Hansgerd Schulte p. 273-280 TEXTE NOTES AUTEUR TEXTE INTÉGRAL
1 Cf. la bibliographie dans ce volume.
1 Si Pierre Bertaux a consacré son dernier livre à lʼinstinct ludique chez Goethe, ce nʼest sans doute pas un hasard : « Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux ». Au cours dʼune vie riche et productive, Pierre Bertaux a eu des champs dʼactivité aussi divers que Hölderlin et Guillaume II, la mutation de lʼhumanité et lʼAfrique, sans oublier le travail occasionné par les éditions successives de cet héritage paternel quʼest le dictionnaire Bertaux-Lepointe1. Mais le fil conducteur de cette œuvre et de cette vie à multiples facettes, cʼest lʼinstinct ludique. 2 Une source digne de foi — sa mère Céline Piquet — a rapporté que la naissance de Pierre Bertaux, survenue le 8 octobre 1907 à Lyon, fut un « jeu dʼenfant ». Beaucoup a déjà été dit sur le rôle de médiateurs intellectuels et culturels des germanistes dʼAlsace et de Lorraine auxquels appartenaient les Bertaux. Le père Félix — le bien nommé — veilla sur une jeunesse heureuse et lʼinitia très tôt à la langue allemande. Pierre devait dire plus tard : « Je nʼai jamais eu à tuer mon père » et « Chez nous on est germaniste de père en fils ». Il eut la chance, dans un premier temps, dʼêtre dispensé des classes élémentaires : son alphabétisation fut confiée au grand-père, aussi gentil que bon pédagogue, et lʼenseignement du piano à André Gide. Même au lycée, son père, agrégé dʼallemand, conseilla à son fils de faire lʼécole buissonnière. Félix Bertaux estimait quʼil valait mieux garder son temps pour des choses plus gaies et plus utiles. Il nous apparaît donc que le jeune Pierre eut davantage de loisirs à consacrer au jeu que les autres enfants de son âge. Aussi ses premiers souvenirs de jeunesse étaient-ils associés aux jeux de construction et de ballon ; il jouait souvent au fronton, car il pouvait alors se passer dʼun partenaire : « Avec une balle, je ne mʼennuyais jamais ». Pierre était enfant unique ; le jeu lui permettait de surmonter sa solitude, de connaître la vie et de se connaître lui-même : « Le jeu a été la grande école de mon existence ». • 2 Cf. lʼhommage de Yehudi Menuhin à Pierre Bertaux dans ce volume. 3 Mais aux yeux de Pierre, les jeux les plus beaux, les plus fascinants et les plus passionnants étaient les jeux de langage. Dès sa prime jeunesse, il se plaisait à parcourir des champs sémantiques, à remonter des chaînes étymologiques et à rassembler des synonymes ; il était sensible aux qualités phonétiques dʼun mot. Puisque les règles linguistiques étaient, elles aussi, des règles de jeux, enfreindre les premières lui paraissait tout aussi critiquable dʼun point de vue moral que dʼenfreindre les secondes. Il en Mais aux yeux de Pierre, les jeux les plus beaux, les plus fascinants et les plus passionnants étaient les jeux de langage. Dès sa prime jeunesse, il se plaisait à parcourir des champs sémantiques, à remonter des chaînes étymologiques et à rassembler des synonymes ; il était sensible aux qualités phonétiques dʼun mot. Puisque les règles linguistiques étaient, elles aussi, des règles de jeux, enfreindre les premières lui paraissait tout aussi critiquable dʼun point de vue moral que dʼenfreindre les secondes. Il en conçut une sorte dʼéthique de la langue, quʼelle soit parlée ou écrite, éthique qui devait garder une valeur absolue durant toute son existence : « On ne triche pas avec la langue ». Il avait coutume de dire à son ami Yehudi Menuhin2 que des mots impropres et des expressions imprécises lui étaient aussi douloureuses quʼune fausse note. Le commerce avec la langue de- mande une virtuosité aussi consommée que lʼexécution dʼune œuvre musicale ; pour Bertaux, le jeu devait faire preuve du même esprit de sérieux dans lʼun et lʼautre domaine. 