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La Réforme

La voie à prendre !
Sous la direction de
Dr. Emmanuel MÉNARD
Dr. Robert R. JOSEPH

La Réforme
La voie à prendre !

Éditions Cosmos
Remerciements à toute l’équipe technique de C3 Éditions
dont Djeff Prophil, Joël François, Kendy Saintilaire et
Etienne David Pierre Erick.

Couverture et mise en page : C3 Éditions

Photographie : Sony Richemond

Dépot légal BNH


19-05-222
ISBN : 978-99970-53-76-3

@Tous droits réservés 2019


Éditions COSMOS
Delmas 79 #1
Building ENTRE NOUS Restaurant & Store
(509)36 91 04 01
cosmosmenard@yahoo.fr
Chers Compatriotes,

L’heure est grave ! Haïti se trouve aujourd’hui confronter à


des difficultés innommables qui mettent en péril notre exis-
tence de peuple libre et souverain. Il nous faut donc un sursaut
collectif pour redresser la barque nationale.

C’est pourquoi, des femmes et des hommes de bonne vo-


lonté, depuis 2010, travaillent ensemble pour façonner un
instrument politique « Parti Louverturien » devenu le 15 août
2018« FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE ».

Ni à droite, ni à gauche, FORCE se veut le creuset des éner-


gies positives, des intelligences et idées novatrices, des vouloirs
tant de fois exprimés de millions Haïtiennes et d’Haïtiens de voir
le pays changer de direction par la bonne gouvernance, la fin de
l’impunité, de la corruption, de l’exclusion, de l’injustice sociale
et par la mise en chantier de la Grande Réforme de l’État.

Le parti FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE entend


défendre et défendra avec vigueur les grandes valeurs uni-
verselles, les idéaux républicains pour consolider nos acquis
démocratiques par la réforme institutionnelle, la révolution
mentale et culturelle.

FORCE invite la jeunesse et la femme haïtienne, celles des


villes, des campagnes et de la diaspora, toutes les forces vives

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de le république, moteur du développement national, espoir
d’un avenir prometteur pour Haïti, à livrer l’ultime bataille
pour le grand coup de balai devant aboutir à l’émergence de
la Nouvelle Haïti où il fera bon vivre.

Vivre la République ! Nous sommes des Réformistes !

Dr. Emmanuel MÉNARD Ph.D


Président

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Cérémonie de présentation le dimanche 9 décembre 2018
au Club International du parti FORCE LOUVERTURIENNE
RÉFORMISTE (ci-devant Parti Louverturien fondé en 2010)
Discours du Président d’Honneur

Dr. Robert R. JOSEPH


Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs,

C’est avec des sentiments d’honneur et de fierté que nous


autres du parti politique FORCE LOUVERTURIENNE REFORMISTE,
ci-devant PARTI LOUVERTURIEN, fondé sous mon leadership
en 2010 et dont le Directoire est présidé actuellement par
Dr. Emmanuel MÉNARD, nous vous accueillons aujourd’hui
dans cette enceinte pour nous prononcer sur des dérives qui
gangrènent notre société et contre lesquelles nous devons
nous ressaisir, nous organiser en vue - de rétablir le prestige, la
compétence et l’autorité de l’État dans sa mission régalienne,
- d’améliorer les conditions générales de vie de la population
à travers des institutions dépolitisées et consolidées avec
obligations de résultats - et de restituer finalement à notre
patrie commune sa place d’honneur et de référence dans
le concert des nations civilisées. A vous tous qui avez fait le
déplacement pour répondre à notre invitation, nous vous
disons un grand merci et nous vous souhaitons la plus cordiale
bienvenue à cet événement d’une haute portée politique.

Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs,

Pour une meilleure compréhension de l’événement du


jour, il s’avère important que nous vous fassions l’historicité du
Parti Louverturien devenu aujourd’hui Force Louverturienne
Réformiste.

En effet, en Mai 2010, à l’appel d’un groupe de jeunes


formés á l’École de pensées politiques dirigée par le Révérend
Pasteur Jean DUPOUX et sur l’insistance de ce dernier habitué

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à suivre mes interventions dans certaines assemblées, j’ai été
invité à fonder avec eux un parti politique . Il m’avait laissé le
soin de trouver un nom à ce parti politique et d’initier toutes
les démarches légales et institutionnelles devant aboutir à la
reconnaissance et à l’autorisation de fonctionnement du Parti
par le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique ainsi qu’à
son enregistrement au CEP. Avec la collaboration des membres
du Premier Directoire, nous avons franchi un pas important
dans notre mission avec la lettre de reconnaissance légale du
Parti délivrée par le Ministère de la Justice en Octobre 2011 et
la grandiose cérémonie de présentation du Parti organisée à
l’hôtel Plaza au Champ de Mars.

Vous vous demandez certainement pourquoi ce


nom a été choisi ? Alors qu’on assistait passivement déjà
à l’effondrement de l’État et des institutions, à un processus
de déshumanisation de l’homme haïtien avec la dégradation
parallèle de l’économie et de son environnement global à
cause des mauvaises pratiques politiques de l’Exécutif et du
Parlement et des convulsions sociopolitiques récurrentes, la
situation s’est aggravée davantage après le séisme dévastateur
du 12 Janvier 2010 comme elle s’était étalée aux yeux du monde
entier grâce à la magie des technologies de l’information et de
la communication.

Devant l’ampleur du désastre et les chocs traumatiques


et psychiques subséquents chez tous les fils et filles de la
Patrie, de l’intérieur comme de l’extérieur, et face à l’élan
spontané de solidarité de la communauté internationale
dans toutes ses composantes, on s’attendait à un message

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solennel de l’Exécutif avec des cris de ralliement à l’adresse de
toutes les forces vives de la nation et surtout de l’opposition
pour trouver conjointement et dans la transcendance les
voies et moyens de relever le pays de cette catastrophe
exceptionnelle. Malheureusement, il n’en fut pas ainsi malgré
la leçon dispensée de façon éloquente par le Président Obama
quand il a jugé nécessaire de confier à se deux prédécesseurs,
des adversaires politiques, les ex-présidents Bush et Clinton,
le soin de prendre conjointement en charge le dossier d’Haïti
terrassée par le tremblement de terre du 12 Janvier 2010.

Ainsi nos dirigeants ( Exécutif et Parlement ) ont raté


les énormes opportunités offertes après la tragédie du 12
Janvier 2010, avec des fonds issus de l’élan spontané de
générosité de la coopération internationale et des peuples du
monde entier pour la reconstruction d’Haïti à travers un Plan
de reconstruction ou de refondation, de développement
durable décentralisé et de modernisation de l’État et des
collectivités territoriales dans leur dimension physique,
institutionnelle, socioculturelle et environnementale (PDNA,
CIRH).

C’est dans ce contexte de déception, de frustration de la


jeunesse face à la maladresse, l’irresponsabilité et l’incohérence
des dirigeants dans leurs initiatives, obnubilés par leur
égoïsme et leurs convoitises effrénées, persistant à diriger
avec des desseins impénétrables et profitables exclusivement
à leur clan qu’il faut situer l’avènement du Parti Louverturien
en 2010. Il s’agit, avant tout, d’un Parti national de Cadres
et de Masses, une véritable institution avec des méthodes

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modernes de gestion facilitant la formation, l’épanouissement
de tous ses membres et l’alternance démocratique au niveau
de toutes les chaines de direction ou de coordination. Comme
tout vrai parti politique, le Parti Louverturien a une fonction
électorale, une fonction de contrôle et d’orientation des
organes politiques, une fonction de définition et d’expression
de positions politiques, une fonction de médiation et de
patronage, une fonction tribunitienne (porte-parole des
exclus, des marginaux et des groupes sociaux défavorisés).

Parti Louverturien : parce que dans les écrits de François


Dominique Toussaint Louverture de 1792 à 1802 tout comme
dans sa vie courante, il se révèle ami de l’ordre, de la discipline,
du respect de l’autorité, de la loi et de la hiérarchie. Il est
passionné du travail, de la justice, de la paix et de la concorde.
On le découvre administrateur, agriculteur, justicier aussi bien
que guerrier et fin négociateur. Que de talents pour un seul
homme ! L’Ouverture est un surnom qui lui fut donné à cause
de la hardiesse et de la réussite de ses projets ; il savait partout
se faire ouverture.

C’est par admiration pour ce génie de la race, que nous


avons fondé le Parti Louverturien qui aspire à un changement
dans les mentalités et les comportements de l’ensemble des
citoyennes/ citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur avec
une vision axée sur:

• un sens pragmatique de la politique pour le bien-être


de toutes les couches sociales sans exclusion,

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• une diplomatie compétente et efficace, capable
de saisir à temps et d’exploiter à fond toutes les
opportunités à travers la coopération internationale
dans la dignité et souveraineté nationale,

• une gestion saine et transparente de toutes les


ressources (humaines, matérielles et financières) à
travers des institutions dépolitisées et consolidées au
service de la collectivité,

• la propulsion de notre société vers le progrès et la


modernité, vers cette civilisation du savoir et du savoir-
faire qui oblige que notre capital humain soit de mieux
en mieux éduqué, instruit et cultivé,- de mieux en
mieux nourri et en bonne santé,- en vue de constituer
une base de référence solide pour le développement
national selon les exigences de la globalisation.

Nous sommes à un tournant où nous devons nous inspirer


du sens merveilleux de la politique du génial Toussaint
Louverture, nouant ou rompant les cordes à partir d’une
vision unificatrice basée sur un consensus politique et une
volonté collective capable d’établir dans notre agenda : le
bien commun et la transcendance pour le sauvetage du
peuple haïtien, tout en veillant, autant que possible, à faire le
plus pour ceux qui ont le moins.

Ce but, axé sur la bonne gouvernance, le renforcement


institutionnel et le développement des capacités locales, est en
parfaite harmonie avec la vision exprimée dans le préambule

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de la Constitution de 1987, dans l’Acte de l’Indépendance
Nationale de 1804 et dans la Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme de 1948.

Comme la majorité des partis et groupements politiques


ayant choisi de participer aux élections législatives du 9 Aout
2015 en vue de sortir le pays des convulsions sociopolitiques
le rendant pratiquement ingouvernable, le Parti Louverturien
a eu à assurer la présidence de la PLATEFORME RAPWOCHE
constituée de 4 partis politiques. Malheureusement, cette
plateforme fut sortie victime des opérations électorales
équivoques concoctées par l’Exécutif et le CEP de l’époque.

L’expérience prouve que tout vrai parti politique en Haïti,


avec des hommes et des femmes compétents et intègres et
une vision éclairée de la gestion du pouvoir pour le bien-être
de la population et dans l’intérêt supérieur de la Nation, se
heurte toujours aux obstacles majeurs que sont le banditisme
d’État, la corruption ou la puissance de l’argent quelle que soit
son origine et l’ingérence internationale avec la complaisance
ou la complicité de l’Exécutif.

Après une période de balbutiements, de léthargie, nous


avons décidé cette année 2018 de redynamiser le Parti et de le
transformer en FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE avec
un nouveau directoire, pour partir à l’assaut des dérives qui
gangrènent notre société et redonner le prestige, la dignité et
la crédibilité à l’État.

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Distingués invités, Chers compatriotes,

Aujourd’hui, un constat des lieux pour tous ceux qui


suivent l’évolution du monde révèle que la fière République
des Titans de 1803-1804 qui ont changé le cours de l’histoire
universelle en bousculant le système colonialiste ( système
basé sur la spoliation matérielle, l’exploitation économique,
la domination politique , l’esclavage, la traite des noirs et le
racisme ), se trouve dans un labyrinthe sans pareil consécutif,
tout particulièrement, aux crises politiques récurrentes
de ces 3 dernières décennies qui ont mis la population en
proie à toutes les calamités naturelles et socioéconomiques
dégradantes pour l’homme et son environnement. Le parti
politique « FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE » a pris acte,
avec amertume, que la plupart de nos dirigeants, présents
ou passés, ont exercé un leadership rétrograde, rébarbatif,
unilatéral et intolérable , pour satisfaire leur ego ou leur clan,
mais jamais pour répondre aux attentes de la société, avec le
mensonge et la répression policière pour armes de dissuasion
comme l’attestent des scandales politiques et des crimes
financiers de ces derniers temps qui ont attisé des haines
implacables et des conflits irréversibles au niveau de la société
et de l’appareil d’État.

Alors que des descendants des peuples asservis


ou colonisés de par le monde qui se sont inspirés de la
Révolution Haïtienne dans leur lutte émancipatrice au XXe
siècle ont encore les yeux braqués sur la République d’HAÏTI
qui devrait leur servir normalement de boussole en matière
de bonne gouvernance , voilà qu’ après plus de deux siècles

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d’indépendance (1804- 2018), nous refusons de pratiquer
entre nous le vivre-ensemble, la solidarité et le sentiment
d’appartenance à une même patrie qui attend beaucoup de ses
fils et de ses filles, de l’intérieur comme de l’extérieur, pour se
positionner dans le cercle planétaire des pays émergents ou des
nations civilisées au XXIe siècle . L’amateurisme de nombreux
politiciens improvisés, des querelles de chapelle nous plongent
encore aujourd’hui dans l’indignité et nous éloignent des
nobles idéaux des Preux Fondateurs de la Patrie. Des fils
dénaturés, au pouvoir comme dans l’opposition, ont tout mis
en œuvre à travers un système de gouvernance irrationnelle,
des manifestations violentes avec des actes de vandalisme,
des distributions anarchiques d’armes meurtrières à des gangs
semant le deuil dans des familles et la panique généralisée , pour
réduire le pays au stade d’un état en faillite, considéré comme
le moins avancé du Continent et classé parmi les champions en
matière d’instabilité, de corruption, d’impunité, de faible indice
de développement humain, de lieu de transit pour la drogue,
pendant que nos voisins et ceux-là auxquels nous avons ouvert
la porte de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en tant que
membre fondateur, avancent à pas de géant dans la voie de la
stabilité politique, du progrès et de la modernité.

Classé 138e sur 140 pays participants selon le rapport


annuel sur la compétitivité mondiale 2018 publié le 16 Octobre
dernier par le Forum Economique Mondial (WEF), comment
avec un tel système de gouvernance politique le pays va
pouvoir franchir l’étape de le première révolution industrielle
de la fin du 18e siècle avec l’’apparition de la machine à vapeur
pour passer par la 2e avec l’entrée en scène de l’électricité à

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la fin du 19e siècle, puis la 3e au 20e siècle avec l’arrivée de
l’électronique, des ordinateurs et des robots permettant
l’automatisation de la production pour atteindre finalement,
au 21e siècle, la 4e révolution industrielle qui prend le virage
de l’intelligence artificielle ?

Devant les faiblesses de nos structures de développement


et cet antagonisme flagrant et même compromettant pour
le devenir de la nation, il est de la responsabilité de ceux qui
restent encore comme portion saine de nos élites et de la masse
de se rallier sous un leadership collectif sur le front des valeurs
républicaines pour partir à l’assaut de toutes ces dérives,
recoudre le tissu social mis en lambeaux, inspirer confiance
au peuple et à la communauté internationale pour refonder
la nation et lui redonner sa dignité. FORCE LOUVERTURIENNE
RÉFORMISTE fait appel à la sagesse et à la conscience
citoyenne des acteurs de nos déboires en alternance au sein
des trois pouvoirs de l’État depuis plus de trois décennies,
(apre yo, se yo), dans un sursaut patriotique pour soulager
la misère des masses et redonner espoir et confiance à la
jeunesse désorientée. L’heure est grave, la barque nationale
est en péril, il faut œuvrer conjointement à l’avènement d’un
système de gouvernance politique éclairé, efficace, capable
de rétablir la paix, la sécurité et la stabilité politique - pour
attirer nos compatriotes de la diaspora désireux de revenir
au pays ,- pour attirer des touristes comme autrefois, -pour
créer des conditions propices et indispensables aux injections
de capitaux nationaux et étrangers dans les principaux
secteurs de l’économie,- pour implanter finalement les piliers
indispensables à notre croissance économique .

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On a constaté également au cours de ces trois dernières
décennies que la valse des « grands projets » financés par
des bailleurs internationaux traditionnels dans de nombreux
secteurs socioéconomiques, la prolifération anarchique des
ONGs avec des mini-projets de toute nature sans obligation
de rendre compte à l’État ont laissé peu d’impacts sur les
prétendus bénéficiaires pour ne pas dire qu’ils ont contribué
á aggraver les phénomènes de l’oisiveté, de la délinquance,
de l’insécurité, de la mendicité et de la pauvreté dans les
villes comme dans les campagnes. Les forces policières et
militaires super-équipées et bien payées de plus de 30 nations
étrangères présentes au pays durant plus de 13 années ne se
sont pas révélées mieux éduquées et plus performantes que
les sept à huit mille soldats et attachés des Forces Armées
d’HAÏTI qui assuraient autrefois la sécurité publique ainsi que
la défense et l’intégrité du territoire national.

Le retour à l’ordre constitutionnel n’a amené ni la paix, ni


la démocratie, ni la prospérité sinon que des nostalgiques du
pouvoir, -des militants de toute doctrine, - des opportunistes et
des extrémistes de tout bord, des affairistes de tout acabit prêts ä
tous les actes répréhensibles. L’État s’est effondré et n’arrive plus
à remplir sa mission régalienne. Le peuple a perdu sa dignité, le
culte des valeurs familiales et sociales, le sens de la méritocratie
ainsi que le respect des symboles. La jeunesse, avec un système
éducatif obsolète et un taux de chômage inacceptable, n’a plus
de rêves et de sentiment d’appartenance-propriété vis-à-vis du
pays au point qu’elle reste prête à toute compromission pour un
visa devant l’aider à s’enfuir vers des cieux considérés comme plus
cléments. Le lumpenprolétariat des bidonvilles est désemparé et

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exploité aveuglement par des politiciens frappés de schizophrénie
au point qu’il n’hésite point à s’embarquer, à ses risques et périls,
dans des opérations criminelles ou des moindres manifestations
à l’instigation de cyniques messagers des ténèbres.

Finalement, la Nation est devenue plus vulnérable avec


une démographie galopante, plus divisée, plus pauvre, plus
corrompue, plus difficile à gouverner. Le banditisme d’État,
la violence sous toutes ses formes, l’insécurité, la guerre des
gangs armés, la corruption, la contrebande, sont érigés en
institution au point que des interrogations fusent de toutes
les couches sociales sur certains actes de forfaitures graves
commis avec la complicité des organes de répression et des
organes de contrôle administratif et financier de l’État comme
le scandale du Petrocaribe ou le massacre de La Saline.

Ce constat d’échec assorti - de trois occupations étrangères


en moins d’un siècle, - d’un embargo injuste et criminel de 3
ans (1991-1994) avec l’effondrement de tous les secteurs de
l’économie nationale (l’agriculture, la sous-traitance, l’industrie,
le commerce, le tourisme), - de l’exode rural, de la chute brutale
de la production agricole et de l’élevage, de la décote de la
monnaie nationale passée de 5 Gourdes à 77 Gourdes pour
1$ en 30 ans ) sans négliger l’épidémie de choléra des Nations
Unies et la série de catastrophes naturelles dont le séisme
dévastateur du 12 Janvier 2010 qui a mis pratiquement le pays
à genoux, - interpelle la conscience de tous les patriotes
encore intègres et qui continuent à croire dans les rêves
grandioses des ancêtres qui n’aspiraient qu’au bien-être de
tous les Haïtiens sur ce coin de terre.

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Devant un tel constat d’échec, il n’est point question
aujourd’hui que l’Exécutif, le Parlement tout comme
l’opposition s’enlisent dans un combat politique avec des
agissements provocateurs, ternissant davantage l’image de
la Nation. Pour le Parti politique FORCE LOUVERTURIENNE
RÉFORMISTE, le temps est venu de trancher nos conflits dans
le dialogue national sans tourmenter la population par des
actes de violences ou de répressions démesurées et de créer
des conditions propices à des élections libres, transparentes
et démocratiques avec l’alternance au pouvoir d’une nouvelle
classe d’hommes et de femmes reconnus pour leur compétence,
leur honnêteté et leur sens de la responsabilité en vue de
restaurer le prestige et l’autorité de l’État,- des citoyens issus
de partis politiques crédibles, capables de promouvoir entre
nous le vivre-ensemble, le respect des normes et des valeurs
indispensables à la croissance économique, à la justice sociale
et au développement durable, - des dirigeants qui inspirent
confiance au peuple et aux partenaires internationaux. Oui,
le temps est venu pour que, au nom des valeurs humanistes,
au nom du droit et de la morale, du respect des principes
démocratiques et de l’éminente dignité de la personne
humaine, nous cessions de nous entredéchirer, de détruire
nos patrimoines et nos valeurs pour des intérêts personnels,
mais de nous engager plutôt à œuvrer, main dans la main, au
développement durable de la nation.

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Voila le grand rendez-vous historique auquel FORCE
LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE vous convie Mesdemoiselles,
Mesdames et Messieurs, avec nos vœux les meilleurs pour la
Noël 2018 et le Nouvel an 2019 !

Que Dieu nous protège ! Qu’il encadre le Parti « FORCE


LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE » et Qu’il bénisse notre pays !

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Le Président de FORCE

Emmanuel MÉNARD, Ph.D.


Jean-Marie Vianney Emmanuel MÉNARD, journaliste
et juriste, est un vieux routier de l’administration publique
haïtienne. Il a dirigé tour à tour la Télévision Nationale, la radio
Nationale l’Administration Municipale de Delmas, le Musée
du Panthéon National Haïtien, la Bibliothèque Nationale, le
Collège Transitoire du Conseil Électoral Permanent, l’Office
Nationale d’Assurance-Vieillesse. Ancien Président de
l’Association des Tigresses-Tigers et du Racing Club Haïtien,
très actif dans les milieux associatifs socio-culturels et sportifs,
il est le Président de la Fondation COSMOS et Vice-Président
de la Fédération Haïtienne de Handball.

Intronisé en 2014 sur les terres de Toussaint Louverture


au Benin par le Roi Djigla comme Grand Prince du Royaume
d’allada, sous le nom de Son Altesse Royal Dah- kpodegbedji,
Emmanuel MÉNARD a reçu de nombreuses décorations :
Citoyen d’Honneur de la ville de New-Orleans de l’État de la
Louisiane aux USA, Chevalier de l’Ordre National du Travail,
Grand Officier de l’Ordre Maçonnique Jacques Ignace Fresnel,
Grand Officier de l’Ordre National Honneur et Mérite.

Docteur en Philosophie du Droit (HC) de Houdegbe North


American University du Bénin et Membre de la Société Suisse
des Juristes, Ménard est Professeur et Maître de Conférences
des Universités, fondateur de l’Institut d’Études Spécialisées

29
(IES) et Dirige le Groupe COSMOS, entreprise haïtienne de
multimédia, d’éditions, de formation et de commercialisation.
Il détient également de Dayspring Christian University un
doctorat de Philosophie en Divinité. Le Vénérable Emmanuel
MÉNARD, GIG 330, est le grand Représentant de la Grande
Logo du Québec en Haïti

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Message du Président Ménard

Distingués invités,

En vous remerciant de votre présence ce matin à


cette cérémonie solennelle de présentation de la FORCE
LOUVERTURIENNE RÉFORMISTRE, qu’il me soit permis
d’avoir une pensée à l’endroit de tous les membres du parti
passés à l’orient éternel et à tous nos compatriotes tombés
sous les balles assassines, ceux et celles qui ont subi le
supplice du collier ou autres lors des violences politiques
qui, malheureusement menacent encore notre démocratie
en gestation. Ayons une pensé spéciale pour le Général de
Division François Dominique Toussaint Louverture qui dota
Saint-Domingue de sa première constitution et de son premier
drapeau de couleur blanche timbré d’une tête de Nègre.
Hommage donc à nos ancêtres pour ce précieux héritage
qu’est Haïti, cette terre sacrée ! Je demande à l’assistance de
se mettre debout pour une minute de recueillement. Merci !

Frè m ak sè m yo,

Ayisyen k ap viv isit ak nan dyaspora-a Onè, respè.

Pwovèb la di pa gen maladi,pa gen lanmo men ka-a grav.


Eta peyi sa-a ye jodi-a paka kite okenn ayisyen ki gen san

31
Toussaint, Dessalinnes, Pétion chita kwaze bra ap gade peyi
a kap depafini degingole ale tonbe lan tyouboum. Tout moun
ka wè san linèt Ayiti pa fè bak sèlman Ayiti kase tèt tounen,
kidonk fòk nou tout mete men pou pita pa pi tris.

