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EMC-Neurologie 2 (2005) 526–543

http://france.elsevier.com/direct/EMCN/

Myélopathies aiguës
Acute myelopathy
O. Heinzlef *, E. Roullet
Centre d’investigation, de traitement et d’étude de la sclérose en plaques (Cité SEP),
service de neurologie, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France

MOTS CLÉS Résumé Les myélopathies aiguës (MA) sont caractérisées par une atteinte aiguë de la
Myélopathie aiguë ; moelle épinière responsable de symptômes moteurs, sensitifs et génitosphinctériens. Il
Myélite transverse s’agit d’une affection rare. Les causes en sont multiples nécessitant une enquête
diagnostique rigoureuse. Récemment, un effort de démembrement a conduit à établir des
critères diagnostiques en différenciant les MA idiopathiques des MA secondaires à une
autre affection. Le traitement des MA secondaires repose sur celui de leur cause alors que
le traitement des MA idiopathiques reste aujourd’hui indéterminé.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract Acute myelopathy (AM) (or acute transverse myelitis) is characterised by motor,
KEYWORDS
Acute myelopathy;
sensory, and autonomic dysfunction. Acute myelopathies are rare diseases. Rapid and
Transverse myelitis precise diagnosis must differentiate idiopathic AM from AM that occur secondary to a
known underlying disease. Identifying the cause of secondary MA is useful for specific
treatment selection, whereas no clearly established medical treatment currently exists
for idiopathic AM.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction lie, malformations vasculaires de la moelle, myélo-


pathies subaiguës ou chroniques.
Le terme de myélopathies aiguës (MA) non vasculai-
res regroupe l’ensemble des affections médullaires
ne résultant pas d’un mécanisme d’origine vascu- Historique
laire et dont le maximum des troubles s’installe en
moins de 4 semaines. Ce terme ne préjuge pas de la L’entité nosologique « MA » apparaît avec l’ouvrage
nature des lésions anatomiques sous-jacentes de Dujardin-Beaumetz (1872). Pour cet auteur, il
contrairement aux dénominations utilisées autre- s’agit « d’un syndrome traduisant l’altération plus
fois (myélite, myélopathie nécrotique, myélomala- ou moins brutale des fonctions médullaires auquel
cie, myélite transverse ascendante, etc.). Sont correspondent des lésions plus ou moins massives
ainsi exclues du champ de cette étude certaines de la moelle ».1 En 1926, Foix et Alajouanine2
affections qui font l’objet de chapitres spécifiques soulignaient le caractère imprécis de la nosologie
de ce traité : infarctus médullaires et hématomyé- des myélites aiguës qui était, soit subordonnée à la
topographie ou au mode de répartition des lésions
* Auteur correspondant.
(poliomyélite antérieure aiguë, myélite transverse,
Adresse e-mail : oheinzlef@chi-poissy-st-germain.fr myélite diffuse ou disséminée, scléroses combi-
(O. Heinzlef). nées) soit à l’étiologie clinique (poliomyélite, sy-
1762-4231/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcn.2005.09.002
Myélopathies aiguës 527

philis, sclérose en plaques, myélomalacie, etc.). que celui de myélopathie aiguë transverse, et c’est
Jaffe et Freeman (1943) à propos de quatre cas et finalement ce terme qui a été retenu lors d’une
d’une revue de la littérature observaient que les récente conférence de consensus.7
« nécroses spinales aiguës » pouvaient s’installer en
10 jours à 3 mois, que l’évolution était progressive
et le décès constant.3 Classification et critères diagnostiques
Hoffmann en 1955, rapportait un cas anatomocli- des myélopathies aiguës
nique de myélopathie nécrotique aiguë, et deux cas
ayant survécu dont les caractéristiques cliniques Plusieurs auteurs6,8,9 ont essayé de définir des cri-
étaient similaires. Il soulignait alors le caractère tères diagnostiques de myélopathie aiguë trans-
stéréotypé de l’évolution de ces myélopathies, le verse. Les premières tentatives incluaient le délai
caractère constamment diffus des lésions, et pro- d’installation (moins de 4 semaines) une atteinte
posait de les reconnaître comme une entité propre. médullaire bilatérale avec un niveau médullaire
Cet auteur insistait sur le caractère inconstant des supérieur, l’absence d’antécédents et l’exclusion
lésions vasculaires, l’absence d’infiltration cellu- d’une compression médullaire.7 D’autres auteurs
laire marquée et les rapports étroits de cette affec- modifièrent ces critères en prenant un délai d’ins-
tion avec les pathologies démyélinisantes aiguës tallation plus court, des caractéristiques différen-
(neuromyélite optique et encéphalomyélite aiguë tes mais surtout en excluant de ce cadre un certain
disséminée). Il notait déjà une association avec les nombre de myélopathies dont la cause était
syndromes infectieux des voies aériennes supérieu- connue. La classification la plus récente différen-
res et avec les cancers, et soulignait le pronostic ciait les myélopathies aiguës selon l’étiologie :
constamment défavorable, le décès survenant soit • sclérose en plaques ;
à la phase aiguë, soit plus tardivement de compli- • maladies systémiques (lupus, syndrome des an-
cations de décubitus.4 Toutefois Payne et Byers tiphospholipides [APL], Sjögren) ;
(1953) rapportèrent une série de 25 cas chez l’en- • causes para-infectieuses ;
fant dont le pronostic était plus favorable.5 • myélopathies postradiques ;
En 1963, Altrocchi proposait de retenir le terme • infarctus médullaire ;
de « myélopathie aiguë transverse » qui avait • myélopathie idiopathique.10
l’avantage de ne pas avoir de connotation anato- En 2002 un groupe de travail américain établit
mopathologique contrairement aux termes anté- des critères diagnostiques de myélite aiguë trans-
rieurement utilisés comme myélite transverse, verse idiopathique (Tableau 1). La mise en évi-
myélopathie aiguë nécrotique, myélopathie dé- dence d’une inflammation de la moelle épinière
myélinisante aiguë, etc. Le terme « transverse » lui paraissait indispensable aux auteurs afin de diffé-
semblait mal choisi car la plupart des patients rencier ce cadre nosologique des autres causes de
avaient des atteintes diffuses de la moelle épinière myélopathies transverses non inflammatoires
dans le sens longitudinal.6 Toutefois, l’analyse de la comme les myélopathies vasculaires. La mise en
littérature depuis 1963 montre que le terme de évidence d’un mécanisme inflammatoire reposait
myélite transverse est resté deux fois plus utilisé soit sur la présence d’une pléiocytose ou d’un index

Tableau 1 Critères diagnostiques pour les myélites aiguës transverses idiopathiques. (En cas de normalité de l’imagerie par
résonance magnétique (IRM) ou du liquide céphalorachidien (LCR), il est proposé de réaliser à nouveau ces examens au cours de
la première semaine d’évolution). D’après7.
Critères d’inclusion Critères d’exclusion
Atteinte motrice, sensitive ou du système nerveux autonome Irradiation spinale au cours des 10 dernières années
secondaire à une atteinte de la moelle épinière Syndrome de l’artère spinale antérieure
Signes ou symptômes bilatéraux Présence d’une malformation artérioveineuse ou d’une fistule
Niveau sensitif durale
Exclusion d’une compression médullaire par une IRM ou d’une Anomalie biologique ou clinique évoquant une maladie de
myélographie système (sarcoïdose, maladie de Behçet, syndrome de
Présence d’une inflammation dans la moelle épinière définie Gougerot-Sjögren, lupus, connectivite mixte, etc.)
par la présence d’une pléiocytose, un index IgG augmenté, une Syphilis, Lyme, HIV, HTLV1, Mycoplasma pneumoniae, autre
prise de gadolinium. En l’absence de ce critère l’IRM et/ou la infection virale : HSV-1, HSV-2, VZV, EBV, CMV, HHV-6, entéro-
PL doivent être répétés entre le 2e et le 7e jour après le début virus
des troubles IRM cérébrale évoquant une sclérose en plaques
Progression des troubles compris entre 4 et 21 jours Névrite optique rétrobulbaire
HSV : herpes simplex virus ; VZV : virus varicelle zona ; EBV : Epstein-Barr virus ; CMV : cytomégalovirus ; HHV : human herpes
virus ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; PL : ponction lombaire ; IgG : immunoglobulines G.
528 O. Heinzlef, E. Roullet