4 Il nous semble que lʼinstinct ludique qui se manifestait dans le domaine du langage a orienté de manière décisive la vie et la carrière scientifique de Pierre Bertaux. En affirmant cela, nous pensons dʼune part à son travail sur les rééditions du dictionnaire bilingue : une fois de plus, lʼenjeu nʼétait-il pas de trouver le mot juste, le terme correspondant dans lʼautre langue ? Pour Bertaux, ce travail sʼinsérait nécessairement dans le contexte dʼun rapprochement franco-allemand car, à ses yeux, les malentendus politiques résultaient en premier lieu de malentendus linguistiques et dʼimprécisions de vocabulaire. Aussi, seule la connaissance approfondie de la langue était-elle en mesure de permettre une compréhension véritable du peuple voisin. 5 Nous pensons, dʼautre part, à son dialogue permanent avec Hölderlin, dialogue marqué également par un amour ludique — et donc sérieux — de la langue. Hölderlin fut le partenaire de jeu idéal, le seul qui fût capable de retourner toutes les balles avec un art consommé — pour user dʼune expression de Bertaux. Il a toujours été fasciné par lʼextraordinaire précision du langage poétique de Hölderlin. Toute son interprétation part de la conviction que les affir mations du poète méritent dʼêtre prises rigoureusement à la lettre. On verrait alors que Hölderlin ne fut ni un poète ésotérique, comme le croient certains, ni lʼaliéné de la tour de Tübingen comme le pense encore aujourdʼhui la majorité des chercheurs. Aux yeux de Bertaux, Hölderlin fut un révolutionnaire à qui son engagement avait valu la persécution. 6 Trois expériences ont marqué profondément lʼévolution intellectuelle des années dʼécole et dʼuniversité : il faut nommer en premier ses années dʼenfance, passées dans un environnement familial hors du commun et protégées par lʼamour et lʼintelligence des parents. Sous lʼimpulsion de son père, la belle résidence familiale à Sèvres était devenue dans lʼentre-deux- guerres un point de rencontre privilégié des intellectuels ouverts au dialogue franco-allemand. Thomas et Heinrich Mann, qui ont laissé à Pierre Bertaux de nombreuses lettres non encore publiées, faisaient partie de ce cercle dʼamis, tout comme Joseph Roth, Ernst Bloch, André Gide, Jean Schlumberger, Roger Martin du Gard et un grand nombre de personnalités des célèbres « Décades » de Pontigny. Il nʼest pas surprenant que dans un environnement pareil, Bertaux ait pu sʼinitier à la culture au cours de déjeuners et de promenades. On comprend également pourquoi le futur germaniste devait franco-allemand. Thomas et Heinrich Mann, qui ont laissé à Pierre Bertaux de nombreuses lettres non encore publiées, faisaient partie de ce cercle dʼamis, tout comme Joseph Roth, Ernst Bloch, André Gide, Jean Schlumberger, Roger Martin du Gard et un grand nombre de personnalités des célèbres « Décades » de Pontigny. Il nʼest pas surprenant que dans un environnement pareil, Bertaux ait pu sʼinitier à la culture au cours de déjeuners et de promenades. On comprend également pourquoi le futur germaniste devait souhaiter lʼextension des études germaniques à la connaissance de la civilisation allemande. Au cours de sa carrière universitaire, Bertaux a toujours défendu cette position avec vigueur : la création de lʼInstitut dʼallemand dʼAsnières est en grande partie le fruit de sa persévérance. Les écrivains allemands et français quʼil put fréquenter à cette époque sʼétaient tous opposés au fascisme ; de plus, ses origines lorraines lui avaient appris que cʼétait une erreur que de restreindre lʼétude du voisin incommode à la langue et à la littérature : le germaniste français devait se faire lʼobservateur et le commentateur critique de toute la réalité allemande ; mais il devait aussi se tenir prêt à prendre les armes dans lʼéventualité dʼune nouvelle agression. Bertaux en fit lui-même lʼexpérience : il dirigea, par exemple, les émissions en langue allemande de la radiodiffusion française. Dans ce cadre, il eut lʼoccasion de faire une lecture radiophonique de lʼAvertissement à lʼEurope de Thomas Mann. Plus tard, Bertaux défendit son pays, dʼabord au cours de la « drôle de guerre », ensuite dans la Résistance, ce qui lui valut de passer deux années en prison. Dʼune certaine façon, la vie de Bertaux reflète donc lʼidée que les germanistes français se faisaient dʼeux-mêmes et de leur mission particulière. 