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REVUE MÉDICALE SUISSE

Granulomatoses cutanées
Drs MARIE-ASTRID PEETERS a et EMMANUEL LAFFITTE a

Rev Med Suisse 2016 ; 12 : 640-5

Les granulomatoses cutanées représentent un vaste groupe de D’un point de vue clinique, il est utile de séparer les formes
dermatoses réactionnelles survenant en réponse à différents localisées des formes plus disséminées, bien que cette dis­
­stimuli et dont la biopsie cutanée est caractérisée par un infiltrat tinction soit parfois artificielle.
inflammatoire granulomateux. De par leur présentation clinique
très hétérogène, il s’avère difficile de les distinguer et d’en faire
le diagnostic. Il peut alors être utile de séparer cliniquement les Granulomatoses cutanées localisées
formes localisées des formes disséminées, bien que cette distinc-
tion soit parfois artificielle. Nous aborderons ici les principales On peut en distinguer trois types : les granulomes palissadi­
formes de granulomatoses cutanées localisées et disséminées, et, ques (granulome annulaire, nécrobiose lipoïdique et nodules
à la lumière de données récentes dans la littérature, mentionne- rhumatoïdes), les granulomes à corps étranger et les granu­
rons les différentes possibilités thérapeutiques selon chaque cas. lomes infectieux.

Cutaneous granulomatosis Granulomes palissadiques


Granulomatous skin diseases represent a large group of reactive Le terme de granulome palissadique correspond à une des­
dermatoses occurring in response to different stimuli and whose cription histologique : il s’agit de lésions granulomateuses in­
skin biopsy is characterized by a granulomatous inflammatory infil­ flammatoires nodulaires, caractérisées par une zone centrale
trate. By their very heterogeneous clinical presentation, it seems de tissu conjonctif altéré, entourées par des histiocytes dont
difficult to distinguish them and make their diagnosis. Clinically, it l’alignement plus ou moins régulier fait parler de « palissade ».
may be useful to separate localized forms of disseminated forms of Les anomalies observées au centre des granulomes permet­tent
cutaneous granulomatosis, although this distinction is often artifi­ en général de distinguer la maladie en cause. On peut dès lors
cial. We will discuss here the main forms of localized and dissemi­ faire, dans la plupart des cas, le diagnostic différentiel de ces
nated cutaneous granulomatosis, and, in light of recent literature entités à l’examen histopathologique standard.
data, mention different therapeutic options in each case.
Granulome annulaire
Il s’agit de la forme de granulomes cutanés localisés la plus
Introduction fréquente ; deux tiers des patients atteints ont moins de 30 ans,
avec un ratio femmes-hommes de 2 : 1. La forme localisée est
Les granulomatoses cutanées sont des dermatoses hétérogènes la plus commune (75 % des cas), sous forme de plaques grou­
correspondant à un processus granulomateux réactionnel à pées en anneaux à progression centrifuge. Ces plaques sont
différents stimuli : infectieux, inflammatoires, néoplasiques, elles-mêmes constituées de petites papules fermes et bien
métaboliques ou chimiques, ce qui explique la grande variété ­délimitées (figure 1). Ces lésions, parfois prurigineuses, sont
d’étiologies trouvées face à des présentations cliniques et his­ situées généralement sur le dos des mains et des pieds, les
tologiques multiples. poignets, les chevilles et les faces dorso-latérales des doigts.
Parmi les atteintes plus rares, on retrouve la forme sous-cutanée
La lésion élémentaire correspond à une papule infiltrée, arron­
die, bien limitée, rouge rosé et prenant une couleur jaunâtre à
la vitropression. Les papules confluent pour former des plaques, fig 1 Granulome annulaire
parfois arciformes ou annulaires, pouvant laisser des séquelles
atrophiques et / ou dyschromiques en régressant.

En histologie, le dénominateur commun est la présence d’un


infiltrat inflammatoire granulomateux, composé de macropha­
ges groupés en nodules ou plages plus ou moins bien limitées,
ayant une architecture nodulaire, palissadique ou intersti­
tielle. Selon le type d’infiltrat cellulaire, les altérations du col­
lagène et la nature des cellules histiocytaires, il est classique
de séparer les granulomes en différents types : palissadique,
corps étranger, suppuratif, tuberculeux et sarcoïdosique.

a Clinique de dermatologie, HUG, 1211 Genève 14


marie-astrid.peeters@hcuge.ch | emmanuel.laffitte@hcuge.ch

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Dermatologie

(derme profond), plus commune chez l’enfant, consistant en


nodules fermes et indolores, situés à l’extrémité des mem­bres fig 2 Nécrobiose lipoïdique
inférieurs. Ces lésions peuvent être prises à tort pour des
­nodules rhumatoïdes (nodules « pseudo-rhumatoïdes »).

