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quelle place ?
RÉSUMÉ I SUMMARY
La prise en charge des hernies discales peut s’envisager sous The treatment of disc herniation may be seen from different
différents aspects. Elle doit être complétée par la rééducation. perspectives; the medical treatment must be supplemented by Xavier DUFOUR
La thérapie manuelle basée sur la compréhension mécanique rehabilitation.
Kinésithérapeute
des douleurs doit être réalisée conjointement aux principes de Manual therapy based on the understanding of mechanical pains
Ostéopathe
McKenzie. Le renforcement trouve alors sa place dans un second should be conducted jointly with the McKenzie principles. Muscular
temps. strengthening can be subsequently practised. Directeur de l'ITMP
de Paris
Frédéric MEYER
D
ans les cabinets de kinésithérapie, la her- périphérique. Cette innervation utilise le relais du Kinésithérapeute
Ostéopathe
nie discale est une pathologie souvent système neurovégétatif, elle n’est ni unisegmen-
Institut de thérapie
rencontrée dont la clinique varie de la taire ni unilatérale, contrairement aux articulaires manuelle de Paris
douleur lombaire basse en barre diffuse et symé- postérieures.
Les auteurs déclarent
trique à la cruralgie ou sciatalgie paralysante. • Le plus souvent, la douleur discale a donc une
avoir un conflit
expression en barre diffuse et symétrique au d'intérêt :
Si les symptômes sont très variables avec des
niveau du rachis, contrairement aux processus G.B. : directeur,
causes biochimiques, la thérapie manuelle peut gérant d'ITMP SARL
articulaires postérieurs. En revanche, la douleur
apporter des solutions après un examen clinique X.D. : directeur,
irradiée dans le membre inférieur est unilatérale. gérant d'ITMP SARL
complet. Toutefois, malgré tous ses avantages que
Toute notion de douleur bilatérale doit faire évo-
nous expliquons ci-dessous, la thérapie manuelle
quer un canal lombaire étroit ou l’association de
ne peut s’envisager dans les hernies discales
deux pathologies, hernie discale et syndrome du
sans les principes proposés à travers la méthode
pyramidal par exemple.
McKenzie exposés dans ce même numéro.
• Rappelons que l’imagerie, le scanner ou l’IRM en
Après quelques rappels de définition et de physio- particulier, peuvent s’avérer très utiles pour réa-
pathologie, nous présenterons les différentes liser un diagnostic différentiel lorsque cela est
étapes du traitement. nécessaire.
• Afin de pouvoir utiliser au mieux les données de
l’interrogatoire, il faut comprendre les différentes
formes de douleurs. Cette compréhension des
DÉFINITIONS [1-4]
symptômes des patients permet de proposer une
• Thérapie manuelle : « Art de soigner avec ses meilleure interprétation de l’étiologie.
mains », utilisant de nombreuses techniques de
• Douleur irradiée : intégration corticale des
diagnostic et de traitement autour du principe
influx nerveux douloureux liés à la compression
« Libérer, Maintenir, Entretenir »
d’un nerf ou d’une racine, par hernie discale ou
• Hernie discale : pathologie du disque interver- par syndrome du pyramidal.
tébral se manifestant à travers des modifications • Des signes cliniques associés comme des troubles
biologiques et mécaniques. Le disque est innervé sensitifs ou moteurs peuvent être associés à une
par le nerf sinu-vertébral de Luschka dans son 1/3 douleur précise à type de trajet. Kinésithér Scient 2012;529:19-25
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• Douleur projetée : erreur de représentation liée nique soigneux permet de faire un diagnostic
aux différents influx sensitifs d’un même méta- exact du syndrome douloureux.
mère. Cette théorie explique les douleurs dans le
membre inférieur causées par un désordre méca-
nique sur le métamère en lien. PHYSIOPATHOLOGIE :
• Les signes associés sont à type d’infiltrat en lien modèle explicatif [5-9]
avec une douleur diffuse.
• Il existe une variante de la douleur projetée : les En plus des modifications chimiques et histolo-
douleurs référées sont les plus trompeuses des giques développées dans ce numéro par le Dr
douleurs projetées. Il existe en effet au niveau Nys, rappelons que la hernie discale est provo-
de la corne postérieure de la moelle, à chaque quée par des contraintes mécaniques répétées
métamère une convergence d'un flux nocicep- en flexion associées ou non à des ports de charge.
tif provenant de différents territoires (cutanés, En effet, l’ergonomie nous apprend qu’il existe
musculaires, articulaires ou viscéraux). Ces fibres des contraintes extrinsèques au corps (le port de
vont converger vers le même neurone spino-tha- charges) et des contraintes intrinsèques (propre
lamique qui envoie les influx au niveau du tha- poids du sujet générateur des mêmes contraintes).
lamus et du cortex. Un même neurone de type Cet aspect du problème est abordé dans le cha-
nociceptif peut donc être mis en jeu par diverses pitre ergonomie. Cette théorie est étayée par les
influences nociceptives, de topographie diverses. travaux sur la pression intradiscale du Dr Nachem-
son et par le modèle discal développé par Robin
McKenzie.