Pandan nap pale la-a, ekonomi peyi a sou lagraba, lavi chè
ap fini ak pèp la, lopital leta yo paka bay bon jan laswenyaj
ak popilasyon an, lekòl nasyonal ak lise yo an boulacha, lè se
pa direktè kap mande pi bon mwayen se pwofesè kap mande
touche oubyen elèv kap mande pwofesè. Inivèsité- a atè plat,
pi fò lokal fakilte yo kraze depi goudou goudou, pa gen kanpis,
pa gen laboratwa, pa gen bibliyotèk, pa gen kafeterya, pa gen
bidjè pou rechèch, pa gen pwogram bous pou pèfeksyonman.
Kolektivite teritoryal yo, azèk, kazèk,majistra kominal yo de bra
balanse yo paka jwenn èd leta santral la. Fatra pasi pala. Do
mòn yo kale, leta pa rive anpeche koupe pye bwa pasi pala
pou fè chabon ; depi de ti tak lapli tombé, inondasyon, dlo
anvayi, peyizan yo pèdi jaden , pèdi bèt, kay yo, yo vin pi pòv ;
ensekirite ap vale teren, lapolis, lame manke mwayen katye
popilè yo mande sekou yo pa kapab ankò. Lajistis sou branka,
prizon chaje kou legba, peyi-a tèt anba. Mwen pap janm di se
gouvènman sa-a ki responsab tout chaplè mizè sa-a, men lè
yon nonm pran yon fanm gwòs se paske ou ka okipel ak tout
pitit la. Timoun pa antre nan janda’m epi depiw pa pwason ou
pa antre nan nas.

Devan tablo makawon sa-a FORCE LOUVERTURIENNE


RÉFORMISTE di yon gren’n moun paka danse kwaze le yuit. Fòk
prezidan peyi-a dakò rasanble tout pitit peyi-a alawonnbadè
san pati pri ak yon fey malanga men longè ki gen tout pwen

32
ki pou diskite. Peyi a paka tan’n pèp la fatigé jèn gason, jèn
fanm nou yo bouke al pase mizè lòt bò dlo, yo bezwen travay
nan peyi yo. FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE ap mande
Prezidan – an ak gouvènman-an pou voye yon sinyal rapid
pou retabli konfyans. Fòk nou ka wè prese prese moun ki nan
leta-a respekte lajan leta, fòk nou wè yon dispozisyon pou
gwo zotobre yo fè yon sakrifis tou. Nan nouvo bidjè kap vini
la nou ta renmen wè yo bese 20 % sou salè Prezidan, Premye
minis, Minis, Senatè, Depite, Konseye DG elatriye, wete 50 %
sou alokasyon gaz, kat telefòn, kat pou manje, redwi 50  %
tout bidjè ki gen kòb pou achte tikè avyon, peye otèl, frè
reprezantasyon elatriye. Pèp la ta renmen wè yo sispan’n nan
zòrèy li ak gwo machin vit tente yo sirèn ti krik ti krak pandan
yap mennen pitit yo lekòl, mennen madanm ak boubout nan
makèt sou do kòb tax pèp la redi peye, pèp la bezwen rezilta
lajistis sou tout lajan leta ki fè fon, kel te petro karibe, CIRH,
lajan wout kafou, lajan koperativ elatriye. FORCE di ase sou po
do bèf la.

FORCE di : kaka bèf se fimye, se vre, men se pa rezon pou


yo plante bannann nan, nan bouda bèf la !

Distingués invités,

FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE se veut le parti


des idées pour l’action. C’est une offre politique à toutes
les haïtiennes et à tous les haïtiens, c’est une opportunité
pour les jeunes, les femmes et les paysans. Nous avons un
pays à construire. Si nous n’investissons pas massivement
et rapidement dans la jeunesse et le futur, c’est-à-dire

33
dans l’éducation, la recherche scientifique, les nouvelles
technologies pour des retombées qualitatives sur notre
environnement, notre industrie touristique, culturelle
et sportive, bref notre capacité en matière d’absorption
économique et de compétitivité, alors dans moins d’un quart
de siècle, je voudrais avoir tort, Haïti sera ce désert artificiel
programmé par les tenants des idéologies dépassées et
les apprentis démocrates nationaux et étrangers, éternels
donneurs de leçons d’une démocratie liberticide, véritables
dilapidateurs des ressources, de l’énergie, de la force et du
génie de tout un peuple. Je ne me laisserai pas paraphraser le
fondateur du journal l’Ami du peuple disant que « le moment
est venu d’organiser momentanément le despotisme de la
liberté pour écraser le despotisme des rois. »

Non, le réalisme de la folie ne peut qu’engendrer la théorie


du cahos. Réformiste par principe, Réformiste par conviction,
je rejette la violence sous toutes ses formes. C’est pourquoi j’en
appelle aux extrémistes de droite ou de gauche à rejoindre le
camp de la raison, tout en brandissant avec force leur cahier
de revendications légitimes. Je salue chaleureusement les
camarades qui ont fondé avec nous la Conférence des Partis
Politiques pour le Sauvetage National. Ils partagent avec
nous, l’idée de la tenue instamment d’un SOMMET NATIONAL
sans exclusive devant aboutir à la signature entre haïtiens
et haïtiennes d’un PACTE NATIONAL capable de garantir la
stabilité politique, de corriger les dérives dans la gestion
publique et de créer l’espoir.

34
Mesdames, Messieurs,

Ce nouvel outil que je propose à la Nation, « FORCE


LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE » est le parti de la rupture.
Sereinement, FORCE se prépare pour les prochaines joutes
électorales, seule ou avec tous les partenaires politiques
partageant sa vision, à présenter au peuple des candidatures
à tous les niveaux. Mais attention, le parti n’a pas de candidats
déclarés, ils recevront l’investiture du parti dans les formes et
conditions prévues à cet effet.

Qu’est-ce donc ce parti ?

FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE (ci-devant parti


Louverturien fondé en 2010 ) est un parti politique laïque,
moderne et réformateur qui se place au-dessus des clivages de la
droite, de la gauche et du centre souvent indéfinissable, œuvrant
pour la création d’un nouvel état capable de gérer la Nation
suivant les principes démocratiques et les valeurs républicaines
dont la philosophie est axée sur la REFORME, c’est-à-dire, la
transformation progressive et profonde de la société pour le bien-
être généralisé en prônant et favorisant l’égalité devant la loi, la
juste répartition des richesses nationales, la bonne gouvernance
dans une totale transparence et la participation volontaire,
agissante du citoyen dans les affaires de la Respublica. FORCE est
donc la troisième voie, la voie à prendre.

Aussi, le Décalogue de FORCE expose-t-il de manière


non équivoque sa ligne réformiste et sa grande vision de la
nouvelle Haïti à construire ensemble :

35
1. Renforcer la capacité de l’état à travers les institutions
républicaines pour garantir l’ordre sociétal et asseoir son
autorité démocratique en vue de jouer efficacement son
rôle de régulateur.

2. Combattre les grands fléaux comme le terrorisme, la


corruption, la drogue, le racisme et l’exclusion.

3. Favoriser l’émergence d’une grande classe sociale


capable de créer la richesse.

4. Mettre en valeur la production nationale par la


préservation et la promotion de notre industrie agricole,
artisanale, culturelle, touristique et sportive.

5. Travailler à l’intégration de la jeunesse, de la femme, de la


paysannerie et de la diaspora comme acteurs formels et
privilégiés du développement national.

6. Garantir l’égalité totale entre les deux sexes en toute


matière et le respect des droits des minorités, des enfants,
des personnes du troisième âge et des personnes frappées
d’un handicap.

7. Activer une diplomatie forte et réaliste, selon la vision


louverturienne, axée sur une politique gagnant-gagnant
avec nos partenaires internationaux sans exclusive dans
l’intérêt national.

8. Ouvrir le pays à la modernité et aux nouvelles


technologies.

36
9. Développer une stratégie nationale de sécurité publique,
foncière, environnementale et de défense du territoire.

10. Préserver à tout prix l’unité de la famille haïtienne, la


cohésion et la paix sociales.

FORCE est donc ce nouvel instrument politique pour


le grand coup de balai et pour la gestion démocratique du
pouvoir dans le respect des droits de tous et de chacun à la
dimension du rêve de chaque haïtienne et de chaque haïtien.

VIVE LA NOUVELLE HAÏTI !


VIVE LA FORCE DANS L’UNION ! VIVE LA REFORME !

37
Vue de l’assistance
Des dignitaires du Parti

Le Président pronoçant son message


MC Viannye MÉNARD

Des invités posant avec le Président


En séance de travail
Extrait du projet de société du parti
FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE
I- État des lieux et Aspirations du Parti

Le peuple haïtien est issu de la matrice de la société


St-Domingoise traversée par des ferments constants de
frustrations, de revendications, de révoltes et d’insurrections
entre les trois classes qui peuplaient la colonie et dont nous
portons encore les stigmates. Notre parcours a été parsemé
d’embûches depuis nos origines et tout au cours de notre
évolution comme I’attestent, entre autres:

1. le système esclavagiste marqué par l’avarice et le


cynisme des classes possédantes et dont les horreurs
ont atteint le plus haut niveau exponentiel dans I’enfer
de St Domingue où les esclaves ont connu les sévices
les plus dégradants
2. la trahison et la déportation du Précurseur de
L’indépendance, le Général Toussaint Louverture (St
Domingue, Bréda, 20 Mai 1743- France, Fort de Joux,
7 Avril 1803), ce géant de la race noire qui étonna le
monde par son sens politique exceptionnel et qui
fut élevé en 1861 par Wendell Philips, l’un des plus
grands orateurs américains, au-dessus de Phocion
pour les Grecs, Brutus pour les Romains, Hamden pour
I’Angleterre, Lafayette pour la France, Washington et
John Brown pour les USA.
3. le crapuleux assassinat du père Fondateur de la Patrie
dont les nobles idéaux, la conviction inébranlable, le
génie militaire et la capacité à défier les forces adverses

45
ont inspiré les peuples asservis ou colonisés de tous
les continents jusqu’à porter finalement l’Occident
à renoncer au système colonialiste et å reconnaitre
le désastre de l’esclavage comme Crime contre
I’Humanité.
4. la scission du pays en trois états, brisant les
aspirations exprimées dans l’ Acte de L’indépendance
Nationale et facilitant la reconnaissance de la dette
de l’indépendance d’une part, et contraignant
malheureusement, d’autre part, le Roi Civilisateur à
limiter ses rêves grandioses dans I’espace et dans le
temps.
5. les pressions ou persécutions exercées dans le
temps (sommations, occupations, embargos etc.) par
certaines puissances notoires qui voyaient dans la
Geste Héroïque des Titans de 1804 une menace aux
systèmes de l’époque, voire une insulte à I’Occident.
6. l’exploitation de la naïveté de certains activistes et
pseudo-intellectuels et I’ ensorcellement des couches
défavorisées de la population par de cyniques
messagers des ténèbres ou des politiciens sans
scrupules, sans discipline de Parti, sans projet de
société, lesquels, portés au pouvoir par la magie de
l’histoire, des aberrations socio-politiques ou par quel
travers inexplicable de l’esprit humain, se trouvent
inévitablement condamnés à I’échec à force de jouer
à I’amateurisme ou au machiavélisme.

Après plus de deux siècles d’indépendance, de


malgouvernance et de luttes fratricides nous continuons à
mener le combat pour la promotion de la liberté, du droit, de
la justice, du progrès et de la démocratie. Contrairement aux
autres peuples qui ont connu des déboires à leur origine et

46
avec une trajectoire relativement semblable à la nôtre et qui
se sont engagés avec le temps dans la voie de la démocratie
et de la modernité, nous nous complaisons plutôt à nous
entredéchirer par des travers inexplicables de l’esprit humain.

Avec les convulsions socio-politiques de ces deux dernières


décennies et le mépris des valeurs , des affairistes de tout
acabit alliés à des lobbyistes étrangers en quête de fortune ont
tout mis en œuvre pour ensorceler le peuple et faire plonger
le pays dans un labyrinthe sans pareil, pour réduire la fière
République des Titans de 1804 au stade du pays le plus pauvre
du Continent américain et classée mondialement parmi les

Champions en matière de mal gouvernance avec tout ce


que cela implique de négatif. Que de mauvais exemples pour
les générations montantes qui ont tant besoin de références
en matière de culte de la méritocratie et de sentiment
d’appartenance-propriété à I’endroit de la nation ?

Nous étions, avant le 12 Janvier 2010, dans cette situation


lamentable de déshumanisation, de désintégration de I’homme
haïtien avec la dégradation parallèle de son environnement
global alors que le monde et surtout nos voisins de la Caraïbe
évoluaient et continuent d’évoluer à pas de géant sur la voie
de la modernité et du progrès social. La situation s’est aggravée
davantage après le 12 Janvier 2010 comme elle s’est étalée aux
yeux du monde entier grâce aux exploits des technologies de
I’information et de la communication.

Devant I’ampleur du désastre et les chocs traumatiques et


psychiques subséquents chez tous les fils et filles de la Patrie,
de l’intérieur comme de I’extérieur, et face à I’élan spontané
de solidarité de la communauté internationale dans toutes

47
ses composantes, on s’attendait à un message solennel du
pouvoir avec des cris de ralliement à l’adresse de toutes les
forces vives de la nation pour trouver conjointement et dans la
transcendance les voies et moyens de relever le pays de cette
catastrophe exceptionnelle.

Malheureusement, il n’en fut pas ainsi malgré la leçon


dispensée de façon éloquente par le Président Obama quand
il a jugé nécessaire de confier à ces deux prédécesseurs, des
adversaires politiques, les ex-présidents Bush et Clinton, le
soin de prendre conjointement en charge le dossier d’HAÏTI
terrassée par le tremblement de terre du 12 Janvier 2010.

Tout comme le Président Obama des USA, les grands


penseurs des sciences de l’homme et de la société, des plus
anciens comme Platon et les hiérarchies naturelles, - more ou
le dialogue du Pragmatisme et de I’utopie, - Machiavel : un
penseur de l’inquiétude éthique en politique, - Montesquieu:
du pouvoir à I’équilibre des pouvoirs, - Rousseau: de I’inégalité
au contrat social, – Kant: vers la république cosmopolite
aux auteurs contemporains comme Bouretz : Philosophie
et messianisme ou – Caumiéres : La démocratie, un projet
révolutionnaire ?, tous seraient unanimes à admettre que,
en cas de crise mettant en péril I‘État-Nation, le bon sens
commande à tous les citoyens responsables: dirigeants,
leaders politiques, nantis du savoir et du capital, société civile,-
de s’asseoir ensemble, dans le respect mutuel et le sens du
bien commun, pour aboutir conjointement à des décisions
judicieuses et équitables susceptibles de sauvegarder les
intérêts supérieurs de la nation et le bien-être du peuple,
surtout lorsque I’État-Nation se trouve handicapé et que la
communauté internationale, accourue dans un élan spontané
à son chevet après la tragédie du 12 Janvier 2010, n’attend

48
impatiemment que le compromis historique entre ses enfants
authentiques pour lui prodiguer des soins appropriés.

Aujourd’hui, plus de six mois après le séisme, le pays


apparait comme un champ de ruines avec une population en
proie à toutes les calamités alors que le pouvoir et l’opposition
s’enlisent dans un combat politique et électoral qui risque
de déboucher sur un désastre humain aux conséquences
incalculables. Obnubilés par notre égoïsme et nos convoitises
effrénées, nous nous sommes comportés comme de mauvais
marrons, persistant à diriger avec des desseins impénétrables
ou provocateurs et toujours profitables exclusivement à un
clan. Nous refusons systématiquement d’adopter les bons
exemples qui peuvent contribuer à établir des relations
harmonieuses entre nous pour œuvrer ensemble à la
rédemption de la Patrie commune. Nous refusons de créer
des conditions propices à des élections libres, transparentes
et démocratiques avec I’alternance au pouvoir de dirigeants
compétents et intègres capables de promouvoir entre nous
le vivre-ensemble, la solidarité, le respect des normes et des
valeurs qui conduisent à la prospérité et qui élèvent vers les
sommets de la dignité.

La situation actuelle au pays fait appel à la raison et à la


sagesse pour prévenir le pire. D’un côté, il y a un pouvoir
embourbé qui cherche à tout monopoliser, pour se protéger
naturellement, mais sans se soucier malheureusement du
bon fonctionnement des institutions, des doléances des
partis politiques et surtout des revendications de toutes les
couches sociales menacées par la paupérisation systématique
et épuisées par la perfidie et l’astuce de certains hauts
dignitaires d’un système en poste depuis deux décennies sans
des réalisations significatives, par conséquent sans légitimité.

49
De I’autre côté, il y a les prises de position bien fondées de
I’opposition, laquelle se laisse malheureusement transformée
en un véritable bouillon de culture avec, certainement, des
patriotes compétents et pleins de conviction, - mais aussi
des acteurs issus de groupes de pression autrefois victorieux
ou collaborateurs du pouvoir et aujourd’hui vaincus, -des
nostalgiques du pouvoir avec des ambitions effrénées, -des
militants de toute doctrine, - des extrémistes de tout bord,
des utopistes, des affairistes de tout acabit près à tous les
actes répréhensibles. Dans ce tourbillon d’acteurs avec des
influences et des intérêts divergents voire incompatibles,
tous en œuvre pour la conquête du pouvoir (après nous,
c’est nous), rien n’est clair et tout peut se déboucher sur le
chaos avec des scènes horribles de déchoucage, un nouveau
désastre humain; les forces de sécurité étant dépassées par
les événements.

Devant cet antagonisme flagrant avec des convoitises


ardentes et des haines implacables, avec I’éventualité pour les
tendances malsaines de I’emporter sur les forces morales et
la raison, – puisque I’instinct mauvais chez I’homme est plus
puissant que le bon, – il est de la responsabilité de ceux qui
restent encore comme portion saine de nos élites de se rallier
sous un leadership collectif en colonnes invincibles sur le front
des valeurs républicaines pour partir à I’assaut de toutes les
dérives, recoudre le tissu social mis en lambeaux, inspirer
confiance au peuple et à la communauté internationale pour
refonder la nation et lui redonner sa dignité.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’avènement au Pays


du Parti qui aspire au rétablissement de l’État-Nation et à la
promotion de la démocratie et du progrès à partir de :

50
1. un Pouvoir Exécutif Fort et Perspicace, prestigieux
et soumis devant la loi, soucieux de ses prérogatives
constitutionnelles et fonctionnant à partir d’un pro-
gramme et des politiques publiques connus et accep-
tés par la société et toutes les institutions chargées de
leur mise en application à partir des ressources qui
leur sont allouées et dans la plus grande transparence ;
2. un Pouvoir Législatif honorable et responsable, avec
des représentants d’envergure exerçant sereinement,
avec compétence et rigueur, ses attributions établies
par la Constitution tout en veillant aux intérêts de la
population ;
3. un Pouvoir Judiciaire vigilant avec des magistrats hon-
nêtes et indépendants, veillant à I’application scru-
puleuse des règles du jeu et prompt à mettre l’action
publique en mouvement contre toutes dérogations,
tendances malsaines, dérives ou corruption, pour
rendre justice à qui justice est due et punir les cou-
pables conformément à la loi ;
4. des élus locaux compétents, vigilants et soucieux du
développement durable de leur communauté.
5. des Forces publiques Disciplinées dont, - I’armée char-
gée de la défense du Territoire et des infrastructures
stratégiques, de la protection de l’environnement, du
service civique obligatoire pour les jeunes, des interven-
tions en cas de désastre et -la Police chargée du main-
tien de I’ordre et de la sécurité des vies et des biens ;
6. une Société Civile Organisée, capable d’orienter les
trois pouvoirs, de faire entendre ses doléances ou re-
vendications légitimes par toutes les voies légales à sa

51
portée y comprises des manifestations pacifiques sans
actes de vandalisme;
7. une Presse respectueuse des règles d’éthique, exer-
çant ses droits en toute liberté et cherchant, autant
que possible, à contribuer à I’éducation de la popula-
tion et à freiner ses tendances à la dérive avec des dé-
nonciations sans fondement ou à caractère vindicatif
susceptibles de nuire à I’intégrité morale ou physique
des citoyens ou des institutions ;
8. un secteur privé des affaires très dynamique, proche
de I’enseignement supérieur et de la recherche,
constamment à l’affût des opportunités pour agrandir
et moderniser. les entreprises nationales , les rendre
plus compétitives et ouvertes à des injections mas-
sives directes de technologies et de capitaux étrangers
pour accélérer la création de richesses tout en amélio-
rant le salaire et les conditions de travail des ouvriers,
vaincre le chômage et la délinquance et contribuer
à des œuvres sociales profitables à l’ensemble de la
communauté ;
9. des Partis Politiques organisés, capables de participer
à I’animation de la vie politique et à l’expression du
suffrage, de sélectionner les candidats compétents et
intègres appelés à gouverner, de légitimer et de stabi-
liser le régime démocratique.

Un environnement de confiance, de tolérance, de sécurité


et de paix consolidée est absolument indispensable pour
permettre à tout gouvernement de :

52
• développer une vraie politique de logement visant en
tout premier lieu les victimes du séisme du 12 janvier
2010 regroupés dans des abris de fortune dans de dif-
férents camps, les populations des bidonvilles et des
sections communales exploitées trop souvent par des
politiciens sans scrupules ;
• réaliser une croissance économique soutenue et créa-
trice d’emplois pour les ouvriers des villes et des cam-
pagnes comme pour les cadres et les techniciens issus
des universités et des écoles techniques ou profes-
sionnelles dont il faut amplifier l’effectif et diversifier
les connaissances en fonction des besoins ;
• développer le secteur privé, améliorer l’accès aux res-
sources productives et aux activités économiques et
promouvoir le développement rural, le contrôle dé-
mographique, la régénération de l’environnement,
la préservation des ressources naturelles et du patri-
moine national en général;
• promouvoir le développement social et humain, l’épa-
nouissement de la jeunesse, contribuer à assurer un
partage général et équitable des fruits de la croissance
et favoriser l’équité de genre ou l’égalité hommes/
femmes;
• promouvoir la modernisation de I’État, le développe-
ment de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,
la décentralisation et le renforcement légal et institu-
tionnel nécessaires à la consolidation de la démocra-
tie, de la bonne gouvernance et des économies de
marché efficaces et compétitives ;

53
II- Des impératifs pour le Parti FORCE au Pouvoir

Notre époque, dominée par l’imprévu et l’interdépendance


exige des dirigeants la capacité de réagir avec souplesse et
pragmatisme par des politiques publiques capables d’offrir au
peuple revendicatif, des biens et services de qualité, produits
dans les meilleures conditions d’efficacité et d’efficience. C’est là, un
sérieux défi eu égard au niveau de délabrement de nos institutions,
au manque de motivation et de performance des cadres, à la
dégradation de l’environnement et aux énormes difficultés
auxquelles l’humanité est confrontée et dont les solutions doivent
venir en partie de l’aide bilatérale ou multilatérale, elle-même
défaillante et des fois très compliquée et conditionnée…

Le Parti FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE qui se


veut être un pôle culturel, une institution solide de la société
haïtienne, décide de relever ce défi. II suscitera à cette fin
l’éclosion d’un nouveau système de valeurs et l’aménagement
de nouvelles normes de comportement humain. Ce rêve d’une
nouvelle nation haïtienne n’est réalisable que s’il s’appuie sur
notre culture, reformée au besoin, pour constituer un foyer
stratégique obligé au creuset duquel il deviendra possible de
libérer les potentialités et les énergies créatrices de tous et de
toutes pour infléchir favorablement le cours de notre histoire
de peuple. Le Parti appelle à une prise en charge collective
de nos valeurs originales, de nos ressources matérielles,
intellectuelles, morales et psychologiques pour enfin mettre
ce pays sur les rails du développement socio-économique,
authentique et durable. Ce type de développement voulu
par le Parti requiert à la fois des choix lucides et volontaristes,

54
un nouveau type de citoyen hautement discipliné cultivant
un sens aigu du collectif, du respect du bien commun et se
référant constamment à la vision Louverturienne et refusant
le verbalisme stérile au profit d’une attitude positive et
méthodique vis-à-vis de l’effort créateur et de l’harmonisation
des connaissances acquises avec leur application pratique.

Le Parti, soudé aux principes de l’ordre et de la discipline dans


le travail pour la dignité, la prospérité nationale et la justice sociale,
se propose d’entreprendre, une fois au pouvoir, une grande
réforme culturelle centrée sur les trois impératifs ci-dessous :

Premièrement :

Dans un univers dominé par l’éphémère s’imposent les


valeurs de tolérance, de pluralisme idéologique, de remise
en cause de soi, d’expérimentation, du perfectionnement
continu, de lutte infatigable contre l’impunité, la corruption
administrative et la discrimination de genre.

Deuxièmement :

Dans une civilisation industrielle sujette à l’aliénation, il est


incontournable d’instaurer de nouvelles formes de rapports
humains fondés sur la confiance et l’actualisation des valeurs
essentielles à la dignité humaine.

Troisièmement :

Dans un environnement international globalisant,


essentiellement technologique où le développement

55
technique matériel constitue la dimension préférentielle, il
est indispensable d’assumer une responsabilité sociale pour
rehausser la qualité de vie des haïtiens et des haïtiennes et
sauvegarder jalousement les systèmes de libre entreprise.

Le Parti insiste, en fin de compte, sur le fait que notre


développement socio-économique est un long processus
délibérément voulu et recherché en tant que fruit de l’initiative
de tous et de toutes sans aucune exclusion.

