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Chapitre 3

Du béton frais au
béton durci

3.1 Introduction 78 3.8 Propriétés mécaniques du béton durci 100


3.8.1 Résistance à la compression 100
3.2 Malaxage 79 3.8.2 Résistance à la traction 105
3.8.3 Module d’élasticité 107
3.3 Ouvrabilité et autres propriétés du béton frais 81
3.3.1 Consistance 81 3.9 Comportement à la déformation du béton
3.3.2 Masse volumique du béton frais  84 indépendamment des charges 110
3.3.3 Teneur en air 84 3.9.1 Introduction 110
3.3.4 Teneur en eau 85 3.9.2 Retrait et gonflement 110
3.9.3 Déformations dues à la température 115
3.4 Transport, réception, transbordement et
mise en place 86 3.10 Protection contre la corrosion de l’armature 118
3.4.1 Transport 86 3.10.1 Epaisseur et qualité du béton d’enrobage 118
3.4.2 Réception du béton 87 3.10.2 Perte de la protection contre la corrosion
3.4.3 Transbordement 87 due à la carbonatation 119
3.4.4 Mise en place 87 3.10.3 Perte de la protection contre la corrosion
due aux chlorures 122
3.5 Compactage 88
3.5.1 Objectif 88 3.11 Assurance de la qualité sur le chantier 124
3.5.2 Modes de compactage 88 3.11.1 Introduction 124
3.5.3 Energie de compactage 88 3.11.2 Contrôle du béton 124

3.6 Cure 90
3.6.1 Objectifs et mesures 90
3.6.2 Types de cure 92
3.6.3 Exigences relatives à la cure 92
3.6.4 Effets de la cure sur les propriétés
du béton durci 94

3.7 Bétonnage sous des conditions météorologiques


extrêmes96
3.7.1 Température du béton frais 96
3.7.2 Bétonnage par temps chaud 97
3.7.3 Bétonnage par temps froid 98
3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.1 Introduction

3.1 Introduction

Le béton est appelé béton frais tant qu’il est possible de le


mettre en œuvre. Passé le stade de la prise, il évolue vers
le béton durci. Le passage du béton frais au béton durci
est caractérisé par deux phases successives, l’une passant
progressivement à l’autre: la phase du béton dit «rigidifié»
et la phase du béton dit «de jeune âge» (fig. 3.1.1). Le
béton frais, mis en place, compacté et en train de se raidir,
est nommé béton «rigidifié». La résistance du béton rigi-
difié résulte essentiellement des forces d’adhérence entre
l’eau et les particules solides ainsi que du frottement
interne et de l’enchevêtrement du granulat. Au fur et à
mesure de la progression de l’hydratation du ciment et du
durcissement, le béton «rigidifié» passe au béton «jeune».
Le béton jeune n’est plus ouvrable en raison de son état
solidifié.
Fig. 3.1.2: Mise en place du béton à la grue.
Pour permettre au béton frais d’atteindre les propriétés
exigées en phase durcie, divers facteurs d’influence sont
à prendre en compte, en particulier lors du malaxage,
du transport, du transbordement et de la mise en place
du béton ainsi que lors de son compactage et de sa cure.

Fig. 3.1.1: montée en résistance


Résistance à la compression relative

Phases de passage selon norme


du béton frais au
béton durci.
fin de l’ouvrabilité

début de prise

début de
durcissement

raidissement durcissement

1 2 4 8 24 3 7 28
heures jours

béton rigidifié béton jeune béton durci


malaxage, transport
mise en place,
compactage

de la cure
début

78 Holcim guide pratique du béton


3.2 Malaxage

Les composants sont normalement dosés par pesée selon Dans les centrales à béton on emploie habituellement
la norme SN EN 206-1. L’ordre d’introduction des compo- des malaxeurs à mélangé forcé (malaxeur à double
sants, le type de malaxeur et la durée de malaxage influent arbres horizontaux, planétaire avec ou sans train valseur,
sur la qualité des bétons produits. Cette qualité dépend de: malaxeur conique, voir fig. 3.2.1). Pour chaque type de
malaxeur des charges minimales et maximales sont
• l’homogénéité du mélange définies. Des charges inférieures ou supérieures à ces li-
• l’effet des adjuvants mites peuvent avoir des répercussions négatives sur la
• la performance du malaxeur qualité du béton.
• l’usure du malaxeur

Au moment du malaxage, les composants sont normale-


ment dosés selon l’ordre suivant:

• les granulats
• le ciment
• les additions
• l’eau de gâchage et les adjuvants

Les fluidifiants sont en règle générale ajoutés à l’eau de


gâchage ou, au plus tôt, introduits avec celle-ci dans le
malaxeur. Les fiches techniques des adjuvants donnent
des indications supplémentaires p. ex. concernant l’ordre
d’introduction en cas d’emploi simultané de plusieurs Fig. 3.2.1: Malaxeur à double arbres horizontaux.
adjuvants.
Durée de malaxage
La durée de malaxage dépend du type de malaxeur et
doit être déterminée par des essais. Elle commence au
moment où tous les composants se trouvent dans le ma-
laxeur et elle se termine lorsque le béton frais est homo-
gène. La durée de malaxage des bétons courants, c.-à-d.
le temps de malaxage humide, se situe habituellement
entre 60 et 90 secondes (fig. 3.2.2).

144 Fig. 3.2.2:


Puissance absorbée [kW]

Courbe typique
130 de la puissance
115 absorbée par le mo-
introduction début du obtention d'une homogénéité suffsante teur du malaxeur
101 des malaxage humide pendant une gâchée
composants
de béton courant
86 (courbe wattmé-
72 trique).
vidange
du
58
malaxeur
43

29

14 60 secondes gain d’homogénéité négligeable

0
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120
Durée de malaxage [secondes]

Holcim guide pratique du béton 79


3.2 Malaxage
3. Du béton frais au béton durci
3.2 Malaxage

Les bétons à propriétés particulières (p. ex. béton autopla-

Valeurs relatives [%]


çant, béton à haute résistance, béton de parement, béton
léger et béton à air entraîné) nécessitent généralement 100

des temps de malaxage plus longs (tab. 3.2.1). Si un


dosage supplémentaire en eau s’avère nécessaire pour
obtenir la consistance visée du béton frais, la durée de 80
malaxage se prolongera en conséquence. Dans le cas où
un plastifiant ou fluidifiant doivent être ajoutés après le
malaxage principal, il est nécessaire de mélanger à nou-
60
veau le béton, afin que l’adjuvant soit complètement
dispersé dans le mélange et puisse déployer son effet.

Une durée de malaxage trop courte peut avoir des consé- 40

quences négatives sur les propriétés du béton frais et


durci (voir fig. 3.2.3) car elles empêchent le déploiement
des adjuvants, p. ex. des entraîneurs d’air. Un apport 20
d’énergie ultérieur dans le camion malaxeur peut engen-
drer une augmentation de la teneur en air des bétons à air
entraîné (activation ultérieure). 0
30 60 120 180
Durée de malaxage humide [secondes]
résistance à la compression
Tab. 3.2.1: teneur en air
Durée de malaxage Type de béton Durée de malaxage
recommandée pour humide
recommandée Fig. 3.2.3: Influence de la durée de malaxage sur la résistance à la
différents types de
compression relative du béton à 28 jours et la teneur en air relative
béton. [secondes]
(béton à air entraîné).
Béton vibré 60–90

Béton à propriétés particulières 90–120


(p. ex. béton à air entraîné, béton
léger)

Béton avec ajout de fumée de silice ≥ 120


(suspension, en poudre)

Béton autoplaçant ≥ 120

Rajout d’adjuvants dans le camion Durée de malaxage


malaxeur recommandée
[minutes]

Béton vibré 5–7

Fig. 3.2.4:
Camion malaxeur
en livraison.

80 Holcim guide pratique du béton


3.3 Ouvrabilité et autres propriétés
du béton frais

3.3.1 Consistance Pour le béton autoplaçant, d’autres méthodes d’essai ont


été développées. Elles tiennent compte de sa consistance
La consistance du béton frais détermine l’ouvrabilité du particulière et sont décrites au chapitre 4.3.
béton. Elle décrit non seulement la cohésion interne du
béton frais, mais aussi d’importantes propriétés telles L’étalement à la table à chocs
que le comportement à l’écoulement, la tendance à la sé- L’étalement décrit quantitativement la manière dont le
grégation et l’aptitude au lissage. La consistance du béton frais s’étale sur une surface plane laissée tomber
béton frais a une influence primordiale sur la facilité de d’une hauteur définie sur un cadre. La détermination de
transbordement, de mise en place et de compactage sur l’étalement (f) est définie dans la norme SN EN 12350-5.
le chantier. En Suisse, les méthodes suivantes sont em- L’étalement est une méthode de mesure adaptée aux
ployées de préférence pour la mesure de la consistance: classes de consistance du béton frais F2 à F5, c.-à-d. pour
des bétons fermes à fluides. Elle n’est pas recommandée
• l’étalement à la table à chocs pour la mesure des étalements ≤ 340 mm et > 600 mm
• l’indice de serrage selon Walz (tab. 2.3.5).
• l’affaissement au cône d’Abrams (Slump)

Fig. 3.3.1:
Mesure de l’étalement: l’opérateur les pattes à l’avant de la table Mesure de
l’étalement selon
• contrôler que les ustensiles et équipements res- • mesurer avec la règle l’étalement maximal du béton la norme
pectent les exigences de la norme en deux directions d1 et d2, parallèles aux bords de la SN EN 12350-5.
• poser la table d’étalement sur un support plat, hori- table, en millimètres
zontal et non soumis à des vibrations ou à des chocs • calculer l’étalement selon l’équation 3.3.1 à partir
• humidifier la table d’étalement, la face interne du des deux valeurs de mesure, le résultat est indiqué
moule conique et tous les ustensiles à 10 mm près
• introduire le béton frais dans le moule conique situé
au centre de la table en deux couches d’une hauteur Valeur d’étalement:
égale
• compacter chaque couche dix fois avec la tige d1 + d2
f= [mm]
de piquage 2
• araser le béton au niveau du bord supérieur du
Eq. 3.3.1
moule à l’aide de la tige de piquage et nettoyer le
plateau de la table autour du moule Exemple 14:
• 30 secondes après l’arasement du béton, soulever le Détermination de l’étalement f d’un béton dans le
moule avec précaution verticalement et lentement cadre d’un contrôle de béton frais. Les mesures
en 1 à 3 secondes des diamètres d1 et d2 de la galette donnent des
• soulever le plateau jusqu’à la butée et le laisser re- valeurs de d1 = 450 mm et d2 = 465 mm.
tomber librement, répéter 15 fois ce cycle, la durée
d1 + d2 450 + 465
de chaque cycle étant comprise entre 1 et 3 secondes. Etalement f = = = arrondi à 458 mm
2 2
La table est stabilisée en bloquant avec les pieds de

d1

d2

Holcim guide pratique du béton 81


3.3 Ouvrabilité et autres propriétés du béton
frais 3. Du béton frais au béton durci
3.3 Ouvrabilité et autres propriétés du béton frais

Une évaluation visuelle de la pâte de béton frais est pos- L’affaissement (Slump)
sible lors de la mesure de l’étalement selon les critères L’affaissement décrit quantitativement l’affaissement
suivants: libre du béton frais. La détermination de l’affaissement (h)
est définie dans la norme SN EN 12350-2. L’affaissement
• la géométrie et la taille de la galette est une méthode de mesure adaptée aux classes de
• la distribution des éléments fins et grossiers consistance du béton frais S1 à S4, c.-à-d. pour des bétons
(proportion suffisante de pâte de ciment) raides à très plastiques. Elle n’est pas recommandée pour
• la présence d’une auréole d’eau en bordure une mesure d’affaissement > 220 mm (tab. 2.3.5).

L’indice de serrage selon Walz Le changement de la teneur en eau d’une formule de


L’indice de serrage décrit quantitativement la compactibi- béton induit, sous des conditions constantes de tempéra-
lité d’un béton frais par vibration. La détermination de ture, un changement non seulement de consistance mais
l’indice de serrage d’après Walz est définie dans la norme aussi de résistance (voir tab. 3.3.1).
SN EN 12350-4. L’indice de serrage est une méthode de
mesure adaptée aux classes de consistance du béton frais
C1 à C3, c.-à-d. pour des bétons raides à plastiques. Elle
n’est pas recommandée pour la mesure des indices de
serrage < 1.04 ou > 1.45. Une exception est faite pour les
bétons légers d’un indice de serrage < 1.04, c.-à-d. de la
classe de consistance C4 (tab. 2.3.6).

Fig. 3.3.2:
Mesure de l’indice Mesure de l’indice de serrage:
de serrage selon • contrôler que les ustensiles et équipements res- Exemple 15:
Walz selon la norme pectent les exigences de la norme Détermination de l’indice de serrage c dans le
SN EN 12350-4.
• humidifier les faces internes du récipient et le poser cadre d’un contrôle de béton frais. La mesure des
sur un support plat et stable abaissements s1 à s4 donne les valeurs suivantes:
• introduire le béton dans le récipient au moyen d’une s1 = 14 mm, s2 = 16 mm, s3 = 13 mm et s4 = 14 mm.
truelle, en le plaçant alternativement sur les quatre
bords du récipient Calcul de la valeur moyenne s:
• éliminer le béton en excès avec un mouvement de
s1 + s2+ s3+ s4 14 + 16 +13 +14
sciage de la règle d’arasement (tout en évitant s= = = 14.25 mm
4 4
de compacter le béton)
• compacter le béton avec une aiguille vibrante
jusqu’à ce qu’on ne puisse plus déceler de réduction Indice de serrage c:
de volume
400 400
• mesurer au milieu de chacun des côtés du récipient c= = = 1.04 [-]
400 − s 400 − 14.25
l’abaissement s1 à s4 au millimètre près et en faire
la moyenne s
• calculer l’indice de serrage à partir de la valeur
moyenne selon l’équation 3.3.2. Le résultat est
exprimé à deux décimales près
Indice de serrage:

400
c= [-]
400 − s

Eq. 3.3.2

S
400 mm

200 mm

82 Holcim guide pratique du béton


520

Etalement [mm]

Indice de serrage [-]


Changement de la Teneur en eau La compression
consistance [l/m3 ] à 28 jours 500 F4 C4 1.02
[N/mm2 ]
480 1.04
Etalement: +10 mm +5 −1 à −3
à base de PCE
Indice de serrage: −0.1 +15 −3 à −8 460 1.06
F3 C3
Affaissement: +10 mm +2 à +3 −0.5 à −1.5 440 1.08
à base de
Tab. 3.3.1: Valeurs indicatives du changement de la consistance et 420 1.10
naphtalène
de la résistance par un changement de la teneur en eau.
et mélamine
400 1.12
F2 C2
Evolution de la consistance au cours du temps 380 1.14

Dès la fin du malaxage, le béton commence lentement à


se raidir, ce qui conduit à une perte de son ouvrabilité 0 10 20 30 40 50 60
(fig. 3.3.4). La durée d’ouvrabilité est influencée de manière Temps après le gâchage [minutes]

significative par la composition du béton et les conditions


Fig. 3.3.4: Evolution au cours du temps de la consistance (abscisse
climatiques. De ce fait, on tient compte de la durée de gauche: étalement, abscisse droite: indice de serrage) après le gâ-
transport du béton en prenant une marge de consistance chage du béton à une température de béton frais de 20° C. La zone
suffisante lors de la confection du béton. Il est ainsi pos- rouge représente les fluidifiants à base de PCE, la zone grise les fluidi-
fiants à base de naphtalène et de mélamine.
sible de garantir la consistance convenue lors de la mise
en place. En règle générale, on admet pour des bétons
courants avec des fluidifiants à base de PCE et ayant une
température de béton frais de 20° C une réduction de
l’étalement de 10–15 mm par 10 minutes. Les bétons rai-
dissent plus vite lorsque les températures du béton frais
sont élevées, lors de l’utilisation de ciments à prise rapide
ou en présence de faibles teneurs en eau. Immédiatement
après le malaxage, l’étalement d’un béton courant des-
cend d’une classe de consistance plus basse pour une
température de béton frais de 30° C en comparaison à un
béton identique, mais pour une température de béton
frais de 20° C.

Fig. 3.3.3:
Mesure de l’affaissement: • araser le béton au niveau du bord supérieur du Mesure de l’affais-
sement (Slump)
• contrôler que les ustensiles et équipements moule en effectuant un mouvement de sciage et de selon la norme
respectent les exigences de la norme roulage à l’aide de la tige de piquage et nettoyer le SN EN 12350-2.
• humidifier la face interne du moule conique plateau de base
et le plateau de base • soulever verticalement le moule avec précaution
• introduire le béton frais en trois couches d’une (sans rotation) en 2 à 5 secondes. L’ensemble des opé-
hauteur égale, sans déplacer le moule rations, depuis le début du remplissage jusqu’à l’enlè-
• compacter chaque couche 25 fois avec la tige de vement du moule, doit être réalisé sans interruption
piquage, en observant les prescriptions normatives et terminé en moins de 150 secondes
pour le compactage • mesurer l’affaissement (h) à 10 mm près
• pour le remplissage et le piquage de la couche
supérieure, remplir en excès le moule avant de
commencer le piquage

100 mm
h
300 mm

200 mm

Holcim guide pratique du béton 83


3. Du béton frais au béton durci
3.3 Ouvrabilité et autres propriétés du béton frais

3.3.2 Masse volumique du béton frais 3.3.3 Teneur en air

La masse volumique du béton frais peut être contrôlée Le béton frais contient toujours des pores, même après
à partir de la masse volumique théorique résultant du un compactage minutieux. Un béton avec un diamètre
calcul de la formulation du béton. La comparaison de la maximal du granulat de 32 mm et une consistance plas-
masse volumique du béton frais théorique et celle mesu- tique possède normalement 1 à 2 % vol. de pores (sans
rée permet d’obtenir des renseignements sur le degré de air entraîné). Pour du béton compacté et confectionné
compactage et la composition du béton. La méthode de avec des granulats courants ou relativement denses,
mesure de la masse volumique du béton frais est définie jusqu’à un diamètre maximal de 63 mm, la méthode
dans la norme SN EN 12350-6. de mesure de la teneur en air est décrite dans la norme
SN EN 12350-7. Pour les bétons avec un granulat léger,
S’il est prévu de déterminer en plus de la masse volumique on doit choisir une autre méthode de mesure. Pour les
du béton frais sa teneur en air selon SN EN 12350-7, les bétons autoplaçants, on renonce au compactage mais il
deux valeurs seront déterminées sur le même échantillon. est possible de taper légèrement avec un maillet contre
la paroi extérieure du récipient afin d’évacuer l’air sans
écoulement du béton. La méthode de compactage doit
Mesure de la masse volumique: être indiquée dans le rapport d’essai.
• humidifier légèrement la face interne du récipient
nommé «pot à air» sur le chantier avec une éponge
avant le remplissage Mesure de la teneur en air:
• peser le pot à air avec une précision de moins • introduire le béton dans le pot à air et le compacter
de 10 g (m1) complètement (voir chapitre 3.3.2)
• poser le pot à air sur un support horizontal et • poser le couvercle et bien serrer l’ensemble, fermer
verser le béton frais avec une main-écope la soupape principale et ouvrir les robinets latéraux
• le compactage est normalement réalisé avec une • injecter de l’eau à l’aide d’une pissette par un des
aiguille vibrante robinets jusqu’à ce qu’elle ressorte sans bulles d’air
• remplissage complet du pot à air par du béton par l’autre robinet
entièrement compacté, si nécessaire, en ajoutant • fermer le «robinet de sortie» pendant que l’eau
un supplément de béton s’écoule
• lisser la surface avec la truelle et araser le béton • tapoter légèrement l’appareillage avec le maillet
au niveau du bord supérieur du pot à air à l’aide ou incliner légèrement l’appareillage jusqu’à
d’une règle métallique expulsion de tout l’air occlus, ensuite fermer le
• Remarque: il est possible d’utiliser une rehausse «robinet d’entrée» tout en continuant à injecter
qui sera enlevée aussitôt après le compactage. de l’eau
Dans ce cas, la couche de béton superflue (au • pomper de l’air jusqu’à ce que l’aiguille du mano-
max. 1 cm d’épaisseur) sera éliminée au moyen mètre dépasse le niveau zéro
de la règle d’arasement et la surface sera aplanie • stabiliser l’aiguille du manomètre au point zéro
et lissée à la truelle. en réduisant la pression à l’aide de la vis ou en
• nettoyer avec une éponge le bord et la face augmentant la pression d’air.
externe du pot à air • tapoter légèrement le manomètre jusqu’à stabili-
• peser le pot à air rempli (m2) sation (l’aiguille ne doit plus bouger)
• calculer la masse volumique du béton frais selon • ouvrir la soupape de mesure sans tapoter le mano-
l’équation 3.3.3 à partir de la différence de masse mètre, lire la teneur en air (LP) à une décimale près
(m2 – m1) et du volume connu du pot à air (V)

Masse volumique du béton frais:

(m2 – m1 )
ρ0 = [kg/m3]
V

m1 masse du pot à air vide


m2 masse du pot à air rempli de béton frais
compacté et arasé
V volume du pot à air Fig. 3.3.5: Mesure de la teneur en air avec la méthode du manomètre
selon la norme SN EN 12350-7.
La valeur de la masse volumique est arrondie
aux 10 kg/m³ les plus proches.