immunoglobuline G (IgG) augmenté dans le liquide succéder à des lésions de démyélinisation,14 Hoff-
céphalorachidien (LCR), soit sur la présence d’une mann a attiré l’attention sur certaines pathologies
prise de gadolinium médullaire en imagerie par démyélinisantes au cours desquelles des phénomè-
résonance magnétique (IRM). Les auteurs propo- nes de nécrose ont pu être observés comme la
saient également de différencier les myélites trans- neuromyélite optique ou l’encéphalomyélite aiguë
verses idiopathiques des myélites transverses asso- disséminée. Cependant, cet auteur distinguait, sur
ciées à une autre pathologie systémique (syndrome des caractéristiques anatomopathologiques, les
de Goujerot-Sjögren, Behçet...), infectieuse ou in- myélopathies aiguës nécrotiques des encéphalo-
flammatoire (encéphalomyélite aiguë disséminée, myélites aiguës disséminées.4
sclérose en plaques)
Ces critères restent à valider mais ils offrent un
cadre pour décrire, classer et inclure dans des Immunopathologie
essais thérapeutiques les patients atteints de cette
affection. Les mécanismes physiopathologiques qui condui-
sent à la survenue d’une myélopathie aiguë sont
variés et dépendent de la maladie sous-jacente.15 Il
Anatomopathologie11 peut s’agir d’une vascularite comme dans le lupus,
ou d’un granulome comme dans la sarcoïdose. La
Les études anatomopathologiques sont peu nom- survenue dans 30 à 60 % des cas de myélopathies
breuses et anciennes. aiguës idiopathiques d’un épisode infectieux anté-
Dans la plupart des cas examinés, on observe une rieur suggère que l’atteinte médullaire est secon-
nécrose aspécifique qui intéresse la substance grise daire à l’activation anormale du système immuni-
et la substance blanche, prédominant générale- taire par un agent infectieux. D’une manière
ment sur cette dernière.12,13 Cette nécrose n’est générale, il est admis que le rôle des agents infec-
pas limitée à un territoire artériel, et détruit les tieux est indirect et que les mécanismes infectieux
corps cellulaires, les axones et la myéline. Les directs sont plus rares comme dans les infections
lésions ont une topographie variable, localisée à par les virus du groupe herpès ou par Listeria mono-
certains segments médullaires (préférentiellement cytogenes dont on a montré qu’elle était transpor-
dorsaux) ou plus étendues en hauteur. Le degré de tée par voie axonale vers les neurones de la moelle
la nécrose varie proportionnellement à la durée épinière.16
d’évolution : la moelle peut être œdématiée, ra- Par analogie avec le syndrome de Guillain-Barré,
mollie et hyperhémiée ou liquéfiée et on peut un mécanisme de mimétisme moléculaire a été
observer de véritables cavitations proches de la également incriminé. Drulovic et al. ont rapporté le
syringomyélie. Il n’y a pas de réaction inflamma- cas d’une patiente de 40 ans ayant une oxyurose et
toire notable ; on peut occasionnellement observer développant un tableau de myélopathie aiguë. La
une réaction lymphocytaire, et parfois la présence patiente avait des anticorps anticardiolipines, anti-
de quelques polynucléaires. Les vaisseaux nourri- GM1 et antisulfatides à des taux élevés. La pré-
ciers ne sont en général ni occlus ni sténosés et ont, sence, dans la paroi lipidique, du nématode Ente-
pour la plupart, une apparence normale. Néan- robius vermicularis, de cardiolipine, de ganglio-
moins, des épaississements et des oblitérations des sides GM1, et de sulfatides suggère que la patiente
petits vaisseaux intramédullaires et méningés ont a développé une réaction systémique contre le
été décrits. Pour certains auteurs, les lésions mé- parasite responsable du tableau de myélopathie
dullaires sont d’origine ischémiques et secondaires aiguë par un mécanisme de mimétisme molécu-
à l’atteinte vasculaire.13 Pour d’autres, l’atteinte laire.17 Un autre mécanisme possible est l’activa-
vasculaire est trop souvent absente ou modérée tion des lymphocytes par un superantigène micro-
pour expliquer les lésions médullaires.4 bien. Les superantigènes sont des peptides
Des zones de démyélinisation, associées à une bactériens ou viraux susceptibles d’activer un très
infiltration plus ou moins importante des espaces grand nombre de lymphocytes T de manière non
périvasculaires par des lymphocytes ou des polynu- conventionnelle et de déclencher des pathologies
cléaires, sont observées dans certains cas. La subs- auto-immunes en activant des clones de cellules T
tance grise montre également des phénomènes de autoréactives.18
dégénération et d’infiltration. L’infiltration ménin- Des anomalies de l’immunité humorale ont été
gée est généralement discrète et, lorsqu’elle également impliquées. La présence d’autoanti-
existe, elle est associée à une prolifération astro- corps anormaux (antiphospholipides, facteurs anti-
cytaire et microgliale. À la suite de Hurst (1944) qui nucléaires [FAN], anti-SSA) a été observée au cours
avait noté que les lésions de nécrose pouvaient du syndrome de Devic ou des myélopathies aiguës à
Myélopathies aiguës 529

