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Myélopathies aiguës
Acute myelopathy
O. Heinzlef *, E. Roullet
Centre d’investigation, de traitement et d’étude de la sclérose en plaques (Cité SEP),
service de neurologie, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
MOTS CLÉS Résumé Les myélopathies aiguës (MA) sont caractérisées par une atteinte aiguë de la
Myélopathie aiguë ; moelle épinière responsable de symptômes moteurs, sensitifs et génitosphinctériens. Il
Myélite transverse s’agit d’une affection rare. Les causes en sont multiples nécessitant une enquête
diagnostique rigoureuse. Récemment, un effort de démembrement a conduit à établir des
critères diagnostiques en différenciant les MA idiopathiques des MA secondaires à une
autre affection. Le traitement des MA secondaires repose sur celui de leur cause alors que
le traitement des MA idiopathiques reste aujourd’hui indéterminé.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract Acute myelopathy (AM) (or acute transverse myelitis) is characterised by motor,
KEYWORDS
Acute myelopathy;
sensory, and autonomic dysfunction. Acute myelopathies are rare diseases. Rapid and
Transverse myelitis precise diagnosis must differentiate idiopathic AM from AM that occur secondary to a
known underlying disease. Identifying the cause of secondary MA is useful for specific
treatment selection, whereas no clearly established medical treatment currently exists
for idiopathic AM.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
philis, sclérose en plaques, myélomalacie, etc.). que celui de myélopathie aiguë transverse, et c’est
Jaffe et Freeman (1943) à propos de quatre cas et finalement ce terme qui a été retenu lors d’une
d’une revue de la littérature observaient que les récente conférence de consensus.7
« nécroses spinales aiguës » pouvaient s’installer en
10 jours à 3 mois, que l’évolution était progressive
et le décès constant.3 Classification et critères diagnostiques
Hoffmann en 1955, rapportait un cas anatomocli- des myélopathies aiguës
nique de myélopathie nécrotique aiguë, et deux cas
ayant survécu dont les caractéristiques cliniques Plusieurs auteurs6,8,9 ont essayé de définir des cri-
étaient similaires. Il soulignait alors le caractère tères diagnostiques de myélopathie aiguë trans-
stéréotypé de l’évolution de ces myélopathies, le verse. Les premières tentatives incluaient le délai
caractère constamment diffus des lésions, et pro- d’installation (moins de 4 semaines) une atteinte
posait de les reconnaître comme une entité propre. médullaire bilatérale avec un niveau médullaire
Cet auteur insistait sur le caractère inconstant des supérieur, l’absence d’antécédents et l’exclusion
lésions vasculaires, l’absence d’infiltration cellu- d’une compression médullaire.7 D’autres auteurs
laire marquée et les rapports étroits de cette affec- modifièrent ces critères en prenant un délai d’ins-
tion avec les pathologies démyélinisantes aiguës tallation plus court, des caractéristiques différen-
(neuromyélite optique et encéphalomyélite aiguë tes mais surtout en excluant de ce cadre un certain
disséminée). Il notait déjà une association avec les nombre de myélopathies dont la cause était
syndromes infectieux des voies aériennes supérieu- connue. La classification la plus récente différen-
res et avec les cancers, et soulignait le pronostic ciait les myélopathies aiguës selon l’étiologie :
constamment défavorable, le décès survenant soit • sclérose en plaques ;
à la phase aiguë, soit plus tardivement de compli- • maladies systémiques (lupus, syndrome des an-
cations de décubitus.4 Toutefois Payne et Byers tiphospholipides [APL], Sjögren) ;
(1953) rapportèrent une série de 25 cas chez l’en- • causes para-infectieuses ;
fant dont le pronostic était plus favorable.5 • myélopathies postradiques ;
En 1963, Altrocchi proposait de retenir le terme • infarctus médullaire ;
de « myélopathie aiguë transverse » qui avait • myélopathie idiopathique.10
l’avantage de ne pas avoir de connotation anato- En 2002 un groupe de travail américain établit
mopathologique contrairement aux termes anté- des critères diagnostiques de myélite aiguë trans-
rieurement utilisés comme myélite transverse, verse idiopathique (Tableau 1). La mise en évi-
myélopathie aiguë nécrotique, myélopathie dé- dence d’une inflammation de la moelle épinière
myélinisante aiguë, etc. Le terme « transverse » lui paraissait indispensable aux auteurs afin de diffé-
semblait mal choisi car la plupart des patients rencier ce cadre nosologique des autres causes de
avaient des atteintes diffuses de la moelle épinière myélopathies transverses non inflammatoires
dans le sens longitudinal.6 Toutefois, l’analyse de la comme les myélopathies vasculaires. La mise en
littérature depuis 1963 montre que le terme de évidence d’un mécanisme inflammatoire reposait
myélite transverse est resté deux fois plus utilisé soit sur la présence d’une pléiocytose ou d’un index
Tableau 1 Critères diagnostiques pour les myélites aiguës transverses idiopathiques. (En cas de normalité de l’imagerie par
résonance magnétique (IRM) ou du liquide céphalorachidien (LCR), il est proposé de réaliser à nouveau ces examens au cours de
la première semaine d’évolution). D’après7.