Un environnement de confiance, de compréhension mutuelle,


de tolérance, de sécurité, de paix consolidée est absolument
indispensable pour permettre un gouvernement de

• Conduire les négociations pour la reconstruction et le


développement du Pays axés sur la décentralisation et
le renforcement institutionnel nécessaires à la consol-
idation de la démocratie, de la bonne gouvernance et
des économies de marché efficaces et compétitives,
• Réaliser une croissance économique, soutenue et créatrice
d’emplois, développer le secteur privé, augmenter l’em-
ploi, améliorer l’accès aux ressources productives et aux
activités économiques et promouvoir la régénération
de l’environnement et la préservation des ressources na-
turelles, la coopération et I’intégration régionale;
• promouvoir le développement social et humain, l’épa-
nouissement de la jeunesse à travers l’industrie cultu-
relle et sportive contribuer à assurer un partage géné-
ral et équitable des fruits de la croissance et favoriser
l’équité de genre ou l’égalité hommes/femme»

56
lll- Le Parti FORCE au Pouvoir

A- Politique sociale du Parti

Pour sortir durablement de la crise où des décennies de


mauvaise gouvernance ont plongé L’ÉTAT, LA NATION et LA
SOCIÉTÉ, le parti propose au pays tout entier une nouvelle politique
sociale qui s’attaque à la fois aux causes et conséquences de nos
grands déséquilibres. Le parti FORCE parvient à la conviction que
c’est à la fois juste et efficace qu’une bonne gouvernance fasse le
plus pour ceux qui ont le moins. De toute évidence, si Haïti va mal,
c’est principalement parce que la misère et la pauvreté y sont trop
répandues. Les bas salaires, les dures et incroyables conditions
d’existence, le chômage endémique, l’analphabétisme chronique
tirent tout le pays vers le bas. En pareille condition, il s’avère
impérieux de cesser le suicide collectif, consistant à approfondir
davantage le trou où l’État-Nation s’enterre. Il faut, par contre
institutionnaliser le droit des pauvres en tant que besoin de
société et nécessité historique.

Pour toutes ces raisons, la Politique Sociale du Parti vise


cinq (5) grands objectifs

• L’intégration des « laissés pour compte » dans le pro-


cessus évolutif de la Nation
• La relance de la consommation des « gagne-petit »
• La mise en chantier d’une société plus solidaire
• La limitation du taux de croissance démographique
• La promotion de la jeunesse, de la femme haïtienne
et de la paysannerie

57
B- Politique économique

Au cours de ces trois dernières décennies ou ce dernier


quart de siècle (1980 - 2008) des signes de malaise se sont
manifestés avec une certaine acuité dans l’économie. Très tôt
dans les années 1980 après une période une de croissance
soutenue enregistrée pendant la décennie 70 – 80 des
nuages sombres commencèrent à poindre à l’horizon. La
situation économique lentement se dégrade pour aboutir à
la décapitalisation en cascade de I‘économie haïtienne avec
les événements sociopolitiques de 1986, de 1990, de 2004,
de 2006, du tremblement de terre du 10 Janvier 2010 qui a
finalement mis le pays à genoux.

Sans entrer dans une analyse approfondie de la situation


économique au cours de cette période disons que plusieurs
variables macro-économiques commençaient à se détériorer
sous la poussée des événements externes à savoir : la flambée
des prix du carburant et la baisse spectaculaire des prix
des matières premières d’origine agricole. Ces événements
conjuguent leurs effets pour aboutir à une dégradation
systématique des termes de I’échange de la gourde vis-à-vis
du dollar américain. En dépit de la contribution positive au PIB
de la valeur ajoutée générée par I’industrie d’assemblage en
opération au début des années 70, la situation économique ne
montra aucun signe de redressement. Au contraire, elle s’empira
vu que la pandémie du VIH/SIDA s’ajouta à nos malheurs en
provoquant l’effondrement de l’industrie touristique qui se
développait jusque-là à un rythme appréciable.

58
En conséquence, la monnaie nationale accélère sa
dépréciation par rapport au dollar américain. Les exportations
haïtiennes diminuèrent. Les importations de produits
alimentaires, de carburant et autres biens de consommation
croissaient de plus en plus. Le déficit de la balance commerciale
s’aggrava d’année en année. La détérioration du pouvoir
d’achat augmenta sous la poussée des vagues inflationnistes.
Les réserves nettes de change diminuèrent de plus en plus.

À partir de 1991 un événement majeur va se produire dans


la vie économique. L‘abandon du taux de change fixe par
les autorités monétaires en faveur d’une politique de taux
de change variable. Cette nouvelle politique va mettre fin à
60 ans de stabilité monétaire aggravée par une politique de
libéralisme économique tout azimut.

Le nouveau pouvoir installé en Février 1990 ne pouvant


maîtriser la conjoncture socio-politique de la période fut
renversé par les forces antagonistes. Suite à cet événement, la
communauté internationale imposa un embargo économique
injuste et criminel sur Haïti, lequel allait effectuer des ravages
considérables en termes de coûts sociaux et économiques.

C’est la crise qui affecte tous les aspects de la vie nationale


et à la base de laquelle s’identifient : I‘intensification des
gaspillages, l’absence de volonté politique et de stratégie de
développement scientifique et technique, la marginalisation
du capital humain, une instabilité sans cesse croissante de
l’activité économique et une inflation débridée. La situation
s’est empirée davantage au fil des ans avec la flambée des

59
coûts des produits pétroliers et la hausse spectaculaire des
denrées alimentaires, le laxisme et le manque de vision ou de
perspicacité des hauts responsables de l’État, pour déboucher
sur les émeutes de la fin du mois d’Avril 2008 et le bras de fer
entre l’Exécutif, le Parlement et les Partis Politiques à I’affût
des privilèges du Pouvoir en vue du choix d’un nouveau Chef
de Gouvernement après quatre mois de confusion politique,
d’aggravation de la misère du peuple et d’expectative de la
communauté internationale pour les négociations de I‘aide
à apporter à la nation. De plus, les catastrophes naturelles
comme les cyclones Gustave, Hanna et Ike ne font qu’aggraver
davantage la misère du peuple avec leur cortège de morts et
les dégâts matériels considérables laissés sur leur passage à
I’échelle nationale. Finalement, le tremblement de terre du 12
Janvier 2010 a décapitalisé toutes les entreprises nationales,
mettant le pays à genoux.

Pour sortir durablement de cette crise et parallèlement


aux actions de la CIRH avec des financements éventuels de la
communauté internationale dans un cadre bien déterminé ,
le Parti propose à la Nation une politique économique axée
sur quatre (4) cibles fondamentales. La décennie 2010 – 2020
doit être celle de la détermination de la nation haïtienne à
assumer l’entière responsabilité de sa modernisation en se
fiant surtout å ses propres forces et en s’attachant à améliorer
leur rendement. Ce n’est pas Ià I’affirmation de l’inutilité de
I’aide externe. Certes, elle est importante et même urgente
et indispensable. Mais cette importance ne se manifestera
pas en l’absence de facteurs de transformations internes
de nature socio-économique. La condition préalable à ces

60
transformations reste que le peuple haïtien, toutes catégories
confondues, et les élites dirigeantes soient persuadés qu’il
n‘est pas impossible de créer des conditions d’existence
qui permettent au simple citoyen de vivre sainement et
de développer ses facultés créatrices dans un milieu qui
l’empêche de se sentir un paria. Si cette prise de conscience
existe, la nation haïtienne disposera d’une puissante force
sociale capable de vaincre l’inertie et le conservatisme et de
garantir le succès d’une stratégie sous-tendue par le respect
de la justice sociale, la poursuite cohérente d’une croissance
modeste du PIB per capita et la gestion efficace, efficience et
transparente des affaires sociales et économiques. Les quatre
axes envisagés sont les suivants :
- Le plein emploi
- La croissance ou le soutien de I’activité économique
- L’équilibre extérieur
- La stabilité des prix

C - Politique environnementale du Parti

Depuis plusieurs décennies, Haïti se trouve confrontée


à des problèmes divers auxquels s’inscrit la dégradation de
I’environnement. Ce problème qui atteint une dimension
cruciale et poussée tant en milieu rural qu’en milieu urbain,
a un rapport de causalité avec la pauvreté et le bas niveau de
formation de la population haïtienne.

Luttant pour sa survie, celle-ci se livre à des pratiques qui


détruisent les bases de son existence. Ainsi, la moindre parcelle
de terre est cultivée sans tenir compte de sa vocation naturelle.
De plus, la plaie nationale est l’exploitation outrancière

61
des ressources ligneuses qui donne lieu à un ensemble
de problèmes auxquels nous faisons face : processus de
désertification, érosion, inondation, sécheresse, envasement,
disparition quasi-totale de certaines espèces animales et
végétales, baisse de la productivité agricole, pollution de l’air,
pollution du sol et de l’eau etc.

En zone urbaine, la dégradation de I’environnement est Iiée


à la forte densité de population alliée à la gestion des déchets
solides et liquides, à la prolifération anarchique des bidonvilles
surpeuplés le long des côtes, sur les flancs des collines ou aux
abords des ravins alliée aux problèmes d’insuffisance et de
pollution des ressources en eau.

Cette situation de délabrement qui caractérise I’environne-


ment du pays constitue un goulot d’étranglement au proces-
sus de croissance économique et de développement durable.
De plus, la faiblesse institutionnelle et les problèmes de for-
mation et de sensibilisation des citoyens concernés entravent
la mise en œuvre d’un système de gestion rationnel et efficace
de l’environnement. Ces problèmes non moins importants de-
viennent de plus en plus préoccupants.

Il faut donc de nouvelles politiques publiques en matière de :

1. La gestion de l’eau
2. L’aménagement de territoire
3. La gestion des aires protégées, parques et forêts
4. La gestion des bassins versants
5. La gestion des déchets solides

62
D. Politique de renforcement du système éducatif

Le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 a porté un


coup des plus terribles au système éducatif haïtien avec la
destruction de la quasi-totalité des infrastructures scolaires
et universitaires du secteur public et privé. Il faudra du temps
et de gros moyens financiers pour relancer, développer
et moderniser le système. Entre-temps et en ce début de
millénaire, le Parti constate la révoltante évidence de l’opacité
des ténèbres dans lesquels vivotent quatre-vingt pour cent
(80 %) d’Haïtiens et d’Haïtiennes. Il se confirme de plus en plus
que, dans cette Haïti indépendante depuis deux siècles, « les
hommes et les femmes qui y vivent n’appartiennent pas à la
même étape historique de notre destinée de peuple. » Une
faible minorité dispose de l’inappréciable avantage d’être
éclairée alors que la grande majorité demeure à la préhistoire,
prisonnière des ténèbres et des servitudes ancestrales.
Pourtant, il est bien vrai, qu’en l’an 2010 de notre existence de
peuple, I’éducation a acquis les attributs de l’alimentation et
de la santé. C’est un bien de consommation auquel chacun a
droit vu qu’il s’agit d’un droit de l’homme. Le Parti, convaincu
que du point de vue de I’investissement, l’éducation est un
puissant moyen de mobiliser les ressources humaines et de
faire de l’individu un agent plus productif, a intégré dans sa
stratégie de développement, la scolarisation universelle,
I‘amélioration de la qualité de I’enseignement, la réduction
de l’analphabétisme des adultes et bien sûr, la réorientation
des programmes d’enseignement en fonction des besoins du
développement national.

63
Priver la grande masse de la population haïtienne des chances
offertes par l’éducation, c’est se rendre coupable d’un gaspillage
évident de ressources humaines comportant d’importantes
d’incidences économiques notamment le chômage des jeunes.
Des études en effet, confirment que moins de cinquante
pour cent (5() %) de la population scolarisable fréquentent un
établissement d’enseignement, moins de dix pour cent (10 %)
des inscrits en primaire parviennent au niveau secondaire et un
pourcentage encore plus faible de ceux-ci atteignent le niveau
supérieur. En conséquence, le chômage des jeunes prend,
d’année en année, des dimensions inquiétantes. Il ne se voit pas
seulement chez les jeunes qui ont prématurément abandonné
l’école, mais également chez ceux qui ont achevé les cycles
secondaires et supérieurs au prix de pénibles efforts des parents.

En vérité, notre problème de sous-développement est


essentiellement un problème de sous-enseignement. Aussi,
le Parti propose-t-il à la nation une réforme radicale du
système éducatif actuel, inaccessible à de nombreux enfants
et générateurs de schémas socio-économiques passéistes.
Ce système n’améliore pas les compétences, n’accentue
nullement le dynamisme social et, pis encore, ne crée pas les
conditions propices à I’émergence d’une plus grande justice
sociale en Haïti.

La nation haïtienne a grand besoin d’un nouveau système


scolaire plus ouvert au monde extérieur, entretenant des
rapports plus étroits avec la collectivité nationale dans son
ensemble et avec ses besoins en matière de développement.

64
E. Politique de Santé Publique

Avec le Parti FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE au


pouvoir, travailler au bien-être des citoyens constituera le
principal mobile des actions du gouvernement. Conformément
à la définition de la santé émise par I’OMS « ... Etat de complet
bien-être physique, mental et social et pas seulement une
absence de maladie et d’infirmité », les mesures devant
amener à cet état de bien-être du citoyen relèvent d’une
synergie renforçatrice entre le secteur privé et le secteur
public sous la coordination du Ministère de la Santé Publique
et de la Population avec I’appui inconditionnel de l’ensemble
du Gouvernement.

Au cours des dernières décennies des tentatives de réforme


inadaptées ou inadéquatement mises en œuvre ont fini par
désorganiser et rendre défaillantes certaines institutions
importantes dans I’administration de la santé. La situation
sanitaire du peuple n’a cessé de se détériorer. Le niveau et
la qualité des soins offerts par les institutions de santé tant
publiques que privées ne couvrent pas toute la gamme des
besoins au point qu’un nombre significatif de malades, ceux
qui en ont les moyens bien entendu, se font soigner en
République Dominicaine, à Cuba, aux États-Unis ou au Canada.
Un nombre élevé de décès, de maladies et d’incapacités sont
directement imputables à l’inobservance et I’absence de
contrôle de I‘ application de lois et règlements élémentaires
qui régissent la vie dans toute société organisée, (loi sur la
circulation des véhicules, lois sur I’urbanisme, règles d’hygiène
alimentaire, d’hygiène de l’habitat, de I’environnement, par

65
exemple). L’amélioration du niveau de vie de la population
ne s’obtiendra qu’à condition que chaque personne puisse
avoir accès aux principaux besoins fondamentaux que sont
la nourriture, l’emploi, le logement, les services de santé,
l’éducation, la sécurité. Afin d’orienter et d’organiser son effort
de protection, de promotion et de restauration de la santé
de la population, le gouvernement poursuivra la réforme
du système de soins et définira la politique nationale de
santé publique, selon des objectifs pluriannuels auxquels
correspondront des indicateurs spécifiques permettant de
mesurer et de suivre les résultats obtenus. La détermination
de ces objectifs, la conception des plans, des actions et des
programmes de santé mis en œuvre pour les atteindre ainsi
que l’évaluation de cette politique relèvent de la responsabilité
de I’État qui recherchera à toutes les étapes du processus la
participation de la population et des différents intervenants
dans le secteur.

La Politique de Santé englobera :

1. La surveillance de I’état de santé de la population et


de ses déterminants. Une bonne connaissance des
problèmes de santé et de leurs déterminants est un
outil précieux aux mains des responsables étatiques.
Il leur permet d’identifier les stratégies d’actions
efficaces pour réduire les facteurs de risque de maladies
au sein de la population. Le Laboratoire National de
Santé Publique et la Direction d’Épidémiologie du
Ministère de la Santé seront équipés et renforcés afin
de leur permettre de rayonner tant sur les niveaux

66
départemental que communal et de s’acquitter avec
efficacité de leurs responsabilités de surveillance à
tous les échelons de la pyramide sanitaire.

2. La lutte contre les endémies/épidémies. En plus


des grands programmes nationaux de lutte contre
la Malaria, le VIH/SIDA et la Tuberculose, des plans
d’actions stratégiques de lutte contre toute endémie/
épidémie menaçant la santé de la population seront
élaborées et mis en œuvre.

3. La prévention des maladies, des traumatismes et des


incapacités. Une ressource humaine clé qui jouait un
rôle de premier plan dans la prévention des maladies,
I’officier sanitaire, est en voie de disparition. Le
Ministère de la Santé Publique, à travers la Direction
d’Hygiène Publique, de concert avec le Ministère de
l’intérieur et des Collectivités Territoriales réactivera
la formation de cette catégorie professionnelle qui
intégrera de préférence le staff des mairies où elle sera
chargée du contrôle et de la promotion de l’hygiène
de l’environnement, de l’hygiène de I’habitat et de
l’hygiène de I’alimentation. D’une maniéré générale, les
mesures de prévention seront intégrées aux activités
de routine des centres de soins et seront offertes à la
population sur une base régulière, de même que les
activités d’information et d’éducation sur la santé.

4. L’amélioration de l’état de santé de la population et de la


qualité de vie des personnes malades et handicapées.

67
La réforme du système de soins sera poursuivie ; la
pyramide des Institutions de soins sera objectivement
définie et les ressources (humaines, matérielles et
financières) nécessaires à leur fonctionnement effectif
leur seront régulièrement allouées. Les modalités de
financement des soins de santé à partir de différentes
sources (Trésor public, assurances privées/publiques,
subventions publiques ou privées, bénéficiaires de
soins, etc.) seront établies avec le Parlement, les
bailleurs/donateurs et les Ministères concernés.

Le Ministère de la Santé Publique travaillera avec celui


des Affaires Sociales sur une proposition de réforme du
système de santé et du système de sécurité sociale pour
garantir l’accès aux soins de santé à une plus grande portion
de la population. L’ère de l’État Providence est révolue. Les
dépenses médicales pour l’équipement, le personnel, les
Infrastructures et les médicaments sont très élevées. Or,
l’État n’a pas les moyens de couvrir à lui seul ces dépenses
de santé. Le nombre de compagnies d’assurance offrant
des couvertures maladies-vie a augmenté au cours des
dernières années, et il convient de réglementer ce secteur
afin de permettre au système de soins de bénéficier
rationnellement des ressources pouvant être rendues
disponibles par le système des assurances.

5. L’information et l’éducation à la santé de la population.

6. L’organisation du système de santé et sa capacité à


répondre aux besoins de prise en charge des maladies
et handicaps.

68
7. Le renforcement des centres et laboratoires de dia-
gnostic et un meilleur contrôle des systèmes d’appro-
visionnement et de conditionnement des produits
pharmaceutiques, des produits biologiques.

8. Une attention spéciale devra être accordée conjointe-


ment avec les ministères de I’Agriculture(MARNDR) et
du Commerce au Laboratoire National de Diagnostic
et de Contrôle de Qualité de Tamarinier vu son rôle et
celui des Vétérinaires en général dans la lutte contre
les Zoonoses (Rage Anthrax, Tuberculose, Téniasis,
etc.) et le contrôle de qualité des aliments.

9. La rationalisation de la formation des professionnels


de la santé. Le système de soins pour fonctionner a be-
soin de personnel qualifié en nombre suffisant. L’État
n’a plus le monopole de la formation des profession-
nels de santé et les institutions d’enseignement se sont
multipliées au cours des dernières années. Le niveau
et la qualité de la formation dispensée par ces institu-
tions varient largement. Alors, pour garantir la qualité
des soins qui seront prodigués à la population, il in-
combe au Ministère de la Santé Publique la respon-
sabilité d’exercer un contrôle sur la formation dispen-
sée aux différentes catégories de professionnels par
l’établissement d’un système d’examen d’État appelé
à leur ouvrir l’accès au marché du travail.

69
Réforme dans les relations de travail entre Patronat et
Salariat pour garantir à I’Entreprise Haïtienne un équilibre
social inducteur du progrès.- La stratégie de développement
socio-économique du pays, fondée sur le dynamisme de
I’entreprise privée, ne saurait réussir dans un climat de tension
permanente entre le Patronat et Salariat. Aussi, un train de
mesures orientées vers l’établissement d’un équilibre social
à l’intérieur de l’entreprise sera-t-il d’application. Ces mesures
comprennent entre autres :
–– Une législation de travail moderne et reconnaissant
aux Patrons et aux Ouvriers le droit d’association et de
recherche à travers des contrats collectifs limités dans
le temps, un climat social favorable à l’innovation, à la
productivité des facteurs et au progrès.
–– Promouvoir le tripartisme comme cadre de concer-
tation et de participation de tous, aux décisions les
concernant dans les domaines économique et social
Fixer en fonction du coût de la vie et en rapport avec la
compétitivité de l’entreprise haïtienne un salaire mini-
mum garanti en respectant la loi y relative
–– Garantir aux femmes l’accès à tous les métiers, à toutes
les professions, à une formation professionnelle adé-
quate, à la protection de la maternité et au droit de re-
cevoir un salaire égal pour un travail égal.
–– Développer un système de sécurité sociale assurant
des prestations de qualité adéquate dans les domaines
sociaux à l’ensemble de la main d’œuvre.

70
• Réforme du système national de commercialisa-
tion des produits agricoles

Le système actuel de commercialisation agricole comporte


des structures de marché et des circuits de distribution qui
sont incapables de stimuler le travail du paysan et promouvoir
le développement socio-économique. Or, le processus de
développement global recherché est fondé entre autres sur
I’agriculture et les industries agricoles et alimentaires comme
secteurs moteurs. Cela implique une croissance de la demande
monétaire de produits agricoles et alimentaires et tout aussi
bien une croissance de la demande de biens nécessaires à la
production agricole. En d’autres termes, il s’agit en clair d’un
rôle croissant des marchés et de la distribution agricole et
alimentaire. À cette fin, l’État devra prendre I’initiative d’un
ensemble de mesures visant à améliorer les marchés et les
circuits de distribution telles :

a) Organiser les producteurs pour réduire l’atomicité et la


variabilité de l’offre. Des producteurs groupés pourront :
- présenter sur les marchés une quantité de produits
plus importante ;
- réduire la variabilité de l’offre en quantité et en
qualité (planification de la production, investissement
en locaux de stockage, en matériel de triage et de
conditionnement avec l’aide de l’État) ;
- permettre la mise en place par l’État (tout au début)
d’un service technique aux producteurs ;
- permettre la mise en place d’un service de Marketing
assurant outre les services traditionnels (commandes,

71
achats, ventes, livraisons) mais encore des études de
marché et la promotion des ventes.

b) Assainir les marchés et assurer des prix intéressants


pour les agriculteurs à partir d’intervention opportune d’un
Service National de Commercialisation doté des compétences
et des moyens matériels adéquats ;
- encadrer des sociétés coopératives mixtes de crédit
et de commercialisation d’intrants agricoles et de
produits de la ferme ;
- corriger le mécanisme des marchés et de la formation
des prix ;
- inciter les professionnels eux-mêmes à organiser leur
production et la commercialisation de leur produit ;
- orienter la production vers des objectifs qualitatifs
et quantitatifs (développement de systèmes de
motivation : prime, décoration, exposition) ;

Ces interventions du nouvel organisme à mettre en place


dans I’immédiat, prendra la forme :
- De mesures législatives ou administratives directes
comme la normalisation qui consiste à uniformiser
aspect et qualité des marchandises pour une meilleure
utilisation du produit et faciliter les échanges
commerciaux. Ainsi, le produit haïtien sera défini,
caractérisé au plan de la qualité, de son calibrage, le
cas échéant, de sa présentation et aussi des conditions
de sa distribution ;
- d’incitations financières dans un double but :
économique pour inciter à l’organisation ; social pour

72
augmenter la valeur du produit de I’agriculteur et le
revenu qu’il en tire.

c) Assurer le contrôle de la qualité et la répression des


fraudes dans le but de protéger la santé publique, de défendre
les consommateurs contre les fraudes, d’éviter la concurrence
déloyale sur le marché, de faire respecter et d’améliorer la
qualité des produits, d’améliorer les rapports commerciaux
entre les différents partenaires des circuits.

d) Améliorer les circuits.

Cette opération consistera à supprimer certains


intermédiaires entre le consommateur et I‘ agriculteur. Il
s’agira essentiellement à simplifier et à raccourcir les circuits
dans la perspective d’une augmentation de la fluidité des
transactions au profit d’une meilleure adaptation de l’offre à
la demande, en quantité et en qualité. Les solutions prévues à
cet effet sont :
- la modernisation des installations matérielles (marchés
locaux, régionaux et nationaux, abattoirs, station de
conditionnement)
- l’amélioration des relations intra et interprofession-
nelles par le développement de I’action en commun,
pour la mise en marché.

F. Politique de rénovation de l’état

Aujourd’hui dans tous les domaines sensibles de I’


Administration haïtienne, dans tous les services publics

73
dont les citoyens sont les utilisateurs et avec lesquels ils
sont quotidiennement en contact, les choses sont devenues
d’une complication telle que c’est une gageure de susciter
intérêt et passion pour l’ Administration Publique. Des
procédures ont atteint un niveau de complexité qui les
rend incompréhensibles. La création relativement récente
de collectivités territoriales décentralisées : Département
–  Commune – Section Communale, ne constitue pas pour
l’opinion un élément de simplification. Bien au contraire pour
les haïtiennes et les haïtiens, l’État ne fait pas ce qu’il faut pour
assurer leur bonheur. Il est trop lointain. C’est un personnage
avec lequel ils ne se sentent pas en pleine communauté
d’esprit. C’est un monstre froid inspirant instinctivement
méfiance. Quant à l’Administration, instrument par lequel l’État
délivre des services d’intérêt public, elle ne s’attire que des
critiques stéréotypées la cataloguant comme une mauvaise
administration qui exige, réclame sans jamais tenir compte de
la demande sociale qu’elle ne comprend jamais.