rechutes. La présence de ces anticorps peut simple- Clinique


ment refléter un désordre de l’immunité humorale
mais ils peuvent également être directement neu- Dans la plupart des études, la survenue d’une infec-
rotoxiques. Les immunoglobulines G (IgG) trouvées tion virale dans les jours ou semaines précédant la
dans les plaques et autour des plaques de sclérose survenue de la myélopathie est retrouvée dans un
en plaques (SEP) sont des anticorps (Ac) antiacide tiers des cas.8,23,24 Pour d’autres, cette fréquence
désoxyribonucléique (ADN) susceptibles de se fixer est moindre : 25 % pour Altrocchi,6 ou supérieure :
sur les neurones et les oligodendrocytes et d’in- 45,5 %, pour Jeffery et al.9 et 60 % pour Paine et
duire des lésions neuronales.19 Il peut également Byers.5 Il s’agit essentiellement d’infections des
s’agir d’Ac normaux mais à des taux très élevés et voies respiratoires hautes d’allure virale, qui sur-
qui peuvent favoriser la formation et le dépôt de viendraient dans 12 à 40 % des cas de MA.6,8,9,24 Le
complexes immuns circulants dans la moelle épi- délai entre l’infection et la survenue de la MA est
nière. Ainsi, Renard et al. ont rapporté le cas d’une de 5 à 21 jours.8 D’autres circonstances précédant
patiente développant une myélopathie aiguë 8 heu- la survenue de la MA ont été signalées sans que l’on
puisse établir avec elles un lien de certitude :
res après une vaccination contre l’hépatite B avec
accouchement, effort physique inhabituel, gros-
des taux très élevés d’Ac anti-HBS dans le sang et le
sesse, etc.8,24
liquide céphalorachidien (LCR) lui donnant un sta-
Les symptômes de début sont variables selon les
tut sérologique d’hyper-répondeur.20 De même, un
études (Tableau 2) : faiblesse des membres infé-
sous-groupe de patients japonais ayant une myélo-
rieurs bilatérale d’emblée dans 71 % des cas,5,24
pathie aiguë transverse avait des taux sériques très
paresthésies,24 douleurs.23 Une douleur dorsale
élevés d’IgE dirigés contre les mites domestiques.21
médiane, interscapulaire est présente dans un tiers
Un des mécanismes suggérés chez ces patients est
des cas.6 Son niveau correspond en général au
un dépôt d’IgE dans la moelle responsable de l’infil-
niveau lésionnel. Le plus souvent sévère, d’instal-
trat lymphocytaire et éosinophilique visible sur les
lation brutale, elle peut irradier à l’épaule.24 Les
biopsies médullaires et responsable des lésions
troubles sensitifs sont décrits comme des engour-
myéliniques et axonales observées.22
dissements, des picotements, des piqûres, plus ra-
rement comme des brûlures. Les orteils sont
d’abord touchés puis l’ensemble des pieds. Les
Épidémiologie troubles sensitifs sont bilatéraux d’emblée dans
83 % des cas.24 Les troubles sphinctériens se tradui-
Seules deux études ont évalué l’incidence des MA. sent par une rétention d’urine et une constipation.
Berman et al.8 ont inclus tous les patients hospita- La durée d’installation est variable. Les débuts
lisés entre 1955 et 1975 en Israël pour lesquels un aigus en moins de 24 heures ne sont pas rares : 44 %
diagnostic de myélite transverse aiguë pouvait être dans la série d’Altrocchi6 dont 35 % en moins de
porté sur les critères suivants : 1 heure, 44 % dans la série de Lipton et Teasdall,23
• paraparésie aiguë avec atteinte motrice sensi- 27 % dans la série de Ropper et Poskanzer.24 Dans
tive et sphinctérienne ; cette dernière série, 91 % des patients dont le
• niveau sensitif médullaire ; maximum des troubles avait été atteint en moins de
• absence de progression ; 12 heures avaient eu comme premier symptôme
• absence de compression médullaire ; une douleur dorsale. Le déficit atteint son maxi-
• exclusion des myélopathies postradiques, des pa- mum entre 1 et 10 jours chez 54 % des patients de la
tients ayant des métastases cancéreuses, un trau- série de Ropper et Poskanzer24 et entre 1 et 7 jours
matisme rachidien sévère, ou une syphilis. L’inci- pour 50 % de ceux de la série de Lipton et Teas-
dence était de 1,34/1 000 000/an (pour une dall.23 Les évolutions subaiguës (10 jours à 4 semai-
population de 2,2 millions d’habitants).8 À Albu- nes) sont plus rares : 17 % dans la série de Ropper et
querque (États-Unis, 500 000 habitants) Jeffery Poskanzer.24
et al. ont analysé les registres des cinq princi- À la phase d’état, les troubles moteurs sont au
paux hôpitaux de la ville entre 1980 et 1990 et, premier plan : la paralysie est flasque, d’intensité
avec les mêmes critères diagnostiques, ils ont variable avec abolition des réflexes ostéotendineux
trouvé une incidence de 4,6/1 000 000/an.9 et cutanés. Dans trois quarts des cas, le déficit
Aucune étude n’a trouvé de prédominance sai- intéresse seulement les deux membres inférieurs
sonnière.6,8,23 L’âge de survenue est très varia- et, dans un quart des cas, les quatre membres. Dans
ble allant de 17 mois6 à 80 ans.8 Il semble exister 12 % des cas, la paralysie débute aux membres
deux pics de fréquence de la maladie, l’un entre supérieurs avant de s’étendre aux membres infé-
10 et 19 ans, l’autre au-delà de 40 ans.8,11 Le rieurs. Elle peut intéresser les muscles du tronc et
sex-ratio est de 1.8,9,23 de l’abdomen (40 et 72 % des cas).5
530 O. Heinzlef, E. Roullet

Tableau 2 Myélopathies aiguës : fréquence des premiers symptômes dans les différentes séries disponibles de la littérature.
Paine et Byers5 Altrocchi6 Lipton et Teasdall23* Ropper et Poskanzer24
Nombre de patients 25 67 32** 52
Déficit moteur 36 % 25 % 22 % 13,5 %
Douleurs dorsales 24 % 25 % 37,5 % 34,5 %
Douleurs radiculaires 24 % 21 %
Troubles sensitifs 4% 25 % 15,5 % 46 %
Troubles sphinctériens 12 % 3% 12,5 % 6%
* 12,5 % des cas avaient un déficit moteur associé à des paresthésies. ** Le mode de début n’est donné que pour 32 patients sur les
34 de la série.

Tableau 3 Myélopathies aiguës : niveau sensitif dans les différentes séries de la littérature.
Niveau
cervical thoracique lombaire
Paine et Byers5 8% 44 % 28 %
Altrocchi6 – D1-D6 : 30 % –
D6-D12 : 37 %
Lipton et Teasdall23 11,8 % Dorsal haut : 50 % 2,9 %
Dorsal bas : 35,3 %
Ropper et Poskanzer24 – D6-D12 : 56 % des cas –
Berman8 10 % Dorsal haut : 42 % 10 %
Dorsal bas : 38 %

Près de 80 % des patients ont des troubles sensi- valeurs de plusieurs milliers ont pu être occasion-
tifs qui sont bilatéraux dans 60 à 97 % des cas.5,24 nellement rapportées (jusqu’à 8 800 éléments par
L’anesthésie à la douleur au-dessous d’un certain mm3)6 avec parfois un excès de neutrophiles dont le
niveau est constante.6,8,24 Une dissociation avec taux ne dépasse généralement pas 20 %. La protéi-
respect des cordons postérieurs est observée dans norachie est le plus souvent augmentée mais dé-
presque 40 % des cas à un stade précoce de la passe rarement 1,5 g l–1 ; les gammaglobulines
myélopathie.5,6,8,24 La survenue d’un syndrome de peuvent être augmentées jusqu’à 31 %.6 Peu d’étu-
Brown-Séquard est rare (un seul cas dans la série de des fournissent des informations sur la fréquence
Paine et Byers).5 des bandes oligoclonales dans le LCR. Dans un
Le niveau sensitif, ascendant dans les premiers groupe de 25 patients présentant une MA, Sharief et
jours, est le plus souvent dorsal haut (Tableau 3). al. ont trouvé 11 fois (44 %) des bandes oligoclona-
Les troubles sphinctériens sont constants.5,6,8 les dans le LCR en isoélectrofocalisation.25 Miller et
L’anomalie la plus fréquente est la rétention aiguë al. ont trouvé des résultats similaires avec la pré-
d’urines avec mictions par regorgement. Une dysu- sence de bandes oligoclonales 14 fois sur 25
rie, une diminution des sensations lors de la mic- (56 %).26
tion, une incontinence urinaire et fécale peuvent La myélographie était le plus souvent normale
être observées. (90 % des cas).24 Son intérêt majeur est d’éliminer
Indépendamment de toute infection, une fièvre une compression médullaire en l’absence d’IRM.
est trouvée dans 27 à 60 % des cas,5,8 et une raideur
de nuque dans 13 à 66 % des cas.5,6,8,24
Un tableau de section médullaire complète avec Imagerie par résonance magnétique
choc spinal est observé dans 17 % des cas.24
Réalisée en urgence, l’IRM est l’examen d’imagerie
de première intention devant un tableau de MA.
Examens complémentaires Son intérêt essentiel est d’éliminer une compres-
sion médullaire. Elle était anormale dans 39 % des
Le liquide céphalorachidien peut être normal (un cas d’Austin et al.27 et 49 % des cas de Marti-
tiers des cas).8 La pression d’ouverture du LCR est Fabregas et al.28 L’anomalie la plus fréquente est la
habituellement normale. Une pléiocytose est trou- présence d’un ou de plusieurs hypersignaux sur les
vée dans 34 à 50 % des cas.5,6,8,23,24 Le nombre des séquences pondérées en T2 (Fig. 1, 2) (sept fois sur
cellules varie de zéro à plusieurs centaines, avec sept dans la série d’Austin et al.27). On les trouve
une prédominance de lymphocytes. Toutefois, des plus fréquemment au niveau cervical.29 Sur les
Myélopathies aiguës 531

Figure 3 Myélopathie aiguë. Imagerie par résonance magnéti-


que en T1, après injection de gadolinium, coupe sagittale :
lésion antérieure prenant le contraste en regard de C2.

