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Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011

Climat de l’investissement et attractivité du Maroc pour l’investissement


direct étranger

Par : Aziz HMIOUI 27

Résumé :
Cet article s’interroge sur le climat d’investissement et l’attractivité du Maroc pour
l’investissement direct étranger (IDE). Il est présenté en trois points :
-le premier point étudie les concepts de climat d’investissement et d’attractivité pour
l’IDE ;
-le second examine le climat d’investissement au Maroc à travers une revue des
différentes réformes introduites par les pouvoirs publics depuis le début des années 1980, et
avance la dynamique récente des flux d’IDE drainés par le pays (depuis 1991) ;
-le troisième point, enfin, avance des pistes de réformes pour améliorer davantage le
climat d’investissement et l’attractivité de l’économie marocaine pour l’IDE.
Ainsi, depuis 1983, dans la logique du Programme d’Ajustement Structurel, et dans la
perspective d’améliorer son climat d’investissement et de développer son attractivité pour
l’investissement direct étranger (IDE), le Maroc a introduit des réformes multiples et variées,
touchant la quasi-totalité du domaine de l’environnement des affaires.
Les différentes réformes adoptées, couplées d’une politique active en matière de promotion orientée IDE,
se sont traduites par une dynamique remarquable concernant les flux d’investissement étranger drainés par le
Maroc.

Cependant, les résultats réalisés par le Maroc en termes d'attraction de l’IDE restent
modestes par rapport au potentiel d'investissement du pays.
Pour exploiter pleinement ce potentiel, le Maroc est appelé à parachever le processus
des réformes entamé il y a trois décennies, en ciblant, en particulier, le domaine de la justice.

Mots clés : Climat d’investissement, IDE, attractivité, réforme.

27
Professeur Habilité Ecole Nationale de Commerce et de Gestion, Fès- Maroc.
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Introduction
Au niveau mondial, dans le contexte actuel de la globalisation, l’amélioration de
l’attractivité de l’économie et la mobilisation de l’investissement direct étranger (IDE)
constituent l’un des éléments essentiels de la stratégie de croissance et d’intégration au jeu
économique international. En effet, partout dans le monde, l’investissement étranger est de
plus en plus recherché et les pays se font concurrence entre eux pour son attraction. Selon
MICHALET28, le renforcement de l’attractivité des nations pour l’investissement étranger est
devenu, depuis la fin des années 80, le nouvel impératif des politiques industrielles, au Nord
comme au Sud.

Au Maroc, depuis la seconde moitié des années quatre-vingts, dans la logique du


Programme d’Ajustement Structurel, une grande importance est accordée à l’amélioration du
climat de l’investissement et l’attraction de l’IDE.

L’objet de cet article est d’étudier le climat d’investissement et son impact en termes
d’attractivité de l’IDE dans le cas de l’économie marocaine.

Cette recherche est présentée en trois sections. Dans un premier temps, nous
allons étudier les concepts de climat d’investissement, de l’IDE et celui de l’attractivité ; cela
nous permettra de cerner les composantes du climat d’investissement et de l’attractivité (I).
Dans un deuxième temps, nous allons examiner les variables qui forment le climat
d’investissement au Maroc et analyser l’évolution de l’attractivité de l’économie marocaine
pour l’IDE (II). Enfin, nous allons avancer des pistes de réformes pour améliorer davantage le
climat d’investissement et l’attractivité de l’économie marocaine pour l’IDE (III).

I-Climat d’investissement et attractivité de l’IDE : le cadre conceptuel

1.1-Le climat d’investissement

La Banque Mondiale29 définit le climat d’investissement comme l’ensemble des


facteurs locaux influençant les opportunités et les incitations qui permettent aux entreprises
d’investir de façon rentable, de créer des emplois et de développer leurs activités. Selon cette
institution financière internationale, le climat d’investissement inclut les quatre dimensions

28
MICHALET C.A (1999) ; La séduction des nations ou comment attirer les investissements ; Editions
Economica, Paris, p. 1.
29
The World Bank development report 2005 : http://go.worldbank.org/WVDAOSZJ20
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suivantes : (i) la stabilité et la sécurité ; (ii) la réglementation et la fiscalité ; (iii) les finances
et l’infrastructure ; et enfin (iv) la main-d’œuvre et le marché du travail.

Dans son ‘‘Cadre d'action pour l'investissement’’, l’Organisation de Coopération et de


Développement Economiques (OCDE)30 identifie dix domaines politiques qui influent
directement sur l’investissement : les politiques d’investissement, la promotion et l’aide à
l’investissement, la politique commerciale, la politique de la concurrence, la politique fiscale,
la gouvernance d’entreprise, le comportement responsable des entreprises, les ressources
humaines, le développement du secteur financier et l’infrastructure et la gouvernance
publique.

Le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI)31 définit le


climat d’investissement comme l’ensemble des facteurs macro-économiques qui déterminent
l’attractivité d’un pays, d’une région ou d’un continent, aux entrepreneurs. Pour le CRDI,
l’environnement des affaires est l’ensemble des facteurs microéconomiques qui influencent la
gestion des entreprises et les conditions d’existence des entreprises.

En termes simples, le climat d’investissement peut être compris comme étant


l’ensemble des facteurs politiques, juridiques, économiques et sociaux qui poussent un
investisseur à décider de s’installer dans une région ou dans un pays donné pour faire ses
affaires. Ces facteurs sont multiples, qu’il s’agisse de la stabilité politique, de la stabilité
macroéconomique, de coût de la main d’œuvre, de régime fiscal, de qualité des services
bancaires et autres intermédiaires financiers, de coût de l’énergie et de la disponibilité de
ressources énergétiques, etc.

1.2- L’attractivité de l’IDE

1.2.1- Définitions

a-Qu’est ce que l’IDE ?


L’IDE est défini par l’OCDE comme suit : « l’investissement direct international [ou
étranger] traduit l’objectif d’une entité résidant dans une économie (‘‘investisseur direct’’)
d’acquérir un intérêt durable dans une entité résidant dans une économie autre que celle de
l’investisseur (‘‘entreprise d’investissement direct’’). La notion d’intérêt durable implique
l’existence d’une relation à long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise et l’exercice

30
http://www.oecd.org/daf/investissement/pfi
31
Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), Fond de Recherche sur le Climat
d’Investissement et l’Environnement des Affaires.
http://www.auf.org/media/IMG2//pdf/CIEA_AppelCandidatures_2007.pdf
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d’une influence notable sur la gestion de l’entreprise. L’investissement direct comprend à la


fois l’opération initiale entre les deux entités et toutes les opérations ultérieures en capital
entre elles et entre les entreprises affiliées, qu’elles soient constituées ou non en sociétés »32.

C’est donc la notion d’intérêt durable et de pouvoir de décision et par conséquent de


gestion qui distingue l’IDE de l’investissement de portefeuille. L’IDE suppose ainsi
l’engagement dans une activité productive. Il est plus stable car même en cas de crise ou de
baisse de productivité, une part de l’investissement, une fois réalisée, est difficilement
récupérable. L’IDE a ainsi fait preuve de résilience dans le contexte des crises financières.

b-L’attractivité
L’attractivité peut être définie comme la capacité à drainer et à attirer des hommes, des
activités/fonctions et des compétences sur un territoire grâce à ses ressources, sans les
dilapider et sans négliger la qualité de vie des populations33.