Eq. 3.3.3

84 Holcim guide pratique du béton


3.3.4 Teneur en eau

Si la teneur en ciment et la masse volumique du béton


frais sont connues, il est possible de déterminer le
rapport E/C à l’aide de la teneur en eau d’un échantillon
de béton frais. La méthode de mesure de la teneur en
eau du béton frais est décrite dans la norme SIA 262/1,
annexe H. La réalisation de l’essai par séchage du béton
dure environ 30 minutes.

Fig. 3.3.6:
Détermination de la teneur en eau: Détermination de
• peser et tarer la plaque résistante au feu et la poêle Exemple 16: la teneur en eau
de séchage (noter la tare) et mettre la balance à zéro Détermination de la teneur en eau et le rapport par séchage du
béton frais selon la
• ajouter env. 10 kg (pour Dmax 32 mm) de béton E/C dans le cadre d’un contrôle de béton frais. norme SIA 262/1,
frais et peser sa masse initiale (m0), précision de annexe H.
lecture de 1 g Le béton frais possède une masse volumique
• installer la poêle de séchage sur le réchaud et noter ρ0 = 2382 kg/m3: l’échantillon de béton frais
l’heure de début de séchage (durée de séchage prélevé avec m0 = 10.45 kg présentait une masse
environ 20 minutes) mtr = 9.72 kg
• pendant le séchage, remuer de temps en temps le
béton avec une pelle ou un autre ustensile de grat- Calcul de la teneur en eau E:
tage, désagréger les grumeaux, détacher les encroû-
tements autour des granulats m0 − mtr 10.45 − 9.72
• lorsque l’échantillon parait sec, peser la poêle et E= ∙ ρ0 = ∙ 2382
m0 10.45
noter la masse et l’heure de la pesée. Précision de lec-
ture de 1 g. Répéter la pesée après environ 5 minutes = 166.40 kg/m3
de séchage supplémentaire jusqu’à ce que la perte
de masse soit inférieure à 5 g / 5 min Pour un dosage du ciment C de 280 kg/m3 et
• à la dernière pesée, mesurer la masse de l’échantillon une teneur en eau absorbée du granulat EA de
séché (mtr). Celle-ci est utilisée pour le calcul de la 13 kg/m3, le rapport E/C peut être déterminé
teneur en eau comme suit:
• calcul de la teneur en eau, arrondie à 2 décimales, à
partir des valeurs de masse et de la masse volumique E − EA 166.40 − 13
du béton frais ρ 0 selon l’équation 3.3.4. La teneur en E/C = = = 0.55
C 280
eau est indiquée avec une précision de 1 kg/m3

Teneur en eau:

m0 – mtr
E= · ρ0 [kg/m3]
m0

Eq. 3.3.4

Holcim guide pratique du béton 85


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.4 Transport, réception, transbordement et mise en place

3.4 Transport, réception, transbordement


et mise en place

3.4.1 Transport quantité d’eau complémentaire ou d’adjuvant ajoutée


dans le camion malaxeur doit être enregistrée dans tous
Le béton prêt à l’emploi doit être transporté et mis en les cas sur le bon de livraison. Il faut respecter la durée
place au plus vite après sa confection afin d’éviter des minimale de malaxage complémentaire figurant au ta-
pertes de qualité suite à une ségrégation, une dessicca- bleau 3.2.1. Il important de noter que tout ajout d’eau
tion ou à la prise. Le béton frais d’une consistance F3 à F5 complémentaire entraîne une réduction de la résistance
(plastique à fluide) ne doit être transporté que dans des à la compression et de la durabilité du béton (fig. 3.4.1).
véhicules à cuve agitatrice (camion malaxeur). Il est pos- En cas d’utilisation de véhicule sans équipement de ma-
sible de transporter des bétons frais avec une consistance laxage, on renoncera à toute modification de recette.
raide (F1 et F2) avec des véhicules sans cuve agitatrice,
mais il faut veiller à ne pas utiliser une cuve en alumi- 100
nium. Les particules d’aluminium érodées peuvent réagir Résistance à la compression relative [%]
avec la pâte de ciment en formant de l’hydrogène gazeux 95
(introduction d’air non désiré).
90
Pendant le transport, le béton doit être protégé de la C40/50

pluie, de l’ensoleillement, des courants d’air, du gel, etc. C20/25


85
Les mesures à prendre doivent être adaptées aux condi-
tions climatiques ambiantes (couvrir le béton, augmen- 80
ter la température du béton frais, etc.).
75
Dans le cas d’un transport par camion malaxeur, le béton, 0 5 10 15 20 25
Ajout d’eau ultérieur [l/m3]
tout particulièrement le béton à air entraîné, doit être
à nouveau malaxé une à deux minutes juste avant le dé- Fig. 3.4.1: Effet d’un ajout d’eau, sur chantier, sur la résistance à
chargement. la compression.

En général, une modification de la recette du béton n’est L’effet d’un ajout d’eau au béton après le malaxage en
pas admise en dehors de la centrale. Dans des cas parti- centrale est proportionnellement nettement plus né-
culiers, il est cependant possible d’ajouter de l’eau ou des faste pour les bétons à résistance à la compression faible
adjuvants, à condition que ceci soit effectué sous la res- (C20/25) que pour les bétons d’une résistance plus éle-
ponsabilité du producteur, en vue d’amener la consis- vée (C40/50). Les propriétés spécifiées (résistance à la
tance à la valeur cible. Il faut veiller à ce que les valeurs li- compression, durabilité) seront, dans tous les cas, tou-
mites prescrites ne soient pas dépassées et qu’on ait tenu jours altérées.
compte de cet ajout d’adjuvant lors de l’essai initial. Toute

Tab. 3.4.1:
Choix des consis- Moyen de mise en place Consistance du béton
tances en fonction
des moyens de
C1 C2/F2 C3/F3 F4
transbordement.
Tapis roulant

Benne

Pompe

Benne avec tube vertical

Canal incliné ou goulotte

possible recommandé

86 Holcim guide pratique du béton


3.4.2 Réception du béton Fig. 3.4.2:
Mise en place du
béton à l’aide d’un
Sur le chantier, le responsable de chantier réceptionne tube de descente
le béton en contrôlant le bon de livraison et le béton frais pour réduire la hau-
livré. Les contrôles de qualité à réaliser sur le chantier teur de chute.
sont indiqués au chapitre 3.11.

3.4.3 Transbordement

Les consistances recommandées en fonction des condi-


tions locales et des moyens de transbordement sur le
chantier sont indiquées au tableau 3.4.1.

Lors d’un transbordement à la grue, on peut normale-


ment exclure une ségrégation du béton. Lors du transport
d’un béton plastique ou du pompage d’un béton frais
dans une conduite, il faut veiller à ce que les bétons pos-
sèdent une bonne cohésion et ne libèrent pas d’eau. Il
est ainsi possible de prévenir une ségrégation qui peut
conduire à une obturation des tuyaux de pompage (voir
chapitre 4.1). 150
Pression du béton frais ρb [kN/m2]

Fig. 3.4.3:
Pression du béton
125 frais en fonction de
3.4.4 Mise en place la vitesse de mon-
tée et de la classe
100
de consistance,
La composition du béton (consistance et diamètre maxi- respectivement dé-
75 termination de la
mal du granulat) doit être adaptée aux conditions locales
vitesse maximale
du chantier (géométrie, distance entre les barres d’arma-
50 de montée pour
ture) et le volume et la cadence de mise en place. La mise une pression de
en place du béton doit être réalisée à vitesse constante et 25
béton frais donnée,
pour tE = 7 heures.
par couches horizontales en respectant une épaisseur
aussi égale que possible. Pour obtenir une compactibilité 0
0 1 2 3 4 5 6 7
suffisante, la hauteur de remplissage ne doit pas dépas- Vitesse de montée vb [m/h]
ser 50 à 70 cm. En cas de hauteur de déversement supé-
rieure à 2 m, le béton doit être mis en place à l’aide d’un bétonnage lent bétonnage rapide
tube de descente ou d’un tuyau de distribution, afin d’évi-
classe de consistance F3 béton autoplaçant
ter toute ségrégation (fig. 3.4.2). classe de consistance F4 pression hydrostatique
classe de consistance F5
La vitesse de montée du béton à mettre en place est à classe de consistance F6

choisir de telle manière à ce que le coffrage puisse résister


à la pression du béton frais (voir fig. 3.4.3). Si possible, il
faut éviter toute interruption de bétonnage, surtout en Avant toute reprise de bétonnage, la surface du joint de
cas d’exigences particulières relatives à la qualité de sur- travail doit être nettoyée des impuretés et particules
face (béton de parement). libres et humidifiée pour obtenir une bonne adhérence
du nouveau béton. Il est proscrit de bétonner sur des
La figure 3.4.3 illustre la pression du béton frais sur un surfaces gelées, à moins de faire appel à des procédures
coffrage vertical selon la norme DIN 18218 pour des bé- particulières.
tons d’une classe de résistance C20/25, sans emploi de
retardateurs de prise. Elle est valable pour une fin de prise
tE = 7 heures, c.-à-d.

• pour des bétons avec une évolution de la résistance


rapide selon la norme SN EN 206-1 et des températures
de béton supérieures à 15° C, et
• pour des bétons avec une évolution de la résistance
moyenne et des températures de béton supérieures
à 20° C.

Holcim guide pratique du béton 87


3. Du béton frais au béton durci
3.5 Compactage

3.5 Compactage

3.5.1 Objectif 3.5.3 Energie de compactage

Le compactage méticuleux joue avec la cure et la compo- Le temps de compactage peut varier considérablement
sition du béton un rôle essentiel pour produire un béton en fonction de la consistance et de l’énergie de vibration
durable. Un compactage convenable permet d’obtenir: appliquée (tab. 3.5.1). Il faut veiller à ce que le béton soit
soumis à un effort de compactage adapté à sa consis-
• une étanchéité accrue tance et ses propriétés. Une vibration insuffisante peut
• une durabilité améliorée engendrer des défauts de compactage et une vibration
• la résistance à la compression exigée excessive des ségrégations.
• une bonne adhérence entre les barres
d’armature et le béton
Diamètre de Diamètre de la Espacement des
l’aiguille vibrante zone d’action points de piquage
[mm] [cm] [cm]
3.5.2 Modes de compactage
< 40 30 25
Le choix du mode de compactage dépend de la consis-
40 à 60 50 40
tance (fig. 3.5.1). Les bétons de consistance C3/F3 et
C2/F2 sont généralement compactés par vibration. Seul > 60 80 70
le béton frais d’une consistance raide C1/F1 est compacté
par damage. La vibration se fait le plus souvent avec des Tab. 3.5.1: Energie de compactage nécessaire en fonction de la consis-
tance du béton.
pervibrateurs internes (aiguilles vibrantes), externes
(vibrateur de coffrage, règles vibrantes) ou, dans la préfa-
brication, à l’aide de tables vibrantes. On emploie souvent
une combinaison de différentes méthodes.

La vibration met en oscillation le granulat, ce qui réduit


momentanément fortement le frottement interne. Sous
l’effet des oscillations et de la gravité les grains se rap-
prochent les uns des autres, l’air occlus s’échappe sous
forme de bulles d’air à la surface et les vides se rem-
plissent avec la partie la plus fine de la pâte de ciment.
Contrairement au béton vibré, il n’est pas nécessaire de
compacter le béton autoplaçant (SCC, voir chapitre 4.3).

Fig. 3.5.1:
Energie de compac- Classe de consistance
tage nécessaire en
fonction de la
C1/F1 C2/F2 C3/F3 C4/F4 F5 F6 BAP
consistance du
béton.
énergie de compactage

damage, fort compactage faible léger compactage sans


compactage compactage normal compactage compactage très léger compactage
au rouleau (piquage, (agitation)
bourrage)

88 Holcim guide pratique du béton


points d’introduction de l’aguille vibrante
Règles du bon compactage
surface de la
• L’aiguille vibrante n’est pas un moyen de répartition couche non compactée
du béton.

• L’aiguille vibrante doit être introduite dans le béton 50–70 cm


rapidement et à intervalles réguliers. Elle doit être
maintenue brièvement au point le plus bas, remon-
tée lentement, et enfin retirée de manière à ce que
le trou du vibrateur se referme de lui-même. Si la 10–15 cm
surface ne se referme pas, cela peut signifier que la
consistance du béton est trop ferme, que la prise a couche déjà compactée
déjà commencé ou encore que la durée de vibration
Fig. 3.5.2: Espacement des points d’introduction de l’aiguille vibrante.
est insuffisante.

• La vibration doit être terminée dès qu’une fine


couche de laitance apparaît en surface et que les
grosses bulles d’air ne remontent plus que sporadi-
quement.
correct
correct
• Lorsque le béton est mis en place par couches suc-
cessives, l’aiguille vibrante doit pénétrer d’environ
10 à 15 cm dans la couche sous-jacente, déjà com-
pactée, pour assurer la bonne liaison entre les deux faux
couches (fig. 3.5.2).
faux
• L’espacement des points d’introduction de l’aiguille
doit être choisi de manière à ce que les rayons d’ac-
coffrage coffrage
tion du pervibrateur se chevauchent légèrement
(fig. 3.5.3 à gauche). Fig. 3.5.3: Chevauchement des rayons d’action (à gauche);
• La taille de l’aiguille vibrante doit être adaptée adaptation de la taille de l’aguille vibrante aux dimensions
de l’élément d’ouvrage (à droite).
aux dimensions de l’élément d’ouvrage
(fig. 3.5.3 à droite).
• L’aiguille vibrante ne doit pas toucher l’armature
Fig. 3.5.4:
ni le coffrage. Mise en place
«frais sur frais»
et compactage du
béton à l’aide de
Règle pratique l’aiguille vibrante.

Espacement des points d’introduction de l’aiguille


= 8 à 10 fois le diamètre de l’aiguille.

Exemples de points d’introduction de la vibration.

Diamètre de la Diamètre de Espacement des


zone d’efficacité l’aiguille vibrante points
[cm] [mm] d’introduction
[cm]

8 55 40

10 77 70

Holcim guide pratique du béton 89


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.6 Cure

3.6 Cure

3.6.1 Objectifs et mesures

humidité relative température


L’objectif de la cure est de protéger le béton immé- de l’air [%]
100
du béton [°C]
90
diatement et suffisamment de la dessiccation et des 80 35
influences externes jusqu’à ce qu’il ait atteint, dans 70
60
la zone de surface, la résistance nécessaire. La qualité 30
50
de la zone de surface du béton dépend de manière 40 25
significative du type et de la durée de cure. Les objectifs 30
20
de la cure sont de: 20
15
10
10
• limiter la dessiccation précoce sous l’effet du soleil,
0 5 10 15 20 25 30 35
du vent, d’une faible humidité de l’air température de l’air [°C] vitesse du vent
• prévenir le délavage de la surface du béton jeune par 4.0 [km/h] 40
la pluie ou des écoulements d’eau 3.5 35

• éviter des changements rapides de température 30


3.0
25
(choc thermique) par un décoffrage prématuré et

(quantité d’eau évaporée)


2.5
en cas d’éléments massifs 20

2.0 15
• empêcher des vibrations précoces nocives
taux d’évaporation

• réduire les efflorescences à la surface du béton [kg/(m2 · h)] 1.5 10

• garantir un degré d’hydratation suffisant 1.0 5

0.5 0

Limiter la dessiccation précoce 0


Il est primordial de prendre des mesures de protection
contre la dessiccation précoce immédiatement après Fig. 3.6.1: Diagramme permettant d’estimer la quantité d’eau
la mise en place du béton. Une perte d’eau prématurée évaporée sur une surface de béton non protégée.
à la surface du béton se traduit par les effets néfastes Exemple en rouge: température de l’air: 28° C
humidité relative de l’air: 50 %
suivants: température du béton: 28° C
vitesse du vent: 20 km/h
• apparition de fissures dues au retrait plastique résultat: taux d’évaporation = 0.8 kg/m² · h
• tendance au farinage de la surface (poudrage)
• réduction de l’étanchéité et de la durabilité
• diminution de la résistance à l’usure
• diminution de la résistance à la compression
de la zone de surface du béton

La vitesse de dessiccation dépend des facteurs suivants: Les éléments d’ouvrage horizontaux tels que les dalles
et les routes en béton, avec une grande surface exposée,
• la température de l’air sont particulièrement sujets à une dessiccation précoce.
• l’humidité relative de l’air Ceci vaut spécialement pour des conditions de béton-
• la vitesse du vent nage impliquant une forte évaporation, p. ex. par temps
• la température du béton chaud, par vent ou bien encore en cas d’air frais et sec.
De ce fait, il est impératif de procéder à la cure immédia-
A l’aide du diagramme de la figure 3.6.1, il est possible tement après le compactage et la finition de la surface
d’estimer la quantité d’eau évaporée pour une surface du béton.
de béton non protégée et de mettre en évidence le risque
de fissuration due au retrait plastique. La figure 3.6.1 Dans la pratique, on observe souvent des fissures au
illustre à l’aide de l’exemple 17 les effets de la dessiccation début de grandes étapes de bétonnage qui durent plu-
d’une surface de béton courant non protégée. sieurs heures et où la cure n’a été réalisée qu’après la fin

90 Holcim guide pratique du béton


Fig. 3.6.3:

Retrait plastique [mm/m]


béton non protégé
Exemple 17: 4 vitesse du vent 20 km/h Evolution dans le
temps et intensité
Calcul de la perte d’eau d’un béton non protégé
du retrait plastique
Données: en fonction de la vi-
Quantité d’eau dans le béton: tesse du vent et de
165 kg/m3 = 1.65 kg/(cm ⋅ m2) 3 la cure.

Taux d’évaporation: 0.8 kg/(m2 ∙ h) béton non protégé


vitesse du vent 10 km/h
1.65 kg ∙ m ∙ h
2
h
= 2.1 2
0.8 kg ∙ m2 ∙ cm cm

Après environ 2 heures, le béton en surface est des-


séché sur 1 cm de profondeur. 1
béton protégé par un produit de cure

0
6 12 18 24
Temps [h]
1 cm de dessiccation
enrobage de
de la surface exposée
l’armature
35 mm
Eviter des changements rapides de température et
d’importants gradients de température
Le béton se dilate à la chaleur et se contracte sous l’effet
du froid. Ces déformations dues aux changements ther-
miques peuvent créer des contraintes de traction au sein
du béton, lorsqu’elles sont entravées ou en cas de gra-
Fig. 3.6.2: Influence du taux d’évaporation de 0.8 kg/m² · h dients de température importants dans un élément
(voir fig. 3.6.1) sur la perte d’eau d’un béton non protégé. d’ouvrage. Des fissures se forment lorsque la résistance
à la traction du béton est dépassée. Une protection à
l’aide de nattes thermiques ralentit la baisse de tempéra-
du bétonnage. Au moment de la cure, le béton du début ture en surface du béton.
de l’étape est déjà mis en place depuis plusieurs heures
alors que le béton de la fin de l’étape vient d’être mis en Empêcher des vibrations précoces nocives
place et ne subit pratiquement pas de retrait plastique. Les vibrations, dues p. ex. au trafic routier, ferroviaire ou
Pour éviter la fissuration de la surface libre due au retrait aux travaux de battage pendant le raidissement et la
plastique, il faut effectuer une cure intermédiaire avant prise du béton, peuvent provoquer des microfissures dans
la finition de la surface. Les bétons à faible tendance au la pâte de ciment et perturber son adhérence aux barres
ressuage exigent une attention particulière pour éviter d’armature. Il est recommandé d’éviter de telles sollicita-
une fissuration due au retrait plastique. tions durant 36 heures après le bétonnage.