la série de Lipton et Teasdall). Toutefois, les trou-


Figure 1 Myélopathie aiguë. Imagerie par résonance magnéti- bles sensitifs peuvent s’améliorer sur une période
que en T2, coupe sagittale : hypersignaux étagés de la moelle plus longue (jusqu’à 4 ans23). Le décès, dû aux
dorsale basse. complications de décubitus, est devenu rare : 4 à
séquences pondérées en T1, on peut voir une aug- 7 % selon les séries.5,8,24 Plusieurs auteurs8,23,24 ont
mentation du volume de la moelle ou un hyposi- tenté de dégager des facteurs de pronostic. L’âge,
gnal.30,31 Les lésions peuvent se rehausser après le sexe, la race, un antécédent infectieux, les
injection de gadolinium (Fig. 3).31 À distance peut symptômes neurologiques, le niveau sensitif, les
s’observer une atrophie sévère.32 anomalies du LCR, le type de traitement ne sont pas
corrélés au pronostic neurologique.
L’existence d’un choc spinal est en revanche de
Évolution pronostic défarovable.23,24 Le pronostic est défavo-
rable (selon les critères de Paine et Byers5) chez
Dans un tiers des cas, il n’y a pas de handicap 82 % des patients ayant un choc spinal alors que
fonctionnel résiduel (Tableau 4).6,8,23,24 Dans une 93 % des patients qui n’en ont pas ont une récupé-
série chez l’enfant (âge moyen : 8 ans), le pronostic ration moyenne ou bonne (70 %). La présence de
semblait meilleur puisque deux tiers des cas douleurs dorsales, d’un début brutal,24 l’absence
n’avaient pas pas de handicap résiduel.5 Dans la d’amélioration après 3 mois sont de pronostic défa-
série de Lipton et Teasdall, 31 % des patients pou- vorable.8 Dans une étude récente portant sur
vaient marcher normalement en 3 à 6 mois.23 La 31 patients atteints de myélopathie aiguë, Al Deeb
régression se fait en 3 à 6 mois ; au-delà de 1 an, les et al. ont montré que les facteurs de pronostic
récupérations motrices sont rares (deux sur 34 dans défavorable étaient la présence d’anomalies des

Figure 2 Myélopathie aiguë. Imagerie par résonance magnétique en T2, coupes transversales. Hypersignal médullaire latéralisé.
Niveau dorsal haut.
532 O. Heinzlef, E. Roullet

Tableau 4 Pronostic des myélopathies aiguës dans les différentes séries de la littérature.
Bon (%) Moyen Mauvais Décès
Paine et Byers5 60 24 % 12 % 4%
Altrocchi6 33,3 33,3 % 33,3 %
Lipton et Teasdall23 31 % 31 % 38 %
Ropper et Poskanzer24 33 % 42 % 25 % 7,6 %
Berman8 37,3 % 33,9 % 23,7% 4,8 %
Bon : absence de handicap fonctionnel. Moyen : gêne à la marche nécessitant une aide, signes sensitifs permanents, troubles
inconstants du contrôle sphinctérien. Mauvais : marche impossible, anesthésie permanente, contrôle sphinctérien partiel ou vessie
automatique (critères pronostiques adaptés selon5).

potentiels évoqués somesthésiques, la présence Diagnostic différentiel39


d’anomalies IRM, un déficit fonctionnel sévère à
l’entrée.33 Devant une MA, la première étape est de s’assurer
de l’absence de compression médullaire. De multi-
Irani et Kerr ont montré, dans un petit groupe de
ples processus (traumatiques, inflammatoires, tu-
patients, que la présence de la protéine 14-3-3 dans
moraux, vasculaires, infectieux) peuvent être res-
le LCR était corrélée à l’absence de récupération
ponsables de compression médullaire. L’examen de
clinique alors que la protéine était indétectable référence pour en établir le diagnostic est l’IRM
dans le LCR des patients dont la récupération était médullaire avec injection de gadolinium qui doit
favorable. La présence précoce de cette protéine être faite dans les heures qui suivent l’installation
dans le LCR serait le reflet de l’atteinte neuro- de la myélopathie aiguë. Si l’IRM ne peut être
nale.34 obtenue, on réalise un myéloscanner qui a l’incon-
L’évolution des myélopathies aiguës est mono- vénient de ne pas montrer la structure de la moelle
phasique. Il a cependant été rapporté des patients épinière. En l’absence de lésion compressive, on
présentant des rechutes médullaires en dehors de réalise une analyse du LCR et des prélèvements
la SEP ou de la neuromyélite optique de Devic. sanguins (Tableau 5) à la recherche d’anomalies
Tippet et al. rapportent trois cas de patients ayant orientant vers un mécanisme inflammatoire ou in-
fectieux.7
eu trois à cinq épisodes de myélites transverses
La survenue d’une MA dans un contexte infec-
aiguës de niveau thoracique ou dorsal en 3 à 8 ans.
tieux pose un problème particulièrement délicat de
Aucun patient n’a développé d’atteinte extramé-
diagnostic différentiel du fait de la fréquence de la
dullaire et aucun n’avait de bandes oligoclonales
fièvre et du syndrome méningé au cours des MA.
(BOC) dans le LCR.35 Kim compara 15 cas de myélite
Dans les cas d’abcès extraduraux, l’atteinte médul-
transverse récurrente idiopathique (définie par au
laire se développe sur quelques jours. Un élément
moins deux attaques médullaires à des niveaux
diagnostique important est l’existence d’une rai-
différents en dehors de tout contexte fébrile avec deur localisée au niveau de l’abcès. Toutefois, tous
une IRM médullaire anormale et une IRM cérébrale les auteurs s’accordent pour dire qu’aucun élément
normale) à 22 patients ayant une myélite dans le clinique ne permet d’éliminer un abcès extradural
cadre d’une SEP. Les premiers étaient plus souvent en voie de formation devant un tableau clinique de
des hommes (12/15 versus 5/22). Les patients des MA. L’examen de référence est l’IRM.
deux groupes ne différaient pas pour l’âge de dé- La survenue d’une hernie discale intracanalaire
but, la sémiologie, le nombre de rechutes, les peut être responsable d’une myélopathie d’instal-
anomalies IRM. En revanche, aucun patient du lation rapide. Elle survient alors le plus souvent
groupe des myélites récurrentes idiopathiques chez des patients âgés qui ont une cervicarthrose
n’avait de BOC dans le LCR contre 7/22 dans le déjà ancienne et/ou un canal cervical étroit à
groupe SEP. L’auteur proposait d’individualiser l’occasion d’un mouvement forcé en hyperexten-
cette entité et suggérait un mécanisme auto- sion. Les compressions médullaires néoplasiques
immun.36 Plusieurs observations de patients ayant sont généralement d’origine métastatiques et siè-
cette forme clinique dans le cadre d’un syndrome gent le plus souvent au niveau dorsal. L’évolution
des antiphospholipides,37 ou en association avec quasiment constamment associée à des douleurs se
des autoanticorps,38 soutiennent cette hypothèse. fait sur 4 à 6 semaines.
L’individualisation de cette entité reste néanmoins Les MA ischémiques ont un mode de début et une
sujet à controverse et il pourrait simplement s’agir formule sémiologique différents de ceux des MA et
d’une forme évolutive rare de myélite transverse. font l’objet d’un chapitre détaillé de l’EMC.
Myélopathies aiguës 533

Tableau 5 Myélopathies aiguës : examens complémentaires pouvant être réalisés au cours de l’enquête diagnostique.
Causes Examens complémentaires
Infectieuses LCR : examen bactériologique direct et mise en culture (avec recherche de BK)
PCR : HSV-1 et 2, HHV6, VZV, CMV, EBV, VIH, entérovirus
Cultures virales
Sérologie HSV, VZV, HTLV-1
Sérologie Lyme, VDRL
Encre de Chine, culture fungique
Radiographie du thorax
Sang : sérologie HSV, VZV, HTLV-1, Lyme, hépatites A,B,C Mycoplasma pneumoniae
Sérologies parasitaires
Maladie systémique ECA (enzyme de conversion de l’angiotensine)
FAN, anti-DNAn, anti-SSA(Ro) SSB (La), Sm, RNP
Taux du complément
Hématurie
Biopsie des glandes salivaires accessoires
Radiographie du thorax, TDM thorax, LBA, scintigraphie au FDG
AC antiphospholipides
Test de Schirmer
Suspicion de SEP ou de neuro- IRM cérébrale
myélite optique de Devic PEV, LCR
LCR : liquide céphalorachidien ; BK : bacille de Koch ; PCR : polymerase chain reaction ; HSV : herpes simplex virus ; HHV : VZV :
virus varicelle zona ; CMV : cytomégalovirus ; EBV : Epstein-Barr virus ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; HTLV :
human T cell lymphoma virus ; FAN : facteurs antinucléaires ; RNP : ribonucléoprotéine ; TDM : tomodensitométrie ; LBA :
lavage bronchoalvéolaire ; FDG : fluorodésoxyglucose ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; SEP : sclérose en plaques ;
PEV : potentiels évoqués visuels.

