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c Séquence 7

SÉQUENCE 7
Séance 1

A. La Fable : Approche d’un genre littéraire


1- Un peu de vocabulaire.
a) Jean de La Fontaine est assurément un fabuliste très connu, à juste titre. Né à Château-
Thierry, en Champagne où son père est Maître des eaux et forêts, il achève ses études
après la troisième à Paris. Il s’adonne à la littérature et son poème héroïque Adonis plaît
à Nicolas Fouquet, surintendant du jeune Louis XIV. Il vit dès lors à la Cour de Nicolas
Fouquet, à Vaux-le-Vicomte. Ce dernier a cependant été arrêté et emprisonné sur ordre
du roi alors que La Fontaine rédigeait pour lui Le Songe de Vaux pour le remercier de sa
protection. Privé de protecteur, il n’a publié son premier recueil de fables, qu’en 1668, à
47 ans. Un tel recueil et son auteur portaient alors le nom de fabliers. La Fontaine y met
en scène hommes, animaux, végétaux, voire objets, et nous invite à entrer dans un monde
fabuleux.
Jean de La Fontaine est aussi auteur de Contes dont certains sont inspirés de fabliaux du
Moyen Âge.
Le caractère imaginaire de la Fable a souvent été associé au mensonge, d’où le sens des
verbes fabuler et affabuler et des noms fabulation, affabulation et fabulateur.

Régine David pour le Cned

2- Le premier recueil de Fables.


a) Le titre du recueil.
On pourrait croire que Jean de La Fontaine n’a fait que reprendre des fables d’autres
fabulistes et leur a donné une forme poétique, sans en écrire lui-même. En fait, il n’en est
rien.
b) La table des matières.

Réponses
Affirmations
1 2 3
Les personnages mis en des hommes des animaux des arbres
scène sont…
Tous les personnages des noms propres des noms des adjectifs
portent une majuscule : communs qualificatifs
ce sont, à l’origine, pour
la plupart…
Ces noms sont d’un déterminant d’un déterminant d’un déterminant
précédés… défini indéfini possessif
Le plus souvent, le titre deux personnages trois personnages de nombreux
réunit… personnages
Un verbe d’action une fois deux fois vingt-deux fois
apparaît…

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Ë Les Fables de La Fontaine mettent en scène des animaux, quelquefois fabuleux, comme
les dragons, des hommes, des arbres, voire des objets ou des idées abstraites, comme
la Mort, l’Image, en les personnifiant puisque même les noms communs portent des
majuscules et deviennent donc des noms propres. Les titres réunissent, pour la plupart,
deux personnages par la conjonction de coordination « et ». Dans le premier recueil, seule
la Fable XIII fait se côtoyer homme et animal, et seule la Fable III suggère une action. Les
animaux sont omniprésents : l’idée principale de ce premier recueil est énoncée dans la
Séquence 7

c c

« Dédicace à Monsieur Le Dauphin » par le fabuliste, « Je me sers d’animaux pour instruire


les hommes. ». Les deux autres recueils ont des buts différents.

B. Jean de La Fontaine : fabuliste du XVIIe siècle


1- Un peu d’histoire littéraire.
a) Jean de La Fontaine vu par un écrivain du XVIIIe siècle.
Pour donner à voir l’écrivain exceptionnel qu’était Jean de La Fontaine, il cite Racine et La
Fontaine, et il utilise pour ce dernier trois comparatifs de supériorité : « plus intéressant,
plus simple, plus près de nous », le rendant proche de tous ses lecteurs en utilisant le
champ lexical de l’amitié : « compagnon de notre enfance, un ami de tous les moments »,
et en soulignant d’emblée sa simplicité par le superlatif initial : « le plus modeste des
écrivains ». Il renforce les qualités de l’écrivain en usant de termes laudatifs, propres au
style de l’auteur : « enchanteur, inimitable, qui réunit tous les tons sans blesser l’unité ».
Il use d’interrogations pour montrer que les mots manquent pour qualifier le génie de
La Fontaine, en renforçant les adjectifs qui le qualifient, lui et son œuvre, par l’adverbe
d’intensité « si ».
b) Jean de La Fontaine vu par un écrivain du XIXe siècle.

I L I F A D E O D Y
S U N I V E R S E L
S É E N A T U R E L
H O M È R E I R D É
C O N D I T I O N S
A L N A É T U S R E
H Y M N T E A E G R
É M E N É T R S Y T
H M P A P I L L O N
A : Homère
B : universel
C : conditions
D : naturel
E : papillon

1 : variété
2 : roses
3 : fin

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c Séquence 7

2- Lecture d’images

a) Jean de La Fontaine, coiffé d’une perruque, vêtu d’un manteau, portant un jabot en
dentelle, tient sur ses genoux : ˝ un feuillet

b) Dans sa main droite, il tient : ˝ un instrument d’écriture

c) À ses pieds, est déposé : ˝ un de ses recueils de Fables

d) L’animal qui le contemple est : ˝ un renard

e) Jean de La Fontaine paraît : ˝ réfléchir

La sculpture de P. Julien, en ronde-bosse*, nous présente La Fontaine pourvu de ses attributs


d’écrivain : feuillet sur ses genoux, instrument d’écriture dans sa main droite, recueil de Fables
à ses pieds. Les inscriptions relevées ainsi que les saynètes permettent d’identifier Jean de La
Fontaine de même que le renard, animal très présent dans les Fables, qui pose ici une de ses
pattes sur le livre et regarde le maître, plongé dans ses réflexions.

*statue en ronde-bosse : statue dont on peut faire le tour

Séance 2

A. L’héritage gréco-romain

1- Ésope

a) « Dédicace à Monseigneur Le Dauphin »

- Le vers 1 rappelle l’invocation à la Muse de l’Iliade et l’Odyssée et donne, par là-même, un


caractère épique à l’entreprise de La Fontaine.

- Les deux pronoms utilisés sont celui de la 1re personne du singulier « je », sujet du verbe,
qui désigne Jean de La Fontaine, et celui de la 2e personne du singulier « te », C.O.D du
verbe, qui désigne le Dauphin.

- La Fontaine flatte son destinataire en le nommant « ILLUSTRE REJETON D’UN PRINCE


aimé des cieux » et en utilisant des lettres majuscules.

- Son ouvrage est destiné « à tous tant que nous sommes », c’est-à-dire qu’il n’est pas réservé à
un public particulier.

- Son œuvre va raconter des histoires aux sujets abordables, sans prétention : « Je vais
t’entretenir de moindres aventures, / Te tracer en ces vers de légères peintures » mais dont on
peut tirer des enseignements, en dépit de leur caractère imaginaire : « l’histoire, encor que
mensongère, / Contient des vérités qui servent de leçons ».

- La Fontaine revendique l’héritage d’Ésope en utilisant le mot « père ».

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b) Ésope, fabuliste grec (VIIe, VIe siècle av. J.-C.)

Où sont le renard et le bouc au


début de la fable ?
« Le renard et le bouc », Ésope
Le renard est au fond d’un puits et le bouc
s’approche du même puits parce qu’il a soif.
Séquence 7

c c

Qui est piégé au début de la fable ? C’est le renard qui est piégé : il ne parvient pas à
sortir du puits. Le mot « mésaventure » (l.3) le prouve.
Qui parle au discours direct ? Le renard parle au discours direct deux fois : la
première fois (l.6 à 9), par ruse. Il vante les mérites
Combien de fois et dans quel but ? d’une entraide pour sortir du puits et explique au
bouc ce qu’il doit faire. La seconde fois (l.12 à 14),
par moquerie, le renard montre au bouc que son acte
est irréfléchi.
Qui parvient à sortir ? Le renard parvient à sortir du puits grâce au bouc
dont il se sert un peu comme d’une échelle. Le renard
grimpe sur le bouc avec agilité, sort et s’éloigne.
À quel endroit de la fable la morale, La morale se trouve à la fin de la fable. La formule
c’est-à-dire la leçon, se trouve-t-elle ? « C’est ainsi » montre qu’elle a été annoncée par les
dernières paroles du renard qui rétorque au bouc
qu’il aurait dû réfléchir avant d’agir.
Reformule-la. La sagesse veut qu’on réfléchisse aux conséquences de
ses actes avant d’agir.

2- Phèdre

« Le renard et le bouc » : comparaison entre les fables d’Ésope et de Phèdre


Ressemblances Différences
- Le renard est piégé dans le fond du puits au - Le renard ne prend la parole qu’une seule
début de la fable fois et c’est pour attirer le bouc dans le
puits : la ruse est différente.
- Le bouc s’approche du puits parce qu’il est
assoiffé. - La morale se trouve au début de la fable
et a un sens différent : lorsqu’il est en
- Seul, le renard parle au discours direct.
péril, un homme utilise tous les moyens
- Le renard sort du puits en se servant du bouc. pour s’en sortir quoi qu’il en coûte aux
autres.
- La fable est plus courte : Phèdre évoque
à peine le moment où les compères sont
tous deux dans le puits.
- Phèdre ne propose aucune réaction du
bouc.

La fable de Phèdre n’est pas une simple mise en vers de la fable d’Ésope parce que, d’une part,
l’action est plus concentrée et que, d’autre part, la morale, placée au début, est une mise en
garde : elle insiste sur la perfidie, la déloyauté humaine. La fable de Phèdre invite à la méfiance
alors que la fable d’Ésope propose une morale qui ressemble davantage à un conseil, une
leçon qu’il faut tirer d’une mésaventure. La place de la morale est donc très importante.

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c Séquence 7

B. La fable de La Fontaine
1- Analyse et comparaison

1
Le Renard et le Bouc
Capitaine Renard allait de compagnie
Avec son ami Bouc des plus haut encornés1.
Rimes
a
b
Agencement

embrassé
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez ; b
L’autre était passé maître en fait de tromperie. a
5 La soif les obligea de descendre en un puits. b
Là chacun d’eux se désaltère. a croisé
Après qu’abondamment tous deux en eurent pris, b
Le Renard dit au Bouc : « Que ferons-nous, compère ? a
Ce n’est pas tout de boire, il faut sortir d’ici. b
10 Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi : b suivi
Mets-les contre le mur. Le long de ton échine a
Je grimperai premièrement ; b
Puis sur tes cornes m’élevant, b embrassé
À l’aide de cette machine, a
15 De ce lieu-ci je sortirai, b
Après quoi je t’en tirerai. b suivi
- Par ma barbe, dit l’autre, il est bon ; et je loue a
Les gens bien sensés comme toi. b
Je n’aurais jamais, quant à moi, b embrassé
20 Trouvé ce secret, je l’avoue. » a
Le Renard sort du puits, laisse son compagnon, b
Et vous lui fait un beau sermon2 b
Pour l’exhorter3 à patience. a
« Si le ciel t’eût, dit-il, donné par excellence a embrassé
25 Autant de jugement que de barbe au menton, b
Tu n’aurais pas, à la légère, a
Descendu dans ce puits. Or, adieu, j’en suis hors. b
Tâche de t’en tirer, et fais tous tes efforts : b embrassé
Car pour moi, j’ai certaine affaire a
30 Qui ne me permet pas d’arrêter en chemin. » b
En toute chose il faut considérer la fin. b suivi
In Fables, Livre III, fable 5, Jean de La Fontaine

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a)

Affirmations
Au début, le renard est piégé dans le puits.
Vrai Faux
X
Corrections
Le renard et le bouc
Séquence 7

descendent ensemble : ils


sont donc tous les deux
c c

piégés.
Le Renard parle trois fois au discours direct. X Le renard parle deux fois :
une fois, pour indiquer au
bouc comment sortir ; une
fois pour juger le bouc et se
moquer de lui.
Le Bouc ne parle pas au discours direct. X Le bouc répond au renard
pour lui adresser des
louanges.
La sortie du puits n’est pas racontée. X
La morale est située à la fin, comme chez X
Ésope, et elle a un sens identique.
b) Chez Ésope et Phèdre, seul le renard est piégé au début de la fable. Il a commis une erreur
et ne peut sortir sans l’aide de quelqu’un. Aussi, il utilise la ruse pour attirer le bouc dans le
puits.
Chez La Fontaine, le renard et le bouc descendent ensemble, poussés par la soif. Le renard
n’a-t-il pas réfléchi aux conséquences ?
On peut penser au contraire que « celui qui était passé maître en fait de tromperie » a
déjà réfléchi au moyen de sortir du puits. Donc, quand il pose la question au bouc :
« Que ferons-nous, compère ? / Ce n’est pas tout de boire, il faut sortir d’ici », il connaît déjà la
réponse puisqu’il donne immédiatement des ordres au bouc : « Lève tes pieds, et tes cornes
aussi : Mets-les contre le mur ». Et le renard ensuite d’expliquer sa sortie, du vers 11 au vers
15 ; il est inutile de la raconter par la suite comme dans les deux autres fables. Le bouc ne
réagit pas au fait que le renard se serve de lui à la manière d’une échelle ; au contraire, il
adresse des louanges au renard pour la ruse qu’il a imaginée : « Et je loue / Les gens bien
sensés comme toi. ». La prise de paroles du bouc ne fait que renforcer son infériorité.
La morale, comme chez Ésope se trouve à la fin : c’est une leçon qu’il faut tirer de ce
qui vient d’être dit. De plus, dans les deux cas, elle est annoncée par le renard. Phèdre,
lui, est plus pessimiste : il invite à la méfiance : en effet, les hommes sont prêts à tout
pour se sortir d’un mauvais pas. Sa fable est la plus courte : il n’est pas besoin de longs
développements pour l’affirmer.

Régine David pour le Cned

2- L’originalité de La Fontaine
a) Un peu de versification
À toi de jouer !
Le / Re /nard / di / t au / Bouc // : « Que / fe / rons / -nous /, com / pèr(e) ?
Ce / n’est / pas / tout / de / boir //(e), il / faut / sor / tir / d’i /ci. »
Eh oui, ce sont tous les deux des alexandrins en dépit de leur longueur en apparence différente.
Formulons quelques hypothèses.
• Après avoir donné des ordres successifs au bouc, Renard parle de lui : le « je » le prouve.
C’est alors que le rythme s’accélère, mettant en scène la rapide sortie du rusé compère.

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c

Séquence 7

• Le vers 17 correspond à la prise de paroles du bouc qui s’adresse au renard. Le vers est un
alexandrin découpé en quatre fois trois syllabes :
- Par / ma / barbe,/ dit / l’au/tr(e), / il / est / bon ; / et / je / loue
Le bouc semble stupéfait, admiratif au point de hacher sa phrase. Puis les louanges se
bousculent dans un élan accéléré comme en témoignent les trois octosyllabes suivants
(v.18, 19 et 20).
• Voir le tableau complété.
Rappel : « a » = rime féminine, « b » = rime masculine + agencement : embrassé, croisé,
suivi.
• Avant d’avoir effectué les groupements, on peut penser que c’est le dernier vers, illustrant la
morale, qui va être isolé. Or, il n’en est rien : après quelques hésitations, on s’aperçoit que
le vers 21 n’appartient à aucun groupement de sens parce que la fable aurait pu s’arrêter
là. Le bouc a été piégé par le renard qui le laisse au fond du puits et s’en va. Mais la fable
serait incomplète : il faut que le renard annonce la morale pour que la leçon porte.
b) La dimension graphique
- Les vers en retrait sont les octosyllabes.
- Ces vers sont en retrait pour :
˝ faire une pause dans le récit
˝ mettre en valeur les paroles des personnages

Séance 3

A. Les différentes composantes d’une fable


1- La morale
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
- Nenni. - M’y voici donc ? - Point du tout. - M’y voilà ?
- Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Fables, Livre I, 3, Jean de La Fontaine

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a)

vit
Formes verbales

sembla
était
temps
passé simple
passé simple
imparfait
modes
indicatif
indicatif
indicatif
valeurs
Séquence 7

action de premier plan


premier plan
description
c c

s’étend présent indicatif Narration*


s’enfle présent indicatif Narration*
se travaille présent indicatif Narration*
égaler présent infinitif x
disant présent participe x
regardez présent impératif ordre
est présent indicatif actualité
dites présent impératif actualité
suis présent indicatif actualité
approchez présent indicatif ordre
s’enfla passé simple indicatif action de premier plan
creva passé simple indicatif action de premier plan
est présent indicatif Vérité*
sont présent indicatif Vérité*
veut présent indicatif Vérité*
a présent indicatif Vérité*
veut présent indicatif Vérité*
b) À la lumière du « Je retiens », la partie de la fable qui semble correspondre à la morale a
été surlignée .
c) Les gens ne sont jamais satisfaits de leur condition : ils veulent toujours davantage.
d) L’adjectif qualificatif qui annonçait cette morale est « envieuse ».
e) Dans la morale, on trouve le présent de vérité parce que :
- La Fontaine a observé les comportements humains et pense pouvoir généraliser cette
manière d’être afin que ses lecteurs s’interrogent.
2- Le récit
a)

H G C B P P G A
O J O I E E B N
N B L G U I O G
T B È B R N N O
E B R A G E H I
B G E N V I E S
M É P R I S U S
B G A M O U R E

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c
c



Séquence 7

b) Étude de la construction du vers 4 :


• « En/vi/eu/se,// s’é/tend,// et/ s’en/fle et// se /tra/vaille »
C’est un alexandrin : l’accent est mis sur l’adjectif « envieuse » par une diérèse
(prononciation distincte de deux voyelles contiguës, c’est-à-dire l’une à coté de l’autre).
Dans ce vers qui constitue une scène en direct, le rythme s’accélère :
- par l’énumération des verbes d’action ˝
- par la ponctuation qui isole le premier verbe ˝
- par l’enchaînement des verbes coordonnés par « et » ˝
Les verbes pronominaux « s’étendre, s’enfler, se travailler » indiquent que la grenouille fait
un travail sur elle-même et la syllabe 9 qui couple le verbe « s’enfle » et la conjonction de
coordination « et » participe de la vivacité de cette scène. Le vers imite le gonflement de la
grenouille.
Ensuite, l’enchaînement des questions et des réponses, sans indication de locuteur, sans verbe
de déclaration, ni présentation habituelle du dialogue donne à voir une action en cours, sans
interruption.
Enfin, il est remarquable de constater que la dernière phrase qui constitue le dénouement
puis la situation finale commence au milieu du vers 9. Ainsi, l’attente est-elle préservée et la
chute d’autant plus rapide et brutale ; le tout étant renforcé par le verbe « crever » qui signifie
« éclater » et « mourir pour les animaux ».
Quel génie vous êtes, Monsieur de La Fontaine !
c) Les indices sont les suivants : le verbe de parole « disant », les signes de ponctuation « : » et
« ? », les tirets, l’emploi des première et deuxième personnes ainsi que l’impératif présent.
d) Il faudrait retourner à la ligne à chaque changement d’interlocuteur et éventuellement
ajouter des verbes de parole.

B. Une architecture complexe


1- La parole en action
LE CORBEAU ET LE RENARD
1 Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
5 « Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
10 À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie,
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
15 Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Fables, Livre I, 2, Jean de La Fontaine

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a) La morale a été surlignée .

b) Le discours direct
Séquence 7

c c

• Je les ai reconnus grâce aux guillemets et aux verbes « tint ce langage » et « dit » (verbes de
parole) qui introduisent les paroles.

• Seul le renard parle : il interpelle le corbeau, d’abord pour le flatter, ensuite pour lui
adresser un sermon.

• Neuf vers sont consacrés au discours direct.

c) La narration

• Maître Renard veut récupérer le fromage que Maître Corbeau tient dans son bec. Il
interpelle ce dernier et le flatte. À la suite de ce discours flagorneur, l’oiseau décide de faire
entendre son chant et, par là-même, le fromage lui échappe. Maître Renard s’en empare
et s’adresse de nouveau au Corbeau pour lui adresser un sermon. Maître Corbeau se rend
compte qu’il a été piégé.

• Dix vers sont consacrés à la narration.

d) La grammaire au service du sens

Analyse grammaticale
Nombre de propositions consacrées à la
Nombre de phrases de la fable
NARRATION

6 7

Analyse grammaticale
Nombre de phrases de la fable Nombre de propositions consacrées au
DISCOURS DIRECT

6 9

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c
c Séquence 7

• Voici le corrigé du découpage n°1

vers
LE CORBEAU ET LE
RENARD
C1 C2

rimes agencements
C3
compte
des
syllabes
C4
narration /
discours
direct
C5

propositions

1 Maître Corbeau, sur un b 10


arbre perché,
P1
2 Tenait en son bec un a 8
fromage.
croisés narration
3 Maître Renard, par b 10
l’odeur alléché,
P2
4 Lui tint à peu près ce a 8
langage :
« Hé ! bonjour,
5 b 8
Monsieur du Corbeau,
suivis P 3 et P 4
Que vous êtes joli ! que
6 b 12
vous me semblez beau !
7 Sans mentir, si votre a suivis 8 discours
ramage1 direct
P5
8 Se rapporte à votre a 8
plumage,
9 Vous êtes le Phénix2 des b 12
P6
hôtes de ces bois. »
10 À ces mots le Corbeau a 12
P7
ne se sent pas de joie,
croisés
11 Et pour montrer sa belle b 8
narration
voix,
P 8 et P 9
12 Il ouvre un large bec, a 12
laisse tomber sa proie.
13 Le Renard s’en saisit, b 12
et dit : « Mon bon P 10 et P 11
Monsieur, suivis
14 Apprenez que tout b 7
flatteur discours
direct P 12, 13 et 14
15 Vit aux dépens de celui a 10
qui l’écoute.
suivis
16 Cette leçon vaut bien un a 12
P 15
fromage sans doute. »
17 Le Corbeau honteux et b 8
confus
18 Jura, mais un peu tard, b suivis 12 narration P 16
qu’on ne l’y prendrait
plus.
Fables, Livre I, 2, Jean de La Fontaine
morale

• Les verbes sont abondants dans le discours direct parce que :


- la première prise de paroles du renard constitue en fait le nœud de l’action, moment où le
récit progresse le plus. 

