Psychologie du stress
Les développements récents se sont centrés sur les aspects psychologiques
du stress. Chez l’homme les situations sont plus complexes et les phénomè-
nes psychologiques apparaissent importants dans les réponses de stress. En
effet, phylogénétiquement, le syndrome d’alarme ou de la réponse de fuite
ou de combat (flight or fight) avait une valeur de survie, car il préparait à
l’action. Ce « pattern » de réponse a lieu encore chez l’homme, en présence
de situations stressantes qui sont plus subtilement coercitives, mais interdi-
sent le passage au combat ou à la fuite. La culture, ainsi, oblige l’individu à
adopter d’autres stratégies que ces réactions primitives, d’où une souffrance
psychologique et physique. Monat et Lazarus (1991) distinguent trois types
de stress :
• le stress systémique ou physiologique qui correspond aux phénomènes neu-
rohormonaux ou neurohumoraux et tissulaires ;
• le stress psychologique, qui est l’appréciation subjective d’une situation
comme stressante qui va entraîner les réponses physiologiques. Le stres-
seur est appréhendé et apprécié comme une menace en fonction de la
signification de la situation pour l’individu à un moment donné et égale-
ment en fonction de caractéristiques émotionnelles propres à l’individu.
Les capacités individuelles d’adaptation et de maîtrise de l’individu sont
essentielles dans cette réponse et permettent d’aboutir au « coping » ou
ajustement ;
• le stress social qui correspond à la rupture d’une unité sociale (couple,
famille) ou d’un système social.
L’ajustement, ou l’adaptation au stress (coping), peut se faire par une
action directe sur la menace, en l’évitant, en l’attaquant ou en l’affrontant.
L’alcool et les tranquillisants peuvent être utilisés pour atténuer les effets
psychologiques et physiques du stress. Enfin, des mécanismes cognitifs
comme la dénégation ou l’intellectualisation de la menace peuvent être
mis en place pour gérer le stress.
Stress et maladie
Maladies physiques et stress
Si l’on examine les facteurs de risque d’une maladie comme l’insuffisance
coronarienne, on s’aperçoit qu’ils sont liés à des comportements qui peu-
vent tous s’interpréter en termes d’apprentissage social, de perte de l’auto-
contrôle ou de distorsions cognitives : l’ingestion des graisses animales en
trop grande quantité, le tabagisme, l’absence d’activité physique, l’inges-
tion de trop de calories, le schème comportemental de type A. Ce dernier
est un pattern stable de comportement qui consiste en un sens de l’urgence
du temps et la volonté d’obtenir le maximum de choses mal définies dans le
minimum de temps. Et ce quels que soient les obstacles. Ce qui entraîne des
conflits avec les autres : l’hostilité que manifeste alors le type A est typique
de son fonctionnement. C’est aussi le trait psychologique le plus corrélé
avec la maladie coronarienne.
296 Techniques et histoires de cas
La gestion du stress
Nous présenterons ici une synthèse de différents programmes de gestion du
stress disponibles sur le marché, en particulier un programme développé
par Jacqueline Avard à l’université de Montréal qui a été complexifié à
partir des données issues des thérapies cognitives. Après une explication
didactique de ce qu’est le stress, un programme de gestion de stress
comprend en général cinq composantes : la relaxation, les stratégies
cognitives, les compétences de communication, la résolution de problème
et le développement des capacités d’ajustement aux situations stressantes.
Ces composantes peuvent être enseignées en groupe sur une période de
cinq semaines à raison de deux heures par semaine. Elles peuvent être
aussi enseignées en thérapie individuelle. Elles mettent plus l’accent sur la
résolution des problèmes que sur la gestion des émotions.
Explication didactique
Le thérapeute doit véhiculer dans un langage simple les messages suivants.
Le phénomène de stress peut être divisé en cinq étapes, dans une pers-
pective thérapeutique :
• État d’alarme : un événement potentiellement stressant est identifié par
le sujet et inhibe ses activités en cours.
298 Techniques et histoires de cas
E P C
Événement → Postulat irrationnel → Conséquences :
– émotionnelles
– comportementales
– physiques
Intervention
Dans cette phase, il s’agit d’utiliser des capacités d’adaptation pour
combattre le stress.
Sur le plan physique
• Capacité d’adaptation physique.
• Relaxation musculaire.
• Respiration profonde.
• Relaxation à l’aide d’indices.
Ces capacités d’adaptation sur le plan physique sont utilisées en même
temps que des auto-instructions du genre de « C’est le temps de prendre une
respiration profonde, de relaxer, de ralentir… ».
Sur le plan cognitif
L’adaptation cognitive s’effectue par la production de monologues intéri-
eurs positifs. Par exemple : « Cette situation sera difficile, je serai mal à l’aise
mais je serai capable d’y faire face », ou bien « le stress que je ressens est un
signal pour me rappeler ce que je dois faire : relaxer, penser de manière réa-
liste, prendre le temps pour faire de la résolution de problème, penser posi-
tivement… ». Quelles sont les conséquences réelles de rendre un travail en
retard ? Les excuses seront-elles suffisantes ? Peut-on trouver de l’aide ? Et si
le pire arrive, par exemple une remarque désagréable, est-ce important ? etc.
Il s’agit donc de produire des alternatives à des pensées négatives. On peut
s’aider d’une fiche à trois colonnes :
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