.
- La perméabilité des frontières et l’affaiblissement de l’état causée par la restructuration
politico-militaire des groupes régionaux.

Si les organisations humanitaires ont été pendant longtemps protégées par la nature même de
leur action (Assister les personnes dans le besoin en particulier en situations de crises et conflits
armés) il faut dire que la multiplication des acteurs, la confusion des identités et des objectifs
propres à chaque organisation humanitaire, l’insécurité et le besoin de trouver des fonds et une
visibilité pose dorénavant problème.

L’environnement dans lequel le CICR agit aujourd’hui est en évolution, le CICR est en
constante recherche de soutiens pour obtenir l’accès aux victimes, mener son action, générer
l’aide diplomatique et financier nécessaire à ces actions.12

Il était important pour nous, comme l’ont fait d’autres auteurs de comprendre les
problématiques qui affectent ces actions, et d’analyser tous les contours de cette institution lors
de ses interventions en Afrique.

La pertinence de l’étude est triple d’une part elle interroge l’évolution des actions menées par
le CICR en temps de conflits armés en Afrique ; l’analyse de l’action du CICR a d’abord un
intérêt politique en ce sens que ces dernières ont un impact sur les politiques internes des Etats,
le CICR participe aux négociations, influence et oriente les médias de l’opinion publique afin
d’exercer une certaine pression sur les autorités publiques. D’autre part notre analyse apporte
un éclairage sur le fonctionnement interne de cette organisation. De plus, cette étude possède
un intérêt socio-économique en ce sens qu’en cas de conflits cette organisation est plus proche
des populations bénéficiaires. Elle est alors la plus apte à intervenir sur les questions de
pauvreté, santé, éducation et développement durable. Par ailleurs, notre étude livre une
approche critique de l’institutionnalisation du CICR. Enfin il faut souligner que ce sujet a
également un intérêt stratégique car le CICR fait preuve d’une véritable efficacité lors qu’il

12
Yves Daccord directeur de la communication au comité international de la croix Rouge dans
Revue internationale de la croix rouge volume 87 sélection française 2005
18
s’agit de réunir les dons auprès des populations, de passer à l’action contrairement aux
gouvernements et aux grandes institutions multilatérales même si elle a parfois des
insuffisances.

Alors, nous nous permettons d'émettre le souhait que cette analyse ne soit pas comprise de façon
polémique mais qu'elle relance de manière constructive le débat relatif à la place des
organisations à caractère humanitaire sur la scène internationale, et en particulier en Afrique.
C'est d'ailleurs en cela qu’un tel sujet nous apparaît autant d'actualité que pertinent. L'on
comprend de ce fait mieux la pluralité des points de vue sur la question ; points de vue que nous
nous proposons d'examiner également à travers une revue critique de la littérature.

Section 5 : Revue critique de la littérature :

L’analyse de notre étude nous emmène à remarquer que plusieurs auteurs se sont intéressés à
notre thème et ont donné des avis très intéressants. Ils ont abordé des notions bien distinctes de
notre travail à savoir celles des ONG humanitaires de manière générale, l’impact réel du CICR
lors des conflits armés en Afrique et leurs limites. Raison pour laquelle il est plus qu’important
pour nous de procéder à une revue critique des œuvres qui abondent en ce sens.

• Les auteurs, leurs œuvres et leurs approches différentes

L’ouvrage de Dambisa Moyo intitulé « l’aide Fatale » a pour but ultime de dénoncer non
seulement l’inefficacité de l’aide en Afrique mais aussi ses conséquences.

Dans son œuvre, l’auteur nous explique qu’il y a plusieurs sortes d’aides lors des conflits armés
et que l’humanitaire s’est transformé en une vaste exploitation qui avec les médias du monde
entier forme une alliance avec les faiseurs de guerre. Dans « l’aide fatale », Dambisa Moyo
développe sa thèse avec une approche empirique et analytique.

Bien que ce livre soit purement économique il a aidé à la réalisation de ce travail car il remet
également en question l’aide apportée par certains pays aux Etats Africains, ce livre rappelle
qu’il ne sert à rien d’apporter une aide si celle-ci s’avère inefficace et qu’il revient aux africains
de trouver leurs propres solutions pour résoudre leurs problèmes internes.

La question générale du rôle des ONG à caractère humanitaire a été abordée de diverses
manières par des écrivains et chercheurs. Dans le livre intitulé « Dictionnaire pratique de
19
l’humanitaire » 13
éditions Ellipses marketing S. A, 2010 de Francisco RUBIO, et Christelle
HURE, les auteurs nous apprennent que les ONG humanitaires se définissent comme des
organisations nationales ou internationales qui sont indépendantes du gouvernement du pays
où elles ont été fondées. Il apparait alors que leur présence est indispensable vu l’impératif
humanitaire et la priorité absolue que ces organisations accordent à certains cas (conflits armés,
catastrophes...) de crises humanitaires.

Selon eux, il était plus que nécessaire que ce type d’organisations voie le jour compte tenu de
leur impact et leur impartialité. L’on peut aisément dire que les ONG à caractère humanitaire
sont des acteurs essentiels en période de conflits armés.

Les auteurs vont plus loin en faisant une analyse intéressante qui a attiré notre attention quant
à la pertinence de notre sujet : ils affirment que le CICR est l’organisme de référence de l’action
humanitaire. Cette organisation suisse créée en 1863 à Genève est à l’origine du droit
international humanitaire et du premier et seul système de secours aux blessés et aux
populations vulnérables que ceux-ci soient des militaires ou des civils. En premier lieu nous
pouvons dire que les différentes définitions et approches tendent à montrer la place spécifique
qu’occupe le CICR dans l’action humanitaire, elle détient un mandat de droit international issu
des conventions de Genève et à ce titre l’on peut aisément comprendre le statut juridique
particulier dont cette organisation jouit en vertu du droit international.

Dans l’ouvrage « Ingérence humanitaire et Droit international » de Abdolhakim ZAMUNA


l’auteur évoque le rôle du CICR, son apport en temps de conflits armés.

Il nous fait savoir que le CICR est une institution neutre dont l’activité humaine s’exerce en cas
de guerre civile ou de troubles intérieurs. Il s’efforce en tout lieu d’assurer protection et
assistance aux victimes militaires et civiles des dits conflits et de leurs suites directes et en ce
qui concerne ses attributions la liste étant exhaustive une grande partie de la doctrine s’accorde
à considérer cette organisation non pas seulement comme un centre de réflexion sur les
meilleures méthodes de l’assistance humanitaire mais aussi comme une institution
opérationnelle dans la mesure où elle est intervenue plusieurs fois sur le terrain afin de soulager
les maux de victime de guerre. Il faut dire que son rôle s’est énormément développé à cause de
son dévouement et son impartialité elle a acquis une autorité morale qui a favorisé la croissance

13
Francisco Rubio, Christelle Huré, dictionnaire pratique de l’humanitaire, Ellipse Ed.
Marketing S.A,2010
20
du droit international humanitaire.

Cet ouvrage qui contribue à mettre en évidence l’aspect fondamental de notre travail permet de
capter l’enjeu de l'action du CICR ainsi que les outils dont cette organisation dispose pour
mener à bien ses opérations. Cette approche nous fait également saisir la pensée de Philippe
DIND14 dans son œuvre « International Review of the Red cross 80 » (830), 359-370, 1998 qui
nous apprend que la réflexion sur la sécurité doit avoir comme but de préserver la neutralité,
l’indépendance et l’impartialité de l’action humanitaire condition sine qua non de l’aptitude du
CICR à protéger et aider les victimes de conflits ce qui parait plus qu’ évident car le plan
d’action d’une telle organisation doit être un encouragement à agir afin que le droit international
humanitaire (DIH) soit mieux appliqué et plus respecté.

Bernard KOUCHNER15 à la suite d’une analyse de l’évolution de l’action humanitaire


internationale et au regard de ses enjeux actuels évoque les capacités et les limites des ONG
dans les contextes de crises et de post-crises16 et nous permet d’envisager d’autres alternatives.

En 2008, dans son livre blanc du ministère des Affaires étrangères et européennes, il soulignait
l’importance croissante des actions portées des organisations privées en affirmant que si « les
problèmes leur échappent, les États restent les maitres des solutions : l’action collective, les
organisations internationales, les normes globales ne peuvent véritablement s’imposer en
dehors d’eux »17

Le parcours de cet homme dans le domaine de l’humanitaire nous permet de comprendre sa


démarche à travers des informations et conseils utiles mis à notre disposition. Comme critique
de cet ouvrage nous pouvons dire comme un nombre considérable d’auteurs que l’aide
humanitaire aujourd’hui se retrouve discréditée à cause des changements fondamentaux de
l’après-guerre froide c’est en ce sens que FOX18 pouvait dire que le système de l’aide
internationale « a évidemment été discrédité et a perdu sa confiance en soi » l’argument
principal est le suivant : du fait de l’effondrement du contrôle gouvernemental, et des
infrastructures publiques en tant que causes et conséquences des conflits armés ;l’action

14
Revue internationale de la croix rouge juin 1998
15
Bernard Kouchner, né le 1er novembre 1939 à Avignon est un médecin et homme politique
français, cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde
16
La lettre de missions du Ministre Bernard Kouchner, Paris le 22juillet 2009/004172CM
17 Livre Blanc p23
18
Fox F, « Nouvel humanitarisme. Est-ce que cela fournit une bannière morale pour le 21ème
siècle ?», catastrophes
21
humanitaire se déroule dans un espace sans règles morales ou juridiques . Par conséquent les
organisations ont du mal à faire respecter les principes de leurs actions qui leur permettraient
d’atteindre les populations vulnérables en temps de conflits armés. De plus les agences
humanitaires font face au danger de la manipulation ou de la diversion de leur aide.

C’est ainsi que Lindenberg19 et Bryant20 résument que « les plus grands dilemmes pour les
ONG qui travaillent dans les formes d’urgence les plus complexes portent sur le fait de savoir
que les actions qui sauvent des vies participent à la perpétuation du conflit »21 et ces dilemmes
sur l’action humanitaire sont multiples ce sont entre autres : (l’assistance indirecte à la
déportation des populations, la diversion de l’aide, l’escalade du conflit et la perpétuation d’une
économie de guerre).

Dans le rapport intérimaire préparé par le comité international de la croix rouge lors de la 32 e
conférence internationale de la croix rouge et du croissant rouge Genève en 2015, des aspects
plus pratiques sont abordés comme le renforcement de la protection spécifique accordée à
certaines catégories de personnes : (femmes, enfants, handicapés...).

Ainsi nous pouvons dire qu’au-delà de l’hypothèse selon laquelle la guerre froide serait la
raison majeure de la crise de l’humanitaire, il faut souligner qu’un second élément domine le
débat sur l’aide discréditée : les droits de l’homme

Pour plusieurs auteurs la protection des droits de l’homme est une tache humanitaire
proprement dite et fait partie intégrante du mandat de certaines organisations et MSF est parfois
citée comme exemple.

L’auteur Rony BRAUMAN22 dans un entretien sur le dilemme humanitaire pouvait affirmer
et présenter sa conception de l’action humanitaire en disant que l’action humanitaire permettait
de dénoncer de manière claire les injustices mais aussi désigner l’inacceptable. Le fait de mettre
en lumière les mesures prises par les membres de l’organisation, cette volonté d’élargir son

19
(1945-2002) était doyen et professeur de l’école de politique publique et de gouvernance
Daniel J. Evans
20
Coralie Bryant est professeur à Columbia University (New York) et directrice du departement
« Economic and political development »
21
Lindenberg M, Bryant C, Going Global. Transforming relief and development NGOs,
Bloomfield Kumar (...)
22
L’auteur Rony Brauman est un médecin de nationalité française, connu pour son fort
engagement dans l’humanitaire
22
champ d’action nous permet d’étayer nos connaissances dans un domaine régi par le droit
humanitaire et de saisir la portée même de toutes ces actions en temps de conflits armés.

Il faut dire que l’aide humanitaire qui se déploie au niveau International aujourd’hui repose,
sur un système globalisé et complexe, force est de constater bien évidemment que le lien entre
diplomatie étatique et humanitaire n’est pas nouveau.

Et le CICR constitue une partie non négligeable de cette politique dans certaines circonstances
(Guerre, conflits armés, catastrophe) sur le plan humanitaire, car le fait que certaines
organisations humanitaires en l’occurrence le CICR soient les seuls acteurs extérieurs présents
sur le terrain peut conférer une dimension para diplomatique à ces opérations d’assistance. Cette
analyse ainsi établie fait du CICR un élément clé de la stratégie de maintien de paix en période
de conflits armés, et nous permet également de juger de la nécessité de cette organisation.

Si cette organisation est nécessaire et fondamentale, sur le plan pratique certaines insuffisances
surviennent. A ce sujet JEAN-LUC BLONDEL23 dans son article rôle du CICR en matière de
prévention des conflits armés : possibilités d’actions et limites (IRCC décembre 2001) affirme
que pour le CICR la prévention des violations du droit humanitaire doit être une tâche
essentielle parce que la nature même des conflits, leur durée et le risque d’une reprise des actes
sont similaires. Car, « au-delà du soin, l’action humanitaire permet de pointer le doigt vers
l’injustice, de designer l’inacceptable »24 comme pouvait le dire Brauman.

Cela nous permet d’affirmer que le CICR a une capacité limitée bien qu’il contribue activement
à l’instauration d’un climat de paix souvent la mise en œuvre du plan d’action n’arrive toujours
pas à pallier à tous les problèmes sur le terrain puisque l’obligation de protéger et promouvoir
les droits de l’homme et l’obligation humanitaire d’assister des personnes qui en ont besoin
sont vues comme des obligations différentes.

23
Jean-Luc Blondel : « Rôle du CICR en matière de prévention des conflits armés : possibilités
d'actions et limites », in : International Review of the Red Cross 844 (2001), 923-945.
24
Brauman, R, humanitaire : le dilemme, Paris, Editions Textuel, 1996, p39
23
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE

Dans ce second chapitre de notre étude, il sera question pour nous de : présenter le cadre de
l’étude (Section 1), délimiter le champ d’étude (Section 2), citer les techniques d’investigation
(Section 3) et enfin parler des difficultés rencontrées (Section 4)

Section 1 : Cadre de l’étude

Notre Analyse portant sur les conflits armés en Afrique, un état des lieux de la situation actuelle
et du poids des actions du CICR en temps de conflits armés s’impose.

L’Afrique est le deuxième continent le plus grand du monde avec une superficie de 30.330.000
km2.25 Il possède 54 pays pour une population estimée à 1,216 milliard 26

Ces dernières années, l’Afrique a connu des troubles causant des instabilités et ces instabilités
ont eu des conséquences néfastes tant sur l’environnement et les populations.

À la vue de ce qui précède, il est logique que plusieurs ONG aillent au secours des populations
victimes de tous ces conflits et l’implication de ces ONG dans la résolution de ces conflits nous
amène à réfléchir sur la place qu’occupent ses organisations en temps de conflits armés.

Pour notre travail, notre choix s’est porté sur le comité international de la croix rouge(CICR)
qui est l’organisation humanitaire qui illustre le mieux l’action d’aide humanitaire d’urgence
dans le monde.

Les pays Africains dans lesquels cette organisation a eu à intervenir étant nombreux, dans le
souci de mieux traiter notre sujet, et pour des raisons de précision, le cadre géographique de
notre étude se limite à 4 pays dont deux pays d’Afrique centrale (RDC, république
centrafricaine) et deux pays de d’Afrique de l’ouest (Nigéria, Mali). Ces pays ont été choisis
car les actions du CICR ont été plus importantes sur ces territoires. Les 4 pays que nous avons
choisis pour l’étude présentent chacun un profil différent dans la compréhension et l’analyse de
notre sujet. Ainsi, la (RDC) est le pays qui a connu aussi la plus longue guerre civile qui s’est
transformée par la suite en guerre internationale puisqu’elle a impliqué les pays voisins à
l’instar des milices privées comme les Banyarwandas venus du Rwanda (Guerre souvent

25
« Cartes de l’Afrique et information sur le continent Africain » www.atlas-
monde.net /Afrique
26
Wikipédia
24
appelée conflits des grands Lacs)27 Le conflit guerrier de la République Démocratique du
Congo (Ex-Zaïre) est le conflit le plus important et le plus long en Afrique Centrale. Ce conflit
intègre tous les éléments de définition et de déterminisme des conflits armés en Droit
international humanitaire : guerre civile, guerre interétatique, etc., car chaque conflit fait appelle
à ces règles en Droit humanitaire ou Droit international.
Avec une superficie de 2 345 000 km2 et une population estimée, en 2008, à environ 57 549
000 habitant28, la République démocratique du Congo, ex Congo Belge puis Zaïre, a connu une
succession de crises et d’échecs retentissants depuis son indépendance, non planifiée par son
ancienne métropole et dont les séquelles se font encore sentir.

Pour voir l’intervention de la Croix-Rouge internationale lors d’un conflit strictement national
et intercommunautaire ou elle a déployé de grandes aides, nous avons choisi d’étudier les
actions qu’elle a menées en Centrafrique, pays qui a connu une guerre. La guerre civile
centrafricaine est un conflit qui se divise en trois périodes (2004-2007, 2012-2013, 2013-2014),
La troisième guerre civile centrafricaine est un conflit intercommunautaire apparu au cours de
l'année 2013 en République centrafricaine.
Elle oppose notamment les milices de la Seleka, à majorité musulmane et fidèle au
président Michel Djotodia, à des groupes d'auto-défense chrétiens et animistes, les anti-balaka,
fidèles à l'ancien président François Bozizé et accusés d'être soutenus par des anciens militaires
des forces armées centrafricaines.
Le conflit se caractérise par de nombreuses exactions contre les civils, musulmans ou chrétiens.
Un grand nombre d'entre eux fuient les villages pour se réfugier dans la brousse. La situation
débouche sur une crise humanitaire importante, aggravée par le chaos sécuritaire.
Le 5 décembre 2013, alors que de violents combats éclatent à Bangui et Bossangoa, une
résolution de l'ONU autorise le déploiement de la MISCA, appuyée par la France afin
d'intervenir pour stabiliser la situation.

Le 23 juillet 2014, les belligérants signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville.
Le calme, tant à Bangui que dans le reste du pays, reste toutefois précaire29

Toujours dans l’optique d’une analyse de l’action du CICR en temps de guerre, le Nigeria nous

27
M. Zambelli, la contestation des situations de l’article 39 de la charte des nations unies par
le conseil de sécurité, le champ d’application des pouvoirs au chapitre VII de la charte des
Nations Unies, Genève, Bâle, 2002 P50
28
Wikipédia
29
Wikipédia, Guerre civile centrafricaine
25
offre une approche aussi différente des deux précédents l’aide humanitaire moderne est née
avec la guerre du Biafra qui s’est déroulé de 1967 à 1970. Le CICR s'engage dans une
opération d'urgence sans précédent qui engendrera une évolution du champ humanitaire.
La guerre que le pays a par la suite connue avec, l’insurrection du groupe islamiste nigérian
Boko Haram et sa répression par l’armée nigériane a provoqué 13 000 morts et 1,5 million de
déplacés à l’intérieur du pays. Boko Haram a ouvert plusieurs fronts, marquant ainsi une
intensification du conflit dans le nord-est du Nigeria et une percée dans les pays voisins comme
le Cameroun, le Tchad et le Niger.

La guerre du Mali quand a elle est un conflit armé qui a lieu au Mali depuis 2012, à la suite
d'une insurrection de groupes salafistes djihadistes et indépendantistes pro-Azawad. Elle
s'inscrit dans le contexte de la guerre du Sahel et des rébellions touarègues contre l'État malien.

Le conflit est une des conséquences de la guerre civile libyenne : après le renversement du
régime de Kadhafi, des arsenaux militaires sont pillés par des groupes armés, tandis que des
mercenaires touaregs au service de la Jamahiriya arabe libyenne fuient vers le Sahara et
rejoignent des mouvements rebelles avec armes et bagages.30 Les combats ont alors fait des
centaines de morts et des centaines de milliers de réfugiés.

Au vu de tous ces faits énoncés il est plus qu’important pour nous de présenter les actions du
CICR lors de ces conflits armés. Après avoir donc posé le cadre de notre étude, nous pouvons
nous intéresser à la délimitation du champ de l’étude.

Section 2 : Délimitation du champ de l’étude

Dans notre travail, nous parlerons des actions du CICR en temps de conflits armés, leurs défis
et les risques liées à leurs interventions en Afrique. Principalement leurs actions en faveur de
la population civile. En effet, la relation que le CICR entretient avec divers Pays signataires des
Conventions de Genève, régit son cadre multilatéral et se présente de ce fait comme un élément
indispensable aux relations internationales Les populations civiles sont souvent des proies
faciles lors des conflits armés. Elles doivent souvent endurer des épreuves effroyables :
massacre, violence sexuelle, prise d’otages, harcèlement, pillages. Parfois, ils sont privés de
nourriture et d’eau, ils sont encore plus exposés en cas de maladie : les épidémies.

30
Guerre du Mali source Wikipédia
26
Le droit humanitaire est fondé sur le principe d’immunité de la population civile. Les civils ne
participent pas au combat donc, de ce fait, ils ne doivent pas faire l’objet des attaques des
belligérants. Les populations civiles doivent être épargnées et protégées. La convention de
Genève de 1949 et le protocole additionnel I de 1977 contiennent des dispositions spécifiques
qui protègent les civils et leurs biens dans les conflits armés internationaux. Aussi, dans les
conflits armés non internationaux, c’est l’article 3, commun aux quatre conventions de Genève
qui protège les civils.
Pour assurer la protection des civils, le CICR maintient une présence dans les zones où ces
derniers peuvent être potentiellement en danger.
Les civils restés dans le pays où les combats se déroulent, sont les plus vulnérables et à ce titre,
ils sont totalement protégés par le Droit humanitaire et bénéficient entre autres d’une assistance.
Exposés directement au danger, les « déplacés civils internes » bénéficient plus que tous les
autres nécessiteux humanitaires de plus d’aides. Et le CICR intervient donc dans ces conditions
pour aider les personnes déplacées internes quand les pouvoirs publics du pays ne sont pas en
mesure de répondre aux besoins de survie de ces personnes. Très souvent, les aides
humanitaires doivent aussi soulager les autochtones qui accueillent les personnes déplacées car,
elles peuvent épuiser leurs ressources en apportant de l’aide aux personnes déplacées. Rendant,
ces autochtones vulnérables à leur tour.
C’est évidemment sous cet aspect que le présent travail portera faisant ainsi la lumière sur
l’étendue du champ d’étude laquelle sera menée par le moyen de techniques d’investigations
que nous envisagerons à présent.

Section 3 : Techniques d’investigation

Pour la réalisation de notre travail, la technique de recherche indiquée est la recherche


documentaire qui nous a permis d’analyser le contenu de divers documents susceptibles de
fournir les vérités que nous poursuivons dans notre travail.
Ce travail a consisté tout d’abord à faire des lectures et analyses de rapports et conventions,
d’ouvrages et revues scientifiques particulièrement des documents qui sont d’un apport
pertinent à l’élaboration de cette étude (documents sur internet, dans les bibliothèques).Mais
notre travail nous a également conduit à rencontrer des personnes et organisations à travers
l’entretien disposant des informations pertinentes ayant un lien avec notre objet d’étude (la
délégation sous régionale du CICR à Dakar).
Nous avons pu bénéficier de plusieurs sources, échanger avec des professionnels, des experts
27
de la question mais aussi avec des individus de classes différentes.

Cette technique nous a permis d’échanger et d’écouter les perceptions, les interprétations de
nos interlocuteurs, les approches différentes sur l’objet de notre travail et d’avoir une vision
plus large sur notre sujet. Voici donc les techniques d’investigation dont nous nous sommes
servi dans le cadre de notre travail. Après les avoir examinées, nous pouvons nous intéresser à
l’échantillonnage.

Section 4 : Échantillonnage

Notre sujet traitant de l’impact du CICR en temps de conflits armés en Afrique nous avons
souhaité interroger des acteurs représentatifs de cette organisation a l’aide d’un guide
d’entretien.

 Entretien au sein de la croix rouge de Dakar :.

Nous avons pu rencontrer des personnes travaillant au sein de cette organisation afin de
recueillir certaines réponses à nos diverses interrogations (ANNEXE), toutefois en menant
notre recherche, nous avons dû faire face à certaines difficultés sur lesquelles il convient de
revenir.

Section 5 : Difficultés Rencontrées

Tout au long de l’élaboration de notre travail, nous avons rencontré certaines difficultés entre
autres :

• L’indisponibilité des personnes avec qui il faut s’entretenir pour avoir des
informations concernant notre analyse.
• Aussi l’insuffisance des données concernant les chiffres exacts des rapports dans le
cadre des actions de l’organisation étudiée et le manque d’information sur le net et
dans les bibliothèques.
• Nous avons par ailleurs dû faire face à l’insuffisance de temps en raison des diverses
démarches de recherche à effectuer sur le terrain, mais aussi en bibliothèque.

Toutefois, nous avons pu les surmonter afin de produire le présent travail. Nous achevons donc
par-là la présentation du cadre théorique et méthodologique et pouvons dès lors nous intéresser
au cadre organisationnel et conceptuel.
28
DEUXIEME PARTIE :
CADRES
ORGANISATIONNEL ET
CONCEPTUEL

29
Chapitre I : Cadre organisationnel

Dans cette partie, nous commencerons par présenter le CICR, et aborder sa


structuration (Section 1), afin de mieux appréhender enfin son intervention dans les conflits
armés en Afrique (Section 2)

Section 1 : Présentation du CICR

Nous mettrons en exergue dans cette partie l’historique et la structuration (Paragraphe I) puis
les activités, missions, ainsi que le but de cette organisation (Paragraphe II)

Paragraphe I : Historique et structuration

Nous présenterons ici succinctement l’historique (A), puis la structuration (B).