L’attractivité de l’investissement international porte sur les aptitudes d’un espace


national à attirer les investisseurs étrangers. Elle est « le résultat dialectique, d’une part, de la
demande par les firmes d’avantages de localisation qui leur permettront de renforcer leur
compétitivité sur le marché mondial et, d’autre part, de l’offre partielle ou totale de ces
avantages par les différents territoires »34.

Dans un sens strict, l’attractivité est définie comme « l’ensemble des dispositifs mis en
place par l’Etat (code d’investissement, traitement juridique et fiscal de l’IDE, infrastructures
publiques, etc.) existant dans le pays hôte dans le but d’attirer l’IDE »35. Une vision plus riche
de l’attractivité y inclut trois autres séries d’éléments : le climat d’investissement, le risque
pays et les avantages économiques comparatifs36.

Le climat d’investissement est évalué à partir des critères suivants : niveau et stabilité
des variables macroéconomiques (taux d’inflation, croissance du PIB, taux de chômage,
investissement…) et d’indices de la stabilité politique locale. Selon ANDREFF, il n’y a

32
OCDE (1996) ; Définition de référence de l’OCDE des investissements directs internationaux ; Publications de
l’OCDE, 3ème édition, Paris, p. 8.
33
ANGEON V. et RIEUTORT L. (2007) ; L’attractivité territoriale en questions ; Nouvelle attractivité des
territoires et engagement des acteurs, (dir.) par CHIGNIER-RIBOULON F. et SEMMOUD N., Presses Univ.
Blaise Pascal, pp. 235-247
34
MICHALET C.A. ; op. cit., pp. 71-72.
35
ANDREFF W. (1997) ; Les firmes multinationales et les pays associés à l’Union Européenne ; In Les
investissements directs étrangers : facteurs d’attractivité et de localisation »; collectif, GUERRAOUI D. et
RICHET X. (sous la direction de) ; Les éditions Toubkal et l’Harmattan, Casablanca-Paris, p. 44.
36
IBID, p. 45.
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qu’une faible corrélation entre les indicateurs macroéconomiques et le degré d’attractivité des
PED. Le deuxième élément concerne le risque pays, tel qu’évalué par la communauté
financière internationale. Pour ANDREFF, les FMN y sont particulièrement sensibles, en
particulier lorsque la note du pays est mauvaise.

Le traitement juridique de l’investissement et en particulier de l’investissement


étranger entre aussi en ligne de compte : il s’agit de l’absence de discrimination vis-à-vis des
investisseurs étrangers, de la sécurité juridique effective pour les investisseurs et du respect
des règles de l’économie de marché ; là encore, les FMN y sont particulièrement sensibles.

1.2.2- Conditions d’attractivité de l’IDE


MICHALET distingue les pré-conditions de l’attractivité de ses conditions
nécessaires37. Selon l’auteur, pour qu’un territoire figure sur la ‘‘long list’’ des investisseurs,
il faut qu’il remplisse de façon impérative des conditions préalables. Par pré-conditions de
l’attractivité, MICHALET entend la stabilité et la soutenabilité du cadre macropolitique et
macroéconomique, le climat d’investissement et l’existence d’un Etat de droit. Tout d’abord,
l’investisseur étranger se préoccupe de la stabilité du régime politique. Si la probabilité d’un
ou d’une suite de coups d’Etat est élevée, même si la rentabilité du projet est attrayante, il est
probable que le pays sera rayé de la liste longue. La stabilité économique vient en second lieu.
Il s’agit de prendre en considération une série de variables macroéconomiques qui permettent
d’évaluer la soutenabilité d’un régime de croissance : équilibre du budget, équilibre de la
balance des paiements, taux d’inflation, taux d’endettement extérieur, stabilité du taux de
change, etc.

Les investisseurs potentiels se soucient également des variables qui sont les
composantes du climat des investissements, c’est-à-dire de l’environnement légal et
réglementaire des activités courantes des entreprises installées sur place : (i) liberté de
transfert des capitaux et régime des changes ; (ii) fiscalité sur les bénéfices industriels et
commerciaux et sur les revenus des personnes physiques ; (iii) droits de douane et
fonctionnement des douanes, des ports et aéroports ; (iv) législation sociale, plus
spécialement, la flexibilité du marché du travail, les droits syndicaux, les attitudes des
inspecteurs du travail, etc. ; (vi) l’attitude plus ou moins amicale du gouvernement et de
l’administration au niveau central et au niveau local vis-à-vis du secteur privé38; (vii) délais

37
MICHALET C.A., op. cit., pp. 72 à 83.
38
L’existence de programmes de privatisation constitue un signal positif, non seulement parce qu’ils ouvrent des
opportunités d’investissement, mais aussi, parce qu’ils manifestent clairement une orientation politique favorable
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exigés par les procédures administratives nécessaires à la constitution d’une société


commerciale, aux autorisations des investissements, à l’obtention de régimes ouvrant droit à
des incitations fiscales et financières, à l’obtention des permis de travail ; et (viii) sécurité et
cadre de vie pour les expatriés (écoles, logements, loisirs, climat…).

Les investisseurs étrangers se préoccupent, enfin, de l’évaluation de la stabilité, de la


transparence et de l’efficacité du système légal, réglementaire et judiciaire. L’Etat de droit
constitue ainsi une dimension importante au même titre que la stabilité politique et
économique. Un système judiciaire incapable de faire respecter les engagements des
partenaires à l’échange obère les opportunités d’affaires les plus attrayantes.

Une fois éliminé les territoires qui n’offrent pas les pré-conditions, les investisseurs
potentiels examinent les conditions nécessaires qui commandent l’inscription d’un pays sur la
‘‘short list’’. Ces dernières peuvent être classées selon quatre groupes : la taille et le taux de
croissance du marché, le système de communications et des télécommunications, la
disponibilité en ressources humaines qualifiées et l’existence d’un tissu d’entreprises locales
performantes. Finalement, les investisseurs potentiels choisissent entre les territoires qui
figurent sur la ‘‘short list’’.

Lorsqu’un pays remplit l’ensemble des préalables et des conditions nécessaires, il est
appelé à faire un effort supplémentaire. Il s’agit de valoriser l’attractivité du pays et de ses
sites par le déploiement d’une politique active de promotion orientée vers la communauté des
investisseurs étrangers. Les choix d’implantation doivent donc être éclairés par des
organismes spécialisés à travers des politiques de promotion des investissements qui
s’inspirent des techniques de marketing39.

II- Climat de l’investissement et attractivité du Maroc pour l’IDE


2.1- Les composantes du climat de l’investissement au Maroc
Depuis le début des années 1980, dans le but d’améliorer son climat d’investissement,
de développer son attractivité pour l’IDE et d’assurer sa forte intégration dans l’économie
mondiale, le Maroc a introduit des réformes multiples et variées. De telles réformes peuvent

à l’initiative privée. Voir à ce propos: MICHALET C. A. (1999) ; Un nouvel impératif de la politique


industrielle dans la globalisation : l’attractivité ; In Globalisation et politiques économiques : les marges de
manœuvre ; BOUËT A. et Le CACHEUX C. (dir.) ; Economica, Paris, pp. 392-393.
39
Voir à ce sujet NOISETTE P. et VALLÉRUGO F. (1996) ; Le marketing des villes : un défi pour le
développement stratégique; Les éditions d’organisation, Paris.
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être classées en trois grandes catégories : les réformes à caractère économique, les réformes à
caractère juridique et celles à caractère institutionnel.

