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Le colloque annuel de la Société d ' Histoire Littéraire de la France ,
présidée par Marc Fumaroli, de l'Académie française, s'est tenu le ven-
dredi 14 et le samedi 15 décembre 2012 à la Fondation Del Duca (10,
rue Alfred de Vigny, Paris, VILIe). Organisé par Pierre-Louis Rey, de
l'Université de la Sorbonne nouvelle, il était intitulé «L'histoire litté-
raire face à la création contemporaine ».
Pierre-Louis Rey
Le sujet de ce colloque m'a été suggéré par Éric Férey qui, de 1999 à
2011, a mis en œuvre le numéro de Bibliographie de notre revue. Avec lui,
et plus récemment avec Marie Galvez qui lui a succédé, notre société a
réfléchi à la présentation qu'il conviendra un jour de donner, dans ce volume
annuel, à la littérature contemporaine. Faudra-t-il ouvrir une rubrique
« xxie siècle » qui, pour plusieurs années, serait vouée à la minceur ? Peut-
être devons-nous saisir l'occasion de remettre en cause l'arbitraire décou-
page en siècles. Mais si on choisit de délimiter une période dite plus large-
ment « contemporaine », à quelle date la fera-t-on débuter1 ? On peut
songer, par exemple, à 1980. Mais de nombreux écrivains, connus pour des
livres parus dans les années 1960 ou 70, continuent de publier aujourd'hui ;
à les maintenir dans le XXe siècle tandis que serait créée une « période
contemporaine », on occulterait leurs capacités de renouvellement.
Je suis reconnaissant à Éric Férey de m'avoir fourni quelques remarques
précieuses, dont je nourrirai ma communication. Je voudrais remercier éga-
lement tous les collègues qui ont accepté de participer à ce colloque. Ils
nous aideront à avancer sur les questions pratiques que la Société se pose,
1. À partir du « Hors-série 2008 » (qui recensait les publications de l'année 2007), la dernière
section de notre numéro de Bibliographie a été intitulée : « XXe siècle et littérature contempo-
raine ». À partir du « Hors-série 2012 » (année 2011), sur la couverture du volume a été indiqué
entre parenthèses : « xvic-xxie siècles ». Pour plus de détails, voir ci-dessous la communication de
Marie Galvez, pp. 597-605.
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514 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 515
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516 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 517
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518 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 519
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520 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
6. Les rares exceptions ne concernent pas ceux qu'il est convenu de considérer comme de
« grands classiques ». Au Journal (1887-1910) de Jules Renard a été logiquement attribué, en
fonction des dates indiquées sur la couverture, le vert du xixe siècle.
7. Le passage de cinquante à soixante-dix ans du délai imposé pour qu'un auteur tombe dans
le domaine public semble aller au rebours de cette évolution. S'il n'est pas nécessaire, pour qu'une
œuvre devienne un objet d'histoire, que se multiplient les éditions critiques qui lui sont consacrées,
cette diversité d'approches aide en effet l'historien de la littérature. Elle est désormais retardée.
Mais il se peut que cette extension contribue, ne serait-ce que symboliquement, à élargir notre
conception du « contemporain ». Ainsi l'œuvre d'Albert Camus attendra-t-elle l'année 2030 pour
être traitée autrement que les ouvrages qui paraissent aujourd'hui.
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 52 1
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522 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
mouvement est arrivé à son terme. Le genre, tel qu'il a été exploité pendan
plus de trente années, est épuisé11 ». Ainsi cet article inaugural de la RHLF
se conforme-t-il à l'idée qu'il faut qu'un mouvement soit achevé pour deve
nir un objet historique (de même n'écrit-on pas l'histoire d'une guerre tan
que n'a pas été signé l'armistice). Les exemples du surréalisme ou du « nou-
veau roman » nous ont bien suggéré qu'il est imprudent, en littérature, de
fixer des termes, mais en l'occurrence, René Doumic ne s'est pas trompé. I
a attendu six ans après la mort de Labiche pour dresser le bilan du « genre »
dont celui-ci avait été le principal représentant. Et il est vrai que ceux qu'o
considère parfois hâtivement comme ses successeurs, Georges Courtelin
ou Georges Feydeau, s'illustreront moins grâce à un comique de mœurs que
de situation, s'inscrivant ainsi sur une autre page de l'histoire du théâtre.