Une fois le caractère inflammatoire de la myélo-


Tableau 6 Virus responsables de myélopathies aiguës avec
pathie affirmé, il est nécessaire de rechercher des
leurs fréquences respectives. D’après40.
lésions de démyélinisation au niveau cérébral et au
niveau du nerf optique en demandant la réalisation Virus Fréquence
Cytomégalovirus 1
d’une IRM du cerveau et des nerfs optiques et de
Epstein-Barr 2
potentiels évoqués visuels, à la recherche d’argu-
Hépatite B 2
ments en faveur d’une sclérose en plaques d’une Virus de la varicelle et du zona 2
encéphalopathie aiguë disséminée (ADEM) ou d’une Virus herpes 2
neuromyélite optique de Devic.7 Rubéole 2
Virus chorioméningite lymphocytaire 2
Entérovirus 2
Étiologies Hépatite A 3
Influenza 3
Myélopathies virales (Tableau 6) Oreillons 3
Virus respiratoire syncytial 3
Virus de l’immunodéficience humaine 3
Virus de la rougeole
Rougeole 3
La survenue d’une atteinte médullaire au cours de Dengue 3
l’encéphalite aiguë inflammatoire postéruptive Rage –
morbilleuse n’est pas rare.41,42 Son évolution est
1 : > 1/1 000 infections ; 2 < 1/1 000 infections ; 3 : quel-
généralement considérée comme bénigne. ques cas rapportés – : fréquence non précisée.
En revanche, la survenue d’une atteinte médul-
laire aiguë isolée au cours de la rougeole est excep-
tionnelle.43 Beauvais et al. rapportent un cas chez médullaire qui peuvent précéder, accompagner ou,
une fillette de 7 ans avec pléiocytose et synthèse et c’est le cas le plus fréquent pour la myélopathie,
intrathécale d’immunoglobulines, d’évolution suivre la parotidite. La clinique est sans spécificité
spontanément favorable. et le pronostic habituellement favorable surtout
chez l’enfant.
Virus des oreillons44
L’atteinte du système nerveux central est la plus Virus d’Epstein-Barr
fréquente des atteintes extrasalivaires. Il s’agit le Les MA sont une complication rare de la mononu-
plus souvent d’une méningite, parfois d’une ménin- cléose infectieuse et surviennent le plus souvent
goencéphalite, exceptionnellement d’une atteinte chez les sujets jeunes. Elles peuvent accompagner,
534 O. Heinzlef, E. Roullet

précéder ou être la seule manifestation de la évolution ascendante des troubles, l’évolution est
primo-infection.45 généralement défavorable.61 Le traitement repose
Le diagnostic repose sur la recherche d’anticorps sur l’association des corticoïdes et de l’aciclovir
hétérophiles (MNI-test), sur la présence d’une ré- mais un seul cas de la littérature s’est amélioré
ponse anticorps spécifique : Ig (immunoglobulines) sous cette association.60
M et IgG anti-VCA (antigène de capside virale), Les lésions anatomopathologiques associent une
anticorps anti-EA (Ag précoce), anticorps anti-EBNA nécrose étendue de la moelle et une vascularite.62
(antigène nucléaire) dans le sang et le LCR, sur la L’ADN viral est isolé par amplification génomique
recherche de l’ADN viral dans le LCR par amplifica- dans la moelle épinière des sujets décédés.62 Par
tion génomique.46 immunoperoxydase, l’antigène viral est trouvé
dans la partie centrale des zones nécrotiques, dans
Entérovirus les méninges, dans les ganglions rachidiens mais pas
Plusieurs observations ont été rapportées de myé- dans la paroi des vaisseaux.61
lopathie aiguë chez l’enfant au cours d’infections
par les échovirus (2, 5, 18, 25)47-50 ou par les virus Herpes virus de types 6 et 7
coxsackie (A9, B3, B4, B5).51-54 Les b-herpes virus HHV-6 et HHV-7 sont très pro-
ches. HHV-6 a été associé à des tableaux
« Herpes virus » d’encéphalites et a été impliqué dans la sclérose en
plaques.63 Une observation a rapporté le cas d’un
Herpes virus de type 155 patient ayant développé un tableau de MA 11 mois
Le plus souvent responsable d’encéphalites, après une greffe de moelle osseuse et chez qui
HSV1 est responsable, dans de rares cas, chez le HHV-7 a pu être isolé dans le LCR.64
sujet âgé non immunodéprimé, de MA, de radiculi-
tes et de méningites. L’évolution se fait générale- Virus de l’immunodéficience humaine
ment d’un seul tenant pouvant parfois conduire au De nombreux mécanismes peuvent être responsa-
décès. Des formes à rechutes ont été décrites.56 bles d’une atteinte médullaire au cours de l’infec-
L’analyse du LCR montre une pléiocytose (à prédo- tion par le virus de l’immunodéficience humaine
minance lymphocytaire de polynucléaires neutro- (VIH).65 Dans la plupart des cas, l’atteinte médul-
philes) et une hyperprotéinorachie. La glycorachie laire n’est pas due au virus lui-même, mais à une
est normale ou légèrement abaissée. Le diagnostic autre cause favorisée par l’immunodépression.
repose sur l’ascension des anticorps anti-HSV qui C’est le cas des méningo-radiculo-myélites vira-
est retardée de plusieurs semaines, sur l’isolement les (HSV, virus varicelle zona [VZV], cytomégalovi-
ou la culture du virus et sur la recherche de l’ADN rus [CMV]) des abcès médullaires toxoplasmiques,
viral dans le LCR par amplification génomique. Le des myélopathies syphilitique, ou dues à des myco-
traitement associe les corticoïdes et l’aciclovir. bactéries, des compressions épidurales des lympho-
mes.
Herpes virus de type 2 (HSV2) Un cas de MA survenu au cours d’une séroconver-
Habituellement responsable de méningite asepti- sion au VIH a été rapporté chez un homme de 29 ans
que chez l’enfant et l’adulte surtout immunodépri- avec une évolution régressive.66 D’autres ont dé-
més, HSV2 peut entraîner un tableau de myéloradi- crit, chez des patients porteurs de l’infection, des
culite touchant préférentiellement la région MA sans cause spécifique.67,68
lombosacrée.57 Les paresthésies et les douleurs des
membres inférieurs sont inaugurales. Les troubles Cytomégalovirus
génitosphinctériens sont habituels dans l’évolution Les MA isolées sont très rares au cours des infec-
et peuvent même être isolés au début.58 Le tableau tions à CMV et s’intègrent le plus souvent dans un
clinique peut être celui d’une myélopathie aiguë tableau de polyradiculomyélopathie.69 Elles sont
transverse59 ou d’une myélopathie ascendante.57 préférentiellement observées chez les sujets im-
L’éruption cutanée peut toucher les régions génita- munodéprimés par le virus du syndrome de l’immu-
les, et s’accompagne fréquemment d’adénopathies nodéficience humaine acquise (Sida), mais plu-
inguinales. sieurs observations ont été rapportées au cours des
L’analyse du LCR montre une pléiocytose à pré- dernières années chez des sujets immunocompé-
dominance de polynucléaires ou une hyperlympho- tents.70
cytose, et une hyperprotéinorachie. La glycorachie Le tableau clinique est celui d’une myélopathie
est parfois basse, ce qui est notable pour une ascendante s’installant en quelques heures ou
affection virale. Les cultures virales dans le LCR jours, pouvant s’associer à l’atteinte de certains
sont exceptionnellement positives.60 Après une nerfs crâniens (VI, VII).71,72 Les cordons postérieurs
Myélopathies aiguës 535