La figure 3.6.3 illustre l’évolution dans le temps du retrait Eviter des efflorescences
plastique en fonction de la vitesse du vent et de la cure. Lorsque le béton sèche très vite, la solution interstitielle
Le retrait plastique d’un béton non curé peut atteindre chargée en sels dissous est transportée par voie capillaire
des valeurs de l’ordre de 4 mm/m, soit 10 fois plus que à la surface du béton. Après évaporation de l’eau, les sels
celui d’un béton ayant bénéficié d’une cure. Le risque de précipitent à la surface du béton, formant des taches
fissuration dû au retrait plastique d’un béton non protégé blanchâtres et inesthétiques (voir chapitre 8.3). Le re-
est le plus élevé pendant les premières heures après sa couvrement du béton jeune avec une feuille plastique
mise en place. permet de réduire le risque d’apparition d’efflorescences.

Prévenir le délavage Garantir le degré d’hydratation de la zone de surface


Le béton frais et le béton jeune doivent être protégés de du béton
la pluie et de l’eau de pluie ruisselante, afin d’éviter que la Le degré d’hydratation du ciment potentiellement attei-
pâte de ciment ne soit délavée en surface du béton. Ceci gnable dépend du rapport E/C et des conditions d’humi-
réduit non seulement la résistance mais aussi la durabi- dité du béton. Il faut éviter une dessiccation précoce pour
lité de la zone de surface du béton, ce qui se remarque garantir que le degré d’hydratation ne soit pas affecté no-
entre autre par un poudrage de la surface altérée. Un re- tamment dans la zone de surface du béton. Pour cela,
couvrement complet avec des feuilles plastiques ou des des mesures de protection sont à prendre comme, entre
nattes permet de prévenir de tels dépôts par le délavage autres, le recouvrement du béton jeune avec des feuilles
du béton frais et ou du béton jeune. plastiques, mais aussi l’arrosage continu avec de l’eau.

Holcim guide pratique du béton 91


3. Du béton frais au béton durci
3.6 Cure

3.6.2 Types de cure 3.6.3 Exigences relatives à la cure

Le mode de cure optimal dépend principalement des La norme SIA 262 définit quatre classes de cure (NBK),
conditions environnantes (température, vent, soleil). Le basées sur un pourcentage de la résistance à la compres-
tableau 3.6.1 en donne un aperçu. sion caractéristique à 28 jours, qui doit être atteinte dans
la zone de surface à la fin de la cure. Ces classes sont à
Le recouvrement au moyen d’une feuille plastique spécifier par l’auteur du projet en tenant compte des
(fig. 3.6.4) est une mesure simple et efficace pour éviter conditions environnantes de l’ouvrage. Le tableau 3.6.2
la dessiccation du béton. Mais la feuille plastique doit donne une corrélation approximative entre les classes
être assurée contre un éventuel soulèvement par le vent. d’exposition et les classes de cure.
De plus, elle risque de laisser des traces en surface du
béton. L’évolution de la résistance à la compression, dans la zone
de surface du béton, est déterminée à l’aide des mé-
Le recours à un produit de cure (fig. 3.6.5), généralement thodes décrites au chapitre 3.8.1. En l’absence de don-
à base de paraffine, réduit également l’évaporation de nées disponibles pour le béton utilisé, il est possible de se
l’eau. Cependant, pour être efficace, le produit de cure référer au tableau 3.6.3, qui offre une détermination
doit être appliqué sur une surface de béton humide mate. simple des durées de cure minimales en fonction de la
Bien que cette couche de protection ait tendance à se classe de cure et de l’évolution de la résistance du béton à
résorber avec le temps, elle peut poser des problèmes de 20° C. La température de l’air mesurée le matin à 7.00
compatibilité lors de l’application ultérieure de couches heures à l’ombre peut être utilisée comme alternative à la
de peinture ou d’une imprégnation hydrofuge. température de surface du béton.

L’arrosage de la surface du béton avec de l’eau est une Tant qu’il n’existe pas de résultats précis de l’évolution de
mesure fréquemment utilisée. L’eau doit être finement la résistance à la compression du béton employé sur la
vaporisée pour que la surface ne soit pas délavée. La va- base de calculs adéquats (valeurs estimées fiables) et
porisation doit se faire sans interruption afin d’éviter un qu’on n’entreprend pas de contrôles lors de l’exécution,
choc thermique provoqué par l’eau froide sur la surface les valeurs minimales de la durée de cure du tableau 3.6.3
chaude du béton et risquer d’induire une fissuration. doivent être respectées. L’évolution de la résistance à la
compression d’un béton est décrite à l’aide du rapport r
(rapport des résistances à la compression moyennes à
2 jours et à 28 jours: r = fc2/fc28) (voir tableau 3.8.2). Ces
valeurs peuvent être influencées par le type et le dosage
des adjuvants employés.

Fig. 3.6.4: Recouvrement d’une dalle en béton au moyen d’une feuille Fig. 3.6.5: Vaporisation d’un produit de cure.
plastique.

92 Holcim guide pratique du béton


Tab. 3.6.1:
Type Mesures Température ambiante [° C] Mesures de cure
inférieure −3 à +5 +5 à +10 +10 à +15 à supérieure et de protection
à −3 +15 +25 à 25 pour différentes
températures
recouvrir ou appliquer un produit de cure ambiantes.
+ mouiller avec

et en complément:
couvrir avec une feuille étanche à la vapeur d’eau /
appliquer un produit de cure (curing compound)

• mouiller les coffrages en bois


de l’eau

• protéger les coffrages métalliques contre (X) 2) X


l’ensoleillement direct
• recouvrir et mouiller les surfaces nues de
béton coffré
recouvrir ou appliquer un produit de cure,
évtl. mêmes mesures supplémentaires que X X X
ci-dessus
• recouvrir ou appliquer un produit de cure,
pose d’une isolation thermique 1)
+ isolation thermique

• utilisation judicieuse d’un coffrage isolant X


thermiquement (p. ex. bois), attacher des
nattes isolantes aux coffrages métalliques
• recouvrir ou pose d’une isolation thermique 1)
• confiner le lieu de bétonnage (tente), évtl.
chauffage (p. ex. à rayonnement) et en X
complément: maintenir la température du
béton pendant au moins 3 jours à ≥ +10° C
mouiller avec de maintenir un film d’eau visible à la surface du
(X) X X
l’eau / arrosage béton
1) ne pas mouiller; protéger de l’eau de condensation / de pluie
2) judicieux en cas de conditions défavorables (p. ex. vent fort) et des classes d’exposition XD, XF

Tab. 3.6.2:
Exigences Conditions environnantes Classe Classe de cure Pourcentage nécessaire de la
Spécification de la
d’exposition (NBK) valeur spécifiée de la
classe de cure en
correspondante résistance à la compression
fonction du niveau
caractéristique à 28 jours, d’exigences.
atteinte à la fin de la cure
néant – – NBK 1 – 1)
pas d’exigences concernant
normales p. ex. XC2 NBK 2 35 %
l’étanchéité
élevées exposé aux intempéries p. ex. XC4 NBK 3 50 %
elément d’ouvrage fortement exposé
(gel, sel de déverglaçage) avec une
hautes p. ex. XD3, XF4 NBK 4 70 %
longue durée de service, une haute
résistance à l’abrasion
1) Pour la classe de cure 1 la durée de cure doit être au moins de 12 heures. Ceci à condition que la durée de prise du béton n’excède pas
5 heures et que la température du béton en surface soit au moins de 5° C.

Tab. 3.6.3:
Durée minimale de la cure [jours] 1)
Valeurs indicatives
rapide moyenne lente très lente relatives à la durée
Evolution de la résistance du minimale de cure.
béton à 20° C selon SN EN 206-1 r ≥ 0.50 0.50 > r ≥ 0.30 0.30 > r ≥ 0.15 r < 0.15

Classe de cure (NBK) 2 3 4 2 3 4 2 3 4

T ≥ 25 1.0 1.5 3 1.5 2.5 5 2.5 3.5 6


Température de 25 > T ≥ 15 1.0 2.0 5 2.5 4 9 5 7 12 exigences
la surface du particulières à
béton 3) [° C] 15 > T ≥ 10 1.5 2.5 7 4 7 13 8 12 21 définir
10 > T ≥ 5 2)
2.0 3.5 9 5 9 18 11 18 30
1) Pour une durée d’ouvrabilité de plus de 5 heures, la durée de la cure doit être prolongée de manière adéquate.
2) Pour des températures < 5° C, la durée de la cure doit être prolongée du temps durant lequel la température < 5° C.
3) La température de l’air mesurée le matin à 7.00 heures à l’ombre peut être utilisée en alternative.

Holcim guide pratique du béton 93


3. Du béton frais au béton durci
3.6 Cure

3.6.4 Effets de la cure sur les propriétés du béton durci du béton bénéficiant d’une très bonne cure, ce qui corres-
pond approximativement à une classe de résistance.
Toutes les propriétés essentielles du béton durci dé- Cette différence entre les résistances à la compression
pendent du degré d’hydratation du ciment et peuvent augmente encore jusqu’à 10 N/mm2 à l’âge de 90 jours.
être fortement amenuisées par une cure faisant totale- Le béton conservé sous l’eau affiche une montée en résis-
ment défaut ou par une cure insuffisante. Leurs effets tance de 16 % entre 28 et 90 jours, tandis que le béton
sont illustrés à l’exemple des propriétés suivantes: conservé à l’air ne présente qu’une très faible montée en
résistance. Cette comparaison démontre l’importance de
• résistance à la compression la conservation correcte des éprouvettes confectionnées
• absorption d’eau capillaire sur le chantier.
• carbonatation
Absorption d’eau capillaire
Résistance à la compression La capillarité du béton (sorte de béton B) a été déterminée
La figure 3.6.6 montre l’influence de la durée de cure sur pour deux types de conservation (III et IV) souvent ren-
la résistance à la compression de la zone de surface du contrés dans la pratique (tab. 3.6.5). Le type de conserva-
béton. Un béton ayant subi un traitement de cure humide tion III correspond à un recouvrement avec une feuille
de sept jours possède après 90 jours une résistance à la plastique pendant 1 jour après le bétonnage suivi d’une
compression presque deux fois plus élevée qu’un béton conservation jusqu’à 28 jours à une température de 20° C
non curé. On observe également un développement et une humidité relative de l’air de 85 % (bonne cure).
continu de la résistance qui se stabilise à la fin du traite- Pour la conservation du type IV, le béton n’a pas été recou-
ment de la cure humide. La cure est extrêmement impor- vert avec une feuille plastique, mais exposé pendant
tante pour les éléments d’ouvrage dont on exige une 8 heures à un fort courant d’air. Ensuite le béton a été
haute résistance à l’abrasion. conservé jusqu’à 28 jours à l’air à une température de
20° C et 40 % d’humidité relative de l’air (aucune cure).
En absence de cure, la résistance à la compression du
béton n’est pas seulement amoindrie en surface, mais L’éprouvette conservée de manière optimale montre une
sur toute la section. La résistance à la compression d’un pénétration régulière du front d’eau sur toute sa hauteur
béton (sorte de béton B) a été mesurée sur des cubes de de 12.6 mm en moyenne. Pour l’éprouvette conservée
longueur d’arête de 150 mm, conservés de deux manières dans des conditions défavorables, la profondeur de péné-
différentes (I et II selon tab. 3.6.4). La première série (I) a tration moyenne dépasse la valeur précédente d’environ
été conservée jusqu’à 28 jours dans des conditions opti- 5 mm. La profondeur de pénétration maximale de 25 mm
males conformément à la norme, soit sous l’eau à 20° C. est nettement supérieure à celle du béton bien curé et at-
La deuxième série (II) a été conditionnée à une tempéra- teint quasi le niveau de l’armature, aggravant le risque de
ture de 30° C durant 3 jours puis exposée jusqu’à 28 jours corrosion de l’armature (voir chapitre 3.10).
à l’air à une température de 20° C (mauvaise cure). Les ré-
sistances à la compression du béton ayant subi une mau-
vaise cure sont en moyenne 6 N/mm2 inférieures à celles

Fig. 3.6.6:
Résistance à la compression relative [%]

Influence du ambiance humide Type de conservation Résistance à la


traitement de cure en permancence compression
humide sur le déve- 100
loppement de la à 28 jours à 90 jours
résistance à la com- [N/mm2 ] [N/mm2 ]
cure humide
pression dans la
pendant 7 jours Série I
zone de surface du
béton (0–10 mm). 75 3 jours en chambre humide
36.0 41.9
(T = 20° C; HR = 85 %), décoffrage
(100 %) (116 %)
après 3 jours, ensuite
conservation sous l’eau à 20° C
50 sans
cure humide Série II
3 jours à l’étuve (T = 30° C,
30.2 31.7
HR = 85 %), décoffrage après
(84 %) (88 %)
3 jours, ensuite conservation à
25 l’air (T = 20° C, HR = 40 %)

Tab. 3.6.4: Résistance à la compression sur cube à 28 et à 90 jours


pour un béton (sorte de béton B) avec deux types différents de cure.
0
1 3 7 28 90
Âge du béton [jours]

94 Holcim guide pratique du béton


Tab. 3.6.5:
Type de conservation Eprouvette à la fin de l’essai Profondeur de pénétration Absorption d’eau
d’absorption capillaire capillaire d’un
béton ayant subi un
Série III maximum = 14.0 mm

direction de pénétration de l’eau


traitement de cure
protection avec une feuille plastique moyenne = 12.6 mm optimal et d’un
immédiatement après le bétonnage, béton non curé et
suivie d’une conservation en chambre conservé dans des
humide (T = 20° C, HR = 85 %) conditions défavo-
rables.

Série IV maximum = 25.0 mm


sans feuille de protection plastique, moyenne = 17.7 mm
exposition après confection pendant
8 heures sous un fort courant d’air,
suivie d’une conservation à l’air
(T = 20° C, HR = 40 %)

Tab. 3.6.6:
Type de conservation Carbonatation naturelle Eprouvettes après 9 jours de Carbonatation d’un
après 90 jours carbonatation accélérée béton ayant bénéfi-
cié d’une bonne
Série III cure et d’un béton
protection avec une feuille plastique non curé dans des
immédiatement après le bétonnage, conditions défavo-
suivie d’une conservation en chambre rables.
humide (T = 20° C, HR = 85 %)

Série IV
sans feuille de protection plastique,
exposition après confection pendant
8 heures sous un fort courant d’air,
suivie d’une conservation à l’air
(T = 20° C, HR = 40 %)

Carbonatation
La carbonatation d’un béton (sorte de béton B) a été
déterminée pour les deux types de conservation (III et IV)
proches de la pratique, déjà testés pour leur effet sur
la capillarité, mais prolongés jusqu’à l’âge de 90 jours
(tab. 3.6.6).

La profondeur de carbonatation a été mesurée après


une carbonatation naturelle (0.03 % CO2) jusqu’à l’âge
de 90 jours puis après 9 jours de carbonatation accélérée
à 100 % CO2. 9 jours de carbonatation accélérée corres-
pondent à peu près à 75 ans de carbonatation naturelle.

Une nette différence s’observe déjà après 90 jours, même


avant le début de l’essai de carbonatation accélérée, en
fonction du type de traitement de cure. L’éprouvette pla-
cée en milieu humide possède une profondeur de carbo-
natation initiale de 1 à 2 mm, tandis que celle de l’éprou-
vette non curée atteint 7 à 8 mm. Les effets de l’absence
d’une cure apparaissent encore plus clairement après la
carbonatation accélérée. La profondeur de carbonatation
du béton non curé atteint en moyenne 35 mm.

Holcim guide pratique du béton 95


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.7 Bétonnage sous des conditions météorologiques extrêmes

3.7 Bétonnage sous des conditions


météorologiques extrêmes

3.7.1 Température du béton frais La température du granulat a le plus grand impact sur la
température du béton, tandis que la température du ci-
La température du béton frais influe sur le raidissement, ment et de l’eau n’a qu’une influence relativement faible.
sur l’ouvrabilité et sur la prise du béton. La température Un changement de 1 K de la température du béton frais
du béton frais relève d’une importance particulière tant d’un béton courant avec 300 kg/m3 ciment, 1900 kg/m3
sous de fortes chaleurs que par temps froid et sous des granulat (sec) et 150 kg/m3 eau est obtenu en variant:
conditions de gel. Il est possible de calculer la température
du béton frais à partir de la masse, de la température T • la température du granulat d’env. 1.6 K ou
et de la capacité thermique c des composants individuels • la température de l’eau de 4 K ou
du béton: • la température du ciment de 10 K

C · cc · Tc + G · cg · Tg + E · ce · Te Exemple 18:
Tb,fr =
C · cc + G · cg + E · ce Calcul de la température du béton frais
Un béton est composé de 300 kg de ciment avec
C teneur en ciment [kg/m3] Tc = 35° C, 1950 kg de granulat (sec) avec Tg = 15° C et
G teneur en granulat [kg/m3] 150 kg de l’eau de gâchage avec Te = 12° C.
E teneur en eau [kg/m3]
cc capacité thermique spécifique du ciment [kJ/(kg ∙ K)]
La température du béton frais est selon
(valeur de calcul: 0.84 kJ/(kg ∙ K))
cg capacité thermique spécifique du granulat
l’équation 3.7.1:
[kJ/(kg ∙ K)] (valeur de calcul: 0.84 kJ/(kg ∙ K))
300 ∙ 0.84 ∙ 35 + 1950 ∙ 0.84 ∙ 15 + 150 ∙ 4.19 ∙ 12
ce capacité thermique spécifique de l’eau [kJ/(kg ∙ K)] Tb,fr =
(valeur de calcul: 4.19 kJ/(kg ∙ K)) 300 ∙ 0.84 + 1950 ∙ 0.84 + 150 ∙ 4.19
Tc température du ciment [° C]
= 16.3°C
Tg température du granulat [° C]
Te température de l’eau [° C]
Tb, fr température du béton frais [° C]
et selon l’équation 3.7.2:

Tb,fr = 0.1 ∙ 35 + 0.7 ∙15 + 0.2 ∙12 = 16.4° C


Eq. 3.7.1

La température du béton frais peut être calculée d’une Mesures pour abaisser la température du béton frais
manière simplifiée, mais suffisamment précise avec la • stockage à l’ombre du granulat ou refroidissement des
formule approchée suivante: gravillons par un arrosage d’eau (voir chapitre 7.8)
• utiliser de l’eau de gâchage additionnée de glace
en morceaux (réduire la quantité d’eau de gâchage
Tb,fr = 0.1 ∙ Tc + 0.7 ∙ Tg + 0.2 ∙ Te en conséquence)
• refroidir la gâchée ou les composants individuels avec
Eq. 3.7.2 de l’azote liquide
• parquer les véhicules de transport à l’ombre
Normalement, la température absolue d’un élément
d’ouvrage est indiquée en ° C contrairement aux change- Mesures pour élever la température du béton frais
ments de température indiqués en Kelvin (K). Pour des (exemple 19)
raisons de simplification 1° C équivaut à 1 K dans le calcul • chauffer l’eau de gâchage (eau chaude)
ci-dessus. • chauffer le granulat

96 Holcim guide pratique du béton


100 Fig. 3.7.1:

Réistance à la compression relative [%]


Exemple 19: Evolution de la
résistance à la
Calcul de la température de l’eau de gâchage compression du
La température nécessaire de l’eau de gâchage est à 28 jours béton à l’âge de
calculée pour un béton frais dont la température 1 et 28 jours en
75 fonction de la
doit atteindre environ 20° C lors des bétonnages température.
hivernaux. La température du ciment et du granulat
est de 5° C.

