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d’une atmosphère
3 Point éclair
3 Modèle d’évaporation
3 ATEX
inflammable
h Benoît SALLÉ, Jean-Michel PETIT,
INRS, département Expertise et conseil technique
Au cours de la mise en œuvre d’un liquide inflammable, les conditions de formation d’une atmosphère Conditions for the formation of an
explosive (ATEX) dépendent au moins des caractéristiques du liquide (point d’éclair, température explosive atmosphere when using a
ambiante) ; dans le cas où le liquide se trouve en milieu ouvert, les conditions de formation d’une flammable liquid
ATEX sont également liées au débit d’évaporation du liquide, lui-même associé aux conditions de
renouvellement de l’air à sa surface. When employing a flammable liquid, the
Un modèle d’évaporation a été établi d’après les résultats d’une campagne de mesures effectuées sur conditions in which an explosive atmosphere
des solvants volatils courants, au cours de laquelle le débit d’évaporation du liquide et la concentration (ATEX) can form depend to a great extent on
en vapeur à proximité de sa surface ont été mesurés. the liquid itself (flash point, temperature); if
La connaissance de ces différents éléments permet une application précise et réaliste de la the liquid is in an open space, they are also
réglementation ATEX. linked to the evaporation flow rate, which in
turn depends on the air renewal conditions
at the surface of the liquid.
An evaporation model has been established
L
from the results of a series of measurements
a réglementation relative aux de formation d’une atmosphère explo- carried out with volatile solvents, where
atmosphères explosives doit sive (ATEX) lors de sa mise en œuvre. the vaporization flow rate and the vapor
être appliquée à toute situation Ceci constitue une étape-clé de l’ap- concentration at the surface of the liquid
de travail où une atmosphère plication de la réglementation relative were measured.
explosive est susceptible de se former aux atmosphères explosives, quelle que Knowledge of these different features
et tel est le cas lors de la mise en œuvre soit la méthode utilisée (par exemple la permits the implementation of the ATEX
d’un liquide inflammable. méthode décrite dans le guide méthodo- regulations in a precise and realistic way.
logique de l’INRS [1]).
La prise en compte du risque explo-
sion sur les lieux de travail s’inscrit dans Une autre étape-clé de l’application
la démarche globale de prévention des de cette réglementation consiste à iden-
risques. Dans le cadre de la démarche tifier les conditions de formation d’une
méthodologique spécifique à ce risque, atmosphère explosive. En milieu confi-
l’analyse fonctionnelle demande, afin né, elles dépendent des caractéristiques
d’identifier les atmosphères explosives du liquide (point d’éclair, température
potentielles, de connaître les caractéris- ambiante…). Dans le cas où le liquide se
tiques physico-chimiques des produits trouve en milieu ouvert, elles dépendent
combustibles présents. également du débit d’évaporation du
liquide. 3 Flammable Liquid
Pour un liquide inflammable, cette 3 Flash Point
connaissance est particulièrement indis- 3 Evaporation Model
pensable à la définition des conditions 3 Atex
Les conditions de formation d’une En effet, lors du chauffage de Dans l’inéquation (1), compte tenu
atmosphère explosive à partir des l’échantillon dans une coupelle fermée, de la différence entre la valeur d’un
vapeurs émises par un liquide inflam- les vapeurs émises par le liquide ne se point d’éclair en coupelle fermée et celle
mable sont liées, d’une part, à la quanti- dispersent pas dans l’air comme elles d’un point d’éclair en coupelle ouverte,
té des vapeurs émises par le liquide, qui peuvent le faire dans le cas d’une cou- il est préférable, pour une plus grande
est une caractéristique intrinsèque du pelle ouverte. Il en résulte que la tem- sécurité, de prendre comme valeur du
liquide, et, d’autre part, à la façon dont pérature la plus faible pour laquelle on point d’éclair PE celle mesurée en cou-
ces vapeurs se mélangent à l’air, selon obtient l’inflammation de l’atmosphère pelle fermée.