C’est cette déliquescence de l’État, cette incapacité d’assurer


le bonheur des citoyens qui sont à la base des événements
de novembre 2003, des émeutes de la faim du mois d’ Avril
2008 et des dégâts causés par des désastres naturels comme
les cyclones George, Jeanne, Gustave, Hanna, Ike et le
tremblement de terre du 12 Janvier 2010. Les revendications
du peuple à l’occasion de ces événements témoignent de
I’aspiration des haïtiens et des haïtiennes à une vie où ils
pourront concilier les progrès de la civilisation urbaine et les
bienfaits du contact avec la nature et la civilisation rurale.
Cette revendication d’une plus grande qualité de vie impose

74
des efforts en matière de protection de l’environnement, de
politique foncière, d’habitat, de transport, d’éducation, de
soins préventifs et curatifs, de services publics en général.
La réussite dans cette ambition exige que nous parvenions
à un dessein plus clair et plus humain de notre paysage
administratif, depuis les sections communales jusqu’à I’État.
Cette exigence permettra une citoyenneté plus active, c’est-
à-dire une liberté réelle dans les choix et un intérêt direct que
chacun pourra porter aux affaires concrètes qui le concernent
dans sa vie de tous les jours.

Une fois assurées la dignité et la sécurité du pays, rien


n’est plus important que d’améliorer la vie des citoyens au
travail et chez eux. Pour nous autres, les milliers de membres
du Parti FORCE, les deux (2) bases de la cité demeurent la
personne humaine, chaque être étant jugé irremplaçable,
et les communautés naturelles : la famille, les églises, les
syndicats, les partis, les associations diverses, les communes,
les départements et la Nation. Ces communautés naturelles
doivent permettre aux hommes et aux femmes du pays de
s’épanouir. C’est en assumant leurs responsabilités qu’ils
s’épanouiront pleinement vu que la démocratie réelle implique
pour tous et pour toutes une plus grande responsabilité
citoyenne.

Tout cela rend impérieuses la planification et la mise en


œuvre d’une cure de jouvence pour l’État haïtien. A cette fin
le parti propose une politique axée sur quatre (4) instruments

• Dimensionnement optimal de l’État haïtien

75
• La déconcentration pour alléger les Administrations
centrales
• La décentralisation pour remédier aux inconvénients
du gigantisme de l’État actuel
• Évaluation du partenariat public-privé dans la gestion
des entreprises de l’État

G. La culture de la Performance dans l’Administration


publique

Le temps où l’Administration publique considérait qu’elle


n’avait que des missions d’intérêt général et non des objectifs
d’action publique n’est plus. Il y a aujourd’hui, à travers le
monde, comme un consensus pour que s’installe dans les
administrations publiques la culture de la performance à
l’instar de ce qui se passe dans les entreprises privées. La
République d’HAÏTI, en tant qu’élément du système Mondial,
ne saurait continuer à évoluer en vase clos ou en dehors de
ce consensus, pour ne pas prendre le train à temps comme
d’habitude. Le Parti FORCE au pouvoir prendra l’initiative
d’introduire dans notre culture administrative le SYSTÈME DE
MÉRITE ou la RÉMUNÉRATION BASÉE SUR LA PERFORMANCE
en vue de permettre à la Fonction Publique de répondre
avec efficacité, objectivité et équité à sa mission et de sortir
définitivement la Nation de son état anachronique de pays le
plus pauvre du Continent américain ou même de Champion
des pays sous-développés.

L’enjeu autour de la culture de la performance est d’évoluer


d’une culture de responsabilité collective avec tous ses excès
(inertie, application aveugle des procédures, élimination

76
progressive de I’esprit d’initiative, corruption, etc.) vers une
culture de I’engagement, de responsabilisation individuelle
et/ou d’équipe, de motivations, d’objectifs et de résultats pour
répondre aux intérêts de la Nation et satisfaire les besoins des
populations. Dans cette culture, il faut compter avant tout,
avec la stabilité politique, l’engagement formel des bailleurs de
fonds( internes et externes) pour le financement des budgets et
le recours à des compétences dynamiques, intègres et motivées
pour la conception et la mise en œuvre des programmes et des
projets. Il faut finir avec ces reproches des bailleurs internationaux
à l’adresse de la Nation, à savoir le manque de capacité
d’absorption des fonds mis à notre disposition par carence de
compétences de haut niveau pour concevoir et atteindre des
objectifs avec des indicateurs de performance fiables alors que
les besoins pour nos programmes de développement socio-
économiques sont immenses. Les leviers de motivation pour
relever ce défi ne sont autres que la rémunération basée sur la
performance, le développement personnel des fonctionnaires
(formation, promotion, avantages sociaux) et tout le corpus
de valeurs susceptibles de rendre l’État plus efficace pour le
renforcer dans sa légitimité sans négliger, certainement, des
sanctions négatives pour combattre les fléaux qui gangrènent
nos institutions et qui affectent leur crédibilité comme la
médiocrité, le népotisme et la corruption.

Il est souvent reproché à la Fonction Publique son


insouciance ou son manque d’efficacité face à des obligations
qui lui sont propres vis-à-vis des citoyens ou des contribuables.
Il est même relevé que certaines obligations inhérentes
au service public ne se trouvent pas assumées dans des

77
conditions conformes aux exigences d’un service public
d’égal accès ou d’égale qualité pour tous. Qu’ils soient rudes
travailleurs ou paresseux, efficaces ou inopérants, compétents
ou médiocres, toujours présents à leur poste ou absentéistes,
les agents de I’État bénéficient tous du même traitement, des
mêmes chances de promotion dans leur carrière. Très souvent,
il arrive que les directeurs ou chefs de service chargés du
fonctionnement de l’entité opérationnelle n’aient qu’un poids
indirect et parfois faible sur la carrière des agents placés sous
leur autorité. Toute tentative de leur part de reprise en main se
trouve, de ce fait, plus ou moins compromise et leur stratégie
pour mobiliser les agents se ramène bien vite à gagner leur
bonne volonté, ce qui peut expliquer un certain laxisme en
matière d’absentéisme ou de congé.

Ce système traditionnel, axé sur l’ancienneté ou la carrière


avec parfois des recrutements, des promotions et des salaires
liés à des accointances crurales, politiques ou familiales sans
tenir compte des fiches de poste et des profils des compétences
en relation avec les besoins réels des institutions, sans
responsabilisation des fonctionnaires qui ont des droits et des
obligations, ne peut aboutir qu’au blocage du développement
socio-économique de la nation, la faillite de I’État dans sa
mission de fournir des services de qualité aux contribuables,
de répondre aux besoins de la population.

Stratégie d’Application

Le temps est venu de mettre fin à ces dérives coutumières


qui constituent un obstacle au développement socio-

78
économique de la Nation, qui affaiblissent nos institutions et
qui limitent les cadres compétents, progressistes et intègres
dans leurs initiatives, leurs marges de manœuvre pour une
gestion moderne des services publics et de procéder à la mise
en œuvre du principe selon lequel la gestion des agents doit
incomber à ceux qui sont responsables du fonctionnement
opérationnel du service ou des collectivités territoriales où ils
sont affectés. Les questions fondamentales qui se posent alors
sont de savoir :

1. Comment corriger le système de carrière en vigueur


pour améliorer la performance des fonctionnaires et
de la fonction publique ?
2. Comment concilier la conception régalienne du service
public avec les exigences d’efficacité et d’efficience ?
3. Comment créer des conditions de motivation des
employés dans un système de carrière entaché
de favoritisme, de népotisme, de résistance au
changement ?
4. Comment rendre effective la décentralisation pour
permettre l’épanouissement des collectivités territoriales
avec la présence de toutes les structures de l’État bien
pourvues en équipements, en matériels et en ressources
humaines qualifiées et dotées de délégation de pouvoir
et d’autorité pour fournir les mêmes services à la
population des villes de province comme à la capitale ?

Ces questions trouvent leur réponse dans le Système de


Mérite ou la Rémunération basée sur la Performance qui tend
à devenir, avec la mondialisation, un élément incontournable

79
dans les politiques de Restructuration et de Modernisation
de la fonction publique ou de renforcement institutionnel.
Pour y parvenir, en dehors des formations universitaires bien
spécifiques du personnel professionnel et de l’ensemble
des fonctionnaires desservant les différentes institutions
publiques, il s’avère absolument indispensable de :

1. Moderniser la gestion des ressources humaines et


garantir sa neutralité et sa dépolitisation ;
2. Renforcer les capacités de gestion des hauts cadres
grâce aux techniques modernes de management
(planification, organisation du travail, évaluation etc.) ;
3. Promouvoir le système de gestion axé sur des objectifs
et des résultats ;
4. Asseoir une culture de contrôle des résultats à travers
le suivi des performances individuelles et collectives
afin d’induire la productivité effective des services
publics ;
5. Consolider les aptitudes managériales des hauts
cadres et dirigeants dans le sens d’une synergie des
efforts de leurs collaborateurs ;
6. Encourager le professionnalisme et la motivation dans
la Fonction publique ;
7. Mettre en place des systèmes de motivation incitatifs
(objectivité, équité)
8. Offrir aux employés des conditions physiques,
matérielles et sociales confortables ou tout au moins
acceptables pour leur plein épanouissement;
9. S’assurer de I’engagement formel des sources de
financement internes et externes pour asseoir ou

80
ajuster de façon certaine le budget des programmes,
projets et objectifs et pour prévenir toutes frustrations
tant du côté des organismes chargés de leur exécution
que des populations des zones bénéficiaires.
10. Répartir le budget national par département en
trois chapitres : Fonctionnement- Investissement —
Rémunération.

H. Conclusion

Le salut de la nation n’est possible que dans la transcendance,


en mettant de côté nos convoitises personnelles au profit de
l’intérêt collectif, dans un climat d’harmonie entre dirigeants
et dirigés, entre citadins et paysans, entre secteur public et
secteur privé, entre citoyens de l’intérieur et citoyens de la
Diaspora, entre Patronat et Salariat,- tout en tenant compte
des limitations de l’un ou de I’autre sur le plan de la moralité et
de la compétence.

Le moment est grave et il s’avère urgent de saisir à temps


et d’exploiter à fond , à I’instar de Toussaint Louverture, toutes
les opportunités pour la reconstruction ou la refondation de
la Nation avec comme principaux acteurs : les institutions
nationales et les forces nationales créatrices de richesses et
d’emplois pour la concrétisation effective, selon des standards
internationaux et pour I’appropriation et la pérennisation
de toutes les œuvres à entreprendre conjointement avec la
communauté internationale. C’est une condition indispensable
à l’action salvatrice du peuple Haïtien qui doit être le principal
bénéficiaire, si les bailleurs arrivent à respecter effectivement

81
leur promesse respective, de cet élan de générosité des pays
amis et des institutions internationales. Et ceci doit être perçu
non pas avec cette vision folklorique de certains décideurs,
mais plutôt avec une vision Christophienne moderne,
capable de transcender et de défier l’espace et le temps, une
vision capable d’intégrer définitivement Haïti dans le cercle
planétaire des nations civilisées.

Chers compatriotes,

Pour le pays et pour nos pères, faisons un faisceau d’énergie,


unissons nos cœurs et nos bras et marchons en colonnes
invincibles sur le front des valeurs républicaines pour enfin
restituer à notre patrie commune sa fierté et sa dignité.
Donnons-nous rendez-vous pour l’éclosion d’un nouveau
système de valeurs citoyennes et I’aménagement de nouvelles
normes de comportement administratif axées sur l’intégrité, le
travail d’équipe, la mise en œuvre des techniques innovantes
et des systèmes de gestion efficaces, le souci du bien commun,
la quête de I’excellence et le sens aigu de la responsabilité,
dans la poursuite de cet objectif. Ainsi, nous aurions rendu
hommage au Génial Précurseur de l’indépendance Nationale,
ce génie de la race considéré comme I’un des plus grands
hommes que le monde n’eût jamais produits.

VIVE LE PARTI ! VIVE LA RÉFORME ! VIVE HAÏTI !

82
En hommage au Précurseur de l’Indépendance Nationale,
le Général François Dominique Toussaint Louverture
Toussaint Louverture
Gustave Alaux
Toussaint Louverture est né le 20 mai 1743 au Haut-du
Cap sur l’habitation du Comte de Noé de la famille Bréda. Issu
d’une famille de huit enfants (cinq garçons et trois filles) Tous-
saint est le petit-fils de Gaou-Guinou Roi du Royaume d’Allada
actuellement situé au Bénin. Il épouse Suzanne Simon-Bap-
tiste, une noire libre, mère d’un garçon de premier lit Placide
elle qui lui donne deux enfants Isaac et Saint-Jean.

Catholique, Toussaint Louverture ne participe pas à la cé-


rémonie du Bois- Caïman dans la nuit du 22 au 23 aout 1791
mais rejoint la grande révolte des esclaves et devient un chef
incontestable de la lutte jusqu’au poste de Gouverneur Géné-
ral de la colonie.

En 1798, Toussaint ouvre une brèche sur notre indépen-


dance avec le traité de paix signé entre lui le général de Maitland.
Dans son numéro du 12 décembre 1798, la Gazette et Londres
écrit : « Par ce traité, l’indépendance de cette île très importante
est, en fait, reconnue et sera garantie contre tous les efforts que
les français pourraient faire maintenant pour la recouvrer. C’est
un grand point pour la cause de l’humanité qu’un gouverne-
ment Noir soit, en fait, constitué et organisé dans les Indes
Occidentales sous le commandement d’un Noir Chef ou Roi…
La race noire sera maintenant reconnue comme une sœur et
traitée avec la plus parfaite égalité. Tous les hommes vertueux

85
se réjouiront à la vue d’un drapeau d’un gouvernement des
noirs qui flotte maintenant. » Selon un rapport publié en date
du 22 brumaire de l’an VII soit le 12 novembre 1799, le premier
drapeau crée par Toussaint Louverture et un drapeau de cou-
leur blanche timbré d’une tête de nègre.

C’est dans cette dynamique qu’en 1801, Toussaint Louver-


ture promulgue la première constitution de Saint-Domingue.

86
Constitution de 1801
Les députés des départements de la colonie de Saint-Do-
mingue, réunis en Assemblée centrale, ont arrêté et posé les
bases constitutionnelles du régime de la colonie française de
Saint-Domingue, ainsi qu’il suit:

Titre I
Du territoire
Article 1er - Saint-Domingue dans toute son étendue, et Sa-
mana, La Tortue, La Gonâve, Les Cayemites, l’Ile-à-Vaches, La
Saône, et autres îles adjacentes, forment le territoire d’une
seule colonie, qui fait partie de l’Empire français, mais qui est
soumise à des lois particulières.

Article 2 - Le territoire de cette colonie se divise en départe-


ments, arrondissements et paroisses.

Titre II
De ses habitants
Article 3 - Il ne peut exister d’esclaves sur ce territoire, la servi-
tude y est à jamais abolie. Tous les hommes y naissent, vivent
et meurent libres et Français.

Article 4 - Tout homme, quelle que soit sa couleur, y est admis-


sible à tous les emplois.

Article 5 - Il n’existe d’autre distinction que celle des vertus et


des talents, et d’autre supériorité que celle que la loi donne

89
dans l’exercice d’une fonction publique. La loi y est la même
pour tous, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège.

Titre III
De la religion

Article 6 - La religion catholique, apostolique et romaine, y est


la seule publiquement professée.

Article 7 - Chaque paroisse pourvoit à l’entretien du culte reli-


gieux et de ses ministres. Les biens de fabrique sont spéciale-
ment affectés à cette dépense, et les maisons presbytérales au
logement des ministres.

Article 8 - Le Gouverneur de la colonie assigne à chaque mi-


nistre de la religion l’étendue de son administration spirituelle,
et ces ministres ne peuvent jamais, sous aucun prétexte, for-
mer un corps dans la colonie.

Titre IV
Des mœurs

Article 9 - Le mariage, par son institution civile et religieuse,


tendant à la pureté des mœurs, les époux, qui pratiqueront les
vertus qu’exige leur état, seront toujours distingués et spécia-
lement protégés par le gouvernement.

Article 10 - Le divorce n’aura pas lieu dans la colonie.

Article 11 - L’état et les droits des enfants nés par mariage se-
ront fixés par des lois qui tendront à répandre et à entretenir
les vertus sociales, à encourager et à cimenter les liens de fa-
mille.

90
Titre V
Des hommes en société

Article 12 - La constitution garantit la liberté et la sûreté indi-


viduelle. Nul ne peut être arrêté qu’en vertu d’ordre formelle-
ment exprimé, émané d’un fonctionnaire auquel la loi donne
droit de faire arrêter, détenir dans un lieu publiquement dési-
gné.

Article 13 - La propriété est sacrée et inviolable. Toute per-


sonne, soit par elle-même, soit par ses représentants, a la libre
disposition et administration de ce qui est reconnu lui appar-
tenir. Quiconque porte atteinte à ce droit se rend criminel
envers la société et responsable envers la personne troublée
dans sa propriété.

Titre VI
Des cultures et du commerce

Article 14 - La colonie, étant essentiellement agricole, ne


peut souffrir la moindre interruption dans les travaux de ses
cultures.

Article 15 - Chaque habitation est une manufacture qui exige


une réunion de cultivateurs et ouvriers; c’est l’asile tranquille
d’une active et constante famille, dont le propriétaire du sol ou
son représentant est nécessairement le père.

Article 16 - Chaque cultivateur et ouvrier est membre de la


famille et portionnaire dans les revenus. Tout changement
de domicile de la part des cultivateurs entraîne la ruine des
cultures.

91
Pour réprimer un vice aussi funeste à la colonie que contraire
à l’ordre public, le Gouverneur fait tous règlements de police
que les circonstances nécessitent et conformes aux bases du
règlement de police du 20 vendémiaire an 91, et de la procla-
mation du 19 pluviôse2 suivant du général en chef Toussaint
Louverture.

Article 17 - L’introduction des cultivateurs indispensables


au rétablissement et à l’accroissement des cultures aura lieu
à Saint-Domingue; la constitution charge le Gouverneur de
prendre les mesures convenables pour encourager et favori-
ser cette augmentation de bras, stipuler et balancer les divers
intérêts, assurer et garantir l’exécution des engagements res-
pectifs résultant de cette introduction.

Article 18 - Le commerce de la colonie ne consistant unique-


ment que dans l’échange des denrées et productions de son
territoire, en conséquence l’introduction de celles de même
nature que les siennes est et demeure prohibée.

Titre VII
De la législation et de l’autorité législative

Article 19 - Le régime de la colonie est déterminé par des lois


proposées par le Gouverneur et rendues par une assemblée
d’habitants, qui se réunissent à des époques fixes, au centre de
cette colonie, sous le titre d’Assemblée centrale de Saint-Do-
mingue.

Article 20 - Aucune loi relative à l’administration intérieure de


la colonie ne pourra y être promulguée, si elle n’est revêtue de
112 octobre 1800
28 février 1801

92
cette formule: L’Assemblée centrale de Saint-Domingue, sur la
proposition du Gouverneur, rend la loi suivante.

Article 21 - Aucune loi ne sera obligatoire pour les citoyens


que du jour de la promulgation aux chefs-lieux des départe-
ments.

La promulgation de la loi a lieu ainsi qu’il suit: Au nom de la


colonie française de Saint-Domingue, le Gouverneur ordonne
que la loi ci-dessus soit scellée, promulguée et exécutée dans
toute la colonie.

Article 22 - L’Assemblée centrale de Saint-Domingue est com-


posée de deux députés par département, lesquels, pour être
éligibles, devront être âgés de trente ans au moins et avoir ré-
sidé cinq ans dans la colonie.

Article 23 - L’Assemblée est renouvelée tous les deux ans par


moitié; nul ne peut être membre pendant six années consé-
cutives. L’élection a lieu ainsi: les administrations municipales
nomment, tous les deux ans, au 10 ventôse3, chacune un dé-
puté, lesquels se réunissent, dix jours après, aux chefs-lieux de
leurs départements respectifs où ils forment autant d’assem-
blées électorales départementales, qui nomment chacune un
député à l’Assemblée centrale.

La prochaine élection aura lieu au 10 ventôse de la onzième an-


née de la République française4. En cas de décès, démission, ou
autrement, d’un ou de plusieurs membres de l’Assemblée, le
Gouverneur pourvoit à leur remplacement.

31er mars
41er mars 1803

93
Il désigne également les membres de l’Assemblée centrale
actuelle, qui, à l’époque du premier renouvellement, devront
rester membres de l’Assemblée pour deux autres années.

Article 24 - L’Assemblée centrale vote l’adoption ou le rejet


des lois qui lui sont proposées par le Gouverneur; elle exprime
son vœu sur les règlements faits, et sur l’application des lois
déjà faites, sur les abus à corriger, sur les améliorations à entre-
prendre, dans toutes les parties du service de la colonie.

Article 25 - La session commence chaque année le premier


Germinal5 et ne peut excéder la durée de trois mois. Le Gou-
verneur peut la convoquer extraordinairement; les séances ne
sont pas publiques.

Article 26 - Sur les états de recettes et de dépenses qui lui sont


présentés par le Gouverneur, l’Assemblée centrale détermine,
s’il y a lieu, l’assiette, la quotité, la durée et le mode de percep-
tion de l’impôt, son accroissement ou sa diminution; ces états
seront sommairement imprimés.

Titre VIII
Du gouvernement

Article 27 - Les rênes administratives de la colonie sont


confiées à un Gouverneur, qui correspond directement avec le
gouvernement de la Métropole, pour tout ce qui est relatif aux
intérêts de la colonie.

Article 28 - La constitution nomme Gouverneur le citoyen


Toussaint Louverture, Général en chef de l’armée de Saint-Do-
mingue, et en considération des importants services que ce
522 mars

94
général a rendus à la colonie, dans les circonstances les plus
critiques de la révolution, et sur le vœu des habitants recon-
naissants, les rênes lui en sont confiées pendant le reste de sa
glorieuse vie.

Article 29 - À l’avenir chaque Gouverneur sera nommé pour


cinq ans, et pourra être continué tous les cinq ans, en raison de
sa bonne administration.

Article 30 - Pour affermir la tranquillité que la colonie doit à


la fermeté, à l’activité, au zèle infatigable et aux vertus rares
du général Toussaint Louverture, et en signe de la confiance
illimitée des habitants de Saint-Domingue, la constitution at-
tribue exclusivement à ce Général le droit de choisir le citoyen
qui, au malheureux événement de sa mort, devra immédiate-
ment le remplacer. Ce choix sera secret; il sera consigné dans
un paquet cacheté qui ne pourra être ouvert que par l’Assem-
blée centrale, en présence de tous les généraux de l’Armée de
Saint-Domingue en activité de service et des commandants
en chef des départements.

Le général Toussaint Louverture prendra toutes les mesures


de précautions nécessaires, pour faire connaître à l’Assemblée
centrale, le lieu du dépôt de cet important paquet.

Article 31 - Le citoyen qui aura été choisi par le général Tous-


saint Louverture, pour prendre à sa mort les rênes du gouver-
nement, prêtera, entre les mains de l’Assemblée centrale, le
serment d’exécuter la constitution de Saint-Domingue et de
rester attaché au gouvernement français, et sera immédiate-
ment installé dans ses fonctions; le tout en présence des géné-
raux de l’armée en activité de service et les commandants en

95
chef de départements, qui tous, individuellement et sans dé-
semparer, prêteront entre les mains du nouveau gouverneur,
le serment d’obéissance à ses ordres.

Article 32 - Un mois au plus tard avant l’expiration des cinq


ans fixés pour l’administration de chaque gouverneur, celui
qui sera en fonctions convoquera l’Assemblée centrale, et la
réunion des généraux de l’Armée en activité et des comman-
dants en chef des départements, au lieu ordinaire des séances
de l’Assemblée centrale, à l’effet de nommer concurremment
avec les membres de cette Assemblée, le nouveau gouverneur
ou continuer celui qui est en fonctions.

Article 33 - Le défaut de convocation de la part du gouver-


neur en fonctions est une infraction manifeste à la constitution.
Dans ce cas, le général le plus élevé en grade, ou le plus ancien
à grade égal, qui se trouve en activité de service dans la colonie,
prend, de droit, et provisoirement les rênes du gouvernement.

Ce général convoque immédiatement les autres généraux


en activité, les commandants en chef de départements et les
membres de l’Assemblée centrale, qui tous sont tenus d’obéir
à la convocation, à l’effet de procéder concurremment à la no-
mination d’un nouveau gouverneur.

En cas de décès, démission ou autrement, d’un gouverneur,


avant l’expiration de ses fonctions, le Gouvernement passe de
même provisoirement entre les mains du général le plus élevé
en grade, ou le plus ancien en grade égal, lequel convoque
aux mêmes fins que ci-dessus, les membres de l’Assemblée
centrale, les généraux en activité de service et les comman-
dants en chef de départements.