A) Historique

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une institution d'aide humanitaire, créée
en 1863 par un groupe de citoyens de la ville suisse de Genève, dont faisaient partie Gustave
Moynier, Henry Dunant (prix Nobel de la paix en 1901), les docteurs Louis Appia, Théodore
Maunoir, et le général Guillaume Henri Dufour. C'est la plus ancienne organisation humanitaire
existante après l’Ordre de Malte. Le CICR s'est vu décerner le prix Nobel de la
paix en 1917, 1944 et 1963, le prix Balzan pour l'humanité, la paix et la fraternité entre les
peuples en 1996.31

Depuis le début, les membres du Comité, de citoyenneté suisse, sont cooptés ; ils sont
aujourd'hui une vingtaine. Comme les autres composantes du mouvement international de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le CICR utilise comme emblème la croix rouge sur fond
blanc.

Le CICR, qui a son siège et conserve ses archives à Genève en Suisse, emploie, en 2011,
environ 12 500 personnes à travers le monde. Il dispose d'une présence permanente dans plus
de soixante pays et mène des activités dans près de 80 pays32.

31
Découvrez le CICR https:/ /app.icrc.org
32
Activités du CICR par pays wikipédia.org
30
Le CICR est présidé depuis le premier juillet 2012 par Peter Maurer et son directeur général
depuis 2010 est Yves Daccord. Le Comité proprement dit, ou Assemblée, est composé d'une
vingtaine de personnalités suisses1, qui sont chargées de la haute gouvernance du CICR
(équivalent du conseil d'administration pour une entreprise privée)33.

Au cours de la période allant de 1863 à 1914, la vision de Henri Dunant est devenue réalité du
fait, d’une part, du rôle toujours plus opérationnel joué par le Comité (voir les articles dans cette
section) et, d’autre part, de la création des Sociétés nationales de la Croix-Rouge (du Croissant-
Rouge, dans le cas de la Turquie).

Dans l'année de la création de l'association, les fondateurs de la Croix-Rouge se réunissent une


première fois le 17 février 1863 sous le nom de « Comité international de Secours aux Blessés.
Commission spéciale de la Société en faveur des Militaires blessés durant les guerres » : un
premier procès-verbal est signé par Henri Dunant, Théodore Maunoir, Louis Appia, Gustave
Moynier et Guillaume-Henri Dufour qui est nommé président de la commission34.

Le comité organise une conférence internationale qui se tient du 26 au 29 octobre 1863, à


Genève35. Quatorze gouvernements européens et quelques sociétés philanthropiques sont réunis
dans le but « d'examiner les moyens de promouvoir à l’insuffisance du service sanitaire dans
les armées de campagne », ainsi que d'officialiser la création de l’association. Aussi, dix
résolutions sont prises, lesquelles serviront de base pour les futures sociétés humanitaires.

L'année suivante, le 22 août 1864, la Première Convention de Genève est signée lors d'une
nouvelle conférence. Cette Première Convention comporte dix articles et vise principalement à
l’amélioration du sort des militaires blessés sur les champs de bataille. Lors de ce
rassemblement, vingt-quatre délégués pour seize États sont présents. Douze États au total
signent cette Convention. Aussi, il est entendu qu’une Société nationale de la Croix-Rouge est
reconnue, si le gouvernement adhère à cette idée et s’il a préalablement signé la Convention de
Genève de 1864.

À partir de la signature de cette Première Convention, le droit international humanitaire se


développe d'une façon fulgurante. Au sein du CICR, on compte de plus en plus de Sociétés
nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant Rouge. En effet, elles sont sept en 1864

33
La composition du comité en janvier 2008
34
Séance de la commission du 17 février 1863 document sur icrc.org, relu le 1er novembre 2013
35
Résolutions de la conférence internationale deGénève,26,29 octobre 1863, Article sur
icrc.org
31
(le Wurtemberg, la Belgique, la Prusse, le Danemark, la France, l'Oldenbourg et l’Espagne) et
quarante-cinq en 191436.

Tandis que la Croix-Rouge se développe, le droit humanitaire moderne prend corps : des règles
acceptées sur le plan international, applicables à tous les conflits, destinées à garantir une
assistance aux blessés et aux malades et qui devaient, plus tard, s’appliquer aux prisonniers et
aux civils.

Cela n'est pas sans rappeler la première convention du genre, dite « convention de
Brandebourg », signé en 1759 par le marquis de Rougé.

En plus des Sociétés nationales, la Croix-Rouge ouvre à Bâle, en 1870, sa première Agence
Internationale de renseignements et secours de la Croix-Rouge. Ces agences s'occupent de
relever le nom des blessés et des morts au combat et de les transmettre aux familles. De plus,
elles sont chargées de répondre à d'éventuels renseignements, de faire parvenir des envois
d'argent et d'assurer la réception et la distribution du matériel de secours. Cette agence est créée
durant la guerre franco-prussienne (1870-1871). En 1885, la deuxième ouvre à Vienne, puis
petit à petit dans l'Europe entière37.

Dès le début, le CICR a joué un rôle central dans le domaine humanitaire ; de fait, l’action
menée en vue du développement du droit humanitaire est restée inséparable des activités
déployées sur le terrain en faveur des victimes.

Les principes fondamentaux sont la marque d’une certaine rigueur au sein du mouvement
international de la Croix-Rouge(CICR). Mais ils expriment également en premier, une profonde
attention à l’être humain. Certes, le monde n’a pas attendu la Croix-Rouge pour porter secours
à l’homme souffrant de mal être : les sentiments et les gestes de solidarité, de compassion,
d’altruisme sont répandus dans les cultures les plus diverses. En présentant ces principes, nous
examinerons quelques aspects de la spécificité de la contribution de la Croix- Rouge à
l’allègement des souffrances humaines. Il existe un principe de mission : le principe de

36
Dictionnaire historique de la suisse, volume 3, édition Gilles Attinger, Hauterive,
Suisse,2003(ch. « Croix -Rouge » p.671-673)
37
Historiens de la Croix-Rouge, musée international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge,
Suisse,1999
32
l’humanité ; trois principes de comportement : impartialité, neutralité et indépendance ; et trois
principes d’organisation : volontariat, unité, universalité.38

 Le principe d’humanité

Ce qui fait l’universalité du CICR c’est l’universalité de la souffrance humaine et c’est face à
elle qu’il faut interpréter le principe d’humanité. En effet, le mouvement de la Croix-Rouge ne
possède aucun dogme, aucune conception philosophique unique. Il est à l’écoute de l’humanité
souffrante. Entraînés dans des conflits et des catastrophes luttant souvent pour leur simple
survie, nombreux sont les êtres humains qui souffrent du manque d’humanité de l’homme vis-
à-vis de ses semblables. Se demander « qui est l’homme », « quelle est l’humanité dont parle le
principe », évoque ainsi plus d’angoisse que de joie. Les cris d’angoisse qui traversent des
contemporains ne doivent pas provoquer et encore moins justifier la passivité, mais bien sûr
nourrir l’action :39

 Protéger
Dans l’énoncé du principe d’humanité le concept le plus important est le mot protéger, qui
exprime une préoccupation extrêmement concrète. Ainsi protéger c’est :
Aider une personne de manière à la mettre à l’abri d’une attaque, de mauvais traitements, etc. ;

- Rendre vains les efforts pour annihiler, faire disparaître ;

- Satisfaire au besoin de sécurité, préserver, défendre.

C’est donc le but du droit international humanitaire que de protéger les victimes des conflits
armés, pour leur assurer une vie aussi normale que possible au vu des circonstances.

38
http://www.croix-rouge.fr/principes fondamentaux
39
Ibid
33
Par leurs activités au service de l’humanité souffrante, la Croix-Rouge et le croissant- rouge se
fondent sur ce que Jean Pictet a appelé une « philosophie optimiste », c’est-à-dire le refus de
désespérer de l’homme.40

 Le Principe d’impartialité

Le principe d’impartialité constitue l’essence même de la pensée du CICR. Il a inspiré le geste


d’Henri Dunant à Solferino, il est mis en exergue à toutes les étapes d'élaboration formelle des
principes, il est aussi un principe inhérent aux conventions de Genève. Le principe de
l’impartialité énumère ceci : « le mouvement de la croix rouge et du croissant rouge ne fait
aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance
politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à
subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes ».41

La non-discrimination a dès l’origine, trouvé son expression dans les conventions de Genève.
Selon la première convention de 1864, le soldat qu’une blessure ou une maladie met hors de
combat sera accueilli et soigné quelle que soit la nation à laquelle il appartient. La Convention
révisée en 1906 et 1929, n’interdit expressément que les distinctions fondées sur la nationalité.
Les Conventions de Genève de 1949 précisent que sont exclues les distinctions de caractères
défavorables basées sur « le sexe, la race, la nationalité, la religion, les opinions politiques ou
autres critères analogues ». Ces derniers mots montrent que toute discrimination est à proscrire
et qu’ils ne le sont qu’à titre d’exemple. Cette interdiction fondamentale est également posée
dans les protocoles additionnels de 1977 avec une liste plus élaborée, mais non limitative de
critères sur lesquels une distinction défavorable ne saurait être fondée. Le principe
d’impartialité implique donc l’absence de parti pris42

40
CICR. Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève 2011,
pp 4-7.
41
Voir thèse Sosthène Bounda le comité international de la croix Rouge en Afrique centrale à
la fin du XXe s
42
- Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, CICR,2011 pp 9-
11.
34
 Le Principe de Neutralité

La neutralité est un Principe dont la finalité est l’action.


En situation conflictuelle ou troublée, la neutralité implique de ne pas agir d’une façon qui
puisse contribuer à la conduite des hostilités par l’une ou par l’autre des parties en lutte. C’est
là toute l’importance de la neutralité.43 Ainsi, dans un conflit armé international, les volontaires
de la Société nationale, assimilés aux services sanitaires officiels, militaires ou civils,
s’abstiendront de soutenir ou d’entraver les opérations militaires de quelque façon que ce soit.
Une telle neutralité constitue la contrepartie obligée du respect dû au personnel, aux
informations et aux installations sanitaires de l’ennemi.

Quelques exemples illustrent ces propos. Accepter d’entourer un objectif militaire de formation
sanitaire pour éviter qu’il ne soit pris pour cible, cacher des armes dans un hôpital, transporter
des combattants valides dans une ambulance, utiliser un avion arborant l'emblème Croix-Rouge
pour des déplacements destinés à obtenir des renseignements sur les positions de l’armée
adverse, tous ces actes commis en violation du principe de neutralité ont trois caractéristiques
en commun : ils portent gravement atteinte au système de protection instauré par le droit
international humanitaire, ils détournent les personnes et les biens marqués du

Signe Croix-Rouge ou du Croissant-rouge de leur vocation humanitaire et ils mettent des vies
en danger du fait de la méfiance que suscite ce type d’initiative.

Donc, afin de garder la confiance de tous, le mouvement international s’abstient de prendre part
aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et
idéologique.

La neutralité du CICR a un caractère spécifique, comme l’indiquent les statuts du Mouvement


de la Croix-Rouge. Pour accomplir le mandat que lui ont confié les Etats parties aux
conventions de Genève et prendre des initiatives humanitaires qui entrent dans son rôle
d’intermédiaire neutre, le Comité international doit demeurer indépendant. A cette fin, il s’est
doté d’une structure particulière, destinée à lui permettre de résister aux pressions politiques,

43CICR. Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, op cit, pp


12-16
35
économiques ou d’autres et de conserver ainsi sa crédibilité auprès des gouvernements et du
public qui soutiennent ses actions.

 Le Principe d’indépendance

Etabli dès l’origine du mouvement, le Principe d’indépendance, dans sa rédaction actuelle,


recouvre trois notions il s’agit de l’affirmation générale de l’indépendance comme principe du
mouvement, le rôle du CICR en tant qu’auxiliaires des pouvoirs publics dans le domaine
humanitaire44 et enfin, la nécessité que les Sociétés nationales demeurent autonomes, afin d’être
en mesure d’agir en tout temps selon les principes fondamentaux.

Dans son acceptation la plus large, le principe d’indépendance signifie que les institutions de
la Croix-Rouge doivent s’opérer à une ingérence de l’ordre politique, idéologique ou
économique de nature à les détourner de la voie tracée par les impératifs d’humanité,
d’impartialité et de neutralité. Une Société nationale de la Croix- Rouge ne pourrait par
exemple, accepter de quiconque des contributions financières dont l’octroi serait subordonné à
la condition qu’elles soient utilisées en faveur d’une catégorie de personnes choisies selon des
critères politiques, ethniques ou religieux, à l’exclusion de toute autre communauté dont les
besoins seraient plus pressants. De même, afin de mériter la confiance de tous et de jouir de la
crédibilité indispensable à l’accomplissement de leur mission, il est fondamental que les
institutions de la Croix-Rouge et du Croissant-rouge n’apparaissent pas comme l’instrument
d’une politique gouvernementale.

 Le Principe du Volontariat

Pour le mouvement, le volontariat est le don désintéressé de soi, la plupart du temps dans
l’anonymat, pour réaliser une tâche concrète en faveur d’autrui, dans un esprit de Fraternité
humaine. Que cet acte soit effectué à titre gracieux ou qu’il puisse être compensé, voire
modestement rémunéré, l’essentiel est qu’il ne soit pas inspiré par la recherche du profit, mais
par un engagement, une mobilisation de l’individu vers un but humanitaire librement choisi ou
accepté dans le cadre des services que la Croix-Rouge et le croissant-rouge rendent la

44 Article 26, première convention de Genève de 1949


36
communauté. Quintessence du volontariat, le bénévolat est la manifestation la plus directe du
sentiment d’humanité dont le Mouvement a fait le premier de ses principes.

C’est sur le champ de bataille de Solferino que Henri Dunant, frappé par l’indigence des
services sanitaires, le nombre de soldats qui mouraient faute de soins et l’amplitude des
souffrances qui auraient pu être évitées, conçut le grand projet de fonder des « Sociétés de
secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des
volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille œuvre ».

Trois facteurs expliquent le Principe du Volontariat : la dimension humaine, l’indépendance


des Sociétés nationales et l’économie engendrée par le bénévolat. C’est grâce à toutes les
bonnes volontés qui lui prêtent leur concours que le Mouvement a pu se donner pour tâche « de
préserver et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes », comme énoncé
dans le Principe d’humanité.

 Le Principe d’unité

Le Principe d’unité est l’un des plus anciens des sept Principes fondamentaux. Gustave Moynier
parlait déjà en 1875 du Principe de « centralisation » dont le contenu est essentiellement le
même que celui du principe d’unité. Ce principe énonce : «il ne peut y avoir qu’une seule société
de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et
étendre son action humanitaire au territoire entier ».

 Le Principe d’Universalité

Pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l’universalité est à


la fois une réalité dont la preuve est la présence des Sociétés nationales dans presque tous les
pays du monde, et une exigence car certains pays n’ont pas encore de Société nationale de la
Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge, et certaines Sociétés nationales ne sont pas donné ou ne
peuvent pas encore être reconnues comme membres du Mouvement. Par leurs actions
internationales, le CICR manifeste aussi l’engagement de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge au service de l’humanité souffrante sur tous les continents.

37
Une autre raison de l’universalité du Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge réside sans aucun doute également dans la simplicité de son message dès son
origine, que résume le Principe d’humanité. Cette simplicité permet aux différentes
composantes du Mouvement d’être reçues et acceptées dans des cultures variées différentes les
unes des autres, d’agir au milieu de conflits armés et d’orienter dans une perspective
humanitaire des dirigeants politiques ou militaires aux idéologies souvent opposées.

En substance, le Principe d’universalité déclare que le Mouvement international de la Croix-


Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les sociétés ont des droits égaux et le devoir
de s’entraider est universel.

Cela signifie aussi que le Mouvement ne peut, ni ne doit, accepter la passivité devant la
souffrance, l’inaction devant des catastrophes, l’égoïsme individuel ou national. Il doit
démontrer sur le terrain, par son dynamisme, son engagement efficace et désintéressé, qu’il est
concrètement et visiblement au service des êtres humains qu’affligent épidémies, malnutrition,
misère, ouragans, conflit armé.

Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du croissant-rouge forment un tout cohérent.


S’il faut préciser la portée de chacun d’entre eux, il est essentiel de les lire et de les respecter
comme un tout, car c’est de ce tout que naît et perdure l’originalité de ce Mouvement
international. Né d’une initiative individuelle sur un champ de bataille bien précis (Solferino),
le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge étend aujourd’hui son
action à des millions d’individus répartis sur tous les continents. Dans ce sens, le principe
d’universalité prolonge et complète le Principe d’humanité. A la profondeur de la motivation
humanitaire répond l’exigence d’une mission qui traverse et dépasse toutes les frontières.

Le Principe d’universalité indique que le respect des Principes doit être ni partiel ni partial. Le
devoir de s’entraider rappelle aussi que chacune des composantes du Mouvement et
responsables des autres. Les faiblesses ou les manquements de l’une d’entre elles affectent
l’ensemble de la « famille ». Ce qui est en jeu, c’est l’intégrité de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge et leur fidélité aux idéaux et à la mission du Mouvement. Cette universalité-

38
là est difficile à atteindre et à maintenir et exige, de chaque composante du mouvement, fermeté,
courage et vigilance.45
Le CICR apparait dès lors comme une organisation chargée d’histoire dont le parcours
a fondé la crédibilité et établit peu à peu la structuration que nous lui connaissons aujourd’hui.

B) Structuration du CICR

Evoquer la structuration du CICR revient à faire sa présentation, puis examiner plus


précisément sa composition avant de nous intéresser à la juridiction qui est la sienne et aux
différents organes qui lui sont associés.

 Présentation

Le CICR, Comité international de la Croix-Rouge est une organisation internationale qui aide
à soulager la souffrance des personnes sinistrées dans le monde. Le CICR emploie en 2008 près
12 400 personnes dans le monde et dispose d’une présence permanente dans soixante pays. Il
mène ses activités dans plus de quatre-vingt pays à travers le monde.46

Le CICR dans sa charte, doit intervenir partout dans le monde où le besoin humanitaire se fait
sentir, en toute neutralité et impartialité. A ces deux principes fondamentaux, s’ajoute
l’humanité, l’indépendance, le volontariat, l’unité et l’universalité.47

Le CICR est composé de trois organes : l’Assemblée, le Conseil de l’Assemblée et la Direction.


L’Assemblée, organe suprême, exerce la haute surveillance de l’institution, adopte la doctrine,
les objectifs généraux, la stratégie institutionnelle, le budget et les comptes. Le second organe,
le Conseil de l’Assemblée agit par délégation de celle-ci. Il prépare les activités de cette
dernière, statue sur les objets de ses compétences et assure la liaison entre la Direction et
l’Assemblée. Ses membres sont élus par l’Assemblée. La Direction, troisième et dernier organe
du CICR, est l’organe exécutif responsable d’appliquer et de faire appliquer les objectifs

45
Les Principes Fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, op cit, pp 30-39
46
www.ICRC.org Qui nous sommes comité international de la Croix rouge
47
Y. SANDOZ, « Le Droit initiative du CICR », German Year Book of international Law,1979,
p632
39
généraux et la stratégie institutionnelle définie par l’Assemblée. Elle est aussi chargée de veiller
au bon fonctionnement et à l’efficacité de l’administration.48

Le CICR est une des composantes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du


Croissant-Rouge. En 1998, le CICR décide de mettre en place de nouvelles structures pour son
organisation interne et adopte donc dans un texte du 24 juin de nouveaux statuts qui remplacent
ceux de 1973. Basé à Genève, son emblème est une croix rouge sur fond blanc. Quinze à vingt-
cinq personnes sont membres permanents du CICR. Ils sont de nationalité suisse, et ils sont
soumis à une réélection tous les quatre ans.49

 Composition de l’ONG

La structuration du CICR comprend un Staff dirigeant réuni autour d’une assemblée composée
de :
 Un Président qui dicte la ligne de conduite et assume la responsabilité première des
relations extérieures de l’institution afin d’assurer la sauvegarde des compétences de
l’organisation
 Deux Vice-présidents. Un vice-président permanent et un vice-président non permanent
qui agissent plus comme des conseillers pour renforcer le pouvoir décisionnel du
Président. A ces trois éléments du pouvoir institutionnel, on associe deux autres
membres non permanents.50

Mais l’organe du CICR se regroupe autour de la Direction Générale qui comprend à son sein :

 Un Directeur Général
 Un Directeur des opérations
 Un Directeur des ressources et de la logistique
 Un Directeur de la communication et de la gestion de l’information
 Un Directeur du Droit International et de la coopération
 Un Directeur des ressources humaines.

48
Statuts du CICR, art.9,10,12. Référence
49
Ibid
50
www.icrc.org Composition du CICR
40
La Direction Générale du CICR a pour rôle d’appliquer et de faire appliquer les objectifs
généraux et la stratégie institutionnelle définis par l’assemblée ou le Conseil de l’Assemblée.
La Direction Générale est aussi garante du bon fonctionnement et de l’efficacité de
l’Administration.

L’Administration est composée de l’ensemble des collaborateurs qui sont affectés à des tâches
humanitaires ou administratives.

Une vingtaine personnes, citoyens suisses forment cette structure hiérarchique du Comité
international de la Croix-Rouge. Depuis le premier juillet 2012, le CICR est dirigé par Peter
Maurer qui remplace Jacob Kellenberger, et le Directeur Général depuis 2010 est Yves
Daccord.

L’emblème du CICR est représenté depuis sa création en 1863 par une croix rouge sur un
drapeau en fond blanc. Ces symboles représentent les couleurs du drapeau Suisse inversées.51

 Juridiction

Le CICR est doté de la personnalité juridique suisse. En effet, d’après ses statuts, le CICR est
une association régie par les articles 60 et suivants du Code civil suisse. Ses membres sont des
citoyens suisses. C’est une association non-gouvernementale née d’initiatives privées. En aucun
cas, il peut être considéré comme une organisation intergouvernementale ou interétatique, selon
les terminologies. Pourtant, en pratique, la fonction et les activités du CICR semblent échapper
au cadre juridique suisse pour relever presque exclusivement du Droit international public, ce
qui confère un statut totalement spécial à cette institution.52

51
CICR, Ressources en ligne
52
Ibid
41
La personnalité juridique se définit comme l’aptitude à être titulaire de droits et assujettie à des
obligations. Celle-ci a été reconnue aux Etats, aux organisations internationales et aux
mouvements de libération nationale.53

Comme le souligne Lorite Escorihuela,54 la personnalité juridique internationale du CICR


dérive du fait « que ses actes peuvent être appréhendés comme le contenu de normes du Droit
international ». Cela lui confère des droits face aux Etats afin de le mettre en rapport de
collaboration et non de subordination avec eux. Ainsi, le CICR possède les attributs «
Classiques » d’un sujet du Droit international qui sont la capacité de conclure des traités
internationaux, la capacité d’entretenir des relations diplomatiques avec les Etats et la capacité
de faire valoir des prétentions internationales. Ces attributs sont en réalité la preuve que le CICR
se comporte juridiquement comme un Etat souverain, jouant d’égal à égal avec les autres Etats.

Le CICR, organisation humanitaire, indépendante et neutre, apparaît donc bien comme un sujet
du Droit international tout en étant ancré dans le système juridique suisse.

 Organes associés au CICR

Le CICR entretient des rapports très étroits avec d’autres ONG humanitaires. Par ces rapports,
le CICR vise à faciliter son action sur le terrain dans les pays où ces ONG auxiliaires du CICR
sont fortement implantées.
Parmi ces ONG, on a :

o Les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Au départ, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge étaient une solution de promptitude


d’intervention lorsqu’il s’agissait des catastrophes naturelles. Mais depuis, leur rôle a évolué.
La dernière ratification sur le rôle des Sociétés Nationales a eu lieu en 1999 à Genève. Elle vise
une étude approfondie sur le rôle d’auxiliaire des Sociétés nationales en tenant compte des

53
Définition personnalité juridique Lexique des termes juridiques
54
Professeur à l’université du Québec dans son œuvre recherche sur le droit transnational
42
évolutions des besoins humanitaires, mais aussi de santé publique et dans le domaine social,
ainsi que le rôle du secteur privé d’un Etat et des organisations bénévoles dans la fourniture des
services humanitaires.55

Les Sociétés nationales doivent donc collaborer avec les Etats membres afin de répertorier les
besoins humanitaires de chacun (santé, social…). Les Sociétés nationales sont des auxiliaires
du CICR mais aussi des Etats où elles sont installées, car ils doivent travailler mutuellement
afin de faire respecter les différents traités et ratifications. En outre, les Sociétés Nationales de
la Croix-Rouge ont un devoir où elles sont présentes, de sensibiliser les dirigeants politiques,
surtout dans les pays à forte tension politique, sur les méfaits des conflits armés, sensibiliser
les populations dans le domaine de la santé publique.56
La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fut fondée
à Paris, le 5 mai 1919.

o L’Organisation des Nations Unies

Le Comité International de la Croix-Rouge a un statut d’observateur depuis la résolution du 16


octobre 1990.
A plusieurs égards, l’existence du CICR sur le plan international est officiellement reconnue.
Les quatre Conventions de Genève et les deux Protocoles additionnels de 1977 lui confèrent un
mandat fondé sur le Droit international public. Ce qui signifie alors que les 188 Etats signataires
de ces textes reconnaissent le CICR comme un acteur des relations internationales.
L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l’ONU ont également, implicitement ou
explicitement, reconnu son existence dans le domaine humanitaire. Beaucoup d’organisations
internationales le considèrent d’ailleurs comme une organisation intergouvernementale. Mais
la plus belle preuve de la reconnaissance de son fait sur le plan international est la signature
d’accord siège entre le CICR et la Suisse, procédure relevant directement du Droit international
public qui confère immunités et privilèges à ses membres. Par là-même, la Suisse reconnaît le
statut de personne juridique international au CICR pourtant soumis à son ordre juridique
interne.