Critères d’inclusion Critères d’exclusion
Atteinte motrice, sensitive ou du système nerveux autonome Irradiation spinale au cours des 10 dernières années
secondaire à une atteinte de la moelle épinière Syndrome de l’artère spinale antérieure
Signes ou symptômes bilatéraux Présence d’une malformation artérioveineuse ou d’une fistule
Niveau sensitif durale
Exclusion d’une compression médullaire par une IRM ou d’une Anomalie biologique ou clinique évoquant une maladie de
myélographie système (sarcoïdose, maladie de Behçet, syndrome de
Présence d’une inflammation dans la moelle épinière définie Gougerot-Sjögren, lupus, connectivite mixte, etc.)
par la présence d’une pléiocytose, un index IgG augmenté, une Syphilis, Lyme, HIV, HTLV1, Mycoplasma pneumoniae, autre
prise de gadolinium. En l’absence de ce critère l’IRM et/ou la infection virale : HSV-1, HSV-2, VZV, EBV, CMV, HHV-6, entéro-
PL doivent être répétés entre le 2e et le 7e jour après le début virus
des troubles IRM cérébrale évoquant une sclérose en plaques
Progression des troubles compris entre 4 et 21 jours Névrite optique rétrobulbaire
HSV : herpes simplex virus ; VZV : virus varicelle zona ; EBV : Epstein-Barr virus ; CMV : cytomégalovirus ; HHV : human herpes
virus ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; PL : ponction lombaire ; IgG : immunoglobulines G.
528 O. Heinzlef, E. Roullet
immunoglobuline G (IgG) augmenté dans le liquide succéder à des lésions de démyélinisation,14 Hoff-
céphalorachidien (LCR), soit sur la présence d’une mann a attiré l’attention sur certaines pathologies
prise de gadolinium médullaire en imagerie par démyélinisantes au cours desquelles des phénomè-
résonance magnétique (IRM). Les auteurs propo- nes de nécrose ont pu être observés comme la
saient également de différencier les myélites trans- neuromyélite optique ou l’encéphalomyélite aiguë
verses idiopathiques des myélites transverses asso- disséminée. Cependant, cet auteur distinguait, sur
ciées à une autre pathologie systémique (syndrome des caractéristiques anatomopathologiques, les
de Goujerot-Sjögren, Behçet...), infectieuse ou in- myélopathies aiguës nécrotiques des encéphalo-
flammatoire (encéphalomyélite aiguë disséminée, myélites aiguës disséminées.4
sclérose en plaques)
Ces critères restent à valider mais ils offrent un
cadre pour décrire, classer et inclure dans des Immunopathologie
essais thérapeutiques les patients atteints de cette
affection. Les mécanismes physiopathologiques qui condui-
sent à la survenue d’une myélopathie aiguë sont
variés et dépendent de la maladie sous-jacente.15 Il
Anatomopathologie11 peut s’agir d’une vascularite comme dans le lupus,
ou d’un granulome comme dans la sarcoïdose. La
Les études anatomopathologiques sont peu nom- survenue dans 30 à 60 % des cas de myélopathies
breuses et anciennes. aiguës idiopathiques d’un épisode infectieux anté-
Dans la plupart des cas examinés, on observe une rieur suggère que l’atteinte médullaire est secon-
nécrose aspécifique qui intéresse la substance grise daire à l’activation anormale du système immuni-
et la substance blanche, prédominant générale- taire par un agent infectieux. D’une manière
ment sur cette dernière.12,13 Cette nécrose n’est générale, il est admis que le rôle des agents infec-
pas limitée à un territoire artériel, et détruit les tieux est indirect et que les mécanismes infectieux
corps cellulaires, les axones et la myéline. Les directs sont plus rares comme dans les infections
lésions ont une topographie variable, localisée à par les virus du groupe herpès ou par Listeria mono-
certains segments médullaires (préférentiellement cytogenes dont on a montré qu’elle était transpor-
dorsaux) ou plus étendues en hauteur. Le degré de tée par voie axonale vers les neurones de la moelle
la nécrose varie proportionnellement à la durée épinière.16
d’évolution : la moelle peut être œdématiée, ra- Par analogie avec le syndrome de Guillain-Barré,
mollie et hyperhémiée ou liquéfiée et on peut un mécanisme de mimétisme moléculaire a été
observer de véritables cavitations proches de la également incriminé. Drulovic et al. ont rapporté le
syringomyélie. Il n’y a pas de réaction inflamma- cas d’une patiente de 40 ans ayant une oxyurose et
toire notable ; on peut occasionnellement observer développant un tableau de myélopathie aiguë. La
une réaction lymphocytaire, et parfois la présence patiente avait des anticorps anticardiolipines, anti-
de quelques polynucléaires. Les vaisseaux nourri- GM1 et antisulfatides à des taux élevés. La pré-
ciers ne sont en général ni occlus ni sténosés et ont, sence, dans la paroi lipidique, du nématode Ente-
pour la plupart, une apparence normale. Néan- robius vermicularis, de cardiolipine, de ganglio-
moins, des épaississements et des oblitérations des sides GM1, et de sulfatides suggère que la patiente
petits vaisseaux intramédullaires et méningés ont a développé une réaction systémique contre le
été décrits. Pour certains auteurs, les lésions mé- parasite responsable du tableau de myélopathie
dullaires sont d’origine ischémiques et secondaires aiguë par un mécanisme de mimétisme molécu-
à l’atteinte vasculaire.13 Pour d’autres, l’atteinte laire.17 Un autre mécanisme possible est l’activa-
vasculaire est trop souvent absente ou modérée tion des lymphocytes par un superantigène micro-
pour expliquer les lésions médullaires.4 bien. Les superantigènes sont des peptides
Des zones de démyélinisation, associées à une bactériens ou viraux susceptibles d’activer un très
infiltration plus ou moins importante des espaces grand nombre de lymphocytes T de manière non
périvasculaires par des lymphocytes ou des polynu- conventionnelle et de déclencher des pathologies
cléaires, sont observées dans certains cas. La subs- auto-immunes en activant des clones de cellules T
tance grise montre également des phénomènes de autoréactives.18
dégénération et d’infiltration. L’infiltration ménin- Des anomalies de l’immunité humorale ont été
gée est généralement discrète et, lorsqu’elle également impliquées. La présence d’autoanti-
existe, elle est associée à une prolifération astro- corps anormaux (antiphospholipides, facteurs anti-
cytaire et microgliale. À la suite de Hurst (1944) qui nucléaires [FAN], anti-SSA) a été observée au cours
avait noté que les lésions de nécrose pouvaient du syndrome de Devic ou des myélopathies aiguës à
Myélopathies aiguës 529
Tableau 2 Myélopathies aiguës : fréquence des premiers symptômes dans les différentes séries disponibles de la littérature.