Tb,fr − 0.1 ∙ Tc − 0.7 ∙ Tg 20 − 0.1 ∙ 5 − 0.7 ∙ 5 50


Te = =
0.2 0.2
Te = 80° C

L’eau de gâchage doit avoir une température de


25
80° C pour obtenir la température de béton frais exi-
gée. L’eau ayant une température supérieure à 70° C
doit être mélangée d’abord avec le granulat, avant
d’introduire le ciment dans le malaxeur, afin d’éviter à 1 jour

que le ciment ne se raidisse. 0


10 20 30 40 50
Température [°C]

3.7.2 Bétonnage par temps chaud • reporter le bétonnage à un moment plus frais de la
journée (tôt le matin ou durant la nuit)
En comparaison avec des températures de béton frais de • utiliser des retardateurs de prise, qui retardent l’hydra-
15° C à 20° C, les températures élevées (> 25° C) affectent tation du ciment et prolongent le temps d’ouvrabilité.
les propriétés du béton frais et du béton durci. Les raisons A noter qu’ils ne sont pas efficaces contre un raidisse-
principales sont: ment prématuré par dessiccation du béton et qu’ils exi-
gent une durée de cure prolongée
• l’hydratation du ciment s’accélère lorsque la tempéra- • tenir compte des temps de transport du béton au
ture s’élève et provoque un raidissement plus rapide du moyen d’une marge de consistance lors de la confec-
béton, donc un raccourcissement du temps d’ouvrabilité. tion du béton.
• plus la température est élevée pendant le processus de
durcissement, plus l’hydratation du ciment progresse Mise en place et compactage
rapidement. Ceci a initialement un effet positif sur le • Mise en place et compactage
développement de la résistance. Or, les produits d’hy- • mise en œuvre la plus rapide possible du béton frais
dratation se forment et se répartissent de manière plus • familiariser les ouvriers du chantier avec les particulari-
hétérogène, p. ex. sous forme d’aiguilles d’ettringite tés et les exigences du bétonnage par temps chaud
plus courtes, et la porosité de la pâte de ciment devient • si l’ouvrabilité du béton est insuffisante, renoncer à un
plus grossière. De ce fait, la résistance à la compression rajout d’eau et améliorer la consistance à l’aide d’un
à 28 jours ou plus est plus basse que celle d’un béton fluidifiant
frais qui durcit à env. 20° C. L’expérience montre que la
perte de résistance à 28 jours peut atteindre environ
10 %, lorsque les températures du béton frais et durant
le durcissement s’élèvent de 20° C à 30° C (fig. 3.7.1).

Une conservation constante à des températures nette-


ment supérieures à 20° C augmente considérablement les
résistances au jeune âge mais abaisse la résistance à la
compression à 28 jours. L'influence inverse s'observe pour
des basses températures.

Selon la norme SIA 262 des mesures de protection parti-


culières sont à prendre si la température du béton frais
dépasse 30° C. Ces mesures de protection doivent com-
prendre la planification et la préparation des travaux de
bétonnage jusqu’à la fin du traitement de cure, p. ex.:

Holcim guide pratique du béton 97


3. Du béton frais au béton durci
3.7 Bétonnage sous des conditions météorologiques extrêmes

Creux de l’été
Pendant la période d’été, on observe souvent une baisse Exemple 20:
de l’ordre de quelques N/mm2 des valeurs moyennes Estimation de la perte de résistance à la compres-
de la résistance à la compression à 28 jours – ce phéno- sion par un ajout ultérieur d’eau et une conservation
mène est appelé creux de l’été, tandis que l’ouvrabilité du des éprouvettes non conforme à la norme
béton reste quasi constante durant le temps d’observa-
tion (fig. 3.7.2). Réduction de la consistance initiale a0 d’un béton
d’env. ∆a = 30 − 50 mm lors d’une élévation de la
Résistance à la compression à 28 jours [N/mm2] température de T = 20° C à T = 30° C.
60
55
La perte de consistance du béton frais est supposée
50
constante dans le temps pour les deux températures.
45
40
Amélioration de la consistance par un ajout d’eau
35
supplémentaire (voir tab. 3.3.1)
30
∆a = 40 mm → ∆e = +20 l/m3
25
20
Perte de résistance à la compression à 28 jours
Indice de serrage selon Walz [-] (voir tab. 3.3.1 et fig. 3.4.1)
1.10 ∆e = +20 l/m3 → ∆fc,cube = −8 N/mm2
1.05
Conservation des éprouvettes sur le chantier non
0
mars avril mai juin juillet août
. sept. oct. conforme à la norme (voir chap. 3.6.4)
Fig. 3.7.2: Relevé typique de la résistance à la compression et de l’ouvrabilité durant une ∆fc,cube = −6 N/mm2
période d’été. Données du contrôle de qualité d’une centrale à béton.

Règle pratique
La baisse de la résistance à la compression à des tempéra- L’ajout de 10 litres d’eau par m3 de béton en-
tures élevées peut être encore accentuée sur le chantier traîne une perte de résistance à la compression
si l’ouvrabilité est augmentée par un ajout ultérieur à 28 jours qui peut atteindre jusqu’à 5 N/mm2.
d’eau et/ou si les éprouvettes ne sont pas conservées
conformément à la norme.

Il est possible d’empêcher le phénomène du creux de


l’été en adaptant la formulation du béton, en évitant
de hautes températures du béton frais et un ajout ulté-
rieur d’eau ainsi qu’en assurant une conservation des
éprouvettes à une température de 20° C.
3.7.3 Bétonnage par temps froid

Les basses températures entraînent un ralentissement du


raidissement et du développement de la résistance à la
compression et engendrent un risque de gel de l’eau non
liée dans le béton.

Ralentissement du raidissement et du développement


de la résistance à la compression
Le raidissement ralentit avec l’abaissement de la tempé-
Fig. 3.7.5:
Nattes thermiques rature et prolonge non seulement le temps d’ouvrabilité
protégeant le béton du béton, mais aussi le temps pendant lequel il est sujet
jeune de la dessic- aux dégâts de gel. La figure 3.7.3 illustre la montée en ré-
cation et du refroi-
dissement. sistance du béton à différentes températures. A une tem-
pérature basse de 5° C, la résistance au jeune âge à 2 et à
7 jours n’atteint que la moitié de celle d’un béton simi-
laire à une température de 20° C. Avec le temps, les deux
courbes d’évolution se rapprochent mais, même à 28 jours,
la résistance à la compression du béton conservé à 5° C
reste encore inférieure et n’atteint qu’après 50 à 90 jours
celle du béton conservé à 20° C.

98 Holcim guide pratique du béton


120 ter environ 100 heures pour un béton de la sorte de béton
Résistance à la compression relative [%]

A (E/C = 0.65, CEM 42,5). Pour un béton de la sorte de


100 béton C (E/C = 0.50, CEM 42,5) la résistance nécessaire est
+20°C atteinte au bout de 50 heures.
80
Le bétonnage par temps froid nécessite donc des mesures
supplémentaires lors de la production et de la mise en
60
place du béton. En l’absence de dispositions particulières,
+5°C
la norme SIA 262 précise que la température du béton
40
frais au moment de la mise en place ne doit pas descendre
au dessous de + 5° C.
20

Mesures lors de la production du béton


0 Par temps froid, les mesures suivantes, prises au stade
2 7 28 90
Temps [jours] de la production déjà, peuvent améliorer la montée en
résistance et en température:
Fig. 3.7.3: Montée relative en résistance du béton en fonction de la
température.
• élever la température du béton frais par le chauffage
ciblé de l’eau de gâchage et/ou du granulat (le granulat
ne doit pas contenir d’éléments gelés)
Congélation du béton jeune • choisir un ciment d’une classe de résistance élevée
Le béton doit être protégé du gel jusqu’à ce qu’il ait atteint (Normo 5R)
une résistance à la compression d’au moins 5 N/mm2. • accélérer le développement des résistances par l’intro-
Cette résistance est appelée la résistance à la congélation. duction d’un accélérateur de durcissement (HBE) et
En général, le béton jeune peut subir sans conséquences l’augmentation du dosage en ciment
majeures un ou deux cycles de gel. Par contre, des cycles • abaisser le rapport E/C en ajoutant un fluidifiant (FM)
de gel-dégel répétés peuvent entraîner des dégradations
significatives de la structure du béton. Un béton ainsi dé- Mesures sur le chantier
gradé perd sa capacité de portance et doit être remplacé. Le bétonnage par basses températures impose égale-
ment des mesures adéquates sur le chantier:
La figure 3.7.4 montre en fonction du type de ciment, de
la classe de résistance du ciment, du rapport E/C et de la • Il est proscrit de bétonner sur un sol gelé ou contre du
température du béton, le temps nécessaire pour obtenir béton gelé; le cas échéant, il faut prévoir une «couche
une résistance à la congélation ≥ 5 N/mm2. Il faut comp- sacrificielle».
• Lorsque la température de l’armature est inférieure à
1° C, il faut éviter, par un apport de chaleur, la formation
de glace pendant le bétonnage qui pourrait affecter
son adhérence au béton.
Rapport E/C [-]

0.7
• Le béton préchauffé doit être mis en place rapidement
dans le coffrage libéré de glace et de neige et compacté
sans délai.
• Immédiatement après sa mise en place, protéger le
0.6
béton des déperditions de chaleur, afin de maintenir le
développement de la chaleur d’hydratation propre au
ciment. La solution la plus simple consiste à utiliser des
0.5
coffrages en bois possédant des propriétés d’isolation
thermique.
• Le béton fraichement décoffré doit être couvert de
0.4 nattes thermiques (fig. 3.7.5).
+20°C

+20°C

+5°C

+5°C

• Protéger également le béton contre la dessiccation


pendant toute la période de durcissement. Par temps
0 froid et/ou sec, l’humidité relative de l’air est très
0 10 20 30 40 50 60
Temps [h]
basse.
CEM 42,5 • Prolonger les délais de décoffrage. Si pendant le durcis-
CEM 52,5 sement la température du béton s’abaisse en dessous
du point de congélation, il faut prolonger les délais de
Fig. 3.7.4: Temps nécessaire au développement d’une résistance à la
décoffrage au minimum d’une durée correspondante
congélation suffisante du béton (résistance à la compression du
béton ≥ 5 N/mm2) en fonction du rapport E/C pour différentes tempé- au nombre de jours de gel.
ratures de béton et type de ciment.

Holcim guide pratique du béton 99


3. Du béton frais au béton durci
3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

3.8.1 Résistance à la compression sistance (voir aussi chapitre 7.2). La résistance à la


compression n’est pas seulement influencée par la com-
Généralités position du béton, mais aussi par la mise en œuvre et le
La résistance décrit la charge nécessaire à la rupture du traitement de cure du béton (voir aussi chapitre 3.3 à 3.7).
matériau rapportée à la surface d’application de cette
charge. La résistance à la compression correspond donc à Essai de la résistance à la compression
la contrainte de compression que le béton peut supporter. La résistance à la compression est généralement mesurée
La résistance à la compression constitue la principale, à l’aide d’éprouvettes confectionnées à part, p. ex. des
voire souvent la seule caractéristique exigée d'un béton cubes, cylindres, prismes, ou des carottes. Elle est influen-
durci. Selon sa composition le béton peut présenter une cée par:
résistance à la compression modérée, proche de celle
d’une brique en terre cuite ou d'un bois tendre. Elle peut • l’élancement de l’éprouvette, rapport entre hauteur (h)
également atteindre une valeur élevée, équivalente à celle et largeur (l) ou diamètre (d)
obtenue sur un acier de construction courant (tab. 3.8.1). • la vitesse d’augmentation de la charge
• la taille de l’éprouvette (par rapport au diamètre maxi-
mal du granulat)
Tab. 3.8.1:
Résistance à la Matériau Résistance à la compression • la teneur en eau et le parallélisme des plans des éprou-
compression de [N/mm2] vettes
quelques matériaux
courants. Brique de terre cuite 20–30
En Suisse, l’essai est réalisé conformément à la norme
Bois tendre 30–50 SN EN 12390-3, en règle générale sur un cube d’une
Roche dure 150–200 longueur d’arête de 150 mm (fig. 3.8.1). Les cubes sont
conservés pendant 1 jour dans le moule, puis 27 jours
Mortier 5–25 dans l’eau à 20° C. La résistance mesurée à l’âge de
Béton 30–50 28 jours constitue la valeur de référence et sert à l’attri-
bution d’une classe de résistance (tab. 2.3.2).
Béton à haute résistance 50–110

Béton fibré à ultra-hautes La figure 3.8.2 présente la rupture typique d’un cube.
150–250
performances
L’essai de compression d’un cube sans couches intermé-
diaires ne permet une dilatation transversale qu’en de-
hors de la double pyramide qui subit une compression
La résistance à la compression du béton est essentielle- transversale. La rupture du béton ne résulte que des
ment régie par les propriétés de la pâte de ciment, du contraintes de traction et de cisaillement le long du bord
granulat et de leur adhérence (voir aussi chap. 2.3.1). de cette double pyramide, qui elle-même subsiste à l’es-
Dans le cas d’une mauvaise adhérence, par exemple en sai (voir fig. 3.8.3 a). Si la dilatation transversale n’est pas
cas d’utilisation de granulats mal lavés, cette zone de entravée par des bielles de compression, le béton se fis-
transition va constituer un «maillon faible» et influencer sure verticalement sous l’effet des tractions transversales
négativement les propriétés mécaniques du béton. Par (fig. 3.8.3 b).
contre, l’emploi de granulats concassés ou l’utilisation
d’additions au ciment réactives et finement moulues,
telles que la fumée de silice ou le schiste calciné, per-
mettent une nette amélioration de l’adhérence entre les
granulats et la pâte de ciment, donc des propriétés méca-
niques du béton (fig. 2.1.5–2.1.7). Une haute densité de
la zone de transition entre les granulats et la pâte de ci-
ment et l’emploi de granulats durs constituent des condi-
tions indispensables à l’obtention d'un béton à haute ré-

100 Holcim guide pratique du béton


Les éprouvettes avec un élancement h/d > 1 telles que F
F Fig. 3.8.3:
des cylindres ou des prismes donnent de plus faibles ré- Contraintes de trac-
tion transversales
sistances à la compression que les cubes avec un élance- (rouge) et de com-
ment h/l = 1. Les résistances à la compression plus éle- pression (bleu) dans
vées proviennent de l’effet de frettage plus marqué pour un cube soumis à
un essai de com-
les éprouvettes plus compactes. La figure 3.8.4 montre pression.
l’influence de l’élancement de l’éprouvette sur la résis-
tance à la compression. On constate qu'à partir d'un élan-
cement de 2, l’effet du frettage n’influence pratiquement
plus la résistance à la compression mesurée.
F F
L’effet de frettage latéral dépend directement de la dilata-
tion latérale (coefficient de Poisson) du béton testé. Le a) Introduction de la charge b) Introduction de la charge par
rapport d’environ 0.80 entre la résistance sur cylindre et par un contact direct entre des bielles de compression
le plateau de la presse et évitant tout frottement entre
celle sur cube correspondant n’est donc valable que pour l’éprouvette de béton, avec le plateau de la presse et
un béton confectionné avec des granulats courants. Dans entrave de la dilatation trans- l’éprouvette de béton. La dila-
le cas d’un béton léger, ce rapport atteint une valeur d’en- versale. tation transversale de
l’éprouvette est ainsi totale-
viron 0.90.
ment libre.

Cylindre Cube Fig. 3.8.4:


h/d = 2 h/l = 1 Influence de
l’élancement de
l’éprouvette sur la
150mm résistance à la com-
pression mesurée.

200mm cas normal


150mm
100mm

≈80 ≈95 100 ≈107


Résistance à la compression relative [%]

Fig.3.8.1: Essai de résistance à la compression sur cube. Fig.3.8.2: Rupture typique d’un cube sous forme d’une double pyramide.

Holcim guide pratique du béton 101


3. Du béton frais au béton durci
3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

Dispersion des valeurs de la résistance à la compression Cette relation se base sur des critères statistiques qui ad-
Les essais de résistance à la compression caractérisés par mettent implicitement une infinité de résultats. Elle peut
une certaine dispersion des résultats. Lorsqu’on effectue être appliquée par des projeteurs dans le cadre d’un di-
un très grand nombre n d’essais, on obtient une réparti- mensionnement, mais elle n’est pas valable dans le cas
tion des résultats de résistance correspondant à une dis- d’un contrôle de conformité à la centrale à béton ou lors
tribution normale de Gauss, définie mathématiquement d’un essai d'identification sur le chantier.
par sa valeur moyenne fcm et son écart type σ associé
(fig. 3.8.5). Evaluation de la résistance à la compression à 28 jours
La formule semi-empirique de Bolomey permet une esti-
mation de la résistance à la compression à 28 jours. Sur la
Fig. 3.8.5:
Distribution statis- base de la résistance à la compression d’éprouvettes de
Distribuition de la fréquence [-]

tique de la résis- mortier (pour la mesure de la résistance à la compression


tance à la compres- des ciments selon la norme SN EN 196-1) et à l’aide de
sion.
quelques facteurs de corrections, les résistances à la com-
pression correspondantes peuvent être calculées pour le
béton. En l’absence de résultats d’essai ou pour une nou-
velle formulation de béton, la résistance probable peut
5%-fractile 95%-fractile
être déterminée à l’aide de l’équation 3.8.2:

20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64
Résistance à la compression [N/mm2]
c
fc = Kg · fnc · − 0.5
∑xi Eeff + A
valeur moyenne fcm =
n
fc résistance à la compression sur cube [N/mm2]
∑(xi – fcm) 2 Kg coefficient dépendant du type de granulat employé [-]
écart-type σ = pour les granulats du plateau suisse, la valeur de Kg est
(n – 1)
égale à 0.60 pour un granulat roulé et égale à 0.80 pour
un granulat concassé
x i valeurs individuelles de la résistance à la compression [N/mm2] fnc résistance à la compression du mortier selon
n nombre de valeurs de mesure [-] SN EN 196-1 [N/mm2]
en une première approximation, on peut admettre
respectivement des résistances de 40, 50 et 60 N/mm2
Pour le calcul des structures, on définit une valeur de pour les ciments des classes de résistance 32,5; 42,5 et 52,5
référence claire et unique. Dans la norme SIA 262, on se C teneur en ciment [kg/m3]
base sur une valeur caractéristique fck, correspondant Eeff teneur en eau efficace [l/m3]
A teneur en air [l/m3].
au fractile 5 %. Ceci signifie que si l’on effectue un nombre
la teneur en air se situe normalement entre 5 et 25 l/m3.
infini d’essais de résistance à la compression, 5 % des
résultats seront plus petits et 95 % plus grands que fck.
Ce fractile de 5 % sert actuellement de base à la définition Eq. 3.8.2

des classes de résistance à la compression du béton dans La formule 3.8.2 s’applique aux bétons courants avec un
la norme SIA 262. Une classe de résistance C30/37 signi- rapport E/C entre 0.40 et 0.65. Pour les bétons dont la
fie p. ex.: résistance moyenne à la compression sur cube dépasse
70 N/mm2, le granulat peut devenir l’élément le plus
• 30 N/mm2: résistance caractéristique à la compression faible et la formule de Bolomey n’est plus valable.
sur cylindre (fractile 5 %)
• 37 N/mm2: résistance caractéristique à la compression Une autre possibilité d’évaluation est offerte par les
sur cube (fractile 5 %) courbes de Walz (fig. 3.8.6). Elles permettent une estima-
tion rapide de la résistance à la compression à 28 jours
La valeur du fractile se calcule à partir du facteur k valable d’un béton en fonction du rapport E/C et des différentes
pour toute distribution normale de Gauss. Pour un fractile classes de résistance des ciments.
de 5 %, le facteur k équivaut à 1.64. En admettant un écart
type σ = 4.8 N/mm2, on obtient la relation suivante entre
la valeur moyenne et la valeur caractéristique de la résis-
tance à la compression sur cylindre:

fck = fcm − k · σ = fcm − 1.64 · 4.8 ≈ fcm − 8 N/mm2

Eq. 3.8.1

102 Holcim guide pratique du béton


Fig. 3.8.6:
Optimo 4 Robusto 4R-S Normo 4 Normo 5R Résistance à la
compression du
béton en fonction
Ciment Portland composé Ciment Portland composé Ciment Portland Ciment Portland du rapport E/C et
pour des ciments
CEM II/B-M (T-LL) 42,5 N CEM II/B-M (S-T) 42,5 R CEM I 42,5 N CEM I 52,5 R de différentes clas-
ses de résistance
résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]


70 70 70 70
(âge 28 jours, con-
60 60 60 60
fection conforme à
la norme, conserva-
tion à 20° C).
50 50 50 50

40 40 40 40

30 30 30 30

20 20 20 20
0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7
rapport E/C rapport E/C rapport E/C rapport E/C

Bisolvo 3R Albaro 5R Fortico 5R Modero 3B

Ciment Portland à la fumée


Ciment Portland composé Ciment Portland blanc Ciment au laitier
de silice

CEM II/B-M (V-LL) 32,5 R CEM I 52,5 N CEM II/A-D 52,5 R CEM III/B 32,5 N-LH/SR
résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]

résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours [N/mm²]


70 70 70 70

60 60 60 60

50 50 50 50

40 40 40 40

30 30 30 30

20 20 20 20
0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7 0.4 0.5 0.6 0.7
rapport E/C rapport E/C rapport E/C rapport E/C

Evolution de la résistance à la compression L’évolution de la résistance dépend non seulement de


L’évolution de la résistance à la compression décrit la l’évolution de la résistance de la pâte de ciment, c.-à-d.
montée en résistance selon l’âge du béton. Elle est impor- du rapport E/C et du degré d’hydratation, mais aussi des
tante pour les délais de décoffrage, la durée de cure, la conditions de mise en œuvre et météorologiques.
mise en tension de la précontrainte, le déroulement de la
construction et le moment de mise en charge. Elle est Tab. 3.8.2:
Développement de la Rapport fcm,2 /fcm,28 Evolution de la
décrite à l’aide des résistances correspondant à différents résistance résistance du béton
âges, p. ex. 2, 7, 28, 56, 90 et 180 jours, exprimées en fonc- et rapport des résis-
tion de la résistance à la compression à 28 jours. Le clas- rapide ≥ 0.5 tances à une tem-
sement de la vitesse de l’évolution de la résistance à la pérature de 20° C.
moyen ≥ 0.3 à < 0.5
compression d’un béton à 20° C figure au tableau 3.8.2,
sur la base d’une estimation du rapport des résistances lent ≥ 0.15 à < 0.3
selon SN EN 206-1. Le rapport des résistances correspond très lent < 0.15
au rapport entre la résistance moyenne à la compression
à 2 jours (fc2) et la résistance moyenne à la compression à
28 jours (fc28). Il doit être déterminé lors de l’essai initial
ou sur la base du rapport connu d’autres bétons de com-
position comparables (p. ex. même ciment, même rapport
E/C).