Une autre étude de la RHLF de l'année 1894 attire notre attention :
signée de Virgile Rossel, elle s'intitule « Les poètes français du Canada
contemporain ». Quand, dans le rapport moral présenté l'an dernier à l'as-
semblée générale de notre société, j'ai justifié notre numéro consacré à
« L'histoire littéraire au Québec » en rappelant qu'en 1969 déjà, un numéro
de la RHLF affichait « Le Québec et sa littérature », j'ai oublié cet article
daté de l'année de naissance de la revue. À l'instar de l'étude consacrée à la
comédie de mœurs, il remonte aux racines historiques du sujet. Quant à sa
pertinence dans une revue dont le titre annonce la littérature de la « France »,
elle ne fait aucun doute aux yeux de Virgile Rossel. « En vérité, les
Canadiens-Français, qui sont aujourd'hui plus d'un million, constituent, au
milieu de l'agglomération anglo-saxonne une petite France, très originale et
très vivante, qui ne se laissera point "absorber ni amalgamer", pour parler
avec le Times 12 », annonce l'auteur en introduction, avant de conclure sa
très longue revue des poètes contemporains du pays par ces formules : « Ce
qu'il importait, c'était sans doute de montrer qu'au Canada, colonie anglaise
de par la politique et la géographie, pays français par l'intelligence et par le
cœur, - du moins dans les provinces de Québec et Montréal, - il existait une
poésie et des poètes dignes de trouver un chaud accueil dans la littérature et
auprès du public de la mère-patrie. » L'étude rend hommage pour finir à
Louis Frechette, poète né en 1835, auteur d'une Légende du peuple, « sans
contredit l'un des écrivains qui, dans les petites France étrangères, Belgique,
Suisse romande, Canada, ont ajouté le plus au trésor du génie français13 ».
Indépendamment de son aspect idéologique, cet article ouvre vers une pers-
pective à l'évidence historique : il s'agit d'évaluer jusqu'à quel point les
poètes canadiens contemporains enrichiront le patrimoine de la France.
11. Ibid., p. 1.
12. Ibid., p. 464.
13. Ibid., p. 485.
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 523
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524 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
16. Jusqu'au n° 3 de 2005, les comptes rendus donnés dans la RHLF étaient annoncés dans le
Sommaire selon le siècle auquel ils se rapportaient (du xvie au xxe siècle). La fréquence des com
tes rendus se rapportant à plus d'un siècle (parfois qualifiés de « transversaux ») a conduit
l'abandon de cette différenciation. Ainsi se trouve du même coup esquivée la question, toujours
pendante pour le numéro de Bibliographie, de l'affichage de l'ouverture au xxie siècle.
17 .La Fabrique de l'histoire, émission diffusée le 10 décembre 2012 sur France-Culture
Jean-Pierre Le Goff commentait par ces mots son dernier ouvrage : La Fin du village. Une histoi
française, Paris, Gallimard, 2012.
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LES CLASSIQUES DE DEMAIN 525
Les écrivains qui ont le bonheur de faire une longue carrière invitent à
ce continuum. Les premiers romans de Michel Butor, Passage de Milan
(1954), L'Emploi du temps (1956) ou La Modification (1957), appartiennent
à l'histoire du roman ; ferons-nous silence sur l'œuvre poétique (au sens
large du terme) à laquelle il se consacre aujourd'hui parce que le lien paraît
ténu entre l'« arpenteur des textes et des rêves19 » et le « nouveau roman-
cier » des années cinquante ? Et faudrait-il soustraire à l'histoire de la litté-
rature des œuvres de jeunes écrivains, contemporaines des « poèmes » de
Butor, au prétexte qu'il est encore plus difficile de leur trouver des racines ?
Les « imprévus » dont parlait Sainte-Beuve sont peut-être les classiques de
demain.
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