55
Thèse Sosthène Bounda Comité international de la croix rouge en Afrique centrale
56
Site du CICR, Ressources en ligne, Les sociétés nationales
43
Par ailleurs, il est important de savoir que le CICR est financé, volontairement, principalement
par des contributions des gouvernements et des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge mais également par des contributions d’entités supranationales telles que la
Commission européenne, par des donations de sources privées et par ses propres fonds internes.
A titre d’exemple, le budget initial total du CICR s’élevait, en 2003, à 938,7 millions de francs
suisses, soit environ 694,8 millions de dollars US.57

Le CICR trouve aussi ses ressources financières dans les cotisations des gouvernements
signataires des conventions de Genève, des cotisations des membres du bureau exécutif, des
avoirs fonciers mais aussi de certains dons. Le financement du CICR, financement indépendant
sans autre intérêt, doit lui garantir une certaine indépendance qui est l’un des principes de base
de la création de l’ONG.

58

Source : CICR, Découvrez le CICR, Genève, 2005, pp 4-5

La structuration du CICR nous aide à mieux comprendre le fonctionnement de cette


organisation, toutefois, pour cerner au mieux son impact il convient également de s’intéresser
à ses activités, but et mission.

Paragraphe II : Activités, But et mission


Nous parlerons des activités de l’organisation en (A) et de sa mission et son but en (B).

57
Site du CICR, Ressources en ligne, Financement
58
Source : CICR, Découvrez le CICR, Genève, 2005, pp 4-5

44
A) Activités de la croix Rouge internationale

Les parties au conflit accorderont au CICR, toutes les facilités possibles pour lui permettre
d’assumer les taches humanitaires que lui attribuent les conventions et protocoles, afin d’assurer
protection et assistance aux victimes des conflits et exercer toutes autres activités humanitaires
en faveur de ces victimes
Celles-ci accorderont aussi à l’organisation les facilités nécessaires à l’exercice de leurs
activités humanitaires.59

Pour accomplir sa mission le CICR a articulé ses activités autour de quatre programmes :

• La protection des personnes affectées par un conflit (prisonniers de guerre, civils,


détenus de sécurité subissant les effets des combats …) en assurant les conditions
matérielles et psychologiques conformes au droit en Vigueur.

• L’assistance des personnes affectées par un conflit

• La prévention des crimes de guerre et autres violations du droit international


humanitaire, le CICR travaille à cet objectif par la promotion et le renforcement du DIH
et des principes humanitaires universels

• La coopération avec les autres composantes du Mouvement international de la croix


rouge et du croissant rouge60

Il faut dire que le droit international conventionnel n’ignore pas les missions médicales et les
membres des ONG mais toutes les situations ne sont pas couvertes par les dispositions des
textes et certaines demeurent en dehors de leur champ d’application ces lacunes juridiques
hypothèquent gravement la sécurité de ces missions même si aujourd’hui leurs avis sont
divergents quant à la nécessité d’une réglementation internationale compétente61.

59
Activités du CICR www.icrc.org
60
Les grandes lignes de la coopération (archive) sur le site du CICR
61
Droit Humanitaire Mario Bettati 1ère édition Droit public Science politique
45
B) But et mission

L'action du CICR se fonde sur les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles
additionnels, ses Statuts ainsi que ceux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge et les résolutions des Conférences internationales de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge. Le CICR est une institution indépendante et neutre qui protège et assiste les
victimes de conflits armés et d'autres situations de violence. Il intervient dans les situations
d'urgence, et s'emploie également à promouvoir le respect du droit international humanitaire et
son intégration dans les législations nationales.62

C'est à l'initiative du CICR que les États ont adopté la Convention de Genève de 1864. Depuis,
le CICR, avec le soutien de l'ensemble du Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge, n'a cessé de demander instamment aux gouvernements d'adapter le droit
international humanitaire à l'évolution des conflits, en particulier à l'évolution moderne des
méthodes et moyens de guerre, de manière à fournir une protection et une assistance plus
efficaces aux victimes de conflits.

Aujourd'hui, tous les États sont liés par les quatre Conventions de Genève de 1949, qui
garantissent la protection des blessés, des malades et des naufragés des forces armées, des
prisonniers de guerre et des civils lors de conflits armés.

Plus des trois-quarts des États sont actuellement parties aux deux Protocoles additionnels aux
Conventions de Genève datant de 1977. Le Protocole additionnel I et le Protocole additionnel
II protègent respectivement les victimes des conflits armés internationaux et les victimes des
conflits armés non internationaux. Plus particulièrement, ces traités ont codifié les règles
relatives à la protection de la population civile contre les effets des hostilités. Le Protocole
additionnel III de 2005 autorise les Sociétés nationales membres du Mouvement à utiliser un
emblème additionnel le cristal rouge

62
Fondements juridiques du CICR
46
Le cadre juridique dans lequel s'inscrit toute action du CICR est le suivant :63

 Les quatre Conventions de Genève et le Protocole additionnel I confèrent au CICR le


mandat spécifique d'agir en cas de conflit armé international. Plus spécifiquement, le
CICR a le droit de visiter les prisonniers de guerre et les internés civils. Les Conventions
lui accordent également un large droit d'initiative.
 Dans les situations de conflit armé non international, le CICR jouit d'un droit d'initiative
humanitaire reconnu par la communauté internationale et ancré dans l'article 3 commun
aux quatre Conventions de Genève.
 En cas de troubles ou de tensions internes, et dans toute autre situation qui justifie une
action humanitaire, le CICR peut également exercer un droit d'initiative, qui est reconnu
par les Statuts du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Ainsi, dans tous les cas où le droit international humanitaire n'est pas applicable, le
CICR peut offrir ses services aux gouvernements sans que cela constitue une
quelconque ingérence dans les affaires internes de l'État concerné.

 La mission du CICR

Organisation impartiale, neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge


(CICR) a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de
conflits armés et d’autres situations de violence, et de leur porter assistance. Le CICR s’efforce
également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes
humanitaires universels.64
Crée en 1963, le CICR est à l’origine des Conventions de Genève et du mouvement
international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont il dirige et coordonne les activités
internationales dans les conflits armés et les autres situations de violence.65

Après avoir fait la présentation du CICR, il convient à présent de nous intéresser à son
intervention en Afrique.

63
Voir conventions de Gnève et protocoles additionnels
64
www.icrc.org Mandat et mission comité international de la croix-rouge
65
Texte figurant sur les publications du CICR, dernière mise à jour par le comité,19 juin 2008)
47
Section 2 : Description de l’intervention du CICR en Afrique (pays choisi
pour l’étude)

Le CICR conduit ses actions à partir d’un mode d’intervention précis (Paragraphe I)
dans les conflits armés en Afrique en posant des actions concrètes (Paragraphe II).

Paragraphe I : Plan d’intervention du CICR

Le CICR agit en fonction de plan précis et selon une ligne directive comme toute
organisation. C’est dans cette optique que nous nous intéressons à son champ d’action et aux
critères d’action qui sont propres à cette organisation (A) puis nous intéresserons à la stratégie
employée par cette organisation (B).

A) Champ d’action

Les délégations du CICR sur le terrain fournissent un soutien essentiel pour la bonne marche
des opérations et les supervisent. Ils définissent et mettent en œuvre aussi les politiques et les
stratégies institutionnelles régionales, plusieurs pays.66 Elles déploient toute une gamme
d’activités qui dépendent de la situation et des besoins du pays concerné. Dans le cadre des
conflits armés le CICR intervient dans deux situations :
• Au centre de sa mission se situe son action en faveur de toutes les victimes de conflits
67
armés internationaux ou nationaux Ce point étant primordial le CICR offre ses
services dans ce cas en se basant sur le DIH et en prenant en compte les besoins
humanitaires existants ou anticipés.
• Il intervient également pour apporter une contribution spécifique à l’action humanitaire
entreprise par l’ensemble des acteurs humanitaires. Il le fait dans ses domaines
d’expertise particuliers (diffusion du DIH, et respect des principes fondamentaux)
domaines dans lesquels il a reçu un mandat explicite68.

66
www.icrc.org action humanitaire comité international de la croix-rouge
67
Voir l’article 5 par 3 des statuts du mouvement. Le CICR
68
Voir document Le CICR, Sa mission et son action
48
Nous pouvons donc voir que le champ d’action du CICR, apparaît assez vaste mais quels sont
les critères d’action particuliers à cette organisation ?
Lorsque la situation est identifiée, le CICR pose ses priorités sur la base de certains critères. Il
s’agit principalement :
• Des bases juridiques de son action69 : le CICR agit dans des situations ou le droit
international humanitaire est applicable et il examine l’opportunité d’agir dans le cadre
des suites directes et autres situations de violences non couvertes par le DIH (troubles
intérieurs et tensions internes).
• De la gravité des souffrances des victimes et l’urgence de leurs besoins comme le
mentionne le principe d’impartialité
• De la valeur ajoutée de son action qui se perçoit par la spécificité de cette organisation
qui se pose en intermédiaire, institution neutre et indépendante, et aussi de son savoir-
faire pour venir en aide aux victimes (logistique, connaissance du milieu etc.)

A tous ces critères peuvent s’ajouter des considérations et contraintes opérationnelles qui
rendent nécessaire l’intervention du CICR comme une invitation au CICR d’agir sur des
questions de sécurité.
Après avoir donc examiné le champ d’action ainsi que les différents critères d’action du CICR,
nous pouvons à présent étudier la stratégie déployée par cette organisation.

B) Stratégies du CICR

La stratégie du CICR constitue la feuille de route à suivre. Elle vise à guider l’institution dans
ses efforts pour prévenir et atténuer les souffrances des personnes touchées par les conflits et la
violence, ainsi qu’à l’aider à assurer la pertinence et la durabilité de son impact humanitaire. La
stratégie préconise des approches proactives pour répondre aux défis en temps de conflits
armés. La déclaration de mission du CICR définit quatre approches que le CICR combine dans
sa stratégie globale en fonction du contexte afin d’atteindre sa finalité.

 Approche Protection

69
Sur la base des faits, le CICR qualifie la situation ce qui pourra définir son cadre légal.
49
C’est la protection en faveur des victimes d’une situation de conflit armé ou de violence interne,
qui existe déjà où se dessine. Ceux qui sont concernés par cette action sont : la population civile,
les personnes privées de liberté, les familles dispersées, les blessés et les malades ;
La protection vise à assurer que les autorités et les autres acteurs respectent les obligations et
les droits des personnes civiles en situation de violence, elle comprend les efforts cherchant à
prévenir et /où mettre fin à ces violences du DIH et certains autres corps de droit protégeant la
personne humaine en temps de conflits armés.
Afin de porter assistance aux personnes touchées en période de conflits armés.70

 Approche Assistance

L'assistance est l'essence de toutes les activités de la Croix-Rouge. L’assistance a pour but
de préserver, la vie, les moyens d’existence des populations et rétablir la dignité humaine
Des individus touchés par les conflits armés.

- Toutes ces opérations d’assistance répondent aux besoins et aux conséquences des
violations humaines tout en réduisant l’exposition aux risques des populations

- L’assistance comble les besoins essentiels et non couverts des populations sur le plan
(environnemental, social et culturel) ces besoins sont multiples et variés (santé, eau,
assainissement sanitaire etc.). Elle comble ces besoins par la fourniture de biens et services, le
soutien aux structures et la promotion, de la responsabilité des autres acteurs.71

Diriger et coordonner les activités du CICR en situations de violence nous amène à aborder
l’approche coopération

 Approche Coopération

La coopération a pour but de renforcer les capacités opérationnelles des sociétés nationales
avant tout dans les pays touchés, ou susceptibles de l’être par les conflits armés ou par d’autres
situations de violence mais aussi de renforcer les capacités du CICR dans le cadre de son

70
Voir Jean-Luc Blondel, « Rôle du CICR en matière de prévention des conflits armés :
possibilités d'action et limites », Revue internationale de la Croix-Rouge, Vol. 83, N° 844,
71
Ibid
50
interaction et son partenariat avec ses dernières72

Elle tend à optimiser l’action humanitaire des composantes du mouvement en utilisant au mieux
la complémentarité des mandats et des compétences dans les domaines opérationnels tels que
la protection, l’assistance et la prévention

Cette approche se perçoit également par l’élaboration et la mise en œuvre des politiques du
mouvement adoptées lors des réunions statutaires et renforce les capacités des sociétés
nationales de la Croix Rouge à adhérer en tout temps aux principes fondamentaux.

En plus de cette collaboration le CICR s’efforce de prévenir la souffrance, par la promotion du


DIH et des principes humanitaires universels.

 Approche prévention

Au sens littéral, la prévention est le fait d’agir pour empêcher que quelque chose se produise73.
Au niveau le plus général, toutes les activités du CICR ont pour but de prévenir les souffrances
humaines engendrées par les conflits armés ou d’autres situations de violence. Par conséquent,
intervenir « pour prévenir » les problèmes d’ordre humanitaire est une perspective commune
aux différents domaines d’activité de l’institution74. Néanmoins, au sein du CICR, le terme de
« prévention » est également associé à une approche particulière de ces problèmes, distincte
des approches de l’institution dans les domaines de la protection, de l’assistance et de la
coopération75. Dans le cadre de son approche Prévention, le CICR s’efforce de prévenir les
souffrances humaines en créant un environnement qui soit favorable, d’une part, au respect de
la vie et de la dignité des personnes touchées par les conflits armés et d’autres situations de

72
Voir « doctrine relative à la coopération entre le CICR et les société nationales », Revue
internationale de la croix rouge n851, septembre 2003, P679-695
73
Du latin praeventio, action de devancer.


74
Voir Jean-Luc Blondel, « Rôle du CICR en matière de prévention des conflits armés :
possibilités d'action et limites », Revue internationale de la Croix-Rouge, Vol. 83, N° 844,
décembre 2001, pp. 923–945. Blondel relève que toutes les activités du CICR contribuent aux
trois différents objectifs, fût-ce à des degrés divers : 1) un objectif normatif et éducatif ; 2) un
objectif correctif et curatif et 3) un objectif prévisionnel et préventif. Ibid., p. 936.


75
Le CICR sa mission et son action
51
violence et, d’autre part, au respect de son action. Elle suppose généralement une perspective à
moyen ou long terme et consiste à prévenir la souffrance en influençant les acteurs susceptibles
de déterminer, directement ou indirectement, le destin des personnes touchées par ces
situations. La prévention comprend en particulier les efforts visant, d’une part, à communiquer,
développer, clarifier et promouvoir la mise en œuvre du DIH et d’autres corps de droit
applicables et, d’autre part, à faire accepter l’action du CICR76. 

Les conflits armés sont souvent source de chaos, aussi les actions du CICR doivent obéir à un
plan d’intervention correctement élaboré et appliqué. Après donc avoir examiné ce plan nous
pouvons envisager les zones d’intervention du CICR sur le continent africain.

Paragraphe II : Zones d’intervention du CICR en Afrique

De nombreux pays en Afrique sont le théâtre de conflits armés, internationaux ou non


internationaux, engendrant d’insupportables souffrances parmi la population civile. Dans le
cadre de notre travail nous nous sommes pourtant limité à choisir certains pays au caractère
assez représentatif, ainsi, les zones d’intervention du CICR en Afrique peuvent ici s’envisager
en deux groupes, tout d’abord, les opérations du CICR en Afrique Centrale (A), puis les
opérations du CICR en Afrique de l’Ouest (B).

A) Les opérations du CICR en Afrique Centrale

Nous parlerons des actions du CICR en république démocratique du Congo et en République


centrafricaine.

République Démocratique du Congo

En république démocratique du Congo le CICR promeut le respect du Droit international


humanitaire, aide les personnes touchées par le conflit et la violence à subvenir à leurs besoins,
le CICR améliore aussi l’approvisionnement en eau et l’assainissement, il réunit les membres

76
Ibid
(CICR) en - International Committee of the Red Cross
https://www.icrc.org › download › file › irrc-874-prevention-policy-fre

52
de familles séparées et renforce les soins de santé pour les blessés, malades et victimes de
violence. Présent en RDC depuis 1978, le CICR maintient une délégation à Kinshasa, des sous
délégations à Bukavu, Goma et Lubumbashi.
Nous avons fait le tour d’horizon des activités du CICR en RDC durant le premier semestre
2017 et le constat :
- 414 blessés de guerre (Civils et combattants) ont été opérés par des équipes
chirurgicales du CICR ou formées par le CICR
- 42000 personnes ont reçu des articles de première nécessité au Nord et au Sud-
Kivu

- 42 enfants non accompagnés ont été réunis avec leurs familles par le CICR ou la
croix rouge de la RDC

- 30000 personnes ont bénéficié de la réhabilitation de quatre systèmes


d’approvisionnement en eau et milieu rural

- 25500 détenus ont été visités et plus de 2000 ont bénéficié d’une aide alimentaire

- 4300 membres de forces armées et de sécurité, et d’autres porteurs d’armes ont


été sensibilisés au droit international humanitaire.

- 199volontaires de la croix rouge ont été préparés à la réponse aux urgences dans
7 provinces77

En 2018 Les opérations du CICR consistaient à :

- Rassembler les familles séparées par les conflits

- Améliorer l’accès au soin de santé

- Subvenir aux besoins essentiels

77
Art du CICR fait et chiffre du 1er semestre de la république Démocratique du Congo,1er
janvier au 31juin
53
- Assurer l’accès à l’eau et améliorer l’assainissement

- Rendre visite aux personnes privées de liberté

- Promouvoir le droit international humanitaire

- Coopérer avec la croix Rouge de la RDC

78

78
www.icrc.org république démocratique du Congo actions du CICR
54
79

80

79
www.icrc.org république démocratique du Congo actions du CICR
80
Art du CICR fait et chiffre de la république Démocratique du Congo,2018
55
81

De terribles affrontements ont déchiré en 2018 deux ethnies sur fond de conflit foncier dans la
ville de Kakenge, région du Kasaï, au centre de la République démocratique du Congo (RDC).
Beaucoup de personnes ont dû fuir et tout abandonner derrière eux pour se réfugier en brousse.
Le calme revenu, il a fallu revenir chez soi et souvent tout reconstruire.
Devant la multitude des besoins, le CICR a distribué en août 2019 de l'argent liquide à près de
10,000 familles victimes de la violence, leur permettant ainsi de répondre de manière
individualisée à cette crise et permettre à ces personnes de se reconstruire

République Centrafricaine

81
www.icrc.org république démocratique du Congo CICR
56
Le CICR est actif en République centrafricaine depuis 1983, avec une présente permanente
depuis 2007.A ce jour, il dispose d’une délégation à Bangui, de sous délégations à Kaga
Bandoro, Bambari et Ndélé et d’un bureau à Birao. Il opère également dans l’ouest du pays à
partir d’une délégation à Bangui et plusieurs actions sont mené en collaborations avec la croix
rouge centrafricaine.
Afin de répondre aux urgences médico-chirurgicales des équipes médicales et chirurgicales du
CICR travaillent à l’hôpital communautaire de Bangui (HCB) et à l’hôpital préfectoral de kaga
Bandoro (HPKBA), le CICR propose un soutien multiforme a certaines autres structures de
santé pour améliorer l’accès aux soins de santé dans l’arrière-pays.
Il maintient des contacts avec les porteurs d’armes afin de promouvoir le respect du (DIH), il
leur rappelle leur obligation de respecter et protéger les civiles ne participant pas aux conflits
De janvier à juin 2017 on enregistrait comme faits marquants :

- Plus de 2800 enfants malnutris ont été traités dans les unités de nutrition
thérapeutique de Kaga Bandoro et d’autres villages de la région.

- Près de 126000 personnes vulnérables (résidentes, déplacées ou de retour dans


leur région) ont reçu des semences et des outils aratoires qui les aideront à reprendre leurs
activités agricoles

- 310 patients ont été hospitalisés dans le service de traumatologie de l’HCB, et


l’équipe chirurgicale du CICR a effectué 475 interventions

- Plus de 75000 personnes ont accès à l’eau potable a des infrastructures sanitaires
dans les camps de déplacés de Kaga Bandoro, Bambari et Alindao

- Le CICR a rendu visite à près de 1200 détenus, dont plus de 900 ont reçu des
articles d’hygiène

- 54 personnes recherchées par leurs proches ont été localisées en RCA et dans les
pays voisin82

82
Art. du CICR fait & chiffre en république centrafricaine, janvier-juin 2017
57
En 2018 plusieurs actions ont été posées en faveur des populations :

83

Depuis 14 ans, à Garga Zalo, il n’y avait pas d’eau potable. Pour satisfaire leurs besoins en eau,
les populations de ce village n’avaient que deux sources naturelles très polluées. Dans le cadre
de ses activités d’assistance à l’ouest de la Centrafrique, le CICR à assurer l’accès en eau
potable, et à de meilleures conditions d’hygiène aux populations en cette année 2019.
Ce que nous pouvons voir sur cette image suivante.

83 Art. du CICR fait & chiffre en république centrafricaine 2018 www.icrc.org


58
84

84
www.icrc.org république centrafricaine actions du CICR
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85
www.icrc.org république centrafricaine actions du CICR
60
Lorsque les violences ont commencé en 2013, Abdoulaziz Baba Al Hadji avait 7 ans et se
trouvait dans le village de Lambi avec son grand-père, Alim Kognol. Ils ont fui le village pour
se réfugier au Tchad, pays voisin de la Centrafrique. Les parents de l'enfant, qui vivaient dans
un autre village, ont aussi dû fuir sans savoir ce qu'étaient devenus leur fils et son grand-père.
Malheureusement, le père a été tué en cours de route. La mère d'Abdoulaziz, elle, a pu atteindre
Boda où se trouvait le reste de la grande famille. Une fois le calme revenu, la mère a pu obtenir
des premières nouvelles quand des personnes retournées du Tchad lui ont appris que son père
et de son enfant étaient dans un camp de réfugiés. Elle a reçu le numéro de téléphone de son
père mais n'a pas osé le contacter. Le 4 novembre 2017, la mère de l'enfant a approché une
équipe CICR en mission à Boda pour expliquer l'histoire de la séparation et la situation de
l'enfant et de son grand-père au Tchad, afin de leur demander d'entamer des recherches. Les
informations ont été envoyées à la Délégation du CICR de N'djaména qui a entamé les
recherches avec la Croix-Rouge du Tchad. Grâce aux efforts des volontaires, le grand-père et
l'enfant ont pu être localisés.

Tels sont les exemples d’intervention du CICR dans la zone Afrique centrale, toutefois le CICR
intervient également en Afrique de l’Ouest.

B) Les opérations du CICR en Afrique de l’Ouest

Nigéria

En partenariat avec la Croix-Rouge du Nigéria, le CICR continue d’apporter une assistance aux
victimes des conflits armés et de la violence au Nigéria afin d’alléger leurs souffrances. Nous
les aidons aussi à améliorer progressivement leur qualité de vie en leur fournissant les moyens
nécessaires pour redémarrer une activité agricole ou commerciale.

61
86

En 2018, plusieurs actions ont été enregistrées et elles concernaient plusieurs domaines :

87

86
www.icrc.org Nigéria actions du CICR
87
Art. du CICR fait & chiffre Nigéria, 2018
62
88

Mali

En 2015 le CICR a poursuivi son aide aux populations touchées par le conflit armé au Mali.
Voici un compte rendu des activités déployées, entre autres les programmes d'assistance
alimentaire, d'accès à l'eau potable et aux soins de santé et de protection et d'assistance aux
détenus :

88 Art. du CICR fait & chiffre au Nigeria, 2018


63
89

89 Art. du CICR fait & chiffre au Mali 2015


64
90

Au Mali, le CICR développe plusieurs activités, notamment les visites aux personnes privées
de liberté, le rétablissement des liens familiaux entre proches séparés à cause du conflit, la prise
en charge des blessés de guerre, la vaccination animale, la distribution des semences et
matériels agricoles aux paysans, la réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau,
ainsi que la diffusion du droit international humanitaire (DIH). Son partenaire privilégié est la
Croix-Rouge Malienne (CRM).

90
www.icrc.org Mali actions du CICR
65
911
Art. du CICR fait & chiffre au Mali de janvier à juin 2019

Chapitre II : Cadre Conceptuel

Selon le sociologue français Emile Durkheim en (1967), « la première démarche du sociologue


doit être de définir les choses dont il traite le sujet afin que l’on sache et qu’il sache très bien
de quoi il est question ». A cet égard, Dans ce chapitre nous allons définir les notions clés de
notre sujet et exposer de manière générale le rôle des ONG dans les conflits armés.