sont préservés.71,72 Une rétention aiguë d’urine et patients décédant de complications de décubitus et
une diminution du tonus sphinctérien sont des com- 25 % d’entre eux n’ayant aucune récupération.74
plications fréquentes. L’évolution est générale-
ment défavorable, particulièrement dans les poly- Myélopathies bactériennes
radiculomyélopathies, mais des formes d’évolution
bénigne sous traitement ont été décrites.71,72 Tuberculose83
Le LCR est très rarement normal et le plus sou- L’infection par le bacille de Koch (BK) peut être
vent existe une pléiocytose (à prédominance de responsable d’abcès intramédullaires, d’épidurites
polynucléaires ou de lymphocytes) une hyperpro- satellites d’une spondylodiscite d’arachnoïdites in-
téinorachie (qui peut atteindre plusieurs gram- flammatoires, de tuberculomes développés aux dé-
mes). La glycorachie est basse dans un tiers des cas. pens de la moelle elle-même ou bien dans l’espace
Le diagnostic repose sur l’existence concomitante dural, de granulomes épiduraux associés ou non à
d’autres manifestations systémiques (rétinite no- une ostéomyélite vertébrale.
tamment), sur l’isolement du virus dans le LCR, le Une MA peut s’installer en quelques heures ou
sang ou les urines, sur la détection de l’ADN viral jours précédant ou accompagnant une méningite
par amplification génomique. Le traitement repose tuberculeuse ou survenant après l’introduction du
sur l’utilisation du ganciclovir.73 traitement antituberculeux.
L’évolution est généralement défavorable, par- Le LCR montre généralement une hypercytose
ticulièrement dans les polyradiculomyélopathies, rarement supérieure à 300/mm3 (occasionnelle-
mais des formes d’évolution bénigne sous traite- ment, des chiffres allant jusqu’à 1 000/mm3 ou plus
ment ont été décrites.65,66 ont été observés). La formule est variable : initia-
lement panachée ou à prédominance de polynu-
Virus de la varicelle et du zona cléaires neutrophiles, elle évolue habituellement
La survenue d’une myélopathie est une complica- vers une prédominance de lymphocytes. La protéi-
tion exceptionnelle de l’infection à VZV.74 Elle norachie est augmentée (plusieurs grammes par
survient après un zona ou une varicelle et touche litre). Une hypoglycorachie est parfois observée. Le
préférentiellement les sujets immunodéprimés.75 diagnostic de certitude repose sur la mise en évi-
La fréquence des MA au cours des infections à dence du BK à l’examen direct ou par les cultures
herpes zoster est inférieure à 0,8 %.76 Ainsi, dans ou bien par la recherche de l’ADN bactérien par
une série de 1 210 cas de zona examinés en 10 ans à amplification génomique dans le LCR.84
la Mayo clinic, un seul cas de MA fut diagnostiqué.77 Des radiculomyélites ont aussi été décrites en
Le début survient 12 à 14 jours après le début de l’absence de méningite. Dans ces cas, le LCR peut
l’éruption. L’absence d’éruption n’élimine pas le être strictement normal ou montrer une hyperpro-
diagnostic (zona sine herpete).78 téinorachie isolée.
Les premiers signes sont le plus souvent unilaté- Le traitement repose sur l’antibiothérapie spéci-
raux et lorsqu’ils sont bilatéraux, ils sont presque fique. Il n’existe pas de consensus sur le nombre
toujours asymétriques. Par ordre de fréquence dé- d’antituberculeux à administrer, sur la durée du
croissante, les signes sont moteurs, puis sensitifs traitement ni sur l’utilité de l’adjonction de corti-
par atteinte spinothalamique ou cordonale posté- coïdes. Toutefois, par analogie avec les autres for-
rieure. La pléiocytose du LCR est à prédominance mes de tuberculose, une trithérapie comprenant
lymphocytaire, encore que dans les formes à début l’izoniazide et la rifampicine est recommandée
rapide, la formule puisse être panachée ; la glyco- pendant au moins 6 mois. La chirurgie peut être
rachie est normale. L’ADN viral dans le LCR peut nécessaire en cas de compression médullaire.
être recherché par amplification génomique.79 L’évolution sous traitement est variable.85
Chez les sujets immunodéprimés, les particules vi-
rales sont détectables en microscopie électronique Syphilis
dans le LCR. Les anticorps anti-VZV sont habituel- La survenue d’une MA au cours d’une syphilis est
lement présents dans le LCR. L’aspect IRM n’est pas devenue exceptionnelle. Aucun cas n’est rapporté
spécifique (augmentation de volume de la moelle, dans la série de 241 patients de Hooschwand et al.86
hyposignal en séquence pondérée T1 avec rehaus- Elle peut survenir au cours de la syphilis méningo-
sement après injection de gadolinium, hypersignal vasculaire par artérite des artères spinales anté-
en T2.80 rieure ou postérieure.87 On décrit aussi des ta-
Le traitement n’est pas standardisé. La vidara- bleaux de méningomyélite d’installation plus
bine81 l’interféron a,82 les glucocorticoïdes74 et progressive.88
l’association aciclovir-corticoïdes ont été utilisés.79 Le tableau est celui d’une paraparésie évoluant
Le pronostic est en général sévère, un tiers des vers la flaccidité de niveau dorsal. Les membres
536 O. Heinzlef, E. Roullet

supérieurs et les nerfs crâniens sont généralement tion modérée de la protéinorachie, une synthèse
épargnés. Le LCR est lymphocytaire, avec hyper- intrathécale d’immunoglobulines avec la présence
protéinorachie, et parfois hypoglycorachie. Le dia- de bandes oligoclonales en isoélectrofocalisation.
gnostic repose sur la positivité du venereal disease Le traitement repose sur l’antibiothérapie et l’évo-
research laboratory (VDRL) dans le LCR (test spéci- lution est variable. Le diagnostic repose sur le
fique et peu sensible). Le fluorescent treponema- contexte, la détection d’anticorps anti-B. Burgdo-
antibody absorption (FTA-ABS) et le treponema feri dans le sang et le LCR par une technique
pallidum hemagglutination (TPHA) dans le LCR pa- enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) éven-
raissent plus sensibles, mais leur interprétation est tuellement confirmée par un western-blot. Au
parfois difficile du fait de la contamination san- cours de ces dernières années, l’amplification gé-
guine. La place de l’amplification génomique de nomique a été utilisée pour détecter la présence
l’ADN de Treponema pallidum est indéterminée. d’ADN dans le LCR. D’après une revue récente de la
Selon les recommandations du Center of Diseases littérature, il semble que cette technique soit très
Control (CDC),89 le traitement comporte de fortes spécifique mais la sensibilité est variable selon les
doses de pénicilline G (12 à 24 MU j–1 pendant 10 à études publiées.99
14 jours). Les séquelles sont habituelles même si
des régressions ont été rapportées.90 Neurobrucellose
Dix à vingt pour cent des brucelloses se compli-
Mycoplasma pneumoniae91-93 quent de manifestations neurologiques.100 La sur-
La survenue d’une infection des voies aériennes venue d’une MA est rare : quatre cas sur 19 cas de
supérieures ou pulmonaires précédant ou accompa- neurobrucellose dans la série de Shakir et al.101 Le
gnant un tableau de MA doit faire évoquer le dia- tableau est celui d’une paraplégie spastique avec
gnostic d’infection à mycoplasme. La fréquence de rétention d’urines sans troubles sensitifs ni atteinte
cette infection augmente à l’automne et au début de la corne antérieure. Un syndrome cérébelleux
de l’hiver. des membres supérieurs n’est pas rare (trois cas sur
Le tableau est celui d’une MA d’évolution béni- quatre, de même qu’une atteinte des nerfs crâ-
gne, laissant rarement des séquelles. L’autopsie niens (II, VIII). La protéinorachie est élevée et la
d’un cas a montré la présence d’une nécrose mé- pléiocytose du LCR à prédominance lymphocytaire.
dullaire étendue sans vascularite ni inflammation Les sérologies (technique Elisa) dans le sang et le
importante. LCR sont constamment positives. Le pronostic fonc-
L’hypercytose est en général inférieure à tionnel sous traitement semble péjoratif.
100/mm3 à prédominance lymphocytaire ou non. La
protéinorachie est peu élevée. Chlamydia psittaci
Le diagnostic est souvent suspecté sur la pré- Deux observations de MA aiguë au cours d’une
sence d’une agglutinine froide dans le sang. L’iso- psittacose ont été rapportées dans la litttéra-
lement par culture de Mycoplasma pneumoniae ture.102,103
dans les sécrétions respiratoires ou le LCR est diffi-
cile. On peut s’aider de l’ascension des anticorps Myélopathies parasitaires
dans le sang et le LCR prélevés à 2 semaines d’inter-
valle mais le diagnostic est alors rétrospectif. La Schistosomiases104
détection de l’acide ribonucléique (ARN) ribosomal Tous les types de schistosomiases peuvent entraî-
dans les sécrétions respiratoires et la PCR est en ner des myélopathies d’évolution aiguë ou su-
cours d’évaluation. Le traitement repose sur les baiguë. Il s’agit d’une atteinte rare. Elle touche
macrolides ou les cyclines. préférentiellement les hommes, et donne le plus
souvent un tableau de paraparésie ou de paraplé-
Maladie de Lyme gie. L’atteinte des membres supérieurs est rare (un
Les atteintes médullaires s’inscrivent générale- cas sur 14 dans la série de Haribhai et al.104
ment dans le cadre d’une encéphalomyélite.94 Ex- Une hyperéosinophilie sanguine est trouvée dans
ceptionnellement, elles peuvent dominer le ta- la moitié des cas. La sérologie dans le sang est très
bleau clinique. La MA survient le plus souvent à la sensible et une ascension des taux d’anticorps peut
phase aiguë de l’infection lors de l’apparition de être observée dans la moitié des cas.
l’érythème migrant95 ou simultanément à une at- L’analyse du LCR montre une pléiocytose (sans
teinte cardiaque.96 La sévérité du tableau clinique ou avec éosinophiles) en général inférieure à 100
est variable de la simple rétention d’urine97 à la éléments/mm3, la protéinorachie est augmentée
paraplégie complète.98 L’analyse du LCR montre ou normale, la glycorachie est normale ; on peut
une méningite lymphocytaire associée à une éléva- observer une synthèse intrathécale d’immunoglo-
Myélopathies aiguës 537