12 — © Cned, Français 6e

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- c’est le renard qui énonce la morale lorsqu’il prend la parole une seconde fois.
2- Le pouvoir de la parole
a) Le premier monologue
Les quatre premiers vers qui introduisent le premier monologue du renard sont
« trompeurs », comme l’animal lui-même : en effet, l’agencement croisé (abab) des
Séquence 7

c

c

alexandrins (vers de douze syllabes) et des octosyllabes (vers de huit syllabes) ainsi que la
construction parallèle des phrases présentent déjà une complication, comme en témoigne
le passé simple du vers 3. En fait, ils introduisent uniquement le monologue du renard,
central pour l’action.
Dans ce monologue, les groupes rimiques ne coïncident pas nécessairement avec des vers
de même nombre de syllabes. Ainsi, les vers 5 et 6 aux rimes suivies sont pour le premier
un octosyllabe, pour le second, un alexandrin ; cet alexandrin qui est une apostrophe au
corbeau amorce la flatterie qui trouve son paroxysme dans l’exagération du vers 9, lui aussi
un alexandrin. Par ailleurs le vers 9 est le premier de l’agencement croisé des vers 9, 10, 11
et 12. Ce vers 9 est donc le déclencheur de la réaction stupide du corbeau.
Cette étude montre le pouvoir du langage, beaucoup plus efficace que la violence. Le
renard veut le fromage mais il ne sait pas monter aux arbres : il lui faut donc ruser mais
cette ruse doit être subtile.
b) Le second monologue
La morale de la fable énoncée par le renard à l’adresse du corbeau, immédiatement après
que le renard a obtenu gain de cause, porte sur le caractère dangereux de certains usages de
la parole. Il s’agit bien de se méfier des beaux parleurs et des flatteurs en particulier. En effet,
il faut être vigilant aux intentions qui gouvernent l’utilisation de la parole. La fin de la fable
montre que le corbeau l’a appris à ses dépends. Méfiez-vous, vous aussi.

Séance 4

A. Le Loup : une image négative


1- Le loup ingrat
a) Quizz
Tu as sans doute compris que les réponses appropriées étaient associées aux fleurs.
Qui a participé à un banquet ? ✮ la cigogne
✹ le renard
❀ le loup
Qui est en mauvaise posture ? ✮ la cigogne
✹ la commère
❀ le loup
Qui vient en aide à qui ? ✮ la loup aide la cigogne
✹ le renard aide le loup
❀ la cigogne aide le loup
Qui parle au discours direct ? ✮ la cigogne
✹ l’opératrice
❀ le loup

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c
c


Séquence 7

Qui est ingrat/e ? ✮ la cigogne


✹ le narrateur
❀ le loup
• Tu as cinq fleurs (❀) et quinze points : bravo, tu es un/e champion/ne !
• Tu as entre quatorze points et dix points : tu es en très bonne voie ; relis néanmoins la fable
pour vérifier ta compréhension.
• Tu as moins de dix points : Tu as compris une partie de la fable ; relis-la attentivement pour
tenter de corriger des erreurs.
b) Les différentes valeurs des verbes au présent de l’indicatif

vers Présent de l’indicatif valeur


1 Les Loups mangent gloutonnement. vérité
7 Près de là passe une Cigogne. narration
8 Il lui fait signe ; elle accourt. Narration (× 2)
12 « Votre salaire ? dit le Loup : Intrus : passé simple !
13 Vous riez, ma bonne commère! actualité
14 Quoi ? ce n’est pas encor beaucoup actualité
15 Allez, vous êtes une ingrate : actualité
c) Le retournement de situation
Dans la fable « Le Loup et la Cigogne », le loup est en mauvaise posture : il a avalé un os et
risque de s’étouffer : c’est que « Les loups mangent gloutonnement » nous annonce Jean de
La Fontaine, sous la forme d’une vérité proverbiale. L’image du loup est d’emblée négative :
l’animal n’a aucun savoir-vivre !
Il est néanmoins chanceux puisqu’il trouve son salut dans l’intervention de la cigogne qui
se porte à son secours sans hésiter quoiqu’elle ait tout à craindre du loup. Sa spontanéité à
voler au secours d’autrui est mise en avant, quand bien même elle serait elle-même en danger.
Quel courage ! De plus, elle est très efficace puisqu’elle sauve le loup d’une mort certaine par
étouffement.
Que dire alors de la réaction indignée dudit loup face à une demande de récompense
justifiée ? Qui est ingrat ? Cet adjectif dans la bouche du loup est révoltant : Il affirme à la
cigogne qu’il se montre magnanime en lui laissant la vie sauve !
Quelle(s) leçon(s) dégager de cette fable étant donné que la morale n’est pas clairement
énoncée ?
Ë N’attendons aucune reconnaissance des plus puissants que nous : ils nous considèrent
comme redevables !
Faut-il passer son chemin quand on estime que celui qui est en danger risque de nous nuire
ensuite ?
La leçon est ambiguë, n’est-ce pas ?
2- Le loup cruel
a) La morale
• Voici la partie de la fable qui correspond à la morale : « La raison du plus fort est toujours la
meilleure : / Nous l’allons montrer tout à l’heure. »
• Lors d’une première lecture de la morale, on peut penser que La Fontaine éprouve de la
sympathie pour les gens puissants.
Mais attendons, la suite …

14 — © Cned, Français 6e

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b) Les personnages
Séquence 7

c c

« un Agneau » « un Loup »
« l’Agneau » « cet animal plein de rage »
« le » « cette bête cruelle »
« le Loup »

« tu » « moi »
« toi » « m’ »
« des tiens » (toi + tes
congénères)
« vous » (toi+ tes congénères)
« je » « Sire »
« me » « votre Majesté »
« elle »
« Elle »

• Le narrateur désigne l’agneau de manière neutre : le déterminant indéfini « un » précède le


déterminant défini « le » parce qu’une fois que l’agneau a été nommé, on le connaît mais

aucun adjectif ni autres expansions ne le qualifient. Il n’en va pas de même pour le loup

dont le caractère bestial, cruel est mis en avant et précédé du déterminant démonstratif

« cet », « cette » qui le montre du doigt.

• Le loup interpelle l’agneau en le tutoyant tout d’abord puis il l’associe à ses congénères : il

n’est plus un individu à part entière mais fait partie d’une masse.

• L’agneau, quant à lui, manifeste à l’égard du loup une politesse extrême en ne l’interpellant
pas directement mais en s’adressant à lui à la troisième personne, reprise avec une

majuscule, et en le qualifiant de titres royaux : « Sire, votre Majesté ».

Les différentes désignations et leur prise en charge par les différents personnages sont donc
révélatrices du caractère des protagonistes et offre des pistes de lecture.

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c
c Séquence 7

c) Le dialogue argumentatif

2 vers « Qui te rend si hardi de troubler mon


breuvage ? [Dit cet animal plein de
rage :] Tu seras châtié de ta témérité.
Alors que l’agneau est déjà
au bord du cours d’eau,
le loup l’interpelle en le
tutoyant, en l’agressant et
en le menaçant.
8 vers - Sire, [répond l’Agneau], que votre L’agneau tente de l’apaiser
Majesté au lieu de renchérir. Il
Ne se mette pas en colère ; lui parle poliment et très
humblement.
Mais plutôt qu’elle considère
Il place ensuite le débat
Que je me vas désaltérant
sur un autre terrain et
Dans le courant, entreprend d’argumenter
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle, en montrant au loup que
Et que par conséquent , en aucune ses propos sont injustes et
façon, infondés. Le connecteur
Je ne puis troubler sa boisson. « par conséquent » est la
marque de la conséquence.
2 vers - Tu la troubles, [reprit cette bête Insensible aux propos de
cruelle], l’agneau, le loup persiste et
Et je sais que de moi tu médis l’an adresse un autre reproche
passé. à l’agneau : celui de la
médisance.
2 vers - Comment l’aurais-je fait si je n’étais L’agneau répond avec un
pas né ? argument irréfutable.
[Reprit l’Agneau], je tette encor ma
mère

1 vers - Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. Le loup fait semblant
d’argumenter, le « donc »
le prouve mais il fait glisser
la « faute » sur quelqu’un
d’autre.
1/2 vers - Je n’en ai point. De nouveau, l’argument de
l’agneau est imparable.

3 vers ½ - C’est donc quelqu’un des Le loup, toujours sous


tiens : couvert d’argumentation :
« donc, car », généralise
Car vous ne m’épargnez guère,
au troupeau puis fonde
Vous, vos bergers, et vos chiens. ses accusations sur des
On me l’a dit : il faut que je me rumeurs, des « on-dit ».
venge. » Quelle mauvaise foi !

ƒ Le loup ne saurait être de bonne foi envers l’agneau : il est animé par sa voracité et estime
ne pas avoir d’autre justification à donner à son acte que celle d’être le plus fort. D’où la
morale dont on comprend dès lors qu’elle est une dénonciation du comportement barbare
des prédateurs. Elle met néanmoins en lumière les limites de l’usage de la parole et de la
raison face à un rapport de force inégal…

16 — © Cned, Français 6e

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B. Le Loup : une image positive

1- Le loup épris de liberté

a) Portrait des personnages


Séquence 7

c c

misérable, décharné, pauvre diable, cancre, libre

gras, embonpoint, beau, puissant, cou pelé, attaché

• Les deux portraits sont en totale opposition : en effet, le chien, par son embonpoint offre
un aspect enviable. En revanche, le loup dans un piteux état physique montre combien
son sort est peu réjouissant. Pourtant le loup est libre tandis que le chien est asservi à un
maître.

b) Étude des rimes

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau


Sire Loup l’eût fait volontiers
Et le Mâtin était de taille
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire
Cancres, haires, et pauvres diables
Tout à la pointe de l’épée
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire
Moyennant quoi votre salaire
Qui le fait pleurer de tendresse
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé

• Les premiers mots à la rime (peau/beau) opposent les deux personnages. La première
intention du loup est de faire du chien sa pâture (quartiers/volontiers), mais son élan
est arrêté par la garantie d’une lutte inégale (bataille/taille). Aussi le loup change-t-
il de tactique : au lieu d’affronter le chien, il courbe l’échine et le flatte (hardiment/
humblement, compliment). Le chien adopte alors le même ton avant de multiplier les
qualificatifs désobligeants à l’encontre de ses ancêtres (misérables/ diables). Le Loup se
laisse bercer par la perspective d’une vie tout en douceur (caresse/tendresse), mais cet état
de béatitude a une contrepartie : la servitude (félicité/pelé).

Et tout bascule !

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c
c
c)

-
-
-
-
Séquence 7

L’accélération du rythme
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. (le loup)
Rien. (le chien)
Quoi ? rien ? (le loup)
Peu de chose. (le chien)
Mais encor ? (le loup)
- Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause. (le chien)
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ?
- Pas toujours ; mais qu’importe ? (le chien)
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. » (le loup)
• - Mais/ en/cor ?// - Le/ col/lier/ dont/ je/ suis/ at/ta/ché (12 vers : alexandrin)
1 2 3 // 1 2 3 4 5 6 7 8 9
De/ ce/ que/ vous/ voi/iez/ est/ peu/t-ê/tre/ la/ cause. (12 vers : alexandrin)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
- At/ta/ché ?// dit/ le /Loup //: vous/ ne/ cou/rez/ donc/ pas (12 vers : alexandrin)
1 2 3 // 1 2 3 // 1 2 3 4 5 6
Où/ vous/ vou/lez ?// - Pas/ tou/jours /; mais/ qu’im/porte ? (10 vers : décasyllabe)
1 2 3 4 // 1 2 3 4 5 6
- Il/ im/por/te/ si/ bien/, que/ de/ tous/ vos/ re/pas (12 vers : alexandrin)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Je/ ne/ veux/ en/ au/cu/ne/ sorte, (8 vers : octosyllabe)
1 2 3 4 5 6 7 8
Et/ne/ vou/drais/ pas/ mê/me à /ce/ prix/ un/ tré/sor. » (12 vers : alexandrin)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
• - Le découpage du premier vers du dialogue met en évidence :
˝ le rythme rapide des échanges entre le Loup et le Chien,
˝ le besoin du Loup de connaître l’origine de la blessure,
˝ la volonté du Chien d’éluder les questions du Loup.
- En revanche, les vers 36 et 37 montrent que le Loup ralentit son débit de paroles parce
qu’il :
˝ vient de comprendre que le Chien est asservi.
- Dans les trois derniers vers de la réponse du Loup, deux alexandrins encadrent un
octosyllabe pour :
˝ mettre en valeur le refus du Loup d’une vie de servitude.
d) La morale
Rien n’a plus de prix que la liberté !
Il faut préférer la liberté à toute forme d’asservissement, dût-on en souffrir !

18 — © Cned, Français 6e

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2- Le loup philosophe
a) Les vers qui concernent le loup sont les suivants : (v. 77 à 98)
« Le Prince grec au Loup va proposer l’affaire ;
Il lui dit, au hasard d’un semblable refus :
Camarade, je suis confus
Séquence 7

c c

Qu’une jeune et belle Bergère


Conte aux échos les appétits gloutons
Qui t’ont fait manger ses moutons.
Autrefois on t’eût vu sauver la bergerie :
Tu menais une honnête vie.
Quitte ces bois et redevien,
Au lieu de Loup, Homme de bien.
En est-il ? dit le Loup : Pour moi, je n’en vois guère.
Tu t’en viens me traiter de bête carnassière :
Toi qui parles, qu’es-tu ? N’auriez-vous pas, sans moi,
Mangé ces animaux que plaint tout le village ?
Si j’étais Homme, par ta foi,
Aimerais-je moins le carnage ?
Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous :
Ne vous êtes-vous pas l’un à l’autre des Loups ?
Tout bien considéré, je te soutiens en somme
Que scélérat pour scélérat,
Il vaut mieux être un Loup qu’un Homme :
Je ne veux point changer d’état. »
b) • Comme le lion et l’ours, le loup ne veut pas reprendre son statut d’homme parce que :
- selon lui, les hommes se comportent comme des loups. 
• « L’homme est un loup pour l’homme » signifie que :
- les hommes sont cruels entre eux. 

le coin des curieux

a) AVOIR UNE FAIM DE LOUP : 10- avoir une grande faim qui donne envie de manger
n’importe quoi.
b) UN VIEUX LOUP DE MER : 3- c’est un marin qui a beaucoup navigué.
c) UN JEUNE LOUP : 8- c’est un jeune homme qui veut réussir et qui est prêt à tout pour
parvenir.
d) ÊTRE CONNU COMME LE LOUP BLANC : 6- les loups blancs étant très rares, se dit d’une
personne que tout le monde connaît.
e) HURLER AVEC LES LOUPS : 4- c’est répéter ce que tout le monde dit, sans donner un avis
personnel pour ne pas être déprécié par les autres.

© Cned, Français 6e — 19

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c
c Séquence 7

f) QUAND ON PARLE DU LOUP, ON EN VOIT LA QUEUE : 2- c’est être en train de parler


d’une personne quand, justement, celle-ci arrive.

g) ENTRE CHIEN ET LOUP : 9- c’est une heure de la journée où il ne fait plus tout à fait jour
mais pas encore nuit noire ; à ce moment, il est donc difficile de faire la différence entre un
chien et un loup !

h) MENER UNE VIE DE LOUP : 1- c’est mener une vie de mauvais garçon, pas très honnête.

i) MARCHER À PAS DE LOUP : 11- marcher sans faire de bruit, pour ne pas se faire
remarquer.

j) SE JETER DANS LA GUEULE DU LOUP : 5- prendre beaucoup de risques et s’exposer à un


grand danger.

k) MARCHER À LA QUEUE LEU LEU : 7- “leu” en vieux français signifie “loup” et les loups
marchent les uns derrière les autres, chacun avançant dans les empreintes de celui qui le
précède.

De plus, pour approfondir tes connaissances sur la perception du loup à travers d’autres
fables, d’autres écrits et diverses illustrations, tu peux lire le court ouvrage : Jean de La
Fontaine, LE LOUP dans les fables, dans la collection COLLÈGE, dirigée par Cécile Cazanove,
édition présentée par Laurence Simonot.

20 — © Cned, Français 6e

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A. « La cigale et la Fourmi » comme source
1- La structure de la fable de La Fontaine
Séance 5 c
Séquence 7 c

a) Versification
• Les vers employés par La Fontaine dans « La Cigale et la Fourmi » comptent, en majorité,
sept syllabes ; seul le deuxième n’en compte que trois. Ainsi, celui-ci est-il remarquable : il
isole la longue période pendant laquelle la cigale a été inactive.
• L’agencement de rimes qui domine est suivi.
Seuls, les huit derniers vers échappent à cet agencement. Les rimes des vers 15 à 18 et les
rimes des vers 19 à 22 sont embrassées.
• L’adjectif « emprunteuse » désigne la cigale : elle a faim et demande à la fourmi de quoi
subsister, mais la fourmi n’est « pas prêteuse ».
b) Le dialogue
• Dans la fable, la cigale et la fourmi parlent toutes deux : un dialogue s’instaure. Dans le
tableau ci-dessous, recopie les vers consacrés à la prise de parole des deux personnages.
Coup de pouce : la première réplique t’est donnée en exemple.

personnages Numéros Discours direct Agencement des rimes


des vers
v. 12 à 14 « Je vous paierai, lui dit-elle, suivi
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal. »

v. 17 « Que faisiez-vous au temps chaud ? embrassé

v. 19 à 20 - Nuit et jour à tout venant embrassé


Je chantais, ne vous déplaise.

v. 21 à 22 - Vous chantiez ? j’en suis fort aise : embrassé


Et bien ! dansez maintenant. »

• C’est au moment où un véritable échange s’instaure (question / réponse) que les rimes
sont embrassées.

© Cned, Français 6e — 21

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c
c Séquence 7

c) Les temps employés dans le récit


• Les réponses fausses sont barrées :
- le futur de l’indicatif
- le présent de l’indicatif
- l’imparfait de l’indicatif
- le passé simple de l’indicatif
• Ce sont les vers 15 et 16 qui utilisent un autre temps dans le récit :
« La Fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut. »
La forme verbale « est » est conjuguée au présent de l’indicatif.
• Le présent employé dans les vers 15 et 16 pour définir le caractère égoïste de la fourmi a
presqu’une valeur de vérité générale.
d) La morale
• Voici la leçon qu’il faut tirer de cette fable :
- Il faut être économe et prévoyant. ˝
• La morale de cette fable est implicite. La sagesse voudrait que soient exprimés clairement
les dangers d’une vie imprévoyante et peu soucieuse des réalités matérielles. Cherchons à
savoir pourquoi.
2- Deux personnages en opposition
a) À chacune ses occupations
• Rappel : le symbole _ caractérise la cigale et le symbole ≥ caractérise la fourmi.

insouciante _
prévoyante ≥
économe ≥
travailleuse ≥ Jean de La Fontaine semble respecter la nature : la fourmi
bohème _ est travailleuse et prévoyante, elle entasse la nourriture. En
revanche, la cigale, insouciante, chante tout l’été.
frivole _
parcimonieuse ≥
raisonnable ≥
artiste _
négligente _
b) À chacune son caractère
• - La cigale s’adresse à la fourmi sur un ton aimable.
- La fourmi répond à la cigale sur un ton cassant et autoritaire.
• Les points d’interrogation et d’exclamation permettent de choisir : ils montrent que la
fourmi est indignée par la demande déplacée de la cigale.

22 — © Cned, Français 6e

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c) À qui la préférence ?
La Fontaine garde un souci de vraisemblance, de respect de la nature : il conserve en
Séquence 7

partie le caractère animal des deux personnages, en dépit d’imprécisions. Il présente une
fourmi soucieuse de l’avenir, raisonnable et prévoyante. La préférence va donc d’abord à
l’animal besogneux et préserve la moralité populaire selon laquelle il faut être travailleur
et économe. Il semble ainsi dénoncer la vie insouciante et bohème de la cigale. Pourtant
c c

les vers 15 et 16 accablent la fourmi de défauts et sa répartie des vers 21 et 22 la rend


antipathique, alors que la cigale, complètement démunie, comme en témoignent les vers
5 à 10, semble honnête : sa promesse de remboursement aux vers 12, 13, 14, sur un ton
aimable et humble, traduit sa bonne foi. La fourmi, par son refus, condamne la cigale à
une mort certaine.
La Fontaine est-il lui-même cigale ? L’image de l’artiste insouciant et pauvre est-elle mise en
avant ? Dénonce-t-il l’égoïsme et l’avarice des riches ? L’absence de morale, volontaire, et
ces constatations interrogent, n’est-ce pas ?

B. Une réécriture moderne de la Fable


1- Le support
a)

P H Y L A C T E R E å
A
R
V I G N E T T E ç
O
U
é P L A N C H E
H
è A P P E N D I C E
A É
R
O
B U L L E ê
A E
N S
D Ç
E
Å

b) Dans une bande dessinée, il est facile de repérer les paroles des personnages dans les
phylactères ou bulles et le récit dans les cartouches.

© Cned, Français 6e — 23

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c
c Séquence 7

2- Les enjeux de la planche de B.D.

a) La ligue nationale contre le cancer est à l’origine de cette planche de bande dessinée.

b) Les mots remplacés sont les suivants : « fumé, le manque, clope, mégot, nicotine, tiges,
fumeuse : ça n’est pas là un défaut, fumais, fumiez, toussez. ». Ils appartiennent au champ
lexical du tabac.

c) Les personnages conservent leur caractère zoomorphe : on reconnaît aisément les insectes.
Cependant, ils sont vêtus et ont des comportements humains. La fourmi est confinée dans
son rôle de ménagère tandis que la fourmi bronze sur la plage et opte pour une tenue et
une coiffure que portent des jeunes gens.

d) Le but de cette réécriture est annoncé dans le paratexte : c’est une publicité anti-tabac.
La consommation de tabac concerne les jeunes gens de plus en plus tôt. Ils connaissent la
fable et s’identifient facilement à la cigale. Aussi, veut-on montrer les dangers du tabac.

3- @ Petit travail d’écriture

Une fable au service d’une noble cause…

L’Éléphant et le Gypaète
Au pied du Kilimandjaro, l’Éléphant, noble pachyderme1, s’étonna du grand
tapage que menait la gent2 ailée au lieu que de sillonner le ciel.
« Quelle est donc cette nouvelle lubie3 ? », barrit-il.
Aussitôt éparpillés par l’onde sonore, les oiseaux n’en demeurent pas moins
agités. C’est alors que le Gypaète4 barbu, enhardi par sa taille, invite l’Éléphant à
lever la trompe vers le sommet de la montagne, jadis enneigé. Mais de neige, point…
De mémoire d’éléphant, le pachyderme ne se souvenait pas que le Kilimandjaro eût
un jour perdu sa calotte5 glaciaire !
Il s’en émut et confia à la gent ailée le soin de répandre ce message : « Plutôt
que de palabrer6, agissez ! »
C’est une fable, sans doute, mais elle comporte quelque vérité. Instruire, c’est
là sa vocation et elle vaut peut-être un Grenelle environnement7 …
1. pachyderme : qui a la peau épaisse ; mammifère herbivore à peau épaisse et peu poilue comme l’éléphant,
l’hippopotame, le rhinocéros.