Paine et Byers5 Altrocchi6 Lipton et Teasdall23* Ropper et Poskanzer24
Nombre de patients 25 67 32** 52
Déficit moteur 36 % 25 % 22 % 13,5 %
Douleurs dorsales 24 % 25 % 37,5 % 34,5 %
Douleurs radiculaires 24 % 21 %
Troubles sensitifs 4% 25 % 15,5 % 46 %
Troubles sphinctériens 12 % 3% 12,5 % 6%
* 12,5 % des cas avaient un déficit moteur associé à des paresthésies. ** Le mode de début n’est donné que pour 32 patients sur les
34 de la série.
Tableau 3 Myélopathies aiguës : niveau sensitif dans les différentes séries de la littérature.
Niveau
cervical thoracique lombaire
Paine et Byers5 8% 44 % 28 %
Altrocchi6 – D1-D6 : 30 % –
D6-D12 : 37 %
Lipton et Teasdall23 11,8 % Dorsal haut : 50 % 2,9 %
Dorsal bas : 35,3 %
Ropper et Poskanzer24 – D6-D12 : 56 % des cas –
Berman8 10 % Dorsal haut : 42 % 10 %
Dorsal bas : 38 %
Près de 80 % des patients ont des troubles sensi- valeurs de plusieurs milliers ont pu être occasion-
tifs qui sont bilatéraux dans 60 à 97 % des cas.5,24 nellement rapportées (jusqu’à 8 800 éléments par
L’anesthésie à la douleur au-dessous d’un certain mm3)6 avec parfois un excès de neutrophiles dont le
niveau est constante.6,8,24 Une dissociation avec taux ne dépasse généralement pas 20 %. La protéi-
respect des cordons postérieurs est observée dans norachie est le plus souvent augmentée mais dé-
presque 40 % des cas à un stade précoce de la passe rarement 1,5 g l–1 ; les gammaglobulines
myélopathie.5,6,8,24 La survenue d’un syndrome de peuvent être augmentées jusqu’à 31 %.6 Peu d’étu-
Brown-Séquard est rare (un seul cas dans la série de des fournissent des informations sur la fréquence
Paine et Byers).5 des bandes oligoclonales dans le LCR. Dans un
Le niveau sensitif, ascendant dans les premiers groupe de 25 patients présentant une MA, Sharief et
jours, est le plus souvent dorsal haut (Tableau 3). al. ont trouvé 11 fois (44 %) des bandes oligoclona-
Les troubles sphinctériens sont constants.5,6,8 les dans le LCR en isoélectrofocalisation.25 Miller et
L’anomalie la plus fréquente est la rétention aiguë al. ont trouvé des résultats similaires avec la pré-
d’urines avec mictions par regorgement. Une dysu- sence de bandes oligoclonales 14 fois sur 25
rie, une diminution des sensations lors de la mic- (56 %).26
tion, une incontinence urinaire et fécale peuvent La myélographie était le plus souvent normale
être observées. (90 % des cas).24 Son intérêt majeur est d’éliminer
Indépendamment de toute infection, une fièvre une compression médullaire en l’absence d’IRM.
est trouvée dans 27 à 60 % des cas,5,8 et une raideur
de nuque dans 13 à 66 % des cas.5,6,8,24
Un tableau de section médullaire complète avec Imagerie par résonance magnétique
choc spinal est observé dans 17 % des cas.24
Réalisée en urgence, l’IRM est l’examen d’imagerie
de première intention devant un tableau de MA.
Examens complémentaires Son intérêt essentiel est d’éliminer une compres-
sion médullaire. Elle était anormale dans 39 % des
Le liquide céphalorachidien peut être normal (un cas d’Austin et al.27 et 49 % des cas de Marti-
tiers des cas).8 La pression d’ouverture du LCR est Fabregas et al.28 L’anomalie la plus fréquente est la
habituellement normale. Une pléiocytose est trou- présence d’un ou de plusieurs hypersignaux sur les
vée dans 34 à 50 % des cas.5,6,8,23,24 Le nombre des séquences pondérées en T2 (Fig. 1, 2) (sept fois sur
cellules varie de zéro à plusieurs centaines, avec sept dans la série d’Austin et al.27). On les trouve
une prédominance de lymphocytes. Toutefois, des plus fréquemment au niveau cervical.29 Sur les
Myélopathies aiguës 531
Figure 2 Myélopathie aiguë. Imagerie par résonance magnétique en T2, coupes transversales. Hypersignal médullaire latéralisé.
