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Bibliographie et mondes inédits

Gilles Deleuze, 18 janvier 1995 par André Bernold


Cours du 18/01/1995

La nuit tombe à Lyon, et Saint-Georges et Saint-Jean


Devront appareiller, par les rues circulaires
Et les quais elliptiques, jusqu'à la parabole
De cet homme là-bas qui rentre à la maison,
Méditant et cinglant au lieu hyperbolique.
Ce point se nomme Girard Desargues,
Qui n'a jamais laissé qu'un beau Brouillon Project.
Il habite rue des Trois-Marie,
Où il reçoit souvent l'ami
Deleuze ivre d'eau claire, rêvant à la fenêtre.
Et c'est l'aube à Paris, c'est Paris maritime.
Dans les eaux magenta, amarante et garance
Qui ruissellent doucement sur le sable des cieux,
De sombres végétaux ressemblant à des arbres
Ondoient dans le sillage de la nef translucide.
Une immense verrière vient de mettre à la voile
Dans le style de Turner, où tout a disparu.
À la proue du vaisseau, un vieil homme est penché,
Il plie des animaux, c'est Geoffroy Saint-Hilaire.
Assis au gouvernail, second humain parmi
Les passagers, trois cents très grands oiseaux des mers,
À l'écart, bourdonnant, un sorcier est actif
Et contemple sa main en claquant des mâchoires.
De ces deux bons outils, c'est la main qui étonne :
Toute plantée de griffes, de lames acérées,
Elle en renferme d'autres, profondeurs emboîtées
Hérissées d'os et baignée de sang bleu.
Quelle heure est-il ? C'est l'heure
De la métamorphose, l'heure à la chance unique,
Où ce qui n'est pas va monter.
Le clinicien au nez en proue,
Champion des rotations, athlète en tourbillons,
Adresse un beau sourire aux démons porte-signes
Bondissant dans la mer et brandissant l'écume
Pour monter là-dessous le théâtre ovoïde
Où les rôles infiniment
L'emporteront sur les acteurs,
L'espace sur les rôles, et sur eux les Idées.
Des tonalités affectives
Bourdonnent comme le bronze, les forçant à penser.
Ce sourire félin s'adresse également
À la rumeur croissante, à ce fond de surface
Impassible et cruel et qui plane en grondant,
Où tout l'espace va fulgurer
Dans la nuit de l'espace où s'effondre en sifflant
L'inconcevable profondeur.
Voici le lieu qui change, il n'y a plus de place
Pour d'autres mondes. Ici
Scrutez des gestes, ils s'élaborent
Avant les corps organisés.
Soyez devins aussi, et surveillez au sol
La lettre fantastique que trace le groin d'un porc,
Acéphale écoutant penser la larve en lui,
Tout cela incertain, très distinct et obscur.
Des lueurs vagabondent aux vitres embuées,
Du fond du monde il pleut, horizontalement.
Dans les armoires ignées, un million de tortues,
De grandes tortues-lyres qui résonnent au vent,
D'un coup rentrant la tête, dans leur carapace hurlent
Un mot secret, muet, que Deleuze a écrit,
Et l'univers entier se met à pivoter
Selon le glissement de leurs protovertèbres.
Très lentement, le Grand Scholiaste,
Coiffé du diadème par un iguanodon
(Il faut savoir que c'est sa ceinture pelvienne),
Diadoque à jamais des monstres virtuels,
D'une griffe légère souscrit au résultat.
Devant lui sont des boîtes translucides, complexes
Machines de machines ouvrant l'illimité,
Libérant des miroirs ou crachant des cristaux.
On aperçoit aux prises la bouche et le cerveau.
Les visages s'y cassent, mais il n'en passe plus.
Autre chose s'y condense, quelque chose, aliquid,
Qui rougeoie et blanchit parmi les bruissements.
Des voix montent en brouillard, on entend appeler :
Prince psychédélique, prince lige du LÏss !
De ses doigts animaux à la pulpe sensible
Épelant des replis dans les feuillets du noir,
Il s'adresse aux baleines qui se balancent ici,
Aux autres tétrapodes, assez microscopiques
Pour supporter sa voix, où craquent des surfaces,
Patinent des fêlures, de neige emmitouflées,
Parmi des labyrinthes rigoureusement droits,
Abîmes déroulés. Ô voix d'effondrement,
Nautile mugissant sur le Tibet des choses,
Appel de corne de brume au cÏur des émeraudes,
Le siècle t'a-t-il entendue ? Pas d'importance !
Le mot si fameux de Foucault,
Si malsonnant à tant d'oreilles,
Il faut le laisser en suspens.
Sous quel jour il est vu, dans quelle nuit immergé,
Par quelle loi aboli, le siècle devrait-il
Le comprendre aujourd'hui ? Peut-être ! Il se pourrait.
Deleuze est fatigué, car le soir est tombé.