2. la gent : nation, peuple ; ensemble des individus possédant des caractères physiques communs, espèce.

3. lubie : idée extravagante, déraisonnable ou capricieuse, généralement soudaine et passagère.

4. le gypaète : grand rapace diurne, de 2,5 m d’envergure environ, dont la tête est blanchâtre avec une barbiche
noire sous le bec, le dos brun sombre, le ventre et la gorge beige roussâtre, vivant dans les hautes montagnes et se
nourrissant surtout de charognes.

5. calotte glaciaire : géologie : glacier très étendu et très épais, dont la surface est légèrement convexe et recouvre ou
déborde la plupart des reliefs.

6. palabrer : discourir interminablement et de façon souvent oiseuse.

7. un Grenelle environnement : ensemble de rencontres politiques organisées en vue de prendre des décisions à long
terme en matière d’environnement et de développement durable.

24 — © Cned, Français 6e

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Voici cette fable que nous nous sommes amusés à adapter sous la forme d’une B.D !
Séquence 7

c c

© Cned, Français 6e — 25

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c
c Séquence 7

A. Écrire des fables


1- De la morale au récit
Séance 6

a) À chaque morale, le titre d’une fable


L G A F O N T A I
N R E N A R D E L
A E C I G A L E F
O N N T N A I N E
C O R B E A U L A
F U O O A N T A I
N I E E U B L A F
O L N U T O A I N
E L L F O U R M I
A E F O N C T A I

Titres Morales
La Grenouille qui veut se faire aussi grosse « Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands
que le Bœuf Seigneurs
Tout petit Prince a des Ambassadeurs
Tout Marquis veut avoir des Pages. »
Le Renard et le Bouc « En toute chose il faut considérer la fin. »
La Cigale et la Fourmi « Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant. »
Le Loup et l’Agneau « La raison du plus fort est toujours la
meilleure.
Nous l’allons montrer tout à l’heure. »
Le Corbeau et le Renard « Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens que celui qui l’écoute. »
b) Un récit pour exemple
• « Tel est pris qui croyait prendre ».
Le Chat et la Souris
Tel est pris qui croyait prendre.
Un Chat que la faim tenaillait chercha un moyen simple mais efficace pour
capturer une Souris dodue.
Il entreprit de tendre une souricière agrémentée d’un fin morceau de comté.
La Souris, par l’odeur alléchée, sortit le museau. Le Chat, prêt à bondir se
pourléchait déjà les babines.
Mais le destin voulut qu’un courant d’air refermât violemment la porte
d’entrée, faisant bondir d’effroi Maître Chat dont l’une des pattes effleura le
piège qui, aussitôt, se referma !
Et c’est lui qui fut pris!

26 — © Cned, Français 6e

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• « On a tous besoin d’un plus petit que soi. ».
Le Renard et l’Oison
On a tous besoin d’un plus petit que soi.
Séquence 7

Dans la basse-cour d’un fermier, une belle couvée d’oisons venait de naître au
jour.
c c

La nuit venue, un Renard, attiré par la chair tendre des volailles s’approcha du
nid, prêt à happer les nouveau-nés. C’est alors que le plus frêle d’entre eux supplia
le goupil de leur laisser la vie sauve. « Vous n’aurez pas à vous repentir, Messire »,
cacarda l’Oison. Le Renard était dans un jour de bonté : une fois n’est pas coutume !
et il repartit, bredouille, vers sa tanière.
Bien lui en a pris ! L’Oison, devenue belle oie, confia une de ses plumes à Monsieur
de La Fontaine qui, de sa plus belle écriture, vanta les ruses de notre goupil.
2- Du récit à la morale
a) Une leçon à déduire
La morale pourrait être :
˝ Qui adresse des reproches doit être soi-même irréprochable.
˝ Les parents doivent donner l’exemple.
ƒ Un adulte peut difficilement donner des leçons à un enfant s’il ne les applique pas lui-
même.
b) Une suite à construire
- Le Prince troyen Pâris a enlevé la belle Hélène, mariée au roi de Sparte, en Grèce.
• Å Les étapes du schéma narratif représentées sont les suivantes :
- La situation initiale : la paix règne dans la basse-cour ; aucune rivalité n’anime les deux
coqs. Chacun est juché sur un tas de fumier.
- La complication : l’apparition d’une poule au sein de ce décor paisible, isolée d’ailleurs
en gros plan, dans ce cadre d’ensemble, montre qu’un élément nouveau vient rompre
l’état d’équilibre de départ.
Ç La forme verbale au passé simple de l’indicatif « survint » fait irruption dans un décor à
l’imparfait. De l’état pacifique, on passe à un état de guerre.
- L’action (début) : l’un des deux coqs se dirige vers la poule et lui déclare sa flamme,
s’attirant par là même les foudres de l’autre.
É Les deux coqs se partagent la basse-cour : l’un, dans la force de l’âge, a fière allure ;
il est charnu ; il arbore un plumage lumineux, bombe le poitrail. Sa queue garnie
d’abondantes plumes vertes et sa crête rouge sang bien droite tranchent avec la couleur
mordorée de son corps. L’autre semble plus âgé, décrépi ; son plumage noir est terne ;
sa queue et sa crête ne sont hérissées que de trois plumes.
La poule qui apparaît semble jeune, bien ronde et offre un plumage éclatant de blancheur.
Elle est l’innocence des jeunes filles.
Ñ Les bulles réduites à un dessin simple sont éloquentes : l’apparition de la poule prend
d’abord corps dans l’esprit des deux coqs, puis, à l’interrogation de la poule, répond
la déclaration d’amour du plus vieux coq : « le plus gros cœur puis le cœur transpercé
d’une flèche du dieu de l’amour, Cupidon ». Déjà des projets naissent : « trois
poussins » font de la poule une future mère. Mais le jeune coq se dresse de toute sa
superbe et lance au vieux coq un « cœur interrogatif » pour lui montrer qu’il n’entend
pas lui laisser le champ libre.

© Cned, Français 6e — 27

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c
c Séquence 7

Ö La scène est éminemment drôle par la surprise qu’elle crée mais aussi par la
comparaison faite avec le siège de Troie qui dura dix ans et causa tant de pertes
humaines. Le lecteur devient complice et sourit…
• Face à tant de vaillance, le vieux coq ne put que s’incliner. Il livra néanmoins bataille tout le
jour durant mais chaque coup de bec et d’ergot amenuisait ses forces.
Dame Poulette frissonna à l’idée qu’on pût déployer tant d’ardeur pour elle et sous l’aile du
vainqueur, elle songeait déjà à son abondante progéniture …
Le vaincu alla se cacher au fond du poulailler et ne reparut plus, honteux et jaloux. Mais
notre jeune coq, ragaillardi par sa victoire, voulut montrer à tous qu’il régnait en maître et
alla se jucher sur la margelle du puits, poussant force cris et fouettant l’air de ses ailes.
Il fit tant et si bien que, tout à coup, il vacilla sous l’équilibre rompu, tomba au fond du
puits et s’y noya !
N’aurait-il pas mieux fait de savourer un bonheur paisible auprès de Dame poulette plutôt
que de se complaire à fanfaronner ?
Il en va ainsi des hommes qui, par leur orgueil, veulent toujours occuper le devant de la
scène. Mesdemoiselles, défiez-vous de ces jeunes coqs !

Séance 7
Je connais Je suis capable de
• des Fables de Jean de La Fontaine. • situer l’auteur dans son siècle : Jean de la
Fontaine est un fabuliste français du XVIIe
siècle. Il a vécu sous le règne de Louis XIV
et était protégé par Nicolas Fouquet.
• les différentes sources d’inspiration de La • citer ces auteurs :
Fontaine, notamment les fabulistes grec et Le fabuliste grec Ésope et le fabuliste romain
latin. Phèdre.
Le premier écrivait de courtes fables en
prose ; le second les écrivait en vers.
• l’origine étymologique du mot « fable » • rappeler que le verbe « fari » : parler,
ainsi que des mots de la même famille. en latin est à l’origine de « fabula » qui
signifie « récit, propos » et que très vite,
un caractère mensonger lui a été associé,
comme le montrent les mots de la même
famille : fabuler (verbe), affabulation
(nom).
• les principales caractéristiques d’une fable. • nommer les deux parties essentielles d’une
fable : le récit qui sert d’illustration et
que La Fontaine appelle le « corps » et la
morale ou moralité qui sert de leçon que
La Fontaine appelle l’ « âme ».
Cette seconde partie peut occuper diverses
places : au début, à la fin ; elle peut être
énoncée par un personnage, être aussi à
déduire, c’est-à-dire implicite.
Le choix est toujours porteur de sens.
• repérer des comportements humains
derrière la personnification des animaux.
La Fontaine aimait à répéter : « Je me sers
des animaux pour instruire les hommes ».

28 — © Cned, Français 6e

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Séquence 7

• Un seul animal cependant offre différentes


facettes de son caractère : ainsi le loup
est tantôt ingrat, comme dans la fable
« Le Loup et la Cigogne », tantôt épris de
liberté, comme dans la fable « Le Loup et
le Chien ».
c c

• isoler les parties dialoguées des parties


narratives, grâce à la ponctuation, mais
surtout à l’analyse des formes verbales et à
la valeur associée aux temps employés.
Le passé simple renvoie à la narration
en situant l’action au premier plan, mais
on peut aussi trouver le présent qui rend
l’action plus vivante.
Dans le dialogue, on trouve le présent
d’actualité et dans la morale, le présent de
vérité.

• le pouvoir de la parole et ses limites. • citer une fable qui en témoigne :


« Le Loup et l’Agneau », par exemple.

• des rudiments de versification. • compter les syllabes, analyser l’agencement


des rimes, afin de mettre en valeur la
variété, si chère à l’auteur, là encore, pour
produire du sens, par une rupture de
rythme ou un agencement qui lie dialogue
et narration.

• retrouver un exemple d’alexandrin :


« Ce Loup rencontre un Dogue aussi
puissant que beau »
et un exemple d’octosyllabe :
« Sire Loup l’eût fait volontiers »

• des exemples de réécriture, notamment • nommer les principaux éléments d’une


sous la forme de planches de bandes planche de bande dessinée :
dessinées.
- les paroles sont dans des bulles ou
phylactères.
- le récit apparaît dans des cartouches.
• comprendre, par la connaissance des Fables
de La Fontaine, que ces réécritures sont
des jeux littéraires qui invitent à rire mais
aussi à réfléchir, comme le rappelle la
devise du fabuliste « Instruire et plaire ».

© Cned, Français 6e — 29

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c
c Séquence 8

SÉQUENCE 8
Séance 1

A. Observons la couverture : les indices typographiques

1- Le titre

a) et b) Le titre de l’histoire est Le Petit Prince . Le nom « prince » semble évoquer l’univers des
contes de fées, avec le prince charmant.

2- Les typographies

a) Il est possible d’identifier quatre typographies différentes sur la première de couverture.

b)

Écrit en lettres
Les grandes
minuscules mais
majuscules
avec majuscules aux
correspondent au
initiales, il s’agit du
titre de l’œuvre.
nom de l’auteur.

Tout autour de
l’illustration,
écrites en blanc
sur fond noir, un
À côté du dessin peu comme sur un
figure une citation, cadre, se trouvent
écrite en minuscules, les indications de
de la même police l’édition et de la
que dans le texte. collection : « édition
spéciale », « Folio
junior » : cette
dernière information
désigne la collection
« junior » des éditions
Gallimard.

Le Petit Prince de Saint-Exupéry,

collection Folio Junior, n° 453, Paris © Gallimard, 1997

« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Toute utilisation de celui-ci, sauf
autorisation, autre que la consultation individuelle et privée est interdite. » www.gallimard.fr

30 — © Cned, Français 6e

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B. Ouvrons le livre
Séquence 8

1- et 2- À l’intérieur du livre, la page qui précise à nouveau l’auteur, le titre et la collection


s’appelle la page de garde. Ici le titre est écrit avec une typographie différente : les lettres
sont rondes et ressemblent à une écriture d’écolier. L’effet produit est de plonger le lecteur
dans un univers qui peut lui paraître familier, celui de l’enfance.
c c

3- L’information importante apportée au lecteur, juste en dessous du titre, est « avec les
dessins de l’auteur ». Cela signifie que c’est Saint-Exupéry lui-même qui a illustré son texte.

C. Les « dessins de l’auteur »


1- L’aquarelle désigne une peinture sur papier réalisée avec des couleurs délayées dans l’eau.
Le mot tire son origine du latin aqua : l’eau.
2- Le personnage vit dans un univers merveilleux, au milieu des planètes et des étoiles,
comme le suggère le dessin de sa petite planète au milieu de l’univers.
3- Le jeune lecteur peut s’identifier au héros, qui est un enfant, comme lui.
4- Tu peux laisser aller ton imagination en te laissant guider par les mots « petit », « prince »,
« mouton », par la vie près des étoiles, par le mystère des autres planètes, par les rencontres
possibles et les comparaisons entre planètes, etc. Il n’y a pas de limite à l’imaginaire !

D. L’auteur : Saint-Exupéry
Antoine de Saint-Exupéry est né le 29 juin 1900 à Lyon, d’une famille issue de la noblesse
française. Il fit son service militaire dans l’aviation avant d’entrer, en 1926, à L’Aéropostale.
Son premier roman, Courrier sud, est le fruit de ses premières années d’aviation. De 1929 à
1939, il assure des liens aéropostaux en Argentine, où il se marie. À la même époque, son
deuxième roman, Vol de nuit, obtient le prix Femina. Après avoir été pilote de guerre, Antoine
de Saint-Exupéry s’installe aux États-Unis, où il écrit son roman le plus célèbre, Le Petit
Prince, conte poétique et philosophique dont le héros est un petit garçon venu du ciel. Ses
romans sont directement inspirés de son expérience de pilote. C’est lors d’une mission de
reconnaissance qu’il trouve la mort en avion/en plein vol, le 31 juillet 1944 (ou le 1er août). Il
aura consacré sa vie à ses deux passions : l’aviation et l’écriture.

Séance 2

A. Qui parle à qui ?


1- Le pronom « je » désigne l’auteur, Saint-Exupéry.
2- Il s’adresse « aux enfants » (l.2).
3- Le livre est dédicacé à son ami Léon Werth (l.1 et 21) ; les deux phrases qui lui sont
consacrées sont écrites en italique.

B. Le dédicataire (celui à qui le livre est dédicacé)


1- Ë C’est une « grande » personne (l.5).
Ë c’est le « meilleur » ami que l’auteur a « au monde » (l.5-6).
Ë cette personne peut « tout » comprendre (l.8).
Ë elle habite la France où elle a « faim » et « froid » (l.11).
Ë elle a besoin d’être « consolée » (l.12).

© Cned, Français 6e — 31

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c
c Séquence 8

2- a) Cette « grande » personne (l. 5) ; le « meilleur » ami que j’ai « au monde » (l. 5-6) ;
cette personne peut « tout » comprendre (l. 8).
b) Elle habite la France où elle a « faim » et « froid » (l. 11) ; elle a besoin d’être
« consolée » (l. 12).
3- Synthèse

Saint-Exupéry dédicace son livre à son ami Léon Werth. Il témoigne avec force de son amitié,
notamment par l’adjectif « grande », le superlatif « le meilleur… au monde », ainsi que par
l’adverbe « tout ». Ces éléments créent un effet d’hyperbole. Mais il émeut aussi le lecteur en
évoquant la faiblesse de son ami, sa détresse autant physique que morale.

4- L’ami de Saint-Exupéry vit la situation de guerre en France. Il est probablement résistant,


héros contraint de vivre caché et d’endurer des conditions de vie très difficiles.

C. Les destinataires
1- a) Saint-Exupéry s’excuse par avance auprès des enfants de ne pas leur avoir dédicacé son
livre, comme la couverture et le titre semblent l’engager.
b) Cette précaution n’était pas nécessaire, mais elle crée une occasion pour Saint-Exupéry
de rendre hommage à son ami, qui a su garder son cœur d’enfant.
2- Les deux intrus de la liste de sentiments sont la jalousie et la colère.
3- a) Les deux expressions qui semblent mises en opposition sont « grande(s) personne(s) »
et « enfant(s) », lignes 2-4, 7-9, 14-15, 16-17.
b) Ce qui compte c’est qu’une grande personne garde une part d’enfance en elle.
4- Voici les deux phrases qui justifient la réponse précédente : « Toutes les grandes personnes
ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) » (lignes 16-18).

D. Un pacte de lecture
1- Par sa dédicace, Saint-Exupéry établit un pacte avec son lecteur, qui peut être un enfant ou
une grande personne : c’est à l’enfant qui sommeille en chacun de nous que s’adresse ce
livre, c’est-à-dire à l’innocence et à la sensibilité.
2- a)
enfant nourriture amitié
cuisine grande personne faiblesse
grandeur télévision souffrance
animaux tristesse nature
générosité sport compréhension du monde
b)

personnage sentiment qualité état, expérience


enfant amitié grandeur faiblesse
grande(s) tristesse générosité souffrance
personne(s)
compréhension du
monde

32 — © Cned, Français 6e

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E. Vocabulaire : la dédicace

1- L’étymologie


Séquence 8

Le nom est tiré du verbe « dédier », issu du latin de dicare, signifiant « consacrer ». La
seconde proposition est donc la bonne réponse.
c c

2- La signification du mot

• La dédicace désigne à l’origine la consécration d’une église (le fait de la dédier à Dieu).

• Le mot s’est ensuite spécialisé dans le domaine artistique pour désigner l’action
consistant à dédier une œuvre à quelqu’un. Ce sens est devenu le plus courant.

3- Les mots de la même famille

a) Les mots de la même famille sont « dédicacer » et « dédier ».

b) - « dédicacer » signifie « pourvoir (fournir) une œuvre d’une dédicace », puis « offrir
une œuvre avec une dédicace manuscrite ».

- « dédier » a d’abord le sens spécialisé de « consacrer » un lieu (le rendre sacré en le


dédiant aux dieux). Puis, au figuré, il signifie « faire hommage de (un texte, un livre) à
quelqu’un ».

4- Les fonctions d’une dédicace

a) Saint-Exupéry insiste sur divers aspects de sa relation avec la « grande personne » :

- « J’ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au
monde » (lignes 4-6).

- « J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres
pour enfants » (lignes 6-9).

- « J’ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et
froid. Elle a besoin d’être consolée » (lignes 9-12).

b) Ces éléments éclairent sur le rôle que peut jouer une dédicace : elle permet de rendre
hommage et de témoigner son admiration ou son amitié.

F. Réécriture

« J’ai une excuse sérieuse : ces grandes personnes sont les meilleurs amis que j’ai au monde.
J’ai une autre excuse : ces grandes personnes peuvent tout comprendre, même les livres pour
enfants. J’ai une troisième excuse : ces grandes personnes habitent la France où elles ont faim
et froid. Elles ont besoin d’être consolées. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien
dédier ce livre aux enfants qu’ont été autrefois ces grandes personnes. »

© Cned, Français 6e — 33

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c
c Séquence 8

A. As-tu bien compris l’extrait ?


Questions
Séance 3

Réponses
Qui est le narrateur ? ˝ un pilote d’avion
® un dessinateur
® un journaliste
Où se trouve-t-il ? ® sur l’océan
˝ dans le désert
® au sommet d’une montagne
Que lui est-il arrivé ? ® son radeau s’est cassé dans l’océan
® sa voiture est accidentée
˝ son moteur d’avion est en panne
Par quoi est-il réveillé un matin ? ® le bêlement du mouton
˝ la voix du petit prince
® la voix d’un passager
Quelle est sa première réaction ? ® il a peur
® il le salue
˝ il n’en croit pas ses yeux

B. Un homme seul
1- a) et b)

Isolement géographique Tempérament Simple constat


« bien plus isolé qu’un « ni mécanicien, ni
naufragé » (l. 10-11) « J’ai ainsi vécu seul, sans passagers » (l. 4-5)
personne avec qui parler
« à mille milles de toute terre véritablement » (l. 1-2) « réussir, tout seul, une
habitée » (l. 10) réparation difficile» (l. 6)
2- a) Cette solitude pourrait se révéler particulièrement dramatique dans la mesure où le
personnage ne peut bénéficier d’aucune aide extérieure pour réparer son avion, et
qu’il risque de mourir de soif : « je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me
préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une
question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours. » (l. 4-8).
b) L’expression de la fin du texte qui confirme la menace qui plane sur le personnage est
« en danger de mort » (l. 35-36).

C. Réécriture
Elle a ainsi vécu seule (…) Quelque chose s’était cassé dans son moteur. Et comme elle n’avait
avec elle ni mécanicien, ni passagers, elle se prépara à essayer de réussir, toute seule, une
réparation difficile. C’était pour elle une question de vie ou de mort. Elle avait à peine de l’eau
à boire pour huit jours.
Le premier soir, elle s’est donc endormie sur le sable à mille milles de toute terre habitée. Elle
était bien plus isolée qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’Océan. Alors vous imaginez
sa surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix l’a réveillée.