Le diagnostic est avant tout clinique. La biopsie cutanée permet,


dans les cas douteux, de poser le diagnostic avec certitude.
L’étiologie reste inconnue mais plusieurs facteurs déclenchants
sont rapportés dans la littérature : traumatismes, piqûres d’in­
sectes, vaccinations (BCG), infections virales (hépatites, VIH,
VZV (virus varicelle-zona)). On évoque classiquement une
association avec le diabète,1,2 une dysthyroïdie 3 ou une dysli­
pidémie.4 Le bilan éventuel est guidé par le contexte clinique, il
n’est pas systématique : hémogramme, sérologie VIH, glycémie
à jeun et thyréostimuline (TSH).

Des granulomes annulaires plus disséminés sont également


décrits, disposés de façon symétrique, principalement sur le
tronc et les extrémités ; des formes paranéoplasiques dans le sont proposés : corticothérapie locale sous occlusion ou intra­
cadre de tumeurs d’organes solides ou de lymphomes ont été lésionnelle, chirurgie avec greffe cutanée, et nombreux traite­
décrites.5 Chez ces patients, l’aspect clinique était souvent ments systémiques : corticothérapie générale, antipaludéens
atypique, diffus. Aussi, lorsque un granulome annulaire est de synthèse, photothérapie, ciclosporine, mycophénolate mo­
étendu ou atypique, un examen clinique approfondi à la recher­ fétil, avec des résultats variables.
che d’une pathologie sous-jacente doit être réalisé.
Nodules rhumatoïdes
L’évolution des lésions est imprévisible mais est en général Il s’agit de la manifestation extra-articulaire la plus fréquente
bénigne. Les formes typiques guérissent spontanément dans de la polyarthrite rhumatoïde (PR) : 15-20 % des patients adultes
un délai de quelques mois à deux ou trois ans ; on peut en ac­ atteints de PR ont des nodules rhumatoïdes.7 Ils seraient des
célérer la disparition par cryothérapie ou corticothérapie lo­ prédicteurs cliniques d’arthrite sévère, séropositive, érosive,
cale, éventuellement sous occlusion. Des régressions sont associée à une vasculite, et leur présence suggère souvent la
parfois observées après biopsie de la bordure d’une plaque : ce nécessité d’un traitement agressif.8 Ce sont des nodules pro­
phénomène classique et discuté n’a jamais reçu d’explication fonds, plus ou moins fermes, de taille variable (2 mm à plus de
satisfaisante. Pour les formes généralisées ou atypiques, le 5 cm), localisés aux faces d’extension des grandes articulations
traitement est difficile en raison de la nature récalcitrante des ou aux points de pression (coude le plus souvent), mais aussi
lésions et de l’absence de traitement validé. Les antipalu­ sur les tendons.9 Des localisations viscérales sont possibles.
déens de synthèse sont classiquement proposés, surtout dans Généralement indolores, ils peuvent néanmoins être doulou­
les formes photo-aggravées. reux en s’ulcérant ou entraîner une gêne fonctionnelle ou à
l’appui.
Nécrobiose lipoïdique
La nécrobiose lipoïdique survient généralement chez l’adulte L’évolution de ces nodules est variable : croissance, régression,
jeune ou d’âge moyen, avec une prédominance féminine (3 fem­ récidive (souvent au même site) ou persistance à long terme ;
mes : 1 homme). Son nom décrit ses caractéristiques cliniques : ils peuvent être traités par injection de corticoïdes intralé­
« nécrobiose » se réfère à l’histologie et « lipoïdique » correspond sionnels ou exérèse chirurgicale.
à l’apparence jaunâtre des lésions liée aux dépôts de lipides,
secondaires à la dégénérescence du collagène. Granulomes à corps étranger 7
Fréquemment associée au diabète (80 à 90 % des cas), elle Suite à la présence d’un corps étranger dans la peau, on peut
reste relativement rare, ne survenant que chez 0,3 à 1,2 % des observer une réaction tissulaire inflammatoire menant à la
patients diabétiques.6 formation d’un granulome dont le centre est constitué du corps
étranger lui-même. La présentation clinique dépend de la ré­
L’aspect clinique typique se présente initialement sous forme ponse tissulaire au corps étranger, du site anatomique ainsi
de lésions prétibiales, bilatérales, papuleuses ou nodulaires que du mode d’entrée, de la composition et de la quantité du
qui s’élargissent progressivement en plaques ovalaires, avec matériel en cause. On peut ainsi observer des papules, des no­
une bordure active érythémateuse surélevée, entourant une dules ou des plaques plus ou moins érythémateuses, qui dur­
aire centrale d’aspect cicatriciel atrophique et télangiecta­ cissent avec le temps de par leur évolution fibrosante. Le temps
sique (figure 2). Avec le temps, la plaque s’indure et devient de latence est très variable entre l’inclusion du corps étranger
adhérente aux plans sous-jacents, les bords restant actifs. Les dans la peau et l’apparition de granulome, jusqu’à plusieurs
lésions sont indolores, sauf en cas d’ulcération suite à des années. A noter actuellement une recrudescence de réactions
traumatismes souvent mineurs. granulomateuses sur produits de comblement (résorbables
ou non) utilisés en médecine esthétique (figure 3), entraînant
L’évolution est chronique et le traitement difficile ; le contrôle généralement des conséquences esthétiques et psychologi­ques
glycémique n’améliore pas les lésions. Différents traitements dramatiques chez les sujets atteints.