2.1.1- Les composantes à caractère économique


a- Code Général des Impôts et réduction de la pression fiscale
Initiée dès la seconde moitié de la décennie 1980, la réforme fiscale a pour objet la
simplification et la rationalisation du système fiscal, la restructuration et l’élargissement de
son assiette et l’abaissement de la pression fiscale. En effet, de nouveaux instruments
d’imposition ont été adoptés : la Taxe sur la Valeur Ajoutée (1986), l’impôt sur les
Sociétés (1988) et l’Impôt sur les Revenus (1990).

A travers la loi de finances n° 43-06 pour l’année budgétaire 2007, l’Etat a consacré
l’aboutissement du processus progressif d’élaboration du ‘‘Code Général des Impôts’’. Ce
Code constitue désormais la principale source de la législation fiscale marocaine, résultant de
la compilation et de l’actualisation des textes en vigueur au 31 décembre 2006 relatifs à la
fiscalité. En effet, des mesures avantageuses ont été prévues au niveau de l’IS, l’IR, la TVA,
et des droits d’enregistrement, pour l’entreprise privée tant étrangère que nationale.
Au niveau de l’IS, le taux d’imposition a été rabaissé à 30%. Et en ce qui concerne
l’IR, le seuil d’exonération à été porté à 28 000 DH, en 2009, à 30 000 DH en 2010 et les taux
d’imposition ont été revus à la baisse (le taux maximal est passé de 42% à 38%).

Avec la mise en place d’un système fiscal simple, clair, stable et qui tient compte de
son niveau chez les pays concurrents, les investissements privés, et surtout étrangers ont
commencé à s’intéresser à la destination Maroc en tant que lieu d’implantation.

b- Le financement
L’accès aux sources de financement et les conditions de cet accès ont un impact
indéniable sur l’investissement. A ce sujet, de nombreuses réformes ont été initiées par l’Etat
marocain afin d’améliorer le fonctionnement du marché de l’argent. En effet, au niveau
bancaire, en 1991, on a vécu la levée de l’encadrement du crédit, l’assouplissement progressif
des emplois obligatoires et la libéralisation des conditions des taux d’intervention. De même,
une nouvelle loi bancaire a été promulguée en 1993 en remplacement de celle de 1967.

27
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Sur le plan du marché monétaire, un texte portant sur la création d’un marché des titres
de créances négociables a été promulgué en 199540.

En ce qui concerne le marché financier, un nouveau texte a été mis en application en


1993, en remplacement de celui de 1967, pour : dynamiser la Bourse des Valeurs de
Casablanca ; renforcer l’information financière ; et mettre en place de nouveaux instruments
financiers. Par le même texte, on a prévu la création d’un ‘‘Conseil Déontologique des
Valeurs Mobilières’’ et des ‘‘Sociétés de Bourse’’, qui ont le monopole des transactions sur
les valeurs mobilières cotées.

Enfin, en 2006, une nouvelle loi bancaire a été promulguée en remplacement de la loi
bancaire de 1993. Aujourd’hui, un nouveau projet de loi est en discussion au parlement dont
la nouveauté est l’introduction au Maroc des banques participatives (ou banques islamiques).

c- Le marché des changes


Au niveau des changes, le Maroc a proclamé la convertibilité du dirham pour les
transactions courantes (1993) et a mis en place un marché des changes interbancaire (1996)
offrant de nombreux avantages aux investisseurs étrangers.
d- L’offshoring
Dès 2006, l’Etat marocain a fait le choix d’une politique volontariste visant le
développement des activités de l’offshoring, en l’érigeant comme l’un des principaux piliers
du ‘‘programme émergence’’.

Ainsi, le gouvernement marocain a mis en place une offre spécifique compétitive et


adaptée aux besoins des entreprises pour les activités de l’offshoring. Cette offre consiste en
la création de zones dédiées aux activités liées à l’offshoring dotées d’une infrastructure
d’accueil et de télécommunication de premier ordre à des coûts très compétitifs et d’un
dispositif incitatif attrayant, notamment en matière de formation et d’impôt sur le revenu.

On ne peut pas clore les réformes économiques introduites par le Maroc sans mettre
l’accent sur le lancement, dès le début de la décennie 1990, d’un vaste programme de
privatisation des entreprises publiques ; programme auquel la participation du capital étranger
a joué un rôle déterminant.

40
Sur ce marché sont négociés les certificats de dépôts d’une durée variant entre 10 jours et 7 ans, les bons de
sociétés de financement d’une durée variant entre 2 et 7 ans et les billets de trésorerie dont l’émission est
réservée aux entreprises.
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2.1.2- Les composantes à caractère juridique


Les principales actions de réforme dans ce sens concernent le droit des affaires, la
charte d’investissement et les différentes conventions en la matière.
a-Code de commerce et droit des sociétés
Un nouveau code de commerce et des lois sur la société anonyme et sur les autres
formes de sociétés ont été promulgués à compter de 1995.
En ce qui concerne le code de commerce, on a introduit des innovations relatives au
statut du commerçant, à l’élargissement de la commercialité et aux procédures de traitement
et de liquidation des entreprises en difficulté.

Pour ce qui est de la loi sur la société anonyme, elle a introduit des dispositions qui
présentent un intérêt double : (i) assurer une plus grande protection aux actionnaires,
consacrer l’appel public à l’épargne et introduire la forme avec un directoire et un conseil de
surveillance ; et (ii) inciter les entreprises installées au Maroc à se restructurer et faciliter leur
intégration au marché mondial. Soulignons à ce niveau que la loi 17-95 relative à la SA a été
modifiée et complétée par la loi 20-05, l’objectif étant une modernisation des dispositions
juridiques régissant cette société41.

S’agissant des autres formes de sociétés, plusieurs innovations ont été introduites : (i)
acquisition de la personnalité morale à partir de l’immatriculation au registre de commerce ;
(ii) extension de la commercialité par la forme aux sociétés en nom collectif et en commandite
simple ; (iii) obligation de nomination d’un commissaire aux comptes si le chiffre d’affaires
hors taxe dépasse 50 millions de DH ; (iv) protection des associés par l’extension de leur droit
à l’information ; et (v) renforcement de la responsabilité civile et pénale des gérants. Par
ailleurs, nous avons assisté à l’assouplissement de la loi sur la SARL à travers :

-la suppression de l’exigence d’un capital minimum de 100 000 DH pour la


constitution de cette société et son remplacement par un capital minimum de 10 000 DH. Ce
capital est divisé en parts sociales égales d’un montant ne pouvant être inférieur à 10 dirhams
au lieu des 100 dirhams précédemment exigés42 ;
-l’obligation de libération intégrale des parts sociales et sa mention dans les statuts a
été supprimée.