96
Article 34 - Le Gouverneur scelle et promulgue les lois; il
nomme à tous les emplois civils et militaires. Il commande
en chef la force armée et est chargé de son organisation; les
bâtiments de l’État en station dans les ports de la colonie re-
çoivent ses ordres.

Il détermine la division du territoire de la manière la plus


conforme aux relations intérieures. Il veille et pourvoit, d’après
les lois, à la sûreté intérieure et extérieure de la colonie, et at-
tendu que l’état de guerre est un état d’abandon et de ma-
laise et de nullité pour la colonie, le Gouverneur est chargé de
prendre dans cette circonstance les mesures qu’il croit néces-
saires pour assurer à la colonie les subsistances et approvision-
nements de toute espèce.

Article 35 - Il exerce la police générale des habitants et des


manufactures, et fait observer les obligations des proprié-
taires, fermiers, de leurs représentants envers les cultivateurs
et ouvriers et les devoirs des cultivateurs et ouvriers envers les
propriétaires, fermiers ou leurs représentants.

Article 36 - Il fait à l’Assemblée centrale la proposition de la


loi, de même que tel changement à la constitution que l’expé-
rience pourra nécessiter.

Article 37 - Il dirige, surveille la perception, le versement et


l’emploi des finances de la colonie, et donne, à cet effet, tous
les ordres quelconques.

Article 38 - Il présente tous les deux ans, à l’Assemblée cen-


trale, les états des recettes et des dépenses de chaque dépar-
tement, année par année.

97
Article 39 - Il surveille et censure, par la voie de ses commis-
saires, tout écrit destiné à l’impression dans l’île; il fait suppri-
mer tous ceux venant de l’étranger qui tendraient à corrompre
les mœurs ou à troubler de nouveau la colonie; il en fait punir
les auteurs ou colporteurs, suivant la gravité des cas.

Article 40 - Si le Gouverneur est informé qu’il se trame quelque


conspiration contre la tranquillité de la colonie, il fait aussitôt arrê-
ter les personnes qui en sont présumées les auteurs, fauteurs ou
complices; après leur avoir fait subir un interrogatoire extra-judi-
ciaire, il les fait traduire, s’il y a lieu, devant un tribunal compétent.

Article 41 - Le traitement du Gouverneur est fixé, quant à pré-


sent, à trois cent mille francs. Sa garde d’honneur est aux frais
de la colonie.

Titre IX
Des tribunaux

Article 42 - Il ne peut être porté atteinte au droit qu’ont les


citoyens de se faire juger amiablement par des arbitres à leur
choix.

Article 43 - Aucune autorité ne peut suspendre ni empêcher


l’exécution des jugements rendus par les tribunaux.

Article 44 - La justice est administrée dans la colonie par des


tribunaux de première instance et des tribunaux d’appel. La
loi détermine l’organisation des uns et des autres, leur nombre,
leur compétence et le territoire formant le ressort de chacun.

Ces tribunaux, suivant leur degré de juridiction, connaissent


de toutes les affaires civiles et criminelles.

98
Article 45 - Il y a pour la colonie un Tribunal de Cassation,
qui prononce sur les demandes en cassation contre les juge-
ments rendus par les tribunaux d’appel, et sur les prises à par-
tie contre un tribunal entier. Ce tribunal ne connaît point du
fond des affaires, mais il casse les jugements rendus sur des
procédures dans lesquelles les formes ont été violées, ou qui
contiennent quelque contravention expresse à la loi, et il ren-
voie le fond du procès au tribunal qui doit en connaître.

Article 46 - Les juges de ces divers tribunaux conservent leurs


fonctions toute leur vie, à moins qu’ils ne soient condamnés
pour forfaiture. Les commissaires du gouvernement peuvent
être révoqués.

Article 47 - Les délits des militaires sont soumis à des tribu-


naux spéciaux et à des formes particulières de jugement.

Ces tribunaux spéciaux connaissent aussi des vols et enlève-


ments quelconques, de la violation d’asile, des assassinats, des
meurtres, des incendies, du viol, des conspirations et révoltes.

Leur organisation appartient au Gouverneur de la colonie.

Titre X
Des administrations municipales

Article 48 - Dans chaque paroisse de la colonie, il y a une ad-


ministration municipale; dans celle où est placé un tribunal de
première instance, l’administration municipale est composée
d’un maire et de quatre administrateurs.

Le commissaire du gouvernement près le tribunal remplit gra-


tuitement les fonctions de commissaire près l’administration
municipale.

99
Dans les autres paroisses, les administrations municipales sont
composées d’un maire et de deux administrateurs, et les fonc-
tions de commissaire près elles sont remplies gratuitement
par les substituts du commissaire près le tribunal d’où relèvent
ces paroisses.

Article 49 - Les membres des administrations municipales


sont nommés pour deux ans; ils peuvent être toujours conti-
nués. Leur nomination est dévolue au gouvernement qui, sur
une liste de seize personnes au moins, qui lui est présentée
par chaque administration municipale, choisit les personnes
les plus propres à gérer les affaires de chaque paroisse.

Article 50 - Les fonctions des administrations municipales


consistent dans l’exercice de la simple police des villes et bourgs,
dans l’administration des deniers, provenant des revenus des
biens de fabrique et des impositions additionnelles des paroisses.

Elles sont, en outre, spécialement chargées de la tenue des re-


gistres des naissances, mariages et décès.

Article 51 - Les maires exercent des fonctions particulières


que la loi détermine.

Titre XI
De la Force armée

Article 52 - La Force armée est essentiellement obéissante,


elle ne peut jamais délibérer; elle est à la disposition du Gou-
verneur qui ne peut la mettre en mouvement que pour le
maintien de l’ordre publie, la protection due à tous les citoyens
et la défense de la colonie.

100
Article 53 - Elle se divise en Garde coloniale soldée et en Garde
coloniale non soldée.

Article 54 - La Garde coloniale non soldée ne sort des limites


de sa paroisse que dans le cas d’un danger imminent, et sur
l’ordre et sous la responsabilité personnelle du commandant
militaire ou de place.

Hors des limites de sa paroisse, elle devient soldée, et soumise,


dans ce cas, à la discipline militaire, et dans tout autre, elle n’est
soumise qu’à la loi.

Article 55 - La Gendarmerie coloniale fait partie de la Force ar-


mée; elle se divise en gendarmerie à cheval et en gendarmerie
à pied.

La gendarmerie à cheval est instituée pour la haute police et


la sûreté des campagnes; elle est à la charge du trésor de la
colonie.

La gendarmerie à pied est instituée pour la police des villes et


bourgs; elle est à la charge des villes et bourgs où elle fait son
service.

Article 56 - L’armée se recrute sur la proposition qu’en fait le


Gouverneur à l’Assemblée centrale, et suivant le mode établi
par la loi.

Titre XII
Des finances, des biens domaniaux séquestrés et vacants

Article 57 - Les finances de la colonie se composent:


1. des droits d’importation, de pesage et de jaugeage;

101
2. des droits sur la valeur locative des maisons des villes
et bourgs, de ceux sur le produit des manufactures,
autres que celle de culture, et sur celui des salines;
3. du revenu des bacs et postes;
4. des amendes, confiscations et épaves;
5. du droit de sauvetage sur bâtiments naufragés;
6. du revenu des domaines coloniaux.

Article 58 - Le produit des fermages des biens séquestrés sur


les propriétaires absents et non représentés, fait partie provi-
soirement du revenu publie de la colonie, et est appliqué aux
dépenses d’administration.

Les circonstances détermineront les lois qui pourront être


faites relativement à la dette publique arriérée et aux fer-
mages des biens séquestrés perçus par l’administration dans
un temps antérieur à la promulgation de la présente constitu-
tion, et à l’égard de ceux qui auront été perçus, dans un temps
postérieur, ils seront exigibles et remboursés dans l’année qui
suivra la levée du séquestre du bien.

Article 59 - Les fonds provenant de la vente du mobilier et du


prix des successions vacantes, ouvertes dans la colonie sous le
gouvernement français depuis 1789, seront versés dans une
caisse particulière et ne seront disponibles, et les immeubles
réunis aux domaines coloniaux, que deux ans après la publi-
cation de la paix dans l’île, entre la France et les puissances
maritimes; bien entendu que ce délai n’est relatif qu’aux suc-
cessions dont le délai de cinq ans fixé par l’édit de 1781 serait
expiré; et à l’égard de celles ouvertes à des époques rappro-
chées de la paix, elles ne pourront être disponibles et réunies
qu’à l’expiration de sept années.

102
Article 60 - Les étrangers succédant en France à leurs parents
étrangers ou Français, leur succéderont également à Saint-Do-
mingue; ils pourront contracter, acquérir et recevoir des biens
situés dans la colonie, et en disposer de même que les Français
par tous les moyens autorisés par les lois.

Article 61 - Le mode de perception et administration des fi-


nances des biens domaniaux séquestrés et vacants sera déter-
miné par les lois.

Article 62 - Une commission temporaire de comptabilité règle


et vérifie les comptes de recettes et de dépenses de la colonie;
cette commission est composée de trois membres, choisis et
nommés par le Gouverneur.

Titre XIII
Dispositions générales

Article 63 - La maison de toutes personnes est un asile invio-


lable. Pendant la nuit, nul n’a le droit d’y entrer que dans le cas
d’incendie, d’inondation ou de réclamation de l’intérieur. Pen-
dant le jour, on peut y entrer pour un objet spécial déterminé
ou par une loi ou par un ordre émané d’une autorité publique.

Article 64 - Pour que l’acte qui ordonne l’arrestation d’une


personne puisse être exécuté, il faut:
1. qu’il exprime formellement le motif de l’arrestation et
la loi en exécution de laquelle elle est ordonnée;
2. qu’il émane d’un fonctionnaire à qui la loi ait formelle-
ment donné le pouvoir de le faire;
3. qu’il soit donné copie de l’ordre à la personne arrêtée.

103
Article 65 - Tous ceux qui, n’ayant point reçu de la loi le pou-
voir de faire arrêter, donneront, signeront, exécuteront ou fe-
ront exécuter l’arrestation d’une personne, seront coupables
du crime de détention arbitraire.

Article 66 - Toute personne a le droit d’adresser des pétitions


individuelles à toute autorité constituée, et spécialement au
Gouverneur.

Article 67 - Il ne peut être formé, dans la colonie de corpora-


tions ni d’associations contraires à l’ordre public.

Aucune assemblée de citoyens ne peut se qualifier de socié-


té populaire. Tout rassemblement séditieux doit être sur le
champ dissipé d’abord par voie de commandement verbal, et
s’il est nécessaire, par le développement de la force armée.

Article 68 -Toute personne a la faculté de former des établis-


sements particuliers d’éducation et d’instruction pour la jeu-
nesse sous l’autorisation et la surveillance des administrations
municipales.

Article 69 - La loi surveille particulièrement les professions qui


intéressent les mœurs publiques, la sûreté, la santé et la for-
tune des citoyens.

Article 70 - La loi pourvoit à la récompense des inventeurs de


machines rurales, ou au maintien de la propriété exclusive de
leurs découvertes.

Article 71 - Il y a dans toute la colonie uniformité de poids et


mesures.

104
Article 72 - Il sera, par le Gouverneur, décerné, au nom de la
colonie, des récompenses aux guerriers qui auront rendu des
services éclatants en combattant pour la défense commune.

Article 73 - Les propriétaires absents, pour quelque cause que


ce soit, conservent tous leurs droits sur les biens à eux appar-
tenant et situés dans la colonie; il leur suffira, pour obtenir la
main levée du séquestre qui y aurait été posé, de représenter
leurs titres de propriété et à défaut de titres, des actes supplé-
tifs dont la loi détermine la formule.

Sont néanmoins exceptés de cette disposition ceux qui au-


raient été inscrits et maintenus sur la liste générale des émi-
grés de France; leurs biens, dans ce cas, continueront d’être ad-
ministrés comme domaines coloniaux jusqu’à leur radiation.

Article 74 - La colonie proclame, comme garantie de la loi pu-


blique, que tous les baux des biens affermés légalement par
l’administration, auront leur entier effet, si les adjudicataires
n’aiment mieux transiger avec les propriétaires ou leurs repré-
sentants qui auraient obtenu la mainlevée de leur séquestre.

Article 75 - Elle proclame que c’est sur le respect des personnes


et des propriétés que reposent la culture des terres, toutes les
productions, tout moyen de travail et tout ordre social.

Article 76 - Elle proclame que tout citoyen doit ses services au sol
qui le nourrit ou qui l’a vu naître, au maintien de la liberté, de l’égali-
té et de la propriété, toutes les fois que la loi l’appelle à les défendre.

Article 77 - Le général en chef Toussaint Louverture est et de-


meure chargé d’envoyer la présente constitution à la sanction

105
du gouvernement français; néanmoins, et vu l’absence des
lois, l’urgence de sortir de cet état de péril, la nécessité de ré-
tablir promptement les cultures et le vœu unanime bien pro-
noncé des habitants de Saint-Domingue, le général en chef
est et demeure invité, au nom du bien public, à la faire mettre
à exécution dans toute l’étendue du territoire de la colonie.

Fait au Port-Républicain, le 19 floréal an IX6 de la République


française une et indivisible.

Signé: Bernard Borgella président; Collet, Gaston Nogérée,


Lacour, Jean Moncebo, André Muňos, Julien Raymond, Car-
los Roxas membres; Etienne Viart secrétaire.

Après avoir pris connaissance de la constitution, je lui donne


mon approbation. L’invitation de l’Assemblée centrale est un
ordre pour moi; en conséquence, je la ferai passer au Gouver-
nement français pour obtenir sa sanction; quant à ce qui re-
garde son exécution dans la colonie, le vœu exprimé par l’As-
semblée centrale sera également rempli et exécuté.

Donné au Cap-français, le 14 messidor an IX7 de la République


Française une et indivisible.

Le Général en Chef: Toussaint Louverture

19 mai 1801
23 juillet 1801

106
Lois
Loi sur la division du Territoire de la Colonie française de
Saint-Domingue, en Départements,
Arrondissement et Paroisses.

Du 24 Messidor, an 9, (13 Juillet 1801.)

L ‘ASSEMBLÉE centrale de Saint-Domingue, vu la division du


Territoire de cette île par le Gouverneur, en vertu de l’art. 34 de
la Constitution, et sur sa proposition, de consacrer cette divi-
sion par une loi, rend la loi suivante.

TITRE PREMIER.

Division DU TERRITOIRE EN DÉPARTEMENTS.

L’ÎLE de St-Domingue est divisée en six département , qui


sont :

Le département du Sud. Le département du Nord.


Le département de I ‘Ouest. Le département de Cibao.
Le nouveau département qui Autrefois Samana.
portera le nom de Louverture. Le département de l’Ozama ;
Autrefois de I’lngano.

109
DÉPARTEMENT DU SUD.

Ce département, à partir de la pointe des Irois, la plus ouest


de l’île, comprendra la partie la plus occidentale jusqu’au pont
de Miragoâne, côté nord, et l’embouchure de la grande rivière
des Côtes de Fer, côté sud ; la ligne entre ces deux points , pas-
sant entre les paroisses de Saint-Michel et d’Aquin, d’une part ;
et celle du Petit-Goâve et de Baynet, de l’autre, est la limite de
ce département et de celui de l’ouest

Le chef-lieu de ce département, est les Cayes.

DÉPARTEMENT DE L’OUEST.

La limite de ce département est à l’ouest, celle qui lui est com-


mune avec le département du Sud; elle suit au sud la côte de-
puis l’embouchure de la grande rivière des Côtes de Fer jusqu’à
la rivière de Neybe, qu’elle remonte jusqu’à la rencontre d’une
petite rivière à l’Ouest de San-Juan de la Maguana ; elle suit
cette petite rivière jusqu’aux montagnes , d’où elle parcourt
une ligne sud et nord jusqu’à la rivière de l’Artibonite , près
de Banica ; elle défend cette rivière jusqu’à son embouchures
et de ce point fruit le développement de la cote de l’ouest
jusqu’au pont de Miragoâne.

Le chef-lieu de ce département, est le Port-Républicain.

DÉPARTEMENT DE LOUVERTURE.

La limite de ce département part de l’embouchure de l’Artibo-


nite, remonte jusqu’à Banica, d’où elle se rend le plus directe-

110
ment possible au point de jonction de la Capotil! avec le Mas-
sacre ; de ce point elle s’élève sur les crêtes, de la Mine et de
Valière, fuit la chaine des montagnes des Fonds-Bleus, venant
de Sans-Souci, traverse la montagne noire de la Grande-Ri-
vière, parcourt les anciennes limites françaises et espagnoles,
en englobant là Marre à la Roche, passe au Haut du Trou, vient
à l’habitation Laroque, monte droit la chaîne des montagnes
de la Marmelade passe à l’habitation Bedouret, en suivant tou-
jours cette chaine jusqu’aux limites commune aux paroisses
du Borgne, de Plaisance et du Gros-Morne, s’étend le long de
celle du Gros-Morne et du Moustique, et aboutit à la petite ri-
vière des Cotes de Fer et de là à la mer.

De ce point enfin elle fuit le développement de la côte, passant


par le Môle Saint-Nicolas, la Plateforme, les Gonaïves., jusqu’à
l’embouchure de l’Artibonite. Le chef-lieu de Ce département,
est les Gonaïves.

DÉPARTEMENT DU NORD.

La limite de ce département fuit celle du département de Lou-


verture, depuis l’embouchure de la petite, rivière des Cotes de
Fer jusqu’à Banica, d’où elle se dirige au nord nord-est pour
aller chercher les sources du Rebouc, en fuit le cours, et va se
terminer, par une ligne à-peu-près sud et nord, la mer, à envi-
ron 12 lieues l’est de Monte-Christ, et de ce point, parcourt la
côte de l’est à l’ouest jusqu’au point d’où elle est partie.

Le chef-lieu de ce département, est le Cap-Français.

111
DÉPARTEMENT DE CIBAO.

La limite de ce Département fuit celle du départe-


ment du Nord; depuis la mer jusqu’au point seulement
elle rencontre la plus haute élévation des montagnes
de Cibao, ensuite la chaîne de ces montagnes jusqu’à celle ou
la rivière Sevico prend sa source, descend cette rivière jusqu’à
celle d’Yuna, et de la  à la mer dans la baie de Samana, em-
brasse l’île de Samana, et règne le long de la côte, allant de
l’est à l’ouest jusqu’au point de la limite commune avec le
département du Nord.

Le chef-lieu de ce département, est Saint-Yago.

DÉPARTEMENT DE L’OZAMA.

La limite de ce département prend du point où celle du dépar-


tement du Nord cesse d’être commune avec celle du départe-
ment de Cibao ; elle fuit de l’ouest à l’est celle du département
de Cibao jusqu’à la baie de Samana, la côte Sud de cette baie
jusqu’au Cap-Raphaël; de ce point, le développement de la
côte à l’est et au sud jusqu›à la rivière de Neybe, et se termine
à l’ouest par celle du département de l’Ouest et d’une portion
de celle du département de Louverture.

Le chef- lieu de ce département, est Santo-Domingo.

112
TITRE II.

DIVRSION DU TERRITOIRE EN PAROISSES.

Le département du Sud contient 14 Paroisses, ainsi qu’il suit :

Le Cap -Tiburon. Saint-Michel.


Les Coteaux. L’Anse-à-Veau.
Torbeck et le Port-Salut. Le Petit-Trou.
Cayes-du-Fond. Le Corail.
Cavaillon. Jérémie.
Saint-Louis. Les Abricots.
Acquin. Le Cap-Dame-Marie.

Le département de l’ouest comprend 14 Paroisses; savoir:

Le Petit-Goave. Les Verrettes.


Le Grand-Goave. Le Mirebalais
Léogane. Les Grands-Bois.
Le Port-Républicain. Neybe.
La Croix-des-Bouquets. Les Cayes-Jacme1 y compris le
L’Arcahaye. Sale-Trou jusqu’aux
Anses à Pitre.
Saint-Marc, a l’exception de Jacmel.
ce qui se trouve compris Baynet.
dans le département de
Louverture.

Le département de Louverture renferme 15 Paroisses ,


ainsi qu’il suit :

113
Le Môle Saint-Nicolas. Saint-Raphaël.
Bombarde. Hinche.
Le Grog-Morne. Banica.
Terre-Neuve. Las-Cahobas.
Les Gonaïves. Fatfan.
Plaisance. La Marmelade
La Petite-Rivière, y compris
ce qu’elle acquiert sur
la paroisse de Saint-Marc.

Le Quartier de Louverture
San-Miguel de l’atalaye, y
compris ce qu’elle acquiert
sur le Dondon.

Le département du Nord est composé de 24 Paroisses,


ainsi qu’il suit :

Jean-Rabel. Le Dondon, excepté ce qui entre


dans la paroisse de Sans Miguel.
Le Port-de-Paix.
Le Petit Saint-Louis. Limonade.
Le Borgne. Sainte-Susanne.
Le Port Margot. Le trou.
Le Limbé. Valière
L’Acu1. Sans-Souci
La Plaine-du-Nord. Le terrier-rouge.
Le Cap-Français. Ouanaminth.
La Petite-Anse. Le Fort-Liberté.
Le Quartier-Morin. Laxavon.
La Grande-Rivière. Monte-Chrisst

114
Le département de Cibao contient 5 Paroisses, qui sont :

Sant - Yago. Le Cotuy


Porte-Plate. Samana.
La Vega.

Le département de l’Ozama contient, 13 Paroisses


ainsi qu’il suit :

Savana Lamar. Santo – Domingo y compris- San-


Carlos.
Higuey.
Ceibo. Santa-Rofa.
Bayaguana. San-Gregorio debs Ingenios.
Mont-de-Plata. Dani.
Boya. Azua.
San-Lorenzo. San-Juan de la Maguana.

Les Paroisses resteront circonscrites dans leurs anciennes li-


mites sauve les changements qu’opère l’établissement du si-
xième département, et qui ont été indiqués; en cas de contes-
tations, les administrations municipales s’adresseront au
Gouverneur.

TITRE III.

DIVISION DU TERRITOIRE EN ARRONDISSEMENS

Le département du Sud est divisé en cinq Arrondissements


militaires, qui sont

115
Les Cayes. Jérémie.
Saint-Louis. Tiburon.
L’Anse-à-Veau.

Le département de l’Ouest est divisé en six Arrondissements


militaires , qui sont ;

Le Port-Républicain. Neybe.
Léogane. Mirebalais.
Jacmel. Saint-Marc.

Le département de Louverture est divisé en 4 Arrondisse-


ments militaires, qui sont:
Les Gonaïves. Hinche.
Le Môle Saint-Nicolas. Banica.

Le département du Nord est divisé en six Arrondissements


militaires, qui sont:

Le Cap-Français. Monte-Christ.
Caracole. Le Limbé.
Le Fort-Liberté. Le Port-de-Paix.

Le département de Cibao est divisé en quatre Arrondisse-


ments militaires, qui sont:

Sant-yago La Vega.
Porte-Plate. Samana.

Le département de l’Ozama est divisé en trois Arrondisse-


ments militaires, qui sont:

116
Santo-Domingo. Azua.
San-Pedro.

La présente Loi sera imprimée.

Signé ‘BORGELLA, président, RAIMOND, COLLET, GASTON


NOGERÉE, LACOUR, ROXAS. MUGNOZ, MANCEB0, ET, VIART,
Secrétaire

Au nom de la Colonies Français de Saint-Domingue,

le Gouverneure ordonne que la Loi ci-dessus sera sellée, pro-


mulguée et exécutée dans toute Colonie.

Le Gouverneur de Saint-Domingue ,
Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

117
Loi sur la Religion catholique, apostolique et romaine Du
25 Messidor, au neuf. (15 Juillet 1801.) L’assemblée cen-
trale de Saint-Domingue, fur la proposition du Gouver-
neur, rend la loi suivante...

TITRE PREMIER.
DE. L’EXERCICE DU CULTURE.

ARTICLE PREMIER.

Toute personne, quelque soit son opinion religieuse, doit res-


pecter le culte, dont la Constitution de Saint-Domingue a pro-
clamé l’exercice public.

2. Quiconque, au mépris de l’article précédent, troublera


l’exercice du culte, soit dans les lieux qui y sont consacrés, soit
dans les cérémonies ordonnées par la Religion, soit dans la
personne d’un de ses ministres, sera considéré comme pertur-
bateur de l’ordre public, poursuivi et puni comme tel.

3. Toute cérémonie religieuse, excepté celles relatives à l’admi-


nistration des sacrements aux malades, ne pourra- avoir lieu
avant le lever, ni aptes le coucher du soleil.

4. Aucun ordre décret ou loi ecclésiastique, quoi- qu’en ma-


tière purement spirituelle; ne pourra être exécuté, dans la co-
lonie sans le consentement du Gouverneur.

5. Les Dimanches étant consacrés à l’exercice du culte, seront,


pour tous les citoyens les seuls jours du repos.

118
6. La fête de l’Annonciation, la fête de Noël, la Fête-Dieu, celle
de l’Assomption de la Vierge, celles de l’Ascension, de la Tous-
saint, de la Saint-Jean, et celle de Saint Dominique, patron de
l’île, seront aussi religieusement observées, de même que les
fêtes de chaque paroisse.