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Granulome de jouvence sur produit fig 5 Granulome à Mycobacterium chelonae


fig 3 de comblement (A) + image IRM (B)

A B

Granulomes infectieux
Il s’agit en général d’infections cutanées, localisées et chroni­
ques, l’agent en cause pouvant être une mycobactérie (tuber­
culose, mycobactérie atypique), un parasite (leishmaniose) ou
fongique (rare chez le sujet immunocompétent).

Le diagnostic se fait par la culture ou par PCR des biopsies.


Ces examens peuvent toutefois être négatifs et le diagnostic
repose alors sur la seule corrélation anatomoclinique.

Les lésions de tuberculose cutanée présentent un polymor­


phisme clinique qui s’explique par différents facteurs tels que
le degré de virulence de la souche infectante, le mode de pro­
pagation de l’infection et le statut immunitaire de l’hôte. Citons Mycobacterium chelonae est une mycobactérie à croissance ra­
comme exemples, parmi les formes localisées, le scrofuloderme, pide, pouvant provoquer des abcès chez les sujets immuno­
le lupus vulgaire ou la tuberculose cutanée verruqueuse. Parmi compétents suite à une inoculation souvent iatrogène, lors
les mycobactéries atypiques, Mycobacterium marinum est le plus d’utilisation de matériel à usage multiple mal stérilisé (méso­
souvent impliqué. Il est à l’origine du granulome des aqua­ thérapie, liposuccion, hémodialyse…) (figure 5). Les lésions
riums suite à la contamination d’une blessure par l’eau pol­ sont localisées et surviennent après une incubation d’un à six
luée. Il se manifeste sous forme de papules ou nodules parfois mois.11 Le drainage et la mise à plat de l’abcès en association
ulcérés, solitaires ou multiples, typiquement sur une main aux antibiotiques sont indispensables au traitement.
(souvent la main dominante contaminée lors du nettoyage de
l’aquarium) et l’avant-bras, avec parfois une disposition spo­
rotrichoïde le long d’un trajet lymphatique (figure 4).10 Granulomatoses cutanées disséminées
Elles correspondent à des lésions d’allures granulomateuses
fig 4 Granulomes à Mycobacterium marinum diffuses ; nous distinguerons les formes infectieuses des formes
non infectieuses.

Formes infectieuses
Il s’agit principalement d’infections systémiques. Pratiquement
tous les agents infectieux pouvant induire des granulomes
peuvent être responsables d’une atteinte cutanéo-muqueuse.12
Dans ce cas, les lésions cutanées ne sont pas spécifiques. Ce
sont le contexte et les atteintes associées qui orienteront le
diagnostic, ainsi que les explorations spécifiques sur le tissu.
Le germe n’est classiquement pas isolé dans les lésions cuta­
nées en histologie ou en culture car il s’agirait d’une réaction
« d’hypersensibilité » aux antigènes infectieux ; les techniques
de PCR les plus sensibles sont cependant parfois positives.
Parmi les nombreuses infections responsables (tableau 1),

