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Résumé
Cet article est une contribution à l’étude des liens entre contrôle de gestion
et gouvernance. L’approche classique de la gestion a principalement vu
dans la gouvernance et le contrôle de gestion des espaces de décision. Les
problématiques de mise en œuvre pratique des principes de gouvernance
semblent renouveler l’approche et nous invite à y voir également, des
espaces pour penser.
Abstract
Force est de constater que les recherches portant sur la gouvernance et le contrôle
de gestion sont quasiment toujours pensées séparément. Les quelques travaux
qui ont abordé ces sujets conjointement ont notamment interrogé les limites
d’une articulation gouvernance-contrôle fondée sur un principe disciplinaire de
conformité (Sundaramurthy et Lewis, 2003). Ils ont aussi adopté une approche
idéologique du lien entre contrôle et gouvernance (Pesqueux, 2005), étudié le lien
contrôle de gestion-gouvernance dans un contexte spécifique (Van Veen-Dirks
et Verdaasdonk, 2009) ou analysé la question du reporting pour les membres
des Conseils d’Administration (Johanson, 2008, CIMA, 2003, 3005). Le rôle du
contrôle de gestion dans la gouvernance est relativement peu questionné car leur
lien est souvent perçu comme une articulation lisse et non problématique. Bouquin
et Fiol (2007) constatent ainsi que pour le COSO, « l’élaboration des objectifs
d’ensemble de l’organisation, de ses missions, le chiffrage des performances et
les plans stratégiques ne relèvent pas du contrôle interne (COSO 1992, 1994,
p33) ». La dimension “performance” de la gouvernance est négligée (Busco et al,
2007) et le contrôle de gestion est pensé comme un levier fonctionnel alimentant
un processus hiérarchique de déclinaison des décisions. Ceci contribue à
déconnecter les deux champs de recherche et laisse à penser que l’étude des
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liens entre ceux-ci ne présente que peu d’intérêt. Certains travaux, toutefois, ont
étudié le rôle et l’intégration du contrôle de gestion dans une perspective élargie
de la gouvernance (Pesqueux, 2002 ; Busco et al, 2007 ; Fahy et al, 2005 ; CIMA,
2004 ; Seal, 2006 ; Bouquin et Fiol, 2007 ; Bisbe et Otley, 2004, Donada et al,
2008).
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Les outils de gestion et, partant, le contrôle de gestion, sont alors perçus,
dans ce cadre, comme des artefacts inscrits dans des ruptures telles que
contrôleur/controlé, ici/là-bas, avant/après (Andon et al, 2007) ou conception-
utilisation (Vaujany, 2005, p. 33). Cette perception des organisations a donné
un élan disciplinaire aux études portant sur la gouvernance, les réflexions se
préoccupant principalement d’énoncer des principes de bonne gouvernance.
La théorie de l’agence et les théories contractualistes ont cherché à réduire le
risque d’opportunisme des dirigeants. Lorsque le discours sur la gouvernance
est devenu plus partenarial (Charreaux et Desbrière, 1998 ; Blair, 1995), les
bénéficiaires de la rente résiduelle se sont élargis à différentes parties prenantes.
Nonobstant, la logique est restée disciplinaire : « La démarche reste celle de
l’allocation optimale de façon à maximiser la valeur créée » (Charreaux, 2002).
Partenariaux ou financiers, les fondements contractuels de la gouvernance ont
pour objet la question du partage de la rente et la maîtrise des conflits d’agence.
C’est un esprit de « conformance » (Busco et al, 2007, p.84) qui préside au
déploiement des différentes techniques gestionnaires dans l’organisation : « la
source de l’efficience est disciplinaire » (Charreaux, 2002).
