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O. Pasche introduction
P. de Goumoens Les lombalgies aiguës sont définies par une durée inférieure
P. Staeger ou égale à six semaines d’évolution.1 Elles font partie des diag
nostics les plus fréquemment rencontrés lors de consultations
J. Cornuz urgentes en médecine de premier recours. Environ 70% des
adultes en présentent un ou plusieurs épisodes au cours de
Drs Olivier Pasche et Philippe Staeger leur vie.2,3 Leur origine est le plus souvent mécanique et se
Pr Jacques Cornuz
Consultation générale
résout spontanément en l’espace de quelques jours à quel
PMU, 1011 Lausanne ques mois. Lorsque les douleurs durent de six à douze semai
Dr Pierre de Goumoens nes, on parle de lombalgies subaiguës et ce n’est qu’en pré
Département de l’appareil locomoteur
et de rhumatologie
sence de douleurs dépassant douze semaines d’évolution que
Médecine physique et réhabilitation l’on parle de lombalgies chroniques. Seuls 15% des cas de
CHUV, 1011 Lausanne lombalgies aiguës nécessitent des investigations justifiées par
Olivier.Pasche@hospvd.ch
Pierre.De-Goumoens@chuv.ch la présence de signes de gravité.4
Philippe.Staeger@hospvd.ch Ces signes de gravité, ou drapeaux rouges, sont des critères
Jacques.Cornuz@hospvd.ch
cliniques orientant le médecin vers un mécanisme représen
tant une situation à risque pour le patient. Le premier de ces
dangers réside dans l’éventualité d’une atteinte des structu
res organiques extrarachidiennes. C’est le cas, par exemple,
Acute low back pain in general practice lorsque des douleurs pancréatiques, rénales ou vasculaires se présentent sous la
medicine
forme de douleurs se projetant dans la région lombaire. Le deuxième de ces dan
The practioner’s first concern is knowing how
to single out from the immense majority of
gers est défini par une douleur d’origine rachidienne, conséquence d’une patho
situations susceptible to a favourable spon logie inflammatoire, infectieuse ou néoplasique, nécessitant des investigations et
taneous evolution those patients with a bad une stratégie de prise en charge spécifiques. Enfin, le troisième type de danger
prognostic necessitating reference to a spe réside dans le risque d’une atteinte durable des structures médullaires ou radicu
cialist. We present in this paper the clinical laires, en rapport avec une fracture ou tout autre processus compressif (tableau 1).
steps designed to meet this challenge and a Dans ce cas, des investigations ciblées sont nécessaires (figure 1). A défaut de
reminder of certain principles of patient diag
signe de gravité, les lombalgies sont considérées comme simples, c’est-à-dire
nosis and care.
dépourvues de risque immédiat de complication et une prise en charge sympto
matique est habituellement proposée.
démarche diagnostique
Une riche sémiologie est à la disposition des médecins pour catégoriser les
syndromes cliniques. Grossièrement, on peut distinguer trois grandes catégories
de lombalgies, qu’elles soient aiguës ou chroniques : 1) la lombalgie mécanique
pure par atteinte des structures anatomiques – disques, facettes, ligaments, etc. –
qui correspond vraisemblablement au concept clinique de micro-instabilité ou
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}
}
}
expériences anciennes ont consisté à irriter les diverses
Spondylarthro-
structures mentionnées ci-dessus sous contrôle radiologi
neurologique
Origine non
rachidienne
que. Les résultats ont montré que les zones de projection
Fracture
Infection
Atteinte
Cancer
douloureuse se superposent les unes aux autres. La seule
pathie
différence constatée réside dans la réponse à l’intensité
de l’irritation, provoquant une extension progressive de la
Age L 50 ans x x x
douleur, de la région lombaire jusqu’au talon, voire la région
Baisse de l’état général x x x plantaire. Dès lors, toute douleur dans le membre inférieur,
Fièvre ou signes d’infection : urinaire, x x même dépassant le creux poplité, n’est pas, ipso facto, une
cutanée, etc. sciatique.
Risque d’infection : drogues IV, immuno- x x
déficience, plaie à proximité du rachis Douleur mécanique ou d’instabilité
Perte de poids inexpliquée x x Cette douleur est posturale, habituellement brutale, sur
un geste apparemment anodin et l’examen clinique montre
Traumatisme ou à risque de fracture : x x
ostéoporose, corticothérapie ou souvent une rupture du rythme lombo-pelvien physiologi
inhibiteurs de la pompe à protons que.10
(IPP) au long cours, alcoolisme,
somnifères et psychotropes Canal lombaire étroit
Risque d’hématome anticoagulant, x x Le canal lombaire étroit provoque souvent une lourdeur
ponction lombaire, chirurgie du rachis locale avec, éventuellement, parésie subjective des mem
Douleur osseuse vertébrale x x x bres inférieurs. Elle survient plutôt au-delà de 60 ans. Cli
Syndrome de la queue de cheval : x x x niquement, hormis une tendance à la projection antérieure
anesthésie en selle, parésie bilatérale, du tronc, il n’y a rien de spécifique, sauf le déficit neurolo
rétention urinaire ou incontinence gique. La claudication neurogène est l’apanage des sujets
par débordement, incontinence fécale
plutôt âgés, avec une évolution au long cours.