Niveau dorsal haut.
532 O. Heinzlef, E. Roullet
Tableau 4 Pronostic des myélopathies aiguës dans les différentes séries de la littérature.
Bon (%) Moyen Mauvais Décès
Paine et Byers5 60 24 % 12 % 4%
Altrocchi6 33,3 33,3 % 33,3 %
Lipton et Teasdall23 31 % 31 % 38 %
Ropper et Poskanzer24 33 % 42 % 25 % 7,6 %
Berman8 37,3 % 33,9 % 23,7% 4,8 %
Bon : absence de handicap fonctionnel. Moyen : gêne à la marche nécessitant une aide, signes sensitifs permanents, troubles
inconstants du contrôle sphinctérien. Mauvais : marche impossible, anesthésie permanente, contrôle sphinctérien partiel ou vessie
automatique (critères pronostiques adaptés selon5).
Tableau 5 Myélopathies aiguës : examens complémentaires pouvant être réalisés au cours de l’enquête diagnostique.
Causes Examens complémentaires
Infectieuses LCR : examen bactériologique direct et mise en culture (avec recherche de BK)
PCR : HSV-1 et 2, HHV6, VZV, CMV, EBV, VIH, entérovirus
Cultures virales
Sérologie HSV, VZV, HTLV-1
Sérologie Lyme, VDRL
Encre de Chine, culture fungique
Radiographie du thorax
Sang : sérologie HSV, VZV, HTLV-1, Lyme, hépatites A,B,C Mycoplasma pneumoniae
Sérologies parasitaires
Maladie systémique ECA (enzyme de conversion de l’angiotensine)
FAN, anti-DNAn, anti-SSA(Ro) SSB (La), Sm, RNP
Taux du complément
Hématurie
Biopsie des glandes salivaires accessoires
Radiographie du thorax, TDM thorax, LBA, scintigraphie au FDG
AC antiphospholipides
Test de Schirmer
Suspicion de SEP ou de neuro- IRM cérébrale
myélite optique de Devic PEV, LCR
LCR : liquide céphalorachidien ; BK : bacille de Koch ; PCR : polymerase chain reaction ; HSV : herpes simplex virus ; HHV : VZV :
virus varicelle zona ; CMV : cytomégalovirus ; EBV : Epstein-Barr virus ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; HTLV :
human T cell lymphoma virus ; FAN : facteurs antinucléaires ; RNP : ribonucléoprotéine ; TDM : tomodensitométrie ; LBA :
lavage bronchoalvéolaire ; FDG : fluorodésoxyglucose ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; SEP : sclérose en plaques ;
PEV : potentiels évoqués visuels.
précéder ou être la seule manifestation de la évolution ascendante des troubles, l’évolution est
primo-infection.45 généralement défavorable.61 Le traitement repose
Le diagnostic repose sur la recherche d’anticorps sur l’association des corticoïdes et de l’aciclovir
hétérophiles (MNI-test), sur la présence d’une ré- mais un seul cas de la littérature s’est amélioré
ponse anticorps spécifique : Ig (immunoglobulines) sous cette association.60
M et IgG anti-VCA (antigène de capside virale), Les lésions anatomopathologiques associent une
anticorps anti-EA (Ag précoce), anticorps anti-EBNA nécrose étendue de la moelle et une vascularite.62
(antigène nucléaire) dans le sang et le LCR, sur la L’ADN viral est isolé par amplification génomique
recherche de l’ADN viral dans le LCR par amplifica- dans la moelle épinière des sujets décédés.62 Par
tion génomique.46 immunoperoxydase, l’antigène viral est trouvé
dans la partie centrale des zones nécrotiques, dans
Entérovirus les méninges, dans les ganglions rachidiens mais pas
Plusieurs observations ont été rapportées de myé- dans la paroi des vaisseaux.61
lopathie aiguë chez l’enfant au cours d’infections
par les échovirus (2, 5, 18, 25)47-50 ou par les virus Herpes virus de types 6 et 7
coxsackie (A9, B3, B4, B5).51-54 Les b-herpes virus HHV-6 et HHV-7 sont très pro-
ches. HHV-6 a été associé à des tableaux
« Herpes virus » d’encéphalites et a été impliqué dans la sclérose en
plaques.63 Une observation a rapporté le cas d’un
Herpes virus de type 155 patient ayant développé un tableau de MA 11 mois
Le plus souvent responsable d’encéphalites, après une greffe de moelle osseuse et chez qui
HSV1 est responsable, dans de rares cas, chez le HHV-7 a pu être isolé dans le LCR.64
sujet âgé non immunodéprimé, de MA, de radiculi-
tes et de méningites. L’évolution se fait générale- Virus de l’immunodéficience humaine
ment d’un seul tenant pouvant parfois conduire au De nombreux mécanismes peuvent être responsa-
décès. Des formes à rechutes ont été décrites.56 bles d’une atteinte médullaire au cours de l’infec-
L’analyse du LCR montre une pléiocytose (à prédo- tion par le virus de l’immunodéficience humaine
minance lymphocytaire de polynucléaires neutro- (VIH).65 Dans la plupart des cas, l’atteinte médul-
philes) et une hyperprotéinorachie. La glycorachie laire n’est pas due au virus lui-même, mais à une
est normale ou légèrement abaissée. Le diagnostic autre cause favorisée par l’immunodépression.