Ainsi nous verrons d’abord l’approche définitionnelle, où nous présenterons de manière


générale les concepts de notre sujet (Section 1). Puis nous nous intéresserons aux concepts
relatifs au mode de gestion de ces ONG humanitaires en temps de conflits armés (Section 2).

Section 1 : Approche définitionnelle, généralité sur les ONG humanitaires et


les conflits armés

L’étude du rôle des ONG humanitaires en temps de conflits armés passe par la connaissance
des termes qui composent ce sujet, il est plus que nécessaire de mieux cerner la notion d’ONG
humanitaire (Paragraphe I) et de faire la lumière sur les différents concepts de conflits
(Paragraphe II).

91
66
Paragraphe I : Définition de concepts

Définir les concepts revient à en examiner les diverses significations mais également à en
préciser le sens dans le cadre de notre étude. C’est dans cette perspective que nous
commencerons par étudier la définition du terme ONG (A), avant d’envisager les notions qui
sont étroitement liées à leurs actions (B).

A) Définition du terme ONG

De manière étymologique c’est un sigle pour désigner une organisation non gouvernementale.
En Anglais : Non-governmental organization (NGO).
Elle peut également se définir comme une organisation de la société civile d’intérêt public ayant
un caractère humanitaire et qui est indépendant (elle ne dépend ni d’un Etat, ni d’une institution
internationale).

Selon le Dictionnaire pratique de l’humanitaire de Francisco RUBIO et de Christelle HURE on


entend par ONG (Organisation non gouvernementale) des organisations nationales ou
internationales qui sont indépendantes du gouvernement du pays ou elles été fondées.
Il faut savoir que les ONG humanitaires ont un large champ d’action et l’aide humanitaire
qu’elles apportent est fonction des besoins des particuliers, des familles et communautés.
De ce fait elles peuvent agir aussi bien sur le plan national et international et leur
fonctionnement est régi par le droit international humanitaire.

Par ailleurs, les ONG humanitaires sont des organisations qui se regroupent parfois en réseaux,
ou en collectifs en fonction de leur spécificité ou domaine d’action (ASAH, CRID etc.) et qui
apportent une aide humanitaire par le biais de la solidarité à travers des programmes d’aides,
éducatifs ou caritatifs par exemple.
On rencontre également les ONG de développement qui s’engagent à long terme sur den
mettant sur pied des programmes bien définis d’action, c’est l’exemple de ONG HOPE, GRET,
GERES, Horizons partagés, etc. De manière générale celles-ci sont plus discrètes, mais les
ONG d’urgence sont plus souvent médiatisées.

67
Il faut dire que certaines ONG internationales ont une approche plus large tant leur champ
d’action est vaste cette approche est qualifiée de « globale ».
Elles interviennent à la fois dans des programmes de développement et d’urgences humanitaires
mais aussi dans des activités de plaidoyer c’est le cas de OXFAM international.

En sus, les analyses issues de la distinction entre les organisations de solidarité Internationale
des Migrants et (OSIM) et les organisations de Solidarité internationale (OSI) ont permis de
voir avec plus de clarté les différentes actions entreprises par ces organisations dans le but de
promouvoir de réelles initiatives de développement des personnes vivants hors de leur pays
d’origine pour leur pays d’origine. Après avoir évoqué le terme ONG nous pouvons à présent
nous intéresser aux notions très souvent en rapport avec leur action.

B) Les notions associées.

Les différentes ONG exercent dans plusieurs domaines, mais les organisations à caractère
humanitaire sont directement en rapport avec certaines notions que nous devons également nous
atteler à expliciter ici.
L’impératif humanitaire étant une priorité absolue le droit d’offrir une assistance humanitaire
apparait comme un principe fondamental de l’humanitaire fondamental ainsi nous pouvons
définir l’aide humanitaire comme suit :

- L’aide humanitaire : acte ni partisan, ni politique c’est aussi une action de secours et une
assistance apportée aux victimes lors des conflits armés et autres catastrophes. Comme
pouvait le dire l’auteur Marc Antoine92 l’aide humanitaire « vise à sauver des vies, à
alléger les souffrances et à assister des victimes en détresse. Elle ne se limite pas aux pays
du Sud et concerne aussi des actions de proximité dans le monde développé. L’assistance
a des populations en danger de mort ne s’arrête pas non plus aux conflits armés. Elle
s’étend également aux victimes de catastrophes naturelles et, dans son acception la plus

92
Marc-Antoine Pérouse de Montclos, article intitulé ‘’ Quelques éléments de définition et
beaucoup de controverses’’ (Questions internationales, n°56, ‘’L’humanitaire’’, La
Documentation française, juillet-aout 2012)
68
large, à toute personne en péril, qu’il s’agisse de sinistres ou de situations de grande
pauvreté. »

- Selon M. Brauman93,qui a écrit une thèse très intéressante sur cette notion " il faut avoir
une conception restrictive et limitative de l'action humanitaire si l'on veut lui donner sa
substance “. Il pouvait dire que dans le processus d’extension indéfinie de son champ,
l’action humanitaire perd en épaisseur ce qu’elle gagne en surface, risquant ainsi de se
voir ramenée, à terme, à une simple technique de communication, c’est-à-dire, le cas
échéant, de dissimulation. C’est pourquoi, sans viser à une quelconque hiérarchisation des
formes d’action et de solidarité, une définition est devenue indispensable. En voici une,
dont le contenu est essentiellement opérationnel : l'action humanitaire est celle qui vise,
pacifiquement et sans discrimination, à préserver la vie dans le respect de la dignité, à
restaurer l'homme dans ses capacités de choix. Affirmer cette dimension individuelle de
l’action, c’est dire que, à la différence de l’aide au développement, l'humanitaire n'a donc
pas pour ambition de transformer une société, mais d'aider ses membres - les plus
vulnérables d’entre eux- à traverser une période de crise, autrement dit de rupture d'un
équilibre antérieur. Préciser qu'elle est mise en œuvre pacifiquement et sans
discrimination, c'est dessiner à la fois les contours de la scène et la silhouette des acteurs.
C'est notamment affirmer le statut particulier des organisations humanitaires privées et
mettre en question les gouvernements dans leur nouveau rôle d'intervenant direct.
Compléter en invoquant les "principes d'humanité, du droit des gens et des exigences de
la conscience publique", pour reprendre les termes, délibérément vagues et pourtant
précis, des Conventions de Genève, c'est enraciner cette action dans une morale
humaniste. C'est par conséquent souligner l'importance de l'intention, mise ici et
contrairement au domaine politique, au même rang que les résultats de l'action. Ainsi se
dessine en creux un territoire de l'humanitaire, qu'encadrent trois balises :
L'intention du geste, que doit guider le souci de l'Autre, et non la défense d'intérêts.
Considérerait-on comme humanitaire, même si leur utilité ne fait aucun doute, la

93
Rony Brauman est un médecin (spécialisé en pathologie tropicale) de nationalité française né
le 19 juin 1950 à Jérusalem. Il est principalement connu pour son rôle dans l'humanitaire.
Ancien président de Médecins sans frontières France (de 1982 à 1994). Rony Brauman est
professeur associé à l’Institut d'études politiques de Paris (1994-1997). Il est lauréat du Prix de
la Fondation Henri Dunant 1997. Il est Directeur de recherches à la Fondation Médecins sans
frontières et participe aux travaux du Crash, le Centre de réflexion sur l'action et les savoirs
humanitaires. Il est chroniqueur au magazine trimestriel Alternatives Internationales
69
commercialisation de services médicaux, les envois d'aide à destination exclusive des
Musulmans de Bosnie par leurs coreligionnaires de Turquie, ou encore la création par le
pouvoir nazi, en 1933, de Winterhilfe, organisme d'aide aux victimes "aryennes" de la
grande crise en Allemagne ? On voit bien que les intérêts commerciaux, les solidarités
religieuses, ethniques ou idéologiques peuvent déboucher sur des gestes dont l'utilité pour
ceux à qui elle s'adresse ne signe pas à elle seule le caractère humanitaire.

Le contexte dans lequel est réalisée l’action : c'est celui, nous l'avons dit, de la rupture
brutale d'un équilibre antérieur. Notion floue, imparfaite, mais utile pour éviter de fixer
nos propres normes comme catégories universelles. C'est dans un environnement de crises,
qu'elles soient d'origine naturelle ou politique, qu'il s'agisse de tremblements de terre ou
de guerres civiles, que l'action humanitaire prend tout son sens : aider des individus et des
groupes à traverser une période particulièrement dure, les accompagner jusqu'au moment
où ils vont pouvoir retrouver leur autonomie antérieure. Ce qui met l’accent sur une
vulnérabilité momentanée, et non pas structurelle : l’aide aux victimes de la guerre ou de
catastrophes naturelles, le soutien aux enfants meurtris par la désagrégation de leur milieu
familial constitue donc le cœur de l’engagement humanitaire. La nature de l'acteur
institutionnel, dont la position d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques doit être
sans équivoque. Du moins en situation de guerre, lorsque la charge politique, très lourde,
requiert de la part des intervenants humanitaires une transparence totale. C'est en effet la
condition nécessaire pour établir, dans un climat par définition très tendu, une relation de
confiance sans laquelle il ne saurait y avoir de déploiement humanitaire efficace du fait de
la limitation des mouvements et des problèmes de sécurité que rencontrent alors les
équipes humanitaires.94

- Aide d’urgence : Assistance à caractère humanitaire financée et mise en œuvre par des
Etats, des organisations internationales et des ONG en faveur de populations civiles en
détresse95

94
Rony Brauman https://www.msf-crash.org/fr/publications/acteurs-et-pratiques-
humanitaires/laction-humanitaire
95
Olivier Nay Lexique de Science Politique : Vie et institutions politique, 3è édition
70
- Une victime est une entité ou une personne qui souffre, qui subit pleins de dommages,
abus et préjudices à cause des mauvais traitements d’une tierce personne.
Exemple d’une personne qui subit les dommages collatéraux des conflits armés

- Personnes Civiles : Toute personne n’appartenant pas aux forces armées est considérée
comme civile96

- On parle également de bénévolat lorsqu’une tierce personne s’engage à mener une action
pour autrui sans rémunération (salaire).

Il faut souligner ici que la notion d’humanitaire existait bien avant, on parle « d’humanitaire
antique »97 qui reposait sur des règles non écrites. Ces différents termes nous permettent de
mieux appréhender la notion d’aide et ONG humanitaire. Et dans notre seconde catégorie nous
avons :

- Les ONG de Plaidoyer : Elles complètent les actions déjà établies pour augmenter l’impact
des interventions, supprimer le blocage lié à l’action humanitaires et à défendre leurs
principes. (Human Rights Watch, RENAF).

Au sein de celles-ci il y a également un groupe dont le but n’est pas la défense de l’intérêt public
mais des ambitions idéologiques ou commerciales (LOBBY)98
Aujourd’hui l’aide humanitaire est une nécessité, elle est liée à ce que doit être impérativement
la communauté internationale, à l’idée que l’humanité est une réalité institutionnelle morale,
juridique et culturelle, fondée sur la solidarité entre tous les états, tous les hommes et tous les
peuples.99
Si l’aide humanitaire a puisé sa source dans la morale, elle possède également des fondements
juridiques dans la communauté internationale actuelle. Ces différents fondements ne s’opposent
pas mais se complètent car le droit ne peut se concevoir sans la morale.

96
Protocole additionnel I aux conventions de Genève du 12 aout 1949 p50,52
97
Conférence de Francisco Rubio sur la notion d’humanitaire et ses dérivés ong-
humanitaire.over-blog.com
98 Définition LOBBY :Groupe de pression
99
Les fondements juridiques du droit à l’aide humanitaire par H. Gros Espiell, SHS-
95 /CONF.805 /4 Paris, le 6 janvier 1995 ; COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE DROIT
A L’HUMANITAIRE
71
Le droit humanitaire est un corpus de plus de 1000 règles qui regroupe ce qu’on appelle le droit
de la Haye100,droit de Genève101 et le droit de New York102 .Ces différentes normes ont pour
but d’humaniser la guerre afin de protéger au mieux les populations victimes de violences. Le
droit humanitaire garantit et organise par des règles l’action humanitaire et c’est dans ce sens
qu’il est étroitement lié aux principes des Droits de l’homme humanitaire. Après avoir ainsi
posé les bases conceptuelles nécessaires à une meilleure compréhension du milieu d’action des
ONG en général et plus particulièrement de celles à caractère humanitaire, nous pouvons à
présent aborder les généralités sur les conflits.

Paragraphe II : Généralités sur les conflits

Nombre de conflits impliquent des collectifs et des particuliers sous des formes diverses, il
s’agira ici mieux expliquer dans un premier temps la notion de conflit (A), afin de mieux
comprendre ensuite ce qu’est un conflit armé (B)

A) Définition de la notion de conflit

Le terme conflit englobe beaucoup de paramètres si de façon générale il exprime le combat, la


contestation ou une guerre entre des entités.
Il peut renvoyer aussi à une rencontre, de sentiments différents qui s’opposent (Conflits
d’intérêts). Il évoque une relation de tension et d’oppositions entre des parties et cette situation
est structurelle.

Quincy Wright103,pouvait dire en 1942 :

100
Le droit de la guerre au sens strict du terme, c’est-à-dire l’ensemble des règles (convention
de la Haye de 1899 et 1907, les protocoles de 1925 portant sur les Gaz et la Convention de 1993
sur les armes chimiques) que doivent observer les belligérants dans la conduite des hostilités
101
L’ensemble des règles (les conventions de 1949 et les protocoles de 1977, avec les
conventions liées aux réfugiés et aux apatrides) qui protègent les victimes de la guerre.
102
Droit portant sur les domaines de crimes contre l’humanité, torture, crime de guerre : droit
de l’homme, charte des nations unies.
103
Philip Quincy Wright (28 décembre 1890-17 octobre 1970) était un politique américain
connu pour son rôle de pionnier et son expertise en droit international et en relations
internationales
72
« La guerre peut être considère comme un conflit simultané de forces armées, de sentiments
populaires, de dogmes juridiques, de cultures nationales ».
A travers cette définition l’auteur pose une distinction claire et précise entre guerre et conflits.
Il ressort de cette distinction que le problème se trouve dans l’appréciation du risque du conflit
vers la guerre.

Et Rousseau104 pouvait affirmer que « La guerre n’est donc point une relation d’homme à
homme, mais une relation d’Etat à Etat, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis
qu’accidentellement, non point comme hommes ni même comme citoyens, mais comme
soldats ; non point comme membres de la patrie, mais comme ses défenseurs ».

Le Politiste Jean –Pierre Derrienic affirmait qu’une guerre « est un conflit violent entre des
groupes organisés » étant donné « qu’un conflit est une relation entre plusieurs personnes ou
plusieurs groupes qui poursuivent des buts incompatibles », et qu’un conflit ne devient pas
inéluctablement violent.105 Mais que signifie dès lors le terme « conflit armé » ?

B) Les conflits armés

Si les conflits armés sont des hostilités armées, il faut préciser qu’il y a eu plusieurs types de
conflits armés dont la qualification juridique n’est pas aisée 106
Le droit positif distingue deux
types de conflits : les conflits armés internationaux et les conflits armés non internationaux mais
la doctrine fait parfois référence à un troisième type de conflit : les conflits armés internes
internationalisés ou mixtes.

Le conflit armé international est défini par l’article 2, paragraphe 1, commun aux conventions
de Genève comme tout « conflit surgissant entre deux ou plusieurs des hautes parties
contractantes, même si l’état de guerre n’est pas reconnu par l’une d’elles », ainsi les conflits
armés internationaux sont des conflits inter étatiques, les guerres de libération nationale.107

104
Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, L.I, chapitre IV De l’esclavage
105
Jean-Pierre Derrienic, les guerres civiles, Presses de sciences Po, 2001, p 13
106
J-M. HENCKAERTS, « Etude du CICR sur le droit international coutumier : Objet,
caractéristiques, conclusion et pertinence »
107 Principes de droit des conflits armés cinquième édition Bruylant Éric David

73
Si les conflits armés internationaux sont bien définis ce n’est pas le cas des conflits armés non
internationaux. En effet, l’article 3 commun aux conventions de Genève, applicable aux conflits
armés non internationaux les définit comme des conflits « ne présentant pas un caractère
international et surgissant sur le territoire de l’une des hautes parties contractantes (…) » il
s’agit donc d’un conflit circonscrit au territoire d’un Etat. La définition donnée par le Protocole
II additionnel de 1977 qui développe et complète l’article 3 commun, est un peu plus précise
car elle mentionne entre outre les acteurs de ce type de conflit : il s’agit des conflits armés « qui
se déroulent sur le territoire d’une haute partie contractante entre ses forces armées et des forces
dissidentes ou des groupes armés organisés(...) »,cette définition ne prend pas en compte toutes
les formes de conflits internes, tels que les conflits armés organisés. Ce qui est certain, c’est
que le champ d’application du Protocole II est plus restreint que celui de l’article 3, le protocole
II ne définit pas clairement la notion de troubles intérieurs laissant ainsi une large place à
l’interprétation des Etats qui refusent souvent d’appliquer ces dispositions même dans des
situations avérées de conflits internes108

La plupart des conflits armés contemporains ne sont pas internationaux de par leur caractère.
Ils ont lieu à l’intérieur des frontières des États et opposent un État et un ou des groupes armés
organisés non étatiques ou de tels groupes entre eux.

La vie quotidienne de nombreux civils en proie à de telles situations est régie par la peur ou la
menace de destruction ou par des souffrances extrêmes. Les attaques délibérées contre des
civils, la destruction des biens de caractère civil et le pillage, le déplacement forcé de
populations, l’emploi de civils comme boucliers humains, la destruction d’infrastructures
vitales aux populations civiles, le viol et d’autres formes de violence sexuelle, la torture, les
attaques sans discrimination , tous ces actes de violence et d’autres ne sont malheureusement
que trop répandus dans les conflits armés non internationaux qui se produisent dans le monde.109

Nous nous rendons aisément compte que parler de conflits armés, c’est nous intéresser aux
situations les plus horribles vécues par des populations dont le quotidien se trouve tout à coup
impacté par des combats, des exactions, des représailles et autres faits de guerre et auxquelles
les différentes ONG à caractère humanitaire souhaitent apporter un soutien réel et efficace.

108
Y. Sandoz, C. SWINARSKI et Zimmermann, Commentaire des protocoles additionnels,
Genève CICR, Martinus Njijhoff Publishers,1986, p1349
109
MIEUX FAIRE RESPECTER LE DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE DANS
LES CONFLITS ARMÉS INTERNATIONAUX
74
Mais comment se manifeste ce soutien exactement ? C’est ce que nous verrons maintenant, au
travers de la gestion des conflits par les organisations humanitaires.

Section 2 : La gestion des conflits par les organisations humanitaires

La gestion des conflits par les ONG humanitaires se perçoit à travers des méthodes et outils
spécifiques, elle exige des mécanismes particuliers permettant de mettre en contact de façon
directe ou indirecte les parties belligérantes afin de conduire les parties à négocier voire même
leur proposer des solutions à leurs différends (Paragraphe I), toutefois, les ONG sont
également là pour apporter leur soutien aux populations d’accueil (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les efforts visant la résolution des conflits


Il est évident que venir en aide aux populations ne peut se faire que dans un climat garantissant
un minimum de sécurité pour les humanitaires dont la qualité du travail sur le terrain dépend
énormément des conditions dans lesquelles ils peuvent mener les différentes actions prévues
dans le cadre des missions du CICR. Ainsi donc le CICR se préoccupe de l’apaisement des
tensions au sein des différentes zones où son intervention est rendue nécessaire, il peut s'agir
dans ce sens d'aider les parties à parvenir à négocier voire à aboutir à un règlement pacifique
de leur différend (A) mais surtout de permettre une coordination des actions humanitaires de
base en zone de conflit armé (B).

A) Les outils de règlements pacifiques

Les modes de règlements pacifiques sont divers et méritent d’être définis, nous parlerons de
trois modes de règlements dans notre étude :

• La médiation : c’est une pratique qui vise à définir l'intervention d'un tiers pour faciliter
la circulation d'information, éclaircir ou rétablir des relations lors d’un conflit. Ce tiers
se doit d’être neutre, indépendant et impartial.

« Une définition générale de la médiation doit prendre en compte qu’il y a quatre sortes de
médiation, les deux premières étant destinées à faire naître ou renaître un lien, les deux autres
75
étant destinées à parer à un conflit. » (P. 164). Selon J.-F. Six110, il y a la « médiation créatrice
» qui a pour but de susciter entre des personnes ou des groupes des liens nouveaux ; la «
médiation rénovatrice » qui réactive des liens distendus ; la « médiation préventive » pour éviter
l’éclatement d’un conflit et la « médiation curative » pour aider les parties en conflit à en trouver
la solution.

• La négociation est la voie de sortie pacifique lorsqu’il y’a un conflit entre deux camps
(ou plus), elle consiste à la recherche d’un accord entre les parties. Cette recherche
d’accord implique la confrontation d’intérêts incompatibles sur divers points que
chacun tentera de résoudre par des concessions mutuelles, cette méthode est au centre
111
de la prévention de conflits.

• La Conciliation désigne l'arrangement amiable auquel parviennent des personnes en


conflit, au besoin avec l'aide d'un tiers. Il s'agit d'un mode alternatif, rapide et gratuit de
règlement des litiges dont la nature ne nécessite pas l'engagement d'une procédure
judiciaire.112

La négociation apparait donc comme l’outil le plus important des humanitaires dont les
différentes actions vont construire peu à peu une véritable diplomatie humanitaire, mais l’action
des ONG à caractère humanitaire se porte aussi énormément vers les populations d’accueil qui
apparaissent comme le « tiers intéressé » de tout conflit armé.

B) Les actions d’apaisement

C'est à Vienne en 1965 que la XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge113 a pu


Adopté une Résolution qui invite le CICR à entreprendre "tous les efforts susceptibles de
contribuer à la prévention ou au règlement de conflits armés éventuels". Depuis lors, le CICR
s'est d'abord montré très entreprenant en ce sens comme en témoigne son intervention en 1965,
pendant le conflit armé interne en République dominicaine. A cette occasion, le CICR avait

110
Prêtre Catholique et théologien impliqué dans le domaine de la médiation
111
www.toupie.org Négociation
112
G.CORNU, Vocabulaire juridique conciliation
113 VOIR XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, résolution

IX, paragraphe 576


76
négocié une trêve entre les parties dans le but de procéder à la prise en charge des blessés et
leur évacuation. Grâce à cette trêve, des pourparlers ultérieurs avaient conduit à la fin pure et
simple des hostilités.

A compléter avec les des données africaines faisant état d'une médiation du CICR dans le but
de parvenir à un apaisement des tensions dans le cadre d'un conflit en Afrique.114
Toutefois, si le CICR reconnaît les vertus du dialogue susceptible de conduire à une extinction
des tensions, il ne s'érige pas non plus en intermédiaire assumant cette mission. Rôle qu'il
préfère laisser aux États, en vue de préserver son statut d'acteur neutre et impartial soucieux
surtout d’apporter une aide aux populations. C'est dans cette optique qu'il va s’orienter par la
suite vers une médiation ayant pour but la coordination d’actions humanitaires de terrain.
Coordonner des actions humanitaires sur le terrain c'est pouvoir convaincre les parties
belligérantes de collaborer pour aider sinon éviter de porter préjudice aux actions humanitaires
dont bénéficient tous les protagonistes au même titre ainsi que les populations qui sont souvent
au nombre des morts et blessés voire des disparus lors de ces différents conflits armés.
A compléter avec les des données africaines faisant état d'une médiation du CICR dans le but
de parvenir à un apaisement des tensions dans le cadre d'un conflit en Afrique.
Ainsi donc, le CICR utilise la médiation et conciliation afin d’asseoir le dialogue entre
belligérants mais, en tout état de cause son action dans le cadre de la gestion des conflits porte
surtout sur le soutien aux populations.

Paragraphe II : le soutien aux populations d’accueil

Les populations touchées par les conflits ont des besoins divers qui doivent tous être pris en
compte pour leur apporter une aide qui soit y conforme et donc efficace. C’est ainsi que les
populations déplacées recevront un soutien dans le cadre de la satisfaction de leurs besoins
primaires (A). De plus, une aide leur sera apportée pour qu’elles puissent retrouver à un certain
équilibre sur le plan humain (B).