7. Les administrations municipales nommeront dans leur sein


un administrateur, chargé de remplir les fonctions de ci-de-
vant marguillier,

8. Toutes les autorités civiles et militaires assisteront régulière-


ment au service du culte, en corps et suivant l’ordre des places
qui leur feront désignées’.

9. Les administrations municipales, de concert avec les mi-


nistres du culte, concéderont , au profit de la paroisse, des
places dans les églises, aux familles qui désireront y avoir des
bancs, et en fixeront le nombre.

10. À l’égard des bancs qui ont été conservés dans les églises
et dont les propriétaires se trouvent absents , les administra-
tions municipales feront procéder leur vente et adjudication
au profit de la paroisse sans que les adjudicataires puissent
prétendre de les déplacer de l’église.

TITRE II

Des Ministère du Culte

Les ministres du culte qui feront employés à desservir les pa-


roisses, feront les seuls qui pourront prêcher la religion catho-

119
lique, apostolique et romaine, et administrer les sacrements
aux citoyens dans l’étendue des paroisses qui leur seront assi-
gnées par le Gouverneur.

T 2. Aucun homme d’église ne fera considéré comme ministre


du culte ou fonctionnaire public, en matière de religion, s’il
n’est employé à desservir une paroisse.

T 3. Ne feront point empêchés les ministres du culte de tenir


des répertoires des baptêmes célébrations de mariages et sé-
pultures des citoyens comme acte purement religieux.

T 4. Les ministres du culte ne pourront néanmoins ni baptiser,


ni- marier , ni’ inhumer, qu’au préalable il ne leur ait été justifié
que les déclarations y relatives en ont été faite à l’officier public
chargé de constater les naissances , mariages et décès dans la
paroisse.

T 5. Les ministres du culte, fur la présentation du préfet apos-


tolique, feront nommés par le gouverneur, qui leur assignera
l’étendue de leur administration

spirituelle. Il en fera de même de la nomination des vicaires,


lorsque le ministre du culte d’une paroisse en fera Connaître le
besoin au préfet.

TITRE III.
De la Juridiction des Ministres du Culte.

16. L’autorité et la juridiction des ministres du culte, quels que


soient leurs grades et leurs dignités, sont purement spirituelles.

120
17. Les ministres du culte, pour les cas religieux, seront jugés
par leur préfet; pour les cas civils, ils le seront par les tribunaux
ordinaires d’où relèvent les paroisses où ils résident.

18. Les ministres du culte ne pourront être déposés ni interdits


de leurs fonctions, pour les cas religieux, sans que les juge-
ments qui les condamnent et les motifs qui y ont donné lieu,
n’ayant été participés au gouverneur ; mais pour les cas civils,
ils auront les mêmes droits de défenses et d’appel que les
autres justiciables de la Colonie.

19. Comme citoyens, les ministres du culte pourront être em-


ployés des à fonctions civiles, compatibles avec leur caractère
d’hommes d’église.

TITRE IV.

Du Préfet.

20: Il y aura un préfet apostolique dans la colonie ; sa résidence


est fixée dans le lieu de la résidence ordinaire du Gouverneur.

21. Le préfet fera les règlements relatifs à la police et à l’exer-


cice du culte, et la discipline des ministres et se conformera, à
cet effet, à la constitution de Saint-Domingue et aux lois civiles
exécutées dans la Colonie.

22. Le préfet sera en même-temps ministre du culte en rempli-


ra les fonctions dans le lieu de sa résidence ; il s’adjoindra un
ou plusieurs vicaires selon qu’il y ‘aura lieu.

121
TITRE V.

Du Traitement des Ministres du Culte et du Casuel.

23. Les ministres du culte seront salariés et logés par les Admi-
nistrations municipales des paroisses qu’ils desservent.

24. Les droits appelés curiaux dans l’ancienne partie française,


seront perçus, comme par le passé, par les ministres du culte ,
et les droits connus sous le nom de fabrique , par les adminis-
trations municipales; le tout conformément au tari du 4 Dé-
cembre 1775.

25. Dans la nouvelle partie française, les Administra-


tions municipales substitueront à la dîme qui es suppri-
mée, tel autre droit pour subvenir à l’entretien du culte
et des ministres, si les revenus des paroisses ne peuvent
suffire à cette dépense ; et les ministres du culte perce-
vront les mêmes droits curiaux fixés par le tarif de 1775.

TITRE VI.
Des Biens appartenant aux Paroisses.

26. Les biens appartenant aux paroisses, tant dans l’ancienne


partie que dans la nouvelle, seront remis aux administrations
municipales, qui les feront régir ou affermer pour des paroisses.

De ceux appartenant aux Missionnaires, Moines et couvents.

27, Les biens appartenant aux missionnaires, moines et cou-

122
vents tant dans la partie française ancienne que dans la nou-
velle seront provisoirement régis par l’administration générale
des domaines de la colonie.

De ceux provenant des Fondations de Famille.

28. Les biens provenant des fondations de famille, suivront


leur destination originaire et particulière, conformément aux
conditions, de leur exécution.

La présente Loi sera imprimée.

Signé : Borgella, président; Raimond, Collet, Gaston Nogerée,


Lacour, Roxas, Mugnoz, Mancebo, Et Viart, secrétaire.

Au nom de la Colonie française de Saint-Domingue

Le Gouverneur ordonne que la Loi ci-dessus fera scellée pro-


mulguée et exécutée dans toute la colonie.

Le Gouverneur de Saint-Domingue,

Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

123
Loi sur les Enfants nés hors Mariage.

Du 29 Messidor, an neuf 18 (Juillet 1801.) L’assemblée centrale


de Saint-Domingue, sur 14 proposition du gouverneur, rend la
loi suivante.

TITRE PREMIER.

De l’Etat des Enfants nés hors Mariage, dont les Pères sont
vivants

ARTICLE PREMIER

La loi n’admet pas la vérification de la paternité non avouée


devant l’officier public.

2. L’enfant d’une femme non mariée a pour père celui qu’il


connaît dans les formes prescrites ci-après.

3. La reconnaissance doit être faite devant l’officier public


chargé de constater la naissance des citoyens dans la paroisse
où l’enfant est né.

4. Cette reconnaissance doit être confirmée par l’aveu de la


mère dans le même acte ou dans un autre acte authentique.
La reconnaissance du père ne peut valider sans cet aveu.

5. Si toutefois la mère vient à décéder des suites de l’accou-


chement, sans avoir pu confirmer la reconnaissance du père
de son enfant, dans ce cas, seulement, la reconnaissance du
père suffira.

124
6: L’acte de mariage peut contenir la reconnaissance des en-
fants que les deux époux ont eu, tandis qu’ils n’étaient pas en-
gagés dans les liens du mariage.

7. La reconnaissance peut être faite pendant la grossesse, au


moment de la naissance de l’enfant, ou tout autre époque de
la vie des père et mère, et sera valable lorsqu’elle réunira les
caractères et conditions ci-dessus.

8. Le père qui a reconnu un enfant, lui donne son nom, et doit


contribuer, avec la mère, à la nourriture, à l’éducation et l’en-
tretient de cet enfant.

Chacun d’eux y subvient en proportion de ses facultés.

9. Nul enfant né hors mariage ne peut être reconnu par un


père engagé dans les liens du mariage.

10. Lorsque l’enfant n’est pas reconnu par son père, la mère
seule est chargée de remplir les devoirs de la nature envers lui ;
alors l’enfant porte le nom de sa mère.

11. S’il arrivait qu’une mère voulût se soustraire à l’accomplis-


sement de ses devoirs envers l’enfant qu’elle a mis au monde,
elle y serait contrainte ; la loi appelle sur elle la vigilance du
ministère public.

12. L’enfant mort dans le sein de la mère, ne recueille, ni ne


transmet aucun droit.

13. L’existence de l’enfant n’est reconnue que du moment de


sa naissance.

125
Lorsqu’il s’agit de ses intérêts, il est considéré comme vivant
depuis l’instant il a été conçu.

14. Les enfants nés hors mariage n’ont d’autres parents ascen-
dants que leurs père et mère, et collatéraux, que leurs frères et
sœurs, leurs oncles et tantes, nés comme eux hors mariage, et
les descendants de leurs frères et sœurs, oncles et tantes.

15. Celui qui ne connait pas ses parents, est appelé orphelin,
comme celui qui les a perdus.

TITRE II.

De leurs Droits successifs.

16. Les enfants nés hors mariage d’un père qui décédera sans
avoir été marié, ou veuf sans laisser d’enfant, ou descendant
légitime, auront la moitié des biens de la succession, dans la-
quelle moitié seront compris les avantages qu’ils auraient pu
recevoir de leur père de son vivant, autres que leur nourriture,
entretient et éducation.

À l’égard de l’autre moitié, elle sera dévolue aux parents légi-


times du père, sauf par eux rapporter la masse les sommes qui
leur auraient été données par parent de son vivant.

17. Si un père ayant enfants nés hors le mariage, fait des dis-
positions testamentaires, le montant en fera pris sur la moitié
revenante à ses parents légitimes et non sur la moitié assurant
aux dits enfants, et sauf les réserves coutumières,

126
18. Si les héritiers légitimes d’un défunt; laissant des enfants
nés hors mariage, ne se trouvent pas présents ; soit par eux-
mêmes, soit par fondés de pouvoir pour recueillir la part qui
leur revient, les enfants nés hors mariage pourront se faire
mettre en possession de cette part, sauf à en rendre compte
en temps et lieu , : et il leur sera fait raison des appointements
ou commission d’usage ; ils seront tenus de fournir bonne et
suffisante caution , jusqu’à concurrence de la valeur du mobi-
lier de la succession pour ce qu’il n’en pourrait pas représenter,
et dont la perte pourrait leur être imputée.

19.Si au bout de dix ans les héritiers légitimes ne se font pas


présentés, alors la part qui devait leur revenir sera bien et va-
lablement échue aux enfants nés hors mariage, et leur appar-
tiendra en toute propriété.

20. Si un père qui a reconnu un enfant né hors mariage, vient


à se marier avec une femme autre que la mère de l’enfant, ce
père sera tenu avant son mariage, d’assurer à l’enfant une pen-
sion alimentaire jusqu’à l’âge de 18 ans, et proportionnée à ses
biens, et de lui donner en outre un métier. Là, se borneront les
présentions de l’enfant, et les obligations du père, s’il lui survient
de son mariage des enfants ou si son épouse lui survit et appré-
hende sa succession en qualité de donataire en propriété.

Mais si la veuve n’est que donataire usufruitière, ou que le


mari survive à son épouse, et qu’il décède ensuite sans avoir
eu d’enfants ou descendants légitimes, alors l’enfant né hors
mariage, qui aura été reconnu recouvre tous ses droits fixés
suivant l’article 16 ci-dessus.

127
21. L’enfant né hors mariage, reconnu par sa mère, lui succé-
dera dans la totalité de ses biens, si elle meurt sans enfants ou
descendants légitimes ; mais au contraire; si elle meurt laissant
des enfants ou descendants légitimes, l’enfant né hors ma-
riage ne pourra prétendre la moitié de la portion d’un enfant
né dans le mariage, et ce, sur les seuls biens de la mère.

22. L’enfant né hors mariage, après avoir recueilli la succession


de ses père et mère, et venant à décéder sans laisser d’héritiers
et sans avoir valablement disposé de ses biens, les dits biens
retourneront à la souche et ligne d’où ils font provenus et s’il
se trouvait des acquêts, alors ils seront partagés, par égale por-
tion, entre les deux souches.

23. Les enfants nés hors mariage succéderont également à


leur, frères et sœurs, aux descendants de leurs frères et sœurs,
à leurs oncles et tantes et à leurs collatéraux, tous nés comme
eux hors mariage et décédant sans enfants.

TITRE III.

Des Enfants née hors Mariage, dont les pères sont décédés.

24. Les enfants nés hors mariage, actuellement existants dans


la Colonie, dont les pères sont décédés depuis et compter seu-
lement du 23 Août 1791 (v. s) jusqu’au jour de la promulgation
de la présente loi, sans avoir été ‘mariés, ou veufs sans enfants
ou descendants légitimes, seront admis à prouver, leur filiation
devant les tribunaux.

25. La filiation sera prouvée par la possession d’état résultante;


savoir : ou d’un acte public dans lequel le père aura parlé, ou

128
de la cohabitation du père avec la mère au moins pendant un
an dans la même maison, avant la naissance de l’enfant, et des
soins donnés par le père à la nourriture, entretient et éduca-
tion de l’enfant , ou du testament olographe du père.

26. Les enfants nés hors mariage, dont la filiation sera prouvée:
par l’un des trois moyens ci-dessus, auront et exerceront les
mêmes droits que ces enfants nés hors mariage reconnus par
leur père et ne pourront les faire valoir que dans

le cas et aux mêmes conditions prévues au, titre II des droits


successifs ci-dessus.

La présente Loi sera imprimée.

Signé Borgella, président; Raimond, Collet, Gaston Nogéré,


Lacour, Roxas; Mugnoz Mancebo, Et Viart, secrétaire.
Au nom de la Colonie Française de Saint-Domingue.

Le Gouverneur ordonne que la Loi ci-dessus sera scellée, pro-


mulguée et exécutée dans toute la Colonie.

Le Gouverneur de Saint-Domingue.

Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

129
Loi sur L ‘organisation des Tribunaux.

Du 4 Thermidor, an 9. (23 Juillet 1801.) L’assemblée centrale de


Saint-Domingue, sur la proposition du Gouverneur, rend la loi
suivante.

TITRE PREMIER.

Dispositions Générales.

ARTICLE PREMIER.

Les tribunaux civils et criminels de département, et les tribu-


naux de paix et de commerce, actuellement existant dans la
Colonie, sont supprimés ; néanmoins ils continueront leurs
fonctions jusqu’à l’installation des nouveaux tribunaux.

2. La décision des arbitres que les citoyens auront choisis, aux


termes de l’article 4 de la constitution de Saint-Domingue,
pour juger leurs contestations, ne sera point sujette à appel,
s’il n’est expressément réservé.

3. Nul ne pourra être juge, lieutenant de juge, commissaire


du gouvernement près les tribunaux, substitut, assesseurs, ni
greffier, s’il n’est âgé de vingt-cinq ans accomplis.

4. Les fonctionnaires désignés dans l’article précédent ne


pourront être requis pour aucun autre service public, ils ne
pourront s’absenter plus de dix jours sans congé du tribunal et
plus d’un mois sans congé du gouverneur.

5. La justice sera administrée, et tous les actes publics seront


faits au nom de la Colonie Française de Saint-Domingue.

130
6. Pour la date des actes, on continuera à suivre l’annuaire ré-
publicain, mais on sera tenu de rapporter entre deux paren-
thèses, la date correspondante de l’ancien calendrier.

TITRE II.

Des Tribunaux de Première Instance;

7. Il sera établi des tribunaux de première instance dans les


villes ci-après, savoir : au Cap-Français au Fort-Liberté, au aux
Gonaïves, Hinche, au Port-Républicain, à Léogâne, à Jacmel,
aux Cayes, Aquin, Jérémie, Santo-Domingo Ceibo à Azua, Sant
-Yago, et Samana.

8. Ces tribunaux seront composés d’un juge et d’un lieutenant


de juge.

9. Il y aura près de chaque tribunal de première instance, un


commissaire du gouvernement et un greffier.

10. Dans chaque paroisse du ressort d’un tribunal de première


instance, il y aura un substitut du commissaire du gouverne-
ment, lequel fera tous les actes conservatoires et préparatoires.

11. Le ressort de chaque tribunal de première instance est


fixé comme suit; savoir : celui du Cap français fera com-
posé des paroisses de Limonade, de la Garde-Rivière, de
Sainte-Suzanne, du Dondon, du Quartier-Morin, de la Pe-
tite-Anse, de la Plaine du Nord , de l’Acul , du Limbé et du Port-
Margot.

131
Celui du Fort-Liberté fera composé des paroisses de Monte-
Christ, de Laxavon, d’Ouanaminthe, du Terrier-Rouge, du Trous
de Volière et de Sans- Souci.

Celui du Port-de-Paix fera composé des paroisses du Petit


Saint - Louis de la Tortue de Jean-Rabel et du Borgne.

Celui des Gonaïves fera composé des paroisses du


Môle-Saint-Nicolas, de Bombarde, du Gros- Morne, de la Mar-
melade, de Plaisance, de terre Neuve, du canton Louverture,
de la Petite-Rivière de l’Artibonite, des Verrettes de Saint-Marc
et de San-Miguel de L’atalaye.

Celui de Hinche sera composé de Banica de San-Raphaél , de


Las-Cahobas , et de Farfano. Provisoirement, le siège de ce tri-
bunal sera établi San-Miguel de l’Atalaye, paroisse qui, alors et
jusqu’à la translation du siège dépendra du tribunal de Hinche
pour le ressort de la justice.

Celui du paroisses de l’Arcahaye, de la Croix-des-Bouquets du


Mirebalais et des Grands-Bois.

Celui de Léogâne sera composé des paroisses du Grand-Goave


et du Petit-Goâve.

Celui de Jacmel comprendra, les paroisses de Baynet, des


Cayes-Jacmel et du Sale-Trou.

Celui des Cayes comprendra les paroisses de Torbeck , de


Port-Salut , des côteaux et de Cavaillon

132
Celui d’Aquin comprendra les paroisses du Petit-Trou, de
l’Anse-à-Veau, de Saint-Michel et de Saint Louis.

Celui de Jérémie comprendra les paroisses de tiburon, du Cap-


Dame-Maries des Abricots et du Corail.

Celui de Santo-Domingo comprendra les paroisses de San-Lo-


renzo, de Santa-Rosa et San-Gregorio de les Ingenios.

Celui de Ceibo comprendra les paroisses de Savana Lamar, Hi-


guey, de Bayaguana, Mont-de Plata et Boya.

Celui d’Azua comprendra Bani, San-Juan de la Maguand, Ba-


rahona et Neybe. Celui de Sant-Yago comprendra les paroisses
de Porte-Plate et la Vega.

Celui de Samana comprendra Samana et le Cotuy

12. Les tribunaux de première instance connaîtront de toutes


matières civiles, criminelles, maritimes et commerciales
conformément aux ordonnances y relatives.

13. Les juges et les lieutenants de juges, les commissaires du


gouvernement, leurs substituts et les greffiers, ne recevront
dans les tribunaux de premières instances que les émoluments
fixés par le règlement du 4 Décembre 177, auquel ils seront
tenus de se conformer strictement en ce qui concernait les
ci-devant juridictions.

14. Dans les affaires qui ne seront point susceptibles d’un ap-
pointement à mettre, mais qui nécessiteront un long examen de

133
pièce, le juge pourra mettre en délibéré et taxer son jugement.
La taxe dans tous les cas ne pourra excéder 100 francs pour
le juge 66 francs pour le commissaire du gouvernement,
lorsque son ministère est nécessaire, et 66 francs pour le gref-
fier, y compris l’expédition du jugement.

15. Les affaires appointées seront distribuées par le juge sur


trois procès il en prendra deux.

16. L’ordre du service dans chaque tribunal de première ins-


tance, sera établi par un règlement du tribunal fourmis l’ap-
probation du gouverneur.

17.Les causes en première instance qui étaient de la compé-


tence des tribunaux supprimés seront portés sur une simple
citation, devant le nouveau tribunal qui en doit connaitre.

TITRE III.

Des Tribunaux d’appel

18. Il sera établi deux tribunaux d’appel.

19. L’un sera placé à Saint-Marc, et comprendra dans son ressort,


les départements du Nord de Louverture; de l’Ouest et du Sud.

L’autre fera placé à Santo-Domingo et comprendra dans son


ressort, les départements de Cibao et de l’Ozama.

20. Ces tribunaux seront composés d’un président de quatre


juges ct de deux assesseurs.

134
21. Il y aura près de chaque tribunal d’appel, un commissaire
du gouvernement, un substitut et un greffier.

22. En cas d’empêchement du commissaire du gouvernement


et du substitut, les fonctions du ministère public seront mo-
mentanément remplies par le dernier nommé des assesseurs.

23. Les tribunaux d’appel statueront sur les appels des juge-
ments rendus par les tribunaux de première instance.

24. L’appelant sera tenu de consigner une amende de 30 francs.

25. Les jugements des tribunaux d’appel ne pourront être ren-


dus par moins de cinq juges.

26. L’ordre du service, dans chaque tribunal d’appel, sera éta-


bli par un règlement du tribunal, fourmis à l’approbation du
gouverneur.

27. La justice sera rendue gratuitement dans les tribunaux d’appel

28. Les juges recevront en conséquence un traitement, à la


charge du trésor de la colonie lequel sera fixé par le gouverneur.

29. Le commissaire du gouvernement aura le même traite-


ment que le président. Le substitut aura le même traitement
que l’assesseur.

30. Les greffiers des tribunaux d’appel percevront les émo-


luments attribués aux greffiers des ci-devant conseils supé-
rieurs, par le règlement du 4 Décembre 1775.

135
31. Les causes d’appel pendantes dans les tribunaux suppri-
més, seront portées dans l’état ou elles se trouveront, et par
une simple citation, au tribunal d’appel dans le ressort duquel,
siégeait le tribunal qui a rendu le jugement dont est appel.

TITRE IV.

Du Tribunal de Cassation.

32. Il sera établi un tribunal de cassation pour la colonie.

33. Ce tribunal siégera dans la ville où résidera ordinairement


le gouverneur.

34. Il sera composé d’un président, de huit juges, d’un com-


missaire du gouvernement et d’un greffier.

35. Le président, les juges et le commissaire, recevront le


même traitement que le président les juges et le commissaire
près du tribunal d’appel.

36. Le greffier du tribunal de cassation percevra les émoluments


attribués aux greffiers des tribunaux d’appel et recevra en
outre un traitement qui sera fixé par le gouverneur.

37. La forme de se pourvoir et de procéder au tribunal de cas-


sation, aura lieu ainsi la requête signée par la partie, qui se
pourvoit, si elle fait signer, et par son défenseur, et fera présen-
tée au tribunal. Le président nommera un des juges pour l’exa-
men et le rapport de la requête. Le tribunal statuera ensuite
sur le rejet on l’admission de la requête.

136
38. Si la requête est rejetée, le jugement est maintenu, et son
exécution a lieu.

Si la requête est admise, elle sera signifiée aux parties


intéressées, avec formation de fournir mémoire au soutien du
jugement, dans le délai d’un mois. La réponse est également
signifiée dans le même délai. Les pièces sont remises au rap-
porteur, qui présente au tribunal les moyens fournis pour et
contre cassation du jugement dont s’agit; sur quoi le tribunal
casse le jugement, et renvoie les parties à se pourvoir devant
un autre tribunal d’appel, on maintient le jugement, et renvoie
les parties à son exécution.

En cas de prise à partie contre un tribunal entier la forme de


procéder sera la même.

39. Dans le cas ci-dessus, les jugements du tribunal de cassa-


tion ne pourront être rendus par moins de sept juges.

40. Outre les fonctions données au tribunal de cassation, par


l’article 45 de la constitution de St-Domingue, ce tribunal
prononcera, tant sur la forme qu’au fond sur les secondes de-
mandes en cassation des jugements rendus par les tribunaux
d’appel, sur les actes par lesquels les juges des tribunaux au-
ront excédé leurs pouvoirs, et sur les délits par eux commis
relativement leurs fonctions.

41. Dans ces derniers cas les jugements du tribunal de cassa-


tion sont, rendus par tous les juges réunis.

42. Il n’y a point ouverture à cassation contre les jugements


rendus par les tribunaux militaires spéciaux, si ce n’est pour

137
causes d’incompétence ou d’excès de pouvoirs proposé par
un citoyen non militaire, ni assimilé aux militaires par les lois, à
raison de leurs fonctions.

43. Le délai pour se pourvoir en cassation, fera de quatre mois,


compter du jour de la signification du jugement.

44. La partie, qui se pourvoira en cassation, sera tenue de


consigner une amende de 450 francs dont elle joindra la quit-
tance à la requête.

45. Les jugements de Cassation seront transcrits sur les registres


des tribunaux dont les jugements auront été cassés et la notice
ainsi que le dispositif en seront insérés dans un bulletin officiel.

Cette notice sera rédigée par le rapporteur , dans la quinzaine


du jugement et visée par le président qui en fera remise au
commissaire du gouvernement,

46. Si le commissaire du gouvernement apprend qu’il ait été


rendu un jugement contraire aux lois ou aux formes de procé-
der, ou dans lequel un juge ait excédé ses pouvoirs et contre
lequel cependant aucune des parties n’ait réclamé dans le dé-
lai fixé ; après le délai expiré, il en donnera connaissance au
tribunal de cassation; et si les formes ou les lois ont été violées,
le jugement sera cassé sans que les parties puissent se préva-
loir de la cassation pour éluder les dispositions de ce jugement
lequel vaudra, transaction pour elles.

47. Le commissaire du gouvernement sera entendu dans


toutes les affaires il est chargé de défendre celles qui inté-

138
ressent la colonie d’après les mémoires qui lui seront fournis
par les agents d’administration régisseurs, ou préposés , etc.

