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Résumé :
Cet article s’interroge sur le climat d’investissement et l’attractivité du Maroc pour
l’investissement direct étranger (IDE). Il est présenté en trois points :
-le premier point étudie les concepts de climat d’investissement et d’attractivité pour
l’IDE ;
-le second examine le climat d’investissement au Maroc à travers une revue des
différentes réformes introduites par les pouvoirs publics depuis le début des années 1980, et
avance la dynamique récente des flux d’IDE drainés par le pays (depuis 1991) ;
-le troisième point, enfin, avance des pistes de réformes pour améliorer davantage le
climat d’investissement et l’attractivité de l’économie marocaine pour l’IDE.
Ainsi, depuis 1983, dans la logique du Programme d’Ajustement Structurel, et dans la
perspective d’améliorer son climat d’investissement et de développer son attractivité pour
l’investissement direct étranger (IDE), le Maroc a introduit des réformes multiples et variées,
touchant la quasi-totalité du domaine de l’environnement des affaires.
Les différentes réformes adoptées, couplées d’une politique active en matière de promotion orientée IDE,
se sont traduites par une dynamique remarquable concernant les flux d’investissement étranger drainés par le
Maroc.
Cependant, les résultats réalisés par le Maroc en termes d'attraction de l’IDE restent
modestes par rapport au potentiel d'investissement du pays.
Pour exploiter pleinement ce potentiel, le Maroc est appelé à parachever le processus
des réformes entamé il y a trois décennies, en ciblant, en particulier, le domaine de la justice.
27
Professeur Habilité Ecole Nationale de Commerce et de Gestion, Fès- Maroc.
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Introduction
Au niveau mondial, dans le contexte actuel de la globalisation, l’amélioration de
l’attractivité de l’économie et la mobilisation de l’investissement direct étranger (IDE)
constituent l’un des éléments essentiels de la stratégie de croissance et d’intégration au jeu
économique international. En effet, partout dans le monde, l’investissement étranger est de
plus en plus recherché et les pays se font concurrence entre eux pour son attraction. Selon
MICHALET28, le renforcement de l’attractivité des nations pour l’investissement étranger est
devenu, depuis la fin des années 80, le nouvel impératif des politiques industrielles, au Nord
comme au Sud.
L’objet de cet article est d’étudier le climat d’investissement et son impact en termes
d’attractivité de l’IDE dans le cas de l’économie marocaine.
Cette recherche est présentée en trois sections. Dans un premier temps, nous
allons étudier les concepts de climat d’investissement, de l’IDE et celui de l’attractivité ; cela
nous permettra de cerner les composantes du climat d’investissement et de l’attractivité (I).
Dans un deuxième temps, nous allons examiner les variables qui forment le climat
d’investissement au Maroc et analyser l’évolution de l’attractivité de l’économie marocaine
pour l’IDE (II). Enfin, nous allons avancer des pistes de réformes pour améliorer davantage le
climat d’investissement et l’attractivité de l’économie marocaine pour l’IDE (III).
28
MICHALET C.A (1999) ; La séduction des nations ou comment attirer les investissements ; Editions
Economica, Paris, p. 1.
29
The World Bank development report 2005 : http://go.worldbank.org/WVDAOSZJ20
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suivantes : (i) la stabilité et la sécurité ; (ii) la réglementation et la fiscalité ; (iii) les finances
et l’infrastructure ; et enfin (iv) la main-d’œuvre et le marché du travail.
1.2.1- Définitions
30
http://www.oecd.org/daf/investissement/pfi
31
Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), Fond de Recherche sur le Climat
d’Investissement et l’Environnement des Affaires.
http://www.auf.org/media/IMG2//pdf/CIEA_AppelCandidatures_2007.pdf
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b-L’attractivité
L’attractivité peut être définie comme la capacité à drainer et à attirer des hommes, des
activités/fonctions et des compétences sur un territoire grâce à ses ressources, sans les
dilapider et sans négliger la qualité de vie des populations33.