A) La satisfaction des besoins fondamentaux ou de survie

Les êtres humains peu importe leur appartenance ethnique ou leur situation sociale sont portés

114 Christoph HARNISH, le CICR en Afrique : contexte et défis


77
à rechercher les éléments nécessaires à leur survie : respirer, boire et manger, mais aussi se
protéger du froid et de la chaleur, être en sécurité, dormir. Ainsi, les populations touchées par
les conflits armés, auront-elles aussi à cœur de satisfaire ces besoins. Or, dès lors que les
combats débutent, il est très difficile pour ces populations de continuer d’assurer la satisfaction
de ces besoins, elles qui très souvent sont forcées de quitter leurs habitations pour fuir les zones
de combat. Elles se trouvent ainsi particulièrement vulnérables et plongées dans une précarité
quasi-absolue. Quand elles ne se déplacent pas, elles peuvent tout autant faire face à des cas de
famine et pénuries en tout genre. C’est dans cette optique que les organisations humanitaires
participent à la mise en place de « camps » destinés à accueillir ces populations pour leur
permettre de disposer d’un endroit où elles seront en sécurité et pourront trouver à manger,
boire, etc. La satisfaction de ces besoins aura alors assurément un effet visible dans l’immédiat
et la plupart du temps, c’est la priorité des acteurs humanitaires, toutefois, il est également
important pour ces ONG de soutenir les populations dans la satisfaction de leurs besoins
d’épanouissement. 115

B) La satisfaction des besoins d’épanouissement

Si parvenir à se nourrir et se loger plus ou moins décemment participe à la survie des


populations touchées par les conflits armés, il n’en demeure pas moins que cela est très
insuffisant si ces mêmes populations ne peuvent accéder à des soins de santé, à l’éducation de
base ou encore bénéficier de structures socio-économiques nécessaires pour les aider à parvenir
à un certain équilibre et à un minimum d’épanouissement. Ainsi, les ONG à caractère
humanitaire participent également à la réalisation de projets entrant dans ce cadre. Il est évident
pour ces populations que retrouver le confort qui était le leur initialement n’est pas le but de
telles démarches mais elles accueillent les efforts qui sont faits en ce sens car même si les effets
de ces actions sont difficiles à appréhender à court terme, elles contribuent fortement à
l’épanouissement des victimes à moyen et long terme. Parce qu’au final le but de leur action
des organisations internationales à caractère humanitaire se trouve là, redonner préserver la vie
des populations rendues vulnérables par les conflits, mais surtout leur redonner espoir et
stabilité.

Les ONG à caractère humanitaire apparaissent donc sur « tous les fronts », tantôt comme les

115
Rôle du CICR en matière de prévention des conflits armés : possibilités d’action et limites
Jean -Luc Blondel
78
intermédiaires qui proposent des solutions de sortie de crise, tantôt comme les premiers
soutiens sur le terrain des populations que les conflits entrainent dans une situation d’extrême
précarité. C’est sur cette note que nous achevons l’examen des cadres conceptuel et
organisationnel, aussi nous pouvons à présent nous intéresser au cadre analytique de notre
étude.

79
TROISIEME PARTIE

CADRE ANALYTIQUE

80
Chapitre I : Le cadre d’intervention du CICR

Dans le but d’atteindre les objectifs par nous fixés, nous avons procédé à l’élaboration d’un
guide d’entretien visant à nous permettre de collecter le maximum de données. Ce qui nous
permet d’envisager d’une part l’adéquation entre les besoins humanitaires et l’action du CICR
(Section 1) et d’autre part le mandat du CICR (Section 2)

Section 1 : Adéquation entre les besoins humanitaires et l’action du CICR.

L’adéquation entre les besoins humanitaires et l’action du CICR doit nécessairement passer par
la reconnaissance des privilèges du CICR (Paragraphe I) et une meilleure connaissance de
l’identité du CICR en (Paragraphe II)

Paragraphe I : La reconnaissance des privilèges du CICR

Afin de parvenir à une action véritablement efficace tout organisme a besoin de se doter des
moyens de réaliser ses objectifs. Le CICR n’échappant pas à cette règle, l’organisme pour
mener ses actions de terrain dans des zones de conflits armés doit tout d’abord bénéficier de
plus de reconnaissance sur la scène internationale (A) et cette reconnaissance est fondée ce qui
ne sera possible que si les obstacles actuels en la matière sont surmontés (B)

A) La nécessité de reconnaissance pour assurer sa mission

Le CICR ne peut mener son action de protection et d'assistance en faveur des victimes des
conflits internes que si les principes qui sont à la base de son action sont respectés. C'est en
reconnaissant au CICR des privilèges et immunités que les Etats et les Organisations
Internationales montrent qu'ils respectent ces principes. Il s'agit, entre autres, des privilèges et
immunités du CICR et de ceux accordés aux personnes habilitées à agir en qualité de personnel
du CICR.116

Les privilèges et immunités du CICR sont essentiellement l'inviolabilité et l'immunité de


juridiction et d'exécution. Aux termes de l'art. 2 de l'Accord entre le conseil fédéral suisse et le
CICR conclu le 19 mars 1993 et entré en vigueur le même jour, « le conseil fédéral suisse

116 Sosthène BOUNDA, thèse sur le Comité international


de la Croix-Rouge en Afrique centrale
à la fin du XXe siècle : cas du Cameroun, du Congo Brazzaville, du Congo Kinshasa et du
Gabon de 1960 à 1999
81
garantit l'indépendance et la liberté d'action du CICR ». Ainsi, la Suisse, à l'instar des autres
Etats et Organisations Internationales, accorde un traitement privilégié au CICR qui est dû au
rôle unique que joue l'institution dans le monde. De plus, les bâtiments ou parties de bâtiments
et le terrain attenant, qui, quel qu'en soit le propriétaire, sont utilisés pour les besoins du CICR,
sont inviolables. Il en est de même pour les archives du CICR, les documents ainsi que les
supports de données qui lui appartiennent ou qui se trouvent en sa possession117. En ce qui
concerne l'immunité de juridiction et d'exécution, elle est très encadrée. Aux termes de l'art. 5
de l'Accord, le CICR ne bénéficie pas de l'immunité de juridiction et d'exécution dans la mesure
où cette immunité a été formellement levée, dans un cas particulier, par le Président du CICR
ou son représentant dûment autorisé ; en cas d'action en responsabilité civile intentée contre le
CICR pour dommage causé par tout véhicule lui appartenant ou circulant pour son compte.

Ainsi de notre entretien au siège de la délégation sous régional du CICR à Dakar il ressort que
lors des conflits et autres affrontements dans certains pays, le CICR par le biais de sa branche
la Société nationale de la Croix-Rouge installée dans une localité, intervient de manière
prompte pour apporter une aide aux victimes. Cette aide est souvent constituée du matériel
médical pour les blessés mais aussi des vivres pour les autres victimes du conflit qui ne peuvent
pas acquérir par leurs propres moyens de la nourriture. Lors des affrontements guerriers, les
populations migrent vers des zones d'accalmie. Ces populations se retrouvent souvent sans
véritables ressources et moyens de se nourrir. Le CICR parfois avec l'appui d'autres ONG,
surtout les ONG onusiennes avec lesquelles il travaille, apporte une aide en nourriture, en
matériel d'installation comme des tentes et aussi en médicaments car les populations déplacées
surtout dans les milieux tropicaux, sont souvent victimes d'épidémies ravageuses.

Le CICR, en temps de guerre ne se limite pas seulement à apporter de l'aide aux sinistrés. Il
essaie aussi de trouver des voies et moyens pour régler le conflit et pour empêcher des dérives
humanitaires. Cela passe par l'établissement d'un dialogue entre les différentes parties
antagonistes.

La présence du CICR sur un territoire en conflit peut aussi servir à alerter la communauté
internationale qui peut demander par le concours de ses instances un cessez-le- feu.

Les tâches du CICR lors des affrontements guerriers sont très diverses. En effet, le CICR essaie

117
Art. 4 de l'Accord entre le conseil fédéral suisse et le CICR du 19 mars 1993 en vue de
déterminer le statut du Comité en Suisse
82
aussi de s'assurer que lors de combats, le "code de la guerre", 118 le Droit humanitaire soit
respecté, sinon demander aux belligérants de respecter ce droit surtout s'ils sont signataires des
différentes Chartes s'y référant. Le respect du Droit humanitaire passe aussi par le respect de
l'adversaire. Ainsi, le CICR s'assure que ceux qui "ne participent plus" au conflit soient traités
avec plus d'humanisme car ils ne sont plus "combattants". Pour cela, le CICR demande aux
combattants la possibilité de faire évacuer les adversaires blessés qui pourraient se trouver dans
leur camp.119 Ceux qui se sont faits prisonniers doivent bénéficier entre autres des visites du
CICR qui s'assurent des bonnes conditions de détention des anciens guerriers, mais aussi, essaie
d'établir les liens avec leurs familles. Ce rétablissement des liens entre les familles des
prisonniers et les familles des disparus est souvent rendu possible par la cellule spécialisée du
CICR : la cellule de rétablissement des liens familiaux, qui met en contact les différentes
parties.120

Le fait de rappeler aux différentes parties antagonistes leur devoir de respect de différentes
chartes, œuvre beaucoup pour l'arrêt des hostilités car parfois par-là, le CICR arrive à établir
une discussion, parfois par courrier, d’autres fois physiquement entre les dirigeants des factions
en présence.

L'objectif de la Croix-Rouge internationale est dans l'immédiat à apporter une aide aux victimes
pour plus tard arriver à une résolution du conflit. Il est aussi à noter que le CICR est donc
souvent plus préoccupé par les crises guerrières que par d'autres sinistres ce qui laisse penser
que c'est une ONG qui intervient seulement en temps de guerre. Bien que ce soit l’objectif
principal de sa création, le CICR par la suite a développé d'autres atouts pour apporter de l'aide
à d'autres personnes en souffrance à travers le monde. Même s’il faut relever que l’organisation
fait face à plusieurs obstacles et doit relever des défis au quotidien.

Quelle assistance pour quelles victimes ? Telle est la question que le CICR se pose en
permanence en Afrique. Il est évident que les besoins humanitaires des populations victimes
des conflits dans un cadre de sous- développement sont immenses. L’action du CICR ne peut
pas tous les satisfaire. Il y a donc un fossé profond entre les besoins des victimes et ce que le
CICR peut concrètement offrir. L’évolution récente des conflits a mis en évidence une baisse

118 Principes de droit des conflits armés cinquième édition Bruylant Éric David
119 Le statut de combattant dans les conflits armés non internationaux de Gérard Aivo préface
de Robert Kolb et Stéphane Doumbé-Billé Bruylant, 2013
120
Ibid
83
du nombre de victimes directement affectées par les hostilités ; dans l’ensemble, il y a moins
de blessés de guerre, mais il y a plus de personnes déplacées et de résidents dont les besoins se
situent aussi bien au niveau de l’urgence qu’à celui de l’aide structurelle. Le CICR se doit
d’adapter son action aux besoins les plus importants, en tenant compte de l’analyse politique et
économique et de l’action des autres intervenants. Ce défi est majeur pour sa politique
d’assistance et de protection. Cette politique doit en outre être portée à la connaissance des
victimes, des autorités et des autres acteurs, afin qu’ils sachent ce que le CICR fait et ne fait pas
et les raisons de ses choix.

B) Les obstacles à la reconnaissance

Le CICR ne peut que rarement résoudre seul des problèmes humanitaires. Il n'est toujours qu'un
acteur parmi tant d'autres, une pièce d'un puzzle complexe, composé de diverses figures
principales et secondaires. En plus des Parties au conflit, ce puzzle se compose également des
autorités civiles, des chefs religieux, des institutions privées de toutes sortes, des médias,
autrement dit de la société civile. Sans son appui, les possibilités du CICR sont limitées. Il
obtient cet appui par le dialogue systématique et un travail d'information. Celui-ci tient compte
des ébauches de discussions critiques dans l'opinion publique et tente, dans la mesure du
possible, de les préserver et de les encourager. Et tous ces différents acteurs sur le terrain
peuvent constituer parfois des blocages à la reconnaissance des privilèges du CICR.121

Les conflits étatiques internes, à cette présente époque, sont de plus en plus nombreux. Ils se
complexifient du fait de l'apparition de nouvelles formes de guerre et du but poursuivi très varié.
Il apparaît dès lors que le contexte dans lequel évolue le CICR devient de plus en plus confus.
En effet, l'accès aux Parties belligérantes, plus particulièrement des insurgés, est très difficile.
Cette difficulté est due à la multiplication de leurs interlocuteurs, à l'existence de plusieurs
factions rebelles dans certains conflits. Cet accès est surtout rendu difficile par l'impossibilité
d'inspecter les zones dans lesquelles ils se trouvent. Les contraintes de sécurité du personnel du
CICR, dans un environnement conflictuel changeant, rendent aussi plus difficiles l'obtention de
cet accès. A cela s'ajoute le non-respect des règles du DIH dans ces conflits.

121 Sosthène BOUNDA, thèse sur le Comité international de la Croix-Rouge en Afrique


centrale à la fin du XXe siècle : cas du Cameroun, du Congo Brazzaville, du Congo Kinshasa
et du Gabon de 1960 à 1999
84
Paragraphe II : L’identité du CICR

Ce qui construit l’identité d’un organisme c’est le particularisme qui le distingue.

A) Le particularisme du CICR

Qu’est-ce qui distingue le CICR des autres acteurs humanitaires à l’œuvre dans les mêmes
situations de conflit ? Y a -t -il des différences importantes ? Ou le CICR est-il, comme l’a
décrit un document interne, « yet another relief agency »122 ? Les questions renvoient à un des
problèmes du CICR dans les contextes où une véritable industrie humanitaire a été́ et reste
florissante, où les organisations humanitaires se copient les activités, standardisent leurs
approches et se battent pour attirer l’attention des médias, sans forcément briller par des actions
concrètes en faveur des victimes, comme on a pu l’observer récemment encore au Nigéria et au
Mali.

Le CICR a un statut hybride, se situant entre les définitions traditionnelles d’une organisation
non gouvernementale et une organisation intergouvernementale. En tant qu’association privée
au sens du Code civil suisse, son existence ne découle pas d’un mandat donné par des
gouvernements. Par contre, le CICR intervient conformément au mandat spécifique qui lui a
été confié par les États parties aux Conventions de Genève de 1949 et à leurs Protocoles
additionnels. Ses fonctions et ses activités sont donc prescrites par la communauté
internationale des États et fondées sur le droit international. Par conséquent, on reconnaît au
CICR une « personnalité juridique internationale ».123

Le caractère international du CICR se confirme également à travers des accords de siège qu’il
a conclus avec plus de 50 États. Ces accords, qui relèvent du droit international, précisent son
statut juridique aux endroits où il exerce son action humanitaire. Ce statut lui accorde les
immunités et privilèges dont bénéficient normalement les organisations intergouvernementales.
Ces accords prévoient notamment l’immunité de juridiction, qui le protège contre des
procédures administratives et judiciaires, ainsi que l’inviolabilité de ses locaux, archives et
autres documents. Finalement, ses délégués bénéficient d’un statut analogue à celui des
fonctionnaires d’une organisation intergouvernementale. Ainsi, la neutralité et l’impartialité du
CICR, deux principes au cœur de son action, sont particulièrement importantes car elles

122
www.icrc.org le code de conduite du CICR
123
www.opérationspaix.net>comité-international de la Croix-Rouge(CICR)
85
renforcent son indépendance et lui permettent d’agir en toute confiance des belligérants.

Le CICR est actif sur le continent africain depuis le début de la période de décolonisation
Aujourd’hui, le CICR a une très bonne surface opérationnelle en Afrique ; celle-ci lui permet
d’agir dans tous les conflits, anciens et nouveaux, qui ont lieu sur le continent. Cet ancrage lui
permet aussi, à travers ses délégations régionales, de suivre toutes les situations d’instabilité́
politique et d’adapter rapidement, en cas de nécessité́ , son dispositif en fonction de ses propres
analyses. Tel a été́ le cas, par exemple, en 2002-2003 en République centrafricaine et dans le
Darfour soudanais.

Une analyse superficielle nous amènerait à formuler de la façon suivante l’identité́ perçue du
CICR sur le continent : le CICR est une organisation occidentale qui a un mandat clair, qui est
efficace grâce à son personnel et à sa logistique, un peu secrète, riche et autonome.
Évidemment, cette perception doit être considérablement affinée. Elle doit surtout être analysée
dans le contexte global de l’identité́ des acteurs humanitaires en Afrique.

L’action humanitaire en Afrique a subi, en 20 ans, de profondes transformations. Un long


chemin a été́ parcouru depuis les grandes distributions alimentaires en Éthiopie en 1986 aux
crises de ces dernières décennies. Il y a aussi eu une évolution de ceux qui «font » l’humanitaire,
des premiers travailleurs humanitaires, encore largement volontaires et politiquement très
engagés en faveur des mouvements d’opposition armés, aux technocrates, dont le seul credo est
l’efficacité́ .

Aujourd’hui, nous observons plusieurs faits troublants en ce qui concerne l’humanitaire en


Afrique.124 L’humanitaire ne répond pas, à tous les besoins. Pire encore, ce sont trop souvent
les acteurs humanitaires qui définissent les besoins. En outre, l’action humanitaire est de plus
en plus intégrée dans les tactiques et stratégies des parties au conflit, qui sont habituées à voir
des humanitaires sur leurs terrains d’action et à en tirer profit pour leur compte. L’humanitaire
(le système onusien, le monde des ONG et les différentes composantes du Mouvement
international de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge) est, à tort ou à raison, considéré́ par
les Africains comme riche et politisé, c’est à dire comme un instrument politique utilisé par les

124 Ernest Marie MBONDA, L’action Humanitaire en Afrique, Lieux et enjeux Essai (broché)
paru en 09 /2008.

86
États, avec des objectifs dissimulés.125 De plus, les méthodes utilisées par les humanitaires dans
l’attribution de l’aide sont de plus en plus sujettes à des critiques quant aux évaluations, aux
démarches et à la nature des distributions. Les Africains voient aussi de façon de plus en plus
critique les effets parfois néfastes de l’assistance humanitaire sur leurs sociétés, et commencent
à mettre en question les conditions imposées par les États donateurs de l’assistance ainsi que
les coûts exorbitants de la gestion de cette assistance.

Le CICR est une organisation qui peut mettre en œuvre de grandes opérations de secours
alimentaire, mais qui sait aussi répondre de manière adéquate et différenciée aux besoins des
populations cibles définies, que ce soit par des actions de protection ou d’assistance.126

Section 2 : Le mandat juridique international du CICR

Un mandat peut se définir comme le pouvoir conféré par une personne (le mandant) à une autre
(le mandataire) afin qu’elle puisse agir en son nom dans l’accomplissement d’un ou plusieurs
actes, mais peut aussi désigner le document par lequel ce pouvoir est transmis127. Nous
retiendrons cependant ici le mandant sous l’aspect de ce pouvoir transmis au CICR par la
communauté internationale. Pour mieux mettre en exergue ce mandat, nous nous intéresserons,
d'abord, à ses fondements (Paragraphe I), avant d'examiner les nouvelles réglementations de
secours (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les fondements juridiques du mandat du CICR

Un fondement est ce qui détermine et rend légitime le droit. Nous intéresser donc aux
fondements juridiques du mandat du CICR revient à évoquer les différents textes qui
soutiennent cette prérogative qui lui permet d’agir dans les zones de conflits armés pour
accomplir sa mission.

125
Ibid
126
Jean Luc BLONDEL, « l'assistance aux personnes protégées », Revue internationale de la
Croix-Rouge
127
Dictionnaire du droit privé par Serge Braudo, https : www.dictionnaire-
juridique.com/definition/mandat.php
87
Les résolutions de secours du CICR relèvent du droit international humanitaire et ces règles
sont contenues pour la plupart dans les traités internationaux que sont les Conventions de
Genève de 1949 et les Protocoles additionnels de 1977
Sans entrer dans les détails de ces Conventions, car là n'est pas notre propos, il apparait toutefois
intéressant d'en évoquer certaines grandes lignes et de voir de quelle manière elles confèrent un
mandat international au CICR.
Si la clause « si OMNES »128 est supprimée par la Convention de 1929, elle est expressément
rejetée par la Convention de 1949 qui stipule dans l'article 2 commun aux quatre Conventions
alinéa 3 : « Si l'une des puissances en conflit n'est pas Partie à la présente Convention, les
puissances Parties à celle-ci resteront néanmoins liées par elle dans leurs rapports réciproques
». De plus, l'obligation de respecter la Convention est complétée par l'obligation de « la faire
respecter » « en toutes circonstances »129 Ces obligations seront d'ailleurs réitérées quelques
années plus tard par l'article 60 paragraphe 5 de la Convention de Vienne sur le droit des traités
de 1969. Dès lors, les obligations de caractère humanitaire échappent de manière définitive au
principe de la réciprocité́ , ce qui a pour conséquence évidente d'élargir le champ d'application
obligatoire du droit humanitaire.
Ainsi, la violation de ces obligations ne saurait autoriser un Etat victime à les violer à son tour,
de même qu'un État ne peut invoquer le non-respect par l'autre État membre pour se délier de
ses obligations.

- Selon les principes traditionnels du droit de Genève, l'application de toutes ces


Conventions était limitée à des situations de conflit armé international. Or, pour la première
fois, les Conventions de 1949 évoquent l'éventualité́ d'un conflit non international. En effet,
l'article 3 commun aux quatre conventions stipule qu’en cas de conflit armé ne présentant pas
un caractère international et surgissant sur le territoire de l'une des Parties contractantes,
chacune des Parties au conflit sera tenue d'appliquer au moins les dispositions suivantes... ».
Cet article est en fait la marque d'une nette tendance à élargir l'application du DIH au-delà̀ des
limites fixées par les conceptions traditionnelles: jusqu'alors, les sujets de droit étaient toujours
des Etats souverains, alors qu'ici il y a une règlementation des rapports entre l'État et les forces

128
Art. 1 de la Convention de 1949, commun aux 4 Conventions.
129
Pour plus de détails, voir l'article de L. CONDORELLI et de L. BOISSON de
CHAZOURNES :
« Quelques remarques à propos de l'obligation de respecter et faire respecter le DIH en toutes
circonstances » paru dans Études et Essais sur le DIH et sur les principes de la Croix- Rouge,
Genève – La Haye, Martinus Nijhoff Publishers, pp. 18-34.
88
armées dissidentes envers la population, entendue comme composée de personnes qui ne
participent pas ou plus aux hostilités, ce qui constitue indéniablement une timide brèche dans
la souveraineté́ des États.

Il faut cependant souligner que l'application de cet article n'est pas toujours simple, dans la
mesure où la définition d'un « conflit armé ne présentant pas un caractère international » peut-
être sujet à des interprétations diverses.130
De plus, la protection garantie par l'article 3 est loin d'être complète, dans la mesure où elle se
borne à certains principes fondamentaux qui paraissent bien restreints si on les compare avec
la protection accordée aux victimes des conflits internationaux.

- Une des caractéristiques propres au droit de Genève d'avant 1949 est qu'il ne visait que
la protection des militaires. Or, la Deuxième Guerre mondiale a démontré́ que les civils étaient
loin d'être épargnés lors d'un conflit armé. Des lors, l'une des grandes acquisitions de la
Conférence de 1949 a été́ l'élaboration de la Convention « relative à la protection des personnes
civiles en temps de guerre ».
Bon nombre de juristes y ont d'ailleurs vu un rapprochement entre le DIH et le droit
international des Droits de l'Homme puisque l'on généralise la protection à toute personne
humaine en cas de conflit armé. Par ailleurs, la Convention va même plus loin puisqu'elle étend
la protection aux biens de la population civile qui ne peuvent être détruits.131
Non seulement le CICR a très largement contribué à l'élaboration des avant-projets qui ont
conduit aux Conventions de 1949, mais il trouve son rôle renforcé et même « officialisé » par
ces Conventions, qui lui confèrent un mandat international.
En effet, dans le cas d'un conflit armé international, les Conventions de Genève autorisent le
CICR :
• A visiter les lieux de détention des prisonniers de guerre132 et des civils internés ou
détenus133 et à s'entretenir avec eux sans témoins ;
• A mener à bien des actions de secours en faveur de la population d'un territoire occupé,
secours consistant principalement dans l'envoi de vivres, de produits médicaux et de

130
Sylvie JUNOD, « Additional Protocol II : History and scope », The American University
Law Review, Vol. 33, Fall 1983, No. 1 p. 30.
131
Art. 53 CG4.
132
Art. 126 CG3.
133
Art. 143 CG4.
89
vêtement 134
de même, le CICR peut être habilité à contrôler la distribution des envois
de secours effectués par un autre organisme humanitaire135
• A rechercher les personnes disparues par le biais d'une agence centrale de
renseignements136
• A faciliter l'échange de renseignements et messages entre les prisonniers de guerre, les
civils et leurs proches137
• A prêter ses bons offices afin de faciliter l'établissement et la reconnaissance de zones
et localités sanitaires et de sécurité́ 138
à recevoir des pétitions de personnes protégées
qui ont besoin d’aide.139
En outre, il convient de mettre en évidence l'article 9/9/9/10 commun aux quatre Conventions
qui donne, en pratique, une assise juridique aux initiatives du CICR non prévues par les
Conventions, puisqu'il autorise ce dernier à entreprendre « d’autres activités humanitaires »
moyennant l'agrément des Parties au conflit intéressées.140

Paragraphe II : La nouvelle réglementation des actions de secours

Dans le cas d'un conflit armé non international, les Conventions de Genève habilitent le CICR
à offrir ses services aux Parties au conflit.141 Même si la portée de cet article reste très générale,
il s'agit là d'une grande conquête pour le CICR qui, depuis 1912, avait cherché́ à étendre
l'application du droit humanitaire aux victimes des conflits armés internes.
Dès le début des années 50, le CICR a fait part de sa volonté́ de réaffirmer et de développer les
principes de droit humanitaire posés dans les Conventions de Genève. Dès lors, il soumet un
premier avant-projet142 (Croix-Rouge à Dehli en 1957) mais la majorité́ des États s'y sont
montrés hostiles.

134
Art. 59 CG4
135
Art. 61 CG4.
136
Art. 123 CG3
137
Art. 140 CG4
138
Art. 23 CGI. Art. 14 CG4
139
Art. 30 CG4
140
Cet article sera d'ailleurs très largement complété́ par l'article 81 du Protocole I
141
Art. 3 commun aux 4 Conventions.
142
Avant-projet concernant la limitation des dangers encourus par la population civile en temps
de conflit armé
90
L'accroissement des conflits armés dans le courant des années 60143 amène cependant bon
nombre de pays à s'intéresser davantage au développement et à la réaffirmation du DIH.
Conscient de cette évolution le CICR soumet son idée d'ajouter des textes complémentaires aux
Conventions de 1949, lors de la XXI Conférence internationale de la Croix-Rouge qui se tient
en 1969 à Istanbul.