repose sur l’ascension des anticorps anti-HSV qui C’est le cas des méningo-radiculo-myélites vira-
est retardée de plusieurs semaines, sur l’isolement les (HSV, virus varicelle zona [VZV], cytomégalovi-
ou la culture du virus et sur la recherche de l’ADN rus [CMV]) des abcès médullaires toxoplasmiques,
viral dans le LCR par amplification génomique. Le des myélopathies syphilitique, ou dues à des myco-
traitement associe les corticoïdes et l’aciclovir. bactéries, des compressions épidurales des lympho-
mes.
Herpes virus de type 2 (HSV2) Un cas de MA survenu au cours d’une séroconver-
Habituellement responsable de méningite asepti- sion au VIH a été rapporté chez un homme de 29 ans
que chez l’enfant et l’adulte surtout immunodépri- avec une évolution régressive.66 D’autres ont dé-
més, HSV2 peut entraîner un tableau de myéloradi- crit, chez des patients porteurs de l’infection, des
culite touchant préférentiellement la région MA sans cause spécifique.67,68
lombosacrée.57 Les paresthésies et les douleurs des
membres inférieurs sont inaugurales. Les troubles Cytomégalovirus
génitosphinctériens sont habituels dans l’évolution Les MA isolées sont très rares au cours des infec-
et peuvent même être isolés au début.58 Le tableau tions à CMV et s’intègrent le plus souvent dans un
clinique peut être celui d’une myélopathie aiguë tableau de polyradiculomyélopathie.69 Elles sont
transverse59 ou d’une myélopathie ascendante.57 préférentiellement observées chez les sujets im-
L’éruption cutanée peut toucher les régions génita- munodéprimés par le virus du syndrome de l’immu-
les, et s’accompagne fréquemment d’adénopathies nodéficience humaine acquise (Sida), mais plu-
inguinales. sieurs observations ont été rapportées au cours des
L’analyse du LCR montre une pléiocytose à pré- dernières années chez des sujets immunocompé-
dominance de polynucléaires ou une hyperlympho- tents.70
cytose, et une hyperprotéinorachie. La glycorachie Le tableau clinique est celui d’une myélopathie
est parfois basse, ce qui est notable pour une ascendante s’installant en quelques heures ou
affection virale. Les cultures virales dans le LCR jours, pouvant s’associer à l’atteinte de certains
sont exceptionnellement positives.60 Après une nerfs crâniens (VI, VII).71,72 Les cordons postérieurs
Myélopathies aiguës 535
sont préservés.71,72 Une rétention aiguë d’urine et patients décédant de complications de décubitus et
une diminution du tonus sphinctérien sont des com- 25 % d’entre eux n’ayant aucune récupération.74
plications fréquentes. L’évolution est générale-
ment défavorable, particulièrement dans les poly- Myélopathies bactériennes
radiculomyélopathies, mais des formes d’évolution
bénigne sous traitement ont été décrites.71,72 Tuberculose83
Le LCR est très rarement normal et le plus sou- L’infection par le bacille de Koch (BK) peut être
vent existe une pléiocytose (à prédominance de responsable d’abcès intramédullaires, d’épidurites
polynucléaires ou de lymphocytes) une hyperpro- satellites d’une spondylodiscite d’arachnoïdites in-
téinorachie (qui peut atteindre plusieurs gram- flammatoires, de tuberculomes développés aux dé-
mes). La glycorachie est basse dans un tiers des cas. pens de la moelle elle-même ou bien dans l’espace
Le diagnostic repose sur l’existence concomitante dural, de granulomes épiduraux associés ou non à
d’autres manifestations systémiques (rétinite no- une ostéomyélite vertébrale.
tamment), sur l’isolement du virus dans le LCR, le Une MA peut s’installer en quelques heures ou
sang ou les urines, sur la détection de l’ADN viral jours précédant ou accompagnant une méningite
par amplification génomique. Le traitement repose tuberculeuse ou survenant après l’introduction du
sur l’utilisation du ganciclovir.73 traitement antituberculeux.
L’évolution est généralement défavorable, par- Le LCR montre généralement une hypercytose
ticulièrement dans les polyradiculomyélopathies, rarement supérieure à 300/mm3 (occasionnelle-
mais des formes d’évolution bénigne sous traite- ment, des chiffres allant jusqu’à 1 000/mm3 ou plus
ment ont été décrites.65,66 ont été observés). La formule est variable : initia-
lement panachée ou à prédominance de polynu-
Virus de la varicelle et du zona cléaires neutrophiles, elle évolue habituellement
La survenue d’une myélopathie est une complica- vers une prédominance de lymphocytes. La protéi-
tion exceptionnelle de l’infection à VZV.74 Elle norachie est augmentée (plusieurs grammes par
survient après un zona ou une varicelle et touche litre). Une hypoglycorachie est parfois observée. Le
préférentiellement les sujets immunodéprimés.75 diagnostic de certitude repose sur la mise en évi-
La fréquence des MA au cours des infections à dence du BK à l’examen direct ou par les cultures
herpes zoster est inférieure à 0,8 %.76 Ainsi, dans ou bien par la recherche de l’ADN bactérien par
une série de 1 210 cas de zona examinés en 10 ans à amplification génomique dans le LCR.84
la Mayo clinic, un seul cas de MA fut diagnostiqué.77 Des radiculomyélites ont aussi été décrites en
Le début survient 12 à 14 jours après le début de l’absence de méningite. Dans ces cas, le LCR peut
l’éruption. L’absence d’éruption n’élimine pas le être strictement normal ou montrer une hyperpro-
diagnostic (zona sine herpete).78 téinorachie isolée.