Dans un sens strict, l’attractivité est définie comme « l’ensemble des dispositifs mis en
place par l’Etat (code d’investissement, traitement juridique et fiscal de l’IDE, infrastructures
publiques, etc.) existant dans le pays hôte dans le but d’attirer l’IDE »35. Une vision plus riche
de l’attractivité y inclut trois autres séries d’éléments : le climat d’investissement, le risque
pays et les avantages économiques comparatifs36.
Le climat d’investissement est évalué à partir des critères suivants : niveau et stabilité
des variables macroéconomiques (taux d’inflation, croissance du PIB, taux de chômage,
investissement…) et d’indices de la stabilité politique locale. Selon ANDREFF, il n’y a
32
OCDE (1996) ; Définition de référence de l’OCDE des investissements directs internationaux ; Publications de
l’OCDE, 3ème édition, Paris, p. 8.
33
ANGEON V. et RIEUTORT L. (2007) ; L’attractivité territoriale en questions ; Nouvelle attractivité des
territoires et engagement des acteurs, (dir.) par CHIGNIER-RIBOULON F. et SEMMOUD N., Presses Univ.
Blaise Pascal, pp. 235-247
34
MICHALET C.A. ; op. cit., pp. 71-72.
35
ANDREFF W. (1997) ; Les firmes multinationales et les pays associés à l’Union Européenne ; In Les
investissements directs étrangers : facteurs d’attractivité et de localisation »; collectif, GUERRAOUI D. et
RICHET X. (sous la direction de) ; Les éditions Toubkal et l’Harmattan, Casablanca-Paris, p. 44.
36
IBID, p. 45.
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qu’une faible corrélation entre les indicateurs macroéconomiques et le degré d’attractivité des
PED. Le deuxième élément concerne le risque pays, tel qu’évalué par la communauté
financière internationale. Pour ANDREFF, les FMN y sont particulièrement sensibles, en
particulier lorsque la note du pays est mauvaise.
Les investisseurs potentiels se soucient également des variables qui sont les
composantes du climat des investissements, c’est-à-dire de l’environnement légal et
réglementaire des activités courantes des entreprises installées sur place : (i) liberté de
transfert des capitaux et régime des changes ; (ii) fiscalité sur les bénéfices industriels et
commerciaux et sur les revenus des personnes physiques ; (iii) droits de douane et
fonctionnement des douanes, des ports et aéroports ; (iv) législation sociale, plus
spécialement, la flexibilité du marché du travail, les droits syndicaux, les attitudes des
inspecteurs du travail, etc. ; (vi) l’attitude plus ou moins amicale du gouvernement et de
l’administration au niveau central et au niveau local vis-à-vis du secteur privé38; (vii) délais
37
MICHALET C.A., op. cit., pp. 72 à 83.
38
L’existence de programmes de privatisation constitue un signal positif, non seulement parce qu’ils ouvrent des
opportunités d’investissement, mais aussi, parce qu’ils manifestent clairement une orientation politique favorable
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Une fois éliminé les territoires qui n’offrent pas les pré-conditions, les investisseurs
potentiels examinent les conditions nécessaires qui commandent l’inscription d’un pays sur la
‘‘short list’’. Ces dernières peuvent être classées selon quatre groupes : la taille et le taux de
croissance du marché, le système de communications et des télécommunications, la
disponibilité en ressources humaines qualifiées et l’existence d’un tissu d’entreprises locales
performantes. Finalement, les investisseurs potentiels choisissent entre les territoires qui
figurent sur la ‘‘short list’’.
Lorsqu’un pays remplit l’ensemble des préalables et des conditions nécessaires, il est
appelé à faire un effort supplémentaire. Il s’agit de valoriser l’attractivité du pays et de ses
sites par le déploiement d’une politique active de promotion orientée vers la communauté des
investisseurs étrangers. Les choix d’implantation doivent donc être éclairés par des
organismes spécialisés à travers des politiques de promotion des investissements qui
s’inspirent des techniques de marketing39.
être classées en trois grandes catégories : les réformes à caractère économique, les réformes à
caractère juridique et celles à caractère institutionnel.