Les États Parties aux Conventions de Genève présents à cette Conférence approuvent ce projet
dans leur grande majorité́ . Forts de ce « mandat » confèré par la communauté́ internationale,
les juristes du CICR commencent les travaux préparatoires qui vont donner naissance aux deux
Protocoles additionnels du 10 juin 1977, qui, loin de se substituer aux Conventions de Genève
de 1949 ou de remettre leurs acquis en cause, ont pour but de les éclaircir et de les étoffer.
- Le Protocole I relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux complète
globalement les Conventions. Entre autres apports, il englobe les guerres de libération
nationale, (Art. 1 para. 4)144 , il développe la protection de la population dans son ensemble et
se préoccupe du respect des biens culturels (Art. 53) et de la préservation de l'environnement
naturel (Art. 35, 36, 55).

- Le Protocole I relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux
complète l'article 3 commun aux quatre Conventions de Genève145
la résistance de certains pays a voulu que seulement 28 articles soient finalement adoptés. En
effet, ces pays craignaient :
- Une ingérence dans leurs affaires intérieures, d'où̀ une perte de leur souveraineté́ ;
- De donner une légitimé et un statut juridique à ces mouvements d'opposition.
Ces éléments expliquent en grande partie la persistance des réticences étatiques. À ce jour, 97
pays sont Parties au Protocole I (contre 167 aux Conventions de Genève), et cela grâce aux
démarches entreprises par le CICR depuis 1978 pour encourager les États à ratifier ces textes.
Lors de l'élaboration des avant-projets des Protocoles additionnels, le CICR avait soulevé́ la
question de l'interdiction ou de la limitation d'armes spécifiques ; celle-ci n'a cependant pas été́

143
Corée, Vietnam, Moyen-Orient
144
Dr. Hans-Peter GASSER, « A brief analysis of the 1977 Geneva Protocols », Akron Law
Review, Vol. 19, No. 4, Spring 1986, p. 528.
145
Pour plus de détails sur le Protocole n, voir M. RWELAMIRA, « The Significance and
Contribution of the Protocols Additional to the Geneva Conventions of August 1949 »,
Études et Essais sur le DIH et sur les principes de la Croix-Rouge, op. cit., pp. 234-235.
91
insérée lors de la Conférence diplomatique de 1974-1977 en raison des implications politiques
et militaires inhérentes à une telle problématique.
Dès lors, le CICR a organisé́ deux grandes Conférences d'experts gouvernementaux chargés
d'étudier le sujet, à Lucerne en 1974 et à Lugano en 1976.
Ces travaux, ont par la suite, servi de base à l'élaboration de la « Convention sur l'interdiction
ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme
produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination » 23
adoptée sous les auspices des Nations Unies le 10 octobre 1980.146
Bien que le domaine couvert par la Convention ne soit pas aussi vaste que l'aurait souhaité́ le
CICR, il n'en demeure pas moins que les progrès acquis ont été́ considérables, compte tenu de
la réticence des gouvernements.

Depuis le début des années 90, le CICR poursuit sa tâche de « préparation au développement
du DIH ». Or, ce développement doit être constant, dans la mesure où il n'est que la transposition
dans le droit de certaines règles de conduite morale qui ne peuvent que s'adapter à l'ampleur et
l'horreur toujours grandissante des derniers conflits.
Ainsi, la présence du CICR se manifeste dans plusieurs domaines et à des degrés divers. Nous
en citerons ici quelques exemples :
- Organisation, depuis 1989, de quatre réunions d'experts pour évaluer les effets des nouvelles
armes laser.
- Participation à plusieurs réunions d'experts sur le droit des conflits armés en mer.
- Proposition faite devant les Nations Unies de réunir un groupe d'experts afin d'étudier la
question de la protection de l'environnement en période de conflit armé.
Le chemin parcouru depuis l'époque de Solferino atteste clairement que le rôle du CICR en tant
que promoteur du droit international humanitaire est indéniable et que, dans ce sens, il remplit
pleinement le mandat que lui confie l'article 5 des Statuts du Mouvement International de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à savoir : « Préparer les développements éventuels du droit
international humanitaire applicable dans les conflits armés ». 147

146
Voir l'article de Yves SANDOZ, « Interdiction ou restriction d'utiliser certaines armes
Classiques », Revue internationale de la Croix-Rouge, janv.-fév. 199
147
Intervention du CICR du 22 octobre 1991 devant la Sixième Commission de l'Assemblée
générale des Nations Unies.
92
Chapitre II : L’effectivité de l’action du CICR en période de conflits armés
en Afrique

L’action du CICR est d’une grande contribution dans les conflits armés en Afrique, (Section 1)
cependant ces actions font face à certaines limites (Section 2).

Section 1 : L’apport du CICR en temps de conflits armés

Parler de l’apport du CICR en période de conflits revient à parler de son rôle de médiateur et
diplomate (Paragraphe I) mais également du fait qu’il aide en temps de conflits armés en
établissant un programme d’assistance aux victimes (Paragraphe II).

Paragraphe I : Le CICR, un médiateur et un diplomate unique en temps de


conflits armés

Le CICR est un médiateur unique en temps de conflits armés (A) mais un aussi un bon
diplomate (B)

A) Le CICR, un médiateur

Le CICR joue un rôle de médiateur pour faciliter, dans un conflit amé, la conclusion d'accords
humanitaires entre les Parties au conflit. L'art. 3 commun aux Conventions de Genève demande,
en effet, aux Parties de s'efforcer « de mettre en vigueur par voie d'accords spéciaux tout ou
partie des autres dispositions de la présente Convention » et permet au CICR de leur offrir ses
services. C'est ainsi que le CICR peut proposer ses bons offices ou sa médiation en vue de la
conclusion d'accords permettant l'évacuation de blessés ou de civils (trêves, suspension
d'armes) ou la création de zones sanitaires et de sécurité.
Par ailleurs, sans que soient conclus des accords formels, le CICR offre ses services pour
accomplir des activités qui nécessitent l'assentiment des Parties au conflit (recherche de
dépouilles mortelles dans une zone contestée, réparation d'un réservoir d'eau dans une zone

93
temporairement déterminée par ceux qui la contrôlent) ou pour communiquer des messages
strictement humanitaires entre des acteurs de la violence qui ne se parlent pas.148
Pour qu'une médiation du CICR ait des chances de réussir, elle doit porter sur des phénomènes
limités dans le temps et dans l'espace, et se dérouler avec des acteurs bien définis.

Le facteur temps est déterminant pour la réussite d'une action de médiation. Si le CICR est sur
les lieux immédiatement après le déclenchement d'une crise, ses chances d'influencer la
situation seront beaucoup plus grandes que s'il n'intervient que plus tard dans le processus. Au
début, il est plus facile de gagner la confiance des parties et de fixer d'emblée quelques « règles
du jeu » importantes. La collaboration du CICR avec d'autres institutions en matière de
médiation est surtout notable en ce qui concerne la libération d'otages. Celle-ci se produit
souvent en application d'un accord conclu au terme d'un conflit, sur la base d'un échange
bilatéral. Chaque phase du processus de libération se passe presque toujours avec la
participation d'un intermédiaire neutre, depuis la négociation sur la libération des personnes
jusqu'à la supervision de libération proprement dite, ou même la prise en charge des ex-détenus
juste après leur libération. Les parties qui prennent part à ce type d'échanges doivent coopérer
de bonne foi avec le CICR et les autres intermédiaires149. Une pratique similaire a aussi été
rapportée en ce qui concerne l'Angola150, la Colombie151, le Rwanda152, la Somalie153 et le
Soudan154. Le Conseil de sécurité de l'ONU et la Commission des NU pour les droits de
l'Homme, ainsi que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, ont appelé les Parties à
coopérer avec le CICR en matière de libération des détenus.
La médiation exige de la persévérance et une bonne connaissance de la situation. Elle demande
aussi une bonne dose de pragmatisme et de souplesse. Lorsqu'ils interviennent en tant que

148
Les garanties judiciaires sont spécifiquement mentionnées à l'art. 3 commun aux
Conventions de Genève. Le CICR, qui a pour rôle « de travailler dans l'application fidèle du
DIH applicables dans les conflits armés » (art.5, alinéa 2c des Statuts du Mouvement), peut
intervenir pour que soient respectées les garanties judiciaires fondamentales dans le cadre d'un
conflit armé non international
149
Accords de paix entre le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA (1991) ; Accord général de
paix pour le Mozambique (1992) ; Accord de Cotonou concernant la situation au Libéria...
150
Voir Secrétaire Général de l'ONU, nouveau rapport sur la Mission de vérification des
Nations Unies en Angola (UNAVEM II)
151
Rapport sur la pratique de la Colombie
152
Voir Association rwandaise pour la défense des droits de la personne et des libertés
publiques, Rapport sur les droits de l'homme au Rwanda - Année 1992
153
Secrétaire Général de l'ONU, Rapport sur la situation en Somalie.
154
Voir CICR, Rapport d'activité 1986.
94
médiateurs dans un conflit, les délégués quittent les hautes sphères « aseptisées » des traités et
des théories et deviennent eux-mêmes partie prenante du scénario de crise, même s'ils restent
indépendants et neutres. Enfin, pour parvenir dans une situation souvent tendue et qui évolue
rapidement, le meilleur conseiller est souvent le bon sens.155

B) Le CICR, un diplomate

Discrétion et persuasion sont les mots clefs de la diplomatie humanitaire du CICR. On reproche
parfois au CICR son goût du secret, des silences coupables devant les infractions au droit
humanitaire qui le rendraient complice ou témoigneraient d'une incapacité d'agir. On se
demande souvent pourquoi le CICR n'informe-t-il pas la Communauté internationale qui lui a
donné son mandat humanitaire ? Pourquoi ne saisit-il pas l'opinion publique internationale qu'il
contribue à former, en l'informant pour qu'elle fasse pression sur les responsables de ces
violations ?

D'une part, il n'est pas dans le rôle du CICR d'être le procureur du droit humanitaire ; c'est aux
Etats qu'appartient la responsabilité première du contrôle. D'autre part, si le CICR est appelé à
mettre en exergue certaines modalités de contrôle, le critère de son intervention est celui de
l'intérêt des victimes qu'il cherche à protéger. La confidentialité est vitale sur le plan de la
capacité du CICR à s'acquitter des obligations qui lui incombent au titre du DIH de protéger les
victimes des conflits armés actuels et futurs. Le CICR doit donc toujours soigneusement peser
toutes les implications de sa réaction en sachant qu'une condamnation publique n'est pas le
meilleur moyen pour amener les parties belligérantes à collaborer avec lui. Ainsi l'objectif
principal étant d'améliorer les conditions d'existence de l'ensemble des populations touchées
par le conflit ou les affrontements, la confidentialité est une méthode de travail dans le cadre de
la protection. Il en est autrement dans celui de l'assistance où, tout au contraire, seule la publicité
peut permettre de réunir les moyens matériels. Le CICR rappelle régulièrement aux Parties au
conflit les obligations qui leur incombent en vertu du DIH. Il met tout en œuvre pour maintenir
un dialogue avec l'ensemble des Parties prenantes quand il s'agit d'insister sur la nécessité
d'épargner la population civile lors des opérations militaires ou de faciliter la libération des
otages détenus par des groupes d'opposition armés. C'est dans cette optique que le CICR a agi
au Nigéria, en RDC, au Mali et en Centrafrique.

155
Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger Saint Louis 2009
95
La volonté de discrétion est manifeste devant les cas de violation du DIH. Le CICR peut tout
d'abord intervenir de sa propre initiative lorsque ses délégués constatent des violations du droit
humanitaire. Selon l'importance de la violation, la démarche entreprise peut aller de la remarque
orale faite par un délégué au responsable d'une prison au rapport détaillé du président du CICR
au gouvernement intéressé. En principe, si ces violations sont graves ou répétées, le CICR peut
sortir de sa réserve et prendre publiquement position quand les conditions suivantes sont
réunies :156

- Les démarches faites à titre confidentiel n'ont pas permis de faire cesser les violations graves
- La publicité est dans l'intérêt des victimes
- Les délégués ont été soit des témoins directs de ces violations, soit l'existence et l'ampleur de
celles-ci sont établies au moyen de sources sûres et vérifiables. C'est ainsi, par exemple, que le
CICR a condamné avec véhémence les massacres commis, entre décembre 2008 et janvier
2009, dans le Nord Kivu,157 par les troupes de Laurent Nkunda.

Paragraphe II : L'établissement d'un programme d'assistance aux victimes

Les prestations du CICR dans les conflits armés sont le plus souvent l'aide sanitaire et
alimentaire (A) et la réhabilitation économique offerte à la population (B).

A) L’aide sanitaire et alimentaire

C'est la partie visible de la politique de secours du CICR qui consiste à apporter des
médicaments ou de la nourriture pour maintenir des individus ou des populations en vie,
diminuer leurs souffrances et éviter que les séquelles des maladies, blessures ou carences
alimentaires ne handicapent leur avenir. Le CICR s'efforce en premier lieu d'obtenir que les
autorités de droit ou de fait permettent à la population d'accéder aux ressources et aux services
indispensables à la survie et au bon fonctionnement de la communauté et, si nécessaire, qu'elles
fournissent l'assistance requise. Le partage de son expertise en matière d'hygiène publique, de

156
Jean Luc BLONDEL, « l'assistance aux personnes protégées », Revue internationale de la
Croix-Rouge
157
Région administrative de la RDC réunissant le Nord Kivu, le Sud Kivu et le Maniema
96
logistique et de médecine d'urgence, l'appui qu'il peut donner pour former le personnel médical
appelé à remettre en état les infrastructures défaillantes, le rôle qu'il peut jouer, en sa qualité
d'institution neutre, pour lever les entraves à la vie de la communauté qu'aucune nécessité
militaire ne justifie.158 Lorsqu'il y a une assistance d'urgence et que le CICR est particulièrement
à même de jouer un rôle utile en raison de sa spécificité, il pose trois conditions avant
d'entreprendre un programme d'aide alimentaire et sanitaire :

- Avoir accès aux personnes à assister, prendre connaissance de leur situation et faire une
évaluation de leur besoin ;
- Être présent lorsque l'aide est apportée
- Pouvoir procéder à un contrôle administratif afin d'établir des rapports sur les distributions
faites.

Il souhaite également avoir l'autorisation de retourner sur les lieux pour évaluer l'impact de son
action sur l'état des populations par rapport aux objectifs fixés.
En règle générale, l'aide du CICR a un caractère d'urgence. Celle-ci est dictée par l'ampleur ou
la gravité des besoins humanitaires (malnutrition, épidémies...). Dans les situations où la
population souffre de faim ou de famine, le CICR met en place des centres d'alimentation
thérapeutique supervisés par du personnel médical qui accueillent les enfants souffrant de
malnutrition. L'aide d'urgence peut aussi être dictée par le caractère récent des actes qui sont à
l'origine de ces besoins humanitaires précités. Lorsque l'urgence est passée, l'assistance
apportée par le CICR prend normalement fin. Elle a contribué à permettre à des personnes en
détresse de passer un cap difficile. Elle a souvent même amélioré le niveau de vie d'une
communauté en créant une infrastructure dont elle était dépourvue auparavant, tels des
dispensaires, des puits ou des latrines. Dans ce domaine, l'action du CICR vise principalement
à renforcer la capacité opérationnelle des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge auxquelles il appartient de contribuer au développement de leur pays159.
Le CICR, en plus des secours sanitaires et alimentaires qu'il apporte aux populations victimes
des conflits armés, leur assure une couverture de leurs besoins économiques.

158
Jean Luc BLONDEL, « l'assistance aux personnes protégées », Revue internationale de la
Croix-Rouge, N°767, septembre-octobre1987, pp. 471 -489
159
La politique du CICR en matière de développement des Sociétés nationales de la Croix-
Rouge ou du Croissant-Rouge a pour cadre l'art. 7 de l'Accord entre le CICR et la Ligue des
Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge du 20 octobre 1989. (La Ligue a pris par la
suite le nom de Fédération internationale).
97
En évidence les compétences de l’institution en matière de distributions alimentaires dans une
situation de conflit, ont démontré la capacité du CICR d’effectuer une évaluation indépendante
et de définir une approche originale (à savoir, la distribution de semences et de vivres) dans un
environnement où la plupart des autres acteurs se sont concentrés sur la seule distribution de
nourriture. Leurs actions ont aussi montré l’importance de connaître les politiques agricoles et
leurs effets négatifs ainsi que la nécessité de faire des questions structurelles l’objet de
discussions avec ceux qui en sont responsables.

160

B) La Réhabilitation économique offerte aux populations

Dans un conflit armé, l'approche du CICR consiste à mettre l'accent sur la dynamique de
l'économie des ménages. Son intervention porte à la fois sur les moyens de production
nécessaires pour couvrir l'ensemble des besoins économiques essentiels d'un ménage et sur la
fourniture des ressources nécessaires à la satisfaction de ces besoins. Il est évident que parmi
les besoins essentiels, certains comme l'eau et la nourriture sont plus vitaux que d'autres.
Pourtant, et cela est souvent négligé, l'être ne vit pas que nourriture. Pour cette raison, le CICR
prend en compte l'ensemble des besoins économiques essentiels des ménages : logement,
vêtements, ustensiles de cuisine et combustible.

En fonction du degré de perte de la sécurité économique au sein de la population, l'intervention


du CICR porte sur l'une des trois formes suivantes :161

D'abord, un soutien économique pour protéger les moyens de production vitaux des victimes
d'un conflit armé, afin de permettre à chaque foyer de conserver, dans toute la mesure du
possible, se capacité de production et son autosuffisance économique. En effet, dès les
premières apparitions des signes d'un conflit, le CICR intervient en rappelant aux autorités la
protection accordée à la population civile par le DIH, qui exige le respect des personnes et de
leurs biens. Si la population rencontre des problèmes économiques par suite d'un processus

160
www.icrc.org soutien économique aux populations
161
Ibid
98
manifeste d'appauvrissement et si ses moyens de production s'avèrent déficients ou risquent de
ne plus être suffisants, le CICR intervient en fournissant un soutien économique. Cette aide
peut revêtir différentes formes : distributions de nourriture pour soutenir l'économie, mesures
visant à diversifier la production, ou encore protection du bétail grâce à des services
vétérinaires.

Ensuite, quand il le peut, le CICR donne priorité aux activités de soutien économique.
Néanmoins, d'autres types d'assistance sont souvent eux aussi, essentiels. Le CICR n'a en effet
aucun moyen de prévenir le processus d'appauvrissement et de décapitalisation déclenché par
le conflit. Pour enrayer ce phénomène, le CICR fournit des secours pour la survie, en distribuant
aux victimes les biens essentiels que leurs moyens de production ne peuvent plus leur donner.
Enfin, la réhabilitation économique pour aider les victimes d'un conflit à rétablir leurs moyens
de production et à retrouver, là où cela est possible, leur autosuffisance économique. Quand la
situation commence à s'améliorer, la population a besoin d'aide afin de retrouver et de rétablir
son autosuffisance, ce qui permettra de mettre progressivement fin aux opérations d'assistance
et de secours pour la survie. Les programmes de réhabilitation économique du CICR ont pour
but de restaurer et de renforcer les moyens de production au travers de toute une gamme
d'activités telles que la distribution de semences, d'outils agricoles et de matériel de pêche, la
fourniture de services vétérinaires ou la remise en état de système d'irrigation afin d'aider la
population résidente et les personnes déplacées à subvenir à leurs besoins.162

• Les visites des personnes privées de liberté

Dans les conflits armés non internationaux, le CICR offre ses services aux Parties au conflit
afin de visiter toutes les personnes privées de liberté pour des raisons liées au conflit, dans le
but de vérifier leurs conditions de détention et rétablir le contact entre ces personnes et leur
famille.163
Le CICR demande systématiquement à avoir accès aux personnes privées de liberté en relation
avec les conflits étatiques internes, et cet accès est généralement accordé. Tel est le cas dans les
conflits au Nigeria et au mali.

162
Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger de Saint Louis
2009
163
Conflit armé et liens familiaux, CICR janvier 2002, seconde édition avril 2004
99
Exemple (voir les différents rapports dans la description de l’intervention du CICR dans les
pays qui ont fait l’objet de notre étude).

Section 2 : Les limites à l’action du CICR

Dans son rôle humanitaire primordial en période de conflit, le CICR, comme l’ONU décrit
comme un machin par De Gaulle n’échappe pas aussi aux critiques presque de mêmes types.
En effet, toute œuvre humaine étant imparfaite, le CICR présente aussi quelques insuffisances
ce que nous verrons dans le (Paragraphe I) ensuite nous analyserons les différentes contraintes
à travers notre analyse des contraintes liées au droit international Humanitaire (Paragraphe
II).

Paragraphe I : Les différentes contraintes du CICR

Ces contraintes se perçoivent à travers les difficultés des acteurs sur le terrain (A) et la
compétition entre différents acteurs sur le terrain (B)

A) L’insécurité du personnel Humanitaire sur le terrain

La sécurité du personnel humanitaire est une condition indispensable à l'acheminement des


secours humanitaires et à l'accès aux populations civiles victimes des conflits étatiques internes.
Bien que l'art.18, par.2 du Protocole Additionnel II exige que des actions de secours soient
organisées en faveur de la population civile dans le besoin, le Protocole ne contient pas de
disposition spécifique sur la protection du personnel chargé des secours humanitaires. Or, cette
règle est indispensable pour le succès des actions des organisations humanitaires en général et
plus particulièrement du personnel du CICR en faveur des populations. Les menaces de sécurité
dans les conflits étatiques internes sont répandues, en particulier dans les conflits qui ne sont
pas structurés ou lorsque les Parties au conflit ne sont pas capables d'offrir les garanties de
sécurité effectives. De ce fait, le CICR, dans ses interventions est confronté à des contraintes
de sécurité. Selon les rapports164 une deuxième employée de la Croix-Rouge internationale

164
https://www.iomedia.ch/fr/agence/ Liberté : une autre humanitaire du CICR tuée par Boko
Haram
100
enlevée par Boko Haram a été tuée par le groupe djihadiste dans le nord-est du Nigeria en
l'espace d'un mois. "Un acte de cruauté abject" s'est indigné le Comité international de la Croix-
Rouge (CICR).165

Trois humanitaires nigérianes avaient été enlevées le 1er mars dans une attaque visant la ville
de Rann (extrême nord-est), au cours de laquelle trois autres travailleurs humanitaires et huit
soldats nigérians avaient été tués. Deux des femmes kidnappées, Hauwa Liman et Saifura
Khorsa, travaillaient pour le CICR.166

Ces différentes contraintes peuvent être dues à la confusion entre actions militaires et
humanitaires. Cette confusion complexifie énormément le travail au quotidien des humanitaires
dans les zones les plus sensibles. Elle augmente la méfiance des acteurs armés vis-à-vis des
organisations humanitaires et plus particulièrement du CICR et suscite des suspicions sur une
éventuelle collaboration avec les forces armées. Dès qu'une organisation humanitaire est perçue
comme « collaborateur » ou un « infiltré », elle devient vite un « objectif militaire » du groupe
armé concerné.
Ces contraintes peuvent aussi être dues à la multiplication des factions. Ce qui entraînera une
impossibilité pour les autorités à assurer la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain.167
Les contraintes de sécurité du personnel du CICR peuvent se manifester de diverses manières.
Il s'agit essentiellement des mauvais traitements, des violences physiques et morales, du
meurtre, de l'enlèvement, de la prise d'otages, du harcèlement, du rapt, de l'arrestation et des
détentions illégales du personnel du CICR. C'est dans cette optique qu'on a assisté le 26 avril
en RDC à la mort tragique et brutale de six collaborateurs du CICR168.
En 2003, le CICR a fait le choix d’assurer une présence dans les situations extrêmes aussi
longtemps que possible. Ce choix suppose non seulement l’acceptation du risque, mais aussi
l’amélioration constante des dispositifs de sécurité dans les délégations. Toute organisation
humanitaire a besoin de se doter de politiques opérationnelles qui assurent à la fois une action

165
Ibid
166
Ibid
167
Jean Marie HENCKAERTS et Louise DOSWALD-BECK, le Droit International
Humanitaire Coutumier, Volume I : Règles, page 145.
168
Interview de Jakob KELLENBERGER accordé au Magazine du Mouvement International
de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge le 14 mars 2001.

101
décisive pour les victimes et une sécurité acceptable pour son personnel.
Même si le CICR
tente de rester le plus longtemps possible dans les zones de conflit, des raisons de sécurité
l’empêchent, malheureusement, d’être présent dans certains endroits. Tel est le cas dans le nord-
est de la RDC et le nord de l’Ouganda. L’assassinat de six collaborateurs du CICR en 2002 a
eu des conséquences opérationnelles sérieuses : le CICR n’est pas présent dans les régions du
nord-est de la RDC ; en Ouganda, les opérations sur le terrain sont toujours suspendues dans le
nord et le sud-ouest du pays.
L’anticipation du danger et des risques est une priorité absolue dans la grande majorité des
opérations. Cette priorité est désormais reconnue et mise en œuvre par tous. Dans ce domaine,
les éléments de défi concernent l’analyse indépendante de l’environnement dans lequel le CICR
doit évoluer ; l’établissement et le maintien de contacts fiables et suivis avec tous les acteurs
d’une crise ; l’évaluation, en tout temps, de l’acceptabilité de l’action du CICR. La définition
d’une politique opérationnelle et des modes d’action doit répondre effectivement aux besoins
des victimes. L’intégration des nouvelles menaces dans l’analyse sécuritaire et dans les
dispositifs de sécurité n’en est qu’à ses débuts.