41
Dahir n°1-08-18 du 17 Joumada I (23 mai 2008) portant promulgation de la Loi n°20-05.
42
Dans la loi 24-10 du 2 juin 2011, modifiant et complétant la loi 5-96, aucun capital minimal n’est requis pour
créer une SARL.
29
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b- Code de travail
En ce qui concerne la législation sociale, le Maroc à adopté un Code moderne de
travail qui a apporté une série d’innovations, visant à associer les salariés à la vie de
l’entreprise et à améliorer sa gouvernance. Il met en place de nouvelles institutions de
représentation et de participation des salariés : comité d’entreprise et représentant syndical et
consacre la négociation collective en instituant un conseil de la négociation collective.

c-Charte d’investissement et conventions relatives à l’investissement


D’autres réformes à caractère juridique sont incarnées essentiellement dans l’adoption
d’une ‘‘Charte d’Investissement’’ et la signature d’un ensemble de conventions bilatérales et
multilatérales concernant l’investissement. En effet, la charte d’investissement, adoptée en
1995, regroupe l’ensemble des avantages prévus pour tous les secteurs d’activités
économiques. Cette charte, qui a aligné le traitement incitatif du secteur public sur celui des
entreprises de droit privé, a apporté une simplification des procédures administratives et des
avantages budgétaires pour les entreprises qui remplissent certaines conditions.
De même, le Maroc a signé un ensemble de conventions bilatérales et multilatérales
en matière d’investissement. Les principales conventions ont été signées avec l’Allemagne,
l’Autriche, le Luxembourg, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, l’Espagne, les Etats-Unis, la
France, le Gabon, la Grèce, la Hongrie, l’Iraq, l’Italie, le Koweït, la République Tchèque, le
Qatar, l’Algérie, et les Pays-Bas.
d- Marchés publics et gestion déléguée
Pour adapter l'administration publique aux changements en cours et aux engagements
du Maroc vis-à-vis de ses partenaires, le gouvernement a réalisé une réforme de la
réglementation sur la passation des marchés de l'Etat. La réforme de cette réglementation
traduit l'orientation des pouvoirs publics tendant à moraliser la vie publique et à lutter contre
toutes les pratiques de fraude et de corruption.
Les modalités de passation, d’exécution et d’extinction des contrats de gestion
déléguée de services publics sont prévues de manière claire et précise. La transparence de la
procédure d’appel à concurrence pour le choix du délégataire est bien consacrée. La loi n°54-
05 est porteuse d’une garantie non négligeable destinée à permettre l’égalité en matière
d’accès au marché marocain entre les différents opérateurs nationaux et étrangers et qui réside
en la mise en place d’une procédure transparente d’appel à concurrence pour le choix du
délégataire. Cette transparence semble être la condition sine qua non d’incitation aux
investissements de toutes natures et de crédibilisation du Maroc sur le marché international.
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e-Lois sur la concurrence et sur la propriété intellectuelle


Une loi sur la concurrence a été adoptée durant l’année 2000. Cette loi affirme le
principe de la liberté des prix et réglemente les pratiques anticoncurrentielles, en matière
d’entente et d’abus de positions dominantes ; et ce, pour renforcer la loyauté et la
transparence commerciale.
La réforme de la législation relative à la protection de la propriété industrielle a été
introduite le 18 décembre 2004, soit 6 mois après la publication du décret n° 2-00-368 du 7
juin 2004 au Bulletin officiel n° 5222. Des amendements ont été apportés à cette loi en 2006
en vue de lui conférer davantage d’efficience et de la mettre en conformité avec les normes
internationales en la matière, parmi lesquels on peut citer : (i) La possibilité d’introduire une
opposition à une demande d’enregistrement d’une marque auprès de l’Office Marocain de
Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC) ; (ii) La protection des signes sonores et les
marques olfactives ; (iii) Le dépôt de marques sous forme électronique ; et (iv) Le
renforcement des mesures de contrôle aux frontières.
f-Protection des investissements étrangers
Différents accords et conventions de coopération et de garantie des investissements
lient le Maroc avec de nombreux pays : conventions fiscales, accords de garantie des
investissements, ainsi que accords de coopération, de partenariat, et de création de zones de
libre-échange. Par ces conventions, le Maroc accorde aux investisseurs étrangers la même
sécurité, protection et avantages que ceux accordés aux nationaux en matière de garantie
contre les risques de nationalisation et d’expropriation.
Signalons à ce niveau que le Maroc est signataire des conventions multilatérales
suivantes43 :
- la convention instituant « l’Agence multilatérale de garantie des investissements »,
adoptée à Washington le 11/10/1985 ;
- la convention sur le règlement des différends en matière d’investissements entre les
Etats et les nationaux d’autres Etats, adoptée à Washington le 18/03/1965 ;
- la convention sur la reconnaissance et l’application des sentences arbitrales
étrangères adoptée à New York le 18/06/1958.
De même, le Maroc fait partie des pays reconnaissant la compétence du Centre
International pour le Règlement des Différents relatifs aux Investissements.

43
HMIOUI A. (2007) ; Investissement étranger et dynamique de l'industrie touristique au Maroc; Thèse de
doctorat; Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Oujda, p.175.
31
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Par ailleurs, les réformes structurelles entreprises sous l’égide du FMI font que
l’économie marocaine est en quelque sorte saine : faible inflation, monnaie stable, faible
déficit public, comptes extérieurs relativement équilibrés, etc.
2.1.3- Les composantes à caractère institutionnel
Dès le début de la décennie 1990, dans la perspective de l’intégration de l’économie
marocaine dans le système-monde, de nombreuses institutions ont été créées.
a- L’agence marocaine de développement des investissements
Jusqu’à la fin des années 80, plusieurs organismes44 intervenaient dans la gestion des
investissements extérieurs. Mais, depuis, il fut procédé à la création d’une structure déléguée
auprès du Premier Ministre, chargée des Investissements Extérieurs. Celle-ci fut remplacée
plus tard par une autre structure chargée de la promotion des Investissements Etrangers,
rattachée au Ministère du Commerce et de l’Industrie, et puis au Ministère des Finances
(1993). Sous l’impulsion des recommandations des institutions internationales (CNUCED,
2007), le Maroc a dû créer une agence spécialisée dédiée à la promotion économique (2009).
Il s’agit de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements dont les principales
missions sont45 :
-entreprendre toute action de promotion et de communication afin de faire connaître
les opportunités d'investissement au Maroc ;
-assurer la veille en matière de mesures adoptées par d'autres pays pour assurer le
développement et la promotion des investissements, afin d'établir la situation concurrentielle
du Maroc ;
-organiser, en collaboration et en coordination avec les autorités gouvernementales et
les autres organismes de droit public ou privé compétents, des séminaires, conférences, foires
et manifestations de nature à promouvoir l'investissement au niveau national et à l'étranger ;
-définir les indicateurs de performance relatifs aux investissements, produire et
analyser ces indicateurs et publier périodiquement les résultats de ces analyses. A cet effet,
l’Agence tient et met à jour une banque de données relatives aux investissements réalisés au
Maroc ;
-assurer l'accueil des investissements extérieurs au Maroc ;