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Wirtz, 2006 ; Keil et al, 2008). Les principes de gouvernance énoncés par les
courants théoriques contractuels se heurtent à des facteurs de contingence dans
la pratique : « Both agency and stakeholder theories stand their ground in the
studies of corporate governance, but a question remains as to their contingent
usefulness when the context changes (…) The issue is not simply choosing one
theoretical perspective over another but rather identifying in which conditions each
is more applicable to aligning the interest of principals and agents and achieving
organizational risk readiness » (Wu, 2007). Les règles de bonne gouvernance
ne sont pas nécessairement transposables dans tous les contextes (Charreaux,
2002). Keil et al (2008) montrent que les processus inter-organisationnels sont
également marqués par le contexte. Ainsi les modalités formelles de gouvernance
dictées par la forme d’une entité (corporate venture capital, joint venture, alliances,
etc.) ne suffisent pas à expliquer la performance en matière d’innovation. La
“relatedness”, c’est à dire le degré de partage des connaissances sur un marché,
a, en revanche, un pouvoir explicatif important sur la capacité d’innovation. Dans
ce cas, c’est moins le cadre formel de la gouvernance qui compte que la capacité
à réduire une asymétrie de connaissances (Wirtz, 2006) dans un contexte d’action
donné. Wirtz (2006) fait ainsi remarquer que « dans le cas des entreprises où
l’innovation joue un rôle important, on peut alors parler d’un potentiel d’asymétrie
de connaissances entre un dirigeant et ses actionnaires. Cette dernière diffère
de l’asymétrie d’information, qui est la seule abordée par l’approche financière
traditionnelle de la gouvernance ».
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2. Il qualifie de praxéologique, « toutes les démarches qui reconnaissent à l’activité, notamment à l’activité collective, une place centrale
dans la compréhension et la transformation des dynamiques organisationnelle » [Lorino P., 2006].
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Pour Lorino (2001), la mise en œuvre des outils de contrôle de gestion (OCG)
fait appel à une certaine finesse d’esprit. Elle ne peut se résumer à l’application
de gros principes de nécessité propres aux approches néo-classiques qui font
la part trop belle à l’esprit de géométrie décrit par Pascal dans ses pensées :
« La tradition cartésienne et surtout positiviste a malheureusement tendu à
hypertrophier l’esprit de géométrie au détriment de l’esprit de finesse. Cela se
traduit par une foi excessive dans les modèles d’interprétation présentant les
apparences de la rationalité : quantification, mathématisation, enchaînement
de causalités. Les démarches de recherche et d’exploration sont moins
valorisées que le respect et la mise en oeuvre experte des modèles supposés
scientifiques » (Lorino, 2001). Bernard Gumb questionne également cette
approche, « il importe peu de développer sans cesse de nouveaux instruments
de contrôle, censés rendre compte de l’insaisissable vérité » (Gumb, 2000). Il
plaide ainsi pour une reconnaissance du doute en gestion. Il est symptomatique
pour Gumb que « lorsqu’on parle en management, de remise en cause, cela
concerne l’organisation des entreprises, des processus, mais très peu celle des
systèmes de contrôle et de mesure, dévolue à des spécialistes, sous-traitée
à des informaticiens, etc. » (Gumb, 2000 p. 210). Nous avons vu comment
Yvon Pesqueux (2002) renforce le constat en identifiant le contrôle de « bon
gouvernement ». Pour Gumb, il convient « d’encourager le doute au détriment
des fausses certitudes ». Le contrôle doit susciter des discussions, des débats
et accepter la contradiction ; « y compris sur des questions sensibles comme la
pertinence des outils » (Gumb, 2000 p. 210).
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Robson, quant à lui, montre que l’action des inscriptions pour le contrôle à distance
est dépendant d’interactions sociotechniques. Structurant son raisonnement
autour des concepts de traduction et d’inscription, il montre que les inscriptions
rendent possible l’action à distance recherchée par ceux qui cherchent à contrôler.
Toutefois la mise en œuvre de ces inscriptions n’est pas sans aléas. Les dispositifs
comptables sont des traductions résultant de la rencontre de différents actants
et différentes rationalités : « From ANT perspective, accounting procedures and
calculations are translations arising from mediation amongst multiple disourses
from diverse actors and artefacts » (Cooper et Hooper, 2006, p.24).
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Conclusion
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