l’environnement du liquide. qui surmonte le liquide correspond à
une valeur un peu plus faible dans le cas
d’une coupelle fermée que dans le cas Conditions liées à l’environnement
Conditions propres au liquide d’une coupelle ouverte. du liquide
Point d’éclair du liquide Le récent règlement européen C’est la façon dont les vapeurs émi-
CLP (Règlement CE n°1272/2008 du ses par le liquide se mélangent avec
Tout liquide inflammable est carac- Parlement européen et du Conseil du l’air qui conditionne la formation de
térisé par son point d’éclair PE. 16 décembre 2008 relatif à la classifica- l’atmosphère explosive. En fait, la situa-
tion, à l’étiquetage et à l’emballage des tion se résume à l’une des deux situa-
Selon la norme EN 1127-1) [2], le substances et des mélanges) ne retient tions suivantes :
point d’éclair PE d’un liquide inflamma- en définitive que les méthodes en « cou-
ble est la température la plus faible pour pelle fermée ». 1 soit un équilibre liquide-vapeur
laquelle « la présentation d’une flamme peut s’établir,
provoque l’inflammation des vapeurs Le Tableau I indique les valeurs 1 soit aucun équilibre ne peut
émises par un échantillon du liquide, de points d’éclair [3] mesurées en cou- s’établir car l’air se renouvelle continû-
dans des conditions d’essai prescrites ». pelle fermée pour quelques liquides ment à la surface du liquide, sous forme
inf lammables couramment utilisés d’un flux qui se mélange avec le flux des
Note : l’inf lammation ayant lieu en phase gazeuse, dans l’industrie (du plus volatil au vapeurs émises par le liquide.
c’est toujours la vapeur émise par le liquide qui est moins volatil).
inf lammable et non le liquide lui-même.
Équilibre liquide-vapeur
Température ambiante du liquide
C’est sur la notion de point d’éclair Pour qu’un équilibre thermodyna-
que reposent principalement les diver- Nous avons vu que l’existence d’un mique puisse s’établir entre un liquide
ses réglementations relatives aux liqui- point d’éclair traduit l’aptitude d’un et la vapeur qu’il émet, les deux condi-
des inflammables. liquide à être inflammable, c’est-à-dire tions suivantes doivent être remplies
à émettre des vapeurs qui, mélangées simultanément :
Le point d’éclair d’un liquide inflam- à l’air, peuvent former une atmosphère
mable est une grandeur qui n’est acces- explosive. Le point d’éclair est donc la 1 le liquide doit être contenu dans
sible que par l’expérimentation. première caractéristique à prendre en un récipient fermé,
compte pour apprécier la possibilité de 1 la phase liquide doit coexister
La détermination expérimentale du formation d’une atmosphère explosive à avec la phase vapeur (la vapeur est alors
point d’éclair d’un liquide consiste à partir d’un liquide inflammable. dite « saturante », alors qu’elle est dite
chauffer régulièrement quelques cen- « sèche » en absence de phase liquide).
tilitres de liquide contenus dans une Toutefois, cette possibilité dépend
coupelle, puis à approcher à intervalles aussi de la température à laquelle se Lorsqu’un équilibre liquide-vapeur
réguliers de la surface du liquide la trouve le liquide. En effet, un liquide est établi, la vapeur est caractérisée
flamme d’un petit bec de gaz, jusqu’à émet d’autant plus de vapeurs qu’il est par sa pression Psat, dite « pression de
observer l’occurrence d’un « éclair », porté à une température plus élevée et vapeur saturante », qui ne dépend que
c’est-à-dire d’une flamme qui apparaît la formation d’une atmosphère explo- de la température du liquide.
et s’éteint aussitôt. sive à partir d’un liquide inf lammable
dépend en réalité de la différence entre Un équilibre liquide-vapeur ne s’éta-
Il existe différentes méthodes de la valeur du point éclair (PE) et la tem- blit jamais instantanément car la diffu-
détermination du point d’éclair d’un pérature (T) à laquelle le liquide est sion des vapeurs dans l’espace qui est
liquide inflammable, celles dites « en mis en œuvre. situé au-dessus de la surface du liquide
coupelle ouverte » et celles dites « en et qui est isolé de l’extérieur d’après la
coupelle fermée ». première condition (cet espace est appelé
« le ciel » du récipient) requiert un cer-
tain délai. Ce délai qui, en absence de
Dimensionnement
du volume de
Intervalle
d'inflammabilité à T1
l’ATMOSPHÈRE EXPLOSIVE
T1
LIET1
LSET1 formée
Courbe d'équilibre
liquide-vapeur
Pour évaluer précisément la for-
mation d’une atmosphère explosive (et,
éventuellement, les effets de son explo-
sion) en milieu semi-confiné, par exem-
PSE ple par suite de l’épandage accidentel
M'
d’un liquide inflammable dans un local
sous forme d’une flaque, il est indispen-
Pt d'éclair sable de disposer d’un modèle simple
PIE
M et fiable qui permette de dimensionner
son volume.