44
Office de Développement Industriel et les ministères sectoriels chacun dans son domaine d’action.
45
HMIOUI A. (2012) ; L’Agence Marocaine de Développement des Investissements : Organisme de Marketing
territorial ? Communication au colloque international organisé par l’Ecole Nationale de Commerce et de
Gestion, Fès, Maroc ; Thème : Management des PME et Compétitivité Territoriale ; 22 et 23 mars.
32
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-mener toute action de communication, de sensibilisation et d'information afin d'attirer


les investisseurs ;
-inventorier et évaluer les obstacles à l'investissement ;
-proposer des mesures législatives et réglementaires à même de soutenir et
d'encourager l'investissement au Maroc.
b- Les centres régionaux d’investissement et la mise en place d’un manuel des
procédures d’investissement
Afin de venir en aide aux créateurs d’entreprises, le Maroc a créé, en 2001, les centres
régionaux d’investissement (CRI). Guichets uniques, au nombre de 16 et implantés dans
toutes les régions du Maroc, les CRI permettent de conseiller les investisseurs et de réaliser
toutes les formalités de création d'entreprises dans le même endroit.
Par ailleurs, un manuel des procédures d’investissement a été mis en place pour
accompagner les Centres régionaux d’investissement, de manière à harmoniser, simplifier
ainsi que modéliser les procédures relatives à l’acte d’investir, depuis la conception du projet
jusqu’à sa réalisation, et de faciliter la collaboration et la coordination entre les différentes
administrations concernées par les procédures de l’investissement.
c-Autres institutions intervenant dans l’acte d’investissement
Afin de régler les problèmes qui bloquent la réalisation des projets d’investissement et
de statuer sur les conventions liants l’Etat et l’investisseur, une ‘‘Commission
Interministérielle des Investissements’’ fut instituée en 1998.
Par ailleurs, pour régler les différends ayant trait au commerce, au monde des affaires
et à l’investissement, des juridictions de commerce ont été mises en place, en vertu du Dahir
n°1-97-65 du 12 février 1997.
De même, d’autres tribunaux à caractère administratif ont été créés en 1993, pour
apprécier la légalité des actes administratifs.
En 1999, ‘‘le Fonds Hassan II pour le développement économique et social’’ a été
institué et financé par les recettes des privatisations. Son apport, en partenariat avec le secteur
privé, en termes d’infrastructures de type économique et social était d’une grande ampleur, en
termes d’effets d’entraînement en amont et en aval, sur les autres secteurs de l’économie
nationale.
Ainsi, nous pouvons dire que la tangente de la courbe de la dynamique des réformes
pendant les années 90 est plus forte par rapport aux années 80.

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2.2- Dynamique des flux d’IDE au Maroc : de 1991 à 2013


La dynamique des flux d'IDE reçus par le Maroc sera illustrée à travers les données
statistiques présentées dans les tableaux ci-après.

Tableau 1: Investissements et prêts privés étrangers au Maroc entre 1991 et 2000


(En millions de DH)

Année 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Total 3305,2 4305 5499,2 5107,4 4245,3 4389,9 12340,4 5448,2 18466,9 12646,7

Source: Site web de l'Office des changes

Stimulés au début par le programme de privatisation mais aussi par les opérations de
reconversion de la dette extérieure, les investissements étrangers, incluant les prêts privés, ont
cumulé 75,75 milliards de DH entre 1991 et 2000, soit une moyenne annuelle de 7,57
milliards de DH. Cependant, cette tendance à la hausse est irrégulière et évolue en dents de
scie :
-de 1991 à 1993, le montant des investissements étrangers au Maroc est passé de 3305,2
millions de DH à 5 499,2 millions de DH, soit un taux d’accroissement de 66,38%;
-de 1993 à 1996, le montant des investissements étrangers a marqué une baisse remarquable
passant ainsi à 4 389,9 millions de DH, soit une chute de 20,17% ;
-de 1997 à 1999, une hausse remarquable des flux d’investissements étrangers est constatée.
Le montant de ces investissements est alors passé de 12 340,4 millions de DH à 18 466,9
millions de DH, soit une hausse de 49,64%. Cependant, cette tendance haussière n’est pas
régulière : une chute remarquable des flux d’investissements reçus a été enregistrée en 1998.
Les montants record d’investissement étrangers enregistrés durant les années 1997 et 1999
s’expliquent essentiellement par les opérations de privatisation de certaines entreprises
publiques. La privatisation de la SAMIR explique le pic élevé d’investissement reçu en 1997,
et la cession de la deuxième licence GSM en 1999 a fait porter le montant des investissements
étrangers à 18 466,9 millions de DH.
Tableau 2: Investissements directs étrangers au Maroc entre 2001 et 2008 (En millions
de DH)
Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Total 32.486,1 5.875,8 23.256,9 9.484,7 26 707,9 26 070 37 959 27 963

Source : Site web de l'Office des changes

A partir des données du tableau 2, nous pouvons avancer les commentaires suivants :

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-de 2001 à 2008, les flux cumulés d’IDE attirés par le Maroc se sont chiffrés à 189,81
milliards de DH, soit une moyenne annuelle de 23,72 milliards de DH ;

-enregistrant un montant record en 2001 qui s’est élevé à 32 milliards de DH


(privatisation partielle de Maroc Télécoms), l’investissement direct étranger reçu par le Maroc
a connu une chute remarquable durant l’année 2002. La privatisation de la Régie des Tabacs,
en 2003, explique la bonne performance réalisée au titre de l’année ;

-l’année 2004 a été surtout celle de l’introduction de Maroc Télécoms sur la bourse
parisienne et la cession de 16% du capital de cette société. Durant cette année, le Maroc a
enregistré un flux d’IDE de 9,4 milliards de DH, soit une chute de 13 milliards de DH par
rapport à 2003. Malgré le recul des investissements étrangers en 2004, le Maroc a été
considéré comme le principal pays destinataire des investissements dans le Sud de la
Méditerranée et du Proche-Orient ;

-après le recul enregistré en 2004, l’investissement direct étranger a connu un trend


haussier continu pour dépasser les 37 milliards de DH en 2007 ; année durant laquelle le
Maroc a été classé au 2ème rang des destinations d’investissement étranger en Afrique après
l’Egypte ;

-en 2008, le montant d’investissement étranger drainé par le Maroc a marqué une
baisse de 26,33% par rapport au montant drainé en 2007 (effet de la crise internationale).
Cependant, comparé aux autres pays de la méditerranée, l’investissement étranger au Maroc
n’a pas connu une profonde rupture par rapport à 2007. En effet, la baisse enregistrée au
Maroc reste faible devant celles qu’ont connues d’autres pays de la méditerranée telles que la
Tunisie (-75,2%) et la Turquie (-25,6%) ;
Tableau 3: Investissements directs étrangers au Maroc entre 2009 et 2013 (En millions
de DH)
Année 2009 2010 2011 2012 2013 (*)

Total 25 249,7 32 326,8 26 060,2 32 091,7 30 339,0


(*) Ce chiffre correspond au montant drainé par le Maroc durant les neuf premier mois de l’année 2013
Source: Site web de l'Office des changes

Les données du tableau 3 appellent les commentaires suivants :


-de 2009 à 2013, les flux cumulés d’IDE attirés par le Maroc se sont chiffrés à 146,06
milliards de DH, soit une moyenne annuelle de 29,21 milliards de DH, de loin supérieure à la
moyenne enregistrée entre 2001 et 2008 ;

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-en 2009, alors que l’économie mondiale était fortement impactée par les
conséquences de la crise des subprimes, le Maroc a pu réaliser de bonnes performances en
matière de flux d’IDE ;
-les montants drainés par le Maroc durant les années 2010, 2011 et 2012 témoignent
du fait que l’attractivité du pays est devenu indépendante de la conjoncture économique
internationale et des opérations de privatisation ;
-par ailleurs, le montant des flux d’IDE attiré par le Maroc durant les neuf premiers
mois de l’année 2013 constitue une performance louable. Le résultat des douze mois de
l’année devrait dépasser celui enregistré en 2012.
III-Perspectives d’amélioration du climat d’investissement et de l’attractivité du Maroc
pour l’IDE
Comme nous l’avons montré au niveau du titre précédent, les différentes réformes
introduites par les pouvoirs publics marocains ont débouché sur une amélioration notable du
climat d’investissement et d’attractivité du Maroc pour l’IDE. Cependant, le climat
d’investissement offert par le Maroc continue de présenter des insuffisances et de nombreuses
opportunités d’investissements restent encore inexploitées.
Quelles sont alors les limites d’un tel climat et quelles améliorations peut-on proposer au
climat d’investissement pour rendre l’économie marocaine davantage attractive pour l’IDE ?
3.1-Obstacles à l’investissement étranger au Maroc
Des entraves sérieuses semblent s’opposer au développement des investissements
étrangers au Maroc, et ce malgré les efforts déployés durant ces dernières années pour
améliorer le cadre d’investissement.