7 La deuxième expérience décisive fut lʼEcole Normale Supérieure, où Bertaux entra en 1926. Parmi ses camarades, on trouve les noms de Raymond Aron, René Maheu, Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty et Paul Nizan. Il existe un « esprit de Normale », qui, bien quʼil soit difficile à caractériser, permet aux anciens élèves de se reconnaître comme les membres dʼune même famille. On peut en citer comme éléments constitutifs : la capacité à garder une distance critique, lʼironie (y compris vis-à-vis de soi-même), lʼintelligence, une largeur de vue hostile à tout dogmatisme, un scepticisme tolérant qui se fonde sur la conviction que tout enseignement est relatif, la foi en un homme devenu plus cultivé et plus fin grâce à lʼéducation. Ces caractéristiques sont complétées par des qualités formelles, lʼesprit dʼanalyse, la clarté de la présentation, la virtuosité stylistique et par ce qui constitue la marque distinctive du normalien : lʼesprit du « canular ». Cette expression argotique désignait à lʼorigine les blagues et mystifications dʼétudiants ; mais elle désigne aussi un état dʼesprit marqué par le calembour et la dérision qui refuse de prendre les choses au sérieux, prêt à se jouer de tout et de tout le monde. Le canular fut institutionnalisé grâce à la « Revue de lʼEcole », une sorte de café-théâtre où se succédent de petits sketches qui donnent un commentaire satirique de lʼactualité politique et littéraire. Bertaux joua un rôle très important dans la troupe dʼétudiants, assouvissant ainsi son instinct ludique — lʼesprit de Normale correspondait parfaitement à sa personnalité. • 3 La publication des lettres de Pierre Bertaux à ses parents pendant la période berlinoise est actuel (...) 8 Tout aussi décisif que lʼEcole Normale Supérieure fut le séjour à Berlin, où Pierre Bertaux fut lecteur de français à lʼUniversité entre 1927 et 19293. Tutti Fischer, la fille de lʼéditeur Samuel Fischer, lui-même ami de longue date de la personnalité. • 3 La publication des lettres de Pierre Bertaux à ses parents pendant la période berlinoise est actuel (...) 8 Tout aussi décisif que lʼEcole Normale Supérieure fut le séjour à Berlin, où Pierre Bertaux fut lecteur de français à lʼUniversité entre 1927 et 19293. Tutti Fischer, la fille de lʼéditeur Samuel Fischer, lui-même ami de longue date de la famille Bertaux, lʼintroduisit « par le haut » dans la bonne société du Berlin des années 20, composée essentiellement de personnalités dʼorigine juive. Bertaux fit ainsi la connaissance de Jakob Wassermann, de Joseph Roth, de Siegfried Kracauer et de Walter Benjamin ; il fréquenta également la maison du ministre prussien de lʼéducation, C. H. Becker, le salon littéraire dʼAntonina Vallentin et le salon de Helene von Nostitz-Wallwitz. De cette époque date lʼamitié avec Golo Mann. Son succès mondain fait naturellement penser à des personnages de Balzac ou de Stendhal : le jeune homme aussi charmant quʼambitieux, le « seul Français à Berlin », sollicité de toutes parts et qui sʼapprête à réussir dans cette société brillante avec lʼassurance sereine du normalien : « Berlin, à nous deux maintenant ». Mais cet aspect ne fut pas tout. Bertaux avait appris que la culture véritable nʼest jamais un don dʼautrui — elle ne sʼacquiert que par un effort personnel dans le jeu social : « On nʼa de culture que celle quʼon se donne à soi-même ». • 4 Cf. la notice biographique de Hans Manfred Bock dans la traduction en langue allemande des Incertit (...) 