B) La compétition entre acteurs sur le terrain

Les mesures prises par la Communauté internationale peuvent perdre leur efficacité dans les
conflits armés lorsque les différents acteurs humanitaires ne s'en tiennent pas à leurs mandats
spécifiques et respectifs. En effet, cela limite le champ d'action des organismes humanitaires
internationaux concernés ainsi que les moyens d'atteindre les objectifs fixés. Si la coordination
entre les organisations humanitaires sur le terrain fait défaut, les victimes des conflits risquent
de ne pas bénéficier du soutien dont elles ont besoin tandis que d'autres reçoivent une aide
supérieure à leurs besoins.169 Il en est aussi de même si elles ne sont pas claires sur les zones
qu'elles peuvent ou ne peuvent pas atteindre. Une indépendance totale n'est pas aussi conciliable
avec une participation à des initiatives où l'organisation humanitaire ne garde pas sa propre
capacité décisionnelle ou lorsque la perception de son identité risque d'être bafouée si elle
s'associe à d'autres entités dont l'agenda n'est pas exclusivement humanitaire.170

169
Philippe RYFMAN, La question humanitaire : histoire, problématiques, acteurs et enjeux
de l'aide humanitaire internationale, Editions Ellipses, 2005.
170
Ibid
102
Les rapports entre les Etats et les ONG ou le CICR sont fragiles. L'intervention de l'Etat sur le
plan humanitaire est parfois considérée comme un moyen d'éluder la réponse politique face à
une situation. 171
D'autre part, des problèmes de cohabitation peuvent exister entre le CICR et les médias. Ici, la
critique essentielle porte sur la mise en scène de l'information par les médias, qui limite la
compréhension du citoyen à la réalité de la situation.172 La télévision privilégie l'image
instantanée diffusée au détriment de l'analyse. Ainsi, la complexité des relations entre médias
et acteurs humanitaires, en général, peut trouver une explication du fait que les logiques ne sont
pas les mêmes : les médias ne veulent pas être au service des humanitaires et ceux-ci ne veulent
pas être instrumentalisés. Chacun veut conserver son indépendance. De plus, l'action
humanitaire n'est guère favorisée par les médias. Il est donc incontestable qu'il subsiste une
incompréhension des deux côtés. Les médias ont sans doute une vision sommaire du milieu
humanitaire. Celui-ci doté toutefois de structures de communication, appréhende difficilement
ce monde médiatique complètement différent du sien173

Paragraphe II : Les contraintes liées à l’application du DIH

Les contraintes dans la mise en œuvre du droit international humanitaire s’expliquent par les
contraintes relatives à l’application des textes conventionnels (A) et le refus d’applicabilité du
DIH par les parties belligérantes (B)

A) Les contraintes relatives à l'application des textes conventionnels

Deux obstacles de taille entravent l'application des textes conventionnels dans les conflits
étatiques internes actuels.

D'abord les textes ne s'appliquent qu'aux Etats qui les ont ratifiés. De ce fait, les traités de DIH
qui s'appliquent dans tel ou tel conflit varient en fonction des instruments conventionnels que
les Etats concernés ont ratifiés. Si les quatre Conventions de Genève ont été ratifiés par presque

171
Ibid
172
Ibid
173
Interview de Jakob KELLENBERGER accordé au Magazine du Mouvement International
de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge le 14 mars 2001.
103
tous les Etats, tel n'est pas le cas à ce jour, des Protocoles Additionnels. Le Protocole
Additionnel II n'est applicable que dans les conflits armés qui se déroulent sur le territoire d'un
Etat qui l'a ratifié or, si l'on compte quelque 150 Etats qui ont ratifié ce texte, tel n'est pas le cas
de plusieurs pays dans lesquels se déroulent des conflits armés non internationaux. Dans ces
conflits, l'art. 3 commun aux Conventions de Genève demeure souvent l'unique disposition
applicable d'un traité de droit humanitaire.

Ensuite, une proportion importante des conflits armés d'aujourd'hui n'est pas régie de manière
suffisamment détaillée par ces nombreux traités. La raison essentielle en est que la majorité des
conflits armés actuels ne sont pas de caractère international ; de ce fait, ils font l'objet d'un
nombre de règles conventionnelles bien inférieur à celui des règles qui régissent les conflits
internationaux. En réalité, les traités qui s'appliquent aux conflits étatiques internes ne sont
guère nombreux : il s'agit de la Convention sur certaines armes classiques, telle qu'amendée du
Statut de la CPI, de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, de la
Convention sur les armes chimiques, de la Convention de La Haye pour la protection des biens
culturels et de son Deuxième Protocole et, du Protocole Additionnel II et l'art. 3 commun aux
Conventions de Genève. L'art.3 commun revêt une importance capitale, mais il ne fixe qu'un
cadre rudimentaire de normes minimales. Le Protocole Additionnel II complète utilement l'art.3
commun, mais il demeure moins détaillé que les règles qui régissent les conflits armés
internationaux dans les Conventions de Genève et dans le Protocole Additionnel I. Le Protocole
Additionnel II ne contient guère que 15 articles de fond, là où le Protocole Additionnel I en
compte plus de 80. Ces chiffres ne sont sans doute pas si importants en soi, mais ils mettent en
évidence une nette disparité dans la réglementation touchant les conflits armés, selon qu'ils sont
internationaux ou non. Les conflits étatiques internes souffrent d'un manque de règles, de
définitions, de dispositions détaillées et d'exigences en droit conventionnel. Telle est la
situation, alors même que la majeure partie des conflits sont aujourd'hui non internationaux.

Plus spécifiquement, le Protocole Additionnel II ne contient qu'une réglementation très


rudimentaire de la conduite des hostilités. L'art.13 dispose que « ni la population civile en tant
que telle, ni les personnes civiles ne devront être l'objet d'attaques (...) sauf si elles participent
directement aux hostilités et pendant la durée de cette participation ». 174 Or, contrairement au

174
Voir article 13 protocole additionnel II
104
Protocole Additionnel I, le Protocole Additionnel II ne contient ni règles, ni définition s
spécifiques concernant les principes de distinction et de proportionnalité.

Ces obstacles de taille notées dans l'application des textes conventionnels dans les conflits
étatiques internes auront, sans doute, des répercussions graves sur l'intervention la compétence
du CICR dans ces types de conflit.175

B) Le refus d'applicabilité du DIH par les Parties belligérantes

Il n'est pas rare qu'une Partie à un conflit armé, un Etat, ou un groupe armé nie l'applicabilité
du DIH, et il est alors difficile pour le CICR d'engager une discussion sur le respect du droit.176
Les autorités gouvernementales peuvent être amenées à nier l'applicabilité du DIH si elles ne
sont pas d'accord pour qu'une situation particulière ne soit qualifiée de conflit armé. Elles
affirmeraient au contraire qu'il s'agit d'une situation de « tension » ou de simple banditisme et
que cette situation ne saurait être assimilée à celle d'un conflit armé.177 Un Etat peut aussi se
montrer réticent à permettre toute négociation ou entrée en matière qui, de son avis, conférerait
une « légitimité » au groupe armé. Dans les conflits étatiques internes, il se peut qu'une Partie
ne manifeste que peu de volonté politique, voire aucune, de se conformer aux dispositions du
DIH. Il est très probablement difficile de déterminer la force de la volonté politique dans une
situation donnée, mais une connaissance approfondie du contexte, ainsi que de bons contacts et
un dialogue avec des personnalités influentes de cette Partie, seront utiles.178

Même au sein d'une Partie à un conflit, les attitudes des différentes factions peuvent être
diverses. Par exemple, il se peut que l'aile militaire reconnaisse l'importance du respect du droit,

175
Droit international et conflits armés de Nils Andersson et Daniel Lagot Editions
l’Harmattan novembre 2013.
176
Découvrir le CICR, CICR, Genève, septembre 2005. 15- Des emblèmes d’Humanité, le
Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, CICR, Genève, février
2011 16- Droit International Humanitaire, Réponses à vos questions, CICR, Genève, février
2004
177
Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger de Saint Louis
2009
178
Ibid
105
alors que les représentants politiques n'admettent pas l'applicabilité du DIH et n'appuient pas la
mise en œuvre de ses dispositions. L'inverse est aussi possible.179

Lorsqu'un objectif militaire d'une Partie à un conflit étatique interne est intrinsèquement
contraire aux principes, aux règles et à l'esprit du DIH, la volonté politique d'appliquer là le
droit fera défaut. Considérons, par exemple, des Parties qui commettent certains actes dans le
cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre une population civile déterminée, ou
des Parties qui ne s'intéressent qu'à saisir le contrôle des ressources ou des richesses
économiques. En pareils cas, les violations du DIH sont les moyens par lesquels les objectifs
sont poursuivis.180
Le respect insuffisant des règles du DIH est le résultat constant et malheureux de l'absence de
volonté politique et de capacité pratique des Etats et des groupes armés engagés dans les conflits
étatiques internes de se conformer à leurs obligations juridiques.181 Cette attitude découle
notamment du manque de connaissances de leurs obligations et responsabilités, de la part des
autorités civiles et militaires assumant des responsabilités quant à la mise en œuvre du DIH.
Elle peut aussi découler du manque de diffusion du DIH. En effet, dans la plupart des cas, le
manque de volonté des Parties à appliquer les règles régissant les conflits est dû à la
méconnaissance du contenu de ces règles.182
Le CICR a toujours été conscient du fait qu'il ne peut y avoir de respect des règles du DIH sans
leur connaissance, c'est pourquoi qu'il est inscrit une obligation de diffusion dans tous les
instruments du droit des conflits armés. Cependant cette obligation souffre d'un défaut de
contrôle. La diffusion est une responsabilité nationale mais malgré cet engagement, la pratique
des autorités laisse, toutefois, souvent à désirer.

Chapitre III : Recommandations

 Les critiques à l’encontre du CICR

179
Ibid
180
Ibid
181
Ibid
182
Rony BRAUMAN, Philippe Petit Humanitaire : le dilemme FeniXX réédition numérique
1996
106
Comme agence humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est taillé une
place centrale par rapport à ses concurrents. Pour le chercheur américain David Forsythe 183,
l'organisation peut révéler de nombreux paradoxes.
Ce qui semble à première vue contradictoire, une agence privée suisse avec un statut spécial en
droit international public fonctionne réellement bien, selon David Forsythe, auteur de deux
livres sur le CICR. « Un autre paradoxe tient aux objectifs libéraux du CICR poursuivis par des
moyens conservateurs », assure-t-il.
« Chercher à protéger la dignité humaine, c’est libéral. Mais le CICR procède lentement,
prudemment, en essayant d'obtenir le consentement des Etats et d'autres acteurs importants. Le
CICR essaie, au fond, d’agir dans le système étatique, tout en faisant progresser le bien-être des
êtres humains ».
Professeur à l'Université du Nebraska-Lincoln aux Etats-Unis où il mène des recherches sur les
droits humains et les organisations internationales, David Forsythe relève une autre
caractéristique atypique : « Le CICR est soi-disant international, mais il est historiquement
suisse, et toujours dirigé par un Suisse. »
En termes de Confidentialité, le CICR est connu pour révéler peu de choses de ce qu'il voit sur
le terrain.184
« Ne pas donner d'informations est une pratique aussi vieille que l’organisation elle-même »,
rappelle l'ancienne cheffe du service juridique du CICR, Louise Doswald-Beck185, aujourd’hui

183
David P. Forsythe est professeur d'université et professeur distingué Charles J. Mach de
science politique à l'Université du Nebraska-Lincoln.

M. Forsythe a été consultant auprès du Mouvement international de la Croix-Rouge et du


Croissant-Rouge, ainsi qu'au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Il a également été président du Comité des droits de l'homme de l'Association internationale de


science politique, vice-président de l'Association d'études internationales et membre du Comité
de la liberté et des responsabilités scientifiques de l'Association américaine pour l'avancement
des sciences.

Il a publié plus de 75 articles sur différents aspects des relations internationales. En 2003, il a
reçu le prix Quincy Wright Distinguished Scholar.
184
www.swissinfo.ch « le CICR d’aujourd’hui est un paradoxe »
185
Louise Doswald-Beck, LLM (Londres), avocate, a été professeur de droit international à
l'Universté d'Exeter et au « University College » de Londres avec spécialisation dans le droit
de recours à la force, le droit international humanitaire et le droit international des droits de
l'homme. Elle est membre de la division juridique du CICR depuis 1987 ; elle s'est spécialisée
notamment dans le droit international humanitaire relatif à la conduite des hostilités et conseille
le CICR sur le droit international des droits de l'homme
107
professeure de droit international à l’Institut de hautes études internationales et du
développement à Genève.
Quand elle était au CICR, elle a défendu avec succès l’exemption de témoigner devant le
Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour les délégués du CICR.
Le nœud du problème, c'est que les délégués du CICR, une fois qu'ils ont eu accès aux lieux les
plus secrets du monde, ne peuvent partager leurs connaissances avec quiconque, sauf avec le
siège de l’organisation et l'Etat concerné. Si quelque chose ne va pas, le CICR ne peut
contraindre l'Etat en question, mais seulement lui rappeler ses obligations en regard du droit
international humanitaire.
Si une telle politique de discrétion a ses usages, David Forsythe estime « que le secret et la
diplomatie peuvent conduire trop loin. Ça peut devenir dysfonctionnel, parce que vous ne
pouvez pas ainsi obtenir le soutien du grand public ».
Selon le chercheur, le CICR est bien connu des gouvernements, beaucoup moins du grand
public, en particulier aux États-Unis, où même les journalistes confondent les différents
membres du mouvement de la Croix-Rouge (CICR, la Fédération de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge, les organisations nationales), tout en ignorant les relations entre elles.186

Bamako (CICR) : Le lundi 05 août 2019 en pleine ville de Tombouctou et en milieu de journée,
des hommes armés ont enlevé l'un des véhicules du Comité international de la Croix-Rouge
(CICR) clairement marqué de l'emblème de la croix rouge. Depuis le début de cette année, le
CICR a déjà subi plusieurs incidents similaires dans la région de Tombouctou.
Ce vol de véhicule intervient dans un climat marqué depuis plusieurs semaines par la
recrudescence de la criminalité et de l'insécurité aussi bien dans les villes que sur les axes
routiers de la région, touchant principalement les populations civiles déjà très affectées par le
conflit, mais également les organisations humanitaires qui tentent de leur venir en aide.

Ce dernier incident est symptomatique du niveau d'insécurité qui règne dans la ville et dans la
région, qui a atteint un seuil inacceptable pour la population, et qui oblige le CICR à suspendre
temporairement ses activités dans cette région, le temps d'évaluer la situation, et obtenir les
garanties nécessaires à la sécurité de ses équipes.

186
Swissinfo.ch REGARD SUR L'AVENIR « Le CICR d’aujourd'hui est un paradoxe » Par
Victoria Morgan, Genève
108
« Nous sommes inquiets de l'impact que cette insécurité a sur notre capacité à aider les
populations de la région, mais il nous est quasiment impossible de continuer à travailler lorsque
nous sommes régulièrement l'objet de braquages nous privant de nos moyens de travail et
mettant en danger la vie de notre personnel », affirme Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation
du CICR au Mali.

« Nous demandons aux autorités maliennes, ainsi qu'à tous les acteurs de tout mettre en œuvre
afin de restaurer l'ordre et la sécurité. Nous espérons que la situation s'améliore pour les Maliens
et que nous pourrons reprendre rapidement nos activités », précise M. Marti.187

Concernant le Financement, la provenance des fonds du CICR fait également l’objet de


plusieurs critiques
L’affaire LafargeHolcim188 en est l’exemple parfait. L’on reproche à cette organisation
d’accepter parfois des fonds de terroristes et de se laisser couvrir dans certaines régions comme
le Mali par ces forces armées Djihadistes.
Cet exemple soulève la question des rapports du CICR avec ses partenaires privés, et les risques
de conflit d’intérêts. L’institution ne peut se permettre de mettre en péril le formidable capital
de confiance qu’elle a accumulé au cours de son siècle et demi d’existence. Dès lors pour pallier
à ces problèmes plusieurs solutions ont été proposées sous formes des recommandations.

 Promotion et accroissement du respect du Droit Humanitaire

Se limiter à sensibiliser les parties à un conflit armé au droit ou à leurs obligations spécifiques
ne suffit pas à assurer le respect du droit.
Il importe que le droit soit présenté́ et examiné de manière « stratégique », c’est -à-dire de façon
pertinente et adaptée au contexte, et dans le cadre d’un plan délibéré́ d’entrée en matière avec
les parties. Cela est nécessaire pour que les parties élaborent une attitude positive à l’égard du
droit, une première mesure vers le respect du droit.189

187
www.icrc.org >document>mali-le-cicr-sinquiete-de-linsecurite-grandissante-tombouctou-
qui-impacte-aussi-ses-operations
188
Voir Lesobservarteurs.ch L’âme tourmentée du CICR
189
Rony BRAUMAN l’action humanitaire Édition Flammarion (réédition numérique FeniXX)
1995
109
Bien que les présentations du droit doivent toujours être précises et ne pas compromettre les
dispositions existantes, il ne faut pas qu’elles restent théoriques ou « didactiques ». Il faut que
le droit soit vu en termes concrets et opérationnels. La manière d’envisager le droit devrait
également être convaincante et adaptée aux circonstances. Il importe tout particulièrement de
garder à l’esprit la motivation des parties et l’idée qu’elles ont d’un conflit.
La complexité́ juridique d’un dialogue doit aussi tenir compte du niveau de connaissances et de
compétences des interlocuteurs avec lesquels ce dialogue est conduit.
Comprendre les caractéristiques du conflit et des parties et s’y adapter
Compte tenu de la grande diversité́ des conflits armés et des parties, il n’existe pas d’approche
uniforme au problème du manque de respect du droit humanitaire. Tous les efforts visant à
mieux le faire respecter seront plus efficaces s’ils tiennent compte des caractéristiques d’une
situation donnée.
Cela vaut tout particulièrement pour les parties elles- mêmes. Il sera très utile de connaître et
de comprendre les motivations et l’intérêt d’une partie afin d’expliquer pourquoi elle a intérêt
à respecter le droit.
Ce n’est qu’en consacrant du temps et des ressources à mieux connaître le conflit et les parties
en cause qu’on pourra évaluer les approches qui peuvent s’avérer les plus efficaces ou
prometteuses. L’enseignement du Droit humanitaire fait partie de l’action prévention du CICR
afin d’éviter des dérives humanitaires en cas de troubles dans un espace géographique donné.
Le Droit international humanitaire ne protège pas seulement les personnes civiles ou celles qui
ne participent pas au combat, il protège aussi les institutions qui servent l’humanitaire comme
Médecins sans frontières ou les agents de l’OMS. Mais comment faire respecter un droit que
les populations ignorent véritablement ? C’est vrai que « nul n’est censé ignorer la loi », mais
le Droit humanitaire mérite d’être un acquis pour tous les citoyens du monde.190
Le Droit international humanitaire est surtout connu que par les personnes qui ont été en contact
direct avec le sujet. Si cette méconnaissance du Droit humanitaire est un danger pour les
populations dont les pays sont en guerre, les agences humanitaires courent aussi un grand risque
en allant dans ces pays où le Droit humanitaire est méconnu. En effet, plusieurs agents
humanitaires ont déjà été victimes des assauts des belligérants lors de plusieurs conflits armés.
Le rôle humanitaire lors d’un conflit armé qui consiste à soigner un militaire adverse blessé, ou
le ravitaillement de personnes isolées est très mal perçu par le camp adverse surtout lorsqu’ils

190
Christoph HARNISH, le CICR en Afrique : contexte et défis
110
ignorent le Droit humanitaire. Ainsi, pour empêcher que cette aide se développe et pour étouffer
l’adversaire, on peut s’en prendre aux services humanitaires.191
Le Droit humanitaire mérite donc d’être mieux connu qu’il l’est présentement, presque comme
les dix commandements religieux chrétiens. Cela engendre plus de respect de la personne
humaine en cas de troubles, même si la guerre enlève le bon sens, on peut éviter des catastrophes
humanitaires si le Droit humanitaire est bien diffusé.
Dans les pays sous-développés en général, en Afrique en particulier, les Droits de l’homme qui
sont à la base de l’édition du Droit humanitaire sont bafoués au quotidien. Les Droits de
l’homme et leurs fonctions sont ignorés des populations et les gouvernements qui doivent les
promouvoir ne font véritablement aucun effort dans ce sens. Même dans beaucoup de pays
développés ou émergents, les Droits de l’homme et leur application sont fustigés.192

 Renforcement du cadre juridique

Une action effective du CICR dans les conflits armés en Afrique doit nécessairement passer par
une extension de son champ de compétence. Pour ce faire, il faut, d'une part, un renforcement
du cadre juridique du CICR pour assurer une garantie de la mise en œuvre de son action. D'autre
part, il faut que le CICR adapte son cadre opérationnel par rapport à la situation et ses activités
par rapport au conflit.

- Vers un nouveau DIH applicable aux conflits armés

Les règles du DIH en vigueur ne permettent pas d'endiguer la spirale de la violence. De même,
les combattants, qui s'exposent aux peines les plus sévères au seul titre de leur participation aux
hostilités, n'auront que de faibles motifs de respecter les lois et les coutumes de la guerre. En
vérité, tous les conflits armés du XXe et ceux du début du XXIe siècle ont été caractérisés par
les violations massives du DIH empêchant le CICR et les autres acteurs humanitaires de mener
à bien leur action sur le terrain. La violence des affrontements, les condamnations prononcées

191
Ibid
192
Ibid
111
de part et d'autre et la surenchère des représailles provoquent des blessures morales qui font
obstacles à toute perspective de suspension des combats et de réconciliation.193

La solution idéale serait d'adopter un nouveau régime juridique applicable aux conflits armés
qui renforcerait de façon significative la protection des victimes de ces conflits et donnerait,
notamment, un statut aux combattants capturés. Deux hypothèses peuvent être envisagées pour
cette nouvelle codification du DIH applicable dans les conflits étatiques internes.

Premièrement, cette nouvelle codification pourrait être l'application pure et simple des quatre
Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles Additionnels aux conflits étatiques
internes. Les règles et les limites qu'ils imposent à la manière de conduite de la guerre devraient
aussi s'appliquer aussi bien aux conflits armés internationaux que non internationaux. Le fait
qu'en 2001, la Convention sur certaines armes classiques ait été amendée pour élargir son
champ d'application aux conflits armés non internationaux montre que cette hypothèse gagne
du terrain au sein de la Communauté internationale. Ainsi l'extension des règles du DIH aux
conflits étatiques internes pourrait définir un standard minimum applicable à toute détenue à
l'occasion d'un conflit armé et qui ne bénéficie pas d'un traitement plus favorable. Ce standard
minimum pourrait s'inspirer, par exemple, des garanties fondamentales prévues à l'art. 75 du
Protocole Additionnel194 mais devrait s'appliquer à tous les conflits armés, internationaux ou
non internationaux. Il constituerait un authentique « filet de sécurité humanitaire ».

Dans la même perspective, l'étude des règles du DIHC entreprise par le CICR sous la direction
de Jean-Marie HENCKAERTS et Louise DOSWALD-BECK195 peut servir de base à une

193 Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger de Saint Louis
2009

194
« Dans la mesure où elles sont affectées par une situation visée à l'article premier du présent
Protocole, les personnes qui sont au pouvoir d'une Partie au conflit et qui ne bénéficient pas
d'un traitement plus favorable en vertu des Conventions et du présent Protocole seront traitées
avec humanité en toutes circonstances et bénéficieront au moins des protections prévues par le
présent article sans aucune distinction de caractère défavorable fondée sur la race, la couleur,
le sexe, la langue, la religion ou la croyance, les opinions politiques ou autres, l'origine nationale
ou sociale, la fortune, la naissance ou une autre situation, ou tout autre critère analogue.
Chacune des Parties respectera la personne, l'honneur, les convictions et les pratiques
religieuses de toutes ces personnes »
195
Jean-Marie HENCKAERTS et Louise DOSWALD-BECK, Droit International Humanitaire
Coutumier, vol. I et Vol. II
112
nouvelle codification du DIH. C'est dans cette optique que va l'arrêt du TPIY du 11 mars 2005196
où la Chambre d'appel du TPIY s'est référée à l'étude publiée par le CICR et, en particulier, aux
indications contenues dans le volume II, pour démontrer la nature coutumière du principe
général de la protection des biens civils, aussi longtemps qu'ils ne constituent pas des objectifs
militaires, et la nature coutumière de l'obligation de respecter et de protéger les biens
culturels197.