34 — © Cned, Français 6e

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D. Expression écrite
Les réactions du narrateur peuvent être multiples mais doivent correspondre à ce qu’on a
appris du personnage : surprise, incrédulité (il n’y croit pas), colère (d’être dérangé), ou
Séquence 8

inversement tendresse, etc. La séance suivante te permet justement de lire la suite immédiate
de l’extrait.
c c

Séance 4

A. La mise en valeur de la solitude

« J’étais bien plus isolé •


qu’un naufragé sur un radeau » Parallélisme de
• construction

« Au
milieu de l’océan »/ •
• Énumération
« Au milieu du désert »

« perdu au
milieu du désert, à mille • Comparaison
milles de toute région habitée » •

« [il] Opposition sémantique

ne me semblait ni • (de sens)
égaré, ni mort de fatigue, ni mort
de faim, ni mort de soif, ni mort
de peur »

• Répétition
«à
mille milles de toute •
terre habitée »
« à mille milles de toute région Effets sonores
habitée. » •
« à mille milles de tous les
endroits habités »

B. Un effet de surprise
1- Les propositions qui traduisent la surprise du narrateur sont « ma surprise » (l. 1), « une
drôle de petite voix » (l. 2), et « Je regardai donc cette apparition » (l. 10), « avec des yeux
tout ronds d’étonnement. » (l. 10-11).
2- La réplique du narrateur qui manifeste son étonnement extrême est « Hein ! » (l. 4).
3- La particularité grammaticale de cette phrase est qu’elle n’a pas de verbe !
4- La comparaison du texte qui met en valeur la réaction du narrateur est « J’ai sauté sur mes
pieds comme si j’avais été frappé par la foudre » (l. 17-18).

© Cned, Français 6e — 35

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c
c Séquence 8

C. Un rôle pour le lecteur


1- Les deux phrases qui montrent que le lecteur est pris à témoin sont : « Alors vous imaginez
ma surprise » (l. 11-13) et « N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région
habitée. » (l. 22-23). Les marques de la 2e personne du pluriel ont été encadrées.
2- Le narrateur cherche à créer un lien de complicité avec le lecteur. Il conduit le lecteur à se
mettre à la place du narrateur, à s’imaginer la scène.
3-
Groupe verbal mode temps valeur
« Vous imaginez » indicatif présent présent d’énonciation
« N’oubliez pas » impératif présent défense
4- a) Parmi les cinq sens de l’être humain, deux sont sollicités dans la scène, l’ouïe et la
vue : « petite voix » (l. 13), « frotté mes yeux », « regardé » (l. 18), « yeux tout ronds
d’étonnement » (l. 21-22).
b) C’est la vue qui est particulièrement mise en valeur, non seulement par la répétition des
mots « yeux », mais aussi par la répétition des groupes verbaux en énumération : « J’ai
bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. (…) Je regardai ». Ces répétitions créent une
hyperbole.
c) L’effet produit est un effet d’insistance sur la surprise, par le procédé de l’hyperbole.
d) Les phrases « J’ai sauté sur mes pieds » (l. 17) et « Quand je réussis enfin à parler »
(l. 28) montrent combien le corps réagit fortement à la surprise, soit par un
mouvement extrême dans le premier exemple, soit par un blocage de la parole, dans le
second exemple.

D. Les effets sonores


1- Les mots ou expressions qui sont répétés plus de trois fois sont :
Ë « dessine-moi un mouton » (l. 14, 16, 32).
Ë « ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur »
(l. 24-25).
Ë « à mille milles de toute région habitée » (l. 10), « à mille milles de toute terre habitée »,
(l. 23) « au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée » (l. 27), « à mille milles
de tous les endroits habités » (l. 35).
2- Les nombreuses répétitions sonores créent un effet d’écho. D’ailleurs, sache que le petit
prince rencontre l’écho lors de son voyage, au chapitre XIX. Mais il sera très déçu de cette
rencontre qui ne lui apprend rien : « les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce
qu’on leur dit… ».

E. La rencontre
1- a) et b)
déterminants adjectifs noms
« une » « drôle » « voix »
« petite »
« un » « petit » « bonhomme »
« extraordinaire »
« cette » « apparition »
« mon » « petit » « bonhomme »
« du » (de + le) « petit » « prince »

36 — © Cned, Français 6e

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2- a) L’adjectif qualificatif qui apparaît plusieurs fois est « petit ».
Séquence 8

b) Il annonce le nom du personnage qui sera dévoilé à la fin de notre extrait : le petit
prince (l.38).

c) De nombreux personnages de contes merveilleux ont le qualificatif « petit », comme


le petit poucet (de Charles Perrault), le petit chaperon rouge (de Charles Perrault et
c c

des frères Grimm) ou encore comme la petite sirène, le vilain petit canard, et la petite
marchande d’allumettes, tous trois personnages d’Andersen. Ils désignent également
tous les titres des contes.

3- a) Le nom qui apparaît plusieurs fois est « bonhomme ».

b) On peut décomposer ce mot en « bon-homme ».

c) « Bonhomme » est un terme familier, parfois affectueux, qui signifiait autrefois


« homme bon ». Ce sont la bonté et l’innocence du petit prince qui vont séduire le
narrateur et le lecteur.

4- a) Le narrateur manifeste de l’affection en employant cette expression.

b) Dans l’expression « mon petit bonhomme », le déterminant possessif « mon »


témoigne d’un attachement, déjà, du narrateur au personnage.

5- Lignes 12 à 22.

a) Les deux expressions qui montrent que le personnage attend véritablement quelque
chose du narrateur sont : « qui me considérait gravement. » (l. 20), et « comme une
chose très sérieuse » (l. 30-31).

b) Ë La première et la dernière répliques du petit garçon sont identiques : « S’il vous


plaît... dessine-moi un mouton ! » (l. 14 et 32)

Ë Les modes et temps verbaux employés sont l’impératif présent.

Ë L’impératif a très souvent une valeur d’ordre, comme tu as pu le constater au fur et


à mesure des études de textes. Mais dans notre extrait, l’impératif présent a plutôt une
valeur de prière : le petit bonhomme semble supplier le narrateur, attendre beaucoup
de lui et de cette rencontre. C’est le sens des expressions « gravement » (l. 20) et
« chose très sérieuse » (l. 31).

Ë Le petit prince commet une erreur grammaticale, dans la conjugaison du présent de


l’impératif. « Dessine-moi un mouton » est employé à la 2e personne du singulier. Or
cette prière est précédée de « S’il vous plaît », employé à la 2e personne du pluriel.

La 2e personne du pluriel est souvent utilisée comme formule de politesse, ou quand


on ne connaît pas suffisamment la personne à qui l’on s’adresse. La 2e personne
du singulier est employée dans un contexte plus familier, entre personnes qui se
connaissent bien, ou entre enfants. En superposant la 2e personne du singulier et du
pluriel, le petit prince mélange la politesse envers un adulte et l’innocence, la familiarité
de l’enfant qui cherche un ami.

Ë Dès sa première réplique, le petit prince est très touchant, il semble réveiller le
cœur d’enfant du narrateur, et du lecteur. Une affection spontanée naît pour le petit
bonhomme, de la part du narrateur comme du lecteur.

© Cned, Français 6e — 37

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c
c Séquence 8

A. As-tu bien compris l’histoire ?

QUESTIONS
Séance 5

RÉPONSES
• Saint-Exupéry
Qui rencontre la rose ? • • le narrateur
• le petit prince

• sur le soleil
À quel endroit ? • • sur l’astéroïde B 612
• sur terre

• le petit prince et le narrateur


Qui sont les personnages du dialogue ? • • le petit prince et la fleur
• Saint-Exupéry et la fleur

• la déception
Quel est le premier sentiment du petit
• • l’amour
prince envers la fleur ?
• l’admiration

• elle est belle mais compliquée


Que pense le petit prince de la fleur ? • • elle est simple mais belle
• elle est belle et pure

B. La caractérisation de la rose
1-
qualités défauts
adjectifs • « belle » • « coquette »
• « si émouvante ! » • « [vanité] ombrageuse »
• « compliquée »
• « pas trop modeste »
• « contradictoire »
noms • « tendresse » • « vanité »
• « pauvres ruses »
groupes verbaux • « elle m’embaumait »
• « m’éclairait »
2- motivant, éprouvant, émouvoir, moulant, ému, promue, émotion, motif, émotif
3- Les trois mots de la même famille que « tendresse » sont « tendre » (adjectif ou nom),
« attendrissant » (adjectif) et « tendrement » (adverbe).
4- La rose symbolise l’amour.

38 — © Cned, Français 6e

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C. Les sentiments du petit prince
1- Les termes qui évoquent dans l’ordre les sentiments successifs du petit prince sont
« admiration » (l. 7), « tout confus » (l. 22), « tourmenté » (l. 27), « bonne volonté »
(l. 44), « amour » (l. 45), « malheureux » (l. 46).
2- a) Le petit prince est amoureux de la rose.
Séquence 8

c c

b) Mais il ne s’en rend compte qu’au moment où il en parle.


3- Lignes 48 à 61.
a) Les deux mots qui évoquent l’amour du petit prince sont les verbes « embaumer » et
« éclairer » : « Elle m’embaumait et m’éclairait. » (l. 55-56).
b) C’est le narrateur qui prononce le mot « amour » en premier, il a su lire dans le cœur
du petit prince : « Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite
douté d’elle » (l. 45-46).
c) Le dernier mot de l’extrait, qui est aussi le dernier du chapitre, est prononcé par le petit
prince : « Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer. » (l. 60-61).
d) • le narrateur n’écoute pas très attentivement le Petit Prince.
• le narrateur a compris avant le petit prince la nature des sentiments de celui-ci.
• le petit prince réalise son amour grâce au dialogue avec le narrateur.
• le petit prince sait depuis longtemps qu’il aime sa rose.
• par la confidence, une amitié se noue entre le petit prince et le narrateur.
• le petit prince veut déclarer son amour à la fleur.

D. Le pluriel des noms et des adjectifs


1-
A V B I S C T D U S B O P Y
Q S M Y S T E R I E U S E V
S R V E J O I C V R H F K L
D L R J A U P G R I F F E S
V S H G S X M H V E O L L G
Y D U V G J U K D U P E R F
M A L H E U R E U X D U S U
Z G E U J A N C W X R R Y O
2-

toux mystérieuse
fleur sérieux
griffes malheureux

3- a) Les mots au singulier sont « fleur » et « mystérieuse », car ils n’ont aucune marque de
pluriel.
b) Le mot au pluriel est « griffes », comme le prouve le « s » final.
c) Les mots qui peuvent être soit au singulier soit au pluriel sont « toux », « sérieux » et
« malheureux », car leur terminaison est « x », qui désigne parfois le pluriel. En dehors
de tout contexte, on ne peut pas trancher.

© Cned, Français 6e — 39

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c
c Séquence 8

4- a) et b) Les trois adjectifs réécrits au masculin singulier sont « mystérieux », « sérieux » et «


malheureux ». C’est la même orthographe au masculin pluriel.
c) On peut constater que les terminaisons ne changent pas.

E. Entraîne-toi
1-

champs cieux creux tapis pas


poids pois souris marins temps
tissus toux voies voix yeux
2-

noms au singulier noms au pluriel


animal animaux
bal bals
riz riz
cheveu cheveux
cheval chevaux
clé clés
détail détails
festival festivals
feu feux
genou genoux
hibou hiboux
mentalité mentalités
mal maux
marteau marteaux
œil yeux
récital récitals
sou sous
soupirail soupiraux
travail travaux
verrou verrous
3- Un dénouement fatal : des dénouements fatals
Une beauté fatale : des beautés fatales
Une question cruciale : des questions cruciales
Un problème crucial : des problèmes cruciaux
Une chaise bancale : des chaises bancales
Un lit bancal : des lits bancals
Un homme sérieux : des hommes sérieux
Un merveilleux bijou : de merveilleux bijoux
Une idée merveilleuse : des idées merveilleuses
Un festival idéal : des festivals idéals (ou idéaux)
Un banal éventail : de banals éventails
Une banale coïncidence : de banales coïncidences

40 — © Cned, Français 6e

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A. Le héros au début de son aventure
1- a) crainte Ë craintif
Séance 6
Séquence 8

c c

ignorance Ë ignorant
crédulité Ë crédule
gaucherie Ë gauche
curiosité Ë curieux
naïveté Ë naïf
immaturité Ë immature
maladresse Ë maladroit
inexpérience Ë inexpérimenté
peur Ë peureux
timidité Ë timide
b) Les adjectifs de la liste qui ne varient pas en genre (c’est-à-dire qui s’écrivent de la
même façon au masculin et au féminin), sont « crédule », « gauche », « immature » et
« timide ».
c)

Adjectif au masculin Adjectif au féminin


craintif craintive
ignorant ignorante
curieux curieuse
naïf naïve
maladroit maladroite
inexpérimenté inexpérimentée
peureux peureuse

2- a) Au début de son aventure, l’héroïne était vraiment craintive et ignorante.


b) Au début de leur aventure, l’héroïne et sa petite sœur étaient trop curieuses et naïves.
c) Au début de leur aventure, l’héroïne et son petit frère étaient vraiment inexpérimentés
et peureux.
3- a) Les noms constituent le champ lexical de la peur.
b) Les noms évoquant la peur, de l’émotion la plus faible à l’émotion la plus forte, sont :
terreur – crainte – frayeur – épouvante – appréhension – effroi – inquiétude
Ö Ç Ñ á Å Ü É

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c
c Séquence 8

c)

terreur

crainte
noms
terroriser
terrifier
craindre
verbes
terrorisé
terrifié
craintif
adjectifs

frayeur effrayer effrayé/effrayant


épouvante épouvanter épouvanté/épouvantable
appréhension appréhender X
effroi effrayer effrayé/effrayant
inquiétude (s’) inquiéter inquiet/inquiétant

B. Le héros mis à l’épreuve


1- La racine commune à tous ces mots a été surlignée.
probe preuve probité prouver épreuve
éprouver improbable éprouvant probable probatoire
2- Nous pouvons constater une variation du radical « prob/prouv/preuv », liée à l’évolution
des mots ci-dessus.
3-

preuve • • sans doute


probable • • démontrer
éprouvant • • malheur
probe • • ressentir
épreuve • • indice
improbable • • consciencieux
probité • • pénible
prouver • • vraisemblable
probablement • • douteux
éprouver • • honnêteté

C. La variété des émotions


1- a) attendrir, bouleverser, balayer, troubler, choquer, émouvoir
b) impressionné, stupéfait, frappé, abasourdi, gigantesque, ému
c) émoi, écriture, agitation, désarroi, choc, impression
3- Écriture
a) et b) La première fois que j’ai vu mon petit frère, j’ai été complètement bouleversée. Je
voyais ma maman, et mon papa souriant à ce petit bébé dans le berceau, j’étais très
émue. Il était adorable. J’avais hâte de rentrer avec lui à la maison. Je sentais bien que
j’avais un rôle à jouer, que ma vie allait changer. Mais jamais je n’aurais pu imaginer le
choc que j’ai vécu dans les semaines qui ont suivi…

42 — © Cned, Français 6e

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4- a)
pleurer
rayonner
trépigner
trembler
sursauter
s’emporter
dormir
danser
ranger
hurler
rire
sauter
répondre
boire
rougir
frissonner
Séquence 8

c c

escalader suer blêmir s’exclamer


b)

rayonner ;
danser ;
hurler ;
rire ;
pleurer ;
sauter ;
hurler ;
s’exclamer ;
blêmir ;
rougir ;
s’exclamer
frissonner

trembler ;
sursauter ;
trépigner ; suer ;
trembler ; hurler ;
s’emporter ; blêmir ;
hurler ; frissonner
blêmir ;
s’exclamer ;
rougir ;
frissonner

5-

© Cned, Français 6e — 43

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c
c Séquence 8

6-

Affirmations
a) Les émotions révèlent la valeur du héros.
b) Le héros ne peut maîtriser ses émotions. Elles ne lui apprennent
donc rien.
Vrai
X
Faux

c) C’est en éprouvant différentes émotions que le héros grandit et


X
avance sur le chemin de la sagesse.
d) Le récit peut se contenter d’une suite d’actions pour montrer que
X
le héros progresse dans sa force physique et morale

Séance 7

A. La rencontre

1- a) Le petit prince rencontre un renard.

b) Le personnage est merveilleux du fait qu’il a la parole, qu’il parle le même langage
que les hommes. La personnification est un procédé fréquent dans la littérature (tu
l’as d’ailleurs rencontrée plusieurs fois dans les séquences précédentes), qui permet de
confronter les univers, par exemple entre humains et animaux, et ainsi d’avoir un regard
critique.

2- Au début du dialogue, le petit prince est gagné par la mélancolie, la tristesse, l’ennui :
« Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste… » (l. 1).

3- a) Le petit prince cherche à combler sa solitude, à partager des choses : « Je cherche les
hommes, dit le petit prince. (…) Je cherche des amis. » (l. 6).

b) Les mots répétés en première position sont « je cherche… je cherche ». Ce parallélisme


de construction des phrases crée une sorte de répétition qui met en valeur le mot
« chercher », c’est-à-dire la quête du petit prince. La découverte de l’amitié aura
d’autant plus de prix que la quête était profonde, sincère.

4- a) Le renard qualifie sa vie de « monotone » (l. 22).

b) Il fuit les hommes, dont « les pas [le] font rentrer sous terre » (l. 24-25). Il leur reproche
de consommer la vie à toute vitesse, sans prendre le temps de se connaître les uns les
autres. Ainsi, c’est la solitude qui règne car l’amitié ne s’achète pas : « Les hommes
n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les
marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus
d’amis. » (l. 34-37).

c) Lors de tes lectures personnelles ou dans ce cours (séquence 7), tu as rencontré le


renard, de la fable de La Fontaine « Le corbeau et le renard ». Il y a aussi le goupil
rusé Maître Renart (avec un « t »). Dans Le Roman de Renart, texte écrit au Moyen Âge,
l’animal rusé ne cesse de jouer de mauvais tours, notamment à Ysengrin le loup et à sa
femme Hermeline, mais aussi à d’autres animaux de la forêt !

Dans ces deux cas, l’image du renard est très différente de celle présentée dans Le Petit
prince. Ici, le renard a un rôle positif, signe qu’il faut penser les choses autrement.

44 — © Cned, Français 6e

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B. Une amitié possible grâce à la force du dialogue
1- a) et b) C’est le renard qui parle le plus, qui donne une leçon d’amitié au petit prince.
Séquence 8

2- Le renard donne du verbe « apprivoiser » la définition suivante : « créer des liens » (ligne 9).
3- Lignes 11 à 18.
a) Les trois expressions répétées sont « tout semblable à cent mille… », « pas besoin
c c

de… », « unique au monde… ».


b) Les variations de pronoms personnels entre le « je/moi » et le « tu/toi » ont été
soulignées.
Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.
Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi
qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons
besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au
monde…
c) Après les variations du « je » et du « tu », c’est le pronom personnel « nous » qui
marque, dans le passage, l’amitié possible entre le renard et le petit prince (ligne 16).
4- Vers une nouvelle vie.
a) La nouvelle vie du renard est évoquée à l’aide :
• d’un adjectif mélioratif : « unique » (l. 17)
• d’une comparaison : « [ton pas] m’appellera hors du terrier, comme une musique. »
(l. 26)
• d’une métaphore : « ma vie sera (…) ensoleillée » (l. 23)
b) Le petit prince devra faire preuve de patience : « Il faut être très patient » (l. 40).
c) Au terme du dialogue et grâce au secret du renard, le petit prince peut compter au
moins deux amis, le renard et la rose, qu’il voit désormais différemment : « C’est le
temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante » (l. 48-49), « Je suis
responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir » (l. 52). Le temps
passé avec le narrateur fera également de ce dernier un ami, à la fin de l’histoire.

C. Le dialogue : caractéristiques et présentation


1- La part du dialogue est extrêmement dominante dans cet extrait.
2- Les caractéristiques typographiques.
Le passage d’un énoncé à l’autre est marqué par le retour à la ligne et la présence de tirets.
3- a) Voici, dans les lignes 1 à 10, les propos qui marquent la présence d’un narrateur :
« Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste » ; « Je ne puis
pas jouer avec toi, dit le renard » ; « Tu n’es pas d’ici, dit le renard » ; « Je cherche les
hommes, dit le petit prince » ; « C’est une chose trop oubliée, dit le renard ».
b) Les propos qui, au milieu d’une phrase de dialogue, marquent la présence d’un
narrateur s’appellent des propositions incises.
c) « Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste »
« Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard »
« Tu n’es pas d’ici, dit le renard »
« Je cherche les hommes, dit le petit prince »
« C’est une chose trop oubliée, dit le renard »
Ë Dans les propositions incises, le sujet est inversé.

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c
c Séquence 8

4- Temps et verbes.
a) Les verbes de parole utilisés sont ici « proposer » et « dire ». Ce dernier verbe est le plus
fréquemment utilisé (avec « demander »). Les verbes de parole de l’extrait ne sont pas
variés, ce qui correspond peut-être à la simplicité du récit.
b) Dans le récit, les verbes sont au passé simple. Dans notre dialogue, ils sont
principalement conjugués au présent et au futur de l’indicatif.