A travers la loi de finances n° 43-06 pour l’année budgétaire 2007, l’Etat a consacré
l’aboutissement du processus progressif d’élaboration du ‘‘Code Général des Impôts’’. Ce
Code constitue désormais la principale source de la législation fiscale marocaine, résultant de
la compilation et de l’actualisation des textes en vigueur au 31 décembre 2006 relatifs à la
fiscalité. En effet, des mesures avantageuses ont été prévues au niveau de l’IS, l’IR, la TVA,
et des droits d’enregistrement, pour l’entreprise privée tant étrangère que nationale.
Au niveau de l’IS, le taux d’imposition a été rabaissé à 30%. Et en ce qui concerne
l’IR, le seuil d’exonération à été porté à 28 000 DH, en 2009, à 30 000 DH en 2010 et les taux
d’imposition ont été revus à la baisse (le taux maximal est passé de 42% à 38%).
Avec la mise en place d’un système fiscal simple, clair, stable et qui tient compte de
son niveau chez les pays concurrents, les investissements privés, et surtout étrangers ont
commencé à s’intéresser à la destination Maroc en tant que lieu d’implantation.
b- Le financement
L’accès aux sources de financement et les conditions de cet accès ont un impact
indéniable sur l’investissement. A ce sujet, de nombreuses réformes ont été initiées par l’Etat
marocain afin d’améliorer le fonctionnement du marché de l’argent. En effet, au niveau
bancaire, en 1991, on a vécu la levée de l’encadrement du crédit, l’assouplissement progressif
des emplois obligatoires et la libéralisation des conditions des taux d’intervention. De même,
une nouvelle loi bancaire a été promulguée en 1993 en remplacement de celle de 1967.
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Sur le plan du marché monétaire, un texte portant sur la création d’un marché des titres
de créances négociables a été promulgué en 199540.
Enfin, en 2006, une nouvelle loi bancaire a été promulguée en remplacement de la loi
bancaire de 1993. Aujourd’hui, un nouveau projet de loi est en discussion au parlement dont
la nouveauté est l’introduction au Maroc des banques participatives (ou banques islamiques).
On ne peut pas clore les réformes économiques introduites par le Maroc sans mettre
l’accent sur le lancement, dès le début de la décennie 1990, d’un vaste programme de
privatisation des entreprises publiques ; programme auquel la participation du capital étranger
a joué un rôle déterminant.
40
Sur ce marché sont négociés les certificats de dépôts d’une durée variant entre 10 jours et 7 ans, les bons de
sociétés de financement d’une durée variant entre 2 et 7 ans et les billets de trésorerie dont l’émission est
réservée aux entreprises.
28
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Pour ce qui est de la loi sur la société anonyme, elle a introduit des dispositions qui
présentent un intérêt double : (i) assurer une plus grande protection aux actionnaires,
consacrer l’appel public à l’épargne et introduire la forme avec un directoire et un conseil de
surveillance ; et (ii) inciter les entreprises installées au Maroc à se restructurer et faciliter leur
intégration au marché mondial. Soulignons à ce niveau que la loi 17-95 relative à la SA a été
modifiée et complétée par la loi 20-05, l’objectif étant une modernisation des dispositions
juridiques régissant cette société41.
S’agissant des autres formes de sociétés, plusieurs innovations ont été introduites : (i)
acquisition de la personnalité morale à partir de l’immatriculation au registre de commerce ;
(ii) extension de la commercialité par la forme aux sociétés en nom collectif et en commandite
simple ; (iii) obligation de nomination d’un commissaire aux comptes si le chiffre d’affaires
hors taxe dépasse 50 millions de DH ; (iv) protection des associés par l’extension de leur droit
à l’information ; et (v) renforcement de la responsabilité civile et pénale des gérants. Par
ailleurs, nous avons assisté à l’assouplissement de la loi sur la SARL à travers :
41
Dahir n°1-08-18 du 17 Joumada I (23 mai 2008) portant promulgation de la Loi n°20-05.
42
Dans la loi 24-10 du 2 juin 2011, modifiant et complétant la loi 5-96, aucun capital minimal n’est requis pour
créer une SARL.