Selon une étude de l’Ambassade de France (2005)46, au Maroc, « l’essor des IDE reste
entravé par un environnement administratif et réglementaire relativement complexe et mal
sécurisé, et un certain nombre de freins demeurent réels ». Ces derniers se rapportent au
foncier, aux régimes fiscaux, au dialogue social, à l’insécurité judiciaire et au problème de
financement.

3.1.1- Problèmes posés par la Charte d’investissement


Le cadre incitatif marocain est passé des codes des investissements spécialisés par
secteur, à une Charte d’investissement concernant pratiquement tous les secteurs. En adoptant
la Charte, l’objectif consiste à harmoniser entre ces secteurs. Toutefois, cette démarche

46
Ambassade de France au Maroc Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; (2005) Investissement
direct étranger au Maroc : positionnement stratégique et environnement ; Rabat, 27 janvier ; p. 3.
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Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011

présente un inconvénient majeur. Il s’agit de considérer tous les secteurs de la même manière.
Ce faisant, « la Charte occulte la compétitivité internationale. En traitant tous les secteurs de
manière identique, elle oublie la concurrence des autres pays »47.

Par ailleurs, ce n’est qu’en janvier 2001 que le décret d’application des articles 17 et
19 de la Charte d’investissement relatifs à l’octroi de certains avantages a été adopté en
conseil du gouvernement (soit six ans après la promulgation de la charte)48.

3.1.2- Problèmes posés par l’Administration


Le comportement de l’Administration pose le plus de problèmes aux investisseurs
étrangers. En effet, « la lenteur et la lourdeur des procédures, ainsi que l’incompétence et la
désinvolture de certains fonctionnaires sont souvent citées par les investisseurs comme étant
les freins les plus forts à l’investissement »49. Actuellement, les projets de création
d’entreprises continuent de dépendre d’une autorisation de la wilaya, ou d’un avis du conseil
préfectoral ou communal. C’est là un ensemble de dysfonctionnements qui décrédibilise le
système du guichet unique que représentent les CRI.

Par ailleurs, la difficulté de faire valoir ses droits légaux constitue un obstacle de taille
devant les investisseurs étrangers. Beaucoup d’investisseurs souffrent ou ont souffert de la
lourdeur et de la lenteur des procédures judiciaires. Le témoignage du président de la
Chambre de commerce française de Casablanca est significatif à cet égard. S’exprimant
devant des investisseurs français lors d’une conférence co-organisée avec la BMCI en marge
de France Expo 2004 (12 mars 2004), BOUVEUR a affirmé : « si vous avez un différend avec
quelqu’un, il vaudrait mieux ne pas saisir la justice pour recouvrer vos droits (…). Le système
judiciaire marocain est globalement lent dans ses jugements, incertain dans ses
développements et manque d’expertise dans beaucoup de domaines »50.

Selon l’étude précitée de l’Ambassade de France, « l’insécurité judiciaire reste forte


sur le plan commercial. L’issue des procédures engagées est encore souvent aléatoire,
notamment du fait du manque de constance des tribunaux dans leurs prises de décision.
L’exécution des jugements et ordonnances reste trop souvent difficile à obtenir et les recours
peuvent s’avérer compliqués. L’insuffisance des mécanismes de recouvrement des créances
47
Libération du 13-14 janvier 2001, p. 5.
48
Il s’agit du décret n°2-00-895 du 31/01/2001. Ce texte porte sur les conditions que les investisseurs doivent
remplir pour conclure une convention avec l’Etat donnant lieu à une aide budgétaire au niveau de l’acquisition
du terrain, la réalisation des infrastructures hors-site et les frais de formation professionnelle.
49
KABBAJ A. (2002) ; La promotion de l’investissement étranger au Maroc par les joint-ventures ; In entreprises
et investissements, ISCAE, p. 169.
50
L’Economiste du 16/03/2004.
37
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet - Décembre 2011

est, en particulier, dénoncée par les opérateurs étrangers »51. Par ailleurs, dénonce l’étude, les
garanties de transparence et les possibilités offertes aux investisseurs étrangers dans le cadre
des procédures de réponse aux appels d’offres demeurent insuffisantes. De même, au niveau
de la relation contractuelle, les entreprises étrangères se heurtent souvent au non-respect de
leurs engagements par leurs partenaires marocains et éprouvent des difficultés à obtenir des
juridictions une application des contrats conclus dans leur intégralité.

Ces différentes entraves sont accentuées « par le niveau de corruption enregistré par le
Maroc et qui ternit son image. L’Administration de douane et la justice sont les domaines de
prédilection de ce fléau »52.

3.1.3- Faiblesse des infrastructures


L’implantation d’investissement étranger exige une disponibilité, à un coût compétitif
et sans défaillances, de services publics et d’infrastructures nécessaires, notamment en ce qui
concerne l’eau, l’électricité, les télécommunications et les transports. Au Maroc, la faiblesse
du niveau de ces infrastructures constitue une entrave aux investissements.

En ce qui concerne l’eau et l’électricité, de nombreuses régions du Maroc ne sont pas


reliées aux réseaux de distribution de l’eau potable et de l’énergie électrique. En matière du
coût, alors que l’industrie (au sens traditionnel du terme) bénéficie d’une tarification
préférentielle sur sa consommation de l’eau, l’investissement touristique, par exemple, est
handicapé par une tarification domestique.

Pour ce qui est du transport, nombreuses sont les régions du Maroc qui demeurent
enclavées en raison de l’absence de routes ou de leur l’état dégradé. Sur ce volet, la Tunisie,
qui a investi massivement dans l’infrastructure routière, devance de loin le Maroc.

Par ailleurs, le problème du foncier (déficit de terrains et de locaux industriels)


représente un important goulot d’étranglement pour la promotion des investissements
étrangers au Maroc. La raison principale est la spéculation immobilière qui renchérit les
locaux professionnels et l’habitat. Au-delà de son coût élevé, le foncier souffre d’une
multiplicité de régimes de propriété qui complique le processus de cession53.