9 La carrière scientifique et universitaire devait marquer une pause en 1936, après la parution de sa thèse dʼEtat consacrée à Hölderlin (Hölderlin. Essai de biographie intérieure, Paris : Hachette 1936). Commença alors un nouveau jeu, mêlant la politique et le pouvoir, la bureaucratie et les intrigues, un jeu soumis à des règles différentes quʼil sʼagissait dʼexplorer et dʼexpérimenter. Ce jeu prit une tournure tragique au moment de la Seconde Guerre mondiale qui devait conduire Bertaux en prison. Le premier à remarquer les talents politiques et administratifs de Bertaux fut Pierre Viénot, alors Secrétaire dʼEtat aux Affaires étrangères4. Il le fit entrer à son Cabinet en 1936 ; plus tard on confia à Bertaux la direction des émissions en langue allemande de la radiodiffusion française. Durant la guerre, il travailla aux côtés de Giraudoux au Ministère de lʼInformation et, après la débâcle de 1940, il entra dans la clandestinité à Toulouse, où il forma deux réseaux de résistance en étroite coopération avec Londres. Bertaux perdit à ce jeu en décembre 1941 : arrêté, il fut jugé et jeté en prison. Il inventa alors de nouveaux jeux quʼil partagea avec ses camarades — il fallait jouer pour être plus fort que le temps, pour survivre. 10 Sitôt la guerre finie, commença une carrière plutôt originale pour un universitaire en lettres. Après avoir contribué à la libération de Toulouse — quʼil a relatée dans son livre La libération de Toulouse et de sa région (Paris : Hachette 1973) —, Bertaux y fut nommé Commissaire de la République ; doté de pouvoirs politiques et militaires quasi illimités, il représentait donc directement lʼautorité de de Gaulle dans cette région. Il sʼagissait de réorganiser la vie publique et de bâtir une France nouvelle après Hitler et Vichy. Bertaux acquit alors la réputation dʼêtre lʼhomme des situations difficiles. Le ministre de lʼIntérieur Jules Moch dont il fut un temps chef de cabinet, proposa de le nommer préfet du département du Rhône, à cause de la situation politique alarmante qui régnait à Lyon : « Il nʼy a quʼà lui dire que cʼest difficile, et il y ira ». Cet argument obtint effectivement lʼassentiment de directement lʼautorité de de Gaulle dans cette région. Il sʼagissait de réorganiser la vie publique et de bâtir une France nouvelle après Hitler et Vichy. Bertaux acquit alors la réputation dʼêtre lʼhomme des situations difficiles. Le ministre de lʼIntérieur Jules Moch dont il fut un temps chef de cabinet, proposa de le nommer préfet du département du Rhône, à cause de la situation politique alarmante qui régnait à Lyon : « Il nʼy a quʼà lui dire que cʼest difficile, et il y ira ». Cet argument obtint effectivement lʼassentiment de Bertaux. En 1949, Jules Moch le nomma Directeur général de la Sûreté Nationale avec la mission de « remettre de lʼordre dans la police ». Cʼest à cette époque que remonte la belle anecdote de sa rencontre avec Carlo Schmid : arrêté par les sbires de Bertaux à la Gare de lʼEst alors quʼil voulait se rendre à un congrès socialiste, Carlo Schmid fut conduit à la rue des Saussaies et introduit, en passant par des salons magnifiques, au « premier flic de France ». Celui-ci lui adressa comme formule de bienvenue « au nom de Hölderlin » et lui expliqua : « Je vous ai fait amener ici afin de pouvoir converser du poète souabe avec un connaisseur ». 11 Bertaux défraya la chronique lors du vol des bijoux de la Begum. La « remise en ordre » de la police ne lui avait pas valu que des amis ; aussi fut-il accusé dʼavoir été trop indulgent envers lʼauteur présumé du vol, un Corse qui avait jadis partagé sa cellule de prisonnier. La façon dont furent « retrouvés » les bijoux, à savoir dans une boîte à chaussures déposée devant la porte dʼun avocat à Marseille, ne fit quʼaccroître le mystère. Tout ce jeu se termina par un scandale, lorsque Pierre Bertaux refusa obstinément de livrer le nom du coupable présumé au cours du procès à Aix-en-Provence en déclarant quʼil fallait respecter le code dʼhonneur en toute circonstance — même envers un bandit corse. Ce scandale public, provoqué par un haut fonctionnaire, mit fin à sa carrière politique. Mais nous nous permettrons dʼaffirmer que Bertaux