29
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b- Code de travail
En ce qui concerne la législation sociale, le Maroc à adopté un Code moderne de
travail qui a apporté une série d’innovations, visant à associer les salariés à la vie de
l’entreprise et à améliorer sa gouvernance. Il met en place de nouvelles institutions de
représentation et de participation des salariés : comité d’entreprise et représentant syndical et
consacre la négociation collective en instituant un conseil de la négociation collective.
43
HMIOUI A. (2007) ; Investissement étranger et dynamique de l'industrie touristique au Maroc; Thèse de
doctorat; Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Oujda, p.175.
31
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Par ailleurs, les réformes structurelles entreprises sous l’égide du FMI font que
l’économie marocaine est en quelque sorte saine : faible inflation, monnaie stable, faible
déficit public, comptes extérieurs relativement équilibrés, etc.
2.1.3- Les composantes à caractère institutionnel
Dès le début de la décennie 1990, dans la perspective de l’intégration de l’économie
marocaine dans le système-monde, de nombreuses institutions ont été créées.
a- L’agence marocaine de développement des investissements
Jusqu’à la fin des années 80, plusieurs organismes44 intervenaient dans la gestion des
investissements extérieurs. Mais, depuis, il fut procédé à la création d’une structure déléguée
auprès du Premier Ministre, chargée des Investissements Extérieurs. Celle-ci fut remplacée
plus tard par une autre structure chargée de la promotion des Investissements Etrangers,
rattachée au Ministère du Commerce et de l’Industrie, et puis au Ministère des Finances
(1993). Sous l’impulsion des recommandations des institutions internationales (CNUCED,
2007), le Maroc a dû créer une agence spécialisée dédiée à la promotion économique (2009).
Il s’agit de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements dont les principales
missions sont45 :
-entreprendre toute action de promotion et de communication afin de faire connaître
les opportunités d'investissement au Maroc ;
-assurer la veille en matière de mesures adoptées par d'autres pays pour assurer le
développement et la promotion des investissements, afin d'établir la situation concurrentielle
du Maroc ;
-organiser, en collaboration et en coordination avec les autorités gouvernementales et
les autres organismes de droit public ou privé compétents, des séminaires, conférences, foires
et manifestations de nature à promouvoir l'investissement au niveau national et à l'étranger ;
-définir les indicateurs de performance relatifs aux investissements, produire et
analyser ces indicateurs et publier périodiquement les résultats de ces analyses. A cet effet,
l’Agence tient et met à jour une banque de données relatives aux investissements réalisés au
Maroc ;
-assurer l'accueil des investissements extérieurs au Maroc ;
44
Office de Développement Industriel et les ministères sectoriels chacun dans son domaine d’action.
45
HMIOUI A. (2012) ; L’Agence Marocaine de Développement des Investissements : Organisme de Marketing
territorial ? Communication au colloque international organisé par l’Ecole Nationale de Commerce et de
Gestion, Fès, Maroc ; Thème : Management des PME et Compétitivité Territoriale ; 22 et 23 mars.
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33
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Année 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Total 3305,2 4305 5499,2 5107,4 4245,3 4389,9 12340,4 5448,2 18466,9 12646,7
Stimulés au début par le programme de privatisation mais aussi par les opérations de
reconversion de la dette extérieure, les investissements étrangers, incluant les prêts privés, ont
cumulé 75,75 milliards de DH entre 1991 et 2000, soit une moyenne annuelle de 7,57
milliards de DH. Cependant, cette tendance à la hausse est irrégulière et évolue en dents de
scie :
-de 1991 à 1993, le montant des investissements étrangers au Maroc est passé de 3305,2
millions de DH à 5 499,2 millions de DH, soit un taux d’accroissement de 66,38%;
-de 1993 à 1996, le montant des investissements étrangers a marqué une baisse remarquable
passant ainsi à 4 389,9 millions de DH, soit une chute de 20,17% ;
-de 1997 à 1999, une hausse remarquable des flux d’investissements étrangers est constatée.
Le montant de ces investissements est alors passé de 12 340,4 millions de DH à 18 466,9
millions de DH, soit une hausse de 49,64%. Cependant, cette tendance haussière n’est pas
régulière : une chute remarquable des flux d’investissements reçus a été enregistrée en 1998.