bulines ou des bandes oligoclonales. Près de 75 % ayant une MA (2 à 6 %).6,8,23 Dans une série de
des patients ont un taux d’anticorps antibilharzie 747 patients souffrant de SEP en Israël, aucun
supérieur à trois déviations standards dans le LCR n’avait débuté sa maladie par une MA.8 À l’opposé
(contre seulement 7 % des contrôles). La biopsie de de ces résultats, 80 % des 15 patients suivis par Ford
muqueuse rectale ou la recherche d’œufs de bilhar- et al.114 pour une MA (durée moyenne de suivi :
zie dans les urines sont constamment positives. 38,5 mois), avaient développé une SEP, mais les
Le traitement médical repose sur le praziquantel auteurs avaient exclu de leur étude les formes
et les corticoïdes. Traitée, la myélopathie a un sévères de MA. Les myélopathies aiguës survenant
pronostic favorable dans plus de 80 % des cas. au cours de la SEP s’accompagnent plus souvent de
troubles de la sensibilité, de lésions médullaires
Toxoplamose postérieures et latérales étendues sur moins de
trois étages, d’une IRM cérébrale anormale et de
Toxoplasma gondii bandes oligoclonales dans le LCR, que les myélopa-
Toxoplasma gondii est responsable de rares obser- thies aiguës d’autres origine.10
vations d’abcès toxoplasmiques médullaires chez Les études de suivi ont montré que l’apparte-
des patients immunodéprimés notamment au cours nance au groupe HLA DR2, la présence de bandes
du sida.105 oligoclonales dans le LCR étaient des facteurs pré-
Le diagnostic repose sur la positivité des anti- dictifs de l’évolution vers une SEP.115 Cependant le
corps dans le LCR, sur l’IRM médullaire qui peut facteur prédictif le plus puissant de développement
montrer un aspect de tumeur intramédullaire avec d’une SEP 5 ans ou 10 ans après le début des
un hyposignal en T1, un élargissement du diamètre troubles est la présence d’anomalies sur l’IRM céré-
de la moelle et une prise de contraste après injec- brale.116 Miller et al. ont suivi 33 patients ayant un
tion de gadolinium. Le diagnostic différentiel est tableau de MA. Parmi ceux-ci, 18 avaient des hyper-
celui de lymphome médullaire. La biopsie médul- signaux disséminés dans la substance blanche céré-
laire peut être nécessaire pour poser le diagnostic. brale.26 Tous les patients de ce groupe avaient une
forme incomplète de MA et 13 d’entre eux (72 %)
Toxocarose106 ont développé une SEP définie au terme du suivi
L’atteinte du système nerveux central (SNC) au moyen de 14,7 mois. En revanche, un seul des
cours des atteintes viscérales de larva migrans 15 patients dont l’IRM initiale était normale a déve-
(Toxocara) est rare. Les cas de MA sont possibles au loppé une SEP. Dans l’étude de Ford et al., 11 des
cours de cette infection associée ou non à une 12 patients ayant une IRM anormale ont développé
atteinte encéphalique ou méningée. Les arguments une SEP.114 Dans une série de 28 patients suivis
en faveur du diagnostic sont la présence d’éosino- pendant 5 ans après la survenue d’une myélopathie
philes dans le sang et le LCR, une sérologie anti- aiguë ou subaiguë, le risque de développer une SEP
Toxocara positive dans le sang et le LCR, l’amélio- était particulièrement augmenté lorsque il y avait
ration sous traitement par albendazole ou quatre lésions ou plus sur l’IRM initiale ou quand le
thiabendazole. patient était HLA DR2. Ainsi 88 % des patients ayant
ces deux critères ont développé une SEP contre
Vaccinations seulement 7 % de ceux n’en ayant aucun des
deux.115
Les myélopathies survenant dans les suites d’une
À 10 ans, le risque de développer une SEP après
vaccination s’inscrivent généralement dans le ca-
une MA est de 25 % (2/8) lorsque l’IRM cérébrale
dre d’une encéphalomyélite disséminée. Toutefois,
initiale est normale alors qu’il est de 67 % quand
des cas de MA isolées ont été rapportées.107,108 Les
l’IRM cérébrale est anormale. Ce risque est proche
signes cliniques apparaissent quelques jours ou se-
de celui observé après une neuropathie optique
maines après la vaccination et ont une évolution
isolée ou une atteinte du tronc cérébral. La charge
monophasique pouvant laisser des séquelles. Des
lésionnelle initiale est également un facteur pré-
MA ont été observées dans les suites de vaccina-
dictif du risque de développer une forme secondai-
tions contre la variole, la rage, la rubéole, le cho-
rement progressive ou d’avoir un handicap impor-
léra, la poliomyélite, la grippe, l’hépatite B, la
tant à 10 ans.116
typhoïde la diphtérie, les encéphalites à tiques, et
le tétanos.107-113
Myélopathies toxiques
Myélopathie aiguë et sclérose en plaques
Héroïne
Les études de suivi ont montré que le risque de Des MA ont été décrites en association avec la prise
survenue d’une SEP est faible parmi les patients d’héroïne IV117 ou par voie intranasale.118 Les MA
538 O. Heinzlef, E. Roullet

surviennent généralement lors de la réintroduction Lupus et anticorps antiphospholipides