sʼétait déjà lassé du métier de policier et quʼil nʼattendait que le moment propice pour passer à dʼautres jeux, plus lointains. Il devint sénateur du Soudan (1953-55) et écrivit une Histoire de lʼAfrique au Sud du Sahara, pour se tourner ensuite vers une expérience tout à fait nouvelle, à savoir le management industriel. Il devint directeur général dʼune entreprise en bâti- ment (1955-58) ; là encore ce qui lʼintéressait était sans doute la possibilité de pouvoir expérimenter de nouvelles règles de jeu. 12 Cʼest seulement après cet épisode quʼeut lieu le retour du fils prodigue dans le giron de lʼUniversité : dʼabord à Lille (1958-64), puis à la Sorbonne (à partir de 1964). Bertaux nʼavait pas cessé de sʼintéresser à de nouveaux jeux. Il avait par exemple lʼidée, incongrue pour nombre de ses collègues, dʼenvoyer les étudiants germanistes le plus tôt et le plus rapidement possible en Allemagne : cette suggestion lui valut dʼêtre accusé, au cours dʼune réunion de la faculté, de vouloir « trahir » lʼUniversité française. Par ailleurs, Bertaux milita activement pour lʼouverture des études allemandes à lʼenseignement de la civilisation. Ses arguments étaient à la fois simples et convaincants : le futur professeur et le futur chercheur devaient connaître non seulement la langue et la littérature, mais aussi lʼAllemagne contemporaine, cʼest-à-dire ses structures politiques, économiques et sociales. Lʼobjectif pédagogique devait être selon Bertaux de pouvoir comprendre le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung, y compris les pages économiques. La création de lʼInstitut dʼAllemand de la Sorbonne Nouvelle à Asnières lui a permis de réaliser ce projet. Les étudiants peuvent accomplir un séjour dʼétudes en Allemagne avec le « programme Bertaux ». Le cursus permet de choisir des enseignements dʼhistoire, dʼéconomie, de sciences politiques avec une ses structures politiques, économiques et sociales. Lʼobjectif pédagogique devait être selon Bertaux de pouvoir comprendre le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung, y compris les pages économiques. La création de lʼInstitut dʼAllemand de la Sorbonne Nouvelle à Asnières lui a permis de réaliser ce projet. Les étudiants peuvent accomplir un séjour dʼétudes en Allemagne avec le « programme Bertaux ». Le cursus permet de choisir des enseignements dʼhistoire, dʼéconomie, de sciences politiques avec une priorité donnée aux études et à la recherche sur les relations franco-alle- mandes contemporaines. LʼInstitut permet également aux étudiants allemands de suivre un enseignement de civilisation comparée débouchant sur une licence et une maîtrise franco-allemandes. 13 Pierre Bertaux : une personnalité difficile à cerner, complexe, une vie riche et accomplie — et encore nous avons gardé le silence sur tous les aspects de sa vie privée, à commencer par le jeu amoureux. Il nʼest guère de domaine quʼil nʼait abordé, de défi quʼil nʼait relevé, de jeu auquel il nʼait joué. Mais quel est le fil conducteur, le centre de gravité de cette personnalité si riche et si variée ? Il nous semble que la réponse sʼinscrit dans le droit fil de sa vie. Pierre Bertaux ne cherchait ni la gloire, ni le succès, ni même la création dʼune œuvre immortelle : son ambition était de faire de sa vie une œuvre dʼart. Le seul jeu vraiment important, cʼétait le jeu de sa vie. NOTES 1 Cf. la bibliographie dans ce volume. 2 Cf. lʼhommage de Yehudi Menuhin à Pierre Bertaux dans ce volume. 3 La publication des lettres de Pierre Bertaux à ses parents pendant la période berlinoise est actuellement en préparation. Le volume paraîtra aux PIA (Publications de lʼInstitut dʼAllemand) durant lʼété 2000. Cette correspondance constitue un extraordinaire document historique sur les personnes et lʼépoque des années 20. 4 Cf. la notice biographique de Hans Manfred Bock dans la traduction en langue allemande des Incertitudes Allemandes (1931) de Pierre Viénot (Bonn, 1999). AUTEUR