Les premiers signes sont le plus souvent unilaté- Le traitement repose sur l’antibiothérapie spéci-
raux et lorsqu’ils sont bilatéraux, ils sont presque fique. Il n’existe pas de consensus sur le nombre
toujours asymétriques. Par ordre de fréquence dé- d’antituberculeux à administrer, sur la durée du
croissante, les signes sont moteurs, puis sensitifs traitement ni sur l’utilité de l’adjonction de corti-
par atteinte spinothalamique ou cordonale posté- coïdes. Toutefois, par analogie avec les autres for-
rieure. La pléiocytose du LCR est à prédominance mes de tuberculose, une trithérapie comprenant
lymphocytaire, encore que dans les formes à début l’izoniazide et la rifampicine est recommandée
rapide, la formule puisse être panachée ; la glyco- pendant au moins 6 mois. La chirurgie peut être
rachie est normale. L’ADN viral dans le LCR peut nécessaire en cas de compression médullaire.
être recherché par amplification génomique.79 L’évolution sous traitement est variable.85
Chez les sujets immunodéprimés, les particules vi-
rales sont détectables en microscopie électronique Syphilis
dans le LCR. Les anticorps anti-VZV sont habituel- La survenue d’une MA au cours d’une syphilis est
lement présents dans le LCR. L’aspect IRM n’est pas devenue exceptionnelle. Aucun cas n’est rapporté
spécifique (augmentation de volume de la moelle, dans la série de 241 patients de Hooschwand et al.86
hyposignal en séquence pondérée T1 avec rehaus- Elle peut survenir au cours de la syphilis méningo-
sement après injection de gadolinium, hypersignal vasculaire par artérite des artères spinales anté-
en T2.80 rieure ou postérieure.87 On décrit aussi des ta-
Le traitement n’est pas standardisé. La vidara- bleaux de méningomyélite d’installation plus
bine81 l’interféron a,82 les glucocorticoïdes74 et progressive.88
l’association aciclovir-corticoïdes ont été utilisés.79 Le tableau est celui d’une paraparésie évoluant
Le pronostic est en général sévère, un tiers des vers la flaccidité de niveau dorsal. Les membres
536 O. Heinzlef, E. Roullet
supérieurs et les nerfs crâniens sont généralement tion modérée de la protéinorachie, une synthèse
épargnés. Le LCR est lymphocytaire, avec hyper- intrathécale d’immunoglobulines avec la présence
protéinorachie, et parfois hypoglycorachie. Le dia- de bandes oligoclonales en isoélectrofocalisation.
gnostic repose sur la positivité du venereal disease Le traitement repose sur l’antibiothérapie et l’évo-
research laboratory (VDRL) dans le LCR (test spéci- lution est variable. Le diagnostic repose sur le
fique et peu sensible). Le fluorescent treponema- contexte, la détection d’anticorps anti-B. Burgdo-
antibody absorption (FTA-ABS) et le treponema feri dans le sang et le LCR par une technique
pallidum hemagglutination (TPHA) dans le LCR pa- enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) éven-
raissent plus sensibles, mais leur interprétation est tuellement confirmée par un western-blot. Au
parfois difficile du fait de la contamination san- cours de ces dernières années, l’amplification gé-
guine. La place de l’amplification génomique de nomique a été utilisée pour détecter la présence
l’ADN de Treponema pallidum est indéterminée. d’ADN dans le LCR. D’après une revue récente de la
Selon les recommandations du Center of Diseases littérature, il semble que cette technique soit très
Control (CDC),89 le traitement comporte de fortes spécifique mais la sensibilité est variable selon les
doses de pénicilline G (12 à 24 MU j–1 pendant 10 à études publiées.99
14 jours). Les séquelles sont habituelles même si
des régressions ont été rapportées.90 Neurobrucellose
Dix à vingt pour cent des brucelloses se compli-
Mycoplasma pneumoniae91-93 quent de manifestations neurologiques.100 La sur-
La survenue d’une infection des voies aériennes venue d’une MA est rare : quatre cas sur 19 cas de
supérieures ou pulmonaires précédant ou accompa- neurobrucellose dans la série de Shakir et al.101 Le
gnant un tableau de MA doit faire évoquer le dia- tableau est celui d’une paraplégie spastique avec
gnostic d’infection à mycoplasme. La fréquence de rétention d’urines sans troubles sensitifs ni atteinte
cette infection augmente à l’automne et au début de la corne antérieure. Un syndrome cérébelleux
de l’hiver. des membres supérieurs n’est pas rare (trois cas sur
Le tableau est celui d’une MA d’évolution béni- quatre, de même qu’une atteinte des nerfs crâ-
gne, laissant rarement des séquelles. L’autopsie niens (II, VIII). La protéinorachie est élevée et la
d’un cas a montré la présence d’une nécrose mé- pléiocytose du LCR à prédominance lymphocytaire.
dullaire étendue sans vascularite ni inflammation Les sérologies (technique Elisa) dans le sang et le
importante. LCR sont constamment positives. Le pronostic fonc-
L’hypercytose est en général inférieure à tionnel sous traitement semble péjoratif.