Les montants record d’investissement étrangers enregistrés durant les années 1997 et 1999
s’expliquent essentiellement par les opérations de privatisation de certaines entreprises
publiques. La privatisation de la SAMIR explique le pic élevé d’investissement reçu en 1997,
et la cession de la deuxième licence GSM en 1999 a fait porter le montant des investissements
étrangers à 18 466,9 millions de DH.
Tableau 2: Investissements directs étrangers au Maroc entre 2001 et 2008 (En millions
de DH)
Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
A partir des données du tableau 2, nous pouvons avancer les commentaires suivants :
34
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-de 2001 à 2008, les flux cumulés d’IDE attirés par le Maroc se sont chiffrés à 189,81
milliards de DH, soit une moyenne annuelle de 23,72 milliards de DH ;
-l’année 2004 a été surtout celle de l’introduction de Maroc Télécoms sur la bourse
parisienne et la cession de 16% du capital de cette société. Durant cette année, le Maroc a
enregistré un flux d’IDE de 9,4 milliards de DH, soit une chute de 13 milliards de DH par
rapport à 2003. Malgré le recul des investissements étrangers en 2004, le Maroc a été
considéré comme le principal pays destinataire des investissements dans le Sud de la
Méditerranée et du Proche-Orient ;
-en 2008, le montant d’investissement étranger drainé par le Maroc a marqué une
baisse de 26,33% par rapport au montant drainé en 2007 (effet de la crise internationale).
Cependant, comparé aux autres pays de la méditerranée, l’investissement étranger au Maroc
n’a pas connu une profonde rupture par rapport à 2007. En effet, la baisse enregistrée au
Maroc reste faible devant celles qu’ont connues d’autres pays de la méditerranée telles que la
Tunisie (-75,2%) et la Turquie (-25,6%) ;
Tableau 3: Investissements directs étrangers au Maroc entre 2009 et 2013 (En millions
de DH)
Année 2009 2010 2011 2012 2013 (*)
35
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-en 2009, alors que l’économie mondiale était fortement impactée par les
conséquences de la crise des subprimes, le Maroc a pu réaliser de bonnes performances en
matière de flux d’IDE ;
-les montants drainés par le Maroc durant les années 2010, 2011 et 2012 témoignent
du fait que l’attractivité du pays est devenu indépendante de la conjoncture économique
internationale et des opérations de privatisation ;
-par ailleurs, le montant des flux d’IDE attiré par le Maroc durant les neuf premiers
mois de l’année 2013 constitue une performance louable. Le résultat des douze mois de
l’année devrait dépasser celui enregistré en 2012.
III-Perspectives d’amélioration du climat d’investissement et de l’attractivité du Maroc
pour l’IDE
Comme nous l’avons montré au niveau du titre précédent, les différentes réformes
introduites par les pouvoirs publics marocains ont débouché sur une amélioration notable du
climat d’investissement et d’attractivité du Maroc pour l’IDE. Cependant, le climat
d’investissement offert par le Maroc continue de présenter des insuffisances et de nombreuses
opportunités d’investissements restent encore inexploitées.
Quelles sont alors les limites d’un tel climat et quelles améliorations peut-on proposer au
climat d’investissement pour rendre l’économie marocaine davantage attractive pour l’IDE ?
3.1-Obstacles à l’investissement étranger au Maroc
Des entraves sérieuses semblent s’opposer au développement des investissements
étrangers au Maroc, et ce malgré les efforts déployés durant ces dernières années pour
améliorer le cadre d’investissement.
Selon une étude de l’Ambassade de France (2005)46, au Maroc, « l’essor des IDE reste
entravé par un environnement administratif et réglementaire relativement complexe et mal
sécurisé, et un certain nombre de freins demeurent réels ». Ces derniers se rapportent au
foncier, aux régimes fiscaux, au dialogue social, à l’insécurité judiciaire et au problème de
financement.
