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Jacques Le Brun

P. C. Bori. L'interprétation infinie. L'herméneutique ancienne et


ses transformations
In: Revue de l'histoire des religions, tome 209 n°3, 1992. pp. 313-314.

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Le Brun Jacques. P. C. Bori. L'interprétation infinie. L'herméneutique ancienne et ses transformations. In: Revue de l'histoire
des religions, tome 209 n°3, 1992. pp. 313-314.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1992_num_209_3_2407
Comptes rendus 313

Aussi éloigné des interrogations circulaires de la recherche en


civilisation juive médiévale que des poncifs lénifiants (ou au contraire
anachroniquement agressifs) sur la place de la femme dans le judaïsme,
le travail de Ron Barkai constitue une précieuse et innovante contri
bution à notre compréhension de l'univers juif médiéval.

Jean-Christophe Attias.

Pier Césare Bori, L'interprétation infinie. L'herméneutique ancienne


et ses transformations, traduit de l'italien par François Vial,
Paris, Editions du Cerf, 1991, 150 p., 120 F.

Sous un beau titre, citation de Jean Scot Erigène, P. C. Bori ne


prétend pas écrire « une histoire de l'herméneutique », mais poser
quelques jalons sur le chemin qui conduit de « l'herméneutique théo-
logique » à « l'herméneutique tout court » (p. 131). Pour cela, il suit
le destin d'une « formule » de Grégoire le Grand appelée à de nomb
reuses interprétations : « L'Ecriture progresse avec ceux qui la
lisent » (p. 5). D'où une première partie consacrée au modèle hermé
neutique ancien et centrée sur Grégoire et son interprétation de la
vision du « char » par Ezechiel, le « progrès » que désigne la formule
marquant à la fois un « dynamisme objectif du texte » (p. 57) et
l'expression de la « subjectivité » du lecteur. En une seconde partie,
« quelques sondages effectués chez les auteurs les plus significatifs
pour l'histoire de l'herméneutique médiévale » (p. 65) conduisent des
Victorins à saint Thomas et aux origines de la critique moderne, loin
de la conception ancienne de la « croissance simultanée ». Une troisième
partie, plus originale, analyse « la sécularisation romantique du para
digme antique » (p. 115) avec Novalis, Schlegel, Schleiermacher,
apparent retour à une « herméneutique progressive » (p. 119). On
voit l'ampleur du propos de P. G. Bori : la poursuite de formules
clefs (voir aussi p. 122 la « formule » de Kant reprise par Schleier
macher, « comprendre un texte mieux que son auteur ne Га fait lui-
même ») donnait un fil conducteur pour se repérer dans une histoire
qui soulève les questions essentielles des sens (sens de l'auteur, sens
du texte, polysémie, etc.), des métaphores (progrès, croissance,
maturation) appliquées à l'histoire, de la lecture. Le projet était
ambitieux et difficilement réalisable en 140 pages, et il serait un peu
vain de relever les questions ou les auteurs laissés dans l'ombre ou
les travaux importants non cités, des à-peu-près (le « christianisme
biblique », p. 24 ; deux schémas « à l'intérieur du système », p. 48),
des résumés sommaires (sur Spinoza, p. 109), quelques anachronismes
(p. 32, 34, telles doctrines nous sont « fort lointaines »), des traductions

Revue de l'Histoire des Religions, ccix-3/1992


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incertaines (faites de latin en français ou par l'intermédiaire de


l'italien ?, p. 38), de nombreuses coquilles. Mais, malgré ses limites,
le livre est utile et permet d'aller plus loin.
Jacques Le Brun.

Andrea del Col, Domenico Scandella delto Menochio (II Soggetto e


la Scienza), Pordenone, Ed. Biblioteca dell'Immagine, 1990,
cxxxiii-263 p., index.

Lorsque Carlo Ginzburg sortit son ouvrage sur la culture d'un


meunier frioulan du xvie siècle poursuivi par l'Inquisition, il suscita
partout un vif intérêt1. L'ouvrage fut traduit dans plus de quinze
langues et, bien entendu, la France ne fut pas à l'écart de ce mouve
mentqui suscita un débat animé et parfois peu amène dans le milieu
historien2. C'était le temps où faisaient rage les discussions entre
spécialistes sur la culture et la religion « populaires ». Fondé sur un
solide dossier inquisitorial du Frioul, G. Ginzburg parut convaincant
et, sur cette affaire du moins, la cause semblait entendue.
Or, voici que quatroze ans plus tard un autre historien italien, déjà
connu pour ses publications concernant la vie religieuse en Frioul3,
décide de publier le dossier inquisitorial du fameux meunier, Domi
nique Scandella dit Menocchio. L'enjeu en valait-il la peine, quand
on sait quel travail fastidieux représente l'édition de textes du
xvie siècle ? Outre le « caractère irremplaçable du texte original »
(p. xiii) qui justifie à lui seul l'entreprise, celle-ci permet au lecteur
d'apprécier la lecture faite par C. Ginzburg ainsi que les conclusions
auxquelles il était parvenu ; ce n'est pas un mince avantage.
L'ouvrage s'ouvre par une importante introduction de 133 pages,
désastreusement numérotées en chiffres romains, dans laquelle l'au
teur dresse le décor en nous présentant le contexte et les intervenants :
le pays, le meunier, le curé ; puis il présente le premier procès, analyse
les documents de l'Inquisition en tant que sources historiques, situe
les idées de Menocchio par rapport à la Réforme, à l'anabaptisme et
à l'antitrinitarisme, en repère les dépendances cathares. Il revient
ensuite au déroulement des faits en situant complices et dénonciateurs
de l'hérétique, montre l'hostilité de la paroisse envers le curé et
achève avec le deuxième procès qui marque aussi la fin dramatique
du meunier. Autrement dit, l'auteur nous propose une autre lecture

1. С Ginzburg, II formaqqio e i verrai. Il cosmo di un mugnaio del '500,


Torino, Einaudi, 1976.
2. Trad, franc. : Le fromage et les vers. L'univers d'un meunier du XVIe siècle,
Paris, Flammarion, 1980.
3. Outre divers articles, voir en particulier du même auteur : Organizzazione,
composizione e giurisdizione dei tribunali dell'Inquisizione romana nella
repubblica di Venezia (1500-1550), Critica storica, XXV, 1988, p. 244-294.

Revue de l'Histoire des Religions, ccix-3/1992

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