D. Écriture
Voici un exemple de ce qu’il était possible de rédiger.

Texte rédigé : Explications de la correction proposée :


Je me souviens de mon dernier voyage avec
mes parents, en Australie. J’avais alors
douze ans, et lors d’une randonnée dans
le bush, la forêt australienne, je me suis
perdu. J’étais apeuré et me sentais seul au
monde. Soudain, sous un arbre, je vis une
petite souris marsupiale. Je l’avais reconnue
car j’avais préparé notre voyage avec papa Le texte propose bien un dialogue inséré dans
et maman, en consultant des livres qui en un récit, à l’aide de guillemets ouvrants («) puis
faisaient mention. Elle me fixait de ses petits fermants (»), à la fin du dialogue.
yeux brillants.
« Tu as perdu tes parents ? Chaque changement d’interlocuteur est marqué par
un tiret.
- Quoi ? Tu me parles ? demandai-je les yeux
écarquillés. C’est bien toi qui me parles ?
- Oui. Je t’observe depuis tout à l’heure, Le texte contient au moins trois verbes de
répondit la souris. Tu as l’air complètement parole différents (ici en italique), qui créent des
effrayé, propositions incises.
- Oui, je me suis arrêté vers les eucalyptus
et je n’ai pas vu que le groupe avançait sans
moi. Et maintenant, je ne sais comment les
retrouver.
- Emmène-moi avec toi, je pourrais t’aider.
- Mais comment ? criai-je, tu es petite comme Dans le texte, les comparaisons (ici en gras)
un grain de sable, comment pourrais-tu me permettent au lecteur de se représenter la scène,
porter secours ? d’imaginer les personnages et de s’attacher à eux.
- Je vais te faire une confidence, me dit-elle
comme si elle partageait un grand secret.
Il ne faut pas se fier aux apparences. Sous
mes airs fragiles, je suis l’animal qui connaît
le mieux la forêt. Et je sais où se trouvent tes
parents.
- C’est vrai ? Génial ! Pardon d’avoir douté
de toi. Tu es une petite souris merveilleuse ! J’ai bien intégré dans mon récit un adjectif
Heureusement que je t’ai rencontrée ! mélioratif (ici souligné).
- Une petite souris merveilleuse… répéta
l’animal. Cela me plaît, et toi tu n’es
vraiment pas mal non plus. Un petit garçon
merveilleux ! Veux-tu être mon ami ?
Nous pourrions vivre un bout du voyage
ensemble ? »

46 — © Cned, Français 6e

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Oui, cette petite souris m’avait sauvé, et
elle m’avait touché aussi. Un petit bout
de chemin ensemble, ça c’était une idée
merveilleuse !
Séquence 8

Je me souviens l’avoir prise délicatement dans Les répétitions créent une complicité entre les
mes mains, l’avoir caressée avec douceur. personnages, chacun semblant rebondir sur les mots
de l’autre.
c c

Séance 8
Je connais Je suis capable de
• le contexte dans lequel a été écrit Le Petit • compléter l’introduction suivante :
Prince. Le Petit prince, écrit aux États-Unis en 1943,
raconte en textes et en images la vie d’un
enfant qui arrive d’une autre planète et qui
dépose sur la vie un regard plein d’innocence.
• l’importance de la dédicace par laquelle • sélectionner les bonnes réponses, en
s’ouvre le livre. les surlignant , parmi les propositions
suivantes :
Saint-Exupéry dédicace son livre à son ami
Léon Werth / le petit prince. Il témoigne avec
force de son amour / son amitié, notamment
par le nom / l’adjectif « grande » et par le
comparatif / le superlatif « le meilleur… au
monde ». Ces éléments créent un effet
d’hyperbole / de personnification.
• l’étymologie du nom « dédicace » • préciser l’étymologie du nom « dédicace »
en cochant la bonne réponse parmi les
trois propositions.
Le nom « dédicace » est issu du latin :
® dare qui signifie « donner »
˝ dicare qui signifie « consacrer »
® docere qui signifie « instruire »
Le nom est tiré du verbe « dédier », issu du
latin de- dicare, signifiant « déclarer »,
« révéler ».
• quelques procédés de mise en valeur de la • citer au moins deux exemples de procédés
solitude du narrateur, au début du récit. de valorisation de la solitude, parmi les
procédés suivants : énumération, répétition,
comparatif de supériorité, effets sonores
Voici un exemple d’énumération :
« [il] ne me semblait ni égaré, ni mort de
fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni
mort de peur »
Voici un exemple de procédé de
répétition :
« à mille milles de toute terre habitée », « à
mille milles de toute région habitée. », « à
mille milles de tous les endroits habités »
Voici un exemple de comparatif de
supériorité :
« J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur
un radeau »

© Cned, Français 6e — 47

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c
c Séquence 8

• les qualités et défauts de la rose du petit


prince.
• repérer dans le tableau ci-dessous les
qualités et défauts de la rose tels qu’ils
figurent dans Le Petit Prince. Pour cela, barre
les 4 adjectifs, les 2 noms et le verbe qui ne
figurent pas dans le livre.
Qualités Défauts
Adjectifs « belle » « coquette »
« sublime » « simplette »
« émouvante ! » « [vanité] ombrageuse »
« touchante » « pas trop modeste »
« ambitieuse »
« contradictoire »
Noms « tendresse » « vanité »
« splendeur » « pauvres ruses »
« orgueil »
Groupes « elle m’éblouissait »
verbaux « elle m’embaumait »
« [elle] m’éclairait »

• le vocabulaire des émotions. • relier chaque verbe à l’émotion qui lui


correspond :
rayonner •
s’emporter •
trembler • • colère
sursauter • • peur
rire • • joie
blêmir • • douleur
danser •
frissonner •
• le pluriel des noms communs et des • écrire au pluriel les expressions suivantes :
adjectifs.
un projet fatal : des projets fatals
un fauteuil bancal : des fauteuils bancals
un garçon sérieux : des garçons sérieux
un endroit idéal : des endroits idéals/idéaux
un beau château : de beaux châteaux
un merveilleux cheval : de merveilleux chevaux
un joyeux carnaval : de joyeux carnavals
un travail peu banal : des travaux peu banals
un long cou : de longs cous
un gros caillou : de gros cailloux

48 — © Cned, Français 6e

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• la présentation du dialogue.
du dialogue (tirets et guillemets) :
Séquence 8

• rétablir dans l’extrait suivant les marques

« - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit


prince. Je suis tellement triste…
c
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne
suis pas apprivoisé. (…)
c

- Qu’est-ce que signifie “apprivoiser” ?


- Tu n’es pas d’ici, dit le renard, que cherches-
tu ?
- Je cherche les hommes, dit le petit prince. (…)
Je cherche des amis.
Qu’est-ce que signifie “apprivoiser” ?
- C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça
signifie “créer des liens…”
- Créer des liens ? »

• quelques phrases célèbres du Petit Prince. • pour chacune des citations suivantes,
préciser qui parle, et à qui.
Ë « S’il vous plaît, dessine-moi un mouton » :
Le petit prince parle au narrateur.
Ë « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel
est invisible pour les yeux » : Le renard parle
au petit prince.
Ë « Toutes les grandes personnes ont d’abord
été des enfants » : l’auteur dans sa dédicace.
Ë « J’aurais dû la juger sur les actes et non sur
les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait » :
le petit prince parle au narrateur, à propos de
sa fleur.

© Cned, Français 6e — 49

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c
c Séquence 9

SÉQUENCE 9
Séance 1

A. Le théâtre antique
1- Le théâtre grec
a) Vrai ou faux ?

Affirmations Vrai Faux – Rectification


1- Le théâtre grec se déroule en plein air. ˝
2- Se rendre au théâtre est un devoir civique ˝
et religieux.
3- Les représentations n’avaient lieu que le ˝ Elles avaient lieu toute la
soir. journée.
4- Toutes les classes de la société y sont ˝
réunies en même temps.
5- Le théâtre est gratuit seulement pour les ˝ Il est gratuit pour tous.
plus pauvres.
6- Apollon est le dieu du théâtre. ˝ C’est Dionysos, le dieu associé
au théâtre.
b) Lecture de l’image
É La skênè ou la scène est un édifice rectangulaire où est rangée la machinerie (Nous
reparlerons du « deus ex machina »). Il sert aussi de loge pour les acteurs et de décor pour
le mur de scène.
Ñ Le proskênion ou avant-scène est l’emplacement où jouent les acteurs.
Ö L’orchestra est une aire circulaire de vingt mètres de diamètre où se place le chœur. Au
centre se trouve le Ü Thymèlè, l’autel de Dionysos, autour duquel chantent et dansent les
choristes.
Ç Le parodos est l’un des deux couloirs latéraux qui permet d’entrer dans le théâtre.
Å Le théâtron est l’hémicycle de gradins de pierre où s’assoient les spectateurs.
2- Le théâtre romain
a)


Théâtre d’Orange, France, Théâtre d’Orange, France,
Photo R. David, avril 2007 Photo R. David, avril 2007
mur de scène cavea (hémicycle)
scène orchestra

50 — © Cned, Français 6e

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B. L’évolution du théâtre : Moyen Âge, Renaissance, théâtre classique
1- Le Moyen Âge
2- La Renaissance

T H E A T R O M P E R I E T R E T
c
Séquence 9

H
c

E A T R E I T H E A T A R E T F H R
E A T R E R T H E A T R R E T A H U
E C O M M E D I A D E L L ’ A R T E
T H E I A T R E T H E E T R E C T H
E A T M R E T H E A T Q R E T E H E
A T R E E T R É T E A U X T H S E A
T R E S T H E A T R E I T H E A T R
R E L I G I E U X C A N E V A S E T
- adjectif qui qualifie le théâtre au début du Moyen Âge : religieux (H)
- valet rusé de la commedia dell’arte : Arlequin (V)
- verbe qui traduit le but du théâtre italien de la commedia dell’arte : rire (V)
- pièces en bois qui soutiennent la scène au Moyen Âge et à la Renaissance : tréteaux (H)
- théâtre de professionnels né en Italie vers 1500 : commedia dell’arte (H)
- pièces comiques jouées lors de mariages ou de fêtes populaires : farces (V)
- scénario fixé d’avance, très court : canevas (H)
- genre théâtral, excluant tout recours à la parole, fondé sur l’expression corporelle : mimes
(V)
- lieu essentiel de représentation des pièces de théâtre : rue (V)
- sujet abordé par les farces : tromperie (H)
3- La scène au temps de Molière
a) et b)

c) Un petit jeu pour finir !


Les quatre dramaturges sont les suivants : Sophocle ( seau + faux + cle)
Corneille – Racine – Molière (maux + lierre)

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c
c Séquence 9

A. Les caractéristiques du genre théâtral


1- Une mise en page singulière
Séance 2

a) Page de titre
® Le titre indique que quelqu’un est un brillant médecin.
Non : Le titre indique que quelqu’un est médecin contre son gré.
˝ L’œuvre est une pièce de théâtre destinée à faire rire.
˝ Le roi Louis XIV a assisté à la première représentation.
˝ Nous avons la liste des personnages qui vont jouer dans cette pièce.
˝ Par cette liste, nous connaissons la distribution des rôles.
® Nous savons que Valère et Lucinde s’aiment.
Non : Ce sont Lucas et Lucinde qui s’aiment.
® Nous apprenons que Géronte est un vieillard malade.
Non : Nous apprenons seulement que Géronte est le père de Lucinde. Mais pour qui a
étudié un peu le grec, le nom Géronte évoque la vieillesse : *gérôn signifie « vieux » en
grec.
˝ Lucas et Jacqueline sont époux, ainsi que Sganarelle et Martine.
˝ Lucas et Jacqueline sont au service de Géronte.
® Dans un roman, la liste et le rôle des personnages nous sont aussi donnés au début.
Non : Dans une pièce de théâtre, la liste des personnages et leur rôle nous sont donnés
d’emblée alors que dans un roman, nous les découvrons au fur et à mesure de leur
apparition et nous tissons nous-mêmes les liens entre eux.
b) Incipit (début) de la pièce
ACTE I
Scène 1
SGANARELLE, MARTINE,
paraissant sur le théâtre en se querellant.
SGANARELLE. — Non je te dis que je n’en veux rien faire ; et que c’est à moi
de parler et d’être le maître.
MARTINE. — Et je te dis moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie : et que je
ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines1.
SGANARELLE. — Ô la grande fatigue que d’avoir une femme : et qu’Aristote2 a
bien raison, quand il dit qu’une femme est pire qu’un démon !
MARTINE. — Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt d’Aristote.
SGANARELLE. — Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots3, qui
sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin,
et qui ait su dans son jeune âge, son rudiment4 par cœur.
Le Médecin malgré lui, Molière

1. fredaines : folies
2. Aristote : philosophe de l’Antiquité grecque, souvent cité par les gens instruits de l’époque. Aristote n’a jamais
dit ce que Sganarelle laisse entendre.
3. fagots : petites branches liées entre elles, souvent utilisées pour faire du feu
4. rudiment : le rudiment est un «petit livre qui contient les principes de la langue latine.

52 — © Cned, Français 6e

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Informations
en caractères gras
ACTE I
Scène 1
découpage de la pièce
Informations en capitales
d’imprimerie sans caractères gras
SGANARELLE
MARTINE
noms des personnages
Informations
en italique
Séquence 9

paraissant sur le théâtre en


se querellant
informations de mise en
c c

scène

c) Invention

ACTE I
Scène 1
UNE MÈRE, SON FILS,
paraissant sur le théâtre en se querellant.
LA MÈRE : (en hurlant)
- Et je te dis, moi, que je veux que tu ranges ta chambre !
LE FILS : (en se bouchant les oreilles)
- Cesse de hurler, n’as-tu pas remarqué que je suis juste à côté de toi et que, par
conséquent, je t’entends !
LA MÈRE : (en pointant l’index vers son fils)
- Ne me parle pas de la sorte ! Ta chambre est un capharnaüm !
LE FILS : (en se moquant)
- Un capharnaüm ! Pourquoi pas un auditorium, un solarium, ...
LA MÈRE : (en lui coupant la parole)
- Ah ! Tu te gausses* ! Eh bien, je vais, de ce pas, la ranger, moi, ta chambre !
LE FILS : (en se plantant, bras écartés devant sa mère) - Non ! J’y vais, j’y cours,
j’y vole ...
LA MÈRE : (se laissant tomber sur une chaise, les bras ballants)- Et nous venge,
aurait dit Corneille, au temps où les fils honoraient leurs parents ! Quelle journée!

*Se gausser : se moquer, tourner en ridicule

(R. David pour le Cned)

© Cned, Français 6e — 53

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c
c

54
Séquence 9

— © Cned, Français 6e
Le Médecin malgré lui, Molière

1- Les personnages en présence

ACTES ACTE I Total ACTE II Total ACTE III Total Total


Scènes Une forêt, près de la maison de Acte Une chambre dans la maison Acte Un lieu voisin de la maison de Géronte Acte Pièce
B. Analyse tabulaire de la pièce

Sganarelle I de Géronte II III


Sc.1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Personnages
Sganarelle x x x 3 x x x x 4 x x x x x x x x x x 10 17
Martine x x x x 4 0 x x x 3 7
M. Robert x 1 0 0 1
Valère x x 2 x x x 3 0 5
Lucas x x 2 x x x x 4 x x x x x x 6 12
Géronte 0 x x x x 4 x x x x x x x 7 11
Jacqueline 0 x x x x 4 x x x 3 7
Lucinde 0 x 1 x x 2 3
Léandre 0 x 1 x x x x 4 5
Thibaut 0 0 x 1 1
Perrin 0 0 x 1 1
Nombre de 2 3 1 3 3 4 5 4 6 2 2 3 3 2 3 5 2 3 3 4 7
personnages
sur scène

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Séquence 9

c) Après avoir bien observé les données de ce tableau, complète le texte suivant qui en
dégage les informations essentielles.
Le personnage le plus présent dans la pièce est Sganarelle : il apparaît dans dix-sept scènes
sur vingt et une. On peut donc supposer qu’il est le héros. Or ce personnage est « faiseur
de fagots », comme nous l’indique sa troisième réplique dans la scène 1 de l’Acte I ; quel
est donc le lien avec le titre de la pièce dont on peut penser qu’il concerne le personnage le
c c

plus important ? Voilà une première énigme à résoudre ...


Son épouse, Martine, n’intervient que dans les quatre premières scènes et dans les trois
dernières. Elle est, de plus, le seul personnage à apparaître seule sur scène dans la scène 3
de l’Acte I.
Comment interpréter son intervention solitaire et sa longue disparition au cœur de la
pièce ? Nous voici face à une nouvelle interrogation ...
Les jeunes amants, Lucinde et Léandre ne sont réunis que deux fois et, qui plus est, à la fin
de la pièce. C’est étrange, n’est-ce pas ?
En fait, la lecture du tableau pose plus de questions qu’elle n’en résout, mais c’est
justement là son intérêt !
2- Le découpage de la pièce
a) L’acte le plus long est le troisième et dernier acte.
b) On peut supposer que certaines scènes, les dernières notamment, sont très courtes,
que le rythme s’accélère vers une fin heureuse, après la résolution des difficultés.
c) Un personnage, au moins, reste d’une scène à l’autre afin d’établir une continuité et
éviter que la scène ne soit vide.
d) La scène 4 de l’Acte II et la scène 11 de l’Acte III réunissent le plus grand nombre de
personnages.
e) On peut supposer que ce sont des moments cruciaux. La scène 4 de l’Acte II correspond
sans doute au nœud de l’action et la scène finale fait partager la joie retrouvée.

Séance 3

A. La vie et l’œuvre de Molière en cinq actes

B. Fiche bio-bibliographique de Jean Baptiste Poquelin dit Molière


Le père de Molière était tapissier du roi.
Molière a eu envie de jouer au théâtre en voyant les bateleurs du Pont-Neuf et la troupe royale.
Il fonde avec l’actrice Madeleine Béjart l’Illustre Théâtre.
En province, il obtient, pendant deux ans, la protection du Prince de Conti.
De retour à Paris, Molière séduit le frère du roi Louis XIV.
Deux œuvres de Molière ont été interdites puis réhabilitées grâce à l’intervention du roi. Ce
sont les suivantes Les Précieuses ridicules et le Tartuffe.
Pour plaire au roi, Molière introduit des ballets écrits par Lully.
Molière, malade, meurt sur scène, en jouant Le Malade imaginaire.
Une des trois pièces suivantes n’a pas été écrite par Molière Le docteur Knock.

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c
c Séquence 9

Un des trois auteurs suivants n’est pas contemporain de Molière ; c’est Plaute.

NOM : Jean-Baptiste Poquelin dit MOLIÈRE


L’HOMME

Profession - nationalité : Dramaturge français


Genre littéraire : Théâtre
Années de naissance et de mort : 1622-1673
Siècle : XVIIe siècle (siècle de Louis XIV)
L’ŒUVRE
Ë Il a essentiellement écrit des pièces de théâtre et surtout des comédies.
Les Précieuses ridicules (1659)
Tartuffe (1664)
Dom Juan (1665)
Le Misanthrope (1666)
Le Médecin malgré lui (1666)
L’Avare (1668)
Le Bourgeois gentilhomme (1670)
Les Fourberies de Scapin (1671)
Les Femmes savantes (1672)
Le Malade imaginaire (1673)

Séance 4

A. Une scène de théâtre


1- Les didascalies

Didascalie recopiée Type d’information apportée


Acte I, scène 1 Découpage de la pièce
SGANARELLE Personnages sur scène
MARTINE
En se querellant Indications scéniques
Il prend un bâton, et lui en donne.
2- Les répliques
a) Dans la scène 1 de l’Acte I, l’échange de répliques entre les deux personnages
correspond à :
® un monologue ® un aparté ˝ un dialogue
b) Les personnages utilisent un niveau de langage :
˝ courant ˝ familier ® soutenu
c) Le premier mot « non » de la première réplique indique :
® que Sganarelle refuse la discussion
˝ que la discussion entre les personnages a commencé avant l’entrée en scène
˝ que Sganarelle est en désaccord avec Martine

56 — © Cned, Français 6e

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˝ sens propre, sens figuré
® par des mots doux

® sur la prononciation
Séquence 9

d) Au début de l’échange (lignes 1 à 25), les personnages s’écoutent l’un l’autre : on s’en


aperçoit :
˝ par la reprise de mêmes mots ® par des exclamations
e) Les répliques 38 et 39 montrent la mauvaise foi de Sganarelle en jouant sur :
® sur la hauteur de voix
c c

f) Aux lignes 55 à 64, le rythme devient endiablé : les personnages ne s’écoutent plus ; on
peut le voir par :
® les répliques que chacun prononce pour soi
˝ les répliques de Martine limitées à des injures
˝ les répliques de Sganarelle limitées à des menaces de coups
g) La réplique de Martine (lignes 63 et 64), correspondant à une accumulation d’injures,
montre que cette dernière est :
˝ révoltée ˝ en colère ® compréhensive
Outre la mise en page particulière du texte, la vivacité du dialogue contribue à identifier le
genre théâtral.

B. Une scène d’exposition


1- Les personnages
Deux personnages, Sganarelle et Martine entrent en scène « en se querellant » comme le
précise la didascalie initiale. Nous entrons d’emblée dans le vif de l’action : nous avons
déjà parlé de début in « medias res », souviens-toi. Ils sont mari et femme : les répliques
aux lignes 14 à 20 en témoignent. Dans leur dispute, les deux personnages se dévoilent : en
effet, en même temps qu’ils dialoguent, ils informent aussi les spectateurs : c’est ainsi que
le public peut comprendre de quoi il s’agit. La communication est donc double au théâtre.
Nous reconnaissons deux personnages de comédie, de farce même puisque ce sont deux
paysans : Lui est « faiseur de fagots » (ligne 9) et estime que son épouse n’a pas à se
plaindre. Sganarelle a une haute opinion de lui même : il cite le philosophe grec Aristote,
se vante d’avoir servi un médecin et de connaître des bases de latin (lignes 4 à 11). Il avoue
néanmoins être un « bon vivant » : manger et boire lui donnent satisfaction ; sa réplique à
la ligne 41 le prouve.
C’est ce que lui reproche sa femme : en effet, la paresse de Sganarelle et son penchant pour
la boisson réduisent la famille à la misère. Martine ne peut même pas nourrir ses enfants et
la maison se vide de ses meubles : les répliques de Martine, des lignes 25 à 40, traduisent
leur situation désespérée. Sganarelle fournit des réponses inadaptées aux vives inquiétudes
de Martine : ainsi, la colère de cette dernière grandit : les insultes pleuvent à un rythme
endiablé. Sganarelle perd patience et, à bout d’arguments, se retranche derrière la violence.
Il roue Martine de coups sur le postérieur. C’est en cela aussi que nous pouvons mesurer la
distance entre la comédie et la tragédie : dans la seconde, on gifle ou soufflette le visage,
siège de l’intelligence ; dans la première, on s’attaque à une partie du corps moins noble.
2- L’intrigue
Martine, maltraitée par Sganarelle, déborde de colère : peut-être va-t-elle chercher à se
venger ? Comment ?
Le titre de la pièce, Le Médecin malgré lui, laisse entendre que quelqu’un doit endosser ce rôle
contre son gré. Or, Sganarelle a servi un médecin pendant six ans et dispose de quelques
mots latins. Il pourrait sans doute devenir ce savant par la ruse de sa femme. La présence
d’un médecin suppose également celle d’un malade.
Qui est souffrant ?

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c
c



Séquence 9

Comment Sganarelle prodiguera-t-il des soins alors qu’il est bûcheron ?


Quelle ruse Martine va-t-elle imaginer pour être crédible et pour que son mari accepte de
jouer ce rôle ?
Cette première scène a de quoi piquer notre curiosité. Ton intérêt est éveillé !
Molière a atteint son but !

C. Dialogue dans le récit et dialogue de théâtre


Exercice d’écriture

Chez les Vingtras, un mardi, à l’heure du déjeuner.