100/mm3 à prédominance lymphocytaire ou non. La
protéinorachie est peu élevée. Chlamydia psittaci
Le diagnostic est souvent suspecté sur la pré- Deux observations de MA aiguë au cours d’une
sence d’une agglutinine froide dans le sang. L’iso- psittacose ont été rapportées dans la litttéra-
lement par culture de Mycoplasma pneumoniae ture.102,103
dans les sécrétions respiratoires ou le LCR est diffi-
cile. On peut s’aider de l’ascension des anticorps Myélopathies parasitaires
dans le sang et le LCR prélevés à 2 semaines d’inter-
valle mais le diagnostic est alors rétrospectif. La Schistosomiases104
détection de l’acide ribonucléique (ARN) ribosomal Tous les types de schistosomiases peuvent entraî-
dans les sécrétions respiratoires et la PCR est en ner des myélopathies d’évolution aiguë ou su-
cours d’évaluation. Le traitement repose sur les baiguë. Il s’agit d’une atteinte rare. Elle touche
macrolides ou les cyclines. préférentiellement les hommes, et donne le plus
souvent un tableau de paraparésie ou de paraplé-
Maladie de Lyme gie. L’atteinte des membres supérieurs est rare (un
Les atteintes médullaires s’inscrivent générale- cas sur 14 dans la série de Haribhai et al.104
ment dans le cadre d’une encéphalomyélite.94 Ex- Une hyperéosinophilie sanguine est trouvée dans
ceptionnellement, elles peuvent dominer le ta- la moitié des cas. La sérologie dans le sang est très
bleau clinique. La MA survient le plus souvent à la sensible et une ascension des taux d’anticorps peut
phase aiguë de l’infection lors de l’apparition de être observée dans la moitié des cas.
l’érythème migrant95 ou simultanément à une at- L’analyse du LCR montre une pléiocytose (sans
teinte cardiaque.96 La sévérité du tableau clinique ou avec éosinophiles) en général inférieure à 100
est variable de la simple rétention d’urine97 à la éléments/mm3, la protéinorachie est augmentée
paraplégie complète.98 L’analyse du LCR montre ou normale, la glycorachie est normale ; on peut
une méningite lymphocytaire associée à une éléva- observer une synthèse intrathécale d’immunoglo-
Myélopathies aiguës 537
bulines ou des bandes oligoclonales. Près de 75 % ayant une MA (2 à 6 %).6,8,23 Dans une série de
des patients ont un taux d’anticorps antibilharzie 747 patients souffrant de SEP en Israël, aucun
supérieur à trois déviations standards dans le LCR n’avait débuté sa maladie par une MA.8 À l’opposé
(contre seulement 7 % des contrôles). La biopsie de de ces résultats, 80 % des 15 patients suivis par Ford
muqueuse rectale ou la recherche d’œufs de bilhar- et al.114 pour une MA (durée moyenne de suivi :
zie dans les urines sont constamment positives. 38,5 mois), avaient développé une SEP, mais les
Le traitement médical repose sur le praziquantel auteurs avaient exclu de leur étude les formes
et les corticoïdes. Traitée, la myélopathie a un sévères de MA. Les myélopathies aiguës survenant
pronostic favorable dans plus de 80 % des cas. au cours de la SEP s’accompagnent plus souvent de
troubles de la sensibilité, de lésions médullaires
Toxoplamose postérieures et latérales étendues sur moins de
trois étages, d’une IRM cérébrale anormale et de
Toxoplasma gondii bandes oligoclonales dans le LCR, que les myélopa-
Toxoplasma gondii est responsable de rares obser- thies aiguës d’autres origine.10
vations d’abcès toxoplasmiques médullaires chez Les études de suivi ont montré que l’apparte-
des patients immunodéprimés notamment au cours nance au groupe HLA DR2, la présence de bandes
du sida.105 oligoclonales dans le LCR étaient des facteurs pré-
Le diagnostic repose sur la positivité des anti- dictifs de l’évolution vers une SEP.115 Cependant le
corps dans le LCR, sur l’IRM médullaire qui peut facteur prédictif le plus puissant de développement
montrer un aspect de tumeur intramédullaire avec d’une SEP 5 ans ou 10 ans après le début des
un hyposignal en T1, un élargissement du diamètre troubles est la présence d’anomalies sur l’IRM céré-
de la moelle et une prise de contraste après injec- brale.116 Miller et al. ont suivi 33 patients ayant un
tion de gadolinium. Le diagnostic différentiel est tableau de MA. Parmi ceux-ci, 18 avaient des hyper-
celui de lymphome médullaire. La biopsie médul- signaux disséminés dans la substance blanche céré-
laire peut être nécessaire pour poser le diagnostic. brale.26 Tous les patients de ce groupe avaient une
forme incomplète de MA et 13 d’entre eux (72 %)
Toxocarose106 ont développé une SEP définie au terme du suivi
L’atteinte du système nerveux central (SNC) au moyen de 14,7 mois. En revanche, un seul des
cours des atteintes viscérales de larva migrans 15 patients dont l’IRM initiale était normale a déve-
(Toxocara) est rare. Les cas de MA sont possibles au loppé une SEP. Dans l’étude de Ford et al., 11 des
cours de cette infection associée ou non à une 12 patients ayant une IRM anormale ont développé