de l’intoxication après une période d’absti-
nence.117,119 Elles surviennent au réveil et s’ac- Si l’atteinte du SNC est fréquente au cours de la
compagnent d’une rhabdomyolyse.117,119 La MA maladie lupique, la survenue d’une MA est en re-
pourrait être secondaire à un effet toxique direct vanche un événement rare.124
de l’héroïne une vascularite,120 à une hypoten- Le plus souvent, la myélopathie survient chez un
sion119 ou à une réaction d’hypersensibilité. Dans patient dont la maladie lupique est déjà connue,
ce dernier cas, le mécanisme serait une hapténa- mais elle peut aussi précéder le diagnostic de lupus
tion de l’héroïne avec une protéine de la moelle érythémateux disséminé (LEAD) dans un tiers des
épinière responsable d’une inflammation et de lé- cas.125,126 Le déficit moteur prédomine aux mem-
sions ischémiques de la moelle. Dans cette hypo- bres inférieurs ; le niveau sensitif est cervical ou
thèse, un traitement par corticoïdes ou échanges dorsal mais les troubles sensitifs sont incons-
plasmatiques sanguins peut être indiqué. tants.125 Des tableaux de neuromyélite optique ont
également été rapportés.127
Médicaments cytotoxiques
Le LCR est toujours anormal. Dans la série de
Des MA survenant dans les minutes,114 les heures,4
Warren et Kredrich (17 patients), une hyperprotéi-
ou les jours (1 à 2 semaines) après l’injection
norachie était notée chez 14 (82 %) une pléiocytose
intrathécale de méthotrexate,121 de cytosine ara-
supérieure à 20 éléments/mm3 à prédominance
binoside et de thiotépa ont été décrites. Le tableau
lymphocytaire chez 10 patients (71 %), une hypogly-
associe des douleurs des membres inférieurs, une
corachie dans la moitié des cas.128 La prédomi-
paraplégie, des troubles sphinctériens et un niveau
nance lymphocytaire est habituelle, mais il peut
sensitif. Le LCR montre une pléiocytose modérée et
une hyperprotéinorachie. L’évolution peut se faire arriver que les polynucléaires soient prédomi-
vers la régression ou bien laisser des séquelles. nants.124,126,129
En IRM, la moelle est augmentée de volume à la
Anesthésie épidurale phase aiguë, et on peut voir un hypersignal en
La survenue d’une MA au cours d’une anesthésie séquence pondérée T2 au sein de celle-ci.124 Trois
épidurale est un événement rare, estimé à 1 cas principaux types anatomopathologiques sont obser-
pour 11 000 anesthésies.122 Les causes de ces acci- vés. Dans la forme la plus fréquente, on trouve une
dents sont multiples : ischémie médullaire favori- dégénérescence de la substance blanche avec bal-
sée par la toxicité directe du produit anesthésique, lonnisation des gaines de myéline et dégénéres-
hématome épidural, hypotension prolongée, posi- cence axonale à différents niveaux segmentaires de
tion du patient lors de l’anesthésie. Celle-ci peut la moelle. Un ramollissement médullaire par vascu-
être due à une compression liée à la quantité de larite ou de multiples petites hémorragies dans la
liquide anesthésique, ou à une toxicité plus impor- moelle épinière et les racines dorsales sont égale-
tante de celui-ci dans certaines conditions anato- ment possibles.125
miques augmentant sa concentration locale (canal Les corticoïdes à fortes doses paraissent effica-
lombaire étroit). ces.130
Différents tableaux cliniques de pronostic varia- Plusieurs faits suggèrent une association entre
ble ont été décrits. Habituellement, les patients myélopathie, LEAD et présence d’anticorps anti-
développent, quelques heures à quelques jours phospholipides. Les quatre cas de MA d’Alarcon-
après l’intervention, un tableau d’atteinte médul- Segovia et al. (parmi 500 patients consécutifs ayant
laire régressive. un LEAD) avaient tous des anticorps anticardiolipi-
nes positifs à un taux élevé.131 Lavalle et al. rap-
Myélopathie après électrocution123 portent les observations de 12 patients ayant l’as-
Les signes neurologiques peuvent apparaître immé- sociation : LEAD, myélite transverse et anticorps
diatement ou être retardés de 1 jour à 6 semaines antiphospholipides (anticardiolipines : 10, faux
(en moyenne 1 semaine). Les signes neurologiques VDRL positifs : 2). Le tableau clinique ne différait
s’aggravent sur une période de 2 à 14 jours (en pas de celui observé au cours des MA du LEAD sans
moyenne 5). Le tableau est celui d’une paraparésie APL.132 Des études plus récentes ont confirmé l’im-
ou d’une quadriparésie spastique associée à des plication des APL dans la survenue d’une MA chez
troubles de la sensibilité profonde. Les troubles les patients ayant un LEAD.133
sphinctériens sont inhabituels. Certains patients La survenue de MA au cours du syndrome pri-
développent une atrophie des muscles innervés par maire des antiphospholipides est aujourd’hui bien
le segment médullaire, siège du passage du cou- établie.134 Des formes associant neuropathie opti-
rant. Une récupération partielle ou totale survient que et MA (réalisant des neuromyélites optiques de
dans les deux tiers des cas. Devic) ont également été rapportées.135 Des formes
Myélopathies aiguës 539

Tableau 7 Analyse de l’effet des corticoïdes sur la récupération selon les critères établis par Paine et Byers.5
Corticoïdes + Corticoïdes – Total
n n
Récupération Bonne Mauvaise Bonne Mauvaise
Altrocchi6 1 5 12 19 37
Paine et Byers5 1 – 16 8 25
Ropper et Poskanzer24 19 5 17 7 48
Total 21 10 45 34 110

récurrentes sont possibles136 et le traitement re- réalisée. Les seules données dont on dispose pour
pose sur l’association corticoïdes et anticoagu- juger de l’efficacité de ces produits viennent d’étu-
lants.135 des rétrospectives ou de suivi de malades. Trois
études, rétrospectives et non contrôlées, portant
Syndrome de Gougerot-Sjögren primaire sur un nombre suffisant de malades et où sont
détaillés le traitement et l’évolution des malades,
Selon l’équipe d’Alexander, 20 % des patients ayant sont disponibles (Tableau 7). Plus récemment, une
un syndrome de Gougerot-Sjögren primaire avaient étude chez l’enfant a comparé l’évolution chez
des manifestations neurologiques centrales.137 12 patients traités par fortes doses de corticoïdes
Parmi 20 patients ayant un syndrome de (méthylprednisolone [MP] IV 1 g/1,73 m2/j pendant
Gougerot-Sjögren primaire et des manifestations 3 à 5 jours suivis par une corticothérapie de relais)
neurologiques évoquant une sclérose en plaques, à une série historique de 17 enfants non traités ou
13 avaient un tableau de myélopathie aiguë ou traités par corticoïdes per os. À 1 mois, 8/12 en-
subaiguë, deux une vessie neurologique sans autres fants (66 %) avaient une marche autonome dans le
signes d’atteinte médullaire, deux un syndrome de groupe MP contre 3/17 (17,6 %) dans le groupe
Brown-Séquard et tous une atteinte encéphalique. contrôle (p = 0,02). À 1 an, davantage d’enfants
Le LCR montrait une pléiocytose à prédominance avaient totalement récupéré dans le groupe MP
lymphocytaire (en moyenne 10 éléments/mm3), (75 % versus 23,5 % ; p = 0,006).143 En cas d’échec
une hypoglycorachie, une hyperprotéinorachie, défini par l’absence de récupération ou l’aggrava-
une augmentation des IgG et des bandes oligoclo- tion du déficit neurologique on peut proposer la
nales. Une amélioration ou une stabilisation ont été réalisation d’échanges plasmatiques.40,144
obtenues chez 13 des 14 patients traités par les Il n’y a pas aujourd’hui d’arguments pour insti-
corticoïdes (40 à 60 mg de prednisone), alors que tuer un traitement de fond après un épisode de
l’état des six patients non traités s’était ag- myélopathie aiguë transverse n’entrant pas dans le
gravé.138 Le traitement recommandé repose sur cadre d’une sclérose en plaques ou d’une maladie
l’association cyclophosphamide et corticoïdes.139 de système.

Myélopathies paranéoplasiques140,141
Références
Elles sont exceptionnelles. La MA peut apparaître
quelques semaines ou mois après la découverte du 1. Dujardin Beaumetz G. De la myélite aiguë. Paris: Baillière;
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