LA MÈRE (d’une voix criarde) : Jacques ! J’ai proposé un dialogue en faisant apparaître
Jacques ! À table ! le nom des personnages en lettres capitales
Jacques se hâte de paraître. d’imprimerie.
JACQUES : Mille excuses de vous avoir fait Je suis allé à la ligne à chaque changement
attendre, Mère. Je ne me sens pas très bien et d’interlocuteur.
n’ai pas très faim.
LA MÈRE : Comment cela, pas très faim ?
Rappelle-moi quel jour nous sommes.
JACQUES : Mardi, Mère.
LA MÈRE (goguenarde*) : Mardi, jour du J’ai ajouté des didascalies pour montrer la
hachis aux oignons ; comme par hasard ! On personnalité de la mère.
ne gâche pas la nourriture, mon enfant, et on
doit se forcer à manger, surtout si on n’aime
pas ! J’ai tenu compte des informations du texte de
JACQUES (se tordant) : Je vous assure, Mère, départ.
que votre hachis est délicieux mais j’ai
d’horribles crampes à l’estomac.
LA MÈRE (en colère) : Jamais, je n’aurais osé
refuser la nourriture que me présentait ma
mère ! Tu es un ingrat !
JACQUES : Je vais vomir.
LA MÈRE : Tu le fais exprès !
JACQUES : Non, Mère, je ...
LA MÈRE : Une double portion te guérira !
Assez discuté !
* en se moquant

Séance 5

A. La progression de l’intrigue
1- Le monologue de Martine
a) Un peu de vocabulaire
Un prologue est un discours d’introduction servant à présenter des événements antérieurs
à l’action proprement dite dans une œuvre théâtrale. Dans le théâtre grec antique, c’est la
partie de la pièce qui précède l’entrée du chœur, où l’on exposait le sujet.
Un dialogue est un discours entre plusieurs personnes. Leur nombre n’est pas limité à deux.
Un dialogue est un véritable échange, au cours duquel chaque personne écoute l’autre.
Un monologue est un discours qu’une personne prononce seule, pour elle-même.

58 — © Cned, Français 6e

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Séquence 9

Un épilogue est la dernière partie, la conclusion d’un discours. C’est aussi un discours
écrit après l’œuvre elle-même. Dans le théâtre antique, c’était un petit discours en vers
qui était récité par un acteur à la fin d’une représentation pour demander au public son
approbation.
b) La réplique de Martine
® Martine se parle à elle-même : elle réfléchit tout haut à un moyen adapté de se venger
c c

de son mari qui l’a frappée.


˝ Martine se parle certes à elle-même, mais elle est sur scène. Elle informe donc le public
qu’elle cherche un moyen de se venger des coups de son mari. Ainsi, le public devient
complice de sa ruse.
® Martine parle seule, mais elle a vu que Sganarelle s’était caché et elle veut qu’il sache
qu’il ne perd rien pour attendre.

Souviens-toi : nous avons parlé de la double énonciation dans la séance 4 !


2- Une rencontre idéale
Une intrigue complexe

Affirmations vrai faux corrections


La didascalie initiale indique que trois X
personnages occupent la scène.
Le dialogue de Valère et Lucas est X
entrecoupé, deux fois, par les paroles de
Martine.
Martine se parle à elle-même, à voix basse X La didascalie « haut » prouve
uniquement ; personne ne l’entend. que le spectateur l’entend,
ainsi que les deux autres
personnages.
Valère et Lucas sont censés ne pas voir X
Martine ni l’entendre, jusqu’à ce qu’elle les
heurte.
Les premières répliques de Martine, X Elles le confirment : Martine
prononcées à part, contredisent son cherche à se venger.
monologue de la scène précédente.
Le spectateur apprend que Valère et Lucas X
sont au service d’un même maître.
Le spectateur apprend encore que ce maître X Elle n’est pas aveugle mais
a une fille qu’il veut marier à un certain muette.
Horace, mais que le mariage est retardé
parce qu’elle est subitement devenue aveugle.
Cette jeune fille est amoureuse d’un certain X
Léandre.
Le spectateur apprend en six lignes X
seulement qu’un père veut marier sa fille ;
que ce mariage a été contrarié par le
mutisme soudain de la jeune fille qui aime
un autre homme !
Valère et Lucas ont pour mission de trouver X Ils doivent trouver un
ce Léandre. médecin et non Léandre.
Le spectateur apprend que Martine a trouvé X
le moyen de se venger de son mari.

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c
c Séquence 9

Elle fait croire à Valère et Lucas, qui


cherchent un médecin, que son mari en
connaît un fameux.
Martine persuade les deux hommes de
frapper son mari, pour qu’il avoue être
médecin.
X
X Elle leur fait croire que son
mari est médecin, mais qu’il
ne veut pas l’avouer.

B. Des outils grammaticaux au service du sens


1- Les types de phrases : redécouverte
a) VALÈRE : « Voilà une étrange folie ! »
ƒ L’exclamation de Lucas qui élève la voix invite à une écoute attentive.
b) VALÈRE : « [...] Horace qui est libéral, a bonne part aux prétentions qu’on peut avoir sur sa
personne : et quoiqu’elle ait fait voir de l’amitié pour un certain Léandre, tu sais bien que son
père n’a jamais voulu consentir à le recevoir pour son gendre. »
ƒ Valère rappelle à Lucas leur mission. Il n’attend pas de réaction particulière de ce dernier.
c) MARTINE : « Mais souvenez-vous bien au moins, de l’avertissement que je vous ai donné. »
ƒ Martine conseille vivement à Valère et Lucas de donner des coups de bâton à Sganarelle
pour qu’il avoue qu’il est médecin. Ils suivront ce conseil.
2- Les types de phrases : manipulations
a) Martine veut connaître l’identité de Géronte. (type interrogatif)
Martine demande à Valère et Lucas : « Qui est ce Géronte dont vous parlez ? »
b) Sganarelle se plaint de Martine à Lucas. (type exclamatif)
« Qu’il est pénible d’avoir une femme ! »
c) Sganarelle conseille à Valère de ne pas se marier (type impératif)
« Valère, ne prenez jamais femme ! »
d) Lucas informe Martine de la maladie de Lucinde. (type déclaratif)
« Lucinde, la fille de Géronte, est devenue muette après qu’elle a appris qu’elle ne
devait pas épouser Léandre. »
e) Le professeur interroge les élèves sur les types de phrases. (type interrogatif)
« Quels types de phrases connaissez-vous ? Quel est le rôle de chacun d’eux ? »

Séance 6

A. Une scène capitale


1- Le théâtre dans le théâtre
® Lucinde est vraiment muette.
˝ Lucinde fait croire qu’elle est muette.
˝ Sganarelle fait croire qu’il est médecin.
® Le spectateur ne sait pas que Sganarelle n’est pas médecin.
® Le spectateur sait que Lucinde est muette.
˝ Géronte ne sait pas que Sganarelle n’est pas un vrai médecin.

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® Lucinde sait que Sganarelle n’est pas un vrai médecin.
˝ Sganarelle ne sait pas que Lucinde est une fausse malade.
Séquence 9

Le jeu domine dans la scène 4 de l’Acte II : l’illusion théâtrale est totale. En effet, en faisant
croire qu’elle est muette, Lucinde joue la comédie et Sganarelle, en faisant croire qu’il est
médecin, joue, lui aussi, la comédie. Cependant, l’un et l’autre ne le savent pas ! C’est le
théâtre dans le théâtre !
c c

De plus, tous les autres personnages ignorent aussi que Sganarelle n’est pas médecin. En
revanche, le spectateur le sait.
Enfin, tous les personnages et le spectateur ignorent que Lucinde n’est pas vraiment muette.
2- Le pouvoir de la parole
˝ Le volume de paroles de Sganarelle est le plus important : il représente plus de la moitié
des répliques échangées entre les personnages.
® Sganarelle réussit à déchiffrer les paroles de Lucinde et les explique à Géronte.
® Les didascalies indiquent que sa hauteur de voix est supérieure à celle des autres
personnages.
˝ Son niveau de langage est plus soutenu que celui des autres personnages : il emploie des
mots en latin (ou presque) contre des mots en patois.
˝ La construction de ses phrases est plus élaborée : ses phrases sont plus longues et parfois
complexes.

B. La satire des médecins


Les différents mots du texte appartenant au champ lexical de la médecine ont été surlignés .
LUCINDE, VALÈRE, GÉRONTE, LUCAS,
SGANARELLE, JACQUELINE
SGANARELLE.— Est-ce là, la malade ?
GÉRONTE.— Oui, je n’ai qu’elle de fille : et j’aurais tous les regrets du monde,
si elle venait à mourir.
SGANARELLE.— Qu’elle s’en garde bien, il ne faut pas qu’elle meure, sans
l’ordonnance du médecin.
GÉRONTE.— Allons, un siège.
SGANARELLE.— Voilà une malade qui n’est pas tant dégoûtante : et je tiens
qu’un homme bien sain s’en accommoderait assez.
GÉRONTE.— Vous l’avez fait rire, Monsieur.
SGANARELLE.— Tant mieux, lorsque le médecin fait rire le malade, c’est le
meilleur signe du monde. Eh bien ! de quoi est-il question ? qu’avez-vous ? quel est
le mal que vous sentez ?
LUCINDE répond par signes, en portant sa main à sa bouche, à sa tête, et sous
son menton.— Han, hi, hon, han.
SGANARELLE.— Eh ! que dites-vous ?
LUCINDE continue les mêmes gestes.— Han, hi, hon, han, han, hi, hon.
SGANARELLE.— Quoi ?
LUCINDE.— Han, hi, hon.
SGANARELLE, la contrefaisant.— Han, hi, hon, han, ha. Je ne vous entends
point : quel diable de langage est-ce là ?
GÉRONTE.— Monsieur, c’est là, sa maladie. Elle est devenue muette, sans que
jusques ici, on en ait pu savoir la cause : et c’est un accident qui a fait reculer son
mariage.

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c
c Séquence 9

SGANARELLE.— Et pourquoi ?
GÉRONTE.— Celui qu’elle doit épouser, veut attendre sa guérison, pour conclure
les choses.
SGANARELLE.— Et qui est ce sot-là, qui ne veut pas que sa femme soit muette ?
Plût à Dieu que la mienne eût cette maladie, je me garderais bien de la vouloir
guérir.
GÉRONTE.— Enfin, Monsieur, nous vous prions d’employer tous vos soins, pour
la soulager de son mal.
SGANARELLE.— Ah ! ne vous mettez pas en peine. Dites-moi un peu, ce mal
l’oppresse-t-il beaucoup ?
GÉRONTE.— Oui, Monsieur.
SGANARELLE.— Tant mieux. Sent-elle de grandes douleurs ?
GÉRONTE.— Fort grandes.
SGANARELLE.— C’est fort bien fait. Va-t-elle où vous savez ?
GÉRONTE.— Oui.
SGANARELLE.— Copieusement ?
GÉRONTE.— Je n’entends rien à cela.
SGANARELLE.— La matière est-elle louable ?
GÉRONTE.— Je ne me connais pas à ces choses.
SGANARELLE, se tournant vers la malade.— Donnez-moi votre bras. Voilà un
pouls qui marque que votre fille est muette.
GÉRONTE.— Eh ! oui, Monsieur, c’est là son mal : vous l’avez trouvé tout du
premier coup.
SGANARELLE.— Ah, ah.
JACQUELINE.— Voyez, comme il a deviné sa maladie.
SGANARELLE.— Nous autres grands médecins, nous connaissons d’abord, les
choses. Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire : « C’est ceci, c’est
cela » : mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que votre
fille est muette.
GÉRONTE.— Oui, mais je voudrais bien que vous me pussiez dire d’où cela
vient.
SGANARELLE.— Il n’est rien plus aisé. Cela vient de ce qu’elle a perdu la
parole.
GÉRONTE.— Fort bien : mais la cause, s’il vous plaît, qui fait qu’elle a perdu la
parole ?
SGANARELLE.— Tous nos meilleurs auteurs vous diront que c’est l’empêchement
de l’action de sa langue.
GÉRONTE.— Mais, encore, vos sentiments sur cet empêchement de l’action de
sa langue ?
SGANARELLE.— Aristote là-dessus dit… de fort belles choses.
GÉRONTE.— Je le crois.
SGANARELLE.— Ah ! c’était un grand homme !
GÉRONTE.— Sans doute.

62 — © Cned, Français 6e

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SGANARELLE, levant son bras depuis le coude.— Grand homme tout à fait :
Séquence 9

un homme qui était plus grand que moi, de tout cela. Pour revenir, donc, à notre
raisonnement, je tiens que cet empêchement de l’action de sa langue est causé par de
certaines humeurs qu’entre nous autres, savants, nous appelons humeurs peccantes,
peccantes, c’est-à-dire… humeurs peccantes : d’autant que les vapeurs formées par
les exhalaisons des influences qui s’élèvent dans la région des maladies, venant…
c c

pour ainsi dire… à… Entendez-vous le latin ?


GÉRONTE.— En aucune façon.
SGANARELLE, se levant avec étonnement.— Vous n’entendez point le latin !
GÉRONTE.— Non.
SGANARELLE, en faisant diverses plaisantes postures.— Cabricias arci thuram,
catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, « la Muse », bonus, bona, bonum,
Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, « oui », Quare, « pourquoi ? » Quia
substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus.
GÉRONTE.— Ah ! que n’ai-je étudié !
JACQUELINE.— L’habile homme que velà !
LUCAS.— Oui, ça est si biau, que je n’y entends goutte.
SGANARELLE.— Or ces vapeurs, dont je vous parle, venant à passer du côté
gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, il se trouve que le poumon que
nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous
nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu
cubile, rencontre, en son chemin, les dites vapeurs qui remplissent les ventricules de
l’omoplate ; et parce que lesdites vapeurs… comprenez bien ce raisonnement je vous
prie : et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité… Écoutez bien ceci,
je vous conjure.
GÉRONTE.— Oui.
SGANARELLE.— Ont une certaine malignité qui est causée… Soyez attentif, s’il
vous plaît.
GÉRONTE.— Je le suis.
SGANARELLE.— Qui est causée par l’âcreté des humeurs, engendrées dans la
concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… Ossabandus, nequeys, nequer,
potarinum, quipsa milus. Voilà justement, ce qui fait que votre fille est muette.
JACQUELINE.— Ah que ça est bian dit, notte homme !
LUCAS.— Que n’ai-je la langue aussi bian pendue !
GÉRONTE.— On ne peut pas mieux raisonner sans doute. Il n’y a qu’une seule
chose qui m’a choqué. C’est l’endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les
placez autrement qu’ils ne sont. Que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté
droit.
SGANARELLE.— Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout
cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle.
GÉRONTE.— C’est ce que je ne savais pas : et je vous demande pardon de mon
ignorance.
SGANARELLE.— Il n’y a point de mal : et vous n’êtes pas obligé d’être aussi
habile que nous.
GÉRONTE.— Assurément : mais Monsieur, que croyez-vous qu’il faille faire à
cette maladie ?
SGANARELLE.— Ce que je crois, qu’il faille faire ?
GÉRONTE.— Oui.

© Cned, Français 6e — 63

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c
c Séquence 9

SGANARELLE.— Mon avis est qu’on la remette sur son lit : et qu’on lui fasse
prendre pour remède, quantité de pain trempé dans du vin.
GÉRONTE.— Pourquoi cela, Monsieur ?
SGANARELLE.— Parce qu’il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une
vertu sympathique, qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu’on ne donne autre
chose aux perroquets : et qu’ils apprennent à parler en mangeant de cela ?
GÉRONTE.— Cela est vrai, ah ! le grand homme ! Vite, quantité de pain et de
vin.
SGANARELLE.— Je reviendrai voir sur le soir, en quel état elle sera. (À la
nourrice.) Doucement vous. Monsieur, voilà une nourrice à laquelle il faut que je
fasse quelques petits remèdes.
JACQUELINE.— Qui, moi ? Je me porte le mieux du monde.
SGANARELLE.— Tant pis nourrice, tant pis. Cette grande santé est à craindre : et
il ne sera pas mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner
quelque petit clystère dulcifiant.
GÉRONTE.— Mais, Monsieur, voilà une mode que je ne comprends point.
Pourquoi s’aller faire saigner, quand on n’a point de maladie ?
SGANARELLE.— Il n’importe, la mode en est salutaire : et comme on boit pour
la soif à venir, il faut se faire, aussi, saigner pour la maladie à venir.
JACQUELINE, en se retirant.— Ma fi, je me moque de ça ; et je ne veux point
faire de mon corps une boutique d’apothicaire.
SGANARELLE.— Vous êtes rétive aux remèdes : mais nous saurons vous
soumettre à la raison. (Parlant à Géronte.) Je vous donne le bonjour.
GÉRONTE.— Attendez un peu, s’il vous plaît.
SGANARELLE.— Que voulez-vous faire ?
GÉRONTE.— Vous donner de l’argent, Monsieur.
SGANARELLE, tendant sa main derrière, par dessous sa robe, tandis que Géronte
ouvre sa bourse.— Je n’en prendrai pas, Monsieur.
GÉRONTE.— Monsieur…
SGANARELLE.— Point du tout.
GÉRONTE.— Un petit moment.
SGANARELLE.— En aucune façon.
GÉRONTE.— De grâce.
SGANARELLE.— Vous vous moquez.
GÉRONTE.— Voilà qui est fait.
SGANARELLE.— Je n’en ferai rien.
GÉRONTE.— Eh !
SGANARELLE.— Ce n’est pas l’argent qui me fait agir.
GÉRONTE.— Je le crois.
SGANARELLE, après avoir pris l’argent.— Cela est-il de poids ?
GÉRONTE.— Oui, Monsieur.
SGANARELLE.— Je ne suis pas un médecin mercenaire.
GÉRONTE.— Je le sais bien.
SGANARELLE.— L’intérêt ne me gouverne point.
GÉRONTE.— Je n’ai pas cette pensée.
Le Médecin malgré lui, Acte II, scène 4, Molière

64 — © Cned, Français 6e

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1- Une consultation parodique
a) è remède ç diagnostic å auscultation
Séquence 9

é explication de la cause
b) et c) Oui, l’ordre logique de la consultation est respecté : Sganarelle ausculte Lucinde :
« SGANARELLE, se tournant vers la malade.— Donnez-moi votre bras. Voilà un pouls
qui marque que votre fille est muette. » (l. 41-42). Puis il pose un diagnostic : elle est
muette, « je vous apprends que votre fille est muette. » (l. 49). Il en précise la cause :
c c

« l’empêchement de l’articulation de la langue » (l. 54-55) et propose un remède :


« quantité de pain trempé dans du vin », « Parce qu’il y a dans le vin et le pain, mêlés
ensemble, une vertu sympathique, qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu’on ne donne autre
chose aux perroquets : et qu’ils apprennent à parler en mangeant de cela ? » (l. 109 à 114).

Affirmations Justifications
L’auscultation est insuffisante parce que : ˝ Sganarelle se contente de soulever le bras
de Lucinde et de tâter son pouls
® Sganarelle se contente de l’observer de loin
® Sganarelle a oublié son stéthoscope
Le diagnostic posé par Sganarelle est une ® Lucinde est bâillonnée
évidence : en effet… ˝ Géronte vient de lui dire que sa fille est
muette
® Lucinde a une extinction de voix
La cause qu’il invoque est aussi une ˝ Lucinde est muette parce qu’elle a perdu la
lapalissade (évidence) : parole
® Lucinde est muette parce qu’elle a la
langue coupée
® Lucinde est muette parce qu’elle n’a pas de
langue
Pour soigner Lucinde, le remède que propose ® un remède de cheval
Sganarelle est : ˝ un remède de perroquets
® un remède de grand-mère
Sganarelle emploie des mots qui ont une ˝ faire croire qu’il est savant,
consonance latine pour : ˝ que les autres ne comprennent pas son
diagnostic
® amuser Lucinde
2- Un portrait caricatural du médecin
a) Molière reproche aux médecins d’avoir des compétences limitées à un savoir
intellectuel : ils sont docteurs avant d’être praticiens. En effet, docteur vient de
« doctus » qui signifie « celui qui a été instruit » et non pas celui qui a des savoir-faire.
Il faut d’ailleurs rappeler qu’on peut être docteur sans être médecin (en sciences, en
lettres, en pharmacie...). Molière le met en évidence en faisant parler Sganarelle dans
un jargon pseudo-médical qui parodie la langue latine : les termes latins du texte n’en
sont pas, mais ils participent à la duperie de Sganarelle. Pour exercer la médecine,
il faut faire le savant. Molière ajoute une parodie de consultation et un appât du
gain : Sganarelle fait semblant de refuser l’argent que lui confie Géronte, mais la
didascalie : « tendant sa main derrière, par dessous sa robe, tandis que Géronte ouvre sa
bourse. » nous prouve le contraire. Enfin, Molière cite ouvertement les remèdes de son
époque : « saignées et clystères », en rappelant que c’est une mode, afin d’en montrer
l’inadéquation, voire la nocivité. Les médecins sont des imposteurs qui abusent de leur
savoir. Cette scène qui fait rire par la caricature invite le spectateur à réfléchir. Molière
a atteint son but : il a montré que « l’habit faisait le moine », si on y ajoute le pouvoir
dévoyé de la parole.
Régine David pour le Cned

© Cned, Français 6e — 65

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c
c Séquence 9

b) « bienveillant, menteur, prétentieux, innocent, imposteur, dangereux, intéressé,


irresponsable, compétent, sage ».

le coin des curieux

Hippocrate, au Ve siècle av. J.-C., est le premier à distinguer médecine et magie, et à refuser
une origine divine systématique dans les maladies.
La médecine de l’Antiquité
La Grèce et la médecine
Le site d’Épidaure se dérobe longtemps au regard. Pins et collines dissimulent à la vue
du sanctuaire, le stade et le théâtre qu’on découvre presque à l’improviste…
Le bois d’Asklépios est entouré de tous côtés par une clôture. Aucun homme n’a le
droit d’y mourir ni aucune femme d’accoucher dans l’enceinte de ce jardin sacré.
Près du temple, se trouve le bâtiment où logent ceux qui viennent demander au dieu
de les guérir. Un peu plus loin, un admirable édifice circulaire tout en marbre blanc : c’est
la Tholos. À l’intérieur de cet édifice était peinte, dit-on, la vie d’Asclépios, dieu de la
médecine, depuis sa naissance jusqu’à sa mort.
La légende d’Asclépios
Apollon, le dieu de la lumière, s’est uni à Coronis, qui, enceinte d’Asklépios, délaisse le
dieu pour un mortel nommé Ischys. Or, Apollon avait laissé près de la belle une corneille aux
plumes blanches pour la garder et la protéger. L’oiseau partit donc avertir son maître des
infidélités de son amante.
Dans sa colère, le dieu des arts maudit la corneille de n’avoir pas les yeux d’Ischys et, comme
punition, lui teignit les plumes en noir. En outre, il demanda à sa sœur, Artémis, de punir la
coupable qui fut lardée de flèches.
Ce n’est que devant le bûcher funéraire qu’Apollon regretta son geste et arracha l’enfant que
Coronis portait et l’amena au centaure Chiron, qui l’éleva et lui enseigna la médecine et la
chasse. Devenu un chirurgien hors pair, Asklépios poussa son art si loin qu’il empêchait les
malades et ressuscitait aussi les morts. Zeus en prit ombrage et le foudroya.
Voici le tableau généalogique d’Asklépios.