Un examen clinique soigneux permet Le raisonnement qui nous guide se fonde sur l’ex-
plication des contraintes mécaniques sur le disque
de faire un diagnostic exact
intervertébral lésé. Toute augmentation des
du syndrome douloureux" contraintes favorisera l’apparition ou l’augmen-
tation des douleurs. Les contraintes sont de deux
ordres : statiques et dynamiques. Les contraintes
• Les aires corticales possèdent une capacité
dynamiques sont en lien avec le secteur sous-
d'analyse topographique précise pour la peau,
pelvien et les contraintes statiques avec le secteur
les articulations mais beaucoup plus imprécise
rachidien.
pour les muscles, les vaisseaux et totalement
absente pour les viscères. Par conséquent, une
sollicitation nociceptive d'un viscère peut être
n Contraintes dynamiques
faussement rapportée au territoire cutané dont
l'innervation converge sur le même métamère. Si les extenseurs de coxo-fémorale, en particu-
• De nombreux pièges sont plus ou moins bien lier le grand fessier et les ischio-jambiers, sont
connus des médecins comme la localisation hypoextensibles, la mobilité des coxofémorales
douloureuse de la colique néphrétique, la loca- est alors limitée. Pour un mouvement de flexion
lisation douloureuse de la vessie... Pour déjouer d’une valeur donnée, le rachis lombaire participe
ces pièges, il faut donc tenir compte des circons- alors plus que d’habitude ce qui a pour effet de
tances de survenue de la douleur. On peut utiliser majorer les contraintes compressives sur le disque
des blocs anesthésiques diagnostiques pour pro- intervertébral.
gresser dans le diagnostic, et ainsi redresser des
Il existe différentes étiologies expliquant cette
situations cliniques difficiles.
perte de mobilité, hypoextensibilités musculaires,
En conclusion, il faut retenir que les voies rétraction capsulaires et ligamentaires, défaut de
de la douleur sont systématisées, assez bien glissement des surfaces articulaires, désordres
connues, qu'il existe une mémoire de la douleur fasciaux. Une fois, l’origine du problème établie,
au niveau de la corne postérieure de la moelle, le choix des techniques de soin devient beaucoup
qu'il y a différentes composantes physiopa- plus aisé en fonction des formations et habitudes
Kinésithér Scient 2012;529:19-25 thologiques de la douleur et qu'un examen cli- de chacun.
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© D.R.
XXFigure 1
Ci-dessus, technique de levée de tension
du grand fessier gauche et du psoas droit
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• Les résultats sont variables en fonction de la
spécialité de leurs auteurs :
--> 2/3 de résultats positifs pour des manipu-
lations respectant les règles de non-dou-
leur et patients présentant 2 à 3 degrés de
liberté sur 6 (R. Maigne, d’Ormano…) [2].
--> Les publications anglo-saxonnes, plus nom-
breuses, ont des résultats montrant une
amélioration au moins aussi bonne que les
autres traitements sans risques supérieurs
[3].
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Thérapie manuelle de la hernie discale :
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n Maintenir CONCLUSION
Cette étape ne peut se concevoir qu’à partir du La thérapie manuelle complétée par les principes
moment où la douleur a suffisamment diminué de la méthode McKenzie nous semble être le meil-
pour que le renforcement musculaire puisse être leur moyen dont le kinésithérapeute dispose dans
efficace. le traitement des hernies discales en particulier
dans la première phase douloureuse.
Deux types d’action peuvent être envisagées. Les
spinaux sont beaucoup plus déficitaires que les Dans un second temps, le renforcement muscu-
abdominaux chez les lombalgiques chroniques. laire est nécessaire car l’immobilisation relative
Leur renforcement doit être la priorité. provoquée par la douleur peut provoquer un
déconditionnement.
Rappelons qu’il existe une modification histolo-
gique des fibres musculaires les fibres I se transfor- Certains patients nécessiteront une intervention
ment en fibres IIb, c’est-à-dire une perte des fibres chirurgicale développée dans ce même numéro.
endurantes au profit des fibres rapides. Il est donc Ensuite, la prévention nous paraît essentielle pour
important d’évaluer l’endurance plus que la force, limiter les récidives. ✖
cliniquement le test de Sorensen nous paraît parti-
culièrement indiqué.
n Entretenir
QUIZ Réponses page 65
Ce point du traitement est developpé dans l’article
1. Il est indiqué de mobiliser spécifiquement une
sur l’école du dos. Ce point nous paraît toutefois hernie discale.
indispensable pour compléter le traitement cura- n A- Vrai
tif. Si un employé reproduit quotidiennement n B- Faux
des ports de charge en flexion ou des attitudes 2. Les mobilisations spécifiques sont interdites à
posturales en cyphose lombaire pendant de lon- tous les étages en cas de hernie.
gues heures, il risque fortement de reproduire les n A- Vrai
n B- Faux
symptômes pour lesquels il est venu consulter.
3. La thérapie manuelle peut être un bon
Plusieurs stratégies peuvent s’envisager. La mise complément de la méthode McKenzie.
en place d’une ergonomie autour du matériel n A- Vrai
avec des recherches de solutions visant à réduire n B- Faux
l’enroulement lombaire. Ceci peut être complété 4. Le renforcement musculaire est utile quand la
par une formation à l’économie posturale de type douleur cède.
n A- Vrai
verrouillage lombaire. n B- Faux
Par ailleurs, l’activité physique ou sportive peut 5. La prévention ne sert à rien.
permettre de compenser des activités profession- n A- Vrai
nelles nocives en permettant d’entretenir la mobi- n B- Faux
Kinésithér Scient 2012;529:19-25 lité et la musculature de l’appareil locomoteur.
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