48. L’ordre du service du tribunal de cassation sera établi par


un règlement soumis l’approbation du gouverneur.

TITRE V.

Des Greffiers, et Officiers Ministériels

49. Les greffiers de tous les tribunaux seront nommés par le


gouverneur, qui pourra les révoquer à volonté. 50 Il sera établi
près le tribunal de première instance, siégeant au Cap - fran-
çais, six défenseur publics.

Près celui «du Port-Républicain, cinq.


Près celui des Gonaïves, quatre.
Près celui des Cayes, cinq.
Près celui de Santo-Domingo, quatre.
Près celui de Sant - Yago, quatre.
Près les autres tribunaux; quatre.
Près le tribunal d’appel, fiant à Saint-Marc, six.

51. Les défenseurs près le tribunal de première instance de


Santo-Domingo, militeront également au tribunal d’appel de
la même Ville.

52. Les défenseurs publics auront exclusivement les droit de pos-


tuler et de prendre des conclusions dans le tribunal pour lequel ils
seront établis ; ils seront nommés par le gouverneur, sur la présen-
tation du tribunal dans lequel ils devront exercer leur ministère.

139
Ils se conformeront pour leurs émoluments, au tarif du 4 Dé-
cembre 1775 savoir : ceux près les tribunaux de première
instance, la taxe qui concernait les ci-devant procureurs, et
ceux près les tribunaux d’appel, taxe des ci-devant avocats.
Néanmoins, pour les écritures, on se conformera à l’article VII
du chapitre VIII du règlement du 10 Novembre, 1787, et l’ar-
ticle V du chapitre IX dudit règlement.

53. Il sera établi près les tribunaux de première instance, du


Cap-Français et du Port-Républicain, trois huissiers.

Près des autres tribunaux de première instance, deux.

Près le tribunal d’appel, séant à St. Marc, deux.

54. Les huissiers seront, dans le ressort du tribunal près lequel


ils seront établis les significations relatives aux affaires pen-
dantes devant tribunaux.

55.Les ajournements significations et tous actes du ministère des


huissiers, seront sujet au visa du commissaire du gouvernement.

56. Les actes signifiés en ville et dans la banlieue, seront pré-


sentés au visa dans les trois jours. Ceux faits en voyage, le fe-
ront dans les vingt-quatre heures après le retour de l’huissier ;
ces visa seront sans frais.

57. Aucun jugement ne pourra être rendu sur un exploit non


visé. Il est défendu à tout huissier de remettre aucuns de ces
actes à la partie requérante sans visa à peine, de 100 francs
d’amende.

140
58. Tout huissier tiendra registre d’entrée et de sortie des actes
qui lui seront donnés signifier. Ce registre sera paraphé sans
frais par le juge et arrêté à la fin de chaque mois, par le com-
missaire du gouvernement.

59. Il sera établi près chaque tribunal un huissier audiencier,


lequel notifiera tous les actes d’instruction de défenseur à dé-
fenseur fera la publication des cartes-bannies la porte de l’au-
ditoire et les criées à la barre du siège.

60. Tous les huissiers seront nommés par le gouverneur sur la


présentation des tribunaux.

Ils se conformeront pour leurs émoluments, au tarif du 4 Dé-


cembre 1775, chacun en ce qui peut les concerner

TITRE VI.

De la Forme de Procéder en Matière Civile.

61. L’instruction des procès au civil sera suivant l’ordonnance


de 1667 tant dans les tribunaux de première instance que
dans les tribunaux d’appel.

62. Toute action en justice sera introduite par requête, conte-


nant clairement l’objet de la demande. Cette requête, ordon-
nancée du juge, sera signifiée par un huissier, pour compa-
raître à l’audience dans le délai de l’ordonnance.

63. Tout jugement en matière civile exprimera le motif qui l’a


déterminé.

141
TITRE VII.

De la Forme de procéder en Matière Criminelle

64. La procédure criminelle sera instruite suivant l’ordonnance


de 1670, sauf les modifications ci-après.

65. Les décrets de prise de corps et même d’ajournement per-


sonnel, ne pourront, être prononcés que par deux juges et un
défenseur, ou un juge et deux défenseur

66. Il en sera de même pour prononcer le règlement d’un pro-


cès à l’extraordinaire.

67. Le décret de prise de corps ne pourra être prononcé contre


un domicilié que dans le cas ou par la nature des charges, il y
aurait lieu à peine afflictive ou ‘infamante.

Il pourra, néanmoins être arrêté sur le champ, en cas de flagrant


délit ou de rébellion à justice.

68. L’accusé décrété de prise de corps pour quelque crime que


ce foi et arrêté, aura le droit de se choisir un ou plusieurs dé-
fenseurs, après son premier interrogatoire, et l’entrée de la pri-
son sera toujours ouverte ses défenseurs.

Si l’accusé n’a pas le moyen de se choisir un défenseur, le juge


lui en nommera un d’office, et le défenseur, ainsi nommé fera
tenu d’aider gratuitement l’accusé des conseils.

69. L’instruction Criminelle se fera sur papier timbre libre


même que les copies qui seront délivrées l’accusé

142
70. Il ne sera pas exigé de ferment de l’accusé, lors de ses inter-
rogatoires mais seulement lors des reproches qu’il proposerait
contre un ou plusieurs témoins.

71. Les cahiers d’information et d’addition d’information, ne se-


ront communiqués l’accusé ou à son défenseur, qu’après qu’il
aura déclaré qu’il a des reproches à fournir contre quelque té-
moin, à l’effet de quoi, le greffier sera tenu sitôt la clôture d’infor-
mation, de fournir à l’accusé les noms, surnoms, âges, qualités
et demeures des témoins entendus et d’en dresser verbal.

72. Dans trois jours, de la date du procès-verbal, l’accusé sera


tenu de fournir ses reproches, sinon et faute de ce faire, il sera
non-recevable en proposer après avoir vu les charges, soit lui,
soit son défenseur.

73. La confrontation des témoins à l’accusé et des accusés


entre eux continuera d’avoir lieu.

74. Les accusés auront le droit de proposer, en tout état de


cause leurs faits justificatifs et défenses, tant par titres que par
témoins, et la preuve sera admise quand ceux qui seront jugés
admissibles même du fait de défense, quoique non articulé
par un accusé qui en serait atteint.

75. Les témoins que les accusés pourront produire, seront


sommairement entendus, et ce qu’ils diront sera rédigé par
écrit, l’accusé ou le défenseur présent mais 1es accusés seront
tenus d’indiquer leurs témoins dans trois jours de la significa-
tion du jugement qui aura admis la preuve.

143
76. Si les accusés n’ont pas le moyen de citer à leurs frais leurs
témoins, le ministère public les sera citer à la requête, sur l’in-
dication qui lui en fera donnée.

77. Lors du jugement les accusés ne seront introduits à la barre


que pour subir, leur dernier interrogatoire et le signer ; ensuite
le défenseur pourra parler pour leurs défenses. Ce fait, les ac-
cusés seront reconduits en prison, puis les juges se retireront
pour délibérer, et après ils reprendront la séance à l’audience,
pour prononce le jugement, portes ouvertes,

78. Toute condamnation à peine afflictive ou infamante, soit


en première instance, soit en cause d’appel, exprimera les faits
pour lesquels l’accusé est condamné.

Tout autre formule est supprimée.

79. L’usage de la sellette et toutes questions ordinaires et ex-


traordinaires sont abolies.

80. Toute condamnation en première, instance à peine corporelle


ou afflictive, ne pourra être prononcé que par trois juges. Le juge-
ment qui la prononcera, sera toujours fourmis, de droit à l’appel,
soit de la part de l’accusé, soit de la part de la partie publique.

Au tribunal d’appel, le jugement ne pourra être prononcé que


par cinq juges au moins, et au deux tiers des voix des juges
présents.

81. Toute condamnation, peine afflictive ou infamante, ne


pourra entrainer la confiscation des biens.

144
82. Dans les procès commencés, les procédures déjà faites
subsisteront; mais il sera procédé au surplus de l’instruction
et au jugement suivant les formes prescrites par la présente
loi, et par l’ordonnance criminelle de 1670, en tout ce qui ne
contrarie pas les dispositions ci-dessus; et ce à peine de nullité
de la procédure et d’être recommencée aux frais des juges qui
auront commis la nullité, et infirmité par d’autres juges ou dé-
fenseurs attachés au même tribunal.

TITRE VIII,

De la jurisprudence.

83. Les tribunaux se conformeront, tant en matière civile, cri-


minelle, commerciale que maritime aux ordonnances de 1667,
1670, 1673 et 1681 ; pour les donations à l’ordonnance du
mois de Février 1731 ; et. pour les testaments, à celle du mois
d’Août 1735 , en tout ce, qui n’est par contraire la constitution
de Saint Domingue et aux présentes dispositions.

84. Les successions directes et collatérales et celles déférées


aux ascendants, seront, réglées par la coutume de Paris, sous
la réserve des droits des enfants nés hors mariage, lesquels ont
été fixés par la loi du 29 Messidor, an neuf, ( 18 Juillet 1301. )

Au surplus, les dispositions de la coutume de Paris seront à l’ave-


nir, exécutée à l’exception de celles concernant le retrait lignager
qui demeure aboli et l’âge de majorité, qui demeure fixé à vingt-
un ans accomplis, tant pour les hommes que pour les femmes.
85. Les successions vacances seront gérées conformément à

145
l’édit de 1781, par des curateurs qui résideront près de chaque
tribunal de premier instance et qui fourniront caution solvable,
pour raison de leur caisse, devant le juge et le commissaire du
gouvernement près de chaque tribunal.

86. Les créanciers privilégiés et non privilégiés des successions


vacances, ne feront ni saisir arrêter, ni saisir exécuter les sommes
des deniers et les autres biens desdites successions; la dénon-
ciation au curateur, des jugements de condamnation obtenus,
contre le défunt et la demande afin de payement formée, contre
lui, dans le cas où il n’y a pas de condamnation valant saisie arrêt
et opposition, sans qu’il soit besoin de le faire prononcer.

87. Les dispositions de l’article précédent sont déclarées


communes aux créanciers des successions confiées à l’héri-
tier en partie aux légataires universels, au mari survivant, à la
femme survivante pendant la durée du cautionnement auquel
ils sont assujettis par l’édit de 1781.

88. Les saisies arrêts et les saisies exécution qui auraient été
faites sur le défunt, et se trouveraient subsistantes au moment
de son décès, sont converties de droit en oppositions simples
à mains des curateurs et administrateurs mentionnés aux
deux articles précédents ; il n’est pas besoin de le faire pronon-
cer, mais simplement de faire dénoncer les dites saisis aux dits
curateurs et administrateurs ; les droits qui peuvent en résulter
en faveur des créanciers saisissants, leur étant réservés.

89. A l’expiration du cautionnement dont il est parlé en l’ar-


ticle 87, les créanciers peuvent exercer toutes les poursuites
qui leur auraient été permises contre le défunt.

146
90. Il ne fera pas de saisie-arrêt entre les mains des exécuteurs
testamentaires sur les successions qui leur sont confiées, ni
entre les mains des curateurs particuliers nommés sur avis de
parents en la colonie, ni en celles des associés survivants, ni en-
fin en celles des tuteurs contre, leurs pupilles. La dénonciation
qui leur sera faite des jugements de condamnation obtenus
contre le défunt, ou les demandes à fin de payement formées
contre eux, vaudront saisie-arrêt et opposition en leurs mains,
sans qu’il soit besoin de le faire prononcer.

91. Les exécuteurs testamentaires seront, comme par le passé,


dispensés de donner caution.

92. Les curateurs en titre d’office seront également chargés de


la recette des amendes déshérences, cotisation et épaves.

TITRE IX

De la Hiérarchie et de la Police des Tribunaux.

93. Les officiers ministériels sont sous la surveillance des tribu-


naux auxquels ils sont attachés.

94. Les juges des tribunaux de première, instance sont sous la


surveillance des tribunaux d’appel.

95. Les juges des tribunaux d’appel sont sous la surveillance


du tribunal de cassation.

96. Les juges et officiers ministériels seront tenus d’assister aux


audiences et aux cérémonies publiques dans le costume prescrit.

147
TITRE X.

Dispositions additionnelles

97. La faculté faire appel d’un jugement par défaut ou contra-


dictoire durera trois ans, pour les personnes domiciliées dans
la colonie et pour les personnes qui résident hors de la, colo-
nie, le délai ci-dessus de trois ans ne courra que du jour de la
publication de la paix entre la France et les puissances mari-
times.

98. Les substitutions sont, abolies ; toutes, instances y relatives,


actuellement pendantes, sont et demeurent éteintes confor-
mément la loi du 25 octobre 1792.

99. Les exhérédations par testaments des pères et mère sont


prohibées.

100. Toute personne légalement acquittée ne peut être reprise


ni accusée pour le même fait,

101. Jusqu’à la paix entre la France et les puissances maritimes,


il n’y aura pas de délai fatal pour annoncer les protêts des
lettres-de-change, faits hors de la colonie, soit faute d’accep-
tation, soit faute de payement.

102. Il ne pourra être, opposé de prescription d’aucune espèce


contre aucun titre, charges et servitudes, depuis le 23 Août
1791, jusqu’à la paix entre la France et les puissances mari-
times.

148
103. Il est dérogé à toutes lois, règlements et ordonnances
contraires à la présente ; laquelle sera imprimée.

Signé Borgella, Président; Raimond, Collet, Gaston Nogerée;


-Lacour Roxas Mugnoz Mancebo, Et Viart, secrétaire.

Au nom de la Colonie française de Saint-Domingue.

Le Gouverneur ordonne que, la Loi ci-dessus fera scellée, pro-


mulguée et toute la Colonie.’

Le Gouverneur, de Saint-Domingue.

Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

149
Loi sur les Notaires, Arpenteurs, Officiers de Santé, Phar-
maciens, Vendeurs publics ; et sur les Prisons, maisons de
Détentions, les Concierges et les Gardiens.

Du 6 Thermidor, au neuf, (25 Juillet 1801) L’assemblée cen-


trale, de Saint-Domingue sur la proposition du Gouverneur,
rend la loi suivante.

TITRE PREMIER

Des Notaires.

ARTICLE PREMIER.

Le nombre des notaires de la colonie demeure, quant à pré-


sent fixé comme suit savoir :

Pour la ville du Cap-Français, six

Pour celle du Port-Républicain, quatre.


Pour celle des Cayes trois.

Pour celle de Santo-Domingo, quatre.


Pour celle de Sant-Yago, trois.

Pour celle des Gonaïves, trois


Pour celle du Fort Liberté, deux.
Pour celle du Port-de-Paix, deux.
Pour celle de Saint-Marc, deux.
Pour celle de Léogane, deux.

150
Pour celle de Jacmel, deux.

Pour celle d’ Acquin, deux.


Pour celle de Jérémie , : deux
Pour celle d’Azua, deux

Pour celle de Hinche, un.


Pour celle de Ceibo, un.
Pour celle de Samana, un.

Et dans toute autre ville, bourg et paroisse, il y en aura une rési-


dence, qui exercera les fonctions de substitut du commissaire
du gouvernement, près le tribunal première instance d’où re-
lève la paroisse.

2. Les notaires établis dans les villes et lieux ci-dessus dénommés,


pourront instrumenter dans l’étendue du ressort du tribunal où
ils auront été reçus, lorsqu’ils en seront requis par les parties.

Ceux au contraire établis à résidence dans les villes, bourgs et


paroisses qui ne sont pas ci-dénommés, ne pourront opérer
que dans l’étendue de chaque paroisse respective.

3. Dans les villes ou le nombre des notaires excédera celui fixé


par l’article premier, la réduction s’opérera d’après l’ordre des
dates des commissions. En conséquence, les notaires les plus
anciens, exerçant actuellement dans les villes, seront admis à y
continuer, leurs fonctions, et seront présentés à la nomination
du Gouverneur par les tribunaux respectifs, pour en obtenir de
nouvelles commissions, qu’ils seront tenus de faire enregistrer
au greffe de leur ressort.

151
4. Les notaires qui par l’effet de la réduction se trouveront ex-
clus, seront de préférence désignés par les tribunaux à la no-
mination du gouverneur, pour en obtenir des commissions à
résidence dans les villes et paroisses qui en feraient privées
lesquelles ils seront enregistrer au greffe de leur ressort.

5. Les notaires ne pourront faire que les ventes après décès, à la


réquisition des parties, à l’exception néanmoins de celles des
successions vacantes qui seront faites par les juges des tribu-
naux de première instance, en présence du ministère public.

6. Les foncions de notaire sont incompatibles, avec toutes


fonctions, autre que celle de substitut du commissaire du gou-
vernement.

7. Les notaires seront à l’avenir nommées par le Gouverneur


sur la présentation des tribunaux, dans le ressort duquel ils de-
vront exercer, après avoir préalablement été examinés par le
juge ; assisté des deux plus anciens notaires de la juridiction,
en présence du ministère public ; de tout quoi il sera dressé un
procès-verbal, dont expédition sera remise au candidat avec
la lettre la présentation, pour se retirer vers le gouverneur, et
obtenue la commission de notaire.

8. Les notaires sont sous la surveillance des tribunaux. Tous


les trois mois, ils sont tenus de faire arrêter leur répertoire par
les commissaires du gouvernement près des tribunaux ou
ils auront été reçus et ce sous peine de 300 francs d’amende
pour la première fois, du double en cas de récidive et même
d’interdiction.

152
9. Les notaires feront une double minute des actes emportant
aliénation, ou y suppléeront par une expédition.

10. Tous les six mois les notaires seront le dépôt au greffe du
tribunal de cassation de leurs doubles, minutes, ou des ex-
péditions y supplétives ; le greffier leur en fournira reçu, sans
pouvoir en délivrer des expéditions pendant l’exercice desdits
notaires.

11. Les actes des notaires sont sujets à la taxe du juge, quand
les parties le requièrent ils se conformeront pour leurs vaca-
tions au tarif de 1775.

12. À chaque mutation de notaire, soit par décès, démission,


ou autrement, les minutes et répertoires seront déposés, ou
greffe du ressort.

13. Les minutes et répertoires des notaires décédés démission-


naires ou absents qui seraient en la possession des notaires
actuels, seront à la diligence des commissaires du gouverne-
ment déposé au greffe du ressort où exerçaient ces notaires.

Il en fera de même des minutes et répertoires de ceux qui,


par l’exécution de l’article 3 éprouveraient la suppression, se-
raient, admis à continuer leurs fonctions dans une paroisse qui
ne dépendrait pas de la juridiction où ils auraient été reçus.

14. Les minutes et répertoires des notaires qui par l’effet de


la révolution se trouvent avoir été transportés dans une ju-
ridiction autre que celle où les notaires exerçaient, ou -dans
un pays étranger, feront également et sous le plus, bref délai,

153
réclamés par les commissaires du gouvernement, transférés et
déposés au greffe du ressort desdits notaires.

15. Les notaires se conformeront aux règlements ordonnances


et lois publiées dans la colonie sur l’organisation du notariat,
en tout ce qui ne contrariera pas les présentes dispositions.

TITRE II
Des Arpenteurs.

16. Dans chaque paroisse de la colonie il y dura un arpenteur


à résidence.

17. Dans la paroisse où siège un tribunal: de première instance,


l’arpenteur qui y sera établi sera commissionné sous le titre
d’arpenteur principal’, et vérifiera s’il y a lieu les opérations de
chaque arpenteur dans l’étendue du ressort du tribunal.

18. Dans le cas où il y aurait lieu d’ordonner la révision d’une


opération faite par l’arpenteur principal le tribunal commettra
d’office et appellera l’arpenteur principal du tribunal le plus
voisin.

19. Les arpenteurs principaux, peuvent opérer lorsqu’ils en


sont requis dans l’étendue du ressort des tribunaux respectifs,
mais les arpenteurs des paroisses ne peuvent opérer que dans
la paroisse pour laquelle ils sont établis.

20. Les arpenteurs principaux sont nommés par le gouverneur,


sur l’attestation du directeur du génie constatant la capacité

154
du candidat dans l’arpentage, et sur celle du juge et du com-
missaire du gouvernement près le tribunal dans le ressort du-
quel l’arpenteur devra résider constatant les connaissances du
candidat sur les ordonnances concernant les arpenteurs.

21. Les arpenteurs des paroisses seront aussi nommés par le


gouverneur sur la présentation qu’en fera l’arpenteur princi-
pal, et sur l’attestation du juge et du commissaire du gouver-
nement, justificative des connaissances requise des ordon-
nances concernant les arpenteurs

22. A chaque mutation d’arpenteur, soit par décès; démission


ou autrement, les minutes, procès-verbaux, plans figuratifs re-
gistres et autres pièces et renseignements concernant l’arpen-
tage, seront, à la diligence du commissaire du gouvernement
près le tribunal de première instance, inventoriés et transférés
au greffe du ressort de l’arpenteur pour y rester en dépôt et
en être, par le greffier délivré toutes expéditions qui de droit.

23. Les minutes plans figuratifs registres et autres pièces et


renseignements des arpenteurs décédés, démissionnaires ou
absents, qui se trouveront actuellement en la possession des
arpenteurs actuels seront à la diligence des commissaires du,
gouvernement, inventorié, transférés et déposés aux greffes
du ressort desdits arpenteurs décédés, démissionnaires ou ab-
sents, pour en être, par les greffiers délivré tout expéditions à
qui de droit.

24. Les minutes et registres, d’arpenteurs qui faisaient partie


des dépôts de l’ancien greffe de l’intendance et qui se trouve

155
actuellement au contrôle de la marine, au Cap, seront à la di-
ligence du gouvernement transférés, au greffe du tribunal de
cassation et inventoriés juridiction par juridiction, pour y res-
ter en dépôt, et en être délivré toute expédition à qui de droit.

25. Les places d’arpenteurs général et de département sont


et demeurent supprimées; et les arpenteurs actuellement en
exercice, se retireront par-devers le gouverneur, pour obtenir
de nouvelles commissions d’arpenteurs principaux et de pa-
roisses.

26. Les arpenteurs, pourvus de commissions du gouverneur;


les feront enregistrer au greffe du tribunal, dans le ressort du-
quel ils devront résider et se conformeront au règlement du
4 Décembre 1775 aux ordonnances 10 Novembre 1751 et du
1er Avril 1773 en tout ce qui n’est pas contraire aux présentes
dispositions.

TITRE III

Des Officiers de Santé ct Pharmaciens

27. Dans chaque département de la colonie il y aura un conseil


de santé chargé d’examiner les candidats qui voudront exercer
la profession de médecin, chirurgien ou pharmacien.

28. Ces conseils de santé seront composés des médecin et


chirurgien en chef des grands hôpitaux militaires fixes, et des
trois plus anciens officiers de santé exerçant dans les chefs-
lieux de département.

156
29. Les conseils de santé certifieront de la capacité des candi-
dats à l’inspecteur général du service de santé, qui les présen-
tera au gouverneur pour en obtenir des commissions à rési-
dence dans les villes et paroisses qui en auront besoin.

30. Les officiers de santé et les pharmaciens pourvus des com-


missions du gouverneur les feront enregistrer au tribunal dans
le ressort duquel ils devront exercer leur profession.

31. Ceux qui justifieront de leur réception devant les anciens


tribunaux seront admis à exercer néanmoins à se pourvoir,
dans le délai d’un mois devant l’inspecteur général du service
de santé l’effet d’être présentés à la nomination du gouver-
neur, et en obtenir de nouvelles commissions qu’ils feront en-
registrer au greffe du ressort de leur résidence.

32. Les comptes des médecins chirurgiens seront taxés s’il y a


lieu, suivant le règlement du 4 Décembre 1775.

TITRE IV

Des Vendeurs publics.

33. Il sera établi dans chaque ville, maritime un vendeur public.

34. Les vendeurs publics sont spécialement chargés de faire


les ventes volontaires à bureau ouvert, soit dans leurs maisons
soit chez des marchands, négociant, et tous antres particuliers
qui les requerront.

157
35. Les vendeurs publics tiendront registre des ventes qu’ils fe-
ront. Ce registre sera coté et paraphé par le juge, clos et arrêté
tous les mois par les commissaires du gouvernement.

36. Il est alloué aux vendeurs publics cinq pour cent sur le mon-
tant des ventes qu’ils feront à la charge par eux de verser deux
pour cent dans la caisse municipale de la Ville où ils résident.

37. Les deux pour cent qui seront versés dans la caisse munici-
pale du cap-français seront appliques aux besoins journaliers
de l’hospice de la Providence de ladite Ville. L’administration
municipale tiendront registre des recettes et des dépenses,
jour par jour, et en dressera un extrait tous les mois au gou-
verneur.

Et à l’égard des deux pour cent versés dans les caisses muni-
cipales des autres villes maritimes, les administrations mu-
nicipales tiendront registre des versements, sans pouvoir en
disposer et en adresseront un extrait, tous les mois au gou-
verneur afin de le mettre à même de subvenir aux besoins des
indigents des différentes paroisses.

38. En considération des deux pour cent versés par les ven-
deurs publics sur les cinq pour cent qui leur est alloué ils se-
ront dispensés de tout autre service public.

TITRE V

Des Prisons et maisons de Détention des Concierges-et Gar-


diens desdites Maisons.