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Dermatologie

Etiologies infectieuses les plus Principales étiologies des


Tableau 1 courantes des granulomatoses Tableau 2 granulomatoses cutanées
cutanées disséminées disséminées, non infectieuses15
EBV : Virus Epstein-Barr ; CMV : cytomégalovirus. G-CSF : granulocyte colony-stimulating factor.
Bactéries Virus Parasites Champignons Maladies inflammatoires systémiques
• Sarcoïdose
Mycobactéries VIH Bilharziose Candidose • Connectivites, lupus systémique, polyarthrite rhumatoïde (granulomatose
Tuberculose VHB, VHC Toxocarose Aspergillose interstitielle diffuse avec arthrite)
Mycobactéries atypiques EBV Toxoplasmose Cryptococcose • Colites inflammatoires, hépatites auto-immunes
Lèpre CMV Leishmaniose Histoplasmose
Autres Néoplasies
• Lymphomes :
Syphilis
– cutanés : lymphomes T de type mycosis fongoïde (granulomateux)
Listériose
– systémiques : hodgkiniens, non hodgkiniens
Salmonellose
• Syndromes myélodysplasiques
Donovanose
• Tumeurs solides : poumon, sein, col de l’utérus, prostate 
Brucellose
Pasteurellose Métaboliques
Yersiniose Diabète, dyslipidémie, dysthyroïdie 
Nocardiose
Bartonellose Toxiques
Tularémie • Médicamenteux : antihypertenseurs, hypolipémiants…
Whipple • Immunothérapie et facteurs de croissance: interféron a, G-CSF, inhibiteurs

du TNFa
Déficits immunitaires
les mycobactéries sont souvent en cause. En particulier dans • Congénitaux, déficit immunitaire commun variable ou sévère, syndrome

la tuberculose, on distingue des tuberculides réactionnelles de Wiskott-Aldrich, granulomatose cutanée chronique


• Acquis, iatrogènes
plus ou moins étendues dont la forme la plus habituelle est
rapportée sous le terme de lichen scrofulosorum (figure 6). Idiopathique, diagnostic d’attente

Formes non infectieuses


plusieurs grands groupes (tableau 2). Nous n’aborderons dans
Les étiologies des granulomatoses cutanées disséminées, non ce chapitre que la sarcoïdose et la dermatite granulomateuse
infectieuses, sont nombreuses et peuvent être réparties selon interstitielle diffuse avec arthrite.

Sarcoïdose
fig 6 Lichen scrofulosorum Cette pathologie inflammatoire chronique peut atteindre divers
organes dont la peau. On distingue les manifestations cutanées
non spécifiques telles que l’érythème noueux, des manifestations
spécifiques, caractérisées par la présence de granulomes non
caséeux à l’histologie. Elles se rencontrent dans 10 à 40 % des
cas de sarcoïdose, sont fréquemment observées au début de la
maladie et peuvent précéder les signes systémiques de 6 mois
à 3 ans. Le risque de développer une sarcoïdose systémique pour
les patients présentant une atteinte cutanée limitée est inconnu.

Bien que les caractéristiques histopathologiques des lésions


cutanées spécifiques de la sarcoïdose soient similaires, les
manifestations cliniques varient largement.13

fig 7 Lésions papuleuses de sarcoïdose

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vent les épaules, les bras, le dos et les fesses, le visage et le