46
Ambassade de France au Maroc Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; (2005) Investissement
direct étranger au Maroc : positionnement stratégique et environnement ; Rabat, 27 janvier ; p. 3.
36
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présente un inconvénient majeur. Il s’agit de considérer tous les secteurs de la même manière.
Ce faisant, « la Charte occulte la compétitivité internationale. En traitant tous les secteurs de
manière identique, elle oublie la concurrence des autres pays »47.
Par ailleurs, ce n’est qu’en janvier 2001 que le décret d’application des articles 17 et
19 de la Charte d’investissement relatifs à l’octroi de certains avantages a été adopté en
conseil du gouvernement (soit six ans après la promulgation de la charte)48.
Par ailleurs, la difficulté de faire valoir ses droits légaux constitue un obstacle de taille
devant les investisseurs étrangers. Beaucoup d’investisseurs souffrent ou ont souffert de la
lourdeur et de la lenteur des procédures judiciaires. Le témoignage du président de la
Chambre de commerce française de Casablanca est significatif à cet égard. S’exprimant
devant des investisseurs français lors d’une conférence co-organisée avec la BMCI en marge
de France Expo 2004 (12 mars 2004), BOUVEUR a affirmé : « si vous avez un différend avec
quelqu’un, il vaudrait mieux ne pas saisir la justice pour recouvrer vos droits (…). Le système
judiciaire marocain est globalement lent dans ses jugements, incertain dans ses
développements et manque d’expertise dans beaucoup de domaines »50.
est, en particulier, dénoncée par les opérateurs étrangers »51. Par ailleurs, dénonce l’étude, les
garanties de transparence et les possibilités offertes aux investisseurs étrangers dans le cadre
des procédures de réponse aux appels d’offres demeurent insuffisantes. De même, au niveau
de la relation contractuelle, les entreprises étrangères se heurtent souvent au non-respect de
leurs engagements par leurs partenaires marocains et éprouvent des difficultés à obtenir des
juridictions une application des contrats conclus dans leur intégralité.
Ces différentes entraves sont accentuées « par le niveau de corruption enregistré par le
Maroc et qui ternit son image. L’Administration de douane et la justice sont les domaines de
prédilection de ce fléau »52.
Pour ce qui est du transport, nombreuses sont les régions du Maroc qui demeurent
enclavées en raison de l’absence de routes ou de leur l’état dégradé. Sur ce volet, la Tunisie,
qui a investi massivement dans l’infrastructure routière, devance de loin le Maroc.
51
Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; Investissement direct… ; op. cit., p. 4.
52
KABBAJ A., op. cit., p. 169.
53
Ambassade de France, Mission économique de Rabat ; Investissement direct… ; op. cit., p. 4.
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Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011
Par ailleurs, à cause, entre autres, de l’arabisation des matières scientifiques dans le
primaire, le collégial et le secondaire, le niveau des élèves et des étudiants n’a pas cessé de
baisser. Aujourd’hui, il est courant de trouver des étudiants en phase finale de formation qui
ont du mal à formuler une phrase correcte.
3.1.5- Problèmes de financement
Le volet financement figure également parmi les entraves importantes à
l’investissement tant national qu’étranger. Les reproches faits aux banques par les
investisseurs ne concernent pas les taux d’intérêt en premier lieu, qui sont au demeurant
élevés, mais ont trait à la difficulté d’accéder au crédit caractérisée par l’excès de garanties
54
La Vie Economique du 20/12/2002.
55
L’économiste du 21/01/2013
56
L’Economiste du 28/02/2006.
39
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet - Décembre 2011
exigées par les banques, par le retard de traitement des dossiers de crédit et leur déblocage.
Selon l’étude précitée de l’Ambassade de France (2005), les conditions d’accès au crédit sont
souvent rédhibitoires, notamment pour les PME-PMI.
Par ailleurs, la législation n'a pas fixé de critères, ni de quota, pour l’emploi du
personnel étranger hormis celui du ‘‘profil rare et recherché’’57. C’est au cas par cas que les
autorisations sont accordées. Cette disposition est perçue comme dissuasive pour les
investisseurs étrangers qui, le plus souvent, manifestent le besoin d'employer du personnel
étranger pour assurer le fonctionnement de certains types d'investissements.