Il est toujours à l'est. Toujours à la fenêtre.
Des cyclistes visqueux, messagers de Bacon,
Sont venus lui porter des bobines-cinéma,
Il les a visionnées sur un écran que font
Les fanons des baleines. L'image est craquelée,
Mais tout de même sublime. Les puissances du faux
Ont décerclé le temps comme une yourte mongole
Et l'ont mis hors des gonds qu'un tel lieu n'eut jamais.
Et l'on est dans la steppe. Dans quel sens ira-t-on ?
(Toute la vie est une question
De dimensions, de projections,
De rotations et de pliages :
Dans quel sens ira-t-on ? Dans quel sens ira-t-on ?)
Restons dans la fatigue, autre contemplation
De sa propre limite, dont le faisceau détend
La contraction dans l'âme de son présent vivant.
Alors vient le besoin, qui n'est en rien un manque,
Mais ressemble plutôt au grand rassasiement.
Comme visiteur du soir, il y eut Sacher-Masoch
Et Lernet-Holenia. On parla de suspens
Et des individus dans l'indéterminé
Flottant, endossant l'uniforme
Que d'autres officiers ont porté devant eux.
(Le bâtard se souvient de celui que son père
Portait avant la nuit où sa mère le conçut.)
D'où vient que telle vie peut en reprendre une autre
À un autre niveau. C'est ainsi que le saint,
Le criminel, le porc, le philosophe enfin
Vont s'entre-succédant sur les tréteaux du temps.
Ha ! ha ! Je vous entends ! C'est là mes tempes si chose,
Criez-vous, triomphant. Oh non, ne vous déplaise :
Leibniz l'a mieux nommé : le métaschématisme.
L'âme ne change pas de corps,
C'est le corps qui refait en entier son paquet,
Se réenveloppant soi-même
Pour entrer au besoin dans un champ différent
D'individuation; théâtre plus subtile
Comment ça, plus subtil ? crie le rhinocéros
Assis avec Deleuze à la table de jeu
Où les dés sont lancés sur le bout de sa corne :
Chacun choisit le ton, la hauteur, les paroles,
Mais l'air est bien le même, un même tralala,
N'est-il pas vrai ? Tais-toi, lui répond son cousin
Le porc (ce porc décidément
Devient bien encombrant pour la philosophie).
Va danser sur ton nez, jouer à la toupie
Ne nous embête plus, et fais bien gentiment
Ton office démoniaque. Je suis plutôt, vois-tu,
Rétorque le rhino en se mettant au trot
Sur place, tel le monde, ni vrai, ni réel, mais
Vivant, ni lui, ni moi, mais quelqu'un entre nous,
Herbe entre les pavés poussant par le milieu
Incerto tempore, déclinaison sans lieu,
J'infuse en mon ami d'être l'événement
Qui s'effectue en lui comme un troisième encore,
Surplomb d'oiseau de proie jaillissant des épaules,
Deux mètres d'envergure, une absolue noirceur
Vomissant ses boyaux au fond du lavabo
Raccordé à l'abîme où le monstre siphonne
Le transcendant objet de la vitalité,
La chose à dire absolument
Qui est en même temps le silence.
On dirait que le fond remonte à la surface
Sans cesser d'être fond, dans la lutte cruelle
Où les visages meurent. Reste la ligne abstraite,
Un éclair égal à la nuit.
Quelqu'un est là : Bartok Béla
À la pomme de pin. Il a poussé la porte
Dans le fond du tableau, que Vélasquez finit
D'obscurcir, et d'un doigt diaphane il fait signe
À Barbe-Bleue d'entrer. Fanny lui prend ses clefs
Et en allant chercher une bouteille de Graves
En fait des orchidées à semblance de guêpes :
Le sombre précurseur en aura bien l'usage
Lorsqu'il teindra en bleu les sillons de l'orage.
Gilles et Béla discutent ce qui est supportable
Et ce qui ne l'est pas. Uexküll donne le la,
Les insectes présents, crissant des mandibules,
Nous jouent Mikrokosmos. Le chÏur des chrysalides
D'un gosier univoque pour la clameur de l'être
Entonne un libretto composé à l'instant :
Une lecture à vue ; leurs yeux inexistants
Déchiffrent Chaosmos. Alban Berg doucement
Frappe un adieu au guêpe, au piano, orchidée
À la boutonnière. Webern joue du hautbois
Dans un fusil. Schumann, les doigts ligaturés,
Déroule son cerveau en une ritournelle
Qui gagne l'univers. Deleuze imperceptible
S'est métamorphosé en danse moléculaire.
La poussière du temps chante dans la lumière,
Frappant de coups fortuits les cordes chevelues
Du clavecin des prés vomi par le volcan.
Le Devenir sourit, comme un fou, dans ses mains
Qui tremblent de l'ivresse de la disparition.
Nous avons tous atteint ce lieu où l'immédiat
Est immédiatement où on ne l'atteint pas.
André Bernold,
18 janvier 1995