0,4 F(Ts)
V = 22,01 ∞ S ∞ U ∞ M ∞ (3)
Patm
Tableau II
S 1,5
La courbe représentative est une
portion d’hyperbole. Pour une baisse
de niveau faible, la variation de V d est 1
grande.
0,5
Vitesse d'évaporation (Vd)
VME
0,05
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
x (m)
Cas particulier de l’absence de À titre d’exemple, le Tableau III 1 les concentrations mesurées en
mouvement d’air au-dessus du fournit les valeurs calculées à partir de un même point de l’espace pour une
liquide la relation (3) du débit d’évaporation de même valeur de U décroissent selon
l’acétone, du n-hexane et de l’éthanol le même ordre que le débit d’évapora-
À noter également que, lorsqu’on à 20°C, lorsque la surface du liquide tion des liquides étudiés, c’est-à-dire
mesure la vitesse d’évaporation Vi est soumise à un flux d’air de vitesse acétone > n-hexane > éthanol,
dans un air parfaitement calme, la U = 1 m.s-1 . 1 sur l’ensemble des liquides et
valeur trouvée peut être très diffé- valeurs de U étudiés, des concentra-
rente de la valeur calculée, la couche L’exploitation des mesures de tions supérieures à la LIE n’ont été
de vapeurs au-dessus de la surface du concentration a conduit aux résultats mesurées qu’à proximité immédiate du
liquide jouant le rôle de « bouchon » suivants : milieu du bord du bac sous le vent, que
(la plupart des substances organiques pour l’acétone et que pour U = 0,9 m.s-1
volatiles ont une densité de vapeur 1 les concentrations décroissent (cf. Figure 4).
par rapport à l’air supérieure à 1). au fur et à mesure que le point de mesu-
re s’éloigne du bac,
1 pour un même liquide, la
concentration en un même point de l’es-
pace est plus élevée pour U = 0,9 m.s-1
que pour U = 0,3 m.s-1 (cf. Figure 4),
Points à retenir
# La formation d’une atmosphère explosive (ATEX) à partir d’un liquide inflam-
mable dépend de la différence entre son point d’éclair et sa température. En
milieu ouvert, elle dépend également des conditions de renouvellement de
l’air à la surface du liquide.
# Une étude expérimentale a porté sur des solvants volatils courants (acétone,
n-hexane, éthanol) et a conduit à l’élaboration d’un modèle mathématique
qui permet de :
• déterminer le débit d’évaporation d’une flaque de liquide en fonction de diffé-
rents paramètres, dont sa température et la vitesse de l’air à sa surface,
• déterminer le débit d’air de ventilation qui permet de s’affranchir du risque
d’accumulation de l’ATEX formée par évaporation du liquide.
# Des mesures de concentration ont montré que le volume de l’ATEX qui se
forme sous le vent du liquide a un volume très faible, puisqu’il reste inférieur
à 1 dm3 par mètre de largeur de flaque.
Bibliographie
[1] Mise en œuvre de la réglementation [5] BRAUN K. O., CAPLAN K.-J. – [8] BRACONNIER R., CHAINEAUX J.,
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[2] Norme EN 1127-1 (2008) INRS, Hygiène et sécurité du travail, 212,
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a liquid in a f lowing airstream. American [9] Norme NF EN 60079-10-1 Éd.
[3] Les mélanges explosifs – 1. Gaz et Industrial Hygiene Association Journal, 1.0 (2006) : Atmosphère explosives –
vapeurs, INRS, 2004, ED 911. 1996, 57, pp. 519-525. Partie 10-1 : Classement des emplacements –
Atmosphère explosives gazeuses.
[4] ZABETAKIS G. – Flammability [7] US Environmental Protection
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1965, 22 p.