Cette nouvelle codification du DIH applicable aux conflits étatiques internes pourrait prendre
appui sur les conclusions de l'étude sur le DIHC. L'application du DIHC pourrait amener les
acteurs non étatiques à s'engager formellement à respecter le DIH à défaut de reconnaissance
de belligérance. Il est évident que l'art. 3 commun aux Conventions de Genève s'applique de
plein droit à toutes les Parties au conflit en vertu du caractère élémentaire des obligations qu'il
comporte. Aujourd'hui, on peut sans doute en dire autant pour le Protocole Additionnel II. Il
n'empêche qu'aucun acteur, gouvernemental ou non gouvernemental, n'acceptera facilement de
reconnaître qu'il est lié par un instrument s'il n'a pas la possibilité de manifester sa volonté de
s'engager à le respecter. L'application des règles du DIHC permettrait aussi à l'ensemble de ses
dispositions qui régissent la conduite des hostilités de s'appliquer aussi bien aux conflits armés
non internationaux qu'aux conflits armés internationaux. En d'autres termes, les Etats acceptent
en pratique que les mêmes règles s'appliquent aux conflits armés internationaux et aux conflits
armés non internationaux. Les méthodes et les moyens de combats qui sont prohibés lorsqu'il
s'agit de combattre un ennemi extérieur ne peuvent être utilisés contre des nationaux, et ces
règles s'appliquent aux insurgés aussi bien qu'aux forces gouvernementales.

Ainsi en appliquant les règles du DIHC198 dans les conflits étatiques internes, la question de la
force obligatoire de la règle coutumière vis-à-vis du parti insurgé se trouvera posée. Et le CICR,
dans l'exercice de sa mission préventive qui est de diffuser et de promouvoir le DIH ne sera pas
confronté à des obstacles liés au non-respect de ce droit. Cependant, en ce qui concerne sa
mission d'assistance et de protection, il doit faire de telle sorte que ses actions soient en
conformité par rapport aux besoins des populations victimes de conflit

196
TPIY, 11 mars 2005, « Prosecutor v. Enver Hadzihasanovic and Amir Kubura ».
197 François BUGNION, Droit International Humanitaire Coutumier, novembre 2007.
198
Voir Jean-Marie HENCKAERTS et Louise DOSWALD-BECK, Droit International
Humanitaire Coutumier, vol. I et Vol. II.
113
 Une coordination plus efficace avec les autres organismes

La complexité accrue des crises humanitaires, la diversification des acteurs des conflits et la
nature nouvelle de ces conflits exigent une coordination plus efficace des organisations
humanitaires. Le CICR s'efforce en permanence d'adapter son action aux besoins spécifiques
des populations touchées. Cependant, il ne peut pas répondre à l'ensemble des besoins. Par
conséquent, la coordination humanitaire est, pour le CICR, un moyen d'associer
systématiquement ses efforts à ceux d'autres organisations. Le type de coordination souhaité
par le CICR doit viser, d'une part, à répondre l'ensemble des besoins des populations affectées
par un conflit grâce au rôle complémentaire de chaque organisation afin d'éviter les doubles
emplois et les lacunes, et, d'autre part, à maximaliser l'action du CICR.

Pour être efficace, la coordination doit être axée vers l'action et tenir compte des réalités sur le
terrain, c'est-à-dire qu'elle doit reposer sur des capacités existantes sur le terrain en termes de
ressources humaines, de capacités professionnelles disponibles et de moyens logistiques. Les
organisations, parties prenantes à une coordination fondée sur la réalité, doivent également être
claires sur les zones qu'elles peuvent ou ne peuvent pas atteindre. Une indépendance crédible
n'est toutefois pas conciliable avec une participation à des initiatives où l'organisation ne garde
pas sa propre capacité décisionnelle ou lorsque la perception de son identité risque d'être
bafouée si elle s'associe à d'autres entités dont l'agenda n'est pas exclusivement humanitaire.
En effet, la réponse humanitaire, dans les conflits actuels, est assurée par une variété d'acteurs,
des organisations humanitaires internationales et locales, gouvernementales ou non
gouvernementales, et dans certaines régions également par des unités militaires. Il peut ainsi
avoir un risque d'une présence trop nombreuse d'acteurs dans les endroits relativement sûrs et
un risque très grand de confusion de rôle entre ces différents acteurs. Pour éviter toutes ces
contraintes opérationnelles, le CICR doit, en coordination avec les autres acteurs sur le terrain,
définir le domaine d'activité de chacun pour que l'action humanitaire soit effective. L'action du
CICR, dans les conflits armés en Afrique, peut être plus efficace avec la mise en place de
nouvelles règles DIH applicables à de tels conflits.

 Une bonne connaissance des caractéristiques du conflit et des Parties

114
Le CICR doit commencer par répertorier les caractéristiques communes aux conflits armés
même si tous les conflits ont leurs traits spécifiques. Ainsi dans le continent africain, nous
constatons certains points communs aux conflits armés. Dans plusieurs pays africains, les
conflits sont marqués par la contestation de la légitimité de l'Etat qui continue de prendre des
formes violentes. Nous pouvons citer l'exemple des rébellions en Côte d'Ivoire, au Libéria, et
en RDC, des émeutes au Nigéria, des mutineries au Niger, des coups d'Etat en Guinée Bissau
ou des mouvements autonomistes et séparatistes en Casamance (Sénégal), au Darfour (Soudan)
et à Cabinda (Angola). Dans d'autres pays, les conflits sont marqués par l'irruption de la religion
qui est de plus en plus une réalité dans les conflits africains. La religion y est souvent utilisée
comme de mobilisation politique et aussi, dans les sociétés très déstabilisées où l'identification
de l'Etat est difficile, comme un moyen de s'intégrer dans la globalisation.199

Le CICR se doit aussi de prendre en compte le développement de nouveaux types de conflits


impliquant de nouveaux acteurs de violence armée qui traduit la vulnérabilité accrue de
nombreuses sociétés. Ce sont, d'une part, les conflits dans lesquels des bandes armées sans
structures de commandement effectives tuent, violent, mutilent sans aucune retenue. Et, d'autre
part, des conflits avec des combattants bien structurés, dont le but de guerre génocidaire est
l'élimination physique ou la déportation d'un groupe ethnique et religieux.

Cette négation totale des principes de base du DIH est sans doute le défi le plus considérable
auquel le CICR ait été confronté. Pour une institution dont les principes d'action sont fondés
sur le dialogue avec tous les acteurs de la violence, sur la volonté de faire changer les
comportements en convainquant plutôt qu'en dénonçant, la tâche est immense.

Les tentatives visant à influencer le comportement des Parties à un conflit étatique interne
seront les plus efficaces dans le contexte d'un processus d'engagement et de relations de chacune
des Parties au conflit.

Un long processus d'engagement offre des possibilités de négocier un accès, d'instaurer de bons
contacts avec des personnalités influentes et d'obtenir des informations fiables sur les
circonstances entourant le conflit ; il permettra aussi d'obtenir des indications sur les

199
Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger de Saint Louis
2009
115
caractéristiques d'une Partie et d'examiner le droit de manière stratégique. De plus, il offrira,
avec le temps, les possibilités d'examiner les questions concernant la volonté et la capacité
politiques de la Partie en question ainsi que son respect du droit.

Une perspective sur le long terme inclut des initiatives essentielles de suivi. Cela est
particulièrement vrai lorsqu'on arrive à obtenir de la Partie qu'elle s'engage à respecter le droit.
Les Parties devraient être encouragées et aidées à traduire leurs engagements dans la pratique.
Le CICR s'y emploie par un processus en cours de dialogue bilatéral confidentiel et de
représentations qui consistent notamment à rappeler à la Partie ses obligations et ses
engagements, à assurer le suivi et l'établissement de rapports, ainsi que la formation et le
renforcement des capacités.

En plus d'une bonne connaissance des caractéristiques des conflits, le CICR se doit aussi
d'adapter son action aux besoins des victimes. Pour mieux adapter son action aux besoins des
populations victimes des conflits étatiques internes, le CICR doit rester auprès des victimes tout
en assurant la sécurité de son personnel. Le Libéria a constitué un test dans cette politique de
proximité. En 2003, le CICR a fait le choix d'assurer une présence dans les situations extrêmes
aussi longtemps que possible. Ce choix suppose non seulement l'acceptation du risque, mais
aussi l'amélioration constante des dispositifs de sécurité dans les délégations. Toute
organisation humanitaire a besoin de se doter de politiques opérationnelles qui assurent à la fois
une action décisive pour les victimes de sécurité acceptable pour son personnel.200

Conclusion

Au terme de notre analyse nous pouvons dire que le Comité international de la Croix-Rouge est
une organisation non gouvernementale humanitaire dont la principale activité est d’intervenir
pour soulager la souffrance des victimes des conflits armés exemple de la population civile que
nous avons étudié. Pour intervenir, le Comité international de la Croix-Rouge s’appuie sur des
principes appelés Principes fondamentaux dans son action,

200
Christoph HARNISH, le CICR en Afrique : contexte et défis
116
Il faut dire que chaque activité du CICR répond à un besoin humanitaire précis et bien défini,
chaque approche utilise des mécanismes de mise en œuvre propres, ces mécanismes combinent
différentes activités qu’on retrouve dans les quatre programmes qui sont : (La Protection,
l’assistance, la prévention et la coopération)
Cette combinaison d’activités est particulièrement importante car le CICR se doit de mettre tout
en œuvre, utiliser tous les moyens à sa disposition en fonction des priorités et des objectifs
identifiés, et selon chaque contexte particulier.
En outre, les différentes approches et activités sont complémentaires. Les délégations servent
surtout de système d’alerte car l’intervention du CICR en cas de situation de détresse doit être
prompte pour répondre rapidement et efficacement avant que la situation soit désastreuse en
cas de violence ou de conflits armés. L’Afrique est le continent qui compte le plus de
délégations régionales avec 20 délégations. Le CICR a suivi un chemin particulier dans son
évolution, et son identité́ a été́ façonnée par les crises humanitaires majeures des années 1980
et 1990 : les grandes opérations de distribution d’aide alimentaire en Angola, en Éthiopie, au
Mozambique, en Somalie et au Soudan ont fait place à une opération exceptionnelle
d’assistance et de protection au Rwanda, suivie par les activités liées aux conflits en
Centrafrique, au Nigéria et au Mali. L’époque de l’action humanitaire se voulant toute
puissante, et principalement axée sur la quantité́ d’assistance distribuée, a connu un brusque
arrêt vers la fin des années 1990. À la suite de graves incidents de sécurité́ , la
professionnalisation du personnel et l’apprentissage de la gestion sécuritaire des actions du
CICR ont contribué́ à une réflexion sur la nature même de l’action humanitaire et ont favorisé
l’ébauche d’actions plus équilibrées sur les plans de l’assistance et de la protection.

Aujourd’hui, le CICR est une organisation qui peut mettre en œuvre de grandes opérations de
secours alimentaire, mais qui sait aussi répondre de manière adéquate et différenciée aux
besoins des populations cibles définies, que ce soit par des actions de protection ou d’assistance.

Toutefois malgré les efforts déployer par le CICR, les méthodes utilisées par les humanitaires
dans l’attribution de l’aide sont de plus en plus sujettes aux critiques.
La gestion de leur assistance peut parfois prêter à confusion (problèmes de conflits d’intérêts,
idéologique …)

Alors pour le CICR, il sera important de suivre de très près les évolutions politiques,
économiques et autres, afin de pouvoir réagir rapidement en cas de survenue d’une situation de
117
conflit. Une telle approche permettra également de faire une analyse approfondie des besoins
des victimes et des obstacles à la conduite des opérations, pour enfin dessiner une politique
opérationnelle efficace et adéquate. Les efforts déployés pour clarifier l’identité́ du CICR et
positionner l’institution parmi les différents acteurs humanitaires doivent être renforcés et
soutenus pour mieux servir les victimes des conflits armés.

118
Bibliographie :

 OUVRAGES GÉNERAUX

• Gérard Aivo préface de Robert Kolb et Stéphane Doumbé-Billé, Bruylant, Le statut


de combattant dans les conflits armés non internationaux de 2013.

• Nils Andersson et Daniel Lagot, Droit international et conflits armés, Editions


l’Harmattan novembre 2013.

• Francisco Rubio et Christelle Huré, Dictionnaire Pratique de l’humanitaire, Ellipses


28 sept .2010

• Ernest Marie MBONDA, L’action Humanitaire en Afrique, Lieux et enjeux, Essai


(broché) paru en 09 /2008.

• Christian Troubé, L’humanitaire en turbulence : Les ONG face aux défis de la


solidarité internationale, Autrement 2006

• Legault Michel FORTMANN, « Introduction » les conflits dans le monde, Edition


2005.

• Abdolhakim ZAMUNA, Ingérence humanitaire et Droit international, ANRT


1octobre 2003.

• Philippe RYFMAN, la question humanitaire - Histoire, problématiques, acteurs et


enjeux de l’aide humanitaire internationale, Ellipses, Editions, Paris,1999.

• Rony BRAUMAN, L’action humanitaire, Édition Flammarion (réédition numérique


FeniXX) 1995.

• Éric David, Principes de droit des conflits armés, cinquième édition Bruylant,

119
 OUVRAGES SPECIFIQUES

• HENCKAERTS (J-M) et DOSWALD-BECK (L), Droit international coutumier


Volume I : Règles Cambridge, university Press Cambridge Etude en français
(broché).Paru en 11.2006.

• Jean-Luc FERRÉ, L’action humanitaire, Editions Les essentiels Milan, 1995

• Lindenberg, M & Bryant, C (2001). Going Global : Transforming relief and


development NGO .Bloomfield

• Mario Bettati, Droit humanitaire 2000.

• Rony BRAUMAN, Philippe Petit, Humanitaire : le dilemme FeniXX réédition


numérique 1996

 THÈSES ET MÉMOIRES :

• Ibrahim N’GOM le CICR et les conflits étatiques internes Gaston Berger de Saint
Louis 2009

• Richard PERRUCHOUD, thèse sur les résolutions des conférences internationales de


la croix rouge présentée à la faculté de droit de l’université de Genève, CICR, » Le
CICR sa mission et son action ».

• Sosthène BOUNDA, thèse sur le Comité international de la Croix-Rouge en Afrique


centrale à la fin du XXe siècle : cas du Cameroun, du Congo Brazzaville, du Congo
Kinshasa et du Gabon de 1960 à 1999.

120
 TRAITES

• Conférence internationale de la croix- rouge (Genève 1921).

• Conférence internationale de la Croix- rouge (Londres,1938).

• Premier protocole Additionnel aux Conventions de Genève du 8juin 1977

• Protocole II Résolutions des Conférences internationales de la Croix-Rouge.

• XXVe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, résolution


IX, paragraphe 576.

• XXVIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, résolution


II, paragraphe 577.

 ARTICLES ET REVUES

• Article Mouvement international de la Croix-Rouge, Le rêveur et le bâtisseur, CICR,


2009.

• Art. 4 de l'Accord entre le conseil fédéral suisse et le CICR du 19 mars 1993 en vue de
déterminer le statut du Comité en Suisse

• Christoph HARNISH, le CICR en Afrique : contexte et défis

• Chronique ONU. Les Nations Unies dans un monde uni, volume 41, N° 4, décembre
2004-février 2005.

121
• CICR Article de fait et chiffre de la Centrafrique 2017.

• CICR Article de fait et chiffre du 1er semestre de la république démocratique du Congo.

• CICR Article de fait et chiffre du mali premier semestre 2019.

• CICR Article de fait et chiffre du Nigeria 2018

• CICR, conflits armés et liens familiaux, janvier 2002.

• CICR, ressources en ligne

• Découvrir le CICR, CICR, Genève, septembre 2005. 15- Des emblèmes d’Humanité, le
Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, CICR, Genève,
février 2011 16- Droit International Humanitaire, Réponses à vos questions, CICR,
Genève, février 2004.

• Jean Luc BLONDEL, « l'assistance aux personnes protégées », Revue internationale


de la Croix-Rouge, N°767, septembre-octobre1987, pp. 471 -489.

• Mieux faire respecter le droit international humanitaire dans les conflits armés non
internationaux

• Revue internationale de la croix rouge

• RIEEF (D), L’humanitaire en crise, le serpent à plumes, Essais, Paris 2004. Du titre
original. 44-RUFIN (J-C), L’aventure humanitaire, Gallimard 1994. 45- SANDOZ (Y),
« Le Droit initiative du CICR », German Year Book of international Law, 1979.

• Philippe Hugon Revue HERODOTE 2009.

122
 WEBOGRAPHIE

• Www. Ifrc. Org Découvrez le CICR

• www.CICR.org principes fondamentaux du CICR

• https://www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/history-holocauste-020205.htm -
https://www.icrc.org/fre/assets/files/review/2013/irrc-888-palmieri-fre.pdf

• https://www.msf-crash.org/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/laction-
humanitaire

• https://www.icrc.org/fre/assets/files/other/icrc_001_0513_principes_fondamentaux_cr
_cr.pdf

• https : www.dictionnaire-juridique.com/definition/mandat.php

123
ANNEXE :

Guide d’entretien
Dans le but de collecter des informations, un entretien a été fait le 05 novembre 2019 au sein
de la délégation sous régionale du CICR à Dakar, nous avons élaboré 4 thèmes :

1- Que recouvre la Notion de CICR


2- Quels sont les problèmes actuels que rencontre le CICR ?
3- Que fait le CICR Pour résoudre ces problèmes ?
4- Quelle est la particularité de cette organisation dans le domaine humanitaire ?

Mr Bayla Barry actuel Directeur du département de la formation de la jeunesse et du


secourisme a bien voulu répondre aux questions suivantes :

Quelle est la spécificité du CICR ?

Il faut dire que la relation privilégiée qu’entretient le Comité international de la croix rouge
avec le droit international humanitaire est sa spécificité originelle mais de là émane d’autres
spécificités qui font du CICR un acteur particulier, unique dans le paysage humanitaire. La
particularité de notre institution s’apprécie sous plusieurs angles : spécificité structurelle,
fonctionnelle, opérationnelle et conceptuelle.
L’identité de notre institution agir au cœur des conflits armés et des autres situations de
violence, agir en fonction des besoins et non des préoccupations politiques. Adapter la réponse
humanitaire aux contextes variés, complexes et évolutifs que nous rencontrons en demeurant
conscients que la complexité de ceux-ci, au regard du respect du droit international humanitaire
est la conséquence immédiate du rôle ou de l’inaction des Etats.

Selon vous quel est le poids du CICR dans les relations internationales ?

Je pense que le CICR s’est illustré au fil des années par ces actions dans l’humanitaire qui ont
eu une grande portée(aide, assistance aux victimes en temps de conflits armés),mais aujourd’hui
pour pouvoir peser dans les relations internationales de manière effective il devra jouer un rôle
d’alerte sur un certain nombre de problématiques qui touchent véritablement aux droits humains
124
et surtout promouvoir ces droits humains pour ne pas laisser libre cours aux états qui ne
cherchent qu’à défendre leurs intérêts .

En parlant d’aide aux victimes pensez -vous que l’aide apportée par le CICR en temps de
conflits armées impacte vraiment les conditions de vie des populations ? Ne créé-t-elle pas une
certaine dépendance ?

Vous savez, en temps de conflits armées les Etats n’ont pas la capacité de prendre en charge les
populations sinistrées, une aide d’urgence en pareille circonstances je pense qu’elle est toujours
bienvenue, cette aide impacte les conditions de vie des populations qui se retrouvent privés
parfois de leurs moyens d’existence (eau, accès aux soins de santé, etc.). Par contre ce qu’il faut
éviter c’est de faire de cette aide, une aide structurelle et qu’à la suite de cela on fasse d’elle
une dotation permanente car dans de tels cas on prend le risque d’instaurer une mentalité de
dépendance. Il faut de mon point de vue apprendre à ces populations en temps de crises à travers
des formations, la production et certains éléments capables de leur permettre après de se prendre
en charge.

Ne dit-on pas vaut mieux apprendre à une personne à pêcher plutôt que de lui donner du
poisson ?

Selon vous quels sont les obstacles en particulier ceux institutionnels aux actions du CICR ?

Je pense qu’aujourd’hui en plus de tous les problèmes qu’on a l’habitude d’aborder, le problème
sur lequel il faut se pencher est l’instrumentalisation de l’aide. En effet, une aide n’est jamais
désintéressée on le sait tous, derrière chaque don l’on peut essayer de véhiculer une certaine
croyance, un axe religieux ou une culture qu’on exporte, même si on ne peut pas en vouloir
tellement aux ONG car si l’aide est leur vocation, ceux qui donnent les moyens doivent être a
mesure de donner des indications sur ce qu’il faut faire avec cet Argent. Mais je pense que cela
constitue l’obstacle majeur à l’avancée de certaines actions humanitaires.

125
Table des matières :

DEDICACE

REMERCIEMENTS

SIGLES ET ABREVIATIONS

Sommaire

INTRODUCTION ............................................................................................................. page 7

PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ............... page 12

Chapitre I : Cadre théorique ............................................................................................. page 13

Section1 : La problématique ............................................................................................ page 13

Section 2 : Objectifs de recherche ................................................................................... page 15

Section 3 : Hypothèses de recherche ............................................................................... page 16

Section 4 : Pertinence du sujet ........................................................................................ page 17

Section 5 : Revue critique de la littérature ...................................................................... page 19

Chapitre II : Cadre méthodologique ................................................................................ page 24

Section1 : Cadre de l’étude ............................................................................................. page 24

Section 2 : Délimitation du champ de l’étude ................................................................. page 26

Section 3 : Techniques d’investigation ........................................................................... page 27

Section 4 : Echantillonnage ............................................................................................. page 28

Section 5 : Difficultés rencontrées .................................................................................. page 28

DEUXIEME PARTIE : CADRES ORGANISATIONEL ET CONCEPTUEL ............. page 29

Chapitre I : Cadre organisationnel .................................................................................. page 30


Section 1 : Présentation du CICR ..................................................................................... page 30

Paragraphe I : Historique et structuration ....................................................................... page 30

A) Historique ............................................................................................................ page 30

B) Structuration ........................................................................................................ page 39

Paragraphe II : Activités, buts et mission ........................................................................ page 44


126
A) Activités de la croix rouge internationale............................................................. page 45

B) But et mission ...................................................................................................... page 46

Section 2 : Description de l’intervention du CICR en Afrique (pays choisis dans le cadre


l’étude) ............................................................................................................................ page 48

Paragraphe I : Plan d’intervention du CICR .................................................................... page 48

A) Champ d’action ................................................................................................... page 48

B) Stratégies du CICR .............................................................................................. page 49

Paragraphe II : Zones d’intervention du CICR en Afrique ............................................. page 52

A) Les Opérations du CICR en Afrique centrale .................................................... page 52

B) Les Opérations du CICR en Afrique de l’ouest .................................................. page 61

Chapitre II : Cadre conceptuel ........................................................................................ page 66

Section 1 : Approche définitionnelle, généralités sur les ONG humanitaires et les conflits
armés ............................................................................................................................... page 66

Paragraphe I : Définition de concepts ............................................................................. page 67

A) Définition du terme ONG .................................................................................... page 67

B) Les notions associés ............................................................................................ page 68

Paragraphe II : Généralité sur les conflits ....................................................................... page 72

A) Définition de la notion de conflit ........................................................................ page 72

B) Les conflits armés ................................................................................................ page 73

Section 2 : La gestion des conflits par les organisations humanitaires ........................... page 75

A) Les outils de règlements pacifiques .................................................................... page 75

B) Les actions d’apaisement .................................................................................... page 76

Paragraphe II : Le soutien aux populations d’accueil ..................................................... page 77

A) La satisfaction des besoins fondamentaux .......................................................... page 77

B) La satisfaction des besoins d’épanouissement .................................................... page 78

TROISIEME PARTIE : CADRE ANALYTIQUE ........................................................ page 80

Chapitre I : Le cadre de l’action du CICR ....................................................................... page 81


127
Section 1 : Adéquation entre les besoins humanitaires et l’action du CICR ................... page 81

Paragraphe I : La reconnaissance des privilèges du CICR .............................................. page 81

A) La nécessité de reconnaissance pour assurer sa mission ..................................... page 81

B) Les obstacles à la reconnaissance ....................................................................... page 84

Paragraphe II : L’identité du CICR .................................................................................. page 85

A) Le particularisme du CICR ................................................................................. page 85

Section 2 : Le mandat juridique international du CICR .................................................. page 87

Paragraphe I : Les fondements juridique du mandat du CICR ....................................... page 87


Paragraphe II : La nouvelle réglementation des actions de secours ................................ page 90

Chapitre II : L’effectivité de l’action du CICR en période de conflits armés en Afrique. ... page
93

Section 1 : L’apport du CICR ......................................................................................... page 93

Paragraphe I : Le CICR, un médiateur unique et un diplomate ...................................... page 93

A) Le CICR, un médiateur ........................................................................................ page 93

B) Le CICR, un diplomate ........................................................................................ page 95

Paragraphe II : L’établissement d’un programme d’assistance aux victimes .................. page 96

A) L’aide sanitaire et alimentaire .............................................................................. page 96

B) La réhabilitation économique offerte aux populations ......................................... page 98

Section 2 : Les limites de l’action du CICR .................................................................. page 100

Paragraphe I : Les différentes contraintes du CICR ...................................................... page 100

A) L’insécurité du personnel humanitaire sur le terrain .......................................... page 100

B) La compétition des différents acteurs sur le terrain ........................................... page 102

Paragraphe II : Les contraintes liées à l’application et la mise en œuvre du DIH ........ page 103

A) Les contraintes relatives à l’application des textes conventionnels .................. page 103

B) Le refus d’applicabilité du DIH par les parties belligérantes ............................ page 105

Chapitre III : Recommandations ................................................................................... page 106

CONCLUSION ............................................................................................................. page 116


128
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................ page 119

ANNEXES .................................................................................................................... page 124

Table des matières ......................................................................................................... page 126

129

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