Holcim guide pratique du béton 103


3. Du béton frais au béton durci
3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

Estimation de l’évolution de la résistance à la compression Mesure au scléromètre en surface du béton


La méthode techniquement la plus simple pour détermi- La résistance à la compression du béton peut aussi être
ner l’évolution de la résistance, mais demandant le plus estimée à l’aide d’un scléromètre. Cet appareil mesure
grand effort de réalisation, consiste à confectionner des le rebond d’une masse projetée contre la surface du béton
éprouvettes de béton conservées sous des conditions et permet ainsi d’obtenir de façon indirecte la résistance
identiques à celles du béton de l’ouvrage, et de mesurer à la compression. Cette méthode a l’avantage d’être
à des intervalles précis la résistance à la compression. simple, rapide et non destructive, mais elle ne permet
La résistance à la compression de telles éprouvettes est qu’une estimation de la résistance d’une zone proche de
généralement plus faible que celle du béton de l’ouvrage la surface du béton et elle est sujette à une grande varia-
à un moment donné. Ceci est dû à l’effet positif apporté bilité des résultats. Pour estimer la résistance à la com-
par le plus grand volume du béton de l’ouvrage sur l’évo- pression, un étalonnage, basé sur des résultats d’essais
lution de la résistance. de compression, p. ex. sur carottes, est nécessaire.

Souvent on fait également appel à des méthodes non Une autre possibilité d’estimer l’évolution de la résistance
destructives, qui se basent sur une relation empirique ou à long terme est offerte par le calcul selon le CEB-fib
physique entre la valeur de mesure et la résistance à la Model Code 2010. L’évolution de la résistance de bétons
compression. Des estimations détaillées de l’évolution de normaux et lourds peut être calculée sur la base de la ré-
la résistance du béton sont possibles moyennant l'emploi sistance à la compression moyenne à 28 jours. Le coeffi-
d’une des méthodes suivantes: cient dépendant de l’âge t du béton ßcc (éq. 3.8.4) tient
compte, par l’intermédiaire d’un coefficient s, de la classe
• le calcul de l’évolution de la résistance sur la base de résistance du ciment. Pour une conservation à une
de mesures de température température de 20° C, on applique:
• le calcul de l’évolution de la résistance sur la base
d’une simulation numérique
• la mesure au scléromètre en surface du béton
fcm(t) = ßcc(t) · fcm28

Calcul de l’évolution de la résistance sur la base de me- Eq. 3.8.3


sures de température
L’influence de la température sur l’évolution de la
résistance peut être exprimée approximativement par
28 ½
la maturité, respectivement le degré de maturité R. La ßcc = exp s 1 −
t
mesure de l’historique des températures du béton de
l’ouvrage à l’aide de sondes thermiques implantées dans
fcm(t) résistance à la compression moyenne à
le béton permet de déterminer l’évolution de la résis-
un âge t en jours [N/mm2]
tance en tenant compte des conditions de température fcm28 résistance à la compression moyenne à
pendant la conservation des éprouvettes. Connaissant un âge de 28 jours [N/mm2]
la montée en résistance du béton à une température ßcc(t) coefficient dépendant de l’âge t du béton
constante donnée (en principe 20° C), il est ainsi possible, t âge du béton [j]
par extrapolation, de déterminer la résistance effective s coefficient dépendant du type de ciment:
s = 0.20 pour CEM 52,5 N, CEM 42,5 R
du béton de l’ouvrage. Cette méthode permet de consi-
s = 0.25 pour CEM 42,5 N et CEM 32,5 R
dérer les paramètres liés à la température tels que la s = 0.38 pour CEM 32,5 N
température du béton frais, la température ambiante,
la géométrie de l’élément d’ouvrage et le traitement
de cure. Eq. 3.8.4

Calcul de l’évolution de la résistance sur la base d’une Les résultats donnés par les équations 3.8.3 et 3.8.4 sont
simulation numérique générés numériquement dans le tableau 3.8.3. Ces résul-
Il s’agit d’une simulation numérique de la méthode pré- tats sont approximatifs car ils ne considèrent ni la com-
sentée au point précédent. Dans le cas présent, l’histo- position effective ni les conditions de mise en place et de
rique des températures atteintes dans la section de béton cure du béton.
n’est pas mesuré, mais simulé numériquement en se ba-
sant sur la chaleur d'hydratation du ciment, la géométrie,
une température admise du béton frais et les conditions
cadre (cure, isolation du coffrage, température ambiante).
Une telle simulation numérique n’est réalisée par des
spécialistes que dans des cas exceptionnels.

104 Holcim guide pratique du béton


bétons avec des granulats concassés possèdent en géné-
Âge t [j] Rapport fcm(t)/fcm28
ral une résistance à la traction de 10 % à 20 % plus élevée
s = 0.20 s = 0.25 s = 0.38 que les bétons similaires avec un granulat roulé. Le mode
et le niveau de rupture d’une éprouvette de béton sollici-
2 ≈ 0.58 ≈ 0.50 ≈ 0.35
tée en traction sont essentiellement dictés par les facteurs
7 ≈ 0.82 ≈ 0.78 ≈ 0.68 microstructuraux, tels que:

28 ≈ 1.00 ≈ 1.00 ≈ 1.00


• des défauts de compactage
90 ≈ 1.09 ≈ 1.12 ≈ 1.18 • une mauvaise adhérence de la pâte de ciment
au granulat
365 ≈ 1.16 ≈ 1.20 ≈ 1.32
• des microfissures dans la pâte de ciment et/ou dans
Tab. 3.8.3: Evolution de la résistance selon CEB-fib Model Code 2010. le granulat
• des pores d’air

Le béton possède encore au-delà d’un âge de 28 jours un Habituellement, on obtient une rupture en traction avec
potentiel de durcissement. L’ampleur de ce durcissement une surface de rupture qui suit la zone de contact entre la
à long terme varie notablement en fonction du type de ci- pâte de ciment et le granulat. Les granulats sont déchaus-
ment, de la composition du béton et d’autres facteurs sés (fig. 3.8.7). Si l’on améliore la qualité de la zone de
d’influence. Il sera d’autant plus grand en comparaison contact, on obtient une résistance à la traction nettement
avec la résistance à la compression à 28 jours que le ci- plus élevée. Si elle s’approche de celle des granulats, la
ment durcit lentement et que les conditions de conserva- rupture se produit plutôt au sein du granulat que le long
tion sont humides et de basse température. de la zone de contact.

Pour un ouvrage spécifique, il est possible de fixer le mo-


ment, où la classe de résistance à la compression doit être
atteinte, à un âge plus grand que 28 jours. Ceci peut être
un avantage pour des éléments massifs de construction,
dont on cherche à limiter le développement de la chaleur
d’hydratation par une lente montée en résistance.

3.8.2 Résistance à la traction

Généralités
Sous sollicitation en traction, le béton présente une très
faible résistance et un comportement fragile. Générale-
ment, la résistance à la traction est négligée par les
concepteurs dans leurs calculs statiques. Ceci nécessite
le recours à une armature reprenant intégralement les
contraintes de traction dans les zones tendues. Dans cer-
Fig. 3.8.7: Mode de rupture en traction directe d’une éprouvette dont
tains cas, la résistance à la traction du béton joue cepen- les granulats sont principalement déchaussés.
dant un rôle indispensable sur l’état limite de rupture
d’un élément structural, p. ex. en ce qui concerne la résis-
tance à l’effort tranchant ou au poinçonnement de dalles
dépourvues d'étriers, la transmission des efforts d’une
barre droite à une autre dans une zone de recouvrement,
la diffusion de forces concentrées ainsi que la résistance
du cône d’arrachement d’un ancrage scellé dans le béton.
De plus, la vérification de l’état limite de service nécessite
impérativement de quantifier la résistance à la traction
du béton, afin de déterminer l’amplitude des zones fissu-
rées de la structure.

La résistance à la traction dépend en partie des mêmes


facteurs d’influence que la résistance à la compression,
c.-à-d. des propriétés de la pâte de ciment durcie et son
adhérence au granulat. En conséquence la résistance à la
traction augmente lorsque le rapport E/C diminue, mais
nettement moins que la résistance à la compression. Les

Holcim guide pratique du béton 105


3. Du béton frais au béton durci
3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

Essais de résistance à la traction


La résistance à la traction du béton peut être mesurée par
des essais de traction directe ou indirectement par des
essais de fendage, respectivement de flexion (fig. 3.8.8).

Fig. 3.8.8:
Méthodes d’essai
Traction directe Traction par fendage Flexion 3 points
de la résistance à (essai Brésilien)
la traction. T F
Principe
P

T F

Recommandation, Rilem Recommendation SN EN 12390-6 SN EN 12390-5


respectivement norme CP27

Eprouvettes cylindre (aussi entaillé) cylindre prisme

Charge traction centrée le long de compression le long de deux charge centrée en un point
l’axe du cylindre lignes opposées dans le plan
axial

Paramètres T = force de rupture F= force de rupture P= force de rupture


(traction) (compression) h= hauteur de l’éprouvette
d = diamètre de l’éprouvette d = diamètre de l’éprouvette b= largeur de l’éprouvette
L= longueur de l’éprouvette L= portée entre appuis

Résultat de l’essai T 2 F M P∙L 6


fct = fc , fendage = ∙ fc, flexion = = ∙
d 2
π d∙L W 4 b ∙ h2
π∙
2

Corrélation – f , fendage ≈ 1.25 fct fcf,cfl,exion ≈ 2.0


≈ 2.0 fct fct
fc ,cfendage ≈ 1.25 fct flexion
approximative

Ordre de grandeur 1.5−4.0 2.0−6.0 3.0−8.0


[N/mm2]

Estimation de la résistance à la compression Les résistances moyennes à la traction, calculées à l’aide


On peut déduire approximativement la résistance à de l’équation 3.8.5 sont indiquées dans le tableau 3.8.4
la traction moyenne fctm d’un béton courant (avec pour des classes de résistance à la compression jusqu’à
fck ≤ 50 N/mm2) à partir de sa résistance à la compres- C50/60.
sion selon la norme SIA 262:

fctm = 0.3 ∙ fck2/3

fctm résistance moyenne en traction directe [N/mm2]


fck résistance caractéristique à la compression sur cylindre [N/mm2]

Eq. 3.8.5

Tab. 3.8.4:
Résistance à la trac- Classe de résistance à la compression
tion moyenne en
fonction de la clas-
C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
se de résistance à la
compression selon
Valeur moyenne de la
la norme SIA 262. résistance en traction du 1.9 2.2 2.6 2.9 3.2 3.5 3.8 4.1
béton fctm [N/mm2]

106 Holcim guide pratique du béton


Dans le CEB-fib Model Code 2010 la résistance à la trac- 60 Fig. 3.8.9:

Contrainte de compression [N/mm2]


granulat Courbes
tion moyenne des classes de résistance à la compression pâte de ciment
E/C = 0.4 contrainte-défor-
C55/67 et supérieures se calcule selon l’équation suivante: mation du granulat,
spécifiques à la
50 pâte de ciment,
fctm = 2.12 · ln(1 + 0.1 · (fck + ∆f)) mortier au mortier et au
béton.

fctm résistance moyenne en traction directe [N/mm2]


fck résistance caractéristique à la compression sur cylindre 40
[N/mm2] béton
∆f 8 N/mm2

Eq. 3.8.6 30

S’il est nécessaire de connaître la résistance caractéris-


tique à la traction du béton, les fractiles de 5 % et de 95 % 20
de la résistance à la traction peuvent être pris en compte,
respectivement à 0.7 ∙ fctm et 1.3 ∙ fctm.

10
3.8.3 Module d’élasticité

Généralités
Le comportement à la déformation est une caractéristique 0
0 −1 −2 −3 −4
importante du matériau. Ce comportement est repré- Déformation ε1 [‰]
senté par la courbe contrainte/déformation (allongement).
Le module d’élasticité d’un matériau correspond au rap-
port contrainte/déformation unitaire. Plus le module
d’élasticité est élevé, plus la contrainte nécessaire pour en-dessous du domaine de déformation plastique. Au
déformer le matériau est élevée. Si le matériau a un com- niveau des contraintes de service le comportement
portement élastique linéaire, son module d’élasticité est du béton est pratiquement linéaire (fig. 3.8.9). Le module
une constante et le matériau retrouve exactement sa lon- d'élasticité du béton dépend directement des proportions
gueur initiale après retrait de la contrainte. Il suit donc volumiques et modules respectifs du granulat et de la
la loi de Hooke: pâte de ciment. De par sa proportion volumique de l'ordre
de 70 % le granulat représente clairement le paramètre
prépondérant. Le module d’élasticité des granulats cou-
σ = E · ε = E · ∆l/l rants varie entre 50 000 et 70 000 N/mm2. Le module de la
pâte de ciment est nettement plus bas et se situe, en
σ contrainte [N/mm2]
principe, entre 15 000 et 22 000 N/mm2.
E module d’élasticité [N/mm2]
ε déformation [‰] Le module d’élasticité correspond à la notion pratique
l longueur de l’éprouvette sans charge [mm] suivante: un module élevé est avantageux pour limiter
∆l changement de longueur de l’éprouvette sous charge [mm] les déformations p. ex. en cas de structures fléchies ou
comprimées (dalles, poutres, piliers). Par contre, un mo-
Eq. 3.8.7 dule bas s’avère plus utile, p. ex. en cas de déformations
imposées (tassement d’appuis, retrait, variations de tem-
Le comportement élastique du béton n’est que partielle- pérature), parce qu’il en résulte de plus faibles contraintes
ment linéaire. Les courbes contrainte-déformation de de traction et donc un risque de fissuration réduit.
la pâte de ciment et du granulat sont en majeure partie
linéaires. Mais la déformation du béton n’est pas directe-
ment proportionnelle à la contrainte et croît plus rapide-
ment que la contrainte. Les courbes contrainte/déforma-
tion ne sont pas linéaires, mais s’incurvent de plus en
plus lorsque le niveau de contrainte s’approche de la rup-
ture. Le comportement non-linéaire du béton est expliqué
par la formation de microfissures dans la zone de transi-
tion entre le granulat et la pâte de ciment. En général, le
niveau de chargement du béton en service est nettement
inférieur à la charge de rupture, respectivement bien

Holcim guide pratique du béton 107


3. Du béton frais au béton durci
3.8 Propriétés mécaniques du béton durci

Mesure du module d’élasticité

Contrainte σ
Pour les contraintes de service, il est permis d’admettre
un comportement quasi élastique du béton et de le dé-
crire par un module fixe pour un niveau de charge défini.
La courbe contrainte-déformation contient, non seule-
σa
ment des parts de déformations élastiques dépendant
du temps, mais aussi des déformations permanentes
(résiduelles) lors de la réduction de la contrainte. En répé-
tant les cycles charge/décharge, cette déformation rési-
duelle tend vers une valeur limite et on observe un com- Δσ
portement pratiquement élastique. La mesure du module
d’élasticité selon la norme SIA SN EN 12390-13 est basée
sur ce principe (cas normal, méthode B).
σb
Le module d’élasticité est déterminé par un essai de com- 1 2 3 Δε
pression sur cylindre ou prisme (fig. 3.8.10). Les éprou-
vettes sont soumises à trois cycles de charge/décharge Déformation ε

avec un niveau de charge inférieur de 0.5 à 1.0 N/mm2 et Fig. 3.8.11: Détermination du module d’élasticité d’un béton soumis
un niveau de charge supérieur correspondant à un tiers à des cycles de charge/décharge.

de la résistance à la compression. Le module d’élasticité


est déterminé à partir des mesures du troisième cycle
(fig. 3.8.11). Calcul du module d’élasticité
La norme SIA 262 permet d’estimer le module d’élasticité
Ecm d’un béton courant à partir de la résistance à la com-
Fig. 3.8.10:
Mesure du module pression:
d’élasticité (module
sécant).

Ecm = kE · 3 fcm

Ecm module d’élasticité calculé du béton [N/mm2]


kE coefficient, dépendant de la nature du granulat [-]:
12 000 à 10 000 pour des graviers alluvionnaires
10 000 à 8 000 pour des calcaires concassés
8 000 à 6 000 pour des roches micacées
fcm résistance à la compression moyenne sur cylindre
(fcm ≈ fck + 8 N/mm2) [N/mm2]
fck résistance à la compression caractéristique sur cylindre
[N/mm2]

Eq. 3.8.8

La figure 3.8.12 illustre les modules d’élasticité en fonction


de la résistance à la compression sur cylindres, mesurés
à l’âge de 28 jours sur différents bétons. Les courbes ont
été calculées pour différents types de roches selon l’équa-
tion 3.8.8. Les résultats de mesure coïncident avec les
courbes normatives.

108 Holcim guide pratique du béton


45000
Module d’élasticité à 28 jours [N/mm2]

granulat alluvionnaire

40000
calcaire
35000 concasssé

30000
roches micacées
25000

20000

15000

10000

5000
Fig. 3.8.13: Comportement à la déformation d’une plaque mince de
0 béton fibré à ultra-hautes performances (voir chapitre 7.3).
15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75
Résistance à la compression sur cylindres à 28 jours [N/mm2]
granulat roulé (site 1)
granulat roulé (site 2)
granulat alpin concassé
domaines entre les courbes: bétons courants à granulat naturel
selon SIA 262
Fig. 3.8.12: Module d’élasticité en fonction de la résistance à la com-
pression sur cylindre à 28 jours pour différents bétons.

L’équation 3.8.8 tient compte de la nature du granulat


et indirectement, par l’intermédiaire de la résistance à la
compression, de la qualité de la pâte de ciment. En re-
vanche, les volumes relatifs de la pâte de ciment et du
granulat ne sont pas considérés. Pour des résistances à la
compression identiques, le calcul du module d'élasticité
à l’aide de l’équation 3.8.8 aura donc tendance à suresti-
mer légèrement le module d'élasticité des bétons à haut
volume de pâte de ciment, tels que les bétons autopla-
çants (env.−15 %).