51
Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; Investissement direct… ; op. cit., p. 4.
52
KABBAJ A., op. cit., p. 169.
53
Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; Investissement direct… ; op. cit., p. 4.
38
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011

3.1.4- Faible qualification de la main d’œuvre et chute du niveau des apprenants


Selon une étude de la direction de la politique économique générale (DPEG, ministère
des finances), menée en novembre 200254, 74% de la population occupée au Maroc est non
diplômée et 15,5% seulement de celle-ci a reçu une formation fondamentale.
D’après ladite étude, le coût de la main d’œuvre au Maroc, encore relativement bas, ne
joue plus un rôle dans la décision d’investir d’une entreprise étrangère. C’est un « avantage
qui n’existe plus vis-à-vis de l’ensemble des pays émergents concurrents du Maroc » tels que
l’Egypte, la Tunisie, la Turquie, le Chili, la Malaisie, la Corée du Sud et la Pologne. Dans un
contexte de globalisation, ajoute l’étude, les apports de la main d’œuvre dépendent surtout du
niveau d’activité et de la qualité des actifs. Sur le premier point, les incitations au travail au
Maroc sont limitées par le système d’imposition (la pression fiscale représente 22% du PIB)55.
Quant au second point, la DPEG souligne la faiblesse de qualification de la main d’œuvre au
Maroc.
Selon un rapport de la Banque mondiale sur le climat d’investissement au Maroc56, le
problème de la formation handicape tous les secteurs d’activités économiques dans le pays.
D’après ledit rapport, sur le plan formation, le Maroc est très mal classé à l’international. Près
de 40% des employés ont moins de six ans de formation (soit le niveau primaire) et les ¾ en
comptent 9 ans (soit le niveau collège). Ces chiffres placent le Maroc dans la catégorie des
pays pauvres, les pays qui lui sont comparables en termes de PNB par habitant disposent, en
effet, d’entreprises dont les employés sont bien formés. Les dépenses consacrées à la
formation dans les entreprises marocaines seraient de l’ordre de 0,2% de la masse salariale,
souligne le rapport.

Par ailleurs, à cause, entre autres, de l’arabisation des matières scientifiques dans le
primaire, le collégial et le secondaire, le niveau des élèves et des étudiants n’a pas cessé de
baisser. Aujourd’hui, il est courant de trouver des étudiants en phase finale de formation qui
ont du mal à formuler une phrase correcte.
3.1.5- Problèmes de financement
Le volet financement figure également parmi les entraves importantes à
l’investissement tant national qu’étranger. Les reproches faits aux banques par les
investisseurs ne concernent pas les taux d’intérêt en premier lieu, qui sont au demeurant
élevés, mais ont trait à la difficulté d’accéder au crédit caractérisée par l’excès de garanties

54
La Vie Economique du 20/12/2002.
55
L’économiste du 21/01/2013
56
L’Economiste du 28/02/2006.
39
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet - Décembre 2011

exigées par les banques, par le retard de traitement des dossiers de crédit et leur déblocage.
Selon l’étude précitée de l’Ambassade de France (2005), les conditions d’accès au crédit sont
souvent rédhibitoires, notamment pour les PME-PMI.

D’après l’étude de la DPEG précitée, en 2001, le financement de l’investissement à


travers des crédits à moyen et long termes n’a représenté que 40% du montant total des crédits
accordés par les banques. La bourse, de son côté, participe très peu au financement de
l’investissement. En effet, le ratio de capitalisation boursière/PIB était de 27,9% en 2001
contre 50% atteint par les marchés financiers asiatiques.

3.2-Propositions pour une amélioration du climat d’investissement au Maroc

3.2.1-Code du travail et question de l’emploi


Le Code du travail ne contient aucune disposition relative au droit de grève. En
l’absence de cadre d’exercice clair, la grève reste souvent utilisée de façon abusive,
notamment pour contester des licenciements pour faute grave. Cette entrave majeure est
souvent déplorée par les investisseurs étrangers.

Par ailleurs, la législation n'a pas fixé de critères, ni de quota, pour l’emploi du
personnel étranger hormis celui du ‘‘profil rare et recherché’’57. C’est au cas par cas que les
autorisations sont accordées. Cette disposition est perçue comme dissuasive pour les
investisseurs étrangers qui, le plus souvent, manifestent le besoin d'employer du personnel
étranger pour assurer le fonctionnement de certains types d'investissements.

Le droit de grève devrait être réglementé avec l’accord des partenaires sociaux. Un
projet est encours de discussion mais il semble que le gouvernement n’a pas eu l’adhésion des
syndicats à propos dudit projet58.

Par ailleurs, la prise en charge par l’État de la contribution patronale à la couverture


sociale des salariés est une mesure incitative tant aux IDE qu’à l’emploi.

La souplesse en matière d’emploi est de nature à favoriser l’embauche ; le recours aux


contrats de durée déterminée devrait être encouragé, notamment en matière de premier emploi
et pour les jeunes diplômés. Les conditions de licenciement doivent être assouplies.

En matière d’emploi des étrangers, il serait important que les sociétés étrangères
puissent recruter selon des critères déterminés à l’avance. Par exemple, avoir une indication

57
Arrêté ministériel du 17 mars 2005.
58
L’Economiste du 7 janvier 2014.
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Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011

précise d’un nombre maximum de cadres étrangers que l’entreprise peut recruter avec
possibilité exceptionnelle de l’augmenter lorsque les besoins de l’entreprise le justifient.

3.2.2- La levée d’obstacles relatifs au foncier


Selon la Banque mondiale, l’accès aux terrains est un obstacle majeur à
l’investissement tant étranger que national59. Les problèmes les plus importants sont la très
faible couverture en matière d’immatriculation au cadastre, l’ancienneté des textes, la
multiplication des statuts et des régimes, les difficultés d’identification du propriétaire réel du
terrain, la multiplication des interlocuteurs, le coût élevé de certains terrains industriels et le
manque de terrains disponibles, la spéculation et les procédures tatillonnes.

Le patrimoine foncier public doit être réservé à la création de zones et parcs


industriels. Les terrains ne devraient plus pouvoir être cessibles, sauf pour des projets
touristiques et selon des cahiers des charges. De même, il s’agit de développer les contrats de
gestion déléguée ou les contrats d’utilisation exclusive pour des projets d’investissements
avec un droit de préemption pour l’État.

Le principal problème du foncier industriel reste l’aménagement, les travaux


d’infrastructures et la viabilisation en vue d’augmenter l’offre de terrains disponibles seraient
de nature à résoudre de nombreux problèmes du foncier industriel à l’instar de ce qui a été fait
pour les zones touristiques.

La promotion et la communication font défaut pour certaines zones industrielles.


Certaines zones se vendant mieux que d’autres, de nombreuses régions ne sont pas utilisées à
plein régime par manque de promotion et de communication. L’absence d’une structure qui
gère le foncier -en particulier le domaine privé de l’État- devrait être compensée par la
création d’une autorité de régulation en matière foncière (agence foncière industrielle) afin
d’assurer une visibilité et une volonté claire à long terme.

De même, le renforcement de la couverture en matière d’immatriculation au cadastre,


de la cartographie et de la mise à niveau des textes à cet égard sont de nature à sécuriser les
investisseurs relativement à la propriété et à résoudre les difficultés d’identification du
propriétaire réel du terrain. Réduire au minimum les statuts et les régimes en matière foncière
en tenant compte des contraintes locales permettrait de à séduire les différents interlocuteurs
et d'harmoniser les procédures.

59
Banque Mondiale (2006) ; Mémorandum économique pays, Promouvoir la croissance et l’emploi par la
diversification productive et la compétitivité ; Volume II, p.70.
41
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3.2.3- La réforme du système judiciaire


Les autorités marocaines sont pleinement conscientes des insuffisances du système
judiciaire et de nombreux efforts en vue de son amélioration ont été faits. Malheureusement,
la justice marocaine ne reflète pas encore une image positive aux yeux des investisseurs
étrangers. Selon la CNUCED60, elle est considérée comme le plus important obstacle aux
IDE.