Déficit neurologique : parésie, x
anesthésie, hyperréflexie Radiculalgie
Douleur inflammatoire : nocturne, au x x x x La radiculalgie provoque une douleur à la défécation,
repos, absence d’amélioration après signe clinique probablement plus spécifique – pour des
six semaines
raisons mécaniques – que la toux ou l’éternuement. Les
Douleur non mécanique : pancréatite, x manœuvres de Lasègue (tableau 2) ou le Bowstring sign (fi
cancer du pancréas, calculs rénaux,
anévrisme aortique, dissection aortique, gure 2) sont relativement sensibles mais finalement peu
zona spécifiques. Elles doivent, en tout cas au minimum, repro
Affection gynécologique x
duire la douleur irradiée décrite par le patient lors de leur
exécution.
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• Fléchir la jambe tendue au niveau de la hanche jusqu’à l’angle doulou- traitements médicamenteux
reux et poser le pied du patient sur l’épaule de l’examinateur
• Fléchir le genou du patient et appuyer avec le pouce sur le trajet du Le paracétamol est le traitement de premier choix en
nerf sciatique dans le creux poplité raison d’un profil d’effets secondaires plus favorable que
les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Lorsque ceux-
ci sont indiqués, il n’y a aucun bénéfice à les administrer
par voie intramusculaire comparativement à la voie orale.
Au contraire, il y a un risque de nécrose musculaire en cas
d’injection involontaire intra ou périvasculaire. Dans les
rares cas où une sédation rapide est nécessaire, une admi
nistration intraveineuse lente peut se discuter. Les myore
Pied sur laxants ont une efficacité modérée en traitement d’appoint
l’épaule de
l’examinateur dans la phase aiguë, notamment en cas de contractures
musculaires. Leur effet secondaire principal est la somno
lence, si bien que le patient doit être mis en garde contre
le risque lié à la conduite automobile. Le moment privilé
gié pour les administrer se situe en fin de journée. Les dé
rivés des opiacés comme le tramadol ou la codéine ont
• Le signe est présent si une douleur neuropathique irradiant le long du
trajet du nerf est déclenchée leur place comme traitement d’appui en complément d’un
traitement par paracétamol et AINS inefficace à doses
Figure 2. Signe de la corde de l’arc (Bowstring sign) maximales (tableau 3).13,14 Les corticoïdes oraux, quant à
eux, n’ont pas leur place dans la prise en charge des lom
balgies aiguës classiques. Les infiltrations pratiquées par
examens radiologiques
des spécialistes de l’antalgie ont une efficacité limitée dans
En présence d’une lombalgie aiguë sans drapeaux rou des indications choisies.
ges, il n’y a pas d’indication à l’exécution de radiographies
standards car la cause est habituellement spontanément
résolutive et l’imagerie ne modifie pas la stratégie théra évolution
peutique. D’autre part, il convient de tenir compte du fait D’une manière générale, le pronostic de la lombalgie ai
que les pathologies discales sont fréquentes dans la popu guë est excellent à moyen terme, avec un taux de guérison
lation générale asymptomatique : jusqu’aux trois quarts de de 90% dans les six semaines. Cependant, le taux de réci
la population a un certain degré d’herniation discale à dive à long terme est élevé et concerne 70% des cas.8 Les
l’IRM ! Par ailleurs, les radiographies du rachis lombaire ont facteurs de risque de chronicisation sont les comorbidités
un haut potentiel irradiant : environ cent fois plus qu’une psychiatriques, un environnement professionnel défavora
radiographie du thorax, et seulement quatre fois moins ble (faible maîtrise sur le lieu de travail, faible soutien de
qu’un CT abdominal !11 la hiérarchie, insatisfaction professionnelle), des conflits
Le repos au lit est à éviter absolument. En effet, un en Antalgiques de première ligne
• Paracétamol 1 g 3 x/j
couragement précoce à la mobilisation a démontré dimi
nuer les douleurs, la période d’absence au travail et mini Antalgiques de deuxième ligne (AINS)
miser les risques d’atteinte des capacités fonctionnelles.2-4 • Ibuprofène 600 mg 3 x/j
• Diclofénac 50 mg 3 x/j
Dans la même optique, l’arrêt de travail devrait être réser
vé aux professions nécessitant un effort important et pour Myorelaxants
• Tizanidine 2 à 4 mg 3 x/j
la durée la plus courte possible, au maximum une semaine • Tolpérisone 150 mg 3 x/j
en l’absence de nouvelle consultation.12 La thérapie ma • Diazépam 2 à 10 mg 1 x/j le soir
nuelle a des effets bénéfiques à court terme en l’absence
Dérivés des opiacés
de drapeaux rouges et doit être confiée à un thérapeute • Tramadol 50 à 100 mg 4 x/j
possédant les compétences requises. En revanche, la pres
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