Apollon Coronis

Asclépios Épioné

Hygie Panacée

Ú Ú
Hygiène la panacée
Mots dérivés (soins préventifs) (soins curatifs)

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Hippocrate
La médecine grecque se détache du rituel religieux et du mythe avec Hippocrate de Cos
Séquence 9

(460-380 av. J.-C.), qui privilégie l’observation rigoureuse des faits. Il est aussi l’auteur du
serment qui définit, encore de nos jours, la morale du médecin.
La méthode hippocratique est suivie ensuite par l’école hellénistique d’Alexandrie, avec
c c

Hérophile (340-300 av. J.-C.) et Érasistrate (320- 250 av. J.-C.).


À l’époque romaine, les connaissances médicales se sont peu développées ; elles sont
transmises par des Grecs, puis récapitulées par des savants romains ; Galien
(131-201 ap. J.-C.) devient la référence médicale la plus reconnue. Ses livres servent encore
à l’étude de la médecine, au temps de Molière.
L’œuvre des médecins grecs explique l’importance du vocabulaire grec dans les termes
de médecine ; aujourd’hui encore, on utilise les racines grecques pour créer des mots
scientifiques, dans les disciplines médicales et pharmaceutiques.

C. Un peu d’étymologie
Voici des mots formés sur cette racine :
a) Psychiatre, le médecin de l’âme
gériatre, le médecin des personnes âgées
b) Voici les spécialités médicales replacées à la partie du corps correspondante :

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c
c Séquence 9

A. Le comique sous toutes ses formes : découverte


Séance 7

å La situation est complètement renversée : M. Robert veut détourner Martine des coups de
Sganarelle et, pour tout remerciement, elle le gifle. La situation, pour le moins étonnante,
prête à rire.

ç Les scènes de bastonnade, aussi terribles qu’elles soient, sont cocasses et prêtent à rire en
raison des gestes.

é Le comique repose d’abord sur le discours emmêlé de Sganarelle, comme en témoignent


les nombreux points de suspension, les répétitions : le décalage est complet avec ce qu’on
attend d’un discours médical. Ensuite, les mots eux-mêmes provoquent le rire dans la
bouche de Sganarelle, qui ignore complètement leur sens. Enfin, le geste de Sganarelle est
drôle pour une auscultation médicale.

è Sganarelle feint de ne pas être intéressé par l’argent, mais il tend sa main pour le récupérer
: le geste est porteur de sens.

ê Sganarelle invente une langue faussement savante pour ajouter de la crédibilité à son statut
de médecin. De plus, il pallie les insuffisances de son discours par différentes attitudes.
Enfin, le décalage entre le latin et le patois est drôle, y compris dans les sonorités.

ë Les onomatopées, mots qui reproduisent des sons, de Lucinde et leur imitation par
Sganarelle provoquent inévitablement le rire.

í Le jeu sur les sens propre et figuré montre la désinvolture* de Sganarelle, qui se moque de
la situation dramatique de la famille.

*Manière de se comporter avec une liberté excessive voire inconvenante

ì La situation est comique d’abord parce que le costume de médecin de Sganarelle


impose le respect. Ensuite, Sganarelle utilise de fausses citations d’Aristote et, malgré ses
connaissances, Géronte se laisse abuser.

B. Le jeu théâtral

1- « Ah ! pourquoi Pépita, sans répit, m’épies-tu ? Dans un pré, Pépita, pourquoi te tapis-tu ?
Tu m’épies sans pitié, c’est piteux de m’épier... de m’épier Pépita, pourrais-tu te passer ? »

« Trois tortues à triste tête trottaient sur trois toits très étroits. »

2- b) La scène est drôle parce qu’elle oblige Monsieur Jourdain à faire de multiples grimaces
pour que la prononciation soit juste. Son visage se déforme sous les efforts qu’il accomplit.
Le comique de gestes est particulièrement réussi. La situation aussi est comique pour un
bourgeois qui veut faire le savant et qui en devient grotesque.

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A. Vers le dénouement
Séance 8

1- Les personnages en présence : la circulation de la parole


Séquence 9

c c

a)

Personnages Nombre de lignes


Jacqueline 1
Sganarelle 24
Géronte 9
Lucinde 15
Léandre 0
b) Analyse du tableau
• Sganarelle, puis Lucinde et enfin Géronte parlent le plus, quand bien même les
répliques de Géronte seraient réduites à un mot dans l’échange avec sa fille.
• C’est Sganarelle qui a le monopole de la parole.
• On ne peut être qu’étonné de la longue prise de parole de Lucinde, puisqu’elle est
sensée être muette.
• Léandre se tait.
• Le premier mot prononcé par Lucinde est « Non ».
• Le champ lexical développé est celui de la médecine.
c) Synthèse
L’occupation scénique, précisée par de longues didascalies, isole deux couples : les
amoureux enfin réunis, Sganarelle et Géronte, à l’opposé. Il est néanmoins clair que la
scène se réduit à 1/2/3 personnages. Léandre / Jacqueline n’a droit qu’à une réplique qui
introduit la scène. Ce sera la dernière : le personnage s’efface. Léandre / Sganarelle, lui, se
tait. C’est que sa seule présence suffit à déclencher la parole de Jacqueline / Lucinde, sa
bien-aimée, qui, du statut de muette, devient logorrhéique. En effet, brusquement, quittant
Léandre, cette dernière prend la parole au milieu du discours de Sganarelle, au moment
où il évoque le caractère lunatique des femmes et l’influence des astres sur leurs humeurs !
Par ce jaillissement de la parole, Jacqueline / Lucinde veut affirmer sa liberté de choix et,
par là même, sa volonté de s’opposer à son père. Son premier mot « Oui / Non » le prouve.
Revigorée par la présence de son amant, elle ne peut plus se taire.
Quoique le discours de Léandre / Géronte commence par sa satisfaction à l’égard de
Sganarelle, sa parole se tarit très vite face à la détermination de sa fille, qui ne le laisse
désormais prononcer que des monosyllabes, en l’interrompant sans cesse. Le père est
dépossédé de la parole.
Le comique tient du total retournement de situation : une fille muette, dont la farouche
détermination ne peut interrompre le discours, face à un père réduit à ne prononcer que
des balbutiements, qui disent sa déception et annoncent que son pouvoir paternel est mis
à mal.
Toutefois, Géronte n’a pas encore cédé : Lucinde / Jacqueline a retrouvé la parole, mais
pas encore la liberté : « Tu épouseras Horace, dès ce soir. », ordonne Géronte / Sganarelle.
La situation semble sans issue ! Cependant Sganarelle / Léandre va inventer un moyen de
réunir les deux amants.

© Cned, Français 6e — 69

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c
c

Séquence 9

Le monopole de la parole revient en effet à Géronte / Sganarelle, tant au début qu’à


la fin de la scène. Il est encore le maître du jeu, puisqu’il met également un terme à la
dispute entre Léandre / Géronte et Jacqueline / Lucinde par un double impératif : « Mon
Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi médicamenter cette affaire ». De plus, Sganarelle est un fin
stratège : il arrête la colère du père, en lui expliquant que l’entêtement de sa fille est dû à
une nouvelle maladie. En effet, le champ lexical de la médecine / l’amour est de nouveau
très développé : « médicamenter, maladie, remède, guérir cette maladie de l’esprit, notre
apothicaire, cure, humeurs aigries, mal, empirer, purgative ... ». Géronte / Léandre
comprend ces mots comme un diagnostic, mais Géronte / Léandre, réel destinataire du
message, comprend que les « humeurs » du père ne peuvent avoir qu’un « remède » : la
fuite et le mariage. Le discours de Jacqueline / Sganarelle est constamment à double sens.
Le public savoure la situation : grâce à ce jeu de langage, Lucinde / Géronte est dupé !
Molière est un virtuose qui maintient la cohérence de ce discours à double sens.

Régine David pour le Cned

2- La grammaire au service du sens


a) Des lignes 15 à 50, toutes les marques de négation ont été surlignées .
LUCINDE.— Non, je ne suis point du tout capable de changer de sentiment.
GÉRONTE.— Voilà ma fille qui parle. Ô grande vertu du remède ! Ô admirable
médecin ! Que je vous suis obligé, Monsieur, de cette guérison merveilleuse, et que
puis-je faire pour vous, après un tel service ?
SGANARELLE, se promenant sur le théâtre et s’essuyant le front.— Voilà une
maladie qui m’a bien donné de la peine !
LUCINDE.— Oui, mon père, j’ai recouvré la parole : mais je l’ai recouvrée pour
vous dire, que je n’aurai jamais d’autre époux que Léandre, et que c’est inutilement
que vous voulez me donner Horace.
GÉRONTE.— Mais…
LUCINDE.— Rien n’est capable d’ébranler la résolution que j’ai prise.
GÉRONTE.— Quoi…?
LUCINDE.— Vous m’opposerez en vain de belles raisons.
GÉRONTE.— Si…
LUCINDE.— Tous vos discours ne serviront de rien.
GÉRONTE.— Je…
LUCINDE.— C’est une chose où je suis déterminée.
GÉRONTE.— Mais…
LUCINDE.— Il n’est puissance paternelle, qui me puisse obliger à me marier
malgré moi.
GÉRONTE.— J’ai…
LUCINDE.— Vous avez beau faire tous vos efforts.
GÉRONTE.— Il…
LUCINDE.— Mon cœur ne saurait se soumettre à cette tyrannie.
GÉRONTE.— La…
LUCINDE.— Et je me jetterai plutôt dans un couvent que d’épouser un homme
que je n’aime point.
GÉRONTE.— Mais…
LUCINDE, parlant d’un ton de voix à étourdir.— Non. En aucune façon. Point
d’affaire. Vous perdez le temps. Je n’en ferai rien. Cela est résolu.
GÉRONTE.— Ah ! quelle impétuosité de paroles, il n’y a pas moyen d’y résister.
(À Sganarelle.) Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette.

70 — © Cned, Français 6e

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SGANARELLE.— C’est une chose qui m’est impossible. Tout ce que je puis faire
pour votre service, est de vous rendre sourd, si vous voulez.

GÉRONTE.— Je vous remercie. (À Lucinde.) Penses-tu donc…

LUCINDE.— Non. Toutes vos raisons ne gagneront rien sur mon âme.
Séquence 9

c c

b) - Les phrases prononcées par Lucinde sont de type : ˝ déclaratif

- Les phrases de Lucinde qui témoignent de son opposition obstinée sont soulignées par
des tournures : ˝ négatives

c)

Phrases Types Formes


« Je n’en ferai rien. » Déclaratif Négative
« Tu épouseras Horace, dès ce soir. » Impératif Affirmative
« Que puis-je faire pour vous, après un tel service ? » Interrogatif Affirmative
« Ne pourriez-vous la rendre muette de nouveau ? » Interrogatif Négative
« Ô grande vertu du remède ! Ô admirable médecin Exclamatif affirmative
que vous êtes ! »

B. Le dénouement

1- Un changement de rythme

a) Les dernières scènes sont beaucoup plus brèves, d’où une accélération du rythme : c’est
le propre du dénouement de comédie.

b) Léandre vient d’hériter de son oncle. Cet héritage le rend digne d’épouser Lucinde, aux
yeux de Géronte.

c) Martine est vengée d’une part, parce que son mari a reçu multiples coups de bâton, et
d’autre part, parce que tout le monde sait qu’il n’est pas un véritable médecin.

2- La pirouette de Sganarelle

« dignité, grand respect, un homme de ma conséquence » sont des mots et expressions qui
appartiennent au champ lexical de la grandeur.

Sganarelle s’impose comme le héros positif de Molière.

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c
c Séquence 9

Je connais
• le vocabulaire du théâtre.
Séance 9
Je suis capable de
• repérer et nommer les informations qui
donnent des indications de jeu à l’acteur et
qui sont généralement écrites en italiques :
ce sont des didascalies
• repérer et nommer les paroles prononcées
par les personnages : chaque prise de
parole s’appelle une réplique
• définir un monologue : c’est un discours
qu’une personne prononce seule pour
elle-même.
• définir un aparté : c’est un discours dit
à part : un acteur feint de se parler à
soi-même mais il éclaire le public sur
ses réactions, ses intentions ou ses
sentiments ; les autres acteurs présents
sur scène étant censés ne pas l’entendre.
• des notions sur le théâtre à travers les âges. • reconnaître un théâtre grec, romain grâce
à l’architecture, et donner des informations
sur l’héritage de la Commedia dell’arte.
La Commedia dell’arte est une forme de
théâtre venue d’Italie qui met en scène
des personnages caricaturaux, facilement
identifiables grâce à leurs costumes et
leurs attitudes.
• citer quelques noms de personnages
de la Commedia dell’arte : Arlequin,
Colombine, Pantalon...
• retrouver son nom dans l’anagramme
suivante : « Penoquil » : Poquelin
• des informations sur la vie de Molière. • citer le nom du théâtre qu’il fonde avec
Madeleine Béjart : c’est L’Illustre Théâtre.
• nommer le roi qui prend la troupe de
Molière sous son patronage et lui donne le
nom de « Troupe du roi au Palais Royal » :
il s’agit de Louis XIV.
• citer trois auteurs contemporains de
Molière : Corneille, Racine, La Fontaine.

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• des titres de pièces de théâtre de Molière.
Séquence 9

• retrouver les titres de quelques pièces de


Molière en reliant un élément de la colonne
A avec un élément de la colonne B.

A
L’Amour médecin
B
c c

Le Médecin volant
Le Malade imaginaire
Les Femmes savantes
Le Bourgeois gentilhomme
Le Médecin malgré lui
Les Fourberies de Scapin
Les Précieuses ridicules
• le rôle d’une scène d’exposition. • préciser ce rôle, en complétant cette
définition : La fonction principale
de la première scène, appelée scène
d’exposition, est de présenter les
personnages (identité, caractère, situation)
dans un cadre (lieu-temps) et d’installer
l’action / l’intrigue ou du moins de donner
des indices qui invitent au questionnement
des spectateurs.
• les types et les formes de phrases. • retrouver le type et la forme des phrases
suivantes :
« N’est-il donc personne pour
m’écouter ? » : phrase interrogative de
forme négative
« C’est à moi de parler et d’être le
maître ! » » : phrase exclamative de forme
affirmative.
• le registre comique. • rappeler ses buts : faire rire pour inviter le
lecteur ou le spectateur à réfléchir.

• les différentes formes de comique. • citer et reconnaître les comiques de mots,


de gestes, de situation, de caractère.

• le pouvoir de la parole au théâtre. • nommer un personnage du Médecin malgré


lui qui détient ce pouvoir : c’est Sganarelle

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c
c Séquence 10

SÉQUENCE 10
Séance 1

A. Première lecture du poème


1- Ta réponse est personnelle.
2- Le sujet (le thème) principal du poème est « écrire la poésie ».
3- Le texte est un poème d’abord parce qu’il est écrit en vers, avec un retour à la ligne
systématique. Le poème de Queneau est en outre écrit avec des rimes (sons qui se font
écho en fin de vers). Ce n’est pas obligatoire, en poésie, mais ici, leur présence donne un
effet musical au poème.

B. L’art poétique de Queneau


1- Le choix des mots
a) Raymond Queneau aime jouer avec les mots, les déformer. Ainsi, il utilise l’expression
« Faut ensuite » au lieu de l’expression correcte « Il faut ensuite ». On peut également
relever le mot « kekchose » au lieu du groupe de mots correct « quelque chose ».
b)

Propositions vrai faux


Le poète a plaisir à surprendre son lecteur. ×
Le poète ne maîtrise pas bien l’orthographe. ×
Les expressions rappellent un peu l’enfance. ×
Le poète doit couper certains mots pour créer des rimes. ×
Le lecteur sourit et se sent proche du poète. ×
c) Le verbe « in – titul – er » se décompose en :
- un préfixe « in », qui marque le mouvement
- le radical, au centre, qui signifie « titre »
- et enfin le suffixe « er », qui permet de créer le verbe à l’infinitif.
Le verbe signifie donc donner un titre à un objet artistique (texte, livre, poème, tableau,
etc.).
2- Sons et sens
a) Les mots qui ont les mêmes sonorités sont : « aime / poème », « dit / poésie », « thème
/ poème », « rit / poésie », « extrême / poème ».
b) Chaque couple de mots associe le mot « poème » ou « poésie » à une caractéristique :
« aimer », « dire », « thème », « rire », « extrême ».
ƒ L’ensemble de ces caractéristiques permet justement à Queneau de proposer sa
définition personnelle de la poésie.
c) Comme le suggère le mot « aimer », la poésie est une façon d’exprimer des sentiments,
mais aussi des émotions variées (« on pleure, on rit. »). Pour développer ces sentiments
et émotions, le poète explore en profondeur (« extrême ») des sujets variés
(« thèmes ») : la nature, l’amour, la femme, le voyage, l’enfance, etc.

74 — © Cned, Français 6e

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les mots (« rire »), qui met en valeur les sonorités, la dimension orale de la parole
(« dire »).

Séance 2
c
Séquence 10

Si la poésie est une façon de ressentir le monde, elle peut également être un jeu avec
c

A. Entrons dans la ronde


1- Ce poème repose sur les trois à la fois : rimes et répétitions qui provoquent des émotions !
2- Les adjectifs qui conviennent pour ce poème sont « amusant », « entraînant »,
« dynamique ».
3- a), b) et c) Le poème est dynamique et entraînant notamment en raison de la ponctuation
et des reprises sonores, qui créent un rythme tourbillonnant… comme dans un manège
justement !
Exemple de reprises sonores (vers 13-16) :
« Ménage ton ménage
Manège ton manège.
Ménage ton manège.
Manège ton ménage »
Exemple de ponctuation expressive (vers 1 à 7) :
« Les manèges déménagent.
Manège, ménageries, où ?… et pour quels voyages ?
Moi qui suis en ménage
Depuis… ah ! il y a bel âge !
De vous goûter, manèges,
Je n’ai plus … que n’ai–je ?…
L’âge. »
Dans cette série de vers 1 à 7 se trouvent de nombreux signes de ponctuation différents. Il
s’agit presque d’un condensé de tous les signes : points, virgules, points d’interrogation, points
d’exclamation, points de suspension. C’est très rare en poésie.
Ë Le poème est amusant également, en raison du vocabulaire utilisé : chaque mot semble en
appeler un autre, par les sons et par le sens.
Exemple : « Les manèges déménagent. / Manège, ménageries » (vers 1-2).

B. La musicalité du poème
1- et 2-
Les manèges déménagent.
Manège, ménageries,

De vous goûter, manèges,


Je n’ai plus … que n’ai–je ?…
L’âge.

Mets des ménagements


Au déménagement.

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c
c

Séquence 10

3- Les répétitions sonores de voyelles concernent essentiellement les sons [a] et [è].
Les répétitions sonores de consonnes concernent essentiellement les sons [m], [n] et [j].
Attention : il faut différencier le son [j] et la graphie en « ge ».
4- L’effet tourbillonnant est créé par le fait que ces sons sont répétés toujours dans le même
ordre / dans le désordre.
5- La fin des vers
a)

Propositions vrai faux


Ces sons se trouvent seulement en fin de vers. ×
Ils sont seulement au milieu du vers. ×
Ils sont à la fois en milieu et en fin de vers. ×
Certains vers n’ont pas de répétitions sonores. ×
Tous les vers sans exception jouent avec les sons. ×

b) 1/ Voici un exemple de rime avec un son commun : vers 4-5 « âge !/manèges »
2/ Voici un exemple de rime avec 2 sons communs : vers 1-2
« déména gent. /voya ges »
3/ Voici un exemple de rime avec 3 sons communs : vers 10-11
« M ai ne / m è ne »
4/ Voici un exemple de rime avec plus de 3 sons communs : vers 17-18
« Mets des ménagements / Au dé ménagement »
c) La plupart des rimes ont au moins deux sons communs. Mais elles sont encore
enrichies par les répétitions sonores à l’intérieur des vers.
Une rime avec un seul son commun s’appelle une rime pauvre.
Une rime avec deux sons communs s’appelle une rime suffisante.
Une rime avec au moins trois sons communs s’appelle une rime riche.
d) Cherche l’intrus !
Le vers 9 « Ménager manager » ne rime avec aucun autre, en fin de vers. En revanche, il
se produit ce qu’on appelle une rime interne : les sons sont répétés à l’intérieur du vers,
au point qu’une seule lettre change entre les deux mots qui constituent le vers !

C. Vocabulaire
1- Les quatre verbes qui ont un radical commun sont : « ménager », « déménager »,
« emménager » et « aménager ».
2- Voici des exemples d’emploi des verbes :
• « La randonnée ne fait que commencer. Inutile d’aller trop vite, il faut ménager tes
forces. » : « ménager » signifie ici « épargner, économiser, employer avec mesure ». Voir
aussi le célèbre proverbe « Qui veut voyager loin ménage sa monture ».
• « Nous allons déménager cet été pour entrer dans une maison plus grande » :
« déménager » signifie, comme le suggère le préfixe « de » (marquant l’éloignement),
« transporter des objets d’un logement à un autre, changer de logement ».
• « Je viens juste d’emménager dans mon appartement et j’ai encore de nombreux cartons
à défaire » : « emménager » signifie, comme le suggère le préfixe « en » (variante de « in » :
dans), « s’installer dans un nouveau logement ».