La justice est très souvent lente (délais de procédures, report des audiences), incertaine
(conflits de juridiction, difficulté à obtenir l’exécution des décisions de justice), peu prévisible
(corruption, en particulier au niveau des experts judiciaires) ou insuffisamment transparente
(manque de diffusion de la jurisprudence), ce qui met le droit au second plan. La création des
tribunaux de commerce constitue une évolution positive, elle n'a cependant pas réussi à
changer fondamentalement la perception négative du système judiciaire.

Par ailleurs, le manque de formation des magistrats et des auxiliaires de justice, les
insuffisances en matière de traitement des entreprises en difficulté, ainsi que l’abus de l’usage
des procédures d’insolvabilité, les problèmes d’exécution des jugements et de probité des
professions liées à la justice constituent les principales insuffisances invoquées. La justice
souffre aussi d’un problème de communication, en particulier avec le milieu d’affaires. Le
développement de la formation est incontournable pour une meilleure efficacité des
juridictions commerciales. L’application de la législation commerciale est une entrave à
l’investissement et n’est pas conforme aux meilleures pratiques internationales. Il est essentiel
d’améliorer la prestation des huissiers en matière d’exécution des contrats, en instituant des
mécanismes efficaces de contrôle. De même, il faut élaborer des formations ciblées et
permanentes en direction des magistrats et auxiliaires de justice en matière de liquidation des
sociétés, de systèmes de faillite, de finance, d’insolvabilité, de cessation des paiements, etc.

L’inexécution des jugements porte atteinte à la crédibilité du système judicaire et


constitue une entrave à l’encouragement de l’investissement. Les mesures qui peuvent être
prises à cet égard devraient viser à combler le vide juridique par l’adoption d’une loi fixant
des astreintes journalières en cas de non-exécution ou de retard dans l’exécution des
jugements. Une responsabilité civile, pénale, administrative et disciplinaire des fonctionnaires
responsables de l’inexécution des jugements doit être prévue.

60
CNUCED (2007) ; Examen de la politique de l’investissement au Maroc ; Genève.

42
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3.2.4-La modernisation du dispositif législatif régissant les IDE


Le Maroc devrait consolider les textes relatifs au régime général de l'investissement
dans le cadre d’un code des investissements, clarifier les recours judiciaires mis à la
disposition des investisseurs et rendre cette législation effective et crédible.

En effet, il est souhaitable que le nouveau texte :

-affirme clairement le principe de la liberté d’investir et devienne le garant de la


stabilité fiscale et juridique en général ;

-précise les secteurs ou les activités qui nécessitent le maintien d’une autorisation
(pour la réalisation de l’investissement ou pour l’octroi d’avantages), ainsi que les autorités
chargées de la délivrer ;

-réduise au minimum le régime de l’autorisation en le remplaçant par le régime de la


déclaration ou le cahier de charges ;

-indique les recours administratifs ou judiciaires offerts en cas de refus d’autorisation


et le délai dans lequel l’investisseur pourrait les exercer ;

-énonce les objectifs et les secteurs prioritaires et module de manière précise et


cohérente les avantages en fonction de ces objectifs et priorités que ce soit dans le cadre du
régime conventionnel ou non conventionnel.

L’État doit pouvoir accorder un avantage en fonction de l’importance de


l’investissement sans être enfermé dans un texte trop restrictif. La Charte bloque la liberté de
l’État d’accorder d’autres avantages, à part ceux qui sont expressément énumérés, pour des
investissements d’une certaine ampleur dans le cadre du régime conventionnel. Quelle que
soit l’option choisie pour un futur texte qui régira la matière des investissements tels que
charte ou code, l’État doit conserver sa liberté d’accorder ou de ne pas accorder des avantages
supplémentaires en plus des avantages prévus soit par le droit commun, soit éventuellement
par le code. L’ampleur de ces avantages supplémentaires ne doit pas faire objet d’une
définition précise.

De même, quelle que soit sa nature, la nouvelle législation sur l’investissement doit
s’inscrire dans une longue durée. Cela n’est pas incompatible avec la nécessité de la modifier
suite à l’évolution du climat économique et des priorités des pouvoirs publics en matière
d’IDE.

43
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet - Décembre 2011

La législation sur l’investissement doit être clairement protectrice pour les


investisseurs. Les recours juridictionnels ouverts pour un investisseur contre les décisions
relatives à la réalisation d’un projet d’investissement doivent être précisés, la procédure claire,
les juges indépendants et les délais d’examen d’une affaire raisonnables.

La législation relative à l’investissement doit être effective et crédible. Il faut accélérer


la publication des lois, codes et décrets d'application. L’obligation de publier ces décrets dans
un délai raisonnable après la promulgation de la loi est de nature à mettre fin au décalage.
Enfin, les mesures incitatives (à caractère fiscal ou autre) doivent être formulées en termes
clairs et ne pas laisser à l'administration une grande liberté et un pouvoir discrétionnaire en ce
qui concerne son octroi.

La législation sur l’investissement doit faire l’objet d’une action intensive de


vulgarisation, de promotion et de communication auprès de l'administration et des
investisseurs potentiels.

Conclusion
Depuis l’avènement du PAS, dans le cadre de sa stratégie d’ouverture et d’intégration
dans le jeu économique mondial, le Maroc a entamé un processus de réformes touchant les
domaines économique, juridique et institutionnel. Au sein de ces réformes, un intérêt
particulier a été consacré à l’amélioration du climat d’investissement et à l’attractivité de
l’économie marocaine pour l’IDE.

Les réformes introduites ont donné leurs fruits. Très peu attractif et n’intéressant pas
les investisseurs internationaux jusqu’à la fin des années 1980, le Maroc est devenu attractif
pour l’IDE. De grandes multinationales, issues des quatre coins du globe, développement
leurs investissements aujourd’hui dans le pays.

Cependant, le climat d’investissement du Maroc continue de présenter des faiblesses et


le grand potentiel d'investissements étrangers dont dispose le pays est loin d’être pleinement
exploité.

Dans la perspective de dépasser les insuffisances du climat d’investissement et


d’accroître l’attractivité de l’économie marocaine, des efforts restent ainsi à accomplir par les
pouvoirs publics. A ce sujet, nous pouvons proposer les pistes de réformes suivantes :

- poursuivre la modernisation du cadre réglementaire et renforcer le cadre


institutionnel de l’investissement étranger ;
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- transformer les Conseils régionaux d’investissement en délégations régionales de


l’Agence Marocaine de Développement des Investissements, afin de mettre fin à
l’intervention du ministère de l’intérieur dans l’acte d’investissement ;

-mener une réforme en profondeur du système de l’enseignement afin d’arrêter


l’hémorragie de la chute flagrante du niveau des apprenants ;

-faire aboutir le projet de réforme du code de travail, en réglementant le droit de


grève ;

-mener, de façon urgente, une réforme en profondeur du système judicaire et assainir


ledit système de ceux qui nuisent à sa crédibilité et son image ;

-intensifier les efforts d’investissements dans les infrastructures en ciblant les régions
pauvres et déshéritées, afin de lutter contre les inégalités régionales ;

-élaborer une stratégie d'investissement proactive pour améliorer la perception que les
opérateurs privés internationaux ont du climat d'investissement du pays.

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