158
39. Dans les villes ou siègent les tribunaux de première instance
et d’appel, il y aura des prisons bien closes, sures et saines.

40. Dans les villes, bourgs où paroisses du ressort de chaque


tribunal, il y aura des maisons de détention pour recevoir les
personnes condamnées pour fait de simple polices

On établira dans les maisons de détention des barres pour


s’assurer des personnes prévenues de quelque crime jusqu’à
leur translation dans les prisons situées dans les villes, où leur
procès devra être instruit.

41. Sous trois jours pour tout délai et sous la responsabilité


des fonctionnaires chargés de la haute police les détenus à la
barre pour crime, seront transférés dans les prisons criminelles
du ressort sous la conduite de la gendarmerie.

42. Dans les villes où il y a des hôpitaux fixes, les médecins


et chirurgiens en Chef desdits hôpitaux feront la visite des
prisons, et auront exclusivement, à tous autres médecins et
chirurgiens, le droit de traiter les prisonniers malades

Dans les autres villes, ce droit appartiendra à l’officier de santé,


le plus ancien d’après la commission.

43. Les concierges des prisons et les gardiens des maisons de


détention, tiendront registre d’entrée et de sortie, jour par
jour, de tous les prisonniers et détenus.

44. Leurs registres seront cotés et paraphés par le juge et visés tous
les mois par les commissaires du gouvernement ou les substituts.

159
45. Les concierges et gardiens enregistreront tout au long les
ordres d’arrestation et d’élargissement date par date sans in-
terligne, rature ni abréviation, à peine de 300 francs d’amende
et de plus forte en cas de récidive.

46. Ils fourniront tous les jours le mouvement des prisons et


maisons de détention aux commandants militaires ou des
places, aux maires, aux commissaires du gouvernement où à
leurs substituts

47. Les concierges des prisons et gardiens maisons de déten-


tion ne pourront recevoir ni détenir qui que ce soit si l’ordre
d’arrestation ou de détention n’en exprime le motif et si cet
ordre m’émane d’un fonctionnaire à qui la loi ait donné le pou-
voir de faire arrêter et ce sous leur responsabilité personnelle.

48. Les fonctionnaires à qui la loi donne le pouvoir de faire ar-


rêter, sont: les maires des lieux pour fait de simple police, les
commissaires du gouvernement ou leurs substituts poursui-
vant, pour la partie publique, les officiers de la gendarmerie ,
dans l’exercice de la haute police pour crimes commis dans les
campagnes et sur les grands chemins et pour vagabondage, les
commandants militaires ou de places, pour délits purement
militaires, ou de la compétence des tribunaux spéciaux ou en
vertu d’un ordre du gouverneur ou du commandant du dépar-
tement ou en vertu d’un jugement émané d’un tribunal quel-
conque ou sur la réquisition d’un officier ministériel pour cause
de rébellion de justices ou sur la réquisition des receveurs des
droits de la colonie, ou de l’administrateur des finances , pour
sureté des deniers publics, ou pour leur recouvrement.

160
49. Les concierges des prison et gardiens des maisons de dé-
tention, ne pourront refuser aux parents, amis d’un détenu,
l’entrée de la prison ou de la maison de détention moins que
la défense leur en soit faite par un ordre spécial et écrit.

50. Les concierges et gardiens sont responsables des évasions


qui auront lieu par leur défaut de surveillance ; ils sont nom-
més par le gouverneur qui pourra les révoquer à volonté.

51. Ils recevront les bêtes cavalines et afines qui leur seront
conduites comme épaves.

52. Ils seront sans traitement, mais ils percevront savoir :

Pour droits d’écrou, d’entrée et de sortie de chaque prisonnier, 6


livres Pour droits de garde, gîte et nourritures par jour au pain et
l’eau, de chaque prisonnier. Pour droits de garde, gîte et nourri-
ture par jour, de chaque prisonnier aux, vivres du pays. Pour droits
d’inscription d’écrou d’entrée et de sortie de chaque bête cavatines
et asine par jour. Pour droits de garde, soin et nourriture desdites
bêtes cavatines et asines, par jour. Pour extrait des registres de la
prison ou de la prison et maison de détention. Les droits et frais des
prisons et maisons de détention seront payés la sortie de chaque
prisonnier et pour éviter toutes difficultés le fonctionnaire qui pro-
noncera l’élargissement d’un prisonnier ne pourra l’ordonner la
charge par le prisonnier de payer comptant les droits et frais qui
auront été faits lesquels seront taxés si le prisonnier le requiert.

Le tarif des droits. et frais , certifié par le juge des lieux demeu-
rera Affiché dans la conciergerie et dans le logement du gar-
dien de la maison de détention

161
Les frais de conduite de la gendarmerie et de capture seront
taxés par le juge du tribunal et dans les bourgs ou paroisses
par les substituts du commissaire du gouvernèrent Ils seront
payés par les concierges des prisons et -les gardiens, des mai-
sons de détention qui en seront remboursés par les prison-
niers lors de leur élargissement.

Les cultivateurs, garçons ouvriers et domestiques qui ne pour-


ront en sortant payer les droits et frais de prison et maison de
détention pourront réclamer des propriétaires, fermiers ou
gérants habitations qu’ils cultivent ou de chefs de maisons
des villes et bourgs chez lesquels ils résident, travaillent ou
servent, des secours à titre d’avance sur la part a eux revenant
dans les produits de l’habitation ou sur leurs gages ou salaires.

Dans ce cas, la quittance du concierge ou du gardien de la


maison de détention , sera visée par le fonctionnaire qui aura
prononcé l’élargissement du cultivateur, du domestique ou de
l’ouvrier, et servira de titre au propriétaire, fermier ou gérant
ou chef de maison, envers le prisonnier qui aura été élargi au
moyen de quoi lors des payements de part de cultivateur, ou
de gages ou de salaires toute retenue suffisante aura lieu, sans
autre formalité que la remise de la quittance du concierge ce-
lui sur qui la retenue sera effectuée, comme argent comptant.

57 S’il arrivait que les propriétaires fermiers ou gérants d’ha-


bitations, ou chefs de maisons ne voulussent pas accor-
der, à titre d’avance, les secours qui leurs seraient deman-
dés , leur refus serait bien et valablement constaté par la
déclaration du concierge, ou du gardien de la maison de

162
détention, devant le juge ou devant le substitut du com-
missaire du gouvernement dans les paroisses et alors les-
dits cultivateurs, domestiques et ouvriers, pourront récla-
mer les recours d’autres propriétaires fermiers, gérants ou
chefs de maisons sur les habitations ou dans les maisons
desquels ils seront tenus d’aller sur le champ travailler ou servir.

58. Les cultivateurs domestiques et ouvriers qui, pour le motif


exprimé en l’article précédent changeront de domicile, ne se-
ront point inquiétés ni troublés par qui que ce soit pour raison
du changement de domicile.

59. Les bêtes cavalines at affines seront vendues à la barre du


tribunal de perrière instance dans le délai de quinze jours, si
elles ne sont réclamées ; le prix en sera versé dans la caisse des
épaves, déduction faite, de tous les frais.

60. Les bêtes cavalines et affines qui auront été remises aux
épaves des maisons de détention, dans les bourgs seront le
douzième jour, transférées aux épaves du ressort pour y être
vendues conformément l’article ci-dessus.

61. Les ventes seront toujours précédées d’affiches et de publi-


cations dès l’entrée aux épaves des bêtes cavalines et affines,
avec désignation de l’étampe et du poil de l’animal.

62. Les animaux marqués des lettres R. F. U. I. ne pourront être


vendus, les concierges ou gardiens en préviendront les com-
mandants militaires ou de places qui pour l’intérêt de la colo-
nie, ordonneront ce que de droit.

163
63. Les concierges et gardiens sont tenus, lorsqu’il leur sera
conduit un animal marqué de l’étampe d’une paroisse, autres
que celle où est située la prison ou la maison de détention
d’envoyer sur le champ, au concierge de la prison ou au gar-
dien de la maison de détention de cette paroisse, le signale-
ment et l’étampe de l’animal, certifiés pour être affichés et pu-
bliés les jours de marchés ou de fêtes, jusqu’au jour marqué
pour la vente. Le concierge ou le gardien accusera réception
de ce signalement , et en certifiera l’affiche et la publication.
Le jour de la vente; le concierge présentera cet accusé de ré-
ception, et certificat d’affiche et de publication sans lesquelles
le juge ne pourra passer outre à la vente.

64. Les personnes qui voudront réclamer aux épaves, une bête
cavaline ou affine, ou le montant de la vente, seront tenues de
se pourvoir devant le juge qui sur le vu des titres prononcera
ce que de droit.

65. Aucune bête, cavaline ou afin ne pourra être adjugée que


sous les réserves coutumières.

66. Il est dérogé à toutes lois, ordonnances, règlements et arrê-


tés contraires présente, laquelle sera imprimée.

Signé Borgella, président, Raymond, Collet, Gaston, Nogerée,


Lacour, Roxas, Mugnoz, Mancebo, et Viard secrétaire.

Au nom de la Colonie Française de Saint-Domingue

Le gouverneur ordonne que la Loi ci-dessus sera sellée, pro-


mulguée et exécutée dans toute la colonie.

164
Le Gouverneur de Saint-Domingue.

Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

Sur les Administrations Municipales.

Du 9 Thermidor an neuf. (28 Juillet 1801)

L’assemblée centrale de Saint-Domingue sur la proposition du


gouverneur rend la loi suivante.

TITRE PREMIER

De la Composition des Administrations Municipales.

ARTICLE PREMIER

Il y a dans la colonie une administration municipale par chaque


paroisse.

Dans les paroisses ou siègent des tribunaux de première ins-


tance ou d’appel, les administrations, municipales sont com-
posées d’un maire et de quatre administrateurs.

Dans les autres paroisses, elles ne font composées que d’un


maire et de deux administrateurs.

Les fonctions de commissaire près les administrations munici-


pales, sont remplies par les commissaires du gouvernement,
ou leurs substituts près les tribunaux de première instance.

165
TITRE II

De leurs Fonctions.

4. Tous les ans au 1er. Vendémiaire (23 Septembre), chaque


administration municipale, dresse l’état de la population de
sa paroisse par habitation et par maison de Ville, de bourg ou
embarcadère

5. En conséquence, chaque administration municipale fournit


aux frais de sa paroisse à chaque propriétaire d’habitation ou
de maison, fermier locataire et sous locataire et à tous autres
chefs d’habitation ou de maison, deux modèles imprimés,
à l’effet d’établir la déclaration que chacun devra, faire de la
quantité de personnes existant dans chaque habitation ou
maison de ville, bourg ou embarcadère, avec leurs noms sur-
noms, âge désignation de sexe et profession.

6. Ces déclarations contiendront aussi les naissances et décès


survenus dans l’année, indépendamment des déclarations qui
en devront avoir été faites, conformément à la loi du 20 Sep-
tembre 1792, et dont on aura loin de faire mention de la date
de l’acte qui en aura été greffé par l’officier public.

7. Il y sera également fait mention du nombre des chevaux,


juments mulets, ânes, bœufs, vaches, cabris, cochons qui se
trouveront sur, chaque habitation, et à qui ils appartiennent.
On indiquera aussi le genre de manufactures et l’espèce de
vivres, ou récoltés ou plantés, dans ce dernier -cas, la quantité
de terres plantées.

166
8. Ces modèles imprimés seront remis par les administrations
municipales, aux commandants militaires ou de places, qui en
donneront reçu. Les commandants militaires ou de places les
feront passer à chaque capitaine de la garde coloniale non sol-
dée, qui en accuse réception Les capitaines de la garde colo-
niale, non fondée , distribuent ces modèles imprimés à chaque
propriétaire d’habitation ou de maison chaque fermier, loca-
taire, sous-locataire , et tous autres leurs représentants les-
quels , sous peine d’être considérés comme ennemis de l’ordre
public , et punis comme tels, sont tenus de remettre dans le
délai de vingt jours leur déclaration de l’état de leur habitation
ou maison à leurs capitaines respectifs de garde, coloniale non
soldée. Ces capitaines, après avoir fait la visite desdites habita-
tions ou maisons, certifient sincères et véritables les déclara-
tions qui leur ont été remises.

9. Le duplicata de ces modèles reste au déclarant qui est tenu


de les représenter, toutes les fois qu’il en sera requis par les
fonctionnaires chargés de la police soit, des villes, soit des
bourgs & habitations Le primata est envoyé par le capitaine
de garde coloniale non soldée, sous le plus bref délai aux com-
mandants, militaires ou de places, qui en accusent réception.
Les commandants militaires ou de place les adressent ensuite
aux administrations municipales, et leur en demandent reçu.

10. Aussitôt la réception de ces déclarations, les administra-


tions municipales dressent, chacune, dans l’étendue de leur
paroisse, l’état de la population par duplicata. Le premier reste
déposé aux archives municipales, le second est adressé par les
administrations municipales, aux commandants militaires ou

167
de places, qui les transmettent de suite aux commandants de
départements.

11. Sur les états de population des paroisses les commandants


des départements font dresser, par paroisse l’état général de
la population de chaque département, ils s’adressent ensuite
au gouverneur de la colonie, après en avoir gardé un double
par devers eux

12. Le gouverneur de la colonie fait dresser sur les états de po-


pulation des départements, l’état général de la population de
la colonie, par chaque départe- mens, et en participe le résultat
à l’assemblé centrale, toutes les fois qu’il y a lieu à imposer les
citoyens ou à recruter l’armée.

13. Sur les réquisitoires des commissaires du gouverne-


ment ou de leurs substituts, les administrations municipales
prennent tous les arrêtés relatifs à la police des villes et bourgs;
la propreté des rues , quai, places publiques et marchés; elles
taxent le poids du pain, de la viande et de tous autres objets de
consommation et de première nécessité ; elles surveillent les
poids et mesures adoptés pour la colonie, elles délibèrent sur
leurs besoins particuliers , sur les contributions qui pourraient
être, nécessaires pour y subvenir, sur les procès qu’il convien-
drait d’intenter ou de soutenir pour la conservation des droits
de la paroisse.

Elles dressent le tableau de leurs dépenses locales, dans lequel


sont comprises celles nécessaires, l’entretient du culte et de
ses ministres ; elles y joignent l’état approximatif de leurs reve-

168
nus provenant des biens et droits de fabrique de tous autres à
leur disposition et si ces revenus sont insuffisants, ou qu’elles
n’en eussent point elles joignent à cet état un plan d’impo-
sition pour subvenir, soit en partie, soit à la totalité de leurs
dépenses, et soumette le tout à l’approbation du gouverneur.

14. Si le gouverneur approuve le tableau de dépenses et le


plan d’imposition y joint, l’administration municipale les fait
alors mettre à exécution, comme il sera expliqué par la suite.

15. Si, au contraire le gouverneur juge à propos de les improu-


ver, il fait alors au tableau des dépenses toute diminution , de
même que tous changements au plan d’imposition qui lui pa-
raissent nécessaires et renvoie ‘le tout au commissaire du gou-
vernement ou au substitut qui remplit les fonctions de com-
missaire près l ‘administration municipale, qui a délibéré pour
en requérir la ratification sur le registre, et l’exécution.

16. Le tableau des dépenses & le plan d’imposition approu-


vés, ou rectifiés, l’administration municipale fait procéder à la
répartition. Pour cet effet, elle nomme parmi ses administrés,
de répartiteurs , qui divisent en plusieurs classes, et imposent,
suivant les facultés d’un chacun tous les contribuables de la
paroisse.

17 Cette clarification faite, les répartiteurs en remettent l’état


en forme à l’administration municipale, qui le vise et l’arrête;
elle en fait dresser les quittances qu’elle envoie au receveur des
deniers de la paroisse, pour en poursuivre le recouvrement.

169
18 Toute délibération des administrations municipales rela-
tive à une imposition quelconque ou à une acquisition ou alié-
nation d’un bien au nom de la paroisse, une réparation s’éle-
vant à une somme de 1,000 francs , ne pourra être exécutée,
qu’ après avoir été approuvée par le gouverneur.

19. Les administrations municipales nomment et révoquent


leurs secrétaires, receveurs et commissaires de police et voyers.

20. Elles délivrent seulement dans le cas de passage des


troupes, pour cause de service, des billets de logement, chez
le bourgeois, aux officiers. Ces billets ne peuvent excéder la
durée et valider plus de trois jours.

21. Les administrations municipales rempliront l’avenir les


fonctions attribuées aux ci-devant syndics et marguillers; elles
prendront l’avis des ministres du culte toutes les fois qu’il s’agi-
ra de dépenses relatives au culte, à son entretient, réparation,
construction ou reconstruction des églises et des maisons
presbytérales.

Elles surveillent, toutes les professions qui intéressent les


mœurs, et notamment les maisons d’instruction et d’éduca-
tion pour la jeunesse.

TITRE III.

Les Maires et de la Police des Villes et Bourgs

23. Les maires ont exclusivement la police des lieux publics des
spectacles, des bals, maisons de, jeu hôtels garnis, auberges et

170
cabarets; ils font à cet égard, toute dénonciation, réquisition né-
cessaires aux commandants militaires ou de places lesquels sont
tenus de leur prêter main-forte pour le maintien de l’ordre public

Les maires reçoivent un traitement proportionné aux moyens


de la paroisse, lequel est fixé par l’admistration municipale, et
fourmis à l’approbation du gouverneur dans le tableau des dé-
penses, dont parle le paragraphe deux de l’article 13 du titre Il
de la présente loi.

24. Ils sont les conciliateurs des parties qui veulent s’en rappor-
ter à leurs décisions.

25. Ils prononcent, au bureau de police, sur les conclusions du


gouvernement ou de leurs substituts, telle peine que le cas le
requiert contre les contrevenants aux arrêtés de police des ad-
ministrations municipales.

26. Les contraventions aux arrêtés de police municipales, sont


punis d’une amende qui ne peut excéder 33 francs, et de trois
jours de détention des maires peuvent prononcer l’amende
sans la peine de détention, et la détention sans l’amende ; ils
peuvent également modérer l’une et l’autre.

27. En cas de récidive, les tribunaux de première instance sont


saisis, en matière de police correctionnelle ou de petit crimi-
nel, des contraventions aux arrêtés de police des administra-
tions municipales.

28. Toutes les contestations des marchés, quais, places pu-


bliques et rues, toutes les rixes où’ il n’y a pas effusion de sang,

171
ou entre non militaires, ou entre un militaire et un militaire et
un non militaire seront de la compétence des maires, qui pro-
nonceront telle condamnation que de droit.

29. Toutes les contestations et rixes entre non militaires, ou


entre un militaire et un non militaire, et où il y a effusion du
sang seront de la compétence des tribunaux de première ins-
tance.

30. Toutes les rixes et contestations de militaire à militaire, se-


ront de la compétence des commandants.

TITRE IV

Des Commissaires de Police Gendarmes à pied, et Étalon-


neurs jaugeurs.

31.Dans les villes où l’administration municipale est composée


d’un maire et de quatre administrateurs, il y a un ou plusieurs
commissaires de police, suivant l’étendue de la ville et sa po-
pulation.

32. Dans les autres villes, bourgs ou paroisses, les substituts


remplissent les fonctions de commissaire de police.

33. Les commissaires de police constatent les contraventions


aux arrêtés des administrations municipales et en remettent
les procès-verbaux aux commissaires du gouvernement et
font, dans les, bourgs ou paroisses, les poursuites contre les
contrevenants.

172
34. Les Commissaires de police constatent les décès survenus
de causes violentes, par des procès-verbaux, qu’ils remettent
aux commissaires du gouvernement près les tribunaux de pre-
mière instance, lesquels font toutes poursuite, dénonciation et
formalités nécessaires.

35. Dans chaque Ville ou bourg, il y a un détachement de gen-


darmerie à pied à la solde. de la paroisse lequel est aux ordres
du maire et du commissaire du gouvernement, ou de son
substitut.

36. Il y a également, dans chaque, ville ou bourg un étalon-


neur jaugeur nommé, par l’administration municipale et révo-
cable par elle, lequel est tenu de se conformer au règlement
du 15 Mars 1750, et au tarif du 4 Décembre 1775, en tout ce
qui concerne étalonneurs jaugeurs.

TITRE V.

Des Officiers publics et de L’état civil des citoyens

37.Un officier public pris, parmi les membres de chaque admi-


nistration municipale, reçoit les actes destinés à constater les
naissances, décès dans chaque paroisse.

38. Cet officier public est nommé par l’administration munici-


pale et tient les registres de l’état civil des citoyens, conformé-
ment à la loi du 22 Septembre 1792.

39. Les registres sont fournis aux frais des paroisses, par les
administrations municipales ; ils sont paraphés par les maires,

173
clos et arrêtés tous les ans par les commissaires du gouverne-
ment ou leurs substituts, et les doubles sont ensuite déposés
au greffe du tribunal d’où relèvent les paroisses.

40. La déclaration d’une naissance sera faite dans le délai de


vingt jours de l’accouchement, et l’acte en fera de suite greffé
par l’officier public.

41. La déclaration d’un décès survenu sur une habitation, sera


faite dans les 48 heures, soit par le propriétaire soit, par le fer-
mier, soit par le gérant assisté du Capitaine de la garde colo-
niale non soldée de l’endroit où est située l’habitation, et du
conducteur des travaux.

L’officier public, au moyen de ce sera dispensé de se transpor-


ter sur les lieux pour s’assurer du décès.

Les décès survenus en villes et dans les lieux où résident les


officiers publics, seront constatés conformément à la loi du 20
Septembre 1792.

42. Les mariages seront contractés suivant les dispositions conte-


nues dans les secctions 1, 2, 3, et 4 du titre IV de la loi précitée.

Seront néanmoins tenus, les officiers publics, de ne point ma-


rier les catholiques, sans qu’au préalable il ne leur ait été rap-
porté un certificat du ministre du culte catholique, constatant
que les futurs sont susceptibles de contracter mariage.

43. Dans les quinze jours à compter de la publication de la


présente loi, le maire, ou un administrateur municipal, suivant

174
l’ordre de la liste, sera tenu, sur la réquisition du commissaire
du gouvernement ou de son substitut de se transporter, si fait
n’a été aux églises paroissiales et presbytères, l’effet de dresser
inventaire de tous les registres existant entre les mains des mi-
nistres du culte, et de clore les registres courants.

44. Les anciens comme les nouveaux registres trouvés en la


possession des ministres du culte seront portés et déposés au
secrétariat de chaque administration municipale.

45. Il sera également dressé inventaire de tout le mobilier ap-


partenant à la paroisse, et qui sera laissé au service du culte et
de ses ministres.

46. Les administrations municipales des paroisses qui, par les


évènements de la révolution, se trouvent privées des registres
qui devaient rester en la possession des ministères du culte
conformément aux anciens usages, sont autorisées à en faire
faire des copies à leurs frais, sur les doubles qui ont été dépo-
sés dans les greffes des anciennes juridictions. A l’égard des
registres lors courants, dont les doubles n’auraient point été
déposés, et dont la perte serait notoire, les personnes qui se-
ront intéressées à faire constater soit une naissance, soit un
mariage, soit un décès qui remonterait l’époque de la tenue
desdits registres perdus, seront tenues de se pourvoir devant,
les tribunaux de première instance, en la forme de droit.

47. Toute dépense relative au bureau de l’état civil, y compris


le traitement de l’officier public lequel sera fixé par l’adminis-
tration municipale sera supportée par la paroisse ; en consé-

175
quence, tout ce qui sera perçu pour les actes et expéditions
des actes de l’état civil soit par l’officier public, soit par secré-
taire greffier, sera versé dans une caisse spéciale et appliqué à
la dépense de ce bureau.

48. Il sera payé, par chaque déclaration de naissance et de dé-


cès, quatre escalins, et deux escalins par chaque expédition.

49. Il sera payé pour un acte de mariage, y compris l’acte de


publication et les expéditions de ces actes quatre gourdes.

50. Les administrations municipales se conformeront, au sur-


plus, à la loi du 20 Septembre 1792.

La présente loi sera imprimée.

Signé Borgella, président, Raymond, Collet, Gaston, Nogérée,


Lacour, Roxas, Mugnoz, Mancebo, et Viart, secrétaire.

Au nom de la Colonie Française de Saint-Domingue.

Le Gouverneur ordonne que la Loi ci-dessus sera scellée, pro-


mulguée et exécutée dans toute la Colonie.

Le Gouverneur, des Saint-Domingue.


Signé TOUSSAINT LOUVERTURE.

176
Table des matières

Cérémonie de présentation le dimanche 9 décembre 2018


au Club International du parti FORCE LOUVERTURIENNE
RÉFORMISTE (ci-devant Parti Louverturien fondé en 2010). . . . 9

Extrait du projet de société du parti


FORCE LOUVERTURIENNE RÉFORMISTE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

En hommage au Précurseur de l’Indépendance Nationale,


le Général François Dominique Toussaint Louverture. . . . . . . 83

Constitution de 1801. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Lois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Mai 2019
Port-au-Prince, Haïti
7(bis), rue Vernet, Delmas 31
Tél. : (+509) 3422-4471 / 3434-0434
c3editions.haiti@c3editions.com

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