Bibliographie et mondes inédits


Suidas in Philosophie 47 par André Bernold
Cours du 01/09/1995
Ernesto Hernández B., epropal@col2.telecom.com.co

Deleuze, filósofo, hijo de Diógenes y de Hipatia, residió en Lyon. Nada se sabe


de su vida. Alcanzo la vejez, aunque fue frecuentemente muy enfermo. El
ilustraba lo que él mismo decía: que hay vidas en las que las dificultades
alcanzan el prodigio. Definía como activa toda fuerza que va hasta el límite de
su poder. Es, decía, lo contrario de la ley. Así vivió, yendo siempre más lejos de
lo que habría creído poder. Aunque explico a Crísipo, es sobre todo su
constancia lo que le ha valido el nombre de estoico.
Fue uno de los más extraordinarios oradores de su tiempo, y el más grande de
quienes tenían por profesión enseñar la filosofía. Lo comprendía un pequeño
número. Fue perseguido; objeto de una envidia que jamás ceso. Despreciaba
esas miserias a causa de la alegría de su vida que era filosofar.
De temperamento altivo, solo soportaba el pueblo. Pero su ironía era
formidable. Su voz era de las más extraordinarias. Ateneo la compara con un
rallador, después con un torrente de piedras. La elocución era de una extrema
distinción, un poco cansada, la dicción lenta y dulce. Apolodoro compra su voz
a la de un brujo. Era un hombre de una perfecta nobleza, que sentía horror por
todo lo que menoscababa.
Escribió mucho, quizá más que ninguno, si se considera la densidad de sus
obras. Si bien ha tratado, ampliamente, de lógica y de moral, hay que colocarlo
en el rango de los físicos, incluso en el primero. Ha dejado un De la naturaleza ,
que Stobée coloca junto a los de Heraclito y Lucrecio, recordando un oráculo:
en un porvenir muy lejano, no aparecerá nada tan grande, exceptuada una
Etica, que no es la de Aristóteles.
Decía que bastaban tres anécdotas: el lugar, la hora y el elemento. Su lugar lo
encontraba en el levante. En cuanto a la hora, es la hora de las profundas
tinieblas: pues hay mucho terror en sus libros. Aún el cielo sufre de sus puntos
cardinales y de sus constelaciones, decía. Para el elemento, nos está permitido
vacilar, pues habló de todos con raro esplendor. Amaba apasionadamente la
tierra; Aratos dice que era troglodita. De las aguas celebra las líneas
melenudas, y el fuego, según él, es soluble. Sin embargo su elemento es aéreo,
inclinación, suspenso y caida profunda.
También fue médico, el último en tratar la medicina como arte. citemos dos
libros sobre los monstruos, dos sobre las heridas y el más famoso, sobre el
edema de los pies.
Leemos en Aristóxano su Tratado de la cantinela, donde las audacias son
extremas. Todavía se encuentra De la línea, y De las imágenes sublimes.
Proclus transcribe un pasaje muy oscuro sobre "la Virgen, aquella que nunca
fue vivida más allá de la amante y de la madre, coexistiendo con la una y
contemporánea de la otra". En el mismo pasaje dice que toda reminiscencia es
erótica. Strabon sostiene que fue un asombroso "geólogo". Con Félix,
compuso, otra Contra el edema, que contiene también una Política y una
Geografía de las que se asegura que nunca se ha visto algo tan loco: Sobre los
estratos, que comprende igualmente una Estrategia. Esta parece no haber sido
comprendida nunca por nadie, entre los filósofos.
En geometría, descubrió la pulsación de las espirales. Profesaba que el amor de
los niños por su madre repite otros amores de adulto, respecto a otras mujeres.
Hubo una multitud de otros Deleuze.
He aquí la lista de sus obras: Del acontecimiento, en 34 libros. De las
constelaciones que nos atraviesan. De la impasibilidad de los incorporales. De
la paradoja y del destino. Sobre las heridas que se reciben durmiendo. Los
síntomas. Sobre el salto de los demonios De los tubérculos. Del hombre noble.
Sobre la fealdad del rostro humano. De los idiotas. De los testigos invisibles. El
Príncipe de los filósofos. Sobre los grados. De los tres testamentos. El Gallego,
o Del frío, o De la crueldad. De las larvas. De la idea que nos mira. Misosofía.
Del huevo. De lo claro y lo oscuro. De la universal telaraña. Que toda intensidad
es deseante. De la sardina. Sobre la pregunta "¿Quién?". De la orgía. De nadie.
Sobre el hundimiento universal. Elogio de Lucrecio. De las vísceras. De la
complicación. Compendio de las torsiones. De la conveniencia de no explicarse
demasiado. De las singularidades que nos cogen a contrapelo. De la cloaca. Del
triunfo de los esclavos. El gabán. Lo que nos pertenece bajo una solicitación
muy sutil. De la profundidad absoluta. De la alegría desconocida.
André Bernold
Publicado en la revista Philosophie, Número 47, 1 de septiembre de 1995,
dedicada a Gilles Deleuze.

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