76 — © Cned, Français 6e

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chambre » : ici « aménager » signifie « agencer, arranger, disposer et préparer un lieu en vue
d’un usage déterminé ».
3- Il ne s’agit pas seulement d’une poésie « sonore », les vers ne sont pas constitués d’une
énumération de mots aux syllabes identiques. Les vers ont un sens. Ils sont correctement
construits grammaticalement, ils créent des phrases qui racontent une histoire : le poète
c
Séquence 10

• « Mes parents ont fait aménager les combles, sous les toits, afin que j’aie une plus grande
c

vieillissant voit partir les manèges de son enfance et se demande quelles autres vies les
manèges vont croiser, quels autres rêves les chevaux de bois vont alimenter. Il fallait donc
surligner : « Le départ des manèges rend le poète nostalgique de son enfance » et « Le
poète essaie d’oublier sa mélancolie par la fantaisie ».

Séance 3

A. Sentiments et tourments
1- a), b) et c) Le sentiment dominant exprimé dans le poème est le sentiment amoureux,
comme le montre le mot « Amour », au vers 9. La majuscule crée une personnification,
comme si le dieu Amour manipulait la jeune femme.
2- a) Voici quatre expressions qui évoquent des sensations : « je me brûle » (v. 1), « je me
noie » (v. 1), « j’ai chaud extrême » (v. 2), « endurant froidure » (v. 2).
b) Sachant que les sensations peuvent être notamment visuelles (perçues par la vue),
auditives (perçues par l’ouïe) ou encore tactiles (perçues par le toucher), celles
évoquées dans le poème de Louise Labé sont tactiles.
3- a) Voici des expressions qui évoquent des sentiments contraires : « je vis, je meurs » (v. 1),
« la vie m’est et trop molle et trop dure » (v. 3), « ennuis » (vers 4), « joie » (vers 4 et
12), « douleur » (v. 10), « désiré heur » (v. 13), « malheur » (v. 14).
b) En français actuel, on ajouterait les déterminants : « de grands ennuis » et « l’Amour »
(v. 9).
4-

verbes de sens contraire noms de sens contraire adjectifs de sens contraire


vis / meurs chaud / froidure molle / dure
brûle / noie ennuis / joie
ris / larmoie plaisir / tourment
s’en va / dure heur / malheur
sèche / verdoie
5- a) Les mots qui évoquent les saisons sont « sèche », « verdoie », « chaud », « froidure »,
liés à l’été, au printemps et à l’hiver.
Les mots qui évoquent certains des quatre éléments sont « brûle », « chaud », mots liés
au feu, et « noie », « larmoie », mots liés à l’eau. L’eau et le feu sont précisément des
éléments opposés.
b) Louise Labé utilise dans son poème des comparaisons / métaphores pour nous faire
partager ses sentiments. Ces images créent un effet d’hyperbole / de personnification. Ainsi,
en passant du particulier au général, la poétesse transpose une expérience personnelle
en expérience universelle / professionnelle, que tout lecteur peut ressentir.

© Cned, Français 6e — 77

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c
c Séquence 10

6- a) La figure de style qui joue sur le sens contraire des mots s’appelle une antithèse,
comme le suggère le préfixe anti-.
b) Voici des noms formés à partir du préfixe anti- :


antigel, antimite, antivol, anticyclone (opposé à « cyclone »), antidote (contrepoison).
Voici des adjectifs formés à partir du préfixe anti :
antidérapant, anticonformiste, anticonstitutionnel, antipathique (contraire de
« sympathique »).
Les mots suivants formés à partir du préfixe anti- désignent soit un nom soit un
adjectif : antibiotique, antiride.

B. Vocabulaire : exprimer la joie et la tristesse


1-

émotion positive émotion négative


enthousiasme mélancolie
bonheur désarroi
joie tristesse
exaltation désespoir
liesse crainte
satisfaction abattement
2- La réponse dépend de ton choix personnel.
3- Les expressions imagées
1. « conserver la tête froide » signifie « garder son calme » (b.)
2. « donner des sueurs froides » signifie « angoisser, inquiéter fortement » (d.)
3. « rester froid » signifie « rester insensible » (e.)
4. « avoir le sang chaud » signifie « avoir un tempérament coléreux » (c.)
5. « ne faire ni chaud ni froid » signifie « laisser indifférent » (a.)

C. Réécriture
Je vivais, je mourais ; je me brûlais et me noyais ;
J’avais chaud extrême en endurant froidure
Mon destin m’était et trop mou et trop dur.
J’avais grandes peines entremêlées de joie.
Les transformations sont indiquées en gras.

Séance 4

A. La construction du poème
1- Le poème est composé de quatre strophes.
2- Les strophes n’ont pas toutes le même nombre de vers. Les deux premières strophes
contiennent quatre vers, les deux suivantes trois vers.

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3- Une strophe de quatre vers s’appelle un quatrain, et une strophe de trois vers un tercet.

4-
Dans l’histoire de la poésie, depuis le XVIe siècle, un poème constitué de deux quatrains
suivis de deux tercets est appelé un poème « à forme fixe » : c’est le sonnet.

1re strophe • • les erreurs de l’amour quand on « pense »


c
Séquence 10 c

2e strophe • • l’état psychologique


3e strophe • • les erreurs de l’amour quand on « croit »
4e strophe • • l’état physique
5- a) Le vers qui constitue la charnière, l’articulation, entre d’une part les sensations, de
l’autre les sentiments est le vers 9 : « Ainsi Amour inconstamment me mène ».
b) Il est à l’articulation entre les deux quatrains et les deux tercets : sa place est donc
stratégique.

B. Le rythme des vers


1- Voici le découpage des vers en syllabes :
Tout / à / un / coup / je / ris / et / je / lar / moie
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Mon / bien / s’en / va /, et / à / ja / mais / il / dure


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Ain / si / A / mour / in / cons / ta / mment / me / mène


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Il / me / re / met / en / mon / pre / mier / ma / lheur.


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
2- a) et b) Dans les exemples proposés, tous les vers ont dix syllabes. Ce sont des
décasyllabes.
En ce qui concerne les autres mots, l’hexasyllabe est un vers de six syllabes (hexa= six,
comme dans l’Hexagone, qui désigne la France !). L’alexandrin est un vers de douze
syllabes. Le distique est une strophe de deux vers.
3- b) Le -e final n’est pas prononcé (il est « muet ») dans le mot « brûle ».
c) Je/ vis/, je/ meurs/ ; je/ me /brû/le et /me /noie
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
d) Le -e est « muet » (il ne se prononce pas et ne compte pas comme syllabe) à la fin des
vers ou quand il est suivi d’une autre voyelle (ou d’un -h muet).
4- a) et b)
« Tout / en / un / coup / je / sè / ch(e) et / je / ver / doie
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(…)
Et, / quand / je / pen / s(e) a / voir / plus / de / dou / leur,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Sans / y / pen / ser / je / me / trou / v(e) hors / de / peine. »
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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c
c Séquence 10

5- Le rythme des décasyllabes


a) La réponse exacte est la seconde proposition : « Je vis, je meurs / ; je me brûle et me
noie ». Deux éléments essentiels sont à prendre en compte : de façon générale, et
particulièrement jusqu’aux poèmes du XIXe siècle, une coupe rythmique ne sépare
pas un sujet de son verbe, surtout s’il s’agit d’un pronom personnel (comme dans la
dernière proposition, qui est fausse). Comme évoqué dans le « coup de pouce », c’est
beaucoup sur le sens que l’on peut s’appuyer, le plus souvent relayé par la ponctuation.
Ainsi, dans ce premier vers, la coupe après « je meurs » permet d’isoler, et donc
de mettre en valeur, chaque antithèse, chaque couple d’oppositions. La maîtrise
technique est bien au service d’un certain effet poétique.
b) Dans le premier vers du poème de Louise Labé, le rythme est donc 4/6.
c) Voici d’autres exemples de rythme 4 / 6 dans les vers : dans tous ces cas, la coupe
permet de mettre en valeur l’antithèse. Ce rythme est dominant, principalement dans
les quatrains. Là encore, la technique vise un effet chez le lecteur :
« J’ai chaud extrême / en endurant froidure » (v. 2) ; « J’ai grands ennuis / entremêlés
de joie. » (v. 4) ; « Mon bien s’en va, / et à jamais il dure » (v. 7).

C. Les rimes
1- a)

Premier quatrain Deuxième quatrain


« noie » « larmoie »
« froidure » « j’endure »
« dure » « dure »
« joie » « verdoie »
b) Les deux quatrains sont construits de la même façon autour de deux rimes : une rime en
« -oie » et une rime en « -dure ».
c) Dans les quatrains, la rime en « -oie » est une rime pauvre car il n’y a qu’un son
commun, et la rime en « -dure » est une rime riche, car il y a trois sons communs.
Or, on peut constater un effet d’antithèse entre rimes pauvres et rimes riches.
Ainsi, les quatrains reposent sur des antithèses, à la fois au niveau sémantique (le sens)
et sonore (les sons). Le travail de l’écriture poétique est précisément d’embrasser sons
et sens, de les mêler dans les vers.
d) Les rimes des quatrains sont disposées selon un schéma ABBA.
2- Comme leur nom le suggère, les rimes embrassées semblent naturellement liées à
l’évocation des sentiments amoureux.
Et bien oui, les rimes des premiers quatrains, selon le schéma ABBA, sont bien des
rimes embrassées ! Tu constates, une fois encore, l’importance du travail poétique pour
transmettre des émotions chez le lecteur !
3- Comme leur nom l’indique, les rimes croisées ont des sonorités qui se croisent un vers sur
deux. Il s’agit donc du schéma ABAB. On les appelle aussi rimes alternées.
Le schéma de rimes AABB correspond donc à des rimes suivies, c’est-à-dire qui se suivent.
On les appelle aussi des rimes plates.
4- a) Les rimes croisées sont soulignées et les rimes suivies sont surlignées.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

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Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
b) On peut constater que les rimes croisées et suivies se trouvent, elles, dans les tercets.
c
Séquence 10 c

c) Ainsi, le sonnet réussit avec virtuosité à utiliser les trois schémas de rimes différents,
dans le poème, pour exprimer les désarrois des sentiments amoureux.

d) Le retour des mêmes rimes exprime l’obsession, l’emprisonnement dans la passion.

Séance 5

A. Une certaine vision de la poésie


1- Le mot « ailes » est employé six fois dans le poème.

2- Les trois autres mots où l’on entend le son « aile » sont : « frêles » (v. 1), « étincelles » (v. 5)
et « fidèles » (v. 9).

3- La poésie est fragile (« frêle ») mais elle éclaire (« étincelles ») et aide à vivre, par sa
présence au quotidien (« fidèles »).

4- a) Les vers qui constituent une sorte de refrain sont, à la fin de chaque strophe :

« Si mes vers avaient des ailes,/ Des ailes comme… » (vers 3-4, 7-8, 11-12).

b) Dans le vers 4, le mot « ailes » est employé au sens propre : « des ailes comme
l’oiseau ».

Dans les vers 8 et 12, le mot « ailes » est employé au sens figuré, ce sont des images
d’envol, de l’esprit et de l’amour.

5- a) et b) À la fin de chaque strophe, le mot « ailes » est associé à « comme », afin de créer à
chaque fois une comparaison, introduite par le mot outil « comme ».

B. Les sentiments du poète


1- a), b) et c)

Le poème s’adresse à une femme aimée, comme le montrent l’emploi de la deuxième


personne, dans les déterminants « votre jardin » (v. 2), « votre foyer » (v. 6) et le pronom
« Près de vous » (v. 9). Tous ces mots sont liés au sentiment essentiel du poème, mis en
valeur comme dernier mot du poème : « l’amour ».

2- a) L’amour est également suggéré dans le vers 5 « Ils voleraient, étincelles », le mot
« étincelles » faisant penser au coup de foudre, à la flamme amoureuse.

b) Cette image est une métaphore (il n’y a pas d’outil de comparaison, le comparé et le
comparant sont à peine séparés par une virgule).

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c
c Séquence 10

3- a) Une autre image suggère l’amour infaillible du poète : « Ils accourraient nuit et jour »
(vers 10).
b) Cette image de présence fidèle et rassurante est mise en valeur par la personnification.

S R U I P F V S U T V N Q A M O D R C S
E J I D U E Q A I O A A U M U S W P I U
E C P E R S O N N I F I C A T I O N M D
K D V T A S P I T S F H I T A C N I E O
A B U E S A O M I E E T A E N E S O N K
N O Q R V G N A N R S E C R T S E N T U

C. Jouons avec les images


1- a) et b)

tes yeux sont ronds comme des billes. comparaison


tes yeux sont des révolvers quand tu es en colère. métaphore
tes yeux de saphir. métaphore
tes yeux ressemblent à ceux d’un chat. comparaison

2-

a) b) c) d) e) f)
Relevé des Élément Élément Point Mot-outil Il s’agit donc
quatre images comparé comparant commun (éventuellement) d’une …

« Dans
l’interminable /
Ennui de la plaine ennui monotonie x métaphore
plaine »
(v. 1-2)
« La neige
Brillance,
incertaine /
neige sable effet pailleté, comme comparaison
Luit comme du
éclat
sable » (v. 4)
« Le ciel est de Couleur
ciel cuivre x métaphore
cuivre » (v. 5) rougeâtre
« Comme des
Effet
nuées / Flottent
chênes nuées vaporeux, comme comparaison
gris les chênes
couleur grise
(v. 9-10)

3- b) Voici les comparaisons transformées en métaphores :


« l’or du soir » Ë Au coucher du soleil, le soir est jaune comme de l’or.
« Ta lèvre est de corail » Ë Ta lèvre rouge, pareille au corail, me donne envie de
t’embrasser.
« L’étang reflète, / profond miroir » Ë L’étang ressemble à un profond miroir quand il
reflète la silhouette du saule noir.

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A. La pluie et la plainte
Séance 6

1- Les mots qui expriment un sentiment de profonde tristesse sont : « pleure » (v. 1),
c
Séquence 10 c

« langueur » (v. 3), « s’ennuie » (v. 7), « s’écœure » (v. 10), « deuil » (v. 12), « peine » (v. 13
et 16).
2- Le plus difficile pour le poète est de ne pouvoir identifier l’origine de sa tristesse : « C’est
bien la pire peine/De ne savoir pourquoi/Sans amour et sans haine/Mon cœur a tant de
peine ! » (v. 13-16).
Rappel : lorsque tu cites plusieurs vers, sur une seule ligne, tu dois séparer les vers par une
barre : « / ».
3- Le poète a utilisé à la fois une métaphore car ses larmes sont associées à la pluie, et une
comparaison introduite par « comme ».
4- Le jeu de mots « dans ce cœur qui s’écœure » souligne le dégoût de vivre ressenti par le
poète, dont le cœur est triste, accablé.

B. Un poème régulier
1- Chaque vers est composé de six syllabes : il s’agit d’hexamètres.
2- Révisons un peu !
a), b) et c)
1 Il /pleu/re/ dans/ mon /cœur
Co/mm(e) il/ pleut/ sur/ la /vill(e) ;
Que/ll(e) est/ ce/tte/ lan/gueur
Qui/ pé/nè/tre/ mon/ cœur ?

Ô/ bruit/ doux/ de/ la/ pluie


6 Par/ te/rr(e) et/ sur/ les/ toits !
(…)
9 Il/ pleu/re /sans/ rai/son
Dans/ ce/ cœur/ qui/ s’é/cœur(e).
Quoi !/ nu/lle/ tra/hi/son ?...
12 Ce/ deuil/ est/ sans/ rai/son.
3- a), b) et c)
Tous les quatrains du poème sont construits de la même façon, sur un schéma de rimes
ABAA. De plus, en fin de vers, le même mot revient au premier et dernier vers de chaque
strophe. Cette disposition ne correspond pas aux trois schémas traditionnels de rimes
(suivies, croisées, embrassées).
d) Dans cette disposition inédite des rimes, on voit surtout qu’il manque une sonorité.
Un mot (« ville » (v. 2), « toits » (v. 6), « s’écœure » (v. 10) et « pourquoi » (v. 14)) n’a
pas de rime, il est seul dans la strophe, comme le poète est seul et ne comprend pas
cette tristesse. Cela semble traduire justement l’idée du manque, du vide, qu’exprime le
poème.

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c
c Séquence 10

C. Écriture
Voici ce que donnerait le poème avec une strophe supplémentaire (en gras ci-dessous) :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie


Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Je plie sous ma tristesse ;


Mon cœur lourd est un poids.
D’où vient cette faiblesse,
Comment fuir ma tristesse ?

Il pleure sans raison


Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine


De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Séance 7

A. Joue avec les lettres de l’alphabet


2- LéZard crUche Zig-Zag Serpent

B. Joue avec les sons


1-
cabine/câline chouette/couette souris/nourris
cabine/babine chouette/chut souris/soucis
chapeau/drapeau mentir/sentir passer/casser
chapeau/chapon mentir/m’enfuir passer/parer
2- Voici quelques mots qui commencent par mou- :
mouche, mouchoir, moule, moudre, moufle, mousse, mouton, mouvement…
Voici quelques mots qui finissent par -ure :
voiture, aventure, blessure, cassure, fêlure, zébrure, lecture, écriture…

84 — © Cned, Français 6e

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3-


Voici quelques mots qui commencent par -cha :
chat, chagrin, chalet, chapitre, chamois, charme, chapiteau, château …
la portée
les cahiers
déranger
Ë l’apporter
Ë l’écailler
Ë des rangées
c
Séquence 10 c

allaiter Ë ah l’été !
le son Ë leçon
silence Ë six lances
assurément Ë assure et ment
les sens Ë l’essence
4- Les mots qui riment sont : flâne / savane
tambourine / marine
satin / félin
velours / retours
voile / étoile
brume / plume
pousse / mousse

C. Entraîne-toi avec Victor Hugo


1- Rétablir la mise en espace
Le jardin était grand, profond, mystérieux,
Fermé par de hauts murs, aux regards curieux,
semé de fleurs s’ouvrant ainsi que des paupières,
et d’insectes vermeils qui couraient sur les pierres,
Plein de bourdonnements et de confuses voix ;
Au milieu, presque un champ, dans le fond, presque un bois.
2- Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère ;
Elle entrait, et disait : Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s’en allait comme un oiseau qui passe.

D. Connais les poètes et leurs œuvres


1- Chronologie

Les poètes leur siècle


Raymond Queneau • • XVIe siècle
Victor Hugo •
Louise Labé • • XIXe siècle
Paul Verlaine •
Max Jacob • • XXe siècle

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c
c Séquence 10

2- a) « Les manèges déménagent »


b) « Je vis je meurs »
c) « Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l’amour. »
d) « Il pleure dans mon cœur »
Max Jacob
Louise Labé

Victor Hugo
Paul Verlaine
e) Les Contemplations Victor Hugo
f) Un célèbre art poétique au XX siècle
e
Raymond Queneau
3-
Louise Labé Ë sonnets/vers libres/décasyllabes/antithèse/ rimes
Max Jacob Ë vers libres/alexandrin/humour/antithèse/ jeux de sonorités
Verlaine Ë sonnets/hexasyllabes/vers libres/comparaison/ rimes
Raymond Queneau Ë jeux de mots/antithèse/alexandrin/humour/ rimes
Victor Hugo Ë sonnets/comparaison/vers lyriques/antithèse/rimes
Remarque importante : parmi les poèmes que tu as étudiés, tu as pu constater qu’ils
contenaient souvent des rimes. Les rimes permettent de jouer avec les sons et d’être sensible
à la musicalité des vers. Mais sache qu’il existe également de très nombreux poèmes qui ne
sont pas rimés, qui tirent leur poésie des images, du vocabulaire, d’autres effets sonores
(assonances, allitérations). De beaux vers ne sont pas forcément des alexandrins rimés ! En
fait, plus les poètes sont « modernes » (fin XIXe, XXe siècle), plus ils ont justement essayé de
se détacher des contraintes poétiques, comme les rimes ou les vers réguliers (avec un nombre
déterminé de syllabes).

Séance 8
Je connais Je suis capable de
• l’étymologie de deux mots importants : la • donner l’étymologie de « poésie » et
« poésie » et le « vers ». « vers ».
Surligne les bonnes réponses parmi les
propositions soulignées.
Ë Le mot « poésie » vient du verbe grec/
latin poieïn, qui signifie « pouvoir »/
« fabriquer ». Le nom poiêsis désigne
l’ensemble des poètes / tout type de
création. Le poète est celui qui assemble /
invente les mots de façon à évoquer des
sentiments, à faire naître des émotions.
• la définition d’au moins une forme fixe • nommer une des formes fixes les plus
traditionnelle. importantes et la définir.
Ë La forme fixe la plus connue, héritée de la
tradition est le sonnet.
Il consiste en deux quatrains suivis de
deux tercets.

86 — © Cned, Français 6e

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• une figure de style destinée à mettre en
valeur la confusion des sentiments du
poète.
à opposer deux expressions, deux
pensées, que l’on rapproche pour en faire
mieux ressortir le contraste : il s’agit de
l’antithèse.
c
Séquence 10

• identifier la figure de style qui consiste


c

• la différence entre sensations et • distinguer les sensations et les sentiments.


sentiments.
Complète les phrases suivantes :
Ë Les sensations sont perçues par le
corps.
Ë Les sentiments sont des émotions
ressenties intérieurement.
• les différents types de rimes. • relier par une flèche chaque type de rime à
la définition qui lui convient.
rimes pauvres • • AABB
rimes suffisantes • • 3 sons communs
rimes riches • • ABAB
rimes suivies • • 1 son commun
rimes croisées • • ABBA
rimes embrassées • • 2 sons communs
• la différence entre une comparaison et une • distinguer les comparaisons et les
métaphore. métaphores dans une série d’images.
« Le feu du soleil me brûle » : M
« Il est haut comme trois pommes » : C
« Tel un tigre, le voleur s’est jeté sur moi » : C
« Les yeux sont le miroir du cœur » : M

• la mise en page du poème. • rétablir dans l’extrait suivant la disposition


du poème
D’UNE BOUTEILLE D’ENCRE
D’une bouteille d’encre
On peut tout retirer :
Le navire avec l’ancre,
La chèvre avec le pré,
La tour avec la reine,
La branche avec l’oiseau,
L’esclave avec la chaîne,
L’ours avec l’Esquimau.
D’une bouteille d’encre
On peut tout retirer :
Si l’on n’est pas un cancre
Et qu’on sait dessiner.
Maurice Carême.

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