Evolution du module d’élasticité au cours du temps


Lorsqu’on charge un béton d’un âge différent de 28 jours
(p. ex. décoffrage ou mise en précontrainte), il est néces-
saire d’estimer son module d’élasticité au moment du
chargement afin de déterminer les déformations pro-
bables. L’accroissement du module d’élasticité au cours
du temps suit approximativement voire plus rapidement
l’évolution de la résistance à la compression. En première
approximation, on peut admettre les valeurs indicatives
de l’évolution du module d’élasticité données dans le
tableau 3.8.5.

Âge [j] Rapport Ecm (t) / Ecm, 28

3 ≈ 0.80

7 ≈ 0.90

28 ≈ 1.0

56 ≈ 1.05

90 ≈ 1.07

Tab. 3.8.5: Valeurs indicatives de l’évolution du module d’élasticité


(béton courant fc,cube ≈ 58 N/mm2 à 28 jours).

Holcim guide pratique du béton 109


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.9 Comportement à la déformation du béton indépendamment des charges

3.9 Comportement à la déformation du


béton indépendamment des charges

3.9.1 Introduction
lt − l0 ∆l
εs(t) = =
l0 l0
Le béton peut aussi se déformer indépendamment d’une
contrainte externe. Ces déformations résultent des chan- εs(t) déformation de retrait au moment t [-]*
gements de conditions d’humidité (retrait et gonflement) lt longueur au moment t [mm]
l0 longueur initiale [mm]
ou de température (fig. 3.9.1). En plus de cela, des réac-
∆l différence de longueur [mm]
tions de gonflement interne sont également possibles
avec des compositions de béton inadéquates ou sous cer- * au lieu de l’expression sans unité de la déformation de retrait,
on emploie souvent les dimensions suivantes: [‰] ou [mm/m]
taines conditions environnantes (voir chapitres 8.6 et 8.7).

Eq. 3.9.1
Lorsque les déformations sont entravées, des auto-
contraintes et des contraintes imposées apparaissent. Les
autocontraintes se créent lorsque l’élément d’ouvrage Le retrait affecte essentiellement la pâte de ciment et
lui-même empêche la déformation. Les contraintes impo- dépend de la part volumique et du module d’élasticité
sées proviennent des conditions cadre externes, p. ex. de la pâte de ciment. Les granulats courants ne contri-
une entrave par une fixation. Si les contraintes atteignent buent pas au retrait. La déformation de retrait est in-
la résistance à la traction du béton, le risque de fissura- fluencée principalement par la composition du béton,
tion s’accroît. Lorsque la déformation est importante, le les conditions d’humidité ambiantes et les dimensions de
module d’élasticité et le degré d’entrave sont élevés, les l’élément d’ouvrage. On distingue quatre types de retrait:
sollicitations à la traction sont augmentées. Elles peuvent
diminuer sous l’effet du fluage, en particulier au jeune • le retrait plastique ou capillaire
âge du béton. • le retrait chimique et endogène
• le retrait de dessiccation
• le retrait de carbonatation
3.9.2 Retrait et gonflement
Le retrait de carbonatation n’a pas d’importance pratique,
Généralités puisque les déformations associées y sont très faibles. Il
Le retrait est défini comme une diminution volumique ne sera pas traité par la suite. Les informations concernant
d’un matériau de construction poreux induite par une les désordres dus à la fissuration induite par le retrait
perte d’eau. En revanche, l’augmentation de volume pro- sont données au chapitre 8.4.
voquée par une absorption d’eau est désignée comme
gonflement. Le gonflement hydrique n’a pas d’impor- Retrait plastique ou capillaire
tance pratique puisque les déformations qui l’accom- Le retrait capillaire, aussi appelé retrait plastique, est dû
pagnent sont négligeables. Dans ce qui suit, il ne sera pas aux tensions capillaires créées lors de l’évaporation de
traité. Le retrait dépend donc des pertes d’eau et est ex- l’eau du béton frais. Une pression négative se développe
primé dans la pratique par une déformation de retrait li- alors notamment dans la zone proche de la surface du
néaire ou unidimensionnelle: béton, c.-à-d. un vide capillaire exerçant une force de
contraction entre les fines particules solides du béton
frais dont il résulte une plus grande compacité. Ce phéno-
mène purement physique est illustré de manière schéma-
tique à l’aide de trois phases à la figure 3.9.1 pour une
surface de béton en train de sécher.

110 Holcim guide pratique du béton


Le retrait plastique est favorisé par des déperditions im-
portantes d’eau à la surface du béton sous l’effet de
hautes températures d’air et du béton, d’une faible humi- r r
dité relative de l’air et des vitesses de vent importantes
(voir chapitres 3.6.2 et 3.7.2).

Retrait chimique et endogène


Le retrait chimique est une contraction volumique au
cours de l’hydratation du ciment, imputée à l’incorpora-
tion des molécules d’eau dans les produits d’hydratation
Phase 1 Phase 2 Phase 3
(phases CSH). Le volume de l’eau liée chimiquement est L’eau de ressuage s’évapore Si l’évaporation dépasse la Au fur et à mesure de l’éva-
plus petit que celui de l’eau libre. La contraction volu- à la surface du béton frais. quantité d’eau ressuée à poration, le niveau d’eau
mique de la pâte de ciment au moment de la prise La quantité d’eau évaporée la surface, le niveau d’eau s’enfonce dans le béton et
est comparable à celle issue s’abaisse jusqu’au niveau atteint d’autres particules
jusqu’à l’hydratation complète est d’environ 6 cm³/100 g d’une évaporation d’eau libre, des particules solides. Les qui ne peuvent plus s‘ap-
de ciment. Pour un béton avec un rapport E/C de 0.40 (hy- mais plus petite que la quan- particules solides se rap- procher les unes des autres.
dratation complète) le volume de la pâte de ciment durcie tité d’eau ressuée. prochent jusqu’à ce qu’elles Les tensions capillaires
se touchent. Les tensions augmentent et peuvent
VCS correspond à 92 % de la pâte de ciment à l’état frais VCL.
capillaires (r) se développent conduire à la formation de
en bordure. fissures (voir chapitre 8.4).

Exemple 21: Fig. 3.9.1: Les trois phases du retrait plastique. Les particules solides
sont représentées de manière simplifiée par des billes.
Calcul de la diminution du volume due au retrait
chimique
masse ciment mC = 100 g
masse volumique ciment t ρC = 3.1 g/cm3 c.-à-d. env. 0.18 ‰. Le retrait des bétons à ultra-hautes
→ volume ciment VC = 33 cm3 performances est pratiquement exclusivement endo-
gène. La déformation de retrait se situe à env. 0.8 ‰.
pâte de ciment à l’état frais (E/C=0.40)
→ volume eau VE = 40 cm3 La norme SIA 262 fournit des valeurs indicatives pour le
retrait endogène εca pour différents bétons en fonction de
volume pâte de ciment à l’état frais VCL = VC + VE = l’âge du béton (fig. 3.9.2).
33 + 40 = 73 cm3

réduction volumique due au retrait 0.12


Retrait endogène εca [‰]

C50/60
chimique VRC = 6 cm3
0.10
volume pâte de ciment durcie VCS =
C40/50
(VCL − VRC)/ VCL = (73 − 6)/73 = 92 %
0.08

L’hydratation progressive lie chimiquement l’eau libre. C30/37


0.06
Lorsqu’il n’y a plus d’eau libre dans les pores capillaires,
l’eau présente dans les pores de gel est consommée. Les
pores se vident et l’humidité relative interne baisse. Cette 0.04 C20/25
«dessiccation» interne induite par l’hydratation est appe-
lée autodessiccation. La réduction de l’humidité relative
interne provoque des tensions capillaires dans les pores 0.02

qui conduisent à leur tour à une contraction volumique,


le retrait endogène.
0
0.1 1 2 3 7 28 90 1 5
Le retrait endogène dépend du rapport E/C. Plus le rap- jours ans
port E/C du béton est faible, plus la part du retrait endo- Âge du béton
gène sera élevée. Pour des bétons usuels, il est pratique- Fig. 3.9.2: Valeurs indicatives du retrait endogène du béton jusqu’à
ment négligeable, mais se manifeste chez des bétons une classe de résistance C50/60 selon la norme SIA 262.

avec des rapports E/C inférieur à 0.45 et sans apport d’eau


externe. Il faut considérer le retrait endogène particuliè-
rement en cas de bétons à haute résistance et à ul-
tra-hautes performances. Par exemple, pour les bétons de
classe de résistance à la compression C80/95, le retrait
endogène atteint environ 30 % du retrait de dessiccation,

Holcim guide pratique du béton 111


3. Vom Frischbeton zum Festbeton
3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.9 Comportement à la déformation du béton indépendamment des charges

1.40 3 en revanche une augmentation de la teneur en ci-


Retrait final [‰]

0.60 0.50
0.70 ment à 400 kg/m3 pour une teneur en eau de 175 kg/m3
1.20 implique un retrait final seulement légèrement plus
250 0.40 élevé, d’environ 0.52 ‰.
1.00
Le retrait de dessiccation εcd d’un béton courant peut être
225
estimé selon la norme SIA 262 comme suit:
0.80

0.60 0.61 200


0.52 0.30 εcd(t) = β(t − ts) εcd,∞
0.48 175
0.40
εcd retrait de dessiccation [‰]
150
β(t − ts) coefficient tenant compte du début du retrait
125 (ts = début du retrait)
0.20
100 εcd,∞ valeur finale du retrait de dessiccation [‰]

0 Eq. 3.9.2
150 200 300 400 500 600 700
Teneur en ciment [kg/m3]
teneur en eau l/m3 1 3 Des valeurs indicatives du retrait final de dessiccation
rapport E/C εcd,∞ et du coefficient β(t − ts)tenant compte du début
2
du retrait sont données aux figures 3.9.4 et 3.9.5.
Fig. 3.9.3: Retrait final en fonction de la teneur en eau et en ciment et du rapport E/C
(mesuré sur prismes de 100⊗100⊗400 mm sous une humidité relative de l’air de 50 % à partir
du 5ème jour). Le graphique s’applique aux bétons avec un ciment CEM I ou CEM II. Les coefficients β(t − ts) pour 30 ans sont aussi valables
pour des périodes de plus de 30 ans. La hauteur relative
d’un élément de construction h0 est:
Retrait de dessiccation
Ce type de retrait est lié au séchage du béton durci et ré-
sulte d'échanges hydriques avec le milieu environnant. Le 2 ∙ Ac
h0 =
phénomène débute dès le décoffrage ou la fin de la cure u
et peut durer des années, voire des décennies dans le cas h0 hauteur relative de l’élément de construction [mm]
d'éléments massifs. La cinétique du retrait de dessicca- A c aire de la section du béton [mm2]
tion est plus rapide dans le cas de bétons avec un rapport u proportion du périmètre de section exposée au séchage
E/C élevé, d’humidité d’air faible, d’un élément mince, [mm]

respectivement d’un rapport important entre la surface


de béton exposée et le volume de béton. L’ampleur du re- Eq. 3.9.3
trait de dessiccation augmente avec le volume de la pâte
de ciment, tandis que le squelette granulaire d’un granu- Dans la tabelle 3.9.1, on a représenté la hauteur h0 pour
lat naturel ne subit pas de retrait et s’oppose même au différentes géométries d’éléments de construction et
retrait de la pâte de ciment. conditions de séchage.

Le retrait de dessiccation est plus fortement influencé par Le retrait spécifique εcs d’un béton courant se compose du
un changement de la teneur en eau que par un change- retrait de dessiccation εcd et du retrait endogène εca:
ment de la teneur en ciment.

εcs(t) = εcd(t) + εca(t)


La grande signification de la teneur en eau pour le retrait
de dessiccation des bétons est mise en évidence par la fi-
gure 3.9.3, qui présente l’influence de la teneur en ci- Eq. 3.9.4
ment, en eau et du rapport E/C. Trois différents cas de fi-
gure 1 , 2 et 3 sont illustrés:

1 un béton avec une teneur en ciment de 300 kg/m3 et


une teneur en eau de 175 kg/m3 a un retrait final d’en-
viron 0.48 ‰.
2 si l’on relève la teneur en eau à 200 kg/m3, tout en
gardant la teneur en ciment constante (300 kg/m3), il
en résulte un retrait final d’environ 0.61 ‰.

112 Holcim guide pratique du béton


0.8 Essais de retrait
Retrait final de dessiccation [‰]

à l’extérieur
à l’intérieur
Pour certaines applications, il est intéressant de connaître
la valeur de retrait du béton. Différentes méthodes de
C20/25 mesure existent en laboratoire.
0.6
La méthode la plus fréquemment employée consiste à
mesurer le retrait du béton durci. En Suisse, la procédure
C50/60 est décrite dans la norme SIA 262/1, annexe F et est réali-
C40/50
0.4 sée sur des prismes de dimensions 120 ⊗ 120 ⊗ 360 mm.
0.35 La mesure initiale se fait 24 heures après la confection
des éprouvettes. Ces dernières sont ensuite conservées à
une température de 20° C et une humidité relative de l’air
0.2 de 70 %. Les mesures des déformations de retrait sont ré-
alisées à des intervalles fixes. Sur la base des change-
ments de longueur, on calcule à tout moment la valeur de
retrait. Cette méthode permet de prendre en compte le
0 retrait chimique, le retrait endogène et le retrait de des-
0 20 40 60 70 80 100
Humidité relative de l’air RH [%]
siccation du béton durci.
Fig. 3.9.4: Valeurs indicatives du retrait final de dessiccation εcd,∞ des
bétons selon la norme SIA 262 pour des plages typiques d’humidité Les relations illustrées dans la figure 3.9.6 ne s’appliquent
relative de l’air. qu’aux ciments CEM I et CEM II. L’évolution au cours du
temps du retrait des bétons à base de ciment CEM III est
très différente, puisque le retrait de dessiccation des pre-
1.0
miers jours et semaines est nettement plus grand.
β(t – ts ) [-]

0.95 h0 = 60 mm
m

0.8
m
0
10

m
=

m
h
0

m
20

0.6
m
=

0
h
0

30

m
m
=

0
h
0

50
=

0.4
h
0

0.2

0.1 h0 = 600 mm

0
1 2 3 7 28 90 1 5 20 30
Jours Ans
t – ts

Fig. 3.9.5: Coefficient β(t-ts) tenant compte du début du retrait selon


la norme SIA 262, y compris une extrapolation à 30 ans.

Tab. 3.9.1:
Section circulaire, Section carrée, p. ex. Section rectangulaire, Section rectangulaire, Hauteur relative h0
p. ex. piliers ronds des piliers carrés p. ex. mur, dalle p. ex. radier pour différentes
géométries d’élé-
Géométrie de l’élément ments de construc-
h h
de construction 1) tion et conditions
a de séchage.

r r a 1.0 m 1.0 m

Conditions de séchage sur tout le périmètre sur tout le périmètre sur deux côtés sur un côté

h0 r a/2 h 2∙h
1) les flèches dans les graphiques indiquent la direction de séchage

Holcim guide pratique du béton 113


3. Du béton frais au béton durci
3.9 Comportement à la déformation du béton indépendamment des charges

Fig. 3.9.6:

Retrait de dessiccation après 28 jours [‰]


Retrait de dessicca- 0.5
Exemple 22a:
tion en fonction
du volume de pâte Estimation du retrait après 90 jours d’une couche de
de ciment pour des 0.4 roulement d’une épaisseur de 30 cm
bétons à base de
ciments CEM I et
CEM II selon la
Classe de résistance C40/50, séchage à 70 % RH,
norme SIA 262/1: 0.3 séchage d’un seul côté
après 28 jours (en
haut) et 90 jours
Retrait dans l’élément d’ouvrage: la couche de roule-
(en bas). 0.2
200 250 300 350 400 ment est considérée comme une dalle, ne pouvant
Volume de la pâte de ciment [l/m3]
sécher que d’un côté.
h0 = 2 ∙ h = 2 ∙ 300 = 600 mm → β (t − ts) = 0.1
(voir fig. 3.9.5 et tab. 3.9.1)
Retrait de dessiccation après 90 jours [‰]

0.5

Retrait final après 90 jours = 0.08 + (0.1 ∙ 0.35) =


0.42
0.4 0.12 ‰ (voir fig. 3.9.4)

0.3

Exemple 22b:
Estimation du retrait des éprouvettes confection-
0.2
200 250 300 350 400 nées avec le béton de la couche de roulement, essai
Volume de la pâte de ciment [l/m3]
selon SIA 262/1, annexe (120 ⊗ 120 ⊗ 360 mm)

Retrait endogène εca = 0.08 ‰ (voir fig. 3.9.2)


Un complément pour les premières heures après la
confection du béton représente l’évaluation des déforma- Retrait de dessiccation: εcd = 0.35 ‰ (voir fig. 3.9.4)
tions de retrait sur un banc de mesure pendant le pas-
sage du béton frais au béton durci. Cette méthode permet, Réduction du retrait de dessiccation par le coefficient
en particulier, de mieux caractériser les bétons à haute β (t − ts)
résistance au jeune âge, avec une montée en résistance
considérable durant les premières 24 heures et sujets a = 120 mm → h0 = a/2 = 60 mm → β (t − ts) = 0.95
au retrait endogène. La dessiccation du béton ne peut se (voir fig. 3.9.5 et tab. 3.9.1))
faire pendant cet essai que par la face supérieure de
l’éprouvette, ce qui correspond à une situation de séchage Retrait de dessiccation: εcd = 0.95 ∙ 0.35 = 0.33 ‰
réaliste. Les changements de longueur sont surveillés
en continu au milieu de la section. La procédure d’essai Retrait final après 90 jours = 0.08 + 0.35 = 0.41 ‰
n’est pas normée.

Tab. 3.9.2:
Valeurs indicatives Types de retrait Apparition Valeur de retrait [‰] Remarque
des différents types
de retrait pour
des sortes usuelles le problème existe surtout en cas de grandes
Retrait plastique durant les premières
de béton jusqu’à 4.0 surfaces (radiers, dalles) et des bétons sans
ou capillaire heures jusqu’à la prise
eau de ressuage

dû à l’hydratation, se produit dans tous les


Retrait chimique durant les premiers jours jusqu’à 0.2
bétons

jusqu’à 0.12 bétons courants avec rapport E/C < 0.45


Retrait endogène pendant des semaines 0.6 – 0.7 bétons à haute résistance,
0.8 – 1.0 bétons à ultra-hautes performances

jusqu’à
à partir de la prise 0.1 • conservation à l’air très humide (90 % HR)
Retrait de dessiccation
pendant des années 0.3 • conservation à l’extérieur (70 % HR)
0.5 • conservation à l’intérieur, à l’air sec (50 % HR)

114 Holcim guide pratique du béton


Chaleur d’hydratation dissipée
Exemple 22c: Chaleur d’hydratation du ciment
Contrôle du retrait d’une éprouvette à l’aide de la fig. La réaction d’hydratation du ciment est un processus exo-
3.9.6 Volume de la pâte de ciment = 348 l/m3 thermique, ce qui signifie qu’elle dégage de la chaleur. La
quantité maximale de chaleur dégagée dépend essentiel-
Retrait après 90 jours = 0.42 ‰ lement de la quantité de chaleur d’hydratation du ciment
et de la teneur en ciment du béton. L’évolution au cours
Les deux estimations conduisent au même résultat du temps du développement de chaleur dans le béton est
pour le retrait après 90 jours. régie par le type de ciment (p. ex. CEM I, CEM III), la com-
position du béton (adjuvants, rapport E/C), ainsi que la
température ambiante et celle du béton frais. Une éléva-
tion des températures accélère le dégagement de chaleur
du ciment.
3.9.3 Déformations dues à la température
La quantité de chaleur d’un ciment peut être déterminée
Généralités selon les normes SN EN 196-8 ou SN EN 196-9. En Suisse,
Les variations et les gradients de température au sein du il existe une méthode alternative normée basée sur la ca-
béton résultent non seulement des variations journa- lorimétrie isotherme du flux de chaleur. Isotherme signi-
lières et annuelles de la température ambiante, mais éga- fie que la température est tenue constante et que la cha-
lement de la chaleur générée par l’hydratation du ciment. leur d’hydratation dégagée est soustraite au système. Or,
Elles sont accompagnées de changements volumiques les conditions isothermes n’existent pas dans la pratique,
des éléments de construction. ni d’ailleurs les conditions purement adiabatiques, où
toute la chaleur dégagée est stockée dans le corps. La fi-
Dilatation thermique gure 3.9.7 illustre la chaleur d’hydratation en fonction du
En général, le calcul des déformations dues à la tempéra- temps pour différents types de ciment.
ture se base sur le coefficient de dilatation thermique αT:

450
Chaleur d’hydratation [J/g]

εT = αT ∙ ∆T
400
εT dilatation thermique [-]*
αT coefficient de dilatation thermique [K−1] 350
∆T différence de température [K]
300
* au lieu de l’expression sans unité de la dilatation thermique, on 270
emploie souvent les dimensions suivantes: [‰] ou [mm/m] 250

200
Eq. 3.9.5
150
Le coefficient de dilatation thermique αT idépend essen-
tiellement de la composition, du taux d’humidité et du 100
type de granulat du béton. Il varie entre 6 ∙ 10−6 et
50
15 ∙ 10−6 ∙ K−1. Dans le cadre de l’analyse structurale, on
admet pour un béton courant une valeur αT = 10 ∙ 10−6 ∙ K−1
0
et pour un béton léger une valeur αT = 8 ∙ 10−6 ∙ K−1. Ces 0 12 24 36 41 48 60 72
valeurs, comparables au coefficient de dilatation ther- Temps [h]
classe de résistance 52,5
mique de l’acier, confèrent un comportement favorable p.ex. Fortico 5R, Normo 5R, Albaro 5R
au matériau de construction composite,comme peut classe de résistance 42,5
l’être le béton armé. p.ex. Normo 4, Robusto 4R – 5, Optimo, Fluvio 4
classe de résistance 32,5
L’équation 3.9.5 donne p. ex. pour ∆T = 20 K une dilatation p.ex. Normo 3, Modero 3B
thermique εT = 0.2 ‰. Fig. 3.9.7: Chaleur d’hydratation en fonction du temps pour différents
types de ciment Holcim (déterminée selon SN EN 196-9 (Langavant)).