fig 8 Sarcoïdose à petits nodules scalp où elles peuvent laisser place à une alopécie cicatri­
cielle. Les plaques sont plutôt associées à des formes chro­
niques de sarcoïdose et ont plus tendance à persister ou à
récidiver, en laissant parfois place à une cicatrice perma­
nente.
• Les formes infiltrantes diffuses : le lupus pernio représente
l’atteinte la plus caractéristique de la sarcoïdose. On l’ob­
serve le plus souvent chez les femmes noires antillaises ; la
fréquence chez les Caucasiens est variable selon les séries.
L’atteinte touche généralement le nez, les joues, les lobes
des oreilles, les lèvres, parfois avec une composante télan­
giectasique. La face dorsale des mains, les doigts et les orteils
sont moins touchés mais souvent associés à des lésions
­osseuses sous-jacentes.14 L’atteinte esthétique est majeure,
d’autant plus que d’autres manifestations cutanées sont
souvent associées. Le lupus pernio signe une forme chroni­
que et fibrosante de la maladie comportant un risque parti­
culier d’atteinte des voies aériennes supérieures (nasopha­
rynx, larynx).
• Les formes post-traumatiques ou sur cicatrice. La présence de
granulomes sarcoïdosiques dans le tissu cicatriciel est une
manifestation cutanée relativement fréquente de sarcoïdose.
L’infiltration érythémateuse d’anciennes cicatrices (parfois
de plus de vingt ans) ou de tatouages constitue un mode de
découverte caractéristique d’une sarcoïdose souvent évo­
lutive sur le plan viscéral. Les cicatrices s’épaississent et /
ou deviennent érythémateuses à violacées et indurées.
• Il existe de nombreuses autres formes cliniques de locali­
sation cutanée de sarcoïdose (érythrodermie, ichtyosiforme,
chalazodermique...) ; les phanères (déformations des ongles,
On distingue principalement : alopécie) et les muqueuses (hyperémie, papules, infiltration
• Les macules et papules (« sarcoïdes à petits nodules ») : éparses conjonctive ou muqueuse buccale) peuvent être atteints.
et discrètement infiltrées, de teinte rouge-brun à pourpre.
De taille inférieure au centimètre (figures 7 et 8), elles sont Le diagnostic de sarcoïdose cutanée repose sur la corrélation
situées le plus souvent au visage avec une atteinte palpé­ anatomoclinique et l’exclusion d’une autre cause. L’évolution
brale, périorbitaire et des sillons nasogéniens. Elles sont de l’atteinte cutanée est non corrélée à la gravité de l’atteinte
plutôt l’apanage des formes aiguës de sarcoïdose et dispa­ systémique mais ces lésions sont difficiles à traiter : les lésions
raissent généralement sans laisser de cicatrice. Dans certains localisées peuvent être améliorées par des corticostéroïdes
cas, les papules peuvent s’étendre ou coalescer pour former topiques, les antipaludéens de synthèse et / ou les cyclines, voire
des lésions annulaires ou des plaques. le méthotrexate. Les formes cutanées graves ou étendues ré­
• Les plaques et nodules (« sarcoïdes à gros nodules ») : plus pondent en général à une corticothérapie systémique ; d’autres
épaisses, indurées et infiltrées, avec une coloration chair,
érythémateuse ou brunâtre (figure 9). Elles touchent sou­
fig 10 Dermatite granulomateuse interstitielle

fig 9 Sarcoïdose en plaque

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Dermatologie

traitements systémiques sont utilisés comme les immunosup­ l’absence de cause objectivée, un suivi clinique / paraclinique
presseurs, la thalidomide ou les anti-TNF. au long cours est nécessaire étant donné que les manifesta­
tions cutanées peuvent précéder de plusieurs années une
Dermatite granulomateuse interstitielle cause ­systémique.
La dermatite granulomateuse interstitielle est une pathologie
rare, caractérisée à l’histologie par la présence dans le derme Conflit d’intérêts : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation
avec cet article.
d’un infiltrat granulomateux interstitiel. La présentation cli­
nique se fait sous forme de cordons douloureux et tendus des
régions axillo-thoraciques ou parfois de plaques érythéma­
teuses annulaires et indurées des extrémités (figure 10).
Implications pratiques
Elle a été associée à diverses maladies systémiques, notam­
ment auto-immunes telles que la PR (la plus fréquente), la En cas de suspicion de granulomatose cutanée, une biopsie
sclérodermie ou le lupus érythémateux. D’autres étiologies ont cutanée doit être effectuée pour confirmer le diagnostic, avec,
été rapportées dans des cas isolés, notamment néoplasique ou selon les cas, mise en culture du prélèvement (bactériologie,
médicamenteuse (anticalciques, inhibiteurs de l’enzyme de mycobactériologie, mycologie)
conversion, bêtabloquants…). Le traitement est mal codifié et Un bilan étiologique à la recherche d’une cause infectieuse ou
le pronostic dépend plutôt de la pathologie associée. non (systémique, paranéoplasique, médicamenteuse) doit être
effectué
Selon l’étiologie mise en évidence, un traitement adapté pourra
Conduite a tenir être proposé au patient ainsi que des recommandations en fonction
Les granulomatoses cutanées constituant un groupe de der­ des comorbidités associées
matoses réactionnelles très hétérogènes aux étiologies mul­ En l’absence de cause objectivée, un suivi clinique / paraclinique
tiples, le diagnostic étiologique constitue un problème fréquent au long cours est nécessaire étant donné que les manifestations
en pratique médicale. Nous nous référons ici au bilan étio­ cutanées peuvent précéder de plusieurs années une cause
logique proposé dans un précédent numéro,15 à adapter selon systémique
la présentation clinique et les éléments anamnestiques. En

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