atteinte encéphalique ou méningée. Les arguments une SEP.114 Dans une série de 28 patients suivis
en faveur du diagnostic sont la présence d’éosino- pendant 5 ans après la survenue d’une myélopathie
philes dans le sang et le LCR, une sérologie anti- aiguë ou subaiguë, le risque de développer une SEP
Toxocara positive dans le sang et le LCR, l’amélio- était particulièrement augmenté lorsque il y avait
ration sous traitement par albendazole ou quatre lésions ou plus sur l’IRM initiale ou quand le
thiabendazole. patient était HLA DR2. Ainsi 88 % des patients ayant
ces deux critères ont développé une SEP contre
Vaccinations seulement 7 % de ceux n’en ayant aucun des
deux.115
Les myélopathies survenant dans les suites d’une
À 10 ans, le risque de développer une SEP après
vaccination s’inscrivent généralement dans le ca-
une MA est de 25 % (2/8) lorsque l’IRM cérébrale
dre d’une encéphalomyélite disséminée. Toutefois,
initiale est normale alors qu’il est de 67 % quand
des cas de MA isolées ont été rapportées.107,108 Les
l’IRM cérébrale est anormale. Ce risque est proche
signes cliniques apparaissent quelques jours ou se-
de celui observé après une neuropathie optique
maines après la vaccination et ont une évolution
isolée ou une atteinte du tronc cérébral. La charge
monophasique pouvant laisser des séquelles. Des
lésionnelle initiale est également un facteur pré-
MA ont été observées dans les suites de vaccina-
dictif du risque de développer une forme secondai-
tions contre la variole, la rage, la rubéole, le cho-
rement progressive ou d’avoir un handicap impor-
léra, la poliomyélite, la grippe, l’hépatite B, la
tant à 10 ans.116
typhoïde la diphtérie, les encéphalites à tiques, et
le tétanos.107-113
Myélopathies toxiques
Myélopathie aiguë et sclérose en plaques
Héroïne
Les études de suivi ont montré que le risque de Des MA ont été décrites en association avec la prise
survenue d’une SEP est faible parmi les patients d’héroïne IV117 ou par voie intranasale.118 Les MA
538 O. Heinzlef, E. Roullet
Tableau 7 Analyse de l’effet des corticoïdes sur la récupération selon les critères établis par Paine et Byers.5
Corticoïdes + Corticoïdes – Total
n n
Récupération Bonne Mauvaise Bonne Mauvaise
Altrocchi6 1 5 12 19 37
Paine et Byers5 1 – 16 8 25
Ropper et Poskanzer24 19 5 17 7 48
Total 21 10 45 34 110
récurrentes sont possibles136 et le traitement re- réalisée. Les seules données dont on dispose pour
pose sur l’association corticoïdes et anticoagu- juger de l’efficacité de ces produits viennent d’étu-
lants.135 des rétrospectives ou de suivi de malades. Trois
études, rétrospectives et non contrôlées, portant
Syndrome de Gougerot-Sjögren primaire sur un nombre suffisant de malades et où sont
détaillés le traitement et l’évolution des malades,
Selon l’équipe d’Alexander, 20 % des patients ayant sont disponibles (Tableau 7). Plus récemment, une
un syndrome de Gougerot-Sjögren primaire avaient étude chez l’enfant a comparé l’évolution chez
des manifestations neurologiques centrales.137 12 patients traités par fortes doses de corticoïdes
Parmi 20 patients ayant un syndrome de (méthylprednisolone [MP] IV 1 g/1,73 m2/j pendant
Gougerot-Sjögren primaire et des manifestations 3 à 5 jours suivis par une corticothérapie de relais)
neurologiques évoquant une sclérose en plaques, à une série historique de 17 enfants non traités ou
13 avaient un tableau de myélopathie aiguë ou traités par corticoïdes per os. À 1 mois, 8/12 en-
subaiguë, deux une vessie neurologique sans autres fants (66 %) avaient une marche autonome dans le
signes d’atteinte médullaire, deux un syndrome de groupe MP contre 3/17 (17,6 %) dans le groupe
Brown-Séquard et tous une atteinte encéphalique. contrôle (p = 0,02). À 1 an, davantage d’enfants
Le LCR montrait une pléiocytose à prédominance avaient totalement récupéré dans le groupe MP
lymphocytaire (en moyenne 10 éléments/mm3), (75 % versus 23,5 % ; p = 0,006).143 En cas d’échec
une hypoglycorachie, une hyperprotéinorachie, défini par l’absence de récupération ou l’aggrava-
une augmentation des IgG et des bandes oligoclo- tion du déficit neurologique on peut proposer la
nales. Une amélioration ou une stabilisation ont été réalisation d’échanges plasmatiques.40,144
obtenues chez 13 des 14 patients traités par les Il n’y a pas aujourd’hui d’arguments pour insti-
corticoïdes (40 à 60 mg de prednisone), alors que tuer un traitement de fond après un épisode de
l’état des six patients non traités s’était ag- myélopathie aiguë transverse n’entrant pas dans le
gravé.138 Le traitement recommandé repose sur cadre d’une sclérose en plaques ou d’une maladie
l’association cyclophosphamide et corticoïdes.139 de système.
Myélopathies paranéoplasiques140,141
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