Holcim guide pratique du béton 115


3. Du béton frais au béton durci
3.9 Comportement à la déformation du béton indépendamment des charges

Températures et contraintes au sein de l’élément de vée que la température ambiante, de sorte que le béton
construction en surface se refroidisse et se contracte rapidement.
Température maximale de l’élément de construction Cette déformation est entravée par le béton au cœur de
Il existe une corrélation entre la chaleur d’hydratation du l’élément. Il en résulte un état d’autocontraintes dans
ciment et la température maximale atteinte en moyenne la section pouvant conduire à une fissuration de la zone
dans l’élément de construction. Tant que la chaleur d’hy- de bordure du béton. La fissuration résultant des gra-
dratation dégagée, à un moment donné, dépasse la cha- dients thermiques se produit généralement peu après le
leur dissipée, à la surface de l’élément de construction, la décoffrage ou l’enlèvement des nattes thermiques.
température moyenne dans l’élément de construction
augmente. En conséquence le béton se dilate. Si le dépla- Des contraintes de traction peuvent apparaître entre
cement est entravé, il va en résulter une contrainte de différents éléments de construction en cas de bétonnage
compression. Cette dernière est cependant très limitée d’un nouvel élément directement en contact avec un
car le béton présente un très faible module d’élasticité béton déjà existant. Le nouveau béton s’échauffe, tandis
à cet âge. Lors de la phase de refroidissement, le béton se que l’ancien béton est déjà durci et refroidi. Au moment
contracte pour retrouver approximativement ses dimen- du refroidissement, le nouveau béton cherchera à se
sions d’origine. Le module d'élasticité augmente forte- contracter, mais en est empêché par le contact avec l’an-
ment avec l’âge entre la phase d'échauffement et celle de cien béton. Les contraintes provoquées par cette entrave
refroidissement. La contrainte de traction engendrée à la déformation peuvent conduire à une fissuration.
par le refroidissement est donc nettement supérieure à
la contrainte de compression engendrée lors de l’échauf- La figure 3.9.9 montre les résultats de mesures de tempé-
fement et elle peut conduire à une fissuration. rature d'une étape de radier de 1.10 m d'épaisseur et
l’évaluation qualitative de l’historique des contraintes en-
Pour des éléments massifs d’une épaisseur de 2 m, le gendrées par la chaleur d’hydratation dissipée.
pic de la température maximale n’est souvent atteint
qu’après 3 ou 4 jours.

Des températures supérieures à 70° C peuvent en outre


provoquer des désordres dans le béton à cause d’une
formation différée d’ettringite (voir chapitre 8.6). De ce
fait, il est recommandé de ne pas dépasser une tempéra-
ture maximale admissible de 60° C au cœur des éléments
massifs.

Différence de température entre cœur et bordure du béton


Si l’épaisseur de l’élément est importante (éléments mas-
sifs), la température ne sera pas uniforme sur toute la
section. A cause des grandes dimensions, la température
développée au cœur ne sera dissipée que très lentement Fig. 3.9.10: Dalle massive en béton.
dans l’environnement, de sorte que le béton du cœur
s’échauffera plus fortement que celui en bordure de
l’élément. Les différences de température dans la section
créent des contraintes de compression au cœur et des
contraintes de traction dans les zones de bordure
(fig. 3.9.8). Celles-ci seront d’autant plus prononcées, si
la température du béton décoffré est nettement plus éle-

Fig. 3.9.8:
Variations de tem-
pérature et état
d’autocontraintes
dans un élément
massif. max. ∆T
σt

contraintes de compression
contraintes de traction

116 Holcim guide pratique du béton


Calcul des températures et contraintes au sein de l’élé- L’emploi d’un ciment de haut fourneau avec une faible
ment de construction chaleur d’hydratation et un décalage des essais de
Pour évaluer la température maximale atteinte en conformité à un âge de 56 ou 91 jours permettent d’exé-
moyenne dans un élément de construction, une simple cuter des éléments massifs classiques en gardant la tem-
formule est donnée dans la littérature sur la base de la pérature maximale du béton en dessous de 60° C. En cas
température lors de la mise en place et de l’élévation d’exigences de classe de résistance plus élevées, p. ex.
adiabatique de la température. Une fois cette valeur dé- C50/60 ou des délais de décoffrage plus courts, des com-
terminée, il est possible d’estimer approximativement, à binaisons de ciment Portland et de cendre volante sont
l’aide du nombre de Biot, la différence de température éventuellement plus judicieuses. En tenant compte du
entre le cœur et la bordure du béton. Mais, les deux for- pronostic de l’évolution des résistances, une formulation
mules ne représentent que des approches grossières et optimale du béton peut être établie. Grâce au calcul du
ne se prêtent pas au pronostic des températures d’un élé- moment où la température maximale sera atteinte et
ment de construction sous des conditions réelles. des différences de température au sein de l’élément et
avec l’environnement, des mesures adéquates de cure
Dans le cadre de grands projets de construction, on se peuvent être prescrites. Le fondement de ces pronostics
sert de logiciels spécifiques pour l’estimation de l’évolu- est la connaissance exacte des propriétés des ciments
tion des températures dans un élément de construction (chaleur d’hydratation et évolution au cours du temps
sur la base de la composition prévue du béton, de la géo- des résistances mécaniques).
métrie de l’élément et des conditions ambiantes atten-
dues. Ainsi, il est possible d’optimiser la formulation du
béton tout en tenant compte des autres exigences spéci-
fiques du projet.

60
Température [ºC]

Fig. 3.9.9:
Tmax = 53.3ºC Résultats de me-
sures de tempéra-
50 ture d’une étape de
radier de 1.10 m
d’épaisseur (en
haut) et évaluation
40 qualitative de l’his-
2 jours enlèvement des béton au coeur torique des
nattes thermiques
ΔT 12.4ºC contraintes engen-
au 5ième jour
30 drées par la chaleur
béton en bordure d’hydratation dissi-
pée (en bas).

20
air
14.5ºC

10

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Temps [jours]

frissures en surface

résultant
traction
Contrainte/Résistance

de ΔT

résultant
de Tmax
compression

résistance à la traction contrainte en bordure du béton


contrainte moyenne d’un élément contrainte au coeur du béton
entravé

Holcim guide pratique du béton 117


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.10 Protection contre la corrosion de l’armature

3.10 Protection contre la corrosion de


l’armature

3.10.1 Epaisseur et qualité du béton d’enrobage Epaisseur du béton d’enrobage


Le béton à propriétés spécifiées doit remplir une fonction
Généralités de protection des barres d’armature dans le cas des
Le béton d’enrobage correspond à la couche de béton classes d’exposition XC et XD. Pour cette raison la norme
situé entre l’armature et la surface du béton. Cette SIA 262 fixe l’enrobage de l’armature en fonction de la
couche remplit les fonctions suivantes: classe d’exposition. On distingue l’enrobage nominal de
l’armature cnom de l’écart admissible ∆czul. résultant des
• assurer la protection contre la corrosion de l’armature tolérances d’exécution.
• assurer la protection contre des incendies (résistance
au feu) cnom enrobage nominal de l’armature indiquée sur les
• transmettre des forces d’adhérence plans. cnom est la valeur de base à respecter, corres-
pondant aux dimensions des écarteurs et détermi-
La corrosion de l’armature est aujourd’hui la cause la plus nante pour le calcul statique.
fréquente des dégâts des constructions en béton armé ∆czul. tolérance dimensionnelle maximale de la valeur
(voir chapitre 8.9). La corrosion est initiée par la carbona- de base résultant des tolérances d’exécution
tation ou par la pénétration de chlorures (sels de déver- (fig. 3.10.2).
glaçage). En principe, une distinction est faite entre la
phase d’initiation et la phase de corrosion (fig. 3.10.1). La
phase d’initiation est fortement influencée par l’épaisseur
et la qualité du béton d’enrobage. Par contre la phase de
corrosion est essentiellement régie par la résistance élec-
trique du béton, elle-même fortement dépendante de
l’humidité et de la température du béton.

Fig. 3.10.1:
Dégradation de l’armature

Développement
schématique des
dégradations dans état limite de dégradation
un élément de
béton armé.

∆czul.

cnom
Temps
phase d’initiation phase de dégradation
carbonatation,
corrosion de l’armature
pénétration de chlorures
Fig. 3.10.2: Variation de l’enrobage de l’armature.
Durée de vie (Source: Technik und Forschung im Betonbau (TFB), Wildegg).

118 Holcim guide pratique du béton


Le tableau 3.10.1 donne l’enrobage nominal de l’acier
Enrobage nominal de XC1 XC2 XC3 XC4 XD1 XD2a XD2b XD3
d’armature passive et de l’acier de précontrainte en fonc- l’armature cnom [mm]
tion de la classe d’exposition selon la norme SIA 262.
Acier d’armature
20 35 40 40 55
Les valeurs pour l’enrobage nominal de l’armature après passive
exécution ne doivent pas dépasser les écarts admis- Acier de
sibles. Elles sont valables pour une durée de service de 50 précontrainte
30 45 50 50 65
ans. Le diamètre maximal du granulat du béton doit être ou unité de
inférieur à l’enrobage nominal. précontrainte

Tab. 3.10.1: Enrobage nominal de l’acier d’armature passive et de


Qualité du béton d’enrobage
l’acier de précontrainte en fonction de la classe d’exposition selon la
La qualité du béton d’enrobage, en première ligne son norme SIA 262.
étanchéité vis-à-vis des gaz et des infiltrations d’eau, y
compris des sels dissous, est entre autre influencée par:
Une structure plus dense se forme dans le béton avec des
• la composition du béton ciments CEM I et CEM II riche en CaO grâce à la carbona-
• le compactage du béton tation, parce que les carbonates précipitent surtout dans
• le type et la durée de cure les pores capillaires et provoquent une obturation de ces
• la forme et les dimensions de l’élément de construction derniers. En revanche dans les bétons riches en additions
• la densité et la disposition de l’armature de ciment, p. ex. les ciments CEM III/B, on constate, suite à
• le type et la préparation du coffrage la carbonatation, un élargissement des pores capillaires
• la finition de la surface du béton et donc une structure plus grossière des pores (fig. 3.10.3).

En raison de coulage du béton, la composition du béton


d’enrobage diffère de celui au cœur de l’élément de
construction, la proportion en pâte de ciment étant plus
élevée en bordure qu’au centre du béton. De ce fait, les
propriétés du béton varient dans la section de l’élément
de construction. L’étanchéité augmente avec:

• un rapport E/C bas


• une faible porosité capillaire
• l’absence de fissures
• un coffrage absorbant
• une cure suffisamment longue et humide

3.10.2 Perte de la protection contre la corrosion due Béton avec CEM I: non carbonaté (à gauche), carbonaté (à droite).
à la carbonatation

Généralités
La carbonatation du béton est le résultat de réactions
chimiques entre les composants alcalins de la pâte de ci-
ment durci et le dioxyde de carbone (CO2). Les réactions
n’ont lieu qu’en présence d’eau en quantité suffisante. La
carbonatation conduit à un abaissement de la valeur pH
de la solution interstitielle initialement > 12.5 à env. 9.0.
Sous ces conditions, l’acier d’armature n’est plus passivé
dans le béton et peut commencer à se corroder. Béton avec CEM III/B: non carbonaté (à gauche), carbonaté (à droite).

Fig.3.10.3: Microphotos de bétons avec différents ciments à un stade


La teneur en Ca(OH)2 est décisive pour la capacité de tam- non carbonaté et carbonaté pris au microscope électronique.
pon et la réserve d’alcalinité du béton. La valeur pH ne (Source: Eidgenössische Prüf- und Forschungsanstalt (EMPA), Düben-
descend pas en dessous de 12.5 tant qu’il y a du Ca(OH)2 dorf).

soluble dans le béton. Les réserves d’alcalinité varient


selon le type de ciment. Dans la pratique, on observe une
carbonatation plus rapide dans les bétons avec des ci-
ments CEM II/A-LL et CEM II/B-LL en comparaison avec
des bétons à base de ciment CEM I.

Holcim guide pratique du béton 119


3. Du béton
Vom Frischbeton
frais auzum
béton
Festbeton
durci

3. Du béton frais au béton durci


3.10 Protection contre la corrosion de l’armature

Vitesse de carbonatation Résistance à la carbonatation


La vitesse d’avancement de la carbonatation dans le L’avancement au cours du temps de la carbonatation est
béton dépend de divers facteurs: décrit dans la pratique par une loi dépendant de la racine
carrée du temps. Elle est présentée par l’équation 3.10.1
• le type et la teneur en ciment sous une forme plus générale:
• le type et la teneur en additions
• la valeur pH de la solution interstitielle et la teneur
en Ca(OH)2 dk = A + K ∙ t0.5
• la porosité, en particulier la porosité capillaire
(rapport E/C) dk profondeur de carbonatation [mm]
• le traitement de cure A constante (valeur initiale) [mm]
K coefficient de carbonatation [mm/d0.5] ou [mm/a0.5]
• le degré d’hydratation de la zone de bordure du béton
t temps [d] ou [a]

La figure 3.10.4 représente schématiquement la vitesse


relative de carbonatation et de corrosion en fonction de Eq. 3.10.1

l’humidité relative de l’air.


Exemple 23:
Calcul de la durée de vie probable (phase d’initiation
Fig. 3.10.4: 1 jusqu’à la dépassivation de l’armature) d’un béton de
Vitesse relative [-]

Représentation
schématique de la
type B
vitesse relative de
carbonatation et de Données: A = 0, K = 5.0 mm/a, dk = cnom = 35 mm
corrosion en fonc-
(voir tab. 3.10.1)
tion de l’humidité
relative de l’air. 0.5
dK2 352
t= = = 49 ans
K2 5.02

0
40 60 80 100
Humidité de l’air relative [%]
Puisque la vitesse d’avancement de la carbonatation
carbonatation
sous des conditions naturelles est plutôt faible, un essai
corrosion
de carbonatation accélérée a été développé pour les
contrôles de conformité. En Suisse, le coefficient de car-
La vitesse d’évolution du phénomène de carbonatation bonatation est considéré comme la grandeur de mesure
est plus élevée pour une humidité relative de l’air (HR) de la résistance à la carbonatation du béton. La carbona-
d’environs 55 à 80 %. Un béton complètement saturé ne tation est accélérée dans une enceinte avec une teneur
se carbonate pratiquement pas, puisque la vitesse de en CO2 enrichie à 4.0 % vol. de l’air. Les profondeurs de
diffusion du CO2 dans la solution interstitielle est ralentie carbonatation sont mesurées à différents intervalles de
d’un facteur de 3 à 4 en comparaison avec un béton temps sur les quatre côtés d’une tranche de prisme fendu,
moins humide. Au dessous d’une humidité relative de dont on calcule la valeur moyenne pour chaque côté
l’air d’env. 40 %, le béton se carbonate à peine, à cause du (fig. 3.10.5). A partir des quatre profondeurs moyennes
manque d’eau libre dans le béton, nécessaire à la réaction de carbonatation, on calcule par régression linéaire la
de carbonatation. La vitesse de corrosion est très faible constante A et le coefficient de carbonatation Ks (fig.
jusqu’à une humidité relative de l’air de 70 % et augmente 3.10.6).
soudainement à partir de 85 % HR pour atteindre son
maximum à env. 95 % HR, puis retombe quasi à zéro dans 20
Profondeur de carbonatation [mm]

y = KS + A
le béton saturé, parce que l’oxygène nécessaire à la corro-
R2 = 0.990
sion de l’acier manque. 15

10
−KS

0 A
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
t1/2 [temps en jours]
valeurs de mesure (racine carrée du temps)

Fig. 3.10.6: Détermination du coefficient KS.

120 Holcim guide pratique du béton


Fig. 3.10.5:
Procédure d’essai
pour la mesure de
la résistance à la
carbonatation.