Le droit de grève devrait être réglementé avec l’accord des partenaires sociaux. Un
projet est encours de discussion mais il semble que le gouvernement n’a pas eu l’adhésion des
syndicats à propos dudit projet58.
En matière d’emploi des étrangers, il serait important que les sociétés étrangères
puissent recruter selon des critères déterminés à l’avance. Par exemple, avoir une indication
57
Arrêté ministériel du 17 mars 2005.
58
L’Economiste du 7 janvier 2014.
40
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011
précise d’un nombre maximum de cadres étrangers que l’entreprise peut recruter avec
possibilité exceptionnelle de l’augmenter lorsque les besoins de l’entreprise le justifient.
59
Banque Mondiale (2006) ; Mémorandum économique pays, Promouvoir la croissance et l’emploi par la
diversification productive et la compétitivité ; Volume II, p.70.
41
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La justice est très souvent lente (délais de procédures, report des audiences), incertaine
(conflits de juridiction, difficulté à obtenir l’exécution des décisions de justice), peu prévisible
(corruption, en particulier au niveau des experts judiciaires) ou insuffisamment transparente
(manque de diffusion de la jurisprudence), ce qui met le droit au second plan. La création des
tribunaux de commerce constitue une évolution positive, elle n'a cependant pas réussi à
changer fondamentalement la perception négative du système judiciaire.
Par ailleurs, le manque de formation des magistrats et des auxiliaires de justice, les
insuffisances en matière de traitement des entreprises en difficulté, ainsi que l’abus de l’usage
des procédures d’insolvabilité, les problèmes d’exécution des jugements et de probité des
professions liées à la justice constituent les principales insuffisances invoquées. La justice
souffre aussi d’un problème de communication, en particulier avec le milieu d’affaires. Le
développement de la formation est incontournable pour une meilleure efficacité des
juridictions commerciales. L’application de la législation commerciale est une entrave à
l’investissement et n’est pas conforme aux meilleures pratiques internationales. Il est essentiel
d’améliorer la prestation des huissiers en matière d’exécution des contrats, en instituant des
mécanismes efficaces de contrôle. De même, il faut élaborer des formations ciblées et
permanentes en direction des magistrats et auxiliaires de justice en matière de liquidation des
sociétés, de systèmes de faillite, de finance, d’insolvabilité, de cessation des paiements, etc.
60
CNUCED (2007) ; Examen de la politique de l’investissement au Maroc ; Genève.
42
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet- Décembre 2011
-précise les secteurs ou les activités qui nécessitent le maintien d’une autorisation
(pour la réalisation de l’investissement ou pour l’octroi d’avantages), ainsi que les autorités
chargées de la délivrer ;
De même, quelle que soit sa nature, la nouvelle législation sur l’investissement doit
s’inscrire dans une longue durée. Cela n’est pas incompatible avec la nécessité de la modifier
suite à l’évolution du climat économique et des priorités des pouvoirs publics en matière
d’IDE.
43
Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, N°5, Juillet - Décembre 2011
Conclusion
Depuis l’avènement du PAS, dans le cadre de sa stratégie d’ouverture et d’intégration
dans le jeu économique mondial, le Maroc a entamé un processus de réformes touchant les
domaines économique, juridique et institutionnel. Au sein de ces réformes, un intérêt
particulier a été consacré à l’amélioration du climat d’investissement et à l’attractivité de
l’économie marocaine pour l’IDE.
Les réformes introduites ont donné leurs fruits. Très peu attractif et n’intéressant pas
les investisseurs internationaux jusqu’à la fin des années 1980, le Maroc est devenu attractif
pour l’IDE. De grandes multinationales, issues des quatre coins du globe, développement
leurs investissements aujourd’hui dans le pays.
-intensifier les efforts d’investissements dans les infrastructures en ciblant les régions
pauvres et déshéritées, afin de lutter contre les inégalités régionales ;
-élaborer une stratégie d'investissement proactive pour améliorer la perception que les
opérateurs privés internationaux ont du climat d'investissement du pays.
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