1 éprouvette dans la presse d’essai 2 fendage des tranches de béton 3 vaporisation de la solution de phénol-
phthaléine*

4 mesure initiale 5 mesure après 7 jours 6 mesure après 28 jours 7 mesure après 36 jours

* les indications de sécurite pour le travail avec de la phénolphthaléine sont à respecter

Le coefficient de carbonatation obtenu par l’essai de tous les types de ciment pour la sorte de béton B (classe
carbonatation accélérée Ks est ensuite transformé en un d’exposition XC3, rapport maximal E/C = 0.60). La figure
coefficient de carbonatation sous des conditions natu- 3.10.7 illustre la résistance à la carbonatation des bétons
relles KN à l’aide de l’équation 3.10.2. La valeur du coeffi- de la sorte B avec différents types de ciment. La ligne
cient est d’autant plus basse que la résistance à la carbo- rouge correspond à la valeur limite de la résistance à la
natation est élevée: carbonatation pour une durée de service de 50 ans selon
la norme SN EN 206-1. Les bétons avec des ciments CEM
II/B-LL et CEM III/B dépassent nettement la valeur limite.
KN = a · b · c · KS = 2.6 · KS
Tab. 3.10.2:
KN coefficient de carbonatation sous des conditions naturelles Durée de Résistance à la carbonatation KN Epaisseur Valeurs limites de
avec une teneur en CO2 de l’air de 0.04 % vol. [mm/a0.5] service [a] [mm/an0.5] d’enrobage la résistance à la
KS coefficient de carbonatation [mm] carbonatation et
a facteur de transformation de 1 jour à 1 an: (365/1)0.5 de l’épaisseur de
sorte de béton B: 5.0 35 l’enrobage pour dif-
b facteur de transformation de 4.0 à 0.04 % vol. CO2: (0.04/4.0)0.5 50
c facteur de correction pour la carbonatation accélérée: 1.36
sorte de béton C, D et E: 5.0 40 férentes durées de
service.
sorte de béton B: 4.0 35
100
sorte de béton C, D et E: 4.5 40
Eq. 3.10.2

La méthode de mesure de la résistance à la carbonatation 7


Résistance à la carbonatation KN [mm/a0.5]

Fig. 3.10.7:
du béton est décrite dans l’annexe I de la norme SIA 262/1. Résistance à la
6
Dans le tableau 3.10.2 figurent les valeurs limites de la carbonatation des
valeur limite KN = 5.0mm/a0.5 bétons de la sorte B
résistance à la carbonatation selon la norme SIA 262/1 5
avec différents
(essai de conformité) et l’épaisseur de l’enrobage néces- 4 types de ciment.
saire, tout en considérant deux durées de service, puisque
3
les exigences de la norme SIA 262 relatives à l’épaisseur
d’enrobage s’appliquent uniquement pour une durée de 2
service de 50 ans.
1

L’expérience pratique montre que les valeurs limites de la 0


CEM I CEM II/A-LL CEM II/ CEM II/B-LL CEM III/B
résistance à la carbonatation ne sont pas respectées avec B-M (T-LL)

Holcim guide pratique du béton 121


3. Du béton frais au béton durci
3.10 Protection contre la corrosion de l’armature

3.10.3 Perte de la protection contre la corrosion due aux influencée par les paramètres de technologie du béton et
chlorures par ceux de l’environnement suivants:

Généralités • le ciment (type, dosage, teneur en C3A, finesse


Les chlorures, p. ex. les sels de déverglaçage, pénètrent de broyage)
dans le béton jusqu’à l’armature et attaquent la couche • l’âge du béton (degré d’hydratation) au premier contact
passive des aciers, même en présence d’une valeur pH avec les chlorures
élevée, c.-à-d. aussi dans un béton non carbonaté. Sous • la carbonatation du béton (stabilité du sel de Fridel)
un taux d’humidité variable du béton (cycles sec/humide) • la solution interstitielle (teneur en sulfates et valeur pH)
les chlorures contenus dans les projections d’eau et l’eau • les chlorures (composition et concentration)
de fonte s’infiltrent rapidement dans le béton. Dans les • la température
zones proches de la surface, les chlorures peuvent être dé-
lavés par les intempéries. Les conditions d’humidité et Résistance aux chlorures
d’exposition aux intempéries sont donc tout aussi impor- La diffusion des chlorures est un processus très lent qui
tantes que l’apport de chlorures. ne se prête pas comme grandeur à mesurer pour des es-
sais de conformité. Par contre, la dispersion des résultats
Une attaque par corrosion n’est possible que lorsqu’une obtenus en mesurant le transport par entraînement est
certaine concentration de chlorures dans la solution in- très grande. De ce fait, un essai pratique accéléré a été
terstitielle est atteinte. Pour la dépassivation, le rapport choisi. Le principe de mesure repose sur le fait que, sous
des chlorures et des ions hydroxyde dissous dans la solu- une tension électrique, les ions chlorure pénètrent plus
tion interstitielle est déterminant. Quant aux processus vite que par pure diffusion dans un béton saturé en eau.
de corrosion dans le béton, ceux-ci ne dépendent pas La vitesse de migration des ions chlorures est décrite
seulement de la teneur en chlorures, mais aussi de la comme un coefficient de migration des chlorures, lequel
conductivité électrique du béton (porosité et humidité). est considéré en Suisse comme valeur de mesure de la ré-
De ce fait, il n’existe pas de valeur limite unique pour la sistance aux chlorures. A la fin de l’essai, la profondeur de
teneur critique en chlorures, induisant la corrosion. Une pénétration des ions chlorure libres est déterminée à
valeur approximative d’env. 0.4 % en masse de la teneur l’aide d’un test de coloration sur une surface fraiche de
en ciment du béton est admise. rupture des éprouvettes fendues (fig. 3.10.8). Le coeffi-
cient de migration des chlorures se calcule sur la base de
Vitesse de pénétration et liaison des chlorures la profondeur de pénétration, et en fonction de la tension
Les chlorures peuvent être transportés dans les pores du appliquée et de la durée de l’essai.
béton par deux mécanismes différents qui influencent de
manière significative la vitesse de pénétration: Le coefficient de migration des chlorures est déterminé
de manière simplifiée pour une solution 0.2 molaire d’hy-
• par diffusion pure dans les pores remplis complète- droxyde de potassium avec 3 % NaCl comme suit:
ment d’eau
• par absorption capillaire dans les pores à sec ou remplis
partiellement d’eau, c.-à-d. un transport par entraîne- c
DCI = (x − 1.5462 c ∙ xd ) [m2/s]
ment des ions dissous dans l’eau absorbée t d

Le béton est capable de lier les chlorures chimiquement, hT


avec c = 8.619 · 10−5 [m]
U
p. ex. sous forme de sel de Friedel, un monohydrate de
chlorures, ou physiquement, p. ex. dans les phases CSH.
DCl coefficient de migration des chlorures [m2/s]
Le type de liaison peut varier en fonction de la phase hy-
T température moyenne absolue de la solution KOH
dratée du ciment. Les chlorures se trouvent donc dans le
avec et sans NaCl pendant l’essai [K]
béton sous forme de: xd profondeur moyenne de pénétration des ions chlorure
mesurée sur les deux moitiés d’une éprouvette [m]
• chlorures liés chimiquement U valeur moyenne des tensions électriques au début
• chlorures adsorbés physiquement ou chimiquement et en fin d’essai [V]
t durée de la mesure [s]
• chlorures libres dans la solution interstitielle
h hauteur de l’éprouvette [m]

Grâce à la fixation des chlorures dans la pâte de ciment, la


Eq. 3.10.3 et 3.10.4
vitesse de pénétration des chlorures se ralentit d’une part,
et la teneur en chlorures libres dans la solution intersti-
tielle se réduit, d’autre part. Pour l’initiation de la corro-
sion, seule la teneur en chlorures de la solution intersti-
tielle compte. La majeure partie des chlorures est liée
pendant les premiers jours. Au cours du temps, le taux de
fixation des chlorures diminue. La liaison des chlorures est

122 Holcim guide pratique du béton


La méthode de mesure de la résistance aux chlorures du 14 Fig. 3.10.9:

Résistance aux chlorures [m2/s]


béton est décrite dans l’annexe B de la norme SIA 262/1. Résistance aux
12 chlorures des
La valeur du coefficient est d’autant plus basse que la ré- valeur limite DCl ≤ 10 ⋅ 10−12 m2/s bétons de la sorte F
10
sistance aux chlorures est élevée. La valeur limite de la avec différents
résistance aux chlorures est fixée à 10 ∙ 10−12 m2/s pour 8 types de ciment.
les sortes de bétons F et G (essai de conformité).
6

L’expérience pratique montre que la valeur limite de la 4

résistance aux chlorures est généralement respectée 2


pour la sorte de béton F (classe d’exposition XD3, rapport
0
maximal E/C = 0.45) avec tous les ciments admis pour CEM I CEM II/A-LL CEM II/B-M CEM II/B-M CEM III/B
(T-LL) (T-S)
cette classe d’exposition. La figure 3.10.9 illustre la résis-
tance aux chlorures des bétons de la sorte F avec diffé-
rents types de ciment. La ligne rouge correspond à la va-
leur limite de la résistance aux chlorures pour une durée
de service de 50 ans selon la norme SN EN 206-1. Les bé-
tons avec des ciments CEM II/B-M (S-T) se situent en com-
paraison avec les autres ciments nettement en-dessous
de la valeur limite.

Fig. 3.10.8:
Procédure d’essai
de la détermination
de la résistance aux
chlorures.

1 Prélèvement d’une carotte 2 Eprouvette étanchéifiée

3 Placement de l’éprouvette dans la cellule de mesu-


re, remplissage avec du KOH et fermeture. Remplis-
sage de la cellule de mesure avec du NaCl et début
de l’essai de migration

4 A la fin de l’essai enlèvement de 5 Application du nitrate d’argent et


l’éprouvette de la cellule de mesu- une solution indicatrice sur les deux
re et fendage de l’éprouvette surfaces de fracture et déterminati-
on de la profondeur de pénétration
des chlorures

Holcim guide pratique du béton 123


3. Du béton frais au béton durci

3. Du béton frais au béton durci


3.11 Assurance de la qualité sur le chantier

3.11 Assurance de la qualité sur le


chantier

3.11.1 Introduction 3.11.2 Contrôle du béton

Généralités Classes d’exécution


Lors de la réalisation des ouvrages en béton, les entre- Le maître de l’ouvrage peut exiger de l’entrepreneur des
prises de construction doivent s’assurer, par une surveil- essais de contrôles sur béton frais et sur béton durci. Les
lance régulière de toutes les activités, que leurs presta- essais exigés sont à définir dans le plan de contrôle du
tions soient conformes aux règlementations en vigueur maître de l’ouvrage et/ou de l’entrepreneur et doivent
et aux spécifications du projet. Selon le type de projet, des faire partie du contrat d’entreprise.
efforts spécifiques de surveillance pour l’assurance qua-
lité du béton seront nécessaires. La norme SN EN 13670 divise le contrôle en trois classes
d’exécution. Le choix de la classe d’exécution se fait selon
L’assurance qualité sur le chantier permet de contrôler la quatre critères: la classe de résistance du béton, la classe
qualité d’exécution visée et, si nécessaire, d’intervenir à d’exposition, la sorte de béton selon les éléments natio-
temps par des mesures de correction. Le contrôle des pro- naux de la norme SN EN 206-1, ainsi que la classe de pré-
priétés essentielles des bétons frais et durcis est réalisé vention du cahier technique SIA 2042 «Prévention des dé-
selon les normes SIA 118 et 262 et SN EN 13670, y com- sordres dus à la réaction alcalis-granulats (RAG) dans les
pris les éléments nationaux. Les essais de chantiers ne ouvrages en béton» (tab. 3.11.1). Si plusieurs classes
remplacent pas les essais de conformité à la centrale à d’exécution s’appliquent à un béton, la classe la plus éle-
béton et inversement. vée doit être attribuée au béton.

La figure 3.11.1 représente l’interface (réception du béton) Contrôles sur béton frais et durci pour un béton à
qui marque le passage de la responsabilité de la centrale propriétés spécifiées
à béton à l’entreprise de construction, dans le cas d’un Les possibilités de contrôle des propriétés du béton sont
béton livré depuis une centrale fixe sur un chantier. indiquées au tableau 3.11.2. Les contrôles du béton frais
sont exécutés selon la norme SN EN 12350 (voir chapitre
3.3). La résistance à la compression peut être mesurée sur
cubes selon la norme SN EN 12390 ou sur carottes selon
Fig. 3.11.1: Responsabilité: Responsabilité:
Interface (réception entreprise de construction centrale à béton la norme SN EN 12504. Les essais de durabilité sont réali-
du béton) entre la sés sur des éprouvettes ou sur des carottes prélevées
centrale à béton et dans l’ouvrage. On distingue trois types d’essais différents,
l’entreprise de
réception du béton

construction.
appelés Testing Type (TT):

TT-1 Autocontrôle de production de la centrale à béton


et contrôles sur le chantier dans le cadre de l’assu-
rance qualité
TT-2 Contrôle des propriétés du béton d’un élément
d’ouvrage ou de l’ouvrage. Alternative à TT-1 sur
le chantier. Il ne remplace pas les essais exigés
par l’autocontrôle de production
TT-3 Contrôle ultérieur des propriétés sur carottes du
béton d’ouvrage (p. ex. en cas de doutes ou en cas
d’expertise).

Essai sur chantier Essai de conformité

124 Holcim guide pratique du béton


Tab. 3.11.1:
Critères Classe Classes d’exécution
d’exécution des bétons selon
Classe de résistance à Classes d’exposition Sorte de béton Classe de prévention la norme
la compression RAG SN EN 13670.

X0, XC1, XC2, XC3, XC4,


sans exigences A, B, C, P3, P4 P1 1
XD1, XD2a, XF1

XD2b, XD3, XF2, XF3, XF4,


sans exigences D, E, F, G, P1, P2 P2 2
XA, XAA

≥ C55/67 sans exigences sans exigences P3 3

Tab. 3.11.2:
Essais Exigences relatives aux échantillons et éprouvettes Type d’essai Critères pour l’évaluation Possibilités de
des résultats contrôle des
propriétés du béton
Béton frais Selon norme SN EN 12350 ff. Spécifique au projet selon la norme
SN EN 13670.
Confection selon norme SN EN 12390-1

Résistance à la Cure et conservation selon norme


compression sur cube 1) SN EN 12390-2

Essai selon norme SN EN 12390-3 Spécifique au projet

Carottages selon norme SN EN 12504-1


Résistance à la
Âge, cure et/ou conservation variables
compression sur carottes
Essai selon norme SN EN 12504-1 Norme SN EN 13791

Confection selon SN EN 12390-1


Propriétés de durabilité sur
Cure, conservation et préparation selon
éprouvettes confectionnées
l’annexe correspondante de la norme SIA 262/1 TT-1
et conservées de manière
normalisée Essais selon l’annexe correspondante de la Valeurs limites selon
norme SIA 262/1 SN EN 206-1

Carottage selon norme SN EN 12504-1 pendant


le temps entre la fin de traitement de cure et
un âge du béton de 21 jours
Propriétés de durabilité sur
Conservation et préparation selon l’annexe TT-2
des carottes (âge 21 jours)
correspondante de la norme SIA 262/1

Début de l’essai aprés 28 jours selon l’annexe Valeurs indicatives selon


correspondante de la norme SIA 262/1 SN EN 13670

Carottage selon norme SN EN 12504-1 à un âge


de béton supérieur à 21 jours

Propriétés de durabilité sur Conservation et préparation non définies


TT-3
carottes (âge 21 jours)
Essais selon l’annexe correspondante de
la norme SIA 262/1. Début des essais aprés aucun
28 jours.
1) Pour d’autres propriétés mécaniques que la résistance à la compression, la confection, cure et conditionnement sont identiques, mais les
essais suivent d’autres normes d’essai.

Holcim guide pratique du béton 125


3. Du béton
Vom Frischbeton
frais auzum
béton
Festbeton
durci

3. Du béton frais au béton durci


3.11 Assurance de la qualité sur le chantier

Les essais du béton sur le chantier sont à répartir réguliè- de résistance aux sulfates doit être définie en fonction
rement durant les périodes de bétonnage. En l’absence du projet. La transposition des résultats d’essai de résis-
de prescriptions spécifiques au projet, la fréquence des es- tance aux sulfates est à évaluer par un spécialiste. La
sais correspond à celle indiquée dans les tableaux 3.11.3 même règle s’applique au retrait et au fluage.
et 3.11.4. La fréquence d’essai sur carottes pour les types
d’essais TT-2 et TT-3 est à spécifier en fonction du projet. Les critères de conformité des propriétés de béton frais
Le nombre d’éprouvettes à fabriquer pour les essais de et durci pour le type d’essai TT-1 sont décrits au chapitre
béton durci des classes d’exécution 2 et 3 dépend soit des 2.3.2. Les critères d’acceptation des résultats des essais
quantités produites soit des durées de bétonnage. Il faut de durabilité pour le type d’essai TT-2 sont indiqués au
appliquer la règle qui donne le plus grand nombre d’essais. tableau 3.11.5. Ces valeurs indicatives ne peuvent être
Les essais doivent être réalisés en principe pour chaque employées comme valeurs limites que si leur applicabilité
béton. Les bétons avec les mêmes constituants et un a été prouvée par des essais. Elles peuvent être modifiées
même rapport E/C, mais avec un granulat d’un diamètre en fonction du projet. Les critères d’acceptation du
maximal différent, peuvent être considérés comme module d’élasticité, du retrait et du fluage sont aussi à
une famille de béton avec un nombre d’essais adapté en définir en fonction du projet. La procédure d’épreuve
fonction. La fréquence des essais de résistance à la RAG de la résistance à la RAG n’est pas adaptée aux carottes.
doit être définie en fonction du projet. La transposition Pour le type d’essai TT-3 selon la norme SIA 262/1, il
des résultats de l’essai de performance est réglée dans n’existe pas de critères d’acceptation.
le cahier technique SIA 2042. La fréquence des essais

Tab. 3.11.3:
Fréquence des es- Classe d’exécution
sais de béton frais Essai sur béton frais
sur le chantier
1 2 3
pour béton à pro-
priétés spécifiées
Bulletin de livraison chaque livraison
selon la norme
Examen visuel
SN EN 13670. par sondage chaque livraison
(homogénéité d’aspect)

• lors du premier bétonnage pour chaque famille de béton et


Consistance en cas de doutes • tous les 200 m3 et
• en cas de doutes

• lors du premier bétonnage pour chaque famille de béton et


Masse volumique et
en cas de doutes • tous les 200 m3 et
teneur en air
• en cas de doutes

• lors du premier bétonnage pour chaque famille de béton et


Rapport E/C sans exigence • tous les 200 m3 et
• en cas de doutes

• lors du premier bétonnage pour chaque famille de béton et


Teneur en air du béton
sans exigence • tous les 200 m3 et
avec un entraîneur d’air 1)
• en cas de doutes
1) essai sur béton frais seulement en cas d’emploi d’un entraîneur d’air

Fig. 3.11.2:
Contrôle de béton
frais sur le chantier.

126 Holcim guide pratique du béton


Tab. 3.11.4:
Classe d’exécution Fréquence des es-
Essai sur béton durci sais de béton durci
1 2 3 sur éprouvettes
confectionnées et
3 éprouvettes par famille 3 éprouvettes par famille conditionnées
de béton de béton conformément à
Résistance à la
en cas de doutes • au moins 2 fois ou • au moins 2 fois ou la norme (types
compression
• tous les 400 m3 ou • tous les 200 m3 ou d’essai TT-1 selon
• tous les 5 jours de bétonnage 1) • tous les 3 jours de bétonnage 1) norme SIA 262/1)
selon la norme
Perméabilité à l’eau spécifique au projet SN EN 13670.

1 éprouvette par famille 1 éprouvette par famille


de béton de béton
Résistance à la
spécifique au projet • au moins 2 fois ou • au moins 2 fois ou
carbonatation
• tous les 800 m3 ou • tous les 400 m3 ou
• tous les 10 jours de bétonnage 2) • tous les 5 jours de bétonnage 1)

1 éprouvette par famille 1 éprouvette par famille


de béton de béton
Résistance aux
sans exigence • au moins 2 fois ou • au moins 2 fois ou
chlorures
• tous les 800 m3 ou • tous les 400 m3 ou
• tous les 10 jours de bétonnage 2) • tous les 5 jours de bétonnage 1)

1 éprouvette par famille 1 éprouvette par famille


Résistance au gel/dégel de béton de béton
en présence de sels de sans exigence • au moins 2 fois ou • au moins 2 fois ou
déverglaçage • tous les 800 m3 ou • tous les 400 m3 ou
• tous les 10 jours de bétonnage 2) • tous les 5 jours de bétonnage 1)

Résistance à la RAG sans exigence spécifique au projet

Résistance aux sulfates sans exigence spécifique au projet

Module d’élasticité spécifique au projet

Fluage spécifique au projet

Retrait spécifique au projet


1) ou une fois par semaine calendaire, en cas de bétonnage de plus de 5 jours pendant 7 jours calendaires consécutifs
2) ou une fois toutes les deux semaines calendaires, en cas de bétonnage de plus de 10 jours pendant 14 jours calendaires consécutifs

Tab. 3.11.5:
Essai Essai selon Valeur moyenne indicative Valeur indicative de la Valeurs indicatives
norme SIA 262/1 moyenne plus l’écart pour la valeur
maximum admissible moyenne et la va-
leur moyenne plus
Perméabilité à l’eau qw Annexe A ≤ 12 g/m2h ≤ 14 g/m2h l’écart maximum
admissible des es-
50 ans2) ≤ 5.3 mm/an1/2 ≤ 5.8 mm/an1/2 sais de durabilités
Résistance à la selon la norme
Annexe I XC3: ≤ 4.3 mm/an1/2 XC3: ≤ 4.6 mm/an1/2 SIA 262/1 (type
carbonatation KN 1) 100 ans2) d’essai TT-2) selon
XC4: ≤ 4.8 mm/an1/2 XC4: KN ≤ 5.1 mm/an1/2 la norme
SN EN 13670.
Résistance aux chlorures DCl Annexe B ≤ 12 ∙ 10−12 m2/s ≤ 14 ∙ 10−12 m2/s

moyenne m ≤ 1500 g/m2 m ≤ 2200 g/m2


Résistance au gel/dégel m ≤ 300 m ≤ 400
en présence de sels de Annexe C ou ou
déverglaçage élevée
m ≤ 800 g/m2 et m ≤ 1000 g/m2 et
∆m28 ≤ (∆m6 + ∆m14) ∆m28 ≤ (∆m6 + ∆m14)

Résistance aux sulfates Annexe D ∆l ≤ 1.2 ‰ spécifique au projet


1) les valeurs limites sont valables pour l’épaisseur d’enrobage selon la norme SIA 262
2) durée de service

Holcim guide pratique du béton 127

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